Masarykova univerzita

Filozofická fakulta

Ústav románských jazyků a literatur

L’analyse de deux personnages du cycle Rougon-Macquart d’Emile Zola

Bakalářská práce

Vypracovala : Eva Kešnerová

Vedoucí bakalářské práce : doc. PhDr. Petr Kyloušek, CSc.

Brno

2006

Prohlašuji, že jsem vypracovala bakalářskou práci na téma L’analyse de deux personnages du cycle des Rougon-Macquart d’Emile Zola samostatně a že jsem použila pouze uvedenou literaturu.

V Brně 14. dubna 2006

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Děkuji tímto doc. PhDr. Petru Kylouškovi, CSc. za vedení práce, konzultace, připomínky a cenné rady, které mi poskytl.

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TABLES DES MATIÈRES

I. INTRODUCTION …………………………………………………….…...6 II. L’IDÉE DE ROUGON-MACQUART …………………………………8

III. ANALYSE DES PERSONNAGES 1. Les Rougon-Macquart……………………………………………12 2. La vie de Pierre……………………………………...…………...13 3. La vie de Gervaise………………………………………..………15 4. La comparaison des romans: L’Assommoir et La Fortune des Rougon - le lieu……………………………………………...……18 - les personnages………………………….………..……19 - les conditions de vie……………………………...…….19 - l’ambiance………………………………………..…….20 - le travail…………………………………………...……20 5. La comparaison de Pierre Rougon et Gervaise Macquart - points de départ…………………………….…………..21 - les buts………………………………………….………21 - les enfants et leur éducation……………………………22 - le comportement envers les personnages………………22 - la présence des personnages dans les romans………….23 - la position parmi les autres personnages……………….23 - le dévéloppement des personnages…………………….24 - la relation des personnages avec Emile Zola…………..25

IV. CONCLUSION ……….…………………………………………….……26 1. Le résumé de l’analyse des personnages… …………….……….26 2. Le projet d’Emile Zola…………………… …………………….26 3. Le résultat de l’application de la méthode expérimentale…….….27

4 V. ANNEXE 1. La préface de DocteurPascal d’Emile Zola……………………29 2. L’arbre généalogique ……….………………………………….30 3. L’arbre généalogique original……...…………...………………31 4. La répartition des influences héréditaires………………………32

VI. BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………33

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I. INTRODUCTION

Ce mémoire traite l’analyse de deux personnages du cycle Rougon-Macquart de l’un des plus connus auteurs français et l’inventeur du naturalisme – Emile Zola. Zola s’inspire dans son œuvre de la science et applique les méthodes scientifiques à la littérature. En utilisant la méthode de la transmission mécanique des lois naturelles à la société humaine, il crée les personnages détérminés par l’environement et par l’époque. Il se préocuppe avant tout de la physiologie en décrivant dans son œuvre les effets de l’héridité dans une famille.

Le romancier, dit-il, est fait d’un observateur et d’un expérimentateur. L’observateur donne les faits tels qu’il les a observés, pose le point de départ, établit le terrain solide sur lequel vont marcher les personnages et se développer les phénomènes. Puis, l’expérimentateur paraît et institue l’expérience, je veux dire fait mouvoir les personnages dans une histoire particulière, pour y montrer que la succession des faits y sera telle 1 que l’exige le déterminisme des phénomènes mis à l’étude.

Il s’insuit que le procédé utilisé par Zola dans le cycle des Rougon-Macquart est plutôt scientifique. Zola renferme ses personnages dans un déterminisme préfixé. Il crée les personnages strictement déterminées par l’héridité qui ne peuvent pas dépasser leurs raisons d’être. Ils ne sont que les éléments de la chaîne qui s’appelle Rougon-Macquart.

Dans mon mémoire je voudrais répondre à la question qui porte sur les personnages de Zola. Sont-ils seulement le résultat d’application de sa méthode scientifique? Peut-on les considérer seulement comme une partie du système scientifique?

Je voudrais trouver le fil qui lie deux représentants principaux des Rougon-Macquart – Pierre Rougon et Gervaise Macquart. Je vais comparer ces deux personnages sous différents aspects, je vais trouver ce qui les lie et en quoi ils diffèrent. Je voudrais trouver et montrer les filaments qui les mettent en contact et qui, tour à tour, apparaissent et se cachent dans les deux romans de ce cycle.

1 Michel Euvrand, Emile Zola, Classiques du XX siècle, Editions Universitaires, pp.106

6 Pour cet analyse j’ai choisi deux romans du cycle des Rougon-Macquart – La fortune des Rougon et l’Assommoir. Le premier roman La fortune des Rougon et en même temps le premier roman de tout le cycle.

Voici le livre de la jeunesse, du rêve, et de la folie. Mais aussi le roman vrai d’une histoire pleine de bruit et de fureur, où le désir cupide et la volonté de puissance triomphent impudemment des naïvetés d’amours adolescent. Et tout cela merveilleusement accordé dans une œuvre complexe et vibrante, où se répondent les chants de la vie et les râles de la mort, où alternent la Marseillaise du peuple, le glas funèbre des églises de 2 village, et la cadence implacable des soldats en marche.

Ce roman est devenu un chef-d’œuvre dans la série des Rougon-Macquart, qui fascine depuis longtemps les lecteurs de Zola. Le deuxième roman que j’ai choisi pour décrire est l’Assommoir qui suit comme le septième volume du cycle. Ces deux, avec , La Bête humaine et sont les romans principaux de la série des Rougon- Macquart. J’ai choisi justement La fortune des Rougon et l’Assomoir , parce que ce sont ceux-ci où on rencontre les deux personnages choisis – Pierre et Gervaise.

En ce qui concerne la méthodologie, je vais utitiser la méthode de la comparaison. Je présente deux personnages principaux dans deux romans d’Emile Zola. On observe donc deux milieux de la société, deux ambiances dans lesquelles se rencontrent ces représentants de deux couches diveres. Il s’agit en plus d’une femme et d’un homme. Mais il y a, tout de même, des points qui les joignent. C’est l’époque du Second Empire où se déroule cette histoire et c’est la même famille de la quelle ils descendent. De même, ils possèdent certains traits communs en ce qui concerne leur ambition et leurs facultés. Je voudrais donc mettre en parallèle ces deux existences, ces deux destins de personnages qui ne se sont jamais rencontrés.

