UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

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FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE

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Département de sociologie

Mémoire de maîtrise APPROCHE GENRE ET DEVELOPPEMENT : CAS DE KATSEPY

Soutenu par : Zarazafy Vitarisoa Kristeva

Les membres du jury :

- Président du Jury : Mme. RAMANDIMBIARISON Noëline, Professeur

- Juge : M. ANDRIAMAMPANDRY Todisoa, Maître de Conférences

- Encadreur pédagogique : M. RAMANDIMBIARISON Jean Claude, Professeur Titulaire

Date de soutenance : 25 Mars 2011 Année Universitaire 2009 - 2010

APPROCHE GENRE ET DEVELOPPEMENT : CAS DE KATSEPY

REMERCIEMENTS

Avant tout, je tiens à remercier le Seigneur de m’avoir donné temps, santé, force et courage, m’ayant permis de mener à bien mes recherches.

J’adresse ma gratitude à mon encadreur pédagogique, Monsieur RAMANDIMBIARISON Jean Claude, Professeur Titulaire, qui n’a cessé de m’orienter au cours de mes recherches et de la rédaction de ce devoir.

Je remercie également mes parents, ma famille, les autorités et enquêtés et tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de cette recherche.

Mes remerciements sont destinés au Chef de département, Monsieur RAPANOEL Bruno Allain et au corps enseignant qui m’a transmis mes connaissances de base actuelles.

Mes remerciements vont aussi aux membres du Jury : le Président du Jury, Madame RAMANDIMBIARISON Noeline ; le Juge, Monsieur ANDRIAMANPANDRY Todisoa de m’accorder leur temps, leur indulgence et leur compréhension. Merci.

AVANT-PROPOS

On me questionne souvent sur les raisons qui m’ont poussé à choisir la filière Sociologie, que ce soit entre famille, connaissance, au cours d’un entretien… Chose étrange, car à mes yeux, toute décision, tout choix au cours d’une vie se doit d’être guidé avant tout par la passion. Depuis ma classe de seconde au Lycée, quand notre professeur de français nous a questionnés sur ce que nous envisagions de faire une fois notre bac en poche, alors que mes camarades de classe se demandaient quelles études il fallait suivre pour obtenir tel ou tel poste, ma réponse à moi semblait être une évidence : « je suivrai des études en sociologie ». Je n’avais alors qu’une vague idée de ce qu’est réellement cette discipline. Nombreuses sont mes connaissances qui, sachant que ma mère ayant suivi des études philosophiques, pensent qu’elle est surement celle qui m’a influencé dans ma prise de décision. Seulement, des questions relatives à la vie quotidienne s’embrouillaient dans ma tête depuis ma tendre enfance. Mon rêve était alors de pouvoir un jour être en mesure de répondre à toutes ces questions. Et c’est dans l’étude sociologique que je peux assouvir ce besoin. Et même étant de nature très timide, ce que les gens jugent incohérente avec la sociologie, je progresse dorénavant dans les réponses à toutes mes questions, sauf que plus j’ai des réponses, plus les questions se multiplient. Je dois dire que je n’ai nul regret d’avoir emprunté ce chemin. C’est surtout le fait que la sociologie m’ait fait découvrir et en même temps analyser multiples disciplines différentes, mais complémentaires qui m’a le plus enchanté.

Les étudiants en sociologie, au cours de leurs recherches font en sorte que leurs sujets soient singuliers, particuliers, bref tout sauf banal… Nous savons tous que le Développement est un domaine non seulement très vaste, mais surtout très abordé, très étudié, voire vulgarisé. Il va sans dire que ce n’est en aucune manière un sujet très convoité, du moins par les sociologues. Seulement, comme je l’ai mentionné récemment, je ne me soucie pas de l’idéal, je me tends plus vers ce qui m’affectionne, ce qui est le cas du contexte de développement… Mais je dois avouer que le choix du contexte Genre a été en majeure partie influencé par une expérience plus ou moins personnelle. Ayant eu des parents divorcés depuis mon enfance, j’ai du faire face à de nombreuses restrictions pour ne point dire exclusions sociales, que ce soit en classe, entre voisins et amis et même en famille… Je me suis alors résolue à essayer de comprendre ce phénomène, à comprendre tous les facteurs engendrant les réactions individuelles et collectives de chaque membre de la société par rapport aux questions relatives à la différence sexuelle. Aussi, me suis-je penchée sur ce sujet afin de ressortir une vision

holistique du genre. Sans aucune forme d’idéalisme, et encore moins d’extrémisme, je dissous mon mal-être et mes ressentiments en tentant de comprendre au mieux ce qui m’entoure, les réactions autruies ainsi que les agents qui les influencent.

Parmi les raisons qui m’ont poussé à approfondir un peu plus ce sujet figure ma surprise en lisant quelques revues sur le genre. Ça m’a beaucoup frappé de découvrir que dans ces revues, même rédigées par des spécialistes, l’on tend toujours à se ruer vers un féminisme extrémiste, si bien que quelque part, l’objectivité dans les études et recherches sur le genre est négligée. Dans pratiquement presque tous les articles ou ouvrages sur le genre et développement, l’on constate un passage qui me tique à chaque fois « … l’égalité des sexes… ». Comment pourrait-on égaliser deux choses bien distinctes et bien différentes ? Ne pourrait-on pas juste faire en sorte que la réunion de ces deux choses se fasse dans les règles ou la justice ?

Mes recherches sur le Genre et Développement ont débuté depuis ma deuxième année, et toujours est-il qu’une continuité s’impose. J’effectue des recherches d’une manière générale en évoluant vers des cas spécifiques. Il faut dire qu’au début, j’ai dû affronter des moments de doutes et d’incertitudes, mes illustrations en deuxième et troisième années n’incluant pas tellement d’interrelation avec une population cible. Ce fut donc non sans crainte, mais surtout avec enchantement que je me suis avancée vers ce que je qualifierai de belle expérience au cours de ma vie.

SOMMAIRE

INTRODUCTION

PARTIE I : Généralités sur le village de Katsepy et l’approche Genre

I. Monographie de la commune de Katsepy.

II. Evolution conceptuelle de l’approche Genre

PARTIE II : Organisation sociale et femme Sakalava Antalaotsy

I. Dans le cadre familial

II. Dans le cadre de la santé

III. Dans le cadre économique

IV. Dans le cadre politique

V. Etude de cas

PARTIE III : Etude comparative et bilan

I. Etude comparative

II. Les politiques locales et les problèmes sur les lieux

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

TABLE DES MATIERES

LISTE DES TABLEAUX

LISTE DES FIGURES

LISTE DES ABBREVIATIONS

LEXIQUE

ANNEXE

RESUME

CURRICULUM VITAE

INDEX

1

INTRODUCTION

1.Généralités et contexte

La question sur les différences sexuées est souvent associée à une insinuation à une discrimination des femmes. Or l’étude sur le genre n’exclut en aucune façon tel ou tel sexe. Elle associe les deux concernés tout en soulignant les degrés d’impartialité et d’iniquité dans des domaines bien précis. Il n’est donc pas question d’égaliser les deux sexes, seulement de respecter la relation qu’ils entretiennent, et surtout de rehausser leur complémentarité. L’approche genre est une approche relative à la protection des droits humains avant tout. Sa spécificité réside dans le fait qu’elle soit extrêmement soucieuse de l’équilibre entre les sexes c'est-à-dire entre hommes et femmes par rapport à cette cause.

Le développement, une question très évoquée depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, est indissociable au terme de genre puisqu’il fait référence à la compensation des besoins humains et matériels, à l’amélioration des aptitudes humaines et des conditions de vie. Le développement est donc un processus de lutte quotidienne contre la pauvreté en vue d’une évolution permanente des conditions de vie et des compétences humaines. En somme, l’approche genre et développement invoque une préoccupation sur l’instauration et le maintien de l’équilibre entre les sexes dans le cadre du développement, tant sur le plan social – économique que politique.

Katsepy est une commune rurale sous la préfecture de , située dans la région , au Nord-Ouest de . Elle présente une variété ethnique assez frappante. Nous y rencontrons notamment les ethnies sakalava ,makoa, tsimihety, merina, betsileo, antemoro, betsimisaraka, antandroy et la communauté silamo. La constitution de la population antalaotsy est donc très diversifiée et prend racine dans l’ensemble même de la population malgache. Il va de soi que cette diversité ethnique se rapporte à une diversité culturelle. Pourtant, en ce qui concerne l’organisation sociale de la société antalaotsy, nous constatons une singulière harmonie culturelle.

C’est d’ailleurs en ce sens que l’objet de notre recherche intitulé « Approche genre et développement : cas de Katsepy » fait référence. Nous nous intéressons notamment à la situation de la femme Antalaotsy dans le cadre social général ainsi qu’aux différents facteurs y afférents, de manière directe ou indirecte.

2

2. Les motifs du choix du thème et du terrain

Si le contexte « genre et développement » en général fait référence à une discrimination de la femme dans presque tous les domaines autant dans les pays développés qu’en voie de développement ; il paraît important de souligner que des exceptions se présentent dans certaines zones. En effet, la diversité culturelle que présente le pays malgache fait que chaque région ait ses propres attributs et notons que les valeurs culturelles de ces régions dévoilent parfois des contradictions. Vu que la culture joue un rôle important sur la détermination des valeurs sociales, nous nous sommes penchés sur le cas antalaotsy qui démontre une nuance culturelle par rapport au reste du pays . De plus, les questions relatives au développement sont particulièrement placées au centre des préoccupations depuis un certain temps. Mettre en lumière cette singularité de cas et voir de près aussi bien les atouts que les lacunes propres aux femmes Antalaotsy dans un contexte social de développement ; telles sont les raisons auxquelles reviennent le choix de ce thème. Ce qui sous-entend l’examination de près de la position de la femme antalaotsy au sein du ménage, de la société, dans un contexte économique et politique.

3. La problématique

Ceci nous amène à poser la problématique suivante : en considérant le fait que la femme sakalava antalaotsy soit une actrice de développement de leur village, quels sont les divers aspects de cette participation au développement ?

4. Les objectifs

a. L’objectif global

Les réponses à ces questions nous amèneront à confirmer que Katsepy affiche une différence par rapport aux autres régions malgaches dans le cadre de l’étude du genre. Ainsi, il parait intéressant d’étudier l’organisation sociale à l’origine du statut des femmes dans un sens, et ses impacts sur leur place vis-à-vis du développement dans un autre.

b. Les objectifs spécifiques

Elles nous permettront également de discerner l’influence de la culture sur les rôles sociaux de la femme. En d’autres termes, d’évoquer l’importance de la culture sur la détermination sociologique de la fonction de la femme chez les antalaotsy. Elles seront aussi 3

un moyen de faire ressortir les impacts aussi bien positifs que négatifs du contrat social 1 antalaotsy sur la question du genre dans le cadre social en général.

5. Les hypothèses

Les résultats de cette recherche seront un moyen de vérifier la véracité de cette hypothèse qui souligne que la culture antalaotsy est active par rapport aux différentes valeurs sociales vu que Katsepy est un village conservateur. C'est-à-dire que la culture influence et agit activement sur les membres de la société et par la même occasion sur la considération des deux (2) sexes en tant qu’êtres indissociables et complémentaires.

Ceci nous amène à évoquer les sous-hypothèses suivantes :

- dans un premier temps, bien que l’homme et la femme détiennent des rôles sociaux assez différents, ce fait ne se rapporte guère à une discrimination sociale de la femme chez les antalaotsy ;

- nous ne dénotons aucune différence d’accès des hommes et des femmes à des carrières lucratives et aux contrôles des moyens financiers et autres moyens de production ;

- la culture Sakalava Antalaotsy remet en valeur le statut de la femme.

6. La méthodologie

a. Les méthodes

-Approches sociologiques

 Approche structuraliste : c’est une méthode d’analyse plus anthropologique que sociologique, initiée par Claude Lévi-Strauss, qui met en évidence les structures des phénomènes sociaux étudiés 2. Ces derniers doivent donc être appréhendés à partir des relations et des structures qui les caractérisent. Une structure est, en outre, un type d’organisation d’un système.

1 Appellation propre à Jean Jacques Rousseau pour désigner les différentes conventions sociales, les coutumes et usages exclusifs à une société donnée.

2 Claude Lévi Strauss, Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958, p.306. 4

Cette approche nous aidera à nous éclairer davantage sur les détails, par l’étude minutieuse des différentes structures sociales, afin de déterminer la pondération entre les sexes dans le cadre du développement chez les Antalaotsy .

La recherche tient donc compte des différentes structures sociales c'est-à-dire de l’ensemble des éléments organisateurs de la société, de l’interdépendance de ces divers domaines constituant le système social et assurant ainsi son fonctionnement. Ce qui laisse entendre que l’étude valorise l’image de ce que sont les rôles de la femme au sein du milieu social antalaotsy aussi bien dans les structures familiale, économique, communautaire, culturelle et religieuse.

 Approche fonctionnaliste 3: c’est une doctrine sociologique qui considère une société comme un tout organisé dont les différentes parties assument des fonctions définies. Chaque élément doit ainsi être rapporté à la totalité à laquelle il appartient.

Comme notre étude se rapporte aux genre et développement, cette approche nous sera utile dans la détermination des fonctions et des rôles de chaque sexe. Elle nous servira également afin de nous expliquer la nature de la fonction de la culture par rapport aux rôles et tâches de chaque individu en société : les fonctions sociale, économique et politique des individus.

- Les théories sociologiques

 Théorie du comportement organisé 4 : c’est une théorie avancée par Bronislaw Malinowski (1884-1942) soulignant le fait que c’est la culture qui organise la vie en société. Le grand signe de la culture telle qu'elle est vécue, éprouvée et observée scientifiquement est déterminé par le phénomène du groupement permanent. Les groupes sont à la fois soumis et scellés par une convention, un usage, une coutume, bref, par quelque chose qui répond à ce que J.J.Rousseau appelle le contrat social.

Cette théorie nous permettra de mettre en lumière l’harmonie de la culture ainsi que des valeurs culturelles avec l’organisation sociale antalaotsy . Elle sera surtout un moyen pour

3Bronislaw Malinowski, in CARATINI Roger (1976), Sciences Sociales I, Bordas Encyclopédie, Nouvelle édition revue et corrigée, p.207

4 Bronislaw Malinovski (1944), Une théorie scientifique de la culture et autres essais, Les classiques des sciences sociales, p.29 5

nous de faire valoir l’unanimité que provoque l’appartenance au groupement social antalaotsy sur les valeurs morales en l’occurrence, la prise en compte des deux (2) sexes.

 Théorie des rôles : c’est une théorie avancée par J.L.Moreno 5. Cet auteur a mis l’accent sur le fait que chaque individu dispose d’un certain jeu de rôles. Cependant, ces derniers sont hiérarchisés selon leur degré d’importance . Ainsi, un seul individu incarne plusieurs rôles au cours d’une vie, ce, en fonction du milieu et du cadre où il se trouve. Il y a donc des rôles prédominants ou en quelque sorte principaux qui font parties des rôles les plus importants assumés par l’individu et des rôles accessoires ou épisodiques qui peuvent être moins importants ou encore incarnés rarement par l’individu. Cette théorie nous aidera à analyser les différents rôles des individus. Elle nous permettra ainsi de hiérarchiser les fonctions qu’assument les femmes antalaotsy selon leur degré de priorité.

 La conscience collective : est une théorie soutenue par Émile Durkheim (1858- 1917) 6. C’est un état cognitif, représentatif et émotionnel qui embrasse outre l’individu lui- même, tous les membres du groupe, de même que les intérêts et les valeurs culturelles. Ce dernier remet en question le fait que dans un souci de cohésion sociale et de solidarité intergénérationnelle, les comportements et la façon de vivre d’un individu donné sont en grande partie influencés par la nature du groupe auquel il appartient.

Cette dernière nous aidera à définir de façon logique la pertinence des valeurs culturelles et morales du peuple antalaotsy ; elle nous permettra de mettre en évidence une cohérence de ces valeurs dans l’ensemble du groupe antalaotsy.

b. Les techniques

Les techniques sont ouvertes sur divers moyens de collecte de données à savoir la documentation, l’échantillonnage, l’analyse et le traitement des données.

5 CARATINI Roger (1976 ), Sciences Sociales I, Bordas Encyclopédie , Nouvelle édition revue et corrigée, p 218.

6 CARATINI Roger (1976 ), Sciences Sociales I, Bordas Encyclopédie , Nouvelle édition revue et corrigée ,p.193,244 6

-Les techniques documentaires

Dans la documentation, nous relatons la consultation de rapports de recherche antérieure ; des œuvres qui font référence aux problèmes rencontrés à Madagascar, en Afrique et dans l’ensemble du monde ; des ouvrages officiels tels que le plan communal de développement de la commune rurale de Katsepy ainsi que le plan régional de développement de la Région Boeny .

-Les techniques vivantes

Afin de pouvoir collecter les informations d’ordre primordial pour les différents tests statistiques et les analyses de l’hypothèse, nous avons eu recours à des enquêtes qui sont basées sur un questionnaire et une grille d’entretien.

Les enquêtes et le questionnaire

En vue de discerner les diverses faiblesses du questionnaire ainsi que les manques d’informations collectées par rapport aux questions posées, l’enquête en question a d’abord été précédée par une pré-enquête.

La pré-enquête a été ainsi effectuée auprès de douze (12) personnes de la commune rurale de Katsepy – Fokontany de Katsepy.

En outre, l’enquête, basée sur un questionnaire, a été effectuée auprès de quarante (40) personnes de la Commune rurale de Katsepy – Fokontany Katsepy qui, en majorité, sont âgées de plus de quarante (40) ans étant donné que les personnes de cette catégorie d’âge sont celles qui se sont implantées dans les lieux depuis un certain temps et donc, connaissent mieux ce qu’il en est de cette zone.

Le questionnaire en question relate divers domaines sociaux tels que le domaine familial, éducatif, économique et politique. Les variables prises en compte sont relatives à la situation de la femme au sein du ménage, à son niveau socioculturel, aux apports économiques auxquels elle contribue, à ses niveaux de participation par rapport à celui de son mari, et à la vie socio-politique de son village.

L’entretien et le guide d’entretien 7

Les entretiens, basés sur une grille d’entretien, ont été effectués auprès :

• des personnes responsables de la commune rurale de Katsepy ainsi que du Fokontany de Katsepy à savoir le Maire de la commune rurale de Katsepy et le chef Fokontany de Katsepy en vue de collecter toutes informations susceptibles de servir à nos recherches concernant la commune rurale, le Fokontany de Katsepy et ses environs ;

• de personnes âgées originaires de Katsepy afin de tirer des informations axées sur les cultures traditionnelles, les cultes et pouvoirs traditionnels, et le mode de vie traditionnel et moderne des Antalaotsy .

Les techniques d’échantillonnage

L’échantillon a été constitué de quarante (40) personnes avec une répartition inégale des deux (2) sexes. Il compte dix (10) hommes et trente (30) femmes avec un pourcentage de soixante pour cent (60 %) de personnes de plus de quarante (40) ans, les questions étant basées sur les problèmes liés aux femmes et le fait de s’être installé dans le village de Katsepy depuis longtemps faisant partie des critères importants.

La méthode appliquée est ainsi celle de l’échantillonnage par quotas puisque les variables sexe – âge – le lieu de résidence (dans le Fokontany de Katsepy pour l’ensemble des quarante personnes enquêtées) – la catégorie professionnelle sont celles qui ont été prises en comptes. Elle a cependant été aussi aléatoire du fait que les individus soient choisis au hasard.

Tableau 1 – Répartition de l’échantillon selon le sexe

L’Enquête s’est alors effectuée auprès de l’échantillon ayant la structure suivante :

Sexe Masculin Féminin 10 (25 %) 30 (75 %) Source : Étude statistique personnelle, 2010.

Tableau 2 – Répartition de l’échantillon selon l’âge

Age - de 40 ans + de 40 ans 8

16 (40 %) 24 (60 %)

Source : Étude statistique personnelle, 2010 .

-Le traitement des données

 Nous avons eu recours à la méthode quantitative qui est la phase d’exploitation des données quantifiables. Nous avons visé de près une analyse de la situation de la femme Antalaotsy , et une étude comparative entre les deux (2) sexes. Les variables prises en compte sont : la position ainsi que le statut familial de l’homme et de la femme Antalaotsy y compris les rôles que cette dernière incarne au sein de son foyer, la situation sanitaire féminine Antalaotsy , le statut socio-éducatif de l’homme et de la femme, le statut socio-économique de la femme incluant son domaine d’activité et enfin son statut sociopolitique c'est-à-dire la nature de sa participation à la vie sociopolitique. Ces tests ont été en partie traités sur Excel et sur sphinx.

Nous avons également étudié la dépendance entre le sexe et le rôle social, le sexe et les apports économiques des membres de la société antalaotsy.

 Les méthodes qualitatives : - évaluation historique et dans le temps moderne des réalités socio-culturelles chez les Antalaotsy . - Analyse de l’attachement des Antalaotsy à la culture pour déterminer si celle-ci a quelconque influence sur le mode de pensée Antalaotsy et surtout si celle-ci est relative à l’organisation de la vie en société. - Analyse de la multitude des rôles de la femme en fonction des différentes structures sociales.

Cette recherche tient à évoquer l’influence que peut avoir la culture sur l’organisation sociale Antalaotsy , y compris sur le mode de perception des rôles masculin et féminin. Elle tient également à mettre en lumière la nature des rôles qu’assume le genre féminin. Ce qui, de ce fait, nous amène à comprendre globalement l’attitude collective sociale par rapport à la place de la femme.

9

7. Le plan Ainsi, le plan sera constitué de trois différentes grandes parties.

Dans la première partie intitulée « Généralités sur le village de Katsepy et l’approche genre » seront relatées la situation géographique et les analyses socioculturelles du village de Katsepy, suivi d’une étude des différents stades d’évolution de la conception de l’approche genre.

La seconde partie qui aura pour titre « Organisation sociale et femme sakalava Antalaotsy » proposera une étude des diverses structures sociales en rapport avec le genre et développement.

Et la dernière partie, « Étude comparative et bilan », renseignera sur une étude de cas et une analyse sociopolitique, ceci, afin de pouvoir faire ressortir les défaillances des politiques de développement et aussi pour procéder à l’élaboration de quelques suggestions potentielles. 10

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PREMIERE PARTIE :

GÉNÉRALITÉS SUR LE VILLAGE DE KATSEPY

ET L’APPROCHE GENRE

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Il parait important d’évoquer dans un premier temps tout ce qui concerne notre sujet et le lieu où nous avons décidé d’effectuer nos recherches. Cette première partie intitulée « Généralités sur le village de Katsepy et l’Approche genre » est constituée d’une sous partie soulignant la monographie de la commune rurale de Katsepy ; suivie d’une autre qui se penche plus sur le développement historique de l’approche genre depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale à nos jours ainsi que sur l’évolution de la conception et de l’analyse de cette approche genre et développement en question. 13

I/ Monographie de la commune de Katsepy

Ce premier chapitre nous mettra en lumière dans un premier temps sur l’état des lieux de la situation géographique de la commune rurale de Katsepy. Il va par la suite nous orienter vers un historique du village en question tout en mettant un accent particulier sur l’histoire de la migration ainsi que l’origine du peuplement du village de Katsepy. Nous verrons vers la fin de cette sous partie quelques analyses culturelles en référence avec les religions et pratiques culturelles de la population sakalava antalaotsy.

1. Situation géographique de la commune

Katsepy est une commune dans la préfecture de Mitsinjo , région Boeny , province de . Cette commune se situe notamment à 80 kilomètres au nord de Mitsinjo . Elle a pour limites au Nord le Canal de Mozambique ; au Sud la Commune de et Ankaraobato ; à l’Est la baie de Bombetoka et à l’Ouest la commune d’ Antogomenabevary . Elle compte 12883 habitants avec une superficie de 1193Km.

Nous y comptons sept(07) Fokontany dont Katsepy , Antrema, Analarelo, Beantsiva , Tsiandriarafa, Ambondrona et Sankoany . Le Fonkontany de Katsepy regroupe douze(12) secteurs à savoir le Dohanibe, Dohanikely, Anjiabe, Marovato, Amboaboaka, Anjiabory, Ampangoaina, Antetikala, Morafeno, Antsingy, Belemboka et Amparilava.

Il est à noter qu’au sein de cette commune se rencontrent plusieurs groupes ethniques entre autres : les groupes Sakalava , Makoa et Tsimihety issus de la partie Nord-Ouest de Madagascar ; le groupe Silamo originaire des population islamisées venus sur l’île en passant par le Golf Persique et le Canal de Mozambique ; les groupes Merina et Betsileo venant du Centre du Pays ; les Betsirebaka trouvant leurs origines du côté Sud-est malgache ; le groupe ethnique Antandroy issu du Sud malgache ; le groupe Betsimisaraka de la partie Nord-est malgache et quelques Européens.

Géographiquement parlant, la commune présente un climat tropical à deux (02) saisons, dont la saison humide et la saison sèche. 14

Katsepy est dominé par des plaines côtières ou littorales. Nous y trouvons aussi une pénéplaine à pente très douce et une vallée très évasée, ainsi que des collines dans la partie Sud-est.

En matière de végétation, autrefois c’était une zone verte, mais à cause de la destruction intensive effectuée par la localité, actuellement, plus de 50 % de la superficie sont dominés par la savane arborée ( satrana ) et en bordure de mer, se trouvent des mangroves. La forêt-galerie longe toute la rivière.

En outre, l’existence de la route nationale RN119Bis reliant Antananarivo et Maintirano facilite l’accès et la communication avec les communes avoisinantes. Seulement, même durant la saison sèche, seuls quatre (04) Fokontany accessibles en voiture : celui de Katsepy , d’ Antrema , d’ Analarelo , et de Sankoany . Les trois (03) autres demeurent enclavés, ils se trouvent aux environs de 50 km de Katsepy .

