Topographie Du Socialisme Français. 1889-1890
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MARC ANGENOT TOPOGRAPHIE DU SOCIALISME FRANÇAIS 1889-1890 NOUVELLE ÉDITION CORRIGÉE Discours social 2006 õ Volume XXV õ Discours social est une collection de monographies et de travaux collectifs relevant de la théorie du discours social et rendant compte de recherches historiques et sociologiques d’analyse du discours. Cette collection est publiée à Montréal par la CHAIRE JAMES MCGILL D’ÉTUDE DU DISCOURS SOCIAL de l’Université McGill. Elle a entamé en 2001 une deuxième série qui succède à la revue trimestrielle Discours social / Social Discourse laquelle a paru de l’hiver 1988 à l’hiver 1996. Discours social est dirigé par Marc Angenot. Nouvelle série. Année 2006, volume XXV Marc Angenot, Topographie du socialisme français 1889-1890. Un volume de 347 pages (16 par 21 cm) © MARC ANGENOT 2006 Prix de vente franc de port au Canada: $ (CAD) 35.00. En Europe: € 28.00 plus les frais d’envoi. TITRES RÉCENTS DANS LA COLLECTION : 21. L’énonciation identitaire : entre l’individuel et le collectif sous la direction de Danielle Forget. $ 30.00 - € 20.00. 22. Sexe et discours social. Actes du colloque de 2004 édités par Paul Choinière, Oliv. Parenteau, Guil. Pinson, Chr. Poirier. $ 15.00 ; € 10.00 Autres titres prévus en 2006 : 23. Dialogues de sourds: doxa, idéologies, coupures cognitives par Marc Angenot. Nouvelle version revue et augmentée. 24. Barbares & Barbaries aujourd’hui. Actes édités par Janusz Przychodzen et Aurélia Klimkiewicz. 26. Tombeau d’Auguste Comte par Marc Angenot. OUVRAGES DU MÊME AUTEUR Le Roman populaire. Recherches en paralittérature. Montréal: Presses de l’Université du Québec, 1975. «Genres & Discours». Les Champions des femmes. Examen du discours sur la supériorité des femmes, 1400-1800. Montréal: Presses de l’Université du Québec, 1977. Glossaire pratique de la critique contemporaine. Montréal: Hurtubise, 1979. Traduit en portugais. La Parole pamphlétaire. Contribution à la typologie des discours modernes. Paris: Payot, 1982. Réédité en 1995 et 2005. Critique de la raison sémiotique. Fragment avec pin up. Montréal: Presses de l’Université de Montréal, 1985. Traduit en américain. Le Cru et le Faisandé: sexe, discours social et littérature à la Belle Époque. Bruxelles: Labor, 1986. «Archives du futur». Ce que l’on dit des Juifs en 1889. Antisémitisme et discours social. Préf. de MADELEINE REBÉRIOUX. Saint-Denis: Presses de l’Université de Vincennes, 1989. «Culture & Société». Théorie littéraire, problèmes et perspectives, sous la dir. de MARC ANGENOT, JEAN BESSIÈRE, DOUW E FOKKEMA ET EVA KUSHNER. Paris: Presses Universitaires de France, 1989. Coll. «Fondamental». Traduit en chinois, en espagnol et en portugais. Mil huit cent quatre-vingt-neuf: un état du discours social. Longueuil: Préambule, 1989. «L’Univers des discours». Le Centenaire de la Révolution. Paris: La Documentation française, 1989. Topographie du socialisme français, 1889-1890. Montréal: «Discours social», 1991. Le café-concert: archéologie d’une industrie culturelle. Montréal: Ciadest, 1991. L’Œuvre poétique du Savon du Congo. Paris: Éditions des Cendres, 1992, «Archives du commentaire». L’Utopie collectiviste. Le Grand récit socialiste sous la Deuxième Internationale. Paris: Presses Universitaires de France, 1993. Coll. «Pratiques théoriques». Un Juif trahira: l’espionnage militaire dans la propagande antisémitique, 1886- 1894. Montréal: Ciadest, 1994. Rééd. Discours social, 2003. Les Idéologies du ressentiment. Montréal: XYZ Éditeur, 1995. coll. «Documents». Réédité au format de poche, 1997. La Propagande socialiste. Six essais d’analyse du discours. Montréal: Balzac, 1997. «L’Univers des discours». Interdiscursividades. De hegemonìas y disidencias. Córdoba: Editorial Universidad Nacional, 1998. «Conexiones y Estilos». Colins et le socialisme rationnel. Montréal: Presses de l’Université de Montréal, 1999. 3 Les Grands récits militants des XIXème et XXème siècles. Religions de l’humanité et sciences de l’histoire. Paris: L’Harmattan, 2000. Coll. «L’Ouverture philosophique». La critique au service de la Révolution. Louvain: Peeters & Paris: Vrin, 2000. Coll. «Accents». Dialogues de sourds. Doxa et coupures cognitives. Montréal: «Discours social», 2001. Coll. «Cahiers de recherche». Réédition entièrement revue et augmentée en 2006. D’où venons-nous? Où allons-nous? La décomposition de l’idée de progrès. Montréal: Trait d’union, 2001. Coll. «Spirale». L’ennemi du peuple. Représentation du bourgeois dans le discours socialiste, 1830- 1917. Montréal: «Discours social», 2001. On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. Et autres essais. Montréal: «Discours social», 2001. La chute du Mur de Berlin dans les idéologies. Actes du colloque de Paris, mai 2001, sous la direction de