2 Auguste Dezaley, préface de La fortune des Rougon

7 II. L’IDÉE DE ROUGON-MACQUART

C’est à la fin de 1867 et au début de 1868 que Zola établit le plan d’une série de romans dans laquelle il démontrait l’influence de l’environnement social et de l’héridité sur la formation du comportement humain. Zola songe à étudier les fatalités de la vie, les fatalités du tempérament et du milieu. Il ne veut pas peindre toute la société contemporaine, mais une seule famille en montrant le jeu de la géneration modifiée par les milieux. Sa grande ambition est d’être purement naturaliste et physiologiste.

Pendant les années 1871 et 1893 Zola a publié vingt volumes de la série des Rougon- Macquart, histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire. Dans la préface 3 du premier roman de ce cycle La fortune des Rougon l’auteur dégage son intention de montrer les comportements des membres d’une famille, cela veut dire d’un groupe des gens génétiquement homogène où chacun aboutit à une situation différente dans la société.

Zola essaie dans son œuvre de rechercher les effets de l’héridité qui apparaissent dans les générations suivantes. Chaque épisode, chaque volume contient une action dramatique, sous laquelle on peut retrouver la grande idée de l’ensemble.

L’auteur consacre aussi son temps à lire de nombreux ouvrages de physiologie, parmi 4 lesquels la Physiologie des passions de Charles Letourneau, le Traité philosophique et 5 physiologique de l’héridité naturelle de Prosper Lucas et L’introduction à l’étude de la 6 médecine expérimentale de Claude Bernard. Celui-ci fonde la médicine sur les bases expérimentales en la présentant comme science. L’œuvre de Bernard dépasse la frontière de la médicine et touche aussi le domaine de la philosofie. Zola s’en inspire et classe le roman dans les structures scientifiques. Le roman devient donc l’œuvre scientifique qui se base sur la physiologie.

3 4 Emile Zola, La Fortune des Rougon, Le livre de poche, Paris 1994 Charles Letourneau, Physiologie des passions, Libraires-Éditeurs, 1878. In: Jean-Pierre de Beaumarchais,

5Dictionnaire des œuvre littéraires de la langue française 6 Prosper Lucas, Traité philosophique et physiologique de l’héridité naturelle, Paris, 1847 Claude Bernard, L’introduction à la médecine expérimental, Paris, 1865

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Ce savoir scientifique qu’il fait passer dans les Rougon-Macquart , représente à peu près l’état contemporain du savoir. Michel Serres explique: „Je ne dis pas que la série des Rougon-Macquart, munie de son texte réflexif, constitue un ensemble de résultats purement scientifique. Je dis seulement que les thèses, la méthode et l’épistémologie que je découvre ici sont fidèles à ce que nous jugeons le meilleur, dans les travaux dits scientifiques de ce 7 temps.“ Zola ne décrit pas des singularités individuelles, mais ce qui les enferme, les fabrique et les produit.

Zola applique donc la méthode expérimentale à la litérature, il met en place le principe de la physiologie. En conséquence de cette méthode il s’agit de la transmission mécanique des lois naturelles à la société humaine. Le personnage de l’œuvre littéraire est interprété comme l’être humain détérminé physiologiquement. Sa propre volonté et son comportement individuel sont réduits à la verve, à la passion. Celles-ci sont données par l’élément de l’héridité et par l’influence du milieu social. Le personnage principal du roman naturaliste est le plus souvent l’homme du peuple travailleur ou un représentant de la classe moyenne. Ses instincts biologiques et les manières sont observés à travers une thématique accentuant les moments bas et vils; il en résulte une anthropologie pessimiste de l’homme.

Excepté la physiologie, Zola s’inspire de la sociologie évolutionniste d’Herbert Spencer d’après laquelle la société se comporte comme un organisme vivant et la raison se forme en fonction de l’environement. Il s’inspire aussi de la théorie de l’art d’Hippolyte Taine qui juge l’œuvre artistique determinée par trois facteurs – la race, cela veut dire par l’élément biologique de l’héridité, par le milieu et par l’époque.

Zola applique tous ces éléments dans sa grande œuvre des Rougon-Macquart . Il veut démontrer le comportement et développement de la famille de vingt personnes qui ne connaissent pas, dans certains cas, l’un l’autre. Alors qu’une analyse en détail montre leur relation réciproque. On voit clairement que l’héridité a ses propres lois qu’on ne peut pas omettre.

7 Michel Serres, Feux et signaux de brume, Zola , Grasset, 1975

9 Zola essaie de trouver le fil qui lie les figures des Rougon-Macquart et qui converge vers une seule personne – Adélaïde Fouque – dite Tante Dide. L’héridité de l’aïeule se diversifie grâce aux tempéraments et des milieux, en une infinité de possibles, que l’auteur explore par la construction de l’arbre généalogique de la famille dont chaque feuille deviendra un volume de l’histoire.

Adélaïde née à Plassans en 1768 se marie avec Rougon, jardinier avec qui elle aura un fils Pierre. Quand Rougon meurt elle prend pour amant Macquart et avec lui elle aura deux enfants, un fils Antoine et une fille Ursule. A partir de ce moment la famille se divise en deux branches, Rougon et Macquart.

Les membres de cet ensemble se caractérisent surtout par l’abondance des passions et par le désir des jouissances. A l’égard de la physiologie ils présentent un ensemble qui reste uni par l’héridité, qui vient des mêmes racines. Quelques éléments du comportement percent chez tous les membres cependant qu’ils vivent dans des milieux différents. Si on commence à découvrir les vraies forces qui animent les personnages et les animeront jusqu’au bout du cycle: ce ne sont que des appétits, des désirs de pouvoir, d’argent, de places, avec des nébuleuses de haines, de jalousies, de lâchetés. En face, bien sûr il y a la grandeur des certaines personnes, l’honnêteté, l’ambition de poursuivre son but. Les membres de cette famille pénètrent successivement dans toutes les couches sociales et ils occupent divers postes.

