Cartographie et profil socio-économique des communautés de retour en Mauritanie

RAPPORT PAYS Juillet 2018 OIM – Mauritanie

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L’OIM croit fermement que les migrations ordonnées, s’effectuant dans des conditions décentes, profitent à la fois aux migrants et à la société tout entière. En tant qu’organisation intergouvernementale, l’OIM collabore avec ses partenaires de la communauté internationale en vue de résoudre les problèmes pratiques de la migration, de mieux faire comprendre les questions de migration, d’encourager le développement économique et social grâce à la migration et de promouvoir le respect effectif de la dignité humaine et le bien- être des migrants.

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Samuel Hall est un think-tank indépendant avec des bureaux en Asie (Afghanistan) et en Afrique de l’Est (Kenya). Nous sommes spécialisés en enquêtes socio- économiques, analyses des secteurs privés et publics, et études d’impact pour les acteurs humanitaires et du développement. Avec une approche rigoureuse et inclusive des experts académiques, des spécialistes du terrain, et un vaste réseau de chercheurs nationaux, nous avons accès à des zones complexes où nous collectons des données fiables. Nous proposons des solutions pratiques et des perspectives innovantes pour répondre aux enjeux sociaux, économiques, et politiques de notre temps.

Ce rapport a été commandé par Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et la recherche a été effectuée par Samuel Hall. Les avis exprimés dans ce document ne reflètent pas nécessairement les points de vue de l’OIM. Toute erreur ou omission relèvent de la responsabilité de Samuel Hall.

Le rapport doit être cité selon le format suivant : Samuel Hall (2018). Cartographie communautaire des zones de retour en Mauritanie, pour le Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Organisation Internationale pour les Migrations.

Crédit photographique © : Evgeni Zotov

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TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES ...... 4 TABLEAUX ET GRAPHIQUES ...... 5 ACRONYMES ...... 5 GLOSSAIRE ...... 7 1. INTRODUCTION AU CONTEXTE MAURITANIEN ...... 9 L’environnement politique, économique et social ...... 9 Enjeux pour l’OIM ...... 9 Le cadre méthodologique ...... 10 Vue d’ensemble des communautés ...... 16 2. DIMENSION ECONOMIQUE ...... 17 Profils socio-économiques des personnes interrogées ...... 18 Compétences professionnelles ...... 22 Marché du travail ...... 26 3. DIMENSION SOCIALE ...... 30 Éducation ...... 30 Accès aux services de base ...... 32 4. EXPÉRIENCE DE LA MIGRATION ET DIMENSION PSYCHOSOCIALE ...... 35 Aspirations au départ et motivations ...... 35 Expérience du retour ...... 37 Réintégration psychosociale ...... 40 5. IDENTIFICATION DES BESOINS COMMUNAUTAIRES EN VUE D’UNE MEILLEURE RÉINTÉGRATION ...... 43 6. ANALYSE DES PARTIES PRENANTES ...... 46 7. COMMUNICATION POUR LE DEVELOPPEMENT ...... 51 Analyse contextuelle ...... 52 Stratégie de C4D ...... 55 8. RECOMMANDATIONS POUR L’IOM - MAURITANIE ...... 57 CONCLUSION ...... 64 ANNEXE 1. LE CADRE CONCEPTUEL : QUELS OBJECTIFS PROGRAMMATIQUES POUR ...... 84 L’IOM EN MAURITANIE ? ...... 84 ANNEXE 2. MIGRATION ET EDUCATION : QUE DIT LA LITTÉRATURE ? ...... 86 ANNEXE 3. LISTE DES PARTIES INTERROGÉES ...... 87 ANNEXE 4. LISTE D’INITIATIVES ENTREPRENEURIALES TRANSPOSABLES AU CONTEXTE MAURITANIEN (RECOMMANDATION 1) ...... 91 ANNEXE 5. ABORDER LES VULNÉRABILITÉS AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE : MEILLEURES PRATIQUES ...... 96 ANNEXE 6. COMMUNICATION POUR LE DÉVELOPPEMENT(C4D) – CADRE CONCEPTUEL ET DÉFINITIONS .... 101 ANNEXE 7. OUTILS DE C4D ...... 104 ANNEXE 8. DISPOSITIF DE SUIVI ET ÉVALUATION DE LA QUALITÉ ...... 114 Cadre conceptuel - le modèle LearnAdapt ...... 114 Application aux recommandations pour l’OIM Mauritanie ...... 115 ANNEXE 9. BIBLIOGRAPHIE ...... 117

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TABLEAUX ET GRAPHIQUES

Tableau 1. Zones de l’étude ...... 12 Tableau 2. Objectifs et réalisations pour les échantillons cibles qualitatifs et quantitatifs ...... 12 Tableau 3. Sondages par communauté, sexe et âge ...... 13 Tableau 4. Outils qualitatifs ...... 13 Tableau 5. Outils au niveau communautaire fournis dans le rapport régional ...... 14 Tableau 6. Vue d’ensemble des communautés ...... 16 Tableau 7. Synthèse des indicateurs socio-économiques clés, par sexe et profil migratoire ...... 20 Tableau 8. Endettement, capacité d'emprunt et transferts de fonds, par communauté ...... 21 Tableau 9. Compétences possédées par sexe et communauté (réponses multiples) ...... 23 Tableau 10. Compétences souhaitées, par sexe et communauté (réponses multiples) ...... 25 Tableau 11. Perception des critères de recrutement les plus importants ...... 25 Tableau 12. Revenu et recherche d’emploi, par sexe et communauté (réponses multiples) ...... 27 Tableau 13. Typologie des activités par communauté et par sexe ...... 27 Tableau 14. Type de formation souhaitée, par sexe (réponses multiples) ...... 29 Tableau 15. Intérêt et obstacles à l'entrepreneuriat ...... 29 Tableau 16. Éducation en Mauritanie ...... 30 Tableau 17. Niveau scolaire le plus élevé atteint par les personnes interrogées, par sexe et par communauté ...... 31 Tableau 18. Sources d’eau utilisées, par communauté (réponses multiples) ...... 33 Tableau 19. Sources d’énergie utilisées, par communauté (réponses multiples) ...... 33 Tableau 20. Variations de la satisfaction de l’accès aux services (en points) comparés à la moyenne de l’échantillon ...... 34 Tableau 21. Aspirations au départ, par communauté, profil migratoire, sexe et niveau d’éducation ...... 36 Tableau 22. Raisons avancées comme motivations pour le départ, par communauté et sexe ...... 36 Tableau 23. Perceptions des migrants de retour par communauté ...... 40 Tableau 24. Participation du foyer à des groupes par communauté ...... 41 Tableau 25. Emotions quotidiennes (réponses multiples), par sexe et profil migratoire ...... 42 Tableau 26. Accès et désir d'accéder aux services psychologiques, par communauté ...... 42 Tableau 27. Comparée à la vie de vos parents, pensez-vous que la vôtre sera...? ...... 42 Tableau 28. Score de réintégration économique, sociale et psychosociale pour les communautés étudiées au Mauritanie ... 44 Tableau 29. Aperçu des défis socio-économiques principaux, par communauté ...... 45 Tableau 30. Analyse SWOT (Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces) de l’OIM Mauritanie ...... 47 Tableau 31. Partenariats structurels et généraux (indépendamment de la chaîne de valeur ou filière) ...... 49 Tableau 32. Partenariats possibles (par chaîne de valeur ou filière et communauté) ...... 50 Tableau 33. Sources d’information sur l’étranger, par communauté ...... 52 Tableau 34. Confiance accordée aux acteurs et confiance dans la source d'information, par communauté ...... 53 Tableau 35. Qui vous a aidé(e) à prendre la décision de migrer ? (Migrants de retour, n=99) ...... 53 Tableau 36. Possession d'un smartphone, par communauté ...... 54 Tableau 37. Déterminants clés d’une stratégie C4D (adapté de Bauer et Jenatsch, 2016) ...... 55 Tableau 38. Liste indicative d’initiatives identifiées dans des contextes de vulnérabilité socio-économique ...... 91 Tableau 39. Comparaison entre l’approche LearnAdapt et l’approche traditionnelle ...... 115

Graphique 1. Dimensions de l'Initiative Conjointe ...... 10 Graphique 2. Ecosystème communautaire (OIM, Projet MEASURE, 2017) ...... 11 Graphique 3. Outils de l'enquête ...... 12 Graphique 4. Profil migratoire, par sexe et communauté ...... 19 Graphique 5. Activité, par sexe et catégorie d’âge ...... 20 Graphique 6. Pays d'origine des transferts de fonds vers la Mauritanie vs. Pays de résidence avant le retour des migrants en Mauritanie ...... 22 Graphique 7. Réseaux de recherche d'emploi privilégiés (réponses multiples) ...... 26 Graphique 8. Types d'emplois par sexe ...... 28 Graphique 9. Niveau scolaire le plus élevé atteint par les personnes interrogées, par profil migratoire ...... 32 Graphique 10. Niveau scolaire le plus élevé atteint par les personnes interrogées vs aspirations migratoire ...... 32 Graphique 11. Raisons avancées pour le départ par les migrants de retour, par communauté ...... 38 Graphique 12. Raisons avancées pour le retour par les migrants de retour, par communauté ...... 38 Graphique 13. Cartographie des acteurs avec identification des faiblesses structurelles majeures ...... 48 Graphique 14. Utilisation des réseaux sociaux par les sondés ...... 54 Graphique 15. Usages thématiques des médias sociaux : intégration et migration, par communauté ...... 54 Graphique 16. Définition et enjeux de la communication de l’OIM en Afrique de l’Ouest ...... 84 Graphique 17. Modèle LearnAdapt (DFID, 2018) ...... 114 Graphique 18. Exemple (fictif) d’indicateurs pour mesurer la qualité des recommandations ...... 116

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ACRONYMES

AFD Agence Française de Développement AMPF Association Mauritanienne for the Promotion de la Famille ANAPEJ Agence nationale pour l’Emploi des Jeunes ARVR Assistance au Retour Volontaire et à la Réintégration BIT Bureau International du Travail BM Banque Mondiale BTP Bâtiments et travaux publics C4D Communication pour le Développement CEDEAO Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest DE Direction de l’Emploi DFTP Direction de la Formation Technique et Professionnelle DPMIP Direction de la Promotion de la Microfinance et de l’Insertion Professionnelle EMELI Projet« Autonomiser la jeunesse mauritanienne par l'éducation, le leadership et le progrès personnel » ENESI Enquête Nationale sur l’Emploi et le Secteur Informel FF-UE Fonds Fiduciaire de l'Union Européenne MASEF Min des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille MEF Ministère de l’Economie et des Finances

MEFPTIC Ministère de l’Emploi de la Formation Professionnelle et des Technologie de l’Information et de la Communication OIM Organisation Internationale pour les Migrations OIT Organisation Internationale du Travail ONG Organisation Non Gouvernementale ONS Office National de la Statistique OSC Organisation de la Société Civile

PIB Produit Intérieur Brut PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement PROCAPEC Caisse de Micro finance SCAPP Stratégie Nationale de Croissance Accélérée et Prospérité Partagée UE Union Européenne UNDESA Département des affaires économiques et sociales de l’Organisation des Nations Unies USAID Agence de Coopération des Etats-Unis

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GLOSSAIRE

Approche Un modèle utilisé pour comprendre l’environnement de retour du migrant. Cela inclut écosystème les cercles immédiats et étendus des systèmes dans lesquels le migrant de retour interagit à travers cinq couches : l’individu, le microsystème (famille, pairs), le mésosystème (amis de la famille, voisins), l’exosystème (secteur privé et public) et le macrosystème (attitudes et culture).

Communauté Il n’y a pas de définition généralement acceptée de « communauté » dans la littérature académique. Dans le cadre de cette étude, nous définissons la « communauté » comme un groupe de personnes qui : • Interagissent régulièrement • Vivent dans un territoire spécifique • Ont tendance à partager des valeurs, croyances et attitudes communes à travers une socialisation partagée • Partagent des services économiques, commerciaux et sociaux • S’identifient en tant que groupe

C4D « Un processus social basé sur le dialogue et faisant appel à une gamme étendue d’outils et de méthodes. Elle vise aussi à susciter le changement à différents niveaux, notamment par l’écoute, le développement de la confiance, le partage des connaissances et des compétences, l’élaboration de politiques, la discussion et l’apprentissage en vue de changements significatifs et durables»1. La Communication pour le Développement facilite le dialogue et permet aux communautés de prendre la parole, d’exprimer leurs aspirations et leurs préoccupations et de participer aux décisions concernant leur développement

Migration de « Migration ramenant une personne à son lieu de départ – pays d’origine ou lieu de retour résidence habituelle – généralement après un séjour d’une année au moins à l’étranger. La migration de retour peut être volontaire ou forcée. Elle inclut le rapatriement librement consenti » (Glossaire de l’OIM)

Organisations “ Le large éventail d’organisations non gouvernementales et à but non lucratif qui de la Société animent la vie publique, et défendent les intérêts et les valeurs de leurs membres ou Civile (OSC) autres, en fonction de considérations d’ordre éthique, culturel, politique, scientifique, religieux ou philanthropique » (Banque Mondiale2)

Protection « Action de protéger une personne, un objet, une institution. S’agissant des personnes, le droit international prévoit un ensemble de mesures destinées à assurer le respect réel et effectif des droits des êtres humains en général, des nationaux, des étrangers, des apatrides, des travailleurs migrants, des minorités, des victimes de conflits armés. L’ensemble des activités entreprises dans le but d’obtenir le respect des droits de l’individu conformément à la lettre et à l’esprit des normes de droit international applicables (à savoir le droit des droits de l’homme, le droit international humanitaire, le droit de la migration et le droit des réfugiés). » (Glossaire de l’OIM)

1 Nations Unis (2006), « Consensus de Rome du Congrès mondial sur la communication pour le développement », https://undg.org/wp-content/uploads/2016/09/c4d-effectiveness-of-UN-FR.pdf 2 Banque Mondiale (n.d.), « Société Civile », http://www.banquemondiale.org/fr/about/partners/civil-society. 7

Renforcement « Activités destinées à développer les connaissances, savoir-faire et attitudes au sein des capacités des administrations publiques et des instances de la société civile. Le renforcement des capacités peut prendre la forme de projets précis, conçus et mis en œuvre en partenariat avec un gouvernement. Il peut également s’agir de faciliter l’organisation de processus de dialogue, dans un cadre bilatéral ou multilatéral. Dans tous les cas, les mécanismes de renforcement des capacités ont pour objet de développer des pratiques de gestion internationalement acceptées. » (Glossaire de l’OIM)

Retour « Appui administratif, logistique et financier au retour et à la réinsertion dans le pays volontaire d’origine fondé sur une base volontaire, au profit de demandeurs d’asile déboutés, de assisté migrants victimes de la traite des personnes, d’étudiants en situation de détresse, de nationaux qualifiés et autres migrants ne souhaitant pas demeurer dans l’Etat considéré ou ne pouvant s’y maintenir légalement» (Glossaire de l’OIM)

Réintégration “ La réintégration peut être considérée durable quand les personnes de retour ont durable atteint des niveaux d’autonomie économique, de stabilité sociale au sein de leurs communautés, et de bien-être psychosocial leur permettant de faire face aux facteurs de (re)migration. Etant parvenues à une réintégration durable, les personnes de retour sont capables de faire des futures décisions migratoires une question de choix, et non de nécessité.” (OIM, 2017)

Qui sont les migrants de retour interrogés lors de l’étude ? L’échantillonnage aléatoire adopté pour l’enquête quantitative fait apparaître 99 Mauritaniens revenus de l’étranger. Dans cette étude, le terme « migrant de retour » est employé pour parler des personnes interrogées lors de l’enquête qui ont vécu plus de trois mois à l’étranger et sont revenues en Mauritanie sans assistance de l’OIM ; et le terme « migrants assistés au retour » pour parler des Mauritaniens assistés par l’OIM dans le cadre de l’Assistance au retour volontaire et à la réintégration. Les données de ce rapport de synthèse, décrivent, en plus des communautés sélectionnées, les migrants de retour – mais non les migrants assistés au retour par l’OIM. A noter, la proportion de migrants de retour chez les hommes et les femmes interrogés est égale.

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1. INTRODUCTION AU CONTEXTE MAURITANIEN

L’ENVIRONNEMENT POLITIQUE, ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

La Mauritanie est un pays majeur de destination et de transit pour les migrants d’Afrique de l’Ouest. En 2015, UN DESA estimait à 138,162 le nombre d’immigrants et de réfugiés en Mauritanie, la majorité venant du Mali, Sénégal, Guinée et Algérie3 - un chiffre qui a doublé depuis 2005.

Ce chiffre est légèrement supérieur au nombre de Mauritaniens résidant à l’étranger la même année, un peu moins de 120,000 partagés entre le Sénégal (43%), la France (15%) et le Mali (14%)4. Pourtant, le départ et le retour des citoyens mauritaniens est un sujet peu étudié, et mal connu des parties prenantes locales.5

Par ailleurs, de nombreux mauritaniens se trouvent dans des situations qui pourraient les pousser à faire une demande d’Aide au Retour et à la Réintégration : selon Eurostat, sur les 6085 demandes d’asile de mauritaniens ayant reçu une décision finale en Europe entre 2012 et 2017, seules 11% des demandes ont été acceptées.6 En parallèle, 303 mauritaniens ont rejoint l’Espagne par la Méditerranée en 2017.7

La Mauritanie est historiquement qualifiée de « trait d’union » entre le Maghreb et l’Afrique Subsaharienne – un pays pluriethnique et multiculturel qui doit gérer des défis de cohésion sociale et économique. Économiquement, la Mauritanie fait face à de nombreuses contraintes qui impactent les dynamiques migratoires locales et les décisions des jeunes mauritaniens de migrer régulièrement ou irrégulièrement. Son économie repose sur le secteur extractif, dont le partage des profits est inégal au sein de la société, et qui ne représente que 1,7% de l’emploi.

La Banque Mondiale estime que seul 0,5% du territoire est propre à l’agriculture – pourtant l’agriculture, l’élevage, la pêche, et l’exploitation forestière représentent ensemble 31% du Produit Intérieur Brut (PIB) mauritanien, et génèrent des emplois pour près d’un tiers de la population mauritanienne. De la même manière, à Nouakchott, le secteur informel ne représente que 30% de l’économie de la capitale, mais serait la source de revenu principale de plus de 80% des habitants.

Les retours assistés par l’OIM des mauritaniens dans leur pays ont commencé en 2016.8 400 retours sont prévus dans le cadre du Fonds Fiduciaire, mais seuls deux bénéficiaires ont été assistés au retour en Mauritanie au moment de l’étude de terrain.

ENJEUX POUR L’OIM

Ce rapport fait partie d’une cartographie communautaire et un profil socio-économique des zones de retour en Afrique de l’Ouest et Centrale. Il a été commandé par le Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), dans le cadre du projet d’Initiative Conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants9 financé par l’Union européenne, par l’intermédiaire du Fonds Fiduciaire de l’Union Européenne pour l’Afrique (FF-UE).

3 UNU-MERIT, Maastricht Graduate School of Governance, Migration Profile, 2017, commissioned by Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH. 4 Ibid 5 KII, OIM Mauritanie, 07/12/2018. 6 UNHCR. https://data2.unhcr.org/en/situations/mediterranean/location/5226 7 Données HCR. 8 KII, OIM Mauritanie, 07/12/2018. 9 Le nom de ce projet sera raccourci en « Initiative Conjointe » dans le reste du document.

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« L’Initiative Conjointe » s’inscrit dans un changement d’approche vis-à-vis de la réintégration de la part de l’OIM.10 En 2017, l’organisation a développé une définition multidimensionnelle et intégrée de la réintégration durable : La réintégration peut être considérée durable quand les personnes de retour ont atteint des niveaux d’autonomie économique, de stabilité sociale au sein de leurs communautés, et de bien- être psychosocial leur permettant de faire face aux facteurs de (re)migration. Étant parvenues à une réintégration durable, les personnes de retour sont capables de faire des futures décisions migratoires une question de choix, et non de nécessité".11

Ainsi, pour garantir une réintégration durable des migrants assistés au retour, les activités doivent inclure, en plus des projets économiques, des projets avec des objectifs sociaux (notamment pour améliorer l’accès aux services) et psychosociaux. Ils doivent viser à la fois les bénéficiaires de l’Aide au Retour et à la Réintégration (ARVR) à un niveau individuel mais aussi le collectif, c’est-à-dire les communautés qui les accueillent, et les structures de services publiques et privés. Ces différentes échelles d’intervention marquent les trois principes sur lesquels se base « l’Initiative Conjointe » :

• La mise en place de projets de réintégration collectifs qui incluent la communauté • Le renforcement des mécanismes d’orientation • L’appropriation du gouvernement et le renforcement de leur capacité

« L’Initiative Conjointe » a été conceptualisée sous la forme de cinq dimensions – dont l’une d’elle est transversale. Cette étude se concentre sur les objectifs de Réintégration, de Communication pour le Développement (C4D) et de Renforcement de Capacités (en orange dans le Graphique 1).

Graphique 1. Dimensions de l'Initiative Conjointe

Réintégration Données sur les Communication Retour dans la économique, Flux ('Flow pour le dignité sociale et Monitoring Développement psychosociale Points')

Renforcement des Capacités

LE CADRE MÉTHODOLOGIQUE

Objectifs de la Recherche L’objectif de l’étude est de soutenir la mise en place opérationnelle de « l’Initiative Conjointe ». La recherche sur le terrain s’est déroulée de Janvier à Mars 2018 dans onze pays (Cameroun, Sénégal, Nigéria, Mali, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Ghana, Gambie, Guinée, Guinée Bissau). La présente étude se concentre sur la Mauritanie et les zones de Bogué, , , Sélibaby (incluant Djadjibina), Nouakchott et ‘M’bagne. Cette recherche vise à mieux comprendre les communautés dans lesquelles les migrants assistés au retour reviennent ou arrivent – afin de formuler des recommandations au niveau communautaire et national.

10 Samuel Hall / OIM (2017) « Setting standards for an integrated approach to reintegration », financé par DFID. 11 IOM (2017a) « Towards an integrated approach to reintegration in the context of return migration ». 10

La recherche a trois objectifs principaux :

• Elaborer un profil économique, social et psychosocial des communautés de retour afin de soutenir le développement des projets individuels, collectifs et communautaires de l’OIM • Identifier les messages et les plateformes pour les activités de C4D (Communication pour le Développement) • Identifier et analyser la capacité des partenaires existants et potentiels

L’analyse des données des onze pays de l’étude permettra de développer des indicateurs de suivi et d’évaluation afin de mesurer l’impact des projets de Réintégration, de Communication Pour le Développement (C4D) et de renforcement de capacités.

Zones de l’enquête

Les zones sélectionnées par l’OIM se fondent sur les données collectées à l’arrivée à l’aéroport des migrants assistés au retour. Les données sur les mouvements secondaires, ou les zones exactes de retour (niveau du quartier ou village) ne sont pas collectées par l’OIM. Dans ce cadre, l’équipe de recherche a interrogé des acteurs locaux pour identifier des quartiers ou communautés pertinentes au sein de la préfecture ou capitale départementale. L’identification des limites d’une communauté a été fondée sur un groupe de personnes qui partagent les critères suivants : • Partagent le même territoire géographique (quartier, village) ; • S’identifient en tant que groupe ; • Partagent les mêmes services économiques, commerciaux et sociaux ; • Partagent des valeurs, croyances et attitudes.

Graphique 2. Ecosystème communautaire (OIM, Projet MEASURE, 2017)

Une fois la communauté définie, l’équipe de recherche a utilisé une modèle “écosystème” pour identifier les acteurs présents dans les communautés de retour.

• Macrosystème : Attitudes et culture de la société • Exosystème : Secteurs privé et public, prestataires de services • Mésosystème : Société civile, organisations reposant sur la communauté, voisins • Microsystème : Foyer, famille, amis, pairs • Migrant de retour

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Tableau 1. Zones de l’étude Image 1. Zones de l’enquête de terrain

Localité Quartiers Type Nouakchott Sebkha/ El Mina Périphérique Bogué Escale Urbain

M’bagne Commune Urbain Sélibaby Commune (centre) Urbain Djadjibina Commune Rural

Niabina Commune Rural

Outils de l’enquête

L’enquête de terrain en Mauritanie a eu lieu du 7 au 18 mars 2018, en collaboration avec le bureau d’étude mauritanien DGesTA. Les énumérateurs qualitatifs et quantitatifs ont été formés pendant deux jours par Samuel Hall. Graphique 3. Outils de l'enquête

Revue littéraire Collecte Collecte Atelier de qualitative quantitative discussion

•Revue de la •Fiche •Sondage auprès •Discussion au littérature d'observation des jeunes de la sujet des migratoire et de la communauté résultats des plans de communauté (15-34 ans) préliminaires développement •Entretiens •Parité entre avec l’OIM locaux dans les formels avec hommes et Mauritanie et zones des acteurs femmes les partenaires identifiées locaux, gouvernementa •Revue de gouverne- ux et de la littérature mentaux et société civile le académique privés 15 Mars 2018. •Discussions de groupes avec des membres de la communauté

Tableau 2. Objectifs et réalisations pour les échantillons cibles qualitatifs et quantitatifs

Outil Objectif initial Atteint Entretiens quantitatifs avec des 15-34 ans 730 832 Groupes de discussion 12 14 Fiches d’observation 6 6 Entretiens avec des parties prenantes 48 52

Le sondage auprès de 15-34 ans est le principal outil quantitatif. Les sondés ont été sélectionnés de façon aléatoire. Les équipes d’énumérateurs quantitatifs partaient du point central de la zone identifiée et interrogeaient une personne sur trois qui correspondaient à la tranche d’âge 15-34 ans. 12

Tableau 3. Sondages par communauté, sexe et âge

Communautés Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakchott Sélibaby Total Femme 52% 54% 47% 50% 42% 54% 49% Homme 48% 46% 53% 50% 58% 46% 51% 15 à 19 ans 22% 26% 27% 30% 20% 29% 25% 20 à 25 ans 31% 22% 22% 24% 26% 28% 26% 25 à 29 ans 24% 26% 22% 21% 25% 25% 24% 30 à 34 ans 23% 26% 28% 24% 29% 18% 25% Total 108 104 107 103 219 191 832

Deux limites de l’échantillon sont à prendre en compte : • À Niabina, le biais en faveur de 15-19 ans est expliqué par les énumérateurs par la difficulté de trouver des hommes en âge de travailler – la plupart travaillant dans les centres urbains (Sélibaby ou Nouakchott). • À Sélibaby, 90 personnes interrogées sont à Djadjibina, commune rurale dans la banlieue de Sélibaby, et le reste dans le centre-ville de Sélibaby.

Les outils qualitatifs développés et affinés pendant l’étude ont les objectifs suivants :

Tableau 4. Outils qualitatifs

Outil Objectif Fiche Objectif : réaliser une cartographie des acteurs (présents dans la communauté) en d’observation de la interrogeant 10 membres différents de la communauté pour découvrir les niveaux communauté des acteurs dans l'écosystème. Entretiens formels Cette étude s’est concentrée sur les acteurs au niveau local et communautaire, tout en incluant les acteurs stratégiques au niveau central. • Acteurs gouvernementaux • Employeurs • Acteurs locaux /société civile

Discussions de Les discussions de groupe ciblées visaient à identifier : groupe 1. Où la mobilité fonctionne : le rôle de la mobilité (départs et retours) dans la communauté 2. Ce qui influence la décision de migrer, revenir et réintégrer 3. Qui influence la décision de migrer, revenir et réintégrer 4. Comment la cohésion sociale et économique est maintenue ou pourquoi elle est en danger/doit faire l'objet de programmes ?

La méthodologie utilisée pour la présente cartographie communautaire pourra être appliquée dans davantage de communautés en Mauritanie – cette approche « pilote » a permis d’identifier les meilleurs pratiques de développement de profil communautaire dans une perspective d’amplification.

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La méthodologie pour appliquer ce profil de manière plus systématique est détaillée dans le rapport régional, à partir des leçons tirées des terrains dans les onze pays de l’étude. Le rapport régional fournit un ensemble d’outils qui permettent de prioriser, de profiler et d’agir dans les communautés de retour. Les outils au niveau communautaire complètent l’outil global de monitoring ARVR12 qui fournit des indicateurs et un système de notation pour mesurer et suivre les progrès de la réintégration individuelle dans le contexte de la AVRR.

Tableau 5. Outils au niveau communautaire fournis dans le rapport régional

Objectif Outil Profil et suivi des Évaluation qualitative pour l'évaluation rapide des indicateurs au niveau communautés de retour: la fiche d'observation communautaire communautaire Évaluation qualitative pour l'évaluation rapide des communautés de retour: discussions de groupes de discussion Évaluation quantitative pour l'évaluation rapide des communautés de retour Cartographie des Évaluation des partenaires communautaires (aux niveaux économique, intervenants et social et psychosocial) évaluation des capacités Évaluation des partenaires centraux (aux niveaux économique, social et psychosocial) Activités de mise en Checklist (C4D) choix des messages et des partenaires pour les activités C4D œuvre Checklist (projets communautaires) principes de conception de l'intervention communautaire Checklist (projets communautaires) suivi communautaire des projets

Contraintes et Limites Certaines limites doivent être soulignées afin de s’assurer que les études mi-parcours et de fin des activités soient alignées.

Premièrement, la méthodologie a été élaborée sur la base d’une définition de la communauté au niveau village/quartier. En l’absence de données quantitatives sur les communautés d’arrivée des migrants de retour et les mouvements secondaires, l’équipe de recherche a sélectionné des zones au sein du centre urbain basées sur les connaissances locales – qui ne correspondent pas nécessairement aux zones avec le nombre le plus important de retour. De plus, bien que la typologie des projets communautaires ait été définie par l’OIM à travers des « Standard Operating Procedures » (SOPs), la compréhension de ce que constitue une communauté et quels types de projets peuvent y être mis en place diffèrent de façon considérable entre les membres de l’OIM interrogés lors de cette enquête.

En effet, la principale leçon retenue au cours de l’étude régionale est que les communautés de retour ne sont pas encore bien appréhendées ou précisément identifiées par la majorité des bureaux de pays de l'OIM impliqués dans cette étude. Cela s’explique notamment par :

• Des difficultés à s'entendre sur une seule définition de ce qu'est une communauté de retour. Si certains définissent la communauté par le groupe ethnique, d’autres considèrent que l’individualisation de la société mauritanienne a marqué la fin des communautés dans le pays. • Des difficultés à identifier les communautés ayant le plus grand nombre de retours. L'OIM ne collecte pas de données au niveau du village ou du quartier. Il est crucial que la question de la destination soit posée aux migrants de retour, en leur expliquant clairement la nécessité d'identifier leur quartier

12 Samuel Hall / OIM (2017) « Setting standards for an integrated approach to reintegration », financé par DFID.

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ou village de retour afin de mettre en œuvre des projets communautaires, et des processus de suivi appropriés. Des efforts devraient également être faits pour collecter des données sur les mouvements secondaires - les données qualitatives suggèrent qu'un grand nombre de migrants de retour ne retournent pas dans leur communauté d'origine mais restent plutôt dans des centres urbains avec plus d'opportunités économiques.

Deuxièmement, l’objet de cette étude n’est pas d’étudier spécifiquement les migrants ayant reçus une Aide au Retour Volontaire et à la Réintégration (ARVR) mais certaines communautés de retour (toute population confondue) en Mauritanie afin de mieux comprendre les besoins en activités de réintégration pour les migrants de retour au sens large. Seuls 2 mauritaniens ont reçu une Assistance au Retour Volontaire et à la Réintégration sous le FF-UE, et depuis 2016, seulement 17 mauritaniens environ ont été assistés au retour vers la Mauritanie à travers le programme ARVR. Par conséquent, sur l’ensemble des migrants de retour sélectionnés aléatoirement dans la communauté (n=99), aucun n’avait reçu l’aide au retour et à la réintégration de l’OIM. Une étude du profil des migrants assistés au retour par l’OIM est donc nécessaire afin de développer des projets de réintégration économique, sociale et psychosociale alignés avec les vulnérabilités, les aspirations et les compétences des personnes assistées.

Enfin, la taille de l’échantillon est limitée pour des raisons de ressources et de temps. Les données sont donc indicatives13 et fournissent des tendances au sein de la communauté.

Ces spécificités sont prises en compte dans le développement des recommandations.

