WORLD HEALTH ORGANIZATION ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE

ONCHOCERCIASIS CONTROL PROGRAMME IN WEST AFRICA PROGRAMME DE LUTTE CONTRE L'ONCHOCERCOSE EN AFRIQUE DE L'OUEST

I

D'EXPERTS { COMITE CONSULTATIF Session Ad hoc Ouasadougou. I - l5 mars 2002 EAC.AD.8 Original :Français Octobre 2001

ETUDE SOCIO-DBMOGRAPHIQUE DANS LES BASSINS DU HAUT_NIGER MAFOU ET DU TINKISSO RELATIVE A LA PERSISTANCE DE L'ONCHOCERCOSE I

TABLE DES MATIERES

Page

ACRONYMES...... 2

REMERCIEMENTS J

RESUME 4

I. PROBLEMATIQUE 7

II. PRESENTATION DE LA ZONE...... '7

III. OBJECTIFS 8

IV. HYPOTHESES..... 8

V. METHODOLOGIE 8

VI. RESULTATS ET INTERPRETATIONS. 10

VI.I- MISE EN PLACE DES POPULATIONS ET MODE D'APPROPzuATION DES TERRES. IO

VI.2- DISTRIBUTION SPATIALE DES POPULATIONS ...... t2

VI.3- ACCESSIBILITÉ PPS LOCALITÉS...... t4

VI.4- DÉPLACEMENTS DES POPULATIONS...... tl

VI.5- ORGANISATION DES TRAITEMENTS 20

VI.6- PERCEPTIONS, ATTITUDES ET COMPORTEMENTS DES POPULATIONS 24

VI.7. LES TRAITEMENTS ...... 27

VII. RECOMMANDATIONS 32 2

ACRONYMES

A.T.S Agent technique de Santé

C.G Couverture géographique

C.R.D Communauté rurale de développement

C.T Couverture thérapeutique

C.S Centre de Santé

D.C Distributeurs Communautaires

I.E.C Information, Education, Communication

O.C.P Programme de lutte contre l'Onchocercose

O.M.S Organisation Mondiale de la Santé

P.S. Poste de santé

R.G.P.H Recensement général de la Population et de l'habitation

S.A.D Société Aurifère de Dinguiraye

S.A.G Société Aurifère de Guinée

T.I.D.C Traitement Ivermectine sous directive Communautaire. J

REMERCIEMENTS

Ce rapport présente les résultats d'une recherche qui porte sur 1'étude socio-démographique dans les bassins du Haut Niger-Mafou et du Tinkisso dans le but de cerner les causes profondes de la persistance de l'onchocercose.

Pour la réalisation du travail, l'équipe de recherche a bénéficié d'une assistance technique et logistique de l' OCP Ouagadougou, du Projet Onchocercose à travers ses représentations de Odjénné, Kankan, Faranah et Siguiri. Que ces structures en soient vivement remerciées.

Les résultats de ce rapport ne sauraient être atteints sans la collaboration de qualité de :

Mr Mamoudou Dioubaté, Socio-démographe, membre de I'équipe ;

Mr Alpha Mamadou Bah, de l'équipe nationale épidémiologique de Kankan, membre de

l'équipe ;

Mr Manga Kéïta, statisticien démographe ;

Les chauffeurs qui nous ont conduit sur le terrain.

Que tous ceux-ci trouvent ici l'expression de notre très vive reconnaissance.

Nous tenons à remercier en dernier ressort toutes les autorités préfectorales, sous-préfectorales et Ies populations des deux bassins pour leur franche collaboration et leur réceptivité. 4

RESUME

Le profil entomo-épidémiologique de l'onchocercose dans les bassins du Haut Niger Mafou et du Tinkisso suscite encore des préoccupations en dépit de quelques années de lutte combinée antivectorielle et traitement à l'ivermectine. C'est pour élucider cette situation que I'OCP a envisagé la réalisation de cette étude socio-démographique dans les deux bassins.

Le but est de mettre en évidence les causes socio- démographiques qui président à la persistance de l'onchocercose dans les communautés de lazone à l'étude. L'étude a combiné les avantages des recherches quantitatives et qualitatives. Ainsi, 15 villages ont fait l'objet d'enquête repartis entre huit(S) sous préfectures (3 à Faranah, 3 à et2 à Siguiri). Un échantillon de 500 personnes a été constitué (279 hommes et 221 femmes) dont 240 dans le bassin du Mafou et 260 dans celui du Tinkisso. Cétte différence part du fait que la zone du Tinkisso est plus peuplée que celle du Mafou et connaît aussi beaucoup plus le phénomène migratoire.

Les populations des deux bassins ont connu trois périodes essentielles dans le processus de leur installation : période pré-coloniale, coloniale et post-coloniale. Deux axes principaux de migration ont été identifiés : du Nord au Nord-ouest et du Nord au Sud- ouest. Le processus d'occupation des terres a été plus signifrcatif pendant la période médiévale que pendant les deux dernières qui l'ont suivi.

Les premiers occupants se sont réservés le droit de propriété des ressources naturelles. Les group"r lignagers ou claniques qui se sont installés après ont bénéficié des droits d'exploitations. Les modeJ d'àppropriation des terres sont, de nos jours, l'héritage, le prêt, le don et rarement la vente en milieu rural. Dans le Mafou, les mouvements migratoires (occasionnant l'installation définitive des individus ou des groupes dans leur milieu d'accueil) ne sont pas tellement importants. Par contre des déplaceÀenti temporaires (voyageurs à pieds à vélos, à moto, des migrations saisonniers .'.) sont très nombreux.

Les enquêtes, à cet effet, ont révélé 22,09o d'allochtones pour 77,91o d'autochtones. Tandis que le Bassin du Tinkisso est une zone à forte migration avec près de 60o d'allochtones. L'accesiibilité des agglomérations du bassin du Mafou est très faible. A part Tiro, situé sur la nationale, donc bénéficiant d'une accessibilité satisfaisante, toutes les autres sont desservies par des pistes rurales souvent impropres à toute circulation en mauvaise saison. Sur 15 pistes reliant les localités entre elles par exemple : 7 seulement sont praticables pendant toute l'année, 6 pistes pendant 8 mois et deux pendant l0 mois.

En ce qui concerne le bassin du Tinkisso, on retrouve 2 tronçons de route nationale (Kouroussa- Norassàba sur 95 km non revêtu) et Kouroussa- revêtu : 40 km). Toutes les autres agglomérations sont reliées par des pistes rurales dont la praticabilité varie de 8 à 12 mois pendant l'année.

Dans le Mafou, le taux de praticabitité varie entre 07o (1/3 des pistes), 33o (Yalawa et Tiro), 50% (26,6% des pisres).i IOOX (pour l/3 des pistes). C'est dire que 1/3 seulement des agglomérations sountises à l'enquête peuvent être fréquentées à tout moment de l'année.

Dans le bassin du Tinkisso ,60o des pistes sont pratiqués en toute saison. En ce qui concerne les périodes des plus grands mouvements de populations, deux moments ont été identif,rés : 5

Décembre-Janvier et Février, période coTncidant à la fin des récoltes et qui voit les jeunes

partir pour d'autres localités ;

Avril-Mai, période, colncidant au démarrage des travaux agricoles où des jeunes gens en quête de travail salarié viennent en nombre dans les villages.

Les principales localités fréquentées par les migrants du Mafou sont : Faranah-centre, Conakry, N'Zérékoré. Guéckédou, Macenta, Siguiri (Mines d'or), Banankoro (Mines de diamant), Rép. du Mali, Côte d'Ivoire.

Les principales localités fréquentées par les émigrants sont : Dinguiraye, Siguiri-centre, Kissidougou, Kankan, Guéckédougou, Rép. du Mali, Côte d'Ivoire.

Le solde migratoire se présente comme suit : -33 pour le Mafou et 34 pour le Tinkisso. Les principales causes du déplacement sont : le commerce, l'agriculture, Ia pêche, l'exploitation minière et la recherche de zones de sécurité (réfugiés, déplacés).

Ces mouvements de populations ont une réelle incidence sur I'efficacité des actions de lutte contre l'onchocercose : les absents échappent aux opérations de recensement (nombreux sont ceux qui ne sont pas déclarés par leurs parents pour des raisons fiscales et ne sont ainsi pas pris dans la micro-planification ; les entrées et les sorties non maîtrisées d'étrangers aux villages rend le TIDC inefficace.

Deux modes de distribution ont cours dans les communautés, le mode porte à porte et le mode répartition sur les lieux de rassemblement (il est de loin le plus important) et 65o des enquêtés déclarent en être satisfaits.

Trois types de distributeurs ont été identifiés dans les deux bassins : le personnel de I'oncho, le personnel de santé et les DC. Sur l5 villages soumis à l'enquête 5 seulement possèdent I ou 2 distributeurs villageois, les autres n'en possédant pas sont soit desservis par les DC d'autres villages ou tout simplement par le chef du CS ou par le personnel du Projet oncho. Dans le bassin du Mafou, 57,92o seulement des enquêtés sont satisfaits des services des DC contre 51,55o dans le Bassin du Tinkisso.

Quant à Ia motivation du personnel de santé et des Dc, nombreux sont les chefs des CS qui estiment que les moyens mis à leur disposition sont insuffisants par rapport au volume des tâches à exécuter. Aussi, ils estiment que les DC qui sont des paysans ne sont pas suffisamment motivés.

