VENDREDI 27 JANVIER – 20H

Anniversaire

« L’Art de l’instrumentation » – Hommage à Glenn Gould Œuvres pour clavier de arrangées pour violon et cordes – extraits (Projet initié par Gidon Kremer, commande de la Kronberg Academy) Valentin Silvestrov Dédicace à Johann Sebastian Bach

Alexander Raskatov Prélude et fugue n° 6 en ré mineur, extraits du Clavier bien tempéré BWV 851

Leonid Desyatnikov Sarabande en mi mineur, extraite de la Partita n° 6 BWV 830

Stevan Kovac Tickmayer « After Gould », Variations Goldberg BWV 988 n° 30, 4, 18 et 26 (avec trois Intermezzi d’Arnold Schönberg)

Victor Kissine Aria, extrait des Variations Goldberg BWV 988

Soliste : Gidon Kremer, violon

Giya Kancheli Chiaroscuro, pour violon, orchestre à cordes et vibraphone

Solistes : Gidon Kremer, violon Andrei Pushkarev, Elina Endzele, percussion Anastassiya Dranchuk, piano

entracte | Vendredi 27 janvier 27 | Vendredi Gidon Kremer Anniversaire Dmitri Chostakovitch Concerto n° 1 pour piano, trompette et orchestre à cordes en ut mineur op. 35

Solistes : Gidon Kremer, violon Martha Argerich, piano Sergei Nakariakov, trompette

Leonid Desyatnikov The Target, fragments

Solistes : Gidon Kremer, violon Martha Argerich, piano Sergei Nakariakov, trompette

Kremerata Baltica

Ce concert sera diffusé sur France Musique le jeudi 16 février à 14h.

Fin du concert vers 21h50. Gidon Kremer, l’un des plus brillants disciples de l’école soviétique de violon, est aussi le moins docile. Bousculant les habitudes, cet ennemi des conventions et infatigable découvreur n’a jamais suivi que sa propre voie. L’un des plus prodigieux archets de notre temps, il ne se considère pas comme un violoniste, ne cherche pas le beau son à tous crins, mais voue une passion à toutes sortes de musiques et notamment aux compositeurs de son temps.

Gidon Kremer, qui fête cette année son 65e anniversaire, est né à Riga dans une famille de musiciens. Élève de David Oïstrakh au Conservatoire de Moscou de 1965 à 1973, il remporta un premier prix aux concours Paganini et Tchaïkovski. Après une tournée de 150 concerts en URSS, il fut invité en 1975 au Festival de Salzbourg par Herbert von Karajan avec lequel il enregistra le Concerto de Brahms, avant de s’installer définitivement à l’Ouest en 1980.

Par ses choix esthétiques, son refus des chemins tracés et l’identité même de son jeu, Kremer fait partie de ceux qui divisent plus qu’ils ne rassemblent. Si certains voient en lui à la fois l’indispensable rénovateur et le courageux aventurier, d’autres le considèrent parfois comme un provocateur. Il est vrai qu’il bouscule la plupart de nos habitudes, en remettant en cause tout ce que l’on croyait définitivement canonisé. Comme l’ont écrit certains, entendre Kremer jouer une sonate célèbre du répertoire, c’est un peu comme retrouver un vieil ami qui aurait subi une radicale chirurgie esthétique.

Que l’on adhère ou pas à certaines de ses recherches, la rigueur et la minutie de son approche forcent l’admiration. Son goût de l’invention, la richesse de son répertoire et la personnalité de sa sonorité sont à l’origine de l’identité d’un jeu qui n’est comparable à aucun autre. Il s’est en effet rapidement démarqué du répertoire traditionnel pour aborder des partitions méconnues, en consacrant une partie de son énergie à faire découvrir des compositeurs. Son imposante discographie fourmille d’œuvres de Pärt, Schnittke, Gubaidulina, Barkauskas, Enesco, Nono, ou Schulhoff. Inventif, curieux et passionné par toutes les formes d’expression artistique, son jeu est le fruit d’une exaltation et d’une liberté d’esprit qu’il défend farouchement. Il dévore la musique comme il dévore la vie, regrettant presque de ne jamais regarder en arrière et de n’avoir jamais le temps de savourer ce qu’il a déjà fait. En perpétuel mouvement, il ne vit que pour le jour même et pour ses projets futurs. « J’ai toujours cherché à jouer la musique qui avait une signification émotionnelle pour moi. Nombre d’interprètes sont devenus victimes de leur public en cherchant à plaire. Pour moi, la musique est une affaire entre la partition et l’interprète. »

Depuis 1981, il a fait de Lockenhaus l’un des hauts lieux de la musique de chambre. L’esprit d’ouverture, l’humour, la fantaisie, la créativité ont été les bases de sa motivation et l’on compte par centaines les musiciens qui se sont rassemblés autour de lui chaque été. Depuis près de vingt-cinq ans Gidon Kremer forme avec Martha Argerich l’un des duos violon-piano les plus volcaniques de l’histoire et chacune de leurs apparitions sur scène comme au disque est un véritable feu d’artifice. Ensemble ils ont revisité les sonates de Beethoven, de Prokofiev, de Schumann ou de Bartók, en entraînant irrésistiblement

3 leur auditoire vers de nouveaux univers. Certains ont parfois reproché à Kremer sa sonorité aérienne, éthérée, volatile, qui leur paraît manquer de rondeur ou d’une densité plus viscérale. « Le son n’est pas une fin en soi et je cherche autre chose que le bel canto. Mon violon est certes mon plus proche compagnon, mais le plaisir que je trouve à le jouer, pour intense qu’il soit, est assez réduit en regard de l’immensité des joies que m’apporte la musique. » Kremer fait partie de ceux qui se sentent une véritable responsabilité vis-à-vis des créateurs de leur temps. « Les compositeurs d’aujourd’hui ne sont pas nés du néant. Ce mélange unique d’émotion, de tristesse, d’humour et de douceur que l’on entend dans la musique de Schubert se retrouve aussi dans celles de Piazzolla ou de Chostakovitch qui de leur vivant, ont su transmettre l’esprit et le nerf de notre époque. » La discographie du violoniste démontre d’ailleurs son attachement profond à la musique de Chostakovitch, incluant outre le Deuxième Concerto, la Sonate, le Deuxième Trio et plusieurs quatuors à cordes, ses deux dernières symphonies. Une seule absence de taille : le Premier Concerto qu’il n’a encore jamais enregistré. En 1997 Gidon Kremer a fondé un orchestre de chambre, qui s’est rapidement imposé comme l’un des meilleurs du genre, la Kremerata Baltica, composé de 25 jeunes musiciens venus des trois pays baltes. « Je me sens balte, dit-il, et plus encore depuis que ces pays sont devenus indépendants. Les couleurs de la nature, les senteurs de l’air ou de la cuisine me rappellent mon enfance et je m’y sens chez moi. »

Bon anniversaire Gidon. Ne cessez jamais de nous surprendre !

Jean-Michel Molkhou Jean-Michel Molkhou est l’auteur de l’ouvrage Les Grands violonistes du XXe siècle. De Kreisler à Kremer, paru chez Buchet/Chastel en 2011.

4 vendredi 27 janvier

Sur « L’Art de l’instrumentation » à Kronberg, par Gidon Kremer

J’ai pensé que c’était une idée merveilleuse de fêter le 10e anniversaire de Chamber Music Connects the World avec une commande, puisqu’il s’agit d’un des rares événements musicaux qui puisse réellement être appelé « festival » (contrairement à tant d’autres, qui sont plus une vente de noms d’artistes bien connus et de pièces à la mode). Par cette approche, Kronberg me fait penser au festival de musique de chambre que j’avais fondé à Lockenhaus et dirigé pendant quasiment trente ans. Ces deux « oasis » ont certains objectifs en commun – élargir la vision des possibles, utiliser la musique comme « langage » pour exprimer les sentiments et tenter d’étendre le champ des connaissances de la musique de chambre elle-même au sein des participants comme du public.

