Capitalisation des pôles de développement des préfectures de et

Les pôles de développement du PDLGII en Haute Guinée : une dynamique socio -économique intercommunale prometteuse, un atout pour la décentralisation en Guinée

odile Balizet 2012 Capitalisation des pôles de développement des préfectures de Kouroussa et Siguiri

Avant propos

L’expérience en pôle de développement économique est une stratégie permettant le regroupement de plusieurs collectivités locales réunies par une solidarité naturelle et bénéficiant de potentialités communes pour la gestion de proximité en vue de promouvoir le développement socioéconomique durable.

Monsieur Alhassane CONDE Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation 2

Avertissement aux lecteurs

Ce document est le fruit d’une réflexion collective avec les principaux acteurs impliqués dans les pôles de développement. : au niveau de l’état guinéen : Secrétaires généraux du ministère, 3 secrétaires généraux et receveurs des Communautés rurales. Maires, élus, techniciens des collectivités locales, représentants de la société civile en particulier des pôles de Kiniéro, et Doko, au niveau de l’équipe technique du PDLG II, la cellule d’appui technique et les 9 secrétaires techniques de pôles ainsi que le partenaire stratégique du PDLGII le PACV2 et la cellule d’appui conseil des plates formes multifonctionnelles ATC.

L’ensemble de ces acteurs a souhaité faire partager cette expérience aussi bien dans ses réussites que ses difficultés, sous forme d’un document à l’adresse de l’ensemble des acteurs impliqués de près ou de loin dans la décentralisation et le développement local. Par cette capitalisation de l’expérience pilote des pôles de développement, ils espèrent contribuer à la réflexion mais aussi à la mise en œuvre de la décentralisation et du développement local en Guinée et plus largement de la sous région.

Qu’ils soient tous remerciés de cette volonté de partager une expérience qui ouvre la voie sur les stratégies de développement socio économiques locales reposant sur l’intercommunalité et la concertation.

Sommaire

Présentation de la zone d’intervention du PDLG et du processus P 5 à 9 4 1 de décentralisation

Présentation de la démarche du PDLG P 10 à 12

Genèse des pôles P 13 à 17

Présentation des pôles, P 18 à 20 2 La démarche et les outils de mise en œuvre des pôles P 21 à 26

3 Le dispositif de développement des capacités et d’appui conseil P 26 à 33 L’appui au développement économique local et à la création P 34 à 40 4 d’emploi

5 Le relèvement des finances locales P 41 à 46 Des résultats et des points forts P 47

Une forte dynamique de solidarité et de cohésion sociale P 47 à 50 6 Les infrastructures marchandes une innovation et un pari P 50 à 54 réussi pour les collectivités

7 Les difficultés et les risques P 55

Les perspectives P 56 à 57

En conclusion, la parole aux acteurs P 58

I.LE CADRE DU PROJET

1. 1 Principales caractéristiques de la zone :

La Haute Guinée, ou Région de Savanes occupe le tiers du pays dans sa partie nord- est. Elle couvre un fragment du plateau manding qui continue en république du Mali. Elle est arrosée par le fleuve Niger et ses nombreux affluents. Avec son climat sec, elle présente une végétation de savane typique. La population active est surtout employée par ordre d’importance dans : L'agriculture, l’élevage, la pêche, la sylviculture, l’industrie les mines, l’artisanat, le commerce, la restauration et l’hôtellerie, … Ces activités sont exercées essentiellement dans le secteur informel (plus de 80% des emplois).

La préfecture de Siguiri

La Préfecture de Siguiri compte 13 Collectivités Locales décentralisées dont 12 5 Communautés Rurales de Développement (CR) et une Commune Urbaine Siguiri dont la population est estimée à 32450 habitants en 2005 ce qui la place au 15 ème rang des villes de Guinée.

La préfecture de Siguiri est située en Haute Guinée. Elle est la plus grande préfecture du pays avec 18 400 km2. Créée en 1888, elle est également l’une des plus vieilles. Elle fait frontière avec la république du Mali au nord et la préfecture de Kankan au sud. Sa position de zone pré-sahélienne lui confère un climat de type soudano-sahélien avec une moyenne pluviométrique assez faible (1 100 mm) Ces bassins confèrent à la Préfecture un relief en deux grands ensembles : les plaines fluviales du Niger et du Tinkisso très favorables à

l’agriculture et les monts et plateaux intérieurs arrosés par le bassin du Sénégal aux sols ferralitiques et squelettiques, plus pauvres mais riches en gisements aurifères.

Aujourd’hui comme naguère, l’or joue un rôle déterminant dans l’économie de la préfecture de Siguiri. Il y est exploité dans le Bouré, une région aurifère qui, avec le Bambouk, en territoire Malien, a fait la fierté et la richesse des empires du Ghana et du Mali entre le 11e et le 15 e siècle.

Marchand traditionnel d’or au marché de Tomboko (Sous préfecture de Doko)

De cette histoire, les populations de la préfecture ont gardé une longue tradition d’orpaillage. Cette place de l’or dans l’économie préfectorale a pris des dimensions plus importantes avec son exploitation industrielle par la Société Ashanti Goldfields 6 depuis 1996. C’est dans la sous-préfecture de à 33 km de Siguiri que sont installées les usines de la Société Ashanti Goldfields, où près de 500 ouvriers et cadres travaillent. Les activités économiques dans la Préfecture de Siguiri concernent principalement le secteur agricole (l’agriculture, l’élevage, la pêche, la sylviculture, etc ) qui compte plus de 200 000 actifs avec près de 90% des emplois. Le bitumage de la nouvelle route nationale reliant le port de Conakry au Mali a donné un souffle nouveau aux activités socioéconomiques. La ville est devenue plus accessible et, à la faveur de l’exploitation industrielle des mines d’or, on y assiste à une grande affluence d’immigrants venus de partout en Guinée et des pays limitrophes. Le résultat est un bond démographique, accompagné d’un certain dynamisme commercial soutenu surtout par un secteur informel très florissant.

La préfecture de Kouroussa

La Préfecture Kouroussa est située au cœur de la Haute Guinée. Elle est limitée au Nord-Ouest/Nord- Est par les Préfectures de Dinguiraye et Siguiri, à l’Ouest par la Préfecture de Dabola, à l’Est par la Préfecture de Kankan, et au Sud/Ouest par les Préfectures de Kissidougou et de Faranah. Le climat est de type sub- soudanien avec une moyenne pluviométrique annuelle de 1 540 mm. Le réseau hydrographique comprend essentiellement le bassin du Niger et de ses affluents qui confère à la zone un relief de plaines et de plateaux favorables à l’agriculture et à une végétation assez diversifiée.

Cadre humain et organisation administrative : Selon les résultats du recensement général de la population et de l’habitation de1996, la préfecture de Kouroussa dispose d’une population de près de 180 000 habitants. Avec 10,7 habitants/km², la Préfecture de Kouroussa se caractérise par la plus faible densité de population de toute la Haute Guinée Celle-ci est essentiellement concentrée à Cisséla (qui abrite le plus important marché de la 7 région) et dans les localités de , et Kouroussa La Préfecture de Kouroussa compte 13 Collectivités Locales décentralisées dont 12 Communautés Rurales de Développement (CR) et une Commune Urbaine, Kouroussa, la préfecture dont la population était estimée à 12300 en 2005 ce qui la place en 25 ème position des villes de Guinée (2005)

. Les activités économiques Les activités économiques dans la Préfecture de Kouroussa concernent le secteur agricole qui compte plus de 118 000 actifs avec plus de 93% des emplois. Les activités du secteur non agricole portent sur l’artisanat, le commerce, l’industrie, les mines et le tourisme et le loisir et représentent moins de 10% des emplois. Les principales activités de la Préfecture sont concentrées à Kouroussa-centre et au niveau des CR dans les principaux marchés hebdomadaires.

1.2 La décentralisation en Guinée

La Guinée a généralisé le processus de décentralisation à l’ensemble du territoire national depuis une quinzaine d’années. En effet, le territoire guinéen est aujourd’hui entièrement organisé en collectivités décentralisées de base avec 304 communautés rurales de développement (CR) comprenant 1700 districts ruraux et 38 communes urbaines (CU) regroupant plus de 500 quartiers urbains et Conakry elle même, dotée d’un statut particulier. Cette organisation administrative est reconnue par l’ensemble des acteurs institutionnels (État, élus, leaders communautaires, société civile et partenaires au développement). De ce point de vue, le processus de décentralisation semble

irréversible. Des acquis incontestables ont été obtenus dans le domaine de la réalisation des infrastructures sociales. L’ensemble des collectivités décentralisées bénéficient actuellement d’une relative autonomie financière et sont dotées d’un organe délibérant et d’un organe exécutif. Il s’agit :  du conseil communal, du maire et de ses adjoints pour les communes urbaines, (ii) du conseil communautaire,  du président, du vice-président et du trésorier pour les CR. Des compétences générales sont reconnues aux communes et aux CR dans plusieurs domaines du développement local soit en matière d’élaboration, vote et exécution du budget et des comptes, gestion de l’État civil et du domaine public, de l’éducation et de la santé. Les ressources des collectivités proviennent de la fiscalité locale : impôts directs, taxes diverses et revenus du domaine ou exceptionnellement de subventions, dons, legs et emprunts. Au niveau central, l’autorité juridiquement compétente pour exercer la tutelle sur les collectivités décentralisées est le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité (MIS). L’exercice effectif de cette tutelle se fait par délégation de pouvoir aux représentants du Gouvernement au niveau déconcentré (gouverneurs, préfets et sous-préfets) qui jouent le rôle de tutelle rapprochée. Les Services Régionaux d’Appui aux Collectivités et de Coordination des interventions des ONG et des Coopératives (SERACCO) et les Services Préfectoraux de Développement (SPD) sont des structures déconcentrées d’appui aux CL. Dans l’élaboration des plans de développement locaux (PDL), les services déconcentrés respectent les prérogatives et les décisions des instances des CR.

Les dernières élections locales (2005) ont nettement amélioré l’autorité et la légitimité des organes dirigeants des collectivités décentralisées. Du point de vue de 8 la gouvernance, les partis politiques de l’opposition à travers les CR et les communes qu’ils ont conquis, participent et font leur apprentissage de la gestion publique. En 2006, un nouveau code des collectivités locales a été adopté consacrant ainsi les principes fondateurs de la décentralisation à savoir l’autonomie administrative et financière des collectivités locales assortie de dispositions de transfert de ressources fiscales, budgétaires et d’un patrimoine.

Problèmes majeurs de la décentralisation et de la gouvernance locale Malgré d’indéniables avancées dans le domaine de la décentralisation et du développement local, la Guinée demeure confrontée à des problèmes qui entravent l’instauration d’une gouvernance locale saine et performante, susceptible de devenir un instrument de lutte contre la pauvreté. Peuvent être cités au nombre de ces problèmes: 1. le faible degré de fonctionnalité et la faible capacité des collectivités locales (i) à rendre des services aux communautés, (ii) à mobiliser les ressources financières et à les gérer de façon transparente, (iii) à impulser le développement économique local et (iv) à coordonner des actions de développement ; 2. la quasi absence de coordination des initiatives et l’inexistence d’une réelle impulsion au niveau régional et préfectoral, plus proche des collectivités locales et censé servir d’interface entre le niveau central et le niveau local, notamment par la recherche permanente d’une cohérence entre les orientations nationales et sectorielles d’une part, les plans de développement élaborés au niveau local, 3. l’absence d’un cadre stratégique mettant en cohérence une vision politique claire et les instruments de sa mise en œuvre de façon coordonnée entre les

parties prenantes et sous l’impulsion et le pilotage du gouvernement à travers le ministère chargé de la décentralisation ; 4. la faiblesse et / ou l’amenuisement des investissements de l’Etat dans les collectivités locales.

Appui des donateurs au processus de décentralisation

La Guinée est appuyée dans la mise en œuvre de son processus de décentralisation et de développement local par ses partenaires techniques et financiers (PTF) et par certaines organisations non gouvernementales (ONG). L’assistance est essentiellement fournie à travers des projets et des programmes orientés vers des régions et des collectivités locales avec parfois un appui aux structures publiques nationales (DND) ou déconcentrées. L’une des caractéristiques essentielles de cette assistance est qu’elle s’adresse souvent de façon directe aux collectivités locales à travers les dispositifs mis en place par les projets / programmes financés par les PTF et les ONG faisant souvent appel à des prestataires ou opérateurs privés, ce qui favorise peu le renforcement souhaité des capacités des structures publiques centrales et surtout déconcentrées qui, de par leur mission et leur caractère pérenne, sont appelées à prendre la relève au départ d’une intervention extérieure généralement limitée dans le temps. Les deux principales interventions d’appui au processus de décentralisation et de développement local sont conduites au travers de deux programmes le PACV et le PDLG, qui sont liés par une convention de partenariat en Haute Guinée

 le Programme d’Appui aux Communautés Villageoises (PACV). Conçu comme un programme évolutif à long terme avec trois phases et destiné à 9 couvrir à terme les 304 CR de la Guinée, le PACV vise à renforcer la gouvernance et à promouvoir le pouvoir économique des populations rurales. Au cours de la première phase, le PACV a initié et mis en œuvre un programme de décentralisation et de développement local, visant plus particulièrement à accroître l’accès des populations rurales aux infrastructures de base. Au cours de la seconde phase du programme, il s’agit, non seulement de consolider les stratégies de décentralisation et de participation dans les CR, mais également d’améliorer d’une manière significative l’accès des populations aux services sociaux de base. Il est financé essentiellement par la Banque Mondiale, l’AFD et le FIDA  Le Projet de Développement local en Haute et Moyenne Guinée (PDLG). L’appui du PNUD et du FENU à la décentralisation et au développement local a démarré en 1999 à travers ce projet il a couvert vingt trois (23) CR des préfectures de Siguiri et de Kouroussa, en Haute Guinée.:  (i) planification participative locale, (ii) financement des investissements publics issus du processus de consultations locales, (iii) renforcement des capacités des acteurs locaux, (iv) renforcement du développement économique local avec un accent sur les pôles économiques et (v) mobilisation des ressources internes des collectivités locales dans une perspective de pérennisation des actions engagées. Cette intervention a fait l’objet d’une évaluation positive en juin 2007. Le PDLGII (2007/2012) est donc une suite du PDLGI. Dans l’esprit de la réforme de l’ONU et au titre de l’opérationnalisation du Plan Cadre des Nations Unies pour l’Aide au Développement (PNUAD), les Agences du Système des Nations Unies (SNU) ont formulé et lancé en juillet 2007, avec le Gouvernement guinéen, le Programme conjoint de Relance des Dynamiques Locales de Développement en Guinée Forestière (REDYLO-GF) qui vise, pour la période 2007-2011, à contribuer à la

relance des dynamiques locales de développement économique et social et de préservation de l’environnement. Ce programme est rattaché au PDLG II

1.3 La démarche de développement économique local du PDLG :

Le PDLG s’appuie sur une philosophie du développement local qu’il a explicité ainsi : 10 Une définition « Le DEL est un processus de changement social planifié et contrôlé par le milieu visant à créer de nouvelles institutions et par lequel les collectivités, incluant celles qui sont marginalisées, acquièrent le contrôle des ressources économiques requises afin d’assurer l’épanouissement individuel et collectif de tous leurs membres » Les pratiques de DÉL dépassent ainsi le seul développement économique des collectivités auquel elles contribuent. En effet, les pratiques de DÉL considèrent le développement global d’une communauté donnée, par et pour tous ses membres, comme un moyen d’atteindre simultanément des objectifs sociaux et économiques et de réduire les inégalités socioéconomiques. Le DÉL peut donc être considéré comme le processus d’autonomisation d’une communauté qui prend en charge ses instruments économiques pour assurer le mieux être global de l’ensemble de ses membres. » Des principes : Le développement économique local :  est un processus communautaire dirigé par la communauté;  aborde les problèmes auxquels font face les collectivités d’une manière globale et participative;  comprend une dimension territoriale;  combine de façon explicite le développement économique et social;  favorise le bien-être économique, social, écologique et culturel des communautés;  transfère la prise de décision aux plus concernés par ces décisions;

 crée des partenariats;  est de nature à long terme.

