<<

STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 1 - CHRONOLOGIE DE L’ARMEMENT NUCLÉAIRE : LE « CLUB DES CINQ » :

DATES ÉTATS-UNIS U.R.S.S. ROYAUME- CHINE UNI . 16-7 : 1er essai bombe A (Robert 1945 Oppenheimer) . utilisation B 29 ➥ 6-8 : Hiroshima ➥ 9-8 : 1946 1947 1948 1949 - essai charge faible 29-8 : 1er essai - 1er bombardier bombe A stratégique B 36 1950 1951 . 1er bombardier 13-10 : 1er essai stratégique B 52 bombe A 1952 . 1er-11 : 1er essai bombe H de 10 mt () 1er obus atomique 12-8 : 1er essai 1953 opérationnel bombe H (Andrei Sakharov) 12 : 1er sous-marin à 1ère bombe A 1954 propulsion nucléaire opérationnelle (Nautilus) 1955 1er IRBM 1er bombardier stratégique Valiant 1er bombardier 1956 stratégique Mya-4- Bison 1ere charge < 1 kt - 26-8 : 1er ICBM (T 16-5 : 1er essai 3 ) bombe H 1957 - - 4-10 : Spoutnik I - 1er bombardier stratégique Tu 95 Bear - 1er sous-marin (diesel) lanceur SLBM – Zulu V 1958 - 1°-2 : Explorer I - 1ers IRBM (Jupiter, Thor) - 1er ICBM (Atlas ) - 1°-12 : 1er sous- - 1er SLBM SS 1b- - la RAF prend en 1959 marin équipé SLBM Scud charge des missiles (Polaris ) intermédiaires - Dicoverer I américains Thor 1960 1er satellite d’alerte 13-2 : 1er essai précoce Midas bombe A 1961 1er satellite - 1er essai ABM d’observation - 1er sous-marin à SAMOS propulsion nucléaire Hotel I - 1er B 52 H- - 1er bombardier 1962 Stratofortress stratégique Tu 22- - 19-7 : 1er ABM Blinder (Nike-Zeus) - 1er satellite d’écoute électronique Ferrets 1er MRV - démantèlement des - 6-7 : 1ere bombe A missiles opérationnelle (AN21) 1963 intermédiaires - 1°-8 : 90ème escadre américains Thor de ravitaillement en vol (Istres) 8-10 : 1ère alerte 1964 opérationnelle 1er es- 16-10 : 1er essai cadron Mirage IV-A bombe A (escadre Gascogne ) 1965 1er satellite (Astérix) STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 2 -

DATES ÉTATS-UNIS U.R.S.S. ROYAUME- FRANCE CHINE UNI 1er ICBM 1er chasseur- 1966 bombardier Tornado équipé de l’arme nucléaire tactique (WE-177) 1er SLBM SS-N-6 Sawfly 17-6 : 1er essai 1967 - 1er satellite d’écoute bombe H électronique Kosmos - 1er satellite d’alerte précoce Kosmos - 1er ABM (Galosh) 1er sous-marin à - 23-8 : 1er essai - 1er sous-marin à propulsion nucléaire bombe H 1968 propulsion nucléaire Resolution (Polaris) - 11 : 1er MSBS - 1er satellite de surveillance radar océanique système de guidage 1ère interception anti- 24-6 : 1er S.S.B.S. 1969 TERCOM par satellite “comparaison de suivi de terrain“ - 1er ICBM mirvé 1er satellite 1970 Minuteman III - 1er SLBM mirvé Poseidon - déploiement Global Position System (GPS) 1971 1er satellite Big Bird 1er satellite 2-8 : Albion (SSBS- 1er IRBM S2) Dong Feng 2 22-1 : 1er sous-marin 1972 à propulsion nucléaire Le Redoutable 1er SLBM MRV (SS- 6-4 : 1er escadron 1973 N-6-Serb) FATac doté «préstratégique» (TN 52 ) ABM Safeguard 1er satellite de 2 : AN 22 1er sous-marin à 1974 surveillance électro- 10-5 : « préstra- propulsion nucléaire nique océanique tégique » lanceur SLBM : Han 1975 10 : MSBS M 20 (1 mt) 1976 - 1er satellite de - 1er bombardier surveillance électro- stratégique Tu-22M- nique océanique Backfire White Cloud - 1er SNLE Delta III - 1er satellite d’ob- servation Key Hole - 1ère arme à rayon- - 1er IRBM mirvé nement renforcé SS- 20 1977 - 1er ICBM mirvé - 1er SLBM mirvé SS- Minuteman III N-18 Stingray - 1er satellite d’écoute 10-11 : « pré- 1er missile IRBM 1978 électronique Chalet stratégique » à bord Dong Feng 4 du Clémenceau 1979 ? 1er bombardier stratégique H 6 (≈ Tu-16 Badger) 1980 1er SLBM mirvé - 1er ICBM mirvé SS- 1er ICBM Trident-C-4 18-Stiletto Dong Feng 4 1ère navette spatiale - 1er SNLE Typhoon - 1er-6 : SSBS 1er ICBM Columbia - 15-6 : « pré- Dong Feng 5 1981 stratégique » à bord du Foch - système de guidage - 1er ICBM mirvé DSMAC SS-18-Satan 1982 - 1er ALCM - déploiement Tomahawk système GLONASS - 23-3 : Initiative de 1er SLBM SS-N-23- 28-1 : SSBS S3D 1983 défense stratégique Sturgeon - 1er SLCM et GLCM Tomahawk

STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 3 - DATES ÉTATS-UNIS U.R.S.S. ROYAUME- FRANCE CHINE UNI 1984 1ère interception anti- 1er bombardier ogive stratégique TU 95M- Bear - 1ère interception 1er ICBM (mobile) - 12-2 : 1er Mirage IV P 1er IRBM anti-satellite SS-25-Sickle - 26-5 : 1er MSBS Dong Feng 21-A 1985 - 1er satellite d’écoute - 1er SNLE Delta IV mirvé ( ) électronique porteur de 16 SLBM - 26-8 : remotorisa- Magnum SS-N-23 tion C 135 Fr - 1er ICBM 1er SLBM SS-N-23- - 1er-5 : 1er escadron 1986 Peacekeeper Skif Mirage IV P - 1er B-1B (ASMP.) - satellite Spot 1987 - 1er ICBM SS-24- Scalpel - 1er bombardier stratégique TU 160- Blackjack - 1er satellite - 25-6 : ASMP à bord - 1er sous-marin d’observation du Foch SLBM Xia 1988 Lacrosse - 1er-7 : 1er escadron - 1er S.L.B.M. Ju Mirage 2000 N Lang 1 (ASMP) 1989 1er satellite d’alerte 7 : 1er MSBS M4A précoce Defense Support Program 3 (DSP-3) 1er SLBM Trident II- 1er-9 : retrait 1991 D-5 «préstratégique» Jaguar A et Clémenceau 1992 2 : fin dissolution 1er Su 27-Flanker Pluton (achat à la Russie) dont certains ont une capacité nucléaire. adoption du SLBM - 1er-7: création bri- 1993 Trident II-D-5 gade «d’ultime aver- tissement» - 7 : SSBS S3M 1er bombardier 1er SNLE adapté pour - 3 : ASMP à bord du 1994 stratégique B2 le SLBM Trident D5 Clémenceau (Vanguard) - satellite « européen » (80% français) Hélios 26-4 : programme de 1995 simulation des essais nucléaires (P.A.L.E.N.) - 6-6 : fin alerte nucléaire Hadès - 6-7 : fin retrait Mirage IV P - 15-9 : fin alerte 1996 nucléaire Albion - 10 : 1er SNLE-NG équipé MSBS (Le Triomphant ) 1997 arrêt des missions nucléaires pour le B1-B 1998 1er I.C.B.M. – SS 27- 1er J-11 (= Su 27 – Topol- Flanker construit sous licence) 2002 1er Rafale-Marine (ASMP) 2004 1er SNLE-SLBM Jin porteur de 12 Ju Lang II (portée : 8 000 km) 2013 1er SNLE-SLBM classe Boreï (Iouri Dolgorouki) porteur de 16 SLBM Boulava en cours de développement (portée > 8 000 km)

STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 4 - LE CONTEXTE DE L’ÈRE NUCLÉAIRE :

DATES RELATIONS STRATÉGIE SCIENCES ET TECHNIQUES INTERNATIONALES 1944 Seconde Guerre mondiale guerre totale V1 et V2 ; avion à réaction 1945 - 4-2 : Yalta propergol - 26-6 : ONU - 17-7 : Potsdam monopole arme nucléaire à fission - 6-8 : Hiroshima américain - 9-8 : Nagasaki 1946 ENIAC : 1er calculateur électronique (lampes) 1947 Ä 1948 1ère phase 1949 « guerre froide » 1950 « doctrine d’emploi » 1951 . 1ère machine-outil à commande 1952 numérique ; = prédominance de la logique de . arme nucléaire à fusion 1953 confrontation 1er transistor 1954

1955 invulnérabilité américaine

1956 Ä

1957 Spoutnik I

1958 Explorer I Ä er 1959 . UNIVAC SSC : 1 ordinateur

intégralement transistorisé er mise en place du monde bipolaire . 1 satellite militaire d’observa- « représailles massives » tion Discoverer A 1960 laser 1961 parité stratégique . 1er circuit intégré er par . 1 homme (Gagarine) dans l’espace 1962 vulnérabilité réciproque Telstar (satellite de communica- (« destruction mutuelle tions) 1962 assurée ») ème 1963 2 phase American Standard Code for « guerre froide » Information Interchange (ASCII) de numérisation des textes 1964 1965 . 1er ordinateur à circuits intégrés . super ordinateur Illiac IV 1966 1967 = prédominance de la logique de 1968 coopération 1969 . 1er homme (Armstrong) sur la Lune . 1ère station orbitale soviétique 1970 fibre optique

1971 1er microprocesseur Ä Ä (INTEL 4004)

1972

1973

1974 1er protocole d’interconnexion

entre réseaux militaires (Internet)

1975 1976 « détente » super ordinateur Cray I er 1977 1 micro-ordinateur « grand public » (Apple II) 1978 1979 Ariane 1980 3ème phase « guerre froide » protocoles Internet dans le domaine public 1981 « riposte graduée » . 1ère navette spatiale (Columbia) = prédominance de la logique de . 1er ordinateur portable 1982 confrontation 1er drone opérationnel 1983 programme I.D.S. 1984 radiotéléphonie cellulaire 1985 Ä super ordinateur Cray II 1986 1987 Asymetric Digital Subscriber Line- reprise des affrontements ADSL 1988 1989 2-12 : Malte = fin « guerre froide » 1990 Guerre du Golfe 1991 21-12 : fin URSS STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 5 -

DATES RELATIONS STRATÉGIE SCIENCES ET TECHNIQUES INTERNATIONALES 1992 1993 monde unipolaire 1994 1995 Guerre de Bosnie Ü Ä retour guerre sur continent européen « dissuasion minimale » 1996 connecteur Universal Serial Bus + (USB) 1997 définition du standard général de « révolution dans les affaires base pour le déploiement de militaires » réseaux numériques sans fil (Wi Fi) essais nucléaires officiels Inde + 1998 (11 et 13/5) et Pakistan (28 et 30/5) lutte contre la prolifération des 1999 Guerre du Kosovo Ü armes de destruction massive retour tensions avec Russie & convergence Russie-Chine face + OTAN guerre contre le terrorisme 2000

+

« guerre préventive »

2001 11-9 : attaque terroriste contre les monde multipolaire . programme Missile Defense Etats-Unis Ü . premier drone Predator armé Guerre d’Afghanistan --> 2014 Ä (missile Hellfire) 2002 . 13-6 : fin de l’application du traité ABM ; « dissuasion minimale » . 17-10 : les Etats-Unis révèlent que le programme nucléaire + nord-coréen se poursuit depuis 1994 en dépit des engagements conflits asymétriques contraires signés par Pyongyang ; . 8-11 : adoption de la résolution + 1441 sur le désarmement de l’Irak. lutte contre le terrorisme

+

cyberguerre

2003 20-3- : les États-Unis et la + réseau social MySpace Grande-Bretagne attaquent et occupent l’Iraq --> 18-12-2011 montée en puissance Chine 2004 réseau social Facebook 2005 + réseau social Twitter 2007 premier iPhone 2008 8/16 août : guerre de la Russie réarmement Russie contre la Géorgie Ü . coup d’arrêt extension OTAN + 2011 * 15 février : début de la guerre civile en Libye Ü guerre hybride . intervention OTAN (19/-31/10) . chute de Kadhafi . poussée islamiste radicale * 15 mars : début de la guerre civile en Syrie Ü . désaccord OTAN/Russie-Chine . poussée islamiste radicale 2012 17 janvier : début de la guerre contre les islamistes radicaux dans le nord du Mali Ü . intervention France (opération Serval) avec soutien ONU, UA, UE & États-Unis . devient une opération concernant l’ensemble du Sahel le 1er août 2014 (Barkhane)

STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 6 -

DATES RELATIONS STRATÉGIE SCIENCES ET TECHNIQUES INTERNATIONALES 2014 * début crise en Ukraine monde multipolaire 27 février : La Russie masse des troupes à la frontière avec Ä l’Ukraine et des combattants non identifiés prennent position en « dissuasion minimale » Crimée 16 mars : pseudo-référendum en + faveur du rattachement de la Crimée à la Russie conflits asymétriques 6 avril : des séparatistes prorusses déclenchent une guerre + civile à l’est de l’Ukraine (Donbass) lutte contre le terrorisme Ü . sanctions internationales (États- + Unis et Union européenne) . renforcement dispositif OTAN cyberguerre

* Création d’un État salafiste + djihadiste 29 juin : l’organisation État montée en puissance Chine islamique (Daech) annonce le rétablissement du califat dans les + territoires sous son contrôle dans le nord de la Syrie et de l’Irak Ü réarmement Russie . intervention aérienne coalition internationale +

