La Diversité Ethnoculturelle À L'assemblée Nationale : Portrait Et
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La diversité ethnoculturelle à l’Assemblée nationale : portrait et perceptions des députés de circonscriptions multiculturelles de la région métropolitaine de Montréal présenté par Gabrielle Angers-Gosselin Boursière-stagiaire 2012-2013 Assemblée nationale Mai 2013 SOMMAIRE Terre d’immigration, le Québec est aujourd’hui une société de plus en plus diversifiée et métissée où les minorités ethnoculturelles sont appelées à occuper une plus grande place. Dans ce contexte de diversité accrue, cet essai offre une réflexion quant à la représentation politique de cette multiplicité d’identités. Peu de recherches ayant abordé la question en dehors des sphères municipale et fédérale, il se veut un premier état de la situation au niveau de l’Assemblée nationale. Réalisé à partir d’entretiens avec quinze députés représentant des circonscriptions multiculturelles de la région de Montréal, il se base sur leurs expériences et leurs perceptions pour brosser un portrait détaillé des enjeux de l’intégration politique des groupes minoritaires, souvent sous-représentés dans les instances politico-administratives. À travers l’analyse de ce corpus, cet essai trace la représentativité ethnoculturelle de l’Assemblée nationale par une analyse comparative entre les témoignages de six élus issus des communautés culturelles et de neuf élus de la majorité nationale. Il évalue si un député ethnoculturel est plus en mesure de représenter les minorités ethnoculturelles et de faire valoir leurs intérêts en Chambre, du fait de son appartenance. Les constats et les tendances tirés de cet essai font ressortir l’ambivalence du mandat de représentation du député qui oscille, selon les circonstances, entre représentation collective et particulière. 2 Table des matières Introduction ......................................................................................................... 4 Définition des concepts ............................................................................................................... 7 Méthodologie ............................................................................................................................... 8 Axe 1- Engagement dans la vie politique ....................................................... 11 1.1 Implication dans le milieu ............................................................................................. 11 1.2 Le saut en politique ....................................................................................................... 13 1.3 Communautés ethnoculturelles et appartenance politique ............................................ 14 Axe 2- Rôle du député dans une circonscription multiculturelle ................. 17 2.1 Enjeux en lien avec les communautés ethnoculturelles ....................................................... 18 2.2 Le rôle du député ................................................................................................................. 22 2.3 Lien avec les communautés ................................................................................................. 25 Axe 3-Représentation politique de la diversité ethnoculturelle .................... 27 3.1 Sous-représentation dans les instances politico-administratives ......................................... 29 3.2 Comment les députés expliquent la sous-représentation politique? .................................... 30 3.3 Pistes de solutions ............................................................................................................... 35 3.4 Représentation politique la diversité ethnoculturelle : entre représentation collective et particulière ................................................................................................................................. 37 Conclusion ........................................................................................................ 41 Annexe 1 ............................................................................................................ 44 Annexe 2 ............................................................................................................ 46 Annexe 3 ............................................................................................................ 48 Annexe 4 ............................................................................................................ 50 Bibliographie ..................................................................................................... 