Le personnel de santé, quant à lui, déclare être bien impliqué dans la lutte contre l'endémie. Mais des problèmes apparaissent entre les chefs des CS et leur personnel. Beaucoup de CS n'associent par les autres agents de santé aux actions de lutte. Aussi faut-il noter que les autorités de proximité (secrétaires généraux chargés de la décentralisation, les sous-préfets, les présidents de CRD déplorent n'avoir pas été suffisamment informés des objectifs et des actions menées par le programme dans leur juridiction.

L'analyse des perceptions a laissé apparaître des perceptions fondées et d'autres non ; mais toutes concourant à affecter les conduites des individus et des collectivités face au TIDC. Ainsi trois types d'attitudes ont été identifiés : attitude d'hostilité, d'indifférence et de coopération. Les comportements eux sont de deux types : comportements adéquats et comportements inappropriés. 6

Ces perceptions, attitudes et comportements ont leur source dans I'insuffisance de l'lEC, l'analphabétisme et l'enclavement des communautés.

Par ailleurs la couverture géographique est importante mais elle ne reflète pas la couverture thérapeutique. Dans le Bassin du Mafou, sur 240 personnes interrogées, 55,910Â déclarent avoir été traitées en 2001 contre 47,30o/o pour le Bassin du Tinkisso.

De 1996 à 2000

Dans le Mafou, 17,O8o des enquêtés déclarent n'avoir jamais été traités, 10% ont été traités une seule fois, 10,04% deux fois, 13,33o trois fois, ll,25o quatre fois, 12,50olo cinq fois et25,42o/o six fois (donc ont suivi régulièrement le traitement).

Dans le Tinkisso, 32,30o déclarent n'avoir jamais été traités à I'ivermectine, 1L,53%o at moins I fois, 14,610 2 fois, l5% trois fois,8,07oZ quatre fois,6,530% cinq fois etll,96' six fois (ont donc suivi régulièrement le traitement).

Ainsi les principales causes de la persistance de I'oncho sont :

- Les déplacements de populations ;

- Les perceptions, attitudes et comportements des populations ;

- Lamotivation du personnel de santé et des DC ;

- L'enclavement des communautés I- PROBLEMATIOUE

Après plusieurs années de lutte combinée antivectorielle et de traitement des populations à l'ivermectine contre l'onchocercose dans les bassins du Tinkisso et du Haut-Niger-Mafou, le profil entomo-épidémiologique de l'endémie n'y est pas encore suffisant. En dépit des actions répétées de lutte, I'onchocercose persiste dans des localités des deux bassins. Il s'agit particulièrement des villages (de première ligne situés sur les berges du Mafou et du Tinkisso. Ces villages se repartissent entre les zones rurales, jusqu'à environ une dizaine de Km de part et d'autre du Mafou et du Tinkisso où se développent les simulies vectoriels. Ces villages sont généralement des communautés enclavées, isolées et reculées.

Une question de recherche, au regard de cette problématique, s'impose : quelles sont les causes socio-démographiques qui soutendent la persistance de I'onchocercose dans les Bassins du Tinkisso et du Haut-Niger-Mafou ?

Afin de mieux élucider la situation qui y prévaut et l'améliorer avant Ia fin du programme, l'OPC envisage un certain nombre d'actions spécifiques au rang desquelles figure : l'étude socio- démographique dans les bassins du Mafou et du Tinkisso relative à la persistance de l'onchocercose.

Cette étude vise l'analyse des causes socio-démographiques et d'autre influençant négativement l'efficacité des actions de lutte contre I'onchocercose. Il s'agira aussi d'identifier des pistes en vue d'une amélioration de la situation d'ensemble.

II- PRESENTATION DE LA ZONE

Les Bassins du Haut Niger Mafou et du Tinkisso sont tous deux des sous-bassins du Haut Bassin

du Niger :

Le Bassin du Tinkisso compris entre 9o08' et 11"33'ouest et 10'20 et 11"52 Nord est situé sur la rive gauche du fleuve Niger, au Sud ouest de Siguiri et s'étend jusqu'à Dabola sur une superficie totale de 19.300 Km2. Sa population est estimée à72.992 habitants. Le relief est monotone et peu montagneux. La pente de la rivière est très faible à l'aval et n'atteint que 1/15.000 en moyenne. Toutefois, cette topographie est favorable à la reproduction de la simulie qui a besoin d'eau à débit rapide.

Le Bassin du Haut Niger Mafou , compris entre 10o-10o30 Ouest et 9o20-10o22 Nord est le plus en Amont de la rive droite. Il est situé. Au Sud-ouest de Kouroussa et s'étend jusqu'à Kissidougou. Il couvre une superficie de 4.300 Km2 pour une population de 52.408 habitants.

Dans l'un et l'autre bassin, le climat est essentiellement de type soudano-guinéen, caractérisé par I'alternance de deux saisons : une saison sèche (de Novembre à avril) et une saison pluvieuse qui couvre le reste de l'année. Les températures sont élevées (usqu'à 45') et très variables (écarts atteignant 25"). Les vents principaux sont I'harmattan et la mousson. Les précipitations sont pluvieuses et sont importantes (moyenne annuelle: 1600 mm).

Les populations rencontrées appartiennent à deux groupes ethniques principaux - Le groupe Mandingue : Maninka, Kourankô, Sankaranka. 8

- Le groupe Peuhl dans le bassin du Tinkisso surtout.

Ces populations s'investissent dans l'agriculture, la chasse, l'élevage, l'exploitation de l'or, la pêche, etc...

III- OBJECTIFS

Par rapport à la problématique de l'étude, un certain nombre d'objectifs sont pertinents à atteindre. Ce sont :

- Cerner le mode d'installation des populations, leur répartition spatiale et l'accessibilité des agglomérations dans la zone;

- Analyser les flux migratoires, les périodes des plus grands mouvements de populations, leurs causes et leurs influences sur l'efficacité des actions de lutte contre I'onchocercose ;

Evaluer la couverture géographique et thérapeutique ;

Evaluer 1'efficacité de l'organisation des traitements ;

Etudier les attitudes comportements et niveau d'implication des populations dans des actions de lutte contre I'onchocercose ; Cerner les motivations du personnel de santé, des DC et leur niveau d'implication dans les activités de lutte.

IV- HYPOTHESES

En regard de la question de recherche, une réponse provisoire a été proposée et soumise à l'épreuve des faits sur le terrain. Cette hypothèse principale est Ia suivante :<

A cette proposition principale, on a adjoint une hypothèse secondaire : «l'organisation des traitements en cours (TIDC) explique en partie la persistance de I'onchocercose)).

V. METHO DOLOGIE

V.1- Choix de l'approche

Cette étude associe les avantages des recherches quantitatives et qualitatives. La première fait recours à l'administration d'un questionnaire individuel standardisé et la seconde réfère aux outils de Ia MARFP pour la collecte de données afférentes aux motivations, attitudes et comportements.

V.2- Détermination des villages d'enquête et distribution des individus dans la zone à l'étude

Les enquêtes ont eu lieu dans 8 sous-préfectures (5 situés sur le Mafou et 3 sur le Tinkisso) ; l5 villages ont fait l'objet d'enquête : 8 dans le Bassin du Mafou et 7 dans celui du Tinkisso' 9

Ce choix a été raisonné sur la base de leur position en première ligne des cours d'eau et de l'acuité des problèmes liés à l'onchocercose.

Dans les bassins, un échantillon de 500 individus a été constitué sur Ia base du sondage aléatoire. Dans chaque sous-préfecture concernée, un nombre d'individus ont été retenus en fonction de I'importance démographique des localités.

La distribution des individus dans l'univers de l'enquête formelle, des animations de groupes ont été effectuées dans des localités.

Tableau I : Distribution des enquêtés dans l'univers de l'étude

Bassins Préfectures S/préfectures Villages Personnes enquêtées H F T Tiro Yalawa 28 t2 40 Nialia Arfela 26 14 40 Faranah Wassambala 6 4 l0 Beindou Nora 1l 9 20 Haut-Niger Mafou K. Koura 8 2 l0 Belinkoro l8 22 40 Kouroussa Banfèlè Serekoroba l8 22 40 Faroro r6 24 40 Sous-total l3l 109 240 Kintinian FIFA 21 JJ 40 Djidjan fara 32 8 40 Siguiri Norassoba Wolewoleya 29 31 60 Woussoukourou l3 1 20 Tinkisso Madina 7 8 15 Kouroussa Boroto 23 12 35 Karankama l3 17 30 Sous-total 148 tt2 260 Total 279 221 500

V.3- Les outils de collecte

L'exploitation des données démographiques ;

L'utilisation du questionnaire individuel ; L'utilisation d'interviews semi-directives avec des groupes (hommes, femmes et jeunes). Pour cela des fiches de collecte ont été conçues :

Fiche d'enquête de migration ; Guide d'entretien semi-directif avec des groupes ; Guide d'entretien avec le personnel de santé et les DC.

V.4- Méthode d'analyse des données

L'étude a combiné les avantages des analyses quantitatives et qualitatives fondées sur [a méthode de rédaction interprétative. l0

VT- RESULTATS ET INTERPRETATIONS

VI.I- MISE EN PLACE DES POPULATIONS ET MODE D'APPROPRIATION DES TERRES

La majorité des auteurs qui ont effectué des études historiques sur la mise en place des populations du Haut Niger ont eu pour souci de se pencher sur la provenance des groupements humains qui y vivent. Après l'analyse des versions écrites ou orales sur l'origine des groupes lignagers ou élastiques, I'on se retrouve en présence d'une thèse centrale ; la thèse de la provenance extérieure donc d'une migration.

