VÄXJÖ UNIVERSITET FRC 160 Institutionen för humaniora Ht 2005 Franska Handledare: Christina Angelfors

LA CRISE D’OCTOBRE ET LE MOUVEMENT SOUVERAINISTE DU QUÉBEC

Magnus Mellborg

Tables des matières

1. Introduction 2 1.1 But 3 1.2 Méthode 3 1.3 Études antérieures 3

2. Avant la Crise 2.1 Le nationalisme canadien-français 4 2.2 Le Québec dans les années 60 5 2.3 La politique du Québec 5 2.4 Le Parti québécois 6 2.5 Le FLQ 7

3. La Crise d’octobre 3.1 Les personnages les plus importants pendant la crise 10 3.2 Les élections provinciales de 1970 10 3.3 Octobre 1970 11 3.3.1 11 3.3.2 12 3.3.3 L’Acte des mesures de guerre 14 3.3.4 La fin 15

4. Après la Crise 4.1 Les conséquences 17 4.2 Les élections provinciales de 1973 et de 1976 18 4.3 Les référendums 19

5. Conclusion 20

6. Bibliographie 22

1 1. Introduction

Pendant l’été de 2005, je lus le roman Sous un ciel de tempête de l’écrivain canadien Giles Blunt. C’est un roman très intéressant et la base du livre est les événements bouleversants au Québec pendant le mois d’octobre 1970, ce qu’on appelle la Crise d’octobre. Cette période et ces événements étaient presque inconnus de moi et je décidai de chercher des informations sur ce sujet. Après sept ans d’actions politiques, de bombardements, de vols de banque pour financer ses actions, le FLQ (Front de Libération du Québec) se décida à faire des actions plus extrêmes. Le 5 octobre 1970, ils enlevèrent le commissaire commercial britannique et cinq jours plus tard, le Vice-premier ministre québécois. Le 17 octobre la police trouva le ministre assassiné. Chaque jour, nous voyons à la télévision des actions de terrorisme commis dans le monde entier. Les motifs peuvent être religieux, politiques, territoriaux ou économiques mais fréquemment on ne comprend pas les raisons des terroristes. On se demande souvent pourquoi ils commettent ces actions violentes. Alors, qui étaient les personnes qui constituèrent le Front de Libération du Québec et quels étaient leurs motifs ? La plupart des Québécois ont des souvenirs très forts de ce mois de 1970. Beaucoup a été dit de ces événements et aussi des décisions prises par le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral. Le 16 octobre, le Premier ministre du Canada, Pierre Eliot Trudeau, déclara l'Acte des mesures de guerre. Cet acte limita beaucoup les libertés des citoyens du Québec. Cette décision contestable a été discutée pendant 35 ans au Canada. Je vais commencer ce mémoire par un aperçu de l’histoire du nationalisme canadien- français, mais le point central sera les années 1960 et 1970. Pour donner un arrière-plan aux événements au Québec, le système politique de la province sera décrit brièvement, de même que les plus importants personnages de la période. Ensuite, les événements dramatiques de la Crise d’octobre seront analysés, ainsi que les actions du gouvernement fédéral et du gouvernement provincial pendant la crise. Finalement, les conséquences de la crise bouleversante seront traitées, suivi d’une conclusion où les résultats seront discutés.

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1.1 But Le but de ce mémoire est d’analyser quelle était l’organisation du Front de Libération du Québec et quels étaient ses motifs pour réaliser ses actions violentes pendant la Crise d’octobre. Un second but de ce mémoire sera d’analyser les réactions du gouvernement provincial et du gouvernement fédéral pendant la crise et les conséquences pour le mouvement souverainiste du Québec.

1.2 Méthode Pour ce mémoire, différents genres de documents ont été étudiés. Un grand nombre de livres ont été écrits sur le sujet dans les années suivant les événements. Pour avoir des points de vues divers, j’ai étudié des livres avec des intentions différents. J’ai choisi des livres documentaires, des livres écrits par des hommes politiques de l’époque, mais aussi des manifestes et des documents écrits par des membres du FLQ. Des livres qui concernent les actions gouvernementales ont aussi été étudiés pour ce mémoire, en outre un livre sur les actions de la police pendant la crise. Pour des articles plus actuels, l’Internet a été utilisé et des encyclopédies multimédia comme L’Encyclopédie Encarta.

1.3 Études antérieures Gérard Pelletier, qui était Secrétaire d'État du Canada pendant les années 60 et 70, a écrit le livre La Crise d’octobre (1971), expliquant les idées et les pensées du gouvernement du Premier ministre Pierre Eliot Trudeau. Rumors of War (1971) de Ron Haggart et Aubrey E. Golden est un livre détaillé qui jette un regard critique sur les actions gouvernementales et explique en détail l’histoire de l'Acte des mesures de guerre du Canada. Pour obtenir plus d’informations sur les méthodes utilisées par les cellules du FLQ et aussi sur les méthodes de la police canadienne, on peut lire Informer (1982) de Carole de Vault. De Vault infiltra le FLQ pendant quatre ans et donna un témoignage dans une commission à Montréal entre 1979 et 1980. Pour une description documentaire des déroulements au Québec, il y a October 70 (1971) de John Saywell.