* relance guerre civile au Yémen guerre hybride 21 septembre : les rebelles houthistes s’emparent de Sanaa Ü internationalisation (rivalité Arabie Saoudite-Iran) . intervention (Tempête décisive) coalition dirigée par Arabie Saoudite (25 mars 2015) 2015 . intervention militaire Russie en Syrie 30 septembre : début frappes aériennes contre une partie des groupes armés qui luttent contre le régime de Bachar al-Assad (allié de Moscou). Les djihadistes salafistes sont épargnés. Ü démonstration capacité projection de forces, maîtrise hautes technologies et volonté retour sur scène internationale STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 7 -

MICRO-DICTIONNAIRE DE STRATÉGIE NUCLÉAIRE :

arme utilisant l’énergie résultant : - soit de la fission de noyaux lourds arme nucléaire : d’ ou de (bombe A ; ( ) fission bomb ) ; ou arme absolue - soit de la fusion de noyaux légers (ultimate weapon ) d’hydrogène (bombe H, dite également thermonucléaire ; H-bomb ). La bombe nucléaire combine les effets de souffle, de chaleur et de radiation. arme nucléaire tactique : arme nucléaire de faible puissance et d’une ( tactical nuclear weapon ) portée inférieure à 500 km. arme thermonucléaire de faible énergie. Les arme à rayonnement renforcé : rayonnements neutroniques sont accrus pour ( enhanced-radiation weapon ) produire leurs effets à grande distance tandis ou bombe à neutrons que les effets de souffle et de chaleur sont (neutron bomb) limités. bombardier stratégique bombardier à long rayon d’action équipé (heavy bomber) d’armes nucléaires (bombes par gravitation ou missiles de croisière ALCM à longue portée). couplage situation dans laquelle la sécurité de l’Europe (coupling ou linkage) occidentale et celle des Etats-Unis sont présentées comme indissociables. découplage situation dans laquelle la sécurité de l’Europe (decoupling ou delinkage) occidentale et celle des Etats-Unis sont perçues comme dissociables. destruction mutuelle assurée : capacité qu’ont deux adversaires de ( mutual assured destruction-M.A.D. ) s’anéantir. menace d’exercer, avec des armes nucléaires, dissuasion nucléaire : des destructions inacceptables contre un ( nuclear deterrence ) adversaire afin de le détourner de ses projets d’agression. durcissement : ensemble de mesures (défensives et (hardening) offensives) prises pour réduire la vulnérabilité des systèmes d’armes nucléaires. écart circulaire probable (E.C.P.) : évaluation du degré de précision d’un missile ( circular error probable ) par rapport à la cible qu’il doit atteindre. euromissile : missile balistique à portée intermédiaire (European missile) déployé par les Soviétiques et les Américains sur le continent européen entre 1977 et 1987. forces anti-cités : armes nucléaires destinées à la destruction ( countercity forces ) d’objectifs ennemis civils (countercity strikes). forces anti-forces : armes nucléaires destinées à la destruction ( counter military forces ) d’objectifs ennemis spécifiquement militaires (counter-forces strikes ). force de frappe : dénomination de la force nucléaire française ( strike force ou French nuclear deterrent ) sous le général de Gaulle. STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 8 - frappe en premier : initiative d’emploi de l’arme nucléaire. (first use) frappe en second : exercice de représailles nucléaires contre un (second strike ) pays agresseur. (première) frappe attaque contre les moyens militaires de ou frappe préemptive : l’adversaire, contre son potentiel économique (first strike et ses centres de décision, alors que l’on a la ou preemptive strike ) conviction qu’il s’apprête à l’agression. impulsion électro-magnétique : effets d’une explosion nucléaire interrompant ( electro magnetic pulse-E.M.P. ) tous les systèmes de communications. leurre : équipement destiné à tromper les systèmes de (decoy) détection de l’adversaire. mirvage : équipement permettant de guider chacune des ( mirving ; vient de multiple independently têtes nucléaires du véhicule de rentrée d’un targetable re-entry vehicle-M.I.R.V. ) missile sur des cibles distinctes. missile anti-balistique : missile capable d’intercepter et de détruire un ( Anti-Ballistic Missile-A.B.M. ) missile balistique. missile doté d’une charge nucléaire, subsonique, volant à très basse altitude et doté d’un système de guidage lui conférant une missile nucléaire de croisière : très grande précision. (nuclear ) Il peut être tiré à partir : - du sol ( Ground Launched Cruise Missile- G.L.C.M. ), - de la mer ( Sea Launched Cruise Missile - S.L.C.M. ), - d’un avion ( Air Launched Cruise Missile - A.L.C.M. ). missile nucléaire à longue portée : missile doté d’une (ou plusieurs) charge(s) ( Long Range Ballistic Missile- L.R.B.M. ) nucléaire(s), dont la portée est supérieure à 5 500 km. missile doté d’une (ou plusieurs) charge(s) nucléaire(s), dont la portée est comprise entre 500 et 5 500 km. missile nucléaire à portée intermédiaire : On distingue (Intermediate Range Ballistic Missile - - les missiles à portée intermédiaire – 1 000 à I.R.B.M.) 5 500 km - qui constituent les Intermediate Range Nuclear Forces-I.R.N.F. ; - les missiles à plus courte portée – 500 à 1 000 km - qui constituent les Shorter Range Intermediate Nuclear Forces-S.R.I.N.F. . missile doté d’une (ou plusieurs) charge(s) nucléaire(s), capable de produire des destructions massives chez l’adversaire. Il peut être tiré à partir de : missile nucléaire stratégique : - silos à terre ( Intercontinental Ballistic ( strategic nuclear weapon ) Missile – I.C.B.M. ; Sol-Sol Balistique Stratégique-S.S.B.S.), - sous-marins ( Sea Launched Ballistic Missile-S.L.B.M. ; Mer-Sol Balistique Stratégique-M.S.B.S. ). STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 9 - missile nucléaire tactique : missile doté d’une charge nucléaire, dont la ( tactical nuclear weapon ) portée est inférieure à 500 km. non-utilisation en premier : engagement de ne pas recourir à l’arme ( no first use ) nucléaire pour une attaque surprise. ogive : partie du missile portant la charge nucléaire et (nuclear warhead) destinée à rentrer dans l’atmosphère terrestre. représailles massives : emploi de l’arme nucléaire en très grande ( ) quantité pour répondre à une agression. riposte graduée : emploi des moyens diversifiés pour répondre ( flexible response ) à une agression, l’arme nucléaire n’étant utilisée qu’en dernier recours ( last resort ). sanctuaire : territoire couvert par la dissuasion nucléaire. (sanctuary ) surarmement : résultat de la course aux armements nucléaires (overkill ou overkilling) qui met un pays dans la situation de pouvoir détruire plusieurs fois son adversaire. système avancé : armement déployé à l’extérieur du pays (forward based system) détenteur. partie supérieure d’un missile, portant la (ou véhicule de rentrée les) tête(s) nucléaire(s). ou véhicule de dispersion des ogives Lorsqu’il est doté de plusieurs ogives, il en ( re-entry vehicle ou bus ) assure la distribution séquentielle vers des objectifs différents. véhicule de rentrée manœuvrable : partie supérieure d’un missile capable de (manœuvrable re-entry vehicle-Ma.R.V. ) modifier sa trajectoire afin de rendre plus difficile son interception. STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 10 -

LE MÉCANISME DE LA « DISSUASION NUCLÉAIRE »

« Désormais, le but de la stratégie doit être d’affecter la volonté de l’ennemi, non de le détruire ». Henry Kissinger, « Stratégie et organisation », Foreign Affairs, avril 1957.

