2019 20:00 16.03.Grand Auditorium Samedi / Samstag / Saturday Autour du monde / iPhil (13–17 ans)

Rokia Traoré «Dream Mandé Bamanan Djourou»

Rokia Traoré vocals Michèle Kaniba Traoré, Kadiatou Sangaré, Naba Aminata Traoré, Bintou Soumbounou, Aliou Kouyaté, Virginie Dembélé backing vocals Adama Koné guitar Habib Sangaré bolon Alou Coulibaly calabash Mamah Diabaté n’goni Mamadyba Camara kora iPhil Action 18:00 Salle de Répétition I «African Cooking Workshop» Workshop with the team of African Gourmet (F) Den Handysgeck

Le célèbre caricaturiste allemand Der renommierte deutsche Karika- Martin Fengel (connu notamment turist Martin Fengel (bekannt u. a. pour ses contributions dans le aus dem Zeit-Magazin) begleitet Zeit-Magazin) ponctue les pro- die Abendprogramme der Saison grammes du soir de la saison 2018/19 mit Momentaufnahmen 2018/19 d’instantanés sur le thème zum Thema geräuschvollen Stö- des nuisances sonores dans les rens im Konzertsaal. Lassen Sie salles de concert. Laissez-vous sich durch die vergnügliche Dar- inspirer par cette présentation stellung zu rücksichtsvollem Musik- ludique, pour savourer la musique genuss inspirieren. en toute tranquillité. Rokia Traoré, le et l’espoir Vincent Zanetti

Naturellement mélomane Aussi loin qu’elle s’en souvienne, la musique a toujours fait partie de la vie de Rokia Traoré. Tantôt jeu d’enfant, passe-temps, tantôt moyen d’oublier les petits chagrins d’une enfance nomade ballotée par les migrations professionnelles d’un père diplomate, elle était son antidote à la solitude, une invitation au rêve. Une mélomanie précoce, presque inconsciente et à coup sûr sans projection pro- fessionnelle : dans la famille Traoré, on se glorifie d’ancêtres chasseurs, guerriers et cultivateurs, mais surtout pas de et de toute façon, les créations guitare-voix aux couleurs folk de la jeune bachelière détonnent dans le paysage malien de l’époque. Mais elle trouve son public, des gens la connaissent à et les projets musicaux s’enchaînent naturellement. Si naturellement même que Rokia est presque surprise lorsqu’elle se rend compte que son engagement artistique et public relève bel et bien d’une carrière musicale. Elle n’y croit d’ailleurs pas vraiment, elle hésite, pense d’abord renoncer à ce qu’elle prend pour un rêve et se consacrer à ses études. Puis elle opte pour un compromis : plutôt qu’à Bruxelles où son père est en poste, elle choisit d’étudier à Bamako et là, on verra bien.

Une démarche novatrice Un an plus tard, la musique a pris toute la place. Rokia a rencontré un producteur, l’avenir lui sourit, mais elle sait qu’elle a encore beaucoup à apprendre et qu’elle doit le faire sur le tas. Ces voies privilégiées qui ont servi de rampes de départ à la plupart des musiciens maliens qui l’entourent, la tradition des griots, celle des chanteuses du Wassoulou, les orchestres nationaux, l’INA ou