3 2. Avant la Crise

2.1 Le nationalisme canadien- français Pendant plus de 200 ans, la population francophone du Canada a montré qu’elle veut être considérée comme une communauté distincte. Les Canadiens-français ont voulu montrer leur singularité dans les contextes culturels, politiques, sociaux et économiques. Certains historiens, comme Guy Frégault, prétendent qu’il y avait des manifestations nationalistes déjà dans la colonie de la Nouvelle-France au début du 18 e siècle, d’autres, comme Michel Brunet, affirment que le nationalisme commença en 1759 avec la Conquête, qui fit de la Nouvelle-France une colonie anglaise. Il y a aussi Fernand Ouellet qui dit que les tensions sociales pendant la crise économique au début du 19 e siècle créa une hostilité entre les populations francophones et anglophones dans le Bas-Canada (l’actuelle province du Québec). 1 Dans les années 1830, le Parti Patriote, et son leader Papineau, voulut augmenter l’influence des francophones sur la vie économique et politique du Bas-Canada. En 1834, ils présentèrent leurs demandes aux Anglais dans les 92 Résolutions et en 1837, en réponse au rejet des résolutions, un soulèvement éclata contre la Grande-Bretagne. Le soulèvement est appelé les Rébellions de 1837. Les Rébellions furent un échec pour les révolutionnaires et le Parti Patriote disparut. 800 Patriotes furent captivés et environ 100 furent condamnés à mort. 2 La réponse des Anglais à cette insurrection fut l’Acte d’Union en 1840 qui créa une seule province du Haut et du Bas-Canada, nommé Province du Canada. Cette action fut faite pour assimiler les Canadiens-français et l’anglais devint la seule langue officielle de la province. Après les Rébellions, les sentiments nationalistes parmi les Canadiens francophones devinrent plus forts. 3 Durant la première moitié du 20 e siècle, les francophones du Canada firent propagande contre, ce qu’ils considéraient comme, l’impérialisme britannique dans le domaine politique, économique et militaire. Pendant les deux guerres mondiales, le Canada français s’opposa fortement à l’intervention militaire en Europe. Pendant les années 50, le nationalisme focusa beaucoup sur l’économie, plusieurs francophones voulaient prendre plus de contrôle de leur propre industrie. Après la seconde

1 L'Encyclopédie canadienne © 2005.

2 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005.

3 L'Encyclopédie canadienne © 2005.

4 guerre mondiale, beaucoup fut changé dans la société franco-canadienne et au début des années 60 suivit ce qu’on appelle la Révolution tranquille. 4

2.2 Le Québec dans les années 60 La Révolution tranquille fut une période de changements rapides dans la province du Québec. L’influence de l’église catholique dans la société diminua en même temps que le rôle du gouvernement dans l’évolution économique, sociale et culturelle devint plus fort. Le nationalisme au Québec augmenta et le but du gouvernement était d’améliorer la situation économique des Québécois et de défendre l’héritage culturel des Canadiens-français. 5 fut Premier ministre du Québec pendant cette période. Lesage était le leader du Parti libéral du Québec et arrivé au pouvoir, il décida de changer la domination des anglophones sur la vie économique de la province. En utilisant la majorité francophone du Québec, le gouvernement libéral réalisa plusieurs investissements dans l’industrie et la technologie au Québec pour créer une province moderne. 6 Pendant la Révolution tranquille, le gouvernement prit le contrôle de l’enseignement, un rôle que l’église avait eu auparavant. L’église perdit aussi beaucoup de ses fonctions dans les soins médicaux. Un effet de la Révolution était que le nationalisme canadien-français devint de plus en plus un nationalisme concentré sur le Québec. Les habitants s’appelaient désormais Québécois au lieu de Canadiens-français et ils voyaient de plus en plus le gouvernement provincial comme leur gouvernement national. Dans les années 60, les Québécois sentirent leur identité nationale devenir plus forte. 7

2.3 La politique du Québec En 1867, le Québec fut une des quatre provinces originelles de ce qu’on nomma le Dominion du Canada. Le Canada devint un état fédéral où le pouvoir est partagé entre le parlement d’Ottawa et l’Assemblée nationale de la province. La frontière entre les deux pouvoirs est indistincte et le Québec souhaite depuis longtemps augmenter son influence sur les décisions. 8

4 L'Encyclopédie canadienne © 2005. 5 L'Encyclopédie canadienne © 2005. 6 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 7 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 8 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005.

5 Le gouvernement provincial du Québec changea plusieurs fois pendant le 20 e siècle. Durant les premières trois décennies, la province fut gouvernée par le Parti libéral. Ensuite le parti de l’Union Nationale prit le pouvoir et, avec une interruption pendant la seconde guerre mondiale, ce parti gouverna le Québec jusqu’en 1959, où son dirigeant mourut. L’Union Nationale était un parti conservateur et recevait son soutien de l’église catholique et du Québec rural. Le parti défendait les valeurs traditionnelles du Québec. 9 Le parti libéral gouverna le Québec pendant la Révolution tranquille, un mouvement qui continuait malgré la reprise du pouvoir de l’UN en 1966. Le Premier ministre Daniel Johnson continua la politique réformiste des libéraux, une politique qui créa des tensions entre le Québec et le gouvernement fédéral. Ces tensions ne diminuèrent pas après la visite du Président de la république française, Charles de Gaulle. De Gaulle exprima son soutien au Québec libre pendant sa visite en 1967. Le mouvement pour le Québec indépendant reçut ici un soutien inattendu. Des partis politiques qui souhaitaient le Québec souverain furent fondés pendant les premières années de 1960. Après une fusion, trois de ces partis fondèrent le Parti québécois en 1968. 10

2.4 Le Parti québécois

Nous sommes fermement convaincus que le Québec que nous bâtirons sera infiniment plus efficace, plus prospère, plus juste, plus ouvert aux autres et plus sûr de lui que celui d'aujourd'hui – et que tout cela, le régime actuel ne lui permettra jamais de le devenir. René Lévesque, 1968 (Publié sur vraiquebecois.iquebec.com)