« Nous sommes à l’ère atomique et nous sommes un pays qui peut être détruit à tout instant, à moins que l’agresseur ne soit détourné de l’entreprise par la certitude qu’il subira, lui aussi, des destructions épouvantables ». , Conférence de presse tenue au Palais de l'Elysée le 14 janvier 1963 (extraits).

« Toute politique militaire doit être fondée sur les réalités. Aujourd’hui, par une mutation formidable, la réalité des épreuves de force a pris, avec le fait nucléaire, une dimension essentiellement dissuasive. La puissance de destruction, massive et instantanée, que procure l’arme nucléaire fait peser sur le monde, en un raccourci apocalyptique, une menace tellement gigantesque qu’elle rend inconcevable la guerre totale comme moyen actif de la politique. Le risque nucléaire confère à la défense une dimension radicalement nouvelle. […] La dissuasion nucléaire repose sur une commune intelligence par les adversaires de la démesure du risque encouru, fruit de la puissance nucléaire et de la détermination de qui la détient. Elle ne vaut et ne s’applique que dans le cas d’une menace directe sur les intérêts vitaux de l’un et si elle fait peser sur l’autre un risque immédiat hors de proportion avec l’enjeu de conflit. Les intérêts vitaux ne seraient-ils pas en jeu, que la menace du recours à l’arme nucléaire n’aurait aucune crédibilité. Quel responsable prendrait d’ailleurs l’initiative de la brandir dans ces conditions, sans l’assentiment de son pays et au risque de le placer au ban des nations ? En tout cas apparaît ici le caractère exclusivement national et essentiellement défensif de la dissuasion. Comment se définissent les intérêts vitaux d’un pays sinon par référence unique à ce pays lui-même ? C’est d’ailleurs bien ce qui inspire le jeu que mènent ensemble les États-Unis et l’Union Soviétique au-dessus des puissances moyennes. S’ils reconnaissent objectivement que le jeu de la dissuasion ne peut valoir entre eux que dans le cas où leurs sanctuaires nationaux se trouvent directement menacés, il faut bien en conclure - et c’est l’évidence - que la défense de l’Europe occidentale ne saurait bénéficier automatiquement de la dissuasion nucléaire. Depuis fort longtemps, les Américains l’ont senti et ont adopté à l’usage de l’Europe leur stratégie de riposte graduée qui est un palliatif et pour certains une illusion. […] Face à ces faits, il appartient à la France d’en tirer les conséquences, c’est-à-dire d’adopter pour elle-même une stratégie de dissuasion fondée sur une capacité nucléaire nationale. […] La guerre totale n’est plus un moyen politique de parvenir à ses fins. Il ne s’agit plus de recourir à la guerre et de la faire pour vaincre. Dans un conflit nucléaire, il ne saurait y avoir que des vaincus. Devant les horreurs d’une guerre totale à l’ère atomique, la stratégie nucléaire invite les adversaires à recourir aux voies de la stratégie indirecte. On peut constater à quel point une telle mutation a déjà modifié profondément les données de l’organisation militaire. La permanence prend le pas sur la mobilisation et la qualité sur la quantité. […] Le système de riposte nucléaire stratégique doit avoir une capacité de destruction telle qu’un agresseur éventuel soit dissuadé d’entreprendre contre notre territoire une action qu’il paierait d’un prix exorbitant. La crédibilité militaire de cette force repose sur sa puissance, mais aussi sur sa sûreté et sur sa capacité de pénétrer les défenses adverses. […]». Ministère de la Défense, Livre blanc sur la défense nationale, tome I, Paris, 1972.

STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 11 -

« La stratégie de dissuasion nucléaire est un mode préventif de la stratégie d’interdiction qui se donne pour but de détourner un candidat-agresseur d’agir militairement en le menaçant de représailles nucléaires calculées de telle sorte que leurs effets physiques probables constituent, à ses yeux, un risque inacceptable eu égard aux finalités politiques motivant son initiative. […] En bref, et c’est sa spécificité, la dissuasion nucléaire est une stratégie de non- guerre, de non-emploi réel des forces armées. L’effet inhibiteur se fonde sur un emploi virtuel des forces […] ». général Lucien Poirier, Des stratégies nucléaires, Bruxelles, 1988 [1ère édition : 1977], Complexe, pp. 132-133.

LES « REPRÉSAILLES MASSIVES »

« […] Le risque d’agression soviétique sera minimisé par le maintien d’une posture de sécurité vigoureuse, mettant l’accent sur une capacité de représailles offensive adéquate et une force défensive. Ceci doit être fondé sur une capacité atomique massive, y compris les bases nécessaires ; […] des forces disponibles des Etats-Unis et de leurs alliés déployées de manière adéquate pour dissuader ou initialement contrer l’agression […] ». NSC 162/2, 30 octobre 1953 (extraits).

« Nous voulons pour nous-mêmes et pour les autres nations libres une maximum à un prix acceptable. La défense locale sera toujours importante, mais il n’est pas de défense locale qui puisse, à elle seule, contenir les énormes forces terrestres du monde communiste. Il convient de renforcer les défenses locales par le pouvoir de dissuasion d’une force de représailles massives. L’agresseur éventuel doit savoir qu’il ne peut pas toujours dicter les conditions de combat qui lui conviennent […] Le monde libre ne pourra décourager l’agression que s’il est disposé et capable de riposter vigoureusement aux endroits et avec les moyens de son choix. […] Si l’ennemi peut choisir l’heure, le lieu et la méthode de combat - et si nous continuons d’avoir pour politique de répondre à l’agression par des interventions directes et locales -, nous devons nous attendre à devoir nous battre dans l’Arctique et sous les tropiques, en Asie, dans le Proche-Orient et en Europe, sur mer, sur terre et dans les airs, avec des armes anciennes et des armes nouvelles. Le coût global de notre effort en matière de sécurité, à l’intérieur comme à l’extérieur, s’est élevé à plus de 50 milliards de dollars par an et prévoyait pour 1952 un déficit budgétaire de 9 milliards de dollars, et pour 1954 de 11 milliards de dollars. Nos alliés ont supporté un fardeau analogue. Cette situation ne pourrait se prolonger longtemps sans avoir de graves conséquences financières, économiques et sociales. Mais avant que les plans militaires puissent être changés, le Président et ses conseillers […] devaient prendre certaines décisions politiques de base. C’est ce qui a été fait. La décision fondamentale était de s’en remettre essentiellement à un important potentiel de représailles instantanées par tous les moyens et aux endroits que nous choisirons […] » John Foster Dulles, Communication au New York Council for Foreign Affairs, 12 janvier 1954.

LA PERCÉE TECHNOLOGIQUE QUI CHANGEA LE RAPPORT DES FORCES

« Une super-fusée balistique intercontinentale à étages a été lancée il y a quelques jours. Les essais de la fusée ont été couronnés de succès. Ils ont confirmé les calculs effectués et la conception choisie. La fusée a volé à une altitude sans précédent, couvrant une grande distance en peu de temps. Elle a atterri dans la zone prévue. Les résultats obtenus montrent qu’il est possible de diriger les fusées vers n’importe quelle partie du monde.

STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 12 -

La solution du problème des fusées balistiques intercontinentales permettra d’atteindre des régions éloignées sans recourir à l’aviation stratégique, qui, à l’heure actuelle, est vulnérable à la D.C.A. moderne. En raison de l’énorme valeur scientifique et de l’extrême importance de cette expérience pour le renforcement de la défense de l’U.R.S.S., le gouvernement soviétique exprime sa gratitude à tous les travailleurs […] » Communiqué de l’Agence Tass, 27 août 1957.

LA « RIPOSTE GRADUÉE »

« […] Les États-Unis sont arrivés à la conclusion que, dans toute la mesure du possible, la stratégie nucléaire dans la guerre nucléaire générale doit être approchée d’une manière très semblable à celle dont on envisageait les opérations militaires plus conventionnelles dans le passé […] C’est-à-dire que notre principal objectif en cas de guerre nucléaire […] devrait être la destruction des forces militaires de l’ennemi et non pas de sa population civile […] en même temps qu’une tentative pour préserver la façon de fonctionner et l’intégrité de la société alliée. […] Si les deux côtés devaient limiter leurs attaques à des cibles militaires importantes, les dommages, quoique élevés, seraient néanmoins substantiellement plus réduits que si des objectifs urbains-industriels étaient visés. Si les Soviétiques confinent leurs attaques à des cibles militaires, les États-Unis subiraient 25 millions de morts et l’Europe peut-être un peu moins. D’un autre côté, s’ils attaquaient des cibles urbaines-industrielles aussi bien que militaires, ils pourraient subir 75 millions de morts et l’Europe devrait faire face à la perspective d’en perdre 115 millions. Au vu de ce calcul, les Etats-Unis ont développé leurs plans de façon à permettre une variété de choix stratégiques […]». Robert McNamara, Discours secret d’Athènes aux États membres de l’O.T.A.N., 5 mai 1962.

« […] Le principal objectif militaire en cas de guerre nucléaire provoquée par une attaque majeure contre l’Alliance devrait être la destruction des forces militaires de l’ennemi et non pas de sa population civile. […] ». Robert McNamara, Discours d’Ann Harbor, 16 juin 1962

POUR LA « RIPOSTE GRADUÉE »

« […] Aujourd’hui, […] les deux camps ont, l’un comme l’autre, un pouvoir de dévastation qui n’a jamais encore été atteint, ni même imaginé, dans l’histoire humaine. Il est donc probable qu’un conflit armé mettant en jeu les intérêts essentiels de l’un ou l’autre camp aboutirait non pas seulement à la défaite de l’un ou de l’autre, mais à la destruction quasi totale des deux. Ce fait détermine nécessairement dans une mesure croissante l’attitude des puissances à l’égard de l’emploi de la force en tant qu’instrument politique ; en effet, les gouvernements ne peuvent plus envisager ni une guerre totale classique, ni une guerre limitée, sans risquer l’utilisation des armes nucléaires. À considérer l’histoire jusqu’à nos jours, il semble que la paix ait été entrecoupée, inévitablement, de guerres d’une férocité toujours croissante. L’énorme pouvoir de dissuasion de la puissance de frappe nucléaire est un facteur nouveau qui autorise, si nous savons maintenir l’équilibre des forces, l’espoir de conserver la paix jusqu’à ce que le désarmement vienne apporter une solution plus durable. Nous devons donc, ainsi que nos alliés, être en mesure de déployer partout où nous en aurions besoin des forces suffisantes pour maintenir cet équilibre et pour éviter que la tension n’aboutisse à un conflit majeur. […] Nous devons continuer […] à faire comprendre aux agresseurs éventuels qu’en cas d’attaque, nous riposterions par tous les moyens que nous jugerions utiles, qu’ils soient classiques ou nucléaires. Or, si nous disposions uniquement d’armes nucléaires, cela ne serait pas plausible. Il nous faut donc maintenir un équilibre entre les armes classiques et nucléaires. Les unes et les autres doivent être suffisamment STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 13 - importantes pour ne pas encourager l’agresseur éventuel à prendre un avantage rapide et pour empêcher qu’un acte de provocation localisé ne dégénère en un conflit majeur.[…] » Gouvernement britannique, Livre blanc sur la défense, février 1962 (extraits)

CONTRE LA « RIPOSTE GRADUÉE »

« Les limites de la protection nucléaire américaine et les suites probables d’une bataille défensive conduite selon le principe de la riposte graduée conduisent à définir ainsi la finalité de notre stratégie militaire en Europe. Tout conflit armé en Europe portant en germe la ruine possible de notre continent, la notion de victoire militaire perd toute signification pour les Européens - alors qu’elle en conserve une pour les supergrands puisqu’elle leur permettrait d’y préserver, voire d’améliorer, leurs positions marginales dans l’hypothèse d’un conflit global. Le but stratégique de la France ne saurait donc être de contribuer à une bataille défensive plus ou moins prolongée, serait-elle finalement victorieuse, mais d’interdire — ou de contribuer à interdire — le déclenchement de tout conflit armé qui, à partir d’une crise mal contrôlée, pourrait la menacer directement ». général Lucien Poirier, « Dissuasion et puissance moyenne », Revue de Défense Nationale, mars 1972 (extrait).

« Comme il n’est de stratégie rationnellement justifiée et définie que par les finalité politiques qu’elle sert, il est clair que ces fins ne seraient plus identiques pour tous les alliés dès l’instant que l’ennemi franchirait le Rideau de Fer et pousserait vers l’ouest. Les Américains se sentiraient engagés dans une guerre limitée, sur un théâtre extérieur, pour la défense d’intérêts certes majeurs, mais non vitaux au sens strict […] Rien de tel pour les Européens dont les territoires, lieux de leurs intérêts vitaux, seraient directement menacés puis occupés […] À cet écart entre les fins politiques - survivre comme souverains et indépendants pour les Européens, défendre des intérêts extérieurs sans que leur survie soit immédiatement compromise pour les Américains - correspondrait logiquement un écart entre les stratégies des uns et des autres : lutte à mort pour les Européens envahis, guerre limitée pour les États-Unis. […] Le concept rationnel de [riposte graduée…] entend signifier, aux adversaires comme aux alliés, que les États-Unis ne se laisseront pas embarquer dans une aventure qui ne serait pas la leur, qu’ils se réserveront de réagir selon leurs intérêts. […] Nos voisins […se sont pliés] à une doctrine qui, si la dissuasion classique échouait, transformerait le sol européen en théâtre de la future guerre limitée américano-soviétique et en champ de ruines. Guerre limitée en effet pour Washington et Moscou, quel que soit le prix fort attaché à la possession de la vieille Europe. Lutte à mort, guerre totale et d’anéantissement très probable pour leurs alliés respectifs ». général Lucien Poirier, Des stratégies nucléaires, Bruxelles, 1988 [1e édition : 1977], Complexe, pp. 208-210.

