DOMAINE ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES MENTION GÉOGRAPHIE

Parcours : GÉOGRAPHIE ET ÉCONOMIE

Mémoire de Master 2

LES IMPACTS AMBIGUS DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM DANS LA COMMUNE RURALE D’AMPASY NAHAMPOANA District de Taolagnaro, Région Anôsy

Présenté par Diogène Mamitiana Marakely RATSIMANDRIONA

Sous la direction de Gabriel RABEARIMANANA, Maître de Conférences

LES MEMBRES DU JURY : Président : Mme Lucile RABEARIMANANA Professeur titulaire

Juge : M. Tolojanahary ANDRIAMITANTSOA maître de Conférences Rapporteur : Gabriel RABEARIMANANA Maître de Conférences

22 Mars 2018

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DOMAINE ARTS, LETTRES ET SCIENCES HUMAINES MENTION GÉOGRAPHIE

Parcours : GÉOGRAPHIE ET ÉCONOMIE

Mémoire de Master 2

LES IMPACTS AMBIGUS DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM DANS LA COMMUNE RURALE D’AMPASY NAHAMPOANA District de Taolagnaro, Région Anôsy

Présenté par Diogène Mamitiana Marakely RATSIMANDRIONA Sous la direction de Gabriel RABEARIMANANA, Maître de Conférences

LES MEMBRES DU JURY : Président : Mme Lucile RABEARIMANANA Professeur titulaire Juge : M. Tolojanahary ANDRIAMITANTSOA maître de Conférences Rapporteur : Gabriel RABEARIMANANA Maître de Conférences

22 Mars 2018 REMERCIEMENTS

 La réalisation de ce travail a exigé la contribution de nombreuses personnes. Qu’il nous soit permis d’exprimer, avant tout, notre gratitude et notre reconnaissance aux Enseignants Chercheurs et aux membres du personnel administratif de la Mention Géographie qui ont contribué à notre formation.

 Nous tenons, en particulier, à exprimer nos sincères remerciements aux membres du jury :  Mme. Lucile RABEARIMANANA, Professeur titulaire, qui, malgré ses nombreuses préoccupations a accepté de présider cette soutenance.

 M. Tolojanahary ANDRIAMINTANTSOA, Maître de conférences, qui en dépit de ses multiples occupations a aimablement consenti à juger notre travail.

 Gabriel RABEARIMANANA, Maître de Conférences, qui a dirigé nos recherches durant l’élaboration de ce mémoire. Nous témoignons notre reconnaissance pour ses conseils avisés, sa disponibilité et de la même façon pour l’aide qu’elle a apportée à la réalisation et à la rédaction de ce travail.

 Nos tendres remerciements vont également à:  M. le premier adjoint au maire de la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana ainsi qu’aux habitants de la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana, pour leur sens d’hospitalité.  M. Raymond RANDRIAMBOLOLONA, Coordinateur du Développement de Compétence Local auprès de la Société QMM Rio Tinto.  Mme. Lalao Mamialisoa ANDRIANASOLO, Représentant régional ONE Anôsy.  Mme. Aida RATSIMANDRIONA STEENKIST pour son aide financière et matérielle, pendant nos séjours sur terrain.  M. Thomas, professeur de Physique-Chimie au CEG Ampasy Nahampoana, qui nous a accueillis chaleureusement et a accepté de nous guider.  M. Boniface FAMANGA, qui nous a beaucoup aidés durant nos travaux de terrain.  Nous adressons nos vifs remerciements à M. Gervais TSILY et son épouse, de nous avoir toujours soutenu moralement et financièrement pendant nos cursus universitaires.

 Enfin, nous ne saurions oublier les inestimables aides de notre Mère Mme. Fleurette Orline RATSITOARIVELO ; de notre frère et sœur, M. Marsonnyo Nirina Ornella RATSIMANDRIONA et Mme. Fleuria Annie Marakely RATSIMANDRIONA, ainsi que leurs conjoints.

 Et finalement toutes les personnes que j’aurais malencontreusement oubliées mais à qui je témoigne toute mon affection.

Nos remerciements les plus sincères leur sont adressés.

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SOMMAIRE REMERCIEMENTS ...... i SOMMAIRE ...... ii RÉSUMÉ ...... iii TABLE DES ILLUSTRATIONS ...... iv LISTE DES CROQUIS ...... iv LISTE DES TABLEAUX ...... iv LISTE DES PHOTOS ...... iv LISTE DES FIGURES ...... iv ACRONYMES ...... v INTRODUCTION ...... 1 Première partie ...... 9

LES RÉPERCUSSIONS AMBIVALENTES DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM DANS LA COMMUNE RURALE D’AMPASY NAHAMPOANA ...... 9 Chapitre ILES IMPACTS POSITIFS DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM ...... 10 Chapitre IILES IMPACTS SOCIAUX NÉGATIFS DE L’ENTREPRISE MINIÈRE DE QMM ...... 37 Deuxième partie LES CAUSES DES IMPACTS GÉOGRAPHIQUES DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM ...... 49 Chapitre IVLES PROBLÈMES DES CODES MINIERS ...... 50 Chapitre VLA FAIBLESSE DE L’ÉTAT ET L’IMPUISSANCE DE LA COMMUNE ...... 56 Chapitre VILES RELATIONS CONFLICTUELLES ET LES CONFLITS D’INTÉRÊT ...... 62 CONCLUSION ...... 66 BIBLIOGRAPHIE ...... 69 ANNEXE ...... 73 TABLE DES MATIÈRES ...... 80

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RÉSUMÉ

La recherche sur l’exploitation minière de QMM.SA à Mandena Commune Rurale d’ Ampasy Nahampoa a permis de déceler ses impacts ambigus dans la Commune. La firme multinationale s’est installée dans une zone déjà occupée et aménagée par la population locale. L’installation et les activités génèrent des impacts positifs dans le milieu d’accueil grâce aux ristournes et aux redevances minières, induisant par la même occasion des menaces qui pèsent sur écosystèmes, mais aussi des perceptions négatives des villageois qui vivent des ressources de Mandena et qui estiment disposer d’un droit de propriété sur les terres, qu’ils auraient héritées de leurs ancêtres. Les problèmes des codes miniers existant depuis les gouvernements successifs sont les facteurs principaux de l’ambigüité de ces impacts. Les dirigeants ont toujours tendance à donner des avantages aux investisseurs et à délaisser la population locale. L’absence des consultations publiques, la politique de décentralisation effective déguisée sont aussi les sources des impacts sociaux négatifs.

Mots clés : exploitation minière, Ampasy Nahampoana, impacts, Mandena, code minier.

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

LISTE DES CROQUIS Croquis 1 : localisation de la zone de recherche ...... 2 Croquis 2 : diminution de la superficie couverte de roseau 2009 au 2017 ...... 38 Croquis 3: la zone habitée à Ampasy Nahampoana ...... 46 Croquis 4: répartition des bornes fontaines dans les fokontany ...... 64

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: répartition spatiale des personnes enquêtées ...... 6 Tableau 2 : catégorie et effectif des personnes enquêtées ...... 7 Tableau 3: catégorie socioprofessionnelle et effectif des administrés enquêtés...... 7 Tableau 4: évolution de l’effectif des élèves du préscolaire de 2010 à 2015 dans les Communes du district de Taolagnaro ...... 13 Tableau 5: nombre des écoles préscolaires dans la commune d’Ampasy Nahampoana et de commune de Taolagnaro...... 14 Tableau 6: Statistique des navires de croisières au port d’Ehoala ...... 23 Tableau 7: impacts de l’extraction minière sur biodiversité...... 29 Tableau 8: recette des paysans dépendants de Mandena ...... 40 Tableau 9 : ménages enquêtés qui utilisent de l’énergie électrique ...... 59

LISTE DES PHOTOS

Photo 1: moissonneurs qui font la récolte ...... 10 Photo 2 : Nouvelles écoles EPP et CEG construites en 2015 ...... 12 Photo 3: un pied de baie rose Photo 4: cultivateurs de baie rose ...... 17 Photo 5 : Ancien port de Fort-Dauphin ...... 24 Photo 6: Des souches d’arbres coupées dans la zone de conservation ...... 31 Photo 7 : trois femmes tresseuses de roseau ...... 39 Photo 8 : le mauvais état de la RN 12a ...... 58

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : évolution de scolarisation à Ampasy Nahampoana (2007-2017) ...... 14 Figure 2 : taux de perte de revenu des paysans dépendant de Mandena 2009 et 2017 ...... 40

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ACRONYMES

BD : Budget Participatif

BM : Banque Mondiale

BOVIMA : Bonne Viande de

CE : Convention d’Établissement

CM : Code Minier

CDU : Cantonnement des Droits d’Usage

COGE : Comité de Gestion

CR : Commune Rurale

CSB : Centre de Santé de Base

DEF : Direction des Eaux et de Forêts

DESS : Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées

DREF : Direction Régionale de l’Environnement et des Forêts

FAO: Food and Agricultural Organization

FI.MPI.MI.MA: Fikambanan’nyMpivelonaMivantanaamin’nyMandena

HIMO : Haute Intensité de Main-d’Œuvre

INSTAT : Institut National de Statistique

LGIM : Lois sur les Grands Investissements Miniers

MAEP : Ministère de l’Élevage, de l’Agriculture et de la Pêche

MEFT : Ministère de l’Environnement, des Forêts et du Tourisme

MPA.MI.RA: MpanantanyMitakynyRariny

NAP : Nouvelle Aire Protégée

NAPM : Nouvelles Aires Protégées de Madagascar

ORTFORT : Office Régional du Tourisme de Fort-Dauphin

OMNIS : Office de Mines Nationales pour les Industries Stratégiques

PAG : Plan d’Aménagement et de Gestion

PAGS : Plan d’Aménagement et de Gestion Simplifiée

PCD : Plan Communal de Développement

PDI : Programme de Développement Intégré

PGEP : Plan de Gestion Environnementale du Projet

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PGUT : Plan de Gestion et d’Utilisation des Terrains

PIC : Pôle Intégré de Croissance

QIT: Quebec Iron and Titanium

QMM : Qit Minerals Madagascar

SIG : Système d’Information Géographique

ZC : Zone de Conservation

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INTRODUCTION

L’étude de faisabilité pour l’exploitation de sables minéralisés a été initiée près de Taolagnaro en 2008 par Quit Minerals Madagascar (QMM). Celle-ci est une société anonyme de droit malgache. C’est une filiale de multinationale RIO TINTO qui détient 80% des capitaux, les 20% reviennent à l’État malgache. À la fin de 2008, la société a entamé l’exportation des gisements de sables minéralisés à Mandena (Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana) et cela pour une durée de 60 ans. L’exportation est présentée comme un projet d’aménagement du territoire conduisant au développement.

1. Choix du sujet et localisation

Une raison majeure nous a conduits à retenir le sujet de ce mémoire. Nous sommes originaires de l’Anôsy et nous avons noté que l’installation de la firme multinationale QMM et ses impacts dans la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana, dans le district de Taolagnaro et dans la Région Anôsy, est un sujet de débats et de controverses. D’un coté les dirigeants successifs à tous les niveaux et notamment dans la Commune Rurale Ampasy Nahampoana objet de notre recherche, ont soutenu et soutiennent que la présence de QMM est une alternative pouvant conduire toute la Région vers la sortie de la pauvreté, vers la sortie du sous-développement. De l’autre et face à eux, d’autres acteurs affirment que QMM a surtout accentué les inégalités, qu’elle est source de problème. Notre curiosité intellectuelle, notre formation de géographe et notre volonté de comprendre les termes de ces débats ont déterminé notre choix.

Administrativement, la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana fait partie du district de Taolagnaro qui compte 25 Communes appartient à la Région Anôsy. La Commune est traversée par la Route Nationale 12a qui relie Taolagnaro vers Vangaindrano. Cette Commune à 12 km seulement au nord-est de la capitale de l’Anôsy bénéficie de l’avantage par rapport aux autres Commune du district. Elle est subdivisée en trois (03) fokontany et compte 10 476 habitants.

1

Croquis 1 : localisation de la zone de recherche 1b localisation du District de Taolagnaro 1a localisation de la Région Anôsy

Source : BD FTM, arrangement de l’auteur, 2017

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2. Problématique

Le sujet « LES IMPACTS AMBIGUS DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM DANS LA COMMUNE RURALE D’AMPASY NAHAMPOANA » a imposé deux (02) questions qui construisent notre problématique :

- Quelle est la réalité des impacts géographiques de l’exploitation minière de QMM dans la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana ? - Et Quelles en sont les causes ?

À fin d’apporter des éléments de réponse à ces deux questions, nous avons décidé d’adopter la démarche déductive.

3. Démarche de recherche

Dans cette démarche déductive, l’hypothèse que nous avons retenue est que « les impacts géographiques de QMM dans la Commune rurale d’Ampasy Nahampoana sont contrastés ». Pour la mettre en œuvre, nous sommes passés par deux étapes : la documentation et les travaux de terrain.

3.1 La documentation :

Elle désigne l'ensemble des renseignements et des documents nécessaires informant sur ce sujet. La documentation nous a rendus accessible aux informations, aux besoins de connaissances. Une suite d’opérations est nécessaire afin de remplir au mieux nos objectif, et ces opérations constituent ce qui est couramment appelé la « chaîne documentaire » : la collecte des informations, et le traitement de données.

3.1.1 La collecte des informations

Pour la collecte des informations, nous avons commencé le mois d’août jusqu’au mois d’octobre 2017. De nombreux documents ont été consultés pour réaliser ce dossier : des ouvrages, des thèses et des mémoires de maitrises, des revus et articles, des monographies, des sites web, des documentaires.Afin de bien mener le travail de recherche, des investigations bibliographiques sur le sujet ont été réalisées avant d’aller sur terrain tout au long et même durant la phase de rédaction. Cette étape de travail consiste à effectuer : la compilation des acquis expérimentaux et documentaires du projet minier de QMM, l’analyse des documents présentant des processus de recherche et des impacts de l’exploitation minière de QMM, la confrontation des données déjà existantes suite aux travaux de recherches précédentes suivies de leur analyse.

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Pour ce dossier, la documentation a été consultée sur format physique et aussi sur format numérique. Pour avoir beaucoup d’informations sur notre sujet, nous avons visité des centres de documentation et des bibliothèques : la bibliothèque du département de Géographie, la bibliothèque universitaire d’Antananarivo et dans certaines bibliothèques privées de quelques particuliers ; le centre de documentations de : l’IRD, l’INSTAT, l’ONE Fort-Dauphin. Naturellement nous avons consultés des documents téléchargeables sur internet.

Les sites web que nous avons consultés sont : www.riotinto.com ; https://eiti.org/fr/implementing_country/33 ; www.cairn.info ; https://fr.wikipedia.org/

3.1.2 Le traitement des données

Quant au traitement des données, nous avons réalisé une mise en forme des informations pertinentes et constructives contenues dans les documents accessibles sous forme de fiche. C’est seulement après avoir consulté des documents et traité des données que nous avons pu donner des hypothèses sur notre sujet

Nous avons lu beaucoup d’ouvrages et aussi d’articles mais les plus pertinents et constructifs sont :

- CHARBOUD (C), MERAL (P), FROGER (G), 2007, Madagascar face aux enjeux du développement durable. Des politiques environnementales à l’action collective locale. Paris. Edition Karthala. SP L’auteur évoque les richesses naturelles dans ce pays mais surtout il montre la dégradation de l’environnement.

Cet ouvrage nous était vraiment utile. Il parle du concept du développement durable à Madagascar. Le gouvernement est ses partenaires selon cet ouvrage doivent relever les défis multiples de l’emploi, de revenus, de l’alimentation, de l’accès à l’eau potable et à l’énergie, de l’éducation, de la santé, des communications, etc.

- RANDRIANILAINA (V.E), 2002, Étude de l’impact de l’extraction de l’ilménite dans la Région de Taolagnaro, à l’exemple de Mandena. Thèse de DEA département de Géographie à Antananrivo. Cette thèse de DEA a des points communs sur notre dossier. RANDRIANILAINA explique l’importance du projet minier dans la Région Anôsy ainsi ses enjeux environnementaux, économiques et sociaux. Mais comme nous faisons de géographie dont l’objet est l’espace ou le territoire, ces derniers pourraient changer avec le temps. En

4 effet cette thèse à été présentée en 2002 bien avant l’extraction de l’ilménite, avant même l’autorisation d’exploitation.

3.2 Les travaux de terrain

Nos travaux sur terrain ont duré six semaines, depuis mi-octobre jusqu’à la fin du mois de novembre 2017

3.2.1 La préparation

La préparation des travaux de terrain : elle consiste à la conception des croquis, à l’élaboration des questionnaires. Ces questionnaires sont notre principal outil de recherche. Pour mieux organiser les travaux, nous avons jugé utile de faire un pré-terrain de trois jours pour faire une prise de contact auprès des personnes sources, et essayer d’identifier les activités des villageois et à les comparer avec nos documents que nous pouvons consultés. A l’issue de cette phase, nous avons pu déterminer les gens à enquêter dans notre zone de recherche, ce qui nous a conduits aux travaux de terrains.

3.2.2 Les enquêtes

Pendant même la documentation, nous avions déjà identifié les autorités administratives dans différents bureaux concernés par notre sujet (la ville de Fort-Dauphin et la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana). La phase terrain nous a permis de faire des observations directes. C’est une phase primordiale et indispensable car elle a permis de comparer les informations écrites aux réalités, d’avoir des idées sur les répercussions des activités de QMM dans cette Commune Rurale qui seront l’objet de nos travaux de recherches.

Dans cette perspective, différentes visites ont été effectuées auprès des personnes ressources à AmpasyNahampoana afin de connaître les réalités et les ressentis des villageois. Des observations participatives ont été réalisées, celles-ci consistent à faire un constat des réalités sur terrain en organisant des explorations avec des amis habitants de cette Commune. En effet, ces visites constituent une occasion pour nous de mieux connaître la zone de

5 recherche : les richesses en ressources naturelles, leur vie quotidienne, leurs activités, leur organisation, et surtout leurs mécontentements vis-à-vis du projet minier de QMM.