Le but du Parti québécois est la souveraineté politique de la province du Québec mais il veut garder une association économique avec le reste du Canada. Au début, une fraction du parti s’appelait le Mouvement Souveraineté-association (MSA) mais avec deux autres organisations on fonda le PQ en 1968. L’association signifiait que le Québec devait garder le même système monétaire que le reste du pays et que la liberté de commerce devait être gardée entre le Québec et le Canada. Le Québec devait avoir le droit de fixer ses propres taxes et

9 L'Encyclopédie canadienne © 2005. 10 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005.

6 d’avoir sa propre politique extérieure. Le nouveau parti était dirigé par René Lévesque, l’ancien ministre du gouvernement libéral sous Jean Lesage. En 1967, Lévesque quitta les Libéraux pour fonder le MSA et ensuite le PQ. 11 Le Parti québécois trouva son soutien parmi les gens qui étaient mécontentes du traitement du Québec par le gouvernement fédéral. Dans ses premières élections provinciales, le parti reçut presque 24 % du vote populaire mais seulement sept sièges à l’Assemblée nationale. Malgré le rapide succès du PQ et de leur politique, il y avait des Québécois qui voulaient avancer plus rapidement et manifester leurs opinions fortement aux gouvernements fédéral et provincial. Ces personnes commencèrent à réaliser leurs actions violentes en 1963 sous le nom de Front de Libération du Québec. 12

2.5 Le FLQ Le Front de Libération du Québec était une organisation, marquée par l’idéologie marxiste, qui réclamait une province indépendante du reste du Canada. Pour atteindre ce but le FLQ commença à réaliser des actions terroristes. Le FLQ fut fondé en 1963, pendant la Révolution tranquille, quand de nouvelles idées apparurent au Québec. Les idéologies du socialisme et du communisme reçurent de plus en plus de soutien durant cette période. 13 Voici une partie du premier manifeste du FLQ :

[…] Les partis politiques indépendantistes ne pourront jamais avoir la puissance nécessaire pour vaincre la puissance politique et économique coloniale. De plus, l'indépendance seule ne résoudrait rien. Les Patriotes québécois ne se battent pas pour un titre, mais des faits. La révolution ne s'accomplit pas dans les salons. Une révolution totale ne peut avoir la puissance nécessaire que dans un Québec indépendant. La révolution nationale, dans son essence, ne souffre pas de compromis. Il existe une seule façon de vaincre le colonialisme, c'est d'être plus fort que lui! Seul l'angélisme le plus aberrant peut faire croire le contraire. Le temps de l'esclavage est terminé.

11 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 12 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 13 McKenna, Black October , 2000.

7 Patriotes du Québec, aux armes! L'heure de la révolution nationale est arrivée! L'INDÉPENDANCE OU LA MORT. Extrait du premier manifeste du FLQ, 15 avril 1963 (Publié sur independance-.com)

Pendant la même période que le FLQ commit ses actions terroristes, il y avait aussi des mouvements révolutionnaires en Algérie, à Cuba et au Vietnam, par exemple. Ces mouvements avaient une grande influence sur le FLQ. Un des premiers leaders du Front était Pierre Vallières. Dans un nombre d’articles, il présenta les idées révolutionnaires du FLQ. En 1968, il écrivit le livre Nègres Blancs d’Amérique , en utilisant l’idéologie marxiste pour analyser l’histoire du Québec. Dans ce livre Vallières compare les conditions des Noirs aux États-Unis avec celles des Québécois :

[…]Au Québec, les Canadiens français ne connaissent pas ce racisme irrationnel qui a causé tant de tort aux travailleurs blancs et aux travailleurs noirs des États-Unis. Ils n'ont aucun mérite à cela, puisqu'il n'y a pas, au Québec, de « problème noir. » La lutte de libération entreprise par les Noirs américains n'en suscite pas moins un intérêt croissant parmi la population canadienne-française, car les travailleurs du Québec ont conscience de leur condition de nègres, d'exploités, de citoyens de seconde classe. Ne sont-ils pas, depuis l'établissement de la Nouvelle-France, au XVIIe siècle, les valets des impérialistes, les « nègres blancs d'Amérique »? N'ont-ils pas, tout comme les Noirs américains, été importés pour servir de main-d’œuvre à bon marché dans le Nouveau Monde? Pierre Vallières, 1969 (Publié sur independance-quebec.com)

Le thème principal du livre est que les Québécois sont opprimés par les capitalistes anglophones du Canada mais aussi par les gouvernements fédéral et provincial et les entreprises aux États-Unis. Dans le livre, Vallières exhorte les ouvriers à une révolution pour atteindre un état socialiste. 14

14 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005.

8 Pendant sa première année d’existence en 1963, le FLQ fit détoner des bombes dans des installations militaires du Québec et aux quartiers de Westmount à Montréal, habités par les anglophones riches. Dans les années suivantes, le FLQ commit plus de 200 actions politiques mais la plupart de leurs premiers leaders, comme Vallières et Charles Gagnon, furent arrêtés et emprisonnés à la fin des années 60. 15 De nouveaux groupes, ou cellules, furent formés et ils réalisèrent leurs actions indépendamment. Les cellules commirent des actions plus importantes vers la fin des années 60, comme les attentats contre l’Université McGill, la Bourse de Montréal et contre la maison du Maire de Montréal, Jean Drapeau. 16 Le nombre de participants à ces actes terroristes est imprécis mais il s’agit d’environ 100 personnes. Le nombre de supporters actifs était de 1000 personnes environ pendant cette période. 17 En 1969, le FLQ fut partagé en deux cellules. Elles étaient indépendantes pour éviter l’infiltration de la police et l’arrestation de l’organisation toute entière. La deuxième cellule devait pouvoir continuer à réaliser ses actions. Les deux cellules devaient commettre des actions plus extrêmes pendant le mois d’octobre 1970. Mais qui étaient les chefs des deux cellules du FLQ ? Jacques Lanctôt joignit le Front dès l’année 1963. Il avait seulement 17 ans mais fut arrêté, souvent avec sa sœur Louise, plusieurs fois pendant des manifestations violentes au Québec. Leur père était un nationaliste extrême et chef d’un parti fasciste. 18 Au milieu des années 60, Paul Rose était membre du Rassemblement pour l'indépendance nationale, parti précurseur du Parti québécois plus radical. En 1968, après une rencontre avec Jacques Lanctôt, Rose devint membre du FLQ. Les deux hommes devinrent camarades quand ils furent arrêtés à l’occasion d’un rassemblement contre le Premier ministre Trudeau, en visite au Québec.

