Document généré le 30 sept. 2021 22:09

Séquences La revue de cinéma

Les remakes américains de films français Olivier Lefébure du Bus

Numéro 170, mars 1994

URI : https://id.erudit.org/iderudit/49931ac

Aller au sommaire du numéro

Éditeur(s) La revue Séquences Inc.

ISSN 0037-2412 (imprimé) 1923-5100 (numérique)

Découvrir la revue

Citer ce compte rendu Lefébure du Bus, O. (1994). Compte rendu de [Les remakes américains de films français]. Séquences, (170), 52–54.

Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 1994 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/

Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ LES REMAKES AMERICAINS DE FILMS FRANÇAIS

Quel point commun y a-t-il réservoir d'histoires inédites (pour et les journalistes ont immanqua­ entre Breathless de Jim McBride, le public américain) ayant déjà fait blement porté plus d'intérêt à ce Sommersby de Jon Amiel et leurs preuves (auprès du public film. S'attaquer à un chef-d'oeuvre Intersection de Mark Rydell? Outre français). Les risques d'échec est une entreprise périlleuse et tout le fait qu'ils sont tous interprétés financier sont donc logiquement le monde veut savoir comment le par Richard Gere, ce sont tous les moins importants. réalisateur va s'en sortir. On trois des remakes de films français. L'inflation des budgets et la spécule, on compare, on s'indigne frilosité des producteurs, qui ou on rit; qu'importe! Les gens ET POURQUOI PAS UN REMAKE? hésitent maintenant à investir des parlent du film avant qu'il ne soit capitaux dans une histoire originale sur les écrans. De l'attente naîtra Hasard de la production? Non. sans savoir si elle va être appréciée l'envie et le public se précipitera Depuis une quinzaine d'années, les du public, sont à la base de cette dans les salles pour voir le résultat grands studios hollywoodiens ont reprise de mode. Est-il raisonnable final. Down and Out in Beverly relancé la mode du remake et à notre époque d'hypothéquer 20 Hills est loin de valoir l'original, parmi les cinematographies ou 30 millions de dollars sur une mais reste malgré tout une étrangères non anglophones, c'est nouvelle idée qui peut-être laissera plaisante critique d'une certaine le cinéma français qui attire le plus tout le monde indifférent? Le Amérique. Si Renoir eut de la les producteurs américains. Ne remake comme la sequel est par chance avec les remakes de ses nous leurrons pas sur ce regain conséquent une «bonne» solution films (Scarlet Street de Fritz Lang, d'intérêt des Majors pour les films de rechange. Puisque les Français remake de La Chienne, n'est pas français. La cinéphilie et l'amour ont applaudi Un éléphant, ça sans qualité), tous les réalisateurs de la n'y sont pour rien. Le trompe énormément d'Yves français ne peuvent en dire autant. remake est une pratique commer­ Robert, pourquoi les Américains ne Truffaut fait partie des malheureux. ciale qui consiste à refaire un film feraient-ils pas de même avec son The Man Who Loved Women est qui a eu du succès en partant du remake, The Woman in Red, de et une ridicule reprise de L'Homme postulat que, s'il a rencontré une avec dans le rôle créé qui aimait les femmes. Remplacer fois son public, il est fort probable par ? Charles Denner par Burt Reynolds qu'il le rencontre une deuxième est absurde car ce qui fait la force fois. L'argent attire l'argent. OUI, MAIS QUEL FILM... du film original, c'est que le Que le choix des producteurs personnage principal n'est pas un américains se soit porté sur la Deux types de films sont bel homme. Blake Edwards est France et non pas l'Allemagne ou susceptibles d'intéresser les complètement passé à côté de son l'Italie n'a rien de surprenant. Quoi producteurs américains et de film, se contentant de «servir la qu'on en dise, le cinéma français donner naissance à des remakes: soupe» à la star américaine sex- est encore un des plus originaux au les classiques et les grands succès symbol du début des années 80. Le monde. Il est vivant, créatif. Les commerciaux. film référence de la Nouvelle Vague, À bout de souffle de scénarios à acheter sont nombreux Même si à l'époque de leur Godard fut, quant à lui, repris par (tout producteur ou scénariste sortie, ils furent des échecs, les )im McBride. Intelligemment, il français rêve de vendre ses droits classiques sont toujours intéressants intervertit les rôles, l'Américaine aux States) et peu chers (pour les à retourner car ils bénéficient d'une devenant une Française et le mêmes raisons). Enfin, les intrigues aura publicitaire formidable. Français un Américain. Hélas! alors sont facilement adaptables, car les Lorsque Paul Mazursky a entrepris que le film de Godard bousculait sensibilités sont familières. La de faire un remake de Boudu sauvé joyeusement les conventions France est donc un formidable des eaux de Jean Renoir, la presse

