Chapitre VI La Ville Et Ses Équipements Collectifs
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Chapitre VI La ville et ses équipements collectifs Introduction L'intérêt accordé à la connaissance du milieu urbain et de ses équipements collectifs suscite un intérêt croissant, en raison de l’urbanisation accélérée que connaît le pays, et de son effet sur les équipements et les dysfonctionnements liés à la répartition des infrastructures. Pour résorber ce déséquilibre et assurer la satisfaction des besoins, le développement d'un réseau d'équipements collectifs appropriés s'impose. Tant que ce déséquilibre persiste, le problème de la marginalisation sociale, qui s’intensifie avec le chômage et la pauvreté va continuer à se poser La politique des équipements collectifs doit donc occuper une place centrale dans la stratégie de développement, particulièrement dans le cadre de l’aménagement du territoire. La distribution spatiale de la population et par conséquent des activités économiques, est certes liée aux conditions naturelles, difficiles à modifier. Néanmoins, l'aménagement de l'espace par le biais d'une politique active peut constituer un outil efficace pour mettre en place des conditions favorables à la réduction des disparités. Cette politique requiert des informations fiables à un niveau fin sur l'espace à aménager. La présente étude se réfère à la Base de données communales en milieu urbain (BA.DO.C) de 1997, élaborée par la Direction de la Statistique et concerne le niveau géographique le plus fin à savoir les communes urbaines, qui constituent l'élément de base de la décentralisation et le cadre d'application de la démocratie locale. Au recensement de 1982, était considéré comme espace urbain toute agglomération ayant un minimum de 1 500 habitants et qui présentait au moins quatre des sept conditions énumérées en infra1. En 1994, la procédure pour attribuer le statut d’urbain se fondait sur la confection du seuil d’acceptation pour arrêter la liste des nouveaux centres. Cette classification englobait 10 critères qui prennent en compte les équipements administratifs, de services, d’environnement et 1L’existence d'un réseau d'électricité, d'un réseau d'eau potable, d'un réseau d'évacuation par égout, d'un hôpital ou d'un dispensaire, d'un collège ou d'un lycée, d'un tribunal et d’une population active non agricole d'au moins 50%. 289 d’aménagement, de santé, d’enseignement, de culture et de formation professionnelle, de sport, de tourisme et de loisirs, d’industrie, d’artisanat, de transport et voies de communication et du commerce de détail.2 Tous ces points sont indispensables car ils sont les supports et les catalyseurs de toutes les réalisations visant le bien–être de la population. Une ville est une imbrication d’éléments naturels, d’éléments humains et des équipements, et c’est pour cette raison que l’étude s’attachera à mettre en parallèle les équipements collectifs et la population tant au niveau des régions qu’au niveau des villes, les équipements seront regroupés en groupes homogènes (équipements et services administratifs, équipements et activités de services, équipements d’enseignement ou de formation professionnelle, équipements et services de santé, équipements culturels, équipements d’industrie, d’artisanat et coopératives, équipements et services d’hébergement et de festivité, équipements de sport et loisirs et équipements de transport et de communication). Ensuite l’étude traitera des sources d'approvisionnement en eau potable et en électricité, de l’accessibilité aux équipements pour enfin déboucher sur une hiérarchisation des villes. I- Les équipements collectifs Par équipements collectifs on entend, tous les équipements c'est– à–dire l’ensemble des bâtiments et des installations à gestion publique ou privée qui assurent des prestations de services à la population. Un équipement collectif peut être défini comme étant « un capital ou un investissement matériel et immatériel, (1) dont la création et/ou la propriété – reçue ou non en héritage des générations passées – ainsi que la gestion peut être publique, mixte ou privée (au sens juridique du terme), (2) dont la consommation des biens et services qu’il fournit, à titre gratuit ou onéreux, s’adresse à tous sans exception, (3) ayant seul ou par son adjonction à d’autres équipements un effet de structuration 2Pour plus de détails voir: Chahoua, S. Problèmes de définition de l’urbain: le cas du Maroc in Cahiers de la documentation marocaine, n° 1, Juillet 1995. p. 99–107. 