Bien sûr, à Kronberg pour Chamber Music Connects the World, des pièces plus « classiques » sont étudiées puis jouées en concert, mais ici, l’intention est également d’éveiller un intérêt pour l’univers sonore contemporain – particulièrement chez des jeunes dont la carrière artistique et la compréhension ne font que débuter, et auxquels on doit néanmoins « inoculer » un sens du devoir, celui de rendre un « service » aux compositeurs et au public. Pour cette raison précise, j’ai repris l’idée qui avait justement été exprimée par un ami producteur au sujet d’un enregistrement de CD en cours. Je parle de Robert Hurwitz. Il dirige le label Nonesuch aux États-Unis depuis des années et entretient des relations avec de nombreux musiciens, ensembles et compositeurs contemporains. Il m’a demandé : « Ne voudrais-tu pas un de ces quatre faire un arrangement pour cordes de quelques pièces jouées par Glenn Gould ? » Nous avions tous deux eu la chance d’avoir côtoyé personnellement Glenn Gould – Bob durant des années et moi-même lors d’une longue session nocturne dans son studio (aux côtés d’András Schiff, lequel est d’ailleurs également à Kronberg cette année).

À ce stade je dois me « confesser » : lors de ma conversation avec Bob Hurwitz il y a quelques dix-huit mois de cela, l’idée était associée au départ à « mon » orchestre, Kremerata Baltica, que j’avais fondé il y a treize ans et demi et qui tient encore une place très spéciale dans mon cœur et mon âme. Entre-temps, cependant, nous avons fait un enregistrement assez différent du De Profundis. Kremerata Baltica a également été engagé comme orchestre en résidence à Kronberg. Néanmoins la question de Bob m’avait « contaminé » et cette idée ne me laissait pas en paix.

C’est alors que la boucle a été bouclée. Kronberg m’a donné la chance de poursuivre sur la lancée de cette inspiration. Lorsque Raimund Trenkler m’a demandé : « Que pouvons- nous faire pour que ce dixième anniversaire soit spécial ? », je connaissais la réponse. Le centre devait en être l’une des grandes figures de tous les temps – Johann Sebastian Bach – et en lien avec « notre temps ». Il fallait construire un « pont ». Tout est dit là-dedans, même si je repense avec émotion à la conversation que j’ai eue avec Stevan Kovacs Tickmayer dans ma ville de Sigulda, lorsque j’ai essayé de lui expliquer quelle sorte d’« instrumentation » j’avais en tête et que j’ai fini par trouver comme titre global « L’Art de l’instrumentation » (en référence à l’éternel Art de la fugue).

5 Que ce soit à Chamber Music Connects the World ou avec Kremerata Baltica, les tâches que j’aime confier aux jeunes musiciens sont en gros les mêmes – être « au service de la musique ». N’est-ce pas une tâche fabuleuse pour toute une vie ? Tout le reste devrait être exprimé par les compositions qui ont maintenant pris forme (une instrumentation doit également être composée – ce n’est en aucun cas, comme beaucoup le pensent, une « tâche mécanique » ou une sorte de « version pas chère » de l’original). Au-delà des diverses « langues maternelles » des « camarades militants » que j’ai choisis – letton, russe, géorgien, anglais, hongrois ou lituanien, etc. –, à la fin de la journée tout le monde parle « Bach » – une langue universelle vieille de plusieurs siècles.

Je souhaite donc que les participants au projet de Chamber Music Connects the World cette année prennent réellement plaisir à travailler ce cycle, et que le cycle rassemblé ici à Kronberg grâce à la Kronberg Academy et à la Crespo Foundation soit bientôt défendu par Kremerata Baltica dans le monde entier. La pensée que cette « naissance » a eu lieu à Kronberg me remplit de joie comme de fierté, le titre Chamber Music CONNECTS the World (made in Kronberg !) étant totalement dans la lignée de cette mission.

C’est une telle joie pour moi d’avoir pu « entendre » la proposition de Robert Hurwitz et de ne pas l’avoir oubliée, comme le fait que Raimund Trenkler ait trouvé l’idée « géniale » et que la plupart des compositeurs que j’ai eu la chance de côtoyer dans le travail durant toutes ces années aient été « partants » pour l’idée. Grâce à eux, quelque chose d’assez spécial vient de prendre forme. Je voudrais les remercier pour leur réalisation ; qu’elle soit estimée à sa juste valeur !

Il s’agit là d’une contribution à l’ère dans laquelle nous vivons, un coup d’œil vers le futur, une « conversation avec le temps » que nous allons commencer ici à Kronberg et que nous pouvons présenter au reste du monde – ou du moins je l’espère. C’est une « partition » qui plonge son regard distant jusqu’au domaine de Johann Sebastian Bach tout en rendant hommage à l’un des plus grands personnages de l’interprétation moderne, Glenn Gould. Un personnage dont l’écriture (nous devrions en fait parler de « maniement », mais dans un sens bien au-delà de l’« artisanal ») ne peut être confondue avec celle d’aucun autre. Voici précisément la chose que j’ai toujours tant valorisée et que je valorise encore – l’unique.

Nous autres passionnés de musique – que nous soyons étudiants, interprètes, musiciens amateurs ou professionnels – devrions mettre ce terme en application dans un monde commercial qui dirige les projecteurs sur des produits de production de masse et idolâtre de soit-disant « stars » (souvent bien indignes de ce qualificatif) et les façonnent selon « l’esprit du moment ». Nous devrions nous donner d’autres repères et respecter d’autres valeurs. Parmi celles-ci il y a l’art véritable, lequel est hors du temps, car il vit au-delà de la clameur du marché autour des produits de masse, et en réalité au-delà de nous-mêmes.

Gidon Kremer, 2010 Traduction Delphine Malik-Vernhes

6 vendredi 27 janvier

« L’Art de l’instrumentation » Œuvres pour clavier de Johann Sebastian Bach arrangées pour violon et cordes – extraits

Projet initié par Gidon Kremer Commande de la Kronberg Academy Durée : environ 25 minutes.

Valentin Silvestrov (1937) Dédicace à Johann Sebastian Bach

Alexander Raskatov (1953) Prélude et fugue n° 6 en ré mineur, extraits du Clavier bien tempéré BWV 851

J’ai choisi cette pièce parce que c’est le tout premier « prélude et fugue » du Clavier bien tempéré que j’ai étudié étant enfant. Je suppose que la raison de ce choix est plutôt simple et même un peu sentimentale. Mon but était de me rapprocher d’une certaine manière de la sonorité de Glenn Gould au piano (bien que cela soit peut-être impossible dans le contexte du quintette à cordes). L’articulation, l’agogique, et certains usages spécifiques aux cordes jouent le rôle principal dans cette « tentative d’approche ». L’instrumentation n’a généralement de sens et de valeur que si un autre « niveau de compréhension » de la pièce originale peut être atteint. Je dirais que l’essentiel est de trouver un certain paradoxe caché ou secret. En d’autres termes, quelque chose de fondamental se produit : des éléments bien connus sont placés dans un nouveau contexte musical. Néanmoins, comment trouver le paradoxe de l’instrumentation ? Il n’y a pas de recette tout faite. L’interprétation de Glenn Gould de ce « prélude et fugue » dure 3 minutes et 1 seconde, c’est plutôt court. Pour faire comme lui, je m’arrêterai là.

Alexander Raskatov

Leonid Desyatnikov (1955) Sarabande en mi mineur, extraite de la Partita n° 6 BWV 830

Stevan Kovacs Tickmayer (1963) « After Gould », Variations Goldberg BWV 988 n° 30, 4, 18 et 26 (avec trois Intermezzi d’Arnold Schönberg)

La préférence accordée à l’utilisation des Variations Goldberg comme base du projet « L’Art de l’instrumentation » s’est imposée à moi de façon assez naturelle : dans le répertoire de Bach interprété par Gould, ces variations figurent parmi mes œuvres de prédilection et, en tant qu’insomniaque confirmé, j’ai passé de nombreuses blanches à les écouter en boucle. L’histoire raconte que la pièce a été commandée par l’ambassadeur

7 de Russie, Le comte Kaiserling, lequel s’arrêtait souvent à Leipzig et avait amené avec lui le jeune prodige du clavier Johann Gottlieb Goldberg. Les variations ont été écrites pour Goldberg – d’où le titre de la composition – et leur caractère doux et plutôt vivant est censé agrémenter les nuits sans sommeil de l’ambassadeur (un autre insomniaque). Ces détails historiques, rapportés par le biographe de Bach Johann Nikolaus Forkel, ont été remis en cause aujourd’hui. Que l’histoire soit vraie ou non, le fait est qu’un troisième insomniaque est impliqué dans ce projet (cette fois-ci un insomniaque patenté) – et qu’il s’agit de Gidon Kremer, lequel est à l’origine même du projet. J’ai pensé qu’il y avait trop d’histoires d’insomniaques en jeu pour ne pas les prendre au sérieux. Cela aurait été dommage de les omettre, surtout si nous gardons à l’esprit que les deux enregistrements de cette composition ont contribué de façon considérable au renom de Gould en tant que pianiste. Vu que Gould était également un fervent interprète de la musique de Schönberg, je me suis dit que cela ne serait pas une mauvaise idée de « remuer » la musique de Bach et d’introduire Schönberg dans le tableau. Il n’y a pas si longtemps de cela, de nombreux compositeurs contemporains ont « demandé » de l’aide à Bach et l’ont allègrement cité, illuminant le caractère quelque peu épais de leur musique. Aujourd’hui, nous sommes habitués à tout, et dans ce monde désespérément indifférent, on peut clairement imaginer Schönberg comme facteur de relaxation.