Dans les individus est incarnée la société contemporaine, les criminels autant que les héros, les gens bons et mauvais, les hommes honnêtes autant que les malséants. Il faut chercher la raison de ces tempéraments, parfois semblables, parfois opposés. L’auteur étudie l’humanité elle-même et explique cette apparente confusion des témperaments.

10 Il faut voir comment un petit groupe d’êtres, une famille, se comporte en s’épanouissant pour donner naissance à plusieurs individus qui semblent au premier coup d’œil profondément étrangers, mais que l’analyse scientifique montre intimement liés les uns aux autres.

„Je tâcherai de trouver et de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le fil qui conduit mathématiquement d’un homme à un autre homme. Et quand je tiendrai tous les fils, quand j’aurai entre les mains tout un groupe social, je ferai voir ce groupe à l’œuvre, comme acteur d’une époque historique, je le créerai agissant dans la complexité de ses efforts, j’analyserai à la fois la somme de volonté de 8 chacun de ses membres et de la poussée générale de l’ensemble.“

Sauf les racines communes, les figures ont encore une circonstance identique. C’est l’époque du second Empire que Zola a choisi pour cadre. Les personnages s’y développent selon la logique de leur caractère. Ils deviennent des acteurs typiques qui résument cette époque. Zola définit l’œuvre entière par la phrase: „ Je désire peindre l’assouvissement d’une famille lancée dans la fièvre d’appétits du second Empire.“

Les désirs, les passions et les déchirements intérieurs se reflètent dans cette époque. La caractéristique du moment est l’impatience de jouir, la bousculade des ambitions, les fortunes et les ruines rapides, toute cette orgie du corps et de l’esprit qui a commencé presque avec le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte. C’est à l’époque du second Empire où les personnages essaient de s’imposer, de gagner des honneurs et de la gloire.

8 Emile Zola, La Fortune des Rougon, Le livre de poche, Paris, 1994, pp.15

11 III. L’ANALYSE DES PERSONNAGES

1. Rougon-Macquart

L’histoire naturelle et sociale de cette famille commence donc en 1768 quand Adélaïde Fouque est née. Son premier fils, Pierre Rougon, que je veux décrire en détail, est né en 1787. Il s’est marié en 1810 à Félicité Puech avec qui il a cinq enfants – Eugène, qui ressemble physiquement à son père, devient ministre. Pascal, qui n’a aucune ressemblence morale ni physique avec les parents et qui se trouve complètement en dehors de la famille, travaille comme médecin. Aristide, le troisième fils des Rougon a la prépondérance morale du père et la ressemblance physique de la mère et il devient avocat. Sidonie et Marthe sont deux filles des Rougon. Sidonie ressemble à sa mère tandis que Marthe a hérité son caractère et son apparence de sa grand- mère – Adélaïde Fouque. Sauf Pierre, Adélaïde avait encore deux enfants, Antoine et Ursule, qui sont nés hors du mariage, avec son amant Macquart. La famille se divise ainsi en deux branches. Antoine Macquart, né en 1789, se marie à Joséphine, dite Fine, avec qui il aura trois enfants – Lisa, Gervaise et Jean. Gervaise qui devient le personnage principal du roman L’Assommoir est déjà présentée dans le premier roman du cycle – La Fortune des Rougon .

Pierre Rougon et Gervaise Macquart sont deux personnages principaux de cette grande œuvre d’Emile Zola. Ce sont les représentants des deux branches de la famille – les Rougons et les Macquarts. Ils viennent des racines communes comme les descendants d’Adélaïde Fouque, mais en même temps ils font partie des couches sociales différentes. Comme parents - Pierre est l’oncle de Gervaise – ces deux ont le même fond des traits de caractère typiques pour tous les membres de cette famille. Les passions, le désir de gagner sa vie et le déchirement intérieur pénètrent dans chaque moment de leurs vies. L’effort de se détacher de la vie misérable comme le seul sens de la vie est commun pour eux, mais puisqu’ils sont nés dans des conditions de vie différentes, ils se classent dans différentes couches sociales.

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2. La vie de Pierre Rougon

La situation de Pierre est bien lisible justement à travers son comportement quand il était enfant et à travers l’apparence physique dont il a hérité de ses parents.

„Jamais enfant ne fut à pareil point la moyenne équilibrée des deux créatures qui l’avaient engendré. Il était un juste milieu entre le paysan Rougon et la fille nerveuse Adélaïde. Sa mère avait en lui dégrossi le père. Ce sourd travail des tempéraments qui détermine à la longue l’amélioration ou la déchéance d’une race paraissait obtenir chez Pierre un premier résultat. Il n’était toujours qu’un paysan, mais un paysan à la peau moins rude, un masque moins épais, à l’intelligence plus large et plus souple. Même son père et sa mère s’étaient chez lui corrigés l’un par l’autre. Si la nature d’Adélaïde, que la rébellion des nerfs affinait d’une façon exquise, avait combattu et amoindri les lourdeurs sanguines de Rougon, la masse pesante de celui-ci s’était opposée à ce que l’enfant reçût le contrecoup des détraquements de la jeune femme. Pierre ne connaissait ni les emportements ni les rêveries maladies des louveteaux de Macquart. Fort mal élevé, tapageur comme tous les enfants lâchés librement dans sa vie, il possédait néanmoins un fond de sagesse raisonnée qui devait toujours l’empêcher de commettre une folie improductive. Ses vices, sa fainéantise, ses appétits de jouissance n’avaient pas l’élan instinctif des vices d’Antoine; il entendait les cultiver et les contenter au grand jour, honorablement. Dans sa personne grasse, de taille moyenne, dans la face longue, blafarde, où les traits de son père avaient pris certaines finesses du visage d’Adélaide, on lisait déjà l’ambition sournoise et rusée, le besoin insatiable d’assouvissement, le cœur sec et l’envie haineuse d’un fils de paysan, dont la fortune et les 9 nervosités de sa mère ont fait un bourgeois.“

Pierre, né en 1787, n’a pas connu son père, qui est mort après une année de mariage avec Adélaïde Fouque. Pierre est élévé seulement par sa mère, Adélaïde, en compagnie de son demi-frère Antoine et sa demi-soeur Ursule – dits les louveteaux - les enfants nés des amours de leur mère avec le contrebandier Macquart. Le jeune Pierre juge la situation de sa famille avec impassibilité en s’apercevant qu’il est le seul fils légitime. C’est donc lui seul qui a droit à la fortune familiale entière. Grâce à son esprit calculateur, il invente le plan comment dénicher les louveteaux et rester le seul maître. Il a réduit sa mère à sa volonté, réalisé la fortune et mis dans sa poche, par un véritable vol légal, les cinquante mille francs qui formaient tout le patrimoine de la famille.