5 les biennales du Mali, elle ne connaît rien de tout ça. Son atout, c’est son aptitude naturelle à comprendre, composer et arranger des mélodies. Elle va donc affermir ce don, l’enrichir en prenant des cours de chant et de composition, mais surtout en discutant avec les instrumentistes qui l’accompagnent dans son premier véritable projet professionnel. Une démarche de longue haleine qui durera sept ans et qui l’amène paradoxalement à délaisser un peu la guitare : pour percer, elle sait qu’au-delà du caractère novateur de ses chansons, elle doit créer un son original. Dans cette première phase de sa carrière, Rokia se concentre sur la compréhension du grand balafon bambara du Bélédougou, qui a bercé le passé de sa famille, et sur celle du luth n’goni des griots. Pour remplacer la guitare basse, elle demande à un , Andra Kouyaté, de créer un n’goni basse avec une caisse plus grande et des cordes plus grosses que tout ce qu’on trouve à l’époque. L’expérience est si concluante que le musicien en fera plus tard une des bases de Ngoniba, le futur groupe de son grand frère Bassékou Kouyaté. Les concerts se multiplient et les voyages se succèdent de plus en plus rapidement, rythmés bientôt par la publication de trois albums enregistrés par l’excellent Philippe Teissier du Cros. À partir de « Mouneïssa » (1998), la voix de Rokia se pose, jouant avec beaucoup de sensibilité sur les nuances de volume, l’art d’un trémolo mieux contrôlé et une maîtrise toujours plus audacieuse des chœurs. Sa démarche est plus sûre, marquée par la collaboration de quelques invités prestigieux dont la présence a valeur d’adou- bement : Boubacar « Kar Kar » Traoré sur « Wanita » (2000), puis le Kronos Quartet et, surtout, l’inoubliable et incandescent Ousmane Sacko sur « Bowmboï » (2003), un disque de maturité, conclusion magistrale du premier cycle de la carrière de Rokia Traoré.

L’ouverture rock Après les années d’apprentissage et d’arrangement des couleurs instrumentales bambara, Rokia Traoré a conscience qu’elle est arrivée au bout de quelque chose. Elle sent qu’il est temps pour elle de revenir à des musiques qui lui sont paradoxalement plus proches et naturelles, le blues, le rock, qui lui ont donné l’envie

6 Vous visez la

d’apprendre la guitare quand elle était enfant ; temps de reprendre cette guitare-confidente, de se recentrer sur elle et de la travailler perfection ? assidûment. En 2005, Rokia est invitée aux États-Unis pour participer à un spectacle musical consacré à la vie de Billie Holiday. L’inoubliable Lady Day fait partie du panthéon musical de la chanteuse malienne, avant même les grandes cantatrices traditionnelles de son pays d’origine. Là encore, il y a quelque chose comme un retour à la maison, à l’essentiel de la musique. Rokia y gagne en connaissance d’elle-même. Plus tard, quand il lui arrivera de reprendre des chansons de Billie, ce ne sera pas pour l’imiter, mais pour jouer avec subtilité et sensualité sur les contrastes de sa propre voix. Sa version de « The Man I Love », bonus caché comme un trésor à la fin de la dernière plage de « Tchamantché », son qua- trième album, représente à cet égard bien plus qu’un hommage à la diva du jazz. Il faut dire que dès les premières notes du disque, le virage artis- tique est évident : le luth n’goni est toujours là, mais l’orchestration fait la part belle aux guitares électriques et à la batterie, et la voix joue avec la lumière, tantôt fragile et presque murmurée, tantôt rauque et forte. Rokia a trouvé l’esthétique qui lui convient : plus qu’un changement de direction musicale, elle vit ce nouveau chapitre comme un retour aux sources, à des couleurs qu’elle a connues avant les musiques maliennes. Elle se sent bien dans sa peau et le chante : « je suis zen, je laisse le ciel se poser sur mes cils… » La critique internationale encense ce nouvel opus et personne ne s’étonne de le voir récompensé par une Victoire de la Musique.

L’héritage mandingue Pourtant le Mali est toujours là, il résonne dans la langue bambara, Nous aussi ! il danse dans les rythmes des refrains, dans les arabesques n’goni, mais aussi, pour la première fois, dans quelques nouvelles com- positions inspirées par la culture mandingue. « Kounandi », par exemple, plonge ses racines dans un classique des griots du Manden, l’hymne au vautour Douga, pour mieux développer ensuite sa propre ligne mélodique. Pour Rokia, c’est un exercice nouveau : jusque-là, ses chansons faisaient la part belle à la