3.2.3 Taux d’échantillonnage

Pour faire sortir les idées des villageois qui utilisent la forêt de Mandena, il est indispensable de procéder à des entretiens auprès de la population locale et des autres parties prenantes et ce, pour acquérir des données sur le plan socioéconomique, sur l’utilisation locale des ressources naturelles par les villageois de la commune rurale d’Ampasy Nahampoana.

Tableau 1: répartition spatiale des personnes enquêtées

Fokontany Population Nombre des ménages enquêtées

Ampasy 4594 835 75

Ambaniala 3400 618 68

Mangaiky 2482 1904 33

Total 10476 3357 176

Taux d’enquêté 1,68%

Source : auteur, Novembre 2017

Au total nous avons fait des entretiens avec 176 personnes dans la Commune Rurale Ampasy Nahampoana et à Fort-Dauphin, soit à un taux d’échantillonnage de 1,68% da la population de cette Commune. Pourtant les réponses des villageois sont presque les mêmes.

D’autres voient les aspects positifs de d’installation de QMM dans leur commune par intérêt et certains ne voient que dégâts causés par le projet minier et ils sont nombreux que les « pour ».La dernière étape est le traitement et l’analyse des données essentielles pour la rédaction finale ; c’est une phase délicate car il faut trier et regrouper les idées essentielles.

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Tableau 2: catégorie et effectif des personnes enquêtées

CATÉGORIE EFFECTIF

Autorités et responsables administratifs 14

Administrés 155

Membres d’associations 7

Source : auteur, Novembre 2017

Tableau 3: catégorie socioprofessionnelle et effectif des administrés enquêtés

ADMINISTRÉS EFFECTIFS

Agriculteurs 17

Bucherons 25

Pêcheurs 24

Tresseuses 25

Apiculteurs 3

Éleveurs 3

Ménagère 35

Commerçants 10

Enseignants 6

Lycéens 6

Médecin libre 1

Total 155

Source : auteur, Novembre 2017

Nous avons procédé à des enquêtes auprès de : la Région Anôsy, la DREF, l’ONE, l’Office Régional du Tourisme à Fort-Dauphin, la CISCO Fort-Dauphin, la Direction Régionale du Ministère de la Population, PIC, du district de Taolagnaro, la mairie de Fort-Dauphin, la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana, les présidents de 7 associations, 1 médecin libre et tous les secteurs d’activités concernés par notre sujet. Ensuite nous avons interrogé les

7 administrés qui sont au total 155 personnes. Ces gens ont été témoins des impacts du projet minier de QMM depuis son installation. Ils peuvent donc en tirer des conclusions et apporter des réponses utiles pour notre rechercher.

3.2.4 Problèmes rencontrés :

Lors de nos enquêtes sur terrain, des divers problèmes ont été rencontrés : malgré la présentation faite au début de l’enquête, les bénéficiaires nous ont confondus à des politiciens dont le but est tout autre que l’analyse de leur vie quotidienne. En effet, la plupart d’entre eux ne veulent pas être enquêtés et ainsi de nous donner des informations gratuites. Ceci est à cause des fausses promesses effectuées par des enquêteurs qui nous ont précédés, composés essentiellement venant de la société minière.

Il nous a été difficile de traiter les documents publiés (par la société et par le gouvernement) dans lesquels les impacts négatifs ne se voient presque pas. Dans la plupart des cas, ils ne racontent que les bienfaits du projet minier dans la région où il s’installe. Pendant presque nos travaux sur terrain, nous avons dû attendre notre attestation de recherche suite à la fermeture de l’université à cause de l’épidémie de peste pulmonaire. Par conséquent, certains responsables administratifs ne nous ont pas ouvert leurs portes et ne nous ont pas données des informations car notre sujet est très sensible dans la Région Anôsy.

C’est la phase la plus difficile car certaines gens pensent que nous sommes un employé de la société QMM. Certains ménages n’acceptent pas de nous accueillir et de répondre à nos questions, surtout dans le Fokontany d’Ampasy.

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PREMIÈRE PARTIE

LES RÉPERCUSSIONS AMBIVALENTES DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM DANS LA COMMUNE RURALE D’AMPASY NAHAMPOANA

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CHAPITRE I LES IMPACTS POSITIFS DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM

L’exploitation d’ilménite de QMM a apporté des bénéfices dans la Commune d’accueil. Celle-ci bénéficie la présence de l’entreprise minière grâce aux retombées économiques, et aux soutiens de QMM à la population locale.

I- DÉVELOPPEMENT DE LA COMMUNE D’AMPASY NAHAMPOANA AVEC LA RISTOURNE MINIÈRE

La ristourne permet à la Commune d’investir dans de nombreuses infrastructures et dans l’appui direct aux paysans. Les priorités et les besoins sont exprimés directement par la population via les délégués des fokontany. Une fois transmis à la commune, ils font l’objet de priorisation selon l’effectif des fokontany demandeurs. Ainsi, les investissements répondent directement aux besoins locaux. La ristourne est très importante pour la commune car la subvention de l’État est seulement de 12 millions Ar/an. Elle se répartit dans diverses activités pour financer les activités paysannes de la commune et pour financer des infrastructures sociales répondant aux besoins de la population : 1) La riziculture Photo 1: moissonneurs qui font la récolte

Source : cliché de l’auteur, Octobre 2017

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La commune a appuyé plus de 600 riziculteurs contre 400 au début. Cet appui se matérialise par le financement du labour et de l’engrais pour un plafond de 200 000 Ar et sur une surface maximum de 20 ares par riziculteur. Si les pays riches subventionnent à tour de bras leur agriculture, les pays comme Madagascar sont souvent grondés par les bailleurs quand ils le font. Certes, les subventions peuvent poser différents problèmes mais elles ne peuvent être que bénéfiques pour des paysans dont le revenu quotidien n’atteint même pas 4 000 Ar. Or, le kilo d’engrais vaut au moins 3 000 Ar. Afin d’éviter l’assistanat, la commune forme les paysans sur la fabrication de compost pour arrêter plus tard la subvention de l’engrais.

2) L’élevage En 2015, 3 000 poussins ont été donnés aux éleveurs dans cette petite commune située à 7 km de Fort-Dauphin et dont l’ilménite est exploitée par la compagnie Rio Tinto QMM.

Ces intrants sont aux frais de la commune. La commune a approvisionné les éleveurs en poussins et en provende tout en finançant la mise en place des poulaillers. Cette prise en charge de 10 mois est assortie d’un apport bénéficiaire. Le prix de la moitié des œufs est déjà retenu à la commune pour financer l’achat de poussins. Le maire, Rondromalala ANDRIAMAHASORO précise : « Le soutien à l’élevage de poules pondeuses a commencé en 2012. Il intéresse beaucoup de paysans. Nous avons dû faire une sélection par tirage au sort car nous ne pouvons pas tout financer. 80 éleveurs bénéficient donc du soutien de la commune ». Après avoir répondu aux besoins de la population orientés sur les infrastructures sociales, la commune s’attaque depuis 2012 au développement économique. C’est grâce à la ristourne minière dans cette commune depuis 2009.

La ristourne obtenue grâce à l’exploitation minière de QMM soutient aussi des éleveurs de porcs. 60 truies ont été achetées et certaines ont déjà des porcelets. La commune a financé tout jusqu’à la vente de ces premiers porcelets. Auparavant, Ampasy se cantonnait dans l’exploitation forestière et la pêche tout en cultivant un peu de riz et de manioc. Les populations locales bénéficient de diverses activités faisant partie de la convention de Dina sur la cogestion de Rio Tinto QMM. L’apiculture concerne 100 villageois producteurs de plus de 200 litres par mois de miel, est un exemple de leur réussite. 1.200 villageois produisent entre 1 et 2 tonnes de légumes par mois en conséquence directe du projet de compostage de cette société. Un projet de compostage a été également mis en place dans la

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zone de conservation de Mandena. Par conséquent, les activités génératrices de sources de revenus se sont améliorées selon les bénéficiaires.

3) L’éducation Sans doute, l’éducation est le domaine dans lequel la Commune Rurale Ampasy Nahampoana a investi le plus. Ces deux photos suivantes montrent une EPP (à gauche) et un CEG (à droite) construit par la Commune en 2015.

Photo 2 : Nouvelles écoles EPP et CEG construites en 2015

Source : cliché de l’auteur Octobre 2017 Source : cliché de l’auteur Octobre 2017

Certaines autorités locales rencontrées sur place s’estiment satisfaites par les réalisations dans le domaine de l’éducation. L’une d’elles nous a avoué que :« Avant l’arrivée de l’entreprise, la communauté n’avait pas d’infrastructures scolaires comme elle en a à ce jour. Donc nos attentes sont rencontrées, car nous souhaitions avoir des bonnes écoles comme cela figurait dans notre cahier de charge » Il y a moins d’investissements public dans ce domaine. De 2009 à 2012, la commune a érigé des écoles et maintenant un lycée. Le maire explique : « La population voulait mettre d’abord l’accent sur l’éducation. La commune a donc envoyé 45 boursiers faire leurs études au lycée de Fort-Dauphin. Voilà pourquoi l’idée d’un lycée a fait jour et la commune a maintenant le sien. Les gens veulent pour leurs enfants des postes bien rémunérés».

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Toutes ces infrastructures scolaires ont pu être réalisées par l’action bénéfique de la ristourne de QMM. Elle va jusqu’a appuyer la scolarisation des enfants et octroie des bourses aux nouveaux bacheliers des communautés, des stages de professionnalisation. L’existence de ces écoles a changé les habitants de la commune car les parents ont envoyé leurs enfants à l’école.

Tableau 4: évolution de l’effectif des élèves du préscolaire de 2010 à 2015 dans les Communes du district de Taolagnaro

COMMUNES 2010-11 2011-12 2012-13 2013-14 2014-15 0 0 0 100 68 0 0 0 25 23 AMPASYNAHAMPOANA 0 0 108 358 430 ANALAMARY 0 0 0 0 50 0 0 0 52 49 ANDRANOBORY 0 0 30 34 34 ANKARAMENA 0 32 46 105 136 0 0 0 30 46 ENAKARA 0 0 0 20 66 0 0 0 0 104 0 0 0 0 88 IABOAKOHO 0 0 0 23 23 0 0 53 66 101 ISAKAIVONDRO 0 0 0 40 80 0 0 0 30 288 0 217 84 149 422 0 0 83 137 151 0 0 30 30 30 0 0 50 84 189 RANOMAFANA 0 0 91 188 199 SARISAMBO 0 0 25 25 132 SOANIERANA 0 0 30 243 284 0 1 488 1 887 2 187 2 508 EMAGNOBO 0 0 0 56 86 SOAVARY 0 0 0 0 127 Source : Ministère de l’Éducation Nationale, Direction de la Planification de l’Éducation, Service Carte Scolaire

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Tableau 5: nombre des écoles préscolaires dans la commune d’Ampasy Nahampoana et de commune de Taolagnaro.

COMMUNE 2010-11 2011-12 2012-13 2013-14 2014-15

AMPASYNAHAMPOANA 3 4 4 9 12

CU TAOLAGNARO 6 24 25 27 28

Source : Ministère de l’Éducation Nationale, Direction de la Planification de l’Éducation, Service Carte Scolaire Ainsi on constate qu’il y a une progression générale de l’effectif par commune pendant l’année scolaire entre 2010 et 2015. Les trois communes ( Tolagnaro, Ampasy Nahampoana et Manambaro) enrégistrent des progressions plus élévées que les autres Communes aussi bien aussi bien pour les effectifs d’élèves que pour les nombres d’écoles. S’agissant de l’augmentation de l’effectif des écoloes, Taolagnaro atteind 28.

La commune rurale d’Ampasy Nahampoana est dotée de 12 établissements scolaires dont 07 du niveau primaire et 03CEG et 02 lycées. Ils sont tous fonctionnels. Ampasy et Ambaniala sont dotés d’une école primaire privée catholique et des écoles primaires publiques réparties dans les trois Fokontany.

Figure 1 : évolution de scolarisation à Ampasy Nahampoana (2007-2017)

90,00% 80,00% 70,00% 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00% 0,00%

taux de scolarisation

Source : SISCO Tolagnaro, arangement de l’auteur 2017

Dans le cas d’Ampasy Nahampoana, la construction des écoles, la dotation en matériel et mobiliers scolaires et l’octroi de bourses de mérite par la société QMM/Rio Tinto contribuent au pourcentage élevé du taux de la scolarisation actuelle. En effet ce taux n’a presque jamais

14 cessé de croitre depuis l’installation de QMM dans cette commune rurale.Mais à part les actions de la commune, QMM réagit aussi pour l’éducation dans cette commune rurale mais aussi dans d’autres.

Programme de bourses RISE (Rio Tinto Scholarships for Education) Dans la plupart des cas, les parents n’arrivent pas à subvenir aux études de leurs enfants, ce qui provoque le décrochage scolaire. Afin de donner un coup de pouce aux ménages et de redonner espoir aux jeunes, le projet RISE a été lancé par PACT Madagascar et Rio Tinto QMM pour une durée de cinq ans.

En 2014, le programme de bourses RISE entre dans sa deuxième année. L’objectif du programme est d’améliorer l’accès à une éducation de qualité dans la région de l’Anôsy et est mis en œuvre dans les 9 communes où la société intervient à savoir Ampasy Nahampoana, Mandromondromotsy, Mahatalaky, Iaboakoho, Soanierana, Manambaro, Ankaramena, Sarisambo et Taolagnaro.

Ces aides à la mobilité ciblent dix-neuf établissements scolaires publics d’enseignement général mais aussi technique et professionnel.« Notre objectif consiste en l’employabilité des jeunes. Les élèves qui bénéficieront de ces appuis sont surtout ceux qui se rapprochent le plus du marché de travail que ce soit au niveau de leur âge ou bien de leur éducation », a expliqué le responsable au sein du PACT Madagascar antenne Taolagnaro.

Les bourses permettront aux bénéficiaires d’avoir des kits scolaires complets et le remboursement des frais généraux. Au début du programme en 2013, l’objectif était d’octroyer des bourses scolaires pour 1300 enfants de la région Anôsy. Cet objectif a été largement dépassé puisque 1497 enfants ont bénéficié des bourses RISE dont : 643 bourses de mérite octroyées, 393 bourses de soutien, 410 bourses universitaires.

Accordée pour une durée de trois à quatre ans, la bourse de soutient est soumise à une condition de ressources. Elle inclut donc les élèves dont le revenu des parents est modeste. De même, la bourse de mérite, valable pour une année scolaire renouvelable, sans critères sociaux, est destinée aux élèves qui obtiennent des excellents résultats scolaires.

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Pour atteindre l’objectif d’employabilité, le programme prend aussi en compte les jeunes qui ont abandonné l’école en les réintégrant dans des formations professionnelles via les bourses « Apprentissage aux Métiers de Base » (AMB), sous condition que les demandes en termes d’emploi et de centre de formation existent. Au total, le programme RISE a soutenu trois cents élèves durant cette année scolaire 2016/2017 dont deux cents pour l’enseignement général et cent pour l’enseignement technique.

II- ACTIONS SOCIALES ET APPUI DES ENTREPRISES LOCALES.

Pour sécuriser les investissements, la société Rio Tinto QMM a investi dans différents programmes d’appui au développement local. Un cycle pilote de 18 mois a été mis en œuvre dans les Communes concernées par l’exploitation minière.

1) Apiculture

Plus de 100 ménages gagnent leur vie en travaillant sur l’apiculture. L’entreprise Vitasoa a intégré dans la liste de ses activités de l’apiculture depuis 2010. Elle dispose deux ruchers avec 150 ruches, le premier à Ampasy Nahampoana et le second à Mandromodromotsy. Plus de 100 ménages vivent de cette collecte. Ces deux ruchers produisent les types de miel parfumé aux plantes suivant pendant toute l’année. En 2014 l’association MAMAFI a pu former 140 apiculteurs au total. Un résultat qu’elle a obtenu grâce à l’appui de QMM qui vient de lui octroyer un technicien en apiculture. Ce dernier est installé dans la Région dans le but d’assister ses membres à professionnaliser leurs ruches.

2) La filière baie rose

Mais à part l’apiculture, certains membres des associations telles MPA.MI.RA ont pu gagner leur vie grâce à la culture de baie rose. C’est un fruit que l’on utilise en cuisine comme épice pour son goût très parfumé et légèrement piquant. La production de baie rose est un nouveau business prometteur dans la Région Anôsy et surtout dans la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana. La commune ne dispose pas encore les meilleures qualités car cette filière est récente dans la Commune.

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Photo 3: un pied de baie rose Photo 4: cultivateurs de baie rose

Source : cliché de l’auteur Octobre 2017 Source : cliché de l’auteur Octobre 2017

Une forte demande, des terres cultivables, une main d’œuvre disponible et des prix qui tendent à la hausse. Mais ces paysans n’arrivent toujours pas à satisfaire la demande des exportateurs. Les producteurs trient les produits à la main, car dans cette filière, il faut séparer la production selon la qualité.

La baie rose de Madagascar est exportée vers l’Italie, le Japon et la France. Pour la région Anôsy, la production est encore faible, mais croît davantage. Sur un hectare de terrain, un producteur peut obtenir, d’après les témoignages, 100 kg de baie rose de premier grade ; 200 kg de deuxième grade et 400 kg de troisième grade. Pour les paysans de la Région, la baie rose est prometteuse, en termes de source de revenus, et le marché est loin d’être saturé.

Chaque pied peut produire 1kg par an et peut vivre jusqu’à plus de 30ans », a expliqué un producteur de baie rose dans le Fokontany Mangaiky. « Nous sommes dépendants de QMM, nous voyons leurs bienfaits ca ils nous financent dans le développement des filières : miel et baie rose. La société achète nos produit et fixe les prix selon la qualité, la première qualité de 30.000 à 35.000 Ar/kg ; la deuxième qualité de 20.000 à 25.000 Ar/kg et la qualité faible à 6 000 Ar/kg a-t-il précisé.

3) Appui aux entreprises

Sur les 609 entreprises qui ont été créées dans la Région d’Anôsy, une dizaine d’entre elles ont travaillé avec QMM, et ont été accompagnées par CARA (Centre d’Affaires

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Régional de l’Anôsy). Grâce à ces entreprises soutenues par CARA, plus de 193 emplois ont été créés en 2016.

