Dire L'autochtonie À Tahiti. Le Terme Ma¯'Ohi : Représentations

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Dire L'autochtonie À Tahiti. Le Terme Ma¯'Ohi : Représentations Dire l’autochtonie à Tahiti. Le terme ma¯’ohi : représentations, controverse et données linguistiques par Bruno SAURA* RÉSUMÉ ABSTRACT Le présent article part du constat de la généralisation This article is based on the observed generalization in à Tahiti, depuis les années 1980, de l’emploi du terme Tahiti, since the 1980’s, of the use of the term ma¯’ohi by ma¯’ohi par les Polynésiens pour s’autodésigner. Loin Polynesians to refer to themselves. Some older people des discours identitaires contemporains qui voient dans believe the term inappropriate to designate mankind, le terme ma¯’ohi l’expression d’une autochtonie intrinsè- and reserve it for plants and animals. This is in opposi- quement porteuse de dignité, certaines personnes âgées tion to contemporary identity speeches which see in the jugent impropre l’emploi de ce qualificatif au sujet de term ma¯’ohi the expression of an indigenous behaviour l’homme ; elles ne l’estiment approprié qu’aux plantes et intrinsically conveying a notion of dignity. This opposi- aux animaux. Cette opposition témoigne d’un conflit de tion attests to a conflict of representations relating to représentations relatives à la terre, louée chez les natio- earth: on the one hand, that praised by contemporary nalistes d’aujourd’hui mais parfois perçue, à l’inverse, nationalists, but on the other hand, that sometimes per- sous l’angle de la souillure par certains anciens polyné- ceived by elder Polynesians as tainted. Moreover a com- siens. Une analyse linguistique comparative du terme parative linguistic analysis of the term ma¯’ohi shows ma¯’ohi montre par ailleurs que ce terme ne véhicule pas that it doesn’t systematically convey the idea of purity fondamentalement l’idée de pureté ou de dignité, même or dignity even if it is often used in other Polynesian s’il apparaît, dans d’autres îles polynésiennes, souvent islands to designate mankind. appliqué à l’homme. K: indigenous, behaviour, ethnic term, M- : autochtonie, ethnoterme, représenta- representation, earth, identity tions, terre, identité Dans le domaine de l’identité, conçue comme dent sur la croyance en l’existence d’éléments appartenance à un groupe1, les analystes ont constitutifs d’un groupe, pouvant être repérés, coutume d’opposer les théories et représenta- isolés, voire inventoriés ; à l’inverse, les secondes tions primordialistes, substantialistes ou essenti- posent l’identité comme une construction dyna- alistes ¢ qu’elles soient populaires ou savantes ¢ à mique, le groupe prenant notamment corps à celles dites constructivistes. Les premières se fon- travers l’affirmation de son existence, et non en 1. Quelques chercheurs récemment, parmi lesquels Rogers Brubaker (2001), en appellent à dépasser le concept d’identité. Sans nier la pertinence de certaines de leurs critiques, celles-ci n’invalident pas à nos yeux, la fécondité du concept d’identité. Nous ne voyons pas pourquoi, par exemple, le concept de groupalité serait préférable à celui d’identité de groupe. * Maître de conférences en civilisation polynésienne, université de la Polynésie française, [email protected] Journal de la Société des Océanistes, 119, année 2004-2 120 SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES raison d’une réalité«substantielle » ou objec- nition de l’identité, une place importante à la tive préalable2.Qu’en est-il de l’affirmation langue, à la culture, à des éléments qui peuvent et des représentations de l’identité en Poly- s’acquérir ; tout ne se réduit pas en eux au ratta- nésie française ? Relèvent-elles majoritaire- chement à une communauté primordiale. ment des approches substantivistes ou bien Nous voudrions revenir dans cet article sur les constructivistes ? discours substantialistes de l’identité polyné- Pour répondre à cette question, il y a lieu de ne sienne et, plus précisément, sur le fait que l’affir- pas confondre les discours produits par des mation identitaire autochtone s’exprime à « scientifiques » des sciences sociales ¢ Tahitiens Tahiti, depuis les années 1970, à l’aide du quali- ou non ¢ au sujet de l’identité, avec la parole des ficatif ma¯’ohi ; et ce, tant dans les discours subs- gens de Tahiti (qu’il s’agisse d’anonymes, tantivistes que, de plus en plus largement, dans d’acteurs politiques ou d’intellectuels locaux), ceux des partisans d’une identité plurielle et servant de base aux études des premiers. métisse. Les théories scientifiques (Martiniello, 1995), La fortune du terme ma¯’ohi dans l’autodési- souscrivant largement au paradigme constructi- gnation des Polynésiens de Polynésie française viste, mettent en évidence le caractère construit, est assez proche de celle du terme kanak chez les en situation, des représentations identitaires en Mélanésiens de Nouvelle-Calédonie au sujet de Polynésie française. Depuis près de vingt ans, laquelle nous renvoyons aux écrits de Bensa nous avons nous-même produit puis accompa- (1995) et Angleviel (2002) : sa généralisation s’est gné un certain nombre de ces études, soulignant produite dans les années 1970-1980, sous une les conditions