Banque et Caisse d'Epargne de l'Etat, Luxembourg, établissement public autonome, 1, Place de Metz, L-2954 Luxembourg, R.C.S. Luxembourg B 30775 9 www.bcee.lu tél. (+352) 4015 -1

Guitare_phil_115x175.indd 1 24/10/2017 17:13 Rokia Traoré photo: Danny Willems gamme pentatonique de son héritage bambara. Or la musique mandingue, elle, se décline sur des modes différents, que la chanteuse est bien décidée à s’approprier. Un nouveau projet lui en donne l’occasion, un conte musical qu’elle écrit sur l’épopée du Mandé. Dans ce spectacle, Rokia s’adresse en français (ou en anglais, selon la version) à un public occidental qui n’a pas les outils culturels pour comprendre les subtilités de la langue et de la culture mandingues. Rokia a appris le français en même temps que le bambara dès sa plus tendre enfance, les mots justes lui viennent naturellement, mais il n’en va pas de même des gammes mandingues qui requièrent un nouvel apprentissage. Rokia se rapproche alors d’une griotte (jeli muso) fameuse, la regrettée Bako Dagnon (1953–2015), unanimement appréciée par ses pairs : issue d’une famille de jeliw dont la tradi- tion héréditaire remonte jusqu’à l’époque de Sunjata Keïta, le créateur de l’empire du Mali, elle en a appris les récits épiques auprès du légendaire Kela Monson Diabaté, de Kita. Pendant plus de vingt ans, elle a chanté au sein de l’Ensemble Instrumental National du Mali. Lorsque le producteur sénégalais Ibrahima Sylla décide de rassembler les griots les plus prestigieux pour enregistrer une sorte d’anthologie des grands classiques de la Jeliya, c’est à son expertise qu’il fait appel pour interpréter les hymnes les plus anciens. C’est dire si Rokia est à bonne école auprès d’elle pour s’initier non seulement aux subtilités des mélodies mandingues, mais aussi à l’immense et séculaire culture qui sous-tend l’histoire de son pays.

Femme africaine Au bambara, c’est pourtant l’anglais que Rokia préfère pour le titre de son cinquième album, « Beautiful Africa » (2013). La chanson éponyme, la plus rock du disque, s’y décline en trois langues pour pleurer un « grand Mali qui chavire », dénoncer ses « combines fratricides » et y opposer sa foi d’« afro-progressiste ». Dans « Sarama », hymne à la beauté de la femme malienne, l’anglais encore, comme pour prendre la distance critique : ces femmes dont Rokia Traoré chante ici la force et le courage, elle- même ne prétend pas en faire partie, elle n’a pas vécu leur vie. Elle est de cette génération qui a grandi sous la protection de

11 mères qui avaient décidé de changer l’image de la femme et qui se sont battues pour garantir à leurs filles une vie meilleure et un avenir plus juste. Elle sait que cette cause n’est pas réglée et que même à Bamako, les droits de la femme sont encore loin d’être acquis. Par rapport à ce constat, elle se sent investie d’une sorte de mission : contre la soumission traditionnelle et l’excision des filles, pour convaincre de l’utilité de leur scolarité, Rokia incarne une alternative moderne et digne. Ce qu’elle peut faire de mieux, de son côté, c’est précisément assumer sa différence et se montrer telle qu’elle est : une femme moderne, libre de ses choix, indé- pendante, qui travaille et vit de son métier sans jamais se sentir inférieure aux hommes et sans pour autant que cela dégénère ou pose un problème d’équilibre.

