Politique Et Sociétés À Chypre Aujourd'hui
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Cahiers balkaniques 46 | 2020 Politique et sociétés à Chypre aujourd'hui Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/ceb/13573 DOI : 10.4000/ceb.13573 ISSN : 2261-4184 Éditeur INALCO Édition imprimée ISBN : 9782858313341 ISSN : 0290-7402 Référence électronique Cahiers balkaniques, 46 | 2020, « Politique et sociétés à Chypre aujourd'hui » [En ligne], mis en ligne le 08 janvier 2020, consulté le 06 juillet 2021. URL : https://journals.openedition.org/ceb/13573 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ceb.13573 Cahiers balkaniques est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International. Cahiers balkaniques Numéro 46 Centre de Recherche Europes-Eurasie Presses de l’Inalco Directeur de publication Jean-François Huchet Rédacteurs en chef Faruk Bilici, Joëlle Dalègre, Frosa Pejoska-Bouchereau Comité scientifique Faruk Bilici (Professeur Histoire de la Turquie ottomane et moderne, Inalco- Paris), Frosa Pejoska-Bouchereau (Macédonien, Inalco-Paris), Joëlle Dalègre (mcf-hdr, Civilisation de la Grèce moderne, Inalco-Paris), Cécile Folschweiller (MCF Inalco, langue, littérature et civilisation roumaine), Mehmet Hacislihoglu (Professeur d’histoire, Directeur du centre d’études balkaniques et de la mer Noire, Univ. Yildiz, Istanbul), Anna-Marina Katsigianni, (Professeur en littérature comparée, Univ. Patras, Grèce), Christina Koulouri (Professeur d’histoire grecque moderne, Univ. Panteion, Athènes), Blagovest Njagulov (Professor, Historical Studies Institute, Académie Bulgare des Sciences, Sofia), Ivana Pantelic (Professor, Institute of Contemporary History, Belgrade) Comité de lecture Faruk Bilici, Joëlle Dalègre, Frosa Pejoska-Bouchereau Secrétariat de rédaction Christina Alexopoulos, Alexandre Lapierre, Andrew Mc Cormick, Nicolas Pitsos, Gaultier Roux Préparation de copie : Joëlle Dalègre & Cedric Raoul Édition et fabrication de couverture : Cedric Raoul Maquette : Marion Chaudat pour Studio Topica & Cedric Raoul Contacts : Faruk Bilici ([email protected]), Joëlle Dalègre (joelle.dalegre@ wanadoo.fr), Frosa Pejoska-Bouchereau ([email protected]) Illustration de couverture : Mathieu Petithomme Ce numéro a été réalisé avec Métopes, méthodes et outils pour l’édition structurée XML- TEI développés par le pôle Document numérique de la MRSH de Caen. CC-BY-NC-ND 4.0 2020, Presses de l’Inalco 2, rue de Lille – 75343 Paris Cedex 07 – France ISSN : 0290-7402 ISBN : 978-2-85831-334-1 Cahiers balkaniques Politique et sociétés à Chypre aujourd’hui Numéro dirigé par Joëlle Dalègre & Mathieu Petithomme Numéro 46 – Année 2018 Éditorial Joëlle Dalègre Les Cahiers balkaniques, dans ce numéro 46, restent fidèles à leur tradition : s’intéresser à tous les aspects de l’espace balkanique au sens le plus large, et accueillir les travaux réalisés, initiés ou dirigés par des membres de l’Inalco, par nos contributeurs et amis extérieurs habituels et par ceux qui demandent à participer à notre entreprise. Nous présentons dans ce numéro un important dossier dirigé par Mathieu Petithomme et consacré à l’île de Chypre et à ses sociétés aujourd’hui. « Aujourd’hui », pour nous différencier nettement des habituels récits des 45 années d’échecs diplomatiques déjà longuement étudiés, et « sociétés » au pluriel puisque nous avons la chance d’accueillir des études qui concernent également la « République turque de Chypre du Nord », peu connue en France dans ses réalités quotidiennes. En effet, au-delà de l’image d’un « conflit gelé », de nombreuses évolutions éminemment positives ont eu lieu au cours des dernières décennies. Ce dossier vient donc fort à propos compléter la publication en 2018 par les Presses de l’Inalco de l’ouvrage d’Alexandre Lapierre : Chypre, les espoirs du rapprochement communautaire. Par ailleurs, la vie et les sociétés chypriotes ne peuvent se résumer à des réunions de dirigeants politiques sous l’égide de l’ONU, aussi les avons-nous passées sous silence. Ce dossier important laisse peu de place pour nos varia habituels, néanmoins présents, et qui nous offrent trois sujets qui montrent l’ouverture disciplinaire de la revue : « L’européanisation de l’action publique en Grèce (1980-2010) : l’impact des mécanismes de transferts institutionnels sur les politiques culturelles territoriales » par Dionysia Tzemopoulou, « La transition des sociétés de l’Europe du Sud-Est vers la démocratie et l’économie de marché : problèmes et perspectives » par Miltiade Kipas et une contribution de langue, rare ici depuis quelques années, « L’expression de la cause prépositionnelle dans les papyrus grecs non littéraires de la période impériale » par Eleni Tsitsianopoulou. Pour terminer, un ancien de l’Inalco, Hervé Georgelin, nous présente brillamment