13 Dans cet échantillon, la marge d’erreur est de 6,9% et le niveau de confiance de 95%. 15

Tableau 6. Vue d’ensemble des communautés

Vue d’ensemble des communautés

Communauté Défis Profil migratoire Interventions Partenaires locaux prioritaires possibles possibles • Manque de capital Une économie qui Renforcer les Dental rewbé financier dans repose notamment sur coopératives Bagodine, Dekhla l’agriculture les contributions de la El Jedide • Fragilité des diaspora, des migrants BAGODINE infrastructures de retour et des • Absence d’industries migrants Pluviométrie irrégulière

• Manque de soutien Situation Référencement Centre de pour les entrepreneurs transfrontalière dans les formations formation des BOGUÉ • Mauvais état des agricoles producteurs ruraux infrastructures • Sécheresse • Diminution des Situation Relance du centre Coopération opportunités dans le transfrontalière de formation chinoise M’BAGNE domaine de la pêche agricole depuis la construction du barrage • Mauvais état des Grand nombre de Favoriser Association pour le infrastructures retours spontanés l’entreprenariat Développement de • Accès aux services de social pour Niabina (ADN)) base limité améliorer les NIABINA • Tensions entre jeunes infrastructures et représentants de l’ordre

Des microentreprises qui Zone de retour, manquent de soutien destination principale technique et financier de pour les migrations NOUAKCHOTT la part des ONGs et des internes et secondaires autorités

Faiblesse de l’accès aux Zone transfrontalière services SELIBABY

16

2. DIMENSION ECONOMIQUE

DIMENSION ECONOMIQUE

Les migrants de retour plus susceptibles d’avoir un emploi (généralement informel) rémunéré et sont relativement moins vulnérables que les non-migrants. • Les migrants de retour ont un accès au revenu supérieur (+8 points comparé aux non-migrants). • Concernant l’endettement, il faut remarquer le pourcentage important de sondés (28%) qui déclarent avoir des dettes d’un niveau supérieur au revenu mensuel global de leur ménage. Les migrants de retour ne sont pas plus susceptibles d’avoir des dettes que les non-migrants (23% contre 28%). Des compétences professionnelles non alignées avec les secteurs porteurs de l’économie nationale : • Les compétences auto-déclarées sont faibles dans les deux secteurs considérés comme porteurs dans le cadre du fonds fiduciaire: les BTPs (ici maçonnerie), l’agriculture et la pêche (6%, 4% et 0% respectivement). • Une proportion importante de jeunes (11% d’hommes et 17% de femmes) souhaitent acquérir des compétences dans le domaine de la vente et du commerce (business), particulièrement à Nouakchott, même si ces dimensions restent encore souvent très abstraites pour les plus jeunes – le ‘business’, le ‘management’, ou l’entrepreneuriat sont en effet des notions aux contours flous qui ne désignent pas la même réalité pour les employeurs ou pour les employés, pour le segment 15- 24 ou pour les 25-34 (avec davantage d’expérience professionnelle). • Peu de formations professionnelles sont adaptées au marché, en particulier pour les jeunes déscolarisés. Un seul centre de formation accueille ce groupe démographique, à hauteur de 60 jeunes par an14. Des efforts de coopération avec le secteur privé ont été fait, notamment à travers l’ouverture du centre de formation de la SNIM (Société Nationale Industrielle et Minière de Mauritanie, principal employeur du pays) à Zouerat en 2011, qui forme 300 élèves aux métiers des mines15. • La majorité (74%) des sondés l’échantillon manifestent un intérêt pour créer et posséder leur propre entreprise. Ceux-ci identifient le manque de capital comme obstacle principal à l’entreprenariat, plutôt que les compétences ou le réseau.

------Acteurs économiques en Mauritanie : En Mauritanie, la politique d’emploi repose sur la Direction de l’Emploi (DE) du Ministère de l’Emploi de la Formation Professionnelle et des Technologie de l’Information et de la Communication (MEFPTIC), l’Agence Nationale de Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANAPEJ), l’Institut National pour la Promotion de la Formation Technique et Professionnelle (INAP-FTP) et la Direction de la Formation Technique et Professionnelle (DFTP) et la Direction de la Promotion de la Microfinance et de l’Insertion Professionnelle (DPMIP).

14 Programme de renforcement de la résilience des communautés urbaines et rurales vulnérables en Mauritanie. Fiche projet : https://ec.europa.eu/trustfundforafrica/sites/euetfa/files/t05-eutf-sah-mr-07_ami_resilience_.pdf. 15 World Bank (2014), « Project Paper On A Proposed Additional Grant In The Amount Of Sdr 7.4 Million (Us$11.3 Million Equivalent) To The Islamic Republic Of Mauritania For The Skills Development Support Project ».

17

Ces institutions agissent au travers d’un certain nombre de projets et des programmes spécialisés dans la promotion de l’emploi des jeunes. On note notamment le Projet d’Appui à la Formation Technique et Professionnelle, financé par l’IDA dans le cadre du PNDSE II (mis en place par l’INAP-FTP), les antennes Cap Insertion dans les quartiers défavorisés de Dar Naim et Arafat, à Nouakchott (par la DPMIP).

Le Bureau International du Travail (BIT) met en place un nombre significatif de projets liés à l’emploi des jeunes, notamment dans le cadre du Fonds Fiduciaire : • PECOBAT portant sur des chantiers écoles de construction avec des matériaux locaux ; • Projet de promotion de l’emploi dans le secteur de la pêche artisanale avec l’UE, l’ASI et la GIZ, devant être lancé dans le courant du mois de juin 2017 ; • Projet de l’amélioration de l’employabilité des jeunes dans les quartiers précaires de Nouakchott, en cours de formulation.

Cette section cherche à identifier les caractéristiques socio-économiques propres aux migrants de retour et aux non-migrants ; et les caractéristiques liées au sexe. Quels sont leur principaux points communs et différences en termes de revenu, d’accès à l’emprunt, d’inclusion économique ? Quelles sont aussi les différences et convergences au niveau d’éducation ? Dans quelle mesure les deux groupes sont socialement inclus dans leur communauté ? Finalement, quelles sont les vulnérabilités de ces deux groupes quant à l’accès aux services ?

PROFILS SOCIO-ECONOMIQUES DES PERSONNES INTERROGEES

Même s'il y a peu de données quantitatives fiables sur la migration en Mauritanie, il est généralement admis que « la plupart des migrants mauritaniens qui vont en Europe sont des Peuls et des Soninkés originaires du Sud du pays ».16 Les personnes interrogées assimilent les migrants à des hommes (« dans nos coutumes, les femmes n’ont pas tendance à aller à l’aventure », Focus Groupe à Bagodine), « jeune, sans travail ni formation » (Femme, 50 ans, Focus Groupe, Bagodine) qui migrent pour des raisons économiques.

« Ce qui nous pousse à quitter notre commune c’est le manque de projets, il n’y a pas d’emploi, pas de perspectives d’avenir ni d’implantation de grandes entreprises. De ce fait, nous sommes presque obligés de voir ailleurs »,

Commerçant et migrant de retour, M’bagne

La section suivante présente les caractéristiques socio-économiques de l’échantillon – désagrégées par statut migratoire, sexe et communauté – selon la pertinence thématique et les résultats. Quels sont les caractéristiques des migrants de retour en termes d’inclusion économique, sociale et psychosociale et les similitudes/différence selon les communautés ?

16 Programme de renforcement de la résilience des communautés urbaines et rurales vulnérables en Mauritanie. Fiche projet : https://ec.europa.eu/trustfundforafrica/sites/euetfa/files/t05-eutf-sah-mr-07_ami_resilience_.pdf 18

Graphique 4. Profil migratoire, par sexe et communauté

Sélibaby 12% 88%

Nouakchott 18% 82%

Niabina 8% 92%

M’bagne 11% 89%

Bogué 9% 91%

Bagodine 8% 92%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Migrant de retour Non-migrant

Homme Femme Nouak- Moyenne Bagodine Bogué M’bagne Niabina chott Sélibaby Migrant de 13% 11% 12% retour 8% 9% 11% 8% 18% 12% Non- 87% 89% 88% migrant 92% 91% 89% 92% 82% 88%

Nouakchott et Sélibaby, les deux principaux centres urbains du pays, affichent les taux de retours les plus importants parmi les 15-34 ans. Le retour étant considéré comme un échec, de nombreux migrants de retour ne reviennent pas dans leur commune rurale d’origine. A cette tendance s’ajoute une migration interne considérable vers les centres urbains.

« Ceux qui ont été refoulés, ils ne reviennent pas à Bagodine, ils préfèrent aller dans les autres pays d’Afrique ou dans les grandes villes ». Maire de Bagodine

Une analyse plus détaillée de l’échantillon révèle deux informations pertinentes pour la suite de l’étude :

• Les hommes sont davantage susceptibles d’avoir un emploi (43% contre 22%) ; tous âges confondus. • Les hommes et les femmes ont la même probabilité d’être migrants de retour (11% des femmes interrogées et 13% des hommes interrogés) – ce qui ne correspond pas au profil des mauritaniens de retour assistés par l’OIM Mauritanie : « Il n’y a jamais eu de femmes de retour – seulement un cas de trafic humain en Belgique. ».17

17 Réunion de lancement du projet, OIM Mauritanie. 19

Graphique 5. Activité, par sexe et catégorie d’âge

70%

60% 66%

50% 49% 40% 46% 43% 30% 28% 20% 27% 22% 22% 10% 16% 7% 0% 15-19 20-24 25-29 30-34 Total

Femmes occupant un emploi Hommes occupant un emploi

La table ci-dessous synthétise quelques données démographiques, sociales et économiques clés pour les six communautés étudiées. Les différences existantes entre femmes et hommes, d’une part, mais aussi, entre migrants de retour et non-migrants, d’autre part, y sont confirmées :

Tableau 7. Synthèse des indicateurs socio-économiques clés, par sexe et profil migratoire

Migrant de Femme Homme Moyenne Non-Migrant retour Je perçois un revenu 22% 43% 33% 40% 32% Je reçois de l'argent de mes proches 65% 53% 59% 61% 59%

• D'un pays étranger 27% 32% 29% 47% 27%

• D'une autre ville ou région en Mauritanie 31% 30% 31% 15% 33% • Localement 42% 37% 40% 38% 40% Mes dettes actuelles dépassent mes 30% 26% 28% 23% 28% revenus mensuels Je peux emprunter de l'argent si nécessaire 44% 47% 46% 49% 46%

J'ai été malade le mois dernier 51% 34% 42% 51% 41% J'ai été assez malade pour ne pas aller étudier ou travailler ces douze derniers 70% 59% 65% 58% 67% mois J'ai cherché de l'aide médicale à cette 50% 54% 52% 54% 51% occasion J'ai réduit ma ration alimentaire par 45% 39% 42% 45% 41% nécessité au moins une fois le mois dernier Statut marital – je suis célibataire 40% 23% 31% 40% 30% • Carte d’identité 87% 87% 87% 83% 88% • Passeport 8% 13% 10% 28% 8% Statut migratoire – migrant de retour 11% 13% 12%

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Revenu et endettement

Seuls 33% des sondés déclarent percevoir un revenu, et des écarts sont à relever en faveur des hommes (+21 points de pourcentage) et en faveur des migrants de retour (+8 points de pourcentage).

Concernant l’employabilité des migrants de retour, il faut souligner que le niveau d’éducation de ces derniers est équivalent à celui du reste de l’échantillon et leur expérience à l’étranger joue favorablement sur leur probabilité d’occuper un emploi, pour ceux qui ont pu y travailler et y rester un temps significatif. En effet, il faut également souligner qu’un grand nombre de migrants sont « restés à la maison » (25%) pendant leur migration. Cela sous-entend que la migration n’a pas permis de développer des compétences qui peuvent être utilisées sur le marché du travail mauritanien. Par contraste, 24% ont travaillé et 28% ont étudié durant leur séjour à l’étranger.

Sur l’endettement, il est important de souligner le pourcentage important (28%) de sondés qui déclarent avoir des dettes d’un niveau supérieur au revenu mensuel global de leur ménage. Les migrants de retour ont tendance à être moins endettés (- 6 points de pourcentage) que le reste de l’échantillon. L’accès à l’emprunt en Mauritanie est directement corrélé avec les liens sociaux – comme explicité par l’ANAPEJ dans la citation ci-dessous.

« La religion est contre l’usure donc on fait une garantie morale, avec des gens qui connaissent la personne, comme un parent qui est dans une banque » (KII, ANAPEJ).

Tableau 8. Endettement, capacité d'emprunt et transferts de fonds, par communauté

Bagodine Bogue M’bagne Niabina Nouakchott Selibaby Moyenne Male Female

Plus de dettes que les 44% 21% 23% 15% 31% 28% 28% 26% 30% dépenses mensuelles Capacité à emprunter de 50% 53% 43% 43% 54% 32% 46% 47% 44% l’argent Reçoit de l’argent de la 64% 50% 59% 42% 64% 64% 59% 53% 65% famille Reçoit des transferts de 15% 9% 9% 8% 22% 27% 17% 17% 17% fonds internationaux

Transferts de fonds et lien avec les migrations

Si plus de la moitié des sondés (59%) déclarent recevoir de l’argent de leurs proches, il existe des différences concernant l’origine, la nature et les finalités de ces versements.

• On ne note pas d’écarts majeurs entre femmes et hommes concernant l’origine des transferts de fonds : la majorité ont accès à des fonds locaux ou nationaux (respectivement 42% et 37%) et seulement 17% reçoivent des fonds provenant d’un pays étranger. • Il existe cependant écarts importants entre communautés : 27% des individus de la communauté de Sélibaby, une zone transfrontalière, perçoivent des fonds internationaux contre seulement 8% à Niabina, une commune dominée par des dynamiques de migration interne. En termes de données quantitatives

21

sur ce sujet, la dernière collecte de données sur les transferts de fonds vers la Mauritanie a été effectuée en 1998 et fait apparaître un montant de 2 millions de dollars américains (USD), seulement 0.161% du PIB. Néanmoins, dans un contexte de PIB élevé mais de faible redistribution, ces sommes sont cruciales pour améliorer les conditions de vie des destinataires.18 • Une comparaison entre les pays d’origine et de destination des transferts de fonds révèle une différence entre mobilité des personnes et des flux financiers entre les communautés et pays étudiés. Si la migration et le retour relèvent davantage d’une dynamique de mobilité régionale (70% des migrants de retour interrogés en Mauritanie revenaient du Sénégal), les flux financiers sont en revanche davantage transcontinentaux (68% des transferts de fonds vers les communautés étudiées provenaient de France).19 La plupart des zones étudiées sont situées à la frontière avec le Sénégal : la proximité géographique et culturelle explique la préférence pour le Sénégal comme pays de destination. • Recevoir des fonds peut être considéré comme un « pull facteur » dans la décision de quitter la zone d’origine : 61% des personnes interrogés recevant fonds de d’un pays étranger souhaitent quitter leur zone, et 56% de ceux qui reçoivent un soutien financier au niveau national. La grande majorité des transferts de fonds internationaux viennent d’Europe, notamment de la France (68%).

Graphique 6. Pays d'origine des transferts de fonds vers la Mauritanie vs. Pays de résidence avant le retour des migrants en Mauritanie (n=99) 2% 3%

5% 8% 6% 17% 9%

51%

31%

68%

USA Autre pays d'Afrique Sénégal Autre Pays d'Afrique France Autre pays d'Europe France EAU USA Autre Pays d'Europe

COMPÉTENCES PROFESSIONNELLES

Pour cartographier les lacunes et les besoins existants concernant l'offre et la demande du marché du travail local, cette section explore certains déterminants clés : la tension entre les compétences professionnelles réelles par rapport aux compétences professionnelles souhaitées, les questions d'employabilité, d'emploi, de sous-emploi et intérêt pour l'apprentissage et l'entrepreneuriat. Les analyses et les données sont

18 UNU-MERIT, Maastricht Graduate School of Governance, Mauritania Migration Profile, 2017, commissioned by Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH. 19 Une étude plus spécifiquement centrée sur le volume de transactions et le montant de celles-ci serait ici plus adéquate pour évaluer l’ampleur du phénomène. Une telle analyse requière des outils d’enquête plus complexes que ceux utilisés pour cette étude, vu les nombreux biais liés à la question des transferts de fonds et la sensibilité du sujet. 22 désagrégées par sexe, communauté et profil de migration pour fournir une typologie plus nuancée et pertinente.

Compétences possédées

L’analyse des différences entre le bilan subjectif des compétences professionnelles et le type de compétences souhaitées par les personnes interrogées au cours de l’étude fait apparaître des disparités importantes entre les compétences auto-déclarées, les compétences souhaitées et les secteurs considérés comme porteurs en Mauritanie : l’agriculture, la pêche, le secteur minier, et les bâtiments et travaux publics (BTP).

• Les compétences auto-déclarées sont référencées dans la table ci-dessous, par sexe et communauté. Le premier constat est que les compétences auto-déclarées sont faibles dans les deux secteurs considérés comme porteurs dans le cadre du fonds fiduciaire : les BTP (ici maçonnerie), l’agriculture et la pêche (6%, 4% et 0% respectivement). • Sexe : dans la pratique et les réponses, les professions et les compétences sont sexuées. Les femmes sont également plus susceptibles de déclarer ne pas avoir de compétences. (+13 points) • Communautés : l’éventail des compétences ne varie pas significativement d’une communauté à une autre, à l’exception de la pêche à Nouakchott (+3 points).

Tableau 9. Compétences possédées par sexe et communauté (réponses multiples)

Compétence(s) Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakchott Sélibaby Total Hommes Femmes acquise(s)

Aucune 44% 26% 18% 29% 18% 18% 24% 17% 30% Education 17% 13% 18% 17% 11% 13% 14% 13% 15% Business 5% 13% 11% 14% 11% 11% 11% 8% 14%

Réparation de 11% 0% 6% 4% 1% 15% 7% 5% 4% véhicules

Maçonnerie 6% 4% 8% 3% 4% 12% 6% 11% 2%

Couture / Confection 0% 4% 6% 9% 2% 7% 5% 2% 7%

Électricien 2% 4% 1% 2% 4% 8% 4% 7% 1%

Soudeur 2% 3% 5% 2% 1% 8% 4% 6% 1%

Agriculture 3% 7% 2% 3% 5% 4% 4% 5% 2%

Commerce de détails 3% 5% 1% 4% 4% 3% 3% 4% 2%

Télécommunications 4% 3% 3% 3% 5% 2% 3% 4% 2%

Elevage 2% 1% 1% 1% 4% 2% 2% 3% 1%

Hôtellerie 1% 1% 4% 0% 4% 2% 2% 1% 3%

Parmi les ‘autres compétences’ mentionnées (détenues par au moins 5 personnes interrogées) Graphiquent également : plomberie, musique, coiffure, esthétique, transferts d’argent, charpenterie, pêche, médecine, réparation d’équipement électronique et de véhicules)

23

Compétences souhaitées

L’analyse des compétences souhaitées est cohérente avec l’analyse des compétences auto-déclarées :

• Les femmes préfèrent des compétences dans les domaines des services considérés comme féminins comme la coiffure. Il faut également souligner que 27% des femmes souhaitent acquérir des compétences médicales.

• Une proportion importante de jeunes (11% d’hommes et 17% de femmes) souhaitent acquérir des compétences dans le domaine de la vente et du commerce (business), particulièrement à Nouakchott, même si ces dimensions restent encore souvent très abstraites pour les plus jeunes – le ‘business’, le ‘management’, ou l’entrepreneuriat sont en effet des notions aux contours flous qui ne désignent pas la même réalité pour les employeurs ou pour les employés, pour le segment 15-24 ou pour les 25-34 (ayant davantage d’expérience professionnelle).

• Seuls 3% des jeunes sondés souhaitent acquérir des compétences dans les domaines de l’agriculture. Ces données traduisent la déconnection croissante entre l’économie réelle des communautés de l’étude qui reste centrée sur l’agriculture (subsistance et commerce) et les envies de la nouvelle génération, très peu attirée par une filière jugée peu rémunératrice et archaïque. Cela souligne le besoin de développer des filières dans l’agrobusiness qui nécessitent un éventail de compétences – notamment entrepreneuriales et managériales-, et de revaloriser les filières agricoles en améliorant la perception et les débouchés qui en résultent.

Selon les parties prenantes interrogées, les secteurs porteurs identifiés par l’Union Européenne ne correspondent pas aux secteurs valorisés par les jeunes mauritaniens • Que ce soit la pêche (« Honnêtement, nous avons des doutes que la pêche est un secteur porteur, il est plus structuré que les autres, mais ici, c’est un pays d’intérieur, pas un pays de pêcheurs. C’est un pays d’éleveurs. On dit, les gens sont assis face à la mer mais regarde l’intérieur. Au Sénégal, 1 million de personnes travaillent dans la pêche, en Mauritanie, c’est 150,000. Mais en Mauritanie, ce sont surtout les maliens qui pêchent. », AECID, Nouakchott), • Ou les BTP (« On a vu que la grande majorité est intéressée par les énergies renouvelables car le métier de maçon n’est pas valorisé. Le changement des mentalités est lent, ça va dépendre des rémunérations, conditions de travail et épanouissement », OIT, Nouakchott).

• Peu de formations professionnelles sont adaptées au marché, en particulier pour les jeunes déscolarisés. Un seul centre de formation accueille ce groupe démographique, à hauteur de 60 jeunes par an.20 Des efforts de coopération avec le secteur privé ont été accomplis, notamment à travers l’ouverture du centre de formation de la SNIM (Société Nationale Industrielle et Minière de Mauritanie, principal employeur du pays) à Zouerat en 2011, qui forme 300 élèves aux métiers des mines.21

20 Programme de renforcement de la résilience des communautés urbaines et rurales vulnérables en Mauritanie. Fiche projet : https://ec.europa.eu/trustfundforafrica/sites/euetfa/files/t05-eutf-sah-mr-07_ami_resilience_.pdf 21 World Bank (2014), « Project Paper On A Proposed Additional Grant In The Amount Of Sdr 7.4 Million (Us$11.3 Million Equivalent) To The Islamic Republic Of Mauritania For The Skills Development Support Project ». 24

Tableau 10. Compétences souhaitées, par sexe et communauté (réponses multiples)

Compétences souhaitées Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakchott Sélibaby Total Hommes Femmes Médecine 20% 17% 21% 20% 13% 21% 18% 9% 27% Business 14% 8% 20% 12% 18% 10% 14% 11% 17% Education 10% 7% 10% 8% 7% 13% 9% 9% 9% Coiffure 6% 9% 6% 8% 5% 3% 6% 0% 11% Télécommunications 4% 6% 6% 6% 8% 3% 5% 6% 4% Electricien 1% 8% 1% 4% 6% 7% 5% 9% 1% Maçonnerie 6% 3% 6% 2% 3% 7% 5% 8% 1% Administration 8% 1% 2% 1% 5% 5% 4% 4% 4% Hôtellerie 3% 3% 3% 0% 9% 2% 4% 2% 6% Commerce de détails 2% 3% 2% 6% 5% 3% 4% 4% 3% Soudure 2% 5% 2% 2% 2% 7% 3% 6% 0% Couture 2% 3% 2% 5% 3% 5% 3% 1% 6% Agriculture 5% 7% 3% 0% 3% 1% 3% 4% 1% Secrétariat 1% 0% 1% 4% 5% 2% 3% 0% 5% Management 4% 3% 1% 2% 5% 1% 3% 4% 2% Parmi les ‘autres compétences’ mentionnées (comme détenues par au moins 5 personnes interrogées) Graphiquent également : réparation de véhicules, transfert d’argent, élevage, droit, pêche)

Critères appliqués à l’embauche

Le dernier volet d’analyse des compétences décrit ce que les personnes interrogées présument être les critères d’embauche les plus décisifs sur le marché du travail de leurs communautés respectives. Une liste de 12 critères a été soumise aux sondés en leur demandant de valider ceux qu’ils considéraient comme les plus importants pour obtenir un emploi. Certains critères sont objectifs (qualifications, expérience, alphabétisation, éducation, diplômes, langues étrangères), d’autres subjectifs (âge, sexe, origine, ethnicité, recommandations, relations au patron). Dans le tableau ci-dessous, le jeu de couleurs indique le plus haut degré d’objectivité (en bleu) ou de subjectivité (en orange) pour chaque critère et par commune. Quoique nécessairement indicatif, ce tableau Graphique visuellement les différents types de marchés de l’embauche tels que le perçoivent les 15-34 ans en Mauritanie.

Tableau 11. Perception des critères de recrutement les plus importants

OBJECTIF / Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakchott Sélibaby Moyenne DÉPERSONNALISÉ Expérience 80% 94% 87% 99% 88% 96% 91% Éducation 83% 89% 85% 91% 84% 94% 88% Diplômes 80% 84% 89% 89% 83% 95% 87% Qualifications 74% 96% 84% 93% 80% 95% 87% Alphabétisation 80% 88% 82% 93% 72% 74% 79% Langues étrangères 56% 86% 70% 79% 69% 71% 71% Sexe/Sexe 19% 23% 28% 22% 28% 20% 24% Recommandations 45% 67% 48% 65% 54% 73% 60% Séniorité (âge) 56% 60% 66% 55% 60% 70% 62% Relations au patron 82% 94% 72% 86% 75% 72% 79% SUBJECTIF / PERSONNALISÉ

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Une majorité de sondés reconnaissent que les critères objectifs pèsent davantage pour obtenir un travail. Il apparaît pourtant que, dans la pratique, les recherches d’emploi s’effectuent en priorité au travers des recommandations ou relations interpersonnelles ou familiales, ce que suggèrent la Graphique ci-dessous et les discussions de groupe.

Graphique 7. Réseaux de recherche d'emploi privilégiés (réponses multiples)

70%

58% 60% 55%

50%

40%

30% 19% 19% 20% 14%13% 13% 11% 12% 11% 9% 10% 8% 7% 8% 4% 5% 4% 3% 1% 1% 0%

Hommes Femmes

Le bouche-à-oreille reste la technique de recrutement adoptée majoritairement par les petits et moyens employeurs locaux, dans l’ensemble des communautés de l’étude.

« Traditionnellement, on embauche dans le réseau de connaissances, c’est informel, les entreprises ne communiquent pas beaucoup.» (BIT, Nouakchott)

« La plupart du temps je procède par recommandations faites par mes fils » (Commerçant en matériel de construction, 3 employés, ‘M’bagne)

MARCHÉ DU TRAVAIL

Revenu

Seuls 37% des sondés déclarent disposer d’un revenu. Cela s’explique en partie par la composition de l’échantillon : 40% des sondés ont entre 15 et 19 ans, tranche d’âge qui selon le tableau ci-dessous semble

26

être peu active (seuls 12% ont un revenu). Ce pourcentage reflète également une tendance nationale : en Mauritanie, un tiers de 15-34 sont inactifs (ils ne sont pas à l’école et ne travaillent pas).22

Tableau 12. Revenu et recherche d’emploi, par sexe et communauté (réponses multiples)

Nouakch Bagodine Bogué M’bagne Niabina Sélibaby Moyenne Hommes Femmes ott Activité Génératrice De 69% 63% 65% 68% 60% 77% 67% 57% 78% Revenus Sans Emploi (En 24% 33% 21% 21% 28% 29% 27% 23% 30% Recherche) Inactif (Pas En 45% 30% 45% 47% 32% 49% 41% 34% 48% Recherche)

De plus, l’économie mauritanienne repose largement sur le secteur informel (85 % des travailleurs selon la Banque Mondiale23) – ce qui pose la question de la qualité des activités génératrices de revenus. Par ailleurs, on constate que les femmes sont davantage susceptibles d’avoir une activité. Une enquête qualitative plus approfondie montre que les labels « entrepreneuriat », « activité génératrice de revenus », « auto-emploi » abritent souvent des réalités précaires – emploi saisonnier et journalier sans qualification dans les domaines de la récolte en zone rurale, marchands au détail sans revenu fixe en zone urbaine.

Typologie des activités

Les économies des régions et communautés concernées par l’étude ont des profils peu diversifiés. Les secteurs incluent le commerce de détail (27%), le commerce import-export (25%), et la mécanique (9%).

Tableau 13. Typologie des activités par communauté et par sexe

Activité principale Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakchott Sélibaby Total Homme Femme Commerce de 9% 13% 19% 24% 18% 9% 16% 13% 22% détails Autres 24% 13% 24% 9% 14% 7% 15% 16% 13% Construction 21% 5% 16% 6% 3% 16% 10% 14% 2% Commerce / 6% 21% 5% 3% 3% 12% 8% 7% 10% import-export Mécanique 6% 8% 11% 9% 8% 7% 8% 12% 0% Electricien 3% 5% 0% 3% 7% 9% 5% 7% 2% Vente 6% 3% 3% 15% 5% 0% 5% 6% 2% Couture 6% 5% 3% 9% 2% 7% 5% 4% 7% Education 3% 8% 5% 3% 2% 5% 4% 1% 10% Agriculture 6% 5% 0% 6% 1% 5% 3% 3% 3% Pêche 0% 3% 3% 3% 7% 0% 3% 5% 0% Transport 0% 0% 3% 0% 6% 5% 3% 4% 0% Travail domestique 3% 3% 0% 6% 5% 0% 3% 0% 9% Administration 3% 0% 3% 0% 7% 0% 3% 2% 4% Santé 0% 0% 3% 0% 2% 9% 3% 1% 7% Restauration/Hotel 0% 3% 0% 0% 5% 2% 2% 1% 4% Elevage 3% 0% 3% 3% 1% 0% 1% 2% 1%

22 World Bank (2014), « Project Paper On A Proposed Additional Grant In The Amount Of Sdr 7.4 Million (Us$11.3 Million Equivalent) To The Islamic Republic Of Mauritania For The Skills Development Support Project ». 23 Ibid. 27

Auto-emploi, secteur informel et précarité L’auto-emploi est le type le plus courant d’emploi dont les contours assez flous indiquent qu’il ne doit pas être assimilé à un projet entrepreneurial réfléchi. Il s’agit généralement d’activités précaires - entre travail journalier ou saisonnier - dans l’agriculture, la manufacture ou la construction et d’auto-emploi dans le secteur informel (vente de détail). Il est à cet égard important de prendre les discours portant sur la volonté ou la capacité entrepreneuriale de la jeunesse locale avec précaution : ces dénominations en trompe-l’œil masquent souvent une absence de compétences, de réseau, d’intégration socio-économique, pour des jeunes qui ne peuvent pas permettre de ne pas avoir une source de revenu.

Dans les communautés étudiées, les femmes sont moins touchées par le travail journalier et sont particulièrement susceptibles de travailler dans le commerce de détails, notamment dans des coopératives. Les migrants de retour ont une forte probabilité d’être salariés dans le secteur privé (+12 points) – ce qui suggère une vulnérabilité moindre et une employabilité plus forte pour cette catégorie d’individus.

Graphique 8. Types d'emplois par sexe

45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% Auto-emploi Travail journalier Travail salarié Apprenti Employeur Travail salarié (privé) (public)

Hommes Femmes

Accès au marché du travail

Dans les critères de recrutement décisifs mentionnés par les actifs24 interrogés, l’expérience professionnelle, les qualifications, l’éducation et la certification (diplômes) sont fréquemment citées comme prioritaires. Les opportunités de formations payantes ou non-payantes suggérées aux sondés rencontrent de fait un succès unanime, avec 90% des personnes interrogées qui se disent potentiellement intéressées par une formation ou un apprentissage.

L’accent mis sur l’apprentissage et les formations professionnalisantes ou techniques montre par ailleurs que les sondés privilégient les contenus spécifiques, concrets, sur le lieu de travail, aux enseignements plus théoriques.

24 Selon l’OIT, la population active se définit comme l'ensemble des personnes en âge de travailler qui sont disponibles sur le marché du travail, qu'elles aient un emploi (population active occupée) ou qu'elles soient au chômage, à la différence de celles ne cherchant pas d'emploi, comme les personnes au foyer, étudiants, personnes en incapacité de travailler, rentiers.

28

Tableau 14. Type de formation souhaitée, par sexe (réponses multiples)

Total Hommes Femmes Intéressé(e) 90% 89% 91% Apprentissage non-payé 10% 12% 8% Apprentissage payé 21% 21% 22% Formation technique (TVET) 24% 20% 28% Stage payé 35% 42% 28% Apprentissage non-payé 10% 11% 10% Stage non-payé 44% 46% 42%

Mythes et réalités de l’entreprenariat Un total de 74% des sondés souhaitent avoir leur propre entreprise – et déclarent que le manque de capitaux les en empêchent (91%). À l’opposé, seuls 1% mentionnent les difficultés administratives comme frein à la création d’une entreprise, ce qui révèle de facto l’importance des activités informelles. Cette volonté assumée d’autonomie et d’indépendance se heurte généralement, du côté de la demande, à la réalité d’un marché économique atone ou offrant peu de perspectives ; du côté de l’offre, au peu de qualifications réelles des jeunes mauritaniens, tant en zone rurale qu’urbaine.

L’entrepreneuriat reste dès lors soit une aspiration abstraite, soit un choix par défaut, si l’on en croit les réponses à la question « à quel point est-ce difficile de trouver un travail de nos jours ? » - 89% jugent l’accès au travail ‘difficile’ ou ‘très difficile’. Les discussions de groupe révèlent que l’intérêt pour l’entreprenariat est autant le fruit d’une volonté d’indépendance et de prise de risque que d’un désintérêt pour les faibles perspectives offertes par le marché du travail local.

Tableau 15. Intérêt et obstacles à l'entrepreneuriat

Migrant de retour Non migrant Total Veut sa propre entreprise 74% 75% 74% Pourquoi pas? Je n’ai pas d’idée de business 3% 5% 3% Pas les compétences nécessaires 14% 14% 14% Pas de business plan 2% 7% 2% Trop de compétition 1% 3% 1% Problèmes légaux 3% 3% 3% Je n’ai pas le capital pour le faire 91% 92% 91% Manque de contacts 13% 9% 13% Autre 4% 4% 4% Echantillon 269 234 503

29

3. DIMENSION SOCIALE

DIMENSION SOCIALE Migration et éducation : une relation complexe. • Les migrants de retour de l’échantillon ne sont pas « sous-scolarisés » : les résultats scolaires des migrants de retour ne diffèrent pas fondamentalement de ceux des non migrants. Si seulement 20% des migrants de retour ont fréquenté le collège, contre 26% des non-migrants, davantage de migrants de retour (+6 points) ont obtenu une licence. • Les taux d’accès à l’éducation sont faibles dans les communautés sondées. En moyenne, 37% des sondés ont été diplômés du lycée ou au-dessus. Les projets doivent prendre en compte ces faiblesses structurelles et offrir des opportunités d’alphabétisation ou de mise à niveau pour un processus de réintégration durable.

Un accès aux services inégal entre les communautés : • Les principales différences en termes d’accès aux services se situent entre les communautés plutôt qu’entre les sexes ou les différents profils migratoires. • L’état des infrastructures en Mauritanie demeure un défi majeur pour le développement du pays. Le manque d’accès aux services de base (eau, électricité, santé et éducation) constitue un obstacle pour le développement des activités économiques et l’investissement étranger. Seulement 21% de la population a accès à l’eau potable, et l’assainissement est un défi majeur, notamment en zone rurale . De plus, la moitié de la population mauritanienne n’a pas accès à l’électricité. L’accès au réseau électrique national est un défi dans les zones rurales comme Niabina, Bagodine.