Des outils :

Au lieu de se définir autour de composantes d’intervention, le PDLG se veut un processus de mise en relation des acteurs locaux autour de leurs propres initiatives de développement. Le PDLG s’organise autour de 5 outils mis à la disposition des CR :

Planific ation Le PDLG locale particip s’organise ative Cadre autour de Dispositif de 5 outils d'appui concerta conseil CAT tion mis à la CRD locale disposition Système des CR : de suivi Fonds de évaluati développe on ment particip local atif 11

 La Procédure de Planification Locale Participative (PPL) :

Basée sur les principes de participation et de transparence, elle recherche le consensus de tous les acteurs locaux autour d’une proposition/modèle de développement. Son but est de créer un niveau décisionnel local fondé sur la concertation, la programmation et la bonne gouvernance comme base structurelle de la gestion publique de la collectivité.

 Le Fonds de développement local (FDL) :

Mis à la disposition des CR afin de réaliser les investissements nécessaires pour le développement de la collectivité, il est régulé par un système de « plancher/plafond » et réparti entre :

Le fondsLe fond de développement local Le fonds d'investissement d'investissement Local(FIL) dédié aux villageois (FIV) dédié infrastructures Le fonds aux activités prioritaires de la d'investissement inter génératrices de CRD (FIC) dédié aux CRD et à la Gestion revenus en infrastructures de l’Environnement particulier des marchandes des pôles local et des groupements de Ressources femmes Naturelles

La CR est le maître d’ouvrage dans l’utilisation du FDL et assume les fonctions d’ordonnateur et de receveur. Elle doit recevoir de la part d’organes de concertation l’accord préalable avant l’engagement des dépenses et le support nécessaire pour une bonne utilisation des fonds.

La finalité à moyen et à long terme de ce dispositif financier est d’expérimenter un système pérenne de gestion financière et de transfert budgétaire de l’Etat vers les collectivités locales.

 Des cadres de concertation locale.

Proposés aux CR et à l’administration déconcentrée, ils ont pour but de :

 pérenniser les acquis du PDLG,

 structurer les instances de décision concernées,

 promouvoir des échanges entre l’ensemble des acteurs locaux,

 garantir aux autorités locales la possibilité de rendre compte aux citoyens de leurs activités

 préfigurer des espaces inter institutionnels de coordination transparents.

Il s’agit du CDD (niveau district), CDC (niveau CR), CFL/CPD (niveau préfecture), et des Forum des CR. 12 Le Comité de Financement Local est présidé par le SGCD. Y siègent les présidents et les Secrétaires Communautaires de chaque CR des préfectures participantes, deux représentants du CDC non membres des CC, le DPDRE, un représentant du service de Planification régional et un représentant de la CAT en qualité d’expert sans droit de vote. Notons que le CFL, de nature transitoire, a disparu dès que le Conseil Préfectoral de Développement (CPD) est devenu opérationnel, en 2005, à Siguiri et Kouroussa

Au sein du CDC/CDD, on note les six (6) commissions suivantes dont toutes les 23 CR ont été pourvues depuis 2002 :

 Une commission gestion du FDL,  Une commission gestion et entretien des infrastructures,  Une commission planification locale.  Une commission mobilisation de ressources financières,  Une commission passation des marchés,  Une commission information.

 Un dispositif d’appui -conseil organisé en cellule d’appui technique destiné à concrétiser les orientations décidées par les instances de concertation et pérenniser les investissements du programme. Sa mission est d’accompagner et de soutenir les différents acteurs (pendant une durée déterminée) dans la réalisation de leurs actions de développement, afin qu’ils acquièrent les capacités et les

connaissances nécessaires. Le renforcement des capacités locales est entendu non seulement comme formation mais surtout comme information et éducation civique. Les programmes de formation privilégieront l’approche « apprentissage/action » notamment en élaborant des outils d’aide à la décision.

 Un système de suivi évaluation participatif

Partie intégrante des activités du programme, son objectif dans la 1ère phase est de développer un ensemble d’outils qui permettront aux communautés locales de réaliser l’autoévaluation du PDLG, qui sera mise en place pendant la 2ème phase d’exécution du projet.

1.4 Historique du programme : genèse des pôles de développement :

Etape 1 : Comment réconcilier les populations de Haute Guinée avec le développement ?

En Haute Guinée, la notion de développement était pervertie lorsque le PDLG 1 s’est implanté, la population se sentait mise à l’écart pire, les gens pensaient que le pouvoir central agissait délibérément contre la Haute Guinée. Du coup ils rejetaient tout projet de développement d’autant que les élus locaux étaient toujours en place 13 depuis 10 à 15 ans sans mandat électif. Le PDLG I n’avait ni l’ambition ni le mandat de modifier les institutions. Il a mis en place des comités techniques de concertation, en appui technique aux conseils des élus. Ces comités techniques, ainsi que les procédures de planification communautaires et une gestion transparente avec un contrôle citoyen, ont été les leviers de la restauration de la confiance. Ils ont permis de motiver la population pour les projets de développement, la réalisation effective des infrastructures de base a fait le reste, au point que dans 80% des Communautés rurales des préfectures de Siguiri et Kouroussa, les présidents des comités techniques de concertation ont été élus maires des collectivités lors des élections de 2005.

Le PDLG s’est donc centré sur les infrastructures de base. Grâce à un financement PNUD et UNCDF et une contribution financière des collectivités locales de 15%, il a permis de réaliser conformément aux plans de développement :

Types Préfecture Préfecture de Total d’infrastructures de Siguiri réalisées durant le Kouroussa PDLGI École primaire 8 30 38 Collège et Lycée 7 7 14 Poste de santé 10 16 26

Blocs – latrines 19 0 19 Centre culturel 3 2 05 Centre NAFA 1 1 02 Marché 10 12 22 Gare routière - 1 01 Parc à bétail - 1 01 Total 58 70 128

NB Les infrastructures marchandes ont été réalisées dans la dernière phase du PDLG I en 2005 2006

Mais, l’évaluation à mi-parcours du PDLG a mis en évidence que le projet avait répondu à l’objectif en ce qui concerne la livraison des infrastructures sociales de base. Certes les populations de Haute Guinée étaient réconciliées avec le développement et s’étaient impliquées dans les instances de concertation et de planification, mais derrière cette apparente réussite se cachaient de nombreuses lacunes et des problèmes non résolus, qui mettaient en cause la pérennité des infrastructures et surtout mettaient en évidence le peu d’impact sur la pauvreté du milieu alors que le PDLG escomptait un effet de levier. L’organisation communale 14 restait très faible et la fiscalité locale était très insuffisante.

Etape 2 : Comment passer de collectivités formelles à des collectivités dynamiques ?

La démarche du PDLG a donc été révisée, autour de la notion de territoires de développement avec pour conforter la démarche à mettre en œuvre la conjonction de trois éléments déterminants :

1. Le code des collectivités locales qui encourage l’intercommunalité

« Lorsque les communautés rurales de développement sont constituées, le Préfet favorise et encourage la création d’associations inter communautaires afin d’organiser les solidarités au niveau supérieur pour la réalisation et la gestion des opérations dont l’ampleur et le coût dépassent les moyens d’une seule CR. Ces associations peuvent également comprendre des communes urbaines en vue de développer la complémentarité entre milieu rural et urbain ». (CCL article 142). L’organisation des CR en territoires de coopération autour des pôles économiques dans un cadre de coopération inter communautaire est en adéquation avec la politique de la décentralisation qui a posé le principe des associations des collectivités (association inter district, association inter communautaire).

2. La conception stratégique du PDLG basée sur les processus de développement:

Le but du PDLG est de :

Démontrer qu’une dévolution aux collectivités locales de base (les CR) de la responsabilité de fourniture d’infrastructures et de services d’intérêt local, accompagnée d’un effort parallèle de dévolution de ressources et de renforcement des capacités de ces CR, se traduit par des actions de développement mieux adaptées à la demande réelle des populations et plus efficaces.

Cette conception de l’appui aux collectivités locales mise en place dès 2000 dans les préfectures de Kouroussa et Siguiri, a permis de développer une culture du développement tant auprès des élus des services de l’état que de la population, qui était mûre pour passer à une nouvelle étape inter communale.

3. Le système d’analyse institutionnelle et financière des collectivités locales (SAFIC)

Le contexte de sa mise en place repose sur un constat : après une vingtaine d’années de décentralisation dans la sous -région plusieurs défis restent d’actualité dans la plupart des pays dont la Guinée il subsiste une extrême faiblesse des moyens des collectivités locales pour jouer pleinement leur rôle :

1. Au plan financier : des ressources financières très limitées  Assiette et rendement faible de la fiscalité  Faiblesse et irrégularité des revenus de transfert de l’état aggravées par la 15 crise 2. Au plan organisationnel : une très faible organisation des services communaux  Moyens humains, matériels et techniques dérisoires.

Fort de ce constat et des interrogations soulevées quant à la capacité desdites collectivités à s’approprier les infrastructures concernées et à rendre durablement des services aux habitants, l’UNCDF s’est interrogé sur l’intérêt de continuer à appuyer les collectivités locales dans la livraison d’infrastructures socio-collectives de base. Pour renforcer la capacité d’autogestion des communes rurales, l’UNCDF a développé une expérience pilote : Le SAFIC.

Les objectifs du SAFIC :

Le SAFIC est une démarche concertée visant, à saisir les problématiques liées à la gestion et à la gouvernance locales (organisation, économie et finances locales) prendre des décisions concernant l’adoption de mesures correctives en vue d’améliorer la gestion locale. Ses objectifs se déclinent ainsi :

1. Aider les gouvernements à mieux appréhender la gestion communale, les finances locales et le développement économique local avec des instruments simples et adaptés au contexte local. 2. disposer d’éléments pertinents et convaincants susceptibles d’instaurer un véritable dialogue :

 d’une part, entre les citoyens et les décideurs locaux en ce qui concerne le niveau de services à fournir et les charges fiscales admissibles ;  d’autre part, entre la collectivité locale et l’Etat en ce qui concerne la définition des moyens financiers à accorder par l’Etat pour permettre à celle- ci d’assumer pleinement ses missions dont essentiellement la fourniture de services locaux

L’étude SAFIC réalisée en 2004 dans les deux préfectures de Kouroussa et Siguiri, a donné lieu à deux ateliers de restitution qui restent dans la mémoire de tous les acteurs d’une façon unanime comme l’événement -clé déclencheur de la dynamique des pôles. Les résultats du diagnostic et les pistes de solution proposées rejoignaient les constats et préoccupations de l’état, des collectivités, de l’UNCDF, du PDLG de la société civile. L’étude a mis en évidence :

 la faiblesse des recettes des CR due à l’étroitesse du gisement fiscal liée aux difficultés de mise en valeur des potentialités économiques locales diversement et inégalement réparties dans les CR  Au regard de l’analyse des dynamiques et de l’ampleur des enjeux qui concernent plusieurs CR à la fois et qui nécessitent des moyens et des efforts importants, il paraît qu’un véritable développement économique ne peut être envisagé dans les seules limites des espaces ruraux que constituent aujourd’hui les CR. Compte tenu du niveau de leurs ressources humaines et financières, la majeure partie des CR, seules, sont incapables de promouvoir un développement endogène durable. 16

D’où l’intérêt et la pertinence de l’organisation des CR en territoires de développement autour de pôles économiques identifiés sur la base de gisements de ressources potentielles de la fiscalité locale. Ainsi sept (7) pôles économiques ont été proposés dont trois (3) à Kouroussa et quatre (4) à Siguiri

De là sont nés les pôles de développement, non sans quelques réticences lors des ateliers de restitution où les maires des CR ont demandé une interruption de Les 7 pôles :

Préfecture de Kouroussa : Pôle de Cisséla, Pôle de Kiniéro Pôle de Baro Préfecture de Siguiri : Pôle de Doko, Pôle de Kintinian, Pôle de Norassoba Pôle de

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séance pour discuter entre eux. A leur retour : le pari était gagné tous les acteurs étaient prêts à se lancer dans l’aventure des pôles et à jouer le jeu de l’intercommunalité, conscients des perspectives offertes pour répondre aux défis du développement économique local de leur zone.

Témoignage : « Un des plus gros acquis des pôles de développement : Les élus ont compris le développement et leur place dans le développement »

Le PDLGII avec les pôles de développement a réussi à relever ce défi. Le processus de décentralisation a privilégié la viabilité institutionnelle des communes à la viabilité économique. Ainsi 90 % des plans de développement sont dédiés à des investissements pour des infrastructures sociales et les élus ont toujours du mal à comprendre leur rôle. Une des questions au cœur de la décentralisation est d’arriver à passer d’une décentralisation formelle et politique à des collectivités dynamiques investies dans le développement économique local, faute de quoi, le processus de décentralisation s’épuise. (MR Itala Kourouma Directeur national de l’administration du térritoire)

Quelques leçons apprises de cette phase :

 La concertation, tant au niveau national que local, a joué un rôle prépondérant dans la crédibilisation des structures locales, surtout en ce

qui concerne la commune en tant que maître d’ouvrage du développement local.  Sans mécanisme de financement, la planification demeure une démarche théorique sans emprise sur le milieu.  Le partenariat impliquant plusieurs niveaux (gouvernement central, partenaires au développement et collectivités locales) constitue un angle de travail essentiel pour une démarche durable du développement local.  Les cadres de concertation et la mise à disposition de fonds gérés de manière transparente ont permis de créer un réel climat de confiance entre les citoyens et les élus.

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II. LE PDLG II ET LES POLES DE DEVELOPPEMENT.

Les leçons tirées du PDLGI, reportées ci dessous sont illustratives des acquis et du terreau sur lequel les pôles de développement conçus à la charnière entre le

PDLGI&II, ont pu se développer pleinement et avoir un effet de consolidation et d’entrainement du développement économique local.