9 Emile Zola, La Fortune des Rougon, Le livre de poche, Paris, 1994, pp.67-68

13 Plus tard il épouse Félicité Puech, une femme riche. Comme il a un invincible besoin de jouissances régulières et qu’il rêve de posséder le commerce comme une source inépuisable, grâce à ce mariage, il devient un petit bourgeois. Après quelques bonnes années, une série d’infortunes frappe le ménage Rougon, de longues années de lutte pénible, de travail incessant „de mesquineries misérables, au bout desquelles les Rougon doivent s’avouer vaincus, avant amassé en tout une maigre rente de deux mille francs qui les réduit à l’état de petits rentiers et de leur donne même pas accès dans le quarier neuf, objet de 10 leurs contivoises“

Pierre a toute l’allure d’un respectable bourgeois, mais il veut toujours plus. Il lui manque encore de grosses rentes pour être tout à fait respecté. „Sous la placidité naturelle de ses traits, il cache des sentiments haineux. Il est sourdement exaspéré par sa mauvaise chance et, comme Félicité, comme son frère Macquart, comme ses fils Eugène et Aristide, il 11 est tout prêt pour assouvir enfin son âpre désir de fortune.“ Les Rougon, à cette époque, réussissent à concentrer chez eux le mouvement réactionnaire dans leur „salon jaune“ en invitant les personnages influents chez eux. Pierre peu à peu devient le membre important de cette association et le chef du parti conservateur. Rougon gagne de cette façon l’influence à Plassans. Grâce à son fils aîné, qui l’avait fait remarquer les événements, Pierre obtient un poste dans les finances. Il s’est joint aux bonapartistes et après le coup d’État il devient la personnalité de rang élévé dans Plassans. Le receveur particulier Pierre Rougon est un homme d’importance politique avec une mine de richard. Il succombe, étouffé par une indigestion, à soixante–dix ans.

10 11 Emile Zola, La Fortune des Rougon, Le livre de poche, Paris, 1994, pp.81 Emile Zola, La Fortune des Rougon, Le livre de poche, Paris, 1994

14 3. La vie de Gervaise Macquart

„La seconde fille, Gervaise, née l’année suivante, était bancale de naissance. Conçue dans l’ivresse, sans doute pendant une de ces nuits honteuses où les époux s’assommaient, elle avait la cuisse droite déviée et amaigrie, étrange reproduction héréditaire des brutalités que sa mère avait eu à endurer dans une heure de lutte et de soûlerie furieuse. Gervaise resta chétive, et Fine, la voyant toute pâle et toute faible la mit au régime de l’anisette, sous prétexte qu’elle avait besoin de prendre des forces. La pauvre créature se dessécha davantage. C’était une grande fille fluette dont les robes, toujours trop larges, flottaient, comme vides. Sur son corps émacié et contrefait, elle avait une délicieuse tête de poupée, une petite face ronde et blême d’une exquise délicatesse. Son infirmité était presque une grâce; sa taille fléchissait doucement à chaque pas, dans une sorte 12 de balancement cadencé.“

Gervaise se retrouve dans l’ Assommoir telle qu’elle était dans La Fortune des Rougon . Tout d’abord, comme petite fille, elle avait été rouée et abusée par son père Antoine Macquart. Dès ses huit ans, elle gagnait chaque jour dix sous en cassant des amandes; plus tard elle est entrée en apprentissage chez une blanchisseuse et elle a commencé à recevoir deux francs par jour. Mais tout son argent passait dans la poche de son père qui terrorisait toute la famille et qui, seul paresseux et parasitaire, reprochait l’indigence à sa femme et aux enfants.

De la même façon elle était abusée dans l’ Assomoir par son amant Lantier, avec qui elle avait son premier fils Claude à quatorze ans déjà et puis deux autres, qui ont été recueillis par leur grand-mère paternelle pour l’éducation. Gervaise, exploitée par son père, engrossée par son amant, s’habituait à travailler du matin au soir pour gagner sa vie. Plus tard, quand ses deux auxiliaires - madame Lantier et Joséphine Macquart - sont mortes, Lantier a retiré Gervaise des mains de son père et l’a emmenée avec leurs enfants de Plassans à Paris où elle a passé la deuxième moitié de sa vie. Ici, à Paris, commence l’action du roman l’ Assommoir.

12 Emile Zola, La fortune des Rougon, Le livre de poche, Paris, 1994, pp. 157

15 Au début de ce roman, constituant le septième volume de la série des Rougon- Macquart, Gervaise et ses fils sont abandonnés par Lantier dans une misérable chambre de l’hôtel Boncœur. Tout l’héritage de madame Lantier est dépensé. La jeune femme, jetée sur le pavé sans moyens, est entrée comme ouvrière chez une blanchisseuse. Son idéal est devenu simple - travailler dur, agir avec modestie, élever ses enfants. Gervaise ressemblait à sa mère non seulement par son destin presque pareil, mais aussi par sa rage de s’attacher aux gens, de leur donner la main. Son seul défaut était d’être trop sensible, d’aimer tout le monde, de se passionner pour des personnes autour d’elle. Peu de temps après le départ de Lantier, Gervaise a épousé Coupeau, malgré ses peurs irraisonnées, malgré ses noirs pressentiments.