« La France ne se connaît pas aujourd’hui d’adversaire désigné. Sa stratégie reste par essence défensive. Le refus de la guerre ou de la bataille conventionnelle et nucléaire qui fonde la doctrine de dissuasion continuera de l’inspirer ». Ministère de la Défense, Livre blanc sur la défense, Paris, 1994

LA DISSUASION « DU FAIBLE AU FORT »

« Il est parfaitement vrai que la quantité des moyens nucléaires dont nous pourrons nous doter n’équivaudra pas, de loin, à la masse de ceux des deux géants d’aujourd’hui. [… Mais] la force nucléaire a ceci qui lui est propre qu’elle a une efficacité certaine, et dans une mesure effrayante, même si elle n’approche pas du maximum imaginable […] la force atomique française, dès l’origine de son organisation, aura la sombre et terrible capacité de détruire en

STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 14 - quelques instants des millions et des millions d’hommes. Ce fait ne peut pas manquer d’influer, au moins quelque peu, sur les intentions de tel agresseur éventuel ». Charles de Gaulle, Conférence de presse tenue au Palais de l'Élysée le 14 janvier 1963 (extraits).

« Si la France fabrique un armement atomique, c’est pour pouvoir à son tour tuer n’importe qui, même les Soviets. Elle pourrait n’avoir que de quoi les tuer une fois, tandis qu’eux auraient de quoi la tuer dix fois, mais le résultat éventuel serait égal ». Charles de Gaulle, Entretien avec le chancelier ouest-allemand Ehrard, 21 novembre 1963 (extrait)

« La carrière de la dissuasion nous est donc désormais ouverte. Car le fait d'attaquer la France équivaudrait, pour qui que ce soit, à subir lui-même des destructions épouvantables. Sans doute les mégatonnes que nous pourrions lancer n'égaleraient pas en nombre celles qu'Américains et Russes sont en mesure de déchaîner. Mais, à partir d'une certaine capacité nucléaire et pour ce qui concerne la défense directe de chacun, la proportion des moyens respectifs n'a plus de valeur absolue. En effet, puisqu'un homme et un pays ne peuvent mourir qu'une fois, la dissuasion existe dès lors qu'on a de quoi blesser à mort son éventuel agresseur, qu'on y est très résolu et que lui-même en est bien convaincu. C'est par là que l'armement moderne de la France, non seulement constitue pour elle la garantie incomparable de sa sécurité, mais encore introduit dans un monde dangereux un élément nouveau et puissant de sagesse et de circonspection ». Charles de Gaulle, Conférence de presse tenue au Palais de l'Élysée le 23 juillet 1964 (extraits).

« Notre système de riposte nucléaire doit avoir une capacité de destruction telle qu’un agresseur éventuel soit dissuadé d’entreprendre contre notre territoire une action qu’il paierait d’un prix exorbitant ». Ministère de la Défense, Livre blanc sur la défense nationale, tome I, Paris, 1972.

L’INDÉPENDANCE NÉCESSAIRE

« La conception d’une défense de la France […] qui soit une défense française, cette conception-là doit être à la base de la philosophie de vos centres et de vos écoles. La conséquence, c’est qu’il faut, évidemment, que nous sachions nous pourvoir, au cours des prochaines années, d’une force capable d’agir pour notre propre compte, de ce qu’on est convenu d’appeler “une force de frappe“ susceptible de se déployer à tout moment et n’importe où. Il va de soi qu’à la base de cette force sera un armement atomique - que nous le fabriquions ou que nous l’achetions - mais qui doit nous appartenir. » Charles de Gaulle, Allocution à l’École Militaire, 3 novembre 1959 (extraits).

« Nous sommes à l’ère atomique et nous sommes un pays qui peut être détruit à tout instant, à moins que l’agresseur ne soit détourné de l’entreprise par la certitude qu’il subira, lui aussi, des destructions épouvantables. Cela justifie simultanément l’alliance et l’indépendance. Les Américains, nos alliés, nos amis, ont eu longtemps, à eux seuls, un armement nucléaire. Tant qu’ils avaient seuls un tel armement et qu’ils manifestaient la volonté de l’utiliser aussitôt si l’Europe était attaquée - car seule l’Europe pouvait alors être attaquée - les Américains faisaient en sorte que, pour la France, la question d’une invasion ne se posât guère, puisque l’attaque était invraisemblable. Il s’agissait alors pour l’Alliance Atlantique, c’est-à-dire pour le commandement américain, de disposer en Europe et en Amérique d’une aviation tactique et stratégique capable de lancer les projectiles atomiques - car, à ce moment-là, seuls les avions pouvaient le faire - et, ainsi, de protéger l’Europe. Il s’agissait aussi de mettre en ligne, en Europe même, des forces conventionnelles terrestres, navales, aériennes qui pussent assurer le déploiement et la mise en œuvre des moyens atomiques. On peut dire que, pendant ce temps-là, la dissuasion jouait à plein, et qu’il y avait un empêchement pratiquement infranchissable à une invasion de l’Europe. […] STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 15 -

Depuis, les Soviets ont eu, eux aussi, un armement nucléaire et cet armement est assez puissant pour mettre en question la vie même de l’Amérique. […] le fait nouveau et gigantesque est là. Dès lors, les Américains se trouvaient , ils se trouvent, devant l’hypothèse d’une destruction directe. Alors, la défense immédiate, et on peut dire privilégiée, de l’Europe et le concours militaire de l’Europe, qui étaient naguère les données fondamentales de leur stratégie, passent, par la force des choses, au second plan. […] la dissuasion est maintenant le fait des Russes comme le fait des Américains, ce qui veut dire, qu’en cas de guerre atomique générale, il y aurait fatalement des destructions épouvantables et peut-être mortelles pour l’un et l’autre pays. Dans ces conditions, personne dans le monde, en particulier personne en Amérique, ne peut dire si, où, quand, comment, dans quelle mesure, les armements nucléaires américains seraient employés à défendre l’Europe. […] la puissance nucléaire américaine ne répond pas, nécessairement et immédiatement, à toutes les éventualités concernant l’Europe et la France. Ainsi, les principes et les réalités s’accordent pour conduire la France à se doter d’une force atomique qui lui soit propre […] ». Charles de Gaulle, Conférence de presse tenue au Palais de l'Elysée, 14 janvier 1963 (extraits).

