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GLUCK • & Bernarda Fink Veronica Cangemi Maria Cristina Kiehr FREIBURGER BAROCKORCHESTER RIAS-KAMMERCHOR RENÉ JACOBS CHRISTOPH WILLIBALD GLUCK : Raniero de Calzabigi

Orfeo Bernarda Fink mezzo- Euridice Veronica Cangemi soprano Amore Maria Cristina Kiehr soprano

RIAS-KAMMERCHOR FREIBURGER BAROCKORCHESTER

dir. RENÉ JACOBS

RIAS-KAMMERCHOR Gudrun Barth, Madalena de Faria, Kristin Foss Judith Hoff, Sabine Nürmberger-Gembaczka, Stephanie Petitlaurent Judith Schmidt, Marianne Schumann, Hannelore Starke, Inés Villanueva Ulrike Andersen, Ulrike Bartsch, Monika Degenhardt, Andrea Effmert Bärbel Kaiser, Claudia Türpe, Waltraud Heinrich, Marie-Luise Wilke Ténors Volker Arndt, Reinhold Beiten, Horst-Heiner Blöß, Wolfgang Ebling, Wilhelm Füchsl, Friedemann Körner, Christian Mücke, Kai Roterberg Basses Erich Brockhaus, Janusz Gregorowicz, Werner Matusch, Paul Mayr Johannes Niebisch, Rudolf Preckwinkel, Ingolf Seidel, Klaus Thiem

FREIBURGER BAROCKORCHESTER Violons I Petra Müllejans, Martina Graulich, Daniela Helm Julita Forck, Franka Palowski, Martina Warecka-Tjuvajev Violons II Brian Dean, Beatrix Hülsemann, Rachel Harris, Thomas Mittelberger, Kathrin Tröger Altos Christian Goosses, Ulrike Kaufmann, Annette Schmidt, Lothar Haass Violoncelles Guido Larisch, Melanie Beck, Patrick Sepec Contrebasses Love Persson, Dane Roberts Flûtes Susanne Kaiser, Marion Hofmockel Hautbois Ann-Kathrin Brüggemann, Kristin Linde Chalumeau Daniele Latini Bassons Javier Zafra, Yukiko Murakami Cors Teunis van der Zwart, Erwin Wieringa Trompettes & cornets Friedemann Immer, Francois Petit-Laurent Katherine Couper, Peter Stelzl, Werner Engelhard Percussions Charlie Fischer Harpe Mara Galassi Clavecin Nicolau de Figueiredo

CD 1 1 Overtura 2’47 ATTO PRIMO Scena 1 (Orfeo ed il Coro) 2 Coro Ah! Se intorno a quest’urna funesta 3’18 3 Orfeo (Recitativo) Basta, basta, o compagni! 0’53 4 Ballo. Larghetto 2’49 5 Coro Ah, se intorno a quest’urna funesta 2’24 6 Orfeo () Chiamo il mio ben così 6’42 7 Orfeo (Recitativo) O Numi! Barbari numi 2’44 Scena 2 (Amor ed Orfeo) 8 Amore (Aria) Gli sguardi trattieni 2’55 9 Orfeo (Recitativo) Che disse! Che ascoltai! 2’23

ATTO SECONDO Scena 1 (Orfeo ed il Coro) 10 Ballo e Coro. Maestoso Chi mai dell’Erebo 1’54 11 Ballo e Coro. Presto Chi mai dell’Erebo 1’57 12 Ballo e Aria con Coro. Maestoso Deh! Placatevi con me 4’18 13 Coro Misero giovane! 0’53 14 Orfeo (Aria) Mille pene, ombre moleste 0’59 15 Coro Ah! Quale incognito 3’11 Orfeo (Aria) Men tiranne ah, voi sareste Coro Ah! Quale incognito

CD 2 Scena 2 (Orfeo ed Coro) 1 Ballo. Andante 2’06 2 Orfeo Che puro ciel! 5’38 3 Coro Vieni ai regni del riposo 1’39 4 Ballo. Andante 2’30 5 Orfeo (Recitativo) Anime avventurose 0’46 6 Coro Torna, o bella, al tuo consorte 1’29 ATTO TERZO Scena 1 (Orfeo ed Euridice) 7 Orfeo ed Euridice (Recitativo) Vieni! Segui i miei passi 5’45 8 Orfeo ed Euridice (Aria) Vieni, appaga il tuo consorte! 3’13 9 Orfeo (Recitativo e Aria) Qual’ vita è questa mai 5’13 10 Orfeo ed Euridice (Recitativo) Ecco un nuovo tormento! 3’29 11 Orfeo (Aria) Che farò senza Euridice? 4’28 12 Orfeo, Amore ed Euridice (Recitativo) Ah! finisca e per sempre 3’17

Scena 2 (Orfeo, Euridice ed Amore) Scena 3 e ultima (tutti) 13 Ballo ultimo. Maestoso 0’22 14 Ballo. Grazioso 2’18 15 Ballo. Allegro 2’17 16 Ballo. Andante 1’08 17 Ballo. Allegro 2’16 18 Coro, Orfeo, Amore ed Euridice Trionfi Amore, e il mondo intiero 2’39

3 « L’impression que j’ai reçue de la musique d’Orphée a été si profonde, si sensible, « Che puro ciel ». Le traitement mélodique de l’accompagnement qui relaye le caractère syllabique de la si absorbante, si déchirante, qu’il m’était impossible de parler de ce que je ressentais, partie vocale vient en droite ligne du modèle lullyste, tel qu’on le trouve, par exemple, dans le récitatif « Plus j’éprouvais le trouble, le bonheur de la passion1. » j’observe ces lieux et plus je les admire » au moment où découvre le charme de l’univers d’ (1686). C’est bien un vaste champ d’expression nouvelle qu’ouvre la partition de Gluck. Tard dans le Face à la splendeur de ces moyens, Calzabigi, conscient du naufrage possible4, tient compte des Romantisme, il constitue encore un réservoir de techniques inépuisables – la fameuse réforme –, ressourçant divers reproches qui ont pu être faits à Rameau et cherche à ajuster le genre au goût du jour. tour à