Stevan Kovacs Tickmayer

Victor Kissine (1953) Aria, extrait des Variations Goldberg BWV 988

Dans ses enregistrements, Glenn Gould joue l’Aria des Variations Goldberg sans le da capo, c’est-à-dire, sans répéter les deux parties de la pièce. Il est légitime de se demander pourquoi. Je pense que l’une des raisons est que l’Aria est répétée dans son intégralité à la fin du cycle des variations, comme un retour au point de départ. Il y a donc un da capo, mais dans le cadre d’une arche. Si cette supposition s’avère exacte, je pense que lorsque l’Aria est jouée en dehors du cycle complet, c’est-à-dire en tant que pièce autonome, le da capo devrait être maintenu. Dans ma version, j’ai essayé de refléter ces deux acceptions du da capo – celle de Bach et celle de Gould. J’ai pris la liberté de conclure la pièce par un court extrait des Quatorze Canons sur les huit premières notes de basse de l’Aria des Variations Goldberg (BWV 1087) – l’une des dernières découvertes (1974) dans les manuscrits de Johann Sebastian Bach.

Victor Kissine

8 vendredi 27 janvier

Giya Kancheli (1935) Chiaroscuro, pour violon, orchestre à cordes et vibraphone

Composition : 2010-2011. Création de la version originale : Dubrovnik, septembre 2010, Julian Rachlin (violon et alto), Academy of St. Martin in the Fields, Ryan McAdams (direction). Dédicace de la présente version : à Gidon Kremer. Éditeur : Sikorski. Durée : 24 minutes.

C’est le violoniste et altiste Julian Rachlin qui souffla à Kancheli l’idée d’écrire une œuvre dans laquelle il pourrait jouer alternativement des deux instruments : Chiaroscuro est créé sous cette forme, fin 2010. Le violoniste Gidon Kremer et l’altiste Yuri Bashmet ayant manifesté leur enthousiasme à l’écoute de cette interprétation, le compositeur, après avoir également révisé la pièce pour quatuor à cordes début 2011, écrivit deux nouvelles versions, l’une à l’attention de l’alto, l’autre du violon – cette dernière est créée à Bruxelles puis à Paris en janvier 2012. Le chiaroscuro, ou clair-obscur, est une célèbre technique picturale basée sur le contraste entre l’ombre et la lumière, développée principalement par les maîtres de la Renaissance et de l’ère baroque. Transposée dans le domaine musical, cette science poétique invite Kancheli à produire, comme il l’avait fait pour Bashmet dans Styx en 1999, une œuvre concertante, par essence construite sur le dialogue et l’opposition entre l’individuel et le collectif, dans laquelle le contraste se fait entendre dans les variations importantes de timbres, de dynamiques, de nuances, de modes de jeu, etc. – autant de paramètres exclusivement musicaux modifiés de façon souvent subite et surprenante. Le langage, foncièrement diatonique, fidèle aux ressources expressives de la tonalité, se caractérise par une lenteur extrême – temporalité de la méditation et de la contemplation – où se dévoilent, dans la fragmentation et dans les jeux d’échos du discours, des zones d’ombre et de lumière.

Introduit par cinq légers coups de grosse caisse – qui interviendra pour annoncer chaque changement de section –, construit sur un simplement balancement harmonique en notes tenues aux cordes et à la guitare basse, le premier élément thématique est énoncé par le violon solo, intensément mélancolique, chromatique dans le grave puis s’évadant progressivement vers l’aigu. Les différents motifs qui apparaissent successivement jouissent d’un éclairage et d’une couleur propres, grâce à l’attention prêtée à l’habillage rythmique et à l’usage des timbres de l’ensemble instrumental (orchestre à cordes, piano, vibraphone, grosse caisse, tambourin, guitare basse). Sur un tempo plus rapide, la partie centrale, fascinante et dramatique, s’achève par un déchaînement où se distingue la cellule de tête du premier thème, alors que le violon solo amène, par un remarquable jeu en glissando et trémolos, le climax de la pièce. Une note tenue au seul piano assure alors l’enchaînement vers la dernière partie, qui réexpose, en le variant, le matériau de la section initiale. Abandonné progressivement par les instruments accompagnateurs, répétant inlassablement le même intervalle de seconde en harmoniques agonisantes, le violoniste continue à manier l’archet dans un ultime jeu de mime, comme pour aider l’œuvre, dit la partition, à se « dissoudre dans le silence ».

Grégoire Tosser 9 Dmitri Chostakovitch (1906-1975) Concerto n° 1 pour piano, trompette et orchestre à cordes en ut mineur op. 35

Allegretto Lento Moderato Allegro con brio

Composition : 1933. Création : le 15 octobre 1933 par le compositeur au piano avec l’Orchestre Philharmonique de Leningrad sous la direction de Fritz Stiedry. Effectif : piano solo – trompette solo –cordes. Durée : environ 22 minutes.

Au début des années 1930, le régime stalinien devient très intolérant sur le plan culturel, tout en commençant sa politique totalitaire de persécution : ce sont les premières purges. Chostakovitch a-t-il déjà conscience de ce fatal tournant ? Sous ce régime implacable, la riche personnalité du compositeur ne parviendra à survivre qu’au moyen d’une extrême introversion : paroles rares, loyautés détournées et sarcasmes en filigrane. Quoi qu’il en soit, vers 1933 Chostakovitch délaisse un peu l’opéra, dans lequel il s’était beaucoup investi, pour s’adonner au piano, domaine plus neutre ; il compose ses Vingt-Quatre Préludes, puis ce Concerto, lequel révèle déjà deux grandes facettes de son style : d’une part son ironie énigmatique (vise-t-elle le régime ?), de l’autre, son profond lyrisme. Cette œuvre est un quasi double concerto, étant donné le rôle solo de la trompette.

Le premier mouvement et le quatrième, plutôt parodiques, trahissent peut-être l’influence du cinéma muet, de ses mouvements accélérés et saccadés. En effet, Chostakovitch dans ses jeunes années gagnait son pain comme pianiste dans les salles obscures ; il détestait ce métier mais parfois s’interrompait pour regarder le film et riait tout haut ! Un appel impertinent de la trompette, une phrase pensive du piano ouvrent le premier mouvement ; mais bientôt le discours s’encanaille en une extrapolation sans frein, sous la conduite d’un clavier à la virtuosité désarticulée ; la trompette l’encourage, la houle des cordes suit. Quelques rares mesures d’écriture plus classique sont immédiatement griffonnées par ce soliste rageur et percussif. Chostakovitch, qui créa sa partie avec un jeu très sec, n’en remporta pas moins un vif succès.

Le mouvement lent, d’une grande beauté, exprime de façon émouvante ce désespoir secret et cette déréliction qui constituent la voix intime de Chostakovitch. Des cordes très postromantiques dans leur recueillement, un piano qui semble longuement méditer en lui-même, avec quelques bravoures lisztiennes, une mélopée solitaire de la trompette, un chant de tendresse aux violoncelles… ce style, qui rappelle le Concerto en sol de Ravel, est en total contraste avec les mouvements extrêmes ; il reflète le visage d’authenticité, grave et humain, du compositeur.

