EMPLOI: LE GRAND MENSONGE MICHEL GODET ' En Collaboration Avec Régine Monti
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EMPLOI: LE GRAND MENSONGE MICHEL GODET ' en collaboration avec Régine Monti EMPLOI : LE GRAND MENSONGE a r.. ..;.1 ,a'.: ,; . Vive l' activité ! - Troisième et nouvelle édition revue et augmentée - - ,; ":" - 7 - MOT La première édition de cet ouvrage a été publiée sous le titre : LE GRAND MENSONGE L'EMPLOI EST MORT. VIVE L'ACTIVITÉ! Il a obtenu le Grand Prix du Livre sur la Mutation du Travail en 1997, initié par Synapsis et parrainé notamment par Liaisons Sociales, l'ANDCP, Manpower, Crédit Mutuel he-de-France Passerelle et NSMvie. Michel Godet est aussi l'auteur du Manuel de Prospective stratégique en deux tomes chez Dunod, 1997. Le Code de la propriété intellectuelle n'autorisant aux termes de l'article L. l22-5, (2" et 3" a), d'une pan, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d'autre part, que les analyses et les counes citations dans un but d'exemple et d'illustration. « toute repré- sentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. 0 Éditions Fixot, Patis, 1994, 1997, Pocket 1999. ISBN 2-266-07913-1 1 . À Isabelle, complice de tous mes rêves À Alice, Florent, Louis et Marie, mes plus beaux faits porteurs d'avenir ....;,>.;. , T,'._\\'" ..... >; , ;-:"1 O¡1"°, i , . ",'0 ". ,,: l _ ..,. ',' . = 'f .j:1.; .; ,>: :....._...i,i ;:,'il' . t,,*<. , . : '-,.- :..1 .,, ; , _... j z Ce livre doit beaucoup à la collaboration de Régine Monti. Elle a su faire preuve d'une infi- nie patience et d'une forte volonté pour m'aider à organiser ma pensée et améliorer mon écri- ture... Je tiens aussi à exprimer ma vive reconnaissance à Françoise Bellanger, Isabelle Menant, Francis Meunier, Fabrice Roubelat, Florence Mouraret, Vincent Pacini et Alexandre Wickham pour leurs critiques, toujours amicales, et enrichissantes. ' ' ' ' . Sommaire . ',_ . ' '= ' ' . Avant-propos Première partie UN CHÔMAGE D'ABONDANCE 1. Çroissance, emploi et salaires : le refus de voir ! t 2. A qui profite le crime ? , Deuxième partie . CINQ ERREURS CONTRE L'EMPLOI 3. Du mirage énergétique au mirage technologique 4. La maladie du diplôme 5. Les illusions sur les emplois de demain 6. L'Europe impuissante 7. La semaine des quatre jeudis -... Troisième partie SEPT TABOUS DE L'EMPLOI 8. Le coût du travail, une barrière à l'emploi 9. L'incitation à ne pas travailler 10. L'exclusion sociale légale . 11. La guerre des âges 12. L'accès inégal à la paresse, au gaspillage et à la fraude 13. Le chômage des immigrés . ; _ , 14. Le travail féminin ' ' ' ' .. Quatrième partie - TROIS CHANTIERS DE RÉFORME 15. Protection sociale, vers l'efficacité et la responsabilité 16. État, les voies de l'excellence 17. Éducation, l'émulation par la concurrence " Cinquième partie ' POUR DES SOLUTIONS LOCALES 18. L'emploi, fruit de la volonté 19. France des villes, France des champs Conclusion ' DEMAIN ATHÈNES SANS LES ESCLAVES , Notes , f . .. _ , ',i!Îf"" = ..: ";,.,, . }\ "'" :' ",' :1.;,,;...., , .. l, j.:: 'l'; ' . .;" . ' . 1; .... ;;. ÷ : : .. i: - :; (1): ..:> ..>. : .. "f,f'{f ";. ,; , ; , , . , : _ _ , ," je'.,' 4 '.'-:.;-1. .1, .-' ' ; " ;.. Avant propos >.. i... ...;=' : '-1 "÷ . ."0 ..,;.,...; . 1 ..;:. '.; « C'est le mensonge qui gouverne le monde. » Cette remarque de Jean-François Revel' est là pour nous rappeler que non seulement la vérité n'est pas toujours bonne à dire, mais qu'on s'ingénie à la cacher à l'opinion. Les menteurs eux-mêmes finissent d'ailleurs par croire à leurs mensonges à force de les répéter. De sorte qu'il est de plus en plus difficile de s'y retrou- ver entre le vrai et le faux. D'autant que, le plus souvent, ceux qui savent se taisent afin de ne pas troubler le conformisme ambiant. L'autocensure est bien la plus forte des censures et l'ordre établi ne manque pas de médailles pour récompenser ses fidèles serviteurs. Je crois avoir, jusqu'ici, échappé à ce conformisme que dénonce François de Closets : « La prévision institution- nelle est emprisonnée dans ce lot de mensonges convenus qui forme le plus petit commun dénomi- nateur du consensus social. Il faut donc qu'à côté des prospectives faites par les "responsables" il y ait place pour celles des "irresponsables", et que ces derniers tiennent pleinement leur rôle 2. » Tout se déroule comme si « le savoir-vivre » imposait le silence des complicités passives avec ' ' .... '. ' 9 Le grand mensonge la pensée dominante. C'est la raison pour laquelle je prends le risque de passer pour un irresponsable et un provocateur. Car la réalité, scrutée avec les yeux du bon sens, renvoie une image bien plus provocante que l'acide des mots. Je n'ai donc pas perdu la