2.1 Les leçons apprises du PDLGI sur lesquels se sont construits les pôles

Volet planification locale  L’exercice de planification participative locale est perçu par les populations à la base, comme une réponse pratique à la crise de confiance qui a très souvent caractérisé les relations entre les populations et les élus.  Les PDC sont des instruments privilégiés d’ harmonisation des interventions des différents partenaires d’appui et de recherche de solutions à la distribution spatiale déséquilibrée des services sociaux de base, en zone rurale.  Lorsque les PDC sont élaborés de façon participative et que les communautés ont la conviction que leur contenu répond à leurs préoccupations autour desquelles le consensus se dégage, ils sont acceptés par l’ensemble des acteurs comme outils de référence pour les investissements.  Les initiatives économiques des communautés doivent faire l’objet d’étude de faisabilité pour renforcer la probabilité de leur réussite.  La transparence dans l’exercice de planification et l’implication des femmes et des jeunes dans l’ensemble du processus permettent de mettre en confiance ces groupes vulnérables au point d’exprimer leurs attentes et besoins.

Volet Infrastructure/Plan d’Investissement Local 19  Lorsque les règlements d’appels d’offre sont largement diffusés et qu’ils sont expliqués et que les entreprises, le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre délégué en ont la même compréhension, le dépouillement et l’analyse sont d’autant facilités.  Si les représentants des communautés participent au choix des adjudicataires des marchés, ces derniers bénéficient de leur soutien dans l’accomplissement de leurs tâches.  Lorsque les populations participent à la réalisation des infrastructures (surtout en termes de financement), elles sont davantage soucieuses de leur bonne exécution et leur entretien récurrent.  Une structure légère, autonome et indépendante (avec un contrat signé entre les parties) s’avère nettement plus efficace pour le suivi et le contrôle des chantiers, mais nécessite toujours une supervision périodique et/ou inopinée pour le bon déroulement des travaux.  Il faut reconnaître que le renforcement des capacités assuré par les projets au bénéfice des tâcherons, notamment des maçons, a permis une nette amélioration de la qualité des infrastructures.  L’émergence ou la consolidation d’entreprises locales formalisées en bâtiments et travaux publics (BTP) restent un bénéfice important de l’appui des projets FENU aux communes. La transformation en entreprises formalisées de plusieurs tâcherons de la zone d’intervention participe d’une stratégie d’enrôlement fiscal de ces opérateurs économiques qui commencent à payer désormais quelques taxes à la commune.

Volet Suivi / Evaluation

 Il importe de poursuivre l’expérience de mise en œuvre du suivi- évaluation participatif dans les CR dans la mesure où cette initiative s’inscrit dans la stratégie de pérennisation des acquis du PDLG.  Les populations très pauvres comme celles de la Haute Guinée ont développé des initiatives de développement et se sont fortement mobilisées (physiquement et financièrement) autour de ces initiatives, y compris et en particulier les populations féminines.  La stratégie de pérennisation doit nécessairement reposer sur le renforcement des capacités organisationnelles et opérationnelles de l’ensemble des acteurs impliqués dans la mise en œuvre du Programme (collectivités, groupements, structures déconcentrées, CPD).

Volet mobilisation et gestion des ressources

 Lorsque les autorités de tutelle sont directement impliquées dans la mobilisation des ressources financières des collectivités, elles mettent plus d’effort dans leur mission de contrôle (a priori et a posteriori).  Lorsque les populations à la base (donc les contribuables) sont informées de l’utilisation « rationnelle » des impôts et taxes assimilées qu’elles payent, elles sont davantage motivées dans leur devoir civique.

Volet Activités Génératrices de Revenus (AGR)

 Si l’appui en faveur des groupements est précédé d’une stratégie de communication efficace, les membres des organisations paysannes sont 20 capables de s’engager avec les structures d’appui du programme, dans un environnement marqué par une plus forte prise de conscience de la part des femmes par rapport à l’intérêt de se constituer en groupements.

2.2 Définition Un « pôle de développement » ou territoire de coopération inter-CR est un espace organisé autour d’une CR susceptible de jouer un rôle de moteur économique (compte tenu de son potentiel de développement économique). Il est composé de deux (2) ou plusieurs CR contiguës, liées par des réalités géographiques, historiques, culturelles ou économiques et reliées entre elles par un réseau de pistes rurales pour former un territoire de proximité au sein duquel les populations vivent leur processus de développement.

A partir de cette définition et des leçons apprises du PDLG I, la stratégie du PDLG II s’est donc réorientée pour donner vie aux pôles de développement sur la base de

Quelques principes clés :

 Regroupement des communes par grappe de développement, les communes les plus riches entraînant les plus pauvres (pas au niveau politique mais au niveau des instruments de financement).

 Adaptation des instruments financiers pour rendre plus attrayant le partenariat entre collectivités locales à travers un partage entre communes de la contrepartie et des recettes potentielles.  Financement d’au moins un équipement à caractère supra communal par l’ensemble des communes d’un même regroupement financier.  Retour sur l’investissement pour toutes les communes de la grappe de développement.  Des cadres de concertation intercommunaux pour faire comprendre l’intérêt d’investir dans une autre commune que la leur.  Un appui technique conseil à toutes les communes au sein du regroupement, visant leur autonomie avec la volonté de développer la capacité des communes d’en assumer les coûts.

2.3 Les outils du PDLG adaptés aux pôles :

Les pôles ont peu alourdi les procédures qui existent dans le cadre de la gestion des CR, ces procédures ont donc été rapidement appropriées par les acteurs, rôdés aux procédures du PDLG. Au minimum, deux sessions annuelles inter CR sont prévues. La dynamique intercommunale contribue à multiplier les occasions de rencontres à l’initiative des élus et de la population des CR concernées.

Les cadres de concertation locale :

Deux sessions inter pôles sont prévues annuellement. Les procès verbaux de ces 21 réunions sont nécessaires pour attester que les processus de concertation respectent les principes et la philosophie du PDLG à savoir que le DEL est un processus communautaire dirigé par la communauté et que la prise de décision revient aux plus concernés par ces décisions.

Les instruments de planification des pôles :

Lors de l’élaboration des PAI (Plans annuels d’investissement) des actions spécifiques aux pôles ont été intégrées. Les plans annuels d’investissement élaborés dans les CR et inter CR sont des références communes au PDLG et au PACV. Ils permettent de concentrer et de coordonner l’action des différents bailleurs et du Gouvernement Guinéen sur les investissements prioritaires des CL. Les PAI ont permis d’introduire de la flexibilité dans la programmation des CR, les Plans de développement communautaires étant établis pour une durée de quatre ans. Ainsi les actions pôles relèvent de ce processus de planification communautaire annuel. Il est guidé par une planification en lien avec le potentiel du territoire, en tenant compte de la démarche du diagnostic SAFIC.

Les instruments de financement :

Le FIC : l’instrument privilégié des CR depuis 2005

Le fonds d’Investissement Inter-CR est destiné à assurer le financement des investissements qu’une association de CR se propose de réaliser en vue de répondre à un besoin collectif. Bien que le pourcentage de quotepart des collectivités soit le

plus faible (10% ), le FIC n’a fait l’objet d’aucun décaissement en quatre années (2002 – 2004).

Il aura fallu attendre 2005 pour observer, avec la réorientation du programme, un engouement des CR pour ce guichet. Aujourd’hui, le FIC est ainsi devenu le guichet qui est véritablement en cohérence avec l’approche novatrice de pôle. Il permet aux CR constituant un pôle d’investir conjointement avec le FENU/PNUD une fraction plus significative de leurs ressources dans la construction/équipement d’infrastructures économiques (marchés, gares routières, parcs à bétail, silos, plate- forme multifonctionnelle, magasins) et sociales (lycées, centres culturels etc.). Le FIC est ainsi en passe de devenir le guichet le plus important du FDL. Il constitue un levier de la vision d’intercommunalité que développent les collectivités.

Majoritairement consacré aux infrastructures économiques, pour lesquelles un engouement grandissant existe, le fonds d’investissement inter-CR a permis la réalisation de quelques infrastructures de base comme la construction d’un lycée de proximité essentiel pour la poursuite de la scolarisation des enfants de la zone dont les parents n’avaient pas les moyens de les scolariser à la préfecture. Cette réalisation a aussi été pensée par les 3 CR, dans une région où le taux d’analphabétisme est record, pour fixer les jeunes dans leur terroir et qui sait, bénéficier dans le futur de ressources humaines compétentes, motivées pour développer leur terroir. Des outils contractuels : La convention de pôle 22 Objet de la convention : La convention a pour objet de préciser les modalités de cofinancement et de réalisation des infrastructures financées par les CR constituées en pôle et la répartition des intérêts générés par celles-ci.

Par exemple, la convention 2006 du pôle de Kintinian stipule les investissements pour lesquels les CR s’associent dans le cadre de ce pôle

- La construction d’un marché à Franwalia - La construction d’une gare routière à Kintinian

Elle définit pour chaque infrastructure la clé de répartition du financement, qui a été décidée entre les 3 CR de Kintinian, Franwalia et . Dans le cas présent la clé de répartition est la même pour les 2 infrastructures : soit 40% pour Kintinian, 35% pour Franwalia et 25% pour Naboun.

Les trois CR s’engagent à répartir les intérêts générés par les deux infrastructures au prorata des taux d’investissement de chaque CR.

Engagements des CR

Audit régulier des comptes des 3 CR Les CR acceptent que le PDLG, directement ou par l’intermédiaire d’auditeurs externes, exécute un contrôle régulier et périodique sur le compte FDL/Pôle et sur la comptabilité interne de la CR relative aux décaissements FDL/Pôle.

Mise en place d’un Comité de gestion des infrastructures :

Les CR s’engagent à mettre en place un Comité de gestion au niveau de chaque infrastructure, qui comprend à minima : un Président, Un Vice- président/Secrétaire et un Trésorier. Les CR élaboreront un règlement intérieur pour définir les attributions du comité de gestion. Entretien des infrastructures

Le coût de l’entretien des infrastructures est déterminé en réunion de pôle, il ne devra pas dépasser l1% du coût total de réalisation.

Répartition des rôles : Les CR s’engagent à accepter le PDLG comme Maître d’œuvre (préparation études, DAO) directement et/ou par l’intermédiaire de prestataires de services, durant la première année de mise en œuvre de la présente convention. L’ensemble des trois CR représente solidairement le Maître d’ouvrage. Les CR s’engagent à recruter les agents de suivi des infrastructures en se répartissant les frais de suivi avec le PDLG..

Initialement le PDLG avait proposé l’ouverture d’un compte commun FDL/ Pôle. Ceci permettait d’abonder le compte grâce aux recettes générées par les infrastructures marchandes et surtout garantissait une mobilisation rapide des fonds de contre partie des CR. Mais, au démarrage des pôles, les préfets y ont été défavorables L’Etat est en train de revoir sa position puisque rien ne s’y oppose dans le code des collectivités. 23 Du coup, la gestion des recettes dans la pratique et à l’usage ne se fait pas forcément comme prévue dans la convention bien que la clé de répartition soit respectée.

Pour les recettes les CR ont opté pour différents modes de répartition :

 répartition au prorata de l’investissement,  chaque CR gère le même nombre d’équipements, les recettes ne font pas l’objet d’une redistribution en particulier pour les kiosques.  les recettes sont versées sur un compte commun et abondent le fonds d’investissement du pôle, c’est ce qu’expérimente le pôle de Norassoba.

Une initiative : Le pôle de Norassoba est en passe de réussir à ouvrir un compte pôle commun aux quatre CR. Un atelier de trois jours de travail intensif, avec l’appui de la ST leur a permis d’élaborer les statuts, le règlement intérieur du compte, cette initiative est couronnée de succès puisque le pôle vient de recevoir l’agrément de la banque. L’idée est que chaque CR alimente d’une somme fixe le compte annuellement pour poursuivre les investissements « pôles ».

Les modalités de gestion des infrastructures :

Depuis la création des pôles de développement au moins 270 kiosques, 2 gares routières, un parc à bétail et un lycée ont été mis en service sur des financements pôle avec le Fonds inter CR (FIC) du FDL. La liste des infrastructures s’allonge en

particulier les marchés puisque des associations de ressortissants, des opérateurs privés, investissent essentiellement dans des kiosques. Le contraste à Kiniéro par exemple entre l’ancien marché traditionnel et le marché actuel, à proximité de la gare routière est saisissant.

Alignements de kiosques à La gare routière de Kiniéro Hangar central au Norassoba. Chaque jeudi environ accueille de plus en plus de marché de Kiniéro 1000 commerçants sont présents véhicules à chaque marché, au marché mais aussi en semaine. 24 Les modalités de gestion sont définies par un comité de gestion dédié à chaque infrastructure, dans chaque CR. Les prix de location, les répartitions des bénéfices, la mise en gérance ou la gestion directe sont fixés dans un règlement intérieur par chaque CR. La valeur locative des kiosques a été revue à la hausse par tous les CR, qui avaient sous -évalué celle-ci au démarrage. Ainsi le coût moyen mensuel est passé de 15 000 GNF à 25000GNF à l’heure actuelle ce qui ne met pas en difficulté les locataires en témoignent les nombreuses demandes non satisfaites. Les conseils entre les CR, ajoutés à ceux des ST jouent un rôle essentiel pour ce genre de prise d’initiatives. Les deux témoignages ci-dessous illustrent la diversité des modes de gestion et les défis à relever en particulier pour les CR les plus pauvres, qui en général, du fait du niveau de vie de la population, ont les coûts de mise en location les plus bas et plus de mal à rentabiliser leurs équipements. La solidarité inter CR joue à plein dans ses cas-là.

Témoignage : « pour les CR les plus pauvres, une gageure rentabiliser les infrastructures » Mr Yacouba Keïta, nous explique qu’il en va de la dynamique du pôle et de l’intérêt de la CR de , qu’il préside. Au démarrage des pôles, n’ayant pas de marché hebdomadaire, nous avons planifié, l’aménagement d’un centre culturel. Nous en avons confié la gestion à une association de jeunes locaux, pensant encourager l’emploi des jeunes. Mais ceux-ci n’ayant pas les moyens d’investir dans un minimum d’équipement (sièges, sonorisation, décoration … ) ni la CR de les aider, le centre culturel n’est pas rentable et il est sous utilisé. Le président de la CR a suivi les conseils de ses homologues du pôle : il compte provoquer rapidement une réunion du comité de gestion pour mettre le centre

culturel en gérance auprès d’un opérateur susceptible d’investir un minimum pour rentabiliser le centre, générer des recettes pour la CR, qui a du mal à honorer la quotepart qui lui est demandée dans les actions pôle. Pour Mr Yacouba Keïta, le pôle est une bonne chose, dans l’esprit, il apprend beaucoup au contact de ses homologues, l’aménagement du marché de Tomboko et son dynamisme a des retombées pour ses concitoyens qui écoulent mieux leurs produits. En conclusion, il se fait un point d’honneur par solidarité à son tour avec les 2 autres CR de Doko et à trouver une solution pour rentabiliser le Centre culturel que la population, s’il était fonctionnel, utiliserait puisqu’elle avait contribué à sa programmation. La rentrée de recettes dans la CR est essentielle pour entretenir les infrastructures existantes mais aussi pour pouvoir réunir la quotepart de la CR de Bankon, lors des projets de pôle. Mr Yacouba Keïta, maire de la CR de Bankon, pôle de Doko

Témoignage : « j’ai eu cette mission grâce à la confiance du maire et de la population de Norassoba. Cette confiance, je dois continuer à la mériter »

Ainsi conclut Mr Ibrahima Diallo, administrateur du marché de Norassoba. Mr Diallo, retraité de l’enseignement s’est vu confier la gestion du marché de Norassoba 25 par le maire avec lequel il a collaboré en 2006. L’installation des 32 kiosques a considérablement transformé le grand marché du Jeudi. Ce marché au cœur du grenier agricole de la région est un des plus importants qui attire des commerçants de Conakry, Kankan, Siguiri…. Il a en charge la gestion des infrastructures, les kiosques et les étalages et aussi celle de la sécurité des personnes et des biens lors du marché hebdomadaire. Pour ce faire il est secondé par 4 percepteurs et un trésorier. Par ailleurs la CR prend en charge le nettoyage, dont elle a confié l’organisation à un comité de femmes.