15 mcgill.ca. 16 McKenna, Black October , 2000. 17 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 18 McKenna, Black October , 2000.

9 3. La Crise d’octobre

3.1 Les personnages les plus importants pendant la crise Pendant ce qu’on appelle la Crise d’octobre, Pierre Eliot Trudeau fut Premier ministre du Canada. Trudeau avait été nommé deux ans auparavant et il fut très populaire durant sa première période au poste, on parla même de « Trudeaumania ». Homme politique moderne, il devint populaire particulièrement parmi la population jeune. Trudeau fut comparé à John F. Kennedy aux États-Unis. 19 P.E. Trudeau, né à Montréal, était un fédéraliste convaincu qui défendait l’unité du Canada et s’opposait au séparatisme québécois. Il voulait aussi marquer l’indépendance du Canada envers les États-Unis. 20 En 1970, fut Premier ministre du Québec. Il fut nommé dirigeant du Parti libéral et aussi Premier ministre la même année. Son adversaire durant l’élection pour devenir leader du parti fut Pierre Laporte qui plus tard fut choisi comme Vice-premier ministre et un des victimes du FLQ. Pour gagner les élections provinciales en 1970, Bourassa promit de créer une meilleure économie et de diminuer le chômage. Quand Bourassa fut nommé Premier ministre, il était le plus jeune de l’histoire à ce poste, il n’avait que 36 ans. Six mois plus tard, Bourassa prendrait des décisions importantes pendant la crise. 21 À la même époque, René Lévesque fut leader du Parti québécois, un parti qui souhaitait le Québec indépendant. À son entrée dans la vie politique, Lévesque fut élu député du Parti libéral du Québec et il joua un rôle important pendant la Révolution tranquille. Lévesque voulut plus fortement marquer le statut spécial du Québec. En 1967, il proposa que le Québec devienne indépendant mais le Parti libéral ne voulait pas accepter cette idée et Lévesque quitta le parti avec plusieurs partisans. L’année suivante, ils fondèrent le PQ, le premier parti séparatiste organisé. 22

3.2 Les élections provinciales de 1970 En avril 1970, les élections provinciales furent un grand succès pour le Parti libéral et son jeune chef Robert Bourassa. Le Parti québécois obtint aussi un très bon résultat dans ses premières élections. Il reçut 24 % de la vote populaire mais seulement sept sièges à

19 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 20 Haggart & Golden, 1971, p. 24. 21 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 22 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005.

10 l’Assemblée Nationale. Plusieurs membres du PQ furent très déçus et ils accusèrent même le Parti libéral de tricherie électorale, mais rien ne fut prouvé malgré des enquêtes. 23 Le résultat du PQ montra que le soutien des idées séparatistes augmenta et le nationalisme québécois devint de plus en plus fort. Cependant, la déception grandit parmi les séparatistes qui voulaient faire avancer plus rapidement la question de l’indépendance québécoise. Plusieurs anciens supporters du PQ commencèrent à soutenir le FLQ, qui utilisait des méthodes plus radicales.

3.3 Octobre 1970

3.3.1 James Cross Le 5 octobre, l'attaché commercial britannique James Richard Cross fut enlevé par six personnes qui s’appelaient la cellule de Libération et qui appartenaient au FLQ. Le chef de la cellule était Jacques Lanctôt. Déjà en juin de la même année, Lanctôt avait été arrêté pour avoir projeté le kidnapping du consul américain et aussi celui du consul israélien. À cette arrestation, la police trouva un communiqué avec certaines conditions pour libérer les consuls, par exemple une rançon et la libération de certains prisonniers. Mais Lanctôt fut relâché quelques jours plus tard. 24 Les mêmes conditions furent reprises après l’enlèvement de James Cross. La cellule de Libération demanda la libération de 23 prisonniers, appelés « prisonniers politiques ». Quatre de ces prisonniers étaient condamnés pour des assassinats. Parmi les conditions, il y avait aussi une demande de 500 000 dollars en or et de la publication du manifeste du FLQ à la chaîne télévisée de Radio-Canada. Entre autres choses, la cellule voulut un avion pour amener les kidnappeurs en Algérie ou à Cuba et le FLQ voulut aussi que toutes les activités policières cessent. 25 Malgré les événements dramatiques au Québec, le Premier ministre Bourassa réalisa son voyage projeté aux États-Unis, mais il rentra le 6 octobre. Le 8 octobre, les gouvernements fédéral et provincial décidèrent d’accepter la publication du manifeste du FLQ par les médias. Ils croyaient que les habitants du Québec trouveraient le manifeste bizarre et seraient terrifiés par son contenu. Le manifeste demanda une révolution au Québec pour arriver à une province indépendante. Voici le début du manifeste du FLQ :

23 Saywell, 1971, p.25. 24 Saywell, 1971, p.30. 25 Saywell, 1971, p.35.

11 Le Front de Libération du Québec n'est pas le messie, ni un Robin des bois des temps modernes. C'est un regroupement de travailleurs québécois qui sont décidés à tout mettre en œuvre pour que le peuple du Québec prenne définitivement en mains son destin.

