It a go dread inna Switzerland

quarts des enregistrements musicaux jamaïcains étaient effectués à Channel One, soit par les Hoo Kim, soit par d’autres producteurs louant le studio 304 . Ces-derniers rajoutaient ensuite généralement les voix dans le minuscule studio de King Tubby, qui s’occupait également du mixage de la version dub. Le succès du son rockers de Channel One marqua la pleine explosion du roots, et par conséquent l’entrée massive des textes rastas dans la musique. L’année 1975 fut cependant marquée par un événement qui, aux yeux des non rastas, aurait dû signifier la fin du mouvement : la mort, le 28 juin, de Hailé Sélassié, qui avait été renversé un an plus tôt par les hommes de Mengistu Hailé Mariam, qui allait installer pour une quinzaine d’année une dictature marxiste dans le pays. Face à cette nouvelle, les rastas, pour qui la mort ne concerne que ceux qui ne suivent pas la livity , ne manifestèrent aucune réaction de tristesse ou de désarroi. Cette nouvelle n’était pour eux qu’une vaine propagande de Babylon , opinion renforcée par le fait que le corps du négus demeurait introuvable 305 . A l’exception de Junior Byles, psychologiquement instable, qui tenta de se suicider à l’annonce de la mort de Sélassié 306 , les artistes rastas réagirent en réaffirmant clairement leur foi renforcée. Ainsi, peu de temps après, sortirent « live » de Bob : « Fools say in their heart, Rasta your god is dead. But I &I know, dread, it shall be dreader dread »307 , « Jah no dead » de Burning Spear : « They try to fool the black population, by telling dem Jah Jah dead. I&I knows dat, Jah no dead »308 ou encore « Man of the living » de Wayne Wade 309 : « ‘Cause everywhere I go, dem jus’ a fight I so, dem a tell I seh, my god is dead. But I a tell dem seh, I man a , I’m a man of the living and not of the dead »310 . Dès le milieu de la décennie, rasta et se mirent à former un inséparable binôme, particulièrement aux yeux du public occidental qui, au travers du succès de , découvrit simultanément la musique et le mouvement 311 . Cependant, un grand nombre d’adeptes virent paradoxalement ce mariage d’un mauvais œil. Le reggae, teinté d’influences américaines, joué avec des instruments électriques était bien trop « babylonien » à leur goût 312 . Leur musique étaient les percussions nyahbinghi, et rien

304 Ibid., p. 34 305 Barrett, op. cit., p. 212 306 Barrow&Dalton, op. cit., p. 138 307 Bob Marley, « Jah live » in , Island TGXBX1/514 432-2 308 Winston « Burning Spear » Rodney, «Jah no dead» in Spear Burning , Pressure Sounds PSCD033 309 Voit texte complet en annexe. 310 Wayne Wade, Man of the living , Vivian Jackson VJ 24-32 311 Cf. deuxième partie 312 Barrett, op. cit., p. 245

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