<<

AMENAGEMENT REGIONAL ET DEVELOPPEMENT TERRITORIA : QUELLE STRATEGIE POUR LA REGION DE TADLA-

El-Houssine NEJMI1 Enseignant chercheur INAU,

Abstract: Regional planning and territorial development: What strategy for the region Tadla/Azilal The region occupies a choise place in the organization of the Moroccan territory. Thus the law of 1997, relating to the organization of the area, entrusts to the region the responsibility for the development of a Regional Diagram of Regional Planning. This document must fix the orientations of regional planning in the long run and this, in accordance with the orientations and objectives retained at the national level. It is also a document which constitutes the framework of reference for the organization and fitting- out and the development and the valorization of the regional territory. Keywords: Tadla-Azilal, Territory planning regional plan, regional development, regional geography

Résumé

La région occupe une place de choix dans l’organisation du territoire marocain. C’est ainsi que la loi de 1997, relative à l'Organisation de la Région, confie aux régions la responsabilité de l’élaboration d’un Schéma Régional d'Aménagement du Territoire (SRAT). Ce schéma doit fixer les orientations d’aménagement du territoire régional à long terme et ce, conformément aux orientations et objectifs retenus au niveau national. C’est aussi un document qui constitue le cadre de référence pour l’organisation et l’aménagement de l’espace et pour le développement et la valorisation du territoire régional. Mots Clés : Tadla-Azilal, Aménagement du territoire, Schéma Régional, Développement régional, géographie régionale.

1 El-Houssine NEJMI ; Docteur en Géographie et Aménagement, Université de Paris 1. Panthéon Sorbonne. Administrateur au Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement de l’Espace ; Inspection Régionale de Tadla Azilal.

مهخص انتهُئت انجهىَت و انتنمُت انتزابُت: اَت استزاتُجُت نجهت تبدال/اسَالل؟ تحتم انجهت مكبنب ببرسا فٍ تنظُم انتزاة ببنمغزة . وهكذا فئن قبنىن 7991 بشأن تنظُم انجهت َمنحهب انمسؤونُت نىضع انمخطظ انجهىي إلعذاد انتزاة . َنبغٍ نهمخطظ وضع مببدا تىجُهُت إلعذاد انتزاة عهً انمذي انطىَم و فقب نهمببدا انتىجُهُت واألهذاف انمعتمذة عهً انمستىي انىطنٍ. بم وَعتبز أَضب وثُقت تىفز إطبرا نتنظُم وتنمُت انمجبل انجهىي .

انكهمبث انمفبتُح: تبدال/اسَالل، انتهُئت انتزابُت، انتصمُم انجهىٌ، انتنمُت انجهىَت، انجغزافُت انجهىَت

Introduction

Cet article met en exergue les disfonctionnements et les problématiques que connait la région de Tadla Azilal, tout en essayant de dégager quelques pistes d’orientation et de développement régional avant l’achèvement du Schéma Régional d’Aménagement du Territoire prévu en 2010.

La région de Tadla-Azilal a élaboré une politique territoriale qui découle d’un choix stratégique se caractérisant par la volonté de rééquilibrer le développement du territoire régional. C’est dans cette perspective qu’en 2005, la région a vue le lancement de son premier schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT). Le SRAT est un document qui se situe dans la continuité de la logique du Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT). C’est un document qui se veut pré-opérationnel et se situe immédiatement en amont de l’action proprement dite. Son objectif principal est de construire un consensus entre les acteurs territoriaux sur le diagnostic régional et sur les orientations d’aménagement et de développement du territoire. Cette forme d’adhésion est donc indispensable à la cohérence des actions publiques, surtout dans un contexte de décentralisation. La finalisation du SRAT devra, à terme, déboucher sur la définition d’un Programme d’Action Régional Intégré (P.A.R.I) dans le cadre d’un Contrat Etat-Région2.

2 Les Cartes sont issues du Schéma Régional d’Aménagement du Territoire de Tadla Azilal : Rapport de diagnostic. Année 2007.