En effet, tous les groupements qui peuplent les berges du Mafou et du Tinkisso situent leur origine du Nord généralement après l'éclatement de 1'empire Manding. Ils durent suivre un long processus de migration pour occuper les lieux où ils résident actuellement.

Trois périodes essentielles peuvent être retenues dans la mise en place des populations :

- La période pré-coloniale : en ce moment, le mode de vie poussait au déplacement. Par exemple un chasseur qui découvre une zone favorable aux activités agro-pastorales et de chassè s'y installe avec les siens. Aussi le système de culture en cours à savoir l'agriculture itinérante sur brûlis contraint au déplacement quand les sols sont épuisés et que I'on découvre ailleurs des terres disponibles et fertiles.

En effet, le mode d'occupation des sols et les systèmes de cultures sont les éléments qui poussent au déplacement. Un membre de la famille découvre une terre inoccupée, il la parcourt, la délimite en devient le responsable au nom de la famille et y construit une hutte, puis des cases. Peu à peu, d'autres.familles viennent le rejoindre. Le hameau s'agrandit et devient un village. Du XIIIè ;iècle au 19è" siècle des villages ont été ainsi fondés sur le Haut-Niger Mafou et le Tinkisso. Les points d'eau (favorables à l'agriculture, à l'élevage et à la chasse) ont primordialement attiré les hommes.

Cas du Mafou :

lel Village de Faroro

Ce village a été fondé par le patriarche des Faro en provenance du Mali. La recherche de terres fertiles ét a" points dleau a été le mobile essentiel du déplacement. La date de fondation remonterait au l7è*'siècle. Les Faro ont été suivis dans leur migration par d'autres groupes lignagers : Fofana, Doukouré, Mansaré, Sacko, Condé, Doumbouya et Sidibé.

De nos jours, arrivent des éleveurs peulhs, des réfugiés déplacés suite à la guerre de Sierra Léone. Ces nouveaux migrants occupent souvent des positions très en retrait des agglomérations et des champs de culture.

Cas de Tinkisso

Exemple 2 : Village de Kintinian

Le village de Kintinian serait fondé par les Camara en provenance de Sibi (République du Mali) Ils entre les- l5è" et l6è'" siècles. Les familles alliées sont;Magassouba, Kanté, KéÏta, Condé. constituent le sous groupe Diallonka dont les activités principales sont l'agriculture et ll l'orpaillage. D'ailleurs cette dernière activité a favorisé la création de nouveaux villages. C'est le cas de Fifa (1980) ; Djidjanfara (1985) et Woléwoléya (1986).

Dans ces conditions, l'axe migratoire des populations est de deux ordres : - Du Nord vers le Nord-ouest pour les groupes qui peuplent les rives du Tinkisso ; - Du Nord vers le Sud-ouest pour les groupes qui longent le Mafou. Les premiers occupants sont considérés comme les propriétaires légitimes des terres.

La période coloniale

Les mouvements de populations et l'occupation de nouvelles terres se sont poursuivis pendant la période coloniale mais avec moins d'importance. L'axe de migration semble être toujours du Nord vers le Sud-ouest, le Nord-ouest et le Sud.

Période des indépendances

Elle est une période de mouvements de poputation. La création de nouveaux villages se poursuit mais avec un rythme beaucoup plus faible que par le passé. En effet, les groupes anciennement installés se sont accordés le droit de propriété sur des terres qu'ils contrôlent. Les migrants peuvent disposer des droits d'exploitation des terres mais pas de droits d'appropriation. Ils sont souvent intégrés aux communautés d'accueil ou bien ils jouissent du statut de résidents temporaires (migrations temporaires ou saisonnières).

De nos jours, le droit du premier occupant n'est plus le seul mode d'appropriation, il y a aussi le don, le prêt, la location et rarement l'achat. En somme, les raisons fondamentales du déplacement des populations résident dans la recherche de terres riches et disponibles, de points d'eau et de lieux de refuge pour des mesures sécuritaires.

Tableau 2 : Répartition des enquêtés selon le statut d'occupation

Statut Mafou Tinkisso o/ d'occupation Hommes Femmes Total o//o Hommes Femmes Total /o Autochtones tt2 75 187 77,91 55 5l 106 40,76 Allochtones l9 34 53 22,09 93 6l r54 59,24 Total 131 109 240 r00 148 rt2 260 100

NB : Le terme Allochtone signifie toute personne installée dans le village mais non native.

Il apparaît que dans le Bassin du Mafou, Ies autochtones représentent77,9lo de la population et les allochtones22,0goÂ. Tandis que dans le Bassin du Tinkisso, les autochtones ne représentent que 40,76%o de l'ensemble de la population et les allochtones 59,24oÂ. La différence entre les flux à I'entrée des deux bassins s'explique par la présence des mines d'or dans le bassin du Tinkisso qui attirent de nombreux migrants.

Tableau 3 Répartition des enquêtés selon le statut d'installation

Statut Hommes Femmes Total o//o Autochtone 161 r26 293 58,60 Allochtone tt2 95 207 41,40 Total 279 221 500 100 t2

Pour |'ensemble de la zone à l'étude, les autochtones sont plus nombreux 58,60% et les allochtones ne représentent que 41,40oÂ.

VI.2,- Distribution spatiale des populations

La nooulation de la zone des deux bassins est évaluée à 125.400 habitants repartis sur 23.600 K-5;'r;i, un. à.nrite moyenne de 5,3 habitants par Km2, d'après le recensement général de la population et de l'habitation (1996). Lés Maninka (en majorité) et les peuhls composent essentiellement la structure ethnique dans les bassins du Mafou et du Tinkisso.

Tab Distribution spatiale par groupes ethniques :

Bassins et localités Sous groupes ethniques Hameaux (cRD) Maioritaires Minoritaires Mafou Beindou Sankaranka Peulhs nomades Nialia Sankaranka Peulhs nomades Réfugiés Leonais Tiro Sankaranka Kouranko Banfèlè Sankaranka Peulhs nomades Douako Sankaranka Kissia Tinkisso - Sanguiana Maninka - Kintinian Maninka Bambara du Mali - Norassoba Maninka Peulhs commerçants

Il ressort de ce tableau que les sous groupes ethniques constitués de Sankaranka et de Maninka forment la majorité de la population. Les peulhs nomades sont rencontrés dans certains hameaux à Beindou, Nialia, Banfèiè .t Norusoba; tandis que les peulhs commerçants résident dans les villages-mères.

Les kouranko et les Kissiens sont installés à la lisière Sud du Bassin du Mafou et annoncent humainement la région forestière.

Les hameaux de réfugiés rencontrés à Tiro sont notés ici pour diverses raisons : Les réfugiés Leonais rencontrés dans la zone édifient des hameaux très précaires, mobiles, donc difhcile à localiser. Aussi, les nomades peulhs déplacés vivent dans des hameaux très peu connus.

Distribution démosranhioue de la nonulation

La population totale des deux bassins consignée dans le tableau ci-dessous compte 61.567 hommes et 63.833 femmes soit respectivement 49,1o et 50,9o/o. 13

Tableau 5 Distribution géographique

MAFOU Populations Hommes Femmes Total Faranah 1- Beindou 4274 4261 8541 2- Nialia 360 I 3602 7203 3- Tiro 4493 4247 8740 Kouroussa 1- Banfèlè 6561 6425 r2982 2- Douako 1239 7703 r4942 Sous-total 26174 26244 52408 TINKISSO Kouroussa l- Sanguiana 7054 7448 t4502 Sieuiri I - Kintinian r2333 12955 25288 2- Norassoba 1016 r 7186 33202 Sous-total 3s403 37589 72992 Total 61s67 63833 125400

Source:RGPH/996

On remarquera que le bassin de Tinkisso est bien plus peuplé que celui du Mafou (12.992 contre 52.408). Soit 58,2% contre 41,8oÂ. C'est dans le même bassin qu'on rencontre la Sous-préfecture la plus peuplée (Norassoba avec33.2O2). alors que la Sous-préfecture de Nialia dans le Mafou est la moins peuplée avec seulement7.203 habitants

En considérant les villages ciblés par la présente étude, la taille des populations montre que dans chacun des Bassins, il existe des gros villages (Jusqu'à 1000 habitants : Cas de Arfela dans le Mafou) et des petits hameaux (moins de 100 habitants) : Cas de Wassambala (75 habitants) dans le Mafou et de Madina (98 habitants dans le Tinkisso). Entre ces deux extrêmes, on rencontre des villages de taille moyenne dont la population est autour de 300 habitants (cas de Belinkoro, woléwoléya, Sérékoroba, Yalawa).