raison. Je ne me suis pas laissé emporter par la passion. Non, je suis tout simplement en colère contre l'hypocrisie, l'illusion et l'absurdité qui règnent dans notre société. Bref, je suis révolté contre tous ceux qui prétendent nous faire entrer dans l'avenir à reculons, afin de préserver leurs privilèges. « Ça suffit ! Ça ne peut plus durer ! L'explosion sociale ne va pas tarder ! » Voilà des années que de tels commentaires circulent. Pourtant rien de tel ne se produit et la situation s'aggrave. Les chômeurs étaient moins de 400 000 avant 1973, 1 million en 1975, plus de 3 millions en 1998 et plus de 4 millions si l'on tient compte du traitement prétendu social et en réalité statisti- que du chômage. Jusqu'où ira la dérive ? Il semble bien que la limite de l'insupportable ne soit pas encore atteinte. D'autres pays, comme l'Espagne, montrent malheureusement que l'on peut vivre dans une société où le chômage touche près du quart de la population et presque la moitié des jeu- nes, soit des taux doubles de ceux que l'on connaît en France aujourd'hui. Faudra-t-il attendre l'explo- sion annoncée pour prendre les mesures qui s'imposent ? Cela fait plus de vingt ans que l'on attribue à des facteurs externes la crise d'origine interne que nous vivons. La vérité est plus simple, ce sont 10 ' ' ... Avant-propos autant de mirages que nous nous sommes donnés pour nous voiler la face et ne rien changer à l'ordre établi. L'indépendance énergétique n'était pas la clé de tous nos maux. Ni les nouvelles technologies ni l'Europe avec son marché unique n'ont apporté la nouvelle ère de croissance tant annoncée. Quant à l'ouverture internationale, renforcée par la mon- dialisation des économies tant décriée, elle détruit peut-être des emplois en poussant à la spécialisa- tion mais elle crée surtout de la richesse dont la France, quatrième exportateur mondial, aujour- d'hui excédentaire, profite plus que d'autres. Il faut appeler un chat un chat. La crise est dans nos têtes. Nous produisons plus en travaillant moins. La richesse des Français n'a jamais été aussi élevée, le gâteau du revenu national, le fameux PIB, a augmenté de plus de 75 % depuis 1975. Nous vivons une crise de mentalités, de com- portements et d'organisation. Elle vient du fait que nous voulons entrer dans le xxf siècle avec les institutions et les habitudes héritées de l'après- guerre. Nous sommes en présence d'un chômage d'abondance et il faut donc s'intéresser à ceux qui profitent du crime : les mauvais gérants de l'abondance. J'accuse, en premier lieu et sans hésiter, ceux que le sociologue Pierre Bourdieu appelle les « héritiers » ou la « noblesse d' État ». La tête de l'État et des grandes entreprises est quasi exclusi- vement entre les mains des grands corps (essen- tiellement l'ENA et Polytechnique) où se retrou- vent depuis des générations les enfants issus des .. 11l Le grand mensonge mêmes familles. Tout se passe comme si le poten- tiel de réussite aux concours les plus prestigieux se transmettait de manière héréditaire. En réalité, il y a dans la sélection des élites un véritable délit d'initié - la connaissance des filières et des critères de sélection sociale - profitant aussi aux enfants d'enseignants qui représentent plus de 40 % des admis dans les grandes écoles. Ce qui explique que les enseignants de gauche et de droite soient com- plices d'un système permettant à la classe sociale dominante de se reproduire en vase clos, de manière légitime par école interposée. Les privilèges abusifs dont bénéficie la noblesse d'État font que la plupart des grandes entreprises publiques sont gérées par des hommes dont le par- cours a le plus souvent commencé dans un cabinet ministériel. Ils ont pu ainsi, en toute impunité, s'autocatapulter dans une des entreprises qu'ils étaient censés surveiller, entamant une « brillante » carrière publique ou privée tout en restant rattachés à leurs corps d'origine. De telles pratiques sont condamnables non seu- lement pour des questions d'éthique, mais aussi en raison du coût économique et social qu'elles représentent pour la société française. La faiblesse du management de nos grandes entreprises résulte de ces parachutages de cadres et dirigeants sans réelle expérience professionnelle. En revanche, en Allemagne ou aux États-Unis l'accès à ces mêmes fonctions passe par un long parcours pro- fessionnel initiatique pour lequel la compétence compte beaucoup plus que l'appartenance à telle ou telle caste. 12 ' Avant-propos ' . J'accuse aussi, en second lieu, les syndicats cor- poratistes de travailleurs et d'employeurs. Les par- tenaires sociaux sont complices pour empêcher la révolte des laissés-pour-compte, quitte à acheter leur silence.