tour Berlioz, Wagner et leurs contemporains, unanimement et par delà les frontières. Gluck n’aurait L’intrigue d’Orfeo est donc ramenée à l’essentiel, situant d’emblée le drame autour de la tombe d’Euridice et pu que s’en féliciter, lui qui souhaitait « produire une musique propre à toutes les nations et faire disparaître ne sollicite que l’allégorie de l’Amour aux côtés du couple. L’action ainsi ramassée n’excède pas une heure le ridicule des musiques nationales ». C’est d’ailleurs au nom de cette unanimité que Debussy s’insurgera à trente et maintient en haleine. Par ailleurs, s’il part des sources habituelles (Les Géorgiques et l’Enéide de l’audition de de Rameau en y découvrant « en raccourci les esquisses premières que Gluck Virgile et les Métamorphoses d’Ovide) et s’inscrit dans une lignée d’opéras sur ce mythe fondateur du genre, développera plus tard2 ». Calzabigi, en enfant du siècle des Lumières, relègue la magie et le fabuleux pour privilégier une action Vingt ans d’expérience dans le domaine de l’ seria italien ne sauraient, il est vrai, faire oublier combien crédible : « Toutes les fois que le plus pur vraisemblable s’adapte au plan, toutes les fois que les actions Gluck fonde sa remise en question sur le canevas de la tragédie lyrique française. Par ailleurs, avant même purement humaines s’ourdissent à ce pur vraisemblable en excluant le divin du paganisme et le diabolique leur collaboration sur l’initiative de Durazzo, surintendant du théâtre de Vienne, l’auteur du texte d’Orfeo, et le cabalistique, en un mot tout ce qui dépasse le pouvoir attribué à l’humanité… » La toute-puissance Raniero de Calzabigi (1713-1795) s’inscrivait dans le vent des réformes de l’opéra agitant le milieu du xviiie de l’Amour, incarné ici pour les commodités du théâtre, trouve donc sa justification humaine et s’avère en siècle. Et si cet académicien et aventurier de la trempe des Casanova ou Da Ponte fait paraître l’édition mesure de « soulever les montagnes » : elle donne la clé de la descente aux enfers, véritable introspection, française des œuvres de Métastase, le célèbre auteur des livrets d’opéras de la cour de Vienne, ce n’est que léthargie au sens étymologique, elle pardonne à l’humanité la faiblesse et le doute et rend la confiance. pour l’introduire par une préface de deux cents pages au fil desquelles il expose ses propres idées élaborées Symbole de la Miséricorde Divine, elle offre l’accès à la connaissance dont la beauté défie la description, essentiellement à partir de la tragédie lyrique dont il connaît les mécanismes pour avoir vécu dix ans à Paris laissant alors la musique prendre le relais par delà les principes d’imitation hérités de la notion de mimesis au moment de la Querelle des Bouffons3. Le commanditaire d’Orfeo, , créée au d’Aristote. de Vienne le 5 octobre 1762, a donc bien pressenti les capacités de Gluck et Calzabigi à mener la réflexion Calzabigi est d’ailleurs tout à fait conscient de la conjugaison des divers aspects « du chœur nombreux, sur l’opéra plus loin qu’elle ne l’avait été par quelques-uns de leurs prédécesseurs, tels Coltellini et Traetta du ballet et de la mise en scène, magistralement unis à la poésie et à la musique » dans l’élaboration de ce par exemple. microcosme « où les sens du spectateur se verront successivement alléchés par la variété et la magnificence L’équipe misera donc sur la continuité musicale à la française, privilégiant la notion de scène à des objets, au moment même où son esprit sera ému par l’intérêt qu’il prend à l’action, et par la délicatesse celle de numéros séparés et sollicitant l’orchestre en permanence – à l’inverse de la découpe à de la poésie, et son cœur savamment ravi par les sons de la musique5 ». l’italienne qui n’utilise que le continuo pour le recitativo secco et crée une disparité dans C’est donc à Gluck que revient la mission de s’adresser au cœur, puisant l’inspiration au sein même du l’accompagnement. La concentration de l’auditeur en est ainsi plus soutenue et l’importance drame, sans renier pour autant les habitudes de ses contemporains. Aussi maintient-il les principes du récitatif, donc l’attention au texte, accrue. Référence à la tragédie antique et composante d’imitation, avec ce qu’ils ont d’efficace, en les ouvrant sur un nouveau champ d’expression : la fondamentale de la tragédie lyrique, le chœur est également très largement utilisé avec l’écriture