A chaque marché, les droits rapportent entre 300 000 GNF à 400 000 GNF. Ces recettes sont réparties à 20% pour lui, 20% à partager entre les 4 receveurs et 60% pour la CR. Les locations de kiosques sont payables chaque semestre et les hangars annuellement.

Les kiosques ont eu un effet très bénéfique sur le marché. Certains commerces restent ouverts toute la semaine. De nombreux kiosques privés sont construits en vis-à-vis, ce qui rapporte aussi des recettes à la collectivité. Toutes les communautés rurales du pôle sont au marché, elles ne regrettent pas leur investissement car il vaut mieux un très grand marché qui draine beaucoup de monde, où tout le monde peut écouler ses produits plutôt que chacun ait son marché peu rentable. Norassoba entraine le développement des autres CR du pôle.

Son ambition avec le comité de gestion du marché est de continuer à améliorer le marché : Il souhaite réorganiser les hangars, en construire d’autres pour gagner des

places, mieux satisfaire les commerçants et augmenter les recettes des collectivités : « j’ai eu cette mission grâce à la confiance du maire et de la population de Norassoba. Cette confiance, je dois continuer à la mériter » Mr Ibrahima Diallo, administrateur du marché de Norassoba.

Des outils d’auto évaluation

Les outils d’évaluation assistés que le PDLG II a mis en place s’appliquent aux pôles ainsi, les restitutions des résultats de l’autoévaluation assistée des 7 PADEL a été faite dans les pôles concernés, de même que ceux des 23 PARFIC l’ont été dans chaque CR. Les solutions d’amélioration des performances des collectivités locales se sont poursuivies tout au long de l’année et ce sont plus de 1 500 personnes qui ont été touchées dans les 23 Cl de Siguiri et de Kouroussa en 2010. L’exercice d’auto évaluation qui a rencontré un vif succès auprès de la population se veut pérenne. Le PDLG souhaite donc l’étendre aux activités des différents PAI issus des PDL des collectivités afin d’encrer cette pratique d’autoévaluation dans les mœurs des acteurs et élus locaux et ce de façon inter CR. La fréquence a été fixé à une fois par trimestre afin d’évaluer la performance des actions de développement prévues dans le PAI et sa mise en œuvre.

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III.LE DISPOSITIF DE DEVELOPPEMENT DES CAPACITES ET D’APPUI CONSEIL

Comment parvenir à ce que les élus comprennent le développement et leur place dans le développement ?

Le premier produit escompté du PDLGII vise :

Une efficacité démontrée des collectivités locales en maîtrise d’ouvrage grâce au renforcement de leur capacité d’appropriation des outils de planification, de financement et de gestion municipale.

Les résultats atteints dans ce domaine, du fait de l’investissement important du PDLG depuis 2000 dans la mise à disposition d’outils mais aussi d’appui conseil et de formation, sont, depuis le fonctionnement en pôle, atteints et même dépassés puisque le directeur de l’administration du territoire, Mr Itala Kourouma cite sans hésitation la maîtrise des problématiques de développement et le positionnement des élus dans la décentralisation et le DEL comme un des plus gros acquis du PDLG et des pôles de développement. De fait la plupart des acteurs rencontrés soulignent la différence nette entre les élus guinéens et ceux des préfectures de Siguiri et Kouroussa.

Le dispositif de formation du PDLG et des pôles.

Un principe : le dispositif repose principalement sur le concept d’apprentissage par l’action, ce qui permet de s’adapter à l’évolution du rythme d’appropriation par les acteurs et de développer des compétences opérationnelles durables.

Il a pour cible l’ensemble des acteurs impliqués dans le développement des CR avec en priorité les élus locaux et les agents de l’Etat ainsi que la société civile. 27 Il dispose d’outils

Les 10 outils d’appui au renforcement des capacités des collectivités locales

Le PDLG a modélisé les supports des formations produites et en a fait des guides et manuels à la disposition des collectivités et des partenaires. Le ministère en charge de la décentralisation a vulgarisé au niveau de toutes les collectivités de Guinée le Guide Méthodologique de Planification Locale

THEMES DE FORMATION TITRE DU DOCUMENT DATE DE PARUTION MIS BASE DE DONNEES 11/ 2008

Appropriation du Manuel de Manuel de Procédures de 11/ 2007 Procédures de Passation de Passation de Marchés au Niveau Marchés au Niveau Communautaire Communautaire Bonne gouvernance et gestion Code des collectivités 09/2008 locale Appropriation du Guide Guide Méthodologique de 03/ 2009 Méthodologique de Planification Planification Locale Locale

Habilitation au SAFIC  SAFIC 1 03/ 2009  SAFIC 2 08/ 2010

Gestion des Ressources Techniques de plantation des 07/2009 naturelles arbres

Auto- évaluation assistée Auto évaluation des PARFIC et 11/2009 PADEL Initiation au Suivi Evaluation Connaissances de base en Suivi 03/ 2010 évaluation Budgétisation sensible au genre Budgétisation sensible au genre 09/2011

AGR (saponification et Formation théorique et pratique 11/2011 Fabrication et la conservation de des Actrices économiques du la farine infantile à base de Réseau des Femmes pour le céréales). Développement du pôle de Norassoba- Siguiri

Il repose sur 3 principaux modes d’intervention :

Le dispositif de développement 28 des capacités du PDLG

La mutualisation des La formation continue de compétences, le partage des Les formations techniques proximité : L’appui conseil initiatives et des et l'apprentissage par des secrétaires techniques expériences : une source l'action et de la CAT d’auto formation et d’apprentissage

3.1 Les formations techniques et l’apprentissage par l’action :

La gestion des collectivités locales repose sur les 5 outils mis à la disposition des CR comprenant la connaissance et la compréhension du code des collectivités locales, le respect des procédures du code des marchés publics. Les modules de formation du PDLG se sont déroulés au rythme de la mise en œuvre des projets des collectivités. Les premières années ont privilégié les formations permettant aux CR de fonctionner et de se rôder aux procédures de diagnostic participatif de concertation, de planification communautaire, d’organisation de la gestion du suivi et de l’évaluation des projets d’implantation des infrastructures sociales, avec des modules sur le code des marchés publics, le suivi des chantiers… en conformité au code des collectivités locales comme l’indique la liste des modules de formation ci

dessus. La mise en application opérationnelle des formations a fait l’objet d’un appui conseil du PDLG. Le diagnostic SAFIC et la naissance des pôles de développement ont permis au PDLG de mesurer les besoins en formation des collectivités notamment dans le domaine de l’organisation des CR pour mettre en œuvre une politique efficace de redressement des finances locales. Le PDLG II a donc décidé de compléter le dispositif de renforcement des capacités par un appui conseil de proximité.

3.2 La formation continue de proximité : L’appui conseil des secrétaires techniques et de la CAT

Une idée force du PDLG et un pari réussi : l’implantation de Secrétaires techniques chargés de l’appui conseil de proximité auprès des pôles.

En 2005 Le PDLG a recruté 8 secrétaires techniques autour des pôles (celui de Baro regroupant 5 CR étant doté de 2 ST) pour se doter de moyens plus rapides et efficaces de formation des élus par un appui conseil de proximité au quotidien.

Quelles sont les missions et le profil des Secrétaires techniques ?

Le secrétaire technique est responsable de l’appui de proximité auprès :

 Des collectivités locales constituant un pôle de développement  Des micro et petites entreprises (MPE) , des porteurs de projet et des groupements à la base 29  Des services déconcentrés de l’état à travers le Comité de développement préfectoral.

Ils sont chargés :

 d’appuyer les CR pour organiser les réunions de concertation, de planification, de demande de financement,  de suivre du fonctionnement des infrastructures réalisées  veiller à l’application et au respect des procédures de gestion des CL, appuyer les élus et les secrétaires des CL  de collecter les informations relatives à la gestion des CL  Encadrer et assister les conseils des CL et les secrétaires communautaires afin de les amener à améliorer de façon significative, les performances budgétaires (recensement, recouvrement des taxes et impôts locaux et utilisation transparente des ressources des CL)  Assurer la formation continue des élus et des membres des groupements et mouvements associatifs en matière de gestion des structures, des modes de fonctionnement démocratique et de participation des citoyens à ces dites structures.  appuyer la structuration des groupements et assurer leur formation  de fournir un appui à la rédaction des rapports, des plans de travail de tous documents administratifs  fournir un appui à la collecte d’informations pour le Système de suivi évaluation….

Sans oser utiliser l’expression galvaudée de « Moutons à 5 pattes » au vu de la longue liste de leurs missions, des compétences requises pour assumer toutes ces tâches et des conditions d’exercice pas toujours faciles puisque les secrétaires techniques pour agir dans la proximité sont logés dans une des CR du pôle et dotés de motos pour circuler à la demande entre les différentes CR du pôle, on est en droit de se demander comment le PDLG a réussi à recruter un pool de 8 ST motivés et compétents.

Le PDLG a fait le pari d’investir dans des cadres de haut niveau, ainsi les ST sont de niveau Bac + 4 dans le domaine de la sociologie rurale, et/ou de l’économie rurale, avec une expérience confirmée de terrain dans le domaine du développement communal ou communautaire, de bonnes capacités de communication. Au démarrage, le PDLG et son partenaire le PACV ont investi massivement dans la formation des ST. Depuis les ST suivent régulièrement des formations continues organisées par le PDLG et le PACV, et peuvent ainsi rester performants et former en cascade leurs cibles. De plus pour maintenir la dynamique impulsée par les ST au niveau local, au bout de deux ans, ils changent de pôle. Cette approche est à signaler car elle favorise le partage d’expériences entre les ST, elle évite la routine et permet aux CL de bénéficier d’autres compétences.

Le résultat est là depuis 2006 : les ST jouent un rôle clé unanimement salué par les élus locaux, les agents de l’état et les OSC des pôles, dans le renforcement des capacités de leurs cibles et sont les véritables chevilles ouvrières des pôles 30

Une des premières tâches à laquelle se sont attelés les ST a été un appui à la structuration administrative des CR en mettant en place un travail d’archivage des documents qui permette de suivre les dossiers, de gérer la collectivité. Ce travail a été l’occasion de former les secrétaires généraux et les receveurs agents de l’Etat, dont le turn over est un des problèmes auquel sont confrontés les CR et les ST. Cette première action a été un élément de base pour pouvoir organiser et systématiser le travail de recouvrement et de suivi des recettes locales, de gestion transparente des opérations. Ce

faisant, il a permis aussi de L’archivage des données de la CR de sensibiliser les élus et l’ensemble Norassoba Les élus, la Secrétaire technique, le des acteurs à la nécessité d’établir sous préfet, le secrétaire général et le et de conserver des traces sous receveur : Tous les acteurs sont fiers de ce forme de procès verbaux de toute travail, un outil essentiel de gestion de la CR, action et décision dans un souci de où bien sûr figurent en bonne place les redevabilité. dossiers pôle de développement.

Témoignage : Les postes de ST : un atout pour les pôles, des profils à étudier pour accélérer la décentralisation. Du fait de la similitude de leurs objectifs, de leurs modes d’intervention le PDLGII et le PACV2 ont mis en commun beaucoup de leurs outils et de leurs moyens. Dans la convention de partenariat qui les relie, un point concerne les ST : leur utilisation est commune aux deux programmes. Leur rémunération reste à la charge du PDLGII et le PACV2 prend en charge les frais de fonctionnement de ces agents. Le PACV est d’ailleurs chargé de la formation continue des ST. MR Ibrahima Sory Ba, responsable technique du PACV en Haute Guinée se félicite plus particulièrement de ce point du protocole de partenariat. Il note une nette différence entre les ST des pôles et les autres participants aux formations. Ceux-ci se distinguent par exemple par leur maîtrise du budget des collectivités. Il note aussi une nette différence dans les formations de terrain que le PACV organise, qui nécessitent le regroupement des CR. Dans les pôles les acteurs sont motivés, ils sont habitués à aller d’une CR à l’autre. Dans les CR hors pôle il n’en va pas de même chacun dit « Je ne viens pas, c’est l’autre CR qui doit venir chez moi » Chacun campant sur ces prérogatives. Enfin Mr Bâ souligne un autre problème, auquel le PACV est confronté, est la taille de certaines communautés rurales, avec beaucoup d’administration, de fonctionnaires et aucune ressource. Ceci nuit à la motivation des agents de l’Etat. L’implication des agents des pôles est très différente et s’exprime aussi lors des formations, car ils sont motivés, ont un minimum de moyens de fonctionnement (moto, carburants…) et surtout ils ont du travail à produire et ils voient les résultats de leurs efforts, dans un fonctionnement d’équipe. Là encore pour Mr Bâ, les ST jouent un rôle 31 essentiel pour appuyer les maires à coordonner les services et créer une dynamique intercommunale et relever le défi du développement.

3.3 L’auto formation par le partage des initiatives et des expériences et la mutualisation des compétences.

Un autre acquis des pôles : le partage d’expériences et d’idées inter CR qui contribue pleinement au développement des capacités des élus et de la population.

Le PDLG a ouvert la voie de la mutualisation des compétences et de l’entraide. Ainsi par exemple, lorsqu’un receveur communautaire nouvellement en poste ou ne maîtrisant pas une tâche est identifié, c’est le receveur d’une autre CR du pôle, qui est missionné pour l’appuyer. Ces initiatives ont servi de modèle aux élus, qui prennent des initiatives dans ce sens et commencent dans une logique de pôle à s’entraider pour le développement des capacités des acteurs de la CL. Les receveurs des pôles sont souvent sollicités car ils bénéficient des formations continues, mises en place par le PACV et le PDLG au coté des ST des pôles.

Témoignage : L’ouverture, le partage d’expériences, l’appui conseil de proximité : trois ingrédients gagnants du développement des capacités. Ainsi s’exprime MR Keïta Maire de DOKO.