52 Séquences cinématographiques, celui de américaine. Un désaccord avec les 1988. Comme Veber, Sluizer a eu FICHE TECHNIQUE McBride n'est qu'une honnête producteurs de chez Touchstone le privilège de pouvoir tourner lui- Tous les films suivants sauf * sont production tournée pour mettre en Pictures, à la suite d'une réécriture même le remake de son film. La disponibles sur vidéo ou laser: valeur Richard Gere. Aucun de ces du scénario, a contrecarré ses porte des studios hollywoodiens lui remakes n'égale l'original et entre projets et c'est qui est désormais grande ouverte et s'il LES CLASSIQUES: Le Salaire de la peur de Clouzot et hérita du film. Gérard Depardieu, accepte comme son compatriote Pépé le Moko (1937) Sorcerer de Friedkin, il est phénomène rarissime, a repris son Paul Verhoeven de vendre son (J.Duvivier) (J.Gabin) (V.ang.) préférable de louer la cassette du rôle créé en 1991. En effet, la règle âme, il est en droit de rêver à une Algiers (1938) premier, à moins de rechercher (et le public) veut que les acteurs place au soleil. (J.Cromwell) (C.Boyer) (V.ang.) expressément la griffe Friedkin et soient du cru. Ainsi dans Oscar de Même si presque tous les Casbah (1948) (J.Berry) (T.Martin) (V.ang.) d'être sensible à la musique de John Landis, c'est remakes ne sont que de pâles Tangerine Dream. qui reprend le rôle de Louis de copies à côté des originaux, je ne La Chienne (1931) Funès! L'idée était stupide et le film veux pas conclure par une note (J.Renoir) (M.Simon) (V.O.F.) LE RIRE DE L'ARGENT OU l'est autant. Mais le cas de pessimiste. Bien sûr, refaire Pépé le Scarlet Street (1945) (F.Lang) (E.G.Robinson) (V.ang.) L'ARGENT DU RIRE? Depardieu est unique. C'est Moko (avec Jean Gabin) était actuellement le seul comédien absurde, surtout avec Charles Le Corbeau (1943) Tous les remakes sont donc à la français a être connu en Amérique Boyer comme substitut, mais grâce (H.G.CIouzot) (P.Fresnay) (V.ang.) base des succès: critiques (Le et le seul sur qui des producteurs à la mode des remakes, des films The 13th Letter (1951) (O.Preminger) (C.Boyer) (V.ang.) Salaire de la peur de Clouzot a sont prêts à investir de l'argent. Pari comme Pépé le Moko de Duvivier, audacieux, il reste encore à voir si reçu le Grand Prix à Cannes en Le Corbeau de Clouzot ou Boudu Le Salaire de la peur (Titre US: The 1953) ou commerciaux. Constante Wages of Fear) (1952) des années 80, les films français (H.G.CIouzot) (Y.Montant) (V.O.F. et récents qui ont donné des remakes V.ang.) Sorcerer (1977) sont en majorité des comédies, et (W.Friedkin) (R.Scheider) (V.ang.) le champion toute catégorie des