Mariée, Gervaise travaille avec l’ardent désir de satisfaire son idéal. Sa famille déménage dans un apartement plus confortable et il paraît que tout est en bon ordre. Gervaise commence à remporter le succès dans sa vie professionnelle et familiale, la petite Anna, dite Nana, est née et Claude est parti au collège. Gervaise est capable d’économiser une certaine somme d’argent et en additionnant un prêt du forgeron Goujet, elle arrange sa propre blanchisserie. Mais cela a changé après l’accident de son mari, Coupeau, qui s’est cassé la jambe en tombant du toit et puis, pendant sa convalescence, il a perdu tout à fait le goût du travail. Devenu paresseux, il commence une existence d’ivrogne qui le mênera peu à peu au délire alcoolique. Gervaise doit de plus en plus souvent lui donner de l’argent tandis qu’il ne rentre plus à la maison.

C’est le début de la lente déchéance de Gervaise qui doit travailler comme un forçat pour honorer une dette et pour faire vivre non seulement ses enfants et Coupeau mais aussi son ancien amant Lantier, qui veut la reprendre. Elle a essayé un instant de se réfugier dans le pur amour de Goujet, mais elle n’a pas la force de résister à Lantier. Elle a perdu donc tout respect d’elle-même, elle vit tranquillement au milieu de l’indignation publique, ses paresses l’amollissent et elle se désintéresse du travail. La saleté pénètre dans la boutique, les dettes croissent et finalement elle cède sa boutique à la grande Virginie.

16 Gervaise prend l’habitude d’aller au café pour prendre un petit verre. Successivement la jeune femme retrouve cette coutume, qu’elle avait prise avec sa mère Josephine lorsqu’elle était enfant – de licher des petits verres, chaque soir, en attendant le retour tardif de Macquart.

Tous les efforts n’auront servi à rien, sa réussite temporaire n’était qu’une illusion, et le milieu la 13 ramène à l’hérédité, parce que l’hérédité l’empêche d’échapper au milieu.

Cette conduite a pénétré en elle pendant son enfance et bien qu’elle ait été une personnalité forte, elle a cédé à ses entraînements. Gervaise se trouve faible pour défendre son modeste bonheur dès que le destin est contraire. Elle accepte donc son sort et se résigne à son mauvais apanage. Après la mort de Coupeau à l’hôpital Saint-Anne; Gervaise succombe à son tour; elle meurt de misère et d’ivrognerie dans un coin après avoir été renvoyée de son logement.

13 Michel Euvrand, Emile Zola, Classique XX e siècle, Editions Universitaire, 1967

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4. La comparaison des romans La Fortune des Rougon et L’Assommoir

La Fortune des Rougon – „Ce roman sert d’introduction à toute l’œuvre. Il montre certains membres de la famille dont je veux écrire l’histoire, au début de leur carrière, fondant leur fortune sur le coup d’Etat, comptant sur l’Empire qu’ils 14 prévoient pour contenter leurs appétits.“

L’Assommoir – „L’Assommoir est venu à son heure, je l’ai écrit, comme j’écrirai les autres, sans me déranger une seconde de ma ligne droite. C’est ce qui fait ma force. J’ai un but auquel je vais. L’Assommoir peut se résumer en une phrase: Fermez les cabarets, ouvrez les écoles. L’ivrognerie 15 dévore les peuples.“

Le lieu

Zola juge nécessaire de varier ses œuvres pour ne pas tomber dans la monotonie. Il faut donc situer les actions des romans dans les lieux différents. Pour chaque nouveau livre il cherche une nouvelle ambiance, une nouvelle place opposée aux autres qui précèdent. Dans l’Assomoir , à la différence de La Fortune des Rougon, les personnages sont toujours campés des conditions ouvrières très pauvres, ils ne réussissent ni à en sortir ni, malgré leurs efforts, à rendre leur situation meilleure. La plupart de l’action de ce roman se déroule dans les quartiers pauvres de Paris d’où les travailleurs descendent chaque matin vers Paris pour y travailler tandis que l’action du premier roman du cycle est située surtout en province, à Plassans. Bien que dans La fortune des Rougon les personnages se trouvent de temps en temps dans les espaces habités pauvres – la chaumière de tante Dide ou le logement d’Antoine Macquart – ils vivent pour la plupart dans les appartements de luxe, par exemple le „salon jaune“ de Pierre Rougon. Dans l’Assommoir les personnages demeurent dans la misère pendant presque toute l’action. On trouve Gervaise tout d’abord dans une misérable chambre de l’hôtel

14 15 Emile Zola, le plan du premier épisode Emile Zola, la description du plan de l’Assommoir

18 Boncœur. Ensuite, elle déménage dans un appartement meilleur, mais ses dettes ne lui permettent pas d’y rester. Elle finit comme sans-abri et elle meurt dans un coin obscure.

Les personnages

Tandis que dans le premier roman du cycle l’auteur déploie une longue série d’histoires, en mélangeant un grand nombre de personnes des deux branches de la famille, dans l’Assomoir il s’oriente purement vers la description de la famille de Gervaise et ses plus proches environs. Ce sont avant tout les gens pauvres de la couche sociale base. „C’est une œuvre de vérité, le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l’odeur du peuple. Et il ne faut point conclure que le peuple tout entier est mauvais, car mes personnages ne sont pas 16 mauvais, ils ne sont qu’ignorants et gâtés par le milieu de rude besogne et de misère où ils vivent.“ Dans La fortune des Rougon l’auteur décrit surtout la couche de la haute société qui entoure Pierre Rougon et sa femme, leurs enfants y compris.

Les conditions de vie

Les personnages principaux de l’Assommoir sont les gens pauvres, condamnés à la vie dans la plus grande misère. Ils sont déterminés par le milieu où ils ont grandi et où ils vivent malgré leur effort de changement. „J’ai voulu dans l’Assommoir peindre la déchéance fatale d’une famille ouvrière, dans le milieu empesté de nos faubourgs. Au bout de l’ivrognerie et de la fainéantise, il y a le relâchement des liens de la famille, les ordures de la promiscuité, l’oubli progressif des sentiments honnêtes, puis comme dénouement la 17 honte et la mort. C’est la morale en action, simplement.“ Dans La fortune des Rougon on remarque la desciption des deux milieux – l’abondance de la famille relativement riche des Rougon et l’indigence de la famille des Macquart.

