Construction Nationale Et Représentation Identitaire En Argentine Alix Delval
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Construction nationale et représentation identitaire en Argentine Alix Delval To cite this version: Alix Delval. Construction nationale et représentation identitaire en Argentine. Littératures. 2011. dumas-00993583 HAL Id: dumas-00993583 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00993583 Submitted on 11 Jun 2014 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Alix Delval Université Stendhal Grenoble 3 Année universitaire 2010 - 2011 MASTER 2 ETUDES IBERO-AMERICAINES Orientation recherche, spécialité civilisation Directeurs de recherche : Mr Michel Lafon, Mr Franck Gaudichaud Construction nationale et représentation identitaire en Argentine Mariano Moreno (1878-1811), secrétaire de la Première Junte révolutionnaire et fondateur du premier journal des Provinces Unies du Río de La Plata Lecture du Bicentenaire de la Révolution de mai 1810 : Les représentations de la construction et de l'identité nationale en Argentine à travers une analyse de contenu de presse de trois quotidiens de Buenos Aires (mai 2010) : La Nación, Clarín et Página/12 TABLE DES MATIERES INTRODUCTION p. 2-5 PREMIERE PARTIE : CONTEXTE ET METHODOLOGIE I. Contexte p. 6-25 A. Le contexte et les grandes questions en 1810. Le Bicentenaire et la question des « peuples originaires » B. Les caractéristiques de la presse en Argentine II. Méthodologie p. 26-34 A. L'analyse de contenu de presse B. Présentation du corpus : Clarín, La Nación, Página/12 C. Tableaux de découpage DEUXIEME PARTIE : LES REPRÉSENTATIONS DE LA CONSTRUCTION NATIONALE ET DE L'IDENTITÉ À TRAVERS LA PRESSE DU BICENTENAIRE A. Les grandes figures de la nation argentine p. 35-49 B. Institutions politiques et société p. 49-67 C. La question aborigène P. 67-74 TROISIEME PARTIE : L'ACTUALITÉ POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE À LA LUMIÈRE DU BICENTENAIRE A. Bicentenaire et gouvernement Kirchner p.74-89 B. Le bicentenaire, crise économique et question sociale p. 89-99 C. la question aborigène p. 99-107 CONCLUSION p. 107-113 BIBLIOGRAPHIE p. 114-117 ANNEXES p. 118-149 INTRODUCTION La défense des Droits de l'Homme sera à nouveau notre préoccupation dans cette étude qui se situe dans la continuité du travail concernant la marginalisation des peuples aborigènes à l'époque des premiers nationalismes argentins1. Nous avons vu que les théories de l'évolution et du progrès inspirées du darwinisme avaient conduit à ce que la nationalité argentine prenne un caractère ethnique qu'elle ne possédait pas aux premiers moments de l'indépendance du vice-royaume (« Indigènes et nation argentine. 1810- 1829 »). En effet, souvenons nous que la nation des théoriciens de l'émancipation dépendait de l'adhésion volontaire des individus à un projet national commun. Une conception directement influencée par les idéologues de la Révolution Française et qui dépassait les frontières ethniques ou culturelles du nouvel État. L'étude démontrait également que ce ne fut qu'à partir de 1853, lorsque l'Argentine se fût dotée d'une Constitution qui lui avait fait défaut jusque là, que les gouvernements républicains s'attelèrent à la construction d'une nation moderne, libérale et capitaliste. Au contraire de certains pays comme la Bolivie ou le Pérou, où les théories de l'indigénisme considéraient que le métissage allait produire la race nationale authentique, en Argentine, où la population aborigène du territoire était minoritaire, il fut possible de refuser le métissage sans pour autant compromettre les opportunités de former une nation2. Les intellectuels de la « Génération de 1837 », à l'origine de la Constitution, donnèrent une nouvelle dimension à la démocratie libérale des hommes de Mai 1810 en lui imprimant une conception positiviste de la nation. C'est ainsi que les idées de « progrès » et d' « évolution » en vigueur pendant le XIXe siècle favorisèrent le retour de la problématique de la frontière avec les « indiens »3 sous la forme du conflit entre la « civilisation » et la « barbarie », théorisé et exprimé par D. F. Sarmiento4. Le motif de la frontière avec l' « autre » fut une problématique permanente pour la société du Río de La Plata : aux temps de la colonie elle fut formalisée par des décrets royaux5, pendant les guerres d'indépendance elle fut dissoute dans l'anarchie politique qui régnait, puis elle refit son apparition une fois que la société créole eût créé les institutions qui formèrent l'État. Les gouvernements républicains du XIXe siècle argentin 1 Alix Delval, « Indigènes et nation argentine. 