auteurs français le plus adapté (ou À bout de souffle (Titre US: Breeathlessa , pillé pour les opposants) est Francis (1959) (J.L.Godard) (J.P.Belmondo, J.Seberg.. .) Veber. (V.O.F. et V.ang.) L'Emmerdeur écrit par Veber et Breathless (1983) réalisé par Molinaro a été refait par (J.McBride) (R.Gere, V.Kaprisky) sous le titre de Buddy, (V.F. et V.ang.) Buddy, lack Lemmon et Walter L'Homme qui aimait les femmes (Titre Matthau ont pour l'occasion US: The Man Who Loved Women) reformé leur duo comique mais pas (1977) avec le même bonheur que Jacques (F.Truffaut) (C.Denner) Brel et Lino Ventura. Si Lemmon (V.O.F. et V.ang.) The Man Who Loved Women (1983) s'en sort bien en déprimé X^R,\£wf^ (B.Edwards) (B.Reynolds) suicidaire, Matthau n'est pas T (V.F. et V.ang.) crédible en tueur à gages implacable. Boudu sauvé des eaux (Titre US: mBÊm Boudu Saved From Drowning) (1932) , l'acteur fétiche (J.Renoir) (M.Simon) (V.O.F. et V.ang.) | 1 , ... f de Veber, a vu ses rôles repris tour fa Down and Out in Beverly Hills (1986) à tour par Richard Pryor dans The (P.Mazursky) (N.Nolte) (V.F. et V.ang.) Toy, Tom Hanks dans The Man A i Cousin, cousine (1975) with One Red Shoe et (J.C.Tacchella) (V.O.F. et V.ang.) dans et . Cousins (1989) Ce dernier réussit d'ailleurs une méà (J.Schumacher) (V.F. et V.ang.) formidable composition dans Three jÊJJaWwaa^ Fugitives face à qui, en Three Fugitives : (Scénario et/ou reprise de Depardieu, est excellent. Réalisation) Réalisé par Veber lui-même, ce le public américain va s'intéresser sauvé des eaux de Renoir sont film est peut-être l'unique cas où aux problèmes conflictuels d'un disponibles (traduits ou sous-titrés L'Emmerdeur (Titre US: A Pain in the A) (1973) l'on peut dire que le remake est Français avec sa fille. en anglais) dans les bons ciné-clubs (E.Molinaro) (L.Ventura, J.Brel) (V.ang.) aussi bon que l'original. La Là où Francis Veber n'a pas des grandes villes américaines. Buddy, Buddy (1981) présence de Veber derrière la réussi (trop Français au goût des Rien que pour cela, il ne faut pas (B.Wilder) (W.Matthau, J.Lemmon) caméra n'est pas étrangère à cela. producteurs), peut-être que le regretter les navets que sont (V.F. et V.ang.) Installé aux États-Unis, Veber Néerlandais George Sluizer aura Paradise et Point of No Return. Le Jouet (1976) devait également réaliser le remake plus de chance. The Vanishing est (F.Veber) (P.Richard) (V.O.F.) de Mon père, ce héros de Lauzier en effet le remake de L'Homme qui The Toy (1982) après en avoir écrit l'adaptation voulait savoir, film qu'il réalisa en Olivier Lefébure du Bus (R.Donner) (R.Pryor) (V.F. et V.ang.)

