Assemblée Nationale Débats Parlementaires Journal Officiel De La
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o Année 1999. – N 14 [2] A.N. (C.R.) ISSN 0242-6765 − CPPAP 0503 B 05115 Jeudi 18 février 1999 ASSEMBLÉE NATIONALEDÉBATS PARLEMENTAIRES JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 11e Législature SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999 166e séance COMPTE RENDU INTÉGRAL 2e séance du mercredi 17 février 1999 37 . 1548 ASSEMBLÉE NATIONALE – 2e SÉANCE DU 17 FÉVRIER 1999 SOMMAIRE PRÉSIDENCE DE M. RAYMOND FORNI PATHOLOGIES DU TRAVAIL (p. 1557) 1. Questions au Gouvernement (p. 1549). M. Georges Hage, Mme Martine Aubry, ministre de l’emploi et de la solidarité. STATISTIQUES DU CHÔMAGE (p. 1549) M. Patrick Devedjian, Mme Martine Aubry, ministre de Suspension et reprise de la séance (p. 1558) l’emploi et de la solidarité. PRÉSIDENCE DE M. ARTHUR PAECHT DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE (p. 1550) M. Bernard Accoyer, Mme Martine Aubry, ministre de l’emploi et de la solidarité. 2. Saisine du Conseil constitutionnel (p. 1558). 35 HEURES (p. 1551) 3. Service public de l’électricité. − Suite de la discussion, M. José Rossi, Mme Martine Aubry, ministre de l’emploi et après déclaration d’urgence, d’un projet de loi (p. 1559). de la solidarité. SOINS PALLATIFS ET EUTHANASIE (p. 1552) DISCUSSION GÉNÉRALE (suite) (p. 1559) MM. Roger-Gérard Schwartzenberg, Bernard Kouchner, MM. Franck Borotra, secrétaire d’Etat à la santé et à l’action sociale. Claude Billard, FISCALITÉ DES ASSOCIATIONS (p. 1553) Pierre Micaux, Yann Galut, MM. Didier Migaud, Christian Sautter, secrétaire d’Etat au Jean Proriol, budget. Pierre Ducout, 35 HEURES (p. 1554) Robert Galley, Jean-Claude Sandrier, M. Gérard Terrier, Mme Martine Aubry, ministre de Christian Martin, l’emploi et de la solidarité. Jacques Desallangre, NICKEL CALÉDONIEN (p. 1555) Claude Gatignol, Yvon Montané, MM. René Dosière, Jean-Jack Queyranne, secrétaire d’Etat Patrice Martin-Lalande, à l’outre-mer. Jean-Pierre Brard, OPÉRATIONS VILLE-VIE-VACANCES (p. 1555) Léonce Deprez, Mme Sylvie Andrieux, M. Claude Bartolone, ministre délé- Jean-Pierre Kucheida, gué à la ville. Michel Meylan, Christian Cuvilliez, TRIBUNAUX DANS LES DEUX-SÈVRES (p. 1556) Christian Kert, M. Dominique Paillé, Mme Elisabeth Guigou, garde des Pascal Terrasse, sceaux, ministre de la justice. Pierre Lellouche. FUSION ENTRE AÉROSPATIALE ET MATRA (p. 1557) Renvoi de la suite de la discussion à la prochaine séance. Mme Jacqueline Fraysse, M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l’économie, des finances et de l’industrie. 4. Ordre du jour de la prochaine séance (p. 1588). ASSEMBLÉE NATIONALE – 2e SÉANCE DU 17 FÉVRIER 1999 1549 COMPTE RENDU INTÉGRAL PRÉSIDENCE DE M. RAYMOND FORNI, fallait-il, en plus, retenir une présentation partiale et par- vice-président tielle des statistiques du chômage pour nous faire croire que celui-ci a baissé en 1998 alors qu’il a augmenté ? M. le président. La séance est ouverte. Madame la ministre, nous aimerions connaître la vérité sur les statistiques du chômage. (Applaudissements sur les (La séance est ouverte à quinze heures.) bancs du groupe du Rassemblement pour la République, et sur plusieurs bancs du groupe de l’Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indé- pendants.) 1 M. le président. La parole est à Mme la ministre de l’emploi et de la solidarité. Mme Martine Aubry, ministre de l’emploi et de la soli- QUESTIONS AU GOUVERNEMENT darité. Monsieur Devedjian, pas vous, pas ça ! (Applau- dissements sur les bancs du groupe socialiste. − Protestations M. le président. L’ordre du jour appelle les questions sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la au Gouvernement. République, du groupe de l’Union pour la démocratie fran- çaise-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépen- Nous commençons par le groupe du Rassemblement dants.) pour la République. Puis-je me permettre de vous indiquer que les chiffres que nous avons retenus sont ceux de la catégorie 1, que STATISTIQUES DU CHÔMAGE M. Barrot a mise en place, et que j’ai rétablie dès mon arrivée, une catégorie que vous aviez supprimée, la caté- M. le président. La parole est à M. Patrick Devedjian. gorie 1 plus 6, et qui permet justement de mieux connaître la situation du chômage. M. Patrick Devedjian. Madame la ministre de l’emploi M. Patrick Devedjian. Il y a huit catégories ! et de la solidarité, il y a quelques semaines à peine, le Gouvernement, avec le manque de modestie qui le carac- Mme la ministre de l’emploi et de la solidarité. Dans térise souvent, a proclamé une victoire historique sur le les huit catégories dont vous parlez, monsieur Devedjian chômage en déclarant que, en 1998, le nombre des chô- − mais peut-être que M. Barrot, qui connaît bien ces meurs avait baissé de 151 200. affaires, pourrait vous l’expliquer − on trouve, par Or un grand journal du soir et l’UNEDIC