En comparant les populations des villages d'enquête pour les deux bassins, il ressort que les 8 villages retenus dans le Mafou sont plus peuplés (3472 habitants) que les 7 du Bassin de Tinkisso (2.lOZ habitants). En dépit de cela, l'échantillonnage a donné 260 enquêtés dans le bassin de Tinkisso (plus peuplé) et240 dans Ie Bassin du Mafou. t4

Tab u6 Population des villages ciblés par l'enquête

Bassins Villa ulation totale l- Yalawa 297 2- Arfela r206 3- Nora 131 MAFOU 4- Wassambala 75 5- Koumandikoura 758 6- Belinkoro 285 7 - Faroro 431 8- Serekoroba 289 Sous total 3472 l- Fifa 708 2- Djdjanfara 632 3- Woléwoléya 30s TINKISSO 4- Woussoukourou rz0 5- Madina 98 6- Boroto r37 l- Karankama r02 Sous Total 2102 Total 5574

Mafou Source : Enquête de migration des populations sur les Bassins du Tinkisso et du Par Sangaré O. Condé F. Baldé M. S., 2000

VI.3- Accessibilité des Localités

A/- Bassin Haut-Niger-Mafou

Tableau 7a : Accessibilité des localités

Tronçons Km Temps de Durée de Niveau de trafic. Frais de ou pistes parcours en praticabilité Nombre de Transport heures en mois véhicule (en FG) 2 à 3500 Faranah-Tiro 35 35 mn t2 6/mn Yalawa-Tiro l8 lH 20mn 8 1/semaine 1000 4000 Faranah-Yalawa 60 4h 20 mn 8 l/semaine 2000 Faranah-Nialia 54 50 mn 8 l/semaine Nialia-Arfèla 28 2h 8 1/semaine l 500 Arfèla-Tiro 47 3h 8 1/semaine 2000 l 500 Faranah-Bindo 45 50 mn t2 5/semaine 2000 Faranah-Nora 12 3h tz l/semaine 2000 Faranah-K. Koura 58 4h t2 4/semaine 2000 Faranah-Wassambala 82 4h 50 mn t2 1/semaine 2000 Kouroussa-Banfèlè 92 4h l2 3/semaine 1 500 Kouroussa-Belinkoro 62 2h t2 3/semaine l 500 Kouroussa Serekorob 45 t h50 l0 1/semaine 4500 Kouroussa-Douako 100 4h 30 mn l0 2/semaine 1000 Douako-Faroro 8 4h 50 mn 8 l/semaine l5

B/- Bassin du Tinkisso

Tableau 7b : Accessibilité des localités

Tronçons Km Temps de Durée de Niveau de Frais de ou pistes parcours en praticabilité trafic. Transport heures en mois Nombre de (en FG) véhicule Siguiri-Kintinian 35 45 mn t2 6/semaine 3000 Siguiri-Fifa 95 4h 8 1/semaine 7000 Siguiri-Didjanfara 105 4h17mn 8 1/semaine 8000 Siguiri-Norassoba 95 3h I 2 l6lsemaine 6000 Nora-Woléwoléya 115 3h30mn I 0 l/semaine 6500 Nora-Woussoukourou 122 5h I 0 1/semaine 7000 Nora-Matina 87 4h I 2 3/semaine 5000 Kouroussa-Sanguiana 40 45 mn I 2 2/semaine 1000 Sanguina-Borotô 40 50 mn 1 2 2/semaine r000 Sanguina-Karankama 20 35 mn I 2 2/semaine 1000

Les agglomérations du bassin (Haut-Niger-Mafou) sont essentiellement desservies par des pistes rurales. Seule la localité de Tiro située sur la Nationale N"l bénéficie d'une accessibilité satisfaisante.

Dans ce bassin, pour se rendre à Yalawa à partir de Faranah par exemple (soit 60 km) le temps de parcours est de 4 heures 20 mn environ pendant la mauvaise saison. Sur 15 pistes reliant les localités entre elles identifiées, 7 seulement sont praticables toute I'année, 6 pistes sont praticables durant 8 mois et 2 pistes sur 10 mois.

En ce qui concerne le Bassin du Tinkisso, on dénombre 2 tronçons de route Nationale (Kouroussa, Norassoba non revêtu long de 95 km et Kouroussa-Sanguiana revêtu sur 40 km). Toutes les autres localités sont reliées par des pistes rurales dont Ia praticabilité varie de 8 à 12 mois dans l'année.

Pour parcourir par exemple le tronçon Norassoba -Madina, un véhicule met en moyenne 4 heures de temps en saison des pluies. C'est dire en d'autres termes que les conditions de déplacement dans ces deux bassins constituent une contrainte majeure à laquelle, les différents distributeurs sont confrontés. l6

Tableau 8a : Taux de praticabilité des pistes durant la mauvaise saison (Mafou)

(b) (a) x Préfecture- Sous Km Nombre de piste (a) Nombre de Pistes Taux / préfecture et District pratic./M. Se§9ItllL 100 Faranah-Tiro 35 I piste* I route l piste* I route 100 JJ Yalawa-Tiro 18 3 pistes 1 piste Faranah-Yalawa 60 1 piste 0 ste 0 Faranah-Nialia 58 I piste I piste 100 Nialia-Arféla 28 2 pistes I piste 50 50 Arfé1a-Tiro 47 2 pistes I piste 100 Faranah-Beindou 45 I piste I piste 0 Faranah-Norassoba 72 I piste 0 piste 100 Faranah-K. Koura 58 I piste 1 piste 0 Faranah-Wassamba 82 I piste 0 piste 50 Kouroussa-Banfélè 92 2 piste 1 piste 100 Kouroussa-Belinkoro 62 I piste I piste 0 Kouroussa-sérékoroba 45 I piste 0 piste 50 Kouroussa-Douako 100 2 piste I piste 0 Douako-Faroro 8 I ste 0 piste

pistes) 33o (Yalawa-Tiro) ; Dans le Mafou, Ie taux de praticabilité varie entre 0%o (le l/3 des ; ll3% des 50% (Z6,6yo pistes) et iOO,l, (ll3 des pistes). C'est dire que seulement le l'année' agglomérationssoumises à I'enquête peuvent être fréquentées à tout moment de

(Tinkisso) Tableau 8b : Taux de praticabilité des pistes durant la mauvaise saison (b) / (a) x Préfecture- Sous Km Nombre de piste (a) Nombre de pistes Taux (b) 100 préfecture et District pratic./M. Saison 1 00 Sigui-Kintinian 35 1 piste I piste 0 Siguir-Fifa 95 3 pistes 0 piste 0 Si ri-d d anfara 105 1 piste 0 100 Sigui-Norassoba 95 1 piste I piste JJ NoraWoléwoléya I i5 3 pistes 1 piste 50 Nora-Woussoukourou 122 2 pistes I piste 100 Nora-Madina 87 2 pistes z stes 100 Kouroussa-Sanguiana 40 I piste I piste 100 Sanguiana-Borotô 40 I piste I piste 100 Sangu iana-Karankama 20 I piste 1 te praticabilité plus comparativement au bassin du Mafou, le Bassin de Tinkisso a un taux de intéréssant avec 600Â des pistes pratiqués en toute saison' défi au regard des Toutefois les cas Siguiri-Ëifa ei siguiri-ojidjanfara (0%) constituent Ie grand faiblesse de résultats. Ici le paàmètre d'acceisibilité est majeur pour expliquer la relative l,efficacité des actions de lutte contre la cécité des rivières. justifierait par ['ouverture des tronçons Du reste, Ie relatif relèvement du taux d'accessibilité se Siguiri-Kintinian par le SAG et le tronçon Kintinian-Tiro par la S.A.D' t7

VI.4- Déplacements des populations

4.1- Les périodes des plus grands mouvements de population

Dans la zone du Mafou, les autochtones sont de loin les plus importants numériquement. L'immigration est peu significative (22,09% des personnes interrogées). Quoi qu'il en soit, deux périodes connaissent particulièrement des mouvements de populations :

- Décembre-Janvier-Février : Après les récoltes, nombreux sont des jeunes gens qui quittent les villages pour aller travailler dans des centres urbains ou dans les mines d'or de Siguiri, Kouroussa ou dans les mines de Diamant de Banankoro.

- Avril-Mai : Cette période coiniide au démarrage des travaux agricoles où des jeunes gens en provenance d'autres localités viennent chercher un travail agricole salarié.

Aussi pendant toute la saison sèche, les villages sont traversés par des voyageurs (à pieds, à vélos ou à motos et souvent non traités contre l'onchocercose).

Quant à la zone du Tinkisso, elle est une zone à migration à cause de l'exploitation de I'or. Elle demeure un centre important de contact et de brassage de populations. Les périodes des plus grands mouvements de populations sont : Mars, Avril, Mai, Juin. I1 existe pendant ces périodes deux axes principaux : des déplacements en provenance de I'extérieur et des mouvements à l'intérieur du Bassin. Ceci n'exclut pas le départ de certains autochtones et le retour d'immigrants

4.2- Les entrées

Elles sont surtout assurées par des voyageurs (dont la durée de séjour au village va généralement de quelques minutes à une journée), des contractuels agricoles (2 à 3 mois) et des familles migrantes au nombre de 24 en 2000, dont 4 sont constituées de pêcheurs étrangers et 20 des réfugiés en provenance de la Sierra-Leone.

4.3- Les sorties

Dans le Mafou, les sorties concernent principalement les jeunes gens (18 à 40 ans) se repartissent en deux groupes :

Départ défTnitif : Il correspond à l'exode rural qui frappe la majorité de la jeunesse rurale, attirée par les villes (Faranah, Kissidougou, Conakry, N'Zérékoré, Macenta...)