La région de Tadla-Azilal en chiffres

Province Provinces. Entités Province Béni- Fquih Ben Région Administratives Azilal Mellal Saleh Communes 2 4 3 9 urbaines Communes 42 18 13 73 rurales Total 44 22 16 82 17 125 Superficie Km2 10 050 7 075 73% Montagne

Population et Taux d’Accroissement Annuel Moyen (RGPH 2004) Provinces Maroc Province Milieu Béni-Mellal et Région (en millions Azilal Fquih ben Saleh hab.) Pop. 447 330 1,5 % 81 699 2,8% 529 029 1,7% 16,5 2,1% Urb 422 Pop. rur 498 688 0,3 % 0,7% 921 490 0,5% 13,4 0,6% 802 Pop. 504 1 450 946 018 0,8 % 1,0% 0,9% 29,9 1,4% totale 501 519 Tx. Urb 47,3 16,2 36,5 55,1 % Densité 134 50 85 42 ha/km2

I. Problématiques territoriales majeures : les tendances lourdes Des contrastes violents entre la plaine de Tadla et la montagne d’Azilal

1. La Démographie régionale : un fonctionnement non articulé (plaine / montagne) La démographie régionale connait une évolution que l’on qualifie de paradoxale : entassement dans la montagne et stagnation de la plaine. Entre les deux recensements de la population et de l’habitat de 1994 et de 2004, la population de la région de Tadla- Azilal est passée de 1.324.662 à 1.450.519 habitants, enregistrant un taux d’accroissement de 0,9%. Ce taux est légèrement faible dans la province de Béni-Mellal avec 0,8% au lieu de 2,1% dans la période intercensitaire 1982-1994, par rapport à la province d’Azilal, qui a enregistré un taux d’accroissement de 0,1% au lieu de 2,7% entre 1994-2004. Dans les deux provinces, la croissance démographique est devenue moins soutenue.

Des évolutions démographiques contrastées entre la plaine et la montagne La carte de l’évolution de la population présente une situation surprenante sinon paradoxale. La croissance démographique est inversement proportionnelle à la richesse économique. La densité rurale rapportée à la superficie agricole utile (SAU) atteint les mêmes niveaux en montagne que dans le périmètre irrigué. La montagne se caractérise par un surpeuplement qui correspond aux espaces où l’on enregistre les densités de population à l’hectare cultivable les plus fortes (de 60% à plus de 80%). C’est dans ses espaces, où les densités sont fortes, qu’il faudrait qu’il y ait une baisse de la population.

La plaine enregistre une faible croissance et une forte réduction du taux de croissance de la population urbaine. C’est un territoire que l’on qualifie de bassin migratoire, c'est-à- dire une zone d’émigration. Autrement dit, la plaine de Tadla, où l’État, a investit dans l’agriculture et dans l’irrigation, correspond à une zone d’émigration et surtout l’émigration des jeunes vers l’étranger.

Taux d’accroissement de la population rurale (RGPH 1982-1994-2004)

Population rurale 1982/1994 1994/2004 Plaine 1,7 0,2 Dont périmètre 1,8 0,1 irrigué Montagne 1,4 1,0 Dont haute montagne 1,9 1,4 Total région 1,4 0,6

2. La scolarisation et le rôle crucial de l’école A partir des données du recensement de la population et de l’habitat de 2004, il est permis de faire quelques remarques relatives à la scolarisation.

Sur le plan social, l’alphabétisation des jeunes est une donnée importante, et on s’est très bien qu’il existe une corrélation forte entre l’analphabétisme féminin et la mortalité infantile. C’est chez les jeunes analphabètes que l’on enregistre les taux de mortalité infantiles les plus élevés. Et c’est par l’enseignement et l’enseignement des filles qu’on peut réduire la mortalité infantile.

Sur le plan économique, une main d’œuvre efficience devrait savoir lire et écrire. Donc, la question de l’analphabétisme, ou plutôt de l’alphabétisme est en rapport étroit avec la question économique.