------Acteurs sociaux en Mauritanie :

• Le Ministère des Affaires Sociales, de l'Enfance et de la Famille (MASEF) est en charge de la protection sociale des groupes vulnérables. Il n’est pas actuellement impliqué dans la prise en charge des migrants assistés au retour.

Éducation

Niveau éducatif global

Ces dernières années ont été marquées par des progrès significatifs en matière d’éducation primaire en Mauritanie (de 88% à 97% de 2001 à 2013). Le pays reste cependant caractérisé par la faiblesse du taux de passage dans le secondaire (seulement 55 % pour les filles et 61 % pour les garçons en 2013)25 et les faiblesses de l’enseignement professionnel, peu adapté au marché du travail local.

Tableau 16. Éducation en Mauritanie

Données statistiques disponibles (UNICEF) Taux d'alphabétisation des jeunes (15-24 ans) (%), 2008-2012*, hommes 71,6% Taux d'alphabétisation des jeunes (15-24 ans) (%), 2008-2012*, femmes 66,2% Participation à l'école primaire, Taux net de scolarisation (%), 2008-2012*, garçons 73.3% Participation à l'école primaire, Taux net de scolarisation (%), 2008-2012*, filles 77.4%

25 Global Partnership, « Mauritanie » (2018). 30

Participation à l'école primaire, Taux net de fréquentation (%), 2008-2012*, garçons 60% Participation à l'école primaire, Taux net de fréquentation (%), 2008-2012*, filles 62% Participation à l'école secondaire, Taux net de scolarisation (%), 2008-2012*, garçons 26% Participation à l'école secondaire, Taux net de scolarisation (%), 2008-2012*, filles 22% Source : https://www.unicef.org/french/infobycountry/mauritanie_statistics.html

En moyenne, 37% des sondés ont été diplômés du lycée ou au-dessus, ce qui s’aligne avec les statistiques nationales.

Faiblesse du primaire et secondaire… « Nous avons un lycée mais le niveau d’éducation est très faible à mon avis. Le gouvernement fait de son mieux, mais le problème se situe au niveau des enseignants. Ceux-ci refusent d’être affectés dans les campagnes car ils prétendent que les conditions de vie ici sont dures. Ce manque d’attention envers nos localités nous inquiète et menace l’éducation de nos enfants. Les élèves peuvent rester toute une année sans faire certaines matières par manque d’enseignants » (Femme, 26 ans, Focus Groupe de Niabina)

… et une formation professionnelle non adaptée pour l’emploi des jeunes « Les formations des centres de formation professionnelle ne sont pas souvent adaptées, le contenu est pauvre et loin de l’aspect réel. » (BIT, Nouakchott)

Tableau 17. Niveau scolaire le plus élevé atteint par les personnes interrogées, par sexe et par communauté

Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouak- Sélibaby Moyen- Hommes Femmes chott ne Pas d’éducation formelle 12% 0% 11% 12% 10% 15% 11% 10% 11% Ecole primaire (grade 1-6) 14% 19% 16% 15% 17% 30% 19% 18% 21% Collège (grade 7-9) 23% 28% 28% 31% 19% 29% 26% 24% 27% Lycée (10-12) 39% 46% 25% 32% 34% 20% 32% 32% 31% Université sans diplôme 2% 1% 2% 0% 5% 2% 2% 3% 1% Licence 2% 1% 4% 2% 4% 2% 3% 3% 2% Masters 0% 0% 0% 0% 0% 0% 0% 0% 0% Education religieuse 6% 1% 9% 5% 4% 1% 4% 4% 3%

45% des personnes interrogées ont dû quitter l’école, sans écart de genre ou de profil migratoire. Néanmoins, les déterminants diffèrent entre les hommes et les femmes :

• Les hommes sont susceptibles d’avoir quitté l’école pour travailler (51%, +34 points comparé aux femmes). • Pour les femmes, le mariage (13%) et l’opposition de la famille (10%) sont deux raisons majeures à leur abandon des études.

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Education et Migration

Notre échantillon suggère que les résultats scolaires des migrants de retour ne diffèrent pas significativement de ceux des non migrants. Si seulement 20% des migrants de retour ont fréquenté le collège, contre 26% des non-migrants, davantage de migrants de retour (+6 points) ont obtenu une licence.

Graphique 9. Niveau scolaire le plus élevé atteint par les personnes interrogées, par profil migratoire

35% Non migrant Migrant de retour 30% 32% 25% 26% 27% 20% 20% 20% 15% 10% 13% 11% 10% 5% 8% 8% 2% 2% 2% 0% 0% 3% 0% Pas Ecole primaire Collège (grade Lycée (10-12) Université Licence Masters Education d’éducation (grade 1-6) 7-9) sans diplôme religieuse formelle L’éducation est un des facteurs explicatifs de la migration, lorsqu’elle ne dépasse pas le niveau du secondaire : plus de 60% des jeunes ayant atteint le niveau primaire et secondaire souhaitent partir, contre 37% seulement de ceux ayant obtenu un diplôme universitaire. Il est important de souligner que 70% des jeunes ayant suivi une éducation religieuse souhaitent rester – ce qui suggère que l’éducation religieuse a un impact sur le choix migratoire. Néanmoins, il est important de souligner que l’éducation n’est qu’un facteur parmi d’autres.

Graphique 10. Niveau scolaire le plus élevé atteint par les personnes interrogées vs aspirations migratoire

100% 90% 25% 31% 26% 32% 80% 39% 46% 70% 70% 60% 50% 63% 62% 40% 58% 49% 61% 37% 30% 20% 27% 10% 17% 13% 12% 8% 12% 11% 0% 3% Pas d’éducation Ecole primaire Collège (grade Lycée (10-12) Université Education Total formelle (grade 1-6) 7-9) religieuse

Je ne sais pas Je veux partir Je veux rester

Accès aux services de base

L’accès aux services de base en Mauritanie (eau, électricité, santé et éducation) diffère selon les régions, comme en témoigne le tableau ci-dessous, et constitue un obstacle majeur pour le développement des activités économiques et l’investissement étranger.

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Tout d’abord, la Mauritanie manque d’eau: seulement 21% de la population a accès à l’eau potable, et l’assainissement de l’eau est un défi majeur, notamment en zone rurale.26 L’étude ayant eu lieu dans des centres urbains, ou des zones rurales relativement attractives car mieux dotées, les chiffres ci-dessous ne sont pas révélateurs de la situation au niveau national.

Tableau 18. Sources d’eau utilisées, par communauté (réponses multiples)

Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakchott Sélibaby Moyenne Robinet Privé 57.41% 59.62% 72.90% 60.19% 50.45% 54.36% 57.47% Robinet Public 18.52% 18.27% 23.36% 22.33% 45.00% 31.79% 29.63% Eau Pompée 18.52% 12.50% 4.67% 17.48% 0.45% 6.15% 8.24% Eau De Puits Peu 5.56% 0.96% 4.67% 3.88% 0.00% 8.72% 3.94% Profond Bouteille D'eau 0.00% 7.69% 0.00% 1.94% 5.45% 1.54% 2.99%

L’accès au réseau électrique national est un autre défi majeur dans les zones rurales comme Niabina ou Bagodine. Globalement, la moitié de la population mauritanienne n’a pas accès à l’électricité.

Tableau 19. Sources d’énergie utilisées, par communauté (réponses multiples)

Source d'énergie Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakch. Sélibaby Moyenne Réseau électrique national 24% 86% 79% 1% 98% 64% 65% Générateur (gaz/hydraulique) 1% 1% 0% 0% 0% 1% 0% Batterie 35% 9% 8% 8% 2% 11% 11% Lampe Kérosène 4% 0% 0% 1% 0% 5% 2% Energie solaire 21% 0% 3% 73% 0% 15% 16% Ne sait pas 0% 0% 0% 1% 0% 0% 0%

Les principales différences en termes d’accès aux services se situent entre les communautés plutôt qu’entre les sexes ou les différents profils migratoires – il est donc préférable de développer des projets communautaires que des projets individuels qui favoriseraient les migrants de retour par rapport aux jeunes de la communauté.

Le tableau ci-dessous présente la satisfaction des membres de la communauté quant à l’accès aux services de bases. Il faut noter que le jugement sur l’accès aux services est subjectif et s’effectue sur la base du seul environnement propre des sondés, sans points de comparaison. Les variations de niveaux de satisfaction quant à l’accès aux services varient selon les communautés, ce qui peut s’expliquer par les contextes socioéconomiques et politiques dans chaque zone.

26 AFD, « Mauritanie » : https://www.afd.fr/fr/page-region-pays/mauritanie 33

Tableau 20. Variations de la satisfaction de l’accès aux services (en points) comparés à la moyenne de l’échantillon

Bon accès à: Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakch. Sélibaby Moyenne Logement décent 20% 39% 27% 45% 54% 63% 45% Sécurité 61% 81% 75% 94% 58% 70% 71% Education 19% 25% 20% 24% 43% 58% 36% Justice 19% 24% 24% 25% 16% 18% 20% Soins de santé 22% 26% 21% 21% 36% 39% 30% Eau potable 47% 3% 36% 65% 52% 63% 47%

L’accès à la santé pose également difficulté en Mauritanie, du fait de sa faible disponibilité et qualité. Que ce soit à ‘M’bagne : « la santé est le problème de tous, on a quatre dispensaires et un grand centre de santé mais le matériel laisse à désirer, il n’y a que le strict minimum » (Mairie de M’bagne) ou dans la banlieue de Nouakchott :« concernant la santé, nous avons un manque de personnel dans les centres hospitaliers. Nous l'avons signalé aux autorités gouvernementales mais rien! Nous leur avons demandé de l'aide pour construire un hôpital mais aucune réaction » (Mairie de Sabkha).

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4. EXPÉRIENCE DE LA MIGRATION ET DIMENSION PSYCHOSOCIALE

DIMENSION PSYCHOSOCIALE Un désir de départ majoritaire chez les jeunes sondés lié à des perceptions positives des migrants de retour • Plus de la majorité des sondés souhaitent quitter leur communauté (58%). La majorité souhaite partir vers un pays européen. Les motivations invoquées pour le retour sont essentiellement familiales. • La grande majorité de l’échantillon pense que les non-migrants ont soit une image positive en Mauritanie ou ne sait pas (82%).

Des besoins psychosociaux importants, et la rareté de services adaptés : • Au niveau individuel, de nombreux sondés ressentent des sentiments négatifs de façon quotidienne, bien qu’ils déclarent en majorité être optimistes pour le futur. Les besoins psychosociaux sont conséquents, 35% sondés disent vouloir recevoir un soutien psychosocial formel ou informel. • Aucune étude n’a été effectuée en Mauritanie sur les besoins psychosociaux des migrants de retour. Néanmoins, selon Brahim Ould Ahmadou, Directeur Exécutif de l’AMPF et psychologue : « Les souffrances psychologiques sans troubles sont avérées. Il y a un besoin de les verbaliser. Ils reviennent sans rien, avec des espoirs déçus, et potentiellement un traumatisme dû à un changement brutal d’environnement et à la séparation d’avec la famille et la communauté. La prise en charge permet de prévenir l’évolution des troubles mentaux. Il faut qu’ils soient référés dès leur arrivée, en plus des autres formes d’appui ».

------Acteurs psychosociaux en Mauritanie : • Les services psychologiques cliniques sont rares en Mauritanie, notamment hors de Nouakchott – ce soutien psychologique peut être considéré comme fourni par la famille, les proches ou les acteurs communautaires. • Certaines ONGs ont de l’expérience dans le soutien psychosocial au niveau communautaire comme l’Association Mauritanienne pour la Promotion de la Famille (AMPF), la Croix Rouge et SOS Exclus.

L’enjeu de cette section est de mettre en évidence les motivations invoquées par les migrants eux-pour le départ et pour le retour. Elle rend également compte de l’expérience subjective des migrants de retour dans leur communauté, perçue par eux-mêmes et par le reste de la communauté.

Aspirations au départ et motivations

L’aspiration au départ dans cette section recouvre tous types de migrations – exode rural, migration interne, migration internationale. Il s’agit d’analyser les dynamiques derrière le ‘désir de quitter la communauté’.

Le premier constat est que près de la moitié des sondés souhaite quitter la communauté.

• Communauté : ce chiffre est particulièrement élevé à Bogué et Sélibaby. Le caractère de la migration dans ces communautés, pourrait expliquer ce phénomène. Celle-ci est majoritairement interne, plus fréquente et plus accessible aux individus. La justification du projet migratoire diffère également entre les communautés. Par exemple, 82% des habitants de Bogué ayant indiqué qu’ils veulent quitter la communauté sont motivés par l’emploi, contre 46% dans la communauté de Sélibaby. En

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revanche, 36% des habitants de Sélibaby désirant migrer déclarent « ne pas se sentir à leur place » ou avancent des raisons familiales pour le départ, contre seulement 6% à Bogué. À Niabina, les potentiels migrants sont particulièrement motivés par des opportunités éducatives. • Sexe : les hommes et les femmes affichent la même volonté de de départ. Les raisons de vouloir partir ne diffèrent pas entre les hommes et les femmes : les hommes et les femmes sont le plus souvent portés par des raisons économiques (62% des hommes et 55% des femmes), et éducatives (20% des hommes et 21% des femmes). • Profil migratoire : les migrants de retour sont davantage susceptibles de vouloir quitter la communauté par rapport aux non-migrants (+ 8 points). L’expérience migratoire de cette catégorie ne s’arrête donc pas au retour. Que celle-ci ait été heureuse ou traumatique, que le retour ait été volontaire ou forcé, l’opportunité de migrer à nouveau reste une ‘réserve de possibilité sociale et économique pour les migrants (…) d’autant plus forte que, eux, sont déjà partis pour d’autres pays de la région ou d’Europe.’27

Tableau 21. Aspirations au départ, par communauté, profil migratoire, sexe et niveau d’éducation

Je Total Aspiration au départ Je ne sais pas Je préfèrerais rester Je préfèrerais partir préfèrerais sondés partir (%) Bagodine 12 40 56 52% 108 Bogué 9 27 68 65% 104 M’bagne 9 34 64 60% 107 Niabina 9 33 61 59% 103 Nouakchott 30 77 112 51% 219 Sélibaby 19 54 118 62% 191 Total sondés 88 265 479 58% 832 Migrants de retour 74 230 429 59% 733 Non-migrants 14 35 50 51% 99 Femme 49 131 229 56% 409 Homme 39 134 250 59% 423 Pas d'éducation 11 34 43 49% 88 École primaire 19 40 102 63% 161 Collège 16 67 130 61% 213 Lycée 31 68 164 62% 263 Université 9 24 19 37% 52 Education religieuse 1 23 9 27% 33

Tableau 22. Raisons avancées comme motivations pour le départ, par communauté et sexe

Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakchott Sélibaby Total Hommes Femmes

Emploi 70% 82% 59% 74% 42% 46% 58% 62% 55%

Meilleures perspectives 32% 25% 17% 18% 15% 25% 22% 24% 19% à l'étranger

Education 13% 35% 16% 41% 15% 13% 20% 20% 21%

27 Entretien avec le Jesuit Refugee Service Afrique, Décembre 2017. 36

Raisons 5% 6% 19% 5% 17% 19% 13% 15% 11% familiales

Pas de 13% 19% 8% 16% 5% 8% 10% 13% 7% perspectives

Je ne suis pas à ma place 2% 0% 0% 2% 13% 17% 8% 10% 5% ici

Autres 9% 3% 11% 3% 9% 4% 6% 4% 10%

Sécurité 0% 7% 0% 2% 3% 0% 2% 2% 2%

Le type d’expérience migratoire envisagé est marqué par deux tendances:

• Les sondés aspirent en majorité à une migration vers les pays européens (49%). Seuls 9% souhaitent s’engager dans une migration africaine. La migration interne vers un centre urbain est privilégiée par 26% des sondés. La migration interne peut être considérée comme une première étape avant la migration internationale. • Les sondés souhaitent migrer pendant plus de 12 mois (43%), ce qui suggère une préférence pour un investissement long-terme plutôt que des mouvements régionaux et circulaires

« Les jeunes de la commune migrent beaucoup mais ceux qui vont vers les grandes villes de la Mauritanie sont plus nombreux que ceux qui vont vers l’Europe. La migration n’a pas vraiment changé, les jeunes veulent tous quitter c’est juste qu’ils n’ont pas de moyens pour partir. Moi-même j’ai deux enfants qui étudient à Nouakchott s’ils trouvent l’occasion d’aller en Europe, je ne m’y opposerai pas. La situation au Fouta n’est facile à supporter ». (Accoucheuse auxiliaire, Association pour le développement de la commune et des femmes de Bagodine.)

Expérience du retour

Motivations

Le cadre théorique utilisé par la plupart des décideurs politiques, de la sphère médiatique et même des organisations d’assistance aux migrants pour comprendre le processus décisionnel des migrants est construit sur l’image de l’homo-economicus, agent libre et informé, effectuant des choix de maximisation de son profit individuel à court et long termes (que ce soit un candidat à la migration économique, demandeur d’asile ou un migrant de retour). Comme le suggèrent Haas (2011) et Carling (2017), cet appareil conceptuel « révèle peu de choses sur la complexité de la migration et la manière dans laquelle elle est incorporée dans les relations sociales, les imaginations du monde, les paramètres et opportunités économiques et les contrôles politiques ».28

Ce cadre de pensée ne résiste pas non plus à l’analyse quantitative et qualitative des déterminants individuels de la mobilité. Celle-ci révèle plutôt une dynamique des aspirations, un rapport complexe entre choix individuels et processus collectifs, des mobiles intangibles, des aspects identificatoires, etc. qui semblent contredire la statique de l’analyse en termes de coûts/bénéfices individuels. Elle révèle également l’importance des structures et conjonctures locales, comme par exemple la faiblesse des liens entre

28 Carling, Jørgen, and Francis, Collins (2018), « Aspiration, desire and drivers of migration », Journal of Ethnic and Migration Studies. 37 l’éducation et l’emploi en Mauritanie : « Par manque de formation et de qualifications ils sont de plus en plus nombreux à vouloir aller gagner leur quotidien ailleurs vu qu’à Bagodine il n’y a aucune grande entreprise pour qu’au moins ils servent pour la main d’œuvre. » (Discussion de groupe, Bagodine).

Graphique 11. Raisons avancées pour le départ par les migrants de retour, par communauté

Raisons économiques Raisons familiales Education Raisons financières Epuisé toutes les options légales Autres

0% 13% 13% 19% 16% 13% 25% 36% 9% 16% 19% 25% 25% 0% 88% 9% 16% 27% 16% 50% 63% 63% 36% 32% 13% 13% 16% 5% BAGODINE BOGUÉ M’BAGNE NIABINA NOUAKCHOTT SÉLIBABY

Graphique 12. Raisons avancées pour le retour par les migrants de retour, par communauté

Conflit Raisons économiques Raisons familiales Education Autres

8% 11% 13% 44% 13% 41% 42% 31% 22%

18% 22% 63% 33% 22% 25% 22% 27%

22% 25% 23% 22% 25% 32% 11% 8% 10% 0% 0% 0% 0% BAGODINE BOGUÉ M’BAGNE NIABINA NOUAKCHOTT SÉLIBABY Selon les Graphiques ci-dessus, les motivations invoquées par les migrants de retour pour leur départ sont essentiellement d’ordre familiale (31% pour le départ), suivi par l’éducation (24%) et les raisons économiques (23%). Cependant, ces motivations varient entre communautés. Concernant les motivations pour le retour, les raisons familiales prévalent.

• Famille : la famille influe sur le processus de décision de la migration et du retour. Les migrants maintiennent une relation étroite avec les membres de la famille durant la migration par des transferts de fonds, des visites fréquentes et parfois même des arrangements matrimoniaux visant à faciliter le retour de migrant.29 Ces liens vont de pair avec certaines obligations, et après un certain temps, le migrant de retour doit aussi revenir pour combler le déséquilibre familial qu’a engendré son départ. Selon plusieurs études, les migrants de retour disent être préoccupés par les effets négatifs de leur départ sur leurs enfants et la formation de leur personnalité (éducation des valeurs,

29 Giullia Sinatti (2009) « Migration et Retour en Afrique de l’Ouest Le cas du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal », Rapport d’étude du Programme : Bonne gouvernance des migrations de main d’œuvre et son lien avec le développement,

38

performance à l’école) ; sur leurs parents, qui certes reçoivent des fonds, sont privés de leur présence et soutien au quotidien ; et sur leurs femmes, qui avant de recevoir l’argent du mari, doivent subvenir aux besoins du foyer le temps qu’il trouve un travail. 30

• Education : selon les participants aux discussions de groupe, la migration internationale pour les mauritaniens est traditionnellement d’ordre éducatif bien que ce profil soit en cours d’évolution : « le profil migratoire qui prédomine est celui de nos enfants diplômés qui veulent pousser leurs études, c’est une émigration intellectuelle. Mais, il faut prévenir, il n’y a aucune perspective d’avenir ici, aucune entreprise ni usine n’est là et comptons parmi nous des jeunes diplômés chômeurs, d’autres sans qualification qui sont désœuvrés » (Comité des sages, ‘M’bagne)

Perception des migrants de retour

Le regard que jette la communauté sur les migrants de retour influe également sur leur expérience du retour et leur réintégration dans la communauté. Celui-ci varie entre communautés, et n’est positif que pour 37% des sondés de l’échantillon.

Seulement 37% de l’échantillon a une image positive des migrants de retour. Dans chaque communauté, environ la moitié des sondés ont une image neutre des migrants de retour. Trois éléments sont à souligner :

• Pour certains migrants dont la migration est considérée comme réussie, l’incompréhension de leur famille est soulignée comme obstacle à la réintégration : « Je suis revenue depuis 5 mois. Au niveau familial, ça se passe plutôt bien, mais la famille en France ne comprend pas pourquoi je reviens en Mauritanie. Pour moi, c’est un choix de vie. Mes tantes pensent que je suis revenu parce que je n’ai pas bien su m’intégrer là-bas, c’est pour ça que je reviens. Elles n’ont pas l’habitude, surtout que je suis revenue en tant que mère célibataire. » (Membre de Diaspora RIM). • Les difficultés de réintégration peuvent aussi apparaître lorsque l’expérience migratoire est perçue comme un « échec » par la famille et la communauté : « C’est vrai que c’est difficile d’aller chercher une situation meilleure à l’extérieur et rentrer bredouille. Les premiers à critiquer l’individu c’est l’entourage et la famille. Donc, aller à l’étranger et rentrer bredouille est pris comme une maladie. Si tu reviens avec beaucoup de moyens, tu es bien accueilli » (président d’association communautaire, Nouakchott). • Cependant, les apports positifs de la diaspora sont reconnus par de nombreuses personnes interrogées sur le terrain.

« Bon certains des migrants en France ont construit dans leur propre village (des mosquées, des écoles et des postes de santé) on peut dire c’est un impact positif sur le retour du migrant dans cette communauté tout cela pour développer son village. Ils ont acheté des camions pour transporter les matériels. Ces enfants ont pu faire une chose dans leur commune dans le secteur économique sans la contribution de leur gouvernement. Un migrant de retour en Sélibaby est reçu comme un héros dans la communauté » (Femme, 64 ans, Sélibaby)

30 Francisa M.Antman (2012) « The Impact of Migration on Family Left Behind », Discussion Paper No. 6374 for the Institute for the study of Labor.

39

Tableau 23. Perceptions des migrants de retour par communauté

Perception des migrants de retour Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakchott Sélibaby

Perception négative des migrants de retour 23% 11% 13% 2% 25% 23%

Neutre/Ne sait pas 44% 56% 49% 49% 47% 36%

Perception positive des migrants de retour 33% 34% 38% 50% 29% 42%

Réintégration psychosociale

L’étude MEASURE menée par Samuel Hall et l’OIM en 2017 rappelle l’importance d’une analyse multidimensionnelle de la réintégration des migrants de retour : celle-ci ne se limite pas à l’intégration de l’individu dans le tissu économique local mais aussi dans les processus sociaux et culturels du pays et de la communauté d’origine. La définition révisée de la réintégration durable reconnaît donc l’importance de prendre en compte les contextes et environnements socioculturels spécifiques des migrants de retour dans la planification des interventions.

Plusieurs niveaux d'intervention sont d’une grande importance pour la réintégration des migrants :

- Soutien individuel pour répondre aux besoins spécifiques des bénéficiaires et des ménages - Assistance communautaire pour favoriser une approche participative dans le processus de réintégration où les familles et les communautés sont impliquées et leurs besoins et préoccupations spécifiques abordés - Interventions structurelles visant à améliorer la fourniture de services essentiels aux migrants de retour et aux populations non migrantes et à promouvoir la bonne gouvernance des migrations.31

Les communautés peuvent fournir un environnement propice à la réintégration en termes de protection, réseaux sociaux et ressources financières. Quand les communautés perçoivent le retour comme étant bénéfique à la communauté, cela permet aux migrants de revenir sans risquer d'être stigmatisés et de rétablir les liens sociaux nécessaires à leur réinsertion dans la société.

L’inclusion sociale et psychosociale des individus du groupe d’âge 15-34 ans au sein des communautés comprend les interventions suivantes :

1) la participation à des groupes ou collectifs locaux ;

2) la dimension psychologique ; et

3) le regard porté sur l’avenir

31 Samuel Hall / IOM (2017) «Setting standards for an integrated approach to reintegration », commissioned by IOM and funded by DFID. 40

Participation à des groupes ou collectifs locaux

Le tableau ci-dessous montre la prévalence de trois types de groupements : les coopératives (en particulier pour les femmes, + 7 points), les comités de village ou de voisinage et les groupes de jeunes.

• A Djadjibina, la coopérative est considérée comme la source d’aide principale. • Les groupes de jeunes sont de plus en plus influents : « Ce qui est commun maintenant, c’est les mouvements de jeunes. Ils font de l’assainissement et de la sensibilisation sur la cohésion sociale avec des sketchs et du rap » (Coordinateur de la Plateforme de la société civile, Nouakchott). • 84% de sondés qui ressentent une appartenance à leur communauté – ce chiffre est plus faible à Nouakchott (-5 points), ce qui s’explique par l’anomie inhérente à une grande ville.

Tableau 24. Participation du foyer à des groupes par communauté

Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakch Séliba Moyen Migrant Non- ott by ne de retour migrant Coopérative 41% 21% 33% 22% 23% 57% 34% 26% 35% Comité de voisins/de villageois 44% 13% 45% 12% 15% 4% 19% 24% 19% Groupe de jeunes 47% 21% 50% 26% 13% 8% 24% 19% 24% Association de commerçants ou 5% 27% 13% 14% 12% 26% 16% 11% 17% association commerciale Groupe sportif 22% 16% 18% 13% 11% 5% 13% 10% 13% Groupe religieux ou spirituel 18% 12% 18% 8% 5% 8% 10% 13% 10% Association professionnelle 3% 13% 4% 7% 11% 13% 9% 11% 9% (médecins, enseignants, etc.) Groupe financier, de crédit ou 16% 3% 6% 0% 10% 8% 7% 12% 7% d’épargne Groupe ethnique 0% 13% 0% 21% 7% 4% 7% 6% 7% Groupe ou mouvement politique 14% 8% 2% 2% 4% 5% 5% 5% 5% Groupe éducatif (association de 5% 6% 4% 5% 5% 5% 5% 4% 5% parents d’élèves, comités scolaires) Groupe de santé 0% 5% 1% 5% 5% 7% 4% 4% 4% Groupe ou association culturelle 3% 6% 6% 2% 3% 5% 4% 6% 4% (arts, musique, théâtre, film) Groupe eau et gestion des 14% 0% 5% 0% 0% 4% 3% 1% 4% déchets Ong ou groupe civique 0% 7% 1% 4% 3% 3% 3% 3% 3% Syndicat ou organisation 0% 2% 0% 0% 3% 1% 1% 1% 1% syndicale

Dimension psychologique

Au niveau individuel, les résultats ci-dessous montrent que les individus de l’échantillon ont répondu positivement de manière significative à la plupart des émotions négatives présentées. • Si l’on compare les hommes et les femmes, il faut noter qu’elles éprouvent davantage le sentiment de peur (+7 points). • Si l’on compare les migrants de retour et les non-migrants, on n’observe aucune différence significative.

41

Tableau 25. Emotions quotidiennes (réponses multiples), par sexe et profil migratoire

Total Migrant de Non- Emotions quotidiennes Homme Femmes sondés retour migrant Stress 35% 44% 39% 35% 40% Tristesse 25% 29% 27% 21% 28% Colère 23% 23% 23% 21% 23% Peur 16% 23% 19% 21% 19% Solitude 10% 12% 11% 13% 11%

35% des sondés disent vouloir avoir accès à un soutien psychosocial – ce chiffre est similaire pour les migrants de retour et les non-migrants, ainsi que pour les hommes et les femmes. Les services psychologiques cliniques sont rares en Mauritanie, notamment hors de Nouakchott – ce soutien psychologique est donc la plupart du temps fourni par la famille, les proches ou les acteurs communautaires.

Tableau 26. Accès et désir d'accéder aux services psychologiques, par communauté

Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouak Sélibaby Moyenne chott Ont accès à des services 18% 17% 25% 7% 56% 69% 39% psychologiques Souhaitent avoir accès à 38% 17% 38% 17% 34% 54% 35% des services psychologiques

Regard porté sur l’avenir

Enfin, 50% des jeunes interrogés jettent un regard positif sur leur avenir, en comparant leur situation à celle de leurs parents, et déclarent que leur situation va s’améliorer dans les 12 prochains mois – ce taux est égal pour les hommes/femmes et selon le profil migratoire.

Tableau 27. Comparée à la vie de vos parents, pensez-vous que la vôtre sera...?

Femmes Hommes Grand Total Mieux ou beaucoup mieux 67% 67% 67% Pire ou bien pire 29% 25% 27% Je ne sais pas 21% 21% 21% La même chose 11% 11% 11%

42

Aucune étude n’a été faite en Mauritanie sur les besoins psychosociaux des migrants de retour. Néanmoins, selon Brahim Ould Ahmadou, Directeur Exécutif de l’AMPF et psychologue : « Les souffrances psychologiques sans troubles sont avérées. Il y a un besoin de les verbaliser. Ils reviennent sans rien, avec des espoirs déçus, et potentiellement un traumatisme dû à un changement brutal d’environnement et à la séparation d’avec la famille et la communauté. La prise en charge permet de prévenir l’évolution des troubles mentaux. Il faut qu’ils soient référés dès leur arrivée, en plus des autres formes d’appui ». Un parallèle peut être fait avec les étudiants : « L’effort d’adaptation est gros, c’est une véritable épreuve qui peut menacer son assise identitaire. Le choc culturel est plus important pour les mauritaniens, c’est un environnement dominé par la pratique religieuse, donc le choc est plus important et il y a une plus forte vulnérabilité au niveau mental. »

La famille est également centrale dans le processus de soutien psychosocial : « La famille est très importante, et elle manque de capacité à identifier une souffrance potentielle. Par exemple, un homme est censé jouer le rôle dominant et peut mal vivre le retour, car le statut qu’il estime être le sien ne lui a pas empêché l’échec. Il peut ressentir une impuissance à agir. Il faut que la famille l’implique, et identifier un soutien valable au sein de la famille pour valoriser la personne ».

43

5. IDENTIFICATION DES BESOINS COMMUNAUTAIRES EN VUE D’UNE MEILLEURE RÉINTÉGRATION

Pour corroborer les éléments récoltés sur le terrain et sur la base des index développés dans le rapport régional et du rapport MEASURE32, le tableau ci-dessous présente les différentes dimensions de réintégration individuelle pour les sept communautés de l’étude en Mauritanie. Dans un premier temps, un index est développé pour chacune des trois dimensions – économique, sociale, psychosociale – en fonction des données quantitatives récoltées lors de l’étude auprès des personnes interrogées dans chaque communauté; ces trois index sont composés à l’aide des réponses données sur les profils socioéconomiques, les perceptions individuelles, la présence et la qualité des infrastructures, la présence et la qualité des services de santé, la possibilité d’obtenir des financements ou prêts, le dynamisme des échanges commerciaux, les vulnérabilités observables, la sécurité, l’environnement, la cohésion sociale, etc. Dans un second temps, un index synthétique représentant la moyenne arithmétique – sans poids particulier – des trois index précédents permet la définition d’un score de réintégration économique, sociale et psychosociale. Cette grille d’analyse pourra être répliquée, en utilisant la même méthodologie, lors des évaluations d’impact de mi-projet et finale ; des versions simplifiées peuvent aussi être développées par les équipes de monitoring interne de l’OIM Mauritanie.

Tableau 28. Score de réintégration économique, sociale et psychosociale pour les communautés étudiées au Mauritanie

Pilier 1 Pilier 2 Pilier 3 Score de réintégration Dimension économique Dimension sociale Dimension psychosociale

Rang Communauté Score Communauté Score Communauté Score Rang Communauté Score

1 Nouakchott 0.95 M’bagne 0.63 M’bagne 0.67 1 M’bagne 0.66

2 M’bagne 0.69 Sélibaby 0.61 Bagodine 0.61 2 Nouakchott 0.61

3 Bogué 0.53 Nouakchott 0.55 Niabina 0.49 3 Sélibaby 0.51

4 Sélibaby 0.53 Bogué 0.43 Sélibaby 0.40 4 Bogué 0.44 Mauritanie 5 Niabina 0.30 Niabina 0.28 Bogué 0.36 5 Niabina 0.36

6 Bagodine 0.15 Bagodine 0.18 Nouakchott 0.33 6 Bagodine 0.32

.