figuration de l’hostilité de Cerbère par des « fusées en petites notes, rauques aboiements, l’une des plus verticale propre à favoriser la compréhension. Il participe à l’action, soutient comme une assemblée hautes inspirations de Gluck » souligne Berlioz, l’opposition des Furies avec ce « No », « âpre discordance, l’expression du malheur d’Orfeo au fil du premier acte, incarne les furies farouches puis sensibles terrible enharmonie à laquelle l’oreille et le cœur ne peuvent tenir », analyse Rousseau, fasciné par cette à sa plainte au cours du second, célèbre la résolution des tensions à la fin du troisième. Calzabigi et déviation de la notion d’imitation qui peut aller jusqu’à faire frémir d’horreur. Et si la scène pastorale, Gluck maintiennent également la danse, autre apanage du genre français, sous forme sémantique placée au centre de l’opéra, réunit les effets attendus, que Gluck avait d’ailleurs déjà utilisés en 1750 dans de pantomime, comme Diderot, entre autres, l’avait préconisé, dans Le Fils naturel en 1757 : – la figuration des chants d’oiseaux par les trilles de flûte et de violon, l’évocation du murmure de « La danse à écrire sous la forme d’un véritable poème. » Gluck avait d’ailleurs illustré cette idée l’eau par le mouvement perpétuel du fluide sextolet des cordes, l’emploi du hautbois, symbole de la nature en 1761, avec la composition du ballet , sur un livret chorégraphique d’Angiolini, dont il en tant qu’instrument de berger sublimé par la culture –, c’est pourtant bien au delà des codes que se réattribuera le passage le plus sombre aux furies d’Orfeo. Par ailleurs, la simplicité vocale des airs à situe l’effet. Ce récitatif laisse Orfeo quasiment sans voix tandis que le hautbois prend le relais mélodique la manière française privilégie l’intelligence du texte par une déclamation syllabique et ne consent par l’ampleur de son chant – ce chant même dont Berlioz semble s’être souvenu pour le beau thème de à la virtuosité – passaggii – qu’aux cadences, sans incidence sur l’articulation. Il n’y a guère que Roméo –, tandis que l’ostinato des cordes estompe tout repère temporel, formel ou matériel, comme si l’intervention d’Euridice, au troisième acte, qui renoue, quoique sobrement, avec le style seria : l’action se cristallisait dans cet au-delà : « On doit en musique à Gluck une intervention de génie… c’est son récitatif sonne comme un accompagnato tandis que l’aria da capo, dans laquelle elle exprime dans les morceaux pathétiques de faire exprimer par les accompagnements ce que l’âme éprouve lorsque sa douleur face au silence d’Orfeo, rappelle les tournures italiennes. Certains tableaux, enfin, relèvent les paroles cherchent à le dissimuler6 », en déduira une autre admiratrice bouleversée. Car il s’agit bien de de la tradition française : la scène funèbre qui ouvre l’opéra et que l’on a souvent comparée à son ressentir au-delà des mots et de l’expression explicite du sens ; comme les Romantiques aimeront le faire, désavantage à celle de Castor et Pollux et l’enchantement d’Orfeo arrivant aux champs Elysées Gluck joue avec la mémoire par la stabilité récurrente des nombreux menuets sous forme de chœurs, de

4 français danses et d’airs pour l’Amour qui présage ainsi de la douce résolution ; il prépare l’oreille aux troubles Note sur l’expression, la créativité et la discipline. dépressifs des tensions harmoniques des Furies du deuxième acte que l’on perçoit dès l’ouverture et qui Dans son manuel pédagogique The Singers’ Preceptor (« Le Précepteur des ponctuent la décision d’Orfeo à la fin du premier… Par cette dimension, à laquelle le mythe d’Orphée est chanteurs », Londres, 1779), Domenico Corri écrit que Giuseppe Millico, le second interprète du rôle-titre de si favorable, la partition, nouvelle manière de catharsis, s’adresse aux sens qu’elle met en éveil et renvoie l’Orfeo de Gluck (Parme, 1769) après la création par (Vienne, 1762) ainsi que certains de ses éminents confrères comme le castrat Pachierroti (qui interpréta le rôle à Naples en 1774) et Anton Raaff chacun de nous à sa propre émotion. (l’Idoménée de Mozart) chantaient « avec peu d’ornements, en exerçant leurs talents sur les parties qui FLORENCE BADOL-BERTRAND leur étaient destinées ; ils ne pouvaient pas non plus se permettre d’introduire au hasard le moindre agrément, ornement, etc. par pure fantaisie, mais uniquement aux endroits fixés par le compositeur. Leur mérite résidait dans le portamento di voce, la perfection de la musique vocale : il consiste à enfler