La carte qui indique le «taux d’analphabétisme » permet d’avoir une idée claire sur la scolarisation. Elle montre un taux d’analphabétisme qui dépasse 80% dans la montagne. Et si le territoire qui entoure la capitale régionale (ville de Béni Mellal) est dans une situation plus favorable, il n’en reste pas moins que toute la zone, et en particulier la zone du Bour autour du périmètre irrigué, se présente dans une situation qui n’est guère meilleure que celle que nous observons dans la montagne.

3. L’enclavement au cœur des problèmes

L’équipement de base en eau et électricité Les deux cartes qui représentent l’évolution des taux de branchement en électricité et en eau potable entre 1994 et 2004 sont très significatives.

On voit, dans ces cartes, la visualisation d’un fait majeur. C’est l’effort de l’État pour rattraper le retard d’équipement du monde rural. Mais ce dernier a cumulé un retard qui a duré plusieurs décennies, mais depuis au moins dix ans, l’État a réalisé un effort considérable en matière d’équipement, le PAGER (Programme d’Approvisionnement Groupé en Eau Potable des Populations Rurales) avec un taux d’accès des ménages qui est passé de 33% à 47%, et le PERG (Programme d’Electrification Rurale Globale) avec un taux d’accès de 42% à 66%. Mais, les inégalités restent criantes entre la population de la montagne et la population de la plaine, où les niveaux de satisfaction varient de 29% à 56% pour l’eau et de 46% à 75% pour l’électricité. Les résultats sont donc loin d’être satisfaisante.

Les infrastructures routières : le déterminisme géographique Faiblisse de connexion interrégionale

En matière de routes, on observe une opposition très nette entre la plaine du Tadla à la montagne d’Azilal.

Dans la plaine et dans la montagne, la densité du réseau, son organisation et sa fonction ne sont pas de même nature et ne relèvent pas de la même problématique. Si dans la plaine, la fonction est avant tout économique, dans la montagne, la fonction de la route est avant tout sociale. Le désenclavement est une condition préalable de la modernisation de la société y compris sur le plan économique.

Dans la plaine, le réseau est tourné vers l’extérieur et se comprend dans sa relation avec le réseau urbain des régions voisines, notamment avec les villes de Marrakech, -, Khénifra, Fès et Meknès. L’axe principal est la route (RN8) qui relie Marrakech à Fès, dont le trafic est orienté principalement vers le Sud-Ouest, en direction de Marrakech, alors qu’il se réduit vers le Nord-Est, en direction de Fès. L’autre axe est celui qui conduit de Béni Mellal à Casablanca par Khouribga, dont le trafic augmente à partir de . Un troisième axe important est celui qui relie la région à Rabat par (R310). La plaine est ainsi quadrillée par un réseau hiérarchisé. La ville de Béni Mellal est au centre du dispositif qui s’adosse au Dir. La ville de Fquih Ben Salah apparaît comme un carrefour important, qui correspond bien à son rôle de marché rural et de centre du périmètre irrigué. La ville de Kasba

Tadla est un carrefour secondaire au croisement de la R8 et de la R308, bien relié à Béni Mellal, Fquih Ben Salah et Oued Zem. En absence de réseau ferré, la route est le seul moyen de transport pour l’écoulement de la production agricole et pour la liaison avec les grands centres extérieurs à la région. Autrement dit, le problème essentiel de la

plaine est de voir le réseau routier s’adapter aux besoins. Mais, une intensification de la production agricole et agro-industrielle du Tadla ne peut se concevoir sans la voie ferrée.

Dans la montagne au contraire, la route joue certes un rôle économique mais, ce rôle se limite à l’approvisionnement et à la satisfaction de la population en produits divers venant du bas pays (matériaux de constructions, intrants agricoles et outils, produits alimentaires et ménagers, vêtements, etc.). Il faut noter que le réseau routier coïncide

avec l’organisation du réseau hydrographique, puisque les routes suivent en général les vallées. Ce réseau s’ouvre vers la plaine en débouchant sur le Dir, à , à , à ou . Il se termine en cul de sac, au pied des plus hauts sommets de l’Atlas.

La route permet ainsi à la population de rejoindre les centres urbains de la montagne : Azilal, mais aussi Ouaouizaght, Demnate, et au-delà, Béni Mellal ou pour avoir accès aux services plus rares (démarches administratives, médecins spécialistes, commerces, etc..).