LA DOCTRINE RUSSE

« […] Quels seront les traits caractéristiques d’une guerre future, du point de vue des objectifs stratégico-militaires et quels seront les moyens de la conduire ? On peut prévoir que les belligérants utiliseront les moyens les plus efficaces et les plus décisifs, et surtout des armes nucléaires en masse pour anéantir l’adversaire et obtenir sa capitulation dans le plus bref délai. Dans ces conditions, la question se pose de savoir ce qui constitue le principal objectif stratégico-militaire de la guerre : la défaite des forces armées, ou bien la destruction des objectifs intérieurs suivie d’une désorganisation de la structure du pays vaincu ? La réponse de la stratégie militaire soviétique est que les deux objectifs doivent être atteints simultanément. L’anéantissement des forces armées ennemies, la destruction des objectifs situés dans ses zones de l’arrière et la dislocation de l’intérieur constituent un seul et même procédé ; Deux facteurs principaux sont à la base de l’enjeu : 1) la nécessité d’écraser l’agresseur dans le plus bref délai, en vue de quoi il faudra lui ôter à la fois ses capacités militaires, politiques et économiques ; 2) nos possibilités réelles d’atteindre ces objectifs à l’aide des moyens existants. […] Les attaques massives par fusées nucléaires joueront un rôle décisif. […] La défaite de l’ennemi, la destruction de ses fusées, avions et armements de toutes sortes s’accompliront au moyen de fusées nucléaires. Ceci créera de nombreuses zones de dévastations et de contamination radioactive. […] Les armes accumulées en temps de paix et les engins qui en sont porteurs pourraient être utilisés à plein par les belligérants dans les premières minutes de la guerre, afin d’annihiler les plus importants objectifs de l’ennemi à travers son territoire et réaliser les desseins militaires et stratégiques au début même du conflit. Par conséquent, la phase initiale d’une guerre nucléaire moderne sera de toute évidence décisive et déterminera le développement et l’issue finale […] À l’ère moderne, une frappe nucléaire contre les centres vitaux en même temps que contre les moyens de combat de l’adversaire sera la façon la plus rapide et la plus certaine de remporter la victoire […] » maréchal Vassili Sokolovski, Stratégie militaire soviétique, 1ère édition : 1962.

STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 16 -

SORTIR DE L’ÈRE NUCLÉAIRE ?

« […] Si l’U.R.S.S. accepte de joindre ses efforts aux nôtres, afin de parvenir à d’importantes réductions dans le domaine des armements, nous aurons réussi à réaliser l’équilibre nucléaire. Néanmoins, il sera toujours nécessaire de tabler sur le spectre des représailles […] Ne serait-il pas préférable de sauver des vies plutôt que d’avoir à venger leur perte ? […] Des consultations approfondies avec mes conseillers, y compris les chefs d’état-major, m’ont amené à penser qu’il y a une solution. Permettez-moi de vous faire partager une vision de l’avenir laissant place à l’espoir ; entamons un programme visant, par des mesures défensives, à contrecarrer la terrible menace que les missiles soviétiques font peser sur nous. Tournons-nous vers la puissance technologique qui a donné naissance aux fondements de notre grande industrie et à laquelle nous devons la qualité de la vie dont nous jouissons aujourd’hui. N’aurions-nous pas lieu de nous réjouir si les peuples libres pouvaient vivre en toute quiétude, sachant que leur sécurité ne dépend pas de la menace de représailles instantanées de la part des États-Unis, soucieux de prévenir ainsi une attaque des Soviétiques, mais que nous pouvons intercepter et détruire les missiles balistiques stratégiques avant qu’ils ne touchent notre sol ou celui de nos alliés. […] J’admets que les armes défensives ont leurs limites, soulèvent un certains nombre de problèmes et ne sont pas exemptes d’ambiguïtés. Si elles sont couplées avec des armes offensives, elles peuvent être perçues comme un encouragement à une politique agressive, et personne ne le souhaite. Ces réserves clairement présentes à l’esprit, j’invite la communauté scientifique de notre pays, ceux qui nous ont donné les armes nucléaires, à consacrer à présent leur immense talent à la cause de l’humanité et à la paix mondiale : à nous donner les moyens de rendre ces armes nucléaires impuissantes et obsolètes. […] Mes chers compatriotes, ce soir nous entreprenons un effort qui promet de changer le cours de l’histoire humaine. Il y aura des risques et il faudra du temps pour obtenir des résultats. Mais je crois que nous devons le faire. […]». Ronald Reagan, Discours à la Nation au sujet de la sécurité nationale, 23 mars 1983 (extraits).

STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 17 -

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE :

e Outre les manuels généraux consacrés aux relations internationales au XX siècle et aux grandes puissances,

BENDJEBAR André, Histoire secrète de la bombe atomique française, Paris, 2000, Le Cherche Midi. LA référence sur la question.

CHEVASSUS-AU-LOUIS Nicolas, Pourquoi Hitler n’a pas eu la bombe atomique ?, Paris, 2013, Economica. Excellente enquête sur une question cruciale de l’histoire contemporaine.

COHEN Samy, La bombe atomique. La stratégie de l’épouvante, Paris, 1995, Gallimard Très bonne introduction à la question.

DELMAS Claude, 1945, la bombe atomique, Bruxelles, 1985, Complexe Très bon historique de la genèse de l’arme nucléaire américaine.

GORCE Paul-Marie (de la), La guerre et l’atome, Paris, 1985, Plon. Excellente rétrospective historique (jusqu’au début des années 1980). Vision très “gaullienne“.

JOXE Alain, Le cycle de la dissuasion (1945-1990). Essai de stratégie critique, Paris, 1990, La Découverte. Essentiel pour une mise en perspective de la réflexion sur l’usage de l’arme nucléaire durant la Guerre froide.

MONTBRIAL Thierry (de) et KLEIN Jean (s.d.), Dictionnaire de stratégie, Paris, 2000, PUF. Des articles fort bien faits.

PÔ Jean-Damien, Les moyens de la puissance. Les activités militaires du CEA (1945-2000), Paris, 2001, Ellipses. Une étude fort intéressante sur un sujet méconnu.

POIRIER Lucien, Des stratégies nucléaires, Paris, 1977, Hachette. Par l’un des pères de la doctrine française de dissuasion du faible au fort. Essentiel pour comprendre la genèse et les premières évolutions des doctrines américaines et soviétiques ainsi que, par contrecoup, de la doctrine française.

WODKA-GALLIEN Philippe, Dictionnaire de la dissuasion, Paris, 2011, Marines Éditions. Nombreuses entrées, avec des notices courtes. Bon outil pour une prise de connaissance succincte.

Indispensable de suivre la presse (même si elle ne consacre pas quotidiennement des articles à l’arme nucléaire et au débat stratégique, les organes cités ci-après s’en font les échos et sont le seul moyen d’actualiser) : . Défense Nationale : le dossier nucléaire est suivi de très près par d’éminents spécialistes. . Le Monde (http://www.lemonde.fr). . The New York Times (http://www.nyt.com/) . The Washington Post (http://www.washingtonpost.com). . The Christian Science Monitor (http://www.csmonitor.com/) . Courrier International (http://www.courrierinternational.com/)

Pour le nucléaire, de précieuses – même si elles ne sont pas toujours exemptes de parti pris – informations sur les sites de : Federation of American Scientists : http://www.fas.org . Stockholm International Peace Research Institute-SIPRI : http://www.sipri.org .

STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 18 -

Les États-Unis ont déclassifié courant 2014 l’ensemble des documents relatifs au projet Manhattan :

Manhattan District History General , head of the Manhattan Engineer District, in late 1944 commissioned a multi-volume history of the called the Manhattan District History. Prepared by multiple authors under the general editorship of Gavin Hadden, a longtime civil employee of the Army Corps of Engineers, the classified history was "intended to describe, in simple terms, easily understood by the average reader, just what the Manhattan District did, and how, when, and where." The volumes record the Manhattan Project's activities and achievements in research, design, construction, operation, and administration, assembling a vast amount of information in a systematic, readily available form. The Manhattan District History contains extensive annotations, statistical tables, charts, engineering drawings, maps, photographs, and detailed indices. Only a handful of copies of the history were prepared. The Department of Energy's Office of History and Heritage Resources is custodian of one of these copies. The history is arranged in thirty-six volumes grouped in eight books. Some of the volumes were further divided into stand-alone chapters. Several of the volumes and stand-alone chapters were never security classified. Many of the volumes and chapters were declassified at various times and were available to the public on microfilm. Parts of approximately a third of the volumes remain classified. The Office of Classification and the Office of History and Heritage Resources, in collaboration with the Department's Office of Science and Technical Information, have made the full-text of the entire thirty-six volume Manhattan District History available on this OpenNet website. Unclassified and declassified volumes have been scanned and posted. Classified volumes were declassified in full or with redactions, i.e., still classified terms, phrases, sentences, and paragraphs were removed and the remaining unclassified parts made available to the public. All volumes have been posted. Following is a listing of the books, volumes, and stand-alone chapters of the Manhattan District History with links to pdf copies. - Book I General - Volume 1 - General - Volume 1 - General Appendix E; General Index - Volumes 2 and 3 were not prepared by the Manhattan Engineer District - Volume 4 - Auxiliary Activities - Chapter 1 - Legislative Contacts of Manhattan District - Chapters 2 through Chapter 5 - Foundation of the National Laboratories (Ch. 2); Program for Production and distribution of radioisotopes (Ch. 3); Research and Development of Atomic Energy for Power (Ch. 4); and Declassification and Distribution of Project Information (Ch. 5) - Chapter 6 - Investigation of the After Effects of the Bombing in Japan - Chapter 7 - Contributions of Representatives of the Manhattan District to the Discussions and Proposals for International Control - Chapter 8 - Press Releases - Part 1 - Chapter 8 - Press Releases - Part 2 - Chapter 9 & 10 - Assistance on the Canadian Pile Project (Ch. 9); and the Oak Ridge Institute of Nuclear Studies (Ch. 10) - Chapter 11 - - Chapter 12 - Activities of the National Bureau of Standards - Chapter 13 - Preparation and Publication of the - Chapter 14 - Investigation of Miscellaneous Processes of Separation of Uranium Isotopes - Volume 5 - Fiscal Procedures - Volume 5 - Fiscal Procedures Appendices - Volume 6 - Insurance Program and Supplement - Volume 7 - Medical Program STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 19 - - Volume 7 - Medical Program Supplement - Volume 8 - Personnel - Volume 9 - Priorities Program - Volume 10 - Land Acquisition CEW - Volume 10 - Land Acquisition CEW Appendices - Volume 11 - Safety Program - Volume 11 - Safety Program Appendix G - Volume 12 - Clinton Engineer Work - Central Facilities - Volume 12 - Clinton Engineer Work - Central Facilities Appendices A, B, & C - Volume 12 - Clinton Engineer Work - Central Facilities Appendices D - Volume 13 - Patents - Volume 14 - Intelligence & Security - Volume 14 - Intelligence & Security- Supplement (w/Appendices) - Volume 14 - Intelligence & Security - Foreign Intelligence Supplement No. 1 - Volume 14 - Intelligence & Security - Foreign Intelligence Supplements Nos. 2 & 3 - Volume 14 - Intelligence & Security - Top Secret Appendix to Supplement - Book II Gaseous Diffusion (K-25) Project - Volume 1 - General Features - Volume 2 - Research - Volume 3 - Design - Volume 4 - Construction - Volume 5 - Operations - Volume 5 - Operations - Supplement No. 1 - Volume 5 - Operations - Appendix - Book III The P-9 Project - Book IV Pile Project X-10 - Volume 1 - General Features - Volume 2 - Research Part I - - Volume 2 - Research Part II - Clinton Laboratories - Volume 2 - Research Part II - Clinton Laboratories - Top Secret Appendix - Volume 3 - Design - Volume 3 - Design Appendices A, B, C, D - Volume 4 - Land Acquisition, HEW - Volume 4 - Land Acquisition, HEW Appendices A, B, C, D, E - Volume 5 - Construction - Volume 5 - Construction - Appendix A - Volume 5 - Construction - Appendices B, C, D, & E - Volume 6 - Operation - Volume 6 - Operations - Appendix A - Volume 6 - Operations - Appendices B, C, D, E - Volume 6 - Operations - Top Secret Appendix - Book V Electromagnetic Project - Volume 1 - General Features - Volume 2 - Research - Volume 3 - Design - Volume 4 - Silver Program - Volume 5 - Construction - Volume 6 - Operation - Book VI Liquid Thermal Diffusion (S-50) Project - Secret Supplement STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 20 - - Book VII Feed Materials, Special Procurement, and Geographical Exploration - Volume 1 - Feed Materials and Special Procurement - Volume 2 - Geographical Exploration - Book VIII Los Alamos Project (Y) - Volume 1 - General - Volume 1 - General Appendices A, B, C, D - Volume 1 - General Appendices E, F - Volume 2 - Technical - Volume 2 - Technical Supplement - Volume 3 - Auxiliary Activities - Chapter 1 - Los Angeles Procurement Office - Chapter 2 - - Chapter 3 - Activities of Ohio State University Cryogenic Laboratory - Chapter 4 - - Chapter 5 and 6 - Navy Participation (Ch. 5) and Sandia (Ch. 6) - Chapter 7 - Boron - Chapter 8 - Chapter 9 - Supplementary Activities

Consulter : https://www.osti.gov/opennet/manhattan_district.jsp STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 21 -

Étude comparative des bombardements conventionnels et nucléaires sur le Japon 66 VILLES TOKYO HIROSHIMA NAGASAKI (9/10 mars (6 août 1945) (9 août 1945) 1945) nombre d’avions - 279 1 B-29 1 B-29 B-29 () () charge explosive 1 121 t 1 667 t bombes 1 bombe A 1 bombe A bombes ≈ 15 000 t de ≈ 20 000 t de (moyenne) TNT TNT

densité de la - 50 000 h/km2 14 000 h/km2 25 000 h/km2 population surface détruite 0,7 km2 41 km2 12 km2 3,8 km2 (moyenne) tués et disparus 330 000 83 600 70/80 000 35/40 000 -> 140 000 -> 100 000 blessés 475 000 102 000 70/150 000 40 000

STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 22 -

STRATÉGIES NUCLÉAIRES cours de M. Gourdin - 23 -

Étude comparative des bombardements conventionnels sur l’Allemagne et nucléaires sur le Japon

HAMBOURG DRESDE HIROSHIMA NAGASAKI (25 juillet- (13/15 février (6 août 1945) (9 août 1945) 3 août 1943) 1945) nombre d’avions 2 714 1 300 1 B-29 1 B-29 (7 raids) (4 raids) (Enola Gay) (Bockscar) charge explosive 8 650 t 3 900 t bombes 1 bombe A 1 bombe A bombes ≈ 15 000 t de ≈ 20 000 t de TNT TNT densité de la zone port = 58 000 h/km2 14 000 h/km2 25 000 h/km2 population 20 000 h/km2 surface détruite 23 km2 13 km2 12 km2 4,5 km2 tués et disparus 35/55 000 25 000 70/80 000 35/40 000 -> 135 000 ? -> 140 000 -> 100 000 blessés 80 000 40 000 70/150 000 40 000