et faire mourir peu à peu la voix, en glissant d’une note à une autre et en les faisant fusionner avec 1. Amyot, Lettres de Mademoiselle de Lespinasse, cité par Lionel de La Laurencie, Le Goût musical en France, Paris, délicatesse et expression – et l’expression englobe tous les charmes que peut produire la musique… » 1905, p.184, réflexion suscitée par les représentations de la version française d’Orphée en 1774. Sur le plan pratique, on trouve une illustration du sens de cette expression vocale dans un manuel, Select Collection of the Most Admired Songs… from In the Highest Esteem (« Recueil de morceaux choisis 2. Claude Debussy, Monsieur Croche Antidilettante, « J.-P. Rameau », Gallimard, 1921, p. 106. parmi les airs les plus admirés… des opéras les plus prisés ») de Corri, où le professeur de chant publie trois 3. Célèbre épisode de l’histoire de l’opéra du xviiie siècle, cette querelle éclata en 1752 entre les partisans de l’opera airs de l’Orfeo, « chantés par le Signor Guadagni », avec une ornementation modeste et, seulement de temps buffa italien, jugé comme naturel, moderne et social, et ceux de la tragédie lyrique héritée du modèle de Lully, que les à autre, une cadence occasionnelle. L’ornementation vocale que l’on peut entendre sur ce disque, tout en premiers considéraient comme démodée, emphatique et trop détachée de la réalité pour toucher l’auditoire. étant encore moins excessive que celle de Corri, est inspirée par ses idées, qui reflètent certainement les goûts de son époque. 4. Cf. Catherine Kintzler, J.-P. Rameau, Splendeur et naufrage de l’esthétique du plaisir à l’âge classique, Paris, Le Naturellement, je sais que Gluck avait décidé, dans sa réforme de l’opéra, de « libérer la musique de tous Sycomore, 1983. les abus qui s’y sont glissés soit à cause de la vanité mal placée des chanteurs, soit par un excès de complaisance des compositeurs » (Préface à , 1769), mais la façon dont il a développé la fin de « Che 5. Raniero de Calzabigi, Poésie del Signor abbate Metastasio, Préface I, p.188-199 farò » et de « Deh, placatevi » pour Millico (Parme, dès 1769) avec un peu de coloratura montre qu’il n’était en aucun cas un « fondamentaliste » ; c’est pourquoi, dans notre enregistrement de la version viennoise, 6. Mémoires de Madame de Genlis, lettre à Félicie t.II, à propos de l’épisode célèbre d’Oreste dans Bernarda Fink peut se permettre de les chanter. Gluck les a considérés comme définitifs lorsqu’il a adapté Iphigénie en Tauride « le calme rentre dans mon cœur », citée par La Laurencie, op.cit., p.185. Orfeo au goût parisien en 1774. La version française montre que, loin d’être un fondamentaliste, il allait jusqu’à faire des compromis artistiques désolants dans l’intérêt du succès, notamment en ajoutant l’air de bravoure « L’espoir renaît dans mon âme »… René Jacobs Traduction Marie-Stella Pâris

5 français “The effect that the music of Orphée produced on me was so deep, so keen, Confronted with the richness of these resources, and conscious of the potential for disaster they offered4, so all-absorbing, so heartrending, that I was quite unable to speak of these sensations. Calzabigi took full account of the various reproaches that had been levelled at Rameau, and attempted I felt the agitation and the pleasure of passion.1” to adjust the genre to contemporary taste. Hence the plot of Orfeo is reduced to the minimum, beginning the drama at the tomb of Euridice and adding only the allegorical figure of Amore (Cupid) to the basic It was indeed a vast new field of expression that Gluck’s score opened up. Late in the Romantic couple. In this concentrated form, the action does not exceed an hour and a half, and keeps the suspense era, it still constituted a storehouse of inexhaustible techniques (its celebrated “reform” ethos), which was going throughout. Moreover, although it is derived from the usual sources (Virgil’s Aeneid and Georgics and drawn on by Berlioz, Wagner and all their contemporaries without exception and without regard to national Ovid’s Metamorphoses) and takes its place in a long line of operas on the subject of the genre’s founding frontiers. Gluck would certainly have been delighted at this outcome, with his avowed aim of “producing myth, Calzabigi, as a true child of the Enlightenment, reduces the role