Eglise Catholique a Madagascar Et Bien Commun a La Lumiere Du Compendium De La Doctrine Sociale
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François RAKOTOMALALA EGLISE CATHOLIQUE A MADAGASCAR ET BIEN COMMUN A LA LUMIERE DU COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE (DE LA 2ème A LA 3ème RÉPUBLIQUE : 1975 à 2009) Thèse présentée à la Faculté de Théologie de Fribourg (Suisse) afin d’obtenir le grade de docteur 1 Approuvée par la Faculté de rhéologie sur la proposition des Professeurs François-Xavier AMHERDT 1er censeur, Adrian HOLDEGGER 2eme censeur, Thierry COLLAUD assesseur et Astrid KAPTIJN assesseure Et Martin KLOCKENER, Président du Jury Fribourg, le 1juin 2015 2 SOMMAIRE SIGLES ET ABREVIATIONS INTRODUCTION GENERALE PARTIE I : LES CAUSES DU NON-RESPECT DU BIEN COMMUN AU SEIN DE LA SOCIÉTÉ MALGACHE 1. Valeurs traditionnelles et culturelles malgaches 2. Les deux Républiques face à la réalisation du bien commun (1975-2009) 3. Les violations des principes de l’éthique politique PARTIE II : ÉTHIQUE SOCIALE ET REALISATION DU BIEN COMMUN SELON LE COMPENDIUM DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE 1. Les fondements éthiques du bien commun 2. Les principes d’action et valeurs de références de la doctrine sociale au service du bien commun 3. La sauvegarde des valeurs sociales au profit du bien commun PARTIE III : UNE ELABORATION DU NOUVEL APPORT DE LA PASTORALE SOCIALE DE L’EGLISE A MADAGASCAR AU SERVICE DU BIEN COMMUN 1. La promotion de la pastorale sociale habituelle de l’Église au sein de la société malgache au profit du bien commun 2. La promotion d’un laïcat engagé en matière politique en vue du bien commun au sein de la société malgache 3. La contribution d’une nouvelle pastorale sociale de l’Église catholique au service du bien commun dans la société malgache CONCLUSION GÉNÉRALE BIBLIOGRAPHIE GENERALE TABLE DES MATIERES 3 SIGLES ET ABREVIATIONS ACI : Action catholique indépendante ACM : Aspect du christianisme à Madagascar AREMA : Avant-Garde pour la Révolution malgache BSM : Banque de Solidarité de Madagascar CAPR : Centre Artisanal de Promotion Rural CCEDM : Centre Chrétien d’Etudes pour le Développement à Madagascar CEPAL : Commission épiscopale pour l’Apostolat des Laïcs Cf : Confer CNAPS : Caisse Nationale de Prévoyance sociale CNOE : Comité National pour l’observation des élections) COLL : Collection ou Collectif DINEC : Direction Nationale de l’Enseignement Catholique Doc : Documents Ed ou Eds : Editions, Editeur (s) FFKM : Conseil des Eglises chrétiennes à Madagascar FJKM : Fiangonan’i Jesoa Kristy eto Madagascar FMI : Fonds Monétaire International FNDR : Front National pour la Défense de la Révolution FTMTK : Associations des jeunes ruraux Ibid. : Même ouvrage INSTAT : Institut National de la statistique (de Madagascar) JIRAMA : Jiro sy Rano Malagasy (Société malgache responsable de la distribution de l’électricité) KM F/CNOE : Comité national d'observation des élections KRAOMA : Kraomita malgache (Kraoma est la seule entreprise qui exploite ce minerai à Madagascar) LMS : London Missionary Society Mgr : Monseigneur n° : Numéro nn° : Numéros OFM. Cap : Ordre des Frères Mineurs Capucins OMNIS : Office des Mines Nationales et des Industries Stratégiques ONG : Organisme non gouvernemental. 4 Op. cit. : Ouvrage déjà cité p : Page P : Père PDG : Président-Directeur Général PIB : Produit Intérieur Bruit PME : Petite et moyenne entreprise PNB : Produit National Bruit pp : Pages QMM : Qit Madagascar Minéral (QMM est une entreprise qui exploite les sables minéralisées à forte teneur d’ilménite) RDM : République Démocratique Malgache SADC : Southern African Development Community SCEAM : Symposium des Conférences épiscopales pour l’Afrique et Madagascar SECREN : Société d'études, de construction et de réparations navales SEFAFI : Observatoire de la vie nationale malgache SMIG : Salaire minimum interprofessionnel garanti SONAVAM : Société de Navigation Aérienne Malgache T : Tome TAMPIKRI : Jeunes ouvriers chrétiens TIM : Tiko Magadasikara UNICEF : United Nations International Children’s Emergency Fund URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques USD : United States Dollar VIH/Sida : Virus Immuno Déficience Humaine Vol : Volume INSCAE : Institut National des Sciences Comptables et de l’Administration d’Entreprises 5 INTRODUCTION GENERALE GÉNÉRALITÉS Madagascar est une Grande Île située dans l’océan Indien. Sa superficie atteint 590.000km2.1 Historiquement, le premier Européen qui l’a découverte fut le Portugais Diego Dias en 1500.2 Mais avant cette date, du 9ème au 15ème siècle environ, des immigrants arabes et persans sont déjà venus, quasiment sur toutes les côtes de Madagascar. Du 16ème au 19ème siècle, ce sont les Indiens, les Javanais, c’est-à-dire des Indo-mélanésiens qui forment le fond de la population malgache3, avant que les Européens ne s'établissent