La Fondation Passerelle C’est dans ce même esprit qu’en 2009, Rokia Traoré crée à Bamako la Fondation Passerelle. Son objectif : aider la création artistique dans tous les domaines et faire qu’il se passe des choses, en musique comme en danse, en théâtre, en littérature ou en arts plastiques, à un moment où l’État malien s’est presque complè- tement désinvesti de ses responsabilités culturelles. Cela n’a pourtant pas toujours été le cas, loin s’en faut. Pendant les deux premières décennies de son indépendance, le Mali a accordé une place prépondérante à la culture, outil d’émancipa- tion et de cohésion sociale. Cette politique n’a pas seulement contribué au rayonnement international du pays, elle a bénéficié à long terme à de nombreux artistes. Mais les années ont passé et loin de s’enrichir, le Mali a vu sa dette extérieure s’accroître et ses crises politiques se répéter. Les institutions se sont fragilisées, l’école n’est plus assurée sur tout le territoire, la société se polarise, la sécurité pose de plus en plus problème et les conflits se multi- plient et s’enlisent dans un contexte géopolitique explosif. Dans cette ambiance de crise et sans subvention de l’État, la Fondation Passerelle propose à la jeunesse des projets créatifs, dynamiques et porteurs d’espoir. Très présente à tous les niveaux, de l’enseignement du chant et à la direction artistique de nouveaux projets, Rokia Traoré paie tout de suite de sa personne. En marge de ses propres concerts, elle emmène bientôt sur les scènes

12 d’Europe, d’Australie et d’Amérique du Nord les jeunes artistes en formation – notamment au sein du « Dream Mandé Bamanan Djourou » – et en ramène les moyens de créer, puis agrandir un lieu dédié aux arts contemporains dans toute leur interdisciplina- rité. Ainsi naît l’Espace Culturel Passerelle, avec ses scènes, son jardin, sa salle de danse, son studio… Nommée ambassadrice de bonne volonté pour la région de l’Afrique de l’Ouest et Centrale par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, c’est à ces derniers que Rokia dédie la chanson titre de son sixième et dernier album en date, « Né So » (« Chez moi »), en 2016. Né dans la douleur après les tragiques événements qui ont secoué le Mali en 2012, ce disque est pourtant un hymne à la résilience et à l’espoir. Dans sa première plage, Rokia Traoré écrit : « le bonheur est une attitude face à ce qui se passe et qui fait souffrir, qui pourtant laisse la latitude de trouver en lui ce qui nourrit et qui fait grandir. » Comme de nombreux musiciens de par le monde qui ne croient plus dans le schéma artistique « album-tournée » imposé par le show-business, Rokia Traoré est de ces artistes qui ont besoin que leur action ait un sens et qui investissent leur créativité dans des projets. Avec la Fondation Passerelle, elle semble bien avoir trouvé le sien.

Musicien, compositeur, producteur et collecteur, spécialiste des traditions musicales d’Afrique de l’Ouest, Vincent Zanetti est un expert en culture mandingue. Outre ses disques et articles, il anime depuis 1995 des émissions dédiées aux musiques du monde sur les ondes d’Espace 2, chaîne culturelle de service public de la Radio Télévision Suisse.

15 Eine Afropäerin mit Leib und Seele Rokia Traoré und «Dream Mandé Bamanan Djourou» Stefan Franzen

Durch ihre Biographie zwischen zwei Welten bereichert die Sängerin Rokia Traoré die Musik seit zwanzig Jahren mit ungewöhnlichen Nuancen – in einem Spektrum von Griot- Tradition, Musiktheater, Klassik, Bluesrock und Chanson. Wie wenige ihrer Kolleginnen verkörpert Traoré die moderne selbst- bewusste Afrikanerin, die eine europäische Erziehung schlüssig in ihre Kunst zu integrieren weiß.

Es hat etwas Tragisches, dass Mali erst durch den Konflikt von 2013 richtig ins internationale Bewusstsein geraten ist. Dabei hatte das westafrikanische Land schon während des europäischen Mittelalters, zur Zeit des Mande-Reichs, unter dem Herrscher eine Hochkultur hervorgebracht. Ihr widmet Rokia Traoré das Programm «Dream Mandé Bamanan Djourou». Doch ihr elfköpfiges Ensemble, bestehend aus fünf Instrumentalisten und sechs Sängerinnen, erzählt nicht museal eingefroren von vergangenen Zeiten. Mit einer neuen Harmonik und Rhythmik hat Traoré die alten Lieder ausgearbeitet – und sie kombiniert sie mit französischen Chansons. Sie spiegelt in diesem Programm nicht zuletzt auch ihre eigene Biographie zwischen Afrika und Europa. Bei wenigen anderen Musikern Westafrikas befindet sich Jahrhunderte altes Erbe so stimmig auf dem Weg in die Zukunft.