16 17 Emile Zola, description de peuple de L’Assommoir , Paris Emile Zola, description de L’Assommoir , Paris, janvier 1877

19 L’ambiance

L’action de La fortune des Rougon se déroule dans le cadre politique, où s’engagent les individus principaux. La politique est le thème le plus important qui encadre l’action de ce premier volume de la série et qui relie ou divise les personnages. Dans l’Assommoir les personnages cherchent les réponses aux questions de la vie quotidienne. Leurs destins ne sont pas dépendants de la vie politique. Ils sont entourés par l’ambiance plus simple qui se limite aux conditions d’existence.

Le travail

En ce qui concerne la question du travail, on peut dire que les personnages de l’Assommoir sont plus en contact avec cet esclavage du travail qui présente le leitmotiv de la condition ouvrière. Il faut travailler du matin au soir pour gagner tout juste de quoi ne pas mourir de faim. Les Macquart sont, à la différence des Rougon, les travailleurs manuels. Les Rougon sont épargnés par la misère et voilà pourquoi leur trait de caractère le plus typique est la paresse.

20 5. La comparaison de Pierre et Gervaise

Points de départ

Gervaise et Pierre divergent depuis leur naissance déjà; leurs „points de départ dans la vie“ sont différents. Tandis que Pierre est né comme le premier-né dans la famille avec la couverture financière grâce à la fortune de sa mère, Gervaise est née dans la pauvreté d’une famille sociablement faible, où les parents étaient des alcooliques. Malgré cela, ils commencent très tôt à montrer un comportement identique. Les deux sont doués de sens pour gagner de l’argent. Ils sont très travailleurs, ils travaillent systématiquement pour atteindre leur but et remporter une victoire. Mais tandis que Gervaise travaille dure physiquement, Pierre laisse voir son esprit calculateur. Il est doué d’une invictible ténacité, toujours prêt à inventer le façon de profiter de l’occasion qui se présente.

Leurs buts

En ce qui concerne les buts des deux, on peut constater que les ambitions de Gervaise et sa conception du bonheur ne sont pas éloignés de celles de Pierre. Les deux veulent atteindre une vie contente dans l’abondance. Gervaise est un instant même bien près de toucher au but, un joli magasin, une réputation de travail ponctuel et bien fait, un mari sobre et travailleur, de beaux enfants. Mais si on compare les appétits de Pierre et les moyens qu’il emploie pour les satisfaire, on voit que l’idéal de Gervaise est touchant par la modestie. Pour accomplir son désir elle ne peut que travailler dur, être modeste mais ambitieuse. La situation est plus favorable à Pierre, parce qu’il peut profiter de ses relations dans la haute société, de son influence politique et de son capital.

21 Les enfants et leur éducation

Pierre et Félicité ont élévé cinq enfants, trois fils et deux filles. Le premier fils Eugène a fait son droit, le deuxième - Pascal est devenu le docteur et le dernier Aristide a étudié le droit comme son frère aîné. Leurs parents leur ont assuré une bonne éducation, bien que ce soit leur plus grande dépense qui a abouti aux problèmes financiers. Les Rougon ont jugé nécessaire d’obtenir une instruction car elle signifie la sécurité du lendemain. Gervaise a agis de la même façon et elle voulait payer le collège à ses fils. Mais ici, naturellement, le problème de l’insuffisance de l’argent est en liaison avec la question de l’éducation. Le trait commun de Pierre et Gervaise est donc la conscience de la nécessité de l’éducation.

Le comportement de Pierre et Gervaise envers les autres personnages

Le comportement de Pierre envers son entourage diffère sensiblement de celui de Gervaise. On peut dire que Pierre pendant toute sa vie abuse les gens autour de lui. Cela commence dans son enfance déjà et continue jusqu’à sa mort. Presque tous les personnages qui l’entourent ont été de certaine façon exploités pour que Pierre remporte un succès – sa mère, son frère, sa femme et ses enfants non en dernier lieu. Pierre est décrit comme un type de personnage sans empêchements moraux, capable de faire tout pour atteindre son but. „Pierre Rougon est le conservateur qui cherche surtout à tirer des événements un profit personnel et 18 qui ne recule devant aucun moyen pour fonder sa fortune et celle de ses enfants sur le nouvel Empire.“ Gervaise, au contraire, devient presque la victime de sa propre gentillesse. On la trouve dévouée et toujours prête à aider non seulement ses proches parents mais aussi chacun qui a besoin de son aide. Elle ne s’occupe d’elle-même, elle travaille pour les autres et cela c’est sa pierre d’achoppement. Peu à peu elle est abusée par les gens qui l’entourent, surtout par Lantier, son amant et puis aussi par Coupeau, son mari. On peut conclure par dire que c’est la douceur de son caractère qui l’a tuée.

18 Emile Zola, description de Pierre Rougon

22 La présence des personnages dans les romans

La configuration de la présence des pesonnages dépend de leur importace dans l’œuvre. Ici, le rôle de Pierre et Gervaise est le même, les deux sont les personnages principaux – Pierre dans La Fortune des Rougon et Gervaise dans L’Assommoir. Gervaise figure aussi dans le premier roman, mais c’est juste pour illustrer le comportement de son père et son attitude envers les Rougon. Pierre de même que Gervaise, apparaissent dans l’œuvre du début de l’action jusqu’à la fin, où ils meurent. L’un dans l’abondance, l’autre dans la misère.

La position de Pierre et Gervaise parmi les autres personnages

Les deux se trouvent au milieu de l’action, au milieu des autres personnes qui ont soit un rapport de parenté avec eux, soit ce sont les gens les plus proches. On peut en conclure que Pierre et Gervaise sont les presonnages principaux non seulement de „leurs propres“ romans, mais aussi de tout le cycle d’Emile Zola. Dans le premier volume des Rougon-Macquart il s’agit de l’introduction de tous les personnages du cycle, voilà pourquoi on les remarque plus nombreux. L’auteur y présente les deux branches de la famille, leurs histoires isolées autant que la relation entre toutes les personnages. Mais il n’y a pas d’espace pour raconter tout. Il se concentre sur Pierre et Félicité Rougon et il termine les histoires des autres dans les volumes qui vont suivre. Dans L’Assommoir Zola s’oriente vers les Macquart seulement. Il décrit l’histoire d’une partie des Macquart indépendamment de la relation avec les Rougon. En ce qui concerne la position concrète entre Pierre et les autres personnages du roman La Fortune des Rougon , il se trouve non seulement au milieu de l’action, mais aussi au milieu de l’échelle sociale. Pierre invite dans son salon jaune les représentants de la haute société qui vivent, dans la majorité des cas, au niveau social plus élévé que lui et sa femme. On peut constater la même chose en ce qui concerne les enfants de Pierre, qui sont déjà éduqués et ils occupent de hautes charges. D’ici on peut conclure que la société du temps du Second Empire progresse et avance. Pierre est en même temps en contact avec la deuxième branche de sa famille, avec les Macquart, surtout avec son frère Antoine, en comparaison de qui, il est toujours au niveau plus haut.