Six coopératives rurales ont été formées et accompagnées individuellement dans les Communes d’Ampasy Nahampoana, de Mandromodromotra et d’Ambinanibe. Depuis 2013, la société « Rio Tinto Qmm » a réajusté sa politique de développement local selon les normes internationales et suivant les besoins et priorités locaux. Le partage des responsabilités, les bénéfices mutuels, la croissance économique sont les bases de cette coopération entre la société et la population locale. Parmi les objectifs figurent la création d’opportunité d’emploi, l’appui à l’approvisionnement local, le soutien aux secteurs non reliés à la mine.

« Tafita Sarl » fait partie de l’une des entreprises locales travaillant pour QMM et illustre la réussite d’une entreprise rurale. Ayant environ une vingtaine d’employés, l’entreprise a un contrat commercial avec QMM concernant le nettoyage des spirales à l’usine flottante. Il s’agit d’assurer la propreté et le bon fonctionnement des circuits des spirales. « L’entreprise minière QMM se présente aussi comme un catalyseur de développement de la filière maraîchère dans la Région en offrant des semences, des engrais et expertise à la population rurale, avec un succès non négligeable », selon l’adjoint au maire de cette Commune.

III- LES RÔLES DU PORT D’EHOALA

1) Le Parc d’Ehoala Une zone de 440 ha où se trouve le port d’Ehoala a été donné par l’État en concession à QIT, la filiale canadienne de Rio Tinto. Il s’agit d’une « zone d’espace réservé au développement industriel et mise à disposition des investisseurs ». Le port est géré par QMM avec divers partenaires tels que l’EDBM.

Le Port est le fruit du partenariat public privé entre Rio Tinto et le Gouvernement malgache. Rio Tinto a financé sa construction à hauteur de 110 millions de dollars US tandis que le Gouvernement a décaissé 35 millions de dollars à travers le Projet « Pôles Intégrés de Croissance » de l’Anôsy en utilisant les fonds de la Banque Mondiale. Rio Tinto a financé à hauteur de 100%, la construction du projet jusqu’à la première production, réalisée en 2009.

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Le grand port d’Ehoala compte depuis son ouverture plus de 8000 visites d’opérateurs de touriste, de porteurs de projets, d’étudiants et écoliers et surtout de la population locale. Il enregistre 339 mouvements de bateaux de tous types : bateau de croisière, minéraliers, navire de pêche, portes containers.

Le port d’Ehoala est utilisé au quotidien par une vingtaine de grandes entreprises d’import et export. Selon un document publié par QMM, environ 4648 containers importés et quelques 6093 containers de marchandises diverses (sisal, mica, fruit de mer…) exportés, soit un mouvement de 142 296 tonnes de marchandises.

Au-delà de la mine le port Ehoala constitue le principal vecteur du développement des secteurs économiques. Il assure également la sécurité alimentaire, le développement rural, le désenclavement de la région Anôsy et la valorisation des potentialités locales.

2) Sécurité alimentaire

Livraison par dizaines de containers à la fois de produits de première nécessité (riz, huile, sucre, etc.) destinés à la région. Acheminement de centaines de containers d’aide humanitaire pour les populations vulnérables du Grand Sud.

3) Désenclavement

En termes de désenclavement le port relie. Le port d’Ehoala, dont QMM possède la priorité d’exploitation, a contribué à briser l’enclavement maritime de la région : Madagascar et l’Afrique du sud à travers les bateaux de croisière qui font la ligne direct Durban et Fort- Dauphin ; Madagascar et l’Asie à travers les lignes Maersk : Mozambique- Fort Dauphin- Malaisie ; Madagascar et régions de l’Océan Indien.

En termes d’impacts indirects, le port Ehoala génère des activités économiques importantes dans la région Anôsy et les régions voisines.

Il y a une évolution des chaînes liées à la filière import-export due à la facilitation qu’offre le port en matière d’importation et d’exportation, incluant :

 Les producteurs : 100 associations formelles paysannes créés en moins de deux ans dans le district de Taolagnaro  La main d’œuvre : plus de 46 088 hommes par jour manutentionnaires.

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 Le transport : 15 nouveaux opérateurs dans le transport de marchandises générales (augmentation de l’investissement en matériels roulant : camions, remorques …)  La logistique : construction de nouveaux magasins de stockages en ville.  Le carburant : augmentation de la consommation en carburant due aux divers mouvements de transport de marchandises.  Les transitaires : implantation de 5 transitaires à Fort-Dauphin en plus des 4 existants déjà en 2008.

Au total, il y a neuf (09) entreprises de transit : SDV, AUXIMAD, MSC, VELOGIC, TAMEX, STUROCK, AMS, MASM, MALAGASY SHIPPING.

La création de 25 nouvelles entreprises d’import-export en moins de deux ans. L’existence du port d’Ehoala engendre une augmentation de la production agricole vivrière. La première exportation de manioc sec vers l’île de la Réunion a été débutée en décembre 2011. Pour permettre de cibler le marché de la Région de l’Océan Indien, la Commune de a étendu la surface de production de riz. Les axes routiers vers les zones productrices de la région Anôsy sont réhabilités.

À part cela, il y a aussi une augmentation et diversification des exportations agricoles (fruit de mer, sisal…) :

- Augmentation de la surface de plantation de sisal. Quelques opérateurs sont passés de 30 000 à 35 000 Ha avec un chiffre actuel d’environ 7 500 emplois. - Augmentation du nombre de pêcheurs dans la région et création de plus de 50 associations formelles de pêcheurs avec l’augmentation des exportations des produits halieutiques - Diminution des charges et des risques liés à l’exportation des fruits de mer car les exportateurs n’ont plus à emporter la RN13 (Route Nationale 13).

Développement de la production agro-industrielle non alimentaire : création de nouvelles entreprises dans les régions Anôsy/Androy dont une entreprise franche produisant et exportant plus de dix tonnes par an d’huile essentielle et créant 2 000 emplois directs et indirects.

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4) Recette douanière

Les recettes douanières ont décuplé dès l’ouverture du port en 2009. Ces recettes sont générées par les droits de douanes, les TVA sur les marchandises, les taxes diverses et les TVA sur les produits pétroliers, les droits de navigation et les redevances versées à l’État sujettes à TVA, les TVA sur les prestations portuaires. La contribution du Port au développement durable de la Région sera multipliée avec l’utilisation effective de la zone de 400 ha attenante et avec l’octroi attendu du statut de Port Franc.

Au cours de la mise en emploi du port, les résultats sont : une augmentation du volume des importations et des exportations depuis 2008, l’arrivée des navires de croisière a généré un nombre considérable d’emplois : guides, traducteurs, artistes locaux, nettoyage de la ville, etc. Même pour une courte période, beaucoup de secteurs économiques en ont profité : bureaux de changes, restauration, location de véhicules, transports (taxis), artisanat, agences de tourisme.

IV- LES BÉNÉFICES DE L’INSTALLATION DE QMM SUR LE TOURISME Le nombre de sites touristiques et ses variétés font de la Région Anôsy une destination forte prisée par les touristes :

1) Le tourisme balnéaire :

Avec cette morphologie rare où une magnifique chaîne de montagne côtoie la plage sur des kilomètres, offrant la possibilité de passer d'une nature verdoyante du type tropicale et souvent d'une originalité primaire à des plages d'une grande beauté.

2) L’écotourisme : L’écotourisme est un voyage responsable dans un environnement naturel où les ressources et le bien-être des populations sont préservés. Ce tourisme écologique a pour objectif principal de découvrir ou faire découvrir la nature, des paysages ou des espèces particulières tout en respectant les écosystèmes, voire en contribuant à les restaurer, dans une approche volontaire de "remboursement de la dette écologique" générée par ce tourisme.

L'écotourisme, avec les deux mondes constitués par la zone humide avec ses forêts primaires, s'étendant sur la côte Est depuis Taolagnaro et la zone subaride avec un

21 bush vaste et peu habitée. Dans ces deux contrées ainsi qu'au sein de la zone de transition où se trouve le parc national d'Andohaela, les faunes et flores abondent en espèces endémiques, faisant de ces endroits un paradis pour les naturalistes, les botanistes et tous ceux qui aiment la nature dans toute sa pureté virginale. L’importante richesse en biodiversité de l’Anôsy avec 18 aires de conservations lui confère un statut particulier dans ce domaine de l’écotourisme.

A Fort-Dauphin et dans la région de l'Anôsy tout a été mis en œuvre pour valoriser la biodiversité, l'environnement et l’écotourisme. Il y a de corridor forestier dans la région. Les villageois sont sensibilisés pour la maîtrise des feux sauvages et la gestion des feux de végétation. Les sites balnéaires de Libanona, Lokaro et Baie d'Italy sont viabilisés.

Pour gérer ces zones pittoresques, des comités de gestions ont été formés par des représentants de la Direction régionale de l'Environnement et des Forêts, ainsi que de ceux de la firme QMM. Notons que pour le développement de Fort-Dauphin, Rio Tinto QMM a injecté 150 millions USD à la région, et 350millions USD pour les projets sociaux. La richesse de son patrimoine naturel et la diversité de ses paysages (zones côtières, hauts plateaux, savanes, formation karstique, etc.) en font une destination à fort potentiel de développement éco-touristique. Avec le développement touristique de la région soutenu par QMM, l’accès aérien s’en est trouvé également amélioré avec, en plus des cinq vols hebdomadaires de la compagnie nationale, l’ouverture d’une ligne aérienne hebdomadaire depuis ou vers l’île de la Réunion et l’Afrique du Sud ouvrant ainsi une desserte aérienne régionale, principalement utilisée par les touristes.

3) La Nouvelle Aire Protégée de Mandena

Tous les guides ont bénéficié des formations dispensée par MNP sur les techniques de guidage, les dépenses liées aux frais de guidage s’appuient sur : les retombées économiques pour la population locale qui prennent plusieurs formes. Il y a, tout d’abord, le réinvestissement de 50% des droits d’entrée de l’aire protégée (DEAP) dans des projets pour les communautés riveraines.

Le prix du service d’un guide varie entre 3,20 USD à 3,67 USD par personne par jour auxquels il faut ajouter environ2,28 USD pour la location d’une tente par nuitée. En2016, les visiteurs auraient dépensé au chapitre du guidage un montant global entre 451 USD et 517 USD. La population locale offre également un service de porteurs dont le prix de la prestation

22 est négocié directement avec le touriste. Enfin, elle organise également des manifestations socioculturelles et vend des produits artisanaux directement aux touristes.

Dans la région de l’Anôsy, la majorité des arrivées touristiques se concentrent au sein dans la commune de Taolagnaro, l’aéroport se trouvant près de cette ville qui, par conséquent, s’impose comme point de départ de tous les circuits touristiques de la région. Les visiteurs, composés à plus de 50% de Français, se rendent dans la région majoritairement par voie aérienne en provenance de la capitale et de la Réunion ou par voie maritime. Depuis l’ouverture du port d’Ehoala en 2009, la fréquentation des navires de croisière a augmenté de façon exponentielle (21navires entre 2009 et 2012) et chaque passager qui débarque dépense, en moyenne, entre 47USD et 94 USD sur les lieux.

4) Croisière au port d’Ehoala :

Tableau 6: Statistique des navires de croisières au port d’Ehoala

N° SAISON NOMBRE D’ESCALE NOMBRE DES NAVIRE NOMBRE DES CROISIÉRISTES

1 2010-2011 7 4 4 876

2 2011-2012 6 5 3 571

3 2012-2013 8 8 5 872

4 2013-2014 11 5 28 390

5 2014-2015 5 3 7 201

6 2015-2016 6 5 3 271

7 2016-2017 4 4 2 900

TOTAL 42 34 56 081

Source : Office Régionale du Tourisme à Fort-Dauphin 2017

Pendant 07 saisons, 56 081 visiteurs sont venus à Fort-Dauphin. En trois saisons de croisière (3-4-5), la ville aurait bénéficié d’une retombée en devises de près de 1,5 million USD, soit un peu moins du double du montant généré par les droits d’entrée de l’ensemble des parcs nationaux à Madagascar sur une année. L’offre touristique régionale a également

23 connu un certain essor, notamment au niveau de l’offre hôtelière. La demande soutenue engendrée durant la phase de construction du projet de QMM entre 2005-2007 a eu pour conséquence une augmentation de 28% du nombre de chambres disponibles entre 2006 et 2010 pour atteindre un total de 443.

5) Le passage saisonnier

Des baleines et la valse des dauphins au large des côtes de Fort-Dauphin qui deviennent un autre attrait touristique non négligeable.

Photo 5 : Ancien port de Fort-Dauphin

Source : Cliché de l’auteur Octobre 2017

Suite à la construction du nouveau port il est prévu que l'ancien soit reconverti en marina (port de plaisance). Les activités connexes au tourisme telles les prestations liées aux circuits de visite et à l’artisanat seront appuyées pour se développer. Des festivités régionales régulières et diversifiées seront organisées pour attirer et occuper les visiteurs. Sur le plan du désenclavement régional, en sus de la RN13 qui permettra de prolonger jusqu’à Fort-Dauphin le circuit du Grand Sud, on prévoit une ouverture progressive du ciel Fort-dauphinois à d'autres compagnies aériennes locales ou étrangères et avec de nouvelles destinations internationales directes pour favoriser le développement touristique et commercial de la Région.

L’offre touristique régionale a connu un certain essor, notamment au niveau de l’offre hôtelière. La demande soutenue engendrée durant la phase de construction du projet

24 de QMM entre 2005-2007 a eu pour conséquence une augmentation de 28% du nombre de chambres disponibles entre 2006 et 2010 pour atteindre un total de 443.

L’infrastructure d’accueil demeure cependant limitée, loin d’atteindre l’objectif de1000 chambres visé par le Plan d’aménagement touristique de 2005. Les produits touristiques régionaux continuent de capitaliser sur les attraits naturels par le biais des parcs nationaux et autres réserves privées et le tourisme balnéaire à partir de circuits touristiques dont la demande est nourrie par les croisiéristes. D’autres initiatives touristiques conjointes dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) sont également en gestation comme la réappropriation de l’ancien port de Fort-Dauphin pour le transformer en un lieu d’activités en bordure de mer propice au développement hôtelier et touristique.

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CHAPITRE II

LES MENACES DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM SUR L’ENVIRONNEMENT

Les enjeux environnementaux associés à la production minérale sont nombreux et variables selon les méthodes d’extraction et la phase de chaque projet. Dans le cadre de ce rapport il n’est pas possible d’en faire une analyse-description détaillée. Il existe une abondante documentation sur les impacts des activités minières sur l’environnement dans la région minière de Mandena. En ce qui concerne l’exploitation industrielle, l’étude a identifié des impacts principaux, notamment la déforestation et la perte de la biodiversité, la dégradation des sols et du paysage, la pollution des eaux superficielles et souterraines ainsi que la pollution de l’air.

I- DÉRANGEMENT DU RÉGIME HYDROLOGIQUE ET MAUVAISE QUALITÉ DE L’AIR 1) Perturbation du régime hydrologique

Le déboisement et le défrichement des terrains pour la mise en place des infrastructures minières (telle que la construction de routes d’accès, le forage exploratoire, l’enlèvement des morts-terrains ou la construction de parcs à résidus miniers) entrainent la perturbation du régime hydrologique.

Il est estimé que l’extraction minière, jointe à la prospection du pétrole, met en péril 38% des dernières étendues de forêt primaire du monde (Mouvement Mondial pour les Forêts Tropicales, 2004). La modification de la topographie des terrains et la dénudation des sols, influent les taux de ruissellement, d’infiltration et d’évapotranspiration de l’eau et accentuant les risques d’érosion hydrique et de décapage des sols

2) Impacts de l’industrie minière sur la qualité de l’air

Les plus importantes sources de pollution atmosphérique dans les opérations minières sont: Les sources mobiles : incluent les véhicules lourds utilisés dans les opérations d’excavation, les voitures qui transportent le personnel sur le site minier et les camions qui

26 transportent les matériels miniers. Le niveau d’émissions de polluants provenant de ces sources dépend du carburant et de l’état de fonctionnement de l’équipement. Bien que les émissions individuelles puissent être relativement faibles, collectivement ces émissions peuvent constituer de réelles préoccupations.

En outre, les sources mobiles sont une source importante de particules, de monoxyde de carbone et des composés organiques volatils qui contribuent considérablement à la formation d’ozone troposphérique dans des conditions propices (chaleur ensoleillement et absence de vent).

II- IMPACTS DE L’INDUSTRIE MINIÈRE SUR LA BIODIVERSITÉ

L’exploitation minière a une incidence sur l’environnement et les biotes associés par le biais de la suppression de la végétation ainsi que le sol de couverture, le déplacement de la faune, le dégagement de polluants et la génération de bruit (ELAW, 2010 et CIMM, 2006).

1) La perte d’habitat

Les espèces de la faune vivent dans des communautés qui dépendent les unes des autres. La survie de ces espèces peut dépendre des conditions du sol, du climat local, de l’altitude et d’autres caractéristiques de l’habitat local. L’exploitation minière provoque des dommages directs et indirects sur la faune.

Les impacts proviennent principalement de la perturbation, du déplacement et de la redistribution de la surface du sol. Certains impacts sont de court terme et sont limités au site de la mine ; d’autres peuvent avoir des répercussions profondes et des effets de long terme.

L’effet le plus direct sur la faune est la destruction ou le déplacement des espèces dans les zones d’excavation et d’accumulation des déchets miniers. Les espèces mobiles de la faune, comme le gibier, les oiseaux et les prédateurs, quittent ces zones.

Les animaux plus sédentaires, comme les invertébrés, de nombreux reptiles, les rongeurs fouisseurs et les petits mammifères, peuvent être plus sévèrement affectés. Si les cours d’eau, les lacs, les étangs ou les marais sont comblés ou drainés, les poissons, les

27 invertébrés aquatiques et les amphibiens sont sévèrement touchés. L’approvisionnement en nourriture des prédateurs est réduit par la disparition de ces espèces terrestres et aquatiques.