Lors de l’Assemblée des Maires du Monde à Marrakech au Maroc, ce sont trois CR de Haute Guinée auxquelles ont été proposés des protocoles de partenariats : Doko, Siguiri et Kouroussa, malheureusement ces protocoles ne sont toujours pas concrétisés car non ratifiés par l’Etat. Sans prétention, je pense que nous sommes en avance sur les autres CR de Guinée, ce qui explique que l’on nous remarque lors d’une assemblée. Nous avons compris le développement économique et social. Le renforcement des capacités réalisé par le PDLG est très important et les secrétaires techniques qui nous prodiguent des conseils, sont précieux pour nous. Lorsqu’on est face à un problème, il n’y a pas meilleure école que d’apprendre à le résoudre ensemble et sur le champ. Les ST sont disponibles pour nous appuyer, nous rappeler nos obligations, dynamiser le pôle. L’ouverture et le partage d’expériences entre nous les 3 CR est aussi une source d’avancée. Pour nous c’est un des grands acquis des pôles : ne plus être seul face à sa collectivité, s’entraider, échanger des idées des préoccupations. Dans ce domaine, ce ne sont pas forcément les CR les plus riches têtes de pôle, qui dominent. D’ailleurs, nous avons mis en place une semaine culturelle inter-CR, qui se passe au Centre culturel de Bankon. Là les échanges d’idées de conseils fusent entre tous d’ailleurs nous avons créé une association de « Séré » (génération). Nous aimerions bien que le PDLG développe des rencontres entre tous les pôles, ou au moins avec nos voisins, nous pourrions bénéficier des expériences de tous. De même pour les Unions et les groupements, le partage d’expériences leur permettrait d’être plus performants et plus ouverts. 32

Des résultats et des impacts :

Les élus commencent à être autonomes dans la maîtrise d’ouvrage. Ils savent organiser la passation des marchés, animent les comités de recouvrement, communiquent dans la transparence.

Des demandes d’alphabétisation émanant de la population commencent à émerger. Par exemple les jeunes de Kiniéro, les femmes des groupements de Norassoba.

« Quelqu’un qui sait lire et écrire peut faire des activités beaucoup plus rentables et l’ambition de la plupart des femmes de l’union c’est d’avoir un métier rentable » Leur priorité est donc de se former, elles ont demandé à bénéficier de sessions d’alphabétisation. . « Avant la formation, chacune allait dans les mines d’or, maintenant nous restons ici avec nos enfants pour veiller à leur éducation » nous explique une femme de l’union des groupements du pôle de Norassoba qui a été formée aux techniques de maraîchage et qui gagne sa vie dans ce domaine.

Les leçons tirées

Le renforcement des capacités joue un rôle crucial dans la durabilité et la pérennisation des institutions à travers la maîtrise d’ouvrage.

Les pôles ont su créer une émulation entre les CR, la dynamique de solidarité et de partage, s’est étendue à la mutualisation des compétences aussi bien au niveau des services de l’état que de l’ensemble des acteurs. Le PDLG pourrait saisir cette opportunité pour systématiser les espaces d’échange et de partage d’expériences, porteurs de connaissances et de savoirs issus des pratiques.

L’appui conseil de proximité par les ST inscrit durablement les acquis des acteurs dans une trajectoire de progression de pérennité des acquis. Ils contribuent de façon déterminante au développement des pôles de développement.

Le profil de poste, les missions, l’organisation et les résultats des actions sur le terrain des ST devrait servir de modèle à d’autres programmes et à l’état pour mettre en place des compétences opérationnelles qui font défaut dans bien des cas et qui dans le cas du partenariat PDLG PACV font leur preuve.

33

IV.L’APPUI AU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE LOCAL ET A LA CREATION D’EMPLOIS :

Durant la phase du PDLGI, l’appui au développement économique local, s’est essentiellement concentré sur :

 l’appui aux entrepreneurs locaux par le biais des affaires générées par la construction des infrastructures de base

 l’appui aux porteurs de projets économiques via le fonds d’investissement villageois, plutôt en réponse aux besoins exprimés dans le cadre des PADEL, sans un grand investissement ni des élus des CR ni des services de l’Etat dans ce domaine.

4.1 Les chantiers de réalisation des infrastructures : une opportunité pour développer les qualifications et l’emploi local dans tous les corps de métier du BTP.

Dès la première phase, marquée par la réalisation d’infrastructures de base, le PDLG s’est investi dans la formation :

 des communes aux procédures des marchés publics et au suivi de chantier, ainsi qu’à l’organisation de la gestion des infrastructures en impliquant la société civile.  Des entrepreneurs locaux , une des préoccupations étant le développement des richesses locales le PDLG et les collectivités ont formé les entrepreneurs locaux pour qu’ils soient en mesure de soumissionner, de réaliser des prestations répondant aux standards de qualité définis dans les AO. Cet investissement a permis de développer des compétences durablement inscrites dans le paysage local et de créer de l’emploi local

Témoignage : La Haute Guinée dispose maintenant d’un vivier d’entreprises du BTP, qualifié, qui savent soumissionner aux AO et qui sont durablement implantées. Lors de la réalisation des premières infrastructures sociales de base en 2000, les portes et les fenêtres étaient fabriquées à Conakry, actuellement tous les corps de métiers du BTP sont représentés en Haute Guinée et les menuiseries sont fabriquées localement rappelle Alpha Boubacar Diallo, coordinateur du PDLG pour montrer l’effort soutenu depuis plus d’une décennie sur cet axe. Nous avons réalisé un recensement des emplois créés pour réaliser les infrastructures du PAI 2010. Les chantiers ont créé de réelles opportunités d’emploi aussi bien temporaires que permanents dans les Communautés rurales de Siguiri et Kouroussa. Ce sont 11 entreprises implantées localement dans la préfecture de Kouroussa et 11 dans celle de Siguiri, qui ont été adjudicataires des marchés. Au-delà du fait que ces 22 entreprises se sont constituées et développées localement, ce sont 411 emplois, qui ont été créés pour la réalisation des chantiers dont 357 emplois temporaires 34 essentiellement des maçons, menuisiers ferrailleurs, peintres, et 54 emplois permanents constitués de magasiniers, pointeurs/Chefs de chantiers, chauffeurs. Mr Alpha Boubacar Diallo se félicite de ce résultat, qui est un exemple parmi de nombreux autres de ce que le PDLG et ses partenaires ont mis en place pour développer un réseau d’entrepreneurs compétents, issus de la zone et offrant des biens et des services de qualité, à moindre coût aux collectivités, entreprises et particuliers de la Haute Guinée. Autre avantage ces entrepreneurs ont dû passer du secteur informel au secteur formel, ce qui les met en conformité avec la loi Guinéenne

4.2 Appui aux groupements de producteurs et de productrices

Le principe d’appuyer les groupements et les associations villageoises pour réaliser des activités génératrices de revenus s’inscrit dans la perspective de la lutte contre la pauvreté et l’atteinte des OMD. Le Fonds d’Investissement Villageois (FIV) doit servir à cofinancer les initiatives communautaires répondant aux préoccupations de développement identifiées dans le PDC et retenues dans le PIL de l’année. De façon spécifique, le fonds vise à cofinancer les infrastructures et équipements villageois (infrastructures de stockage, de transformation et de commercialisation des produits agricoles), la gestion des ressources naturelles, les activités maraîchères, etc. Il faut noter que les plates formes multifonctionnelles font partie des principales infrastructures mises en place dans ce cadre. En général le PDLG via le FIV finance 70 % de l’investissement, les porteurs de projet 30% car les CR ont du mal à cofinancer ces actions et ces investissements Dans la pratique ce sont

principalement les Secrétaires Techniques du PDLG qui ont assuré l’appui aux initiatives et aux demandes de fonds, le Conseil Communautaire élargi au CDC servant de Comité d’approbation. Le groupement bénéficiaire, avec l’assistance du Conseil Communautaire et des Secrétaires Techniques, a assuré la mise en œuvre du projet

Les plates formes multifonctionnelles PTFM une infrastructure sollicitée par les groupements et par les CL Les plates formes multifonctionnelles, programme rattaché au PDLG depuis 2010 font l’objet de nombreuses demandes dans ce cadre. En intégrant ce programme à un programme de DEL centré sur la capacitation des CR, la Guinée est à l’avant- garde des pays de la sous-région, qui ont pour certains des difficultés à s’intégrer aux cadres de concertation et de planification issus de la décentralisation. Or la PTFM est par excellence une infrastructure de base porteuse de multiples avantages pour les Collectivités, qui y voient de plus en plus un moyen de créer par l’électrification rural, le pompage d’eau… un environnement favorable aux affaires. Ainsi les demandes d’investissement pour ces équipements sont en augmentation, sachant que leur programmation répond en priorité à la problématique Genre car pour les femmes rurales elles permettent: - l’allègement d’une partie importante des travaux domestiques ; - l’expérience que la femme tire dans la pratique de la gestion qui favorise son émancipation dans les zones où elle a toujours occupé un statut de subordination. - les excédents que les bénéficiaires tirent de l’exploitation de la plate – forme leur permettent de satisfaire les besoins primaires de la famille. Les plates – formes participent ainsi à la lutte contre la pauvreté en milieu rural. 35 - la formation en gestion et la tenue des livres leur permettent au delà de la plate – forme de disposer d’outils indispensables pour la gestion de leurs activités.

Construction de l’abri de la future PTFM de Doko, dont la gestion est confiée à un Groupement féminin. Elle devrait développer des services, de transformation agro alimentaire, mais aussi grâce à elle, des services qui n’étaient disponibles qu’en ville (menuiserie métallique, réparation de matériels agricoles, recharge de batterie) vont bientôt être disponibles. A terme, elle permettra l’électrification de Doko. Le fait que la plate – forme et les différents services qu’elle offre font du village un nouveau centre d’intérêt constitue un avantage pour toute la communauté.

4.3 Comment passer d’une approche au cas par cas dominée par la demande des groupements à une vision stratégique et une politique volontariste de DEL ?

La démonstration de l’impact des infrastructures marchandes sur la santé de l’économie locale et l’esprit des pôles ont permis de passer progressivement d’une approche au cas par cas, dominée par les demandes des promoteurs à une approche plus stratégique et volontariste où le DEL est au cœur des politiques d’emploi et de formation professionnelle, dans un esprit de pôle.

Là encore la prise de conscience des enjeux et des stratégies à développer a été progressive et l’intérêt actuel pour le DEL doit beaucoup au travail de sensibilisation, de développement des capacités, aux outils développés par la CAT et les ST. Les élus s’impliquent de plus en plus dans le DEL, comme un des moyens de réduction de la pauvreté et de l’atteinte des OMD pour les groupes les plus vulnérables à savoir les jeunes et les femmes.

Les étapes de la démarche :

1. Un recensement des acteurs économiques locaux :

Dans le cadre de la promotion des économies locales basées sur les PADEL, un recensement exhaustif de tous les acteurs économiques locaux par collectivités locales a été réalisé. L’objectif est de mettre en place dans chaque pôle une structure de promotion de l’économie locale appelée « Comité DEL du pôle ». Ce 36 comité comprend des représentants des acteurs économiques de chaque CL composant le pôle. Il sert d’interface entre le projet et les acteurs économiques pour la mise en place du fonds de développement économique (FDE), soutien essentiel de la promotion des économies locales. Ce recensement a permis d’identifier les différentes catégories d’acteurs économiques et d’évaluer le potentiel existant. A terme il s’agit de créer un environnement local favorable aux affaires et aux offres de facilités qui stimule l’économie locale et régionale pour renforcer la compétitivité et la capacité d’emploi des entreprises. Par ce biais le processus de développement économique Local peut être amorcé de manière à mettre à profit les entreprises, le capital de main d’œuvre et d’autres ressources locales pour promouvoir des emplois de bonne qualité, réduire la pauvreté.

2. Identification sur la base d’un partenariat public privé des filières et activités économiques porteuses de projets crédibles du DEL Afin d’avoir une vision plus stratégique des filières et des activités économiques porteuses, une étude a été réalisée dans chaque préfecture en impliquant les acteurs des filières recensés préalablement. Cette étude a permis d’organiser des réunions de sensibilisation pour les jeunes et les femmes qui ont donné naissance à de nombreuses initiatives.

Témoignage : Organiser des réunions de sensibilisation sur les filières porteuses un moyen d’informer les élus et les agents de l’état sur le DEL sensible au Genre et de faire naître des initiatives économiques

Des activités de sensibilisations à travers des rencontres se sont déroulées dans le pôle de Siguirini (Siguirini et Maléah), pour organiser les jeunes autour des créneaux porteurs d’activités génératrices de revenus. Ces séquences de rencontre ont concerné les élus locaux de la CR, les délégués sous préfectoraux de la jeunesse, les agents d’appui (secrétaire et receveurs communautaires), deux groupes de jeunes (avec et sans métiers) dans les districts de Siguirini et de Léro, et des associations de femmes à Siguirini centre, à Maléah centre et à Santiguiya (Maléah). Les objectifs visés étaient de :  donner aux élus et agents d’appui, toutes les informations nécessaires à l’organisation des couches vulnérables (jeunes et femmes) autour des AGR et de la création de l’emploi ;  amener les jeunes et/ou les femmes à s’associer par centre d’intérêt. Résultats atteints : Des associations ont été constituées dont entre autres :  25 jeunes sans métiers à Siguirini centre pour la réalisation des actions d’arboriculture ;  16 jeunes avec différents métiers à Siguirini centre pour les travaux de construction d’ouvrages d’art ;  22 femmes à Santiguiya (Maléah) pour le maraîchage et la PTF ;  A Siguirini, 5 groupements féminins antérieurement encadrés par le PADRAS ont été identifiés et se sont concertés sur la relance d’activités génératrices de revenu en mettant en place un plan d’action commun pour s’impliquer dans le processus de développement de leur localité .Parmi les activités programmées figure la possibilité d’installation et d’exploitation d’une Plateforme Multifonctionnelle. 37

Ce compte rendu atteste de l’intérêt des jeunes et des femmes pour la prise d’initiatives, mais aussi pour les élus de l’intérêt de prendre en compte toutes les composantes du DEL grâce à une meilleure compréhension des dynamiques locales et intercommunales, une meilleure connaissance des acteurs. Ces rencontres permettent aussi aux élus et aux services de l’état de voir le rôle d’impulsion, de coordination, de facilitation qu’ils peuvent jouer pour structurer et favoriser le DEL

3. Appui aux jeunes pour l’auto emploi/ réduction de l’exode rural et de l’émigration par pôle :

Les ST ont une mission d’appui à la structuration de la société civile sensible au genre. Des formations sur la budgétisation sensible au genre ont été développées par le PDLGII ce qui a permis de sensibiliser tous les acteurs mais aussi de leur donner des outils simples pour prendre en compte le genre dans la planification et la budgétisation des activités. Des réunions ont donc été organisées dans toutes les CR des pôles et de nombreuses initiatives d’appui à l’émergence se développent Ils veillent à l’implication des jeunes et des femmes :

Ainsi dans le cadre de l’appui à l’émergence des associations au niveau communautaire, une activité vis-à-vis des jeunes a été pilotée par les ST dans les 7 pôles. Cette activité a commencé à enregistrer des résultats partout. Dans le pôle de Kinièro, le ST a tenu plusieurs rencontres durant ce trimestre en présence

des membres du bureau de la jeunesse, les jeunes ouvriers qualifiés et quelques jeunes filles. A la fin des séances de sensibilisation, les jeunes ouvriers qualifiés ont décidé de s’organiser en association :  A Douako, une liste de 14 ouvriers qualifiés a été présentée avec proposition des membres du bureau et le nom de l’association : ASODD (Association des Ouvriers pour le Développement de Douako) et les documents juridiques sont disponibles.

