La Maison Forte De Niederstinzel (Xive Siècle) Cédric Moulis, Vianney Muller
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La maison forte de Niederstinzel (XIVe siècle) Cédric Moulis, Vianney Muller To cite this version: Cédric Moulis, Vianney Muller. La maison forte de Niederstinzel (XIVe siècle). La pierre dans l’Antiquité et au Moyen-âge en Lorraine : De l’extraction à la mise en oeuvre, PUN - Edulor, pp. 553-569, 2018, 978-2-8143-0506-9. hal-03141936 HAL Id: hal-03141936 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03141936 Submitted on 25 Feb 2021 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Karine BOULANGER Cédric MOULIS LA PIERRE DANS L’ANTIQUITÉ ET AU MOYEN ÂGE EN LORRAINE DE L’EXTRACTION À LA MISE EN œuvre Ouvrage publié avec le soutien : de l’HISCANT-MA – EA 1132 de l’Université de Lorraine de la DRAC Grand Est et de l’association Nord-Est Archéologie PUN – Éditions Universitaires de Lorraine LA MAISON FORTE DE NIEDERSTINZEL (xive SIÈCLe) Cédric MOULIS, Vianney MULLER N Longwy Chiers ZEL Moselle Meuse Sarre Nied N Orne Forbach Verdun Metz Aire MEUSE MOSELLE Pont-à- Mousson Niederstinzel Seille Bar-le-Duc Meurthe Sarrebourg Nancy Toul MEURTHE-ET-MOSELLE Lunéville Ornain Moselle Alluvions récentes Neufchâteau Madon Saint-Dié Alluvions anciennes Crétacé Epinal Jurassique supérieur NIEDERSTI Jurassique moyen VOSGES Jurassique inférieur Saône Trias supérieur Trias moyen Trias inférieur Granites hercyniens e 0 10 1:1000000 50km Paléozoïque et antérieur 26 La pierre en Lorraine dans l’Antiquité et au Moyen Âge Figure 1 : Vue générale de la maison forte entourée de son double fossé (cliché C. Moulis). 1. PRÉSENTATION DU SITE En 1387, l’évêque et le comte de Bar s’emparent de Niederstinzel en représailles aux incartades menées par Folmar, descendant de Johann. Par la suite, diffé- 1.1. Contexte géographique rents coseigneurs administrent ce site. Ils se répartissent et géomorphologique en deux branches, une première regroupant les proches des Geroldseck et une seconde regroupant les proches La maison forte de Niederstinzel est située dans le des Fénétrange. L’ensemble est géré par un prévôt. Ce département de la Moselle, à 3 km au nord de Fénétrange type de gestion est courant dans les régions de droit ger- et à 900 m du village éponyme, dans la plaine alluviale de manique. Le tarissement progressif des sources archivis- la Sarre, au contact des marnes du Keuper et des calcaires tiques subodore que le bâtiment cesse d’être occupé au du Muschelkalk, à 229 m d’altitude. Elle se présente xviie siècle. comme un carré de 27 m de côté aux angles arrondis, assis sur une plateforme légèrement rectangulaire. L’accès En outre, l’analyse du mobilier céramique (277 principal, orienté au sud, est protégé par une barbacane. tessons) et métallique mis au jour lors des fouilles effec- L’ensemble est ceint d’un double fossé circulaire encore tuées par Manfred Schmitt au milieu des années 1980 bien marqué (fig. 1 et 2). au niveau de la barbacane a permis de confirmer les données livrées par les rares documents d’archives pour l’occupation du site (milieu xive-début xviie siècle)2, avec 1.2. Contexte historique du site toutefois une nette diminution du mobilier à partir de L’année de fondation de la maison forte n’est pas l’Époque moderne. connue avec précision, mais l’analyse historique la fait L’état actuel de la recherche sur la maison forte intervenir aux alentours de 1350, lorsque l’évêque de de Niederstinzel fait apparaître deux grandes phases Metz, propriétaire des terres, semble encourager le sire de travaux. La première correspond à l’édification du Johann von Geroldseck à s’implanter près de son ennemi, bâtiment au milieu du xive siècle. Cette étape présente une le sire de Fénétrange. Il lui laisse d’ailleurs le bâtiment en belle unité architecturale et technique mêlant des aspects alleu1. militaires frustes à des fonctionnalités domestiques plus 1. Giuliato 2006b, p. 21-41. 2. Simer 2002. 