16 Rokia Traoré

Feingliedrig und intellektuell Als die Diplomatentochter aus dem Volk der Bambara schon früh ihre musikalischen Ambitionen durchblicken lässt, sehen das die Eltern gar nicht gerne. Und auch in der ersten Heimat äugen die Traditionalisten misstrauisch auf die junge Frau, die anfängt zu singen, obwohl sie nicht der Musikerkaste der Griots angehört. Als größte Entdeckung handelt Radio France Interna- tionale sie Ende der 1990er Jahre. Doch ist das ein neuer Afropop- Star, der da in den Startblöcken steht?

Nein, denn dafür ist Traorés Musik viel zu kammermusikalisch, ihre Ausstrahlung feingliedrig und intellektuell statt von plaka- tivem exotischem Charisma, wie es die Weltmusik fordert. Ange- tupft von europäischer Klassik, von Jazz, Pop und Rock, zugleich geformt durch Westafrikas Klänge, spinnt sie gegen den Wider- stand der Traditionalisten neue Visionen. Mit einer Rap-Gruppe und dem Singen von Werbespots hat sie ihre Karriere in Bamako gestartet, doch sie findet rasch zu einem sehr intimen und

17 konzentrierten Akustik-Sound. Bereits in den frühen Liedern verbirgt sich ein Wagnis: Das Griot-Instrument Ngoni, eine Spießlaute, die als Vorläufer des Banjo gilt, vereint sie mit dem nach einer völlig anderen Skala gestimmten Balafon, dem afrika- nischen Xylophon: Ein hartes Stück Arbeit, und ob der Mix klappt, hängt von der Bauweise jedes einzelnen Ngoni ab. Traoré lässt keinen Zweifel daran: Inmitten ihrer rein männlich besetzten Band ist sie der Chef, der die Musiker auf ungewöhnliche Seiten- pfade lotst, vom Kalebassenspieler auch schon mal fordert, eine indische Tabla zu imitieren.

Innerhalb der darauffolgenden Jahre vollzieht Rokia Traoré einen schmerzhaften Reifungsprozess. Rein äußerlich verändert sie sich von einer jungen Frau mit neckischen Rastazöpfen zu einem Charakterkopf mit Kurzhaarfrisur. Mindestens genauso dramatisch ist ihre innere Wandlung: «Ich nahm Gesangsunterricht, verkrampfte mich aber so dabei, dass ich einen Knoten auf den Stimm- bändern bekam. Nach einer Operation lernte ich mich besser kennen und wurde schließlich fähig, die Kapazitäten meines Tonumfangs zu erweitern. Heute habe ich keine Angst mehr meine Stimme zu ermüden oder sie gar zu verlieren.» In den Tiefen sowie in den Höhen klingt sie nun fest und trotzdem flexibel, setzt ein ungewöhnliches Vibrato ein.

Gleichgewicht statt Entwurzelung Ihr Konzept, mit traditionellen Instrumenten eine zeitgenössische Musik zu schaffen, erweitert sie auf dem Album «Bowmboï» (2003). Das Unbehagen im eigenen Land wächst. «Viele Bambara mögen meine Musik nicht. Zwar hört man bei uns viel Rap und kongolesische Tanzmusik; wenn neue Einflüsse von außen kommen, ist das für die Leute OK. Sobald aber jemand die Tradition transformieren will, haben sie Angst, das Eigene zu verlieren.» Rokia Traoré beschreibt auf diesem Album in einem Text, wie sie als Drahtseiltänzerin ihre westliche Erziehung, das Bedürfnis nach dem Durchbrechen überkommener Werte, und auf der anderen Seite das in Mali nicht hinterfragbare Wissen der Alten überblickt. Und schließlich nicht mehr weiß, wo sie hingehört. Wie sie zugleich dort oben auf dem Seil spürt, dass die afrikanische Jugend durch das Über- stülpen der westlichen Kultur entwurzelt heranwächst. «Dabei wäre es

