Colloque de Dijon 20 et 21 novembre 2013 Nouvelles formes d’agriculture : pratiques ordinaires , débats publics et critique sociale T Heur et malheur d’une transition capitaliste : l’exemple des planteurs de cacao du Centre Cameroun
Philippe Pédelahore Cirad, Dpt ES, UMR Innovation 1
Une étude sur les dynamiques de changement dans les systèmes agroforestiers à base de cacao du Cameroun
Entre 1995 et 2013 la production de cacao a
été multipliée par 2
(110.000 à 220.000 T)
Que s’est-il passé ? 2 Depuis la libéralisation de la filière (1990) pas de données statistiques : enquêtes dans le principal bassin cacaoyer : deux zones représentatives
Bassin cacaoyer historique
Extension des SAF cacao (fronts pionniers)
Talba
Obala
Echelle : 100 km Deux sites d’étude dans la province du Centre Obala Talba habitants/km2 111 < à 8 Dynamiques Anciennes Front Plantations 1910-1970 pionnier Yoko cacaoyères 1970-2010 Mbam Mobilité spatiale Zone de départ Zone et Kim des planteurs d’arrivée
Ngoro
Bafia Typologie des planteurs Talba Nanga Eboko (à dire d’experts et basée sur la surface possédée en cacao) Bokito Mbandjok
La Lékié Obala Obala 2010 Yaoundé Ayos
Akonolinga N
Mbalmayo 0 50 km
Talba ,2010 Densité population en 1998 Légende Choix de 82 planteurs < 8 habitants/km2 2 : capitale d’Etat (Echantillonnage stratifié) 8 à 16 habitants / km Yaoundé 16 à 35 habitants / km2 Ayos : ville secondaire Entretiens semi-directifs 35 à 100 habitants / km2 Talba : site d’étude Parcours de vie sur trois générations : 100 à 1500 habitants / km2 Stratégies et trajectoires d’accumulation > à 1500 habitants / km2 Mbam et Kim : département Résultats
5 Des trajectoires d’accumulation en surfaces cacaoyères différentes. (82 planteurs enquêtés) Talba (front pionnier = mobilité spatiale) : •Les grands (6 à 30 ha) et les très grands planteurs (>à 30ha) = 75% du capital cacaoyer planté •La terre est achetée
•La main d’œuvre est à 71% non familiale (salariée) 100 110ha
90 Marchandisation de la terre et de la force de travail (mais pas totale)
10
3.7ha Nb d’ha de cacao planteur par cacao de d’ha Nb 0 1910 1930 1960 1990 2010 années Obala (cacao historique) •Les petits (0,1 à 2ha) et moyens (2 à 6 ha) planteurs = 86% du capital cacaoyer planté •La terre est héritée + patrimonialisation du foncier •La main d’œuvre est à 71% familiale Le capital cacaoyer change de mains…
120% Légende : 100%
80% Petits Planteurs (0,1 à 2ha) 60% 75% Planteurs Moyens (2 à 6 ha) 97% 86% 40% 70% Grand Planteurs (6 à 30 ha) 20% Très Grands Planteurs 0% (> à 30 ha) % nb % surf. planteurs % surf. Cacao Cacao % nb planteurs
Importance relative des différents types de planteurs pour Obala et Talba (Typologie à dire d’experts) Les formes de production dominantes changent
Formes de production agricole
Familiale Patronale Capitaliste MO fam > MO sal. MO sal. > MO fam. Idem Pat. + Abs. Obala
En % du nombre de 82% 17% 1% planteurs
En % des surfaces 71% 25% 4% cacaoyères
Talba
En % du nombre de 64% 28% 8% planteurs
En % des surfaces 30% 42% 28% cacaoyères Les rendements s’améliorent
Rendement en kg/ha 600
500
400
300
200
100
0 Petits Moyens Grands Très grands Types de planteurs Et la production de cacao double entre 1995 et 2013
Production de cacao en tonnes 250 000
200 000
150 000
100 000 Courbe de tendance durant la période Courbe de production de considérée cacao en tonnes 50 000
0 1915 1925 1935 1945 1955 1965 1975 1985 1995 2005 Années Quel est le profil de ceux qui ont porté ce boum cacaoyer ?
11 Des entrepreneurs et des capitaux financiers d’origine urbaine (des fils ou des petits fils de cacaoculteurs ayant profité des revenus urbains durant les 30 glorieuses )
Exploitants avec accès à des revenus non- Exploitants sans agricoles revenus non (actuellement ou au cours de leur vie) agricoles Faibles moyens élevés
Surfaces moyennes possédées en cacao 4,5 a 4.7a 14.5b 88.2c (en ha)
Légende a, b, c: groupes statistiquement distincts pour le test de Fischer pour un intervalle. de confiance de 95% 3 X +
20 X +
Une mobilité professionnelle qui permet d’accumuler plus et plus vite Des fils et des petits fils de planteurs qui ont bénéficié de revenus élevés durant les trente glorieuses du Cameroun Petits et 1 2 3 4a moyens planteurs
4b Grands et très grands Activités agricoles planteurs (cacaoculture, vivrier) Fronts Pionniers
3b’ Légende : 3b Capital naturel Le haut cadre Capital humain L’homme d’affaires Capital social et institutionnel Capital physique Capital financier Activités non agricoles (urbaines)
1910 1930 1960 1990 2010 Années Cadre d’analyse (Castex 1977)
14 Une transition capitaliste récente
Caractérisation des différents types (Castex 1977) Typologie des « Couches de planteurs et ouvriers transition » Mode de production agricoles du Centre proposées par
Cameroun Castex (1977) Dénomination Liaisons Liaisons structurelles fonctionnelles Très grands planteurs Paysannerie aisée Capitalistes Capitalisation Achat de force de (> à 30 ha) (> à 200 ha) travail salariée Grands planteurs Paysannerie Semi-capitalistes (6 à 30 ha) moyenne aisée (50 à 200 ha)
Planteurs Moyens Paysannerie Agriculture
(2 à 6 ha) moyenne familiale (artisan)
(5 à 50 ha)
Petits planteurs Paysannerie Semi-prolétaires (0 ,1 à 2 ha) moyenne pauvre (0,1 à 5 ha) Ouvriers agricoles Paysannerie pauvre Prolétaires (0 ha) (0 ha) Perte des moyens de Vente de force de production travail salariée
15 Origine de cette transition ?
Le capitalisme investit les règles de l’échanges Subordination du planteur aux règles du marché du cacao : origine exogène = puissance coloniale
Le capitalisme investit l’appareil de production : Origine endogène (camerounaise) puisque ce sont majoritairement des fils et petits de planteurs, exogène si l’on considère qu’ils sont « passé par la ville » et d’origine urbaine.
16 Et demain ?...
17 Indice des prix (base 100 en 1960) Avantage aux investisseurs 1800
1600
Prix à la 1400 consommation
1200 Prix de la main d'œuvre agricole 1000 Prix du cacao 800 au planteur
600 Salaires de la fonction publique 400 Prix de la terre sur front 200 pionnier Talba
0 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 18 Années Vers un développement territorial à deux vitesses et l’accroissement des tensions sociales (pb accès au foncier, écarts de revenus importants, prolétarisation,…) ?...
Main d’œuvre salariée agricole
La terre comme lieu de profits pour les détenteurs de capitaux Talba
La terre comme lieu de refuge et « d’intégration » socio-économique Obala Capitaux d’origine urbaine pour les plus démunis
Proposer : • Une nouvelle gouvernance des zones de front pionnier et de l’accès au foncier • Des baux de 30 ans sur la terre pour les investisseurs • … 19
20