elle-même exemple, des hommes et des femmes qui travaillent et viennent de rappeler qu’une telle présentation des faits qui, sachant qu’ils seront licenciés dans trois ou six mois, correspond en réalité à une présentation tronquée des sta- s’inscrivent à l’ANPE. Est-ce que ce sont des chômeurs ? tistiques du chômage, puisqu’elle se cantonne à la catégo- Non ! Ils travaillent. rie no 1 des statistiques du chômage, celle qui concerne Je vous répondrai sérieusement, bien que votre ques- les demandeurs d’emploi à plein temps et à durée indé- tion n’ait pas été sérieuse. (Protestations sur les bancs du terminée. Toutefois, si l’on prend en compte les sept groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de autres catégories de demandeurs d’emploi, celles qui l’Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe concernent, entre autres, les contrats à durée déterminée, Démocratie libérale et Indépendants.) les temps partiels, les plus de 78 heures, l’intérim, et si Selon les statistiques du BIT, le Bureau international l’on calcule en équivalent temps plein, le nombre des du travail, statistiques qui sont reconnues par tous les chômeurs n’a, hélas ! pas baissé en 1998 mais, au pays industrialisés et par la Commission européenne, le contraire, augmenté de 20 100 ! (Exclamations sur les nombre des chômeurs ne serait pas en diminution de bancs du groupe socialiste.) Eh oui, ce n’est pas agréable à 150 000 mais de 270 000 depuis juin 1997. Voilà la entendre ! réponse à votre question ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.) M. le président. Poursuivez, monsieur Devedjian. A l’inverse de nos voisins allemands et italiens − et M. Patrick Devedjian. Ne me répondez pas, madame la nous nous en réjouissons −, notre population active s’est ministre, que le Gouvernement continue à utiliser la accrue cette année de près de 240 000 personnes, chiffre même méthode de comptage que le gouvernement pré- qui se décompose de la façon suivante : 180 000 jeunes cédent, car ce que je conteste, ce n’est pas la méthode de arrivés sur le marché du travail, 30 000 jeunes n’ayant comptage, mais la présentation partielle et partiale des pas effectué leur service militaire et 30 000 personnes résultats, puisqu’une seule catégorie de demandeurs ayant rejoint le marché en raison du retour de la crois- d’emploi est prise en compte sur les huit qui existent. sance. Au cours de l’année 1998, le Gouvernement a déjà C’est avec grand plaisir, monsieur Devedjian, que je épuré soigneusement les listes administratives des chô- vous ferai parvenir ces chiffres qui expliquent pourquoi meurs en supprimant environ 100 000 chômeurs des ins- l’OCDE et le BIT reconnaissent aujourd’hui que la crits à l’ANPE. En outre, il a créé une catégorie France est un des pays européens où le chômage baisse le d’emplois subventionnés et précaires pour nos jeunes. Lui plus. Ils aident aussi les Français à se rendre compte . 1550 ASSEMBLÉE NATIONALE – 2e SÉANCE DU 17 FÉVRIER 1999 qu’avec du volontarisme, on peut faire baisser les chiffres l’objectif que nous nous étions fixé pour 1998, soit un du chômage dans notre pays. C’est eux qui choisiront ! déficit de 13,3 milliards de francs. Je répète devant (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et sur l’Assemblée nationale que nous aurons au plus 2 milliards plusieurs bancs du groupe communiste et du groupe Radical, de décalage par rapport aux prévisions. Citoyen et Vert.) Certes, et je le regrette, dans un passé récent − et nous faisons tout pour que cela ne se produise plus dans l’ave- nir −, les dépenses de médecine de ville ont été supé- DÉFICIT DE L’ASSURANCE MALADIE rieures de 9 milliards aux prévisions. Mais, heureusement, monsieur Accoyer, il y a eu des recettes complémentaires M. le président. La parole est à M. Bernard Accoyer. et des économies supplémentaires grâce, justement, à ce M. Bernard Accoyer. Ma question s’adressant égale- que vous regrettez aujourd’hui, c’est-à-dire un change- ment à Mme la ministre de l’emploi et de la solidarité, je ment de l’assiette des cotisations salariées. Mais déjà, me permettrai de lui faire remarquer que la forme et le en 1998, vous m’aviez reproché d’avoir surestimé les contenu de sa réponse précédente me surprennent quel- recettes. Tout cela pour vous dire que les recettes de que peu (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste), CSG sont supérieures de 2,6 milliards à ce que nous quand on voit de quelle façon elle cherche à masquer avions prévu. (Exclamations sur les bancs du groupe du l’échec des 35 heures en créant des emplois publics qui Rassemblement pour la République, du groupe de l’Union sont autant de chômeurs pour demain et en développant pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocra- la baisse du temps de travail dans des entreprises d’Etat tie libérale.) C’est la raison pour laquelle nous atteindrons ou parapubliques ! notre objectif à 2 milliards près.