Anniv Ers Aire Gidon Kremer

Anniv Ers Aire Gidon Kremer

VENDREDI 27 JANVIER – 20H Anniversaire Gidon Kremer « L’Art de l’instrumentation » – Hommage à Glenn Gould Œuvres pour clavier de Johann Sebastian Bach arrangées pour violon et cordes – extraits (Projet initié par Gidon Kremer, commande de la Kronberg Academy) Valentin Silvestrov Dédicace à Johann Sebastian Bach Alexander Raskatov Prélude et fugue n° 6 en ré mineur, extraits du Clavier bien tempéré BWV 851 Leonid Desyatnikov Sarabande en mi mineur, extraite de la Partita n° 6 BWV 830 Stevan Kovac Tickmayer « After Gould », Variations Goldberg BWV 988 n° 30, 4, 18 et 26 (avec trois Intermezzi d’Arnold Schönberg) Victor Kissine Aria, extrait des Variations Goldberg BWV 988 Soliste : Gidon Kremer, violon Giya Kancheli Chiaroscuro, pour violon, orchestre à cordes et vibraphone | Vendredi 27 janvier 27 | Vendredi Solistes : Gidon Kremer, violon Andrei Pushkarev, Elina Endzele, percussion Anastassiya Dranchuk, piano entracte Anniversaire Gidon Kremer Gidon Kremer Anniversaire Dmitri Chostakovitch Concerto n° 1 pour piano, trompette et orchestre à cordes en ut mineur op. 35 Solistes : Gidon Kremer, violon Martha Argerich, piano Sergei Nakariakov, trompette Leonid Desyatnikov The Target, fragments Solistes : Gidon Kremer, violon Martha Argerich, piano Sergei Nakariakov, trompette Kremerata Baltica Ce concert sera diffusé sur France Musique le jeudi 16 février à 14h. Fin du concert vers 21h50. Gidon Kremer, l’un des plus brillants disciples de l’école soviétique de violon, est aussi le moins docile. Bousculant les habitudes, cet ennemi des conventions et infatigable découvreur n’a jamais suivi que sa propre voie. L’un des plus prodigieux archets de notre temps, il ne se considère pas comme un violoniste, ne cherche pas le beau son à tous crins, mais voue une passion à toutes sortes de musiques et notamment aux compositeurs de son temps. Gidon Kremer, qui fête cette année son 65e anniversaire, est né à Riga dans une famille de musiciens. Élève de David Oïstrakh au Conservatoire de Moscou de 1965 à 1973, il remporta un premier prix aux concours Paganini et Tchaïkovski. Après une tournée de 150 concerts en URSS, il fut invité en 1975 au Festival de Salzbourg par Herbert von Karajan avec lequel il enregistra le Concerto de Brahms, avant de s’installer définitivement à l’Ouest en 1980. Par ses choix esthétiques, son refus des chemins tracés et l’identité même de son jeu, Kremer fait partie de ceux qui divisent plus qu’ils ne rassemblent. Si certains voient en lui à la fois l’indispensable rénovateur et le courageux aventurier, d’autres le considèrent parfois comme un provocateur. Il est vrai qu’il bouscule la plupart de nos habitudes, en remettant en cause tout ce que l’on croyait définitivement canonisé. Comme l’ont écrit certains, entendre Kremer jouer une sonate célèbre du répertoire, c’est un peu comme retrouver un vieil ami qui aurait subi une radicale chirurgie esthétique. Que l’on adhère ou pas à certaines de ses recherches, la rigueur et la minutie de son approche forcent l’admiration. Son goût de l’invention, la richesse de son répertoire et la personnalité de sa sonorité sont à l’origine de l’identité d’un jeu qui n’est comparable à aucun autre. Il s’est en effet rapidement démarqué du répertoire traditionnel pour aborder des partitions méconnues, en consacrant une partie de son énergie à faire découvrir des compositeurs. Son imposante discographie fourmille d’œuvres de Pärt, Schnittke, Gubaidulina, Barkauskas, Enesco, Nono, ou Schulhoff. Inventif, curieux et passionné par toutes les formes d’expression artistique, son jeu est le fruit d’une exaltation et d’une liberté d’esprit qu’il défend farouchement. Il dévore la musique comme il dévore la vie, regrettant presque de ne jamais regarder en arrière et de n’avoir jamais le temps de savourer ce qu’il a déjà fait. En perpétuel mouvement, il ne vit que pour le jour même et pour ses projets futurs. « J’ai toujours cherché à jouer la musique qui avait une signification émotionnelle pour moi. Nombre d’interprètes sont devenus victimes de leur public en cherchant à plaire. Pour moi, la musique est une affaire entre la partition et l’interprète. » Depuis 1981, il a fait de Lockenhaus l’un des hauts lieux de la musique de chambre. L’esprit d’ouverture, l’humour, la fantaisie, la créativité ont été les bases de sa motivation et l’on compte par centaines les musiciens qui se sont rassemblés autour de lui chaque été. Depuis près de vingt-cinq ans Gidon Kremer forme avec Martha Argerich l’un des duos violon-piano les plus volcaniques de l’histoire et chacune de leurs apparitions sur scène comme au disque est un véritable feu d’artifice. Ensemble ils ont revisité les sonates de Beethoven, de Prokofiev, de Schumann ou de Bartók, en entraînant irrésistiblement 3 leur auditoire