18 möglich, ein Erziehungssystem zu schaffen, das vermittelt, woher man kommt und somit eine Ausgewogenheit zwischen Wurzeln und Neuem, einen wahren Austausch fördert.» Musikalisch setzt sie genau das um, konfrontiert den Gesang des steinalten Griots Ousmane Sacko mit den Streichern des Kronos Quartet aus San Francisco, verbindet in ihrer Ethik alte Sprichwörter mit neuen Gedanken zur Tagespolitik.

Doch Rokia Traoré ist schon wieder auf dem Sprung, justiert den Kompass für den Klang ihres nächsten Œuvres «Tchamantché» (2008) neu. «Ich wurde mir bewusst, dass ich mit diesem Sound, den ich zehn Jahre lang um klassische westafrikanische Musik gerankt hatte, nichts mehr sagen konnte. Stattdessen verspürte ich Lust, wieder zu meinem ersten Instrument, der E-Gitarre, zurückzukehren.» Sie erzeugt damit eine Klangästhetik, die sich Blues und Rock annähert, Afrikanisches aber nicht ausklammert. Dem politischen Engage- ment bleibt sie treu: «‹Tchamantché› bedeutet ‹Gleichgewicht›, und ich meine damit vor allem das Gleichgewicht zwischen Afrika und Europa. Die Bevölkerungen der westlichen Staaten wollen sich von der Verpflich- tung lösen, Afrika immer noch unterstützen zu müssen, es geht ihnen vor allem um die Kaufkraft Europas und seine sicheren Grenzen. Auf der anderen Seite haben die Afrikaner den Traum von einem neuen Konti- nent, der vor allem von ihnen selbst gebaut wird. Sie haben genug von dem Diskurs, dass man ihnen immer helfen muss und dass sie vor der Kolonisierung keine Geschichte hatten.»

Es ist bezeichnend, dass sie in jener Phase ihrer Karriere auch eine Oper namens Wati schreibt, in der Mozart als Griot (also als Rhapsode oder epischer Sänger) des legendären Mande-Herrschers Sundiata auftritt. «Die Griots waren ja abhängig von den Adligen. Diese wiederum waren stolz auf ihre Griots, die als Biographen, Journa- listen und Fürsprecher ihres Herrn fungierten. Wenn man sich anschaut, wie Mozart von seinen Mäzenen abhing, für sie Auftragswerke schrieb, und wie das Mäzenatentum auch heute wieder angesichts der Budget- kürzungen durch Sponsoren und Gönner an Bedeutung gewinnt, dann begreift man, dass es über geographische und zeitliche Unterschiede hinweg im kulturellen Leben immer ähnliche Strukturen gibt. Diese

21 Diversität in der Verwandtschaft macht die Menschheitsgeschichte so spannend.» Signifikant, dass in der gleichenOper als weitere musikalische Stationen Björk und Billie Holiday afrikanisiert werden.

Feines Doppelspiel Seitdem hat Rokia Traoré in ihrer Arbeit die Verknüpfungen von Afrika und Europa auf Ohrenhöhe weiterbetrieben. Auf den beiden letzten Alben «Beautiful Africa» und «Né So» bleibt sie einem rockigen Sound verpflichtet, verfolgt ihn eher noch in härterer Gangart, verzichtet aber niemals auf die stillen Sahel-Momente. Sie hat durch dieses feine Doppelspiel eine ideale musikalische Grundlage gefunden, um ihre zuweilen fast philosophischen Betrachtungen über die Gegenwart auf beiden Kontinenten zu transportieren. Einerseits singt sie über die Überwachung in einer digitalen Gesellschaft, andererseits scheut sie auch nicht davor zurück, ein leichtfüßiges Duett mit den Vögeln in ihrem Garten in Bamako anzustimmen oder selbstbe- wusste Liebeslyrik aus weiblicher Sicht zu singen. Und sie rechnet mit den Puristen ab, die ihr immer das Recht absprechen wollten, Musik zu machen: «Euer sinnloser Hass wird nichts daran ändern, dass ich von ganzem Herzen eine Künstlerin bin», schleudert sie ihnen in einer Textzeile entgegen.