Le Front de Libération du Québec veut l'indépendance totale des Québécois, réunis dans une société libre et purgée à jamais de sa clique de requins voraces, les "big-boss" patronneux et leurs valets qui ont fait du Québec leur chasse gardée du cheap labor et de l'exploitation sans scrupules. Le Front de Libération du Québec n'est pas un mouvement d'agression, mais la réponse à une agression, celle organisée par la haute finance par l'entremise des marionnettes des gouvernements fédéral et provincial.

Le Front de Libération du Québec s'auto-finance d'impôts volontaires (sic) prélevés à même les entreprises d'exploitation des ouvriers (banques, compagnies de finance, etc.) 26

Extrait du Manifeste du Front de Libération du Québec, 1970

(Publié sur independance-quebec.com)

3.3.2 Pierre Laporte Avant l’enlèvement de James Cross le 5 octobre, il y a eu des conflits entre les deux cellules du FLQ. Jacques Lanctôt, chef de la cellule de Libération, voulut agir immédiatement mais le chef de l’autre cellule, Paul Rose, voulut attendre. Après ce conflit, Paul Rose et son frère Jacques, ainsi que le reste de la cellule allèrent aux États-Unis. Quand ils apprirent que la cellule de Libération avait enlevé Cross, Rose et sa cellule se décidèrent à augmenter le chaos à Montréal avec un deuxième kidnapping. Ils étaient aussi déçus parce que les premiers kidnappeurs avaient seulement maintenu deux de leurs demandes originelles. 27 La deuxième cellule, qui s’appelait Chénier, choisit d’enlever Pierre Laporte, Vice-premier ministre et ministre du travail québécois. Déguisés, les membres de la cellule Chénier réalisèrent le kidnapping de Laporte le 10 octobre. Laporte jouait avec son neveu devant sa maison qui était sans surveillance, malgré les événements cinq jours auparavant. 28

26 voir aussi Saywell, 1971, p.25, traduction anglaise. 27 Saywell, 1971, p.55. 28 mcgill.ca.

12 Dans un communiqué, adressé aux autorités, la cellule Chénier posa les mêmes conditions que les kidnappeurs de Cross, mais sans concessions. À ce communiqué était attachée une lettre de Pierre Laporte, adressé au Premier ministre Robert Bourassa :

Mon cher Robert,

J'ai la conviction d'écrire la lettre la plus importante de toute ma vie. Pour le moment, je suis en parfaite santé. Je suis bien traité, même avec courtoisie. J'insiste pour que la police cesse toutes recherches pour me retrouver. Si elle y parvenait, cela se traduirait par une fusillade meurtrière, dont je ne sortirais certainement pas vivant. Ceci est absolument capital. Tu as le pouvoir en somme de décider de ma vie. […]

Décide ... de ma vie ou de ma mort ... Je compte sur toi et t'en remercie. Amitiés, Pierre Laporte

P.S. Je te répète, fais cesser les recherches. Et que la police ne s'avise pas de continuer sans que tu le saches. Le succès de cette recherche serait un arrêt de mort pour moi.

(Publié sur independance-quebec.com) 29

La deuxième action du FLQ mit le Québec en état de choc, parce que Laporte était une personne très connue dans la province. Le FLQ avait montré qu’il était sérieux. Parmi les intellectuels au Québec, on discuta si le Premier ministre Bourassa avait perdu tout contrôle sur Montréal et la province. Dans un meeting, on suggéra même de remplacer le gouvernement de l’époque par un gouvernement provisoire, incluant par exemple René Lévesque. 30 À ce moment, René Lévesque et le Parti québécois voulurent que le gouvernement négocie avec les kidnappeurs pour sauver la vie de Cross et de Laporte. Lévesque proposa un échange des deux otages contre la libération des 23 prisonniers. Lévesque et le directeur du journal , Claude Ryan, employèrent même le terme de « prisonniers politiques » dans une pétition du 14 octobre. 31 Déjà le 12 octobre le gouvernement du Québec, dans une réunion, décida de commencer les négociations et d’accepter certaines demandes, comme un avion pour transporter les

29 voir aussi Saywell, 1971, p. 61, traduction anglaise 30 Haggart & Golden, 1971, p. 171 31 Haggart & Golden, 1971, p. 174

13 kidnappeurs à Cuba. Les négociations commencèrent et le gouvernement offrit de relâcher cinq prisonniers mais non les terroristes condamnés. 32

3.3.3 L’Acte des mesures de guerre Au Québec, comme à Ottawa, la situation devint de plus en plus chaotique. Le 12 octobre, le gouvernement fédéral demanda aux Forces armées canadiennes de patrouiller la capitale. Le mercredi 14 octobre, les leaders du FLQ, Charles Gagnon, Pierre Vallières et l'avocat du FLQ, , organisèrent un rassemblement d'étudiants, d'enseignants et de professeurs pour gagner plus d’appui au FLQ. Près de 3000 personnes assistèrent à ce rassemblement et le résultat fut un débrayage dans les facultés francophones des universités. Le jeudi 15 octobre, beaucoup d'autres rassemblements et manifestations d'appui au FLQ eurent lieu, dirigés par des étudiants. 33 Le même jour, le Premier ministre Bourassa fit appel aux Forces armées canadiennes, utilisant la Loi sur la défense nationale. Cela fut fait pour renforcer la police qui avait des problèmes à maintenir l’ordre à Montréal. Les trois partis d'opposition étaient d’accord avec cette décision et soutinrent Bourassa. 34 Dans la nuit du vendredi 16 octobre, le gouvernement du Québec prit une décision de plus, une décision qui a été très discutée après 1970. Au gouvernement fédéral et au Premier ministre Trudeau, Bourassa demanda d’imposer l’Acte des mesures de guerre. Cet acte avait seulement été utilisé pendant les deux guerres mondiales et permettait l'arrestation sans mandat par la police. 35 Voici ce que le Premier ministre Trudeau dit au peuple canadien le 16 octobre:

Les heures que nous vivons sont d'une gravité exceptionnelle. Un groupe d'extrémistes a décidé de s'attaquer par la violence et le terrorisme à la liberté et à l'unité du pays. Des menaces pèsent sur la vie de deux hommes innocents. Ces questions sont extrêmement sérieuses, et je me dois de vous entretenir de la situation et des mesures que le Gouvernement a prises pour y faire face. Ce qui s'est produit à Montréal, au cours des deux dernières semaines, n'est pas sans précédent. Cela est arrivé ailleurs dans le monde à plusieurs reprises, et pourrait se produire dans d'autres régions du pays. Mais les Canadiens ont toujours cru que de tels

32 mcgill.ca. 33 mcgill.ca. 34 Saywell, 1971, p.79. 35 Saywell, 1971, p.84.

14 événements ne pourraient survenir ici; c'est pourquoi nous en sommes si bouleversés. Notre présomption était peut-être naïve, mais elle s'expliquait aisément, parce que la démocratie est solidement enracinée chez nous, et parce que nous avons toujours attaché le plus grand prix à la liberté individuelle. […]

Notes pour un message à la nation 36

La décision du gouvernement causa la panique parmi les kidnappeurs de la cellule Chénier, qui avaient enlevé Pierre Laporte. Les membres de la cellule commencèrent à comprendre que l’action finirait mal, que leurs demandes n’allaient pas être acceptées par le gouvernement. Dans un communiqué, envoyé le soir du 17 octobre, la cellule Chénier annonça que Pierre Laporte avait été exécuté. Le même soir, la police trouva Laporte étranglé dans le coffre d’une voiture. 37

3.3.4 La fin En utilisant la loi des mesures de guerre, le gouvernement limita les droits civils énormément. Le gouvernement se sentit menacé par ce qu’on appelait « une insurrection appréhendée » au Québec et c’était sa raison d’introduire la loi. La police eut le droit d’appréhender les personnes et fouiller leurs maisons sans justifications. Elle eut aussi le droit de retenir les citoyens pendant de longues périodes sans explications. 38 Durant les jours suivants, environ 470 citoyens furent arrêtés, par exemple des comédiens, des chanteurs, des écrivains, etc. La plupart des captivés étaient des partisans du Québec indépendant, mais peu étaient partisans du FLQ. 39 Après le meurtre de Laporte, la cellule de Libération proclama dans un communiqué qu’elle allait suspendre la menace de tuer James Cross pour une période indéterminée. Or, Cross était encore leur prisonnier. 40 La police travaillait jour et nuit mais elle commit aussi quelques erreurs pendant la recherche. Ces erreurs prolongèrent la captivité du diplomate britannique. En novembre, la

36 publié sur collectionscanada.ca. 37 Saywell, 1971, p.101. 38 Saywell, 1971, p.86. 39 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 40 mcgill.ca.

15 police fit un raid contre la cellule Chénier. Un des membres, Bernhard Lortie, fut arrêté mais les autres meurtriers purent s’enfuir. 41 Le 3 décembre, après des investigations intensifiées, la police trouva la maison où James Cross était retenu par la cellule de Libération. C’était une maison à Montréal-Nord, et après des négociations, Cross fut libéré à condition que les kidnappeurs puissent quitter le Canada pour Cuba. La cellule se composait de Jacques Lanctôt, Jacques Cossette-Trudel, Marc Charbonneau et . Les Forces armées canadiennes les conduisirent, avec leurs familles à Cuba. 42 Mais qu’est-ce qui se passa plus tard avec le leader de la cellule de Libération ? Jacques Lanctôt et les autres membres de sa cellule quittèrent secrètement Cuba pour s’installer à Paris. Lanctôt retourna de l'exil le 11 janvier 1979. Il fut condamné à un an de prison pour ses crimes. Après son emprisonnement Lanctôt se réintroduit dans la société de Québec et il commença à travailler comme éditeur à Montréal. Les autres membres retournèrent aussi au début des années 80 et furent condamnés à des sentences courtes. 43 Les recherches pour trouver la cellule Chénier continuaient, et le 27 décembre la police retrouva les kidnappeurs et meurtriers de Pierre Laporte. Paul Rose, et Francis Simard se cachaient dans un tunnel à St -Luc, près de la ville St- John au Québec et ils furent arrêtés. 44 À son arrestation, Paul Rose montra peu de regret et il dit :

Nous ne faisons pas de sentiment. Nous nous fondons dans une lutte qui n'est pas seulement la nôtre [...] Dieu sait ce qu'on a pensé sur notre compte. Dieu sait ce qu'on a dit ! Nous faisons peut-être partie d'une génération perdue. Nous avons voulu accélérer l'histoire. Je crois que nous avons réussi. En tout cas, nous ne regrettons rien, même si (...) nous sommes en principe contre la violence. La violence qui a eu lieu, nous la prenons sur nous, nous en paierons la note. Paul Rose (lors de l'arrestation de la cellule Chénier), (publié sur independance-quebec.com)

41 McKenna, Black October , 2000. 42 McKenna, Black October , 2000. 43 McKenna, Black October , 2000. 44 Saywell, 1971, p.134.