 A Banfélé, les ouvriers ont amorcé le processus de regroupement ;  A Kinièro, l’association est déjà mise en place, les documents juridiques sont disponibles (le statut, le règlement intérieur et le procès verbal) sont déjà élaborés. Elle est à la phase de la recherche de l’agrément préfectoral. La liste des exemples est longue et l’esprit pôle joue à plein pour la société civile qui cherche à s’organiser, à développer de l’emploi et créer de la richesse.

4. Appui à la structuration des groupements de femmes en pôle : Ce second témoignage illustre l’appui des ST à l’organisation des groupements et dans le cas présent la ST attachée au pôle, se sent un peu débordée et victime de son succès Jamais elle n’aurait pensé que l’Union prendrait cette ampleur.

Témoignage : « Pour nous le réseau des femmes c’est une richesse car seule chacune d’entre nous ne peut rien » Ainsi s’exprime au nom de l’Union des femmes de Norassoba Fanta Magassauba, secrétaire de l’union : Les femmes, à l’instigation des 2 secrétaires techniques qui se sont succédées en appui au pôle, se sont organisées en groupement puis en Union puis en réseau au jour d’aujourd’hui 38 plus de 2000 femmes ont adhéré dans les 4 CR.

Pour démarrer, elles ont sensibilisé les femmes dans tous les districts des 4 CR et elles ont mis en place un système de cotisations pour se doter d’un fonds d’épargne A l’heure actuelle, elles ont plus de 12 millions de recettes, elles poursuivent leurs efforts et organisent des réunions périodiques où elles collectent les cotisations .Pour faire fructifier leur argent, elles souhaitent acheter un frigo, pour conserver le poisson et pourquoi pas faire de la vente d’eau fraîche. Elles continuent donc à cotiser patiemment car elles ont d’autres projets ambitieux. Elles se sont organisées en coopérative, en groupements maraîchers … Elles ont pu bénéficier de formation à la saponification, 20 femmes ont suivi la formation, puis celles qui maîtrisaient le mieux ont formé d’autres groupes de femmes. Elles ont aussi été formées à la fabrication de farine infantile, mais pour le moment elles n’ont pas pu démarrer faute de matériel. Elles soulignent l’importance du rôle des 2 secrétaires techniques qui leur ont permis d’obtenir l’entente entre toutes les femmes et leur apportent un appui avec beaucoup de bravoure et d’humanisme. Mais ce qu’elles leur ont appris de plus précieux, c’est « d’apprendre à se prendre en charge »

Depuis la naissance du pôle, à chaque réception ou manifestation on fait appel à elles pour organiser le repas et animer l’événement avec des danses folkloriques. La création du pôle a eu un effet très bénéfique pour les hommes et les femmes. Le réseau leur a permis de prendre part aux décisions. Maintenant, les maires les invitent à toutes les réunions. Elles font systématiquement des restitutions au sein

du réseau pour que toutes les femmes soient informées des évolutions et des décisions.

5. Mise en place des comités Développement Economique Local :

Les comités DEL représentent des supports d’espace de concertation établis par les acteurs économiques locaux pour favoriser des opportunités d’échange d’expériences entre la communauté des entrepreneurs et leurs associations d’une part et l’administration et les structures d’appui locales d’autre part. Ainsi durant l’année 2011 des efforts ont été aussi consentis sur les activités de mise en place des comités DEL dans les différents pôles de développement de Siguiri et de Kouroussa. Après la formalisation des 7 comités DEL dans les différentes CR, l’expert en DEL de la CAT a animé des rencontres pour valider la constitution des comités de DEL, expliquer les rôles et responsabilités du comité DEL ; élaborer un plan d’action pour le développement de chaque filière. A leur tour les comités ne sont pas en reste et de nombreuses initiatives commencent à émerger. A Siguirini, par exemple, le comité est en train de réfléchir en partenariat avec la société minière et les services compétents de l’état à mettre en place un centre de formation professionnelle du pôle, qui permettrait aux jeunes locaux de développer les qualifications nécessaires pour intégrer des emplois salariés à la mine, évitant les violences récurrentes vis-à- vis des mines, qui de leur coté ne voient pas comment embaucher ces jeunes ruraux sans qualification. Ce projet s’il aboutit méritera toute l’attention du PDLG et de ses partenaires car la mise en adéquation entre l’offre et la demande d’emploi est une problématique essentielle, omniprésente mondialement. 39

6. Mise en place du fonds de DEL

La refonte du fonds d’initiatives villageoises dans un esprit pôle et en conformité avec la stratégie de DEL recentrée sur les filières et sur les besoins des groupements et des entrepreneurs privés, mis en place en 2011 devrait permettre de répondre de façon plus pertinente et pérenne aux besoins et consolider l’économie locale.

Les leçons tirées de l’appui stratégique au DEL des pôles :

Se donner une vision des potentialités de DEL d’une zone et mettre en place des actions structurantes est essentiel pour aller au-delà du développement d’infrastructures, qui certes jouent un rôle révélateur moteur. Recenser et impliquer l’ensemble des acteurs économiques du pôle est un préalable pour créer un environnement propice au développement d’initiatives économiques

Impliquer les jeunes et les femmes, dans toutes les instances de concertation des pôles est essentiel. Dès qu’une opportunité leur est donnée, ils s’organisent pour créer leur emploi et sortir de leur vulnérabilité.

40 V. Le relèvement des finances locales : la transparence et mieux la défense de la justice sociale

Le diagnostic SAFIC a mis en évidence de façon exhaustive, la faiblesse des finances locales. Il a mis en évidence aussi les insuffisances des communes dans ce domaine et aussi les gisements existants inexploités et les potentialités s’ils développaient une politique de DEL ambitieuse, reposant sur les pôles.

KOUROUSSA : Rendement potentiel et rendement actuel de la fiscalité locale

SANGUIANA

KOUMANA

KOMOLAK

KINIERO

DOURA Recettes actuelles DOUAKO Res. M obilisables Potentiel fiscal CISSELA

BARO

BANFELE

BALATO

BABILA

0

20 000 000 000 20

40 000 000 000 40

60 000 000 000 60

80 000 000 000 80

100 000 000 000 100

120 000 000 000 120

140 000 000 000 140

160 000 000 000 160

Le PDLG a donc proposé aux collectivités locales de faire de la mobilisation de ressources un défi fort du programme d’appui et ce faisant :

 De renforcer les capacités de l’ensemble des acteurs à la gestion des finances locales mais aussi à la connaissance du code des collectivités et des lois sur 41 les finances locales.

 De développer les outils et les instances qui garantissent la transparence de gestion à tous les niveaux du projet

 De sensibiliser les citoyens à la nécessité de s’acquitter des taxes et impôts dont ils sont redevables vis-à-vis des collectivités locales et de l’état Guinéen.

Par ailleurs le PDLG avait mis en place des outils clés pour la mobilisation des ressources contributives des CR :

 Un rôle de levier de mobilisation des ressources contributives des collectivités

La convention de projet qui définit les conditions de partenariat entre les collectivités locales et le FENU fait de la mobilisation des ressources contributives de ces collectivités un préalable au décaissement du FDL. Cette contrainte a amené les collectivités dont les besoins en infrastructures communautaires sont considérables à être plus entreprenantes dans la mobilisation de leur quotepart dans le financement de ces équipements. Ainsi le recouvrement de la CDL (Contribution au Développement Local) s’est nettement amélioré dans la zone d’intervention du programme passant de 41% en 2003 à 54% en 2005.

 Un facteur de gestion transparente des ressources contributives

La gestion conjointe des comptes par le Conseil Communautaire (CC), le CDC, le Secrétaire Communautaire et la CAT, à travers le principe de la pluralité des signatures, en a accru la transparence tout en permettant aux élus locaux et à la société civile de se familiariser avec les contraintes procédurières et prudentielles des banques primaires.

Le travail sans relâche sur cet axe a porté ses fruits et produit des résultats rapides presque au-delà des espérances de l’ensemble des acteurs et de la CAT.

Siguiri : Recouvrement moyen passé de 30% en 2002 à 85% en 2006

Kouroussa : Recouvrement moyen passé de 30% en 2002 à 60% en 2006

Grâce à quoi, les infrastructures par pôle ont pu être rapidement réalisées, les CR ayant les moyens de verser les ressources contributives au projet.

5

4 4

4

3 3 Norassoba Nombre 3 Doko d’Infrastructures 3 Kintinian réalisées au 2 2 2 Siguirini niveau des pôles 42 2 Baro (PIL 05/06) en Cisséla 2 intercommunalité Kiniéro 1 1

1

- Pôles

Pour maintenir les performances dans la mobilisation de ressources des CR et pour impliquer davantage la population le PDLG, redynamise régulièrement les commissions au sein des cadres de concertation et notamment la commission de mobilisations de ressources. Cette commission interne à chaque CR, composée de 6 à 8 membres sillonne les districts pour sensibiliser et recouvrer.

Pour faciliter le recouvrement, les receveurs communautaires ont été dotés de motos pour sillonner le territoire. L’appui à l’organisation administrative et notamment à l’archivage a permis d’optimiser le recouvrement et de gérer la comptabilité et la fiscalité dans la transparence puisque les traces de toutes transactions sont répertoriées et disponibles. La vulgarisation du code des collectivités s’est poursuivie pour les différents comités au fur et à mesure des besoins des 23 CR.

Le travail sur cet axe s’est donc poursuivi de façon constante afin que l’effort de mobilisation des ressources ne faiblisse pas. Cependant, en 2011, la situation financière des 23 CR de Siguiri et de Kouroussa a été éprouvée par la suppression de la contribution au développement Local (CDL) des citoyens qui représentait l’essentiel des ressources financières des communautés dans la participation de la mise en œuvre des projets de développement local. Cet état de fait a conduit les Collectivités à envisager de nouvelles dispositions pour combler le manque à gagner en identifiant certaines taxes négligées auparavant et intensifier la mobilisation des ressources internes.

Ainsi au cours de cette année 2011 tous les efforts ont été concentrés à l’appui pour l’identification des taxes dans tous les pôles de Siguiri et de Kouroussa à travers la tenue des séances de sensibilisation et de formation sur les sources de recettes, leur mobilisation et l’amélioration des capacités des CL dans la gestion transparente des ressources.

Les capacités des acteurs locaux (Maires, Secrétaires généraux et Receveur communautaires) ont été renforcées par le programme sur la mobilisation des recettes fiscales et non fiscales et des mécanismes de mobilisation et de gestion transparente des ressources ont été définis.

Les débats au cours des séances organisées étaient axés essentiellement sur l’identification des sources de recettes, la tarification à la hausse des différentes taxes, les mécanismes de recouvrement, le respect des clefs de répartition 43 (orientation des fonds) et les techniques de justification. Il faut noter que dans le cadre de cette activité, de taxes importantes (notamment la taxe superficielle…) qui n’étaient pas recouvrées au niveau des opérateurs ont été identifiées ce qui a conforté l’assiette financière des communautés. Aussi le cas de certaines CR dont les infrastructures marchandes étaient sous payées et que lors des sessions des conseils communautaires la revalorisation des locations ont fait l’objet de recommandations.

Ainsi un processus de diversification des sources de recettes a été amorcé au niveau de l’ensemble des CR de Kouroussa et de Siguiri notamment celles abritant les Sociétés minières. Par exemple :

 dans la préfecture de Kouroussa, les CL au titre des 0,4 % du chiffre d’affaire, a obtenu de la SEMAFO le montant de 1 698 979 644 fg et reparti en fonction de la grille définie par une clef de répartition ministérielle

 A Siguiri, les CR de Siguirini, Maléah et Kintinian ont bénéficié de la taxe superficielle payée par la Société minière SMD respectivement pour un montant de 20.900.000 GNF, 1.900.000 GNF et 3.100.000. La taxe des 0,4% payée par la SAG est gérée par le Comité Préfectoral de Développement de Siguiri auquel les CR ont fait une requête pour le complément de leurs quottes parts dans le financement du PAI 2011 (PACV2/PDLG2) .Cette requête a été obtenue pour un montant de 462 009 632 fg couvrant les besoins de financement des PAI 2011 des 12 CR de Siguir

 Dans le cadre de la convention de financement des PAI (2011) par le PACVII les collectivités bénéficiaires des infrastructures ont contribué à hauteur de 10% du coût du financement des infrastructures s’élevant à 50 000 $ par collectivité.

Etude de cas : La CR de Kintinian, au tableau d’honneur des 18 initiatives Ouest Africaines de bonne gouvernance : La transparence et la responsabilité sociale dans la gouvernance des ressources naturelles

La LOGTAFA vise l’amélioration de la transparence et de la redevabilité des gouvernements locaux en Afrique Francophone. Elle a identifié la CR de Kintinian pour ses pratiques exemplaires de gestion :

1. sa transparence dans la gestion des fonds publics provenant de la société minière SAG,

2. la mise en place de mécanismes d’indemnisation des producteurs expropriés de leurs terres,

3. l’implication de la population dans les instances de concertation et de suivi évaluation des plans de développement

4. Le relèvement du taux de recouvrement niveau des finances locales passées de 800 000 FGN en 7 ans à environ trois milliards en à peine deux ans par le biais de sa participation au CPD 44 Le contexte de l’initiative

Le secteur privé étranger est prépondérant dans l’exploitation des mines d’or de Haute guinée. Ces sociétés versent 0,4 % de leur chiffre d’affaires aux collectivités des zones d’exploitation. La zone de la CR de Kintinian est la plus exploitée car l’or y est de meilleure qualité (24 Carats). L’exploitation des mines d’or de bauxite et de diamants en Haute et moyenne Guinée par le secteur privé étranger est en pleine extension, ainsi entre 2005 et 2008, le chiffre d’affaires de l’exportation de l’or s’est multiplié par 3. Non sans heurts avec les populations locales, qui ont peu de retombées en termes d’emploi des jeunes, d’indemnisation des producteurs expropriés, d’infrastructures de base, à l’exception de la CR de Kintinian, où depuis 3 ans aucun problème particulier n’a été enregistré. En effet, la CR de Kintinian a su mettre en place des mécanismes de gestion propres à garantir la défense des intérêts des populations et à optimiser les retombées des activités minières pour favoriser le développement socio économique local de la zone. Pour ce faire, bien qu’il existe, au niveau préfectoral, un Conseil préfectoral de développement, le président de la CR a voulu mettre en place un cadre de concertation local pour défendre les intérêts de la population de la CR. Soucieux de faire entendre la voix de la population, un comité de suivi a été mis en place. Le tableau ci-dessous décrit les deux instances et les résultats obtenus et les impacts.