of magical and fabulous elements in music suitable for every nation and getting rid of the absurdity of ‘national musics”. And it was in the name order to produce a credible dramatic action: “Whenever the plan [of the opera] is reconciled with the purest of this very unanimity that Debussy, hearing Rameau’s Castor et Pollux performed, proclaimed excitedly his verisimilitude, whenever purely human actions are woven into this pure verisimilitude, to the exclusion of discovery “in concise form, of the rough outlines that Gluck was later to develop”2 . pagan divinities, devilry and arcane magic – in a word, all that is beyond human power to control…”5 Hence It is true that his twenty years of experience in Italian cannot conceal the extent to which Gluck’s the omnipotence of love, here personified for theatrical purposes, finds a human justification, and proves new approach to music drama was based on the model of the French tragédie lyrique. Moreover, even before to be able to “move mountains”: it is Love that gives the key for the descent into Hell (which is none other the Intendant of the Viennese imperial theatres, Durazzo, brought them together, the author of the libretto than true introspection, “lethargy” in the etymological sense of the word), and Love that forgives humanity of Orfeo, Raniero de Calzabigi (1714-1775), was a participant in the movement for operatic reform that was its weaknesses and doubts and gives it back its confidence. As a symbol of divine mercy, Love offers access stirring in the mid-eighteenth century. And if this academician and adventurer in the tradition of Casanova to knowledge whose beauty defies description, thus letting music take over, going beyond the principles of and Da Ponte published a French edition of the works of Metastasio, the celebrated librettist of the Vienna imitation inherited from the Aristotelian concept of mimesis. court opera, it was merely in order to provide them with a 200-page preface in which he expounded his own Calzabigi is fully aware of the joint effects of “the large chorus, the ballet and the stage production, majestically ideas, based mainly on the tragédie lyrique, with whose workings he was well acquainted, having spent ten joined to the poetry and the music” in the elaboration of this microcosm “in which the spectator’s senses will years in Paris at the time of the “Querelle des Bouffons”3. So it may be said that, in commissioning Orfeo, be seduced by the variety and the magnificence of the visual display, at the same moment as his intellect is an azione teatrale premiered at the Vienna Burgtheater on 5 October 1762, Durazzo was a shrewd judge of touched by his interest in the action and by the subtlety of the poetry, and his heart skilfully ravished by the Gluck and Calzabigi’s potential for finding a more radical solution to the operatic question than had such sound of the music”6. predecessors as Coltellini and Traetta. It was thus Gluck’s mission, in this scheme, to address the heart, drawing his inspiration from the drama The duo’s solution, then, was to provide musical continuity in the French style, giving priority itself, yet without turning his back on the usages his contemporaries would expect. Hence he retains what to the concept of the scene over separate numbers, and having the orchestra play throughout – he finds effective in the principles of imitation, whilst opening a new expressive domain for them: the in contrast to the Italian model, which uses only the continuo group for the recitativo secco and thus creates representation of the hostility of with “rapid scales in short notes, raucous barking, one of Gluck’s a disparity in the accompaniment. This approach demands a more sustained effort of concentration from finest inspirations”, as Berlioz emphasises, or of the Furies’ opposition to Orfeo with cries of “No” – which the listener, increasing the importance of the and hence ensuring that the text receives greater Rousseau, fascinated by this deviation from the notion of imitation which can go so far as to produce shivers attention. The chorus, which is both a reference to Greek tragedy and a fundamental element of the tragédie of horror, analyses as ”a harsh dissonance, a terrible enharmonic change which is unbearable to the ear and lyrique, is used extensively, with the vertical writing most suited to facilitating understanding of the text. It to the