Mit ihren neuen «Dream Mandé»-Bühnenshows hat Rokia Traoré sich mit Leib und Seele ihrer Heimat verschrieben. Als sie die Griotte Bako Dagnon trifft, weiht diese sie in die Überliefe- rung der Epen der Mandinke ein, des Nachbarvolks der Bambara. Und das gibt ihrer Laufbahn nochmals eine neue Stoßrichtung: Mit «Dream Mandé Bamanan Djourou» präsentiert sie ihre eigene Sichtweise auf diese Tradition, hebt sie mit englischen und französischen Texten auf eine Ebene, die auch den Europäern das Verständnis dieser klassischen Literatur und Musik Afrikas ermöglicht. Sie setzt die Bambara-Lieder mit sechsköpfigem Frauenchor, Ngoni, der Stegharfe Kora, der Jägerharfe Bolon und Kalebassen-Perkussion um, kombiniert sie in einem zweiten Schritt ganz organisch mit Chansons aus der Feder von Jacques Brel und Léo Ferré. Das entspricht nur der für sie schlüssigen

22 Logik, erzählerische Formen aus beiden Kulturen ihrer Biographie spielerisch gegenüberzustellen. «Über geographische und zeitliche Unterschiede hinweg findet man im kulturellen Leben stets ähnliche Strukturen», so Traorés Überzeugung. «Diese Diversität in der Ver- wandtschaft macht die Menschheitsgeschichte so spannend.»

(alle Zitate entstammen mehreren Interviews, die der Autor mit Rokia Traoré im Laufe ihrer Karriere geführt hat)

Stefan Franzen wurde 1968 in Offenburg/Deutschland geboren. Nach einem Studium der Musikwissenschaft und Germanistik ist er seit Mitte der 1990er Jahre als freier Journalist mit einem Schwerpunkt bei Weltmusik und «Artverwandtem» für Tages- zeitungen und Fachzeitschriften sowie öffentlich-rechtliche Rundfunkanstalten tätig.

25 Djata

«Dream Mandé – Djata» is a musical monologue written by Rokia Traoré. It is based on parts of the story of the Mandinka epic. The text is told in english and sung in bambara by Rokia Traoré, interwoven with classics performed by Mamadyba Camara on kora and Mamah Diabaté on n’goni.

Note from Rokia Traoré: My roots are deeply anchored in the Mandingo culture. Yet I wasn’t immersed in Malian music at the source, having spent most of my childhood outside Mali moving with the work of my father who was a diplomat. On top of that, as a noble Bambara, not belonging to a griot caste prevented me from learning and interpreting traditional griot songs. I started learning about music; I was not supposed to do so and was criticized within my social environment. It was therefore more natural for me and less controversial for my entourage to take up playing the guitar, writing texts in French and English. Drawing my own artistic path I avoided taking any role that would normally be exclusively pursued by a member of the djeli caste. Rock‘n’roll was more accessible to me than playing at weddings or christening ceremonies where young djelis learn alongside their parents, to sing the traditional music repertoire. To exist as an artist, I had to take a great creative detour to gain a few years of experience in the practice of a musical style that I invented for myself, taking advantage of any breach or small window of tolerance that celebrated modernity within Mali’s highly traditionalist society. For years my goal was and still is, to expand the scope of freedom for my artistic work.