Le comité de suivi au niveau sous La commission technique de suivi préfectoral du dédommagement

le secrétaire général chargé des le directeur préfectoral du collectivités décentralisées de la développement rural et de préfecture qui assure la présidence du l’environnement (DPDRE) de Siguiri comité  la SAG avec des représentants

 le sous-préfet de la CR qui de plusieurs départements assure la vice présidence (géologie,topographie, environnement et relations  le président de la CR communautaires)

 le vice président de la CR, le  le représentant du comité de trésorier de la CR suivi du village (en fonction du site concerné)  un représentant de chacun des douze districts autour de la  les élus locaux du village SAG La composition  le service de l’agriculture de la  le président des ressortissants CR de Bouré résidant à Siguiri  le propriétaire du champ ou de  le représentant de la SAG la plantation.

Discuter des relations bilatérales de Cette structure intervient partenariat entre la SAG et les zones spécifiquement dans le processus de d’extraction. cession foncière à la SAG et dans la procédure de dédommagement des 45 Discuter des Problèmes de relations

propriétaires. Après consultation avec dans la gestion de l’exploitation les propriétaires, la valeur des industrielle de l’or dans la zone investissements (champs, plantes, infrastructures) est calculée par les Dédommagement des propriétaires des services techniques et le paiement des champs et plantations montants est effectué par la SAG. Déménagement des villages Le comité de suivi intervient pour s’assurer du bon déroulement du Les missions Les Dégâts causés par les explosions en cours d’exploitation processus et pour agir en cas de conflits. Dégâts causés au bétail et sur la nature par les produits chimiques

Sur les 50 projets financés par les Depuis 2007, tous les propriétaires des retombées des 0, 4 % la CR de champs sont dédommagés par la SAG Kintinian a bénéficié en 2007 de 5 pour la perte de leurs terres. projets : la construction de deux écoles et trois postes de santé. Puisque la terre appartient à l’État, c’est la valeur ajoutée à la terre qui fait Dans le cadre des actions pôles, 60 l’objet du dédommagement. Ceci kiosques et une gare routière à constitue un véritable acquis qui n’est Kintinian, 15 à Franwalia, un centre pas perçu dans d’autres localités culturel à Naboun. engendrant des expropriations des propriétaires fonciers sans Les résultats Les Un taux de recouvrement des recettes dédommagement. fiscales y compris la part des O,4% de la SAG de plus de 85%.

Une amélioration des revenus des citoyens

Un accroissement du taux de couverture scolaire et sanitaire

Une amélioration du réseau des transports

Un accroissement des flux d’échanges économiques.

impacts Une gestion des ressources communales maîtrisée

Pas de conflits territoriaux interdistricts, inter CR ni avec les sociétés minières

Les alors que les autres zones sont en ébullition. Un taux de recouvrement des recettes fiscales 46

« Le cas exemplaire de la CR de Kintinian, modèle de bonne gouvernance dans la gestion du partenariat avec la SAG est le résultat d’un travail soutenu du PDLG durant la dernière décennie auprès des collectivités locales de Haute Guinée. Il démontre que les efforts de développement des capacités de proximité, la pratique de la concertation régulière la compréhension par les collectivités du développement communautaire et de leur rôle en tant qu’élus dans le développement et dans la décentralisation ainsi que de leur maîtrise des procédures de concertation, de gestion, de suivi évaluation au profit des populations locales. »

VI. DES RESULTATS ET DES IMPACTS

6 .1 Les pôles de développement : des plates formes de concertation, un levier de la cohésion et de la paix sociale.

En conservant la même philosophie et la même démarche d’action en adaptant les outils au concept de pôle.

La sensibilisation de la population, une étape importante :

Point d’étape : Le SAFIC a permis de démontrer que, pour que les CR puissent disposer d’un minimum de moyens pour conduire une politique de développement socio économique local ils pouvaient jouer sur 2 principaux leviers

1. Relever le niveau de recouvrement et développer la fiscalité locale 2. Implanter des infrastructures marchandes, qui généreraient des recettes fiscales et pas uniquement des charges comme les infrastructures sociales de base. Pour ce faire il convenait de mutualiser les ressources par pôle et de construire une stratégie à l’échelle de territoires économiques significatifs.

Le principe des pôles étant acquis par les principaux acteurs ayant participé aux restitutions de l’étude SAFIC en préfecture de Kouroussa et de Siguiri, la première question à laquelle ont été confrontées les CR a été d’obtenir un quitus des 47 populations autour de cette idée. Le terrain était préparé, puisque la phase d’enquête du SAFIC avait été participative avec des restitutions partielles CR par CR et que la population s’était appropriée progressivement les processus de concertation, de planification, de suivi évaluation communautaires depuis le PDLGI

La phase de sensibilisation a été intensive, district par district, l’objectif étant de démontrer que les pôles n’étaient pas un instrument formel de la décentralisation, mais bien un moyen de mettre en œuvre des projets que chaque collectivité n’avait pas les moyens de réaliser, même les collectivités motrices et les plus riches des pôles.

Le principe a été acquis assez rapidement et au-delà des espérances pour trois raisons majeures :

1. Le découpage des pôles faisait sens pour les populations. Les pôles recomposaient des territoires ayant une homogénéité culturelle, économique, une histoire commune que les découpages administratifs avaient mis à mal, en divisant et créant des distensions au sein des terroirs. 2. La possibilité de réussir des projets plus ambitieux, que seul chacun des CR n’avait pas les moyens de réaliser. 3. L’orientation économique des pôles. Certes, des infrastructures de base continuent à manquer pour améliorer le taux de couverture scolaire et sanitaire, mais la population s’est appropriée le diagnostic sur les potentialités économiques et tout comme l’ensemble des acteurs elle a adhéré à l’idée d’investir dans des infrastructures marchandes pour améliorer les

conditions de vie et d’emploi et pour donner des moyens aux collectivités d’entretenir régulièrement les infrastructures de base.

Ce faisant cette phase de sensibilisation a contribué à responsabiliser les citoyens pour qu’ils s’acquittent des taxes et impôts permettant aux CR et aux pôles de mettre en place des services publics de qualité et fonctionnels au service de tous.

Dans tous les pôles visités, la phrase clé comme la première leçon tirée des pôles est « L’union fait la force », Ce leitmotiv démontre que le pari de départ de faire reposer les pôles sur un principe de solidarité inter communal est un pari gagné. Les pôles sont devenus des espaces solidaires et de partage.

Ce principe de solidarité et de mutualisation des moyens, des idées et des forces a fait tâche d’huile. Ainsi de nombreuses initiatives liées à la phase de sensibilisation mais aussi de l’expérience de la concertation, de la planification inter CR, ont vu le jour.

Des effets inattendus : Les pôles sont donc devenus des entités significatives pour la population, les OSC et pour les services de l’état. Les exemples foisonnent et leur mise en partage permettrait de consolider ces initiatives

A Kiniéro, les services des sous -préfectures ont mis en commun leurs moyens pour la dernière campagne de vaccination du petit bétail. La campagne a couvert les 3 sous -préfectures, ce qui a permis une plus grande efficacité et des économies de temps et de moyens. Les postes de cantonnement forestier sont mis en commun 48 dans tous les pôles.

A Kiniéro encore, les maires des 3 CR ont pris l’initiative de faire venir la première dame et 5 Ministres pour visiter la zone. Le jour de l’atelier de capitalisation, ils étaient en réunion à la préfecture de Kouroussa pour organiser l’événement au nom du pôle. Ils espèrent attirer l’attention du gouvernement sur le grand défi qu’ils tentent de relever : la construction d’un pont sur le fleuve Niger, qui les sortirait de leur enclavement.

La création récente d’une association des ressortissants des 3 CR, l’ « Association de développement du Sankaran », (ADS) Leur première initiative fêter la tabaski 2012 tous ensemble. Par ailleurs ils commencent à contribuer financièrement aux projets du pôle, pour accélérer la dynamique économique.

Les jeunes des 3 CR sont en train de créer un cadre de concertation et une association. Leur stratégie est de se donner les moyens d’être visibles et de contribuer davantage aux instances de concertation et de planification, dont ils se sont sentis longtemps un peu exclus.

A Doko, le SNAPE n’a plus qu’une seule équipe, qui s’entraide pour gérer les points d’eau, avant les services étaient composés de trois délégués, un par CR. Bankon bénéficie enfin des mêmes services bancaires que Doko et Niagassola : après négociation, le crédit rural, a accepté de couvrir les 3 CR.

Dans tous les pôles, il est question de mise en commun des moyens, de projets solidaires, de structuration et d’organisation des producteurs comme illustré ci- dessous.

Témoignage : « Quand je parle c’est au nom du pôle, fini le temps où je défendais mon village ou la CR de Kiniéro » Ainsi s’exprime le président de l’union des producteurs du Sankaran. Avant il y avait des dissensions entre les Unions d’agriculteurs. Dès que nous avons vu les réalisations et compris que l’union fait la force, nous avons suivi l’exemple du pôle et commencé à raisonner de la même façon. Les 6 unions de producteurs de Kiniéro, les 6 unions de Douako et les 5 unions de Banfélé se sont donc fédérées, dans un esprit de pôle en créant une fédération, qui fonctionne avec un cadre de concertation permanent très actif. Nous avons appris à faire un diagnostic, une programmation grâce au PDLG et à organiser les groupements en filière (maraîchage, pêche, riz, reboisement, savon, teinture).

Le président de la fédération qualifie le Sankaran de véritable grenier de la préfecture de Kouroussa. Les 10 kiosques par CR, les 2 hangars des marchés de Kiniéro et de Douako, la gare routière de Kiniéro ont un impact très positif pour les producteurs car malgré l’enclavement dont souffre la zone, les marchés sont devenus des espaces d’échanges économiques actifs qui facilitent l’écoulement de leurs produits. Enfin grâce au pôle, le premier résultat dont nous sommes fiers : nous avons 49 obtenu un tracteur dans le cadre du programme national de groupement fédéral des agriculteurs. Maintenant nous devenons ambitieux, nous voulons d’autres tracteurs !

Un impact : Une paix sociale consolidée.

Un des impacts de cette concertation et des réalisations à l’échelle d’un territoire qui fait sens est la paix sociale. En effet dans les zones où le foncier est convoité pour l’extraction de l’or, ou des conflits récurrents existent entre agriculteurs et éleveurs, les habitudes de concertation et la confiance retrouvée dans le dialogue entre les élus et les populations pour régler localement les conflits favorisent la paix sociale, condition sine qua non pour développer des dynamiques de développement économique local.

Témoignage « Certains problèmes locaux ne peuvent être réglés qu’au niveau local. L’esprit et la dynamique de concertation mis en place par les pôles sont essentiels pour conforter la paix sociale ».

Mr Yamori Condé, secrétaire général du Ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation, ancien coordinateur du PDLG I, est convaincu que les espaces de concertation générés par les pôles jouent nettement en faveur de la paix sociale. Il cite un exemple récent pour illustrer cet acquis des pôles : Un conflit récurrent entre éleveurs et agriculteurs de 2 districts s’est aggravé au point que les

2 districts avaient mobilisé tous les chasseurs pour se faire face. L’administration et les forces de sécurité nationales, appelées en renfort n’ont pas réussi à canaliser le problème. Les CR du pôle ont pris la décision de régler le problème en interne. Ils l’ont fait savoir aux autorités administratives. Les conseils communautaires ont réglé le problème durablement ce que les forces de sécurité n’avaient pas pu faire. Pour Monsieur Yamori Condé l’un des trois principaux impacts des pôles est la nouvelle dynamique de cohésion sociale qui s’y est développée durablement, et qui a un fort impact sur la paix sociale.

6.2 Les infrastructures marchandes devenues très rapidement des espaces d’échanges économiques dynamiques

Le PDLG avec les pôles de développement a relevé un défi et introduit une innovation de taille en Guinée : fournir aux collectivités locales des moyens pour développer et gérer des infrastructures marchandes. Jusqu’à présent quelques projets avaient développé ces infrastructures avec des ONG mais jamais des collectivités locales avaient été parties prenantes et encore moins sur un mode de gestion intercommunal.

Lors du diagnostic SAFIC en 2004, l’état du commerce dans la Préfecture de Kouroussa est essentiellement dominé par la commercialisation des produits locaux d’origine agricole bruts ou transformés et des produits manufacturés. La 50 Préfecture de Kouroussa compte au moins 12 marchés dont un, celui de Cisséla (Fadoussaba) est le plus important marché à rayonnement régional. Les autres marchés hebdomadaires importants qui structurent avec le marché de Cisséla l’espace économique préfectoral sont notamment les marchés de Banfèlè, de Douako et de Kiniéro. Ces marchés assurent la collecte des produits vivriers, de cueillette et d’exportation et l’approvisionnement des populations locales en produits manufacturés. Les marchés animent le réseau des échanges au niveau de la Préfecture avec des flux (aller/retour) en direction des autres Préfectures de la région de Kankan (Kankan, Kérouané, Mandiana), d’autres régions de la Guinée (Dinguiraye, Dabola, Faranah, Conakry, région forestière) et des pays voisins (Mali). Avec la suspension du trafic ferroviaire, la Préfecture de Kouroussa s’est progressivement dévitalisée avec un ralentissement des activités économiques notamment le commerce.

Le commerce dans la Préfecture de Siguiri est dominé par le négoce de l’or et la commercialisation des produits d’origine agricole bruts ou transformés. La Préfecture de Siguiri compte au moins 13 marchés (un marché par collectivité) dont cinq (5) sont des marchés hebdomadaires importants qui structurent l’espace économique préfectoral et assurent la collecte des produits vivriers, de cueillette et d’exportation et l’approvisionnement des populations locales en produits manufacturés. Il s’agit notamment des marchés de Siguiri centre, Norassoba, Franwalia, Kintinian, Kobèdara (Maleah), et Tomboko (Doko).Les marchés animent le réseau des échanges au niveau de la Préfecture avec des flux (aller/retour) en direction des autres Préfectures de la région de Kankan (Kankan, Kouroussa, Kérouané, Mandiana), d’autres régions de la Guinée (Conakry, région forestière) et des pays voisins (Mali et Côte d’Ivoire).Grâce à

son importante frontière avec le Mali, la Préfecture de Siguiri constitue un relais des flux commerciaux de la Guinée avec la République du Mali.

Les réalisations :

Pôle CR NB de Infrastructures marchandes vendeurs réalisées dans le cadre des (Safic 2004) pôles

Norassoba Norassoba 850 15 kiosques pour le pôle et 67 (propre à la CR) Nounkounkan 0 1 centre culturel 0 1 centre culturel (équipement) Kiniébakoura 500 15 Kiosques (Diomabana)

Doko Doko 750 15 kiosques (Tomboko) Niagassola 0 15 kiosques (Balandou) Bankon 300 15 kiosques (Nafadji) Kintinian Kintinian 625 55 kiosques (propre à la Siguiri CR), 1 gare routière (pour le pôle), Franwalia 275 15 kiosques 51 Naboun 0 1 centre culturel Siguirini Siguirini 520 1 Parc à bétail (Nètèmafara) Maléah 825 10 kiosques Baro Baro 450 10 kiosques (Soronkoni pour le pôle) et 5 kiosques propre à la CR 275 10 kiosques

Babila 0 275 10 kiosques à Balato Doura 225 Cisséla Cisséla 786 10 kiosques (Fadoussaba) Sanguiana 805 10 kiosques (propre à la CR) Komolakoura 200 1 Collège

Kouroussa Kiniéro Kiniéro 700 30 kiosques, 1 hangar, I gare routière Banfélé 275 10 kiosques (propre à la CR) Douako 500 20 kiosques, 1 hangar

Grâce à l’implantation et à la gestion de ces infrastructures, les élus et la population ont compris l’importance de l’économique dans le développement et dans la lutte contre la pauvreté. Car l’aménagement des marchés a eu un effet de démonstration fort, comme un « cercle vertueux « économique.

