Amériques/Europe : Vers Quels Rapports De Force ?
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Sous la direction de Marie-Christine Michaud Amériques/Europe : vers quels rapports de force ? Mentions légales ISBN : 978-2-9522457-1-7 Sommaire Introduction. Marie-Christine Michaud……………………….…………………..……………………….p 4 Partie 1. De l'Ancien au Nouveau Monde Les relations franco-mexicaines : entre conflits politiques et influences du positivisme comtien (1861-1911). Ombeline Anderouin………………………………………………………………..…..…….p. 11 Diderot et Vaucanson sont dans un bateau : la traversée de l‘Atlantique du Canard digérateur dans Mason & Dixon de Thomas Pynchon. Gilles Chamerois…………………………………………………..…………………….…….p. 27 Vers une aide sociale institutionnalisée aux USA Come together on the common road . Caroline Mével…………………………………………………………..……………..………p. 45 Partie 2. Modèle américain et traditions européennes Rapports de force, rapports de « race », ou pour la soumission des migrants italiens aux États-Unis. Marie-Christine Michaud…………………………………………………….………..…..p. 63 L‘émigrant face aux États. Politiques publiques et pratiques individuelles dans la dernière vague d‘émigration espagnole vers l‘Argentine, 1945-1955. María José Fernández Vicente…………………………………………….……………..p. 76 Pouvoir et archives : une affaire d‘État ? Eric Monteiro............................................................................................p. 91 L‘influence des missionnaires évangéliques américains en France depuis 1945. Mokhtar Ben Barka……………………………………………..…………………………..p. 101 Partie 3. Pour un ré-équilibrage des forces Provincialiser » l‘Europe au XXIe siècle ? Le cas équatorien. Emmanuelle Sinardet………………………………………………………..……..……..p. 115 Désunion à l‘Ouest ? Les relations euro-américaines de 1965 à 1975. Nicolas Badalassi……………………………………………………………..……..………p. 129 De Gaulle, l‘Amérique latine et les États-Unis, entre Super-grands et Tiers monde. Vers une Troisième voie ? (1945-1968). Alvar De Llosa.........................................................................................p. 148 Introduction. Marie-Christine Michaud Depuis la découverte des Amériques au XVe siècle, les liens entre le Nouveau Monde et l‘Ancien Monde ont évolué en parallèle du développement de l‘internationalisation des échanges qu‘ils soient intellectuels, politiques, commerciaux ou humains. Aussi, les contacts entre les deux continents ont pu conduire à un système de concurrence, de coopération dans certains cas, de rapports de force dans d‘autres. Partant du constat qu‘il existe des aspects dynamiques et positifs dans les rapports de force puisqu‘ils peuvent permettre de définir sa société, de construire sa culture et d‘asseoir son identité, comme le soutenait Claude Levi-Strauss dans Guerres et commerce chez les Indiens de l’Amérique du sud (1943), nous pouvons nous interroger aujourd‘hui, sur la façon dont ces rapports de force ont contribué au progrès des Amériques. En effet, s‘ils peuvent se traduire par des conflits, ils sont également synonymes d‘inspiration. Les guerres d‘indépendance, les révolutions promues par des idéaux post-coloniaux, exemples types des rapports de force entre l‘Ancien et le Nouveau Monde, ont fait émerger de nouvelles identités nationales ; les mouvements de population, notamment de l‘Europe vers les Amériques, confirment la concurrence entre les systèmes sociaux, économiques et politiques. Toutefois, comme l‘Histoire du XXe siècle en témoigne, ce sont avant tout des liens de coopération entre les divers pays qui ont permis aux Amériques, comme à l‘Europe d‘ailleurs, de poursuivre leur avancée vers le modernisme. En fait, comme ce volume en témoigne, les rapports de force ont pu se transformer en jeux d‘influence. Le flux des langues, le partage de traits culturels, les échanges commerciaux ou idéologiques, les modèles sociaux, voire politiques, caractérisent les relations entre les Amériques et l‘Europe. Qu‘il s‘agisse pour certains d‘un enrichissement culturel ou pour d‘autres d‘un appauvrissement social, il n‘en demeure pas moins que les relations entre Ancien et Nouveau Mondes se déclinent avant tout en termes d‘interactions et d‘interférences, pour reprendre la formulation de Michael Fischer dans Ethnicity and the Post-Modern Arts of Memory (1986). Aussi, l‘intérêt de cet ouvrage collectif réside dans l‘originalité des approches et des sujets traités. Il donne des visions multiples et complémentaires de la nature des rapports entre les Amériques et l‘Europe. Des ré-équilibrages se sont opérés entre les deux continents qui, tour à tour, ont occupé une place prédominante : l‘Europe a d‘abord servi de modèle ; puis l‘Amérique a commencé à jouer un rôle prédominant. Il s‘agit donc ici de saisir les enjeux dans un aspect diachronique (le passé contre le présent), mais également dans des perspectives économique (avec des marchés internationaux), idéologique (à travers l‘élaboration de nouvelles orientations politiques), démographique (dûs aux mouvements de population), culturelle (linguistique ou religieuse) et d‘organisation nationale, pendant la Guerre froide entre autres. La première partie du volume rappelle les influences de l‘Europe sur les Amériques tandis que la deuxième partie montre comment le modèle américain a cherché à s‘imposer face à l‘Ancien Monde. Toutefois, un certain ré-équilibrage a pris forme, en matière de politique par exemple, ce que confirment les analyses de la troisième partie. Ombeline ANDROUIN étudie l‘influence de la pensée positiviste d‘Auguste Comte dans la politique gouvernementale de Porfirio Diaz au Mexique à la fin du XIXe siècle. En plus de conduire à une réorganisation du système éducatif, le positivisme a permis au dictateur d‘asseoir sa politique « d‘ordre et de progrès ». Cette contribution souligne l‘évolution du rapport de force entre la France et le Mexique : l‘influence française subie s‘est transformée en influence consentie. Dans son chapitre, Caroline MEVEL constate que les liens entre l‘Europe et les Amériques peuvent se traduire par un phénomène de mimétisme : c‘est l‘idée de prendre comme modèle un système perçu comme plus constructif plutôt que de considérer les influences extérieures dans un rapport de force. La question de l‘aide sociale apportée aux plus démunis aux États-Unis grâce à des institutions telles que les settlement houses (centres d‘aide sociale et culturelle qui visent à l‘épanouissement des personnes et l‘amélioration de leur condition sociale) a en fait traversé l‘océan de l‘Ancien Monde au Nouveau pour se répandre dans les villes où les pauvres et les migrants se concentrent. Alors que Jane Addams, qui fonde Hull-House, institution symbolique de l‘aide sociale à Chicago à la fin du XIXe siècle, est inspirée par le modèle britannique proposé par Arnold Toynbee, Eleanor Roosevelt, figure de proue de l‘assistance sociale à partir de la crise de 1929, fut, elle, influencée par l‘École de Ruches, en France. Ces deux cas témoignent de l‘inspiration que peut susciter l‘Ancien Monde auprès des progressistes du Nouveau. Gilles CHAMEROIS, dans son étude linguistique d‘un extrait du roman de Thomas Pynchon Mason & Dixon (1997), met en exergue les paradoxes des Lumières européennes et leur influence sur les États-Unis à la veille de la Révolution. À travers l‘analyse du canard de Vaucanson, célèbre automate du XVIIIe siècle, et la façon dont sa figure traverse l‘océan, c‘est la naissance de la nation étatsunienne qui est l‘objet de la méditation de Pynchon : la mise en scène des représentations scientifiques de l‘époque montre les paradoxes qui les sous-tendent, et en même temps les interactions culturelles qui lient les deux continents, sous la forme par exemple des influences linguistiques qui ont conduit à l‘élaboration d‘une identité nouvelle aux États-Unis. Il peut s‘agir d‘interactions autant que d‘influences, même paradoxales, car l‘environnement géographique, social, politique, culturel, voire linguistique, a un impact non négligeable dans la construction des sociétés et des individus. D‘ailleurs, les Amériques ont été fondées suivant une vision sociétale idéalisée de l‘Ancien Monde adaptée aux besoins de l‘environnement du Nouveau Continent. Marie-Christine MICHAUD, dans sa contribution sur l‘influence des théories eugénistes qui se sont développées au début du XXe siècle aux États-Unis et qui ont joué un rôle déterminant sur la politique migratoire fédérale et le rejet des migrants européens, notamment des Italiens, rappelle que le Nouveau Monde récusait les influences religieuses, sociales, « raciales » de l‘Ancien Monde incarnées par les migrants, d‘où une forte opposition à l‘immigration. Les États-Unis imposent alors leur modèle aux nouveaux arrivants. Mais ceux-ci, par souci de freiner le phénomène d‘aliénation produit par leur installation dans un nouvel environnement et la politique d‘américanisation des étrangers menée par la société américaine, tentent de résister au processus de déculturation, ce qui révèle un rapport de force latent entre les migrants européens et leur société d‘accueil. C‘est ce que le chapitre de Maria José FERNANDEZ-VICENTE complète dans son étude de l‘émigration espagnole en Argentine après la Seconde Guerre mondiale. Les procédures administratives afin d‘obtenir l‘autorisation d‘immigrer confirment qu‘un rapport de force s‘est établi entre les individus et les États. La politique migratoire argentine impose un contrôle implacable des nouveaux arrivants, et même des Espagnols qui sont considérés comme assimilables et qui sont mieux acceptés que les autres groupes nationaux (en raison de l‘histoire qui lie les deux pays). L‘État se trouve face à un dilemme : l‘immigration