soul”. And while it is true that the pastoral scene at the opera’s centre assembles the expected effects, takes part in the action, supporting Orfeo in his grief, like a congregation, in Act I, representing the Furies, first which Gluck had incidentally already used in Ezio (1750) – and violin trills in imitation of birdsong, aggressive, then responsive to his lament, in Act II, and celebrating the resolution of the dramatic tensions the evocation of running water by continuous fluid sextuplet motion in the strings, and the use of the , in Act III. Calzabigi and Gluck also conserve the element of dance, another speciality of , in the a symbol of nature in that it is the shepherd’s instrument sublimated by culture –, its effect goes beyond semantic form of pantomime, as Diderot, amongst others, had recommended in Le Fils naturel (1757): “The these codes. The recitative renders Orfeo practically speechless, and it is the oboe that takes over the melodic dance should be written in the form of a true poem.” In fact Gluck had already taken up this idea in 1761, burden with its broad cantilena – which Berlioz himself seems to have remembered for Roméo’s beautiful when he composed his ballet Don Juan to choreography by Angiolini, and he reused the most sombre section theme in Roméo et Juliette – whilst the string ostinato blurs all points of reference, temporal, formal or of the score for the Furies in Orfeo. What is more, the vocal simplicity of the in the French manner also material, as if the action were taking shape in the hereafter: “Music owes Gluck an invention of genius… favours understanding of the text thanks to the syllabic word-setting, and gives free rein to virtuosity only in that is, in moments of pathos, to have the accompaniment express what the soul is feeling, while the words the passaggii of the cadenzas, which do not affect the articulation of the text. Virtually the only moment in attempt to hide it”7, was how another deeply moved female admirer of the composer put it. For the objective the opera that harks back to the seria style, albeit in sober fashion, is Euridice’s appearance in Act III: her here is indeed to attain emotion that goes beyond words and the explicit expression of meaning: as the recitative sounds like an accompagnato, whilst the in which she expresses her pain at Orfeo’s Romantics were later fond of doing, Gluck plays with the listener’s memory by using the recurrent stability of silence recalls Italian models. Some of the tableaux, finally, belong to the French tradition: the funeral scene the many minuets in the form of choruses, dances and Cupid’s aria, which therefore augurs a happy ending; which opens the opera and which has often been unfavourably compared with its counterpart in Castor et he prepares the ear for the depressive turbulence of the harmonic tensions associated with the Furies in the Pollux, and Orfeo’s enchanted reaction when he reaches the Elysian fields in “Che puro ciel”. The melodic second act, which we glimpse as early as the overture and which punctuate Orfeo’s decision at the end of the treatment of the accompaniment, which compensates for the syllabic nature of the vocal part, is directly first act. Through this dimension, to which the myth of is so propitious, Gluck’s score, in a new form descended from the Lullian model, as it is found for example in the recitative “Plus j’observe ces lieux et plus of catharsis, speaks to the senses that it arouses and makes each of us reflect on his own emotions. je les admire” when Renaud discovers the charms of Armide’s world in the older composer’s Armide (1686). Florence Badol-Bertrand Translation Charles Johnston 6 english A note on expression, inventiveness and discipline. In his teaching manual The Singers’ Preceptor (London, 1779) Domenico Corri wrote that Giuseppe Millico, 1. Amyot, Lettres de Mademoiselle de Lespinasse, quoted in Lionel de La Laurencie, Le Goût musical en France (Paris: Gluck’s second Orfeo (Parma 1769) after the creation of the role by Gaetano Guadagni (Vienna 1762), and 1905), p.184: these remarks were prompted by the performances of the French version of Orphée in 1774. some of his major colleagues such as the Pachierroti (who sang the role at Naples in 1774) and Anton Raaff (Mozart’s ), sang “with little ornament, exerting their talents on the parts appointed to 2. Claude Debussy, Monsieur Croche Antidilettante (Paris: Gallimard, 1921), p.106, “J.