1810-1829 », Université Stendhal Grenoble3, mémoire de master I Études Ibéro-américaines, soutenu le 20 mai 2010. 2 Henri Favre, L'Indigenisme, Paris, collection Que Sais-Je?, éditions des Presses Universitaires de France, 1996. 3 Pour le travail sur l'idée de frontière en Argentine, voir Mónica Quijada, Repensando la Frontera Sur argentina: concepto, contenido, continuidades y discontinuidades de una realidad espacial y étnica (siglos XVIII-XIX), Madrid, Instituto de Historia CSIC, Revista de Indias, 2002, volume LXII, n°224, p. 103-142. 4 D. F. Sarmiento (1811-1888), Facundo. Civilizacion y barbarie, première édition à Santiago du Chili, Imprenta del Progreso, 1845 [2, 1851 ; 3, 1868 ; 4, 1874]. 5 Les Lois des Indes : voir note de bas de page n°146. 2 travaillèrent alors à effacer la frontière qui faisait exister la différence, dans le but de mettre en adéquation État et nation. Lorsque la frontière eut officiellement disparue en 1884 après les dernières batailles de la Conquête du désert menées par le général Julio Roca contre les chefs aborigènes, les populations survivantes durent officiellement disparaître et devinrent les fantômes d'un lointain passé dans la société du progrès. Mónica Quijada, chercheuse à l'Institut d'Histoire de Madrid (CSIC), affirme que la Conquête du désert n'eut pas pour conséquence la disparition de l'indigène par l'extermination, mais par son incorporation dans la société majoritaire (Repensando la Frontera Sur argentina: concepto, contenido, continuidades y discontinuidades de una realidad espacial y étnica (siglos XVIII-XIX), Madrid, Instituto de Historia CSIC, 2002). Ce fut en synthétisant des concepts globaux tels que ceux de nation, d'ethnie et de relations inter-ethniques, mis en lumières par les travaux des historiens et sociologues Eric Hobsbawm6 et Frederick Barth7, que nous avons pu mettre en relief les mécanismes politiques et sociaux qui ont fait que la formation de la nation argentine moderne n'a pas empêché le maintien et la permanence des frontières ethniques (« Indigènes et nation argentine. 1810-1829 », Université Stendhal Grenoble3, 20 mai 2010). En adoptant le point de vue de l'ethnologue, nous avons considéré la société argentine comme une société multi-ethnique dans laquelle les créoles constituent un groupe différencié du groupe aborigène. Nous l'avons vu, la persistance de l'unité du groupe en situation de contact dépend de la persistance des traits culturels différenciateurs ; sa continuité dans le temps dépend de la modification des traits culturels différenciateurs qui définissent et maintiennent la frontière (Frederick Barth, Ethnic grups and boundaries, Bergen, Oslo, Universitetsforlaget, 1969). Ainsi, nous avons conclu que l'équation entre contexte en mutation et permanence des frontières ethniques démontrait bien une volonté de maintenir les peuples aborigènes en marge de la nationalité moderne. Nous nous sommes demandé d'autre part dans quelle mesure les populations originaires du territoire ont permis le maintient de cette frontière et peuvent être eux même les acteurs de leur exclusion. Nous allons voir dans le cadre de la présente étude que les revendications politiques et identitaires des communautés à l'heure du Bicentenaire concernent la reconnaissance de la différence et son institutionnalisation, dans un but inclusif et non exclusif. D'autre part, l'idée qui fut également retenue suite aux recherches, et qui fut développée par E. Renan8 et E. Balibar9, est celle de la nécessité du mythe fondateur dans la construction d'une 6 Eric Hobsbawm, Nations and nationalism since 1780, programme, myth, reality, Londres, Cambridge University Press 1989. 7 Frederick Barth, Ethnic grups and boundaries, Bergen, Oslo, Universitetsforlaget, 1969, dans P. Poutignat et J. Streiff-fenart, Théories de l'ethnicité, Paris, Presse Universitaires de France, 1995 8 Ernest Renan, « Qu'est ce qu'une nation? » (conférence présentée à la Sorbonne le 11 mars 1882) dans E.Renan, Discours et Conférences, Paris, éditions Calmann Levy, 1887, p. 278-310. 9 Etienne Balibar et Immanuel Wallerstein, Race, nation, classe, les identités ambigües, éditions La Découverte, 1988. 3 identité nationale (« Indigènes et nation argentine. 1810-1829 », Université Stendhal Grenoble3). En effet, l'identité ethnique n'était pas suffisante pour constituer les fondements d'une nation selon les critères du XIXe siècle10 et les acteurs de la construction des nations modernes ont dû réécrire les évènements historiques, afin de constituer une légende nationale à laquelle chaque citoyen issu de la diversité puisse s'identifier. Nous nous sommes