2. Aperçu historique

Selon certaines sources orales, le village de Katsepy qui est un chef-lieu de la commune a été bâti au temps du Roi Moanakoa, vers le 18e siècle. La dynastie sakalava migre vers Katsepy afin de rechercher de vastes terrains favorables à leurs activités dont l’agriculture, l’élevage et la pêche. Cette importante migration a imprimé ses traits fondamentaux à la population de la zone. Peu de temps après, la population Makoa migre à son tour vers Katsepy en raison de la virginité de la terre qui s’y trouve.

En 1901, « Farabe » fût créé au nord de Katsepy , là où se trouve le phare. Il est à souligner que ce village fait partie des sites touristiques malgaches du fait qu’il se trouve au bord de la mer. Il y avait par ailleurs un chef poste avant l’indépendance. Actuellement, il est devenu un chef-lieu de la commune de Katsepy dans la sous-préfecture de Mitsinjo .

Le nom de Katsepy n’a pas été donné au hasard, il y a une signification bien déterminée. Selon toujours les mêmes sources orales, deux (02) hypothèses expliquent l’origine de ce nom : 15

(1) 7– il vient du mot « Katseky ». Au temps du Roi Moanakoa, il y avait encore des « lambo » ou sangliers dans la zone de Katsepy . Durant la nuit, le passage de ces derniers produisait de bruit ou « katseky » selon le dialecte de la région. D’après les villageois, le nom de Katseky a été appliqué à la réalité de l’époque, et ce, après consultation du Roi. Plus tard, les étrangers qui ignoraient qu’en réalité le nom de ce village était Katseky l’ont appelé Katsepy et comme la population locale n’a point pris la peine de les corriger, ainsi fût nommé le village au final.

(2) 8- À l’arrivée des navigateurs swahilis dans la province de Mahajanga , ces derniers recherchaient un coin susceptible d’être favorable à la réparation de leurs boutres. Katsepy était leur premier choix et ainsi ils surnommaient ce lieu de « Kwatchepy », littéralement « bon coin », selon leur langue. Et ce nom a été appliqué par la localité.

3. Histoire de la migration et de l’origine du peuplement de la commune de Katsepy

La migration est un phénomène de déplacement en masse d’une population donnée originaire d’un pays ou d’un lieu donné vers un autre pays ou encore vers un autre lieu pour des raisons variées. C’est un phénomène assez courant. Une des principales causes de ce fait est la recherche de terrains favorables aux différentes activités économiques, à l’exemple de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, la recherche de ressources minières ou encore le commerce.

Au début, il n’y avait qu’un seul groupe ethnique dans la zone de Katsepy : le Sakalava . Cependant, les décennies se sont succédées et avec, on a assisté à de nombreuses vagues de migrations à savoir celles des Makoa , des Tsimihety , des Merina , des Betsirebaka , des Betsimisaraka , des Antandroy , des Betsileo ; bref toutes les populations issues de chaque recoin de Madagascar, ainsi que des populations arabes et des Occidentaux. Mais comme le groupe sakalava fût le premier à être arrivé dans la zone, il bénéficie du titre de « Tompontany ». Les Makoa sont arrivés après les sakalava . Les Tsimihety sont les grands migrants dans la commune, surtout à Sankoany et Analatelo . De nos jours, les migrants s’éparpillent dans les sept (07) Fokontany .

7 PSDR, Plan communal de développement, commune rurale de Katsepy , p. 7-8

8 PSDR, Plan communal de développement, commune rurale de Katsepy , p.8 16

Notons que la migration est classée suivant la durée de déplacement, l’éloignement par rapport au lieu de départ et l’activité des migrants. Ici, on peut la classer comme migration semi-définitive puisque les migrants s’installent pendant une période assez longue dans une zone avant de se déplacer vers une autre. Et la plupart des migrants qui font partie des constituants du peuple antalaotsy , bien qu’habitant à Katsepy depuis longtemps ne pense pas y résider à jamais, mais espère toujours retourner à leurs lieux d’origine.

4- Analyses culturelles

- La religion chez les antalaotsy

En effet, à la question de variété ethnique s’ajoute celle de la variété religieuse. Étant donné la ramification des origines du peuplement du village de Katsepy , la différence culturelle ou plutôt la diversité culturelle est un phénomène incontournable.

Les structures religieuses sont proportionnées comme suit : 18,3 % de la population est chrétienne ; 2,1 % est musulmane et le reste adopte la religion ancestrale.

En outre, la population est plus ou moins attachée au système traditionnel, aussi bien par rapport à leur mode de vie socio-économique qu’à leur identité culturelle. Elle se penche donc beaucoup sur le côté de la religion ainsi que de la culture religieuse, notamment la culture relative à la religion ancestrale.

La religion est d’autant plus importante pour les antalaotsy . En fait, la « gérance » même de la vie sociale au quotidien est étroitement imbriquée avec ce que la population locale nomme les « fomba », autrement dit, les traditions, y compris les interdits – les us et coutumes…

Néanmoins, il est à souligner que bien qu’il y ait certains us et coutumes communs pour les sakalava Marambitsy donc antalaotsy , à chaque localité ses particularités. Nous pouvons par exemple citer les jours interdits ou « fady » qui sont le mardi et le jeudi, communs pour tous. Il est également interdit de cultiver de l’arachide dans la commune de Katsepy , de faire des besoins et des vices aux alentours des Doany , d’y mener des flammes au cours de la nuit ; et surtout, il est formellement interdit d’élever des porcs dans la commune.

Mais en ce qui concerne le Fokontany de Katsepy , les particularités en matière d’us et coutumes se réfèrent à : 17

• L’interdiction de faire du mal et des besoins aux environs des grands arbres, en particulier des tamariniers, 9

• Sacrifice d’une poule ou d’un zébu que l’on va mener aux grands tamariniers, accompagné d’hydromel ou « toaka gasy » afin de pouvoir demander une bénédiction, la croyance antalaotsy supposant que ces grands arbres abritent les grands esprits 10 …

- Place de la femme face à la culture sakalava antalaotsy

Il s’avère important de souligner que bien que la culture ancestrale soit dominante dans la zone antalaotsy , que la population locale vit à travers les différentes traditions, que ces traditions sont bien plus importantes que la gérance politique même de la commune, les conditionnements de la femme sont plus ou moins moins critiques par rapport à cette culture sakalava antalaotsy .

Nous avons pu, par le biais des données précédentes, en savoir plus sur la commune rurale de Katsepy, son état géographique - historique et culturel. Après avoir vu ce qu’il en est du village auquel nous nous intéressons, nous allons entamer un nouveau chapitre étudiant la nature de ce qui fait le sujet de notre recherche : le genre et développement.

II/ EVOLUTION CONCEPTUELLE DE L’APPROCHE GENRE :

Ce second chapitre aura pour rôle de nous impliquer davantage dans ce qu’est réellement l’approche Genre. Il nous décrira son historique ainsi que ses états de lieu à l’heure actuelle dans un premier temps ; il nous exposera par la suite le développement analytique de l’approche Genre et Développement Humain ; pour finir par une étude de la dualité Genre et Pauvreté.

1) Historique de l’approche genre :

9 PSDR, Plan communal de développement, Commune rurale de Katsepy , p.11-12

10 PSDR, Plan communal de développement, Commune rurale de Katsepy , p.11-12 18

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le principal paradigme de développement a été « la Reconstruction et Développement »11 . Ce principe de développement s’est appuyé sur l’idée de la reconstruction des infrastructures économiques. Si le Plan Marshall a été mis en exergue pour reconstruire l’Europe, l’Accord de Bretton Woods a en outre été signé en 1948, portant création de deux institutions que sont la Banque Mondiale et Fonds Monétaire international (FMI). Étant données les circonstances, les problèmes relatifs aux hommes et aux femmes n’ont pas été tellement au centre des intérêts et des préoccupations des leaders.

Ce n’est qu’en 1947, avec la Charte des Nations Unies que la question axée sur le genre a, pour le peu, été évoquée ; mais pas moins abordée dans les différents débats sur le principe de développement.

Entre les années 50 et 60, les intérêts généraux concernant le développement se sont basés sur les « Besoins Essentiels » et la « Lutte contre la Pauvreté »12 . Ces derniers consistent à prendre en compte l’aspect humain dans les efforts de reconstruction des infrastructures économiques et à inciter tout un chacun à considérer la réduction de la pauvreté comme étant une priorité en soi. Cette décennie a ainsi été déclarée comme celle des besoins essentiels.

Si la « population » a commencé à être plus ou moins admise sur le plan de développement, à être considérée comme étant un grand atout dans les efforts de lutte contre la pauvreté ; les femmes, elles, demeurent inimpliquées dans les activités de production. Elles ne sont vues qu’en tant que mères et épouses, donc uniquement au sein du ménage. Le processus de développement continue ainsi à refléter la prédominance de l’analyse économique supposée neutre en matière de genre.

11 Madagascar Rapport national sur le Développement Humain 2003, « note sur l’évolution des principales approches de l’analyse du genre », PNUD, p.10

12 Madagascar Rapport national sur le Développement Humain 2003, « note sur l’évolution des principales approches de l’analyse du genre », PNUD, p.10

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Durant les années 60, toutes les attentions se sont portées sur le « Développement Rural »13 consistant à la combinaison des approches de reconstruction et de lutte contre la pauvreté. On a pu remarquer qu’en général, les populations pauvres du monde vivent notamment en milieu rural. Ceci étant, les efforts purement économiques fournis pour le développement trouvent de plus en plus leurs limites.

Néanmoins, la contribution des femmes dans la production et la reproduction sociales reste largement invisible chez les décideurs, de même que leurs activités ne sont comptabilisées nulle part dans les statistiques économiques et les comptes nationaux. Par ailleurs, les différents projets liés à la santé, à l’éducation et au développement social ont impliqué les femmes, mais ce, seulement à titre d’épouses et de mères pour, principalement, des perspectives de bien-être.

Dans le cadre de développement du genre, les économistes et les féministes remettent en cause l’analyse économique et les divers instruments statistiques qui ne permettaient pas de prendre en compte la dimension du genre.

La publication par Éther Boserup de son livre intitulé « Women’s Role in Economic Development » en 1970 a permis de mettre en lumière la participation effective des femmes dans le processus de développement. Et en 1972, il a été décidé par l’Amendement de Percy que tout projet financé par les États-Unis devrait inclure une composante « Femme et Développement ».

En outre, de 1970 à 1980, la Banque Mondiale remet en cause la mise en œuvre de bonnes politiques redistributives de revenu en faveur des secteurs sociaux, dont l’éducation, la santé et autres, avec la politique de « Redistribution avec croissance »14 , ce qui a pour effet le renforcement du capital humain qui influera positivement à son tour, sur la productivité ainsi que la croissance.

13 Madagascar Rapport national sur le Développement Humain 2003, « note sur l’évolution des principales approches de l’analyse du genre », PNUD, p.10

14 Madagascar Rapport national sur le Développement Humain 2003, « note sur l’évolution des principales approches de l’analyse du genre », PNUD, p.11

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Ainsi, bien qu’encore marginale, l’intégration des femmes au développement a évolué de plus en plus : des efforts ont été fournis dans le but de faire accéder les femmes aux travaux rémunérés. Cependant, les activités féminines de reproduction sociale ont été dévalorisées et les emplois du temps des femmes ont été présumés indéfiniment élastiques dans la mesure où elles sont considérées comme pouvant tout faire.

Parallèlement à cela, les activités sur le Statut de la femme se sont consolidées par le biais de la Déclaration des Nations Unies des années 1975-1985, déclarées comme étant la « Décennie des Femmes »15 , inaugurée à travers une conférence qui s’était tenue à Mexico en 1975, qui fût la Première Conférence sur les femmes. En 1978 furent créés les Fonds Volontaires des Nations Unies pour les femmes, ainsi que le Centre International pour la Recherche et la Formation des Femmes (INSTRAW). Grâce à de nombreuses recherches et analyses entreprises sur le rôle des femmes dans le développement, on a pu aboutir à une Deuxième Conférence sur les Femmes qui a eu lieu à Copenhague en 1980.

Durant les années 70, des travaux sur les questions de sous-développement ont été menés, explorant ainsi les liens entre les hommes et les femmes. Les débats qui en résultaient incluaient aussi l’adaptation à l’utilisation du mot « genre » pour analyser les implications sociales plutôt que grammaticales, d’être homme ou femme dans une société donnée. Ceci a conduit à l’apparition de l’Approche Genre et Développement (Gender and Devepment Approch- GDA) dont l’objectif est d’analyser les relations du genre plutôt que le concept beaucoup plus statique du « rôle des femmes ».

Par contre, les années 80 ont été plus marquées par l’adoption d’une Politique de développement soulignant « l’Ajustement Structurel »16 (PAS). Cette dernière a été mise en place afin de favoriser l’expansion économique des pays en voie de développement et leur permettre de rembourser leurs dettes. Cependant, les impacts de la Politique d’Ajustement Structurel sur le niveau de vie et sur la pauvreté ont été sévères. L’appauvrissement croissant

15 Madagascar Rapport national sur le Développement Humain 2003, « note sur l’évolution des principales approches de l’analyse du genre », PNUD, p.11

16 Madagascar Rapport national sur le Développement Humain 2003, « note sur l’évolution des principales approches de l’analyse du genre », PNUD, p.11

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et le bouleversement social qui en résultèrent ont remis en question l’approche économique du développement et ont contribué à l’expansion des analyses sur les dimensions sociales du développement.

Dans le cadre du genre, plusieurs unités « Femmes et Développement » sont apparues et des politiques axées sur les femmes ont été créées par la plupart des pays donateurs ainsi que dans plusieurs agences des Nations-Unies. En 1986, la division « Femme et Développement » a vu le jour au sein du PNUD ou Programme des Nations Unies pour le Développement. En somme, bien que la croissance économique continue à être le principal indicateur de développement, les dimensions sociales de développement étaient progressivement prises en compte.

C’était encore durant cette décennie que bon nombre d’opérations ont été publiées dont l’élaboration par un groupe de l’Université d’Harvard d’un programme intitulé « Harvard WID » sur les Femmes et Développement ; la publication du « Gender Roles in Development Projects » en 1983 ; des séances de formation sur l’analyse du genre dispensées aux personnels de plusieurs agences bilatérales et multilatérales (à savoir le Canada, la Grande-Bretagne, l’Australie, les Nations-Unies…) et la conférence qui a engendré l’engagement des gouvernements du monde entier à mettre en place des stratégies pour le développement futur des femmes, qui s’est tenue à Nairobi (Nenya) en 1985 et qui a mis fin à la décennie des femmes des Nations-Unies.

Dans les années 1990, le Développement Humain a été conçu comme étant le centre primordial d’attention dans les efforts d’approche de développement. La lutte contre la pauvreté est alors devenue alors capitale. C’est aussi durant cette période qu’une nouvelle gamme d’indicateurs sociaux a fait apparition auprès des indicateurs économiques usuellement utilisés par le biais du Premier Rapport sur le Développement Humain par le PNUD.

Par la suite se sont succédées les différentes Conférences sur les dimensions humaines du développement initiées depuis 1988, qui ont donné fruit à l’émergence d’un consensus sur les objectifs – clés de développement, incluant la réduction de la pauvreté et l’éducation des filles.

L’équilibre du genre ainsi que les politiques d’équité ont été essentiellement les principaux problèmes des personnes luttant pour le développement des femmes. Suite à ces 22

conférences, deux concepts fondamentaux ont été évoqués, à savoir « l’égalité du genre » et « l’autonomisation des femmes »17 . L’engagement politique pour l’égalité du genre a été largement répandu quoique la mise en œuvre réelle de ces engagements reste encore une problématique.

En outre, les publications d’œuvres focalisées sur le genre ont marqué les années 90. Parmi ces derniers figure le « Gender Planning and Development : theory, practice and training » écrit par Caroline Moser, publié en 1993 ; le « Reversed Realities : gender hierarchies in development though » par Naila Kabeer, consolidant l’approche « relations sociales » du développement en 1994.

Par ailleurs, les Organisations Non Gouvernementales ONG ont commencé à se préparer pour la Conférence de Beijing ainsi que pour le Forum parallèle des ONG dès 1993. Sous la direction de Thanpyuying Sumnalle Charitikavanij et de Noeleen Heyser, un groupe d’ONG d’Asie du Sud et du Pacifique ont formé une coalition nommée Asia and Pacifique non Government Organisation Working Group (Groupe de travail d’organisations non gouvernementales d’Asie et du Pacifique). Son principal objectif était la mise au point d’une position régionale des ONG par rapport aux multiples questions confrontant les femmes de la région afin de pouvoir la faire refléter dans le document final qui est le Programme d’Action. Il est à noter que plus de cinq cents (500) militantes ont participé à la première réunion régionale des ONG.

Aussi, la quatrième Conférence Mondiale sur les femmes au cours de laquelle un consensus global sur les questions des femmes et de genre a été défini. Et les gouvernements du monde entier se sont engagés à atteindre un certain nombre d’objectifs contenus dans la « Déclaration de Beijing »18 .

Le groupe de travail a permis aux ONG leur participation active à cette Conférence et a même changé la nature de leurs engagements au processus. Les questions primordiales étaient axées sur la quantification du travail des femmes, l’insertion de ce dernier dans l’économie nationale, qu’il soit rémunéré ou pas, par le biais des systèmes nationaux de

17 Zarazafy V.K, « Approche genre et développement, enquête menée auprès du PNUD », mémoire de Licence 2007-2008, faculté DEGS, département Sociologie, Université d’ Antananarivo — Madagascar, p.9-15

18 « Le progrès des femmes à travers le monde 2000 », Rapport biennal de l’UNIFEM, p.45-47 23

comptabilité. Si les déléguées ont montré la nécessité de mettre en place une convention de l’OIT sur les droits des travailleurs à domicile ; les militantes, elles, ont insisté sur la responsabilité des États dans l’élimination de la violence sexiste. Ces questions fondamentales et d’autres de grandes envergures ont été résumées dans le « Livre Jaune » qui a servi de base aux activités préparatoires des autres régions.

Les idées et les recommandations du Livre Jaune ont été diffusées à travers toutes les régions au cours d’une série de réunions en 1994. L’année suivante, le groupe de travail a joué un rôle de premier plan dans les activités des ONG à Beijing. Il a réuni des comités, a fait pression sur les gouvernements et a proposé un langage alternatif pour le programme d’action. Ce qui a eu pour conséquence l’intégration dans le document final des préoccupations et des recommandations du Livre Jaune.

Partout dans le monde, les groupes de femmes se sont mobilisés pour cette quatrième Conférence Mondiale sur les femmes. Durant cette dernière, il a été souligné combien, il était crucial d’inclure la dimension sexuelle dans tous les secteurs de la politique et de l’action. Les gouvernements ont accepté un Programme d’action qui consolide et étend les gains obtenus par les femmes lors des conférences précédentes. Au sein de chacun des trois grands thèmes de la Conférence, qui sont l’égalité - le développement et la paix - le Programme d’action a appuyé des objectifs et des recommandations qui abordent douze (12) domaines critiques. Le programme soutient que la principale stratégie de mise en œuvre doit intégrer les approches sexospécifiques (ONU 1995b).

À l’issue de ces différentes Conférences, les gouvernements – outre les engagements pris – ont accepté de fixer un certain nombre d’objectifs et d’échéanciers qui serviraient à mesurer les progrès réalisés. Voici donc les objectifs du Caire, de Copenhague et de Beijing 19 se basant sur l’éducation et la santé :

 D’ici 1995 - D’occuper 30 % des postes de décisions par des femmes ; - D’éliminer l’extrême pauvreté d’ici à une date déterminée selon chaque État.  D’ici 2000

19 « Le progrès des femmes à travers le monde 2000 », Rapport biennal de l’UNIFEM, p.37-61

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- L’accès universel à l’éducation de base et achèvement du cycle primaire par au moins 80 % des enfants de l’âge d’éducation primaire ; - L’égalité de l’éducation primaire pour les filles ; - Faire en sorte que l’espérance de vie ne soit pas inférieure à 60 ans dans chaque pays concerné ; - Réduction d’un tiers du taux de mortalité des enfants de moins de cinq (5) ans par rapport au niveau de 1990, ou si ce chiffre est plus bas, atteindre un taux de 50 à 70 décès pour 1000 naissances viables ; - Réduction de moitié de la mortalité maternelle par rapport au niveau de1990 ; - Soins de santé primaire pour tous, réduction de la mortalité et de la morbidité dues au paludisme, d’au moins 20 % par rapport au niveau de 1995 dans au moins 75 % des Pays affectés ; - Éradication ou contrôle des principales maladies qui constituent des problèmes de santé à travers le monde ; - Disponibilité accrue d’abris abordables et adéquats pour tous.

 D’ici 2005 - Combler l’écart entre les sexes dans l’éducation primaire et secondaire ; - Retirer tous les obstacles liés aux programmes de planification familiale ; - Les pays au taux de mortalité intermédiaire devraient chercher à atteindre un taux de mortalité infantile en dessous de 50 décès pour 1000 naissances et un taux de mortalité des moins de cinq (5) ans en dessous de 60 pour 1000 naissances. - Les pays aux taux de mortalité maternelle les plus élevés devraient chercher à atteindre un taux inférieur à 125 pour 100 000 naissances viables ; ceux aux taux de mortalité maternelle intermédiaires devraient atteindre un taux inférieur à 100 ; - Les pays aux taux de mortalité les plus élevés devraient atteindre une espérance de vie supérieure à 65 ans ; tous les pays, une espérance de vie supérieure à 70 ans.

 D’ici 2015 - Offrir l’éducation primaire universelle dans tous les pays ; 25

- Atteindre un taux de mortalité infantile inférieur à 35 pour 1000 naissances viables et un taux de mortalité des moins de cinq (5) ans inférieur à 45 pour 1000 ; - Rendre les soins de santé génésique accessibles à tous les individus d’âge approprié par le truchement du système des soins de santé primaires ; - Atteindre des niveaux d’éducation équivalents pour les garçons et les filles ; - Réduire de moitié encore les taux de mortalité maternelle - Les pays aux taux de mortalité maternelle les plus élevés devraient chercher à atteindre un taux inférieur à 75 pour 100 000 naissances viables ; ceux aux taux de mortalité maternelle intermédiaires devraient chercher à atteindre un taux inférieur à 60. - Les pays aux taux de mortalité les plus élevés devraient atteindre une espérance de vie supérieure à 70 ans ; et tous les pays doivent en atteindre 75 ans.

On peut noter que seul, le secteur éducation fait référence aux problèmes relatifs au genre. Par ailleurs, le Programme d’action de Beijing renouvelle l’objectif qui a trait à la représentation des femmes dans les positions de pouvoir et de prise de décision, ceci étant un objectif adopté par le Conseil économique et social des Nations Unies. Néanmoins, on ne dénote pas d’objectifs spécifiques et d’échéanciers dans les secteurs pauvreté et égalité économique des femmes qui pourtant sont des secteurs clés.

En 1999, lors de l’évaluation quinquennale de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD +5), cent soixante-dix-sept (177) États membres ont adopté des « Principales mesures pour la continuité de l’application du Programme d’action de la CIPD ». Ce document réaffirme le Programme d’action et invite les gouvernements à s’assurer des droits des femmes et des filles – notamment, contre la coercition, la discrimination et les violations, y compris les pratiques dangereuses et l’exploitation sexuelle – soient protégés et soutenus par la mise en application de lois et politiques soucieux de l’équilibre entre les sexes. Le document a également réclamé que de plus grands efforts soient consentis dans les secteurs de la santé génésique et de la santé sexuelle, de la mortalité maternelle, de la prévention du VIH/SIDA et des questions éducatives relatives aux femmes. Il a adopté bon nombre de repères dans chacun de ces secteurs. Étant donné que la session a reconnu le besoin de consacrer des ressources adéquates à ces objectifs, elle a sollicité les efforts des pays développés à une mobilisation de fonds au niveau initialement prévu. Il a 26

aussi été évoqué que la Communauté Internationale se doit d’offrir une assistance financière et technique aux pays en voie de développement et à ceux dont les économies sont en transition.