• La dimension économique porte sur la présence d’offres d'emploi ou d'activités génératrices de revenus, et le niveau de vie au sein d'une communauté. Dans le tableau 2, on voit la très nette différence entre Nouakchott (0,95) et Bagodine (0,15), et les quatre autres communautés (0,69 à 0,30). Le manque d’infrastructures et d’industries est particulièrement significatif dans les zones rurales. Généralement, même pour les jeunes qui ont une activité génératrice de revenus, celle-ci est susceptible de ne pas être soutenable. En effet, l’économie mauritanienne repose largement sur le secteur informel (85 pour cent des travailleurs selon la Banque Mondiale33). • La dimension sociale prend en compte le niveau d'accès aux services de base tels que l'eau et l'électricité, l'éducation, la santé, le logement, la documentation, la justice et l'application de la loi. Bogué est

32 Samuel Hall / OIM (2017) « Setting standards for an integrated approach to reintegration », financé par DFID. 33 World Bank (2014), « Project Paper On A Proposed Additional Grant In The Amount Of Sdr 7.4 Million (Us$11.3 Million Equivalent) To The Islamic Republic Of Mauritania For The Skills Development Support Project ». 44

caractérisé par un très faible accès à l’eau (3% des sondés), et Bagodine par un faible accès aux documents d’identité (7%). • La dimension psychosociale est couverte par les indicateurs quantitatifs prenant respectivement en compte l'incidence des émotions négatives au quotidien (colère, peur, solitude, faible estime de soi, tristesse, etc.) au sein de la communauté et le besoin en services psychologiques spécialisés. L'indicateur prend également en compte l'incidence de la discrimination, de la participation sociale et des niveaux perçus de sécurité et de confiance au sein de la communauté. Une proportion importante de jeunes sondés souhaite avoir accès à des services psychologiques, jusqu’à 54% à Sélibaby et 56% à Nouakchott.

Sur la base des index ci-dessus, nuancés par l’observation directe et par les entretiens qualitatifs, il est possible d’identifier des besoins communautaires spécifiques dans des domaines comme l’eau, l’énergie, l’environnement, etc. relevés dans le tableau suivant : en rouge, les enjeux prioritaires ; en orange, les enjeux importants.

Tableau 29. Aperçu des défis socio-économiques principaux, par communauté

Infra- Productivité Eau Education Energie Finance Social Environment structures Agricole Nouakchott Sélibaby Bogué Bagodine Niabina Djadjibina

La parole au maire de Djadjibina

• Quels sont les déterminants de la migration depuis Djadjibina ? La population migre parce qu’il y a un manque d’emplois dans la commune, il y a deux enfants qui ont leur maitrise et ils n’ont pas trouvé d’emploi, ils ont quitté le village pour aller en France pour trouver des opportunités d’emploi. Ces 5 dernières années, la migration a augmenté. Dans le temps c’était 2 ou 3 personnes par an maintenant plus de 20 personnes migrent à l’étranger (chaque année). (…)

• Quelles sont les mesures de réintégration déjà mises en œuvre localement ? L’impact du retour (pour le migrant de retour) dans sa communauté est le risque de perdre des opportunités qu’il a laissées derrière lui dans le pays étranger. Sa famille l’aura perçu comme une personne inutile. (…) Le gouvernement n’est jamais intervenu pour la réintégration des migrants de retour c’est pour cela les parents préfèrent que leur fils migre pour trouver comment entretenir leurs familles. Ils n’ont pas de projets dans cette communauté pour les migrants de retour. (…) Il n’existe aucune partie impliquée directement ou indirectement dans l’apport d’une aide à la réintégration du migrant à part les coopératives qui se développent un peu leur activité. (…)

• Que faire pour améliorer la situation à Djadjibina ? Les gens qui migrent ont un niveau supérieur d’étude, ils ont tout le temps des projets, on doit soutenir leurs projets ou leur donner des emplois. Pour les gens qui n’ont pas (un bon niveau d’éducation), on doit les former sur un métier, ils vont s’intégrer facilement.

vv

45

6. ANALYSE DES PARTIES PRENANTES

Depuis 2016, 17 mauritaniens ont été assistés au retour vers la Mauritanie à travers le programme ARVR. Toutefois, comme suggéré dans l’introduction, ce chiffre pourrait potentiellement augmenter dans le futur. Cette section présente des opportunités de référencement et de coopération avec les acteurs existants.

• Opportunités de coopération: un nombre important de projets se concentrant sur l’emploi des jeunes sont mis en place dans le cadre du Fonds Fiduciaire (27,2 millions d’Euros sont dédiés aux opportunités économiques pour les jeunes au sein du FF-UE34) et par les autres partenaires internationaux – des projets qui souffrent d’un manque général de coordination entre les initiatives. Le nombre important de projets visant à améliorer l’emploi des jeunes présente des opportunités d’orientation intéressantes pour les bénéficiaires ARVR en Mauritanie ; d’autant plus qu’en Mauritanie, l’OIM ne se concentre pas sur la réintégration des migrants de retour mais sur la gestion des frontières, l’assistance directe aux migrants en transit, et la mobilisation des compétences de la diaspora mauritanienne. Une meilleure coopération permettrait une division plus efficace des activités.

• Actuellement, aucun d’acteur n’a de compétences spécifiques en réintégration. Il est néanmoins essentiel de former des acteurs locaux sur les suivis de projets. L’OIM joue un rôle pivot dans la mise en place de systèmes de coopération entre acteurs de gouvernance de la réintégration. Afin de surmonter les obstacles susmentionnés, l’OIM aura tout intérêt à créer des partenariats (en collaboration avec le gouvernement mauritaniens) avec des institutions internationales, des ONGs, des associations locales ou des acteurs privés ayant de solides capacités techniques et financières et une expérience solide dans la mise en œuvre d’activités de renforcement socioéconomique au niveau communautaire.

Le tableau suivant propose une analyse des Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces pour la mise en place de projets de réintégration par l’OIM Mauritanie. Cette analyse révèle que l’écosystème actuel des parties prenantes de la réintégration en Mauritanie présente dans un même temps certains freins à une meilleure prise en charge, mais également des opportunités pour une meilleure coordination des acteurs concernés par le processus de réintégration des migrants de retour.

34 DEVCO, « Mauritanie » (2018). 46

Tableau 30. Analyse SWOT (Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces) de l’OIM Mauritanie

Forces (S) Faiblesses (W) • Des efforts de coordination sont en place, • Des difficultés pour impliquer les acteurs notamment entre l’OIM et Save the Children au gouvernementaux, empêchant la mise en place d’un niveau du développement des messages de système d’accueil et de réintégration – sur le court sensibilisation et long-terme. • Des rencontres régulières avec, et une base de • Absence d’un cadre de coopération sur la données de partenaires potentiels de réintégration réintégration en Mauritanie. • Absence de discussions entre les principaux bénéficiaires du FF-UE. • Connaissance limitée des problématiques de retour et réintégration au niveau national et local • Absence de mécanisme de coordination formel entre les agences onusiennes en Mauritanie. Opportunités (O) Menaces (T) • Opportunité de mettre en place les partenariats et • Manque d’intérêt des parties prenantes mécanismes de coordination avant une accélération • Besoins en renforcement de capacités au sein de potentielle des retours l’OIM

La cartographie suivante synthétise les dynamiques liant l’ensemble de ces acteurs au niveau central ainsi que les obstacles identifiés en termes de coopération.

Le tableau 31 présente des partenariats applicables à toutes les interventions d’intégration économique, sociale, psychosociale et environnementale ainsi que les besoins en renforcement de ces acteurs. Le tableau 5 présente, lui, des partenariats spécifiques aux filières et aux communautés.

Ces pistes de partenariat ne sont qu’indicatives, en raison des limites propres à cette étude, et requièrent un travail d’information sur chaque partenaire – qu’il soit institutionnel ou non – de la part de l’OIM afin de garantir la faisabilité technique, viabilité financière et durabilité de chaque partenariat.

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Graphique 13. Cartographie des acteurs avec identification des faiblesses structurelles majeures

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Tableau 31. Partenariats structurels et généraux (indépendamment de la chaîne de valeur ou filière) Partenaires institutionnels et/ou gouvernementaux (réintégration) Secteur agricole et agro-alimentaire Ministère de l’Emploi de la Formation Professionnelle et des Technologie de l’Information et de la Communication (MEFPTIC) Agence Française de Développement (AFD)

, , Centre National de Recherche Agronomique et de Développement Agricole (CNRÀDA) S Ministère des Affaires Sociales, de l'Enfance et de la Famille (MASEF) Ecole Nationale de Formation et de Vulgarisation Agricole (ENFVA) Groupe de Recherche pour le Développement Rural (GRDR) Ministère de l’Agriculture Ministère de l’Agriculture

,SOCIALE Office National de Recherches et Développement de l’Elevage (ONARDEL)

S S Ministère de l’Elevage Société Nationale pour le Développement Rural (SONADER)

Partenaires en formation et développement des capacités « Je m’engage » - ONG Partenaires institutionnels et/ou gouvernementaux (gestion des frontières) Bureau International du Travail (BIT) Bureau central de recherche (BCR) de la gendarmerie

Caritas

ÉCONOMIQUE

S Centre Iqra de formation technique et professionnelle. PSYCHOSOCIALE Direction de la surveillance du territoire (DST) Centre Supérieur Enseignement Technique (CSET) Direction en charge des frontières auprès du Ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation (MIDEC) Centres de Formation Professionnel (CFPP) Diaspora-RIM Direction générale de la sécurité nationale (DGSN) INOV RIM - ONG

STRUCTURE La Maison Familiale Rurale - ONG Lycées de Formation Technique et Professionnelle (LFTP) Lycées de Formation Technique et Professionnelle (LFTP) Intégration sociale et psychosociale NAHDA - ONG

Association Mauritanienne pour la Promotion de la Famille (AMPF) Partenaires financiers et investisseurs sociaux Labellisation durable et standards éthiques, sociétaux et environnementaux AgenceCroix Rouge de Promotion des Caisses d'Epargne et de Crédit (PROCAPEC)

Banque Islamique de Mauritanie Alimenterre – Développement agro-alimentaire durable et équitable SOS Exclus Art et Vie Cameroun – boutique de commerce équitable Banque Mauritanienne de l'Investissement Ecocert – Organisme de Contrôle et de Certification pour l’Agriculture Biologique ; Banque Populaire de Mauritanie Fairtrade Foundation et Max Havelaar, ETHIQUABLE – Labels éthiques et environnementaux QUALITÉ Société Générale Mauritanie GRET – Développement solidaire

FINANCEMENT& Nitidae – Commerce International et Développement durable Union Nationale des Caisses Agricoles de Crédit et d'Epargne de Mauritanie (UNCACEM) WOUOL – ‘Entraide’ commerce équitable

Partenaires recherche Partenaires médias

Centre de Coopération International en Recherche agronomique pour le Développement (CIRAD) Agence Mauritanienne d'Information (AMI) Fondation des Média pour l'Afrique de l'Ouest

Centre Mauritanien d’Analyse et de Politiques (CMAP) Maurinews INNOVATION

RECHERCHE& Television de Mauritanie (TVM) Institut Mauritanien de recherche scientifique (IMRS)

Institut Mauritanien de Formation, d'Etudes et de Recherche pour le Développement (IMFERD)

49

Tableau 32. Partenariats possibles (par chaîne de valeur ou filière et communauté)

Filière Gomme Secteur lait Secteur Sardinelle Filière Déchets Secteur BTP Arabique Nouakchott Bogué Toutes (sauf Nouakchott Autres Nouakchott Toutes les communautés Nouakchott) Sélibaby communautés

• El Watanya • BIT • AFD • Agence de • (AVN) • Enda Energie • ECODEV • Banque Mondiale Développeme • Association la Voûte • Ecodev • Union nationale et le Fonds pour nt Urbain Nubienne • Fédération des Caisses l'environnement • Banque • Association Nationale des d’épargne et de mondial (FEM) Mondiale mauritanienne Acteurs de Lait crédit Djikké – • Ministère • Cellule de Banlieues du Monde en Mauritanie Mutuelle Mauritanien de suivi et de (BDM) (FNALM) (UNCECD-M), l’Environnement contrôle • Association pour le • Ministère de • Agence et du (ADU) Développement d’une l’Elevage Nationale développement • Centre de Architecture et d’un • Organisation d’Emploi des durable Traitement Urbanisme Africains pour le Jeunes • Programme Sahel Technique/GI (ADAUA) Développement (ANAPEJ), et Afrique de E zazou • Bureau International des Zones • Office national l’Ouest (SAWAP) • Communauté du Travail (BIT) Arides et Semi- de l’inspection urbaine de • Groupe de Recherche Arides sanitaire des Nouakchott et d’Échanges (ODZASAM) produits (CUN) Technologiques • programme alimentaires • ECODEV (GRET) PROGRÈS-Lait (ONISPA) • Gret • Groupe de Recherche • Projet de • Fédération • Hydroconseil et de Réalisations Développement nationale de la • Pizorno pour le des Filières pêche artisanale • SWEEP-Net Développement Rural Inclusives (FNPA) (GRDR) (PRODEFI) • Institut • ISKAN - SOCOGIM - • Société Laitière mauritanien de Société de de Mauritanie recherches Construction et de (Tivisky) océanographiqu Gestion Immobilière • Société Laitière es et de pêches de la Mauritanie de Mauritanie, (IMROP) • Programme Mondial TOPLAIT d’Effi cacité • Société Énergétique dans le Mauritanienne Bâtiment (PEEB) des Industries • SAMIA Société Arabe Laitières des Industries • Société Métallurgiques Mauritanienne • SNIM Société des Produits Nationale Industrielle Laitiers (SMPL) et Minière de Mauritanie

50

7. COMMUNICATION POUR LE DEVELOPPEMENT

Synthèse des résultats

• Les sources d’information principales de jeunes sondés sont la famille, les amis, la télévision, la radio et les réseaux sociaux • D’autres facteurs que la motivation économique doivent être pris en compte dans la compréhension des aspirations à la migration. Un champ plus large d’individus est aussi à prendre en compte, au-delà des aspirants à la migration (notamment leur entourages immédiats). Il en va de même pour la sensibilisation aux défis liés à la réintégration. • Dans l’optique d’une campagne C4D, cela signifie : - Ne pas se focaliser sur la dissémination de messages concernant les risques de la migration liés à la migration irrégulière, mais sur l’ensemble des opportunités socio-économiques dans la communauté qui permettent d’améliorer la qualité de vie - Ne pas viser uniquement le potentiel migrant ou migrant de retour, mais l’ensemble des acteurs contribuant au développement d’opportunités socio-économiques • Interrogés sur le degré d’honnêteté des acteurs locaux, les sondés ont exprimé un fort degré de scepticisme envers les institutions étatiques (autorités locales, police et juges) mais font confiance aux chefs traditionnels. • Sans surprise, le cercle proche des sondés recueille le plus haut degré de confiance exprimé, bien que dans une moindre mesure pour les migrants de retour, notamment concernant la famille.

Une stratégie de communication pour le développement repose en premier lieu sur une analyse du contexte et doit répondre à cinq questions de base, comme le suggèrent Bauer et Jenatsch (2016) :

• Quels sont les changements que nous voulons engendrer/auxquels nous voulons contribuer ? • À qui nous adressons-nous ? Quels sont les publics ciblés ? • Grâce à quels messages ? • Quels sont les canaux et les outils les plus efficaces ? • Comment mesurons-nous le succès ?35

L’OIM Mauritanie a des objectifs qui diffèrent des bureaux régionaux d’autres pays au niveau de la communication pour le développement et de la sensibilisation : « Pour nous, c’est moins pertinent de parler des dangers parce que les départs irréguliers sont plutôt rares. […] On veut plutôt se concentrer sur le vivre- ensemble, l’interculturalité, et les risques lies la migration irrégulière en collaboration avec les communautés hôtes y compris dans le domaine de la gestion des frontières et les migrants sur le sol mauritanien On prévoit des caravanes, des concerts, sketchs.»36

Ainsi, l’analyse fournie dans cette section se concentre sur les sources d’information, plutôt que sur les messages ciblés sur la migration irrégulière.

35 Bauer, R. et Jenatsch, T. (2016). « Communication pour le développement. Un guide pratique », Confédération Suisse, Direction du Développement et de la Coopération (DDC). 36 Réunion de lancement, OIM Mauritanie. 51

Analyse contextuelle

Cette section entend présenter les éléments contextuels les plus importants pour encadrer la stratégie C4D d’IOM en Mauritanie.

Confiance accordée aux acteurs

Les données liées aux médias sont particulièrement importantes dans la mise en place de programmes C4D. Les enseignements suivants en ressortent :

• Seuls 29% des jeunes sondés disent connaitre les options légales pour migrer (21% pour les femmes) : les messages sur les voies légales doivent donc être communiquées dans tout type d’activité C4D • Les sondés déclarent que leurs sources d’information sur l’étranger proviennent de la TV (40%), de la famille (38%), puis des amis (29%).

Tableau 33. Sources d’information sur l’étranger, par communauté

Nouak Bagodine Bogué M’bagne Niabina chott Sélibaby Moyenne Connaissance des alternatives légales de la migration 26% 22% 19% 20% 36% 35% 29%

Famille à l’étranger 71% 60% 73% 51% 81% 63% 68%

Sources d’information sur l’étranger :

TV 27% 39% 35% 40% 41% 48% 40%

Famille 46% 20% 48% 29% 41% 41% 38%

TV 21% 24% 21% 25% 34% 36% 29%

Amis 32% 19% 27% 30% 26% 23% 26%

Viber 16% 36% 15% 21% 32% 24% 25%

Facebook 19% 11% 13% 12% 21% 22% 17%

Radio 13% 11% 14% 12% 9% 13% 12%

Aucun 27% 39% 35% 40% 41% 48% 40%

Si l’on se réfère à l’approche de l’écosystème exposée au début de notre étude, l’examen de ces résultats met en lumière une confiance établue envers le microsystème (foyer, famille, amis, pairs) et le mésosystème opposée à une défiance envers les parties prenantes de l’exosystème (gouvernement, Nations Unies).

• La famille reste l’interlocuteur principal pour les 15-34 ans interrogés. • Seuls 32% des sondés pensent que les gouvernements locaux sont honnêtes. Les résultats sont plus positif à Korhogo (56%). Les sondés ont tendance à faire confiance aux enseignants (46%), et à faire davantage confiance à l’ONU (32%) qu’aux ONGs (29%).

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Tableau 34. Confiance accordée aux acteurs et confiance dans la source d'information, par communauté

Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakchott Sélibaby Moyenne Niveau d’Honnêteté Leader du village/communauté 69% 56% 59% 72% 59% 77% 66% Enseignants 56% 39% 51% 39% 53% 63% 52% Docteurs and infirmières 45% 37% 51% 52% 56% 56% 51% ONGs 19% 43% 31% 48% 51% 54% 44% ONU 17% 29% 19% 32% 53% 53% 38% Gouvernement local 33% 29% 28% 44% 20% 42% 32% Police 36% 28% 43% 25% 21% 23% 28% Juges 22% 15% 28% 25% 30% 25% 25% Confiance dans la source d'information Famille 94% 88% 91% 87% 89% 97% 92% Amis 53% 38% 63% 45% 58% 90% 61% Leader religieux 18% 13% 25% 9% 14% 37% 20% Médias 16% 12% 8% 7% 22% 35% 19% Gouvernement local 19% 8% 15% 11% 18% 34% 19% ONGs 16% 12% 8% 7% 22% 35% 19% ONU 6% 5% 5% 8% 12% 25% 12% Société civile 6% 2% 6% 5% 9% 18% 9% Gouvernement 6% 1% 2% 1% 5% 15% 6% Organisation reposant sur la communauté 6% 3% 7% 7% 6% 9% 6%

Il est donc nécessaire pour l’OIM de mettre en place des projets C4D en collaboration avec les membres du microsystèmes (familles) et du mésosystème (leaders communautaires et religieux) dans une moindre mesure afin de favoriser la confiance des populations locales dans l’ONU et dans les ONG locales.

La famille est également un agent d’influence majeur dans les prises de décision. Si 22% du total des migrants de retour déclarent avoir pris la décision de partir seuls, la majorité d’entre eux disent que la famille a joué un rôle dans leur départ. Les amis jouent également un rôle (confirmé durant les discussions de groupe) mais les autres membres de la communauté semblent peu consultés à ce sujet. Les chefs traditionnels ou communautaires n’ont pas été spécifiquement mentionnés par les répondants.

Tableau 35. Qui vous a aidé(e) à prendre la décision de migrer ? (Migrants de retour, n=99)

Femme Homme Total Des membres de ma famille 63% 55% 59% Personne 26% 20% 22% Des amis 2% 20% 12% Une organisation communautaire 0% 1% 1% Des représentants de la communauté 0% 1% 1% Un employeur 0% 1% 1% Un collègue 0% 0% 0%

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Utilisation des réseaux sociaux

L’analyse de l’utilisation des moyens de communication et de l’accès aux réseaux sociaux montre que les smartphones sont une plateforme d’information et de communication voire de socialisation pour les individus sondés. Au-delà de ces résultats, certaines distinctions sont à relever :

• Si 60% des personnes interrogées disent posséder un smartphone, ce pourcentage est moins important à Niabina (35% soit -25 points). • Les hommes et les femmes présentent la même probabilité de posséder un smartphone.

Tableau 36. Possession d'un smartphone, par communauté

Bagodine Bogue M’bagne Niabina Nouakchott Selibaby Moyenne Possèdent un smartphone 56.48% 49.04% 74.77% 34.95% 70.78% 59.16% 59.62%

Utilisent les réseaux sociaux 46.30% 57.69% 71.96% 37.86% 77.63% 64.40% 62.38%

Une analyse des réseaux sociaux les plus utilisés parmi les sondés montre que deux médias dominent largement la sphère des réseaux sociaux : il s’agit de Facebook et de Whatsapp.

Enfin, si l’on prête attention aux usages thématiques plus spécifiques, les 94% 75% sondés de l’étude confirment utiliser les réseaux sociaux pour se renseigner sur les possibilités d’intégration locale (35% en moyenne) et sur les possibilités de migration (30%). Graphique 14. Utilisation des réseaux sociaux par les sondés

Graphique 15. Usages thématiques des médias sociaux : intégration et migration, par communauté

60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Bagodine Bogué M’bagne Niabina Nouakchott Sélibaby Grand Total

Opportunités pour la migration Opportunités d'emploi

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Exprimer des messages simples

Les partenaires impliqués ont tendance à interpréter le message de l’OIM de façon erronée, comme illustré par cette citation du wali de Sélibaby : « L’OIM a déjà mis en place une antenne pour étudier la zone pour éradiquer ce fléau [la migration] et pour que la migration diminue en créant des opportunités d’emploi pour les jeunes » (Wali, Mauritanie) – ce qui suggère le besoin de lier les discussions liées au retour aux discussions sur les liens entre migration et développement, afin d’éviter la dissémination d’un langage anti-migratoire.

Il est donc nécessaire de développer des messages simples, à disséminer avec les autorités locales de Sélibaby et Nouakchott dans un premier temps – en profitant de la présence de bureaux OIM.

Stratégie de C4D

Il est recommandé à IOM d’adopter un plan stratégique de communication pour le développement qui soit adapté aux ressources comme aux objectifs de l’organisation – en prenant notamment en compte la nécessité d’un engagement opérationnel et financier pluriannuel. Seules une batterie coordonnée d’instruments différents – avec des supports, des audiences et des calendriers différents – peut permettre d’atteindre des résultats durables, comme le rappellent Bauer et Jenatsch (2016) : ‘Il importe de rappeler qu’une activité isolée de C4D a généralement peu d’impact. La réussite d’une campagne de C4D dépend de la combinaison judicieuse de différents outils destinés à différents publics. Elle nécessite aussi du temps : les campagnes générant un réel impact s’inscrivent généralement dans le long terme.’ Les mêmes auteurs considèrent quatre déterminants pour construire une stratégie effective :

Tableau 37. Déterminants clés d’une stratégie C4D (adapté de Bauer et Jenatsch, 2016)

Objectifs Mobiliser, sensibiliser, débattre ou autonomiser ? Audience(s) Niveau d’éducation, sources d’information privilégiées Environnement social Médias à disposition, contexte culturel Ressources disponibles Budget pluriannuel, ressources culturelles locales

Dans les annexes 6 et 7 du présent rapport, nous incluons des ressources pour le développement d'un programme de pays C4D. En particulier, les avantages et les inconvénients d'un certain nombre d'outils possibles sont discutés. Ceux-ci sont divisés en trois groupes : (i) communication interpersonnelle, (ii) presse écrite et audiovisuels traditionnels, (iii) nouvelles technologies et les réseaux sociaux. La stratégie de C4D de l’OIM doit prendre en compte certaines spécificités dans la dynamique migratoire locale et les agents d’influence identifiés. Ces recommandations sur la stratégie C4D spécifique à l’IOM Mauritanie se trouvent également dans l’annexe 7.

À un niveau plus général, en termes de contenu de base d'une stratégie C4D pour la Mauritanie, ceux-ci devraient être basés sur une large réflexion sur les fondements sociaux de la migration dans le pays et sur une vision claire. Un thème récurrent dans le discours sur l'origine et la diffusion de la migration (et en particulier dans ses formes les plus dangereuses) est l'individualisme croissant des jeunes. Les sondés sont optimistes quant à l'avenir et croient généralement qu'ils auront de meilleures conditions de vie que celles de leurs parents. Cependant, des preuves qualitatives suggèrent que cette vision positive de l'avenir repose en grande partie sur un sentiment de confiance sur ses propres capacités individuelles plutôt que sur l'espoir que l'économie et la société locales peuvent être améliorées par une action collective. Dans cette perspective, le désir de migrer et l'idée que la migration permet de s’élever socialement est à la base de cet optimisme.

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Dans ce contexte, les activités de C4D doivent aller au-delà des messages spécifiques à la migration afin de résoudre les problèmes d'intégration économique et sociale fondamentaux des jeunes. En particulier, ces activités doivent viser à promouvoir le dialogue entre générations plus jeunes et plus âgées, en particulier en vue d'aborder l'exclusion perçue des jeunes membres de la communauté des processus décisionnels. Comme souligné précédemment, ces activités doivent être mises en œuvre au niveau familial et communautaire, afin d’impliquer des acteurs dans lesquels les jeunes ont confiance.

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8. RECOMMANDATIONS POUR L’IOM - MAURITANIE

Etapes de la réintégration et évaluation

Cette section présente les approches et activités recommandées à l’OIM Mauritanie dans les trois dimensions de la réintégration – économique, sociale et psychosociale. Afin d’assurer une réintégration durable, les mécanismes de réintégration doivent être envisagés à court et long terme. Ces recommandations s’inscrivent dans la perspective d’une augmentation du nombre de retours. L’approche exclusivement individuelle est recommandé dans le cas où peu de retours ont lieu.

• Court-terme / phase de réinsertion. Le soutien reçu immédiatement après le retour permet d’identifier les cas de vulnérabilités économiques, sociales et psychosociales – que ce soient des cas d’insécurité alimentaire, de rejet familial violent, d’une grossesse, d’une maladie, ou d’un traumatisme. Atténuer ces vulnérabilités est crucial afin de poser les bases d’une réintégration réussie. • Long-terme / phase de réintégration. Le processus de réintégration dans la communauté peut mener à des chocs additionnels, que ce soit dans les cas où les migrants de retour sont rejetés par leurs familles et perçus négativement dans leurs communautés d’origine ou d’accueil, où dans les cas où le projet de réintégration n’apporte pas les revenus escomptés.

Le suivi individuel et communautaire et l’évaluation du processus de réintégrations est une étape complexe pour l’OIM. Elle est pourtant nécessaire afin de pouvoir intervenir pour s’assurer que les vulnérabilités soient combattues. Le suivi se déroule en deux étapes:

• Le suivi sur six mois. À l’arrivée des migrants de retour, une carte SIM doit être fournie afin de pouvoir effectuer des appels téléphoniques tous les 2 mois et pour évaluer le progrès du bénéficiaire sur son projet et sur les indicateurs de suivi individuel.37 • La fin du processus de réintégration. Après 6 mois, les agents de l’OIM doivent organiser un appel pour discuter des résultats de la réintégration du migrant de retour. La durée de suivi peut être augmentée si des problèmes de protection sont identifiés. Les expériences doivent être collectées par écrit et gérées par une personne dédiée à cette tâche afin de favoriser l’apprentissage institutionnel. Il s’agit alors simplement de capturer les résultats positifs et négatifs de la programmation et d’adapter les programmes futurs.

RECOMMANDATION CLÉS POUR L’OIM – MAURITANIE

1. Favoriser le développement de l’industrie agricole en privilégiant productivité et transformation en zones agricoles à travers (i) le développement de l’industrie agricole dans les différentes communautés (Niabina, Bogué, Bagodine, Djadjibina) (ii) une approche entrepreneuriale, basée sur un socle de formation solide et (iii) une approche placement vers les projets de jeunes (entrepreneuriaux et emplois formels) et le secteur privé, basée sur la coordination avec les partenaires clés et le partage de l’information. Le développement des secteurs mentionnés dans le tableau 32 (gestion et recyclage des déchets, BTP, gomme arabique, lait, sardinelle) sont à soutenir par l’OIM par un soutien technique ou financier, par le l’établissement de coordinations entre acteurs et de coopératives, par une inclusion des communautés locales dans le programme destiné aux migrants de retour (et ARVR en particulier).

37 Voir l’AVRR Global Monitoring Tool 57

2. Généraliser une approche entrepreneuriale centrée sur des initiatives à petite échelle, basées sur les besoins de la communauté / du marché et générées par des entrepreneurs locaux (migrants assistés au retour et non-migrants), bénéficiant d'une formation technique et d'un soutien en nature de l'OIM et d'autres partenaires. L'impact sur la communauté peut être multiple : économique, social, environnemental, ; mais également un impact positif sur la perception des migrants de retour par le reste de la communauté. Pour développer un vivier entrepreneurial à l’échelon communautaire (particulièrement en zones rurale ou périurbaine) pour l’OIM : un accent tout particulier doit être mis sur le suivi technique et financier. Dans les cas où le bureau de l’OIM dans le pays d’accueil ou de transit n’a pas les ressources nécessaires pour préparer les migrants en amont, il est nécessaire que l’OIM Mauritanie organise des réunions d’information et des séances individuelles pour que les migrants assistés puissent préparer leur réintégration. A noter, ces sessions peuvent également servir à identifier les migrants de retour avec des vulnérabilités particulières et qui nécessitent une orientation vers des partenaires (par exemple, psychosociaux). Ces formations doivent inclure un apprentissage sur les standards dans les secteurs porteurs afin d’aider les migrants de retour à contribuer au développement social, économique et environnemental des pays d’origine à travers la pré-formation. Cela fournirait une valeur ajoutée aux bénéficiaires et faciliterait leur réintégration au marché du travail en privilégiant la qualité, l’éthique, et le long-terme. Ces standards incluent : • Agribusiness : Présenter l’éventail des métiers pour encourager les jeunes à s’investir dans l’agribusiness et présenter les standards de l’industrie de type « label de qualité » (Max Havelaar) ou agriculture biologique afin d’aider les migrants de retour à être des agents du changement dans leurs pays d’origine. • BTPs : Présenter les standards de construction durable et écologique. • Gestion des déchets et recyclage : Sensibiliser au potentiel économique comme aux dividendes sociaux et environnementaux, ce qu’un programme comme le “Sustainable Recycling Industries” (SRI) ou le MIT (D-Lab) ont mis en place avec succès dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne (Ghana, Nigeria ou Ouganda).

Les formations longues sont indiquées pour les migrants de retour qui font preuve d’une grande motivation et qui ont au moins le bac. L’OIM peut aider les migrants assistés lors de la phase de candidature, ou se mettre en l’OIM contact avec les centres de formation afin de créer un partenariat.

3. En zones urbaines, s’appuyer sur les placements en entreprises et les initiatives gouvernementales et adopter une approche « placement » dans le cadre d’un système d’orientation. L’OIM peut orienter les migrants de retour vers des projets existants et dédiés à la jeunesse. Cela nécessite les étapes suivantes : • Connaitre les opportunités dans les centres urbains (fichier à maintenir à jour, par un chargé de projet à l’OIM) et les présenter systématiquement aux migrants de retour. • Identifier les profils qui intéressent les porteurs de projets et négocier des quotas. • Inviter les porteurs de projets à la commission intergouvernementale sur le retour – commission qui devrait être ouverte aux ONGs et organisations internationales en plus des entités gouvernementales (approuvé lors de l’atelier de validation).

Partenariat avec les organisations locales pour former à l’entrepreneuriat : Le Centre Mauritanien d'Analyse des Politiques (CMAP) a initié en 2015 un programme avec le gouvernement mauritanien pour explorer les possibilités d'emploi dans le secteur agro-industriel. L'étude de l’agro-industrie produite par le CMAP a

58 montré de réelles possibilités pour les jeunes mauritaniens d’établir des agro-entreprises innovantes dans le pays. En collaboration avec l'Institut Supérieur d'Enseignement Technique (ISET), l'Institut Universitaire Professionnel (IUP) a par ailleurs signé un accord avec le projet en vue de mettre en place le programme du Diplôme de Maîtrise en emploi des jeunes et entrepreneuriat. Ces deux initiatives – coordonnées – montrent une prise de conscience à l’échelle nationale des enjeux de l’entrepreneuriat pour les jeunes, quel que soit leur niveau de qualification. Cette mise en œuvre requerra des formations et des suivis individualisés – en fonction des parcours – et l’OIM peut bénéficier de partenariats avec le CMAP, ISET ou IUP pour y parvenir.

4. Sur le long-terme - établir des points d'accueil dans la communauté (à travers une plateforme de recensement des migrants de retour dans la communauté et de leurs besoins, avec un case-manager OIM spécifique attaché à l’intégration de chaque migrant) pour informer les migrants de retour de leurs droits, donner des conseils sur les possibilités d'emploi et les orienter vers les services publics pertinents. Il faut également assurer la liaison avec les institutions publiques compétentes et renforcer leur capacité à fournir des services efficaces tels que des formations à l'entrepreneuriat, du coaching, des services de placement, etc. Il est par ailleurs important de fluidifier les processus d’intégration à l’arrivée pour réduire les temps d'attente et développer un système unifié d'information et de suivi pour les migrants de retour. Les partenaires potentiels pour cette activité sont détaillés par communauté dans le tableau des recommandations communautaires.