La question de l’enclavement/désenclavement est donc ici essentielle. La réponse à ces besoins ouvre aussi des perspectives économiques en particulier dans le domaine touristique.

4. L’Économie régionale La question fondamentale concernant la plaine du Tadla est la mutation du périmètre irrigué.

La problématique structurelle du périmètre est caractérisée par un gaspillage généralisé dans l’utilisation de l’eau d’irrigation, par une stagnation de la production et des rendements, par une absence de valorisation de la production agricole dans la région et par l’immobilisme des structures de production.

La montagne est l’objet d’un processus de rupture démo-écologique qui entraîne la destruction du milieu naturel.

La structure économique de la région La caractéristique économique de la région de Tadla Azilal est la dominance de l’agriculture. Cette activité représente 60% des actifs occupés, suivi par le commerce, le BTP et l’administration qui représentent successivement : 10,6% ; 10,3% et 8,9% des actifs. Il faut rappeler que cette dominance agricole pose plusieurs problèmes.

Le premier problème sur lequel on peut s’interroger est le suivant : où on est cette agriculture, en termes de modernisation technique et de mécanisation ? La carte de la « Capacité mécanique par surface agricole utile » illustre le niveau technique de l’agriculture avec une opposition nette entre la plaine et la montagne. L’espace du Dir apparaît bien comme un espace de transition. Elle fait ressortir parfaitement, d’une part, le périmètre irrigué et le bour qui l’entoure où les taux de capacité mécanique sont élevés, par contre le territoire montagneux et le Dir apparaissent comme des territoires à faible attraction mécanique et qui appartiennent aux zones techniquement traditionnelles.

Profil économique de la région Tadla Azilal selon les branches d'activités (%) RGPH 2004

Agriculture 60

Commerce 50

40

30 Eau électricité et B.T.P énergie 20

10

0

Mines Administration

Non Détérminé Industrie

Transport et Services communication

Le second problème se rapporte à la taille des exploitations. Les cercles les plus importants en matière de population rurale sont Béni Moussa et Demnate, suivis par Fqih Ben Salah et Bzou, autrement dit, le périmètre irrigué et le rebord montagneux de l’ouest regroupent 58 % de la population rurale et de la surface agricole utile (SAU). Les grandes exploitations (de 8 et 10 ha) concernent Kasbah Tadla et Fqih Ben Salah, soit les deux cercles où domine le bour de la plaine, avec ses exploitations de céréaliculture mécanisées. En position moyenne, se trouvent Béni Mellal et Béni Moussa avec des exploitations de 5 à 6 hectares, les plus représentatifs du périmètre irrigué, et El Ksiba, à cheval sur le Dir et la moyenne montagne du nord (Moyen Atlas). En petites micro- exploitations et petites parcelles, se trouvent Azilal, Demnate et Ouaouizaght ; par contre à Bzou, les exploitations sont un peu plus grandes (5 ha). Sur les 26 000 exploitations, près de 22 000 ont moins de 5 ha (82%) et 63% ont moins de 3 ha. L’exiguïté des exploitations les rend incompatibles avec l’ouverture au marché international et les nouvelles orientations de la politique agricole moderne. Un troisième problème se rapporte aux types de cultures. Les trois types de production : les céréales, la betterave et l’élevage représentent près des 3/4 de la superficie du périmètre irrigué. Cependant la région enregistre une stagnation globale de la production, à l’exception des deux cultures fortement subventionnées directement (céréales) ou indirectement (fourrages). Les cultures commerciales et arbustives qui correspondent pourtant à la vraie vocation du périmètre irrigué régressent. Cela pose frontalement la question de l’avenir du Tadla. La question qui se pose concernant cette agriculture, à travers son niveau d’équipement technique et à travers la taille des exploitations ce rapporte à la question déjà évoquée auparavant, qui est la question de surpeuplement. La montagne marocaine, et pas seulement l’Atlas, est en état de surpeuplement. Dans l’état actuel, il y a plus de population que le milieu puisse supporter. Donc, qu’elle est l’ampleur de se surpeuplement dans la région ? La définition proposée est la définition économique de surpeuplement. C’est-à-dire compte tenue des cultures, de rendement, des revenues et compte tenue de la masse de la population, est ce que cette agriculture est capable de faire vivre correctement la population ? La réponse est négative. Cette population vit dans un état de pauvreté, et même pour une large partie d’entre elle, elle est en état de pauvreté absolue. Autrement dit, si on revient à la carte du surpeuplement on constate : Un premier niveau qui correspond à la zone de montagne qui va de jusqu’à et qui englobe des taux de surpeuplement qui dépassent 80%, c’est-à-dire qu’il y a deux fois plus de population que le milieu puisse pouvoir correctement supporter. Nous sommes donc devant une situation extrêmement grave. Un deuxième niveau qui correspond au cercle de Ouaouizaght, avec des taux de surpeuplement qui restent fort (entre 50 et 60%), mais qui n’ont pas l’ampleur de la haute montagne. Un troisième niveau qui correspond au dir, à la plaine et le bour, avec des taux qui varient entre 40 et 50%. Nous sommes donc, en présence d’une surdensification agricole, et celle-ci est à la base du système. Elle se traduit par deux grands mécanismes : le premier correspond à la plaine se traduit par l’émigration des jeunes; le deuxième, correspond à la montagne se traduit par la destruction du milieu. L’agriculture de la