En outre, à l’occasion de cinquantième (50e) anniversaire de la Déclaration des droits de l’Homme, en 1998, l’UNIFEM a fait en sorte que l’attention soit portée sur « la violence à l’encontre des femmes ». Elle a entrepris plusieurs campagnes régionales de sensibilisation en Afrique — pour la lutte contre la violence contre les femmes – jusqu’alors encore tabou, ce qui a suscité l’intérêt des médias à travers le monde et a eu pour effet la prise de résolution des dirigeants politiques et religieux comme quoi toutes pratiques religieuses et culturelles nuisibles aux femmes et jeunes filles seront condamnées. Et en 1999, une vidéoconférence interinstitutions mondiale, parrainée par l’UNIFEM a été mise en exergue : « A World Free of Violence Against Women » (un monde exempt de violence à l’égard des femmes). Cette vidéoconférence sur ce que le Secrétaire Général de l’ONU de cette époque, Kofi Annan, qualifierait de « violation la plus honteuse des droits de la personne » a mobilisé l’ensemble du monde. Les différentes Conférences effectuées par l’ONU dans les années 90 ont été essentielles pour inscrire la question d’équilibre entre les genres à l’échelle mondiale. Mais si le but est d’obtenir des résultats proéminents, une mise en œuvre ainsi qu’un suivi s’imposent. Toutes les conférences des années 90 incluent un processus d’évaluation quinquennal qui exige aux gouvernements un rapport sur la mise en œuvre des engagements pris et d’y inclure réussites et obstacles. Cet examen est coordonné par les organismes appropriés de l’ONU, et dans la plupart des cas, il se couronne par une session spéciale de l’Assemblée générale. En juin 2000, l’Assemblée générale organise ces rencontres pour les Conférences de Beijing et de Copenhague : Beijing +5 et Copenhague +5 :

Beijing +5 : Femmes 2000 20 Dix ans après la fin de la décennie des Nations Unies pour les Femmes, en 1995, un examen des stratégies pour l’an 2000 de Nairobi a abouti au constat selon lequel leur rythme de mise en application a été essentiellement lent, au point de faire dérailler toute la politique. C’est la raison pour laquelle le Programme d’action de Beijing a particulièrement mis l’accent sur les questions de mise en œuvre et de suivi. Il demandait aux gouvernements de préparer

20 « Le progrès des femmes à travers le monde 2000 », Rapport biennal de l’UNIFEM, p.110-111 27

des plans d’action détaillant leurs différentes stratégies élaborées en consultation avec les principales institutions et les organisations de la société civile. Par ailleurs, le Conseil Économique de l’ONU (ECOSOC) avait demandé aux gouvernements de soumettre ces plans à la division de l’ONU pour l’avancement des femmes, afin que la Commission de la condition de la femme puisse les évaluer à partir de mars 1997. L’UNIFEM a apporté son appui pour la préparation et la mise en œuvre de ces plans. En janvier 2000, cent seize (116) États membres et observateurs avaient soumis des plans d’action nationaux. La majorité de ces plans sont orientés sur quatre (4) domaines clés : l’éducation et la formation, la participation des femmes à la gestion des affaires et au processus de décision, les femmes et la santé, et la violence contre les femmes. Néanmoins, peu d’entre eux ont fixé des cibles, des échéanciers et des indicateurs pour contrôler les progrès réalisés, et la plupart ne font référence aux sources de financement nécessaires pour leur mise en application. Le Secrétaire général de l’ONU a établi un questionnaire invitant les gouvernements ayant préparé leurs plans d’action à évaluer les succès obtenus ainsi que les obstacles à surmonter dans l’exercice du Programme d’action. En décembre 1999, cent treize (133) pays membres et observateurs ont répondu avec des résultats positifs au moins dans un des domaines critiques ; et ils ont souligné que le manque de ressources a pour effet de retarder l’évolution dans l’ensemble des domaines clés. Par ailleurs, la réalisation des Programmes d’action se heurte par des difficultés liées aux programmes d’ajustement structurel imposés par le Fonds Monétaire International (FMI), à l’impact de la mondialisation, aux catastrophes naturelles et aux conflits armés qui font que les priorités soient attribuées à d’autres causes. Dans leurs rapports, les gouvernements devaient inclure un compte rendu des activités des Organisations Non gouvernementales (ONG) dans chacun des domaines critiques. Les ONG ont autant été invitées à soumettre des rapports parallèles. Dans le cadre de Beijing +5, des rencontres antérieures ont eu lieu dans chaque région jusqu’à la rencontre finale préparatoire durant la 44e session de la Commission de la condition de la femme en mars 2000. Durant ces rencontres, les organisations ont cherché à renforcer l’engagement des gouvernements au document qui doit être approuvé en juin. L’UNIFEM et le service de liaison non gouvernemental de l’ONU ont produit un guide détaillé pour la participation des ONG : Gender on the Agenda : a Guide to Participating in Beijing +5 ( mettre l’égalité entre les sexes à l’ordre du jour : guide pour la participation à Beijing +5). 28

Copenhague +5 21 Dans le cadre du processus d’évaluation quinquennal du Sommet social, le Secrétaire général a élaboré un rapport sur la mise en œuvre du Programme d’action qui implique les rapports de soixante-quatorze (74) pays ainsi que des informations tirées d’autres sources de l’ONU. Il soutient qu’il est crucial de réconcilier les politiques sociales et économiques et souligne les coûts sociaux et économiques élevés de la disparité croissante des revenus. Il ajoute, entre autres, que les pays n’ont pas pu réussir à croitre le fonds attribué au développement social, et met en évidence que bien que les programmes soucieux de parité entre les genres ont connu quelques succès, leurs avancements demeurent bloqués faute de financement. De plus, malgré la portée des différences liées au sexe dans chacun des engagements du programme d’action de Copenhague, ce sujet n’est mis en relief que dans l’engagement nº 5 : promouvoir des initiatives pour améliorer l’égalité et l’équité entre les femmes et les hommes. Durant le processus Copenhague +5, pourtant, les groupes de femmes ont réussi à obtenir l’intégration de la dimension féminine dans tous les niveaux de la politique et de la planification et dans toutes les initiatives liées à chacun des dix engagements. Le processus d’évaluation est généralement moins focalisé sur les cibles et les indicateurs qui ont tendance à accentuer les déficiences des pays pauvres, que sur l’étendue des mesures prises par les pays développés pour mettre des ressources à la disposition des pays en voie de développement, en fonction de leurs engagements. On remarque qu’en 1998, par exemple, l’Aide Publique au Développement (APD) n’indiquait que 0,23 pour cent du PNB des pays donateurs ; un chiffre bien en dessous du repère de 0,7 pour cent fixé par l’OCDE. Par ailleurs, les pays en développement ont fait en sorte de faire porter par les pays donateurs, une partie des politiques qui contribuent au manque de ressources, à l’exemple du coût élevé du service de dette, des programmes d’ajustement structurel, des accords nuisibles du commerce international et de la baisse de l’aide au développement. Ils ont appuyé que les pays créditeurs feraient de l’an 2000 une date de repère pour initier, dans les cinq prochaines années, une politique qui favoriserait la suppression de dettes. Le Conseil international de l’action sociale qui est une coalition mondiale d’organisation de la société civile de plus de quatre-vingts (80) pays a effectué des forums

21 « Le progrès des femmes à travers le monde 2000 », Rapport biennal de l’UNIFEM, p.111-112 29

régionaux et mondiaux afin de pouvoir estimer la mise en application des engagements du Sommet et évaluer les priorités 22 . Parmi ces derniers figurent : - Un accord sur un échéancier pour parvenir à l’objectif de 0,7 pour cent pour l’Aide Publique au Développement (APD) d’ici 2010. - Un accord pour que la moitié de l’APD au minimum soit administrée vers les pays ayant passé un accord qui a fait référence aux services sociaux de base. - Un accord sur un « code de responsabilité limitée » plaçant les limites de responsabilité pour les dettes contractées après son introduction. Étant donné que les engagements pris privilégiant les femmes ont souvent un souci de moyens, les ONG font en sorte de mettre en lumière le problème des ressources et des priorités politiques et économiques qui déterminent leur affectation. Parmi leurs stratégies figure l’analyse des budgets nationaux dans une perspective féministe afin que les femmes puissent effectuer un « suivi de l’argent » et de ce fait évaluer si la rhétorique du gouvernement s’accorde avec ses pratiques. L’application des engagements pris lors des conférences internationales, les annonces de politiques nationales ainsi que les obligations qui résultent des traités des droits de l’homme peuvent inciter les décisions gouvernementales qui déterminent les dépenses et la mobilisation des revenus. Comme le programme de Beijing stimule clairement que les budgets se doivent d’inclure l’égalité entre les sexes, une analyse sexospécifique permet de vérifier si effectivement les ressources consacrées à l’exercice du plan d’action national sont appropriées, ou de voir la manière dont les politiques fiscales affectent les femmes. On dénote que l’une des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des programmes est qu’il y a couramment un écart entre le processus d’élaboration des politiques et celui de l’allocation budgétaire. Une analyse sexospécifique peut unifier les deux processus et aider les gouvernements à appliquer leur politique de manière efficace. En général, une analyse sexospécifique des budgets a trois (3) objectifs essentiels : - Sensibiliser les gouvernements à l’impact des budgets et des politiques et programmes qu’ils soutiennent sur les femmes, - informer les femmes des implications sexospécifiques des dépenses et des revenus du gouvernement,

22 Rapport annuel sur le développement humain 2008-2009, UNIFEM, p.6-14 30

- accroître l’efficacité de l’affectation des ressources du gouvernement pour favoriser l’égalité entre les sexes et le développement humain. Force est de souligner que les budgets nationaux ne sont que des instruments politiques qui n’ont en aucun cas affaire aux gens en tant que tels, mais plutôt aux agrégats financiers — dépenses et revenus, surplus et déficits. Néanmoins, les décideurs politiques auraient tort de penser que les dépenses et les revenus des gouvernements ont un impact similaire sur les sexes. En fait, dans la mesure où les positions économiques et sociales des hommes et des femmes sont différentes, les budgets les affectent souvent inégalement. Négliger l’incidence sexuelle des politiques n’est pas faire preuve de neutralité, c’est plutôt faire preuve d’aveuglement sur les disparités hommes-femmes. Il est vrai que les rôles, les responsabilités, ou encore les capacités des hommes et des femmes sont socialement déterminés et structurés de façon à ce que les femmes soient souvent mises en position d’infériorité ; et par conséquent, elles ne peuvent que se retrouver qu’avec un pouvoir économique-social et politique moindre, ce qui rend difficile leur accès aux ressources. Il va de soit que le fossé entre les sexes résulte en partie de la négligence des budgets par rapport aux différences sexuelles, ce qui a pour effet de causer des impacts divergents sur les hommes et les femmes ainsi que les garçons et filles. On pourrait citer l’exemple de l’éducation dans certains pays, qui avantage plus les garçons puisqu’ils sont plus nombreux à accéder à l’instruction scolaire, malgré le fait que les budgets de l’éducation soient dans une position tout à fait neutre. Les obstacles liés à la responsabilité des budgets envers les femmes résultent du fait que les cadres conceptuels et statistiques qui font partie de leur base négligent la disparité entre les sexes : - Les contributions des femmes à l’économie du marché sont sous-estimées, car les statistiques sur leur travail rémunéré sont incomplètes, - Il n’y a aucune prise en compte du travail non rémunéré qu’effectuent les femmes en maintenant la force de travail et le cadre social des collectivités, par les divers soins qu’elles procurent, - aussi, il y a négligence dans la prise en considération de l’économie rémunérée et l'économie non rémunérée. Vers les années 2005, les priorisassions des problèmes ont pris une tout autre tournure. Toujours est-il que ces dernières ne s’éloignent pas du contexte genre, seulement que les prises en compte des problèmes relatifs à ce contexte sont de plus en plus considérées. 31

En 2008, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté à l’unanimité la résolution 1820, décrivant la violence sexuelle comme une tactique de genre et un problème de sécurité internationale. Ce document historique est le complément indispensable de la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité (2000). Tous deux informent sur les activités de l’UNIFEM en ce qui concerne la protection des femmes dans les situations de conflit et demandent que celles-ci aient leur mot à dire lors des décisions ayant trait à la réconciliation et à la reconstruction. En outre, bien que la crise financière mondiale ait débuté vers la fin de l’année 2008, elle a déjà eu un impact important sur la vie des femmes. Dans les pays en voie de développement par exemple, étant donné que ce sont surtout les femmes qui sont majoritaires dans les emplois liés à l’assemblage des produits destinés à l’exportation entre autres les travaux en usine ; elles sont les premières à être victimes de la crise financière mondiale, car elles sont les premières à être touchées par la perte d’emploi. C’est ainsi que les défenseurs des droits de la femme ont entrepris de prendre en considération l’assemblage de documents relatifs à l’incidence de la crise ; ainsi que le suivi de près de la façon dont les États décident de leurs priorités et des ressources à allouer aux programmes de relance économique qu’ils ont commencé à rédiger. De plus, il s’avère que l’inclusion dans les cadres nationaux d’orientation des dispositions à l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques s’impose comme étant une nécessité. En effet, dans certains Pays en voie de développement, les agricultrices, déjà touchées par le ralentissement économique, subissent également les effets du réchauffement climatique : la sècheresse ou la pluviosité erratique exacerbent les problèmes des petits fermiers et ainsi, mettent en péril la sécurité alimentaire des ménages et des communautés locales. À partir de 2005, les Nations Unies ont aussi mis l’accent sur l’intégration des femmes au cœur du calendrier du développement 23 . Appuyer les efforts entrepris tant au niveau national qu’international pour réduire la pauvreté et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici 2015 est devenu une priorité. Malgré le fait que l’égalité des sexes ait plutôt bien progressé, il est à remarquer que trop de femmes dans le monde continuent encore de vivre dans l’extrême pauvreté et sont privées des droits les plus élémentaires. Pour ces dernières, l’eau, l’assainissement, la santé, l’éducation et la justice

23 Rapport annuel sur le développement humain 2008-2009, UNIFEM, p.3 32

restent hors d’atteinte alors que la discrimination est une réalité bien présente. Les femmes se voient souvent refuser des opportunités d’emploi décent ou n’ont pas accès au crédit, à la propriété et à la terre. La violence marque la vie de nombre d’entre elles, tant en temps de guerre que de paix. Ce sont les raisons pour lesquelles, il parait important de placer les femmes au cœur même du calendrier du développement. Par ailleurs, nous pouvons également citer parmi les priorités des Nations Unies dans le cadre du genre l’amélioration de la sécurité des femmes 24 . Il est à noter que les femmes sont constamment exposées à la violence du fait qu’elles soient incluses dans la catégorie des personnes vulnérables. Si nous prenons l’exemple du Darfour qui est déchiré par la guerre civile, la violence sexuelle est une menace constante. La peur de l’exclusion sociale ainsi que de la victimisation ne fait qu’aggraver les problèmes, car elle empêche la plupart d’entre les victimes de porter plainte ou de demander des soins adéquats. Les Nations Unies, avec la policee locale et les cheiks (chefs des tribunaux traditionnels) y ont donc entrepris de former les femmes des camps déplacés à se défendre. L’UNIFEM s’efforce alors de mettre fin à la violence sexiste, et cet aspect de son travail s’est trouvé renforcé par avec l’adoption de la résolution 1820 du Conseil de sécurité des Nations Unies avec la violence sexuelle dans les conflits armés. Il est à souligner que dans certains pays Africains, en 2008, l’inclusion des filles à la scolarisation est encore marginale. Si nous prenons l’exemple de la côte d’ivoire, les parents préfèrent de loin scolariser les garçons plutôt que les filles. Or, cet état de fait nuit à la recherche de réduction de la pauvreté car ceci accroît le taux de chômage des femmes. Face à cette situation, les Nations Unies s’efforcent de faire en sorte que les politiques économiques tiennent compte du volet genre. En matière de droit, l’UNIFEM lance une campagne pour améliorer l’accès des femmes à la justice 25 en 2008 par le biais d’un lancement d’un programme d’assistance juridique pour les femmes. En effet, pour certaines femmes comme les Afghanes, la violence est une réalité quotidienne. Ces femmes et ces filles à qui l’on impose souvent un mariage forcé fréquemment avant l’âge de seize (16) ans vivent des violences à une échelle monstrueuse. Dans le cadre de la politique, les Nations Unies invitent tout les Etats à accroître la représentation politique féminine 26 . Bien que cet accroissement de

24 Rapport annuel sur le développement humain 2008-2009, UNIFEM, p.4

25 Rapport annuel sur le développement humain 2008-2009, UNIFEM, p.8

25 Rapport annuel sur le développement humain 2008-2009, UNIFEM, p.7

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la représentation politique féminine ait depuis peu connu une évolution plus ou moins remarquable, il n’en demeure pas moins que les femmes sont encore très minoritaires dans les fonctions politico administratives. Nous pouvons citer comme exemple le Maroc, qui ne présente qu’un pour cent 1% de représentation politique féminine. 34

Si ce chapitre a relaté les différentes étapes auxquelles s’est soumise la conception de l’approche genre, qu’en est-il de l’évolution analytique Genre et développement humain ?

2) Approche analytique « Genre et Développement Humain » (GDH)

Ce chapitre rend compte de l’évolution de l’analyse de l’approche en Genre. Il nous éclairera donc sur la nature de l’approche genre dans l’ère d’avant et d’après la naissance de la conception de l’approche Genre et Développement Humain.

En effet, le concept de développement humain a tendance à plus considérer l’homme et le placer au « premier plan » : il se concentre sur les buts au lieu de remettre en question les moyens de développement et de progrès. Ce concept se rapporte à l’accroissement des choix possibles pour les personnes, aussi bien qu’à leur bien-être. D’un côté, le développement humain met l’accent sur le développement des aptitudes humaines telle que l’amélioration de la santé ou encore du savoir ; de l’autre côté, il se concentre sur l’utilisation que les personnes font des capacités qu’elles ont acquises.

Une approche qui n’examine pas les disparités du genre ne peut être une véritable approche de développement humain, car elle ne prendrait pas en compte une dimension essentielle de ces personnes qu’elle prétend « mettre au premier plan », c'est-à-dire leur genre. Non seulement les disparités entre les hommes et les femmes seraient ignorées, mais en plus « l’effet boule de neige » de leurs causes serait négligé et avec, leur impact profond sur le développement humain. Bref, un véritable essai de développement demeurerait tout simplement irréalisable.

Par ailleurs, aborder les questions d’équilibre entre les genres, aussi bien dans la théorie que dans la pratique, en matière de développement ne nous est plus étranger : les appels pour accorder plus d’attention à ce sujet ont émergé depuis les années 60. En plus, dans les années 80, la plupart des projets de développement faisaient des efforts pour inclure les préoccupations spécifiques des femmes parmi leurs problématiques. Néanmoins, jusqu’à récemment, les femmes étaient plus ou moins perçues comme bénéficiaires du développement et non des acteurs à part entière.

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2-1 Intégration des Femmes au Développement IFD

L’intégration des Femmes au Développement (I.F.D) 27 est une approche de développement centrée sur les femmes et leurs situations particulières de groupe isolé. Elle est partie du constat selon lequel on méconnaissait les contributions apportées par les femmes au développement. Ceci a favorisé le fait que les projets adoptant l’Intégration des Femmes au Développement ont souvent tendance à faire des femmes les seules bénéficiaires et de ce fait ces projets en question ont du se heurter à des échecs. L’accent était mis sur l’amélioration du statut économique et social de la femme sans que le contexte sociopolitique ainsi que les rapports et les idéologies en matière de genre qui, notons, sont les sources d’inégalités, ne soient pris pleinement en considération.

2-2 Approche Genre et Développement GED

Bien que le paradigme s’est depuis transformé en une approche Genre et Développement (G.E.D) où l’accent est mis sur le genre ainsi que la construction sociale des rôles et des relations entre les genres, plutôt qu’uniquement sur les femmes 28 , les liens entre la situation globale de développement et les incidences de la discrimination des hommes et des femmes sont pour la plupart, encore absents des analyses de développement humain. Les approches peuvent être classées en approches basées sur le bien-être, sur la lutte contre la pauvreté, sur l’équité et l’émancipation. On cite également l’approche basée sur les droits et les F.E.D ou Femme-Environnement et Développement. L’approche Genre et Développement est donc une approche de développement qui se fonde sur les relations femmes-hommes déterminant la société et non sur les femmes en tant que groupe. Elle est centrée sur les forces sociales, économiques, politiques et culturelles qui caractérisent la façon dont les hommes et les femmes s’investissent dans un projet, en profitent et contrôlent les ressources et les activités.

27 Zarazafy V.K, « Approche genre et développement, enquête menée auprès du PNUD », mémoire de Licence 2007-2008, faculté DEGS, département Sociologie, Université d’ Antananarivo - Madagascar, p.21-22

28 Zarazafy V.K, « Approche genre et développement, enquête menée auprès du PNUD », mémoire de Licence 2007-2008, faculté DEGS, département Sociologie, Université d’ Antananarivo - Madagascar, p.22

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Par conséquent, tandis que l’Intégration des Femmes dans les projets de Développement et l’approche Genre et Développement restent toutes deux valables, une approche plus élargie s’avèrerait utile et renforcerait l’impact positif sur la situation globale de développement humain. Il est essentiel de réaffirmer une approche « holistique » intégrée du genre et soutenir une compréhension qui irait au-delà de la « compartimentalisation » et la marginalisation de la question des femmes. De plus, l’idée de parvenir à une équité ou plutôt un équilibre entre les genres ne devrait pas être considérée uniquement comme étant un but en soi, mais également comme étant un important préalable au développement humain global.

2-3 Approche Genre et Développement Humain GDH

Le développement humain se décrit comme un mécanisme d’élargissement de possibilités de choix des personnes, dont le but est de satisfaire les besoins de ces dernières de manière soutenue et durable 29 . Il est entre autre mesuré selon le calcul de l’Indicateur de Développement Humain ou IDH. Cet Indicateur de développement Humain mesure l’accomplissement moyen d’un pays en termes de capacités humaines de base. Il indique si l’espérance de vie moyenne des gens ainsi que leurs prises en charge en matière de santé sont convenables ; si leurs éducations et leurs cultures sont conformes et si leurs niveaux de vie sont acceptables. Il étudie la condition moyenne de tous les habitants d’un pays et toutes inégalités de répartition parmi les divers groupes de la société doivent être calculées séparément. Dans le contexte de développement humain, il s’avère nécessaire que la question du genre soit évoquée ouvertement sous deux contextes complémentaires :

o Comment l’équilibre entre les genres peut-il être affecté par la situation du développement humain ?

o Quel est l’impact de l’inégalité entre les genres sur la situation du développement humain global ?

Ceci implique donc qu’une telle approche doit comprendre et adopter une perspective de développement humain ainsi qu’une approche ne marginalisant pas les femmes

29 Zarazafy V.K, « Approche genre et développement, enquête menée auprès du PNUD », mémoire de Licence 2007-2008, faculté DEGS, département Sociologie, Université d’ Antananarivo - Madagascar, p.23

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ou le genre en tant que « thèmes séparés » mais qui pose plutôt ces derniers comme aspect intégral et indissociable du développement de façon absolue. Il va sans dire que le genre ne peut être ni isolé, ni traité séparément du développement humain, bien que dans certains cas, il peut être mis en relief en tant que priorité.

3) Cadre de référence d’analyse sur les questions de pauvreté et les formes d’inégalité des genres

En général, tout accroissement des inégalités entre les genres bloque la tentative de réduction de la pauvreté.

3-1 les concepts de « pauvreté d’accessibilité » et de « pauvreté de potentialités » :

Les aspects multidimensionnels de la pauvreté et des inégalités sont maintenant reconnues sous cinq (05) points 30 :

- La dimension économique se traduisant en pauvreté monétaire d’une part, avec l’insuffisance de revenu ; et en pauvreté des conditions de vie d’autre part, avec les manques dans les besoins essentiels tels que le logement - la sécurité alimentaire- l’éducation ou encore la santé.

- La dimension sociale s’incarnant dans l’exclusion sociale et la rupture du lien social

- La dimension culturelle qui se décrit par une méconnaissance des identités culturelles liées au déracinement (par le biais de l’immigration ou encore le phénomène de refuge …)

- La dimension politique liée à l’absence de démocratie ou de participation aux décisions

- La dimension éthique évoquée par une non reconnaissance des droits de la personne, la violence ou encore la corruption.

30 Madagascar Rapport national sur le Développement Humain 2003, « note sur l’évolution des principales approche de l’analyse du genre », PNUD

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Pour chacune de ces dimensions, un individu ou un groupe sera confronté à deux problèmes dont :

- La difficulté d’accès à certains nombres de biens, de services, d’informations, ou à la participation aux prises de décisions. Certains groupes peuvent être privés des droits à certains biens (à la terre, aux crédits, aux instances de décisions…) ou à certains services (éducation, santé). On parle alors de pauvreté d’accessibilité.

- La pauvreté de potentialité qui s’exprime par un déficit d’accumulation dans les domaines de la santé, de l’éducation, des biens matériels ou des relations sociales ; chaque individu disposant d’un stock d’actifs lié à ces derniers. Le renforcement de ces potentialités est un axe central des politiques de développement et plus particulièrement des politiques de lutte contre la pauvreté et l’inégalité.

Les différentes potentialités sont traduites sous le terme de « capital », étant donné que ce mot illustre l’aspect d’accumulation. On cite le capital physique et financier, le capital humain, le capital social, le capital politique, et le capital éthique. Ainsi, il est possible de mieux visualiser les projets d’actions à mener pour la promotion du « genre » et de suivre et évaluer d’une manière efficace les politiques et les programmes mis en œuvre afin de les renforcer.

3-2 L’approche Genre et Développement Humain face aux intérêts portés aux femmes

En effet, certains « activistes » et défenseurs des droits de la femme sont plutôt sceptiques par rapport au changement de la politique du système des Nations Unies concernant le genre. Ces derniers soutiennent le fait que cette nouvelle politique a tendance à léser la priorisation de la femme.

- Les femmes sont les cibles principales de la discrimination selon le genre et elles en souffrent d’une façon disproportionnée. L’approche Genre et Développement Humain ne dissimule pas cette réalité, elle le met en exergue mais plutôt dans le contexte de la situation globale de développement.

- « Le problème essentiel, c’est les droits de la femme. Si ceux-ci sont assurés et protégés, la discrimination de genre cessera d’être un problème ». Si les droits de l’homme et spécifiquement les droits de la femme font partie intégrante de la mise en place d’un 39

développement humain durable, une approche Genre et Développement Humain ne considère pas ces derniers de manière isolée, mais dans le cadre de développement humain ainsi que de la propriété de la Nation dans son ensemble. En fait, une approche des droits et une approche Genre et développement Humain ne s’excluent pas mutuellement, au contraire, elles se complètent.

- « Se concentrer sur le genre amène à détourner l’attention sur les problèmes des femmes sur celui des hommes. Cela dilue l’attention portée aux problèmes des femmes ». Mais comme les hommes font partie du problème, il va sans dire qu’ils doivent faire partie de la solution. Les solutions ne peuvent être durables si elles ne sont pas en mesure de mobiliser l’ensemble de la société.

- « Puisqu’en général, les hommes dictent les programmes politiques, focaliser l’attention sur le genre signifie que les voix des femmes ainsi que leurs problèmes seront oubliés ». C’est d’autant plus de raison d’adopter une approche Genre et Développement Humain qui voit dans leur globalité, les relations entre la participation et la voix comme étant liées en soi au développement humain.

Force est de noter qu’une approche de développement humain n’exclut en aucune façon le besoin d’examiner les droits de la femme, la participation des femmes ou encore la situation de ces dernières. Ces aspects sont et restent des parties nécessaires de l’analyse. Seulement, c’est l’approche Genre et Développement qui élargit le plus cette analyse et la place dans un contexte plus étendu.