23 La situation de Gervaise est presque pareille à celle de Pierre. Elle se trouve au milieu de l’action, parce que tous les personnages sont liés avec elle d’une certaine façon. Mais en ce qui concerne de l’échelle sociale, on peut dire, que Gervaise atteint niveau intellectuel plus haut que les autres. Même si elle n’est pas instruite, elle prouve une intelligence naturelle, elle est idépendante et capable d’assurer sa famille.

Le dévéloppement des personnages

L’évolution du personnage concret est liée au développement de l’action. Dans La Fortune des Rougon nous suivons la vie de Pierre, de sa naissance jusqu’à sa mort. Dans le même roman, le lecteur est informé de la naissance et de l’enfance triste de Gervaise. Nous pouvons suivre la deuxième partie de sa vie dans L’Assommoir . La figure de Pierre se développe petit à petit. Pierre commence à manifester son talent de faire flèche de tout bois pour atteindre son but depuis son enfance déjà. Plus tard, après une courte époque quand il se porte mal, il revient dans la société élitiste et devient un homme riche. Donc on peut voir le dévéloppement successif et lent. L’effort de Pierre a été finalement couronné de succès.

En ce qui concerne Gervaise, on voit le déroulement contraire. Tout d’abord, dans son enfance, elle a des conditions de vie misérables. Ensuite, quand elle se détache de son père et de son amant, elle marque un point dans la vie familiale et professionnelle. Son succès est très rapide, mais il ne durera que peu. Gervaise va loin, elle va presque atteindre son but, mais puis, elle tombe encore plus bas qu’elle n’avait été auparavant. La tendence de Gervaise est donc opposée à celle de Pierre.

24 Le liason entre l’auteur et les personnages

Le roman La fortune des Rougon aussi bien que le dernier roman de la série est situé en Provence. L’auteur renvoie l’histoire de la famille au Sud de la France pour y trouver de nouveau le berceau des Rougon-Macquart. „Fidèle, donc, 19 profondément fidèle, à l’origine, dès l’origine, tel est Zola“ Zola, pour encadrer l’action de ses romans, utilise les endroits bien connus. Il laisse s’enraciner ses personnages des Rougon-Macquart en Provence à Plassans, cela veut dire à Aix-en-Provence et à Paris et ses environs. „Fidèle à lui-même, d’abord, et aux souvenirs de misère et d’enthousiasme de sa 20 jeunesse ardente et abandonnée.“ Zola, après la mort de son père, élévé seulement par sa mère à Aix–en-Provence, menait une vie pleine de difficultés matérielles. Sa vie correspond à certains traits des vies des personnages qu’il a créés. Il forme ses personnages surtout par ambition, par un désir d’expliquer les conditions de sa vie d’enfant et d’adolescent. De la même façon qu’il fait l’expérience de la misère il „fait souffrir“ ses personnages. C’est de la Provence d’où il tire la familiarité des quartiers pauvres qu’il utilise dans ses romans.

19 20 Auguste Dezalay, préface La fortune des Rougon Auguste Dezalay, préface La fortune des Rougon

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IV. CONCLUSION

1. Le résumé de l’analyse des personnages

Dans mon mémoire j’ai essayé de comparer deux personnages principaux de la série des Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire d’Emile Zola. Pour cette comparaison j’ai chosi le personnage de Pierre Rougon qui figure dans le premier volume de ce cycle – dans le roman La fortune des Rougon lequel introduit l’action et lequel présente les personnages principaux. Comme le deuxième personnage observé, j’ai chosi Gervaise Macquart, l’héroïne principale du roman L’Assommoir , lequel suit comme le septième volume dans l’ordre de la série des Rougon-Macquart. Dans mon étude je me suis concentrée justement sur ces deux membres de la famille en les comparant des différents points de vue. J’ai pris en considération plusieurs points d’exploitation dans le cadre desquels j’ai essayé de trouver les différences et lespoints communs de ces deux personnages. Tout d’abord il faut tenir compte des différences entre Pierre et Gervaise qui, comme les gens très dissemblables, en montrent en grand nombre. Ce sont avant tout des personnages qui se trouvent dans les situations sociales différentes. Chacun d’eux représente une autre couche sociale. Pierre et Gervaise fréquentent les mondes totalement opposés. Leurs points de départs, leurs buts et leurs comportements envers les autres personnes sont tout à fait différents. Mais ils montrent en même temps les traits semblables. Ce sont quand même les parents qui ont hérité les qualités de leurs ancêtres communs. Ils ne peuvent pas se libérer de la vie qui a été déjà prédestinée avant leurs naissances.

2. Le projet d’Emile Zola

Zola veut démontrer que l’héridité joue un rôle important dans notre existence. Il crée donc le personnage naissant avec la voie da la vie donnée par l’héritage et par les générations passées. Les personnages sont détérminés par leur origine, par le milieu social. Personne n’est capable d’échapper à cette détermination physiologique. Les personnages sont les figures, les pantins formés avec précision par l’auteur. Chacun de leurs gestes, chaque mot est strictement calculé de façon à correspondre à l’intégration dans l’ensemble

26 de la famille. Chaque membre des Rougon-Macquart a le fond de sa vie basé sur l’appartenance exacte parmi les autres personnages. Zola dit dans Le roman expérimental : „Il n’y a pas de principes, il n’y a que des 21 lois.“ Il veut dire par là, que nous ne sommes pas vraiment libres de nos actions. Il y a des lois de la nature et elles s’appliquent pour nous aussi. Les lois de la nature sont et seront toujours plus forts que les lois humains.