Loi Rang - Taille Population Région Tadla Azilal 1994 - 2004 1000000

Bénimellal POP 2004 POP 1994 100000 Fquih Ben Salah

Souk Sebt Kasbat Tadla Azilal Demnat

10000 1 Rang 10 montagne est donc dans une impasse très sévère. C’est une agriculture qui surconsomme les ressources naturelles pour tenter de faire vivre une population en augmentation. Son résultat économique montre qu’elle n’y parvient pas. Autrement dit, c’est bien le surpeuplement qui est à la base du mécanisme, mais il donne deux processus différents selon qu’on est dans la montagne ou bien dans la plaine.

L’eau : pénurie et gaspillage La question de l’eau est primordiale pour le pays et pour la région de Tadla Azilal. Le Haut -Atlas est, en effet, l’un des principaux châteaux d’eau du Maroc. Il alimente un des émissaires essentiels du Maroc, l’Oum Er Rbia, qui fournit l’eau, non seulement à la plaine de Tadla mais aussi aux régions de Doukkala, à la Chaouia et à Casablanca. Alors qu’ils devraient être strictement interdits, les forages profonds continuent d’être subventionnés de même que les pivots. On est en présence d’un paradoxe inexplicable. L’arrêt immédiat des forages, le contrôle des prélèvements par des compteurs et le paiement du prix de l’eau deviennent donc une nécessité urgente. Ce qui est vrai pour les nappes l’est aussi pour l’eau des barrages qui est gaspillé par le système d’irrigation du Tadla. Le territoire de Tadla, dans sa quasi-totalité, utilise un système d’irrigation qui a certes fait ses preuves dans la période où la pluviosité était suffisante, mais totalement inadapté dans la période de sécheresse qui sévit aujourd’hui, parce qu’il entraîne des gaspillages d’eau à tous les niveaux de la chaîne.

Le système urbain : une armature inachevée Le réseau urbain régional se caractérise par un type équilibré dans la plaine mais peu étoffé dans la montagne Nous rappelons que le concept d’armature urbaine ne s’applique pas à la région de Tadla Azilal. Cette dernière dispose, certes, d’un réseau urbain plus ou moins équilibré, mais se caractérisant par une grande faiblesse fonctionnelle générale de ses villes. La structuration urbaine de la région reste faible.

Le système urbain est ainsi constitué par un réseau peu hiérarchisé mais relativement équilibré du Tadla, dominé par la ville de Béni Mellal. Cette capitale régionale souffre, néanmoins, d’une carence en attributs économiques et de la faiblesse des centres secondaires. La ville d’Azilal, quant à elle, ne polarise que peu son espace. Elle reste une ville incomplète et ne maîtrise pas sa croissance.