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3-3 Tableau 3 : les dimensions du développement humain sous l’angle du genre

DIMENSIONS DIMENSION DIMENSION ECONOMIQUES DU BIEN-ETRE DIMENSION DIMENSION ETHIQUE ET

ET FORMES Conditions de SOCIALE POLITIQUE DROITS DE LA Monétaire DE PAUVRETE vie PERSONNE

Violence à l’égard des femmes Discrimination Exclusion sociale, rupture (violences d’accès à Discrimination Absence de Pauvreté/inégalité du lien social conjugales, viols l’emploi en d’accès à la démocratie ou d’accessibilité (exemple des …) fonction du santé, à une de (Manques et mères genre. alimentation participation Atteintes aux droits absences de célibataires de la personne Absence ou équilibrée, à aux prises de satisfaction) marginalisées (mariage forcé, faiblesse du l’éducation… décisions. dans la répudiation, revenu société…) prostitution infantile…)

Faiblesse ou Insuffisances de absence de Insuffisance du normes, ou de capital capital Absence ou valeurs physique humain ; Insuffisance de Pauvreté/inégalité insuffisance partagées : « capita (faible accès à mauvaise santé capital social s de potentialités de « pouvoirs l d’éthique ». l’équipement, en raison de (manque de (absence », de moyens droits fonciers l’absence de cohérence Pratiques d’opportunité d’expression et réduits pour les soins, surtout sociale, relations culturelles niant les d’accumulation) d’informations femmes) et au au niveau de la de faible niveau) droits des . capital santé individus, en financier (pas reproductive. particulier des filles ou peu d’accès et des femmes. au système 41

d’épargne et de crédit pour les femmes.)

Source : « Approche genre et développement à Madagascar, enquête menée auprès du PNUD », Mémoire de licence 2008-2009, Zarazafy V.K

Ainsi, nous ce chapitre nous a permis de voir en détail l’historique de l’approche genre en question ; nous avons également pu en tirer les différentes étapes analytiques auxquelles cette approche s’est astreinte. Ce chapitre nous a aussi évoqué le rapport entre pauvreté et genre ou plus précisément dans quelle mesure la discrimination du genre peut affecter une quelconque situation de développement. 42

Dans la partie précédente, nous avons pu déceler la généralité de l’objet de notre étude ainsi que du lieu auquel nous appliquons cette recherche. Nous allons ainsi entamer une nouvelle partie qui elle, sera présentée sous le titre de « Organisation sociale et Femme sakalava antalaotsy ». Elle mettra en relief les réalités locales auxquelles les femmes sakalava antalaotsy sont confrontées ainsi que des études de cas dans un domaine précis. 43

2ème PARTIE :

ORGANISATION SOCIALE ET FEMME SAKALAVA ANTALAOTSY 44

Cette deuxième partie intitulée « Organisation sociale et femmes sakalava antalaotsy » exposera en premier lieu les réalités locales auxquelles les femmes antalaotsy sont confrontées, tant au niveau de l’entité familiale – dans le cadre de la santé – de l’éducation – de l’économie que de la politique ; elle s’impliquera ensuite davantage sur des études de cas en référence aux différentes associations féminines. 45

Structure d’âge de la population et rapport de féminité

Bien que dans certaines régions du monde nous dénotons une préférence pour les garçons, nous ne percevons pas de sélection à l’encontre des naissances à Madagascar malgré le fait que souvent, la naissance d’un garçon comme premier enfant est convoitée. D’ailleurs, nous comptons à Madagascar, comme en Afrique subsaharienne plus de femmes que d’hommes : notamment 103 femmes pour 100 hommes. En général, les femmes vivent plus longtemps que les hommes, et de ce fait, parmi les personnes âgées de 60 ans et plus, nous comptons plus de femmes que d’hommes. Seulement, à Madagascar, cette proportion n’est pas évoquée, elle est plus ou moins égale ; elle a même été inversée il y a quelques années. Le pays malgache représente une population très jeune (environ 40 pour cent de la population est représentée par des enfants de moins de 15 ans). Ceci a pour effet d’alourdir les fonctions des femmes malgaches en tant que mères. Par ailleurs, si $nous nous référons à la structure d’âge de la population du village de Katsepy , nous pouvons souligner que parmi les personnes âgées de 60 ans et plus, nous comptons largement plus de femmes que d’hommes en l’occurrence quarante-deux (42) femmes pour vingt-quatre (24) hommes. Néanmoins nous remarquons une grande différence entre la proportion d’âges des enfants de moins de 15 ans, nous avons en effet environs cent quarante-sept (147) garçons de moins de 15 ans pour seulement cent 100 filles.

I/ DANS LE CADRE FAMILIAL Ce premier chapitre ayant pour objet l’étude de la femme sakalava antalaotsy au niveau de l’entité familiale nous éclairera sur l’état des faits auquel ces femmes en question se heurtent. En premier lieu sera donc évoqué le contexte dimensionnel d’un ménage, suivi par une exposition de la situation des femmes chefs de ménages, puis d’une étude de la famille sakalava antalaotsy proprement dite au niveau de sa fondation – de sa durée et de ses dimensions, d’un examen sur la violence contre les femmes et enfin il soulignera la position des mères face à l’éducation et à l’instruction de leurs enfants.

1) Taille des ménages Il est vrai que pour étudier la pauvreté et le développement, la prise en compte du ménage en tant qu’unité d’observation est incontournable, dans la mesure où elle renferme l’unité de consommation. Il va de soi qu’une approche genre et développement humain se doit 46

de mettre en relief une catégorie non négligeable de ménages, notamment les ménages gérés par les femmes qui pourraient traduire différentes situations sociales. Un ménage est un ensemble de personnes, ayant ou non des relations de parenté entre elles, mais vivant et dormant dans un même logement, y prenant quotidiennement leurs repas ensemble ou par petits groupes, mettant une partie ou la totalité de leurs revenus en commun pour la bonne marche du groupe. Le logement en question peut être une maison individuelle, un appartement, une ou plusieurs pièces dans un ensemble individuel ou agencé autour d’une cour. Le ménage est entre autres dirigé par un « chef de ménage ». En effet, si la taille des ménages est très en baisse dans les pays développés, elle est plutôt assez élevée dans les pays en voie de développement tels que Madagascar. Cependant, si elle est plus importante dans certaines régions du pays à l’exemple de la province de Fianarantsoa , d’autres régions telle que la province d’ Antsiranana indiquent des proportions moins éminentes. Le village de Katsepy , lui, représente une taille moyenne de 5,2 personnes par ménage 31 . Si en milieu urbain les familles élargies se rencontrent souvent, contrairement aux idées reçues, elles sont moins courantes dans les milieux ruraux. Le fait que ce soit une femme qui soit à la tête du ménage (veuvage, divorce, séparation, célibat) explique en partie une taille des ménages inférieure à la moyenne. Cependant, un ménage à taille élevée est lié à une fécondité très élevée ou également à la persistance de la famille élargie (un noyau familial : parents et enfants, et des personnes apparentées). Pourtant, si l’on se réfère au cas de Katsepy , ce sont surtout les femmes-chefs de ménage qui adoptent une fécondité très élevée.

2) Les femmes-chefs de ménage En général, la femme se trouve contrainte à diriger un ménage à elle seule après une dissolution d’un mariage, une mort du conjoint, une séparation ou encore un divorce avec le conjoint ou partenaire intime. Cela est aussi courant dans les unions libres et de passage. À Madagascar, si la proportion de femmes-chefs de ménage est restée stable durant la période 1993-2001 32 , elle a beaucoup augmenté durant les cinq (5) dernières années à la suite de divorces et de séparations accrues. Il est à noter que de nombreuses femmes-chefs de ménage sont aussi des filles-mères, issues pour la plupart de milieux défavorisés, ayant

31 Calcul personnel en fonction des données statistiques de la SECALINE

32 « Rapport National sur le Développement Humain2003 », PNUD, p.15-17 47

quittées ou ont été retirées de l’instruction à l’âge de dix (10) ou douze (12) ans afin de travailler et assumer une sorte d’indépendance par rapport aux parents. Les femmes célibataires de moins de dix-huit (18) ans représentent 10 % des femmes-chefs de ménage malgaches. Si à Antananarivo le mariage est un passage plus ou moins obligatoire pour fonder une famille, il n’en est pas moins dans les autres provinces. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous rencontrons le moins de femmes-chefs de ménage dans la capitale, et après une enquête approfondie, la plupart de ces dernières sont veuves. Cependant, à partir des années 2001, nous nous heurtons à un afflux de femmes divorcées et séparées, et ce, dans tout le pays surtout dans la province d’ Antsiranana et de Fianarantsoa . Ce qui a pour effet d’accroitre la proportion de femmes-chefs de ménage séparées, divorcées ou célibataires. En outre, il est essentiel de souligner que la plupart des mariages malgaches ne sont pas légaux. En effet, seuls quatre (4) couples sur dix (10) sont légalement mariés. Le reste l’emporte sur le mariage coutumier. Nous remarquons également que ce phénomène s’accentue à mesure que les zones urbaines s’éloignent. 50 % des couples malgaches adoptent le mariage coutumier, et ceci favorise la vulnérabilité des femmes et des enfants issus de ces mariages, en cas de séparation du couple ou de décès de l’un des conjoints. De plus, il est plus fréquent que l’homme abandonne son épouse et ses enfants, ou renvoie ces dernières à son origine natale. Une des multiples raisons de ce fait est la pauvreté, car durant leurs déplacements dans d’autres régions où les hommes jouissent de meilleures conditions de vie, ils tendent à se décider de s’y installer et abandonnent leurs familles pour en fonder d’autres. Par ailleurs, considérant le cas de la commune de Katsepy , nous recensons bon nombre de femmes-chefs de ménage. Si nous y comptons deux cent six (206) ménages, soixante-trois (63) d’entre eux sont dirigés par des femmes. Environ 31 % de ces ménages sont donc régis par des femmes. Les principales causes de ce fléau sont les grossesses précoces des jeunes filles et les grossesses non désirées des femmes sans que ces dernières ne soient mariées. Et ainsi, elles font en sorte d’élever leurs enfants par elles-mêmes étant donné qu’elles n’ont aucun choix. De plus, s’engager dans le mariage n’est pas encore priorisé par la culture sakalava : « élever leurs enfants toutes seules ne constitue pas un problème selon les femmes sakalava ». Et il en est de même pour la mentalité sakalava antalaotsy . Certaines femmes ont clairement déclaré que « Le fait de faire face à la vie et aux problèmes du quotidien sans l’aide d’un homme n’engendre en aucune manière des difficultés en plus ; nous avons toutes à peu près près d’une dizaine d’enfants, issus de pères différents et nous ne 48

nous plaignons pas de notre vie car à nos yeux, bien que celles-ci ne soient pas aisées comme tout un chacun en rêve, nous pouvons affirmer et ce avec fierté que nous les avons plutôt bien réussi. En fait, nous croyons bien que vivre avec un mari n’aurait été qu’un poids. D’ailleurs, notre indépendance est une chose à laquelle nous tenons beaucoup ». Malgré le fait que la culture sakalava n’attache pas beaucoup d’importance au mariage, nous faisons actuellement face à une légère motivation à se lancer dedans. Seulement, les mariages civils sont encore minoritaires ; la légalité des faits ne constitue pas une nécessité pour les sakalava surtout dans les zones plus ou moins arriérées telle que Katsepy . Nous y rencontrons aussi une proportion non négligeable d’unions libres.  Statut matrimonial des couples En général, les ménages gérés par les femmes sont de taille en dessous de ceux gérés par les hommes : 3,8 personnes en moyenne pour les femmes contre 5,4 personnes pour les hommes 33 . Néanmoins, au sein des ménages monoparentaux, ceux dirigés par des femmes comptent plus de charge que ceux dirigés par les hommes. Les femmes chefs de ménage sont à la tête de 2,6 personnes contre 2 personnes pour les hommes célibataires 34 . Souvent, les femmes malgaches et plus particulièrement les femmes chefs de ménage sont plus lésées en matière d’instruction comparées aux hommes chefs de ménage. Près de 90% des femmes divorcées ou séparées sont concernées par cet état de fait. Par contre, les femmes célibataires sont un peu plus instruites vu qu’au moins 15% d’entre elles ont effectué le niveau secondaire. Ce faible niveau d’instruction a un impact très important dans la vie socio-économique des femmes concernées car elles sont plus susceptibles d’être victimes de l’exclusion sociale, du non accès à des emplois qualifiés, ce qui d’ailleurs se répercute sur les salaires perçues. 3) La famille : fondation, durée et dimension La femme malgache s’introduit en moyenne dans le mariage à l’âge de vingt et un (21) ans 35 . Il est important de souligner que ce fait varie d’une région à une autre, par la forme de culture de ces différentes régions et à éducation à laquelle les personnes notamment les femmes en question sont ou ont été confrontées. La culture étant un élément important en terme sociologique, nous ne pouvons contourner le fait qu’elle soit un facteur considérable

33 Rapport National sur le Développement Humain, PNUD 2003 p.17 34 Rapport National sur le Développement Humain, PNUD 2003 p.17-18 35 Rapport National sur le Développement Humain, PNUD 2003 p.17-18

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favorisant les différences socio-régionales malgache étant donné que le Pays compte plus d’une vingtaine de régions. Les femmes sakalava antalaotsy se marient en moyenne à l’âge de dix sept (17) ans 36 . Il en est autrement de l’âge à laquelle elles donnent naissance à leur premier enfant. En effet, selon les sources de la SECALINE, les femmes sakalava antalaotsy donnent naissance à leur premier enfant en moyenne à l’âge de quinze (15) ans. En effet, nous constatons que si dans certaines régions malgaches, le mariage arrangé est encore très primé, dans d’autres, la liberté des conjoints est plus ou moins respectée. La culture sakalava ne priorisant pas tellement le mariage ne pose aucun problème à ce que les femmes choisissent leurs conjoints ou leurs partenaires intimes. Aussi, malgré le fait que la zone de Katsepy , plus précisément la région des sakalava antalaotsy représente une population originaire de plusieurs groupes ethniques donc de cultures variées, nous ne pouvons pas dire que la femme sakalava antalaotsy soit confrontée à ce problème de pression en matière de choix de conjoint sauf pour une partie de celles qui sont issues de groupes arabes. En outre, il y va de même pour le divorce ou la séparation : la femme sakalava antalaotsy est tout à fait libre de se séparer ou non de son mari ou conjoint. Le fait est qu’étant donné que le mariage civil est rarement adopté par les sakalava et d’ailleurs par la plupart de la population issue de milieux ruraux à Madagascar, les femmes et enfants dérivés de ces séparations se trouvent dans une position d’insécurité aussi bien par rapport à la loi mais surtout par rapport à la situation économique. Le mari et père séparé de sa femme sera donc libre de contribuer ou non aux subventions des besoins de la mère de ses enfants ainsi que de ces derniers. Si nous nous référons à la théorie de conscience collective appuyée par Emile Durkheim 37 , nous constatons que les femmes célibataires sont plus ou moins mal vues au sein de la société du fait qu’elles soient jugées comme étant des exemples concrets de cas défaillants de la société. Elles tiennent un statut de danger pour autrui et surtout de défaillance sociale car le fait de divorcer insinue un échec pour la plupart des membres de la société surtout dans un pays comme Madagascar. La majorité de ces femmes sont ainsi plus ou moins victimes de quelconque forme d’exclusion sociale et cela s’accentue à mesure que la femme en question ne jouit pas d’un certain niveau de vie, d’instruction ou d’éducation. Néanmoins il

36 Calcul personnel en fonction des données statistiques de la Sécaline.

37 CARATINI Roger (1976 ), Sciences Sociales I, Bordas Encyclopédie , Nouvelle édition revue et corrigée ,p.193,244 50

est important de souligner qu’en milieu sakalava antalaotsy , une femme célibataire n’est aucunement jugée selon le fait qu’elle soit seule, vu que rencontrer cette catégorie de femme est chose courante. De plus, ces femmes célibataires ont le mérite de faire de leur mieux pour subvenir aux besoins familiaux. Et pour se faire, la majorité de ces femmes font en sorte de jongler plusieurs activités de production à la fois. Ces femmes subissent moins de pression sociale par rapport à ce qui se passe dans les autres régions et milieux de Madagascar : elles sont considérées comme toute autre femme.

4) Prévalence de la violence à l’encontre de la femme La violence contre les femmes se définit comme « tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, en causant ou pouvant causer aux concernées un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou privée »38 . Cette violence contre les femmes se manifeste par des violences physiques, sexuelles et psychologiques. Il se peut qu’elle soit exercée au sein de la famille ou du ménage, mais il se peut aussi qu’elle soit exercée au sein de la collectivité : on constate les coups, les sévices sexuels infligés aux enfants de sexe féminin au foyer, les violences liées à la dot le viol conjugal, les mutilations génitales et autres pratiques traditionnelles préjudiciables à la femme, les violences non conjugales, et la violence liée à l’exploitation, aux harcèlements sexuels et à l’intimidation au travail, dans les établissements scolaires et ailleurs, le proxénétisme, la prostitution forcée et la violence perpétrée ou tolérée par l’État 39 . En effet, il n’est pas facile de déterminer exactement l’étendue de la violence contre les femmes surtout dans un cadre d’étude comme le nôtre. Les femmes, du moins celles à qui nous avons pu soutirer quelques aveux en parlent à contrecœur, et tiennent à tout prix à demeurer dans l’anonymat. Les formes de violence à l’égard des femmes dans notre zone d’étude se présentent souvent sous forme de violences conjugales entre autres les coups exercés par le conjoint suite à une dispute ou quand celui-ci se trouve dans un état d’ébriété. La sexualité étant encore un tabou dans le milieu, en parler surtout dans des circonstances de violence intime a été dur pour la majorité des femmes antalaotsy . Néanmoins, nous avons pu recueillir quelques confessions selon lesquelles bon nombre de femmes subissent une sorte de viol conjugal, mais se sentent impuissantes par rapport à ce fait et tendent même à penser que

38 Rapport Biennal de L’UNIFEM, Progrès des femmes à travers le monde 2001, p.37-40 39 ONU, article 1993a 51

cette violence fait partie de l’ordre normal des choses et que pour garder leurs maris, elles se doivent de faire preuve d’indulgence. Bien que la violence contre les femmes sakalava antalaotsy exercée par un partenaire intime a réellement lieu pour certains cas, il nous est difficile de déterminer des données chiffrées plus ou moins exactes dans ce domaine, ou encore la fréquence de ces violences. Force est quand même de souligner que la plupart de celles qui ont fait l’objet d’enquête ont nié l’existence de quelconque violence conjugale ou intime. En outre, en matière de tradition culturelle, nulle pratique ne porte atteinte à la santé physique, morale et psychologique de la femme. 5) Les mères face à l’éducation de leurs enfants En se référant sur la théorie des rôles de J.L Moreno 40 , nous constatons que l’un des principaux rôles que la femme incarne est celui de mère, donc d’éducatrice et d’encadreur. Il est vrai que dans certains pays, que dans certaines régions malgaches, l’éducation des filles et des garçons n’est pas similaires. Il en est de même pour l’instruction. Les garçons ont tendance à être priorisés surtout dans le domaine de l’instruction à cause d’une mentalité selon laquelle ces garçons deviendront des hommes et de ce fait seront plus tard des chefs de famille, donc ils seront dans l’obligeance de combler les besoins de leurs familles. Les filles par contre, selon toujours cette mentalité, seront amenées à devenir des épouses dignes donc l’instruction de ces dernières se limite à l’essentielle et l’éducation très différente de celle des garçons. Ce phénomène est très courant surtout dans les zones rurales et arriérées. Seulement, depuis un certain temps, cette mentalité est peu à peu abandonnée même si cela se fait d’une manière très lente. En effet, malgré le fait que Katsepy se trouve dans un milieu rural, il est important de préciser que pour les parents, surtou t les mères, l’instruction de leurs enfants, qu’il soit de tel ou tel sexe n’est aucunement différenciée. La majorité des femmes que nous avons enquêté nous ont affirmé que « les enfants, qu’ils soient de sexe masculin ou féminin méritent tous d’avoir les mêmes chances de réussir », ou encore « je ne tiens pas à ce que mes enfants surtout mes filles subissent le même sort que moi et c’est la raison pour laquelle, je les encourage à aller loin dans le cercle de leurs études ». La plupart de ces mères ambitionnent pour leurs enfants une scolarisation bien plus approfondie

40 CARATINI Roger (1976 ), Sciences Sociales I, Bordas Encyclopédie , Nouvelle édition revue et corrigée, p 218.

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seulement la plupart des parents n’ont pas les moyens de mettre en exécution leurs intentions car pour se faire, les enfants en question doivent partir ailleurs. Sinon, un des facteurs causant la non-scolarisation des filles est que ces dernières tombent souvent enceintes précocement. Notons que c’est un facteur indépendant des intentions parentales.

Ce chapitre nous a ainsi permis de voir en détail la situation de la femme au sein du ménage. Nous avons pu en tirer que beaucoup de femmes sakalava antalaotsy sont célibataires et chefs de ménage. Aussi, les femmes antalaotsy présentent en moyenne une fécondité accrue. Elles sont plus ou moins libres en matière de choix du conjoint ou de prise de décision au sein de leur foyer. Et la violence contre elles, bien qu’existante n’est pas fréquente. Il y est également souligné que dans le cadre éducatif ou instructif de leurs enfants, les mères ne font aucune discrimination sexuelle. Voyons donc ce qu’il en est du domaine de la santé.

II/ DANS LE CADRE DE LA SANTE Ce nouveau chapitre se référant à la santé, notamment la santé féminine nous démontrera l’état ainsi que les conditions dans lesquels sont confrontées les femmes antalaotsy. Dans un premier temps, il présentera la situation des femmes dans leur phase de grossesse ; ensuite il mettra en relief le domaine de la contraception pour finir sur les maladies sexuellement transmissibles et épidémiques.

Centre de Santé de Base II de la commune de Katsepy : Fokontany de Katsepy

Avant tout, il est important de présenter l’état des lieux de l’infrastructure sociale dans le cadre de la santé ainsi que les conditions auxquelles la population locale est soumise, toujours dans ce domaine. En effet, la commune rurale de Katsepy dispose d’un Centre de Santé de Base CSB II dans le Fokontany de Katsepy , équipé d’un médecin de sexe masculin, 53

de deux sages femmes et d’une infirmière. La consultation mensuelle moyenne est, en outre, de cent quatre-vingt-quatre (184) patients par mois41 donc le taux de fréquentation des services de santé de base s’estime à environ vingt-huit pour cent 28 %. 1) La grossesse chez les femmes sakalava antalaotsy Il est essentiel de noter qu’en matière santé, la population de Katsepy surtout les femmes et enfants ainsi que la classe d’âge supérieure souffrent d’inefficacité du système sanitaire. Ceci est notamment dû au fait de l’inexistence d’hôpital au sein de la commune ; à l’insuffisance du personnel médical - des matériels de soins médicaux - des matériels d’évacuation sanitaire et de logements du personnel médical. En effet, la majorité du personnel ne réside pas à Katsepy, mais plutôt à Mahajanga , ces derniers effectuent des descentes régulières durant les jours ouvrables et reviennent à Mahajanga le weekend venu. Il va sans dire que cette situation ne fait que décroitre la qualité des soins sanitaires de la commune. Ainsi, les femmes enceintes ne peuvent recevoir les soins adéquats à leurs conditions en plus du fait qu’elles manquent de supports financiers pour s’offrir l’opportunité de suivre leur grossesse à bien en dehors de la commune. En cas de nécessité d’évacuation d’urgence, le trajet Katsepy - Mahajanga ne peut se faire que durant la journée, car le Bac ainsi que les Hors bord ne circulent qu’à des heures précises de la journée. Les femmes enceintes tendent de ce fait à se fier aux soins traditionnels des dites « reninjaza » ; ce qui a pour effet de mettre la grossesse ainsi que l’accouchement et donc la vie de la mère ainsi que du bébé en péril. Pour celles qui font suivre leurs grossesses au Centre de Santé de Base, le problème réside dans le cadre de leurs soins prénataux. Il est vrai que la majorité de ces femmes ne se rendent au CSB qu’une fois que leurs grossesses abordent leurs cinquième ou sixième mois. Or les soins prénataux se doivent de débuter vers la sixième semaine de grossesse. Par conséquent, en plus de la défaillance en matière de matériels, tel le matériel échographique, ces femmes sautent plusieurs étapes des soins prénataux. La majorité des femmes enceintes antalaotsy comme c’est le cas dans bon nombre de région et milieu ne peuvent se permettre de suivre un régime alimentaire approprié à leur grossesse faute de moyens. On peut citer également le cas de la grossesse précoce parmi les problèmes de santé des femmes antalaotsy . Il est vrai qu’en moyenne, les femmes antalaotsy donnent naissance à leur premier enfant à l’âge de quinze (15) ans. Ceci a un impact profond sur les conditions

41 Données SECALINE 54

physiques de ces dernières et surtout augmente le risque de décès de ces jeunes femmes ou de leurs bébés au cours de l’accouchement, surtout si ces concernées s’en remettent aux reninjaza. Parmi les difficultés que rencontrent ces femmes enceintes se présente aussi la privation de soins durant l’accouchement de nuit. Ceci est causé par l’insuffisance de lumière ainsi que l’inexistence de logement des personnels médicaux à proximité du CSB. Ce qui favorise le risque de contagion après la naissance ou durant l’accouchement donc la recrudescence des maladies épidémiques, ainsi que l’accroissement du taux de mortalité maternelle.