Déplacement temporaire : Il est de loin numéri quement le plus important et coïncide généralement à la période de distribution de l'ivermectine 18

Tableau 9 Principales localités fréquentées par les migrants

Bassins Localités Faranah, Tiro, Layasando, Faroro, Conakry, N'Zérékoré, Guéckédou, Macenta, Djendè, MAFOU Boffossou, Banankoro, Mandiana, Kissoudougou, Kérouané, République de Sierra Léone Burkina Faso et Côte d'Ivoire Fifa, Dj idj anfara, Woléwoléya, Kobedara, Dantinia, Norassoba, Yilimalo, Beneko, Dabola, TINKISSO Sassando, Guéckédou, Kerouané, Siguiri, Dinguiriraye, Lero, Matagania, Kouroussa, Kankan, Mali et Côte d'Ivoire

Table 10a : Lieu de provenance des immigrants

MAFOU

No Localités Effectifs Hommes Femmes Total I Kabayakono I 0 I z Konkodou I 0 I Ja Bantou 2 2 4 4 Nialia 0 5 5 5 Manadou 0 2 2 6 Kandan 1 0 I a 7 Sanguiana J 0 J 8 Sanasiya 1 0 1 9 Gbanbaya 2 0 2 l0 Sidiya 0 5 5 ll Douako I 0 I l2 Sansando 2 J 5 l3 Yalawa I 0 I t4 Barsan I 0 I 15 Tendo 0 5 5 l6 Konyasidia J 0 3 t7 Bandakelèn 0 4 4 18 Koumandi-Koura 0 J 3 l9 Dinguiraye 0 J J 20 Sierra-Leone 0 J J l9

Tableau l0b Lieu de provenance des immigrants

TINKISSO

No Localités Effectifs Hommes Femmes Total I 0 2 2 2 I 0 1 J Mandiana 4 I 5 4 Mankiti 0 I I 5 Kiniéro 2 0 2 6 Sansando I 0 I 7 Kouroussa 10 13 23 8 Dinguiraye l3 4 t7 9 Niagassola 0 I I 10 Tougué 4 2 6 1l Mamou J I 4 t2 Faranah 8 4 2 13 Norassoba t2 8 20 l4 Dalaba 2 2 4 t5 Sieuiri 10 6 16 16 Siguirini 2 I J t7 Kankan I Ja 4 18 Dabola 5 0 5 19 Beyla 0 1 I 20 Saourou 0 I I 2l Pita 4 0 4 22 Kissidougou 5 0 5 23 Conakry 2 0 2 24 Bissikirima I 0 2 a 25 Doura 2 I J 26 Kindia 2 0 2 27 Sierre Leone I I 2 28 Ghana I 0 1 29 Mali J 2 5

4.4- Le solde

Tableau l1 Situation des déplacements des enquêtés par Bassin

Déplacement Mafou Tinkisso H F T H F T Entrées l9 34 53 91 59 150 Sorties 6l 25 86 77 39 116 Solde -42 9 -JJ t4 20 34

A I'examen du tableau, l'on se rend vite compte que les sorties sont plus importantes dans le bassin du Mafou que les entrées. 20 par contre, il y a beaucoup plus de rentrées de femmes (phénomène nuptial). Tandis que le bassin du Tinkisso, les rentrées d'hommes et de femmes dépassent celles des sorties. Le solde migratoire général du bassin du Mafou est de -33 alors que celui du Bassin du Tinkisso est -34.

Tableau 12 : Situation des mouvements migratoires des enquêtés de Ia zone d'étude

o,/ Mouvements Hommes Femmes Total /o Entrées 110 93 203 40,60 Sorties 138 64 202 59,40 Solde -28 29 I 100

Dans l,ensemble de la zone à l'étude, [e solde pour les hommes est négatif et positif chez les femmes. Les entrées représentent40,600Â et les sorties 59,40oÂ'

de 4.5- Causes et conséquences des mouvements de populations sur l'efficacité des actions lutte

les activités Dans le Bassin du Mafou les principales causes des entrées demeurent Ie commerce, réfugiés agricoles (contractuels agricoles) de pêche et la recherche de lieu de refuge (cas des augmente, il L-eonais et des déplacés). Dans certains villages, le nombre de personnes déplacées de Sandénia, s,agit surtout ae àeptaces peulhs qui se localisent dans les hameaux aux environs Landi, Djara, Madina).

pas connus dans Ainsi des réfugiés Léonais sont installés dans des hameaux dont certains ne sont hameaux peu les sous-préfeôtures de Bania, Passaya, Tiro, Bendou et Nialia. Il existe aussi des connus à cause de leur éloignement des villages et de leur grand enclavement.

les actions de Les conséquences des mouvements de populations ont une réelle incidence sur lutte contre l'endémie qui frappe les populations.

pas pendant le recensement : Les absents, pendant les opérations de recensement, ne sont souvent généralement pas pris a..tu1.g, pur leurs parents (aspect nscàt;. En conséquence, ils ne sont pas .n .o*pi. dans la micro-planification, donc la quantité d'ivermectine peut être insuffisante à : cette année couvrir l,ensemble de la pàpulation. Aly Oularé 53 ans, village de Yalawa déclare (2001) l'ivermectin" u *inqué surtout pour nous qui n'avons pas été recensés'

après le pendant le traitement : Les absents retournent généralement dans leurs villages d'origine ils ne TIDC-Et ,près leur rentrée, même si certains avaient été prévus en dose d'ivermectine, prennent pas par simple négligence ou par réticence'

les communautés Inc e sur la lence Ces absents non traités qui ont des contacts avec sont de véritables canaux de perpétuation de l'endémie'

VI.5- Organisation des traitements la morbidité L,objectif de l'utilisation de I'ivermectine dans les communautés est de lutter contre localités. Pour cela, onchocerquienne et donc de prévenir la maladie oculaire et la cécité dans les est dû à I'effet limité le traitement doit être effectué régulièrement et pour une longue durée. Ceci Chaque du médicament sur le vers adulte ainsi que sur l'intemtption de la transmission' communauté ayant fait l'objet de lutte à grande échelte peut être soumise au TIDC' 2l

5.1- Mode distribution et satisfaction des populations

Le tableau l3 ci-dessous indique le mode de distribution de l'ivermectine par village et par Bassin.

Tableau 13 Mode de distribution de I'ivermectine par village

Villages Mode de distribution Porte à porte Lieu de recensement MAFOU Yalawa X Arfela x Nora X Koumandicoura X Wassambala X Belinkoro x Faroro X Serekoroba X TINKISSO Fifa X Diidianfara X Woléwoléya X Woussoukourou X Madina X Boroto x Karankama X

A part Arfela où est courafirment pratiqué le mode de distribution porte à porte, les autres communautés ont recours aux lieux de rassemblement pour la distribution de l'ivermectine.

Tableau 14 Satisfaction des enquêtés par rapport aux modes de distributions

Satisfaction Mafou Tinkisso o/ o/ Hommes Femmes Total /o Hommes Femmes Total ,/o Satisfaits t0l t8 185 77,08 96 t) 169 65,01 Non satisfaits 7 8 15 6,25 24 9 33 12,69 NSP 16 23 39 16,25 28 30 58 22,30 Autres I 0 I 0,42 0 0 0 0 VA 131 109 240 100 148 tt2 260 100

Le mode de répartition de l'ivermectine sur les lieux de rassemblement (place publique du village, marché, concession du patriarche du village ou domicile du DC) semble être efficace car il répond aux aspirations de la majorité des populations. Dans l'univers de l'étude,65,01% des personnes enquêtées déclarent être satisfaites, 12,690Â sont non satisfaites et 22,300Â sont dans l'indécision. Les raisons évoquées par les personnes non satisfaites sont des suivantes :

- Les personnes qui sont au champ ou en déplacement ne gagnent pas le produit. 22.

- L'absence du chef de famitle auquel on remet le produit, fait que sa famille risque de ne pas être servie ou mettra tout simplement du temps pour obtenir le produit car il faudra courir après le DC ou l'agent de santé qui, eux mêmes sont souvent en déplacement.

- Les personnes qui déclarent «Ne sait pas» sont souvent celles qui observent une certaine réticence vis à vis du produit, ou qui ne le prennent que peu ou pas.

5.2- Types, nombre de distributeurs et satisfaction des populations

Dans les deux bassins, 3 types de distributeurs ont été identifiés : le personnel de I'OCP, le personnel de santé et les DC. Or dans l'esprit du TIDC, chaque viltage devrait disposé d'agents uillageois «choisis par la communauté à cause de leur crédibilité dans le village. Des expllôations très simples mais complètes concernant le traitement à l'ivermectine dans la communauté leur sont données...» Les choses ne se passent pas toujours de cette façon.