52 3 INTRODUCTION À l’heure des flux migratoires et de l’interpénétration des populations, la société québécoise connaît de profondes mutations, son tissu social devenant plus diversifié. En raison des problèmes liés à la dénatalité et aux besoins de main- d’œuvre subséquents, le Québec a dû ouvrir ses portes à davantage d’immigration pour assurer le renouvellement de sa population1. Nous assistons donc à l’émergence d’une nouvelle société métissée où les minorités ethnoculturelles occupent une place accrue, notamment dans la région métropolitaine de Montréal2. Pour s’adapter à cette évolution, le gouvernement a mis de l’avant diverses mesures pour intégrer ses populations et favoriser leur cohabitation avec la majorité nationale. Visant l’intégration à la vie sociale, économique et culturelle, ces politiques publiques semblent a priori peu portées sur la vie politique. Cette part modeste du politique dans le processus d’intégration désolait d’ailleurs le Conseil des relations interculturelles3 qui, comme le Conseil de l’Europe4, voyait 1 « Le poids relatif de la population immigrée dans la population totale est passé de 9,4 % en 1996 à 9,9% en 2001 et à 11,5% en 2006. C’est la première fois que le poids de la population immigrée atteint un tel niveau. En 1951, la population immigrée représentait 5,6 % de la population totale du Québec, soit la plus faible part relative de ce siècle; depuis, cette proportion n’a cessé de progresser. » (MICC, Population immigrée recensée au Québec et dans les régions en 2006: caractéristiques générales, Québec, Gouvernement du Québec, 2009, p. 15.) 2 Selon les données du recensement de 2006 de Statistique Canada, les immigrants (11,5 %) et les minorités visibles nées au Québec (3%) représentaient 14,5 % de la population québécoise. (INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC, Conditions de vie: Portrait social du Québec-Données et analyses, Québec, Gouvernement du Québec, 2010, p.44 et 47) 3 Dans le cadre de la Loi abolissant le ministère des Services gouvernementaux et mettant en œuvre le Plan d'action 2010-2014 du gouvernement pour la réduction et le contrôle des dépenses en abolissant et en restructurant certains organismes et certains fonds, entrée en vigueur le 1er juillet 2011, le Conseil des relations interculturelles a été aboli. Les activités de cet organisme sont désormais intégrées à celles du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles. 4 « […] la participation pleine et entière des migrants à la vie politique constitue une facette incontournable de leur intégration, au même titre que leur implication économique, culturelle et sociale. » (Source : Carolle SIMARD, « Les territoires politiques de l’ethnicité », dans Xavier LELOUP et Martha RADICE (sous la direction de), Les nouveaux territoires de l’ethnicité, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2008, p.126.) 4 dans la participation politique des minorités ethnoculturelles une condition primordiale à toute bonne intégration5. Puisque « d’un point de vue symbolique, l’accès à la représentation témoigne de l’intégration, de l’influence et de la reconnaissance d’un groupe au sein de la société »6, il est légitime de s’interroger sur la place qu’occupent les minorités dans la démocratie québécoise. Nous nous intéresserons donc à la représentation de la diversité ethnoculturelle à l’Assemblée nationale, institution phare du Québec. *** Les groupes ethnoculturels étant destinés à jouer un rôle accru, compte tenu du contexte démographique, il importe de favoriser la prise en compte de cette diversité émergente par les institutions. La présence de membres des minorités dans les institutions faciliterait l’élaboration de politiques concernant ces groupes en plus de sensibiliser les autres élus aux réalités et aux difficultés vécues par ceux-ci7. Plus conscients de la marginalité des minorités en politique, les députés d’origine ethnoculturelle se soucieraient davantage de leur place en appuyant toute mesure visant à leur assurer une meilleure représentation8. Si la part des groupes minoritaires au sein des institutions constitue un indice d’intégration, force est de constater qu’ils sont sous-représentées par rapport à leur poids démographique. Spécifiquement, les personnes issues de 5 CONSEIL DES RELATIONS INTERCULTURELLES (CRI), Pour une inclusion et une représentation réelle de la diversité ethnoculturelle à l’Assemblée nationale, Montréal, Le Conseil, 2006, p.5 6 Magali PAQUIN, « Un portrait des députés québécois élus en 2003, 2007 et 2008 », Politique et Sociétés, vol. 29, n°3, 2010, p.22. 7 Daiva K. STASIULIS et Yasmeen ABU-LABAN, « Partis et partis pris- La représentation des groupes ethniques en politique canadienne », dans Kathy MEGYERY (sous la direction de), Minorités visibles, communautés ethnoculturelles et politique canadienne, La question de l’accessibilité, vol. 7, 1991, pp. 3-110. 8Jerome H. BLACK et Bruce M. HICKS, « La sous-représentation des minorités visibles : l’opinion des candidats », Perspectives électorales. La participation électorale des groupes ethnoculturels, vol. 8, n°2,