De nombreuses espèces de la faune sont fortement dépendantes de la végétation poussant dans les drainages naturels Ruisseaux, marais et marécages). Cette végétation fournit les aliments essentiels, les sites de nidification et des abris pour échapper aux prédateurs. Toute activité qui détruit la végétation près des étangs, des réservoirs, des marais et des marécages réduit la qualité et la quantité de l’habitat essentiel pour les oiseaux aquatiques, les oiseaux de rivage et de nombreuses espèces terrestres.

Les exigences de l’habitat de nombreuses espèces animales ne leur permettent pas de s’adapter aux changements créés par la perturbation du terrain. Ces modifications réduisent l’espace vital. Le degré auquel les animaux tolèrent la concurrence humaine pour l’espace varie. Certaines espèces tolèrent très peu de perturbation. Dans le cas où un habitat particulièrement critique devient limité, comme un lac, un étang ou une zone de reproduction primaire, une espèce pourrait disparaître.

2) Le morcellement ou fragmentation de l’habitat

Le morcellement de l’habitat se produit lorsque de grandes portions de terres sont scindées en des parcelles de plus en plus petites, rendant difficile ou impossible la dispersion des espèces indigènes d’une parcelle à une autre entravant ainsi les routes migratoires naturelles. L’isolement peut conduire à un déclin des espèces locales ou des effets génétiques comme la consanguinité. Les espèces qui nécessitent des parcelles de forêts importantes disparaissent tout simplement.

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Tableau 7: impacts de l’extraction minière sur biodiversité

EXPLOITATION IMPACTS

- Enlèvement de couverture végétale

- Perte d’habitats floristiques et fauniques

- Perturbation des modes de vie des animaux due aux bruits causés par les machines lourdes Forêt littorale - Recul de la forêt littorale Drague - Perte en sous-bois et en espèces endémiques de la zone minière

- Diminution des ressources forestières

- Recul des marécages

Marécage - Diminution des ressources marécageuses

- Perte d’habitat

- Déplacement des animaux marécageux

Source : auteur Novembre 2017

L’exploitation de l’ilménite de Mandena par la société QMM est une exploitation à ciel ouvert. Aussi, faut-il enlever tout ce qui couvre le minerai. Ce qui ne manque pas de provoquer une incidence sur l’environnement car il faut couper la végétation c’est-à-dire enlever la couverture végétale. Cet enlèvement de la couverture végétale cause la perte d’habitat des espèces. La faune est ainsi déplacée de son milieu naturel par l’effet de la drague. De nombreuses espèces fauniques sont fortement dépendantes de la végétation naturelle.

Elle est également perturbée à cause des bruits de moteurs. La liste des nuisances ne s’arrête pas là ; il faut y ajouter les divers polluants. Cette végétation fournit l’essentiel des aliments et les abris naturels à la faune. La destruction de cet écosystème entraine la réduction de l’aire de prédilection de la faune sauvage, la quantité et la qualité des habitats fauniques. Cette modification réduit l’espace vital et l’approvisionnement en nourriture des animaux.

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3) Mode de vie perturbé

Les innombrables espèces faunistiques vivant dans la zone minière sont dérangées par l’activité minière. Avant l’exploitation proprement dite de l’ilménite, la société a procédé à la translocation des animaux sauvages du site minier vers un autre endroit. Mais il est difficile de déplacer tous les animaux de la zone minière.

Durant l’activité minière, les modes de vie des animaux sont perturbés par les bruits assourdissants des différentes machines. Les insectes et les invertébrés ainsi que les animaux vivant dans le sous-sol sont les premières victimes car ils ne peuvent pas s’enfuir. Il est fort probable que durant la période de décapage de la partie superficielle du terrain, le râteau tue un grand nombre d’animaux qui sont restés dans la zone à décaper.

La délocalisation des autres animaux dérange aussi leurs modes de vie car il leur faut du temps pour qu’ils puissent s’habituer au nouvel endroit où ils affectés. Par exemple, durant la période de dragage des marécages, les crocodiles vivant dans le site minier s’enfuient vers les zones humides situées aux alentours de Mandena. Cette fuite en avant des crocodiles est dictée par leur instinct de conservation. Ils quittent leur territoire pour, aller s’installer dans les zones humides situées à proximité des sites miniers car les marécages sont asséchés.

En 1992, le site de Mandena a été identifié comme site riche en biodiversité, avec un haut niveau d’endémisme régional. Selon une étude effectuée à Mandena par Lewis, consultant environnementaliste, il existe31 espèces endémiques dont 29 espèces floristiques et 2 espèces faunistiques. Il est évident actuellement que l’extinction est devenue réelle dans certaines espèces végétales et animales. La destruction progressive de la forêt en est responsable. Les animaux fuyant le désastre, trouve refuge dans les rizières. Les oiseaux tels que le « Tsiriry » y vient, par exemple, chercher des insectes, composant de base de son alimentation.

III- LES PRESSIONS ANTHROPIQUES ET RADIOACTIVITÉ 1) Déforestation et coupe illicite C’est dans les zones de Mandena que les pressions anthropiques sont les plus graves. Cela s’explique par la proximité de la ville de Fort-Dauphin. Si la consommation de bois suit le taux de croissance de la population (2,7% par an), les parcelles forestières qui subsistent à Mandena disparaîtront beaucoup plus tôt. La vitesse de la déforestation de Mandena est alarmante.

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La déforestation est telle qu’en l’espace de 60 ans, c’est-à-dire que de 1950 à 2010, 6/10 ou 60% de la forêt littorale ont disparu. La forêt littorale de Mandena, plus proche du centre de grande consommation urbaine (marchés de Fort-Dauphin), a perdu 74% de sa couverture de ligneux. Cette perte d’habitat accélère le déclin de la biodiversité dans la région. La plupart des parcelles forestières résiduelles sont très dégradées. Si la tendance se poursuit, toute couverture forestière aura disparu d’ici les 20 à 40 prochaines années.Ce déclin a été amplifié par l’extraction minière

Photo 6: Des souches d’arbres coupées dans la zone de conservation

Source : Annie RATSIMANDRIONA 2012 Source : Annie RATSIMANDRIONA 2012

Les pressions anthropiques sont très fortes dans cette zone. Les principales formes de défrichement sont les feux de cultures (tavy), les feux de brousse et l’exploitation du charbon.

Ces conditions, exacerbées par la crise politique de 2009, sont présentées par les institutions financières internationales et par le gouvernement malgache comme l’une des principales causes de la déforestation dont le taux annuel est de 0,53% (en recul comparativement au taux de 0,83% par année durant la décennie de 1990 à 2000). Pour la Banque mondiale, la culture itinérante sur brûlis (tavy), est responsable de 80 à 95% de la déforestation, les 5 à 20% restants étant associés à la production de charbon et à la coupe pour du bois de chauffe.

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2) Radioactivité Les sables minéralisés du secteur de Mandena contiennent des matières radioactives naturelles de l’ordre de 0,1 % de monazite. Les grains de monazite sont composés de phosphates et de terres rares, contenant environ 7 à 10 % de thorium et moins de 1 % d’uranium. Ces grains de monazite, étant lourds comme l’ilménite et le zircon, se trouvent concentrés aux diverses étapes de séparation par spirales électrostatique et magnétique, depuis la sortie de l’usine flottante. De ce fait, à partir de la zone de stockage de ces minerais lourds, de l’acheminement à l’usine fixe de séparation de minerai et jusqu’à l’étape finale du procédé, la présence des matières radioactives naturelles fait en sorte que dans ces zones, on enregistre des niveaux de radiation nécessitant des mesures particulières.

Aussi, tous les soins possibles sont pris, par des moyens d’ingénierie, techniques et organisationnels, pour confiner les matières radioactives dans ces zones, afin de limiter voire éviter leur propagation et la possibilité de contamination des autres zones, afin d’appliquer le principe de radioprotection exigé par la réglementation. La figure ci-après présente le diagramme illustrant la radioactivité dans les circuits de séparation de l’usine flottante et de l’USM.Cependant, ces impacts sont classifiés « mineurs » selon les documents légaux de QMM déposés à l’ONE à Fort-Dauphin.

IV- ZONE DE CONSERVATION (ZC) OU NAP

Pour essayer de compenser l’impact négatif de l’exploitation minière, QMM a installé des zones de conservation, mis en place des pépinières de plantes autochtones pour assurer la restauration et développé des activités génératrices de revenus pour compenser la perte de ressources.

En 2002 La société a classé une zone de 230ha comme zone de conservation (la forêt de Mandena) et une autre de 2000ha comme une zone minière. Elles sont sous la responsabilité de la compagnie. La zone de conservation a été établie en 2002 ; elle est cogérée par la Direction Régionale de l’Environnement et des Forêts (DREF), Rio Tinto QMM, les communes rurales de Mandromodromotra et Ampasy Nahampoana.

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1) Engagements environnementaux de QMM :

Dans la conduite de ses activités, QMM se conformera aux exigences des lois et règlements appliqués à Madagascar. Il en est de même du respect des conditions exigées avant l’exécution de son permis environnemental. Face à cette exigence de l’État malagasy, Rio Tinto QMM a priorisé la conservation de l’environnement. C’est la raison pour laquelle QMM accorde beaucoup de souci à l’environnement de Fort-Dauphin. Ce qui nécessite des études sérieuses sur les questions environnementales plusieurs années même avant l’exploitation minière.

Ces études présentent beaucoup d’intérêt car elles permettent de prévoir les impacts négatifs pouvant être générés par l’exploitation industrielle des sables minéralisés. Elles permettent également de penser aux retombées économiques et sociales de l’exploitation de l’ilménite sur la vie des communautés locales, voire sur la vie régionale et nationale. Cet engagement est décrit dans le PGEP1 ; d’où, son engagement qui est concrétisé par la création de 720 ha de NAP (nouvelles aires protégées) dans les trois sites d’exploration dont 230 ha se trouvant à Mandena.

La société s’engage à appuyer les communautés villageoises dans la reforestation des espaces déboisés. Il s’agit d’une stratégie de réhabilitation et de restauration des sites susceptibles d’être perturbés par les activités minières ou associées. Aussi, QMM a-t-il prévu d’effectuer des études de suivi de la biodiversité et de mettre en œuvre des programmes de recherche et de conservation des espèces endémiques ou menacées (Rio Tinto, 2009). Dix pour cent (10%) du site de Mandena (212ha) seront restaurés à l’aide d’essences autochtones, 75% du site seront réhabilités avec des essences exotiques à croissance rapide, soit 1590hectares.

2) Le noyau dur de la conservation de la biodiversité :

Le noyau dur ou la zone de conservation se trouve à l’intérieur de la zone minière. Elle a été délimitée par Rio Tinto QMM et ce, en collaboration avec les deux communes rurales concernées (Ampasy Nahampoana et Mandromondromotra) et la DREF en 2002. La zone se trouve en dehors du circuit minier. La mise en place de cette zone a pour but la protection et la conservation de la biodiversité de Mandena.

1 PGEP : Plan de Gestion Environnementale du Projet

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C’est une zone très importante pour la biodiversité parce qu’elle renferme toutes les espèces connues de Mandena tant animales que végétales. Elle présente aussi différents écosystèmes. Vingt-deux (22) espèces floristiques sont confirmées endémiques de la zone de conservation. Il y a également la présence des sous-bois et/ou des espèces ombrophiles comme le Pandanus spqui est endémique de Mandena.

Au nom de la conservation de la biodiversité, la société QMM a renoncé à l’exploitation de cette zone qui renferme 8% du volume d’ilménite de Mandena. Le noyau dur ou zone de conservation conserve une diversité de communautés naturelles évoluant dans des mosaïques d’écosystèmes terrestres et aquatiques dans le périmètre de Mandena. Il abrite toutes les espèces endémiques de Mandena comme le Bakerellagrisea var (Velomihanto), leCanthaiumsp (Fantsikahitsy), le Vitex tristis (Nofotsakoho), etc.

3) Le COGE et les DINA de Mandena :

La zone de conservation est cogérée par les deux communes rurales (Ampasy Nahampoana et Mandromondromotra), la DREF et évidemment QMM. Le Comité de Gestion ou COGE a comme rôle la surveillance de la zone de conservation. Il est le responsable de la gestion et de la communication du PAGS (Plan d’Aménagement et de Gestion Simplifiée) à la population concernée.

La société QMM, à son tour, doit assurer le renforcement de capacité du COGE afin que ce dernier puisse assumer avec notoriété son rôle et ses responsabilités.

Les conventions DINA sont établies dans une perspective d’une gestion durable des ressources naturelles de Mandena. Les DINA sont des conventions collectives entre les utilisateurs (la population locale) des ressources naturelles faisant l’objet d’une gestion et d’aménagement durable, d’une part et la société QMM, la DREF d’autre part après concertation. Les DINA sont très importantes dans la société malagasy car elles prennent en considération le droit coutumier.

C’est aussi un ensemble de règles, de permissions et d’interdictions régissant le fonctionnement d’un groupe social et visant la protection des intérêts communs (PAGS, 2011).Les DINA concernent la zone de conservation et celle du CDU (Cantonnement du Droit d’usage). L’accès et la circulation dans le noyau dur sont réglementés par les DINA à

34 travers le COGE. L’accès à la périphérie de la zone de conservation est limité à la période de prélèvements de plantes médicinales et de bois morts, la cueillette de miel, et à un moindre degré aux activités éco-touristiques.

4) Avantages de la mise en place de la zone de conservation

L’aire protégée de Mandena présente divers avantages aussi bien pour la population que pour l’environnement naturel de la zone de conservation. Elle est une opportunité permettant de préserver la place-refuge de nombreuses espèces forestières, notamment des espèces endémiques tant floristiques que faunistiques.

En effet, cette zone est réservée pour la transplantation des espèces endémiques ou autochtones provenant du site minier. La conservation de la biodiversité est un atout pour les générations futures. Elle assure la pérennité des ressources naturelles renouvelables. Elle pourrait servir de pépinière pour la restauration écologique de la zone d’exploitation minière. Dans cette optique, il est préconisé pour l’ensemble de la zone de conservation :

 la protection de l’écosystème forestier contre toute forme de dégradation,  la conservation de l’intégralité des habitats écologiques,  la préservation des espèces floristiques et faunistiques,  la préservation des espèces endémiques vulnérables, menacées de disparition existant à l’intérieur de la zone de conservation,  la reconstitution de la couverture forestière,  l’application stricto sensu des Dina et cela, dans l’intérêt de tous. Toutes les ressources forestières et marécageuses de la zone de conservation ne sont pas récoltées, ni endommagées par l’exploitation minière. Au contraire, la société accorde beaucoup d’attention à leur préservation pour qu’elles deviennent pérennes.

Afin de protéger la biodiversité unique dans la forêt côtière très menacée, Rio Tinto a accepté la création de zones de conservation et de renoncer à l’extraction sur les 12% de la surface de gisement. Trois zones de conservation d’un total de 620 ha ont été exclues des trois sites miniers afin de protéger la forêt littorale résiduelle mises en part en compensation. Cette grande société cogère ces zones, avec les collectivités locales et la direction malgache des eaux et forêts, selon les dispositions du Dina (un contrat social malgache destiné à gérer les éventuelles sources de conflit social).

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5) Nouvelle Aire Protégée de Mandena

Suite à un conseil de gouvernement qui s’est Mardi 28 Avril 2015, la zone de conservation est devenue NAP. Les nap sont un outil clé pour atteindre la conservation de la biodiversité car elle assure le maintien des populations variables d’espèces. Elles garantissent la protection des services des écosystèmes pour le bien-être humain.

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CHAPITRE III

LES IMPACTS SOCIAUX NÉGATIFS DE L’ENTREPRISE MINIÈRE DE QMM

La présence de l’entreprise minière de QMM dans la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana engendre aussi des énormes problèmes pour les villageois malgré les impacts positifs. Non seulement les activités paysannes sont dérangées, mais aussi beaucoup sont les villageois qui ont perdu leurs terres. Les habitants de la Commune d’accueil ne sont pas embauchés dans l’entreprise minière.

I- PERTURBATIONS DES ACTIVITÉS VILLAGEOISES

1) Diminution spatiale du Mahampy

Dans le Fokontany de Mandena, le mahampy pousse sur une surface d’environ 46,84 hectares. En 2009, 4ha de marécages à mahampy ont été rasés. C’est ce qui a entrainé la disparition de la plupart des ressources marécageuses de Mandena. Ces ressources, cependant, sont très utilisées par les femmes pour leurs activités quotidiennes. En effet, 70% des ménages de la commune rurale d’Ampasy Nahampoana récoltent de mahampy dans les marécages de Mandena pour le tressage. Les produits finis seront ensuite vendus à Fort-Dauphin pour un revenu complémentaire.

Dans la commune rurale d’Ampasy Nahampoana, cette activité mobilise plus de la moitié de la population. En effet, neuf ménages sur dix (9/10 ménages) font le tressage de mahampy. A peu près 35% des femmes tressent le mahampy (activité principale) et plus 40% des femmes pratiquent cette activité comme une activité secondaire.

La drague a déjà rasé 15,53 ha de marécages. Parmi ceux-là, 4ha sont des marécages à mahampy. Le reste (11,53ha) était des écosystèmes dont les ressources naturelles n’ont pas été identifiées. A titre de rappel, 15,53ha de marécage sont été rasés par la drague au début de l’exploitation. C’est ce qui explique la disparition et la diminution de l’accès des villageois aux ressources naturelles. L’accès des villageois aux ressources marécageuses est réduit de 62 ha pour une période de 4ans. Les ressources marécageuses les plus recherchées par les villageois sont le mahampy utilisé pour le linceul et la vannerie tandis que le ravinala leur fournit les matériaux de construction des maisons traditionnelles d’habitation.

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Croquis 2 : diminution de la superficie couverte de roseau 2009 au 2017

Source ; BD TFM, Arrangement de l’auteur, 2017

La diminution des ressources marécageuses de Mandena comme le Mahampy concerne environ70% des ménages de la commune rurale d’Ampasy Nahampoana. L’accès des femmes au Mahampy des marécages de Mandena diminue. En effet, 4ha de marécage sont été rasés en 2009.A cette allure, 16 ha de marécages à Mahampy seraient rasés aux dépens de l’extraction de l’ilménite. C’est ce qui entraine la diminution de l’accès des villageois aux marécages à Mahampy.