„ Je ne crois pas que la pesée soit autre chose qu’une fonction de la matière. La fameuse psychologie 22 ne serait qu’un coin restreint de la physiologie.“

Il explique encore: „Notre pensée, cela veut dire la psychologie, ne peut faire grand chose face à ce que nous sommes déjà. On dépend de notre corps, de la physiologie, c’est à dire ici de notre héridité. Nous sommes déterminés par nos antécédents, à savoir notre famille. Si vous voulez établir une fiche sur n’importe quel personnage des Rougon- Macquart, il faudra prendre en compte cette théorie qui est la toile de fond de tout le 23 cycle.“

3. Le résultat de l’application de la méthode expérimentale

Grâce à la démonstration concrète symbolisée par les personnages de Pierre Rougon et de Gervaise Macquart, on peut conclure par dire que les personnages de cette épopée répresentent et symbolisent des types biologiques et sociaux. Tandis que l’un est un bourgeois ambitieux typique, l’autre est un pauvre persecuté mais noble. L’auteur a crée une échelle exacte des propriétés caractéristiques de ces personnages. Chacun des deux personnages qui j’ai observé est une figure individuelle et en même temps un petit élément d’un grand ensemble qu’on ne peut pas négliger. Comme le puzzle que nous commençons à composer en mettant les pièces, l’une après l’autre, à sa place. Aucune ne peut être omise ou remplacée par une autre, sinon l’image finale ne sera pas bien rendue. Chaque particule joue un rôle très important pour illustrer toute l’histoire. Tout est là merveilleusement accordé, les

21 22 Emile Zola, Le roman expérimental, G. Charpentier, Paris, 1881. 23 Une partie de lettre d’Emile Zola à G. Geoffroy a été écrite le 22 juillet 1885. Emile Zola, note biografique de Zola lui-même

27 courts récits de chacun de plus de douze cents personnages de même que le récit de toute la famille.

Zola pose d’abord un trait physiologique ce qui est bien évident en analysant les personnages. Mais ses romans ne sont pas strictement concentrés aux méthodes scientifiques. L’œuvre de Zola, ce n’est pas seulement l’œuvre basée sur l’étude physiologique, sur la science. Il montre, d’un côté, les fils qui font mouvoir les figures humaines, mais d’une autre côté, il fait voir aussi les faits et les gestes de ces figures. Ce sont les gens avec le comportement et le sentiment humains. Zola a créé le personnage concret exactement sur la base de physiologie avec les traits strictement calculés, mais ce personnage est quand même capable d’éveiller les sympathies ou les antipathies chez le lecteur. C’est en premier lieu la perception du lecteur qui forme le personnage. Le lecteur perçoit ces pantins humains créés par Zola et c’est surtout lui qui insuffle la vie aux personnages. Les personnages de Zola ne sont pas seulement le résultat de l’application de sa méthode expérimentale. Ils dépassent cette étude physiologique, parce qu’ils évoquent un vif intérêt en ce qui concerne leurs destins lesquels ils ne peuvent pas surmonter ou changer.

28 V. ANNEXE

1. Préface de Docteur Pascal

Je me décide à joindre à ce volume l’arbre généalogique des Rougon-Macquart. Deux raisons me déterminent. La première est que beaucoup de personnes m’ont demandé cet arbre. Il doit, en effet, aider les lecteurs à se retrouver parmi les membres assez nombreux de la famille dont je me suis fait l’historien. La seconde est plus compliquée. Je regrette de n’avoir pas publié l’arbre dans le premier volume de la série, pour montrer tout de suite l’ensemble de mon plan. Si je tardais encore, on finirait par m’accuser de l’avoir fabriqué après coup. Il est grand temps d’établir qu’il a été dressé tel qu’il est en 1868, avant que j’eusse écrit une seule ligne; et cela ressort clairement de la lecture du premier épisode, La Fortune des Rougon , où je ne pouvais poser les origines de la famille sans arrêter avant tout la filiation et les âges. La diffuculté était d’autant plus grande que je mettais face à face quatre générations, et que mes personnages s’agitaient dans une période de dix-huit années seulement…. …Aujourd’hui, j’ai simplement le désir de prouver que les romans, publiés par moi depuis bientôt neuf ans, dépendent d’un vaste ensemble, dont le plan a été arrêté d’un coup et à l’avance, et que l’on doit par conséquent, tout en jugeant chaque roman à part, tenir compte de la place harmonique qu’il occupe dans cet 24 ensemble. On se prononcera dès lors sur mon œuvre plus justement et plus largement.

24 Emile Zola, Docteur Pascal. Zola a joignit à ce volume l’arbre généalogique de toute la famille des Rougon-Macquart.

29 2. Arbre généalogique des Rougon-Macquart

Maxime Clotilde Jeanne Claude Jacques (1840-1873) (1847-?) (1842-1855) (1842-1870) (1844-1870) Victor Etienne (1853-?) (1846-?) Octave Serge Anne (1840-?) (1841-?) (1852-1870) Angélique Désirée Pauline (1851-1869) (1844-?) (1852-?)

Eugène Pascal Aristide Silvère Hélène Lisa Gervaise (1811-?) (1813- (1815-?) (1834-1851) (1824-?) (1827- (1829- 1873) 1863) 1869) Sidonie Marthe François Jean (1818-?) (1829-1864) (1817-1864) (1831-?)

Pierre Rougon Ursule Macquart Antoine Macquart (1787 – 1870) (1791 – 1840) (1789 – 1873) 5 enfants 3 enfants 3 enfants

Adélaide Fouque (1768 – 1873) 3 enfants

30 3. Arbre généalogique

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25 Arbre généalogique des Rougon-Macquart a été annoté par Emile Zola en 1892

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4. Répartition des influences héréditaires

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26 Répartition des influences héréditaires pour chaque personnage. Le manuscit a été écrit par Emile Zola. A chaque famille est attribuée une couleur.

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VI. BIBLIOGRAPHIE

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