290 physique, économique et sociale de l’espace, (4) et auquel sont affectées nécessairement, sous peine de dysfonctionnements graves: • des dépenses de conservation ; • des dépenses d’investissement et d’amortissement ; • des dépenses de fonctionnement ».3. On a souvent tendance à associer un équipement et un bâtiment, ou une infrastructure, ce qui conduit à amoindrir, voire oublier purement et simplement l'aspect immatériel qui est fondamental. L'ensemble des commerces et des services privés ne sont collectifs ni dans leur propriété, ni dans leur gestion, ils peuvent l'être dans leur usage. On retient ainsi une définition élargie des équipements collectifs, dont la consommation bénéficie à l'ensemble de la population en même temps et lieu, sans condition restrictive de gratuité. Un équipement collectif est donc l'ensemble des constructions, des matériaux, des personnels nécessaires à une fonction collective. Un équipement est considéré comme collectif s'il est mis à l'égale disposition de tous, et s’il profite à tous, ce qui suppose la non–rivalité des consommations et la non exclusion. Pour des raisons manifestes de rentabilité des équipements collectifs publics, l'Etat a tendance à les concentrer en certains points. Qu’ils soient privés ou publics, les équipements s'inscrivent dans une même démarche: organiser, marquer et animer l'espace physique, économique et social. Ils ont pour fonction la satisfaction des besoins collectifs. Derrière la conception, la production et la réalisation des équipements, interviennent les acteurs économiques, qui peuvent être soit des détenteurs de capitaux motivés par la recherche du profit, et leur conduite s'inscrit dans une logique économique lucrative, soit l'Etat qui joue alors le rôle de « redresseur de torts » et dont la démarche obéit à des préoccupations à la fois sociales et économiques. Les différents tels que les élus qu’ils soient députés ou conseillers communaux, les médias et les associations surtout à but non lucratif (Partis politiques, amicales, coopérations...) sont perçus comme des 3Brejon de Lavergnee, N., Politique d’aménagement du territoire au Maroc, Ed. L’Harmattan, Coll. « Villes et entreprises », 1991. 291 contre–pouvoirs ou encore des pouvoirs parallèles, qui viennent limiter, infléchir, voire contrôler les pouvoirs de l'Etat en matière d’équipements. Les équipements sont le reflet d'un certain type d'organisation familiale et sociale et de valeurs culturelles. Ils engendrent aussi des flux monétaires et financiers ainsi que des mouvements de personnes, de marchandises et de véhicules, qui ont un impact sur l'espace où ils sont situés. Les choix gouvernementaux en matière d'équipements collectifs favorisent la transformation du mode de vie des différentes couches sociales, et permettent de quadriller la totalité de l'espace social pour toutes les catégories de la population. Afin de mettre les équipements collectifs à la disposition des populations, on s’appuie, en général sur des normes, dans le but de les répartir d’une manière rationnelle, en tenant compte des contraintes de financement. La base normative au Maroc stipule qu’il faut construire: une école primaire pour 5 000 habitants ; un collège pour 13 000 habitants ; un lycée pour 50 000 habitants ; un centre de qualification professionnelle pour 45 000 habitants ; Un institut de technologie appliqué pour 90 000 habitants ; Et un centre de santé pour 45 000 habitants. La typologie des équipements collectifs doit tenir compte de nombreux facteurs: leur nature matérielle (fonction et rôle urbanistique), leur mode de gestion et de fonctionnement (publique ou privée, nationale, régionale, provinciale ou communale). Les équipements revêtent une importance cruciale, car la ville est censée pouvoir offrir les meilleures conditions de vie, notamment par le biais d’un réseau d’équipements collectifs, dont la finalité est d’assurer certaines fonctions. Jouant un rôle dans l’armature urbaine, ces équipements ont pour but de faciliter la vie de communautés plus importantes, comme celle de la région, voire de la nation. Leur nombre est supposé évoluer pour suivre la croissance de la population, et gagner en qualité du fait de l’évolution des attentes de la société. 292 I.1- La Population des villes Le paysage économique marocain s’est intensément modifié par la dynamique démographique. La population du pays s’est accrue à des rythmes forts. Il en a découlé un rajeunissement considérable du « potentiel humain », qui en dépit d'un ralentissement du rythme d’accroissement au cours des dernières années, continuera à croître, d’une manière significative. Le poids des jeunes, de moins de 15 ans, accentué par le transfert vers les villes d’un grand nombre de ruraux resterait important. Les conséquences directes de cette évolution sur les besoins en équipements sont considérables (logements, établissements scolaires, hôpitaux, crèches...); ainsi que sur l’emploi à travers un chômage difficile à contenir. La part de la population urbaine, qui avoisinait la moitié de la population globale du pays au début de la décennie 90, atteindrait 62% en 2010. La base de données communale a porté sur 295 villes, couvrant une population de 13 407 835 habitants4 dont 9 294 344 résident dans 21 grandes villes, soit 69,3% de la population considérée et 7,1% des villes, 1 422 528 dans 21 villes moyennes (10,6% de la population et 7,1% des villes) et 2 690 963 dans 253 petites villes (20,1% et 85,8% des villes)5. 4Il s’agit de l’effectif de la population au recensement général de la population et de l’habitat de 1994.