En outre, il faut signaler que la majeure partie des zones marécageuses de Mandena est envahie par le « kininybonaky ». Cette espèce envahissante dans les marécages détruit le

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Mahampy et le ravinala. C’est ce qui explique la diminution de la production végétale, notamment pour ces ressources naturelles des marécages de Mandena.

Selon les résultats des enquêtes que nous avons menées auprès de la population, 70% d’entre elle vivent des produits de la forêt de Mandena (hommes et femmes). Dans le Fokontany d’Ampasy, neuf (09) ménages sur 10 font exclusivement la cueillette de « Mahampy »dans le périmètre de Mandena. Dans le même Fokontany, près de 600 individus sont des bûcherons. Parmi ces derniers, certains font de cette activité leur activité principale ou secondaire.

Photo 7 : trois femmes tresseuses de roseau

Source : Internet Mars 2018

La population se plaint de la rareté du Mahampy. L’insuffisance des produits tressés et automatiquement la chute des ventes en découlent. La matière première se trouve difficilement. Les terres non dégradées sont devenues plus lointaines. « Nous sommes désormais obligées de parcourir de longues distances, tout ceci rend notre source de revenu plus pénible qu'avant l'arrivée de la compagnie »

2) Pertes de sources de revenus

La forêt de Mandena est le cœur de l’activité des villageois des Communes environnantes. C’est dans cette forêt qu’ils gagnent leur vie quotidienne et ce qu’ils vont vendre ensuite pour avoir un peu de revenu. La forêt est riche en ressource naturelle. Parmi les gens qui sont dépendants de Mandena sont les bucherons, les chasseurs, les pêcheurs, les tresseuses, les cueilleurs etc. Ainsi, nous les avons interrogés pour mieux savoir et

39 comprendre leur situation avant et avec l’exploitation de QMM dans leur Commune. Ils ont accepté de nous parler de leur revenu.

Tableau 8: recette des paysans dépendants de Mandena

Professions Recette avant l’exploitation Recette actuelle Taux de perte (%)

Bucherons 35 000 Ar 10 000 Ar 71,42

Chasseurs 30 000 Ar 10 000 Ar 66,66

Pêcheurs 40 000 Ar 7 000 Ar 82,5

Tresseuses 35 000 Ar 9 000 Ar 74,28

Cueilleurs 15 000 Ar 4 000 Ar 73,33

Source : enquête de l’auteur Octobre 2017

Figure 2 : taux de perte de revenu des paysans dépendant de Mandena 2009 et 2017

Bucherons Chasseurs Pêcheurs Tresseuses Cueilleurs

82,5 74,28 71,42 73,33 66,66

Source : Auteur Novembre 2017

Nous pouvons constater d’après ce tableau et cette figure que tous les villageois dépendants de Mandena subissent une perte de revenu depuis l’installation de QMM dans cette zone. Il est à noter que cette somme n’est un revenu mensuel. Les bucherons gagné

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35 000 Ar après chaque commercialisation avant l’activité de QMM. En général, ils vendent des bois de construction, bois de chauffage, et aussi des gaulettes.

Selon eux, ils pratiquent cette activité une fois par semaine, ce qui fait doc qu’ils gagnent 140 000 Ar par mois. Les pêcheurs et les tresseuses sont aussi victime direct de cette exploitation faite par QMM. La seule explication de ce changement est l’interdiction d’entrée dans la zone de Mandena depuis l’installation de la compagnie. Tous ces gens ont perdu leurs sources de revenu et ont dû changer leurs lieux d’activité très loin de chez eux avec des terres non fertiles et pauvres en ressources naturelles.

La forêt dégradée de Mandena est une source de revenu pour la population locale. En effet, cette dernière tire de cette forêt l’essentiel de ce dont elle a besoin, notamment le bois de construction, le bois d’énergie et le bois de clôture. L’exploitation des ressources naturelles forestières, par leur valeur d’usage, occupe une place très importante dans la vie de la population de Mandena. Le bois est utilisé directement pour les besoins des ménages en combustibles (bois de chauffe, charbon de bois après la vulgarisation du foyer artisanal malgache ou « fataperagasy »), la construction des maisons d’habitation, etc.

Il peut également être vendu sur le marché de la ville la plus proche qui est un réservoir de consommateurs potentiels sous différentes formes : les gaulettes pour les clôtures, les perches, les longrines, le bois carré, les madriers et les planches, les sacs de charbon de bois, le vakaky, le raty, etc. La commercialisation de ces produits bruts permet à l’exploitant de se constituer un revenu substantiel qu’il utilisera pour la satisfaction d’un grand nombre de besoins quotidiens. Par cette activité, le bûcheron peut gagner par semaine 30 000 à 40 000 Ariary.

Les rivières de Mandena recèlent des ressources aquatiques lesquelles sont pêchées pour servir de nourriture à la population dans le cadre de l’économie d’autosubsistance. Les hommes et les femmes adoptent différentes techniques de pêche : les hommes utilisent des moyens brutaux pour capturer le poisson (la pêche à la ligne) tandis que les femmes pratiquent la pêche douce (magnandrotsydans la rivière). Les moyens de capture utilisés pour avoir ces ressources halieutiques sont souvent le « vinta », le filet maillant et la nasse aux mailles relativement fines qui piègent toutes les espèces. Les villageois pêchent les crevettes d’eau douce, le poisson et l’anguille.

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II- ACCAPAREMENTS DES TERRES ET BOULEVERSEMENTS SOCIAUX

1) Problèmes fonciers

Qu’il s’agisse d’une mine à ciel ouvert ou souterraine, l’exploitation minière nécessite d’énormes étendues de terres occasionnant ainsi, dans la plupart des cas, la délocalisation économique et physique des communautés locales de leurs terres d’origine. En somme, l’acquisition des terres par les compagnies minières au détriment des communautés constitue une forme d’accaparement des terres et devient l’une des inquiétudes grandissantes des communautés. C’est une conséquence directe de l’asymétrie des textes juridiques qui régissent le secteur des mines d’une part, le régime foncier et le code agricole de l’autre.

Au moment où les procédures de déplacement pour les besoins du projet QMM ont commencé en 2005-2006, la plupart de la population locale vit de la terre (86%) comme les agriculteurs de subsistance. Ils désignent la possession de leur terre par des moyens traditionnels, qui sont reconnus par la communauté.

Le titre foncier étant difficile à obtenir et coûteux, seul 8% des 90% des agriculteurs qui possèdent des terres ont un titre officiel. Pour les besoins de l’extraction minière, l’État a expulsé et exproprié de très nombreuses familles dans le cadre d’une «Déclaration d’utilité publique » en son nom pour donner les terres à la société QMM dans le cadre d’un bail emphytéotique de 60 ans. Ni les clauses des contrats sur la concession et l’ensemble de la zone minière ni leurs dates de signature ne sont mises à la disposition du public par l’État, la société QMM ou Rio Tinto.

Actuellement, l’exploitation est située à Mandena, une zone de 2 000 ha au nord-est de Fort-Dauphin. Le déplacement et la perte de terres touchent les populations à Ilafitsignana et Ambinanibe. Bien qu’actuellement l’exploitation minière n’impacte pas directement ces populations, elles sont touchées par la perte d’accès à la forêt et au bois à brûler et à la pêche en eau douce.

Ilafitsignana se situe à six kilomètres au sud-ouest de Fort- Dauphin, près de la carrière qui fournit les pierres pour la construction du port et des routes. La montagne locale à

42 l’ouest de Fort Dauphin est la source des rochers, et sa disparition rapide change le paysage à tel point qu’il est méconnaissable. Sur les 1 500 personnes qui y habitent, au moins 124 ménages au sein de la communauté ont été déplacés (Bruno Sarrazin «Le projet minier de QIT Madagascar Mineral à Tolagnaro.)

2) Changement social

Auparavant, la population locale avait une habitude de laisser ses troupeaux dans la forêt de Mandena. Ce système est appelé localement « atolaky ». Elle ne procédait qu’au contrôle hebdomadaire ou mensuel du bétail. L’élevage bovin n’était encore qu’une activité secondaire des villages situés aux alentours de Mandena. Avec la recrudescence des vols de bœufs, la population est contrainte de modifier ses habitudes pastorales, c’est-à-dire qu’elle continue de pousser vers la forêt de Mandena ses troupeaux bovins : c’est le « miarakandro».

Depuis l’arrivée de la société QMM qui exploite les sables minéralisés de Mandena, l’entrée de la population dans la zone de Mandena est limitée. La zone de pâturage est limitée car ce dernier dérange la circulation des véhicules dans la zone minière. L’arrivée de QMM dans la zone de Mandena a perturbé les activités de la population, surtout au niveau de la circulation de la population. C’est dans cette optique que l’accès du bétail dans la forêt de Mandena est très limité. En quelque sorte, l’aire de distribution du bétail des villageois a diminué.

III- LES PROBLÈMES D’EMBAUCHE

Au départ, le projet minier de QMM est un projet créateur d’emplois. Mais seulement si les membres de la communauté villageoise peuvent y être recrutés. Elle crée des emplois. Elle construit des routes, des écoles, des hôpitaux. Elle favorise la création de biens et de services dans les zones éloignées et pauvres. Cependant, les avantages et les méfaits peuvent être inégalement partagés.

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1) Manque de qualification L’éducation et l’emploi des membres sont deux questions extrêmement liées et sont au top des priorités des communautés cibles de l’étude. Certes, le développement desla société minière a crée d’énormes opportunités pour l’emploi direct et indirect des communautés. La quasi-totalité des emplois direct et indirect crées par les entreprises requiert des compétences (qualifications).

Cependant, les compétences recherchées (plombiers, conducteurs, cartographes, électriciens, topographes, géographes, ingénieurs, métallurgistes, chimistes, géologues, mineurs, etc.) par les entreprises sont inexistantes dans les communautés. La majorité des membres de la communauté locale sont analphabètes ou détiennent, à la limite, une instruction scolaire minimale par manque d’infrastructures scolaires.

C’est dans ce cadre qu’il faut placer la question de l’éducation et de l’emploi des membres des communautés. D’énormes opportunités d’emploi offertes ne sont pas accessibles aux communautés riveraines faute de compétences requises. D’ou la faible employabilité des locaux avec son impact négatif sur l’économie locale. L’éducation, ou mieux, le développement des compétences locales constitue incontestablement une réponse à cette situation.

Tel que relève dans la section précédente, QMM offre des perspectives de formations et d'embauches de membres des communautés locales. Le constat fait sur le terrain indique que les communautés locales ne tirent que rarement profit d'opportunités d’emploi offertes par l'industrie minière.

Faute de qualification requise et de programme de formation professionnelle, la plupart des locaux employés sont des journaliers, des contrats que détestent les communautés. Les jeunes dans le focus group disent qu’ils sont compétents mais n’ont jamais été engages même les locaux qui détiennent des diplômes universitaires ne semblent non plus répondre aux critères d’embauche de la mine. Les entreprises minières consistent à publier des offres d’emplois sur le site de leurs sociétés tout en sachant pertinemment que très peu d’habitants de la région ont accès à l’internet.

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2) Le népotisme

C’est un favoritisme abusif exercé par un personnage haut placé de la société à l’égard de sa famille, de ses amis et surtout de sa provenance.

Les conflits les plus récurrents au niveau de Mandena et les conflits liés à la gestion des ressources naturelles au niveau. Les facteurs de risque d’escalade de ces conflits sont entre autres la gestion non transparente des associations, le manque d’information sur les issues des négociations et le calcul des valeurs de terres, la non tenue des promesses par QMM et la perception d’inégalité des compensations financières de la communauté qui s’accompagne de rumeurs de népotisme et favoritisme.

Ces facteurs ne sont pas exhaustifs mais un aperçu général de la situation actuelle ; cependant il faut noter que chaque association et chaque milieu connait des facteurs de risques spécifiques à chaque groupe. Avant la mise en œuvre du projet, QMM s’est engagé à fournir des emplois à la population locale. « Il est vrai qu’il y a un manque de qualification dans la Région » selon les habitants « mais nous sommes cabales de faire les travaux de terrassements, de maçonnerie et des dos d’homme. Mais le népotisme, et non des arguments techniques, dicte le choix de l’entreprise. Le népotisme a largement dominé le recrutement dans cette compagnie, comme dans tant d’autres sous la tutelle de l’État d’ailleurs.

IV- MENACES SUR LA SANTÉ DE LA POPULATION

La zone extractive de QMM à Mandena n’est pas loin de la zone occupée par les villageois. Cela présente un énorme danger pour la population environnante. Le croquis suivant montre la zone minière exploitée par QMM et la zone habitée par les villageois.

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Croquis 3: la zone habitée à Ampasy Nahampoana

Source : Google Earth et arrangement de l’auteur 2017

Nous voyons bien sur ce croquis que les zones habitées se trouvent près de la zone extractive de QMM (le gisement de Mandena). Cette proximité présente est un risque pour la santé des habitants des Communes périphériques.

1) Maladie respiratoire L’exploitation minière industrielle a souvent des effets induits sur la sante des communautés environnantes. La présente analyse aborde la question de la perception communautaire sur les besoins en infrastructures et leur accès aux services de sante, mais aussi sur l’impact direct de l’exploitation minière sur leur santé. Non seulement le besoin en infrastructures demeure immense, mais aussi et surtout l’accès de certains membres des communautés locales à ces services reste très limite à cause notamment du niveau faible des revenus des villageois à couvrir les frais.

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L’accès à ces services reste un défi majeur pour les communautés locales. C’est pour cette raison que l’arrivée des entreprises dans leurs milieux a suscité de fortes attentes dans la mesure où les communautés y ont trouvé une grande opportunité pour l’amélioration des infrastructures sanitaires. De même les communautés riveraines ont une perception négative des prestations de l’entreprise. Ces communautés nous ont laissé entendre qu’elles perçoivent mal que l’entreprise ait une clinique moderne pour les travailleurs et leurs familles à laquelle elles n’ont pas accès. Selon les gens de la commune que nous avons enquêtés, leur centre de santé de base est très mal équipé destiné à prendre en charge plusieurs milliers de villageois.

2) Menaces aux enfants et aux femmes enceintes Les communautés ont partagé leur crainte par rapport aux effets radioactifs potentiels des matières dégagées par l’usine ainsi que leur incidence sur la dégradation de leur santé surtout celle des tout-petits enfants et chez les femmes enceintes. Nous n’avons pas pu interroger la responsable du centre de santé de base durant nos travaux sur terrain. Mais un médecin libre a confirmé que les craintes au sein de la population pour les maladies suite a l’activité minière sont certaines. Les problèmes respiratoires, les diarrhées, le paludisme, la malformation chez les nouveaux nés sont très fréquents dans le village.

Le paludisme : d’après les enquêtes effectuées aux gens du village, ils racontent que depuis l’extraction minière les enfants souffrent du paludisme. La plupart des communautés visitées sont impactées par les eaux usées ou l’air pollué. Ils estiment qu’il serait juste pour QMM de mettre à leur disposition un hôpital moderne dans leurs milieux pour palier un tant soit peu à leur souffrance causée par l’extraction minière.

Selon certains agents, les autorités gouvernementales devraient financer des campagnes de formation et de sensibilisation au profit des communautés sur le danger que courent les populations qui vivent aux alentours des exploitations minières. Parfois les gens se demandent pourquoi QMM en fait beaucoup dans la ville de Fort-Dauphin mais non pas ici chez nous ; alors c’est notre richesse qu’elle exploite ?

3) Une prostitution et un taux de syphilis alarmant « L'explosion du pouvoir d'achat en 2006 et l’arrivée en masse de travailleurs immigrés, qu’ils soient d'Antananarivo, la capitale, d’Afrique du Sud ou du Canada, a eu un

47 effet indéniable sur l’augmentation des maladies sexuellement transmissibles dans la ville » affirme un médecin, membre de Top Réseau, ONG spécialisée dans la santé des jeunes Fort- Dauphinois. « Le chiffre d'infection de syphilis de 40% chez les jeunes Fort-Dauphinois annoncé par le ministère de la santé sont largement sous-estimés » s'inquiète une étudiante canadienne travaillant sur le sujet.

Souvent issues d'une famille pauvre, parfois isolées avec leurs enfants, ces jeunes femmes voire ces filles se tournent alors vers la prostitution pour compléter leurs maigres revenus. Certaines sont parfois poussées par leurs parents ou leur mari. L'utilisation du préservatif restant aléatoire, « elles reviennent ensuite à la maison et contaminent leur mari du fait d'avoir négligé la capote pour 5000 ou 10000 Ariary de plus (de 2 à 4 euros). Si elles contractent la maladie, peu en parlent, c'est tabou et honteux» explique une prostituée. Les plus touchés de l’effet de l’extraction de l’ilménite et zircon à Mandena sont les femmes enceintes et les enfants.

Les problèmes de santé peuvent être liés à l’exposition aux contaminants environnementaux contenus dans la poussière, l’air, l’eau et le sol ou à la consommation de produits contaminés comme le poisson, les animaux sauvages, les plantes et l’eau.

Les autochtones sont particulièrement vulnérables aux contaminants environnementaux puisque plusieurs comptent sur la chasse et la pêche pour se nourrir et sur la flore pour produire des recettes médicinales (CIMM, 2010a et ELAW, 2010). Dans certains cas, les peuples autochtones, peuvent être particulièrement vulnérables aux maladies apportées par les mineurs, comme la grippe, le paludisme, et le sida (particulièrement en Afrique de Sud)

Les femmes peuvent être particulièrement vulnérables aux effets toxiques des minéraux extraits des mines étant donné les changements qui se produisent dans leur corps au cours des différents cycles de leur vie (Loiselle-Boudreau, 2010), Les métaux qui tendent à se loger dans les os tels que le plomb, le cadmium, l’aluminium et le mercure sont transportés dans le corps de la même façon que le calcium. L’augmentation des besoins en calcium de la femme durant la croissance, la grossesse, l’allaitement et la ménopause risque de libérer, du même coup, ces métaux dans le sang et causer des problèmes de santé. Lorsque le métabolisme de la femme change au cours de sa vie, les toxines logées dans ses graisses peuvent aussi être libérées et affecter sa santé, le développement du fœtus et l’allaitement.