1) La contraception chez les femmes antalaotsy La contraception est l’ensemble des méthodes destinées à éviter temporairement la fécondation. Elle permet entre autres de limiter les naissances ainsi que de les programmer selon le vouloir des personnes concernées. Si certaines femmes antalaotsy sont sceptiques par rapport à la contraception, la plupart ne voit aucun inconvénient à adopter des méthodes contraceptives. Nous pouvons voir que l’utilisation de ces dernières implique des facteurs variés tels que le niveau de l’instruction et de l’éducation, l’âge, l’appartenance religieuse… Toutefois, force est de souligner que l’importance de la culture qui néglige d’ailleurs la limitation de la naissance et la protection sexuelle est la principale cause de la non-utilisation des moyens de contraception. Ainsi, cet état de fait confirme la théorie du comportement organisé de Bronislaw Malinovski 42 qui soutient que la culture est essentiellement le facteur organisateur de la société. C’est d’ailleurs ce qui fait que les antalaotsy soient les moins enclins à utiliser les moyens de contraception dans toute la région Boeny. En effet, trois pour cent (3 %) seulement de la population locale utilise des moyens de contraception.

2) Les maladies sexuellement transmissibles et épidémiques

42 Bronislaw Malinovski (1944), Une théorie scientifique de la culture et autres essais, Les classiques des sciences sociales, p.29

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Il est vrai que comme tout pays en voie de développement et comme tout pays de l’Afrique subsaharienne, Madagascar présente une défaillance en matière de maladies sexuelles et épidémiques. Les zones arriérées et rurales sont les plus vulnérables. En nous référant sur le cas de Katsepy , nous constatons que déjà, les campagnes de dépistage des maladies sexuellement transmissibles ne réussissent pas beaucoup à attirer l’attention de la localité. Ceci est lié au fait que la population étant une adepte de la culture traditionnelle 43 caractérise une réticence à toute forme de modernisme surtout quand celui-ci se réfère à la sexualité. Et c’est d’ailleurs en ce sens que l’utilisation de moyens de contraception et de protection sexuelle dégénère. La prévalence du VIH/SIDA est par conséquent difficile à déterminer.

Nous pouvons constater que le domaine de la santé des femmes antalaotsy est confronté à de nombreux problèmes tels que le manque d’infrastructure sanitaire, le manque de soins prénataux et postnataux, la réticence à l’emploi de moyens de contraception, ou encore la grossesse précoce. Si le cadre de la santé se présente ainsi, quelle serait la nature de l’instruction scolaire chez les antalaotsy ?

III/ DANS LE CADRE DE L’ÉDUCATION ET DE L’INSTRUCTION Ce chapitre renferme la présentation de la réalité locale relative au cadre éducationnel et instructif des filles et des garçons, ainsi que des hommes et des femmes.

43 (La culture est l’organisatrice de la société) Bronislaw Malinowski, in CARATINI Roger (1976), Sciences Sociales I, Bordas Encyclopédie, Nouvelle édition revue et corrigée, p.207

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CEG : Commune de Katsepy , EPP : Commune de Katsepy , Fokontany Fokontany de Katsepy de Katsepy

En effet, si nous nous référons au cas de Madagascar dans son ensemble, nous constatons que dans le cadre du genre, le secteur éducation ne présente pas de différence remarquable. Nous constatons même qu’au niveau primaire, les filles sont plus nombreuses à accéder à l’instruction que les garçons : nous comptons deux cent quarante-huit milliers (248 000) de filles contre deux cent seize milliers (216 000) de garçons*. Notons que ce fait est dû à l’entrée tardive des garçons dans l’école primaire. Voyons donc ce qu’il en est des localités telles que Katsepy .

1) Niveau d’instruction des hommes et des femmes :

• Tableau 4 : Proportion des hommes femmes savant lire et écrire(%) Hommes Femmes

Lire (11/20) 55 % (16/20) 80 %

Écrire (11/2O) 55 % (16/20) 80 %

Total 55 % 80 %

Source : enquêtes personnelles, 2010

En effet, les femmes antalaotsy sont plus nombreuses à savoir lire et écrire comparée aux hommes. Ceci résulte du fait que les hommes n’ont pas pu accéder à l’instruction étant donné que l’inexistence d’infrastructure scolaire dans le temps ; et que les femmes, qui pour la plupart sont originaires de groupes ethniques différents ont eu accès à l’enseignement scolaire. Par ailleurs, parmi les causes de ce fait figure l’introduction de ces hommes dans le secteur du travail précocement, surtout dans le secteur de la pêche et du transport, qui sont les activités économiques les plus en vue par les hommes dans la zone de Katsepy ; et qui, d’après ces derniers ne nécessitent pas beaucoup de connaissances culturelles.

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• Tableau 5 : Proportion du niveau instructif des hommes et des femmes (%) Niveau Hommes Femmes

Primaire (11/20) 55 % (16/20) 80 %

Secondaire (6/20) 30 % (13/20) 65 %

Universitaire (1/20) 5 % (0/20) 0 %

Source : enquêtes personnelles, 2010

Nous pouvons constater que la proportion des femmes instruites est largement en dessus de celle des hommes ; tant au niveau primaire que secondaire. Comme nous l’avons souligné précédemment, la majorité des femmes instruites sont sujettes à la migration. Elles ont pour la plupart eu accès à la scolarisation hors de la zone de Katsepy , étant donné que le Collège d’Enseignement Général CEG vient juste d’être bâti l’année 2009.

2) Rapport entre la scolarisation des filles et des garçons En matière d’infrastructure socio-culturelle, Katsepy compte une (1) École Primaire Publique EPP, et un Collège d’Enseignement Général CEG. Par ailleurs, le nombre d’enfants scolarisable s’élève à mille cinq cent deux (1502) 44 . Nous allons ainsi voir combien parmi ces enfants scolarisables ont effectivement accès à l’instruction scolaire. a) Au niveau primaire • Tableau 6 : Proportion de la scolarisation des filles et des garçons au niveau primaire (%) Sexes\ Effectifs Effectif Effectif total

Féminin (82) 53 % (155) 100 % Masculin (73) 47 %

Source : enquêtes personnelles, 2010

44 Plan Communale de Développement de la Commune rurale de Katsepy , p. 56 58

Nous pouvons constater qu’au niveau primaire, les filles sont majoritaires dans le cadre de la participation à la scolarisation. Mais si le nombre des enfants devant accéder à l’instruction scolaire est de mille et quelques, notamment de mille cinq cent deux (1502), le nombre de cent cinquante-cinq (155) qui est celui de l’effectif total des enfants scolarisés au niveau primaire est tout simplement insignifiant vu qu’il revient à seulement 10,3 % d’enfants scolarisés. Il va sans dire que bon nombre des enfants antalaotsy ne sont pas scolarisés, car bien que nous n’ayons pas encore vu ce qu’il en est de l’enseignement secondaire, nous pouvons déjà affirmer que le taux d’analphabétisation y est très élevé étant donné que le niveau primaire englobe l’enseignement de base. Voyons le cas de la scolarisation des enfants au niveau secondaire. b) Au niveau secondaire • Tableau 7 : Proportion de la scolarisation des filles et des garçons au niveau secondaire % Sexes\Effectifs Effectif Effectif total

Féminin (64) 51,6 % (124) 100 % Masculin (60) 48,4 %

Source : enquêtes personnelles, 2010

Tableau 8 : Répartition des sexes selon les classes (niveau d’étude en classes secondaire)% Classes\Sexes Féminin Masculin Effectif total

6e (36) 51 % (35) 49 % (71) 100 %

5e (18) 51,5 % (17) 48,5 % (35) 100 %

4e (4) 67 % (2) 33 % (6) 100 %

3e (6) 50 % (6) 50 % (12) 100 %

Source : enquêtes personnelles, 2010 Total : 124

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Notons que bien que le Collège d’Enseignement Général ne vient d’être inauguré que l’année 2009, le CEG a déjà été usité dès l’année 2004-2005. C’est la raison pour laquelle les classes de 5e, 4e et 3e ont déjà été fréquentées. Comme c’est le cas au niveau primaire, les filles sont majoritaires en nombre à fréquenter l’instruction secondaire. Cependant, nous pouvons remarquer qu’il y a baisse de 50 % sur le taux de scolarisation depuis la 6e à l’entrée en 5e : il y a donc démotivation des enfants à suivre leurs cursus scolaires à partir de la classe de 6e. Plusieurs facteurs entrent en jeu et favorisent cet état de fait : l’impatience des parents, la coutume traditionnelle ne priorisant pas les études, la recherche de ressources économiques des enfants afin d’aider leurs parents à subvenir aux besoins familiaux ou encore la grossesse précoce des filles. Et comme l’effectif total des enfants fréquentant le collège est de cent vingt-quatre (124), ce ne qui fait qu’à peu près 8,2 % des enfants scolarisables ; nous pouvons affirmer que la plupart des enfants antalaotsy n’accèdent pas à l’instruction étant donné qu’additionné à l’effectif total des enfants scolarisés à l’EPP, on n’aboutit qu’à un total de 18,5 % d’enfants scolarisés. Le cursus scolaire des enfants de Katsepy s’arrête au niveau de la classe de 3e, le Lycée n’y existant pas encore. Pour pouvoir continuer à étudier, les enfants antalaotsy se doivent de quitter la commune pour rejoindre la ville de Mahajanga ou aller ailleurs comme à Antananarivo , ce qui implique l’utilité de subventions financières venant des parents or la plupart de ces derniers n’en ont pas les moyens. Il va de soi que l’université est un domaine que les enfants antalaotsy risquent plus ou moins de ne pouvoir fréquenter. Il est quand même à souligner que quelques enfants d’origine antalaotsy ont accès au Lycée et même à l’Université, mais comme nous l’avons mentionné précédemment, cela s’effectue hors de la zone de Katsepy . 3) Les problèmes liés à l’instruction En effet, la saison de pluie engendre plusieurs problèmes pour la population antalaotsy . Le secteur de l’éducation n’en est pas moins épargné. Durant la saison des pluies, les cours s’arrêtent carrément, faute d’inexistence de réhabilitation des infrastructures scolaires. Les matériels scolaires ne sont pas en sécurité ; de plus, la majorité des instituteurs et professeurs ne résident pas sur les lieux, ils ne sont que de passage ; ce qui favorise leurs absences fréquentes. À cet effet, il est difficile de mener à bien les l’éducation scolaire des enfants antalaotsy . Les programmes scolaires ont tendance à être inachevés, ce qui a pour conséquence d’affaiblir le niveau des élèves, et donc d’affaiblir le taux de réussite scolaire. 60

Par ailleurs, nous pouvons également citer comme problème le taux élevé de la déscolarisation. Comme nous l’avons vu dans nos études précédentes, cette démotivation est très accrue à partir de la classe de 6e. Nous pouvons citer parmi les causes de cette déscolarisation l’insuffisance de salles de classe ainsi que des matériels scolaires, l’influence parentale incitant les enfants à s’investir dans les recherches de ressources économiques, ou encore la grossesse précoce des filles… Par conséquent, les salles de classe sont plus ou moins surchargées comme c’est le cas de la classe de 6e au CEG, le taux d’analphabétisation s’accroit de plus en plus, et la population est victime d’affaiblissement du niveau intellectuel. En outre, les enfants qui déjà n’accèdent pas à l’éducation scolaire et ne peuvent pas encore aider leurs parents ont tendance à vagabonder. Tout ceci favorise le freinage du développement.

Nous avons pu voir que pour la population antalaotsy, les femmes sont largement plus instruites par rapport aux hommes. Il en est de même pour les filles, comparées aux garçons ; bien que la différence est d’ordre minime. En outre, seule une minorité des enfants antalaotsy ont accès à la scolarisation et nombreuses sont les lacunes en rapport avec les conditions instructives des enfants antalaotsy. Le prochain chapitre renfermera les situations des femmes antalaotsy dans le domaine de l’économie.

IV/ DANS LE CADRE ECONOMIQUE Ce chapitre rend compte du mode d’organisation de la femme antalaotsy en terme économique. Il renfermera dans un premier temps le cas de la gérance économique au quotidien, il poursuivra dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage ; dans celui de la pêche ; de l’artisanat pour finir dans le cadre de la micro-entreprise commerciale.

1) La femme sakalava antalaotsy et la gérance économique au quotidien Pour les femmes, sans exception, les rôles de production et de reproduction sont étroitement imbriqués. Ceci vérifie la théorie de J.L Moreno selon laquelle, un seul individu incarne plusieurs rôles au cours d’une vie 45 . Ces femmes assument des activités de production

45 CARATINI Roger (1976 ), Sciences Sociales I, Bordas Encyclopédie , Nouvelle édition revue et corrigée, p 218.

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tout en assurant exclusivement toutes les tâches liées à la reproduction ou ce qu’on appelle aussi les activités ménagères. Ces dernières se définissent comme étant toutes tâches accomplies par un individu pour fournir des services domestiques pour le compte de son propre ménage. Ces services incluent entre autres la corvée de bois et de l’eau qui est familière dans les zones rurales, le nettoyage, la préparation des repas, les petites réparations du logement et des biens durables, les soins aux malades ou personnes âgées, les gardes d’enfants et autres… Il est à souligner que dans les milieux ruraux, il est déplacé que ce soit l’homme qui s’occupe de ces activités ménagères. Seules la femme et les enfants surtout la/les fille(s) se charge(nt) de ces tâches. Par conséquent, la reproduction porte à la fois atteinte à l’état de santé de ces femmes, à leur faculté de pouvoir accéder à l’instruction ainsi qu’au travail et aux revenus dont elles pourraient bénéficier. Pourtant, bien que les activités reproductives accaparent la majorité du temps de travail des femmes, ces dernières ne sont aucunement perçues comme étant des activités économiques. Quoique dans d’autres circonstances et autres conditions, la corvée de l’eau ainsi que du bois est incluse dans les activités économiques (dans la mesure où celle-ci ne se fait pas pour le compte du ménage, mais plutôt pour autrui). En moyenne, les femmes antalaotsy consacrent entre seize (16) et dix-huit (18) heures par jour à l’ensemble de leurs activités, autant de production que de reproduction. Nous pouvons de ce fait en déduire que ces femmes sont majoritairement actives. Nous avons également pu constater que ces dernières ne se limitent pas à une seule activité de production. La plupart des cas démontrent qu’elles rapportent beaucoup pour ne pas dire plus que leurs maris au sein du ménage en matière de revenus. Pour le cas des femmes célibataires, elles arrivent tant bien que mal à subvenir aux besoins primordiaux de leurs familles. Pour se faire, les femmes antalaotsy jonglent plusieurs activités de production tels l’agriculture, l’élevage, la pêche ou le commerce… Et bien que ces activités soient assez limitées dans leurs ampleurs, elles sont très capitales pour couvrir les besoins quotidiens de la famille. 2) La femme sakalava antalaotsy dans le cadre de l’agriculture et de l’élevage L’agriculture et l’élevage sont des activités très primées dans la zone de Katsepy comme dans tout milieu rural de Madagascar. Le secteur agriculture renferme entre autres la culture du riz, du manioc, de la mangue, de la noix de coco, du maïs, du tamarin, de la canne à sucre, de l’anacarde, du raphia et des ketikety … Celui de l’élevage se constitue de l’élevage bovin, caprin, ovin, de volailles, ou encore l’apiculture. 62

Force est de souligner que pour la plupart, ce sont les femmes qui se chargent de ces activités d’agriculture ou d’élevage. En général, ceux qui pratiquent ces activités détiennent de petites parcelles de terrains qui, notons-le, sont rarement régularisés. Il est donc casuel de rencontrer des personnes, notamment des femmes travaillant dans le secteur de l’agriculture ou de l’élevage pour le compte d’autrui. a) Le secteur de l’agriculture Les antalaotsy acquièrent par eux-mêmes leurs parcelles de terrains et y travaillent de par leurs forces et moyens. Seulement, cette activité, bien que très pratiquée ne peut pas être qualifiée de productive étant donné les faiblesses qu’elle présente. En effet, le fait que les femmes antalaotsy n’emploient que des outils rudimentaires pour travailler rend la production assez maigre. De plus, ces dernières n’ont jamais pu bénéficier de quelconque formation en la matière, ce qui constitue une certaine lacune en matière de savoir-faire. Le mode de culture des différents produits est intercalé suivant les saisons, bien qu’en général la saison des pluies soit la plus favorable pour la culture de presque tous les produits. Par ailleurs, comme c’est le cas dans certaines zones rurales malgaches, les récoltes sont en général, d’abord destinées à l’autoconsommation puis le reste ira sur le marché local. Pour celles qui font de l’agriculture leur principale source de revenus, donc pour celles qui bénéficient de terrains plus ou moins larges, les récoltes sont plutôt destinées à la vente et le moins possible à l’autoconsommation. Néanmoins, l’agriculture antalaotsy est encore d’envergure limitée vu que la majorité des produits sur le marché local vient encore de la ville de Mahajanga . b) Le secteur de l’élevage En effet, le secteur de l’agriculture est rarement dissocié de l’élevage. De plus, presque tous les ménages antalaotsy s’investissent dans le secteur de l’élevage. La différence s’instaure dans l’ampleur de l’activité. L’élevage de volailles est par ailleurs le plus rencontré dans ces ménages. Néanmoins, cette dernière est en général destinée à l’autoconsommation, lors des fêtes en famille ou le dimanche. L’élevage à dessein commercial est plus penché vers l’élevage bovin, ovin et l’apiculture. Ces derniers sont plus pratiqués par les hommes et l’élevage des volailles qui se rencontrent fréquemment est pris en charge par les femmes. Les femmes sont donc plus enclines à la pratique de l’élevage pour l’autoconsommation tandis que les hommes se concentrent plus sur l’élevage à usage économique. 63

Néanmoins, les fermes sont encore d’ordre restreint et les techniques d’élevage sont des plus simples. Les animaux, notamment les bœufs, moutons et chèvres sont laissés en pleine nature, mais sous surveillance durant la journée pour pouvoir se nourrir et sont rentrés à l’étable durant la nuit. L’élevage bovin est celui qui rapporte le plus étant donné qu’il ne se limite pas à la vente locale, mais aussi régionale : les bœufs sont transportés vers Mahajanga et seront distribués non seulement dans la grande ville, mais aussi à de petites localités avoisinantes. Par contre, l’élevage des volailles, plus pratiqué par les femmes se fait au sein du ménage. Les volailles en questions sont soit enfermées dans une petite bassecour, soit libre de circuler dans la cour. Dans ces deux (2) cas, la nourriture de ces volailles est constituée des restes du ménage. La vente des volailles est souvent destinée à des clientèles précises qui sont les restaurateurs et hôteliers. L’aquaculture ainsi que la pisciculture n’y sont pas encore pratiquées étant donné que ces dernières nécessitent des techniques avancées et ont une ampleur plutôt industrielle. Il n’en demeure pas moins que le secteur de l’élevage se doit de faire face à quelques difficultés telles que l’existence de maladies spécifiques aux animaux domestiques. Ceci est surtout dû à l’insuffisance de soins pour animaux domestiques et à l’insuffisance de vaccination de ces derniers, ou encore à la méconnaissance des techniques d’élevage. Par conséquent, cet état de fait ne fait qu’accroître le taux de mortalité des animaux domestiques en plus du fait qu’il favorise la diminution du nombre d’éleveurs. Mais ce qui marque le plus ce secteur, c’est que ces problèmes font de l’élevage une activité à rendement très faible. 3) La femme sakalava antalaotsy dans le domaine de la pêche La pêche est un domaine très côtoyé par les sakalava antalaotsy . Elle est autant pratiquée par les hommes que par les femmes. Si les hommes emploient des boutres pour la pratiquer ; les femmes, elles, se servent de filets. Mais les deux (2) cas se pratiquent à l’aide d’outils traditionnels tels que les « lakana » ou les « arato » et autres... C’est par ailleurs, une activité saisonnière. Elle suit une rotation de quinze (15) jours suivant la marée : durant la marée haute ou « samonta » comme la population locale l’appelle, la saison est bonne pour pêcher ; durant la marée basse par contre, la saison est défavorable à la pêche. En outre, les produits recueillis par le biais de la pêche sont exclusivement destinés à la vente, soit sur le marché local, soit à des visiteurs venant de Mahajanga , et même à des marchands de la ville de Mahajanga qui revendront ces produits une fois arrivés en ville. 64

La pêche des patsa , celle pratiquée en général par les femmes est celle qui rapporte le plus. En effet, elle rapporte jusqu’à environ 65,9 % dans l’ensemble des revenus procurés par le biais de la pêche. La pêche des poissons, elle, s’élève à 24 % et celle des crabes à 11% 46 . Cette activité, bien qu’étant principale pour la majorité des personnes qui la pratique est souvent associée à d’autres. Ce sont surtout les femmes qui jonglent plusieurs activités économiques à la fois. En effet, elles essaient de faire le maximum lors de la bonne saison de pêche et s’investissent dans d’autres activités économiques lorsque la mauvaise saison arrive. Il est également à souligner que chaque pêcheur travaille pour son compte personnel. La pêche étant encore limitée à une forme d’activité artisanale, personne ne travaille pour autrui. Seuls, ceux qui sont membres d’une même famille sont les seuls à s’entraider et de ce fait sont en quelque sorte partenaires dans ce domaine. Les problèmes liés à la pêche se réfèrent surtout sur les nuisances environnementales ainsi que les problèmes d’ordre technique. En effet, dans la zone antalaotsy , la pêche est confrontée à une surexploitation des ressources aquatiques. Ce qui est surtout dû à l’accroissement démesuré des pêcheurs émigrants, étant donné que de plus en plus de personnes originaires de localités avoisinantes de Katsepy viennent sur les lieux pour pêcher ; à l’irrespect de la loi en vigueur concernant la clôture de la saison de pêche durant un certain moment. De plus, les matériels utilisés ne sont pas sujets à de fréquents contrôles comme il se doit, et des filets non réglementaires sont utilisés de manière abusée. Cet état de fait favorise la disparition de quelques espèces, telles que les Damba - les Gogo …De plus, la population locale ne bénéficie d'aucuns avantage pécuniaire de manière continue, ni des produits de la pêche vu que presque tous les produits sont exclusivement destinés à la vente hors de la zone de Katsepy c'est-à-dire dans la ville de Mahajanga . 4) La femme sakalava antalaotsy et l’artisanat Il est vrai que l’artisanat est une activité très prononcée dans les milieux ruraux malgaches. Si nous nous référons à l’exemple antalaotsy , nous constatons que l’artisanat y est pratiqué généralement par les femmes. C’est donc une activité plus ou moins féminine. Seulement, il est à noter que quelques hommes s’investissent dans ce domaine, mais de manière plutôt aléatoire.

46 PSDR, Plan communal de développement, Commune rurale de Katsepy . 65

Pour les femmes, le travail consiste souvent à tisser des nattes – paniers – et chapeaux, ou encore à fabriquer des filets de pêche. Les hommes par contre sont penchés vers la fabrication de boutres et pirogues. Aussi, les produits finis sont purement destinés à la vente. Néanmoins, cette vente se limite à la vente locale. C’est, en outre, un emploi stable à revenus plus ou moins stable. Il est quand même à noter que les artisanes se plaignent beaucoup du revenu de cette activité vu qu’elle est plutôt qualifiée de médiocre. Il est vrai que si nous faisons référence à l’ensemble des facteurs reliés à ce travail, c'est-à-dire le facteur temps, les matières premières ainsi que l’énergie dépensée, autrement dit les facteurs de production, nous pouvons conclure qu’effectivement le revenu moyen de l’artisanat antalaotsy n’est pas du tout proportionnel aux coûts de production : par exemple, pour fabriquer un panier, il faut du satrana - raphia et du sisal comme matières premières, il faut à peu près une journée pour tisser un panier qui ne se vendra ensuite qu’à six cent ariary (600ar) ou trois milles francs malgache (3000 fmg). La fabrication de pirogue est plus rentable, mais malheureusement, le nombre de fabricants est mineur par rapport à l’ensemble des artisans antalaotsy . Nous comptons près de 94,5 % d’artisanes pour vanneries contre 5,5% de fabricants de pirogues 47 . Il va de soi que le travail artisanal ne peut combler les besoins en ressources financières du ménage. C’est la raison pour laquelle l’activité artisanale est souvent associée à d’autres activités économiques. De plus, l’artisanat comme toute autre activité économique à Katsepy est très limité en matière de technique. Il n’existe aucune société artisanale, chacun travaille pour son propre compte et les outils employés sont élémentaires, donc ne favorisent pas l’accélération de la production.

5) La femme sakalava antalaotsy et la micro-entreprise commerciale L’activité commerciale est très discernée à Katsepy . Elle se présente sous différentes formes et est souvent régie par des femmes. Nous pouvons distinguer les petits commerces, à l’exemple du commerce du charbon ou du mokary . Les femmes consacrent en moyenne près de douze (12) heures par jour pour préparer les mokary et les vendre. Pour le commerce de charbon de bois, ce sont leurs maris qui fabriquent le charbon et elles les vendent par la suite. La vente est meilleure à l’arrivée du

47 Plan Communal de Développement de la commune Rurale de Katsepy , p.64 66

bac venant de Mahajanga, car des acheteurs en gros viennent à Katsepy pour se procurer du charbon de bois et les revendre une fois en ville. Il y a également la vente de produits de première nécessité et de produits alimentaires au marché. Ce commerce-là se présente sous forme d’épiceries ou d’étalages sur les pavillons du marché. Il est aussi très pratiqué par les femmes : près de 80 % des commerçants sont des femmes. En outre, à part le fait que quelques commerçants vendent des produits qui leur sont propres, c'est-à-dire que les produits qu’ils vendent sont issus de leurs activités agriculturale ou péchère, la majorité des produits que nous trouvons sur le marché provient de la ville de Mahajanga . En ce qui concerne les rendements, ils varient de satisfaisants en moyens selon la saison et la marée. En effet, les rendements sont meilleurs lors de la saison sèche et de la marée haute. Ils sont moins bons durant la saison des pluies et la marée basse. Il y a enfin le commerce relié aux services de restauration, qui est généralement régi par des femmes. Elles consacrent près de dix-huit (18) heures par jour, largement plus que les autres commerciaux, à leur travail. La restauration étant un domaine dépendant de plusieurs facteurs, surtout du transport, ses rendements peuvent être très satisfaisants. En effet, durant la saison sèche, le bac fait un aller-retour Katsepy-Mahajanga deux (2) fois par jour. Ceci est limité à une fois seulement durant la saison des pluies. Il en est de même pour les transports en voiture (de Katsepy -Namakia et Mitsinjo ) : durant la saison des pluies, le mauvais état des routes rend la circulation très difficile ; quelques zones sont même enclavées et inaccessibles. Et Katsepy est le lieu de croisement et d’embarcation de ces différents moyens de transport donc des transporteurs et des voyageurs. Et le fait que ces derniers y restent un moment inclut leurs restaurations. En ce qui concerne la marée, nous avons déjà souligné que tous les pêcheurs à Katsepy n’y résident pas forcément tous, et que durant la marée haute il y en a plus qu’à l’habitude, ce qui dit qu’il y a plus de monde durant la marée haute. Or, plus de monde inclut plus de revenus pour les restaurateurs. Le commerce, sous toutes les formes qu’il puisse se présenter est une activité stable à revenus plus ou moins satisfaisants. Il est aussi une activité économique très pratiquée par les femmes, surtout dans le domaine de la restauration, qui est celui qui est le plus rentable. Bien qu’il dépende de plusieurs facteurs comme nous l’avons précisé récemment, cet emploi est un emploi stable, et les revenus sont plus ou moins convenables. En un mot, ce chapitre nous a renseigné sur l’état de l’économie antalaotsy dans le cadre du genre. Nous avons pu constater que les femmes antalaotsy sont très actives dans les fonctions économiques : elles sont très présentes dans pratiquement tous les secteurs 67

économiques excepté celui du transport. Par ailleurs, elles arrivent tant bien que mal à jongler leurs activités de reproduction et de production en plus du fait que la plupart du temps, ces femmes ne se limitent pas à une seule activité économique. Seulement, l’économie antalaotsy en général renferme plusieurs difficultés en matière de développement, et la situation des femmes dans l’économie n’en est pas moins écartée.

