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www.kashkazi.com le prix de notre survie n° 69 / février 2008 kashkazi 800 fc les vents n’ont pas de frontière, l’information non plus 5 euros ÉMIRATS, ÉTATS-UNIS, IRAN, CHINE, FRANCE, LIBYE... le plan drague quand les puissances mondiales s’intéressent aux comores notre dossier à mort, les villages ? violences en petite terre à la source du mal santé à ngazidja sans famille à el-maarouf “tu crèves” économie à maore les “petits” à l’épreuve du droit commun MOHAMED ALI SAÏD autocrate ou révolutionnaire ? L’oncle Sam, symbole des Etats-Unis. (DR) Ndzuani, Ngazidja, Mwali : 700 fc / Maore : 4 euros / Réunion, France : 5 euros / Madagascar : 2.500 ariary Kenya Airways vous offre trois fois par semaine de très bonnes correspondances vers Dubaï, Johannesburg, Bujumbura, Cairo,Addis Abeba, Mumbai, Bangkok et Guangzhou en transitant par Nairobi. Pour plus de détails, contactez Ario Comores ou votre agence de voyage. EN PRÉAMBULE sommaire (69) Le jeu dangereux 4 INSTANTANÉ EL-MAAROUF avec les “garde-malade” OUANGANI la vie sans ibrahim ni les anjouanais 8 de la démesure sémantique ENTRE NOUS LE JOURNAL DES LECTEURS sur l’unité nationale DES NOUVELLES DE... maalesh PORTRAIT TYPE hachimiya ahamada par Kamal’Eddine Saindou 10 FAUT QU’ÇA SORTE DIPLOMATIK’ anapolis, une réunion de plus IL N'Y A PAS DE GUERRE JUSTE, ni de conflit que l'on préfè- national, je jure qu'il coulera"… 11 RUE DES INCONGRUS re à la paix. Mais que c'est curieux de voir des gens appeler de tous leurs Le recours au terme mythique de "libération" relève de cette même une miss, c’est quand même plus sexy, mon père voeux à la guerre. C'est pourtant ce que font une partie des Comoriens logique de l'exagération. Ndzuani n'est pas occupée par une force étran- depuis la déclaration du président Sambi le 21 décembre à Mwali, gère, mais la seule évocation de sa "libération" glorifie l'action envisa- 12 NOUVELLES DU FRONT ordonnant à l'Armée nationale de développement (AND) de "libérer gée et donne à l'intervention militaire, une légitimité quasi intrinsèque. Anjouan". La crise anjouanaise a pris ce jour-là un tournant dangereux L'effet de sublimation que renvoie ce terme se trouve résumé dans cette NDZUANI en attendant le débarquement... mais visiblement souhaité par une grande majorité des habitants de l’ar- transposition toute trouvée : "Après Anjouan, l'armée doit se préparer à JUSTICE “MORALE” le pari risqué de sambi chipel, qui a suscité deux rassemblements sur la place de l'indépendan- libérer Mayotte", avait lancé un intervenant au dernier rassemblement IMMIGRATION opération “grand spectacle” à maore ce de Moroni, pour réclamer "le débarquement" et déloger le président de soutien au débarquement organisé à Moroni. autoproclamé de Ndzuani, le colonel Bacar. 18 GROS PLAN Si l'on peut comprendre l'exaspération du président de l'Union dont l'au- L'enjeu de l'intervention militaire à Ndzuani ne serait donc plus d'obli- PETITE TERRE la révolte banlieusarde 976 ? torité ne s'exerce pas sur cette partie du territoire national, ainsi que le ger le colonel rebelle à se soumettre aux règles du jeu électoral, mais de désespoir de la population anjouanaise, victime d'exactions effectuées reconquérir la souveraineté confisquée des îles comoriennes. Cela ne 22 DÉCRYPTAGE par les Forces de la gendarmerie anjouanaise (FGA), on comprend dif- semble pas être la préoccupation première d'une opération dite d'instau- 22 GÉOPOLITIQUE-LE PLAN DRAGUE ficilement la culture belliqueuse qui accompagne l'option militaire choi- ration de l'ordre institutionnel. Dans cette confusion voulue, la rue cède quand les puissances mondiales s’intéressent sie pour dénouer la crise politique. aux exagérations et sur la crête des mots détournés de leur sens, elle se aux comores laisse prendre au jeu des manipulations. 26 ÉCONOMIE à maore, les “petits” à l’épreuve Poursuivons ce lexique avec ce militant anti-Bacar. Parlant de l'arri- du droit commun LA RUE COMORIENNE est en effet en effervescence et l'inter- vée à Moroni et à Fomboni de personnes fuyant les exactions perpé- 29 MAORE quand l’état se rabiboche vention armée prévue à Ndzuani est devenue le sujet de prédilection sur trées par les Forces de la gendarmerie anjouanaise, il qualifia ce phé- avec la collectivité toutes les places publiques. C'est à peine si l'on ne chante pas les vertus nomène de "déplacement de population" pour un peu moins ou un 30 MWALI ali saïd, autocrate ou révolutionnaire ? de la guerre pour la justifier comme "le seul moyen de consolider la peu plus d'un millier d'Anjouanais venus à Moroni, oubliant sans nation". L'instinct belliqueux a contaminé le corps social, chacun doute ce que signifie cette expression au Kenya, par exemple, où le 32 OCÉAN INDIEN essayant d'y trouver un signe de puissance et de vitalité plutôt