10 vendredi 27 janvier

Le troisième mouvement n’est qu’une transition, dépourvue de trompette, qui fait alterner un piano capricieux avec une mélopée très russe des cordes. Puis le finale déclenche son ébouriffante pitrerie. Dans une course-poursuite truffée de gags, le piano déchaîné pousse devant lui des cordes mécaniques à la Prokofiev, tandis que la trompette débite par-dessus, toute fière, ses absurdités militaires ou chasseresses. La banalité des thèmes n’a d’égal que le tempo vertigineux et la démonstration invraisemblable d’acrobatie. Cette esthétique très « dada » se moque des concertos traditionnels, plaque un bout de fugue vite avorté, colle un fragment d’une sonate de Haydn, dans l’esprit des provocations occidentales que le communisme n’était plus disposé à tolérer longtemps ; et Chostakovitch, cet homme au visage si triste, était ravi quand ses farces étaient comprises par un auditoire aux yeux pétillants, qui souriait ou riait. Une partie centrale plus modérée confie à la trompette un solo vieillot et forain redevable à Petrouchka… Enfin, en découvrant l’ouvrage, un ami de Chostakovitch, le pianiste Lev Oborin, estimait qu’un concerto sans cadence n’en était pas vraiment un : qu’à cela ne tienne, le compositeur a ajouté un solo effréné qui cite Le Sou perdu de Beethoven, référence d’humour musical presque féroce. La trompette conclut, sur un long cocorico parfaitement malappris.

Isabelle Werck

Leonid Desyatnikov (1955) The Target, fragments

Vivaldi’s January Cadenza At the Races Tannhäuser Foxtrot

The Target est le troisième projet de la société de production REN Film et de son fondateur Dmitry Lesnevsky, après The Return d’Andrey Zvjagintzev (Lion d’or et Lion du Futur lors de la 60e Mostra de Venise en 2003) et The Banishment (Palme d’or du meilleur acteur au 60e Festival de Cannes en 2006).

Le film est basé sur le scénario original de Vladimir Sorokin et Alexander Zeldovich. Le thème en est le temps qui ne peut être arrêté. Toute tentative de le faire tourmentera le corps et l’esprit, car les humains sont des êtres vivant dans le temps. Par ailleurs, les auteurs ont apporté une autre idée au film : il s’agit également de l’histoire d’une collision soudaine et sans merci avec quelque chose de surhumain, quelque chose que l’on pourrait appeler Dieu.

11 Dmitry Lesnevsky, le producteur, a été attiré par ce travail tout d’abord parce qu’il appréciait la grande ironie de Sorokin dans un monde de « stabilité » triomphante, où personne ne peut se cacher derrière un masque et éviter d’angoissantes questions sur le sens, l’esprit et l’existence par la même occasion. Voilà derrière l’image le sentiment qui a inspiré cet ouvrage et fait que les auteurs l’ont changé et réarrangé tout du long.

Traduction Delphine Malik-Vernhes

Cinq des trente-deux pistes ont été rassemblées dans la suite de concert qui débute avec Vivaldi’s January. Du fait que les « Saisons » sont mentionnées dans le livret, j’ai décidé d’ajouter une mélodie orientale aux accords de Vivaldi pour refléter l’expansion chinoise représentée dans le film. « Foxtrot » est une réminiscence de la pop music américaine des années 1950-1960. Aux débuts de cette collaboration avec le directeur du film Alexander Zeldovich j’ai même ramené une importante collection de CD – Sinatra, Blue Velvet entre autres. Je ne pourrais dire qu’ils ont été très utiles. À part ce morceau de trois minutes, il n’y a rien dans la musique qui me rappelle cette période. Je tiens à faire remarquer que la Suite ne ressemble pas à celle de la bande-son de The Target : orchestre de chambre, batterie et célesta contre un grand orchestre symphonique.

(Extrait de la traduction libre par Leonid Grauman des écrits du compositeur)

12 vendredi 27 janvier

Gidon Kremer Peteris Vasks, John Adams et Astor septembre 2010. En 1981, Gidon Kremer De tous les violonistes d’envergure Piazzolla, il a fait connaître leur musique a été à l’origine du Festival de internationale, Gidon Kremer possède au grand public en alliant respect des Lockenhaus, festival de musique de sans doute la carrière la moins traditions et style contemporain. On peut chambre à caractère intime qui se conventionnelle. Né à Riga en Lettonie, affirmer à juste titre qu’aucun soliste déroule toujours chaque été en Autriche. il a débuté ses études à l’âge de 4 ans de cette envergure internationale Ayant fondé en 1997 l’orchestre avec son père et son grand-père, tous n’a autant fait pour les compositeurs de chambre Kremerata Baltica pour deux excellents violonistes. Il a ensuite contemporains durant ces trente encourager les jeunes musiciens des intégré l’École de Musique de Riga dernières années. Artiste à la trois États baltes, il s’est beaucoup à 7 ans. Après avoir reçu à 16 ans le discographie impressionnante, produit en tournée avec celui-ci dans Premier Prix de la République lettonne, Gidon Kremer a enregistré plus d’une les festivals et lieux de concerts les plus il a poursuivi ses études deux ans plus centaine d’albums, recevant pour bon prestigieux au monde. Il a également tard au Conservatoire de Moscou auprès nombre d’entre eux de prestigieuses enregistré quantité de disques avec de et s’est vu remettre récompenses saluant ses qualités cet ensemble pour les labels Teldec, par la suite des récompenses exceptionnelles en matière Nonesuch et ECM. De 2002 à 2006 il a prestigieuses comme, en 1967, d’interprétation. Il s’est ainsi vu remettre été directeur artistique du nouveau le Troisième Prix du Concours Reine- le Grand Prix du Disque, le Deutscher Festival Les Muséiques à Bâle. Gidon Élisabeth puis les premiers prix des Schallplattenpreis, le Prix Ernst von Kremer joue sur un violon Nicola Amati concours internationaux Paganini Siemens, le Bundesverdienstkreuz, de 1641. Il est également l’auteur de trois et Tchaïkovski. Lancée par ce succès, le Premio dell’Accademia Musicale ouvrages publiés en allemand qui sa remarquable carrière lui vaut Chigiana, le Triumph Prize (Moscou, reflètent l’avancée de ses recherches aujourd’hui une réputation mondiale 2000), le Prix de l’Unesco (2001), musicales. d’artiste incontournable parmi les plus le Sæculum-Glashütte Original- originaux de sa génération. Il s’est Musikfestspiel-Preis (Dresde, 2007) Valentin Silvestrov produit sur quasiment toutes les grandes et le Prix Rolf Schock (Stockholm, 2008). Valentin Silvestrov est né le 30 scènes de concert, aux côtés des En février 2002, lui et l’ensemble septembre 1937 à Kiev. Autodidacte de orchestres les plus célèbres d’Europe Kremerata Baltica ont reçu un Grammy formation, il n’est venu à la musique qu’à et des États-Unis, et a collaboré avec les Award dans la catégorie « Meilleure l’âge de quinze ans. De 1955 à 1958, il a meilleurs chefs du moment. interprétation d’un petit ensemble » étudié en cours du soir dans une école Son répertoire particulièrement étendu pour l’enregistrement After Mozart de musique parallèlement à sa formation inclut aussi bien les traditionnelles paru chez Nonesuch. Ce même d’ingénieur des travaux publics. De œuvres pour violon des périodes enregistrement a reçu à l’automne 2002 1958 à 1964, il a complété ses études classique et romantique que des pièces un Prix ECHO en Allemagne. Parmi par la composition et le contrepoint, de compositeurs des XXe et XXIe siècles ses parutions récentes, on peut citer respectivement avec Boris Lyatoshinsky comme Henze, Berg et Stockhausen. chez EMI Classics The Berlin Recital et Lev Revutsky au Conservatoire de Par ailleurs, il s’est fait le champion avec Martha Argerich, alliant des œuvres Kiev. Il a ensuite enseigné dans un atelier des œuvres de compositeurs actuels de Schumann et Bartók, ainsi qu’un de musique durant plusieurs années. de Russie et d’Europe de l’Est, et album regroupant tous les concertos Il est compositeur indépendant à Kiev a interprété de nombreuses créations pour violon de Mozart enregistré en depuis 1970. Valentin Silvestrov est majeures dont il était souvent le direct sous le label Nonesuch avec considéré comme l’un des représentants dédicataire. Associé aux compositeurs la Kremerata Baltica au Festival de phares de l’« avant-garde de Kiev », , Arvo Pärt, Giya Salzbourg en 2006. Toujours chez laquelle s’est attiré l’attention du Kancheli, Sofia Gubaidulina, Valentin Nonesuch, son dernier enregistrement, public autour de 1960 tout en étant Silvestrov, Luigi Nono, Aribert Reimann, De Profundis, vient de paraître en violemment critiquée par les défenseurs