5. Renforcer les capacités de réintégration sociale et psychosociale afin de renforcer la prise en charge et l’assistance psychosociale des migrants de retour. OIM-Mauritanie pourra s’attacher à évaluer les besoins des migrants de retour identifiés dans chaque communauté cible ; former les acteurs locaux (associations, ONG, formations confessionnelles, services municipaux) dans la prise en charge des traumas (agressions sexuelles et viols, maltraitances et violences physiques, psychologiques); et désigner et former des structures de médiation avec les familles.

6. Contribuer à l’amélioration des systèmes de coordination entre acteurs efficaces. la cartographie (Graphique 11) a mis en lumière le besoin de mieux comprendre et communiquer concernant les rôles spécifiques que les parties prenantes peuvent jouer sous le fonds fiduciaire de l’UE au Mauritanie : • Conception d'un plan de partenariat stratégique avec les acteurs pertinents ; • Identification des parties impliquées dans la mise en œuvre aussi bien que des nouveaux partenaires opérationnels et des entités de recherche et d'information ; • Évaluation des forces et des faiblesses comparatives des acteurs les plus opérationnels sur le plan de la réintégration des migrants de retour.

7. Contribuer au renforcement des capacités techniques et institutionnelles des parties prenantes Mauritaniennes à l’échelon local comme à l’échelle nationale. Une approche cohésive qui vise à développer les capacités individuelles et communautaires à deux niveaux (institutionnel et professionnel / technique). Ces deux types de soutien – par le biais de formations techniques et professionnelles – doivent être mis en place dans l’ensemble des communautés de l’étude. Chaque communauté étudiée reste structurellement handicapée par la faiblesse de l’encadrement institutionnel sur les questions de migration, de protection ou de droit plus généralement. A l’échelon national ou provincial, il est tout aussi important d’offrir un appui technique aux acteurs gouvernementaux et aux partenaires de la société civile sur des questions essentielles de protection, et de droit des migrants (en incluant les migrants de retour).

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8. Soutenir les coopératives : Les coopératives est le groupe le plus commun parmi les jeunes en Mauritanie (34% des sondés). A Djadjibina, la coopérative est considérée comme la source d’aide principale : « Dans le village, il y a 2 coopératives actives qui travaillent dans le domaine de jardinage. L’ECODEV est une ONG qui a une fois fait pour la coopérative Djida un forage avec son panneau solaire. C’est la seul ONG qui a soutenu. Nous n’avons jamais collaboré avec les ONG ni le gouvernement et pourtant nous avons déposé partout pour avoir des aides ». (Discussion de Groupe, Djadjibina). A Sélibaby, le GRDR travaille avec le Collectif des Unions de Coopératives au Guidimakha et l'Union des Coopératives Féminines. Bien que les migrants assistés au retour soient principalement des hommes, les coopératives sont un modèle à dupliquer dans la mise en place de projets collectifs. Le soutien peut se faire à travers : o Recensement des coopératives sur pied dans chaque communauté cible, intégrant la participation des migrants de retour mais aussi des femmes ; o Participation à la planification stratégique des coopératives : équipements, mise en relation avec des exportateurs, plans de financement, élaboration de mécanismes de suivi-évaluation des objectifs de la coopérative, etc. o Renforcement des capacités : proposer aux gestionnaires des coopératives des offres de formation en management, agronomie, agriculture durable, études de marché, offres de subventions ; o Valoriser et soutenir des mécanismes de sécurisation socio-économique du travail saisonnier ou intérimaire ; o Valoriser des exemples de réussite en agrobusiness pour inciter les jeunes à se tourner vers ce secteur

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RECOMMANDATIONS SPÉCIFIQUES POUR LES COMMUNAUTÉS DE L’ÉTUDE

Le tableau suivant fournit un résumé des profils communautaires et des interventions prioritaires présentés dans le rapport cartographique de l’étude. Les profils détaillant les principales forces et faiblesses des communautés de l’étude sont fournis à la suite de ce tableau récapitulatif.

Communauté Défis Profil migratoire Interventions prioritaires et partenaires locaux possibles Manque de Une économie PRIORITES ECONOMIQUES capital financier qui repose • Renforcement des coopératives (ex. Dental dans l’agriculture notamment sur rewbé Bagodine, Dekhla El Jedide) à Fragilité des les contributions travers un état des lieux pour identifier les infrastructures de la diaspora, forces et les faiblesses des groupements Absence des migrants de déjà existants, l’identification les d’industries retour et des opportunités locales, le client potentiel et migrants évaluer la qualité et l’intérêt des produits agricoles (renforcement des capacités des membres du groupement dans l’analyse de marché) et le renforcement dans les techniques de production et de transformation agricole BAGODINE PRIORITES SOCIALES ET PSYCHOSOCIALES • Sensibiliser les associations communautaires aux thématiques de la migration et développement – cette activité peut inclure : les Associations communautaires (Association des Femmes de Bagodine , Ndougou Ala Gonio, Association Culturelle et Sportive de Bagodine), les Groupes diasporiques (Association des Ressortissants de Bagodine en Europe, Bagodine Yakaré) et le Lycée de Bagodine

Manque de soutien Situation PRIORITES ECONOMIQUES pour les transfrontalière • Soutien aux micro-entreprises à travers entrepreneurs l’identification des besoins d’appui Mauvais état des (formalisation des idées de projet ou de infrastructures développement de l’entreprise, appui pour Sécheresse la recherche de financement, renforcement des capacités techniques). Les structures gouvernementales (notamment l’ANAPEJ) doivent être impliquées dans une BOGHE perspective de renforcement des capacités long-terme. • Orientation vers les formations agricoles (Centre de formation des producteurs ruraux)

PRIORITES SOCIALES ET PSYCHOSOCIALES • Des programmes de Communication pour le Développement sont indiqués pour

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Communauté Défis Profil migratoire Interventions prioritaires et partenaires locaux possibles Bogué sur les problématiques « Migration et Développement », au-delà de la question du retour seule (Association Mouvement des jeunes solidaires (MJS) Association Mouvement des jeunes, Regroupement des Jeunes de Bogué)

Diminution des Situation PRIORITES ECONOMIQUES opportunités dans le transfrontalière • Relance du centre de formation agricole domaine de la pêche (GRDR, GRET, Ministère de l’Emploi de la depuis la construction Formation Professionnelle et des du barrage Technologie de l’Information et de la Communication (MEFPTIC))

PRIORITES SOCIALES ET PSYCHOSOCIALES • Sensibiliser les associations aux M’BAGNE thématiques de la migration et la réintegration à travers une formation sur les tendances migratoires, les dangers de la migration illégale, des noms de programmes et d'acteurs pouvant soutenir les jeunes; afin qu'ils puissent ensuite diffuser les informations auprès des membres de l’association

Mauvais état des Grand nombre de PRIORITES ECONOMIQUES infrastructures retours • Favoriser l’entrepreneuriat social pour Accès aux services de spontanés améliorer les infrastructures (Association base limité pour le Développement de Niabina (ADN)) NIABINA Tensions entre jeunes et représentants de PRIORITES SOCIALES ET PSYCHOSOCIALES l’ordre • N/A

Des micro-entreprises Zone de retour, PRIORITES ECONOMIQUES en manque de destination • Orienter les migrants vers les structures et soutien technique et principale pour projets existants (présentés dans les parties financier de la part les migrations II et IV) des ONGs et des internes et • Renforcer la coopération avec les acteurs autorités secondaires du secteur privé en accompagnant les jeunes dans la recherche d’emploi et une fois l’emploi obtenu, proposer à l’entreprise de compléter le salaire et la formation du migrant de retour; et en NOUAKCHOTT organisant une rencontre avec le l'Union National du Patronat de Mauritanie (UNPM) par le biais de l’ANAPEJ (Partenaires potentiels: ANAPEJ, GRDR)

PRIORITES SOCIALES ET PSYCHOSOCIALES • Sur le long-terme, l’OIM pourrait envisager la mise en place d’ateliers sur la problématique « Migration et Développement », à partir d’un comité en charge des projets communautaires d’un

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Communauté Défis Profil migratoire Interventions prioritaires et partenaires locaux possibles projet mis en place dans le cadre du Fonds Fiduciaire.

Faiblesse de l’accès Zone PRIORITES ECONOMIQUES aux services transfrontalière • Soutien aux micro-entreprises à travers l’identification des besoins d’appui (formalisation des idées de projet ou de développement de l’entreprise, appui pour la recherche de financement, renforcement des capacités techniques). Les structures gouvernementales (notamment l’ANAPEJ) SELIBABY doivent être impliquées dans une perspective de renforcement des capacités long-terme.

PRIORITES SOCIALES ET PSYCHOSOCIALES • Développer les cadres de concertation au niveau local en profitant de la presence du bureau de l’OIM

Image 2 : Discussion de groupe avec des jeunes à Bogué

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Bagodine Population : Type : Langues principales : Département de M'Bagne 11 263 (2013) Commune Pular (96%), Français (56%), Hassanya Région de Brakna (35%), Wolof (30%)

Bagodine est une commune du sud-ouest de la Mauritanie, proche de la frontière avec le Sénégal. L’économie de Bagodine repose essentiellement sur l’agriculture (notamment riziculture) et l’élevage, ainsi que le commerce transfrontalier. Les principaux défis de Bagodine sont: le manque d’accès aux capitaux financiers dans l’agriculture, la fragilité des infrastructures et l’absence d’industries CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DE LA COMMUNAUTÉ

Une économie qui repose notamment sur les contributions de la diaspora, des migrants de retour et Une cohésion sociale jugée des migrants satisfaisante par les personnes De nombreuses personnes interrogées reconnaissent la contribution des migrants de retour (comme interrogées... illustré par la citation), mais également des migrants, qui possèdent des compétences particulières, ... néanmoins des tensions comme le seul menuisier métallique de la commune, qui est originaire du Sénégal. persistent, comme illustré par la citation dessous.

« Pour ce qui est de la discrimination personne n’est exclu, d’ailleurs ce « Les migrations ici sont fréquentes, nous avons ceux qui viennent du Sénégal, ceux qui quittent la sont les anciens esclaves qui profitent localité pour les régions urbaines de la Mauritanie ou pour les pays d’Europe ou les Etats Unis. Il y a des autres. Par exemple, durant les aussi ceux qui étaient partis et qui sont de retour. En général ceux-là, reviennent de l’Occident et de cérémonies ce sont eux qui égorgent l’Afrique centrale. Parmi eux, il y a ceux qui ont réussi et ceux qui sont rentrés sans aucun sou. Certains les bétails, gardent l’argent alors que ont pu s’en sortir, ils sont aujourd’hui riches et construisent des maisons, vont et reviennent à leur personne aujourd’hui ne travaille guise entre ici et l’Occident. » pour son ancien maitre. Je dirais qu’ils Discussion de groupe, Bagodine aiment la facilité » Maire, Bagodine

PROFIL SOCIO-ÉCONOMIQUE

% des sondés avec % des sondés qui sont % des sondés qui ont UN EMPLOI REMUNERE ou INTERESSES DE MONTER LEUR DU REDUIRE LEUR CONSOMMATION DE UNE ACTIVITE GENERATRICE DE PROPRE ENTREPRISE NOURRITURE A CAUSE D’UN MANQUE DE REVENUE Moyenne de Moyenne de MOYENS l’échantillon : Moyenne de l’échantillon : 79% l’échantillon : 32% 33% 74% 52% 42%

DOMAINES D’ACTIVITE CLES: RAISONS PRINCIPALES DE NE PAS % des sondés qui ont 1. Autres (24%) AVOIR MONTE UN BUSINESS: QUITTE L’ECOLE AVANT LA 2. Construction (21%) 1. Manque de capital (95%) FIN Moyenne de 3. Commerce de détails 2. Manque de compétences l’échantillon : (9%) (12%) 40% 45%

SATISFACTION POUR L’ACCES AUX SERVICES % de sondés qui % des sondés PEUVENT EMPRUNTER DE L’ARGENT Bagodine Moyenne QUI ONT UN GROUPE Moyenne de D’AMIS Moyenne de Logement décent -25 45% l’échantillon : 50% l’échantillon : Sécurité -10 71% 46% 95% 93% Education -17 36% % de sondés qui ont % de sondés qui Justice -1 20% LE BAC OU AU-DESSUS ONT UN RESEAU SUR LEQUEL S’APPUYER Soins de santé -8 30% Moyenne de l’échantillon : Moyenne de Eau potable 0 47% 49% l’échantillon : 41% 48% 51%

% des sondés % des sondés qui ont % de sondés qui EN RECHERCHE D’EMPLOI ONT SOUFFERT D’UNE VEULENT ACCEDER A Moyenne de MALADIE OU ACCIDENT DES SERVICES l’échantillon : L’ANNEE DERNIERE PSYCHOLOGIQUES 24% Moyenne de Moyenne de 27% l’échantillon l’échantillon : 68% 65% 38% 35% PROFIL MIGRATOIRE

% de sondés RAISONS PRINCIPALES D’ETRE PARTI DE RAISONS PRINCIPALES DE VOULOIR NES DANS UNE AUTRE LA COMMUNAUTE PARTIR COMMUNAUTE 1. Réunification avec la famille (76%) 1. Recherche d’emploi (70%) Moyenne de 2. Meilleures perspectives à l’échantillon : 2. Opportunités économiques (6%) 3. Opportunités pour l’éducation l’étranger (32%) 16% 28% (6%) 3. Education (13%)

% de sondés DESIR DE QUITTER LA COMMUNAUTE QUI RECOIVENT DES TRANSFERTS DE FONDS 80% DE L’ETRANGER Moyenne de 60% l’échantillon : 15% 17% 40%

% de sondés qui ont 20% DE LA FAMILLE OU DES AMIS A L’ETRANGER Moyenne de 0% 71% l’échantillon : Bagodine Moyenne 68% Ne sait pas Veut rester Veut partir

RÉINTEGRATION DURABLE: CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS

% de DIMENSION ECONOMIQUE MIGRANT DE RETOUR Moyenne de l’échantillon: OPPORTUNITÉS: 8% 12% • Opportunités à court ou moyen terme dans le secteur agricole, avec un soutien technique, matériel et financier Perception des migrants de retour • Présence de coopératives actives CONTRAINTES: 50% • Manque de capital financier dans l’agriculture 40% • Fragilité des infrastructures • Absence d’industries 30% • Pluviométrie irrégulière

20%

10% DIMENSION SOCIALE

0% OPPORTUNITÉS: • Bagodine Moyenne Perception majoritairement positive des migrants de retour Négative Neutre/Ne sait pas Positive • Vie sociale active au sein de la communauté, grâce à la présence de nombreuses associations (coopératives, % des sondés qui ont groupes de jeunesse et groupe de sport) ACCES A DES SERVICES • Associations de jeunes non politisées PSYCHOLOGIQUES CONTRAINTES Moyenne de • Tensions entre certaines associations et les autorités 18% l’échantillon: 39% DIMENSION PSYCHOLOGIQUE % des sondés qui SE SENTENT OPPORTUNITÉS: DISCRIMINES Moyenne de • N/A l’échantillon: CONTRAINTES: 23% 28% • Absence d’acteurs spécialisés dans le soutien psychologique CARTOGRAPHIE DES ACTEURS

LES ACTEURS CLÉS DE LA COMMUNAUTÉ : Structures étatiques : La Mairie de Bagodine consciente des problématiques du retour, cherche à ONG locales : mettre en place un projet agricole pour soutenir les Association des femmes de jeunes qui aspirent à émigrer à cause du chômage. Autorité Bagodine, Ndougou Ala Gonio, Association Coopératives de femmes (Dental rewbé Bagodine, étatique : Culturelle et Sportive de Dekhla El Jedide): 41% des foyers de Bagodine Mairie de Bagodine, Association de participent à des coopératives. Ces coopératives développement local représentent des acteurs clés de l’agriculture à Bagodine, Lycée de Bagodine Bagodine, ONG locales (Association des Femmes de Bagodine , Ndougou Ala Gonio, Association Culturelle et Réintégration Coopérative Sportive de Bagodine) : Le tissu associatif est bien de femmes: établi à Bagodine. Ces associations locales Secteur Dental rewbé interviennent dans plusieurs domaines: Bagodine, Dekhla assainissement, culture et agriculture. Elles privé : El Jedide possèdent une bonne connaissance des réalités Petites Groupes locales au niveau des districts mais elles manquent entreprises, de moyens financiers. Michelin. diasporiques : . Association des Groupes diasporiques (Association des Ressortissants de Ressortissants de Bagodine en Europe, Bagodine Bagodine en Europe, Yakaré) : ces groupes financent des infrastructures Bagodine Yakaré. pour la commune, mais n’agissent pas auprès de migrants de retour. PRIORITÉS DE DÉVELOPPEMENT POUR LES PARTIES PRENANTES : - Renforcement des coopératives Lycée de Bagodine: il peut être impliqué dans les - Sensibiliser les associations communautaires aux thématiques de la migration discussions C4D avec la jeunesse locale. et développement - Favoriser l’entrepreneuriat social pour améliorer les infrastructures

RECOMMANDATIONS

INTERVENTIONS POTENTIELLES : OBJECTIFS :

Renforcer les coopératives et groupements locaux de femmes • Afin de renforcer les initiatives déjà existantes, une intervention est possible à trois RÉPONDRE AUX DÉFIS DE LA niveaux : - Un état des lieux pour identifier les forces et les faiblesses des groupements déjà COMMUNAUTÉ existants - Identifier les opportunités locales, le client potentiel et évaluer la qualité et l’intérêt des produits agricoles (renforcement des capacités des membres du groupement dans l’analyse de marché) - Renforcement dans les techniques de production et de transformation agricole Partenaires potentiels: Dental Rewbé Bagodine

Favoriser l’entrepreneuriat social pour améliorer les infrastructures • Une politique visant à soutenir les migrants de retour sans impliquer la CRÉER DE L’EMPLOI communauté pourrait créer des tensions pour le moment non-existantes. Dans ce cadre, il faut identifier les besoins prioritaires en termes d’infrastructures et renforcer les initiatives entrepreneuriales permettant d’y répondre en effectuant des interventions à trois niveaux : xs - Mener une étude sur l’entreprenariat rural dans les domaines identifiés (éducation, eau, santé, électricité) - Lancer un appel à projet auprès des membres de la communauté, et selectionner des candidats pour un programme de soutien (formations, accès au crédit) FAVORISER UNE - Octroyer une subvention aux candidats sélectionnés, et signature d’un contrat garantissant l’engagement du candidat, de l’OIM et l’inclusion des migrants de RÉINTEGRATION DURABLE retour (mise en place de quotas)

Sensibiliser les associations communautaires aux thématiques de la migration et développement • Afin de renforcer la réintégration des migrants de retour, et proposer des alternatives à la migration régionale pour renforcer le potentiel économique de Bagodine, l’OIM peut encourager l’amélioration de la formation et information : notamment sur les tendances migratoires, la migration irrégulière, des noms de programmes et d'acteurs pouvant soutenir les jeunes; afin qu'ils puissent ensuite diffuser les informations auprès de la population Bogué Population : Type : Langues principales : 72 242 (2013) Commune Pular (78%), Hassanya Département de Boghé (69%), Français (66%), Région de Brakna Wolof (31%)

Bogué est une capitale départementale, et profite donc d’avantages en termes d’infrastructures, notamment au niveau de la formation (Disponibilité d'un centre de formation des producteurs ruraux) et de santé (ouverture d’un centre de santé départemental en Avril 2018).

CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DE LA COMMUNAUTÉ

La sécheresse a mené à une diversification des secteurs Manque de soutien pour les Bonnes pratiques C4D de l’économie et à l’essor du secteur informel. entrepreneurs La Caravane Médicale organisée par Les membres de la communauté l’ONG ADRI (Action pour le manquent de formation techniques et Développement Rural Intégré) a d’accès au crédit pour développer leurs marqué la vie de la communauté et a «Le secteur économique de Bogué repose sur trois facteurs propres projets dans les secteurs été jugée comme un succès par les qui sont, l’agriculture, le commerce individuel et surtout dynamiques de l’agriculture, ou du membres de la communauté interrogée nous avons le secteur informel qui regroupe un bon commerce. – un modèle qui peut être reproduit nombre de notre population. On ne vivait que de dans le cadre du C4D. l’agriculture dans le passé mais par manque de pluies et des sécheresses de suite depuis 2012. Ceci a été un facteur qui a révolutionné notre économie, depuis lors notre Amélioration des infrastructures locales économie dépend beaucoup du commerce et du secteur L’un des défis majeurs de la communauté est l’état des infrastructures et le manque informel. » Discussion de groupe, Bogué. d’ac c è s a ux se r v i c e s . L’ac c è s à l’eau et l’électricité n’est pas uniformément garanti par l’Etat et davantage assuré par des acteurs privés ou des ONGs.

PROFIL SOCIO-ÉCONOMIQUE

% des sondés avec % de sondés qui sont % de sondés qui ont UN EMPLOI REMUNERE ou INTERESSES DE MONTER LEUR DU REDUIRE LEUR CONSOMMATION DE UNE ACTIVITE GENERATRICE DE PROPRE ENTREPRISE NOURRITURE A CAUSE D’UN MANQUE DE REVENUE MOYENS Moyenne de Moyenne de Moyenne de l’échantillon : 95% l’échantillon : l’échantillon : 38% 33% 74% 53% 42%

ACTIVITES PRINCIPALES DES RAISONS PRINCIPALES DE NE PAS AVOIR MONTE % de sondés qui ont SONDES: UN BUSINESS: QUITTE L’ECOLE AVANT LA 1. Manque de capital (92%) FIN 1. Import-export (21%) Moyenne de 2. Commerce de détails 2. Manque de qualifications profesionnelles l’échantillon : (13%) (6%) 3. Education (8%) 51% 45%

SATISFACTION POUR L’ACCES AUX SERVICES % de sondés qui % de sondés Bogué Moyenne PEUVENT EMPRUNTER DE L’ARGENT QUI ONT UN GROUPE Logement Moyenne de D’AMIS -6 45% Moyenne de décent l’échantillon : 53% l’échantillon : Sécurité 10 71% 46% 98% Education -11 36% 93% Justice 4 20% % de sondés qui ont atteint % de sondés qui LYCEE OU AU-DESSUS ONT UN RESEAU SUR Soins de santé -4 30% Moyenne de LEQUEL S’APPUYER Moyenne de Eau potable -44 47% l’échantillon : 49% l’échantillon : 41% 37% 51%

% des sondés % de sondés qui ont % de sondés qui EN RECHERCHE D’EMPLOI ONT SOUFFERT D’UNE VEULENT ACCEDER A DES Moyenne de MALADIE OU ACCIDENT SERVICES l’échantillon : L’ANNEE DERNIERE PSYCHOLOGIQUES 33% Moyenne de Moyenne de 27% l’échantillon l’échantillon : 75% 65% 17% 35% PROFIL MIGRATOIRE

% de sondés RAISONS PRINCIPALES D’ETRE PARTI RAISONS PRINCIPALES DE VOULOIR NES DANS UNE AUTRE PARTIR COMMUNAUTE 1. Réunification avec la famille (50%) 2. Opportunités économiques (23%) 1. Recherche d’emploi (82%) Moyenne de 2. Education (35%) l’échantillon : 3. Opportunités pour l’éducation 25% (11%) 3. Meilleures perspectives à 28% DESIR DE QUITTER LA COMMUNAUTE l’étranger (25%)

% de sondés 70% QUI RECOIVENT DES TRANSFERTS DE FONDS 60% DE L’ETRANGER Moyenne de 50% l’échantillon : 40% 9% 17% 30% 20% % de sondés qui ont DE LA FAMILLE OU DES 10% AMIS A L’ETRANGER 0% Moyenne de Bogué Moyenne 60% l’échantillon : 68% Ne sait pas Veut rester Veut partir

RÉINTEGRATION DURABLE: CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS

% de DIMENSION ECONOMIQUE MIGRANTS DE RETOUR Moyenne de OPPORTUNITÉS : 9% l’échantillon: • Opportunités à court ou moyen terme dans le secteur 12% agricole, avec un soutien technique, matériel et financier • Présence d’un lycée de formation technique et Perception des migrants de retour dans la communauté professionnel CONTRAINTES: 60% • Manque de soutien technique et financier dans 50% l’agriculture et l’élevage 40% • Fragilité des infrastructures et accès à l’eau difficile • Absence d’industrie. 30% 20% DIMENSION SOCIALE 10% OPPORTUNITÉS : 0% • Vie sociale active au sein de la communauté, grâce à la Bogué Moyenne présence de nombreuses associations (coopératives, Négative Neutre/Ne sait pas Positive groupes de jeune, groupes culturels) • Perception majoritairement positive ou neutre des % de sondés qui ont migrants de retour ACCES A DES SERVICES CONTRAINTES: PSYCHOSOCIAUX • Fragilité des institutions locales et isolement Moyenne de 17% l’échantillon: 39% DIMENSION PSYCHOLOGIQUE OPPORTUNITÉS : % de sondés qui • N/A SE SENTENT DISCRIMINES CONTRAINTES: Moyenne de • Absence d’acteurs spécialisés dans le soutien 33% l’échantillon: 28% psychologique CARTOGRAPHIE DES ACTEURS

ONG LES ACTEURS CLÉS DE LA COMMUNAUTÉ : locales : Structures étatiques : La Mairie de Bogué n’a pas Autorité Regroupement de identifié le retour comme problématique prioritaire. étatique : jeunes de Bogué Coopératives de femmes (Peuli Tal Toulde, Bondji) Mairie de Bogué : 21% des foyers de Bogué participent à des coopératives. Ces coopératives représentent des acteurs clés de l’agriculture à Bogué. Regroupement des jeunes de Bogué : Cette Réintégration Coopérative association locale intervient dans plusieurs de femmes: domaines: assainissement, culture et agriculture. Peuli Tal Toulde, Elles possèdent une bonne connaissance des réalités Groupes Bondji locales au niveau des districts mais elles manquent diasporiques de moyens financiers. Elle peut éventuellement : participer à l’accueil et l’orientation des migrants de retour. Diaspora Ass.Com. Bogué Groupe diasporique (Diaspora Ass.Com. Bogué) : association active sur l’assainissement, en collaboration avec les pouvoirs publics.

PRIORITÉS DE DÉVELOPPEMENT POUR LES PARTIES PRENANTES : - Renforcer les infrastructures locales - Accompagner les micro-entrepreneurs dans leurs projets - Sensibilisation aux thèmes de la migration et du développement

RECOMMANDATIONS

Soutien aux micro-entreprises

• Les habitants de Bogué comblent le manque d’infrastructures locales par des initiatives privées, qui nécessitent un soutien RÉPONDRE AUX DÉFIS DE LA technique et financier pour être durables. Deux axes de travail : COMMUNAUTÉ - Identifier les micro-entrepreneurs en demande d’accompagnement Identification des besoins d’appui (formalisation des idées de projet ou de développement de l’entreprise, appui pour la recherche de financement, renforcement des capacités techniques) - Etablir un plan d’accompagnement par le micro- entrepreneur et l’accompagnateur

Partenaires potentiels: Malgré des lacunes de capacité CRÉER DE L’EMPLOI matérielles et technique, les structures gouvernementales (ANAPEJ) doivent être impliquées dans une perspective de renforcement des capacités long-terme. xs

Communication pour le Développement

• Il est nécessaire de lier les projets de réintégration des migrants assistés au retour avec la sensibilisation afin de s’assurer de la pertinence et de la cohérence des messages. FAVORISER LA Bogué se situe dans une zone frontalière, et toute discussion RÉINTEGRATION DURABLE liée aux migrations internationales doit aussi inclure les opportunités régionales et légales.

Partenaires potentiels: Association Mouvement des jeunes solidaires (MJS) Association Mouvement des jeunes, Regroupement des Jeunes de Bogué M’Bagné Population : Type : Langues principales : 43 600 (2013) Commune Pular (99%), Français Département de M'Bagne (56%), Hassanya Région de Brakna (49%), Wolof (36%)

M’bagne est une capitale départementale dont l’économie repose sur l’agriculture, la pêche, l’élevage et le commerce.

CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DE LA COMMUNAUTÉ

Une économie qui a connue des transformations importantes: • Une diminution des opportunités de commerce transfrontalier depuis les années 80 • Une diminution des opportunités dans le domaine de la pêche depuis la construction du barrage

« Le trafic était très actif juste avant les événements de 1989 avec nos voisins du Sénégal mais depuis lors, ce trafic reste faible, ce qui a eu des conséquences sur le développement de l’économie de M’bagne. » Maire, M’bagne

De grandes déceptions avec la lenteur de « Le projet chinois avait pour but de former les jeunes actifs de cette commune avant l’ouverture d’un centre de formation de les insérer au milieu du travail. Ce projet repose sur l’agriculture et l’élevage des De nombreux participants à l’enquête ont poules. Mais malheureusement depuis trois ans, aucun résident de cette communauté regretté que le centre des techniques n’;a bénéficié d’une formation ou eu un travail dans ce fameux projet. Nous avons agricoles financé par la Coopération Chinoise misé tous nos espoirs sur ce projet chinois » Comité des Sages, M’bagne ne soit toujours pas ouvert.

PROFIL SOCIO-ÉCONOMIQUE

% des sondés avec % de sondés qui sont % de sondés qui ont UN EMPLOI REMUNERE ou INTERESSES DE MONTER LEUR DU REDUIRE LEUR CONSOMMATION DE UNE ACTIVITE GENERATRICE DE PROPRE ENTREPRISE NOURRITURE A CAUSE D’UN MANQUE DE REVENUE Moyenne de MOYENS Moyenne de Moyenne de l’échantillon : l’échantillon : 67% l’échantillon : 35% 33% 74% 38% 42%

ACTIVITES PRINCIPALES DES RAISONS PRINCIPALES DE NE PAS AVOIR % de sondés qui ont SONDES: MONTE UN BUSINESS: QUITTE L’ECOLE AVANT LA 1. Manque de capital (93%) FIN 1. Autres (24%) Moyenne de 2. Commerce (19%) 2. Manque de compétences (10%) l’échantillon : 3. Construction (16%) 4. Vente (15%) 39% 45%

SATISFACTION POUR L’ACCES AUX SERVICES % de sondés qui % de sondés PEUVENT EMPRUNTER DE L’ARGENT QUI ONT UN GROUPE M’bagne Moyenne Moyenne de D’AMIS Moyenne de l’échantillon : Logement décent -18 45% 42% l’échantillon : Sécurité 4 71% 46% 96% 93% Education -16 36% Justice 4 20% % de sondés qui ont atteint % de sondés qui LE LYCÉE OU AU-DESSUS ONT UN RESEAU SUR Soins de santé -9 30% Moyenne de LEQUEL S’APPUYER l’échantillon : Moyenne de Eau potable -11 47% 40% l’échantillon : 41% 46% 51%

% des sondés % de sondés qui ont % de sondés qui EN RECHERCHE D’EMPLOI ONT SOUFFERT D’UNE VEULENT ACCEDER A Moyenne de MALADIE OU ACCIDENT DES SERVICES l’échantillon : L’ANNEE DERNIERE PSYCHOLOGIQUES 21% Moyenne de Moyenne de 27% l’échantillon l’échantillon : 63% 65% 38% 35% PROFIL MIGRATOIRE

% de sondés RAISONS PRINCIPALES D’ETRE PARTI RAISONS PRINCIPALES DE VOULOIR NES DANS UNE AUTRE 1. Réunification avec la famille (63%) PARTIR COMMUNAUTE 2. Opportunités pour l’éducation (29%) 1. Recherche d’emploi (59%) Moyenne de 3. Opportunités économiques (4%) 2. Raisons familiales (19%) l’échantillon : 3. Meilleures perspectives à 22% l’étranger (17%) 28% DESIR DE QUITTER LA COMMUNAUTE

% de sondés QUI RECOIVENT DES 70% TRANSFERTS DE FONDS 60% DE L’ETRANGER Moyenne de l’échantillon : 50% 17% 40% 9% 30%

% de sondés qui ont 20% DE LA FAMILLE OU DES 10% AMIS A L’ETRANGER 0% Moyenne de 73% l’échantillon : M’bagne Moyenne 68% Ne sait pas Veut rester Veut partir

RÉINTEGRATION DURABLE: CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS

% de DIMENSION ECONOMIQUE MIGRANTS DE RETOUR Moyenne de OPPORTUNITÉS : l’échantillon: 11% • Opportunités à court ou moyen terme dans le secteur 12% agricole, avec un soutien technique, matériel et financier • Opportunités à court ou moyen terme dans le secteur de Perception des migrants de retour dans la communauté l’élevage et du commerce CONTRAINTES: 60% • Manque de soutien technique et financier dans 50% l’agriculture et l’élevage 40% • Fragilité des infrastructures et accès à l’eau difficile 30% • Enclavement 20% DIMENSION SOCIALE 10% 0% OPPORTUNITÉS : M’bagne Moyenne • Vie sociale active au sein de la communauté, grâce à la présence de nombreuses associations (coopératives, Négative Neutre/Ne sait pas Positive groupes de jeune et groupe de sport) • Perception plutôt positive des migrants de retour % de sondés qui ont CONTRAINTES: ACCES A DES SERVICES • Faiblesse des institutions PSYCHOSOCIAUX • Grande fragilité au niveau de la sécurité alimentaire Moyenne de • Difficultés du recensement et de l’obtention des papiers 25% l’échantillon: 39% pour les rapatriés de 1989. DIMENSION PSYCHOLOGIQUE % de sondés qui OPPORTUNITÉS : SE SENTENT • Présence de groupe de jeunes actifs et soudés DISCRIMINES Moyenne de l’échantillon : CONTRAINTES: 21% • Absence d’acteurs spécialisés dans le soutien 28% psychologique CARTOGRAPHIE DES ACTEURS

La mairie de M’Bagné n’a pas pas identifié le retour comme problématique prioritaire et n’a pas de projets dédiés aux migrants de retour (forcés ou volontaires). ONG locales : Nann-K Mauritanie, est une ONG active dans les Autorité association des pêcheurs, domaines de l’agriculture, pêche et élevage. association sportive et étatique : culturelle, comité des sages Coopératives de femmes (coopérative Golé Ko La Mairie de ): 33% des foyers de Bogué participent à des M’Bagné coopératives. Ces coopératives représentent des acteurs clés de l’agriculture à M’Bagné. Réintégration Associations communautaires (association des pêcheurs, association sportive et culturelle, comité des sages ): ONGs locales qui interviennent dans plusieurs domaines: paludisme, Coopérative de assainissement, culture et agriculture. Elles ont une CARITAS femmes: bonne connaissance des réalités locales au des coopérative Golé Ko districts mais manque de moyens financiers. Elles La peuvent participer à l’accueil et l’orientation des migrants de retour.