V/ DANS LE CADRE POLITIQUE Ce chapitre se rapporte sur la relation genre et politique dans la zone antalaotsy. Dans un premier temps, il renseignera sur la nature de la participation de la femme antalaotsy dans les fonctions politico-administratives. Ensuite, il fera référence aux différentes perceptions de la participation des femmes à la vie politique ainsi qu’aux obstacles liés aux rôles des genres.

Mairie de la commune rurale de Katsepy

1) La participation des femmes dans les fonctions politico-administratives En effet, à Madagascar, bien que des efforts aient déjà été fournis, le domaine politique reste toujours un terrain de prédilection des hommes. Une localité telle que Katsepy n’en est pas moins exclue de cet état de fait. En effet, la commune de Katsepy est régie par une entité communale constituée par un Conseil communal et un Comité exécutif, un délégué d’arrondissement et des PCLS ( Fokontany ). Le Conseil communal est composé par huit (8) personnes dont un (1) Président, un (1) vice- président, deux (2) rapporteurs, et quatre (4) conseillers. Le comité exécutif est constitué de deux (2) personnes dont le Maire (1), et l’adjoint au Maire (1). Il y a également un délégué d’arrondissement. Et pour les sept (7) Fokontany répartis dans la commune, nous comptons 68

cinquante-six responsables dont sept (7) Présidents, sept (7) vice-présidents, sept (7) trésoriers, sept (7) secrétaires et vingt-huit (28) comités répartis en deux (2) par Fokontany . Notre étude se limitant à la commune de Katsepy , Fokontany de Katsepy , nous constatons qu’aucune femme ne détient une de ces fonctions politico administratives. Au niveau local, les hommes sont conscients de la faible participation pour ne pas dire de l’absence des femmes dans les structures d’organisation ainsi que les réunions du Fokonolona . Cette situation est causée par plusieurs facteurs à savoir le manque d’intérêt des femmes à la vie politique, l’auto-exclusion de ces dernières qui classifient le cadre politique comme une « affaire d’hommes », leur manque de disponibilité vu la surcharge de travail qu’elles effectuent, leurs manques d’audace et d’habileté à exprimer leurs idées… Cette faible participation des femmes dans la vie publique et politique est donc due aux obstacles liés aux rôles stéréotypés des femmes, à l’influence des préjugés nuisibles aux causes des femmes, aux comportements des femmes elles-mêmes subissant des contre coups des inégalités de départ entre homme et femme, et aux pratiques politiques privilégiant généralement les hommes et excluant presque les femmes. Par contre, les femmes antalaotsy sont plus présentes dans les travaux d’ordre communautaire, et leur participation à ces travaux est jugée satisfaisante par l’ensemble de la société, c'est-à-dire, aussi bien par les hommes que par les femmes. Il est vrai que dans le cadre de la vie associative, les femmes sont enclines à s’engager plus naturellement dans des associations à vocation sociale dont l’objet renforce leurs rôles de femmes et mères plutôt que dans celles qui ont des retombées de pouvoir sociopolitique. Aussi, pour la plupart des femmes antalaotsy , la non-affiliation de l’association à des histoires ou partis politiques constitue un critère important pour leur adhésion. Elles sont très septiques par rapport à tout ce qui concerne la politique. Force est de souligner que malgré cette situation, une Reine gouverne sur les sakalava marambitsy , c'est-à-dire sur l’ensemble du district de Mitsinjo , y compris les sakalava antalaotsy . Cependant, son statut est plus penché sur le rôle social qu’elle tient plutôt que politique. Aucune décision communale n’est donc soumise à son acceptation. Par contre, dans le domaine du social, cette Reine est très vénérée, d’autant plus que le traditionalisme tient encore une place très importante pour les sakalava marambitsy . Il est d’ailleurs à noter que le domaine du social ou plus précisément de la religion prime sur la politique chez les sakalava marambitsy et antalaotsy .

69

2) La perception de la participation de la femme à la vie politique et obstacles liées aux rôles des genres Les rôles relatifs aux fonctions des personnalités politiques tels les fréquents déplacements, l’accueil des visiteurs et des personnalités et autres, sont jugés autant par les hommes que par les femmes incompatibles avec le rôle d’épouse et de mère que la femme est en devoir d’assumer avant tout. Cette mentalité est encore dominante dans la plupart des régions malgaches en particulier dans les milieux ruraux. Par ailleurs, si dans la plupart des cas à Madagascar, les femmes ont rarement droit à la parole à cause des modèles traditionnels refusant aux femmes tout accès au pouvoir donc à la prise de parole ; les sakalava Marambitsy y compris les antalaotsy présentent le cas contraire du fait qu’une Reine gouverne chez eux. La participation féminine à la prise de parole en public n’est aucunement jugée indécente du moment que la femme en question représente un statut « royal ». Cependant, cette prise de parole ou de décision effectuée par la Reine n’est aucunement d’envergure politique, mais plutôt sociale et culturelle. De plus, en matière d’élection, déjà à Madagascar, la proportion des femmes candidates à la Mairie est limitée à 5,1 %48 . Ce qui explique le fait qu’aucune femme encore ne s’était présentée comme telle à Katsepy . De plus, si participation d’une femme à la candidature en tant que Maire est, elle ne serait pas soutenue par la majorité des antalaotsy pour les raisons suivantes : - Les femmes sont moins audacieuses que les hommes en matière de prise de décision ; elles ont un complexe d’infériorité par rapport aux hommes dans les prestations en public et dans les affaires politiques ; - Les femmes sont incapables de braver les critiques et préjugés sociaux qui seraient inévitables une fois qu’elle soit installée à un poste politique ; - Les femmes sont moins disponibles du fait de leurs obligations familiales ; - La nature même de la femme (douceur, faiblesse…) est incompatible à la fonction stratégique d’un Leader ; - Le fait que ce soit une femme qui détienne le poste de Maire est plus ou moins inenvisageable pour certains… Il est quand même à noter que certaines femmes sont pour une élection d’une femme au poste de Maire si le cas se présente pour des raisons de solidarité, de fierté et surtout de

48 PNUD, Madagascar Rapport national sur le Développement Humain 2005 70

confiance. Elles jugent que « si les femmes arrivent à mener à bien leurs vies familiales, à bien s’organiser au sein de leurs ménages, pourquoi ne seraient-elles pas en mesure de diriger une commune? » Pour ces femmes-là, il leur est désolant de constater que les femmes entre elles-mêmes ne se font pas confiance.

En fait, le domaine du politique est un terrain où les femmes n’ont pas encore accès dans la commune de Katsepy. Ceci est surtout favorisé par les préjugés et les stéréotypes sur les rôles des genres ainsi que les pratiques politiques ayant toujours plus ou moins exclu les femmes de ce cadre. De plus, les femmes elles-mêmes sont sceptiques en ce qui concerne ce domaine, elles manquent de confiance en elles-mêmes et entre elles-mêmes, bien avant que les hommes et l’ensemble de la société ne les jugent inaptes à tenir quelconque fonction politique.

VI/ ÉTUDE DES CAS : LES FEMMES DANS LES ACTIONS ASSOCIATIVES

Ce chapitre englobe ce qui en est des études de cas se rapportant aux femmes dans les fonctions et actions associatives. Il fera référence dans un premier temps au cas de quelques associations féminines d’envergure nationale. Il mettra ensuite à jour quelques associations féminines régionales de Mahajanga ; pour finir sur les associations féminines de niveau local, entre autres les associations féminines antalaotsy.

1) Au niveau national : Cas de la CAFED CAFED ou Confédération des Associations des Femmes et Développement est une association créée depuis l’année 1993. Au début, elle a été nommée AFED ou Association des Femmes et Développement. Au bout de quatre (04) ans, elle est devenue une Organisme Non Gouvernementale ou ONG de par la ramification de l’association dans toute l’île et c’est par la suite qu’elle a été dénommée CAFED. Actuellement, cette association féminine compte plus de quatre-vingt-dix mille (90 000) membres réparties dans toute l’île. En outre, les objectifs de cet organisme consistent avant tout à promouvoir le statut de la femme par le biais de son autonomisation, et de façon à ce qu’elle puisse contribuer au développement du Pays (notamment de Madagascar). 71

La CAFED, étant composée d’un éventail de catégories de femmes, en partant de la femme paysanne, pêcheuse jusqu’à la femme Député, Sénatrice, Ministre et Ambassadeur, pratique divers types de projets, d’activités et ce, en fonction des catégories des femmes qui les entreprennent. Nous pouvons prendre l’exemple des cultures maraîchères pour les paysannes (un projet financé par l’Ambassade Américaine) ; les transformations des fruits et légumes pour les femmes productrices en agroalimentaire (projet financé par la FAO) ; une implantation d’un élevage de porc – poules pondeuses dans le cadre d’une lutte contre la pauvreté (projet financé par l’OMS) ; une implantation d’une cellule luttant contre le VIH/SIDA dénommée Ampela Salama (projet financé par l’ONU/SIDA) tenue par les femmes médecins ; une formation en gestion simplifiée… Si durant plus d’une dizaine d’années, la CAFED figurait parmi les grandes associations de Madagascar par la réalisation de ces projets et l’impact de ces derniers dans la communauté malgache, avec la crise actuelle qui s’avère plus ou moins longue, elle n’échappe pas aux impacts de cette dernière, comme toutes les autres sociétés civiles. Autrement dit, elle est actuellement plus ou moins en veilleuse. Par ailleurs, CAFED n’est pas associée à d’autres organisations malgaches. Cependant, elle est en relation avec beaucoup d’organismes internationaux. Il parait de ce fait important de souligner que cet organisme travaille avec la plate forme de la Société Civile. En ce qui concerne les financements des projets en question, cette association essaie de travailler par elle-même ; cependant, étant donné l’ampleur de la majorité des projets élaborés, travailler avec les autres organismes internationaux tels que la Banque Mondiale – le PNUD – la FAO – l’OMS – l’ONU/SIDA… est une nécessité. Selon les objectifs mentionnés récemment de cette association féminine, cette dernière travaille surtout pour la promotion et l’autonomisation de la femme, par le biais de l’intégration de cette dernière dans les dimensions de la prise de décision, autrement dit dans la dimension politique. Pour se faire, par le biais de la formation des femmes membres de l’ONG, cette association participe aux rôles fixés par l’État et à sa réalisation, dans le cadre du genre. 2) Au niveau régional : cas de VMLF ou Vondrona Miralenta ho an’ny Fampandrosoana VMLF a été créée depuis 2008 et compte actuellement près de cinquante (50) membres. 72

Les principaux objectifs de cette association consistent à faire en sorte que les femmes aient accès à la participation dans les affaires publiques et surtout politiques, et ce, depuis le Fokontany jusqu’à la Présidence. Afin d’atteindre ces objectifs, VMLF entreprend des actions de sensibilisation et de conscientisation pour que les femmes puissent surmonter les complexes d’infériorité dont elles sont sujettes au sein de la société ; ce qui, selon cette association, constitue la principale cause du non-accès des femmes à la politique et aux fonctions de décisions politiques. Actuellement, VMLF est dans la phase de formation des formatrices destinées à sensibiliser et à conscientiser les femmes à travers les Fokontany , Districts et localités avoisinantes. En outre, l’association entame un ralliement régional et national toujours dans le but de mettre en lumière l’insuffisance du nombre de femmes participant à la politique et en même temps de sensibiliser les femmes à contribuer aux fonctions politiques. Pour se faire, l’association crée des livres, revues et miniprojets. Ces derniers feront fonction de guide de référence pour les membres dans leur travail de sensibilisation et de la même manière, constitueront les moyens d’octroi de fonds pour les éventuels projets. En même temps, l’association lance ses sites web afin qu’elle puisse être reconnue par tous. Par rapport au financement des projets, l’association fait appel au PNUD, à l’Ambassade de Norvège et à l’EISA avec lesquels, elle est en relation étroite. VMLF est par ailleurs affiliée à d’autres organisations. En fait, elle est affiliée à toutes les organisations sensibles aux problèmes du genre ; ceci concerne surtout les associations locales de la Région Boeny.

3) Au niveau local : cas de l’ANGAY ASMINA, KATSEPY ARANTA…

Ballet de l’ANGAY ASMINA, lors de journée Mondiale de la femme, 8 Mars 2010 73

Katsepy compte près de cinq (5) associations féminines. ANGAY AMINA et KATSEPY ARANTA sont celles qui sont les plus anciennes de la localité de Katsepy . Elles ont été créées vers les années 1990 et comptent à chacune près d’une trentaine de membres. Leurs objectifs consistent surtout à faire en sorte que les femmes antalaotsy soient en cohésion et de ce fait, pourront faire quelque chose à l’unanimité. En outre, il est à souligner que toutes ces associations féminines ne prévoient pas de projet d’une grande ampleur ; en fait, les activités de ces associations sont très limitées. Nous pouvons par exemple citer les activités d’animation lors des festivités telle que la fête Nationale – la journée internationale de la femme… Au début, ces associations, notamment les deux (2) grandes associations citées précédemment ont été en relation avec d’autres associations régionales mais les anciens membres n’étant plus aptes à suivre de près les activités associatives, la continuité de cette corrélation s’est réduite à néant. Les lacunes que présentent ces associations sont surtout dues à l’enclavement de la zone et des membres de ces associations ainsi qu’à leur déficit en matière de connaissances ; ce qui favorise la limitation des activités et surtout des objectifs de ces dernières. En fait, le simple fait de faire partie d’une association féminine, marquant une certaine cohésion entre les membres de la société est la principale raison motivant les femmes antalaotsy à s’inscrire en tant que membre. Les associations féminines antalaotsy ne bénéficient en outre d’aucun financement extérieur pour effectuer leurs activités. Lors de leurs activités d’animations, quelques personnalités leur font des dons divers, ce qui a pour effet de contribuer au gonflement de leur caisse. Etant données les circonstances, nous pouvons nettement souligner les différences que présentent les associations féminines selon leurs ampleurs, tant dans le cadre des objectifs qu’au niveau des activités. Si au niveau national, les associations féminines sont enclines à considérer les problèmes relatifs au genre dans un contexte social en général ainsi qu’à la catégorie de personnes vulnérables tel que les enfants de très près, à l’exemple de la discrimination sexuelle au niveau du travail – de la politique – de la santé – de l’éducation ou encore les problèmes de sécurité des femmes et des enfants en référence à la violence au sein du ménage…, et que ces dernières mettent en œuvre des moyens de grande efficacité afin d’atteindre des objectifs bien établis ; les associations féminines régionales se réfèrent plutôt à 74

des problèmes d’envergure limitée mais pas moins négligeable c'est-à-dire uniquement à la politique. En effet, les soucis de l’association féminine régionale qu’est VMLF ici résident surtout dans le non accès des femmes dans les domaines politiques or, cette association est convaincue que développement ne peut être que si les femmes ont libre accès à la vie politique – que si les femmes gèrent la vie politique. La plupart du temps, ces associations sont en relation avec les autres associations nationales. Toutefois, les associations féminines locales c'est-à-dire de Katsepy ont des objectifs non seulement limités mais surtout instables. Il en est de même pour les activités et moyens mis en œuvre. Il parait néanmoins important de préciser que toutes ces associations féminines, qu’elles soient de niveau national, régional ou local ont un but en commun qui est de contribuer au développement humanitaire. 75

Cette deuxième partie de notre rapport de recherche nous a donc éclairé sur la nature du système organisationnel de la vie en société de la femme antalaotsy d’une part, et d’autre part a mis en relief une étude sur les associations féminines antalaotsy par le biais d’une comparaison avec différentes autres associations, ce qui nous a permis de voir en détail les différences et ressemblances que ces dernières présentent et ainsi, de faire ressortir les défaillances au niveau du mode direction des associations en question. 76

TROISIEME PARTIE :

ETUDE COMPARATIVE ET BILAN 77

Cette troisième partie ayant pour titre « étude comparative et bilan » nous éclairera dans un premier temps sur les situations des femmes de différentes localités tant au niveau social, politique qu’économique. Elle mettra en vigueur une comparaison qui aboutira à la détermination de certains facteurs défaillants de la société. Elle se focalisera ensuite sur les politiques locaux de développement et ressortira les défaillances relatives à ces derniers par rapport aux réalités locaux. 78

I/ ETUDE COMPARATIVE Ce chapitre fait référence à une comparaison entre différentes ethnies malgaches sur des domaines variées et ce, toujours dans le cadre situationnel de la femme. Cette comparaison sera structurée sous forme de tableau compartimenté selon les trois ethnies concernées dont la population sakalava antalaotsy – la population Antaisaka – et la population sakalava Bemihisatra ; et relatera les différences et ressemblances entre ces trois (3) ethnies concernées.

Tableau 9 : Comparaison sur la situation sociale, politique et économique de la femme antalaotsy – Antaisaka – et Bemihisatra ANTALAOTSY ANTAISAKA BEMIHISATR A

SOCIAL MENAGE

- éducation des - la femme est - la femme a une -la femme est enfants entièrement autorité limitée entièrement responsable de quant à responsable de

l’éducation de l’éducation de l’éducation de ses enfants. ses enfants. ses enfants C’est le père qui

prend les grandes décisions

relatives à l’éducation des enfants.

-comme c’est le -gérance -la gestion -la gestion père qui finance économique au économique au économique au la famille, il quotidien. quotidien est quotidien est tient les entièrement entièrement commandes en 79

attribuée à la matière de attribuée à la femme. gestion femme.

financière, la

femme elle exécute.

-toutes les prises

de décision -les décisions -les décisions -Prise de décision reviennent à sont prises après concernent les l’homme. L’avis concertation des deux conjoints de la femme deux (2) n’est conjoints généralement

pas pris en compte.

- la prévalence -la violence -la fréquence de de la violence conjugale est -Violence la violence conjugale est rare. conjugale varie fréquente pour selon le statut les familles socio- défavorisées, à économique des situation ménages. économique

critique.

-la femme tient -la femme tient -la femme tient -Rôles sociaux de les fonctions de les fonctions de les fonctions de la femme ménagère, ménagère, ménagère et d’éducatrice ; d’éducatrice, et éducatrice et

s’occupe des s’occupe des s’investit aussi 80

tâches liées à la tâches dans les production champêtres activités de

économique. production

-femme, mère et -la femme est -statut /position travailleuse. soumise à -femme, mère l’homme. Elle

tient un rôle

exécutif

-la fille est -la fille est -la fille est soumise à -Place de la fille soumise à soumise à l’autorité dans la société l’autorité l’autorité parentale jusqu’à paternelle ; elle parentale. Elle un certain âge est aussi source est plus ou (adolescence), de financement moins libre à âge auquel elle pour la famille l’âge tend à lors de son d’adolescence. s’introduire dans mariage. les domaines du mariage et de la maternité.

EDUCATION: SCOLARISATION

/INTSRUCTION)

-disparités entre les 81

deux (2) sexes.

-les enfants, tant -comme la -les filles sont garçons que femme est plutôt lésées en

filles reçoivent destinée à matière de les mêmes uniquement scolarisation chances de s’occuper de la car il parait

scolarisation. Il famille, il est inutile qu’elles n’y a aucune jugé inutile aillent plus loin différence, les qu’elle aille plus dans ce

filles tendent loin dans les domaine. même à être études, il faut

mieux juste qu’elle

scolarisées que sache lire et les garçons 49 . écrire.

-différence d’âge

de scolarisation des -il n’y a pas de - il n’y a pas de filles et des -il n’y a pas de différence. Les différence en garçons. différence. Les enfants général, les enfants commencent leur enfants – tant commencent à scolarisation filles que garçon aller à l’école à vers cinq (5) ou – sont scolarisés l’âge de cinq six (6) ans. à partir de l’âge (5) ou six (6) de six (6) ans. ans. - le taux -Déscolarisation -taux très élevé -le taux d’abandon /Abandon scolaire surtout à partir d’abandon scolaire est très de la classe de scolaire est très (Garçon et élevé pour les sixième (6 ème ) élevé aussi bien fille) filles surtout chez les filles. pour les filles vers la fin du

49 Selon les sources de données 2010 82

Les causes de niveau primaire. que pour les cette Les causes de garçons vers la déscolarisation cette fin du niveau sont la pauvreté déscolarisation primaire. – la sexualité sont surtout Les causes de précoce – la liées à la ce fait sont liées grossesse pauvreté – la à la pauvreté - précoce – le sexualité la sexualité mariage précoce précoce – la précoce – la – le manque grossesse grossesse d’infrastructure précoce - le précoce – le scolaire – la mariage précoce mariage culture – la tradition - précoce – le traditionnelle – les travaux manque l’accès au monde champêtres. d’infrastructure du travail. scolaire – la

culture traditionnelle négligeant l’instruction scolaire.

SANTE

-Santé maternelle -soins -soins -soins traditionnels traditionnels traditionnels

-Soins -Soins -Soins -Soins prénataux traditionnels traditionnels traditionnels

-Soins -Soins -Soins -Soins postnataux traditionnels traditionnels traditionnels 83

-est en -est en -est en propagation propagation propagation -MST/IST accrue du fait de accrue même en accrue du fait (maladies et la réticence campagne de la réticence infections populaire au populaire au sexuellement dépistage et au dépistage et au transmissibles) recours aux recours aux soins médicaux soins médicaux

ECONOMI PRIMAIRE -pêche, artisanat, -Artisanat, -pêche, QUE activités activités artisanat, champêtres champêtres agriculture, (légères), petites (légères) petites élevages élevages

SECONDAIRE

______

TERTIAIRE -commerce de - - produits locaux, commerce de commerce de artisanaux, de café et produits produits locaux, charbon de bois locaux… artisanaux et de et de produits de produits de première première nécessité. nécessité.

-commerce hôtelière

-fréquence -les femmes sont -les hommes -les femmes d’activité entre plus actives que sont sont autant les hommes généralement homme et femme actives que les étant donné que plus actifs que le nombre de les femmes hommes. 84

femmes faute de célibataires et compétence et veuves est très de niveau élevé et que le d’instruction nombre d’enfants à charge est autant plus élevé ; de plus les femmes antalaotsy ont une mentalité très indépendante.

POLITI- -accès aux -pouvoir -pouvoir -pouvoir fonctions politico- traditionnel traditionnel déte traditionnel QUE administratives détenu par une nu par un roi. détenu par une reine ; mais Ayant reine ; mais ayant un statut uniquement un ayant un statut socioculturel statut socioculturel. socioculturel.

-pouvoir -les fonctions -les femmes ont politique : les politico- accès aux femmes ont administratives fonctions commencé à y sont totalement politico- avoir accès à étrangères à la administratives partir des années gente féminine (fonctions 80. Ceci est parlementaires favorisé par la …) concurrence entre les foko.