16 Après l’arrestation des deux cellules, plusieurs autres membres du FLQ furent aussi captivés. Le chef de la cellule Chénier, Paul Rose fut condamné à l’emprisonnement à vie pour sa participation à l’enlèvement et au meurtre de Pierre Laporte. Jacques Rose et Francis Simard furent aussi condamnés à des sentences lourdes pour leurs crimes mais tous les trois kidnappeurs furent libérés au début des années 80. 45 Le chef de la cellule, Paul Rose fut libéré en 1982. Pendant les années 90, il fut nommé candidat du Nouveau Parti Démocratique et en 1996, Rose fut élu chef du Parti de la démocratie socialiste. Il travaille encore dans le mouvement pour l'indépendance du Québec. En 1982, quand Jacques Rose assista à une conférence du Parti québécois, il reçut de grandes ovations et fut traité comme un héros. À ces ovations, René Lévesque eut honte d’être le chef du PQ et il montra un grand désespoir à cette réaction. Trois ans plus tard, il devait quitter le poste de chef du PQ. 46

4. Après la Crise

4.1. Les conséquences C’est un pays en état de choque qui commença à retourner à une vie normale, après les arrestations de décembre. Le meurtre de Pierre Laporte était le deuxième assassinat politique seulement au Canada depuis le meurtre de Thomas D’Arcy McGee en 1867. McGee était un homme politique, un poète et un journaliste dans les années 1860. 47 James Cross, le diplomate libéré, donna quelques brèves interviews de ses expériences comme captivé de la cellule de Libération pendant presque 60 jours. Ensuite, il alla en vacances avec sa femme pour essayer d’oublier ces jours traumatiques. La plupart des Québécois exprimèrent leur stupéfaction des actions du FLQ et naturellement on pensait beaucoup à la femme et aux enfants de Pierre Laporte. 48 Cependant, avant le meurtre de Laporte, il y avait des gens au Québec qui exprimèrent leur soutien aux idées présentées dans le manifeste du FLQ. Certains montrèrent aussi une compréhension des actions réalisées par l’organisation séparatiste. Le soutien se trouvait avant tout parmi les étudiants des universités, les membres de syndicats, les marxistes et les anarchistes. Après le meurtre du vice Premier ministre, le soutien diminua énormément. 49

45 mcgill.ca. 46 McKenna, Black October , 2000. 47 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 48 McKenna, Black October , 2000. 49 McKenna, Black October , 2000.

17 Après la déclaration de l’Acte des mesures de guerre, Gallup fit un sondage quant au soutien populaire des actions gouvernementales. 88 % des Canadiens supportaient la décision d’imposer la loi, et le soutien parmi les Québécois était de presque 86 %. 50 Cependant, il y avait aussi des membres du mouvement séparatiste démocratique, et des intellectuels du Québec, qui trouvaient que le gouvernement fédéral avait exagéré ses actions. On soupçonna même que le gouvernement avait utilisé la crise pour casser le mouvement indépendiste tout entier, même le mouvement démocratique du Parti québécois. 51 À la suite de la crise d’octobre, la méfiance des Québécois envers le gouvernement fédéral augmenta. Le soutien du PQ devint de plus en plus fort et parmi les habitants du Québec beaucoup commencèrent à soutenir les idées du Québec indépendant, mais toujours associé économiquement avec le Canada.

4.2 Les élections provinciales de 1973 et de 1976 Aux élections provinciales de 1973, le Parti québécois reçut près de 30 % des votes au Québec. Malgré ce résultat, le parti perdit un siège à l’Assemblée nationale mais le PQ était maintenant le plus grand parti oppositionnel. Le parti libéral du Québec réussit à remporter la victoire en promettant à la population francophone de renforcer leur identité culturelle. En 1974, le gouvernement Bourassa introduit la loi 22, ou la Loi sur la langue officielle, qui fit du français la seule langue officielle du Québec. Avec cette loi, il devint plus difficile d’être admis dans les écoles anglophones et l’utilisation du français dans les lieux de travail augmentait. 52 Malgré ces réformes réalisées par le gouvernement libéral, la population francophone trouva la loi 22 insatisfaisante, tandis que les anglophones protestèrent fortement contre la politique linguistique. Pendant l’année 1976, le soutien du Québec indépendant augmenta encore en force et aux élections, le PQ remporta la victoire avec 41 %. Dans sa campagne électorale, René Lévesque promit de réaliser un référendum sur la souveraineté-association du Québec. 53 Durant sa première période en tant que Premier ministre, Lévesque réalisa plusieurs réformes radicales. La loi 101, ou la Charte de la langue française, stipula que le français

50 Saywell, 1971, p.94. 51 Saywell, 1971, p.142. 52 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 53 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005.

18 devait être employé dans toute communication officielle, sur les enseignes commerciales et dans tous les contrats écrits. L'anglais pourrait encore être employé dans les établissements tels que les hôpitaux, les écoles et les universités qui avaient précédemment employé cette langue. Pour être admis à une école anglophone, au moins un des parents devait avoir été l’élève d’une telle école dans la province. 54