13 de l’esthétique musicale conservatrice Festival Almeida de Londres (1989), du compositeur définit son style comme soviétique. Dans les années 1960 et festival fondé à Lockenhaus en Autriche « l’émancipation de la consonance, la 1970, sa musique était à peine jouée par Gidon Kremer (1990), et de bien transformation du banal, un minimalisme dans sa ville natale ; ses créations, d’autres festivals au Danemark, en à visage humain », son genre favori si toutefois elles avaient lieu, étaient Finlande et en Hollande. Depuis la fin étant la « bagatelle tragiquement uniquement données en Russie, tout des années 1980, le nombre d’occasions méchante ». Parmi ses compositions d’abord à Leningrad (aujourd’hui d’entendre sa musique s’est accru, ceci principales, on citera Rosenthal’s Saint-Pétersbourg), ou à l’Ouest. Son même en Russie et en Ukraine. On a Children (opéra en deux actes sur un œuvre Spectrums pour orchestre de pu entendre ses œuvres au Festival livret de Vladimir Sorokin), Poor Liza chambre, par exemple, a été créée avec Alternatif de Musique Contemporaine (opéra de chambre en un acte sur un un succès considérable par l’Orchestre de Moscou (1989), dans divers cadres livret du compositeur d’après la nouvelle Philharmonique de Leningrad sous la comme « Cinq Soirées autour de de Nikolai Karamzin), Gift (cantate sur baguette d’Igor Blashkov en 1965. En la musique de Valentin Silvestrov » des vers de Gavrila Derzhavin), A Leaden 1968 ce même chef a dirigé la première (Ekaterinburg, 1992), « Sofia Gubaidulina Echo (pièce pour voix et instruments sur de sa Deuxième Symphonie. Les et ses Amis » (Saint-Pétersbourg, des vers de Gerard Manley Hopkins) et œuvres du jeune compositeur ont été 1994), « Sofia Gubaidulina, Arvo Pärt, The Rite of Winter 1949 (symphonie pour récompensées par le Prix Koussevitzky Valentin Silvestrov » (Moscou, 1995), chœur, solistes et orchestre). Depuis en 1967. En dépit du succès de ses et à l’occasion du festival pour son 1996, Leonid Desyatnikov travaille en concerts à l’Ouest (concerts auxquels 60e anniversaire (Kiev, 1998). Dernier lien étroit avec Gidon Kremer, à la fois le compositeur ne pouvait même pas événement, une conférence consacrée en tant que compositeur (Wie der alte assister !), la musique de Silvestrov n’a au compositeur s’est tenue à l’Académie Leiermann, la version pour orchestre de eu aucun écho dans son propre pays et Nationale de Musique d’Ukraine chambre de Sketches to Sunset, Russian a eu tendance à demeurer confidentielle. Tchaïkovski (ancien Conservatoire Seasons) et en tant qu’arrangeur de L’étiquette avant-gardiste lui créait des de Kiev). Durant les années 1990, les compositions d’Astor Piazzolla. Il a obstacles à chaque tournant. Durant une compositions de Silvestrov ont été également écrit la musique de films longue période, ses compositions étaient interprétées partout en Europe comme tels que Sunset, Lost in Siberia, uniquement données en périphérie de au Japon et aux États-Unis. En 1998- Nights, Hammer and Sickle, Giselle’s la scène musicale officielle, grâce à 1999, le Service d’Échanges Académiques Mania, His Wife’s Diary, The Prisoner of l’enthousiasme de certains interprètes. Allemand de Berlin l’a invité en tant the Mountains et Moscow (Grand Prix La situation a évolué peu à peu avec que chargé de cours, programmant lors de la IVe Biennale Internationale de son succès international croissant. L’un trois de ses œuvres : Metamusic (mars Musique de Film de Bonn en 2002). de ses premiers champions a été le 1993), Dédicace pour violon et orchestre pianiste et chef américain Virko Baley, (novembre 1993), ainsi que sa Sixième Alexander Raskatov aficionado et défenseur de longue Symphonie (août 2002). Alexander Raskatov est né le 9 mars date de la musique contemporaine 1953. Il a étudié la composition au ukrainienne en général et des œuvres Leonid Desyatnikov Conservatoire de Moscou dans la classe de Silvestrov en particulier. C’est Baley Leonid Arkadyevich Desyatnikov est né d’Albert Lehman jusqu’en 1978. Ayant qui a été à l’origine des concerts à Las en 1955 à Kharkiv en Ukraine. Diplômé été admis comme membre de la Ligue Vegas de Postludium pour piano et du Conservatoire de Leningrad et Soviétique des Compositeurs en 1979, orchestre (1985) et de la symphonie membre de l’Union des Compositeurs, Alexander Raskatov a fondé en 1990 Exegi monumentum (1988) ainsi que du il est compositeur indépendant depuis avec d’autres compositeurs russes – concert marquant le 50e anniversaire de 1984. On lui doit quatre opéras, plusieurs Edison Denisov, Vladimir Tarnopolski, Silvestrov à New York (1988). Valentin cantates, ainsi que de nombreuses Viktor Yekimovsky, Alexander Vustin – le Silvestrov a été compositeur invité du pièces vocales et instrumentales. Le groupe ASM-2 (Association de Musique

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Contemporaine-2). De 1994 à 2004, il son Kyrie Eleison pour violoncelle Voïvodine en ex-Yougoslavie, au sein a vécu et travaillé en Allemagne, puis (1992), son Misteria brevis pour piano d’une minorité nationale hongroise. dans les environs de Paris, où il écrit et instruments de percussion (1993), Depuis le déclenchement en 1991 de aujourd’hui en tant que compositeur ses Seven Stages of « Halleluja » pour la guerre civile dans son pays natal, indépendant. En 1990 il a été voix, percussion et piano (1993), son il réside et travaille en France. Les compositeur en résidence à la Stetson Gebet pour soprano et quatuor à cordes premières années de son éducation University et en 1998 au Festival de (1996), sa Louange pour voix masculines musicale ont été consacrées au piano Musique de Chambre de Lockenhaus (1998), La Dernière Liberté, un requiem et à la contrebasse. Diplômé par la ainsi qu’au Festival de Pâques de pour chœur mixte et orchestre (2001) suite de l’Académie des Arts de Novi Salzbourg, où il s’est vu remettre le Prix et son Obikhood pour voix masculine Sad dans la classe de composition de de Composition en 1998. Il a reçu de et orchestre à cordes (2003). Les Rudolf Brucci, il a complété son cursus nombreuses bourses et d’importantes œuvres d’Alexander Raskatov ont fait auprès de Louis Andriessen et Diderik commandes en tant que compositeur, l’objet de nombreux enregistrements Wagenaar au Conservatoire Royal de émanant d’orchestres et d’ensembles de CD, pour des labels majeurs comme La Haye aux Pays-Bas. Il a également premier plan parmi lesquels l’Orchestre EMI, ECM, Wergo, BIS, Nonesuch, Le suivi les cours de Witold Lutoslawski du Concertgebouw d’Amsterdam, Chant du Monde, Megadisc, Melodiya au Conservatoire de Rotterdam et reçu l’Orchestre du Théâtre Mariinsky et Claves. Qu’elles soient scéniques, une bourse de la section polonaise de de Saint-Pétersbourg, l’Orchestre pour orchestre, pour ensembles vocaux, la Société Internationale de Musique de Chambre de Stuttgart, le Hilliard opératiques (A Dog’s Heart, The Pit and Contemporaine. Depuis 1997, il a Ensemble, l’Ensemble de Vents des Pays- the Pendulum), pour solistes ou pour étudié avec György et Márta Kurtág, Bas, le Quatuor Borodine, la Kremerata ensemble de chambre, ses diverses et interprété la création mondiale Baltica, l’Ensemble Schoenberg/Asko compositions reflètent toutes son des Six Pièces pour trombone et d’Amsterdam et le Bläserensemble esthétique sophistiquée et subtile. On piano de Kurtág au De Ysbreeker Sabine Meyer. Pour reprendre les peut percevoir l’influence de Stravinski d’Amsterdam. Alors encore étudiant, propres mots du compositeur, sa et de Webern dans les constructions il a formé en 1986 son ensemble musique travaille avec « les idiomes sonores raffinées d’Alexander Raskatov Tickmayer Formatio, regroupant des romantiques oubliés ». Ces éléments et dans son traitement extrêmement musiciens venus du classique ainsi romantiques sont souvent transformés dense de la matière. Ses nombreuses que des interprètes de jazz et de rock et présentés dans un contexte inhabituel, œuvres vocales sont fondées sur des d’avant-garde. Le groupe s’est réuni nostalgique et presque « irréel ». Ses textes de poètes russes comme Blok, jusqu’en 2001, laissant le souvenir premières compositions faisaient souvent Baratynski, Khlebnikov et Brodsky. Par de nombreux concerts et de projets référence à des éléments inspirés du ailleurs, il a été intensément marqué par communs avec des chorégraphes. minimalisme ainsi qu’au répertoire de les Futuristes russes des années 1920 Stevan Kovacs Tickmayer a été membre chansons populaires russes du XIXe siècle (parmi lesquels Mossolov et Roslavets) et durant trois ans de l’équipe éditoriale (s’approchant sur ce point de celles de a complété certains de leurs fragments. de New Symposium, magazine de son compatriote Valentin Silvestrov). Irina Schnittke l’a également chargé de la Novi Sad spécialisé dans les questions Certains éléments de musique sacrée reconstitution de la Neuvième Symphonie sociales, artistiques et culturelles. On et liturgique se trouvent dans toutes les de son époux, décédé en 1998. lui doit à cette période l’organisation périodes compositionnelles d’Alexander de deux festivals de musique et d’art Raskatov. Les exemples les plus Stevan Kovacs Tickmayer contemporains. L’été 1988, il a enseigné importants sont sans doute son Stabat Le compositeur, multi-instrumentiste, lors d’un stage d’improvisation et de Mater pour voix aiguë et orgue (1988), improvisateur et essayiste Stevan composition à Szombathely en Hongrie. son Miserere, double concerto pour Kovacs Tickmayer est né en 1963 Une collaboration de sept années l’a alto, violoncelle et orchestre (1992), à Novi Sad, dans la province de réuni au chorégraphe Josef Nadj en