Tableau 15 : Types de distributeurs par villages

NO es de distributeurs Villages Dc Agent de Projet oncho Autres santé MAFOU

1 Yalawa 2 2 Arfela I Ja Koumandicoura 0 x 4 Belinkoro 0 X 5 Faroro 0 x 6 Sérékoroba 0 X 7 Nora 0 x 8 Wassambala 0 X TINKISSO 9 Fifa 2 X l0 D id anfara 0 1l Wo 0 x t2 Woussoukourou 0 X 13 Madina 0 x t4 Boroto I 15 Karankama 1

sont desservis par Sur les l5 villages soumis à l'enquête, 5 seulement possèdent un ou 2DC,4 par le DC de Fifa' Ce un agent de sante. Djidjanfara, wôléwoléya et Wousioykourou sont servis qui pose d'énormes difficultés à celui-ci.

chaque pour lui permettre d'assurer pleinement sa tâche de distribution dans ces trois villages, l'enquêté Alpha personne verse 100 FG (raison: motivation du DC). A noter aussi qu'à Boroto agent de santé à Mamadou Sow nous a montré une boite de mectizan, qu'il a acheté avec un 10.000 FG.

village leur absence dans Selon le personnel de santé, des DC avaient été formés dans chaque ; certaines localités s'explique alors par le manque de motivation de démissionnaires' des DC' les En ce qui concerne la sàtisfaction des populations par rapport aux prestations données sont consignées dans le tableau qui suit' 23

Tableau 16 : Satisfaction des enquêtés par rapport aux services des distributeurs communautaires

Satisfaction Mafou Tinkisso o/ Hommes Femmes Total , Hommes Femmes Total /o Satisfaits 96 53 139 55,92 7l 63 134 51,55 Non satisfaits t7 34 51 21,25 22 l0 32 12,30 NSP 28 22 50 20,83 55 29 94 36,1 5 Total 131 109 240 100 148 tt2 260 r00

57,02o des répondants déclarent être satisfaits des services des DC dans le bassin du Mafou contre 5l ,55o dans Ie Bassin du Tinkisso. Alors que 2 l,25yo ne sont pas satisfaits dans le bassin du Mafou contre 12j00 dans le Tinkisso ; Quant aux indécis, ils représentent 20,83o dans le Mafou contre 36,15o dans le Tinkisso.

5.3- Motivation du personnel de santé et des DC

Certains chefs de centre de santé déclarent être satisfaits pour deux raisons essentielles : aspect matériel et aspect moral. Le premier renvoie aux moyens logistiques et financiers mis à leur disposition pour l'exécution des tâches qui leur sont confiées. Le second réfère à l'ethos du métier de médecin : sauver la vie des générations présentes et à venir tout en préservant leur santé et les mettre à l'abri des affres de la cécité des rivières.

Par contre, nombreux sont les chefs de CS qui estiment que les moyens sont insuffisants par rapport au volume des tâches à exécuter. Ce fait se traduit par l'augmentation du nombre de personnes à traiter, la création de nouveaux villages et l'arrivée de populations déplacées ainsi que des exploitants miniers... En somme, l'évolution des moyens à mettre en ceuvre ne suit pas celle de la composante humaine en nette progression.

Aussi ils estiment que les DC ne sont pas matériellement motivés, ce qui expliquerait la lourdeur de la distribution de l'ivermectine par endroits.

Les autres agents de santé (surtout à Banfèlè) déclarent qu'ils sont peu ou pas associés à I'organisation des actions de lutte ; tout serait concentré au niveau des chefs de centre. Deux chefs de CS ont mentionné qu'ils ne possèdent pas de moto pour la distribution du produit (Tiro et Banfèlè).

Quant aux DC interviewés, ils déclarent dans leur majorité être très motivés car ils sont très heureux d'être utiles à leurs communautés. Mais ils déplorent le manque de moyens logistiques pour des déplacements indispensables pour joindre des hameaux pris en compte par la micro- planification et qui manquent de DC.

5.4- Implication des autorités de proximité

Les secrétaires généraux chargés de Ia décentralisation, les présidents des CRD et les sous- préfets constituent les autorités de proximité des communautés vivant dans les localités des deux bassins. Leurs poids dans les actions de sensibilisation et de mobilisation devraient être un atout majeur. Or, nombreuses sont les autorités qui déclarent ne rien savoir des objectifs de l'OCP dans leurs zones. Le sous-préfet de Beindou déclare : «l'autorité de la sous-préfecture et celle de la CRI) n'ont nullement été consultées pour les actions de lutte alors que nous sommes mieux placés que n'importe qui pour sensibiliser et mobiliser les populations». 24

des de Ces autorités estiment que leur non implication explique en partie l'échec relatif actions sensibilisation. Elles ont soulevé un certain nombre d'interrogations :

- Est-ce que les doses d'ivermectine prescrites sont respectées partout ? Ce qui n'est pas évident car par endroits, des sous-dosages et surdosages ont été révélés. - Est-ce qr. l.r produits du traitement larvicide atteignent effectivement les gîtes ? cette interrogation recoupe les préoccupations des populations' - Lamigiation des simulies vectrices d'une zone non traitée à une autre traitée est-elle prise en compte ? - Est-ce que les DC sur le terrain ont la même maîtrise dans Ia distribution de l'ivermectine ? - Est-ce que les populations sont bien sensibilisées ?

Ces interrogations sont, en fait, des préoccupations dont la prise en compte serait susceptible d'améliorer l'efficacité des actions de lutte.

5.5- Implication du personnel de santé et des populations dans les actions de lutte

Les chefs de CS, des PS et certains agents de santé du secteur OCP de Faranah reconnaissent Ils qu,ils sont effectivement impliqués dàns les actions de lutte contre la cécité des rivières. et procèdent, depuis 1996, à la rèception de l'ivermectine, à sa distribution dans les communautés Tinkisso. à la sensibilisation des populations rurales. Il en va de même pour le Bassin du D,autres agents ae sante ftavaillant dans les CS et PS affirment qu'ils sont tout simplement marginalisés et par conséquent ignorent presque tout du TIDC'

actions de lutte (à part des DC) se euant aux populations, elles déclarent que leur implication aux limite à l,administration du produit. Or selon ta philosophie du TIDC «le traitement par les communautés elles-mêmes mettent I'accent sur la participation communautaire»'

5.6- Périodes et fréquence de la distribution

Janvier Les périodes de distribution dans les communautés sont : Avril- Mai (ArfèIa), Décembre- (Boroto), Mars- Avril (Yalawa), Avril-Mai (Sérèkoroba). Ces périodes coTncident pour la plupart l'ivermectine, àu démanage de la caàpagne agricole. Quant à la fréquence de la distribution de elle est d'une fois l'an.

vI.6- Perceptions, attitudes et comportements des populations

a)- Perceptions l'univers Au cours des discussions de groupe, il s'est avéré que plusieurs perceptions structurent actions de lutte mental des populations. La g.ande majorité d'entre elles croient aux succès des sérieux' menées puri'ôCf . Tandis qùe tes autres catégories de perceptions méritent un examen

- Perceptions relatives aux simulies non infectieuses

des simulies Dans toutes les communautés, les populations s'inquiètent à cause de I'abondance simulie qui pique dans les cours d,eau, dans champs ét âunr les villages. Elles croient que chaque simulie mâle transmet la maladie; elles ne font donc pas de difiérence entre les nuisances d'une populations pensent (non infectieuse) et celles d'une simulie femelle, vectrice de l'endémie. Les peuvent transmettre àussi que même les simulies traitées à I'insecticide (donc non infectieuse) l'onchocercose. 25

- Perceptions relatives aux gîtes qui existeraient au niveau de certains arbres :

Les populations, surtout celles de Yalawa, croient qu'en dehors de nombreux gîtes existants dans les cours d'eau, d'autres se localisent dans les écorces, les fruits et les troncs de certains arbres : - Vitex doniana:nom Maninka (Kodo) - Chlorophora exelsa.' nom Maninka (Silin)

En cassant le noyau du fruit du Kodo, on trouve des insectes qui sont, selon les mêmes populations, les petits de simulie.

Tabl u17 Répartition des enquêtés selon leur connaissance de la simulie et de sa nuisance sur l'homme

o/ Niveau de connaissance Hommes Femmes Total /o Connaît la simulie 256 203 4s9 91,80 Ne connaît pas Ia simulie 23 l8 4t 8,20 VA 279 221 500 100 La simulie pique 238 193 431 86,20 l'homme La simulie suce le sang t7 26 43 8,60 La simulie rend malade l8 2 20 4,00 NSP 6 0 6 1,20 VA 279 221 s00 100 Le signe grave de I'onchocercose est : Démangeaison 43 ll 54 10,80 Mal à tout le corps 32 30 62 12,40 Trouble visuel 4l 7l t12 22,40 Maux de tête 28 8 36 7,20 Cécité 124 85 209 41,80 Maux d'yeux 10 l6 26 5,20 Boutons sur le corps I 0 I 0,20 VA 279 221 s00 100

Si 92% des enquêtés connaissent la simulie contre seulement 8% qui ne Ia connaissent pas ; 58% confondent les signes graves de I'onchocercose aux signes redoutables (cécité) et même aux nuisances provoquées par I'ivermectine.

Par conséquent, elles affirment que tant que cette situation n'est pas bien examinée et prise en compte, les actions de lutte demeureront sans succès significatif.