Taux Annuel de Villes Population Croissance RGPH RGPH RGPH

2004 1982/1994 1994/2004 Béni Mellal 163 286 2,7 1,5 Fquih Ben Salah 82 446 2,9 1,0 Souk Sebt Oulad 51 049 4,7 2,4 Nemma 40 898 2,1 1,1 Azilal 27 719 6,0 4,4 Demnate 23 459 2,5 2,9 Zaouiat Cheikh 22 728 3,3 1,3 21 466 4,1 1,2 El Ksiba 18 481 3,5 1,9 Total Urbain Région 45 1532 3,1 1,7

Dans la plaine, le maillage urbain est très serré et procède surtout d’un encadrement technique du périmètre irrigué. Les distances entre les centres varient généralement entre 20 et 40 Km. Les villes qui bordent le périmètre de Tadla, à savoir Béni Mellal, Fqui ben Salah, Oulad Ayad et Kasbah Tadla connaissent une croissance qui est directement liée aux activités agricoles du périmètre, en particulier la ville den Fquih Ben Salah qui doit à l’agriculture irriguée son important essor. Les autres villes ont une assise historique et sont situées au niveau du Dir, au contact de la plaine et de la montagne. Dans la montagne, le système urbain est beaucoup plus lâche et se présente sous une forme tout à fait élémentaire. Seuls deux centres assurent un encadrement urbain de base : Azilal, ville au développement récent en relation avec sa fonction de chef lieu de province, et Demnate centre historique ancien mais en déclin. Quelques localités comme Ouaouizaght et polarisent par ailleurs la population rurale environnante grâce à leur offre de services. Dans les parties les plus reculées de la montagne, les souks hebdomadaires assurent un service commercial minimal à une population qui se déplace vers Azilal ou même à Béni Mellal pour des services plus rares (santé, démarches administratives, etc.).

Les principales villes : une dynamique économique limitée L’un des problèmes majeurs des villes de la région de Tadla-Azilal repose sur leurs faiblesses relationnelles, économiques et commerciales avec les principaux centres d’impulsion et de décision nationaux, Casablanca en premier lieu. Plusieurs carences structurelles caractérisent ces villes :

a. La faiblesse de la capitale régionale (Béni Mellal) qui n’a pas été en mesure de dépasser le statut de capitale administrative régionale, et n’a pas su devenir le relais régional de la métropole casablancaise, en raison de faibles capacités d’initiative locale. b. La relation entre Béni Mellal et le reste du territoire est restée au niveau élémentaire de l’administration, du commerce de détail et des services banaux. c. La capitale régionale, Béni Mellal, a un potentiel de développement dans les services économiques et les Industries agro-alimentaires ; un potentiel qui n’est encore valorisé.

Le développement urbain Le mode de développement urbain régional se caractérise par une absence de maîtrise généralisée de l’espace, une extension des villes sur les périmètres irrigués et un foncier et immobilier se caractérisant par des prix proches des records nationaux.

A l’échelle régionale, la question des villes ne porte pas tant sur la mise en place d’une politique d’armature urbaine, mais bien plus sur la nécessité d’une politique d’urbanisation et, plus simplement, de mise à niveau de l’urbanisation. Cela est valable en première urgence pour la capitale régionale (Béni Mellal). Actuellement, Il est prématuré de parler de développement régional alors que les conditions préliminaires ne sont pas encore réunies.

Profil économique de la capitale régionale (Béni Mellal) Part des actifs selon les branches d'activités (en %)

Administration 25 Mines Commerce 20 15

Eau électricité et 10 Services énergie 5

0

Non Déterminé Industrie

Transport et B.T.P communication

Agriculture

II. Les principaux défis régionaux et orientations fondamentales

La région de Tadla Azilal est une région que l’on qualifie de purement administrative. Son espace se caractérise par sa faible cohérence, par une polarité très limitée et par une carence structurelle, la plus évidente étant la faiblesse de la capitale régionale. La carence économique de la ville de Béni Mellal est le fait que la région soit entièrement dépendante des « intermédiaires ». Il manque une catégorie d’opérateurs économiques essentielle, et à cet égard, le périmètre est logé à la même enseigne que le Dir ou la montagne. Dans ce contexte extrêmement contraignant, les orientations majeures en matière de développement régional se présentent comme suit :

1. La mutation du périmètre irrigué Résoudre la problématique du Tadla ne peut réussir que dans la perspective d’une mutation pilotée par les pouvoirs publics dont les principales conditions sont comme suit :

Une gestion qui ne peut réussir que par l’application La gestion de l’eau rigoureuse de la loi 10-95 et de donner à l’Agence du Bassin Hydraulique la direction des opérations.