le récent ouvrage d’Odette Varon-Vassard, Des Sépharades aux juifs grecs. Histoire, mémoire et identité, et Faruk Bilici, professeur de l’Inalco, complète notre information sur Chypre en présentant l’ouvrage dirigé par Anna Pouradier Duteil-Loizidou, Chypre au temps de la Révolution grecque d’après la correspondance consulaire et diplomatique française – année 1821.. Il ne reste plus qu’à vous souhaiter de passer quelques bonnes heures à la lecture de ce tome 46. DOSSIER Politique et sociétés à Chypre aujourd’hui : une introduction Mathieu Petithomme Université de Franche-Comté Plus de 45 ans après la partition de 1974, les enjeux qui taraudent les sociétés chypriotes grecque et turque demeurent nombreux : division et séparation géographique du territoire ; militarisation du Nord avec le maintien de la présence de l’armée turque ; imbrication de Chypre dans le conflit gréco-turc ; maintien de nationalismes exclusifs de part et d’autre ; blocage politique des négociations « au sommet » entre des dirigeants qui refusent le plus souvent les compromis et gouvernent d’abord dans l’objectif de séduire leur propre communauté et d’obtenir des victoires électorales à court terme ; gestion encore douloureuse des mémoires individuelles et collectives ; déséquilibres économiques entre le Nord et le Sud ; faiblesse des échanges au-delà de rapports convenus entre des communautés qui vivent désormais « chacune chez soi » depuis plusieurs décennies ; difficultés à surmonter les idées reçues et les mythes véhiculés par les propagandes nationalistes, les télévisions, les journaux et parfois même l’éducation, etc. Mais Chypre ne se résume pas au « conflit », pas plus que le conflit ne se résume à un affrontement entre deux communautés « prises dans leur ensemble », comme le rappelle bien Gilles Bertrand en critiquant cette vision erronée. Au-delà de l’image d’un « conflit gelé », de nombreuses évolutions éminemment positives ont eu lieu au cours des dernières décennies : ouverture de la Ligne verte en 2003 ; développement sans précédent du dialogue bicommunautaire malgré l’échec du plan Annan en 2004 ; consolidation de liens d’amitié de part et d’autre de la frontière et au sein de la diaspora transnationale ; démocratisation progressive des institutions politiques du Nord de Chypre ; recentrage des mobilisations sociales sur des enjeux socioéconomiques comme en 2001 au Nord et en 2013 au Sud ; renforcement de l’internationalisation de Chypre avec l’essor de nouvelles migrations qui remettent en question les frontières communautaires CAHIERS BALKANIQUES 10 Politique et sociétés à Chypre aujourd’hui et identitaires traditionnelles ; persistance d’un esprit et d’une culture pacifiste partagés. Pourtant, malgré l’ampleur des questionnements qui émergent, à partir du cas chypriote, sur la mémoire, le vivre ensemble, les aspects identitaires ou encore l’État, la politique et les sociétés de Chypre demeurent assez méconnus, notamment dans leurs aspects les plus contemporains. L’ambition de ce numéro spécial n’est pas d’apporter une étude exhaustive de la question, mais de proposer six articles qui posent un regard nouveau sur les enjeux de l’étatisation et de la militarisation du territoire à Chypre du Nord, sur la cause de la disparition, les dynamiques du rapprochement bicommunautaire, le rôle de l’ONU, les mutations de la diaspora ou encore les nouveaux enjeux énergétiques et géopolitiques liés à la découverte de gisements d’hydrocarbures au large de l’île. Étatisation et militarisation de l’espace à Chypre du Nord Dotée d’un gouvernement, d’une administration civile, d’un président et d’un Parlement élus de façon régulière depuis la création de l’« État turc fédéré de Chypre » en 1975, la « République turque de Chypre du Nord » (RTCN, ou Kuzey Kıbrıs Türk Cumhuriyet, KKTC en turc) a longtemps été dominée par Rauf Denktaş (1975-2005) et son parti de l’unité nationale (Ulusal Birlik Partisi, UBP), fidèle au nationalisme turc. De 2005 à 2009 et à la suite des élections législatives du 28 juillet 2013, l’opposition de centre gauche, menée par Özkan Yorgancioğlü du parti républicain turc (Cumhuriyetci Türk Partisi, CTP), gouverna en coalition avec le parti démocrate (Demokrat Parti, DP), nationaliste, mais moins intransigeant que l’UBP, dont le dirigeant, Derviş Eroğlu, a dominé la présidence de 2010 à 2015, avant d’être battu par le candidat de gauche, Mustafa Akıncı, lors de la présidentielle d’avril 2015. Reconnue uniquement par la Turquie, la « RTCN » constitue néanmoins un « État de facto », un territoire dépourvu de reconnaissance internationale, mais qui met en avant une forme de « souveraineté » interne, quoique contestée, en s’appuyant depuis la partition de 1974 sur le soutien indéfectible d’environ 30 000 militaires turcs, accusés par leurs