vers de nouveaux univers. Certains ont parfois reproché à Kremer sa sonorité aérienne, éthérée, volatile, qui leur paraît manquer de rondeur ou d’une densité plus viscérale. « Le son n’est pas une fin en soi et je cherche autre chose que le bel canto. Mon violon est certes mon plus proche compagnon, mais le plaisir que je trouve à le jouer, pour intense qu’il soit, est assez réduit en regard de l’immensité des joies que m’apporte la musique. » Kremer fait partie de ceux qui se sentent une véritable responsabilité vis-à-vis des créateurs de leur temps. « Les compositeurs d’aujourd’hui ne sont pas nés du néant. Ce mélange unique d’émotion, de tristesse, d’humour et de douceur que l’on entend dans la musique de Schubert se retrouve aussi dans celles de Piazzolla ou de Chostakovitch qui de leur vivant, ont su transmettre l’esprit et le nerf de notre époque. » La discographie du violoniste démontre d’ailleurs son attachement profond à la musique de Chostakovitch, incluant outre le Deuxième Concerto, la Sonate, le Deuxième Trio et plusieurs quatuors à cordes, ses deux dernières symphonies. Une seule absence de taille : le Premier Concerto qu’il n’a encore jamais enregistré. En 1997 Gidon Kremer a fondé un orchestre de chambre, qui s’est rapidement imposé comme l’un des meilleurs du genre, la Kremerata Baltica, composé de 25 jeunes musiciens venus des trois pays baltes. « Je me sens balte, dit-il, et plus encore depuis que ces pays sont devenus indépendants. Les couleurs de la nature, les senteurs de l’air ou de la cuisine me rappellent mon enfance et je m’y sens chez moi. » Bon anniversaire Gidon. Ne cessez jamais de nous surprendre ! Jean-Michel Molkhou Jean-Michel Molkhou est l’auteur de l’ouvrage Les Grands violonistes du XXe siècle. De Kreisler à Kremer, paru chez Buchet/Chastel en 2011. 4 VENDREDI 27 janvier Sur « L’Art de l’instrumentation » à Kronberg, par Gidon Kremer J’ai pensé que c’était une idée merveilleuse de fêter le 10e anniversaire de Chamber Music Connects the World avec une commande, puisqu’il s’agit d’un des rares événements musicaux qui puisse réellement être appelé « festival » (contrairement à tant d’autres, qui sont plus une vente de noms d’artistes bien connus et de pièces à la mode). Par cette approche, Kronberg me fait penser au festival de musique de chambre que j’avais fondé à Lockenhaus et dirigé pendant quasiment trente ans. Ces deux « oasis » ont certains objectifs en commun – élargir la vision des possibles, utiliser la musique comme « langage » pour exprimer les sentiments et tenter d’étendre le champ des connaissances de la musique de chambre elle-même au sein des participants comme du public. Bien sûr, à Kronberg pour Chamber Music Connects the World, des pièces plus « classiques » sont étudiées puis jouées en concert, mais ici, l’intention est également d’éveiller un intérêt pour l’univers sonore contemporain – particulièrement chez des jeunes dont la carrière artistique et la compréhension ne font que débuter, et auxquels on doit néanmoins « inoculer » un sens du devoir, celui de rendre un « service » aux compositeurs et au public. Pour cette raison précise, j’ai repris l’idée qui avait justement été exprimée par un ami producteur au sujet d’un enregistrement de CD en cours. Je parle de Robert Hurwitz. Il dirige le label Nonesuch aux États-Unis depuis des années et entretient des relations avec de nombreux musiciens, ensembles et compositeurs contemporains. Il m’a demandé : « Ne voudrais-tu pas un de ces quatre faire un arrangement pour cordes de quelques pièces jouées par Glenn Gould ? » Nous avions tous deux eu la chance d’avoir côtoyé personnellement Glenn Gould – Bob durant des années et moi-même lors d’une longue session nocturne dans son studio (aux côtés d’András Schiff, lequel est d’ailleurs également à Kronberg cette année). À ce stade je dois me « confesser » : lors de ma conversation avec Bob Hurwitz il y a quelques dix-huit mois de cela, l’idée était associée au départ à « mon » orchestre, Kremerata Baltica, que j’avais fondé il y a treize ans et demi et qui tient encore une place très spéciale dans mon cœur et mon âme. Entre-temps, cependant, nous avons fait un enregistrement assez différent du De Profundis. Kremerata Baltica a également été engagé comme orchestre en résidence à Kronberg. Néanmoins la question de Bob m’avait « contaminé » et cette idée ne me laissait pas en paix. C’est alors que la boucle a été bouclée. Kronberg m’a donné la chance de poursuivre sur la lancée de cette inspiration. Lorsque Raimund Trenkler m’a demandé : « Que pouvons- nous faire pour que ce dixième anniversaire soit spécial ? », je connaissais la réponse. Le centre devait en être l’une des grandes figures de tous les temps – Johann Sebastian Bach – et en lien avec « notre temps ».

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