- Perceptions relatives au traitement larvicide

Les populations de Mafou et particulièrement celles de Yalawa estintent que les traitements larvicides sont réguliers, mais l'état buissonneux de certaines localités ne permet pas à l'hélicoptère d'atteindre les gîtes cachés. Aussi elles déclarent que Ie fleuve Mafou, en certains endroits, possède beaucoup d'affluents. I[ existerait d'ailleurs une zone qu'elles nomment "Baa woro", c'est-à-dire les six fleuves. Au niveau de cette zone, l'hélicoptère ne suivant dans son parcours qu'une ligne, les autres affluents semblent ne pas être couverts. 26

- Pcrceptions relatives à la fréquence du traitement annuel

Les discussions de groupe ont révélé que beaucoup de personnes savent qu'il est recommandé un traitement chaque année et qui devrait être suivi de manière régulière. Par contre, un groupe non moins important estime qu'il faut deux ou trois traitements par an. C'est ainsi par exemple qu'un citoyen dà Faroro (Banfèiè-Kouroussa) déclarait : "nous voulons que le personnel de l'oCP soit à nos côtés régulièrement. Ce qui est déplorable, c'est que quand il distribue l'ivermectine cette année pu. .i.-ple, il n'en donne que l'an prochain. Il faudrait que les agents de santé nous envoient beaucoup de médicaments, parce qu'une seule dose annuelle ne suffit pas".

que perceptions déterminent euelles soient fondées ou non, ce qui demeure évident, c'est ces pàu. un. Iarge part les attitudes et les comportements des personnes et des communautés face au T.I.D.C.

b)- Attitudes

Trois types d'attitudes ont été identifiés pendant les animations de groupe : hostilité, indifférence et coopération.

- Attitudes Hostiles

Elles ont surtout existé aux premières heures du traitement à l'ivermectine. Les nuisances ou réactions au produit (démangèaisons, douleurs, vertiges, oedèmes, boutons sur le corps, enflures du corps, etc...) avaient ..nàu bien de personnes hostiles. Mais avec la persévérance des agents de I'OCP, les hostilités ont été progressivement vaincues'

- Attitudes d'indifférence

jeunes (garçons et filles)' Elles sont encore présentes chez certains individus, particulièrement les de Ces attitudes ont leur source dans le caractère pernicieux de l'endémie qui met beaucoup de la temps à dévoiler son signe redoutable (la cécité) d'une part, et, d'autre part, à l'insuffisance sensibilisation. Fanta Cu-uru (18 ans, analphabète) déclare: "Je n'aijamais pris l'ivermectine, "Je parce que je ne suis pas malade de l'onchocercose". A Faroro, la vieille Nadouba Condé dit: ne prend pas I'ivermectine parce que je suis déjà aveugle"'

- Attitudes de cooPération

juste valeur Elles sont surtout remarquables au niveau des vieilles générations qui mesurent à sa adultes le danger que constitue l'endémie. Ces attitudes de coopération caractérisent aussi les (HomÀes àt F..n.n.s). Les individus qui composent ce grand groupe d'âges appuient le personnel de l'OCP dans ses activités.

au T'I.D'C' Ces différentes attitudes se traduisent dans des comportements concrets par rapport

c)- Les comportements

Ils sont de deux ordres contradictoires : Ies comportements adéquats et les comportements inappropriés.

- Les comportements adéquats. Ils se traduisent par o Laprise régulière de l'ivermectine 27

a La sensibilisation et la mobilisation des membres de la famille et de la communauté a L'identification des personnes réticentes.

- Les comportements inappropriés. Ils réfèrent aux conduites suivantes :

. Refus ouvert ou dissimulé de prendre l'ivermectine ;

. La prise inégulière de l'ivermectine , . Le refus de se faire recenser et de subir 1'examen épidémiologique

Ces comportements inappropriés sont beaucoup prononcés chez les jeunes des deux sexes et varient d'un village à I'autre ainsi que d'un bassin à l'autre. Aussi, ils sont plus importants à Faroro qu'à Yalawa et plus significatifs dans le bassin de Tinkisso que celui du Haut Niger Mafou.

Les perceptions, attitudes et comportements ci-dessus examinés qui tirent leurs causes dans l'insuffisance de l'I.E.C, analphabétisme et l'enclavement des localités influencent négativement l'efficacité des actions de lutte.

Tableau 18 : Niveau d'instruction

o/ Niveau Hommes Femmes Total /o d'instruction Analphabètes 2s0 2t4 264 92,80 Primaire t7 I 18 3,60 Collège 6 3 9 1,80 Lycée I 0 I 0,20 Professionnel 0 0 0 0 Supérieur 0 0 0 0 Arabe 5 J 8 1,60 Total 279 221 500 100

Près de 93o de la population des deux bassins est constitué d'analphabètes contre seulement 70lo repartis entre les niveaux primaire, secondaire et l'enseignement en arabe.

YI.j- Les traitements

Ils comportent deux volets essentiels : la couvefture géographique et la couverture thérapeutique

7.1- La couverture géographique

Ta u19 Nombre de villages couverts dans la zone à l'étude

Mafou Nombre de villages Tinkisso Nombre de villages et hameaux et Hameaux Beindou JJ Kintinian 32 Douako 24 Norassoba 108 Banfèlè 41 Sanguiana 30 Tiro 23 Nialia zl Total 148 Total 170 28

Les entretiens menés auprès des chefs des CS des 8 CRD ont révélé une couverture géographique de 318 villages et hameaux.

7 .2- La couverture théraPeutique

pour déterminer la couverture thérapeutique, l'équipe a posé la question suivante à chaque enquêté : «Avez-vous pris de f ivermectine cette année 2001 ?». Les réponses ont abouti aux résultats qui sont consignés dans le tableau suivant :

Tableau 20 Répartition des enquêtés selon le traitements à f ivermectine en 2001

Personnes Mafou Tinkisso o/ o/ Hommes Femmes Total /o Hommes Femmes Total /o Traitées 78 6l 139 55,91 65 58 t23 47,30 Non traitées 53 48 101 42,09 83 54 r37 52,70 Total 131 109 240 100 148 tt2 260 100

(hommes et Ces enquêtes ont été réalisées auprès de personnes en situation réelle de traitement femmes). La proportion des personnes non traitées en 2001 (52,10%) est supérieure à celle des p..ronn", t.uitéei (47,30%). L'écart s'explique par plusieurs facteurs qui seront évoquées dans l'analyse des causes.

reçus depuis 1996 Tableau 21 : Répartition des enquêtés selon Ie nombre de traitements

Nombre de Mafou Tinkisso o/ o traitement Hommes Femmes Total /o Hommes Femmes Total 0 20 2l 4l 17,08 46 38 84 32,30 I t4 10 24 10,00 20 10 30 1 1,53 38 14,61 2 t4 11 25 10,41 l9 r9 15,00 J 19 13 32 13,33 19 20 39 4 10 t7 27 11,25 t2 9 21 8,07 6,53 5 19 l1 30 12,50 13 4 t7 I 1,96 6 35 26 6t 25,42 15 t6 3l 100 Total 131 109 240 100 148 rt2 260

n'ont pas été 3Z,3Oo/o des personnes interrogées dans le Tinkisso et l7,O8o dans Ie Mafou et traitées depuis 1996; ll,53oÂ7t tON respectivement ont été traités une seule fois, l4,6lo et 12,50 cinq l}, }yo dzux fois, l5o et 13,33 trois foii, 8,07% et 11,25Yo quatre fois; 6,53% 2000. fois. Seuls 1,1,960 et25,42o ont suivi régulièrement les traitements de 1996 à

VII.8- Analyse des causes de la persistance de l'onchocercose dans les bassins du Haut Niger-Mafou et du Tinkisso.

facteurs limitent A l,analyse des points précédemment évoqués, il apparaît qu'une conjonction de de leur considéiablement I'eff:rcacité des actions de lutte contre la cécité des rivières. En dépit diversité, ils peuvent être regroupés en quelque grandes catégories significatives' 29

8.1- Les mouvements de populations

Nous avons regroupé dans cette catégories tout déplacement de personnes hors de sa localité de résidence et qui pourrait avoir une incidence négative sur I'efftcacité des actions menées par les acteurs de terrain dans le cadre de l'éradication de l'endémie. Ce sont :

Le passage de voyageurs dans un village à pieds, à vélo, à moto) ; Les mouvements de populations dans les marchés hebdomadaires ; Les déplacements des élèves vers les centres urbains ; L'arrivée d'étrangers en quête d'un travail agricole salarié ; Le déplacement de jeunes gens en direction des zones aurifères de Siguiri, Kouroussa et Mandiana et les mines de diamant de Banankoro ; L'arrivée des réfugiés. L'arrivée des déplacés

En effet, si les localités du Bassin du Mafou ne sont pas des zones à forte migration (entraînant des installations définitive des individus ou des groupes d'individus dans le milieu d'accueil), il faut cependant reconnaître que les mouvements saisonniers (surtout pendant la saison sèche) y sont abondants. Ces déplacements très difficiles à contrôler dans le cadre du TIDC favorisent le maintien de la couverture thérapeutique à un taux faible (souvent mal compris par le personnel de I'OCP) même si la couverture géographique semble être grande.

En effet, pendant la saison sèche, Ies villages sont régulièrement traversés par des voyageurs non traités dans leur très grande majorité. Nombreux sont ceux qui y passent de quelques minutes, à quelques heures voir quelques jours. Ils proviennent généralement de zones non traitées'

Face à cette situation, qui n'a pas échappé au chef secteur OCP de Faranah, la recommandation avait été faite aux DC de Yalawa de traiter ces voyageurs qui passent au village. Cette pratique a généré un autre problème non moins important: la crise de l'ivermectine. Puisque le nombre de voyageurs par an n'est pas enregistré donc inconnu, une prise en charge dans la micro- planification n'est donc pas possible. La quantité d'ivermectine prévu pour le village et par an ne pourra pas couvrir les besoins du village auquel on a adjoint des passants au nombre fluctuant suivant les périodes.