CARITAS: Actif dans le domaine de la sécurité PRIORITÉS DE DÉVELOPPEMENT POUR LES PARTIES PRENANTES : alimentaire au niveau régional. - Renforcer les infrastructures locales - Accompagner les micro-entrepreneurs dans leurs projets - Sensibilisation aux thèmes de la migration et du développement

RECOMMANDATIONS

Favoriser l’entrepreneuriat social pour améliorer les infrastructures • Une politique visant à soutenir les migrants de retour sans impliquer la communauté pourrait créer des tensions pour le moment non-existantes. Dans ce cadre, il faut identifier les besoins prioritaires en termes d’infrastructures et renforcer les initiatives entrepreneuriales permettant d’y répondre en effectuant des interventions à trois niveaux : - Mener une étude sur l’entreprenariat rural dans les domaines identifiés RÉPONDRE AUX DÉFIS DE LA (éducation, eau, santé, électricité) COMMUNAUTÉ - Lancer un appel à projet auprès des membres de la communauté, et selectionner des candidats pour un programme de soutien (formations, accès au crédit) - Octroyer une subvention aux candidats sélectionnés, et signature d’un contrat garantissant l’engagement du candidat, de l’OIM et l’inclusion des migrants de retour (mise en place de quotas)

Renforcer le soutien technique et financier pour les projets des jeunes Une intervention est possible à trois niveaux CRÉER DE L’EMPLOI - À l’aide de facilitateurs de proximité, identifier et formuler avec les jeunes des projets agricoles ou dans l’élevage - Relance du centre de formation agricole (GRDR, GRET, Ministère de l’Emploi de la Formation Professionnelle et des Technologie de l’Informatxsion et de la Communication (MEFPTIC)) - Accompagnement du jeune par un soutien technique et favoriser l’accès à la formation

Sensibiliser les associations aux thématiques de la migration et la réintégration FAVORISER LA Afin de renforcer la réintégration des migrants de retour, et proposer des alternatives à RÉINTEGRATION DURABLE la migration régionale pour renforcer le potentiel économique de M’bagne, des interventions sont possibles à deux niveaux : - Formaliser leurs réseaux : trouver un local pour leurs rencontres et renforcer leur légitimité auprès des autorités locales - Formation et information : sur les tendances migratoires, les dangers de la migration illégale, des noms de programmes et d'acteurs pouvant soutenir les jeunes; afin qu'ils puissent ensuite diffuser les informations auprès des membres de l’association

Cette action n’est pas prioritaire et doit suivre la mise en place de projets concrets afin d’établir la confiance dans la communauté. Niabina Population : Type : Langues principales : 12 989 (2013) Commune Pular (95%), Français Département de M'Bagne (53%), Hassanya Région de Brakna (37%), Wolof (11%)

Niabina est une commune de la région du Brakna, proche de la frontière avec le Sénégal. L’ethnie peulh est majoritaire à Niabina.

CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DE LA COMMUNAUTÉ

Amélioration des infrastructures locales Des tensions entre jeunes et L’un des défis majeurs de la communauté est l’état des représentants de l’ordre infrastructures et le manque d’accès aux services. L’accès à Les participants aux discussions de l’eau et l’électricité n’est pas uniformément garanti par groupe déplorent le manque de l’Etat et davantage assuré par des acteurs privés ou des sécurité à Niabina, notamment en ONGs. période électorale-

« En ce qui concerne la sécurité alimentaire, on se nourrit « Il y a aussi un autre cas marquant, celui de l’imam du village qui a été renversé de nos propres moyens, rares ou on nous distribue des par un véhicule et il a perdu la vie. Cette situation a mis les jeunes en colère et vivres ou des aides... Il y a un centre de santé fonctionnel ils sont descendus sur le goudron pour manifester leur mécontentement. C’est mais juste pour des besoins primordiaux, pour les autres là que la gendarmerie les a tabassés et torturés, elle s’en est même prise aux soins comme l’écographie et la gynécologie il faut se autres jeunes qui n’étaient pas concernés et certains vieux du village n’ont pas rendre à ou M’Bagne. L’électricité, l’installation est été épargnés. Il a fallu que les autorités se lèvent pour mettre fin à cette là mais on utilise toujours l’énergie solaire » situation » Directeur du lycée de Niabina Discussion de groupe avec des jeunes de Niabina.

PROFIL SOCIO-ÉCONOMIQUE

% des sondés avec % de sondés qui ont % de sondés qui sont DU REDUIRE LEUR CONSOMMATION DE UN EMPLOI REMUNERE ou INTERESSES DE MONTER LEUR UNE ACTIVITE GENERATRICE DE NOURRITURE A CAUSE D’UN MANQUE DE PROPRE ENTREPRISE MOYENS REVENUE Moyenne de Moyenne de Moyenne de l’échantillon : l’échantillon : l’échantillon : 32% 33% 77% 74% 50% 42%

ACTIVITES PRINCIPALES DES SONDES: RAISONS PRINCIPALES DE NE PAS AVOIR MONTE UN % de sondés qui ont 1. Petit commerce de détail (24%) BUSINESS: QUITTE L’ECOLE AVANT LA 1. Manque de capital (96%) FIN 2. Vente (15%) Moyenne de 2. Manque de compétences professionnelles 3. Construction (6%) l’échantillon : (10%) 49% 45%

SATISFACTION POUR L’ACCES AUX SERVICES % de sondés qui % de sondés PEUVENT EMPRUNTER DE L’ARGENT Niabina Moyenne QUI ONT UN GROUPE D’AMIS Logement Moyenne de Moyenne de 0 45% décent 43% l’échantillon : l’échantillon : Sécurité 23 71% 46% 96% 93% Education -12 36% Justice 5 20% % de sondés qui ont atteint % de sondés qui LYCEE OU AU-DESSUS ONT UN RESEAU SUR Soins de santé -9 30% Moyenne de LEQUEL S’APPUYER l’échantillon : Moyenne de Eau potable 18 47% 39% l’échantillon : 41% 35% 51%

% des sondés % de sondés qui ont % de sondés qui EN RECHERCHE D’EMPLOI ONT SOUFFERT D’UNE VEULENT ACCEDER A DES Moyenne de MALADIE OU ACCIDENT SERVICES l’échantillon : L’ANNEE DERNIERE PSYCHOLOGIQUES 21% Moyenne de Moyenne de 27% l’échantillon l’échantillon : 55% 65% 17% 35% PROFIL MIGRATOIRE

% de sondés RAISONS PRINCIPALES D’ETRE PARTI RAISONS PRINCIPALES DE VOULOIR NES DANS UNE AUTRE 1. Réunification avec la famille (84%) PARTIR COMMUNAUTE 2. Opportunités économiques (16%) 1. Recherche d’emploi (74%) Moyenne de 3. Opportunités pour l’éducation (11%) 2. Education (41%) 18% l’échantillon : 3. Meilleures perspectives à 28% DESIR DE QUITTER LA COMMUNAUTE l’étranger (18%)

% de sondés QUI RECOIVENT DES 70% TRANSFERTS DE FONDS 60% DE L’ETRANGER Moyenne de 50% l’échantillon : 17% 40% 8% 30%

% de sondés qui ont 20% DE LA FAMILLE OU DES 10% AMIS A L’ETRANGER 0% Moyenne de 51% l’échantillon : Niabina Moyenne 68% Ne sait pas Veut rester Veut partir

RÉINTEGRATION DURABLE: CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS

% de DIMENSION ECONOMIQUE MIGRANTS DE RETOUR Moyenne de OPPORTUNITÉS : 8% l’échantillon: • Opportunités à court ou moyen terme dans le secteur 12% agricole et l’élevage, avec un soutien technique, matériel et financier Perception des migrants de retour dans la communauté CONTRAINTES: • Enclavement 60% • Absence d’industrie 50% 40% DIMENSION SOCIALE 30% OPPORTUNITÉS : 20% • Perception positive des migrants de retour 10% • Influence et légitimité des leaders religieux 0% • Vie sociale active au sein de la communauté, grâce à la Niabina Moyenne présence de nombreuses associations (coopératives, groupes de jeune et groupes de sport) Négative Neutre/Ne sait pas Positive CONTRAINTES: • Insécurité alimentaire % de sondés qui ont ACCES A DES SERVICES • Tensions entre jeunes et forces de l’ordre PSYCHOSOCIAUX Moyenne de 7% l’échantillon: 39% DIMENSION PSYCHOLOGIQUE OPPORTUNITÉS : % de sondés qui • Influence et légitimité des leaders religieux SE SENTENT CONTRAINTES: DISCRIMINES Moyenne de l’échantillon • Absence d’acteurs spécialisés dans le soutien 26% 28% psychologique CARTOGRAPHIE DES ACTEURS

LES ACTEURS CLÉS DE LA COMMUNAUTÉ :

Structures étatiques : La Mairie de Niabina est un acteur clé dans la mise en place des Autorité ONG locales : politiques locales. étatique : association des jeunes de Mairie de Niabina, association Coopératives de femmes (coopérative Séwé sportive et culturelle Owel): Acteurs clés de l’agriculture à Niabina, Niabina mais moins actifs que dans les autres zones étudiées dans la région de Brakna

ONG locales (association des jeunes de Réintégration Niabina, association sportive et culturelle) : ONGs locales qui interviennent dans plusieurs domaines: paludisme, Groupes Coopérative assainissement, culture et agriculture. Elles diasporiques : de femmes: peuvent participer à l’accueil et à l’orientation Association Niabina Séwé Owel des migrants de retour mais elles manquent Solidarité, Association de moyens financiers.. pour le Développement de Groupes diasporiques (Association Niabina Niabina. Solidarité, Association pour le Développement de Niabina (ADN)) : Groupes diasporiques actifs sur les PRIORITÉS DE DÉVELOPPEMENT POUR LES PARTIES PRENANTES : questions d’accès à l’eau, santé et culturelles, - Renforcement des coopératives en collaboration avec les pouvoirs publics. - Sensibiliser les associations communautaires aux thématiques de la migration et développement - Favoriser l’entrepreneuriat social pour améliorer les infrastructures

RECOMMANDATIONS

INTERVENTIONS POTENTIELLES : OBJECTIFS :

Favoriser l’entrepreneuriat social pour améliorer les infrastructures RÉPONDRE AUX DÉFIS DE LA • Une politique visant à soutenir les migrants de retour sans impliquer la COMMUNAUTÉ communauté pourrait créer des tensions pour le moment non-existantes. Dans ce cadre, il faut identifier les besoins prioritaires en termes d’infrastructures et renforcer les initiatives entrepreneuriales permettant d’y répondre en effectuant des interventions à trois niveaux : - Mener une étude sur l’entreprenariat rural dans les domaines identifiés (éducation, eau, santé, électricité) - Lancer un appel à projet auprès des membres de la communauté, et selectionner des candidats pour un programme de soutien (formations, accès au crédit) - Octroyer une subvention aux candidats sélectionnés, et signature d’un CRÉER DE L’EMPLOI contrat garantissant l’engagement du candidat, de l’OIM et l’inclusion des migrants de retour (mise en place de quotas) Partenaires potentiels: ADN, coopératives xs

Sensibiliser les associations aux thématiques de la migration et la réintégration Afin de renforcer la réintégration des migrants de retour, et proposer des FAVORISER L’INTEGRATION alternatives à la migration régionale pour renforcer le potentiel économique DURABLE de Niabina, des interventions sont possibles à deux niveaux - Formaliser leurs réseaux : trouver un local pour leurs rencontres et renforcer leur légitimité auprès des autorités locales - Formation et information : sur les tendances migratoires, les dangers de la migration illégale, des noms de programmes et d'acteurs pouvant soutenir les jeunes; afin qu'ils puissent ensuite diffuser les informations auprès des membres de l’association

Cette action n’est pas prioritaire et doit suivre la mise en place de projets concrets afin d’établir la confiance dans la communauté. Nouakchott Population Type: Langues: Total: 958,399 Capitale Pular (64%), Français District fédéral de Sebkha: 72,245 (62%), Hassanya Nouakchott El Mina: 132,674 (55%), Wolof (54%), Soninké (27%)

Ce profil se concentre sur les quartiers de Sebkha et d’El Mina, situés dans les quartier Ouest et Sud, où les données ont été collectées. Néanmoins, ce profil propose des pistes de réflexion et des recommandations au niveau de la ville grâce à la proximité géographique.

CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DE LA COMMUNAUTÉ

Des difficultés au niveau de l’accès aux services de base « Si la délinquance est Le maire d’El Mina déplore des constamment présente dans faiblesses au niveau de cette commune c’est du au l’assainissement, des personnels chômage. Diplômés et sans hospitaliers, et de la sécurité diplôme sont dans le même lot, alimentaire; et regrette le manque leur seule refuge est la de réaction des autorités délinquance. » gouvernementales. Discussion de groupe, El Mina

Des micro-entreprises en manque de soutien technique et financier de la part des ONGs et des autorités Plusieurs micro-entreprises ont été identifiées pendant la recherche (taxi moto, atelier de soudure, garage). Elles souhaitent favoriser l’insertion des jeunes mais manquent de formations et de capital financier pour agrandir leurs entreprises et renforcer leurs capacités. La plupart des parties prenantes interrogées regrettaient l’absence d’aides extérieures, d’ONGs ou du gouvernement, dans la commune.

PROFIL SOCIO-ECONOMIQUE

% des sondés avec % de sondés qui sont % de sondés qui ont UN EMPLOI REMUNERE ou INTERESSES DE MONTER LEUR DU REDUIRE LEUR CONSOMMATION DE UNE ACTIVITE GENERATRICE DE PROPRE ENTREPRISE NOURRITURE A CAUSE D’UN MANQUE DE REVENUE MOYENS Moyenne de Moyenne de Moyenne de l’échantillon : 77% l’échantillon : l’échantillon : 40% 33% 74% 36% 42%

ACTIVITES PRINCIPALES DES RAISONS PRINCIPALES DE NE PAS AVOIR MONTE UN % de sondés qui ont SONDES: BUSINESS: QUITTE L’ECOLE AVANT LA 1. Manque de capital (87%) FIN 1. Petit commerce de Moyenne de 2. Manque de connections personnelles (16%) détail (18%) l’échantillon : 2. Autres (14%) 3. Manque de compétences professionnelles 3. Pêche (7%) (10%) 48% 45%

SATISFACTION POUR L’ACCES AUX SERVICES % de sondés qui % de sondés PEUVENT EMPRUNTER DE L’ARGENT QUI ONT UN GROUPE Nouakchott Moyenne Moyenne de D’AMIS Moyenne de Logement l’échantillon : 9 45% 54% l’échantillon : décent 46% Sécurité -13 71% 83% 93% Education 7 36% % de sondés qui ont atteint % de sondés qui Justice -4 20% LYCEE OU AU-DESSUS ONT UN RESEAU SUR Soins de santé 6 30% Moyenne de LEQUEL S’APPUYER l’échantillon : Moyenne de l’échantillon : Eau potable 5 47% 47% 41% 52% 51%

% des sondés % de sondés qui ont % de sondés qui EN RECHERCHE D’EMPLOI ONT SOUFFERT D’UNE VEULENT ACCEDER A Moyenne de MALADIE OU ACCIDENT DES SERVICES l’échantillon : L’ANNEE DERNIERE PSYCHOLOGIQUES 28% Moyenne de Moyenne de 27% l’échantillon l’échantillon : 58% 65% 34% 35% PROFIL MIGRATOIRE

% de sondés RAISONS PRINCIPALES DE VOULOIR NES DANS UNE AUTRE RAISONS PRINCIPALES D’ETRE PARTI PARTIR COMMUNAUTE 1. Réunification avec la famille (38%) 1. Recherche d’emploi (42%) Moyenne de 2. Opportunités économiques (37%) 2. Raisons familiales (17%) l’échantillon : 3. Opportunités pour l’éducation (20%) 3. Education (15%) 40% 28% DESIR DE QUITTER LA COMMUNAUTE % de sondés QUI RECOIVENT DES 70% TRANSFERTS DE FONDS 60% DE L’ETRANGER Moyenne de l’échantillon : 50% 22% 17% 40% 30% % de sondés qui ont 20% DE LA FAMILLE OU DES 10% AMIS A L’ETRANGER Moyenne de 0% l’échantillon : Nouakchott Moyenne 81% 68% Ne sait pas Veut rester Veut partir

RÉINTEGRATION DURABLE: CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS

% de DIMENSION ECONOMIQUE MIGRANTS DE RETOUR Moyenne de OPPORTUNITÉS : 18% l’échantillon: • Opportunités à court ou moyen terme dans le secteur 12% commercial, avec un soutien technique, matériel et financier Perception des migrants de retour dans la communauté • Proximité à la capitale: des marchés plus importants CONTRAINTES: 50% • Manque d’aides extérieures de la part des ONGs et de 40% l’Etat pour soutenir les initiatives entrepreneuriales

30%

20% DIMENSION SOCIALE

10% OPPORTUNITÉS : • Perception relativement neutre ou positive des migrants 0% de retour Nouakchott Moyenne CONTRAINTES: Négative Neutre/Ne sait pas Positive • Manque de personnels dans l’éducation et la santé % de sondés qui ont ACCES A DES SERVICES PSYCHOSOCIAUX DIMENSION PSYCHOLOGIQUE Moyenne de 56% l’échantillon: OPPORTUNITÉS : 39% • Présence d’associations de jeunes ou de sports CONTRAINTES:

% de sondés qui • Manque d’acteurs spécialisés dans le soutien SE SENTENT psychologique DISCRIMINES Moyenne de l’échantillon: 29% 28% CARTOGRAPHIE DES ACTEURS

LES ACTEURS CLÉS DE LA COMMUNAUTÉ :

Structures étatiques : L’ANAPEJ met en œuvre de la politique nationale de l’emploi dans un cadre de concertation entre l’Etat, les organisations Autorité ONG locales : professionnelles des employeurs et travailleurs et la étatique : société civile. Malgré des lacunes de capacité matérielles SOS exclus, AFCF et technique, les structures gouvernementales (ANAPEJ) ANAPEJ doivent être impliquées dans une perspective de renforcement des capacités long-terme.

ONG locales (SOS Exclus/ AFCF (Association des Femmes Chefs de Famille)): ONG locales ayant une longue Réintégration expérience en Mauritanie mais se concentrent sur les femmes et les droits de l’homme. Elle peuvent ut être impliquées sur la base de projets.

AMPF (l’Association Mauritanienne pour la Promotion de GRDR la Famille ): L’AMPF a de grandes capacités psychosociales, qui peuvent être mises à disposition pour AMPF les migrants de retour dans le cadre d’activités C4D ou de soutien psychologique.

GRDR (Groupe de recherche et de réalisation pour le développement rural dans le Tiers-Monde): Cette ONG s’engage pour promotion sociale, culturelle et économique des migrants subsahariens Au Mali, ils PRIORITÉS EN RENFORCEMENT DES CAPACITÉS: Le renforcement des favorisent l’insertion des migrants de retour revenus de capacités des acteurs locaux à Nouakchott n’est pas une priorité étant France, à travers les partenariats du GRDR avec donné le nombre limité des migrants assistés au retour. Sur le long- différentes entreprises (Total, BCI, Care, Iriba service). Grâce à cette expérience, le GRDR peut soutenir l’OIM terme, l’OIM pourrait envisager la mise en place d’ateliers sur la dans le renforcement de la coopération avec le secteur problématique « Migration et Développement », à partir d’un comité privé. en charge des projets communautaires d’un projet mis en place dans le cadre du Fonds Fiduciaire.

RECOMMANDATIONS RÉPONDRE AUX Favoriser l’entrepreneuriat social pour améliorer les infrastructures DÉFIS DE LA • Une politique visant à soutenir les migrants de retour sans impliquer la communauté pourrait COMMUNAUTÉ créer des tensions pour le moment non-existantes. Dans ce cadre, il faut identifier les besoins prioritaires en termes d’infrastructures et renforcer les initiatives entrepreneuriales permettant d’y répondre en effectuant des interventions à trois niveaux : - Mener une étude sur l’entreprenariat rural dans les domaines identifiés (éducation, eau, santé, électricité) - Lancer un appel à projet auprès des membres de la communauté, et selectionner des candidats pour un programme de soutien (formations, accès au crédit) - Octroyer une subvention aux candidats sélectionnés, et signature d’un contrat garantissant l’engagement du candidat, de l’OIM et l’inclusion des migrants de retour CRÉER DE (mise en place de quotas) L’EMPLOI Partenaires potentiels: ANAPEJ

Renforcer la coopération avec les acteurs du secteur privé • De nombreux acteurs économiques dynamiques, avec l’essor du secteurxs des services (hôtels, restaurants, bars, couturiers, teinturiers, coiffeurs, transports) et la présence de multiples directions d’entreprises, caractérisent la commune IV - Renforcer les partenariats avec le privé, sur le modèle du GRDR, autrement dit, accompagner les jeunes dans la recherche d’emploi et une fois l’emploi obtenu, proposer à l’entreprise de compléter le salaire et la formation du migrant de retour FAVORISER LA - Rencontres entre les acteurs du privé, l’OIM et les migrants de retour : organiser une RÉINTEGRATION rencontre avec le l'Union National du Patronat de Mauritanie (UNPM) par le biais de DURABLE l’ANAPEJ. Cette recommandations doit être appliquée sur le long-terme et n’est pas prioritaire étant donné les limitations du contexte de retour mauritanien. Partenaires potentiels: ANAPEJ, GRDR

Renforcer l’accès aux services psychosociaux et à l’information sur la migration dans le cadre d’une approche C4D

Partenaires potentiels: AMPF Population: Type: Langues: Sélibaly 10 835 Commune rurale Soninké (65%), Pular (63%), Hassanya Région de Mamou (46%), Français (36%)

Sélibaby est la capitale régionale du Guidimakha et se situe à 620 km de Nouakchott. On y trouve le siège des ONGs travaillant dans la région. L’OIM y a notamment ouvert une antenne en 2017. Sélibaby est une zone proche de la frontière sénégalaise, ce qui suggère des opportunités de migration régionale. CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DE LA COMMUNAUTÉ

Défis dans le secteur agricole Faiblesse de l’accès aux services De nombreux groupements agricoles À Sélibaby, on note une (en particulier de femmes) se sont dépendance à l’aide extérieure, crées mais manquent de soutien notamment des ONGs, ainsi que capital et financier pour améliorer la des faiblesses structurelles d’accès qualité de leur production et aux services. accroître leurs revenus.

« Mais dans la région de Sélibabi un autre problème se pose : les populations ont des difficultés à avoir un état civil, il existe certain des jeunes n’ont pas pu faire leur concours de brevet à cause de la non obtention ou du retardement de leur papier d’état civil (actes de naissance carte d’identité) L’Etat ne fait ne fait rien pour ça » Discussion de groupe, Sélibaby

PROFIL SOCIO-ECONOMIQUE

% des sondés avec % de sondés qui sont % de sondés qui ont UN EMPLOI REMUNERE ou INTERESSES DE MONTER LEUR DU REDUIRE LEUR CONSOMMATION DE UNE ACTIVITE GENERATRICE DE PROPRE ENTREPRISE NOURRITURE A CAUSE D’UN MANQUE DE REVENUE MOYENS Moyenne de Moyenne de Moyenne de l’échantillon : 52% l’échantillon : l’échantillon : 23% 33% 74% 34% 42%

ACTIVITES PRINCIPALES DES RAISONS PRINCIPALES DE NE PAS AVOIR % de sondés qui ont SONDES: MONTE UN BUSINESS: QUITTE L’ECOLE AVANT LA 1. Manque de capital (89%) FIN 1. Construction (16%) Moyenne de 2. Commerce de détails 2. Manque de réseaux (43%) l’échantillon : (12%) 3. Manque de compétences 3. Electricien (9%) professionnelles (36%) 41% 45%

SATISFACTION POUR L’ACCES AUX SERVICES % de sondés qui % de sondés PEUVENT EMPRUNTER DE L’ARGENT Sélibaby Moyenne QUI ONT UN GROUPE Moyenne de D’AMIS Logement Moyenne de 18 45% l’échantillon : décent 32% l’échantillon : Sécurité -1 71% 46% 95% 93% Education 22 36% Justice -2 20% % de sondés qui ont atteint % de sondés qui LYCEE OU AU-DESSUS ONT UN RESEAU SUR Soins de santé 9 30% Moyenne de LEQUEL S’APPUYER l’échantillon : Moyenne de Eau potable 16 47% 25% l’échantillon : 41% 72% 51%

% des sondés % de sondés qui ont % de sondés qui EN RECHERCHE D’EMPLOI ONT SOUFFERT D’UNE VEULENT ACCEDER A Moyenne de MALADIE OU ACCIDENT DES SERVICES l’échantillon : L’ANNEE DERNIERE PSYCHOLOGIQUES 29% Moyenne de Moyenne de 27% l’échantillon l’échantillon : 72% 65% 69% 35% PROFIL MIGRATOIRE

% de sondés RAISONS PRINCIPALES DE VOULOIR NES DANS UNE AUTRE PARTIR RAISONS PRINCIPALES D’ETRE PARTI COMMUNAUTE 1. Recherche d’emploi (46%) 1. Réunification avec la famille (45%) Moyenne de 2. Meilleures perspectives à 2. Opportunités pour l’éducation (28%) l’échantillon : l’étranger (25%) 32% 3. Opportunités économiques (12%) 28% 3. Raisons familiales (19%)

% de sondés QUI RECOIVENT DES DESIR DE QUITTER LA COMMUNAUTE TRANSFERTS DE FONDS 80% DE L’ETRANGER Moyenne de l’échantillon : 27% 17% 60% 40% % de sondés qui ont DE LA FAMILLE OU DES 20% AMIS A L’ETRANGER Moyenne de 0% l’échantillon : Sélibaby Moyenne 62% 68% Ne sait pas Veut rester Veut partir

RÉINTEGRATION DURABLE: CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS

% de MIGRANTS DE RETOUR DIMENSION ECONOMIQUE Moyenne de OPPORTUNITÉS : l’échantillon: 12% • Opportunités à court ou moyen terme dans le secteur 12% agricole et l’élevage, avec un soutien technique, matériel et financier Perception des migrants de retour dans la communauté • Expérience en développement agricole, présence de centres de formation 50% CONTRAINTES: 40% • Absence d’industries 30% DIMENSION SOCIALE 20% OPPORTUNITÉS : 10% • Perception majoritairement neutre ou positive des 0% migrants de retour Sélibaby Moyenne • Vie sociale active au sein de la communauté, grâce à la présence de nombreuses associations (coopératives, Négative Neutre/Ne sait pas Positive groupes de jeune et groupes de sport) CONTRAINTES: % de sondés qui ont ACCES A DES SERVICES • Manque de personnels dans l’éducation et la santé PSYCHOSOCIAUX Moyenne de 69% l’échantillon: DIMENSION PSYCHOLOGIQUE 39% OPPORTUNITÉS : • Présence d’ONGs sensibilisées aux questions % de sondés qui psychosociales SE SENTENT CONTRAINTES: DISCRIMINES Moyenne de l’échantillon: • Manque d’acteurs spécialisés dans le soutien 32% 28% psychologique CARTOGRAPHIE DES ACTEURS

LES ACTEURS CLÉS DE LA COMMUNAUTÉ :

Structures étatiques (mairie, wali): Ces structures Autorités souhaitent contribuer mais souffrent de lacunes de étatiques : compréhension des problématiques de migration et ONG locale : Mairie de développement. Selibaly, Wali Association pour le développement Acteur local (Association pour le développement intégré intégré du Guidimakha du guidimakha): Cette ONG locale présente des intérêts pour la question des retours. Elle a formé des relais Réintégration communautaires dans le cadre de projets de santé.

Acteurs internationaux (World Vision, Save the Children) Micro- ): Présence limitée dans les communautés, mais peuvent entreprises GRDR & être impliqués dans des réunions portant sur la migration coopératives et le développement. Acteurs internationaux GRDR & coopératives (Groupe de recherche et de réalisation pour le développement rural dans le Tiers- World Vision, Save Monde): Le GRDR soutient les coopératives agricoles. Peut the Children être impliqué dans des partages d’information sur le travail avec les coopératives, et la mise en place de coopératives de migrants de retour.

Micro-entreprises: Micro-entreprises (Taxis Motos, ateliers de soudure, gargoteries) qui souhaitent employer des migrants et se développer mais manquent de formations et capital financier.

PRIORITÉS EN RENFORCEMENT DES CAPACITÉS: Le renforcement des capacités des acteurs locaux à Nouakchott n’est pas une priorité étant donné le nombre limité des migrants assistés au retour. Sur le long-terme, l’OIM pourrait envisager la mise en place d’ateliers sur la problématique « Migration et Développement », à partir d’un comité en charge des projets communautaires d’un projet mis en place dans le cadre du Fonds Fiduciaire.

RECOMMANDATIONS

Renforcer le développement des micro-entreprises RÉPONDRE AUX DÉFIS DE LA COMMUNAUTÉ Afin de renforcer les micro-enreprises déjà existantes, une intervention est possible à trois niveaux:

- Identifier les micro-entrepreneurs en demande d’accompagnement (ouverture d’un espace d’accueil, prise de contact avec les services et institutions, réalisation d’enquêtes) - Identification des besoins d’appui (formalisation des idées de projets ou de développement de l’entreprise, appui pour la recherche de financement, renforcement des capacités techniques) - Etablir un plan d’accompagnement avec le micro-entrepreneur et CRÉER DE L’EMPLOI l’accompagnateur Exemple de bonne pratique: l’ONG du GRDR, active en Afrique de l’Ouest, a développé un guide pratique d’accompagnement des micro-entreprises xs

Partenaires potentiels: Micro Entreprises existantes, GRDR

FAVORISER L’INTEGRATION Développer les cadres de concertation au niveau local DURABLE

L’OIM doit profiter de sa présence à Sélibaby pour mettre en place un cadre de discussion sur la migration et le développement, en suivant l’exemple des cadres mis en place à Ziguinchor au Sénégal, afin de développer une conversation autour de ces problématiques.

Partenaires potentiels: partenaires gouvernementaux. CONCLUSION

La conclusion de cette étude de base résume les observations principales et les indicateurs à surveiller à mi- parcours et à la fin de la mise en place des projets de réintégration communautaires.

L’équipe de recherche n’a pas identifié de tensions significatives au niveau communautaire, causées potentiellement par une compétition pour les ressources entre migrants de retour et non-migrants. Cependant, il est évident que la perception positive ou négative des migrants de retour a trait au succès ou à l’échec de l’expérience migratoire. Avec la recrudescence des retours en situation ‘d’échecs’, il est crucial de surveiller, et d’intervenir au niveau des indicateurs suivants afin d’éviter une dégradation des relations entre migrants de retour, bénéficiaires de l’ARVR, et non-migrants.

Le tableau suivant présente les indicateurs identifiés au cours de l’étude de base comme étant déterminants pour faciliter le processus de réintégration des migrants de retour au niveau communautaire et présente les tendances générales observées au sein des six communautés de l’étude.

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ANNEXE 1. LE CADRE CONCEPTUEL : QUELS OBJECTIFS PROGRAMMATIQUES POUR L’IOM EN MAURITANIE ?

Dans le cas particulier de cette étude, vu les difficultés d’intégration rencontrées par les migrants de retour (stigmatisation, traumas, discrimination, etc.), il s’agit pour l’OIM et ses partenaires de contribuer à redonner l’opportunité aux migrants de retour comme aux non-migrants de faire des choix individuels et de faire partie des processus de décision collectifs. A travers la recherche socio-économique et l’approche C4D, l’audience prioritaire reste les migrants de retour mais aussi les communautés dites ‘hôtes’, de retour, de transit ou d’accueil, afin d’optimiser les capabilités respectives des individus par une meilleure réintégration ou intégration sociale, économique mais aussi psycho-sociale au sein de ces communautés.

Dans cette optique, loin de chercher à influencer la décision des migrants ou de limiter leurs options, l’enjeu est à la fois d’identifier et d’offrir des pistes pour la réintégration dans ses dimensions économiques, sociales et psychosociales – dans le respect de la dignité et de la liberté des individus. Cette approche s’inscrit très largement dans le cadre développé par Amartya Sen et Martha Nussbaum, par son insistance sur l’agence et le développement des capacité ou capabilités de l’individu ou de la communauté : il s’agit d’y privilégier une dimension « axée sur le choix ou la liberté, estimant que les bonnes sociétés cruciales devraient promouvoir pour leur peuple un ensemble de possibilités, ou de libertés substantielles, que les gens désirent ou ne désirent pas exercer dans l'action : le choix est le leur. Il s'engage ainsi à respecter les pouvoirs d'autodéfinition des personnes » (Nussbaum, 2011).38 Le Graphique ci-contre rappelle les enjeux majeurs de cette optimisation.