En consacrant l’essentiel du potentiel aux cultures La mutation des cultures assurant la meilleure valorisation du m3 d’eau.

La mise en place de circuits commerciaux constitue la clef de la mutation des cultures. L’établissement des réseaux commerciaux doit impérativement accompagner la mise en place des infrastructures, par La commercialisation l’implantation d’un agropole qui devra être relié par l’autoroute et la voie ferrée et qui devra par la suite être un incitateur au développement des industries agro- alimentaires.

Il est primordial de concentrer les exploitations afin de doubler leur taille ; ce qui suppose un pilotage et la mise en place des outils adaptés par la création d’une Les structures agraires Société d’Aménagement Foncier et un rôle dynamique de l’Office Régionale de Mise en Valeur Agricole qui pourrait jouer un rôle important dans l’animation et le soutien de la mutation du monde agricole.

2. La protection de la montagne de la dégradation Les axes stratégiques sur lesquels la région est appelée à intervenir et ce en incitant les acteurs publics à mieux consolider leur politique de développement se définissent comme suit :

Désenclavement: Le désenclavement de la montagne constitue un préalable absolu pour le développement. C’est ainsi que Ce programme de désenclavement de la montagne devrait appuyer les réalisations du PNRR en ciblant les zones rurales encore enclavées et où la population est nombreuse.

Protection du milieu la préservation de la forêt est une opération décisive, qui devrait passer par des programmes de sauvegarde, de développement forestier et de lutte contre la désertification, notamment par le reboisement et la protection des bassins versants.

Développement agricole Un développement qui devrait transformer les caractéristiques fondamentales de l’agriculture de la montagne et qui dpit passer par l’arboriculture (Oliviers, Caroubiers et arbres fruitiers) et l’amélioration de l’élevage.

Tourisme Le tourisme de montagne a de l’avenir, aussi bien en moyenne qu’en haute montagne. Il s’agit d’appuyer des micro- initiatives locales de type gîtes rurales et développer les produits de niches. Il faut souligner que le développement du tourisme implique la poursuite de l’effort d’équipement en infrastructures routières actuellement en cours.

3. L’intégration régionale

Cette intégration passe par deux canaux :

Le réseau routier : L’articulation entre voirie nationale et voirie régionale, ici le rôle de la région est primordial dans le dessin de réseau. L’autoroute et la voie ferrée sont les deux composantes essentielles de la structuration de la région et son intégration dans le circuit interrégional et national.

Le système urbain reste le maillon faible de la région. L’approche urbanistique nous conduit à mettre l’accent non seulement sur la capitale de la région : Béni Mellal, mais aussi sur les villes du Dir qui connaissent un développement non contrôlé. Dans la plaine, il est prématuré de parler d’armature urbaine. Dans l’immédiat, il faudrait se préoccuper de la mise en ordre et de l’établissement de la légalité urbaine. En montagne par contre, il y a lieu de se fixer des orientations en matière de villes, pour aider les centres urbains existants à se structurer et pour soutenir le développement des petits centres émergents.

Conclusion

Cet article s’est efforcé de montrer les problématiques et les enjeux de la région de Tadla-Azilal, tout en esquissant quelques pistes d’orientations en matière d’aménagement et de développement régional.

Pour la région Tadla-Azilal, l’impératif du rattrapage des retards accumulés d’équipements et d’infrastructures est une nécessité urgente afin de positionner la région dans le sillage de la compétitivité des territoires. Ceci exige de la part des collectivités territoriales et des acteurs (publics et privés) une nouvelle forme de gouvernance pour réussir ce grand projet.