A ce mouvement incontrôlé, il faut ajouter les flux à la rentrée des marchés hebdomadaires. Dans presque toutes les grandes agglomérations des deux bassins existent des marchés hebdomadaires qui sônt de nos jours de véritables pôles d'attraction des populations tant rurales qu'urbaines. Ils constituent les points de rencontre des personnes traitées et non traitées. Toutes les personnes non infectées et non traitées et qui se rendent dans ces marchés en traversant des localités à fort taux d'endémisme risquent fort de se faire piquer par les simulies vectrices et donc d'attraper l'onchocercose.

Aussi les élèves fréquentant le secondaire au chef lieu des préfectures échappent pour la plupart aux sessions annuelles du TIDC, même s'ils reviennent dans leurs villages d'origine pendant les petits congés ou les vacances, il n'est pas certain qu'ils aient été prélus en dose d'ivermectine. Et même s'ils ont été prévus, il n'est toujours pas évident qu'ils avaient veillent prendre le produit. Dans le Bassin du Mafou beaucoup d'élèves nous ont déclaré «je n'ai pas pris I'ivermectine puisque j'étais à Faranah où je poursuis mes études». Aussi dans les rares cas où certains élèves absents se prêtent au TIDC, il y a risque de sous-dosage ou surdosage ; (ce sont souvent les parents qui leur remettent le produit sans que les prises de poids et de taille ne soient faites pour déterminer la dose convenable). 30

Un autre facteur causal non moins important est l'arrivée, chaque année, en début de campagne agricole, de jeunes paysans à la recherche d'un travail rémunéré. Pour la plupart, ils viennent de ,àn. non iniestées par les simulies, donc se mêlent à Ia population sans être bien informés des problèmes liés à I'onchocercose. Par conséquent, ils accordent peu d'attention au TIDC. L'un d'entre eux nous a confié «dans mon village, l'onchocercose et les simulies n'existent pas, donc je ne vois pas de raison de m'inquiéter pour ma santé en prenant ce produit (ivermectine)».

L'exploitation de l'or (dans les préfectures de Siguiri, Kouroussa et Mandiana) et du Diamant à BanÀkoro (préfecture de Kérouané) constitue de nos jours une activité économique qui attire une proportiôn très importante de la population rurale. Elle favorise des déplacements réguliers d'un viilage minier à un autre, de sorte qu'il est pratiquement impossible d'en contrôler les entrées et les sorties.

Certaines personnes peuvent faire leur rentrée dans un village sous TIDC mais dès qu'ils se rendent comptent queles mines sont peu porteuses d'or, ils prennent aussitôt une autre direction. Dans une telie situation de va et vient incessant, les DC et les agents de santé ont du mal à traiter tous les étrangers qui entrent au village. A cet effet, ils ne prennent ou compte que les personnes considérées dans le micro-planification et c'est en fonction de celles-ci qu'ils établissent la couverture thérapeutique.

L,arrivée des réfugiés depuis le déclenchement de la guene du Libéria et de la Sierra Leone a considérablement compliqué la tâche dévolue aux agents de terrain. Ce phénomène est particulièrement remarqruUt" dans les communautés du Bassin du Mafou oir existent des réfugiés àisséminés dans la ,onè .n vivant dans des hameaux, isolés enclavés et mal connus des DC et des agents de terrain.

Aussi, faut-il signaler que des migrations de simulies sont fort possibles des zones frontalières infestées de la Sierra-Leone en direction du Bassin du Mafou'

Enfin, l'existence de groupes d'éleveurs peulhs dans des hameaux inaccessibles ne favorise pas l'amélioration de la couverture thérapeutique dans le secteur OCP de Faranah'

8.2- Attitudes et comportements des populations

Le personnel OCp a, depuis le début du programme déployé d'énormes efforts pour la réalisation des objectifs prioritairès de I'OMS en la matière. Des progrès significatif ont été réalisés (diminution noiable du taux de prévalence de l'onchocercose dans les communautés). Mais il n'a de l'endémie, des ias complètement réussi à fairè adopter par les populations rurales, victimes comportements appropriés et responsables. Cet échec partiel trouve son explication dans la faiblesse de la sensibilisation. L'IEC n'a pas été suffisamment prise en compte comme composante indispensable à un véritable partenariat. Il aurait été souhaitable de mieux respànsabiliser les populations, de leur expliquer le bien fondé de leur implication profonde dans Ies actions de lutte. pàrtout, les populations ont déclaré que «notre participation se limite à la prise de I'ivermectine».

Les attitudes et comportements observés à travers les entretiens, dans leur majorité (peur des réactions de I'ivermectine, prise irrégulière du produit, et refus de prendre Ie mectizan) limitent la portée du TIDC. 3l

8.3- Motivation du personnel de santé et des DC

Le personnel de santé et les DC constituent la croie de transmission entre les populations et Ie perionnel OCP. De leur niveau d'implication et de leur motivation dépend en grande partie de de lutte. a l'efficacité des actions

Si la collaboration entre le personnel de l'OPC et les chefs des CS est franche et fonctionnelle, il n'en est pas de même entre les chefs des CS et leurs personnel. Dans nombre de CRD, les chefs des CS n'associent pas leur personnel au TIDC. Ou si certains agents de la santé sont impliqués dans les actions lutte, ils sont de moins en moins pris en compte dans la distribution des avant financier et matériel ( annuel du carburant versés par l'OCP).

Or |e nombre de village à couvrir par CRD (plus 100 villages par endroits) est si important que les chefs des CS sont incapables à eux seuls d'en assumer le traitement et de mieux contrôler les prestations des DC.

De nombreux chefs de CS et poste de santé déclarent être peu motivés du fait de l'écart croissant entre les moyens mis à leur disposition et l'augmentation du nombre de personnes à traiter (création de nouveaux hameaux, arrivée des réfugiés, des déplacés et des immigrants temporaires).

Selon les déclarations officielles, il existerait 2 DC par village, mais dans la réalité beaucoup de villages n'en possèdent pas. En fait, des DC avaient été choisis par village et formés dans leurs localités par le personnel OCP et les chefs des CS. Le manque de motivation a occasionné la démission tacite de la plupart d'entre eux. Nombreux sont aujourd'hui des villages qui sont desservis par le Projet oncho ou par les chefs des CS ou PS.

Or, le TIDC n'a sa raison d'être que lorsque I'auto traitement communautaire est effectivement appliqué. L'absence de DC dans une localité signifie l'absence de TIDC par conséquent des inquiétudes apparaissent dès lors qu'on songe à I'après OCP.

8.4- Accessibilité des localités

Si "le développement suit la route", l'enclavement est un handicap majeur au développement et au changement de mentalités. Les communautés isolées et enclavées des bassins du Haut Niger- Mafou et du Tinkisso sont pauvres.

L'enclavement a favorisé l'existence de certaines poches de pauvreté ou les villageois peuvent mettre plus de trois mois sans voir un véhicule à part ceux du projet oncho en perpétuel déplacement dans les zones onchocerquiennes. Dans de telles localités, le combat pour la suivie est la préoccupation essentielle qui influe sur les perceptions, les attitudes et les comportements. Pour obtenir de ces populations un changement de mentalité et l'adoption de comportement responsable face au TIDC, il faudra beaucoup insister sur l'IEC. Un vieillard de Wassambala nous a dit «En cette période, à part les voitures de I'oncho, nous ne voyons pas d'autres véhicules. Cela est vraie, il est vraie aussi que chez nous il y a les simulies, I'onchocercose et la cécité, nous nous ne pouvons pas abandonner ces terres et ces cours d'eau car c'est ici où nous cultivons, chassons et pêchons».

L'enclavement et l'analphabétisme sont des facteurs quelques fois limitant les efforts de sensibilisation du personnel OCP et de santé. Aussi certains hameaux du fait de leur grand 32 enclavement ne sont pas connus car il n'existe aucune voie carrossable pour les rallier. Pour y aller, il faut emprunter des sentiers sinueux. De tels hameaux échappent à toute entreprise dans le cadre du TIDC.

VII. RECOMMANDATIONS

Ù A l'issu de tout ce qui précède, un certain nombre de dispositions opérationnelles doivent être envisagées, dont entre autres :

Impliquer effectivement l'autorité de tutelle (préfectures, sous-préfectures), Communautés Rurales de Développement (CRD et District), qui doivent être informés de tout ce qui se fait dans la sphère géographique, et qui sont mieux placées pour la

sensibilisation et mobilisation des populations ;

Négocier un temps d'antenne avec la Radio Rurale de Kankan et la Radio Communautaire de Faranah qui pourraient par des messages appropriés, informer,

éduquer et sensibiliser les populations de la zone ;

Procéder à une vérification de I'existence de gîtes non connus et qui échapperaient aux campagnes de traitements (fruits, écorces, troncs d'arbres) de certains affluents du Haut Niger- Mafou;

Procéder au désenclavement des localités par une implication directe et effective de 1'Etat

guinéen et par la participation des communautés villageoises ;

Appuyer les populations pour le relèvement du niveau d'instruction par l'ouverture de

centres d'alphabétisation fonctionnelles ;

Intensifier et diversifier les actions de sensibilisation en direction des communautés et des

distributeurs communautaires ;

Rechercher de meilleurs moyens de motivation du personnel de santé et des D.C ;

Créer une synergie entre autorités de proximité, personnel de santé, D.C. et communautés;

Identifier et recenser exhaustivement les hameaux dispersés et non connus pour leur prise

en charge dans Ia micro-planification ;

Confectionner et distribuer des fiches de traitement aux communautés