Graphique 16. Définition et enjeux de la communication de l’OIM en Afrique de l’Ouest

Promotion des Prévention du trafic humain canaux réguliers de et des migrations migration à l’échelle dangereuses (pour la régionale ou personne ou son intégrité) internationale

Optimisation des capabilités (individuelles et collectives) et du pouvoir d’auto- définition

Promotion Prévention des d’opportunités socio- risques liés à la économiques à protection l’échelle locale

38 Amartya Sen (2005), « Human Rights and Capabilities », Journal of Human Development; Martha Craven Nussbaum 2011), « Creating Capabilities: The Human Development Approach », The Belknap Press of Harvard University Press.

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La redéfinition par OIM des objectifs de la réintégration des migrants de retour s’inscrit dans cette logique : « Etant parvenues à une réintégration durable, les personnes de retour sont capables de faire des futures décisions migratoires une question de choix, et non de nécessité »39. L’OIM reconnaît ainsi que le retour – quel que soit le succès ou non du processus de réintégration sociale, économique et psychosociale – n’exclut pas une éventuelle migration ultérieure ; cette dernière décision appartient à l’individu et doit s’opérer de manière volontaire et non passive ou subie. C’est dans cette logique que les analyses et recommandations de la présente étude ont été développées.

39 Samuel Hall / OIM (2017) «Setting standards for an integrated approach to reintegration », financé par DFID. 85

ANNEXE 2. MIGRATION ET EDUCATION : QUE DIT LA LITTÉRATURE ?

L’éducation semble favoriser l’émigration lorsque les individus ont atteint l’université. Deux raisons expliquant cette relation positive ont été identifiées

• Aspiration : les individus ayant atteint le niveau universitaire peuvent vouloir migrer pour trouver un travail dans le service tertiaire ou privé, à la hauteur de leurs attentes en termes de salaires et d’épanouissement personnel, qu’ils ne trouvent pas en Mauritanie. Ils peuvent aussi vouloir partir pour compléter leur formation, et favoriser leur intégration dans le pays d’accueil en obtenant un diplôme reconnu localement 40. • Capacité : Les individus ayant atteint l’université sont aussi plus susceptibles d’avoir un niveau d’information, un réseau, et des capacités sociales, économiques et culturelles leur permettant de réaliser le projet migratoire. Cette conclusion rejoint les travaux de Flahaux, Beauchemin et Schoumaker (2011) : ‘plus les individus sont instruits et plus grandes sont leurs chances de partir à l’étranger, et cela quelle que soit l’origine. Cette sélection des migrants selon leur niveau d’éducation est bien plus marquée à destination des pays du Nord : par rapport à quelqu’un qui n’a pas dépassé l’école primaire, un individu qui a atteint l’enseignement supérieur a 6 fois plus de chances d’émigrer du Sénégal. De nouveau, on est loin de l’image courante du migrant africain miséreux, dépourvu de toute instruction. L’émigration afro-européenne est extraordinairement sélective selon le niveau d’éducation’41.

Dans le cas de la Mauritanie, le manque d’éducation n’empêche pas les jeunes mauritaniens d’aspirer à migrer. Comment la littérature explique-t-elle ce phénomène

• Aspiration : les individus ayant atteint uniquement le primaire peuvent décider d’abandonner leurs études et voir la migration comme une alternative efficace à la pauvreté, plus rentable que l’éducation. • Capacité : ces derniers passeront généralement davantage par la voie illégale, et compenseront leur manque de capital social et financier en utilisant leurs réseaux locaux (familles et amis) pour financer et obtenir des informations sur le voyage 42.

40 Alhassane Touré, Zuo Guoxin, Tchondo Anakpa Manawessoue, Sory Kaba (2016), «Statistical Investigation on the Brain Drain of 264 Guineans People Living Outside the Country », American Journal of Educational Research. 41 Flahaux, M-L., Beauchemin, C. et Schoumaker B. (2011), « Partir, Revenir : Tendances et Facteurs des Migrations Africaines Intra et Extra-Continentales », Beauchemin ; C., Kabbanji, L. et Schoumaker, B. (2011), « Entre parcours de vie des migrants et attentes politiques, quel co-développement en Afrique subsaharienne ? », Sept communications scientifiques présentées lors de la Table ronde sur les migrations entre l’Afrique et l’Europe, (Projet MAFE) Dakar le 21 novembre 2009. 42 REACH, Mixed Migration Platform, Mixed Migration Hub (2017) “Youth on the Move”. 86

ANNEXE 3. LISTE DES PARTIES INTERROGÉES

Location Type d'acteur Organisation

NOUAKCHOTT Acteurs locaux Chef d'un quartier, vieux sage NOUAKCHOTT Acteurs locaux Coopérative Kissal NOUAKCHOTT Association Mauritanienne pour la promotion de la santé et l’éducation de la femme et de l’enfant Acteurs locaux (AMPSEFE) NOUAKCHOTT Acteurs locaux Organisation des volontaires de développement NOUAKCHOTT Association des jeunes Mauritaniens pour le Acteurs locaux developpement NOUAKCHOTT Acteurs locaux Organisation des volontaires de développement NOUAKCHOTT Acteurs locaux Centre polytechnique de Nouakchott NOUAKCHOTT Gouvernement SOMELEC NOUAKCHOTT Gouvernement SNDE NOUAKCHOTT Gouvernement Commissariat Sebkha NOUAKCHOTT Gouvernement Mairie ELMina NOUAKCHOTT Gouvernement Hakem ElMina NOUAKCHOTT Gouvernement CAPEC NOUAKCHOTT Secteur Privé Entreprise Ba et frères NOUAKCHOTT Secteur Privé Bourse internet agence immobilière NOUAKCHOTT GIE-caisse d’épargne et de crédit pour les enseignants Secteur Privé et particuliers (CECP) NOUAKCHOTT Secteur Privé Ecole privée NOUAKCHOTT Secteur Privé cables NOUAKCHOTT Secteur Privé entreprise NOUAKCHOTT Secteur Privé Essighe pour l’alminum NOUAKCHOTT Secteur Privé Dina shop NOUAKCHOTT Secteur Privé Vilginisateur NOUAKCHOTT Secteur Privé Calligraphie de la paix NOUAKCHOTT Secteur Privé Agence BMCI NOUAKCHOTT Secteur Privé FORGE NIABINA NIABINA ACTEURS LOCAUX Coopérative WELIGARA NIABINA ACTEURS LOCAUX Coopérative SEWE OLEL NIABINA ACTEURS LOCAUX Cooperative Djokeré fede gourel fede NIABINA ACTEURS LOCAUX Coopérative pelital NIABINA ACTEURS LOCAUX Association des jeunes de Niabina (AJN) NIABINA Gouvernement PARLEMENT NIABINA Gouvernement Lycee Yanbina NIABINA Secteur Privé Ndongo et Frères NIABINA Secteur Privé Quaincaillerie NIABINA Secteur Privé Kebe et Frères NIABINA Secteur Privé Niabina Moderne

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BOGHE Bogué Acteurs locaux Coopérative Peuli Tal Toulde Bogué Acteurs locaux Regroupement des jeunes de Bogué Escal Bogué Acteurs locaux Association Mouvement des jeunes solidaires (MJS) Bogué Acteurs locaux Coopérative Boundji Bogué Acteurs locaux Association FIYB (Mouyibe Yali Toure) Bogué Gouvernement Moughataa Bogué Gouvernement Mairie Bogué Gouvernement Agence SNDE Bogué Gouvernement Agence SOMELEC Bogué Gouvernement Commissariat de Bogué Bogué Gouvernement Agence CAPEC Bogué Secteur Privé BMS (Banque Mouamelat Sahiha) BMCI (Banque Mauritanienne pour le commerce Bogué Secteur Privé international) Bogué Secteur Privé AHS (Amadou Hamadi Services) Bogué Secteur Privé Restaurant de la famille Bogué Secteur Privé Garage mécanique BAGODINE Bagodine ACTEURS LOCAUX l'Association sportif et culturelle de Bagodine, Bagodine ACTEURS LOCAUX coopérative, dental rewbé Bagodine, 44384365 Bagodine ACTEURS LOCAUX d'Association DjokéréInedam, Bagodine ACTEURS LOCAUX Grande Mosquée Bagodine ACTEURS LOCAUX Ecole coranique Bagodine ACTEURS LOCAUX Association Développement Social Bagodine ACTEURS LOCAUX Associations des femmes de Bagodine, Bagodine ACTEURS LOCAUX Coopérative, Dekhla El jedide Bagodine Gouvernement Mairie de la commune de Bagodine Bagodine Gouvernement Parlement Bagodine Gouvernement Centre de santé de Bagodine Bagodine Gouvernement Lycée de Bagodine Office National pour services eaux en milieu rural à Bagodine Gouvernement Bagodine Bagodine Gouvernement Commune de Bagodine Bagodine Secteur privé KANE Mamadou, Commerce général Bagodine Secteur privé Etablissement de maçonnerie Bagodine Secteur privé Boulangerie Bagodine Secteur privé Menuiserie Bagodine Secteur privé Menuiserie métallique Bagodine Secteur privé Samba DIAW, etablissement de peinture Bagodine Secteur privé Commerce Général Bagodine Secteur privé Michelin M'bagne Acteurs locaux Association NANKA M'bagne Acteurs locaux Action Concrète

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M'bagne Acteurs locaux Association des pêcheurs M'bagne Acteurs locaux Association sportive et culturelle de M'bagne M'bagne Acteurs locaux Association miroir d'or de mbagne M'bagne Acteurs locaux Association des ressortissants de mbagne M'bagne Acteurs locaux Association l'union fait la force M'bagne Acteurs locaux Organisation section des commerçants M'bagne M'bagne Acteurs locaux Mohamed Ould Said, Boucheries M'bagne Acteurs locaux Association culturelle de M'bagne M'bagne Acteurs locaux Grande Mosquée M'bagne Acteurs locaux Comité des sages de M'bagne M'bagne Gouvernement Préfecture M'bagne Gouvernement Mairie M'bagne Gouvernement Parlement M'bagne Gouvernement Police M'bagne Gouvernement Société nationale des eaux M'bagne Gouvernement Commissariat à la sécurité alimentaire M'bagne Gouvernement Dispensaire M'bagne Gouvernement Direction de l'élevage M'bagne Gouvernement Direction de l'Agriculture M'bagne Gouvernement Lycée de M'bagne M'bagne Secteur privé GAZA telecom M'bagne Secteur privé Couture M'bagne Secteur privé Boulangerie M'bagne Secteur privé Maçonnerie M'bagne Secteur privé El Menara Transfert d'argent M'bagne Secteur privé Pharmacie de M'bagne M'bagne Secteur privé Quincaillerie M'bagne Secteur privé Nissa BANK M'bagne SELIBABY Association pour le développement intégré du Sélibaby Acteurs locaux guidimakha Sélibaby Acteurs locaux Coopérative femme et développement de guidimakha Association Mauritanienne de l’environnement et de Sélibaby Acteurs locaux l’éducation Sélibaby Acteurs locaux Association des femmes chefs de familles AFCF Sélibaby Acteurs locaux Caisse d’épargne et des crédits Sélibaby Acteurs locaux Union des coopératives des femmes de guidimakha Sélibaby Gouvernement Wilaya de Selibaby Sélibaby Gouvernement Le mairie de Sélibaby Centre de formation de perfectionnement Sélibaby Gouvernement professionnel Sélibaby Gouvernement Sociétété Nationale des eaux Sélibaby Secteur privé Orabank Sélibaby Secteur privé Etablissement Sokhena Abdallahi Sokhena Sélibaby Secteur privé Menuiserie métallique

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Sélibaby Secteur privé Société d’assurance Sélibaby Secteur privé Commerce DJADJIBINA Djadjibina Acteurs locaux Coopérative Potal Djadjibina Acteurs locaux Coopérative Djida Bidja Djadjibina Gouvernement Mairie Djadjibina Gouvernement Chefferie Djadjibina Gouvernement Lycée de diadjibiné Djadjibina Gouvernement Poste de santé Djadjibina Secteur privé Commerce Djadjibina Secteur privé Atelier de soudure

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ANNEXE 4. LISTE D’INITIATIVES ENTREPRENEURIALES TRANSPOSABLES AU CONTEXTE MAURITANIEN Tableau 38. Liste indicative d’initiatives identifiées dans des contextes de vulnérabilité socio-économique

Type Nom Organisation Site internet Description Chef de file Besoins en ressources

Agriculture Green 2000 Green 2000 http://www.green- Green 2000 est le plus grand importateur de OIM, avec le Elevés ltd.com/projects-2/ graines et d'autres produits agricoles d'Israël. soutien du Ils ont mis en place des programmes dans des gouvernement

pays comme le Nigeria, le Tchad, l'Angola, le http://www.jpost.com/Enviro- Kenya, le Ghana et la Guinée équatoriale pour Tech/Green-2000-teaches-Nigeria- créer des emplois liés à l'agriculture dans les Sudan-agricultural-techniques zones rurales. Ils mettent en place des «centres d'éducation agricole» qui desservent 7 000 familles chacun (50 000 personnes par site) et les agriculteurs peuvent emprunter du matériel et acquérir des compétences pour améliorer leurs techniques agricoles.

Agriculture Food for All Food for All http://foodforallafrica.org/ “ Le programme Food for All Africa est une Entrepreneur Moyens Africa Africa organisation de récupération alimentaire qui

gère la première banque alimentaire d'Afrique de l'Ouest au Ghana en créant une chaîne alimentaire efficace et des moyens de nutrition durables pour les enfants vulnérables, les personnes âgées et les handicapés mentaux. chaîne d'approvisionnement alimentaire. "

Eau Water ATM Oxfam Kenya https://kenya.oxfam.org/innovatio Le partenariat d'Oxfam avec Wajir Water and Entrepreneurs Moyens n-increased-water-access-wajir Sewerage Company a permis aux résidents avec le d'une sous-concession appelée Griftu d'avoir soutien de accès à des distributeurs automatiques d'eau l’OIM dans 12 kiosques d'eau, permettant aux

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résidents de charger des unités d'eau sur leurs cartes d'eau. Les avantages de cette approche de l'accès à l'eau sont l'élimination de la manipulation de l'argent, la disponibilité de l'eau 24 heures sur 24 (auparavant un défi), éviter la mauvaise gestion et la corruption des sources d'eau.

Education Essence of Caritas https://www.promisingpractices.o Ce programme examine la ligne de OIM Moyens Learning nline/caritas-switzerland démarcation entre l'éducation et le bien-être Programme psychosocial des enfants, en les préparant à la réintégration à l'école après une crise. Programme de 12 semaines au total, destiné à ramener les enfants à leurs anciennes capacités d'apprentissage.

Energie Takamoto Takamoto http://www.takamotobiogas.com/ Cette société vend un système qui convertit Entrepreneurs Faibles Biogas Biogas les déchets de vache en gaz de cuisson. avec le Destiné particulièrement aux agriculteurs soutien de (nécessite 2 à 4 vaches et l'accès à l'eau), il l’OIM (achat élimine le coût et le risque pour la santé liés à du système) l'utilisation du bois de chauffage et du charbon de bois. Les déchets sont convertis en énergie et les déchets restants sont utilisés comme engrais biologique, ce qui augmente le rendement des cultures.

Energie Brighter lives IKEA http://www.unhcr.org/565c16736. Campagne à grande échelle, dont la troisième OIM, avec le Elevés for refugees Foundation html phase peut être appliquée à des solutions soutien du and UNHCR potentielles de l'OIM: Construire une ferme gouvernement

solaire connectée au réseau près du camp de http://www.unhcr.org/brighterlive réfugiés syrien d'Azraq (cela pourrait être fait s/ dans les petites villes de WA). solution énergétique).

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Energie Solar NRC https://www.nrc.no/news/2015/m Le NRC a mis en place un forage en 2014 qui OIM Medium Powered arch/more-water-from-solar- est en mesure de fournir aux réfugiés du Borehole energy-at-affordable-cost/ camp de Dadaab une moyenne quotidienne de 280 000 litres d'eau potable. Il s'agit d'une solution écologiquement rationnelle pour un campement ou un milieu d'établissement et aide également les gens à mener une vie plus productive et saine lorsqu'ils ont accès à des quantités suffisantes d'eau, ce qui n'est souvent pas le cas dans les colonies.

Infrastructure Support to OIM, https://afghanistan.OIM.int/press- En 2017, l'OIM a lancé un projet de quatre OIM Elevés Returnee European releases/OIM-european- ans financé par la Direction générale de la Reintegratio Commission commission-support-returnee- coopération internationale et du n in reintegration-afghanistan développement (DG DEVCO) de la Afghanistan Commission européenne, qui vise à soutenir les migrants de retour et les communautés d'accueil en Afghanistan. Dans le cadre de ce projet, et en travaillant avec un réseau de partenaires, l'OIM réalisera une série d'initiatives de développement communautaire dans des zones à haut rendement. Les initiatives incluront de petites infrastructures et des projets générateurs de revenus dans divers secteurs, notamment la réhabilitation agricole, l'irrigation et le nettoyage des canaux, le développement rural, l'artisanat et l'équipement et les fournitures pour les institutions publiques et les espaces commerciaux.

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Infrastructure Community OIM https://www.OIM.int/news/OIMs- “L'OIM a lancé un projet de carte OIM Moyens Response community-response-map- d'intervention communautaire (CRM) en Map strengthens-communication- Afghanistan, qui a pour but de surveiller les communities-afghanistan projets et de renforcer l'engagement avec les communautés desservies par l'OIM. "Le CRM est un outil et une méthodologie développés par l'OIM pour faciliter la communication avec les communautés afin de collecter, analyser et visualiser les retours d'expérience. Lorsque l'OIM fournit de tels services, les destinataires peuvent fournir une rétroaction directe au moyen de sondages en personne, de SMS, d'appels téléphoniques ou d'autres canaux. Les réponses sont collectées sur une plate-forme en ligne en direct que l'OIM et ses partenaires peuvent utiliser pour identifier instantanément les lacunes et évaluer l'efficacité de l'assistance fournie, en modifiant les interventions du projet si nécessaire. "

Infrastructure / Community UNHCR http://www.unhcr.org/news/makin Cours de formation en informatique et Entrepreneurs Moyens moyens de Technology gdifference/2010/10/4ca5f3806/u cybercafé dans les camps. Gérés PAR la subsistance Access nhcr-computer-centres-offer- communauté et pourvoyeur d’emplois. Les Centres education-jobs-future-georgia.html utilisateurs peuvent l'utiliser comme un espace pour tirer parti de leurs propres

activités en accédant à des informations sur le marché, etc., etc. Elles ont été mises en œuvre par le HCR à divers endroits dans le monde.

Moyens de MAGNET OIM https://www.OIM.int/news/OIM- Les projets MAGNET et MAGNET II de l'OIM OIM Moyens subsistance Project magnet-ii-assesses-impact- en Iraq ont été mis en œuvre en Iraq en tant que programme de placement financé par le

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sustainable-return-and- Fonds européen pour le retour. Ces projets reintegration-iraqis-kurdistan ont facilité la réintégration des ressortissants iraquiens, grâce à une formation professionnelle et à un placement professionnel, qui sont rentrés volontairement de quatre à six États membres européens dans la région du Kurdistan iraquien. Entre 2014 et 2016, les projets ont soutenu plus de 170 rapatriés, 86 d'entre eux ayant trouvé un emploi et 63 bénéficiant de formations professionnelles, informatiques et linguistiques pour améliorer leurs perspectives de trouver un emploi.

Moyens de Support to OIM http://kosovo.OIM.int/support- Le projet de subventions des MPME a été mis OIM Moyens subsistance Micro, Small microsmall-and-medium- en œuvre au Kosovo entre 2014 et 2016, and Medium enterprises-kosovo-msme-grants- accordant des subventions aux entreprises Enterprises project sous-traitées pour des projets de développement et employées par des migrants de retour.

Santé Psychosocial Caritas https://www.caritas.ch/en/what- Programme de formation pour les OIM, avec le Moyens Support we-do/worldwide/education-and- interventions psychosociales en Palestine. soutien du training income/palestine-strengthening- Dans le domaine du soutien psychosocial il gouvernement programme sustainability-of-psychosocial- est impossible de fournir un soutien sans healthcare.html professionnels formés. Ce programme de trois ans forme un groupe de 30 locaux pour devenir des psychothérapeutes - en répondant durablement au manque de main- d'œuvre.

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ANNEXE 5. ABORDER LES VULNÉRABILITÉS AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE : LES MEILLEURES PRATIQUES

Une clé outil fourni dans ce rapport sont les principes qui permettent d'élaborer des interventions au niveau communautaire qui peuvent être mises en œuvre par les bureaux de pays en Afrique de l'Ouest pour favoriser une réinsertion durable. L'approche proposée est double: • Accorder des subventions aux migrants de retour en fonction des besoins de la collectivité identifiés par la recherche, en plus de fournir un soutien individuel complémentaire pour répondre aux besoins vitaux de base • Mettre en place des projets de développement communautaires portant sur les vulnérabilités de la communauté

Bien que l'approche communautaire réponde à une indication claire des donateurs qui demandent d'aller au-delà du soutien individuel fourni aux bénéficiaires des rapatriés assistés, les écueils communs de cette approche par rapport aux projets passés doivent être mis en évidence pour fournir solutions alternatives et principes généraux.

Les deux principaux défis identifiés tout au long de l'examen de la littérature et sur le terrain sont la durabilité des projets et la participation significative de la communauté.

Appliquer le cadre LearnAdapt. L’absence Absence d'une théorie du changement définie et de mécanismes d'apprentissage conduit à d'un programme d'apprentissage clair la répétition de projets peu soutenables. Négociations avec les bailleurs, soulignant De courtes échéances conduisent à des résultats les conséquences négatives des délais insoutenables courts pour les résultats des projets Organiser des comités communautaires pour chaque projet, embaucher des Absence de concertation communautaire modérateurs expérimentés qui sont tenus d'assurer une participation significative de tous les segments de la société

Cette section met en évidence bonnes pratiques dans des contextes similaires en présentant des projets pertinents antérieurs qui abordent les vulnérabilités au niveau communautaire dans les dimensions suivantes, tout en promouvant la cohésion économique et sociale:

• Dimension sociale: Santé, éducation, alimentation, Énergie • Dimension économique: Accès aux moyens de subsistance, accès au crédit et aux actifs, productivité agricole, finance • Dimension psychosociale: Accès aux services psychologiques, art et culture

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Dimension Sociale

Secteur alimentaire

Projet Banque alimentaire Impact économic Organisation Food for All Africa Pays Ghana Lien http://foodforallafrica.org/

Résumé du projet

Le programme «Food for All Africa» est une Impact Impact social organisation de restauration qui a mis en environnemental place la première banque alimentaire de l'Afrique de l'ouest au Ghana en créant une chaîne d'approvisionnement alimentaire Applicabilité au contexte de l'Afrique de efficace et des moyens de nutrition l'ouest durables pour les enfants vulnérables, les personnes âgées et mentalement contestés La sécurité alimentaire a été identifiée comme à travers une banque alimentaire, et un un défi dans les zones urbaines et rurales: dans forum pour les parties prenantes de la les zones rurales, la sécheresse ou les chaîne d'approvisionnement alimentaire de vulnérabilités liées au climat ont eu un impact l'Afrique.43 sur la capacité des sondés de maintenir un niveau satisfaisant de qualité et de quantité de Ils ont développé une application mobile et nourriture; alors que dans les zones urbaines, le Web qui permet le partage des aliments en manque de ressources signifie un accès limité reliant les communautés vulnérables aux aux marchés existants. excédents alimentaires au sein de la chaîne d'approvisionnement alimentaire (y Comme l'ONG se trouve déjà au Ghana, l'OIM compris des grossistes, fabricants, pourrait envisager de s'initier aux détaillants, supermarchés, restaurants, enseignements tirés des leçons apprises et hôtels, femmes qui travaillent au marché). d'explorer les adaptations du modèle qui peuvent être mises en œuvre par des entrepreneurs locaux ou migrants de retour.

Conditions Impact Demande une Consulter les Food for All Ghana ✓ environnemental formation ✓ positif technologique et Former les entrepreneurs sur les une maintenance technologies mobiles Réduit l'insécurité alimentaire de l'infrastructure

43 http://foodforallafrica.org/ 97

Dimension sociale

Secteur de l'énergie

Projet Brighter lives for refuge Organisation HCR et la Fondation IKEA Haut impact Besoins financiers Pays Jordanie environnemental importants Lien http://www.unhcr.org/565c Création d'emploi Fonds de 16736.html et développement lancement et de de compétences maintenance spécialisées importants

Résumé des Lla Projet Applicabilité au contexte de l'Afrique de l'ouest En 2015, le HCR, avec des donations de la campagne Brighter Lives for Refugees pour Sur les 69 collectivités sondées, 6 avaient moins les réfugiés d'IKEA, a mis en place une de 30% de pénétration du réseau électrique ferme solaire à Camp de Réfugiés Azraq national (Karantaba en Gambie, Dabankou, pour répondre aux besoins énergétiques de Kolaboui, Saraboido, Senko et Timbo en Guinée 27 000 réfugiés syriens. Conakry, et Djadjibina en Mauritanie). Kirané (Mali) et Bagodine (Mauritanie) avaient entre Dans le cadre du projet, “20 réfugiés du 30 et 60% de pénétration. camp ont été formés à l'exploitation et à l'entretien de la ferme solaire, leur Ces communautés vont de péri-urbain aux fournissant de l'emploi et de nouvelles types ruraux et ruraux éloignés. Ils ont compétences. En outre, la première 2 tendance à être caractérisés par un mégawatts ont produit 1,4 million de développement médiocre des infrastructures et dollars US d'électricité par an. Tout de la présence limitée du gouvernement. excédent non utilisé par le camp alimente gratuitement dans le réseau national de Même si l'électricité est disponible – son accès l'électricité jordanien”44. consistent était un problème dans de nombreuses collectivités sondées. L'électricité est un besoin fondamental qui ouvre des possibilités d'activités entrepreneuriales et de Impact connectivité sur le marché. économique

Conditions Nécessite un partenariat fort avec le ✓ gouvernement Doit être approuvé par le Comité ✓ communautaire et les fournisseurs nationaux Impact Impact social environnemental

44 http://www.unhcr.org/565c16736.html 98

Dimension économique

Infrastructures Impact économique

Ressources Moyen Projet Centres communautaires d'accès aux technologies

Organisation HCR Pays Géorgie, Bangladesh, Impact Rwanda Impact social environnemental Lien http://www.unhcr.org/new s/makingdifference/2010/1 0/4ca5f3806/UNHCR- Applicabilité au contexte de l'Afrique de Computer-centres-offer- l'ouest Education-Jobs-future- Georgia.html Les médias sociaux et les sites Web sont utilisés par les rapatriés et les communautés d'accueil pour trouver des opportunités pour l'emploi, Résumé du projet les activités sociales ou la migration – mais ils ne sont qu'une partie d’yb certain nombre de Le programme d'accès aux technologies canaux qui sont utilisés pour avoir accès à communautaires a été lancé par le HCR et l’information (famille et amis, bureaux ses partenaires, Microsoft et locaux...). PricewaterhouseCoopers, en 2009 au Bangladesh et au Rwanda pour personnes Cette initiative peut contribuer à créer des déplacées internes, les réfugiés et les espaces communs susceptibles d’améliorer la communautés d'accueil. cohésion sociale, tout en systématisant le développement des compétences en Ils fournissent des formations en informatique pour les jeunes– un atout pour la informatique et accès aux ordinateurs pour main-d'œuvre d'aujourd'hui en Afrique de les recherches d'emploi. l'Ouest.

Ils pourraient être gérés par des entrepreneurs qualifiés des communautés Conditions d'accueil, ou des migrants de retour. Nécessite un partenariat solide avec le ✓ gouvernement Approuvé par le Comité communautaire ✓ Peut être hébergé par les centres de ✓ jeunesse

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Dimension Psychosociale

Secteur des services psychosociaux

Projet Programme de formation au soutien psychosocial Organisation Caritas Pays Palestine Applicabilité à l'ouest Africaine Contexte Lien https://www.Caritas.ch/en/

What-We- do/Worldwide/Education- Dans 18 Communautés sur 69, plus de and-Income/Palestine- 50% des Jeunes Interrogés disent vouloir Strengthening- un accès amélioré aux services Sustainability-of- psychosociaux. psychosocial- Healthcare.html

Résumé du projet Une analyse des besoins révèlent que les communautés avec un besoin important Caritas a mis en œuvre un programme de pour les services psychosociaux sont formation pour les interventions psycho- dispersées à travers les pays et les sociales en Palestine. Dans le domaine de la communautés-type. santé psychosociale, il est impossible de fournir des services à moins d'avoir des professionnels formés. Un module spécifique sur les besoins des

migrants de retour devrait être inclus dans Ce programme de trois ans forme un groupe de 30 habitants à devenir des Conditionsles outils de formation. psychothérapeutes – s'attaquant durablement au manque de main-d'œuvre Veiller à ce qu'il n'y ait pas de capacité ✓ dans le domaine psychologique. nationale ou de volonté d'investir au niveau communautaire pour les soins Le coût du projet s'est élevé à USD 500 000 psychosociaux mais peut être adapté à une plus petite Travailler avec des psychothérapeutes ✓ échelle. locaux pour concevoir le kit de formation

Renforcement des Besoin de capacités au niveau formateurs de la communauté qualifiés

Besoin d'un suivi long-terme

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ANNEXE 6. COMMUNICATION POUR LE DÉVELOPPEMENT(C4D) – CADRE CONCEPTUEL ET DÉFINITIONS

Cadre conceptuel C4D: communication et capabilité

L’idée d’accroître la ‘capabilité’ ou ‘agence’ s’inscrit dans l’approche développée par Amartya Sen et Martha Nussbaum. Les capabilités sont ‘un ensemble d’opportunités (généralement interdépendantes) de choisir et d’agir. La capabilité est donc un acte de liberté : liberté substantielle d’atteindre des combinaisons alternatives performantes (‘functioning’)45. Cette combinaison ou combinatoire implique donc un jeu entre les ‘capabilités’ internes et l’environnement externe qui les influence fortement, qui peut favoriser ou contraindre les choix. Cette approche du développement humain est donc ‘axée sur le choix ou la liberté, estimant que les bonnes sociétés devraient promouvoir pour leur peuple un ensemble de possibilités, ou de libertés substantielles, que les gens peuvent alors ou ne peuvent pas exercer dans l'action: le choix est le leur. Il s'engage ainsi à respecter les pouvoirs d'autodéfinition des personnes’ (Nussbaum, 2011)46

Dans un contexte de migration – et en particulier de retour – l’enjeu est donc d’accroître, autant que possible, les ‘capabilités’ d’éventuels candidats à la migration ou migrants de retour sans chercher à influencer tel ou tel choix de la part de tel ou tel groupe de migrants (ou segment de la population). Dans cette perspective, une politique ou une stratégie d’assistance aux migrants, déplacés et migrants de retour réels comme aux personnes désirant migrer devra se centrer sur la suppression de ce que Carling (2011) nomme la mobilité involontaire ou l’immobilité involontaire47 pour mieux favoriser leur capabilité à opérer des choix informés et autonomes, en fonction de ce qu’ils jugeront comme préférable. La redéfinition par OIM des objectifs de la réintégration des migrants de retour s’inscrit dans cette logique : « Etant parvenues à une réintégration durable, les personnes de retour sont capables de faire des futures décisions migratoires une question de choix, et non de nécessité »48. L’OIM reconnaît ainsi que le retour – quel que soit le succès ou non du processus de réintégration sociale, économique et psychosociale – n’exclut pas une éventuelle migration ultérieure ; cette dernière décision appartient à l’individu et doit s’opérer de manière volontaire et non passive ou subie.

Communication pour le développement (C4D) : définitions

Comment dès lors définir les objectifs et modalités d’une stratégie de communication à l’égard des communautés, des migrants potentiels et des migrants de retour ? Si l’objectif est de renforcer les capabilités des individus pour qu’ils opèrent un choix en connaissance de cause et afin qu’ils optimisent les possibles qu’ils ont eux-mêmes identifiés, il est important de distinguer les campagnes dites de prévention (awareness raising) des campagnes dites de changement comportemental (‘behavioral change’). La première vise à augmenter les options disponibles et la capabilité de choix, en mettant la capabilité d’action volontaire de l’individu au centre de la démarche et en conservant un objectif de protection ; la seconde peut être comprise comme partiellement en contradiction avec cet objectif, puisqu’elle vise à restreindre les options tout en modifiant le comportement de l’individu, qui se retrouve alors en situation subie de passivité. Pour éviter les

45 Martha Craven Nussbaum 2011), « Creating Capabilities: The Human Development Approach », The Belknap Press of Harvard University Press. 46 A Amartya Sen (2005), « Human Rights and Capabilities », Journal of Human Development. 47 Jørgen Carling (2002), « Migration in the Age of Involuntary Immobility: Theoretical Reflections and Cape Verdean Experiences » Journal of Ethnic and Migration Studies. 48 Samuel Hall / OIM (2017) « Setting standards for an integrated approach to reintegration », financé par DFID. 101 confusions, cette étude privilégiera une approche visant à promouvoir le dialogue et l’intégration socio- économique – communication pour le développement (communications for development - C4D).