No 170 —Mars 1994 53 Le Grand Blond avec une chaussure noire (Titre US: The Tall Blond Man L A FICHE LASER With One Black Shoe) (1972) (Y.Robert) (P.Richard) (V.O.F. et V.ang.) The Man With One Red Shoe (1985) (S.Dragoti) (T.Hanks) (V.ang.)

Les Fugitifs (F.Veber) (P.Richard, G.Depardieu) DEUX TRIPLES POUR EASTWOOD (V.O.F.) Three Fugitives (1989) (F.Veber) (M.Short) (V.F. et V.ang.)

La Chèvre (1981) (F.Veber) (G.Depardieu, P.Richard) Les amateurs de westerns séparément. Un film gratuit sur constater que le «cinéma d'antan», (V.O.F.) post-fordiens ont de quoi se réjouir trois ! D'après les détaillants, celui celui des années 60 (sic), peut être •Pure Luck (1991) depuis la sortie de deux trilogies de la Warner nous offre un rabais plus moderne que le cinéma (N.Tass) (M.Short, D.Glover) consacrées aux westerns de Clint de près de 50 % sur l'ensemble des actuel. Mon père, ce héros (1991) Eastwood. THE CLINT EAST­ disques. Une proposition bien Le second triplé consacré à (G.Lauzier) (G.Depardieu) (V.O.F.) WOOD TRILOGY consiste en un difficle à ignorer. Eastwood a l'avantage de télesco­ •My Father, This Hero (1994) (S.Miner) (G.Depardieu) coffret regroupant le travail du Des deux coffrets, celui de per, pour le spectateur, trois tandem Leone/Eastwood, et fait Leone demeure sans doute le plus périodes importantes dans la LES COMÉDIES: suite à THE intéressant, si ce n'est que pour sa carrière de l'acteur-réalisateur, et sa Un éléphant, ça trompe énormément WESTERN PACK, sorti l'été dernier, valeur historique. De plus, il n'y a relation au western. The Outlaw (Titre US: Pardon mon Affaire) (1977) un ensemble affichant trois des que la définition et la luminosité du Josey Wales s'inscrit dans la lancée (Y.Robert) (J.Rochefort) (V.ang.) meilleures réalisations solos du des westerns naturalistes qui ont The Woman in Red (1984) laser pour rendre justice à la poésie (G.Wilder) (G.Wilder) (V.F. et V.ang.) cowboy laconique. Six westerns, visuelle du cinéaste qui rappelle à marqué les années 70. Comme donc, parmi les plus originaux des la fois le modernisme d'Antonioni dans Jeremiah Trois hommes et un couffin (Titre US: trente dernières années, sont Three Men and a Cradle) (1985) et le surréalisme des toiles de Dali Johnson et Richard Harris dans A (C.Serreau) (R.Giraud, M.Boujenah, maintenant offerts à bon prix en et de Giorgio de Chirico. Le Man Called Horse, et ses suites, A.Dussolier) (V.O.F. et V.ang.) version «letterbox». Le plus récent procédé «letterbox», quant à lui, Clint Eastwood crée, avec Josey Three Men and a Baby (1987) (L.Nimoy) (T.Selleck, S.Guttenberg, coffret, produit par MGM/UA permet enfin d'apprécier la Wales, un cowboy qui n'en est pas T.Danson) (V.F. et V.ang.) Home Video, comprend A Fistful géométrie maniaque des compo­ un (c'est un fermier), mais un of Dollars (1964), For a Few sitions du maître italien. Copié homme forcé par le destin, les Le Grand Chemin (Titre US: The Grand Highway) (1987) Dollars More (1965) et The Good, mille fois, et ridiculisé par les éléments et la cruauté des hommes (J.L.Hubert) (R.Bohringer, Anémone) The Bad and The Ugly (1966), les avatars de la culture populaire des à se redéfinir et se transformer. Un (V.O.F. et V.ang.) trois premiers westerns-spaghettis années 70 et 80 — dans les films rite de passage marqué par une Paradise (1991) (M.A.Donoghue) (D.Johnson, de Sergio Leone; l'autre, sorti sur publicitaires notamment —, le style violence pour une fois réaliste. M.Griffith) (V.ang.) étiquette Warner, regroupe The de Leone demeure unique et aussi Pale Rider n'a pas connu un Outlaw Josey Wales (1976), Pale estomaquant maintenant qu'il y a •Oscar (1967) grand succès au box-office mais, (E.Molinaro) (L.De Funès, C.Rich) Rider (1985) et, bien sûr, trois décennies. Pour s'en pour les connaisseurs du genre, le Oscar (1991) Unforgiven (1992). L'acquisition convaincre, il suffit de regarder l'air film demeure intéressant en cela (J.Landis) (S.Stallone) (V.F. et V.ang.) du coffret MGM nous fait à la fois ahuri et ébahi des jeunes qu'Eastwood s'en sert pour aborder ENCORE DES REMAKES: économiser approximativement étudiants en cinéma visionnant ces de front le mythe du cowboy. C'est 30 % du prix total que nous westerns pour la première fois. Il un film sérieux, presque studieux L'Homme qui voulait savoir (Titre US: coûteraient ces trois films achetés est toujours amusant de les voir The Vanishing) (1988) vu les références à d'autres (G.Sluizer) (B.P.Donnadieu) (V.ang. et V.O.F.) The Vanishing (1993) (G.Sluizer) (K.Sutherland) (V.ang. et V.F.)

Nikita (Titre US: La Femme Nikita) THE GOOD. (1990) THE BADS' (L.Besson) (A.Parillaud) THEUGIY- (V.O.F. et V.ang.) Point of No Return (1993) (J.Badham) (B.Fonda) (V.ang. et V.F.)

Le Retour de Martin Guerre (Titre US: The Return of Martin Guerre) (1982) (D.Vigne) (G.Depardieu, N.Baye) 9 (V.O.F. et V.ang.) » «..fi

Les Choses de la vie (1970) (C.Sautet) (M.Piccoli) (V.O.F.) •Intersections (1994) (M.Rydell) (R.Gere)

54 Séquences