 Les kiosques ont été loués rapidement et tout de suite ont suscité l’engouement des commerçants, en témoignent les listes d’attente de demandes.

A Norassoba, de nombreux acteurs économiques ont construit des kiosques face aux kiosques municipaux et la rue principale du marché est en passe de devenir un centre commercial permanent. De plus en plus de commerces sont ouverts tous les jours, preuve de leur rentabilité et du dynamisme de l’espace économique à Norassoba.

Les kiosques privés commencent à fleurir face aux kiosques communaux  Ils ont facilité le stockage et donc l’écoulement des produits agricoles de tous 52 les producteurs du pôle en particulier des CR enclavés, qui ne disposent pas de marché hebdomadaire actif.

 Ils ont attiré beaucoup de commerçants et les flux commerciaux y sont en constante augmentation, ce qui crée de l’emploi local.

 Les acteurs économiques locaux sont entraînés à développer des initiatives en particulier les groupements pour produire et écouler des produits transformés, mais aussi des services les jours de marché.

 La location des kiosques est une source de recettes régulières pour les CL, qui devrait permettre d’entretenir les marchés mais aussi les infrastructures sociales de base.

 L’aménagement des marchés s’est accompagné d’une meilleure organisation pour la collecte des redevances et d’une meilleure volonté des commerçants et des transporteurs à s’acquitter du coût des taxes et des services proposés sur le marché puisque leurs affaires prospèrent.

 Les élus ont pu s’investir dans un autre domaine crucial pour le développement que les 32 domaines de compétences, qui leurs sont dévolus, dans le cadre de la décentralisation.

La liste des effets positifs de l’investissement dans l’économique des pôles, pourrait s’allonger, tous les acteurs rencontrés sont très enthousiastes, ce qui renforce leur

fierté d’avoir accepté le pari de l’intercommunalité et le principe de la solidarité car de fait, ils sont tous gagnants même si les effets sont moindres pour les CR les plus faibles. Le témoignage ci-dessous est éloquent et permet, si l’on ne peut encore mesurer l’impact de ces infrastructures sur la réduction de la pauvreté et l’atteinte des OMD, d’affirmer qu’impact il y a.

Témoignage : 15 kiosques, une bonne organisation, ont suffit à faire du marché de Tomboko un des plus grands marchés à la frontière du Mali. Nous sommes passés en 3 ans de 360 à environ 1000 emplacements, ce qui procure des recettes estimables à la CR de Doko.

Il est samedi matin, après l’atelier de capitalisation, la délégation emmenée par les trois maires de Doko, Niagassola et Bankon, nous emmène visiter le marché hebdomadaire.

Ce n’est pas sans fierté que les maires, nous font parcourir une des plus belles réussites du pôle. Avant, les commerçants venaient sans stock, sans marchandises juste pour acheter, maintenant les kiosques des grossistes se sont installés et les camions viennent et repartent à plein. Maintenant les Maliens même les Sénégalais viennent ici. Mais en priorité ce sont tous les producteurs des 3 CR du pôle, qui ont trouvé un lieu de débouché pour leurs produits. Le marché de Tomboko est devenu 53 un des plus importants de la région après Norassoba et Siguiri.

La brigade de jeunes assurant la La route qui sépare l’ancien marché (350 sécurité places et les 600 nouveaux emplacements

Nous nous arrêtons auprès de trois jeunes de la radio communale « Bentadi ». Haballadougou Kenieban, l’animateur nous explique que ce marché est un des plus

importants lieux de vie transfrontaliers. Avec son équipe, ils enregistrent les communiqués que les gens viennent leur apporter et dès leur retour au studio en soirée ils retransmettent toutes les informations. Les maires nous expliquent que vu le taux d’écoute de la radio, le marché est devenu un lieu de rendez-vous incontournable à qui veut faire passer un message.

L’administrateur du marché supervise les receveurs, qui depuis que le marché est bien organisé n’ont plus beaucoup de mal à percevoir les taxes des commerçants. « Avec l’organisation que nous avons mise en place et l’obligation qui a été faite il y a une dizaine d’années à tous les commerçants d’investir dans leur stand, il y a de moins en moins de resquilleurs. » Pour assurer la sécurité du marché une équipe de jeunes du village a été embauchée. Ceux-ci installés à l’entrée du marché, se démènent pour que chacun puisse faire ses affaires en toute sécurité.

Par contre MR Camara tient à nous faire visiter les 2 points noirs du marché d’abord les latrines au nombre de 4 ce qui est très insuffisant pour un marché de milliers de visiteurs, d’autant que deux sont hors d’usage.

Puis nous nous dirigeons vers le quartier des bouchers et MR Camara s’indigne de la vétusté de ces stands : il profite de la présence des maires pour revenir sur la priorité que s’est fixé le 54 comité de gestion : la construction d’un hangar où les bouchers pourraient travailler dans des conditions d’hygiène dignes du grand marché de Tomboko

En conclusion de la réunion et de la visite du marché de Tomboko, le maire de Doko, Monsieur Keïta nous dit : Si nous devions rebaptiser le pôle nous l’appellerions « Le pôle de la Coexistence pacifique ou mieux l’entente dans l’intérêt mutuel puis après réflexion le groupe propose : « Bèn Tönö » ce qui veut dire L’entente pour le développement économique, formule qui fait aussitôt consensus et que la visite du marché de Tomboko illustre parfaitement.

V.II LES DIFFICULTES ET LES RISQUES :

Remarque : Le parti pris de privilégier les points positifs des pôles en tant que bonnes pratiques qui ouvrent la voie au gouvernement Guinéen, aux élus locaux aux techniciens du développement et à la société civile, n’exclut pas de s’interroger sur les difficultés et les risques. Les leçons tirées de l’expérience et les conseils formulés par tous les acteurs à qui voudrait s’inspirer des pôles, indiquent en filigrane, le cheminement réalisé, les problèmes auxquels les acteurs ont été confrontés et qu’ils ont résolus avec du temps, de la réflexion, en s’appuyant sur les outils mis à disposition par le PDLG. Il n’en reste pas moins que la rencontre de multiples acteurs, qui témoignent de leur expérience avec un engouement unanime et une volonté de partage traduit le fait que les pôles répondent à un besoin et sont une étape essentielle pour accélérer le DEL mais aussi pour transformer les mentalités. Les pôles ont un impact pédagogique fort sur la compréhension du développement et le rôle des collectivités dans ce processus. Cependant les impacts réels sur le terrain ne peuvent faire occulter certaines difficultés. 55

1. Les pôles et les CR ont bien sûr des fonctionnements à des rythmes différents avec un niveau de maîtrise inégal de l’ensemble des outils mis à leur disposition par le PDLG. Il est évident que le parcours n’est pas sans difficultés : au niveau de la sensibilisation, de la transparence de gestion, de la mobilisation des acteurs, surtout dans une région où la concurrence de « l’argent facile » que peut rapporter l’or, peut à certains moments vider les campagnes et les villages. 2. Sans la contribution substantielle du PDLG à l’appropriation du DEL par l’ensemble de la population des territoires concernés, malgré la pertinence et l’effet déclencheur du SAFIC, il y a fort à parier que les pôles n’auraient pas pu fonctionner autrement que de façon formelle en superposant une couche de plus au processus de décentralisation. Autrement dit, le développement des capacités et la sensibilisation, prennent du temps, mais sont des étapes incontournables pour réussir le changement des mentalités. Certains élus témoignent des difficultés rencontrées lors de cette phase, dans un milieu cependant favorable et mûr pour l’intercommunalité. 3. Le risque de multiplier les infrastructures marchandes telles que les kiosques, les gares routières, sans une vision et une stratégie de développement économique qui implique les opérateurs économiques est certain. Au cours des entretiens, l’effet « miraculeux » des infrastructures est souvent apparu au détriment de l’’animation et de l’appui aux initiatives économiques, et de création d’emplois. L’exemple de nombreux pays, où

foyers culturels, zone d’entreprises, voie de contournement des communes, … ont fait la démonstration de leur inutilité et de l’argent gaspillé inutilement. Les études de faisabilité ont sûrement été complaisantes pour satisfaire les élus locaux qui ont bien souvent cédé à l’effet de mode, chacun pensant qu’avec ces infrastructures sur sa commune, le développement allait suivre. Sans aller jusque là dans un pays où le minimum d’infrastructures est loin d’être suffisant pour répondre aux besoins de la population, le risque est certain, de vouloir multiplier les équipements ou de les sur dimensionner car ils génèrent rapidement des recettes sans pour autant veiller à développer des opportunités et des dynamiques économiques. 4. Le rôle de l’état, et la non tenue de ses engagements financiers qui rendent difficile l’exercice des compétences des collectivités locales 5. Les agents de l’état difficiles à mobiliser et qui sont victime d’un fort turn over, ce qui demande un effort de formation supplémentaire. 6. Des ressources qui même optimisées restent faibles par rapport aux besoins et aux moyens de lutte contre la pauvreté 7. Le bénévolat dans les comités de gestion commence à s’épuiser surtout si opportunité de s’inscrire dans la dynamique économique naissante voir l’orpaillage (Exemple PTFM).

VIII. LES PERSPECTIVES DES POLES

Dans l’esquisse de la lettre de politique de la décentralisation et de développement local, d’Avril 2010, à laquelle le PDLG II a contribué avec d’autres partenaires, le 56 ministère en page 16,17 prend exemple sur les pôles de développement

« DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE REGIONAL : UN LEVIER DETERMINANT POUR IMPULSER LE DEL : Objectif : on ne peut parler de développement territorial sans son moteur : le développement économique. Les économies locales sont souvent handicapées par des facteurs multiples, structurels (enclavement, absence d’énergie, accès au financement…), d’accès à des marchés, de manque de savoir faire… Si les CL ne peuvent pallier les insuffisances de l’économie guinéenne, elles peuvent aider à résorber certains freins et à structurer certaines filières. Elles ne peuvent certes le faire seules, mais elles peuvent être un levier pour fédérer les actions d’appui au développement économique. Elles sont aussi conscientes que leur action –malgré des faibles marges de manœuvre peut d’une part contribuer à améliorer la capacité productive et de mise en marché de leurs citoyens et, d’autre part, avoir un retour bénéfique en terme d’amélioration du potentiel fiscal. Les pôles de développement : Une première étape Les initiatives de pôles de développement sont à étendre, elles permettent à des CL de travailler sur les potentialités locales et d’établir une entraide entre CL, d’amener les organisations socio professionnelles de leur territoire à partager des projets communs.

Le PDLG a fait la démonstration qu’une nouvelle étape pouvait être franchie dans le cadre de la décentralisation : celle de l’intercommunalité. Par les pôles il a démontré que développer une stratégie de développement économique était porteuse de dynamiques et d’initiatives prometteuses pour réduire la pauvreté. Les populations et les élus s’en sont saisis.

Il a aussi démontré que le développement, dans le cadre de la décentralisation, est un long cheminement et que sans les actions conjuguées des 2 phases du PDLG et celles des partenaires tel que le PACV, ces dynamiques n’auraient pas été possibles ou du moins n’auraient pas pris cette ampleur. Car le développement ne se décrète pas et l’intercommunalité encore moins. C’est un long chemin qui si l’on veut qu’il soit durable doit impliquer l’ensemble de la population, l’appuyer pour qu’elle se dote d’outils, mais lorsque les plus hauts cadres du ministère disent à propos du PDLG et de la zone d’expérimentation des pôles « Les élus y ont compris le développement et leur rôle dans le développement » tous les espoirs sont permis.

Cette capitalisation a tenté de retracer ces expériences et ce cheminement en montrant qu’il reste à faire pour consolider ces acquis durablement, en particulier dans le plus récent champ d’expérimentation, l’appui structurant au DEL, champ dans lequel, les initiatives des élus et des populations commencent à foisonner, la prochaine phase du PDLG pourrait faire cette nouvelle démonstration en développant des partenariats forts avec des spécialistes de l’éducation des adultes, de l’approche filière, de la formation professionnelle… L’expérimentation dans une autre zone de la démarche préalablement à l’extension de l’expérience à tout le territoire Guinéen. Serait aussi un moyen de mieux évaluer à quel moment les CL sont mûres pour se lancer de façon efficiente dans l’expérience pôle.

PDLG I 2001 2007 Priorité au développement social 57 Mise en place des instances de Implantation d'infrastructures de base Organisation des collectivités concertation et de plannification

PDLG II 2007 - 20 12 Priorité au développement économique

Organisation des collectivités en pôle de Implantation d'infractructures Mise en place des instances et des outils développement marchandes de gestion intercommunales

PDLG III ? Animation du développement socio économique local

Développement de partenariats avec les Appui aux acteurs économiques Structuration des filières de production, spécialistes des filières et des IMF transformation commercialisation

. En conclusion : La parole aux acteurs

Les dix principales leçons tirées de façon quasi unanimes aussi bien par les élus des CR, les représentants de la société civile, l’équipe de la CAT et ses secrétaires techniques sont les meilleurs conseils à qui voudrait s’inspirer de l’expérience des pôles. Le dernier émane surtout des acteurs rencontrés lors de la visite des pôles : inspirés par le pragmatisme de l’appui conseil du PDLG, ils invitent tout acteur à venir les rencontrer car pour eux le partage d’expérience est un enrichissement et une des meilleures façons d’apprendre, pour eux comme pour leurs hôtes.

Les conseils et les leçons apprises 1. Le développement social ne peut se pérenniser que si l’économique se développe 2. Un pôle ne s’improvise pas, il est le résultat d’une étude diagnostique 3. Les pôles n’ont pas créé de nouvelles entités : ils se sont composés autour d’ensemble significatifs de solidarités naturelles 4. Un pôle doit être conçu comme une plate forme de concertation 58 5. Pour se constituer en pôle il faut accepter le principe de solidarité intercommunal 6. Pour être dans une dynamique de pôle, il faut accepter le principe d’apprentissage et du partage des expériences et des savoirs 7. Il faut institutionnaliser les réunions inter- pôles 8. La réussite des pôles dépend de l’implication des services de l’état 9. Impulser un centre d’intérêt commun, se lancer un défi pour réunir les acteurs 10. La réussite des pôles ne peut se faire que si les CR évitent les conflits 11. Impulser les principes et les outils d’une gestion commune 12. Mettre en place tous les outils qui garantissent la transparence, dans la gestion des affaires publiques 13. Ouvrir un compte commun au pôle : un moyen de maintenir la dynamique 14. L’union fait la force, il faut continuer à en convaincre la population. 15. La meilleure façon de comprendre les pôles est de venir les visiter.