MARC ANGENOT et RÉGINE ROBIN. Édités par GUILLAUME PINSON. Montréal: «Discours social», 2002. Interventions critiques I, II, III, IV. Montréal: «Discours social», 2002-03. Coll. «Cahiers de recherche». En 4 volumes, volume V à paraître. Anarchistes et socialistes : 35 ans de dialogue de sourds. Montréal: «Discours social», 2001. Reparu ultérieurement dans : MICHEL MURAT, JACQUELINE DANGEL ET GILLES DE CLERCQ, dir., La parole polémique. Paris: Champion, 2003. L’antimilitarisme : idéologie et utopie. Québec: Presses de l’Université Laval, 2003. La démocratie, c’est le mal. Un siècle d’argumentation anti-démocratique à l’extrême gauche. Québec: Presses de l’Université Laval, 2004. Coll. «Mercure du Nord». Représenter le 20ème siècle. Actes du colloque de septembre 2003 sous la direction de MARC ANGENOT et RÉGINE ROBIN. Édités par JULIA PAWLOW ICZ. Montréal: «Discours social», 2004. Rhétorique de l’anti-socialisme. Essai d’histoire discursive 1830-1917. Québec: Presses de l’Université Laval, 2004. Le marxisme dans les Grands récits. Québec: Presses de l’Université Laval, 2005. 4 Topographie du socialisme français 1889-1890, ouvrage paru en 1989, avec un second tirage en 1991, épuisé depuis plusieurs années, reparaît aujourd'hui en une version qui a été corrigée ici et là, pour la clarté de l'expression et pour quelques détails amendés ou précisés. L'ouvrage demeure toutefois essentiellement semblable à la version originale. L'auteur dont la réflexion a évolué et, à son sentiment du moins, s'est affinée et approfondie, n'a pas cru bon de refaire de bout en bout cette première monographie sur l'histoire des idées socialistes. M. A., décembre 2005 eee 1. Introduction : les années 1889-90, l’étude topographique des discours socialistes « Place au Prolétariat conscient et organisé ! » (Mot d'ordre de Jules Guesde, lancé vers 1889) La présente étude est une partie d’une recherche plus vaste en cours, qui porte sur la sémiotique et la pragmatique historiques de la propagande socialiste. Nous ne dirons que quelques mots de cette entreprise générale dont l’objet est l’imprimé socialiste dans la francophonie européenne entre la Commune et la Révolution bolchévique. L’objet « propagande » est une entité identifié comme telle par le mouvement ouvrier, intriqué à l’analyse polémique et militante de la conjoncture et des « luttes », mais opposé à cet autre objet discursif, la « théorie », la « science » de la société dont le socialisme se dit possesseur, singulièrement le « marxisme » du mouvement ouvrier entre 1871 et 1914. Beaucoup de recherches contemporaines ont abordé les discours tenus par le mouvement socialiste en focalisant sur la production et la diffusion de la théorie, qu’il s’agisse de celle de Karl Marx, ou de celle des français, de Louis Blanc et Proudhon à Benoît Malon et Georges Sorel, ou d’autres doctrines encore, l’anarchisme de Bakounine ou de Jean Grave par exemple, ou le socialisme rationnel de Colins. Dans ce domaine de la théorie, les résultats demeurent paradoxaux et problématiques. Le 5 marxisme du mouvement ouvrier français est apparu à plusieurs chercheurs comme un « marxisme introuvable », un « marxisme imaginaire », une sorte de garant ésotérique, inexistant et fallacieux, évoqué dans la propagande pour légitimer d’une « science » l’émancipation du prolétariat, science somme toute insaisissable. La question posée par Marx, « ni lu ni compris », ni traduit ni diffusé, la légitimation suspecte du langage d’action et d’organisation des partis « révolutionnaires » par une science de la société et de l’histoire réduite à un mythe, ce sont ici des problèmes irritants, mais peut-être sont-ils aussi, d’une certaine façon, mal posés. Plutôt que de chercher à voir ce que le mouvement ouvrier aurait omis d’étudier et de diffuser, il convient sans doute de chercher d’abord à comprendre ce que furent le langage, la rhétorique persuasive et pathétique, les images et les formules, l’« historiosophie », les moyens d’interpréter l’actualité sociale qui ont accompagné effectivement – et non par omission – l’histoire du socialisme, en particulier dans cette phase « classique » de développement du mouvement, de sa vision du monde et de son arsenal de stratégies, qui va de 1871 à 1917. C’est ce langage d’action, dont l’épitomé se trouve dans les paroles de « l’Internationale » de Pottier qui nous intéresse d’abord. Cette « propagande » représente et de loin, l’essentiel, la masse de l’imprimé socialiste en journaux, brochures, chansons, feuilles volantes etc… Il est à noter que le mot de « propagande » – toujours lié à « éducation », « conscience », « conversion » et « organisation » – est abondamment utilisé par le discours socialiste de jadis sans présenter jamais, pas plus que le terme connexe d’« agitation », les dénotations péjoratives qu’y mettront ultérieurement