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DEUXIÈME PARTIE

LES CAUSES DES IMPACTS GÉOGRAPHIQUES DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM

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CHAPITRE IV

LES PROBLÈMES DES CODES MINIERS

Le secteur minier est un secteur mal encadré à Madagascar. Il nous incombe d’aborder de manière non abusive que la législation minière est faite pour plaire aux grandes entreprises minières.

I- DES CODES MINIERS AU PROFIT DES SOCIÉTÉS ÉTRANGÈRES :

Les codes miniers instituent les structures de gestion du secteur minier et renferme les prélèvements fiscaux spécifiquement associés à l’activité minière : la redevance minière, les frais d’administration minière par carré, les droits de délivrance et de renouvellement des autorisations d’orpaillage et les droits de délivrance et de renouvellement des autorisations de collecte des produits d’orpaillage.

1) Permis minier et titre foncier : source d’accaparement des terres

D’emblée, l’Avant projet pérennise la menace de spoliation des droits sur les terres. Ce risque est avéré dans de nombreux cas documentés par le Collectif TANY dans plusieurs régions de Madagascar. Expulsions, pertes de droits légitimes, compensations d’un montant faible et inacceptable, tel est le sort réservé aux populations locales victimes d’accaparements de terres, y compris dans le secteur minier.

L’article 1.1 (annexe 08) sous-tend que les sociétés minières, notamment étrangères et transnationales, deviennent propriétaires des terres, au lieu de se contenter d’extraire le produit du sous-sol pour une durée limitée dans le temps. Cela réduit dangereusement le patrimoine légué aux générations futures malgaches.

La loi 2007-036 permet aux sociétés étrangères d’acheter et d’acquérir des terrains en pleine propriété. L’autorisation accordée par cette loi a brisé un tabou, en contradiction avec le Code foncier en vigueur qui interdit aux étrangers l’accès à la propriété foncière. D’ailleurs, pour contourner ce frein, de nombreux opérateurs économiques d’origine étrangère ont acquis

50 la nationalité malgache au cours des dernières années, sans forcément résider de manière permanente à Madagascar.

N’étant pas un occupant traditionnel, le grand investisseur minier est poussé à acquérir un titre foncier. Pour le commun des Malgaches, le titre foncier reste inaccessible en raison de son coût élevé. Le délai d’obtention constitue un autre handicap car la délivrance d’un titre intervient très souvent plusieurs années après le dépôt de la demande.

Si l’article 1.1 de l’avant-projet est maintenu, seuls les nationaux très riches et les sociétés étrangères pourront entreprendre des activités minières. Sachant que Madagascar a un territoire avec une superficie de 592.000 km2, si on prend la logique, une Compagnie minière peut avoir accès à 10.000 km2 (pour un permis de recherches), cela signifie que 60 sociétés peuvent couvrir tout le territoire. Madagascar est le seul pays qui accorde une telle surface, bloquant les autres initiatives.

2) Criminalisation des manifestations :

Le code protège les intérêts des sociétés minières. Il criminalise de façon scandaleuse les mouvements de contestation au mépris des droits et libertés des populations riveraines affectées par les impacts négatifs.

L’accaparement de leurs terres, l’absence ou l’insuffisance des compensations, comme la non-réalisation des promesses faites par les sociétés minières au cours de réunions de conciliation, ont conduit des populations locales à manifester.

Désormais, les articles 164 à 170 du Code minier concernant les infractions et les pénalités mettent sur le même plan les exploitants illicites, les voleurs et les receleurs de produits miniers d’une part et les personnes qui manifestent en guise de protestation d’autre part.

Pour anéantir toute résistance, le code minier a ajouté un article 170-4 destiné à sanctionner les élus des collectivités décentralisées qui soutiendraient les manifestations des communautés locales. La criminalisation de toute résistance locale sert de bouclier aux entreprises minières quels que soient les préjudices occasionnés aux populations mais aussi aux salariés.

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Or plusieurs sujets brûlants sont susceptibles de provoquer des manifestations ici-et-là. Par exemple, le début des licenciements d’employés par les sous-traitants de QMM-Rio Tinto, l’escarpement de terre des paysans dans le district de Taolagnaro.

A cet égard, il est illogique de vouloir délivrer des permis d’exploitation de l’ilménite à d’autres compagnies alors que la multinationale qui extrait et exploite déjà ce minerai à Madagascar est en train de ralentir la production et de licencier des employés à cause de la baisse du cours sur le marché mondial. L’État et les investisseurs promettent aux populations que l’installation des compagnies minières apportera le « développement » mais les cas des sociétés opérant déjà à Madagascar prouvent qu’elles n’hésitent pas à sacrifier les emplois dès que leurs intérêts exorbitants sont en jeu.

3) Une garantie de stabilité qui cède plus d’avantages aux compagnies minières

L’irréversibilité des droits de propriété accordés aux exploitants miniers est renforcée par l’article 154. A la différence d’autres pays soucieux d’un rééquilibrage du partage de la rente minière, la renégociation de contrats est quasiment impossible à Madagascar sous le Code minier en vigueur. L’avant-projet en rajoute et va dans le sens contraire à l’intérêt national en autorisant des exceptions à cette règle si de nouvelles mesures augmentent les avantages des compagnies minières.

4) Une législation incohérente et inefficace Il nous incombe d’aborder de manière non abusive que la législation minière est à la fois incohérente et inefficace. Par ailleurs, il nous convient de déterminer que l’Administration malgache est impuissante et peu imposante.

Selon un responsable que nous avons interrogé, les textes malgaches manquent souvent de clarté et de précision et c’est l’une des causes de la perpétuelle correction et création de nouveaux textes légaux et règlementaires.

Le résultat va donc dans un sens contradictoire par rapport à l’exigence de qualité de la loi qui se doit d’être intelligible et accessible pour tous. Sachant qu’actuellement, le secteur minier malgache connaît trois textes à valeur législative à savoir le Code minier, la loi sur les

52 grands investissements à Madagascar (LGIM) et la Convention d’établissement passée entre QMM et l’État malagasy (OMNIS). Cela ne peut qu’instaurer une instabilité juridique dans le secteur car il y a une dévalorisation des lois.

Par définition : « Une loi, d’une manière générale reflète ou traduit la politique du moment des dirigeants en place d’un côté, mais d’un autre cette loi est appelée non seulement à régir le présent mais également et particulièrement le futur pour l’intérêt de tous et c’est là que réside la difficulté de la rédiger, souvent source de désaccords entre techniciens et politiciens lors de leur confection».

Il n’est plus à démontrer que depuis la politique de libéralisation de commerce et d’investissement entamée par le Gouvernement malagasy sous la pression du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale dans les années 80 et 90, l’État a donné une large place aux investissements étrangers et de ce fait, il a réalisé une profonde révision de sa législation et qui a été concrétisée par l’adoption d’un nouveau Code minier en 1999 et d’une loi sur les grands investissements miniers en 2001.

Ces nouvelles législations sont particulièrement favorables aux grandes compagnies minières car elles sont réputées très incitatives et très attractives, d’où l’intérêt grandissant des sociétés minières pour Madagascar du fait de ces contextes internes très attrayants. Ces lois protègent donc les intérêts des opérateurs miniers plutôt que ceux de la population malgache en général, ainsi, l’État a tendance à faire primer les droits des grands projets miniers aux droits de la population locale.

Comme illustration, on peut prendre comme exemple le cas invoqué par l’article 253 du Décret n° 2006/910 du 19 Décembre 2006 fixant les modalités d’application de la loi n°99- 022 du 19 Août 1999 portant Code minier modifiée par la loi n°2005-021 du 17 Octobre 2005 qui dispose que : « En application des dispositions de l’article 106 nouveau du Code minier, la population vivant aux alentours d’un lieu où est exercée une activité minière, agissant à titre individuel ou collectivement, peut solliciter du Ministre chargé des Mines, lorsqu’elle estime que les activités du titulaire de Permis minier présente un risque grave pour l’agglomération ou un édifice, ou pour la source utilisée pour l’approvisionnement en eau, ou pour des voies de communication, ouvrages d’art ou travaux d’utilité publique, des mesures visant à écarter tout danger tout en évitant d’aboutir à la suspension de l’activité minière ».

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L’esprit de cet article veut que même s’il y a déjà des dangers très imminents pour la sécurité de la communauté locale du fait d’une activité minière, ladite communauté peut demander au responsable étatique de prendre des mesures pour éliminer les risques existant mais jamais cette doléance ne devrait aboutir à la suspension de ladite activité.

Cet article ne peut que confirmer notre position selon laquelle, les législations en vigueur dans notre pays sont beaucoup plus protectrices vis-à-vis des investisseurs que de la population du milieu d’implantation des entreprises minières.

II- PROBLÈMES FISCAUX

1. Franchise de taxes

La loi sur les grands investissements miniers prévoit aussi que le promoteur peut bénéficier d’une franchise de Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur ses importations de matériels et d’équipements inscrits dans le plan d’investissement à condition qu’il consacre la totalité de sa production à l’exportation. Ainsi, la société minière débourse la TVA et se fait ensuite rembourser. Mais certains opérateurs miniers qui écoulent une partie de sa production sur le marché local peuvent aussi bénéficier du privilège de l’exonération de TVA si la quantité de produits vendus localement en une année ne dépasse pas 10% de sa production totale annuelle.

Au premier abord, il sied de noter que l’opérateur minier est souvent amené, lors de la phase de recherche, à faire des échantillonnages qui vont par la suite être envoyés à l’extérieur à des fins d’analyses. Lors de ces opérations, il est exonéré de droits de douane. Or, dans le cas d’exportations commerciales, le permissionnaire est tenu de remplir les formalités de déclaration, « déclaration d’exportation de substances minérales », prévues par le Code minier s’il exporte des produits issus de la mine.

À propos de l’importation, l’on doit dire que bénéficient de l’exonération de tous les droits et taxes à l’importation les matériels, les biens et équipements nécessaires à la construction, l’équipement et l’entretien des infrastructures d’utilité publique. Mais les biens, les matériels et les équipements nécessaires à la phase de recherche, à la phase de développement et de construction et à la phase d’exploitation bénéficient aussi de ces privilèges. De ce fait, l’opérateur minier doit établir une liste des opérations éligibles à

54 l’exonération de droits de douane et qui peut changer à chaque phase du projet. Ladite liste doit être annexée au plan d’investissement du promoteur donné aux autorités malgaches.

2. Taxes sur les Chiffres d’Affaires (TCA)

Le taux de TVA, de TST ou de toute taxe équivalente applicable aux achats de biens et services (y compris les travaux d’entreprise) de QMM dans le cadre du projet, incluant les livraisons à soi-même mais à l’exclusion des biens à l’usage personnel est fixé à 0%. Le taux de 0% s’applique également à toute importation réalisée par QMM ou pour son compte et destiné exclusivement au projet

L'application des présentes dispositions pour les Grandes Mines nécessite une correction de la répartition entre l'État central et les collectivités territoriales du renforcement de capacités en faveur de la solidarité régionale et du développement homogène du pays.

Il faut renforcer la capacité d'absorption, sachant que le paiement de la redevance et des ristournes se fera à chaque opération d'exportation. On se pose des questions quand le Rapport EITI 2013 dit qu'en 2011 l'équivalent de 284.162,32 dollar US n'a pu être versé auprès des communes, faute de transfert par l'État. Cette situation perdure jusqu'actuellement en 2015, pour ne citer que le cas de l'exploitation d'Ambatovy.

Dans l'allocation de la redevance et des ristournes concernant les mines, l'État devrait avoir en plus de la partie allouée aux collectivités territoriales concernées, des priorités identiques au niveau national comme : la santé publique, le système éducatif, la formation et la recherche, l'indépendance énergétique, l'indépendance alimentaire, l'initiative financière et l'infrastructure.

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CHAPITRE V

LA FAIBLESSE DE L’ÉTAT ET L’IMPUISSANCE DE LA COMMUNE

La faiblesse de l’État malgache se voit sur la prise de décision unilatérale et parfois un peu dictatoriale. Cette mauvaise habitude va donner naissance à une incohérence entre l’état et les Collectivités Territoriales Décentralisées.

I- LE MANQUE DE CONSULTATIONS PUBLIQUES

1) L’avant lancement du projet

L’État malgache a toujours tendances à ignorer les forces vives quand il y a des grands projets tels que le projet minier de QMM.SA. Pendant nos travaux de terrain, nous avons interrogé tous les administrés enquêtés s’ils ont été consultés avant l’installation de cette société minière dans leur Commune. C’est grâce à leurs réponses que nous avons pu savoir que la population n’a pas été consultée mais a été simplement informée de cette exploitation d’ilménite de chez eux.

Sur les 219 personnes enquêtées, 200 ont affirmé qu’elles n’ont pas été consultées et n’ont pas été d’accord de cette extraction minière dans leur Commune. Le maire, selon eux, a insisté que le gouvernement a déjà pris sa décision sur l’installation de QMM dans cette Région. Les villageois n’avaient donc pas le choix que d’accepter la pression venant de l’État malgache.

Ce n’est pas la première fois que l’État ne consulte pas la population locale avant de lancer un projet dans la Région Anôsy. Deux projets ont été lancés ces dernières années : la BOVIMA (Bonne Viande de Madagascar) et la ZES (Zone Économique Spéciale)

2) La Zone Économique Spéciale à Fort-Dauphin

L’objectif des ZES est de proposer aux investisseurs un environnement d’affaires concurentiel permettant de limiter les risques d’investissements politiques, opérationnel et administratif. Les lois de l’adoption de la ZES ont été votées le 08 novembre 2017 par

56 l’Assemblée Nationale à Tsimbazaza. Seuls 39 députes ont répondu présent au cours de la séance plénière. 38 ont voté pour et contre. Les résultats ont démontré la confiance totale des députés vis-à-vis de ce projet cela sans avoir consulté la population fort-dauphinoise jusqu’à présent. Dans ces zones, les lois économiques adoptées sont plus libérales, plus avantageuses pour les entreprises que celles pratiquées dans le reste du pays.

Les députés ont été convaincus par le discours du ministre auprès de la présidence chargé des projets présidentiels, de l’aménagement du territoire et de l’équipement (M2PATE) Benjamina Ramarcel Ramanantsoa. En effet, il n’a éclairci que les apports positifs de la ZES pour le pays tant au niveau économique que social comme la création d’emplois, la promotion du commerce et l’investissement en provenance à la fois d’entreprises nationales et internationales. C’est encore le même cas durant la consultation de la population d’Ampasy Nahampoana.Sur les lois votées par l’Assemblée Nationale concernant la ZES, 06 articles ont été rejetés par la HCC (Haute Cours Constitutionnelle) car ils sont déclarés non conformes à la constitution

3) La société BOVIMA

La BOVIMA est un abattoir international en phase de construction dans la Commune Rurale de Manambaro à 22 km de la ville de Fort-Dauphin suivant la RN 13.

Un contrat a été signé entre la Société Financière Internationales (SFI) du groupe de la Banque Mondiale et la société di groupe SMTP. Le partenariat porte sur l’installation d’un parc d’engraissement de bœufs et d’un abattoir moderne dédié à l’exportation dans le Sud du pays. Lancé en 2014, le projet avait fixé comme objectif de produire de la viande répondant aux normes internationales et toutes les conditions sanitaires d’usages à Manambaro. Pour ce faire, le la société a annoncé un investissement à hauteur de 11,5 millions de dollars.

Ce projet vise à abattre quotidiennement 50 zébus et 100 chèvres pendant les premières années. Des responsables sont venus à Manambaro et ont rencontré la population. Ils ont cité les impacts apportés par ce projet dans leur vie. BOVIMA impliquerait les éleveurs et les paysans locaux dans le projet, sans écarter la société elle-même. L’installation de cet abattoir redynamisera l’élevage de bovins et de caprins dans l’Anôsy et l’Androy.

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La création d’emplois ainsi qu’une amélioration des conditions de vie de la population rurale font partie des retombées escomptées. Toutefois, ils n’ont jamais cité un seul des impacts négatifs du projet. Alors que la population de la Commune Rurale de Manambaro craint l’insécurité (malaso). Les gens affirment que le trafic des zébus sera inévitable, par conséquent les malaso2 vont encore revenir. Les paysans craignent aussi l’extinction des zébus dans leur Commune ainsi que dans le sud de Madagascar car 50 zébus tués quotidiennement ce n’es pas insignifiant.

II- LE MANQUE DE COOPÉRATION ENTRE LES OPERATEURS

1) La réhabilitation de la RN 12a

La Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana est traversée par la Route Nationale 12a qui relie Fort-Dauphin et Vangaindrano. Comme certaines routes nationales à Madagascar, cette route est vraiment en mauvais état. Les photos suivantes montrent la RN 12a quand nous étions sur terrain :

Photo 8 : le mauvais état de la RN 12a

Source : Cliché de l’auteur, Octobre 2017 Source : Cliché de l’auteur, Octobre 2017

Cette Route Nationale n’a jamais été entretenue ni bitumée. En regardant ces deux photos, nous pouvons constater qu’il est difficile de l’utiliser surtout pendant la saison de pluie.

2 Voleurs de zébus

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La Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana, comme nous le savons déjà, bénéficie des millions de dollar américain grâce aux ristournes et aux redevances minières de QMM.La Commune a donc envisagé depuis 2012 de bitumer la RN 12a jusqu'à Fort-Dauphin et de financer toute ses constructions selon les dires du premier adjoint au maire. Rappelons que la distance entre Ampasy Nahampoana et Fort-Dauphin est 12 km. Pour ce faire, la Commue a déposé une demande d’autorisation de construire cette route nationale au Ministère des Travaux Publics. Ce dernier a décliné la demande.

Le gouvernement a refusé cette idée de bitumage par la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana. Leur prétexte est qu’il s’agit d’une Route Nationale et c’est l’État malgache qui doit s’en charger ; et que si la Commune voudrait reconstruire la RN 12a elle doit payer les couts de la construction au près du ministère chargé des travaux publics.