554 La maison forte de Niederstinzel (XIV e siècle) 10 227m 227m 227m 227,25 227,25 226,75 1 226,75 227,25 227,25 227m 2 227m 227,25 5 227,25 9 227m 3 227,50 227m 227,50 227,25 4 227,75 227,25 4 227,50 8 7 226,50 226,75 6 3 226,75 227,25 227,50 1. Levée de terre 227,50 227,75 2. Fossé 227,50 227,75 3. Levée de terre 2 227,25 227,50 227,25 4. Fossé 227 5. Terrasse 227m 6. Accès actuel 227 m 227,25 7. Pont d'accès primitif 227,25 1 8. Barbacane 227,50 9. Habitation 10. Arrivée d'eau de la Sarre 0 20 m Figure 2 : Plan des vestiges et de la topographie actuels de la maison forte (relevé G. Giuliato et coll.). évidentes. L’ensemble est conçu pour la vie d’une famille 2. PRÉSENTATION de petite noblesse, tels que se présentent les Geroldseck : DE L’INTERVENTION ARCHÉOLOGIQUE une simple enceinte quadrangulaire protégée par un chemin de ronde (défense sommitale), une tour (défense Un chantier d’archéologie du bâti a été initié en latérale) et un fossé double, le tout englobant un logis avril 2008. Il avait pour but la compréhension des élé- seigneurial percé de larges fenêtres, avec des éléments de vations intérieures de l’édifice3. Pour ce faire, différentes confort tels des latrines ou des cheminées. techniques de prise de données et d’analyses ont été pré- conisées. Les aléas des partages successoraux et la gestion en coseigneuries à partir de la fin du xive siècle conduisent Les parties facilement accessibles ont été relevées à repenser l’organisation spatiale et la définition des à la main, selon la technique des repères orthonormés. bâtiments : une cheminée est ajoutée, des murs divisent Pour des questions de sécurité, les parties les plus hautes l’espace en pièces plus restreintes. De même, divers évè- ont été traitées au tachéomètre laser. Il n’a pas été possible nements (attaques, incendies) obligent à un réaména- pour des questions de temps de relever le site en pierre gement des éléments défensifs (rehaussement de la tour à pierre, le parement étant pour l’essentiel composé de et du chemin de ronde, ajout d’une barbacane). 3. Moulis 2008a. 555 La pierre en Lorraine dans l’Antiquité et au Moyen Âge Figure 3 : Élévation intérieure sud (cliché V. Muller). Figure 4 : Élévation intérieure sud (relevé Ch. Grot et A. Ver- net ; tachéométrie V. Muller ; DAO A. Desforges et C. Moulis). Entrée tour PM 3b PM 3 Entrée EST OUEST 0 m 5 m 10 m 15 m 20 m Trous Zone rubéée Enduit Blocage apparent Assise de réglage petit appareil. Deux types d’éléments structurants ont été de moellons calcaires grossièrement équarris, liés à un pris en compte : mortier de chaux d’aspect rosé. – d’une part, les traces inhérentes à l’organisation spatiale de l’habitat domestique et des fonctions militaires Des prélèvements de mortiers, d’enduits et de du site (niveaux de plancher, murs de refend, ouvertures, charbons de bois ont été effectués afin de caractériser au éléments de confort, enduits,...) ; mieux les éléments repérés. – d’autre part, les éléments permettant de En 2009, l’étude s’est enrichie des résultats des comprendre la logique de chantier au moment de la analyses radiocarbone et de ceux d’une prospection construction (trous de boulins, assises de réglage, reprises, géophysique destinée à repérer d’éventuelles structures mortiers…). maçonnées enfouies, ainsi que la profondeur du substrat Les quatre pans du bâtiment ont été désignés rocheux. comme unités murales (UM). La liaison entre chacun En 2010, un chantier d’une semaine s’est déroulé d’eux, formée par un angle arrondi, n’a pas été prise en au printemps afin d’étudier les élévations extérieures. compte, hormis l’angle sud-ouest où l’on observe des élé- Nous nous sommes focalisés sur des faces ouest et sud, ments structurants importants. L’ensemble est composé afin d’obtenir le plus de renseignements possible. Outre un relevé en pierre à pierre des parties accessibles de la 556 La maison forte de Niederstinzel (XIV e siècle) Figure 5 : Élévation extérieure sud (cliché C. Moulis). Figure 6 : Élévation intérieure ouest (cliché C. Moulis). face ouest, un relevé tachéométrique a été effectué sur sud, qui n’est donc percée d’aucune fenêtre. En effet, les parties hautes. Les protocoles mis en œuvre lors du nous sommes face à l’accès principal du site, tourné vers chantier de 2008 ont été également suivis lors de cette la partie la plus exposée à l’attaque. Aucun élément de intervention. vie domestique n’est donc recensé sur ce côté. Un enduit est encore en place à droite de l’entrée sur près de 10 m2. Deux couches superposées sont bien distinctes. La pre- 3. ANALYSE DU BÂTI mière possède une teneur importante en chaux et est mêlée à du sable, des morceaux de grès et des fragments 3.1. L’élévation sud de tuiles. La seconde est chargée d’éléments siliceux plus grossiers. Ce mur présente une élévation maximale de 10 m. L’élévation est également scandée par de nom- La porte d’entrée y est percée en son centre (fig. 3). Seule breuses assises de réglage bien marquées et de trous de une moitié de l’arc de décharge qui surplombait la porte boulins (fig.