15 France, avec la compagnie duquel il s’est de nombreux arrangements pour Iva piano (1998) et la Partita pour piano, produit en tournée aussi bien comme Bittová, Kremerata Baltica et l’Ensemble harpe et cordes (1998). Victor Kissine musicien que comme ingénieur du son, de Vents des Pays-Bas. a reçu des commandes de la part du se rendant dans les plus grands festivals Concertgebouw d’Amsterdam, du Lincoln de théâtre et divers lieux prestigieux Victor Kissine Center de New York, du San Francisco partout en Europe et au-delà. Stevan Né à Saint-Pétersbourg, alors Leningrad, Symphony Orchestra, ainsi que de Gidon Kovacs Tickmayer a adapté pour le le 15 mars 1953, Victor Kissine a débuté Kremer et de son ensemble Kremerata théâtre musical le célèbre roman en 1972 ses études de composition et Baltica. Depuis 2000, Victor Kissine a d’Aleksandar Tisma Le Livre de Blam, de musicologie avec Mikhail Druskin abordé l’écriture pour des formations cette composition ayant été créée à au Conservatoire Rimski-Korsakov, instrumentales plus étoffées. Parmi ces Amsterdam en 1997. Sur invitation de entamant un cursus de dix années qui nouvelles compositions figurent Between Gidon Kremer, Stevan Kovacs Tickmayer l’a mené jusqu’au perfectionnement. Two Waves, concerto pour piano et a été compositeur en résidence au Durant la dernière décennie de l’époque cordes (2006), After Sight, concerto Festival de Musique de Chambre de soviétique, il a composé Marat-Sade, pour violon (2005-2007), Smiles on the Lockenhaus en 2003 puis en 2009 ainsi opéra basé sur la pièce de Peter Night pour double chœur a cappella qu’au Festival de l’ensemble Kremerata Weiss, lequel a provoqué un scandale (2006) ou encore Barcarola pour violon Baltica à Sigulda en Lettonie, où en 1985 au moment de sa première solo, cordes et percussions (2007). plusieurs de ses compositions ont été représentation à Leningrad. À cette interprétées et créées. Il a également époque, Victor Kissine a également Giya Kancheli été accueilli en résidence dans le cadre écrit de nombreuses musiques de Premier compositeur géorgien de sa du programme d’Art Omi (États-Unis, film, certaines d’entre elles ayant génération, né à Tbilissi le 10 août 1999) et au Centre Civitella Ranieri (Italie remporté des prix dans des festivals 1935, Giya Kancheli s’impose comme et États-Unis, 2007). Ses compositions cinématographiques à Berlin, Venise une figure internationale majeure ont été interprétées par Gidon Kremer, et Madrid. Victor Kissine réside en de la musique contemporaine. Ses Martha Argerich, Kremerata Baltica, Belgique depuis 1990, où il enseigne compositions, profondément spirituelles Keller Quartet, David Geringas, Roman l’instrumentation et l’analyse au par leur nature, sont emplies d’images Kofman, Yuri Bashmet (en tant que chef), Conservatoire Royal de Mons ainsi qu’à sonores entêtantes, de couleurs et Tatiana Vassilieva, Khatia Buniatishvili, l’Institut National Supérieur des Arts de textures variées, de contrastes Alexei Ogrintchouk, Les Solistes de du Spectacle de Bruxelles. Il a été élu marqués et de sommets bouleversants. Moscou, l’Ensemble de Vents des Pays- membre en 2008 de l’Académie Royale Sa musique tire son inspiration du Bas, Orkest de Volharding d’Amsterdam, des Sciences, Lettres et Beaux-Arts de folklore géorgien, laissant chanter une les Seattle Chamber Players, l’Orchestre Belgique. En tant que compositeur, Victor émotion venue du cœur et néanmoins Symphonique de Hongrie, Le Concert Kissine a tout d’abord concentré son raffinée ; elle est conçue de façon Impromptu et bien d’autres. En tant travail sur la musique de chambre. En dramaturgique selon un puissant flux qu’improvisateur et dans un répertoire 1995, il s’est vu remettre le premier prix linéaire et une vision expansive du autre que le classique, il a collaboré de la Fondation Irino de Tokyo pour l’une temps musical. Homme sans compromis avec des musiciens et des groupes tels des premières œuvres de cette période, et d’une extrême intégrité artistique, que Chris Cutler, Fred Frith, Robert le quatuor à cordes Passe la nuit (1992). Giya Kancheli a été défini par le Drake, Valentin Clastrier, Wu Fei, Peter Ont suivi un Trio avec piano (1993), une compositeur russe Rodion Shchedrin Kowald, György Szabados, Paul Termos, Sonate pour violoncelle et piano (1995), comme « un ascète au tempérament István Grencsó, Mihály Dresch, The Miroir pour flûte basse, violoncelle de maximaliste – un Vésuve contenu ». Science Group (dont il est l’un des et cordes (1996), l’octuor Butterfly Principalement connu en tant que fondateurs et pour lequel il compose) (1997), un Duo pour alto et violoncelle compositeur de symphonies et autres et Thinking Plague. Il a également écrit (1998), l’Impromptu pour violon et pièces d’envergure, Giya Kancheli a