La C4D est définie en 2006 comme ‘Un processus social basé sur le dialogue et faisant appel à une gamme étendue d’outils et de méthodes. Elle vise aussi à susciter le changement à différents niveaux, notamment par l’écoute, le développement de la confiance, le partage des connaissances et des compétences, l’élaboration de politiques, la discussion et l’apprentissage en vue de changements significatifs et durables”. Dans le texte du Consensus tiré du Congrès mondial sur la communication pour le développement de Rome 2006, les Nations Unies recommandent d’octroyer une ligne budgétaire ‘sanctuarisée’ de 5% de budget global pour tout programme de développement en faveur de la C4D, afin d’optimiser l’impact à long-terme et la soutenabilité. Parmi les avantages de cette approche, on peut citer :

Adaptabilité : la C4D intègre plusieurs niveaux d’audiences (individus et communauté) ainsi que différents aspects de réintégration (économique, sociale et psychosociale). La C4D vise une communication à un large public mais peut aussi servir à des aspects plus spécifiques de programme – au travers des consultations des parties prenantes, de sessions de radio ou vidéo participatives, de théâtre ou story-telling participatif, de plateformes web…

Applicabilité : la C4D est utilisée pour comprendre les normes d’action et de pensée, les valeurs partagées, les profils socio-culturels des individus et communautés de retour. Les agences des Nations Unies ont souvent utilisé l’approche C4D pour faire entendre la voix des plus marginalisés.49

Dans le cas particulier de cette étude, vu les difficultés d’intégration rencontrées par les migrants de retour (stigmatisation, traumas, discrimination, etc.), la C4D peut contribuer à redonner l’opportunité aux migrants de retour comme aux non-migrants de faire des choix individuels et de faire partie de processus de décision collectifs. Rappel des objectifs de l’approche C4D :

1. Les migrants potentiels sont informés et conscients des risques et conséquences de la migration irrégulière 2. Les migrants potentiels sont informés et conscients des opportunités et options pour une migration sure, régulière – assortie d’une intégration socio-économique dans les pays de destination ; 3. Les migrants potentiels sont informés et conscients des options de (ré)intégration sociale, économique et psychosociale – dans leurs communautés d’origine ou dans des communautés de leur choix ; 4. Les communautés ne font pas/plus la promotion de la migration irrégulière comme une norme sociale de succès ; 5. Les communautés acquièrent une meilleure connaissance du phénomène migratoire ainsi que de la valeur ajoutée (socialement et économiquement) de la présence de migrants de retour au sein de la communauté 6. Les communautés acquièrent une meilleure connaissance des opportunités liées aux rémittences, aux partenariats avec la diaspora, aux échanges avec les pays de destination (formations professionnelle, échanges culturels). 7. Les migrants potentiels, les migrants de retour et la communauté au sens large acquièrent un plus grand optimisme dans le futur et leur capacité d’influencer leur propre destinée comme celle de la collectivité.

49 UNDP (2011), Communication for Development – Strengthening the effectiveness of the United Nations. 102

À travers la recherche socio-économique et l’approche C4D, l’objectif est de supporter l’OIM en renforçant leur Communications and Outreach stratégie dans le cadre de l’EUTF. L’audience prioritaire reste les migrants de retour mais aussi les communautés dites ‘hôtes’, de retour, de transit ou d’accueil, afin d’optimiser les capabilités respectives des individus par une meilleure réintégration ou intégration sociale, économique mais aussi psycho-sociale au sein de ces communautés.

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ANNEXE 7. OUTILS DE C4D

Outils de C4D disponibles pour l’OIM – communication interpersonnelle

Outils de C4D disponibles pour l’OIM – source Bauer & Jenatsch + interviews + SH AVANTAGES INCONVENIENTS Commentaire(s) reports

Le dialogue face-à-face (communautaire et Le débat public sert à inspirer Les thèmes très Bonne approche pour définir les participatif, discussion de groupe) est la forme de confiance lors des premiers polémiques ou sensibles besoins ; vérifier les résultats ; communication la plus ancienne, la plus directe et la contacts avec des communautés (religion, sexualité, assurer la médiation dans les Débat public plus émotionnelle. rurales ou urbaines. violence domestique) ne situations de conflit. sont pas adaptés aux débats publics.

Les visites sur le terrain organisées avec des autorités, 1) Recommandé pour aider à La présence de médias Il convient de prévoir des des représentants de communautés, des journalistes mieux cerner la diversité des (radio et télévision) ou créneaux suffisants pour les ou des partenaires de projets sont utiles pour se communautés visées par d’autorités risque échanges bilatéraux (au-delà rendre compte de la réalité et renforcer le dialogue OIM (visites OIM) ; d’entraver la libre des discussions en groupe) ; il avec les bénéficiaires des projets. En particulier, ces expression des personnes faut privilégier le profil bas pour 2) Recommandé aussi pour Visite de terrain visites aident à « parler le même langage » avec interrogées. diminuer l’aspect ‘visite avoir une base commune de donneurs, agences UN, ONGs, CSOs, et officielle’ (biais cognitif ou connaissance subjective communautés : que veut dire ‘livelihood opportunity’ d’acquiescence). (visites avec donneur, UN, dans telle ou telle communauté ? que veut dire ONGs, etc.). ‘résilience’ ou ‘gender issue’ dans une communauté rurale sans accès aux services basiques ?

Les activités culturelles véhiculent des messages sous Elles permettent aussi aux Il est important de Les moyens de communication la forme de scènes, d’images, de métaphores et participants de s’exprimer sous dépasser le cadre de masse et les réseaux sociaux d’émotions qui restent plus facilement ancrées dans une forme différente du simplement informatif ou permettent de dynamiser les Activités les mémoires que les écrits. Les types d’activités les discours socialement ou illustratif, en visant : 1) événements, d’atteindre un artistiques plus fréquents sont : théâtre de rue, expositions de cognitivement codifié l’expression de soi par les public plus large et de diffuser le photos, concours, fêtes communautaires, festivals et (questionnaire). individus ou la message aux personnes qui

n’ont pas pu y assister. Communicationinterpersonnelle 104

Outils de C4D disponibles pour l’OIM – source Bauer & Jenatsch + interviews + SH AVANTAGES INCONVENIENTS Commentaire(s) reports

concerts ; mais aussi semaine thématique, création communauté ; 2) la genèse collective d’une fresque. de débats ou de dialogues.

L’anti-cartographie ou anti-atlas s’appuie sur trois Pour un coût très faible, les anti- Les bénéfices Pour optimiser l’approche, il constats : atlas donnent une lumière ‘thérapeutiques’ de ces faut développer une radicalement autre sur la approches alternatives se communication et une • La carte est une représentation question de la migration. Ils limitent aux participants. dissémination autour de ces conventionnelle d’un espace géographique s’inscrivent dans une logique L’investissement en temps ateliers (auprès des préexistant – le territoire. Elle est un moyen de d’écoute bottom-up et (4-6 mois) est à prendre en communautés et des donneurs). le matérialiser, de le baliser. En ce sens, il est permettent aussi de faire compte. souvent question en géographie de s’exprimer des individus souvent topographie, d’une écriture normalisée, traumatisés par l’expérience codifiée, parfois cryptée. migratoire. • La migration est souvent cartographiée par des flèches, des flux, pour en signifier les Anti-Atlas ou dynamiques – sans représenter les échanges anti- humains, la dimension émotionnelle du Photo 3: Exemple de contre-cartographie (S. Mekdjian – Uni. de Grenoble) cartographie voyage. • Dans le protocole de recherche traditionnel, l’individu (migrant ou non-migrant) est toujours objectivé – sommé de répondre à des questions sur lui/elle, tant dans le questionnaire quantitatif que dans les approches qualitatives (discussion de groupe).

L’anticartographie propose d’ « ouvrir un espace d’échange avec les migrants. Pas simplement sur le mode de l’interview – l’idée est de faire différemment du questionnement administratif auquel les migrants sont perpétuellement soumis quand ils demandent l’asile. De raconter les choses par d’autres moyens, 105

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plus créatifs. De ne pas raconter que le factuel – vous êtes passés où, à quel moment, à quelle heure - mais de faire une démarche émotionnelle ».50

Les foires agricoles ou commerciales ont de nombreux Ces approches ont des effets Le rôle de l’OIM doit être Ces manifestations doivent être avantages quand il s’agit de rapprocher des groupes très utiles pour changer la précisé pour ne pas créer coordonnées avec les distincts au sein d’une communauté (migrants/non- relation, notamment avec le de confusion auprès de associations et les groupes migrants), de valoriser les créations et produits de secteur privé, puisque l’OIM se l’opinion et des autres locaux pour mobiliser le public Foires agricoles ladite communauté et de générer (indirectement) des met alors en position d’offre et partenaires – ce qui peut et générer un débat sur les ou emplois ou des initiatives entrepreneuriales. Elles non pas de demande avec ces soit créer des attentes opportunités d’intégration ou commerciales donnent l’occasion de montrer des produits et des acteurs – elle offre une irréalistes, soit rendre de réintégration locale des locales créations locaux ; diffuser des méthodes innovantes ; plateforme qui suscitera confuse l’identité de l’OIM. migrants de retour. rapprocher les producteurs des consommateurs ; l’intérêt des acteurs privés, des susciter l’intérêt des médias. coopératives, des commerçants, des producteurs…

Les séminaires et ateliers servent à présenter de Ces événements, s’ils sont pris 1) Afin d’obtenir des Il est utile de mélanger les nouvelles méthodes, à rapprocher les points de vue et comme des ateliers de réflexion débats de qualité, il points de vue et les acteurs, les à faciliter l’échange d’idées entre experts ou collective et participative, convient de limiter le types de participants, pour collègues/pairs au sein d’un espace protégé. Les peuvent avoir de nombreux nombre de participants. ‘éviter les silos : par exemple, en Ateliers, participants agissent comme des multiplicateurs de avantages : 1) clarifier des Il vaut mieux organiser évitant un workshop avec ONGs workshops, connaissances. C’est ainsi que la participation de malentendus ; 2) établir des plusieurs ateliers avec uniquement, avec secteur privé séminaires journalistes à un séminaire consacré aux questions de bases de discussion commune ; un public limité qu’un uniquement, avec donneurs la migration vers l’Europe ou du déplacement 3) partager des connaissances, événement de grande uniquement, etc. mais plutôt en intrarégional contribue à améliorer le niveau de des réussites et des échecs ; 4) ampleur ne permettant mélangeant ces différents types couverture médiatique et à sensibiliser la population – identifier des solutions et aucun échange. d’acteurs dans de petites et plus généralement à poser les bases d’une opportunités de terrain. Il est sessions – cela donnera le connaissance juridique, économique, sociale important de ne pas seulement sentiment que les clés sont à eux

50 Voir en particulier Mekdjian, Sarah, Anne-Laure Amilhat-Szary, Marie Moreau, Gladeema Nasruddin, Mabeye Deme, Lauriane Houbey, and Coralie Guillemin (2014), « Graphiquer les entre-deux migratoires. Pratiques cartographiques expérimentales entre chercheurs, artistes et voyageurs ». Carnets de géographes 7. 106

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commune sur des sujets sensibles et trop souvent communiquer ou informer mais 2) Sans suivi et plan et que ce n’est pas l’OIM qui caricaturés dans les médias ou l’opinion. générer de la nouveauté en d’action à l’issue des vient rendre des comptes devant mettant les participants en ateliers, ces événements les ONGs, les donneurs, etc.’51 position d’acteurs. ont un faible écho par rapport à l’investissement qui peut être important.

Le travail de sensibilisation dans les établissements Les élèves et les étudiants Les campagnes trop naïves Il est judicieux de combiner scolaires et les universités constitue généralement un offrent un effet multiplicateur ou unilatérales peuvent information et divertissement : investissement pour l’avenir mais sur le thème efficace en relayant les avoir un effet inverse de les campagnes utilisant le spécifique de la migration/mobilité, on observe aussi enseignements à leur famille. celui désiré – les étudiants théâtre, les concours et d’autres Campagnes que de nombreux candidats au départ sont d’un étant par exemple souvent éléments ludiques sont dans les nouveau éducatif plus élevé que la moyenne : plus le critiques à l’égard des particulièrement populaires établissements capital socio-éducatif est important, plus l’envie messages perçus comme auprès des enfants et des scolaires et les d’ailleurs, l’accès à l’information, la curiosité et la ‘officiels’ ou ‘restrictifs’. Il jeunes. Les campagnes menées centres capacité à réaliser ses envies sont importants. est donc essentiel de dans les écoles doivent être éducatifs préparer ce type de couplées au programme scolaire

campagnes sans a priori et coordonnées avec le quant à leurs débouchés et ministère de l’éducation. de rester flexible et ouvert durant l’échange.

Lobbying avec A long-terme, le C4D vise non seulement à informer et Complément de la C4D Le lobbying requiert des La crédibilité d’un acteur les partenaires optimiser la capacité individuelle/communautaire de traditionnelle, le lobbying compétences spécifiques lobbyiste sur des questions de institutionnels choix mais aussi à modifier le cadre institutionnel. permet de consolider les gains qui vont au-delà de mobilité vient d’abord de sa (gouvernementa Dans cette optique, l’OIM doit être identifié comme en agissant sur la dimension rencontres ponctuelles capacité à délivrer sur le terrain. ux et non- un acteur clé du débat régional, national et local structurelle (politique, légale) et avec les partenaires Aucun thème n’est trop sensible gouvernementa institutionnels – stratégie avec les partenaires ux) pour pluriannuelle adaptée au gouvernementaux si l’OIM est

51 Interview avec un ‘Communications & Outreach expert’, Nairobi, March 2018. 107

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influencer les autour de la mobilité (droits humains, protection, non pas seulement sur les pays, alignement sur la perçu comme fiable, impartial, politiques accès équitables aux services, etc.) aspects conjoncturels. feuille de route de l’OIM performant. régionalement, charisme personnel du ou de la porte-parole.

Outils de C4D disponibles pour l’OIM – médias traditionnels

Outils de C4D disponibles pour l’OIM – source Bauer & Jenatsch + interviews + AVANTAGES INCONVENIENTS Commentaire(s) SH reports Supports écrits, affiches / banderoles, radios 1) Les livrets pédagogiques 1) Les médias imprimés et Chaque produit est la vitrine de communautaires, télévision / vidéo… Les distribués dans le cadre des électroniques ne l’organisation ou du projet : à ce supports écrits ou visuels deviennent des outils activités collectives ou constituent pas à eux titre, il mérite un soin particulier.

de C4D dès lors qu’ils sont intégrés dans les individuelles présentent un seuls une campagne de Avant la phase d’impression, il est processus de communication. Ils sont l’outil le degré d’acceptation élevé et C4D. indispensable d’élaborer un plan plus utilisé pour promouvoir de nouvelles permettent de préciser des de distribution et un calcul 2) Il faut adapter le méthodes ou pour sensibiliser la population à concepts ou d’illustrer des réaliste du tirage nécessaire. La langage et le format au des thèmes complexes. Mais ces instruments étapes à suivre dans un diffusion de bulletins Médias imprimés et moyen utilisé. La ne doivent représenter qu’une petite processus donné. électroniques permet de réduire électroniques publication composante d’une stratégie et d’une boîte à radicalement le tirage. 2) Le contenu du support écrit d’informations sur outils, les évaluations des ‘awareness raising se prête à des utilisations Internet exige ainsi de campaigns’ ou campagnes de sensibilisation de multiples par d’autres synthétiser le contenu l’OIM, quand elles s’appuient sur des supports canaux : pages web, bulletins au maximum. imprimés ou électroniques uniquement, sont électroniques, Facebook, en général très négatives. imprimés audiovisuelset traditionnels 3) L’utilisation de photos Twitter. de qualité,

d’infographies Médias Médias 108

attractives et d’un design professionnel contribuent à attirer l’attention du lectorat.

Les radios communautaires doivent leur Dans les zones rurales et les 1) Certains caveats Mais Il est important que l’OIM se grande popularité à leur proximité et aux régions isolées, la radio est le importants sont à renseigne sur le contexte des espaces d’interaction qu’elles offrent à la seul média disponible et, souligner : ‘Ces radios émissions ou radios partenaires communauté. Elles sont généralement souvent, le média de référence. n’étant pas ou peu afin que l’organisation ne soit pas disposées à promouvoir les questions de professionnelles, elles n’ont associée à des conflits développement et contribuent à : 1) mobiliser généralement pas de communautaires internes Radio communautaire la communauté locale et provoquer des débats charte éthique et filtrent (linguistiques, ethniques, socio- ; 2) diffuser des programmes pédagogiques ; 3) rarement leurs propos’.52 culturels, etc.) par ailleurs

lancer des campagnes de sensibilisation. débattus dans d’autres émissions. 2)La couverture des radios communautaires est locale. Pour couvrir des territoires étendus, il convient de travailler avec des stations nationales.

Les vidéos à caractère pédagogique sont 1) La capacité des 1) Le processus de 1) Avant de lancer la largement utilisées dans le cadre de la feuilletons télévisés à production est long et production, il est primordial de coopération : elles informent, sensibilisent, sensibiliser la jeunesse est nécessite des spécialistes calculer le rapport coût/bénéfice : forment et mobilisent leur public. Le feuilleton importante sur des thèmes du scénario, du tournage, Combien de personnes à contenu social prend de l’ampleur dans comme le violence, la migration, du montage, du sous- visionneront la vidéo ? Où sera-t- Vidéo et audiovisuel plusieurs pays du Sud et de l’Est car il permet la santé, l’éducation, le genre… titrage, de la distribution, elle diffusée ? Existe-t-il des de sensibiliser et d’éduquer un large public en raison du processus etc. solutions plus efficaces et/ou tout en le divertissant. identificatoire. moins onéreuses ? 2) Les exigences 2) Les études conduites en techniques élevées 2) Cette approche peut sans Afghanistan, Pakistan, Kenya, augmentent les coûts de doute être envisagée à l’échelle etc. à la suite de la diffusion de production des vidéos. régionale (Afrique de l’Ouest) par

52 Interview avec un expert en communication stratégique, Paris, March 2018. 109

séries télévisées ou internet l’OIM en faisant Graphiquer des sont positives (rétention, jeunes de différentes nationalités, sensibilisation, comportements). afin de mutualiser les coûts et d’augmenter l’audience cible – même si la spécificité du message y perdrait.

Outils de C4D disponibles pour l’OIM – nouvelles technologies et réseaux sociaux

Les réseaux sociaux et les plateformes d’échanges Il est avéré que les gens 1) Pour créer un En l’absence des ressources sur Internet ne cessent de gagner en popularité se fient davantage à des groupe d’abonnés fidèles, nécessaires, mieux vaut se et leurs utilisateurs y passent de plus en plus de témoignages personnels il est essentiel d’adapter passer d’une présence sur le temps. Les réseaux sociaux sont incontournables d’agents de terrain qu’aux les contenus et de web (comme pierre angulaire de dans toute initiative destinée à diffuser des informations « officielles procéder à des mises à la C4D de l’OIM) Présence de l’OIM informations, mobiliser des individus et lancer » produites par les jour à un rythme régulier (comme acteur) sur les des débats. Parmi les outils d’échange : Page services centraux. (au moins deux à trois fois réseaux sociaux web, récit numérique, bulletin électronique, par semaine). réseaux sociaux : Facebook, Twitter, Youtube, 2) La facilité de créer SMS / messages texte, courrier électronique, un compte ou une chaîne podcast / Rediffusion multimédia, blog, jeux contraste avec des coûts pédagogiques sur Internet. de fonctionnement relativement élevés.

La facilité d’accès aux appareils techniques Ces récits sont de 1) Pour l’OIM, il est Pour l’OIM, contribuer par des (smartphones dotés d’une caméra) et les vastes puissants outils pour : 1) important de ne pas être stages, formations techniques, possibilités de diffusion sur Internet (YouTube et commenter des faits perçu comme un acteur dons en nature (caméras, Récits numériques réseaux sociaux) ont favorisé l’essor des vidéos et survenus dans le domaine politiquement ‘gris’, smartphones), à ce type des productions audiovisuelles amateurs. Le fait public du point de vue de promouvant directement d’initiatives peut permettre de filmer sa propre réalité invite à réfléchir sur soi la population (journalisme l’activisme politique. d’améliorer la vie de la et à s’émanciper. La qualité technique est citoyen) ; 2) mobiliser le communauté et identifier des

secondaire. Le processus compte tout autant que soutien pour des causes porte-paroles d’une génération. Nouvelles technologies et réseaux sociaux réseaux et technologies Nouvelles 110

le rendu final. Comme le notent Bauer et sociales ; 3) dénoncer les 2) Si la vidéo est Il s’agit ici de mettre l’accent sur Jenatsch (2016), ‘raconter des histoires contribue abus ou les négligences mise en ligne sur Internet, la construction de l’identité de manière tangible à la construction de la imputables aux autorités ; il faut tenir compte des collective, sur les capabilités réalité. Cette tâche est trop importante pour la 4) recueillir des droits à l’image : les individuelles – plus que sur les laisser aux seules mains des grands médias, qui témoignages dans le protagonistes sont-ils messages de ‘déterrence’. sont souvent au service des élites politiques et cadre d’évaluations d’accord pour être économiques. Les récits numériques qualitatives ; 5) rendre filmés? (transformative digital story-telling) permettent compte des résultats de la de raconter des histoires et de construire la réalité coopération ou les en puisant dans le vécu des citoyens. Ce sont des documenter ; 6) informer vidéos produites par des amateurs, qui sur des dynamiques de transmettent des expériences personnelles. groupe et promouvoir des Volontairement subjectifs, ils bâtissent leur succès processus sur leur authenticité et leur originalité.’ d’apprentissage.

Les jeux en ligne qui combinent divertissement et La conception et le Les coûts de diffusion Encore exploratoire, cet apprentissage sont en plein essor. Quand ils sont développement des jeux peuvent être maintenus instrument de C4D sera divertissants et bien conçus, ils se diffusent nécessitent l’intervention relativement bas à clairement une composante Jeux pédagogiques en rapidement sur le web. La question de la mobilité de spécialistes et peuvent condition de publier des essentielle des campagnes de ligne – sensibilisation aux risques, droits, opportunités, se révéler relativement annonces sur Internet et sensibilisation et de prévention partenariats – est une thématique de choix pour coûteux. de parvenir à susciter de demain. des jeux interactifs qui s’adaptent à tous les l’intérêt des écoles.

thèmes possibles.

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Activités recommandées pour l’OIM – niveaux communautaire, national, régional – Mauritanie

Foires agricoles, commerciales Ateliers ou séminaires Ateliers ou séminaires Régional (Afrique de l’Ouest) Audiovisuel Ateliers ou séminaires Lobbying régional Audiovisuel Jeux en ligne Présence de l’OIM en ligne Foires culturelles Festivals Ateliers ou séminaires Compétitions sportives Campagnes scolaires Activités artistiques Ateliers ou séminaires Ateliers ou séminaires National (Mauritanie) Radio communautaire Ateliers ou séminaires Suivi et évaluation de la qualité Lobbying national et régional (nationale) Récit numérique Jeux en ligne Présence de l’OIM en ligne (incl. Facebook) Visite de terrain Anti-Atlas Visite de terrain Activités artistiques Causeries éducatives Foires agricoles, culturelles Anti-Atlas Festivals Débat public Communauté Activités artistiques Campagnes scolaires Suivi et évaluation de la qualité Radio communautaire Médias imprimés Récit numérique Radio communautaire Jeux en ligne Présence de l’OIM en ligne

Partage des savoirs & savoir- Courbe d’apprentissage pour Ecoute & confiance Elaboration de politiques faire OIM - Mauritanie (Listening and building trust) (Building policies) (Sharing knowledge and skills) (Learning)

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STRATÉGIE C4D POUR OIM – MAURITANIE

La stratégie de C4D de l’OIM doit prendre en compte certaines spécificités dans la dynamique migratoire locale et les agents d’influence identifiés :

• Les jeunes sondés manquent de confiance dans les institutions. , mais une confiance importante dans les leaders locaux (66%). Les sondés ont tendance à faire confiance aux enseignants (52%), et à faire davantage confiance aux ONGs (44%) qu’à l’ONU (38%) • La famille est un agent d’influence majeur dans les prises de décision. Si 22% du total des migrants de retour déclarent avoir pris la décision de partir seuls, la majorité d’entre eux disent que la famille a joué un rôle dans leur départ. Les amis jouent également un rôle (confirmé durant les discussions de groupe) mais les autres membres de la communauté semblent peu consultés à ce sujet. Il est donc nécessaire pour l’OIM de mettre en place des projets C4D en collaboration avec les membres du microsystèmes (familles) et du mésosystème (leaders communautaires et religieux) dans une moindre mesure afin de favoriser la confiance des populations locales dans l’ONU et dans les ONG locales. • Les canaux de diffusion et de partage des savoirs dans les lieux de sociabilité sont principalement les réseaux sociaux (Facebook et Whatsapp). • En général, les discussions sur les retours doivent être liées aux discussions sur les liens entre migration et développement, afin d’éviter la dissémination d’un langage anti-migratoire. Il est donc nécessaire de développer des messages simples, à disséminer avec les autorités locales de Sélibaby et Nouakchott dans un premier temps – en profitant de la présence des bureaux OIM dans ces deux villes.

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ANNEXE 8. DISPOSITIF DE SUIVI ET ÉVALUATION DE LA QUALITÉ

Cadre conceptuel - le modèle LearnAdapt

Sur la base de l'examen de plusieurs programmes financés par DFID, une approche LearnAdapt a été développée pour capturer les résultats positifs et négatifs de la programmation dans des contextes nécessitant davantage de flexibilité (opérationnelle et financière) et d'adaptabilité (phases de test, pilotes, coordination avec d'autres les parties prenantes). Son modèle est fondé sur le bon sens et s'applique aux initiatives de l'OIM en Afrique de l'Ouest - en particulier en Mauritanie. LearnAdapt met l'accent sur les leçons apprises, énumérées dans la colonne de gauche du tableau ci-dessous ; à droite, l'équipe de recherche a inclus une approche plus traditionnelle du M & E, qui prévaut toujours non seulement au sein de l'OIM (aux niveaux opérationnel et stratégique) mais aussi dans la plupart des organisations opérant dans des environnements similaires en Afrique de l'Ouest.

Graphique 17. Modèle LearnAdapt (DFID, 2018)

Un changement nécessaire vers l'apprentissage réel

Il convient de noter que l'équipe de recherche est consciente des contraintes réelles (cycles de financement courts, défis opérationnels, situations d'urgence, obstacles politiques, etc.) auxquelles une organisation comme l'OIM doit faire face dans le contexte sénégalais. Cependant, nous pensons qu'une réorientation drastique de l'approche d'apprentissage de l'organisation aurait des avantages immédiats et à plus long terme tant au niveau stratégique qu'opérationnel : un dialogue basé sur des preuves avec les donateurs (vs 'implémentation' vérifiant les boîtes dans un environnement 'captif'), le développement à l'OIM d'une culture de l'impact (vs. strictement axée sur le rendement), une 114 coordination plus forte avec les partenaires traditionnels de l'OIM (vs le partage de l'information de base), la participation active et l'adhésion des communautés locales. En d'autres termes, ce changement n'est ni idéaliste ni décontextualisé - c'est probablement la façon la plus pragmatique, la plus rentable et la plus transparente pour l'organisation de respecter son mandat principal vis-à-vis de ses partenaires : donateurs, acteurs institutionnels, acteurs du développement et les communautés locales.

Tableau 39. Comparaison entre l’approche LearnAdapt et l’approche traditionnelle

approche LearnAdapt M&E chez OIM L'apprentissage (learning) est la clé : indispensable pour Le traitement des situations avoir le bon type de systèmes de S & E d'urgence empêche les boucles de • Construit depuis le début, avec une information en rétroaction et les évaluations temps réel ; d'impact d'être entièrement • Structuré et construit autour d'une hypothèse (théorie intégrées par OIM. du changement) et d'un plan clair ; • Soutenir une relation de confiance entre l’OIM et l'exécutant • Construire des mécanismes de rétroaction pour tester les hypothèses contre la réalité locale Prendre le temps de construire les bonnes manières de Le temps alloué aux pré- travailler évaluations, aux études de • Par exemple, une phase de démarrage prolongée pour la faisabilité, aux projets de recherche, recherche, la construction de la confiance, le aux courbes d'apprentissage, etc. développement de systèmes d'apprentissage est souvent considéré comme une variable d'ajustement.

L'espace pour innover et expérimenter doit aller tout au La rétroaction des partenaires en long de la chaîne de distribution aval menant à une collaboration • Les partenaires en aval ont-ils aussi l'espace pour plus adaptative n'est pas toujours travailler de manière adaptative? priorisée, ce qui affaiblit la relation avec les partenaires locaux. La programmation adaptative, bien faite, est un moyen de La question de la gestion des risques gérer les risques n'est pas suffisamment prise en • Les petits gains et pilotes contre les hypothèses compte, car «faire», «délivrer» et englobantes «mettre en œuvre» sont de facto • Preuve en temps réel (évaluation axée sur la décision) considérés comme des priorités. par rapport à l'évaluation de fin de projet • Ciblage des ressources pour ce qui fonctionne

Application aux recommandations pour l’OIM Mauritanie

Le tableau de bord ci-dessous détaille les dimensions d’apprentissage ou learning sur auxquelles les indicateurs mentionnés dans la première sous-section pourront contribuer. Cela s’applique aux quatre dimensions de nos recommandations :

1. Approche individuelle (Social Entrepreneurship) 2. Approche systémique (Value Chain) 3. Approche cohésive (Capacity Building) 4. Communications pour le développement (C4D)

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Les indicateurs ci-dessous couvrent les champs communautaire (impact économique, social/sociétal, et environnemental) et individuel (intégration économique, social et psychosociale), ainsi que la dimension d’apprentissage, propre au projet lui-même : dans quelle mesure les retours d’expérience ont-ils nourri la théorie du changement du projet ou de la C4D pour en affiner les objectifs, la mise en œuvre ou les indicateurs ?

Graphique 18. Exemple (fictif) d’indicateurs pour mesurer la qualité des recommandations

INDICATEURS COMMUNAUTAIRES: évaluer l’impact du projet sur la communauté

Impact économique Cohésion sociale (genre, Environnement Perception des migrants (création d’emplois, jeunes, vulnérables, (recyclage, empreinte de retour (acceptation, sous-traitants, etc.) etc.) carbone, etc.) etc.)

INDICATEURS INDIVIDUELS : évaluer l’impact du projet sur l’intégration individuelle

Intégration économique Intégration Impact Aspirations (intentions (revenu, biens matériels, sociale (inclusion, psychosocial de migration, etc.) discrimination) (stress, stigma) perspectives d’avenir)

LEARNING AGENDA: courbe d’apprentissage des projets de l’IOIM

Approche Apprentissages et Évolutivité à plus grande Réplicabilité et participative (vs. retours d’expérience (au échelle (scalability dans applicabilité (contexte top down) sein de l’OIM et des un même contexte) différent) partenaires)

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ANNEXE 9. BIBLIOGRAPHIE

AFD, « Mauritanie » : https://www.afd.fr/fr/page-region-pays/mauritanie. BANQUE MONDIALE (2017), « Diagnostique Systématique Pays – Mauritanie ». BAUER, R. et JENATSCH, T. (2016), « Communication pour le développement, Un guide pratique », Confédération Suisse, Direction Développement et de la Coopération (DDC). CARLING J. (2002), « Migration in the Age of Involuntary Immobility: Theoretical Reflections and Cape Verdean Experiences », Journal of Ethnic and Migration Studies 28, no. 1. CARLING J. et COLLINS F. (2017), « Aspiration, desire and drivers of migration », Journal of Ethnic and Migration Studies. DE LA TOUR, E. (2003), « Héros du retour », Critique internationale 2003/2 (no 19), p. 171-189. DeGSta (2017), « Etude de marché des secteurs porteurs d’emplois pour le personnel peu ou pas qualifié en Mauritanie », projet EMELI. DEVCO, « Mauritanie » : https://ec.europa.eu/europeaid/sites/devco/files/mauritanie_vf.pdf HIRSCHMAN, A. (1978), « Exit, Voice, and The State », World Politics, Vol.31 No.1. HOFFMANN, B. (2008), « Bringing Hirschman back in: Conceptualizing transnational migration as a reconfiguration of 'exit', 'voice', and 'loyalty' » GIGA working papers, No. 91. IOM (2017), « Towards an Integrated Approach to Reintegration in the Context of Return » (Geneva: IOM, 2017), 3. UNDP 2011, Communication for Development – Strengthening the effectiveness of the United Nations. MEKDJIAN, S., AMILHAT-SZARY A-L., MOREAU M., NASRUDDIN G., DEME M., HOUBEY L., et GUILLEMIN C. (2014). « Graphiquer les entre-deux migratoires. Pratiques cartographiques expérimentales entre chercheurs, artistes et voyageurs. » Carnets de géographes 7. MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE MAURITANIEN (2015), « Stratégie Sectorielle du Ministère de l'Agriculture Période 2015-2017 », MINISTÈRE DES FINANCES (2015), « Profil Environnemental De La Wilaya Du Brakna, Mauritanie ». NUSSBAUM M. (2011), « Creating Capabilities: The Human Development Approach », The Belknap Press of Harvard University Press. OFFICE NATIONAL DE LA STATISTIQUE (2013), « Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) ». OIT, Bureau pour l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie- Nouakchott (2017) « Le Secteur du Bâtiment Mauritanien : Enjeux, Orientations et potentiel de réforme : Architectures et Matériaux durables, formations adaptées et Emplois décents. » Programme de renforcement de la résilience des communautés urbaines et rurales vulnérables en Mauritanie, fiche projet, https://ec.europa.eu/trustfundforafrica/sites/euetfa/files/t05-eutf-sah-mr- 07_ami_resilience_.pdf SEN A. (2005), « Human Rights and Capabilities », Journal of Human Development 6, no. 2 : 151–166.

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Samuel Hall est une entreprise sociale proposant des analyses d’experts, des conseils personnalisés et un accès aux connaissances locales pour un large éventail d’acteurs opérant dans les environnements les plus difficiles du monde. Nous sommes spécialisés dans les enquêtes socioéconomiques, les études privées et publiques et l’évaluation de l’impact de divers acteurs humanitaires et de développement. Grâce à une approche rigoureuse et à l'inclusion d'experts universitaires, de praticiens de terrain et d'un vaste réseau de chercheurs nationaux, nous apportons des idées novatrices et des solutions pratiques pour résoudre les problèmes sociaux, économiques et politiques les plus urgents de notre époque. Samuel Hall a des bureaux en Afghanistan, au Kenya et en Somalie et est présent en France, en Allemagne, au Sénégal, en Tunisie et aux Émirats Arabes Unis. Pour plus d'informations, veuillez visiter www.samuelhall.org [email protected]