4.3 Les référendums En 1980, Lévesque tint sa promesse de réaliser un référendum sur l'indépendance du Québec. Il voulait être sûr d’avoir l'appui du peuple et le gouvernement souhaitait le mandat de négocier au sujet de la souveraineté -association avec le Canada. Le résultat du référendum ne fut pas ce que le PQ avait espéré. Le non remporta la victoire avec 60% des voix contre 40. Une majorité massive de la communauté anglaise vota pour le non, alors que le résultat parmi les francophones fut presque égal. 55 La déception était grande parmi les séparatistes et pendant les années suivantes, le Parti québécois et Lévesque retirèrent leur réclamation d'indépendance. L’attitude plus modérée du chef du parti occasionna une fente dans le PQ entre les radicaux et les modérés. En 1985, René Lévesque démissionna comme chef du PQ et, plus tard dans la même année, le parti perdit les élections provinciales. Deux ans après, le parti avait un nouveau chef, Jacques Parizeau. Sous sa conduite, le PQ réintroduit la demande d'indépendance comme sa première priorité. 56 Après le recul des années 80, le parti regagna l'appui du peuple dans les années 90 et en 1994, il revint au pouvoir au Québec. La confiance fut grande parmi les indépendistes quand Parizeau annonça un deuxième référendum en 1995. Cette fois le résultat était très égal ; les adversaires de l'indépendance du Québec gagnèrent avec 50, 6 % des voix. Après cette perte, Parizeau démissionna comme leader du Parti québécois. 57

54 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 55 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 56 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005. 57 Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005.

19 5. Conclusion

Alors, quelle était l’organisation du Front de libération du Québec et quels étaient ses motifs? Le FLQ était un groupe radical qui pensait que le mouvement démocratique pour le Québec indépendant allait trop lentement. Par conséquent, il commença à commettre des actes terroristes pour faire pression sur les gouvernements fédéral et provincial. Un facteur important fut le résultat aux élections de 1970, quand le PQ avec presque 24 % des voix obtint seulement 7 sièges à l'Assemblée nationale. Les membres du FLQ étaient jeunes, ils avaient entre 20 et 25 ans au temps de la crise. Ils avaient plusieurs conflits internes sur la façon d’effectuer leurs actions. Les membres de la cellule Chénier n'étaient pas très préparés quand ils décidèrent d'enlever Pierre Laporte. Ils agirent seulement en réponse au premier kidnapping. Dans leurs demandes pour la libération de Cross et de Laporte, les cellules étaient très empressées d’avoir leur manifeste lu à la radio et à la télévision. Le manifeste était influencé par la rhétorique marxiste, les Québécois étant considérés comme exploités par les colonisateurs, la bourgeoisie anglophone et les grandes entreprises américaines. Le FLQ prétendit également que le gouvernement provincial sous Bourassa était manœuvré par Ottawa. Une autre demande du FLQ était le relâchement des 23 « prisonniers politiques », dont quatre étaient des meurtriers condamnés. Bien que le gouvernement soit préparé à certaines concessions, il ne devait jamais libérer les meurtriers. Plus tard, quand le gouvernement proclama l’Acte des mesures de guerre, la cellule Chénier réalisa sa défaite et cela mena au meurtre tragique de Pierre Laporte. L'appui public qui avait été accumulé par la cellule de Libération disparut après l'assassinat cruel. Quels étaient les réactions des gouvernements pendant la Crise d’octobre et quelles en étaient les conséquences ? Durant les jours suivant la proclamation de la loi des mesures de guerre, les actions du gouvernement reçurent un soutien massif. Beaucoup de gens croyaient que les actions étaient nécessaires pour rétablir l’ordre dans les rues de Montréal. Cependant, ces actions ont été discutées en détail au cours des années. On se demande si le gouvernement avait assez de preuve d'une insurrection appréhendée pour appeler les troupes militaires. Plus de 90 % des personnes qui furent arrêtées étaient innocentes. Elles furent gardées pendant plusieurs semaines sans voir leurs amis ou leurs familles. Ce genre d'action

20 faisait que les gens, qui souhaitaient le Québec indépendant, pensaient que le gouvernement avait essayé de détruire le mouvement démocratique pour l’indépendance. D'autres effets au début des années 70 furent que la méfiance du gouvernement fédéral augmenta. Le FLQ disparut presque de la scène et les Québécois rejetèrent leurs méthodes violentes. Au lieu de cela, ils se tournèrent vers le PQ qui proposait un processus démocratique vers de la souveraineté.

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6. Bibliographie

Ouvrages cités HAGGART, Ronald B. et Aubrey E. GOLDEN. 1971. Rumours of war. Toronto: New Press. MCKENNA, Terence. 2000. Black October . Canadian Broadcasting Corporation Video. SAYWELL, John T. 1971. Quebec '70: a documentary narrative. Toronto: University of Toronto Press.

Ouvrages consultés DE VAULT, Carole et William JOHNSON. 1982. The informer: confessions of an ex-terrorist. Toronto: Fleet Books. Traduction de: Toute ma vérité . FOURNIER, Louis. 1982. FLQ: histoire d'un mouvement clandestin.. Montréal : Éditions Québec-Amérique . PELLETIER, Gérard. 1971. La crise d'octobre. Montréal : Éditions du Jour . SIMARD, Francis. 1987. Talking it out: the from the inside. (Traduit par David Homel). Montréal : Guernica. VALLIERES, Pierre. Nègres blancs d'Amérique: autobiographie précoce d'un «terroriste» québécois. 1968. Montréal : Éditions Parti Pris .

Sites consultés et/ou cités • The Canadian Broadcasting Corporation http://archives.cbc.ca • The Columbia Electronic Encyclopedia, Sixth Edition Copyright © 2003 www.cc.columbia.edu/cu/cup/ • L'Encyclopédie canadienne © 2005 www.thecanadianencyclopedia.com • First Among Equals: The Prime Minister in Canadian Life and Politics www.collectionscanada.ca • McGill University homepage/ Faculty of Law http://www.mcgill.ca/ • Microsoft® Encarta® Online Encyclopedia 2005 http://encarta.msn.com • Site historique Front de Libération du Québec http://www.independance-quebec.com • « Le site des Vrai Québécois » http://vraiquebecois.iquebec.com

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