que l'ex- nombre de personnes ayant fui les violences post-électorales étaient GÉOPOLITIQUE une région aux contours instables pression de l'incapacité des hommes à dialo- évalué le 25 janvier à 250.000… guer pour chercher ensemble les réponses 34 appropriées à leurs problèmes. Le discours La Fédération comorienne des Droits de l'Homme (FCDH), dont l'é- GÉOPO ambiant emprunte la voie de l'aveuglement et thique devrait imposer une analyse rigoureuse des situations pour éviter DUBAÏ ses gratte-ciel, ses commerces, ses immigrés Chacun forge déchaîne ces mots empoisonnés dont on ne toute instrumentalisation, écrivait quant à elle dans un récent communi- ses mots pour mesure plus la gravité et la capacité de destruc- qué, qu'un "drame humanitaire qui peut déboucher sur un génocide est doper la haine, tion prouvée en d'autres lieux, et dont l'actuali- en gestation ces jours ci dans l'île comorienne d'Anjouan. Ce qu'on 36 DOSSIER té nous apporte quotidiennement les images appelle pudiquement le pouvoir de fait, arrête, torture, expulse, viole à mort, les villages ? pour légitimer d'épouvante. Insidieusement, les esprits s'y bon nombre de nos frères et sœurs dans cette île martyre et martyrisée la "guerre", pour accoutument, musèlent les voix contraires et quotidiennement". Si les gendarmes anjouanais se livrent à des intimi- 36 au-delà du village, par soeuf elbadawi trouvent des justifications au recours à la vio- dations, des arrestations et des tortures comme l'attestent de nombreux 39 le micro-développement n’a plus la cote justifier la lence sous prétexte qu'elle combat une autre témoignages, rien ne permet de comparer ces exactions à un "génocide" 40 l’émergence du village-état violence, plus forte, plus insupportable. qui, rappelons-le, consiste à exterminer volontairement un peuple. 42 maore, entre le clan et la république violence, pour L'inconscience de la dimension d'horreur que revêt ce terme et un nom- 44 à labattoir, plutôt crever que de perdre préparer à Devenu l'exutoire d'autres frustrations quoti- brilisme insulaire exacerbé à l’extrême décrédibilisent de fait les infor- l’hôpital diennes pour lesquelles on n'a plus de réponse, mations de la FCDH, dont les membres ne se rendent visiblement pas 45 entre dembeni et ouzioini, le lycée... accepter l'horreur. le champ de bataille est habité par un discours compte de l'indécence et du ridicule qu'il y a à assimiler la situation de la démesure. Alors qu'officiellement, l'inter- anjouanaise à celles des Tutsi en 1994, des Juifs et des Tziganes en 1942, vention de l'AND à Ndzuani reste une opéra- des Arméniens en 1915, des Herrero en 1904… tion de rétablissement de l'ordre républicain, la 46 HORS-PISTE rue y voit une "guerre de libération". Certes, le gouvernement de l'Union CULTURE moroni, 2008, le néant culturel ne s'efforce pas de nuancer les mots. En langue comorienne, comme en DERNIÈRE INCURSION dans notre dictionnaire des mots gal- HOMOSEXUALITÉ un tabou insurmontable ? français, l'armée va "libérer" l'île, répète-t-on, laissant volontairement vaudés : "dictature". S'il peut être utilisé pour décrire les errances du s'opérer ce glissement sémantique qui satisfait les fantasmes. Le réta- régime Bacar, qui n’accepte aucun contre-pouvoir et a fait des pouvoirs blissement de l'ordre et la guerre sont pourtant deux notions de sens juri- législatifs et judiciaires des outils de l’éxécutif, voici que des opposants dique différents, n'appelant pas aux mêmes moyens et n'entraînant pas de Sambi l'emploient pour critiquer la politique du président comorien. les mêmes conséquences. Certes, les Comores ont connu des dictatures -relativement peu sanglan- tes. Certes, on peut reprocher au chef de l'Etat les disfonctionnements de la Cour constitutionnelle, le rôle marginal accordé à l'Assemblée et ses A NDZUANI AUSSI, on se livre volontairement à ce jeu mal- incursions dans le système judicaire. Mais la dictature, c'est aussi et sur- sain. Comme cette réplique de Bacar à Sambi lorsqu'il lui conseillait de tout la privation des libertés individuelles, à commencer par celle qui "ne pas pousser les Anjounais à dire qu'un jour nous allons déplacer la consiste à s’exprimer sans contrainte. Sur ce point, les habitants de Mensuel indépendant de l’archipel des Comores édité par la SARL BANGWE PRODUCTION guerre à Ngazidja". Expliquant la réaction des autorités anjouanaises Ngazidja ne peuvent globalement pas se plaindre. Troisième année - numéro 69 face à une éventuelle intervention militaire, Mohamed Abdou Madi Dans un précédent article, nous relevions une certaine propension des BP 53 11, Moroni, Ngazidja, Union des Comores Tel. Moroni : (00 269) 76 17 97 - (00 269) 36 17 97 - 35 66 18 affirme qu'"Anjouan n'a pas de gros moyens mais elle est prête à mener acteurs politiques comoriens à "mettre en scène les peurs et les désirs de Tel.