Source : Enquêtes personnelles, 2010,

85

 Nous pouvons ainsi constater que dans le domaine du social, incluant le rôle de la femme au sein du ménage, les femmes antalaotsy et Bemihisatra ont plus de latitude en matière d’éducation des enfants ; contrairement à la femme Antaisaka, qui ne détient qu’une autorité limitée par rapport à ses enfants et qui se doit de se fléchir au pouvoir paternel. Il en est de même, quant à la gérance économique quotidienne : les femmes antalaotsy et Bemihisatra sont entièrement responsables de la gestion financière du ménage. Mais comme c’est l’homme qui finance principalement les besoins du ménage, la femme Antaisaka n’a pas la faculté de gérer librement les dépenses financières de son ménage. Par ailleurs, si les prises de décisions, importantes ou moins importantes sont à l’unanimité pour les conjoints antalaotsy et Bemihisatra ; celles-ci sont radicalement attribuées à l’homme chez les Antaisaka. En ce qui concerne la violence à l’encontre de la femme, notamment la violence conjugale, quelques femmes des trois différentes ethnies en sont victimes. Néanmoins, il parait important de souligner que la fréquence de celle-ci varie selon la catégorie socio- économique des individus. Les individus à situation économique non favorables ont tendance à porter facilement la main sur les femmes et enfants, surtout les filles. En outre, une certaine différence est quand même à noter : les femmes Antaisaka sont plus nombreuses à être victimes de ces violences conjugales du fait du statut social que la mentalité Antaisaka accorde aux « hommes », comparées aux femmes des deux (2) autres ethnies. En outre, la femme, dans ces trois différentes ethnies sont statuées comme étant avant tout la femme, la mère, l’éducatrice au sein du ménage. Dans le cas des antalaotsy et Bemihisatra, la femme est aussi souvent productrice – donc contribue au financement ménager, et de ce fait, est autant autoritaire que l’homme.  Dans le cadre de l’éducation, nous ne relevons pas de différence remarquable entre les deux sexes par rapport à l’accès à la scolarisation aussi bien chez les antalaotsy que chez les Bemihisatra. En effet, tant les filles que les garçons reçoivent la même chance de scolarisation. Toutefois, chez les Antaisaka, étant donné que l’homme est destiné à fonder une famille – donc à la financer, il est important que ce soit celui-ci qui soit priorisé en matière d’éducation. Savoir lire et écrire est ainsi suffisant pour la femme Antaisaka, ceci est même jugé négligeable. 86

Nous ne dénotons en outre, pas de différence en matière d’âge de scolarisation chez les deux sexes, aussi bien chez les antalaotsy – chez les Antaisaka que chez les Bemihisatra. Les enfants commencent à être scolarisés vers l’âge de six (6) ans. Au sujet de la déscolarisation, nous remarquons une croissance du taux d’abandon scolaire à partir de la classe de sixième chez les trois (3) cas. Celle-ci concerne surtout les filles. Les principales causes de ce fléau sont relatives à la pauvreté, à la sexualité précoce, à la grossesse précoce, au mariage précoce, à la tradition négligeant l’instruction scolaire, au manque d’infrastructure scolaire…  En matière de santé, c'est-à-dire la santé maternelle – les soins prénataux et postnataux, les femmes des trois cas ont le plus souvent recours aux soins traditionnels. La majorité de ces femmes font donc appel aux « reninjaza » en cas de grossesse – d’accouchement et pour tous les soins qui s’ensuivent. Vu que la plupart de ces reninjaza n’ont pas les capacités requises pour de pareils soins, le taux de mortalité maternelle est assez élevé surtout dans les zones arriérées. En outre, les maladies sexuellement transmissibles ainsi que les infections sexuellement transmissibles sont en propagation croissante du fait du manque de savoir des femmes et filles qui sont les premières responsables de leur sexualité, du fait de la réticence de ces dernières quant aux différents moyens de protection et de contraception.  Dans le domaine de l’économie, ceux sont surtout les femmes antalaotsy qui sont les plus actives. La femme Bemihisatra se place au second rang et la femme Antaisaka a tendance à ne pratiquer que des activités légères et peu lucratives. Mais dans les trois (3) cas, le secteur primaire est celui qui est le plus pratiqué : les activités sont surtout basées sur l’agriculture – la pêche chez les antalaotsy et Bemihisatra – l’élevage et les travaux champêtres…, le secteur tertiaire est lié aux divers commerces locaux avec pour essentiel la vente de produits locaux et de première nécessité, mais les femmes antalaotsy accordent aussi beaucoup d’importance au commerce lié à la restauration qui est celui qui rapporte le plus étant donné que Katsepy est un lieu de transition, et qui plus est un domaine économique propre aux femmes. En ce qui concerne la fréquence d’activité entre l’homme et la femme, nous pouvons dire que les hommes chez les Antaisaka et Bemihisatra sont les plus actifs. En général, ils financent même presque la totalité des besoins familiaux sans aucune aide de leurs femmes. Chez les antalaotsy par contre, les femmes sont toutes autant actives que les hommes. Rares 87

sont celles qui attendent uniquement que leurs maris subviennent aux besoins quotidiens de leurs familles.  Dans le cadre politique, nous constatons que dans les trois (3) cas, un pouvoir traditionnel s’instaure. Ce dernier est détenu par un Roi chez les Antaisaka, mais par des Reines chez les antalaotsy et Bemihisatra. Il est à souligner que le Roi tout autant que les Reines n’exercent qu’un pouvoir socioculturel. En ce qui concerne l’accès des femmes aux fonctions politico-administratives, nous constatons que les Antaisaka et Bemihisatra sont déjà plus ou moins ouverts à ce domaine. En effet, la femme Bemihisatra a depuis les années 90 eu accès à deux reprises à la fonction de député ; chez les Antaisaka, des femmes ont postulé à ce même poste. Toutefois, chez les antalaotsy , le domaine du politique est particulièrement réservé à l’homme. Ceux sont les femmes elles-mêmes qui s’excluent de ce domaine. Par le biais du précédent tableau de comparaison de cas, nous avons pu voir en détail les ressemblances et différences des situations auxquelles les femmes sakalava antalaotsy, les femmes Antaisaka et les femmes sakalava Bemihisatra sont confrontées. II/ La politique locale et les problèmes sur les lieux : Ce chapitre évoquera l’échelle des priorisations des problèmes donc des politiques selon le gouvernement en comparaison avec le cadre du genre. Il fera par la suite référence aux réalités auxquelles la localité est confrontée pour finir par une analyse et des suggestions sur ce qui devrait passer en premier afin d’éradiquer les vrais problèmes de la population de Katsepy. 1) Les priorités de la politique gouvernementale de développement a) Les axes prioritaires selon le Plan Régional de Développement - Les stratégies et objectifs de développement sont multiples en ce qui concerne les projets de l’État. Elles se divisent notamment en trois (3) axes stratégiques prioritaires. Dans un premier temps, réduire la pauvreté régionale par la maitrise des facteurs démographiques et par le renforcement accru de la sécurisation humaine et matérielle semble prioritaire. La devise étant de promouvoir des responsabilités partagées et cohérentes entre les secteurs directement concernés et les autorités locales, une approche contractuelle et une approche communautaire appropriées aux réalités locales semblent être de rigueur. - Le premier objectif est donc de maitriser les facteurs démographiques pour la réduction de la pauvreté : 88

• en réduisant le taux de croissance régional pour rejoindre au moins celui du national qui est de 2,9 % ; par le biais de l’augmentation du taux d’utilisation du planning familial dans les zones rouges, dont Katsepy , qui notent, n’affiche que 3% en ce qui concerne le taux d’utilisation du planning familial ; du recul de la précocité de la nuptialité chez les jeunes filles ; de l’intensification de l’approche genre ; de la réduction du taux d’analphabétisme et du développement d’un système d’information fluide et fiable sur la population locale et l’amélioration de l’accès au public à une citoyenneté légale. • En augmentant le taux de scolarisation jusqu’à 80 % et en améliorant le taux d’achèvement pour l’éducation fondamentale à travers la couverture géographique rationnelle des infrastructures scolaires et des enseignants, les renforcements des capacités et des motivations spécifiques pour les enseignants publics communautaires, et une motivation soutenue à la scolarisation par l’amélioration des conditions scolaires. - Le second objectif consiste à renforcer la sécurisation humaine et matérielle : • ceci, en faisant de la sécurité un atout de la région Boeny par la mise en place d’un système de sécurisation matérielle et efficace en cas de cataclysme naturel ; la réduction des impacts sociaux de l’enclavement, le renforcement de la sécurité alimentaire dans les zones à productivités faibles en culture vivrière ; la réduction des actes de banditismes et de criminalités dans les zones arriérés ; la réduction de l’insécurité liée aux vols de bovidés ; et par la prévenance des conflits sociaux. • Ou en offrant un accès à la santé publique et pérenne sans exclusion sociale par la diminution des taux de prévalence en paludisme, infection respiratoire aiguë et diarrhées ; l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant par le biais de l’augmentation du taux de couverture en suivi nutritionnel des enfants de moins de cinq (5) ans – la promotion de maternité sans risque – et par une couverture vaccinale optimale dans toute la région ; l’intensification de la lutte contre le SIDA et à travers une lutte intensive contre l’IST ; et l’amélioration des services offerts en matière de santé publique par une couverture totale en CHD et rationnelle en CSB2 – par une augmentation du taux de consultation externe – l’amélioration de la performance régionale en système de référence et contre-référence et par l’augmentation et la régularisation de la disponibilité des médicaments. Figure parmi les priorités du projet de développement la promotion des décisions décentralisées objectives et efficaces ainsi qu’une administration des efforts de développement. 89

• Ainsi, il faudrait doter la zone d’un système d’information régionale pour servir d’outils de planification et de coordination des efforts de développement. 50 Ceci peut se faire si développement des partenariats avec le système d’information existant ; renforcement de la circulation des données et des informations entre les services déconcentrés ; mise à jour des bases de données et renforcement des systèmes géographiques ; développement des bases de données thématiques ; et développement des réseaux d’informations sont. • Il faudrait en outre offrir des services bien plus performants. Ce, à travers l’amélioration de l’accès des localités aux NTIC ou Nouvelles Technologies d’Information et de Communication ; et à travers la lutte contre la corruption dans les différents circuits administratifs. • Il semble aussi nécessaire de se doter des moyens d’interventions pour la mise en œuvre du plan régional de développement en renforçant les capacités régionales en terme de négociation des financements et de promotion des investissements ; en mettant en place une unité technique en matière d’entretien des pistes rurales ; en se dotant de moyens de communication efficaces avec toutes les localités concernées et enclavées. En troisième lieu, adopter une stratégie de développement en suscitant et en promouvant une croissance économique à base sociale très élargie est remis en question. Opter pour un développement équilibré géographiquement dans l’espace régional aurait été l’idéal, mais en vue d’un développement rapide et durable, les efforts doivent être centrés sur des secteurs et des filières porteuses dans des zones bien ciblées. Autrement dit, la rationalité des décisions ainsi qu’une meilleure coordination sont de mise. • Le premier but visé consiste à promouvoir des pôles de développement pour jouer le rôle de locomotive et générer de ce fait des effets d’entrainement rapides et durables au niveau des communes rurales ayant des liens socio-économiques. La promotion renfermera essentiellement la viabilisation de pôles à travers une approche intégrée répondant à la fois aux problèmes sociaux, économiques et institutionnels, en réduisant les pressions démographiques qui limitent les capacités d’expansion de l’économie locale – en rendant accessibles toute l’année tous les pôles secondaires – en promouvant un capital humain capable de répondre aux besoins économiques par la mise en adéquation des formatons

50 Fait référence à l’ensemble de la région Boeny 90

offertes avec les secteurs porteurs ciblés par zone et ce à travers des formations techniques et scientifiques diversifiées. • Le second fait référence à une augmentation des investissements régionaux dans les secteurs à forte valeur ajoutée par la viabilisation des zones potentielles et par la mise en place d’un cadre institutionnel incitatif. Si nous nous référons au cas de la commune rurale de Katsepy , nous constatons qu’elle est sujette à des projets de pêche de fond et d’aquaculture. • Le troisième remet en question une promotion d’une économie rurale tournée vers le marché à travers l’amélioration des filières agricoles porteuses. Cette approche se concrétisera par la mise en œuvre des études approfondies sur les filières ciblées pour une promotion objective et éclairée ; par les appuis aux producteurs pour la culture des statistiques agricoles ; par les appuis pour l’intensification de la productivité ; par la promotion des structures paysannes ayant des assises organisationnelles de nature à renforcer l’intégration directe des producteurs dans les circuits de marché, par l’installation de micro-finances ; par le renforcement de la capacité des producteurs sur la maitrise de marché à travers le système de stockage… b) Les priorités à considérer selon le Plan Communal de Développement Le Plan Communal de Développement de Katsepy hiérarchise les projets prioritaires selon l’ampleur des problèmes qui se présentent. • Le secteur éducation est donc le premier à être souligné. La démotivation des élèves à partir de la classe de sixième (6e), l’arrêt des cours durant la saison des pluies, le taux élevé de la déscolarisation, la faiblesse du niveau des élèves sont autant de difficultés que présente ce secteur. Il est ainsi jugé important par ce Projet de Développement de remédier à ces problèmes en remontant directement aux sources de ces derniers. Pour se faire, un projet de réhabilitation et de construction des infrastructures scolaires est en vue ; et avec une amélioration des conditions professionnelles du personnel enseignant. • S’ensuit le secteur santé qui présente une inefficacité du système sanitaire et l’inadéquation des soins requis par les mères et nouveaux nés durant les accouchements. Ainsi, il est nécessaire de rénover et d’améliorer le système sanitaire par le recours à l’emploi de matériel médical plus évolué et approprié et par la mise en disposition de médicaments. Par ailleurs, une mise en place d’un centre de conseil et de dépistage – une intensification de la sensibilisation de l’ensemble de la population locale sur la lutte contre les Infections Sexuellement Transmissibles – une sensibilisation des médecins privés à venir 91

s’installer sur les lieux – un développement des partenariats locaux public ou privé pour évacuation sanitaire ainsi qu’un renforcement de la formation des systèmes de défense villageoise sont en phase de planification. • Nous pouvons voir en troisième position la sécurité publique qui fait surtout référence à la recrudescence des vols de bœuf et aux différents pillages. Renforcer la sécurité publique par le biais d’un emplacement d’un poste de la gendarmerie sur les lieux est envisagé. • Le secteur environnemental est aussi très menacé étant donné que des espèces en faune et flore sont actuellement en voie de disparition à cause de la surexploitation accrue des ressources naturelles effectuée par le genre humain, ainsi que l’insuffisance de l’IEC environnementale. Une revue des lois relatives à l’activité de pêche est projetée, avec une vue sur un plan de reboisement saisonnier. Il est également à souligner que projets relatifs aux zonages forestiers et le renforcement des capacités communales en matière de contrôle environnemental sont élaborés. • Par la suite s’affiche le problème des infrastructures de base qui affichent des problèmes de manque de pistes et de mauvais état des pistes existantes qui font que certaines régions soient enclavées, voire inaccessible, tout au long de l’année. Les solutions suggérées relatives à ces problèmes sont la réhabilitation de la route nationale RNT 19 ; une négociation de l’élargissement des zones de couverture et l’intensification de la navigation fluviale ; une mise en place d’un circuit bac reliant Katsepy et les environs ; l’électrification de l’ensemble de la commune. • Des solutions correspondantes au secteur agriculture sont évoquées. Afin que la qualité de la production locale s’améliore, il est nécessaire de mettre en place un site pilote de pépinière et de plantation à Katsepy et d’ensuite vulgariser les plants améliorés ; d’améliorer l’accès des planteurs à des matériels performants et d’inciter la mise en place d’institutions financières favorisant l’épargne locale dans la zone 51 . • En ce qui concerne la pêche qui est une des activités les plus adoptées par les antalaotsy et qui ne présente pas moins de problèmes que les secteurs précédents, un plan de vulgarisation des textes relatifs à la réglementation de la pêche et de développement de la pêche de fond est élaboré. En outre, pour augmenter la productivité de la pêche traditionnelle, la commune projette de faciliter l’accès des pêcheurs traditionnels à des

51 OTIV projette de s’élargir jusqu’à Katsepy cette année 2010. 92

matériels plus performants et à des matériels de sauvetage ; d’améliorer la capacité de stockage et de traitement des captures et d’inciter la mise en place de micro-finance propre aux pêcheurs. • L’élevage est le domaine à considérer suivant celui de la pêche. Les solutions apportées par le projet de développement communal par rapport à ce cadre reviennent à réduire le taux de mortalité des animaux domestiques, à augmenter le nombre d’éleveurs et à accroitre les rendements relatifs à l’élevage par le biais de l’amélioration des soins et des vaccinations de ces animaux domestiques et d’une formation spéciale pour éleveurs afin de renforcer les techniques d’élevage. • En vue de réduire la délinquance juvénile et de renforcer la solidarité entre les jeunes et de développer la culture locale, le projet communal de développement prévoit d’instaurer un centre culturel, des terrains pour sport et loisir et construire une salle de spectacle. Ce qui aura pour effet de remédier au manque de culture et de loisir des jeunes antalaotsy . • La question relative aux problèmes concernant la mine est la suivante, seulement le Fokontany de Katsepy n’en est pas concerné. • Et enfin, nous retrouvons les questions reliées à l’institution. Dans le but d’améliorer les conditions de travail du personnel institutionnel et surtout de pouvoir archiver et classer tous les dossiers de travail, construire des bureaux et salarier l’ensemble du personnel est très capital pour le projet communal de développement. Les priorités de la politique gouvernementale de développement étant exposées ci- dessus, voyons si les solutions s’y rapportant sont adéquates à la réalité locale.

2) Priorisations des problèmes face aux réalités locales Si nous considérons l’état des faits dans le cadre du genre chez les antalaotsy , nous constatons qu’à première vue, les femmes sont sous de bonnes conditions au sein de la société. Mais si nous étudions de plus près la situation de ces femmes, nous nous rendons compte que ces dernières ne sont pas aussi bien positionnées que la réalité laisse paraître. En effet, bien que les femmes antalaotsy ne subissent pas les formes de discriminations habituelles que les recherches sur l’approche genre ont l’habitude de traiter, nous ne pouvons pas moins prétendre que ces femmes n’ont pas de problème du tout. En premier lieu, nous pouvons déjà constater que les filles sont les plus touchées par l’abandon scolaire dans le secteur de l’éducation à cause de la pauvreté les incitant à 93

s’introduire dans le domaine de l’économie, leur sexualité précoce engendrant la grossesse précoce… Les données des chapitres précédents rendent compte d’une situation sanitaire peu satisfaisante et surtout avec une plus grande vulnérabilité des femmes du fait que les problèmes de la santé soient étroitement imbriqués avec la santé de reproduction. Nous avons vu que si les infrastructures sanitaires sont détériorées et que les femmes antalaotsy sont très enclines à recourir aux soins traditionnels, ce qui a pour effet de mettre en péril non seulement la santé maternelle, mais aussi la santé infantile. Par ailleurs, le problème lié à la législation est négligé non seulement par l’ensemble de la population, mais surtout par le gouvernement lui-même. Or, ce dernier concerne en général la sécurité des femmes et des enfants. En effet, le mariage légal étant encore très négligé non seulement chez les antalaotsy, mais aussi dans bon nombre de régions malgaches, le mariage traditionnel ne couvre pas la sécurité judiciaire des sujets vulnérables tels que la femme et les enfants. De ce fait, en cas de séparation des deux (2) conjoints, le mari et père peut délaisser ses enfants et ne plus subvenir ou même participer au financement des besoins de ces derniers. Ce qui a pour effet d’obliger la femme qui sera mère célibataire à subvenir en entier les besoins de ses enfants. Les chapitres précédents ayant soutenu que les femmes antalaotsy célibataires sont généralement séparées, soit veuves et rarement divorcées, et que ces dernières présentent un taux de fécondité très élevé, et ce, avec différents partenaires ; celles-ci sont pour la plupart dans des circonstances peu favorables. Ainsi, la femme non mariée et donc non divorcée, mais pourtant mère se doit de travailler pour assumer les besoins de ses enfants. La plupart des cas, seuls les besoins essentiels de ses enfants peuvent être couverts par la mère à cause du nombre d’enfants à nourrir et du manque de ressource financière de la mère. Les enfants en question ne peuvent ainsi avoir accès à la scolarisation, car dès que ces derniers sont en mesure de participer dans les activités de production, ils délaissent peu à peu sinon directement leurs études. Et cette situation se caractérise sous forme de cercle vicieux :

94

• Cercle vicieux de la situation de la femme antalaotsy

- Influence de l’argent sur les enfants

- Abandon scolaire, faible niveau d’instruction - Condamnation de l’avenir des enfants

Mère célibataire avec plusieurs enfants -unions libres des - obligée de travailler dur

couples, - ne peut subvenir -fécondité accrue qu’aux besoins essentiels -séparations de sa famille

fréquentes - ne peut assumer la -situation scolarisation de tous ses financière enfants instable

Maturité précoce des Besoins infantiles non enfants : sexualité satisfaits précoce, grossesse précoce

Or, les projets gouvernementaux de développement ne font aucunement référence à ces cas de problèmes qui pourtant, au fond constituent une véritable insécurité pour les femmes dans un premier temps, mais surtout pour les enfants, car ce phénomène dénigre les chances d’un avenir meilleur pour ces derniers.

3) Quelques suggestions potentielles

Ceci nous amène donc à évoquer les suggestions suivantes : 95

• L’éducation étant le moyen de développement le plus important, il semble essentiel d’améliorer l’accès de tous à l’éducation. L’accès de l’éducation aux femmes sur la fécondité et la santé maternelle est primordial puisque c’est le manque de savoir dans ce domaine qui fait que la femme ait du mal à maitriser sa fécondité, ce qui a un impact très négatif au développement.

En outre, mettre en vigueur la loi relative à l’obligation des parents à scolariser leurs enfants jusqu’à l’âge de quatorze (14) ans 52 permettrait d’éviter la déperdition scolaire des enfants et surtout l’introduction précoce et hasardeuse de ces derniers particulièrement des filles dans une vie sexuelle qui entrainerait plus tard une grossesse précoce ou non désirée.

Il faudrait également assurer la scolarisation primaire et secondaire des jeunes filles. Étant donné que la non-scolarisation des femmes favorise la transmission intergénérationnelle de la pauvreté, il parait important de mettre en œuvre des programmes d’actions en vue de faire suivre aux jeunes filles un cursus d’enseignement adapté aux réalités de la zone, leur permettant de faire évoluer des domaines de travail déjà existant et aussi en projeter de nouveau. Ceci implique donc le renforcement de l’éducation non formelle par le biais de différents programmes d’alphabétisation et de formations professionnelles pour jeunes déscolarisés et pour les femmes.

• Par ailleurs, les individus en bonne santé sont économiquement plus performants. Le fait que la femme antalaotsy soit confrontée à de problèmes de santé liés à la santé de reproduction et à la sexualité la met donc en mauvaise posture par rapport à ses activités de production. De ce fait, il faudrait améliorer l’accès aux services de santé, soutenir l’accès des défavorisés aux services de santé de base et surtout améliorer l’accès aux services de santé maternelle en diminuant la proportion des accouchements hors des structures sanitaires, ce qui aura pour effet de diminuer le taux de risque de mortalité maternelle et surtout de limiter le taux de fécondation de la femme.

Parmi l’éducation non formelle citée précédemment figure l’éducation sanitaire des femmes. Ceci jouera en faveur de la santé des membres des familles de ces dernières et donc, en faveur du développement du village de Katsepy .

52 PNUD, Madagascar Rapport national sur le Développement Humain 2003, p.146 96

• En raison des multiples tâches ménagères et des soins apportés aux enfants, un obstacle pour leur insertion dans le marché du travail s’établit pour les femmes. Des actions devraient donc être menées afin d’alléger ces charges domestiques des femmes et ainsi, leur permettraient de plus s’investir dans les activités économiques.

• L’analyse du droit positif malgache montre que le renforcement des droits des femmes ne constitue pas un but en soi. S’il est admis que le Droit n’est qu’une forme d’expression relative à la civilisation, il semble évident que les actions juridiques ne seront jamais suffisantes en elles-mêmes. Les lois ne suffisent donc pas à changer les valeurs perçues par tout individu, surtout quand il s’agit d’inciter une population traditionaliste à réformer son mode de vie. À cet effet, il parait nécessaire d’adjoindre aux réformes législatives des mesures d’accompagnement à l’exemple du développement de systèmes d’éducation, d’information et de communication en référence à la gravité des problèmes locaux ; ceci, de manière à pouvoir sensibiliser l’ensemble même de la population sur le problème d’insécurité des femmes et des enfants sur le plan juridique. 97

CONCLUSION

La culture traditionnelle à laquelle les antalaotsy sont très rattachés exclut entièrement la non-considération des femmes, au contraire, elle tend même à rehausser le statut de la femme. Les analyses selon le genre chez les antalaotsy permettent donc de déduire que la femme n’est confrontée à aucune forme de discrimination sociale, à la surface. Seulement, celle-ci est victime de bien d’autres problèmes sociaux. Ces derniers sont liés au domaine de l’éthique sociale, de l’éducation, de la santé et de la sécurité.

La situation de la femme antalaotsy peut paraître satisfaisante à première vue, mais au fond, les quelques problèmes mentionnés précédemment à savoir le manque d’instruction et le non-accès aux informations de la population, en particulier des femmes – le non-accès de ces dernières aux services sanitaires – la lourdeur des tâches des femmes (de reproduction et de production)… ont pour effet de freiner l’établissement d’un développement humain et durable dans le village de Katsepy . Les femmes antalaotsy sont en majorité célibataires et présentent une lourde fécondité. Elles ont également rarement accès à des soins sanitaires adéquats. De plus, tout autant que les hommes, les femmes ont un niveau instructif très bas. Et la situation économique de la femme suit un cercle vicieux, de mère en fille : la mère est aidée dans son activité économique par ses filles qui n’ont pas pu finir leurs études, ces dernières la succéderont et seront aidées par leurs enfants à leur tour… Or, les activités économiques en question ne couvrent que les besoins essentiels de la famille. Le principal souci de la population est donc de pouvoir survivre. Tout ceci sous-entend la difficulté voire l’impossibilité de l’instauration d’un développement vu que ces femmes et l’ensemble de la population ne disposent d'aucuns des moyens nécessaires à son établissement.

Pour pouvoir remédier à cette situation, il faudrait remonter aux sources même des problèmes. Or, ceci ne peut se faire qu’avec l’intervention de l’autorité gouvernementale. Pourtant, les objectifs enregistrés dans le Plan Communal de développement ne font aucunement référence aux problèmes de genre. Il est toutefois essentiel de souligner que la femme en tant que principale responsable de sa famille, notamment de ses enfants, est celle qui détient la clé du développement. Aider, éduquer, sensibiliser, sécuriser les femmes revient à aider, éduquer, sensibiliser et sécuriser toutes les familles donc toute la population. 98

En un mot, la réponse à la question remettant en cause la nature de la place des femmes sakalava antalaotsy par rapport au développement social – économique – politique et culturel de leur village porte sur leurs participations effectives dans tous les domaines excepté celui de la politique. Ces femmes sont donc sujettes à une certaine considération surtout sur le plan social.