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écrit sept symphonies ainsi qu’une opéra Music for the Living, très applaudi Ravel, Franck, Prokofiev, Stravinski, Liturgy pour alto et orchestre, Mourned en ex-Union soviétique et en Europe de Chostakovitch, Tchaïkovski ou Messiaen. by the Wind. Sa Quatrième Symphonie l’Ouest depuis sa première en juin 1984, Invitée permanente des plus prestigieux (« In memoria di Michelangelo ») a été a ainsi été écrit en collaboration avec le orchestres et festivals d’Europe, du créée aux États-Unis en janvier 1978 directeur du Théâtre Rustaveli Robert Japon et d’Amérique, elle privilégie par le Philadelphia Orchestra sous la Sturua. En décembre 1999, l’équipe aussi la musique de chambre. Elle direction de Yuri Temirkanov, peu avant d’origine a remonté cet opéra pour le joue et enregistre régulièrement avec le gel des relations culturelles entre Deutsches National Theater de Weimar. les pianistes Nelson Freire, Alexandre ce pays et les artistes soviétiques. Parmi les autres compositions récentes Rabinovitch, le violoncelliste Mischa L’avènement de la glasnost a apporté de Giya Kancheli, on citera Diplipito pour Maisky et le violoniste Gidon Kremer : une reconnaissance croissante à la voix violoncelle, contre-ténor et orchestre « Cet accord au sein d’un ensemble unique de Giya Kancheli, occasionnant de chambre, Time... and Again pour est très apaisant pour moi. » En des commandes de prestige et des violon et piano (1997), Rokwa pour grand 1996, Martha Argerich est nommée concerts de plus en plus fréquents orchestre symphonique (1999) ou encore Officier des Arts et des Lettres par en Europe et en Amérique. Dennis Styx pour alto, chœur mixte et orchestre le Gouvernement français et en 1997, Russell Davies, Jansug Kakhidze, Gidon (1999). Profondément bouleversé par Académicienne de Santa Cecilia à Kremer, Yuri Bashmet, Kim Kashkashian, les turbulences politiques et sociales de Rome. En 1998 elle devient directeur Mstislav Rostropovitch et le Kronos son pays d’origine, Giya Kancheli réside artistique du Beppu Festival au Japon, Quartet figurent parmi ses plus ardents aujourd’hui à Anvers. Les enregistrements puis elle crée en 1999 le Concours défenseurs. Lors des dernières saisons, de sa musique sont disponibles chez les International de Piano ainsi que le plusieurs commandes spécifiques ont labels Nonesuch, Sony et ECM New Series. Festival Martha Argerich à Buenos été créées à Seattle (quatuor avec Aires et en 2002 le Progetto Martha piano In l’istesso tempo avec le Bridge Martha Argerich Argerich à Lugano. En 2004, elle est Ensemble, 1998) et New York (And Née à Buenos Aires, Martha Argerich nommée Commandeur de l’Ordre des Farewell Goes Out Sighing… pour violon, étudie le piano dès l’âge de cinq ans Arts et des Lettres par le ministère de contre-ténor et orchestre avec le New avec Vincenzo Scaramuzza. Considérée la Culture et de la Communication. En York Philharmonic Orchestra dirigé comme une enfant prodige, elle se 2005, elle reçoit l’Ordre du Soleil Levant, par Kurt Masur, 1999). Les premières produit très tôt sur scène. En 1955, décerné par l’empereur du Japon, et nord-américaines d’œuvres majeures elle se rend en Europe et étudie à le prestigieux Praemium Imperiale par ont été interprétées par les orchestres Londres, Vienne et en Suisse avec la Japan Arts Association en 2005. Un symphoniques de Philadelphie et Chicago Bruno Seidlhofer, Friedrich Gulda, Nikita grand nombre de ses concerts ont été ainsi qu’au Festival International de Magaloff, Madeleine Lipatti et Stefan retransmis par les télévisions du monde Musique Contemporaine de Vancouver. En Askenase. En 1957, Martha Argerich entier. Martha Argerich a enregistré mai 2002, Giya Kancheli est retourné vers remporte les premiers prix des concours chez EMI, Sony, Philips, Teldec et DGG. ces contrées pour les premiers concerts de Bolzano et de Genève, puis en 1965 À paraître prochainement : le Concerto impatiemment attendus de Don’t Grieve, le Concours Chopin à Varsovie. Dès de Schumann et le Triple Concerto de commande du San Francisco Symphony lors, sa carrière n’est qu’une succession Beethoven avec Alexandre Rabinovitch Orchestra pour baryton et orchestre, de triomphes. Si son tempérament la (live Lugano) et les Premier et Troisième avec en soliste Dmitri Hvorostovsky et porte vers les œuvres de virtuosité Concertos de Beethoven avec Claudio à la baguette Michael Tilson Thomas. des XIXe et XXe siècles, elle refuse de Abbado. En 2000 Martha Argerich Directeur musical du Théâtre Rustaveli se considérer comme spécialiste. Son collectionne les récompenses pour de Tbilissi durant vingt ans, Giya répertoire est très étendu et comprend ses enregistrements EMI : Grammy Kancheli doit pour beaucoup son style de aussi bien Bach que Bartók, Beethoven, Award pour les concertos de Bartók composition à son travail au théâtre. Son Schumann, Chopin, Liszt, Debussy, et Prokofiev, « Artist of the Year » et

17 « Best Piano Concerto Recording of the plus tard, Sergei Nakariakov est invité violoniste Gidon Kremer a présenté Year » de la revue Gramophone pour au Schleswig-Holstein Musik Festival où un tout nouvel orchestre : Kremerata les concertos de Chopin, « Choc » du il remporte le Prix Davidoff. Dès lors, il Baltica. Regroupant 27 jeunes Monde de la Musique pour son récital se produit sur les plus grandes scènes interprètes de Lettonie, Lituanie et d’Amsterdam, « Künstler des Jahres » du monde, telles que le Hollywood Bowl Estonie, cet ensemble a conquis le de la Deutscher Schallplatten Kritik. Le de Los Angeles, le Lincoln Center de public et apporté au festival un sang Musical America désigne Martha Argerich New York, le Royal Festival Hall et le nouveau par l’exubérance et l’énergie « Musician of the Year » en 2001. Royal Albert Hall de Londres. Sergei de son jeu enthousiaste. Kremerata Nakariakov collabore avec les plus Baltica, projet éducatif dans une Sergei Nakariakov grands orchestres et chefs, comme ce vision à long terme, était le cadeau Sergei Nakariakov est surnommé le fut récemment le cas au Théâtre des que Gidon Kremer s’offrait à lui-même « Paganini de la trompette » par la Champs-Élysées avec le Philharmonique pour son 50e anniversaire : une façon presse suite à une représentation au de Saint-Pétersbourg sous la direction de transmettre sa sagesse à de jeunes Festival de Korsholm alors qu’il n’a de Yuri Temirkanov. En octobre 2002, collègues issus des États baltes, en ne que treize ans. Son répertoire inclut Sergei Nakariakov reçut le ECHO Klassik faisant aucun compromis quant aux non seulement les grands classiques Preis (« Meilleur musicien de l’année »). critères artistiques tout en apportant de la trompette mais également En janvier 2006 il donna la création de nourriture et inspiration à la vie musicale de nombreuses découvertes qu’il Ad absurdum, œuvre composée pour de cette région. Le talentueux groupe fait entendre au public grâce à des lui par Jörg Widmann. Ses nombreux d’étudiants s’est rapidement développé transcriptions. Né à Gorki (aujourd’hui enregistrements ont reçu les plus pour devenir un ensemble professionnel Nijni Novgorod) en 1977, Sergei grandes récompenses, comme en France de niveau international, notamment Nakariakov commença à étudier le piano où il reçut le RTL d’or. Au Japon, il grâce aux soins du chef et mentor à l’âge de six ans mais se réorienta apparaît dans un film romantique où il lituanien Saulius Sondeckis. Le Festival vers la trompette après une blessure incarne un trompettiste russe : Taiga-no de Musique de Chambre de Lockenhaus, à la colonne vertébrale en 1986. Les itteki, film dans lequel il interprète avec son ouverture d’esprit et son premières années, son père fut pour également la bande-son. La saison atmosphère parfois expérimentale, est lui un professeur infatigable. Mikhail dernière (2010-2011), il a joué en tournée resté la patrie artistique de l’orchestre, Nakariakov, son unique professeur en Italie, en Suisse et dans toute l’Europe mais Kremerata Baltica a su se forger jusqu’en 1995, retranscrit également ainsi qu’au Brésil, au Japon et aux États- une solide réputation dans les principaux un large répertoire de concertos, pour Unis. Il s’est produit de nombreuses lieux de concert du monde. Avec ses la trompette. Dès l’âge de dix ans, fois en Allemagne à Hambourg, Berlin, bureaux installés à Riga, l’orchestre Sergei Nakariakov se produit aux côtés Munich et Cologne, entre autres. Il a reçoit maintenant le soutien des des plus grands orchestres de l’Union interprété le Concerto de Jörg Widmann gouvernements de Lettonie, Lituanie soviétique. En 1988, il se distingue avec le SWR Symphony Orchestra et Estonie. Ses membres, tous des lors d’un concours pour adultes. Il est à Stuttgart et à Mannheim. Sergei personnalités musicales d’exception, désormais clair que pour développer Nakariakov joue sur un instrument conçu ont été sélectionnés au cours d’un sa carrière et voyager, il lui faut quitter par Antoine Courtois Paris. processus rigoureux d’auditions et l’Union soviétique. Sa famille prend alors jouent en tant qu’ensemble constitué. la décision de partir en Israël. En 1991, Kremerata Baltica Parmi les solistes confirmés avec il remporte un vif succès au Festival Ivo En 1997, le légendaire Festival de lesquels Kremerata Baltica s’est Pogorelich de Bad Wörishofen. En août musique de chambre autrichien de produit, on citera la soprano Jessye de la même année, il fait ses débuts Lockenhaus a été le témoin d’une Norman, les pianistes Mikhail Pletnev, auprès de l’Orchestre de Chambre de petite révolution lorsque, aux côtés Evgeny Kissin et Oleg Maisenberg, les Lituanie au Festival de Salzbourg. Un an de nombreux musiciens de renom, le violonistes Thomas Zehetmair et Vadim