ensuite progressivement à Madagascar.4 L’événement le plus marquant a été constitué par l’entrée de la Compagnie française dans la Grande Île en 1646. Elle installe une colonie à Fort-Dauphin qui développe la traite des esclaves et ouvre un comptoir commercial.5 Les Noirs africains qui sont venus à Madagascar y ont été amenés par les Européens comme esclaves.6 Avant même la colonisation, Madagascar avait déjà sa politique d’organisation sociale sur tous les plans. Sur le plan économique, la Grande Île était un pays à vocation d’échange commercial pour tous les immigrants : Arabes, Indiens, Indo-mélanésiens, Européens, Américains et Créoles. Jusqu’à nos jours, ceux qui se sont établis à Madagascar, c’est-à-dire les commerçants, ont toujours été et sont encore beaucoup plus nombreux que les agriculteurs et les éleveurs.7 Sur le plan politique, à cette époque-là, la Grande Île se trouvait dans la période royale, dirigée par les Andriana, rois ou reines.8 Ceux-ci entretenaient des relations d’étroite symbiose avec les étrangers, dans l’objectif de développer l’économie de traite9 en vue de renforcer leur pouvoir.10 Sur le plan culturel, le Malgache, au temps de la royauté, respectait beaucoup la valeur culturelle du fihavanana11, ce qui facilitait l’organisation de la société. 1 Cf. B. HÜBSCH, L’Eglise catholique à Madagascar, esquisse d’une histoire du XXème siècle, Foi & Justice, Antananarivo, 2003, p. 9. 2 Cf. A. GRANDIDIER, Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar, Vol IV, Imprimerie Nationale, Paris, 2010, p. 418. 3 Cf. ibid., p. 413. 4 Cf. ibid., p. 406-407. 5 Cf. E. FLACOURT, Histoire de la Grande Île Madagascar, Karthala, Paris, 2007, p. 265. 6 Cf. Cf. A. GRANDIDIER, Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar, op. cit., p. 564. 7 Cf. A. GRANDIDIER, L’origine des Malgaches, Imprimerie Nationale, Paris, 2010, p. 565. 8 Cf. J.-L. BELLIARD, Le sang d’une colonie (1890-1948), L’Harmattan, Paris, 2010, p. 48. 9 L’économie de traite désigne : « L’ensemble des relations économiques associées à la commercialisation des produits agricoles que les cultivateurs africains offrent à la vente en vue de leur exportation. Le contact avec l’étranger, et notamment cette forme privilégié de contact que furent les liens coloniaux, rendirent plus hétérogène l’agriculture africaine, qui à côté d’une économie de subsistance portant sur les cultures vivrières (mil, riz, manioc, bananes et les autres) pratiqua une économie d’échange tournée non vers un marché national inconsistant, mais vers l’extérieur ». R. BADOUIN, Où en est la réforme de l’économie de traite en Afrique noire ?, In Revue Tiers Monde, Vol VIII, n° 32, 1967, p. 1209. 10 Cf. F. RAISON-JOURDE, Les souvenirs de Madagascar. L’histoire royale et ses résurgences contemporaines, Karthala, Paris, 1983, p. 15. 11 S. URFER, premier fondateur du SEFAFI (observatoire de la vie nationale malgache), définit le fihavanana comme : « Un lien de solidarité de type parentale, marque spécifique du comportement malgache depuis les origines. Ce lien véhicule l’aïna (vie), flux vital qui part du Zanahary (créateur) pour descendre par les razana (ancêtres) jusqu’à l’olombelona (homme), unifiant l’existence de chacun dans l’harmonie avec les autres et avec l’environnement ». S. URFER, Madagascar, Le Cavalier Bleu, Paris, 2010, p. 83. Pour Dubois, spécialiste de l’anthropologie malgache, le fihavanana est : « Un mot formé à partir du mot havana (parent) ; ce mot est généralement traduit par parenté. Il se réfère, en réalité, dans la communauté parentale, à une manière spécifique de penser et de vivre les relations interpersonnelles. Le fihavanana est, en fait, une 6 Dès que Madagascar devint colonie française par la loi d’annexion du 6 août 189612, la Grande Île fut gouvernée par l’administration coloniale française. Cette colonisation dura quasiment un siècle, c’est-à-dire de 1896 jusqu’à 1960. Durant cette période, elle a subi toutes sortes de traitements comme tous les autres pays colonisés en Afrique et en Asie francophone. Elle n’avait d’indépendance ni politique, ni économique, ni religieuse. Sur le plan politique, la France a mis en œuvre la politique des races après 1918. Madagascar a été administrativement partagé par Gallieni en une vingtaine de provinces gouvernées par des administrateurs ayant une autorité de préfets, elles-mêmes divisées en districts équivalents à des arrondissements.13 Sur le plan économique, après la loi d’annexion de Madagascar par la France, toute l’exploitation des ressources naturelles tant minières que forestières s’est faite quasiment en faveur de la métropole.14 L’accaparement légal des terres n’a cessé de croître, surtout sur les côtes de Madagascar.15 De multiples revendications d’indépendance eurent lieu, opérées par les patriotes malgaches, la plus marquante étant l’insurrection de 1947.16 Madagascar reconquit son indépendance