Nous confirmons donc ici la théorie de Bronislaw Malinovski selon laquelle la culture est un des principaux facteurs d’organisation de la société, étant donné que la nature du rôle social de la femme chez les antalaotsy émane en grande partie du mode de pensée culturel traditionnel. « …io tsy vady fa Ray aman-dReny … » littéralement « … elle n’est pas une épouse, elle est le substitut des parents… » ; telle est la mentalité sakalava en général, ce qui inclut aussi les antalaotsy. La femme est considérée comme l’incarnation même de la vertu, elle représente tout ce qui a de meilleurs dans la société, tant pour les hommes que pour les enfants et donc, pour toute la société.

Ainsi, le problème ne se situe pas dans le cadre discriminatif du genre, contrairement à ce qui se passe souvent dans d’autres sociétés, telle la société Sud, en particulier la société Sud-Est malgache où le mode de pensée résulte aussi de la culture traditionnelle, mais dans le sens opposé de celui des antalaotsy c'est-à-dire que la femme y est considérée comme une subordonnée de l’homme. La question serait plutôt de considérer les avantages que l’introduction effective du genre dans les approches politiques de développement pourrait apporter dans la contribution au développement du village de Katsepy et même dans d’autres milieux. Serait-il possible de moins se concentrer, de ne point se limiter à des sensibilisations ou encore des expositions sur la discrimination sexuelle ? Mais aussi faire en sorte que l’approche genre soit de plus en plus introduite dans les politiques de développement, et ce, dans un souci d’équilibre et de complémentarité entre les sexes et non d’égalité ?

99

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages généraux 1) CARATINI Roger (1976), Sciences Sociales I, Bordas Encyclopédie, Nouvelle édition revue et corrigée, pp 191-241. 2) Gilles FERREOL,, Philippe CAUCHE, Jean-Marie DUPREZ, Nicole GADREY, Michel SIMON ; « Dictionnaire de Sociologie », édition Armand Colin, p.242 3) « Plan Régional de Développement, Région Boeny » 4) « PSDR, Plan communal de développement, commune rurale de Katsepy » 5) Revue internationale des sciences sociales (Février 1994) 139, « Sociologie : état des lieux I – Fondements, processus institutionnels et culturels », UNESCO/érès, p 175. 6) Revue international des sciences sociales (Juin 1994) 140, « Sociologie : état des lieux II-Dimensions politiques, économiques et socio-démographiques, UNESCO/érès, pp 183-329. 7) Revue Internationale des sciences sociales (Décembre 1998)158, « Les droits de l’homme : cinquante ans après la Déclaration universelle », UNESCO/érès, pp525- 653. 8) Revue Internationale des sciences sociales (Juin 2004) 180, « L’excellence dans les sciences sociales », UNESCO/érès, pp211-372. 9) « Synthèse des analyses sectorielles étudiant les interactions entre la population et le développement », document de base pour l’élaboration de la politique nationale de population, Comité Technique Interministériel AD-HOC sur la population et développement, Antananarivo .

Ouvrages spécifiques 9) Alice Tiendrébéogo/ Kaboret, CIEFFA (Centre International pour l’éducation des Filles et des Femmes en Afrique), « Inventaire des expériences novatrices en matière d’éducation des filles et des femmes en Afrique de l’Ouest et au Centre. » 1994. 10) Diop – Diagne A (2002), « Rapport sur le Genre à Madagascar », Banque Mondiale, Antananarivo – Madagascar. 11) Dorosh, P. Haggblade, S. Rajemison, H. Ralantoarilolona, P. Simler (1998), « Structure et Facteurs déterminants de la pauvreté à Madagascar. », USAID – INSTAT, Antananarivo – Madagascar. 100

12) Dubois J.L, « Comment la politique de lutte contre la pauvreté peut-elle prendre en compte les inégalités sexuées ? », Institut de recherche pour le Développement, Université de Versailles, Saint Quentin en Yvelines, France. 13) «Enquête sur la condition de la femme malgache en milieu urbain », transcription des entretiens du Focus Group, Juin 1989, Série Documents et Etudes, 1996. 14) Friedrich Ebert Stifung, « Intégration du genre dans les Organisations, document de référence, 1996. 15) Ministère de l’éducation Nationale, « Plan d’action nationale pour l’éducation des filles », 1995-2000, Antananarivo , Août 1995. 16) Ministère de la Population (2000), « Politique Nationale de la Promotion de la Femme : pour un développement équilibré homme-femme », Antananarivo . 17)Mohamed Monkachi, « Histoire des femmes au Maghreb, réponses à l’exclusion », Université IBN TOFAIL, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Kenitra. 18) « Guide DIMITRA, Femmes rurales et développement », FAO 2001, un répertoire d’ONG, Instituts de recherches et Centre d’information en Afrique et au Proche-Orient. 19)« Plan d’action pour l’intégration des femmes dans le développement », 1995-2001, UNIFEM-FAO. 20) PNUD 2002, « Rapport sur le genre et développement », Madagascar Mai 2002, pp35. 21) PNUD 2003, « Genre, Développement Humain et Pauvreté », Rapport National sur le Développement Humain, Madagascar, pp 167 22) PNUD 2006, « les technologies de l’information et de la communication et Développement humain », Rapport National sur le Développement Humain, Madagascar 23) Rapport de la Banque Mondiale sur les politiques de développement, « genre et Développement économique, vers l’égalité des sexes, dans les droits, les ressources et la participation », édition Saint Martin-2003.

Webiographie 24) Amartya Sen, « Women’s Survival as Development Problem », in Bulletin of the American Academy of Arts and Sciences, Vol. 43, No.2 ( Nov,1989), pp 14-29. http://www.jstor.org/stable/3824748 25) Bronislaw Malinovski (1944), « Une théorie scientifique de la culture et autres essais ». 101

http: //pages.infinit.net/socio mt. 26) Mayra Buvinic, «Women in Poverty : Anew global underclass », Foreign Policy, No.108 (Autumn, 1997) , pp.38-53. http://www.jstor.org/stable/1149088 27) « Qu’est ce que le développement durable », Bibliothèque pédagogique Agir pour la planète, Expédition 48° Nord - Premier tour du monde à la force humaine, www.jeangabrielala.com 28) « Le Progrès des femmes à travers le monde », Rapport biennal 2000, UNIFEM, pp160 29) « Rapport Annuel 2008-2009», UNIFEM www.unifem.org/about/?lang=fre 30) Rekha Mehra, “Empowerment, and economic development”, in Association with the American Academy of Political and Social Science http://www.jstor.org/stable/1049571

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ...... …………………………………………………… 1

Première partie : Le village de Katsepy et l’Approche Genre …………………..… 10

I/ Monographie du village de Katsepy…………………………………………………. 12

1.Situation géographique de la commune……………………………………………… 12

2.Aperçu historique………………………………………………………………..…… 13

3.Histoire de la migration et origine du peuplement de Katsepy…………………….... 14

4. Analyses culturelles………………………………………………………………….. 15

- la religion chez les Antalaotsy………………………………………………………… 15

- place de la femme par rapport à la culture ………………………………………….. 16

II/Évolution conceptuelle de l’Approche Genre……………………………………….. 16

1.Historique de l’Approche Genre……………………………………………………… 16

2.Approche analytique « Genre et Développement Humain (G.D.H)…………………. 32

2.1) Intégration des Femmes au Développement (I.F.D)……………………………… 33

2.2) Approche Genre et Développement (G.E.D)…………………………………….. 33

2.3) Approche Genre et Développement Humain (G.D.H)…………………………… 34

3.Cadre de référence et d’analyse sur les questions de pauvreté et les formes d’inégalité des genres…………………………………………………………………………………… 35

3.1) Les concepts de « pauvreté d’accessibilité» et de « pauvreté de potentialités »….. 35

3.2) L’approche Genre et Développement Humain face aux intérêts portés aux femmes

…………………………………………………………………………………………. 36

3.3) Les dimensions du développement humain sous l’angle du genre………………. 38

Deuxième partie : Organisation sociale et femmes Sakalava Antalaotsy ………… 41

Structure d’âge de la population et rapport de féminité………………………………. 43 I/Dans le cadre familial ……………………………………………………………… 43

1)Taille des ménages…………………………………………………………………… 43 2)Les femmes-chefs de ménage………………………………………………………… 44 3) La famille : fondation, durée et dimensions………..………………………………. 46 4) Prévalence de la violence à l’encontre de la femme……………………………….. 48 5) Les mères face à l’éducation de leurs enfants………………………………………. 49

II/ Dans le cadre de la santé ………………………………………………………… 50

1)Grossesse chez les femmes Antalaotsy……………………………………………….. 51

2)Contraception chez les femmes Antalaotsy………………………………………… 52

3) les maladies sexuellement transmissibles et épidémiques………………………….... 52

III/ Dans le cadre de l’éducation et de l’instruction ……………………………….. 53

1)Niveau d’instruction des hommes et des femmes ……………………………………. 54

2)Rapport entre la scolarisation des filles et des garçons……………………………. 55 a)au niveau primaire………………………………………………………………….. 55 b)au niveau secondaire………………………………………………………………… 56

3) les problèmes liés à l’instruction…………………………………………………… 57

IV/ Dans le cadre économique ……………………………………………………… 58

1)La femme Sakalava Antalaotsy et la gérance économique au quotidien…………… 58

2)La femme Sakalava Antalaotsy dans le cadre de l’Agriculture et de l’Élevage…… 59

3)La femme Sakalava Antalaotsy dans le domaine de la Pêche……………………… 61

4)La femme Sakalava Antalaotsy et l’Artisanat……………………………………… 62

5)La femme Sakalava Antalaotsy et la micro-entreprise commerciale……………… 63

V/ Dans le cadre politique …………………………………………………………… 65

1)La participation des femmes dans les fonctions politico-administratives…………… 65 2)Les perceptions de la participation des femmes à la vie politique et obstacles liées aux rôle des genres…………………………………………………………………………….. 67

VI/ Études de cas : les femmes dans les actions associatives ……………………… 68 1) Au niveau national : cas de la Confédération des Associations Femme Et Développement (CAFED)……………………………………………………………………………… 68 2) Au niveau régional :cas de VMLF….……………………………………………… 69 3) Au niveau local : Les associations féminines Sakalava Antalaotsy : cas de ANGAY ASMINA, KATSEPY ARANTA, ….) ……………………………………………… 70

Troisième partie : Étude comparative et bilan …………………………………… 74 I/ Étude comparative ………………………………………………………………… 76 II/La politique locale et les problèmes sur les lieux ……………………………… 85 1)Les priorités de la politique gouvernementale de développement………………… 85 a) les axes prioritaires selon le PRD.………………………………………………… 85 b) les priorités à considérer selon le PCD…………………………………………… 88 2)Priorisation des problèmes face aux réalités sociales……………………………… 90 3)Quelques suggestions potentielles…………………………………………………… 92

CONCLUSION …………….…………………………………………………………. 95 BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………… 97

LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU 1 : Répartition de l’échantillon selon le sexe

TABLEAU 2 : Répartition de l’échantillon selon le sexe

TABLEAU 3 : Les dimensions du développement humain sous l’angle du genre

TABLEAU 4 : Proposition des hommes – femmes savant lire et écrire

TABLEAU 5 : Proposition du niveau instructif des hommes et des femmes

TABLEAU 6 : Proposition de la scolarisation des filles et des garçons au niveau

primaire

TABLEAU 7 : Proposition de la scolarisation des filles et des garçons au niveau

secondaire

TABLEAU 8 : répartition des sexes selon les classes

TABLEAU 9 : Comparaison sociale sur la situation sociale, politique et économique

de la femme Antalaotsy, Antaisaka et Bemihisatra

LISTE DES FIGURES

FIGURE 1 : CSB II, commune rurale de Katsepy, fokontany de Katsepy

FIGURE 2 : CEG commune rurale de Katsepy, fokontany de Katsepy

FIGURE 3 : EPP commune rurale de Katsepy, fokontany de Katsepy

FIGURE 4 : Mairie de la commune rurale de Katsepy, fokontany de Katsepy

FIGURE 5 : Cercle vicieux de la situation de la femme Antalaotsy

LISTE DES ABBREVIATIONS

APD : Aide Publique au Développement - BM : Banque Mondiale - CAFED : Confédération des Associations Femmes et Développement - CEG : Collège d’Enseignement Général - CIPD : Conférence internationale sur la Population et le Développement - CSB : Centre de Santé de Base - EPP : École Primaire Publique - FED : Femme et Développement - FID : Fonds d’Intervention pour le Développement - FMI : Fonds Monétaire International - GAD : Gender and Development Approch - GDH : Genre et Développement Humain - GED : Genre Et Développement - IFD : Intégration des Femmes au Développement - IDH : Indicateurs de Développement Humain - IPF : Indicateurs de la Participation des Femmes - INSTRAW: Centre International pour la Recherche et la Formation des Femmes - ISDH : Indicateurs Sexospécifiques de Développement Humain - IST : Infections Sexuellement Transmissibles - MST : Maladies Sexuellement Transmissibles - NTIC : Nouvelles Technologies d’Information et de Communication - OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique - OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement - OMS : Organisation Mondiale de la Santé - ONG : Organismes Non-Gouvernementales - ONU : Organisation des Nations Unies - OTIV : Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola - PCD : Plan Communal de Développement - PNB : Produits national Brut - PNLS : Programme National de Lutte contre le Sida

- PNPF : Politique Nationale pour la Promotion de la Femme - PRD : Plan Regional de Développement - PSDR : Plan Stratégique de Développement Rural - UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture - UNIFEM : Fonds de Développement des Nations Unies pour les Femmes - VIH/SIDA : Virus de l’Immunodéficience Humaine – Syndrome d’Immunodéficience Acquise

- LEXIQUE • Développement durable : c’est s’efforcer de répondre aux besoins présents sans pour autant compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs.

• Développement humain : c’est le développement des aptitudes humaines et des conditions de vie telles que l’amélioration de la santé, du logement, du savoir en l’occurrence de l’éducation ; et l’utilisation des personnes de toutes les capacités qu’elles ont pu acquérir pour le travail et les loisirs.

• Femme : individu de sexe féminin, âgé de dix-huit (18) ans et plus, originaire et vivant dans la commune rurale de Katsepy , Fokontany Katsepy.

• Genre : c’est un instrument statutaire relatif à la protection des droits humains et promouvant spécifiquement l’équilibre entre hommes et femmes

• Pauvreté : c’est un phénomène de société, dont l’origine se trouve dans les mécanismes d’accès aux moyens d’existence. Les personnes qui subissent la pauvreté sont exclues des processus d’allocution des ressources, soit à cause des facteurs socio- économiques (classe, âge, religion, origine ethnique…), soit à cause des modes d’organisation de la société ( lois, règlements, valeurs, coutumes…). La pauvreté est ainsi l’état de ceux qui sont les plus dépourvus de recours contre le risque et l’incertitude. Elle n’est pas un état statique, mais plutôt dynamique.

ANNEXES

ANNEXE 1 : LA GRILLE D’ENTRETIEN ET LE QUESTIONNAIRE

I. LA GRILLE D’ENTRETIEN

- Sujet de recherche :

« Approche genre et développement : cas de Katsepy. »

- Les points à aborder :

1) Quelle différence observez-vous entre la considération de la femme antalaotsy et la femme malgache en général ?

2) En général, quelle est la nature de la place de la femme antalaotsy ?

3) Quels sont les impacts que la culture antalaotsy exerce sur la considération de la femme ?

- Positifs

- Négatifs

4) Quel rôle joue la reine par rapport à la vie politique de la commune ?

5) Qu’en est-il de la vie socio-culturelle ?

6) Y aurait-il quelconque forme de pratique traditionnelle portant atteinte aux droits humains, notamment ceux des filles et de la femme, pratiquée chez les antalaotsy ?

II. LE QUESTIONNAIRE

1) Depuis quand habitez-vous cette commune ?

-

2) Etes- vous mariée ?

- OUI

- NON

3) Votre âge ?

-

4) Combien d’enfants avez-vous ?

5) À quel âge aviez-vous eu votre premier enfant ?

6) Aviez-vous eu des difficultés en accouchant ?

- OUI

- NON

7) Employez-vous des moyens de contraception ?

- OUI (7.a Lequel ?)

- NON

8) Quels genres de soins suivez-vous au cours de votre grossesse ?

9) Êtes-vous souffrante d’IST ou MST ?

10) Vous rendez-vous souvent au CSB ?

- OUI

- NON

11) Au sein de votre ménage, êtes-vous victime de violences conjugales ?

- OUI

- NON

- Parfois

12) Comment vous organisez-vous au sein de votre ménage ?

13) Avez-vous d’autres activités (de production) ?

- OUI (13.a Lesquelles ?)

- NON

14) Aidez-vous votre mari pour les besoins essentiels du ménage ?

- OUI

- NON

15) Entretenez-vous une éducation sexuelle avec vos enfants ?

- OUI

- NON

16) Vos enfants accèdent-ils tous à la scolarisation ?

- OUI

- NON (16.a Pourquoi ?)

17) Qui est décisionnaire au sein de votre ménage ?

- Mari

- Moi

- Nous deux

EDUCATION et INSTRUCTION :

18) Aviez-vous accès à l’instruction ?

- OUI

- NON

19) À quel niveau vous êtes-vous arrêté ?

- Primaire

- Secondaire

- Universitaire

20) Pour quelles raisons aviez-vous quitté l’école ?

21) Savez-vous lire ?

- OUI

- NON

22) Savez-vous écrire ?

- OUI

- NON

23) Intégrez-vous vos enfants à la scolarisation ?

- OUI

- NON

24) Autant les filles que les garçons ?

- OUI

- NON

SITUATION ECONOMIQUE

25) En moyenne, combien d’heures par jour consacrez-vous à l’ensemble de vos activités ?

26) Avez-vous d’autres activités de production supplémentaires ?

- OUI (26.a Lesquelles ?)

- NON

27) Qui d’entre vous rapporte les revenus du ménage ?

28) Comment vous organisez-vous pour jongler vos activités ?

• Agriculture :

29) Êtes-vous chef d’exploitation ?

- OUI

- NON

30) Détenez-vous cette propriété exclusivement ?

- OUI

- NON

31) S’agit-il d’un héritage ?

- OUI

- NON

32) S’agit-il d’un acquis ?

- OUI

- NON

33) Quel genre d’outils employez-vous ?

- Traditionnels

- Modernes

34) Qu’en est-il des rendements ?

- Satisfaisants

- Moyens

- Médiocres

35) Vos récoltes sont-elles destinées à la vente ?

- OUI

- NON

- Une partie

36) Où sont-elles destinées à l’autoconsommation ?

- OUI

- NON

- Une partie

37) Avez –vous accès aux crédits ?

- OUI

- NON (37.a Pourquoi ?)

38) Votre emploi est-il stable ?

- OUI

- NON (saisonnier)

39) Et vos rendements ?

- OUI

- NON (saisonnier)

• Pêche

40) Travaillez - vous pour votre propre compte ?

- OUI

- NON

41) Détenez-vous un boutre ?

- OUI

- NON

42) Quel genre d’outils employez-vous ?

- Traditionnels

- Modernes

43) Qu’en est-il des rendements ?

- Satisfaisants

- Moyens

- Médiocres

44) Vos récoltes sont-elles destinées à la vente ?

- OUI

- NON

- Une partie

45) Où sont-elles destinées à l’autoconsommation ?

- OUI

- NON

- Une partie

46) Avez-vous accès aux crédits ?

- OUI

- NON (37.a Pourquoi ?)

47) Votre emploi est-il stable ?

- OUI

- NON (saisonnier)

48) Et vos rendements ?

- Stable

- Saisonnier

• Commerce

49) Travaillez - vous pour votre propre compte ?

- OUI

- NON

50) Détenez - vous ce commerce exclusivement ?

- OUI

- NON

51) D’où viennent vos produits ?

52) Avez-vous accès aux crédits ?

- OUI

- NON (37.a Pourquoi ?)

53) Votre emploi est-il stable ?

- OUI

- NON (saisonnier)

54) Et vos rendements ?

- Stable

- Saisonnier

55) Qu’en est - il de la nature de vos rendements ?

- Satisfaisante

- Moyenne

- Médiocre

• Élevage :

56) Travaillez- vous pour votre propre compte ?

- OUI

- NON

57) Est-ce à titre familial ?

- OUI

- NON

58) Quel genre d’outils employez-vous ?

- Traditionnels

- Modernes

59) Qu’en est-il des rendements ?

- Satisfaisants

- Moyens

- Médiocres

60) Vos animaux sont-ils destinés à la vente ?

- OUI

- NON

- Une partie

61) Où sont-ils destinés à l’autoconsommation ?

- OUI

- NON

- Une partie

62) Avez-vous accès aux crédits ?

- OUI

- NON (37.a Pourquoi ?)

63) Votre emploi est-il stable ?

- OUI

- NON (saisonnier)

64) Et vos rendements ?

- Stable

- Saisonnier

65) Qu’en est - il de la nature de vos rendements ?

- Satisfaisante

- Moyenne

- Médiocre

• Artisanat :

66) Travaillez - vous pour votre propre compte ?

- OUI

- NON

67) D’où viennent vos matières premières ?

68) Avez-vous accès aux crédits ?

- OUI

- NON (37.a Pourquoi ?)

69) Votre emploi est-il stable ?

- OUI

- NON (saisonnier)

70) Et vos rendements ?

- Stable

- Saisonnier

71) Qu’en est - il de la nature de vos rendements ?

- Satisfaisante

- Moyenne

- Médiocre

• Transport :

72) Travaillez-vous à titre personnel ?

- OUI

- NON

73) Cette activité vous est-elle attitrée exclusivement ?

- OUI

- NON

74) Quelle est la nature de vos rendements ?

- Satisfaisante

- Moyenne

- Médiocre

75) Avez-vous accès aux crédits ?

- OUI

- NON (37.a Pourquoi ?)

76) Votre emploi est-il stable ?

- OUI

- NON (saisonnier)

77) Et vos rendements ?

- Stable

- Saisonnier

SITUATION POLITIQUE

78) Qui s’occupe de la gérance de cette commune ?

79) Qui est décisionnaire ?

80) Qui s’occupe de la gérance de ce Fokontany ?

81) Qui est décisionnaire ?

82) Combien compte-t-il de personnes travaillant à la mairie ?

83) Combien compte-t-il de personnes travaillant au fokontany?

84) Combien compte-t-il d’hommes parmi le personnel ?

85) Et de femme ?

86) La Reine a-t-elle son mot à dire par rapport aux prises de décisions politiques ?

ASSOCIATIONS FEMININES

87) Le nom de votre association ?

88) Depuis quand a-t-elle été créée ?

89) Combien de membres comptez-vous actuellement ?

90) Quels sont vos objectifs ?

91) Quel genre d’activité/moyen/projet entreprenez-vous pour les atteindre ?

92) Êtes-vous affiliée à d’autres organisations ?

93) Qu’en est-il du financement de vos projets ?

94) Quel rôle jouez-vous en tant qu’ONG dans le cadre social ?

95) Où en êtes-vous actuellement par rapport à vos objectifs ?

ANNEXE 2

RESUME:

Cette recherche axée sur le genre et développement dans la commune rurale de Katsepy, Fokontany Katsepy montre que la femme, chez les Antalaotsy, détient une place importante par rapport au développement de son village. Elle est en activité permanente entre les travaux liés à la reproduction et ceux liés à la production. La culture est en grande partie le facteur du rehaussement du statut de la femme, vu que dans la société antalaotsy, nous constatons un régime social matriarcal.

Aucune forme de discrimination sexiste ne s’observe donc chez les antalaotsy . Toutefois, en matière de développement humain et durable, l’ensemble de la population est renfermé dans une société traditionaliste et le souci général se limite à la satisfaction des besoins essentiels. De ce fait, la population n’a pas accès à une évolution du mode de vie. Et si la clé du développement se trouve entre les mains de la femme, qui à la fois est épouse et mère de famille, les politiques de développement locales ont tendance à dériver de la promotion du cadre du genre pour atteindre leurs objectifs de développement.

Ainsi, le rôle – le statut et la place de la femme antalaotsy sont basés sur la culture. Son rôle par rapport au développement trouve des limites faute de potentialités intellectuelles, culturelles et économiques.

CURRICULUM VITAE

IDENTITE Nom et prénoms : ZARAZAFY Vitarisoa Kristéva Date et lieu de naissance : 16 Octobre 1988 à Soavinandriana Antananarivo 101 Adresse Lot VS 10 AAB Antsahamamy Ambolokandrina, Antananarivo 101 Contact : 032 44 459 92 E-mail : [email protected] Situation familiale : Célibataire Nationalité : Malgache

ETUDES ET FORMATIONS 2010 : - Maitrise en sociologie à l’Université d’Antananarivo 2009 : - 4ème année en salle en Sociologie à l’Université d’Antananarivo 2008 : - Licence en Sociologie à l’Université d’Antananarivo - Niveau IV en Anglais au Centre National de l’Enseignement de la Langue Anglaise (CNELA) Antananarivo - CNELA First Certificate 2007 : - Diplôme d’Etude Universitaire Générale (DEUG) en Sociologie 2005 : - Baccalauréat série A1

CONNAISSANCES EN INFORMATIQUES - Parfaite maîtrise du traitement de texte Microsoft Word - Parfaite maîtrise du tableur Excel - Parfaite maîtrise du Power Point - Parfaite maîtrise de l’Internet - Parfaite maîtrise du logiciel d’enquête SPHINX

LANGUES ETRANGERES

- Maîtrise totale de l’expression française (orale et écrite) - Maîtrise de l’expression anglaise (orale et écrite) - Initiation à l’expression allemande (orale et écrite)

EXPERIENCES PROFESSIONNELLES

2011 : Télépro spectrice au sein de CENTRAL TEST 2010 (Octobre-Décembre) : Stage auprès de la Commission Nationale Malgache pour l’UNESCO, secteur Sciences Sociales et Humaines. 2009 : - Téléconseillère au sein d’ARIANE CRM expert.

Je soussignée, certifie que les informations présentées ci-dessus reflètent avec exactitude ma personne et mes qualifications.