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Repin, ainsi que les violoncellistes Kremer demeure un guide puissant et Percussions Boris Pergamenshikov et Yo-Yo Ma. actif pour l’orchestre, Kremerata Baltica Elina Endzele L’ensemble a été dirigé par Sir Simon prend de plus en plus d’indépendance. Andrei Pushkarev** Rattle, Esa-Pekka Salonen, Christoph Les enfants de la petite révolution de Eschenbach, Kent Nagano, Heinz Kremer ont grandi, mais leur joie et leur *concertmaster en alternance Holliger et Vladimir Ashkenazy, chacun énergie juvéniles demeurent intactes. **chef de pupitre en alternance de ces musiciens ayant contribué au façonnement de l’orchestre de chambre. Violons Élément essentiel de la personnalité Eva Bindere* artistique de Kremerata Baltica, son Dzeraldas Bidva* approche créative de la programmation Migle Diksaitiene l’a souvent amené à regarder par- Agne Doveikaite Rubine delà les courants dominants, donnant Ruta Lipinaityte lieu à de nombreuses premières Jana Ozolina** mondiales d’œuvres de Kancheli, Ieva Paukstyte Vasks, Desyatnikov et Raskatov. Le Dainius Peseckas répertoire de l’orchestre, vaste et Madara Petersone soigneusement choisi, se retrouve dans Sandis Steinbergs* ses nombreux enregistrements CD Simona Venslovaite très applaudis, tels que Eight Seasons, Andrei Valigura** associant les concertos de Vivaldi Sanita Zarina à la série de l’Argentin Piazzolla, ou Silencio, regroupant des compositions Altos contemporaines de Pärt, Glass et Ingars Girnis Martynov. After Mozart, vision du Daniil Grishin** XXIe siècle de ce compositeur, a reçu Vidas Vekerotas le prestigieux Grammy Award, tandis Santa Vizine que les Cinq Concertos pour violon Zita Zemovica de Mozart, enregistrés en direct au Festival de Salzbourg en 2006 (l’année Violoncelles de son 200e anniversaire), sont parus Peteris Cirksis chez le label Nonesuch. Leur dernier Giedre Dirvanauskaite** CD De Profundis est également paru Ruta Tamutyte chez Nonesuch en septembre 2010. David Henry Varema** Après douze ans d’existence, Kremerata Baltica est reconnu partout dans le Contrebasses monde, ayant à son actif des tournées Danielis Rubinas** Salle Pleyel couronnées de succès au Japon, en Dainius Rudvalis Président : Laurent Bayle Australie, aux États-Unis, en Amérique latine et bien entendu en Europe, où il Notes de programme Piano Éditeur : Hugues de Saint Simon s’est produit dans divers festivals comme Anastassiya Dranchuk Rédacteur en chef : Pascal Huynh celui de Baden-Baden, Schleswig- Rédactrice : Gaëlle Plasseraud Holstein, Verbier, Salzbourg et aux BBC Graphiste : Ariane Fermont Stagiaires : Christophe Candoni, Proms de Londres. Tandis que Gidon Carolina Guevara de la Reza.

19 Jacques Thibaud Georges Un ouvrage exceptionnel Enesco Mischa Elman qui réunit cinquante portraits Jascha desHeifetz violonistesZino légendairesFrancescatti NathanMilstein Daviddu xx Oïstrakhe siècle. Yehudi Menuhin Ruggiero Ricci Henryk Szeryng Arthur • 50 biographies vivantes et documentées retraçant la vie Grumiauxet la carrièreIvry de chacun Gitlis Josef Hassid • L’analyse de leur jeu Leonidet l’essentiel Kogan de leur Itzhak Perlman Oleg discographie Jean-MichelJean-Michel MolkhouMolkhou • Les violons de ces grands Kagan Gidonvirtuoses Kremer LESLES GRANDS GRANDS VIOLONISTES • Des illustrations d’époque VIOLONISTESe originales DU XXDU XXe SIÈCLE Fritz •Kreisler Un CD contenant plus Jacques ThibaudT. 1 Tome- De I Kreisler- De Kreisler à Kremer,à Kremer, 1875-19471875-1947 de huit heures de musique Fritz Kreisler Jacques Thibaud Georges illustrant leur art Enesco Mischa ElmanEnesco MischaJoseph Elman Joseph Szigeti Zino Francescatti NathanMilstein David OïstrakhYehudi JaschaPour Heifetz le mélomane, ZinoMenuhin FrancescattiRuggiero Ricci Henryk un outil précieux Szeryng Ginette Neveu Arthur NathanMilsteinlui permettant de Davidpénétrer Grumiaux OïstrakhIvry Gitlis JosefYehudi Hassid la personnalité et l’art Leonid Kogan Itzhak Perlman

INCLU de ces immenses artistes. Oleg Kagan D S Menuhin RuggieroGidon Ricci Kremer HenrykC BUCHET R CHASTEL Szeryng Ginette Neveu Arthur Édition numérique enrichie disponible en français et en anglais Grumiaux Josef Hassid Leonid Koganwww.buchetchastel.fr Itzhak Perlman Oleg Pub_Molkhou.indd 1 12/01/12 17:02:25 Salle Pleyel | et aussi…

MARDI 14 FÉVRIER, 20H MARDI 1ER MAI, 20H > À LA CITÉ DE LA MUSIQUE

Pollini Perspectives VENDREDI 24 FÉVRIER, 20H Nocturnes Karol Szymanowski Brice Pauset Sonate n° 24 op. 78 « À Thérèse » Concerto pour violon n° 1 Deux canons, commande de l’Opéra de Dijon et de Sonate n° 25 op. 79 « Alla tedesca » Alexandre Scriabine la Cité de la musique, création Sonate n° 26 op. 81a « Les Adieux » Symphonie n° 4 « Poème de l’extase » Joseph Haydn Sonate n° 27 op. 90 Quatuor à cordes op. 76 n° 4 « Lever de Karlheinz Stockhausen London Symphony Orchestra soleil » Klavierstück Pierre Boulez, direction Ludwig van Beethoven Christian Tetzlaff, violon Symphonie n° 6 « Pastorale » Maurizio Pollini, piano Les Dissonances MERCREDI 2 MAI, 20H David Grimal, violon, direction SAMEDI 17 MARS, 20H Béla Bartók Coproduction Cité de la musique, Les Dissonances. Henri Dutilleux Musique pour cordes, percussions et Métaboles célesta Jean Sibelius Concerto pour violon n° 2 Concerto pour violon Karol Szymanowski Sergueï Prokofi ev Symphonie n° 3 « Chant de la nuit » Symphonie n° 5 London Symphony Orchestra Royal Concertgebouw Orchestra London Symphony Chorus Valery Gergiev, direction Pierre Boulez, direction Leonidas Kavakos, violon Nikolaj Znaider, violon Steve Davislim, ténor Coproduction productions Internationales Albert Sarfati, Salle Pleyel. Avec le soutien de l’Institut Adam Mickiewicz (Programme Polska Music) et de l’Institut Polonais de Paris.

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