Par méfiance et par déception, la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana a laissé tomber la phase de construction. Le maire craint du tournement de fond dans ce ministère : « nous vivons dans un pays pauvre où les gouvernements qui se sont succédés sont corrompus, le ministère des travaux publics fait partie de ce gouvernement. Si jamais il y aura une détournement de fond, à qui est ce que nous allons nous plaindre ? »

La raison pour laquelle le gouvernement actuelle a refusé la volonté de la Commune de prendre en charge la construction de cette route est qu’il attend le bon moment pour faire leur propagande. Sachant que le président Hery RAJAONARIMAMPIANINA a déjà énoncé la réhabilitation de la RN 12a pendant sa visite à Fort-Dauphin. Ce projet est financé par l’Union Européenne.

2) Le problème d’électricité

D’après la Banque Mondiale, en 2016, sur les 23 millions d’habitants, seulement 20% ont accès à l’électricité. 15% sont des citadins et 5% des ruraux. Notre zone de recherche fait donc partie de ces 5%.

Tableau 9 : ménages enquêtés qui utilisent de l’énergie électrique

JIRAMA Groupe électrogène Batterie Panneau solaire Pile électrique

1 6 9 18 32

Source : auteur, Octobre 2017

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Au total 66 ménages utilisent des moyens d’électricité parmi les 198.À la lecture de ce tableau, nous voyons que les gens n’utilisent pas le courant de la JIRAMA sauf un centre hospitalier qui traite les lépreux, 15 emploient des groupent électrogène et des batteries dont la Commune et un CSBII et autres personnes. 50 affirment d’utiliser des panneaux solaires et des piles. Le choix de l’appareil est en fonction de leur Catégorie Socio Professionnelle (CSP).

En général, les villageois n’utilisent pas des groupes électrogènes et des batteries que lorsqu’il y a des fêtes et des funérailles. Mais les panneaux solaires sont vraiment utiles dans la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana car ils sont pratiques et économiques. Ils se chargent selon le temps qu’il fait. Mais les plus utilisés ce sont surtout les piles. Les habitants les utilisent tous les jours, notamment les paysans car elles coutent moins chères.

Rappelons que c’est dans la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana que la firme multinationale Rio Tinto exploite de l’ilménite. Cependant c’est la ville de Fort-Dauphin qui se trouve à 12 km de la zone extractive qu’elle ravitaille en électricité. La Commune a donc demandé aussi à la société d’en provisionner leur population. Car c’est chez eux que se fait l’exploitation et il serait normal que la société leur vient en aide.

QMM SA a consenti à répondre à leur besoin en électricité. La société est prête et s’engage à payer toutes les dépenses nécessaires. Par contre, c’est à la part de JIRAMA qui devrait s’occuper de toute l’installation (depuis Mandena vers la Commune) et les devis. La commune a par la suite fait une demande à la JIRAMA. Cette dernière n’a jamais répondu à la demande depuis 2012 et jusqu’à présent. Ainsi le Secrétaire Général de la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana a été envoyé spécialement au siège de la JIRAMA à Antananarivo pour régler l’affaire. Malheureusement aucune réponse de la part de JIRAMA n’a pas encore été faite.

La raison de cet obstacle est de bloquer toutes sortes de développement dans cette Commune en se référant aux dires du premier adjoint au maire. En effet si les habitants auront accès à l’électricité il y aura plus d’emplois (salon de coiffure, des gargotes, voire des cybers…) qui donnera une croissance économique.

Selon les avis de quelques politiciens de la Région, ce blocage au développement n’arrive pas au hasard. Ce sont les dirigeants qui le façonnent pour que la population locale reste ignorante et ne soit au courant de rien. L’accès à l’électricité améliorera sans doute la vie

60 des villageois en niveau d’informations. Ils vont pouvoir bien évidement utiliser des télévisions, des téléphones, voire ils auront accès à l’internet. L’État a donc peur que les gens soient au courant de ce qu’ils devraient gagner de cette exploitation dans leur Commune, de leurs impacts sur leur santé, de la ristourne et des redevance.

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CHAPITRE VI

LES RELATIONS CONFLICTUELLES ET LES CONFLITS D’INTÉRÊT

Diverses sont les causes des impacts géographiques de l’exploitation minière de QMM dans la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana. Mais les plus importantes sont surtout les relations entre les acteurs.

I- LES RELATIONS CONFLICTUELLES 1. La Commune et associations

Depuis l’installation de QMM dans la Région Anôsy, des associations ont été nées. Parmi elles l’association TEHIVOATRA. C’est une association des jeunes diplômés dans la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana. Nous avons eu une occasion d’enquêter le président de cette association. Il nous a expliqué leur collaboration avec la Commune et avec QMM.

En entrant dans l’enceinte de la Commune, il y a un tableau d’affichage qui indique toutes les recettes et les dépenses de la Commune durant une année, ainsi que les ristournes minières obtenues par QMM. Les membres de cette association ont demandé à la société minière combien gagne-t-elle leur Commune pendent chaque exportation d’ilménite.

Ils ont donc demandé au maire pourquoi ce grand écart entre la réponse de QMM et celle de l’affichage. Furieuse, selon eux, le maire les a mis à la porte et a arrêté de s’entretenir avec l’association. En effet, sur les 219 personnes que nous avons interrogées seulement les autorités qui sont au courant de la somme des ristournes minières.

2. La Commune et l’État

Les Communes font partie de la CTD (Collectivités Territoriales Décentralisée) à Madagascar. Les CTD sont libres de leurs chois surtout quand il est question de développement. Mais cela n’est pas le cas dans la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana.

Durant les régimes qui se sont succédé il n’y a point de décentralisation effective. Le développement local relève d’une utopie sans l’effectivité de ce concept.

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En effet, la mise en œuvre de la décentralisation ne se limite pas seulement à une allocation de fonds aux collectivités territoriales décentralisées mais requiert une volonté politique : celle de rendre effectifs le transfert de ressources et, en particulier, l’autonomie financière dans la gestion dudit fonds. La décentralisation est loin d’être effective à Madagascar. Pour l’instant, les dirigeants la citent sans arrêt pour faire bonne figure devant les bailleurs de fonds. L’État a toujours une mainmise sur les Communes au détriment du développement local.

Les fonds destinés aux communes ne représentent qu’une part insignifiante du budget de l’État, même pas 1%. C’est la Commune qui se débrouille afin de couvrir ses charges. La situation est déplorable et prouve qu’il n’y pas de décentralisation effective.

La Commune n’a pas le droit de décider seule sans consulter le pouvoir central. À chaque construction d’infrastructure sociale, elle doit demander de l’autorisation au gouvernement ou aux représentants de l’État comme le Chef de District, le Chef de Région. Il est vrai que la Région fait partie des CTD mais jusqu’à présent c’est toujours le président de la République qui nomme les Chef de Région. Cette nomination est contradictoire à la constitution dictant que les chefs de Région doivent être élus au suffrage universel direct. Cette loi n’est pas malheureusement respectée à Madagascar. Face à ces représentants du pouvoir central, la Commune ne peut résister à des pressions.

II- LES CONFLITS D’INTÉRÊTS

1. L’intérêt politique

L’intérêt politique est la cause de conflit la plus citée et en deuxième lieu les intérêts économiques, car les enjeux autour des questions de compensations financières et de financement par la compagnie minière sont très ancrés dans l’esprit de la communauté, pensant qu’être à la tête d’une association leur donnera plus davantage qu’en étant simple membre et qu’être en relation étroite avec les personnels de QMM amènera plus des solutions à leurs préoccupations. « « Le président de notre association nous représente lors des rencontres avec QMM….lui et sa famille ont reçu plus vite leur compensation que les autres »

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2. Les conséquences des conflits Le DINA de Mandena vient d’être élaboré et un comité d’application de Dina doit être élu par un forum communautaire mais non pas désigné par les maires. Il devrait encore y avoir un comité de suivi élu démocratiquement par les communautés. Ceci est pour partager les responsabilités pour son application. Toutefois, un risque de conflit de pouvoir et d’intérêt entre le comité d’application du Dina et la police des forêts risque de se manifester (l'un salarié, l'autre bénévole).

3. L’irresponsabilité des habitants

Non accès à l’eau potable

L’eau potable est une eau que l’on peut boire sans risque pour la santé. Des normes ont été établies qui fixent notamment les teneurs limites à ne pas dépasser pour un certain nombre de substances nocives et susceptibles d’être présente dans l’eau.

Actuellement, Madagascar est le 4è pays le plus pauvre en Afrique en matière d’eau potable selon le PNUD. Le taux d’accès à l’eau potable est moins de 35 % dont 5% en milieu rural. C’est dans ce contexte que la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana s’est collaborées avec le projet PIC d’installer des bornes fontaines. Le projet a été lancé depuis 2012.

Croquis 4: répartition des bornes fontaines dans les fokontany

Source : FTM, Arrangement de l’auteur, 2017

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Dix bornes fontaines ont été installées dont 03 à Magaiky, 03 à Ambaniala et 04 à Ampasy.

Avant l’installation de ces bornes fontaines, la Commune a informé ses habitants que ces bornes sont payantes et qu’ils doivent payer leurs consommations. La population a accepté cet engagement. Malgré la bonne initiative de la Commune pour résoudre le problème d’accès à l’eau potable, la communauté ne participe pas à la bonne marche du système. Ils n’ont pas respecté leur engagement car ils n’ont pas payé leurs factures. La JIRAMA a donc dû fermer les bornes fontaines qui n’ont pas été payées. Au total, 06 bornes fontaines ont été fermées et il n’en reste que 04. Ces dernières sont encore fonctionnelles.

Comme nous le voyons sur ce croquis, notre zone de recherche est riche en matière d’eau. Les habitants se contentent de s’en provisionner de la rivière de Maroamalona et de ces deux grand puits.

Cette irresponsabilité villageoise témoigne un signe d’ambigüité. Quand nous les avons demandés pourquoi ils ont arrêté de payer la facture de JIRAMA, 131 sur les 198 enquêtées ont répondu que c’est la Commune qui devrait s’en charger car elle reçoit une somme d’argent de QMM.

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CONCLUSION

En dépit d'énormes opportunités qu'offre le secteur industriel, l'étude indique que le développement des projets miniers a eu des effets positifs et négatifs sur le cadre de vie des communautés riveraines, notamment en ce qui concerne l'éducation, l'emploi, la sante, l'environnement et les sources de revenus de subsistance et le genre. Le processus d’exploitation des sables noirs de Mandena a procédé à l’enlèvement des végétaux existant sur le site minier avant l’extraction. Il est pratiquement impossible d’extraire l’ilménite sans commettre des dégâts écologiques. L’exploitation aura comme impact la disparition de la forêt littorale avec comme conséquence une perte de la biodiversité, perte d’habitat et de ressource pour la population.

L'étude a par ailleurs permis de ressortir la perception des communautés locales riveraines des industries extractives par rapport aux impacts, leurs préoccupations, attentes et priorités dans la Commune Rurale d’Ampasy Nahampoana. Il est vrai que les ressources forestières subissent une forte pression de la part des villageois qui dépendent de la forêt pour le bois de chauffe, le charbon de bois et le bois de construction, mais comme dans la plupart des autres pays d’Afrique subsaharienne, la principale cause de dégradation des ressources naturelles à Madagascar repose sur les hypothèses de sous-développement. Ce sont : la faible productivité agricole, le chômage, la pauvreté qui font de la population rurale le vecteur principal de dégradation de l’environnement. Il est pratiquement impossible d’extraire l’ilménite sans commettre des dégâts écologiques.

L’exploitation aura comme impact la disparition de la forêt littorale avec comme conséquence une perte de la biodiversité, perte d’habitat et de ressource pour la population. Depuis 2005, Madagascar fait déjà figure de nouvel eldorado des compagnies minières et pétrolières. Une réputation que le pays doit à son Code minier et sa Loi sur les Grands Investissements Miniers, qui accordent des avantages importants aux sociétés minières et pétrolières, ne laissant que des miettes à l’État, aux collectivités décentralisées et aux communautés locales.

Des consultations publiques dans les différentes régions permettant véritablement l’expression de critiques et suggestions de la part des communautés locales riveraines des compagnies minières en cours de recherche et surtout d’exploitation à Madagascar. Des

66 réunions nationales formelles et officielles de concertation et d’échanges entre l’État, la société civile et les acteurs de la vie économique et sociale afin de réfléchir ensemble de manière sérieuse et approfondie sur une politique minière nationale de gestion et de préservation des ressources, sur une répartition équitable des bénéfices liée à une stratégie économique de développement de tous les secteurs et de formation des ressources humaines et compétences malgaches, sur le respect des droits humains, sur les devoirs et responsabilités des différentes parties. Le nouveau code minier ne doit pas sacrifier le peuple malgache pour plaire aux investisseurs. L’État, sensé à être le protecteur de son territoire ainsi que ses populations, doit tenir compte avant tout son avantage et son profit.

Au niveau mondial, les taux de redevances minières et les ristournes restent encore très faibles pour Madagascar. De grands pays miniers comme le Canada ou l'Australie ouvrent une réflexion de fond sur les taxes et les redevances minières. Le gouvernement australien veut établir une taxe de 30% par an pour faire profiter l'État des superbénéfices des compagnies minières qui sont dus à la demande asiatique en général et chinoise en particulier. Les lobbys miniers s'opposent à la proposition gouvernementale avec des arguments liés aux risques des investissements et à la libre entreprise. Les minerais représentent 50% en valeur des exportations australiennes, le débat fait rage au sein du parlement. La diminution des commandes en minerais de la Chine a quelque peu entrainé conjoncturellement le marché à une tendance baissière. Le gouvernement australien fait un pas en arrière et annonce limiter la mesure de valorisation fiscale un premier temps, sur les exportations de fer et de charbon.

Par rapport aux régimes de redevance utilisés par ces pays les taux de redevances 2 % de la valeur de la première vente des produits bruts ou 1 % pour les minéraux transformés localement et exportés sont médiocres. Cela ne permet pas au gouvernement d’accaparer plus de recettes fiscales. Force est de constater que d’après la partie II, même les pays développés comme le Québec et l’Australie Occidentale appliquent des taux élevés pour la retenue à la source. 25 % pour Québec et 30 ou 10 % pour l’Australie Occidentale. Le Burkina utilise un taux un peu plus faible mais plus signifiant par rapport au cas de Madagascar qui ne le met pas en œuvre.

Les nombreuses mesures incitatives et garanties élaborées dans la LGIM permettent au secteur minier Malagasy d’être compétitif. Pourtant, il ne faut pas aussi négliger qu’un équilibre doit être établie entre inciter des investisseurs et encaisser une juste part et

67 raisonnable de recettes fiscales. A titre d’illustration, le rabattement du taux de redevance déjà très faible de 50 % encourage les investisseurs mais diminue la part optimale de revenus que l’État peut bénéficier. Les taux de redevances minières qui sont faibles, l’absence de la retenue à la source, les avantages supplémentaires au profit des grands investissements miniers permettent au pays d’être une destination de l’exploitation minière. Ce qui nous emmène à qualifier le régime libéral.

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BIBLIOGRAPHIE Ouvrages

(1)- CHARBOUD (C), MERAL (P), FROGER (G), 2007, Madagascar face aux enjeux du développement durable. Des politiques environnementales à l’action collective locale. Paris. Edition Karthala. SP L’auteur évoque les richesses naturelles dans ce pays mais surtout il montre la dégradation de l’environnement.

THÈSES ET MÉMOIRES

(2)- ANDRIAMANDROSONOTAHINJANAHARY (M.N), 2015, Description de la végétation et du degré de perturbation de la forêt littorale : Sainte Luce et Mandena, Mémoire de fin d’étude en vue de l’obtention du Certificat d’Aptitude Pédagogique de l’École Normale, École Normale Supérieure, Université d’Antananarivo, p 86.

(3)- ANDRIAMIARISOA (A.E), 2013, Protection de l’environnement rime-t-elle avec le développement économique? Cas de la Q.M.M, Mémoire de maîtrise en sciences économiques, Université d’Antananarivo, p 111.

(4)- HARIFARABAKO(I.A), 2015, Étude des relations plante - sol et eau dans le cadre de la réhabilitation du gisement d’ilménite de Mandena à Taolagnaro, mémoire de master, domaine sciences et technologie département des sciences de la terre, Université d’Antananarivo, p 102

(5)- NDALANARENE (E.D), 2014, Évaluation des risques environnementaux du nouveau site de déchets de la société QMM sise à Taolagnaro, mémoire de master, École Supérieure Polytechnique d’Antananarivo UFR Sciences Économiques et de Gestion de Bordeaux, p 79.

(6)- NDREMIFIDY Kelard, 2011, Étude d’adaptabilité d’Eulemur Collaris (E. Geoffroy, 1812), QUATRE ANS après délocalisation dans la forêt littorale de Mandena, Taolagnaro, Madagascar, mémoire de D.E.A, Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo, p 93.

(7)- RABEMAZAKA, 2011, Tourisme et implantation de Rio Tinto QMM à Fort-Dauphin, mémoire de maitrise de Géographie, Université de Toliara, p 95.

(8)- RAHOELIARISON (J.H), 2007, Analyse diagnostic du port d’Ehoala à Fort-Dauphin, mémoire de maitrise, Université de Toliara département de Gestion, p 186.

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(9)- RAJAONARIMANANA (V.N), 2006, Caractérisation biologique de Ptychochromissp. Ou Saroy En vue d’une gestion rationnelle de l’exploitation - Cas du système lagunaire Lanirano Ambavarano. Région de l’Anôsy, mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du diplôme d’ingénieur agronome, École Supérieure des Sciences Agronomiques, Université d’Antananarivo, p 111.

(10)- RAJAOVELONA, 2010, Contribution a l’ÉTUDE de l’importance biologique et économique du Ptychochromissp. à ANDRAKARAKA, dans la région de Taolagnaro, mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du diplôme d’ingénieur agronome, École Supérieure des Sciences Agronomiques, Université d’Antananarivo, p 111.

(11)- RAJOELINA (A.A) , Mise en place d’une politique d’optimisation et de développement durable de l’exploitation des ressources naturelles de la zone côtière de Madagascar, Région Anôsy, mémoire de maitrise en Sciences Économiques, Université d’Antananarivo, p 101.