26 When I had the opportunity to meet Bako Dagnon a great ­djélimousso from the Kéla region, I had already made five albums and worked on several projects during a fifteen-year career. The writing had been finished for years, but I lacked the knowledge of classical songs related to the Mandingo epic ­history. Only djelis can teach these songs and their stories and Bako Dagnon is one of the djelis closest to the spirit of ­Mandingo culture and djéliya. The teaching that I received from her enabled me to complete my project. The Dream Mandé – Djata project is structured around the griot tradition of oral history story telling. At the same time, it is a modern project born out of inevitable changes to the form that can complement the past using contemporary concepts, a ­vision or contextualized perception that goes against tradition. The narrative of the show adopts part of the story of Soundiata Keïta and the empire of the Mandé. The text is told in French or English in the manner of the griots, interwoven with classical songs of the Mandingo epic history. Accompanied by a ‹fina›, Mamadyba Camara on kora, and a djéli, Mamah Diabaté on n’goni, I have the privilege to base my work on a music that is one of the most beautiful and delicate of Africa. The musical monologue element unfolds as a musical structure that is created out of moments of total or partial withdrawal of the sound of the instruments so that we hear only the melodies and movement from the spoken or sung voice. While griots do not always agree on the precision of time and facts of history, in the repertoire of the Mandingo epic each melody has a meaning and has been composed or modified for a specific occasion and marks a precise time or period in the history of Mandé. With this project, it is not only the interpretation of classical songs that interests me but also the natural, intense and pro- found dramaturgy found within the griot tradition of story ­telling. My ambition is to transcribe a griot story outside the Mandingo language while preserving the meaning of every gesture, every word, every original belief.

27 Interprètes Biographies

Rokia Traoré vocals Malian singer, songwriter and guitarist Rokia Traoré, is regarded as one of Africa’s most inventive musicians, with her work rooted in the Malian musical tradition yet defying the confines of a single culture. Her discography consists of six albums, released between 1998 and 2016. Born in Mali to a diplomat father, Rokia had a nomadic upbringing that exposed her to a wide variety of international musical influences from Ella Fitzgerald, Billie Holiday and Louis Armstrong, to Richard Wagner, Serge Gainsbourg, and the Rolling Stones. A protégé of the legendary guitarist Ali Farka Touré, Rokia’s breakthrough came in 1997 when she was hailed as the «African Revelation» by Radio France Internationale. Frequently collaborating with world- renowned artists such as Damon Albarn, Devendra Banhart and the Kronos Quartet, Rokia’s diverse output has also included a number of theatre performances, most notably the acclaimed Desdemona by Toni Morrison, a reimagining of Shakespeare’s Othello directed by Peter Sellars. A dedicated humanitarian, in 2009 she set up the Foundation Passerelle in support of emerg- ing artists amidst the social crises in Mali. Rokia Traoré is the artistic director of Brighton Festival 2019.

28 Rokia Traoré photo: Danny Willems Autour du monde

Prochain concert du cycle «Autour du monde» Nächstes Konzert in der Reihe «Autour du monde» Next concert in the series «Autour du monde»

2019 19:00 24.03.Grand Auditorium Dimanche / Sonntag / Sunday

Mariza vocals José Manuel Neto Portuguese guitar Pedro Jóia classic guitar Yami bass Vicky percussion João Frade accordion

31 La plupart des programmes du soir de la Philharmonie sont disponibles avant chaque concert en version PDF sur le site www.philharmonie.lu

Die meisten Abendprogramme der Philharmonie finden Sie schon vor dem jeweiligen Konzert als Web-PDF unter www.philharmonie.lu

your comments are welcome on www.facebook.com/philharmonie

Partenaire automobile exclusif:

Impressum

© Établissement public Salle de Concerts Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte 2019 Pierre Ahlborn, Président Stephan Gehmacher, Directeur Général Responsable de la publication: Stephan Gehmacher Rédaction: Lydia Rilling, Charlotte Brouard-Tartarin, Dr. Christoph Gaiser, Dr. Tatjana Mehner, Anne Payot-Le Nabour Design: Pentagram Design Limited Imprimé au Luxembourg par: WEPRINT Tous droits réservés. 32