-P. Rameau”. them; nor were they permitted to introduce, at random, any graces, ornaments etc. as caprice directed; but in such places only as the composer had allotted. Their merit consisted in the Portamento di voce, 3. This celebrated episode of eighteenth-century operatic history, which began in 1752, was a dispute between the the perfection of vocal music: it consists in the swell and dying off the voice, the sliding and blending supporters of buffa, who judged this form natural, modern and socially relevant, and those of the tragédie lyrique on the Lullian model, which the Italian camp considered outdated, overemphatic and too far one note into another with delicacy and expression – and expression comprehends every charm which removed from reality to touch its audience. music can produce…” What this vocal expression meant in practice is illustrated by a compendium volume, Corri’s Select Collection 4. Cf. Catherine Kintzler, J.-P. Rameau, Splendeur et naufrage de l’esthétique du plaisir à l’âge classique (Paris: Le of the Most Admired Songs… from Operas in the Highest Esteem, in which the singing teacher publishes Sycomore, 1983) three arias from “Orfeo”, “sung by Signor Guadagni” which feature modest ornamentation and, only from time to time, an occasional cadenza. The vocal ornamentation that can be heard on this recording, though 5. Raniero de Calzabigi, Poesie del Signor abbate Metastasio, Preface I, p.188-199. even less excessive than Corri’s, is inspired by his ideas, which certainly reflect the taste of his age. 6. Ibid. (follows on immediately from the previous quotation). I know of course that Gluck had decided, in his “Reform” operas, “to free music from all the abuses that have crept in either through mistaken vanity on the part of the singers, or through excessive complaisance 7. Mémoires de Madame de Genlis, vol. 2, “Lettre à Félicie”, quoted by La Laurencie, op. cit., p.185 (the specific reference on the part of the composers” (Preface to Alceste, 1769) – but that he was not at all a “fundamentalist” is is to the celebrated passage for Oreste in Iphigénie en Tauride, “Le calme rentre dans mon cœur”). proven by the fact that he expanded the endings of “Che farò” and “Deh, placatevi” for Millico (Parma, as early as 1769) with some coloratura – which is why Bernarda Fink is allowed to sing them on our recording of the Vienna version –, considering these modifications as definitive when he accommodated Orfeo to Parisian taste in 1774. The French version shows that Gluck, far from being a fundamentalist, was even willing to make even sad artistic compromises for the sake of success, such as adding the bravura aria “L’espoir renaît dans mon âme”. RENÉ JACOBS

7 english “Der Eindruck, den die Musik des Orphée auf mich gemacht hat, war so stark, Accompagnato, während die Da-capo-Arie, in der sie ihren Schmerz angesichts des schweigenden Orfeo zum sie hat mich so heftig und nachhaltig in tiefster Seele aufgewühlt und bewegt, Ausdruck bringt, deutlich an italienische Vorbilder erinnert. Einige Szenen schließlich stehen ganz in der daß es mir unmöglich war, über meine Empfindungen zu sprechen, französischen Tradition: die Totenklage am Anfang der Oper, die häufig mit der entsprechenden Szene aus ich fühlte das verwirrende Glück der Leidenschaft.”1 Castor et Pollux als Modell verglichen wurde, und das Entzücken Orfeos beim Eintritt in die elysischen Gefilde, “Que puro ciel”. Die melodische Behandlung der Begleitung, das Gegengewicht zum syllabischen Tatsächlich erschließt die Komposition Glucks ein breites Spektrum neuer Ausdrucksmöglichkeiten. Noch in Charakter der Gesangspartie, ist unmittelbar Lullyschen Mustern nachgebildet, etwa dem Rezitativ “Plus der Spätromantik war sie ein Reservoir nie versiegender kompositionstechnischer Anregungen – das Ergebnis j’observe ces lieux et plus je les admire” der Oper Armide (1686), wenn den Zauber der Welt der der berühmten Opernreform –, aus dem zuerst Berlioz, dann auch Wagner und ihre Zeitgenossen schöpften, entdeckt. in seltener Einmütigkeit und über alle Grenzen hinweg. Gluck hätte sich dazu nur beglückwünschen können, Angesichts der glanzvollen Möglichkeiten dieser Ausdrucksmittel gab sich Calzabigi, der sich der Gefahr war es doch sein größter Wunsch gewesen, eine Musik hervorzubringen, die “die Musik aller Nationen sein des Scheiterns4 durchaus