historiques d’apparition de la forme militante, devenue progressivement l’objet revendication identitaire tahitienne (1986, 1988), d’un quasi consensus au fil des décennies 1980 et la place originale de certains acteurs dans ces 1990. Le cas de l’ethnoterme ma¯’ohi présente discours, les catégories dans lesquelles sont toutefois quelques différences avec celui kanak. conceptualisées les notions de culture, de tradi- Tout d’abord, en Polynésie française, le mot tion, d’authenticité, etc. (1989, 1998b). ma¯’ohi n’est pas d’une origine extérieure ni Pour ce qui est des représentations populaires récente, contrairement au terme kanak, issu des et intellectuelles des gens de Tahiti, celles-ci langues polynésiennes et introduit en Nouvelle- s’intègrent globalement à l’intérieur d’un Calédonie par les Européens au e siècle. modèle théorique (Saura, 1986), opposant à Quelle que soit et que fut sa signification, ma¯’ohi l’extrême, d’un côté, des représentations tradi- est un mot tahitien ancien, préexistant à l’arrivée tionalistes substantivistes et, de l’autre, un dis- des Européens. cours pluriethnique fondé sur la volonté de par- Par ailleurs, en Nouvelle-Calédonie, le terme ticipation, de type totalement constructiviste. kanak est passé successivement du langage des Les différents discours, émis par les acteurs asso- Océaniens (Polynésiens) à celui des Européens ciatifs, politiques, etc., se situent et parfois (sous la forme Canaque), avant d’être récupéré oscillent entre ces deux pôles ; ceux-ci rejoignent par les Mélanésiens. Tel n’est pas le cas à Tahiti largement les deux pôles classiques des théories où le terme ma¯’ohi n’a été que marginalement ¢ de la nation, conçue schématiquement comme on le verra ¢ employé par les Européens pour une communauté liée à l’origine ¢ ethnos ¢,ouà désigner les Polynésiens et ce qui a trait à eux ; il l’inverse comme une entité politique construite ¢ n’a donc pas été « récupéré » ou détourné récem- demos ¢ (voir notamment Sériot, 1997). ment de la culture du dominant par les Tahitiens. Les deux grands types opposés de discours La question que nous allons poser ici consiste tahitiens, d’un côté substantivistes, de l’autre à savoir si le terme ma¯’ohi était autrefois aussi constructivistes, peuvent cependant s’emprunter largement utilisé par les Tahitiens qu’aujour- dans leur logique. Ainsi, le discours constructi- d’hui et, surtout, à propos de qui et de quoi ; viste ouvert, dans lequel l’identité polynésienne autrement dit, n’a-t-il pas connu un détourne- accepte des individus n’ayant aucun lien d’ori- ment ou un retournement à l’intérieur même de gine avec ces îles, ne revendique pas simplement la langue tahitienne et dans les catégories de la son caractère moderne et construit : il en vient à pensée locale ? poser que l’identité polynésienne, grâce à une Nous tenterons en premier lieu de rendre interprétation nouvelle du terme polynésien, compte de la signification donnée à cet ethno- serait ontologiquement, substantivement, plu- type, à partir des années 1970, par ses plus rielle, métisse (Saura, 2002). De leur côté, les ardents et éminents partisans. Nous évoquerons discours substantialistes accordent, dans la défi- ensuite le refus de certains Tahitiens d’une appli- 2. Pour un panorama des théories scientifiques en ce domaine, voir notamment ¢ parmi une immense littérature ¢ Poutignat et Streiff-Fenart (1995) et Banks (1996). AUTOCHTONIE À TAHITI 121 cation du terme ma¯’ohi à l’homme, le circonscri- Polynésie et en conséquence), indigène, bon, par- vant pour leur part à l’identification des végé- fait » 3. taux et animaux. Cette opposition ouvrira des Cette équivalence Ma¯’ohi = Maori est repéra- perspectives théoriques au sujet des catégories de ble au e siècle dans nombre de textes occiden- nature et de culture dans l’ordre de la pensée taux ; par exemple, sous la plume de François tahitienne traditionnelle. Afin de trancher quant Xavier Caillet, officier de Marine, géographe et au bien fondé de l’utilisation du terme ma¯’ohi féru du folklore tahitien, dans sa Notice sur les pour désigner ou non les humains et de mesurer îles Sous-le-Ventou groupe N.O. de l’archipel tahi- la validité de sa signification mise en avant par tien ou des maoris (rédigée vers 1890, publiéeen ses partisans, nous ferons appel à la comparai- 1926), qui écrit : son linguistique régionale, à l’échelle de l’ensem- « Les Maohi ou Maori repoussent avec horreur les bledelaPolynésie. unions entre ascendants et descendants, mais ils consi- dèrent comme un devoir pour un frère d’épouser sa belle-sœur à la mort de son mari, et pour une sœur Le développement de l’usage de ce terme et son d’épouser son beau-frère à la mort de sa femme ». (p. 55) interprétation dominante Un vieil usage public du terme ma¯’ohi paraît L’utilisation du terme ma¯’ohi, pour désigner être le mensuel d’information en langue vernacu- les originaires de Polynésie française et ce qui se laire, Te vea Maohi, publié par l’administration rattache à eux, n’apparaît pas soudainement des Établissements français d’Océanie à Papeete, dans les années 1970, à la faveur du « renouveau de 1930 à 19474.S’agissant d’une publication culturel » de l’époque.
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