(12)- RAKOTOMALALA (F), 2009, église catholique a Madagascar et bien commun a la lumière du compendium de la doctrine sociale (de la 2ème a la 3ème république : 1975 à 2009) Thèse présentée à la Faculté de Théologie de Fribourg (Suisse) afin d’obtenir le grade de docteur

(13)- RAKOTOMAMONJY, 2015, impacts de l’existence des industries minières à Madagascar casAmbatovy, Mémoire fin d’études pour l’obtention du Diplôme de Maitrise en sciences Économiques

(14)- RAKOTONIRINA (T.H), 2010, La place du port d’Ehoala dans l’exploitation de l’ilménite : le cas de la commune urbaine de Tolagnaro. Région Anôsy, mémoire de maitrise de Géographie, Université d’Antananarivo. P 131.

(15)- RANDRIANARIVOMANANA (L.T) 2014, Les enjeux de la participation du public pour la promotion du développement durable : intégration sociale et environnementale du projet ilménite de QMM.SA, mémoire de DEA, Écoles Supérieures des Sciences Agronomiques, Département des Eaux et Forêts, Université d’Antananarivo, p106.

(16)-RARIVOSON (N.V), 2006, Contribution à l’étude de la recapitalisation de la fertilité du sol : cas des terres de remplacement des personnes affectées par le projet QMM Taolagnaro,

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Mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du diplôme d’Ingénieur en Génie Chimique, École Supérieure polytechnique d’Antananarivo, Université d’Antananarivo, p 150.

(17)- RASARIMANANA (A.S), 2010, Effets de la dégradation de la forêt littorale sur les lémuriens nocturnes de Mandena (Tolagnaro) Région AtsimoAtsinanana- Madagascar, mémoire de DEA, Facultés des Sciences, département de Biologie animale, Université d’Antananarivo, p 95.

(18)- RATSIMANDRIONA (M.A.F), 2012, Étude des enjeux environnementaux, socio- économiques, exemple de Mandena dans la commune rurale d’AmpasyNahampoana, mémoire de maitrise en Géographie, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université de Toliara, p 122.

(19)- RAVORIARIJAO (V.M), 2015, Mise en place d’un système de management de la santé et de la sécurité au travail dans une entreprise prestataire de service au sein de la QMM basant sur le référentiel OHSAS 18001 : Cas de HASOAVA SARL, mémoire de master, École Supérieure Polytechnique d’Antananarivo UFR Sciences Économiques et de Gestion de Bordeaux, p 89.

(20)- TSILIHIMANA (A.S), 2015, Les “dina“ comme outils de renforcement de la gouvernance dans la gestion durable des ressources naturelles renouvelables du secteur minier : cas du gisement MANDENA RIO TINTO QMM, mémoire de fin d’étude en vue d’obtention du Diplôme D’Étude Supérieur Spécialisé (DESS), département de Économie, Université d’Antananarivo, p 136.

(21)- ZAFIMANJATONjakatovo, 2016, Impact radiologique des résidus miniers sur l’environnement – cas de l’exploitation d’ilménite de Mandena, mémoire pour l’obtention du diplôme de Master en Physique et Applications, Université d’Antananarivo, p 85.

DOCUMENTS ET RAPPORTS

(22)- Rapport de réconciliation des paiements effectués par les industries extractives à l'État Malagasy et des recettes perçues par l'État Malagasy Exercice 2012 (23)- Résumé de la mise en œuvre du processus de budget participatif cas de la commune rurale d’Ampasy Nahampoana

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FILMOGRAPHIE

(24)- Budget Participatif, outil de développement socioéconomique local Exemple d'Ampasy Nahampoana.

(25)- Le réveil de Fort-Dauphin

(26)- Je veux ma part de terre

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ANNEXE

Annexe 1 : QUESTIONNAIRE POUR LES MÉNAGES

Identification de l’interlocuteur Nom : Fonction : Age : Sexe :

1. Êtes-vous originaire de la région Anôsy ? Oui Non 2. Que savez-vous sur QMM ? son objectif ? la durée de l’exploitation ? 3. Êtes-vous d’accord de l’exploitation qu’elle fait chez vous. ? Oui Non Pourquoi 4. Avez-vous des familles ou des amis qui travaillent chez QMM ?a Oui combien Non 5. Cette société a-t-elle changé votre vie ? votre commune ? Oui Lesquels ? Non 6. Que pensez-vous de ses actions sociales ? Utiles Inutiles 7. Que préférez-vous, votre vie avant l’implantation de QMM chez vous ou avec ? POURQUOI ? 8. Quels en sont les problèmes que vous avez rencontrés venant de QMM ? 9. Quelles sont les conséquences de DINA sur votre vie quotidienne ? Avantages Inconvénients 10. Êtes-vous d’accord de la zone de conservation et l’entrée interdite dans cette forêt ? Oui Non Pourquoi ? 11. Quels cas citeriez-vous comme non négociables pour l’intégration sociale du projet ? 12. Qu’attendez-vous de QMM ?

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Annexe 2 : QUESTIONNAIRE POUR LE RESPONSABLE DU DISTRICT DE TAOLAGNARO

1. L’extraction minière faite par QMM ne détruira-t-elle pas la forêt de Mandena et la biodiversité ? Oui non POURQUOI ? 2. Selon vous, les habitants sont-ils vraiment d’accord de l’extraction minière dans leur commune ? Oui non

3. Personnellement, en tant que chef de district, en êtes-vous d’accord ? Oui non Pourquoi ?

4. Quels sont les impacts de cette exploitation d’ilménite sur : L’économie de la commune ? De la région ? La vie quotidienne de la population et sur leurs activités ?

5. Ces répercussions ont-elles vraiment réduit le taux de pauvreté ? le taux de chômage ? Oui non

6. Pour vous, QMM SA joue-t-elle un rôle important dans la région Anôsy ?

7. Beaucoup de gens pensent que l’arrivée de QMM est facteur de la hausse des prix. Êtes-vous d’accord de cet avis ? Qu’en pensez-vous ?

8. S’il y aurait des choses à réclamer, à négocier, ou à collaborer avec QMM cela sera quoi ?

9. En général, qu’attendez-vous de QMM ? 10. Avez-vous des remarques, des critiques, des suggestions à propos de ce que nous venons de dire ?

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Annexe 3 : QUESTIONNAIRE POUR LE RESPONSABLE DE LA RÉGION

1. L’extraction minière faite par QMM ne détruira-t-elle pas la forêt de Mandena et la biodiversité? Oui non POURQUOI

2. Selon vous, les habitants sont-ils vraiment d’accord de l’extraction minière dans leur commune ? Oui non

3. En tant que chef de région, en êtes-vous d’accord ? Oui non Pourquoi ?

4. Quels sont les rôles de la région sur cette activité minière ?

5. Quels sont les impacts de cette exploitation d’ilménite sur : L’économie de la commune ? De la région ? La vie quotidienne de la population et sur leurs activités ?

6. Combien en bénéficie la région ?

7. Comment gérez-vous cette somme ?

8. Ces répercussions ont-elles vraiment réduit le taux de pauvreté ? le taux de chômage ? Oui non

9. Pour vous, QMM joue un rôle important dans la région Anôsy ? 10. Beaucoup de gens pensent que l’arrivée de QMM est facteur de la hausse des prix. Êtes-vous d’accord de cet avis ? Qu’en pensez-vous ?

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11. S’il y aurait des choses à réclamer, à négocier, ou à collaborer avec QMM cela sera quoi ?

12. En général, qu’attendez-vous de QMM ? 13. Avez-vous des remarques, des critiques, des suggestions à propos de ce que nous venons de dire ?

Annexe 4 : QUESTIONNAIRE POUR LA COMMUNE RURALE D’AMPASY NAHAMPOANA

1. Pour vous, l’extraction d’ilménite dans votre commune ne détruira-t-elle pas la forêt de Mandena ? Oui non Pourquoi ? 2. N’aura-t-elle pas des impacts négatifs sur l’écosystème ? 3. Pensez-vous que les habitants sont-ils d’accord de cette exploitation minière ? Y en avait-il des contre ? Oui pourquoi Non Y en avait-il des victimes ? 4. La population avait-elle été consultée ? Oui Non 5. Certains gens ont manifesté contre la société de QMM ? Pourquoi selon vous ?

Quelle est la source de ce conflit ?

6. Personnellement, êtes-vous d’accord de l’exploitation d’ilménite chez vous ? Oui non Pourquoi ? 7. Quels sont ses impacts sur : l’économie de votre commune ? Et sur la vie sociale de la population ?

8. L’existence de QMM a-t-elle réduit le taux de pauvreté dans cette commune ? QMM a-t-il baissé le taux de chômage ?

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9. Combien en gagnez-vous de cette exploitation minière dans votre commune ?

10. Cette somme est-elle suffisante pour gérer les activités dans cette commune ? Comment gérez-vous cette somme ? Quels sont ses impacts sur la population ?

11. En général, ces impacts sont-ils positifs ou négatifs ?

12. N’avez-vous jamais eu des problèmes avec QMM ?

13. Le développement s’accompagne toujours de l’accès à l’électricité, pourquoi votre commune ne dispose-t-elle pas de l’électricité ?

14. Avez-vous entretenu de coopération avec QMM ?

15. S’il y aurait des choses à réclamer, à négocier, ou à collaborer avec QMM cela serait quoi ?

16. En général, qu’attendez-vous de QMM ?

17. Avez-vous des remarques, des critiques, des suggestions à propos de ce que nous venons de dire ?

Annexe 5 QUESTIONNAIRE POUR LE DÉPUTE

1. Selon vous, les habitants sont-ils d’accord de l’extraction minière dans leur commune ? Oui non

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2. En tant que député de Madagascar, en êtes-vous d’accord ? Oui non Pourquoi ? 3. Quels sont vos rôles sur cette activité minière ?

4. Que pensez-vous des codes miniers actuellement ? Son-ils bénéfiques pour le pays ? Devront-ils être modifiés ?

5. Aviez-vous déjà proposé des projets de lois concernant cette exploitation minière ? Si oui, lesquels ?

6. Beaucoup de gens pensent que l’arrivée de QMM est facteur de la hausse des prix. Êtes-vous d’accord de cet avis ? Qu’en pensez-vous ?

7. En général, qu’attendez-vous de QMM ?

8. Avez-vous des remarques, des critiques, des suggestions à propos de ce que nous venons de dire ?

Annexe 6 QUESTIONNAIRE POUR L’ORTFORT

1. L’existence de QMM est-elle bénéfique ou entrave pour le tourisme ? Oui non Pourquoi ?

2. Rio Tinto collabore-t-elle avec vous, ou vous aide-t-elle pour le développement de ce secteur tourisme ? Oui non Quelles sont ces aides/ collaborations

3. Quelles sont les retombées du secteur tourisme sur la population locale ?

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4. Avez-vous des remarques, des critiques, des suggestions à propos de ce que nous venons de dire ?

Annexe 7 : QUESTIONNAIRE POUR LES MENEURS DE LA MANIFESTATION

1. Pourriez-vous nous parle de cette manifestation contre QMM SA 2. Quelles étaient les raisons de votre manifestation ? 3. La société QMM a-t-elle répondu à votre requête ? 4. Qu’attendez-vous de QMM ? 5. Avez-vous des remarques, des critiques, des suggestions à ce que nous venons de dire ?

Annexe 8 : extrait du code minier article 1.1, « Nul titulaire de permis minier ne peut s’installer ou procéder à quelconque opération d’extraction [dans le cadre de l’activité de recherche ou de l’activité d’exploitation] sur un site inclus dans son périmètre minier sans être propriétaire [foncier] du site ou, à défaut, sans avoir épuisé la procédure d’identification et d’information des propriétaires et convenu de contrat de bail ou d’autre accord avec les propriétaires fonciers ou avec les autorités locales ».

Article 167« Les groupes de personnes qui envahissent et occupent les périmètres miniers réglementairement octroyés à fin d’y entreprendre des activités de nature à empêcher leurs titulaires d’exercer leur profession ou de les spolier de leurs droits, commettent un crime et sont punis d’une peine de travaux forcés de cinq (5) ans à vingt (20) ans et d’une amende de 15.000.000 à Ar 150.000.000 ».

Article 170-4« Les personnes membres du conseil et de l’organe exécutif des Collectivités territoriales décentralisées qui se rendent complices dans la violation de périmètre minier, d’envahissement de périmètre minier, d’activités minières illicites, de ruée, indiqués à aux articles 165 à 170-1 ci-dessus, sont punis des mêmes peines que les autres auteurs, avec une circonstance aggravante. »

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TABLE DES MATIÈRES REMERCIEMENTS ...... i SOMMAIRE ...... ii RÉSUMÉ ...... iii TABLE DES ILLUSTRATIONS ...... iv LISTE DES CROQUIS ...... iv LISTE DES TABLEAUX ...... iv LISTE DES PHOTOS ...... iv LISTE DES FIGURES ...... iv ACRONYMES ...... v INTRODUCTION ...... 1 Première partie LES RÉPERCUSSIONS AMBIVALENTES DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM DANS LA COMMUNE RURALE D’AMPASY NAHAMPOANA ...... 9

ChapitreILES IMPACTS POSITIFS DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM ...... 10

I-DÉVELOPPEMENT DE LA COMMUNE D’AMPASY NAHAMPOANA AVEC LA RISTOURNE MINIÈRE ...... 10 1. La riziculture ...... 10 2. L’élevage ...... 11 3. L’éducation ...... 12 II-ACTIONS SOCIALES ET APPUI DES ENTREPRISES LOCALES ...... 16 1. Apiculture ...... 16 2. La filière baie rose ...... 16 3. Appui aux entreprises ...... 17 III-LES RÔLES DU PORT D’EHOALA ...... 18 4. Le Parc d’Ehoala ...... 18 5. Sécurité alimentaire ...... 19 6. Désenclavement ...... 19

IV-LES BÉNÉFICES DE L’INSTALLATION DE QMM SUR LE TOURISME ...... 21 1. Le tourisme balnéaire : ...... 21 2. L’écotourisme : ...... 21 3. La Nouvelle Aire Protégée de Mandena ...... 22 4. Croisière au port d’Ehoala : ...... 23 5. Le passage saisonnier ...... 24

Chapitre IILES MENACES DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM SUR L’ENVIRONNEMENT ...... 26

I-DÉRANGEMENT DU RÉGIME HYDROLOGIQUE ET MAUVAISE QUALITÉ DE L’AIR ...... 26

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1. Perturbation du régime hydrologique ...... 26 2. Impacts de l’industrie minière sur la qualité de l’air ...... 26

II- IMPACTS DE L’INDUSTRIE MINIÈRE SUR LA BIODIVERSITÉ ...... 27 1. La perte d’habitat ...... 27 2. Le morcellement ou fragmentation de l’habitat ...... 28 3. Mode de vie perturbé ...... 30

III-LES PRESSIONS ANTHROPIQUES ET RADIOACTIVITÉ ...... 30 1. Déforestation et coupe illicite ...... 30 2. Radioactivité ...... 32

IV-ZONE DE CONSERVATION (ZC) OU NAP ...... 32 1. Engagements environnementaux de QMM : ...... 33 2. Le noyau dur de la conservation de la biodiversité :...... 33 3. Le COGE et les DINA de Mandena : ...... 34 4. Avantages de la mise en place de la zone de conservation ...... 35 5. Nouvelle Aire Protégée de Mandena ...... 36

ChapitreIIILES IMPACTS SOCIAUX NÉGATIFS DE L’ENTREPRISE MINIÈRE DE QMM ...... 37

I-PERTURBATIONS DES ACTIVITÉS VILLAGEOISES ...... 37 1. Diminution spatiale du Mahampy ...... 37 2. Pertes de sources de revenus ...... 39

II-ACCAPAREMENTS DES TERRES ET BOULEVERSEMENTS SOCIAUX ...... 42 1. Problèmes fonciers ...... 42 2. Changement social ...... 43

III-LES PROBLÈMES D’EMBAUCHE ...... 43 1. Manque de qualification ...... 44 2. Le népotisme ...... 45

IV-MENACES SUR LA SANTÉ DE LA POPULATION ...... 45 1. Maladie respiratoire ...... 46 2. Menaces aux enfants et aux femmes enceintes ...... 47 3. Une prostitution et un taux de syphilis alarmant ...... 47 Deuxième partie LES CAUSES DES IMPACTS GÉOGRAPHIQUES DE L’EXPLOITATION MINIÈRE DE QMM ... 49

Chapitre IVLES PROBLÈMES DES CODES MINIERS ...... 50

I-DES CODES MINIERS AU PROFIT DES SOCIÉTÉS ÉTRANGÈRES : ...... 50 1. Permis minier et titre foncier : source d’accaparement des terres ...... 50 2. Criminalisation des manifestations : ...... 51

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3. Une garantie de stabilité qui cède plus d’avantages aux compagnies minières ...... 52 4. Une législation incohérente et inefficace ...... 52

II-PROBLÈMES FISCAUX ...... 54 1. 1.Franchise de taxes...... 54 2. 2.Taxes sur les Chiffres d’Affaires (TCA) ...... 55

Chapitre VLA FAIBLESSE DE L’ÉTAT ET L’IMPUISSANCE DE LA COMMUNE ...... 56

I-LE MANQUE DE CONSULTATIONS PUBLIQUES ...... 56 1. L’avant lancement du projet ...... 56 2. La Zone Économique Spéciale à Fort-Dauphin ...... 56 3. La société BOVIMA...... 57

II-LE MANQUE DE COOPÉRATION ENTRE LES OPERATEURS ...... 58 1. La réhabilitation de la RN 12a ...... 58 2. Le problème d’électricité ...... 59

Chapitre VILES RELATIONS CONFLICTUELLES ET LES CONFLITS D’INTÉRÊT ...... 62

I-LES RELATIONS CONFLICTUELLES ...... 62 1. La Commune et associations ...... 62 2. La Commune et l’État ...... 62

II-LES CONFLITS D’INTÉRÊTS ...... 63 1. L’intérêt politique ...... 63 2. Les conséquences des conflits ...... 64 3. L’irresponsabilité des habitants ...... 64 CONCLUSION ...... 66 BIBLIOGRAPHIE ...... 69 ANNEXE ...... 73 TABLE DES MATIÈRES...... 80

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