bewußt war, große Mühe, die Gattung unter Berücksichtigung der gegen Rameau und den lächerlichen Zustand nationaler Musikstile beenden” sollte. Es war im übrigen diese unkritische erhobenen Vorwürfe dem Zeitgeschmack anzupassen. Die Handlung des Orfeo ist deshalb auf das Wesentliche Einmütigkeit, gegen die sich später Debussy auflehnte, nachdem er Castor et Pollux von Rameau gehört beschränkt: Ort des dramatischen Geschehens ist von Anfang an das Grabmal Euridices, und dem Paar ist hatte und darin “verkürzt erste Ansätze dessen, was Gluck später entwickeln sollte”2 erkannte. lediglich die allegorische Gestalt des Amor zur Seite gestellt. Der Handlungsablauf ist so gedrängt, daß er Zwanzig Jahre seines Schaffens auf dem Gebiet der italienischen Opera seria können freilich nicht darüber nicht mehr als eineinhalb Stunden in Anspruch nimmt und die Zuschauer ständig in Atem hält. Calzabigi hinwegtäuschen, daß Gluck sich in seinen Reformbestrebungen weitgehend vom Schema der französischen stützte sich auf die üblichen Quellen (Georgica und Äneis von Vergil und die Metamorphosen von Ovid) und Tragédie lyrique leiten ließ. Der Textdichter des Orfeo, Raniero de Calzabigi (1713-1795) hatte im knüpfte an eine lange Reihe von Opern über diesen Mythos an, der schon bei der Begründung der Gattung übrigen schon vor der durch Vermittlung des Wiener Theaterintendanten Durazzo zustandegekommenen Oper Pate gestanden hatte, als ein Kind des Zeitalters der Aufklärung verbannte er aus seinem Text aber alle Zusammenarbeit mit Gluck regen Anteil an den Auseinandersetzungen um die Erneuerung der Oper Magie und alles Märchenhafte zugunsten einer glaubhaften Handlung: “… wo immer das Einfachste und genommen, die um die Mitte des 18. Jahrhunderts die Gemüter erregten. Der angesehene Literat und Wahrscheinlichste mit dem Gesamtentwurf vereinbar ist, wo immer Verwicklungen des rein menschlichen Abenteurer vom Schlage eines Casanova oder Da Ponte brachte zwar die französische Ausgabe der Werke Handelns mit diesem Einfachen und Wahrscheinlichen denkbar sind, unter Vermeidung des Wirkens Metastasios, des berühmten Librettisten der Wiener Oper, heraus, nutzte aber die Gelegenheit, um in einem heidnischer Götter, des Teuflischen und jeder Art von Kabbalistik, kurzum all dessen, was über die in der 200 Seiten umfassenden Vorwort seine eigenen, am Vorbild der Tragédie lyrique geschulten Anschauungen Macht des Menschen stehenden Dinge hinausgeht…”. Die Allmacht der Liebe, die hier aus dramaturgischen darzulegen; die genaue Kenntnis dieser Gattung und ihrer Strukturen hatte er im Verlauf eines zehnjährigen Gründen als Person auftritt, ist demnach menschlich gerechtfertigt als eine Kraft, die “Berge versetzen” Auftenthalts in Paris zur Zeit des Buffonistenstreits3 erworben. Der Auftraggeber des Orfeo, der am 5. Oktober kann: sie ist der Schlüssel zur Deutung des Hinabsteigens in die Unterwelt als introspektive Versenkung, 1762 als azione teatrale im Wiener Burgtheater zur Uraufführung kam, konnte deshalb davon ausgehen, als Lethargie in der etymologischen Bedeutung des Wortes (Lethe = Unterweltstrom), sie entschuldigt daß die Zusammenarbeit von Gluck und Calzabigi zu weitreichenderen Ergebnissen führen würde, als es die Schwächen und Zweifel der Menschen und stellt das Vertrauen wieder her. Als Symbol der göttlichen andere Komponisten wie Coltellini und Traetta mit ihren Reformideen vor ihnen vermocht hatten. Barmherzigkeit gewährt sie Zugang zur Erkenntnis, deren Schönheit sich jeder Beschreibung entzieht, so Im Mittelpunkt der Bemühungen des Künstlerduos stand deshalb die musikalisch geschlossene, daß die Musik an ihre Stelle treten muß in einer erweiterten Form der nachahmenden Darstellung im Sinne durchkomponierte Form nach französischem Vorbild, die das Denken in Szenen an die Stelle des Denkens des Aristotelischen Begriffs der Mimesis. in einzelnen Nummern setzt und in der das Orchester durchgehend beschäftigt ist – im Gegensatz zur Oper Das Zusammenwirken der einzelnen Elemente, “großer Chor, Ballett und szenische Gestaltung, meisterlich italienischen Zuschnitts mit ihrem generalbaßbegleiteten Secco-Rezitativ und der damit einhergehenden verknüpft mit der Textdichtung und der Musik”, war Calzabigi wohl bewußt, als er diesen Mikrokosmos Uneinheitlichkeit der Begleitung. Dem Zuschauer wird auf diese Weise das konzentrierte Zuhören erleichtert, schuf, “der die Sinne des Zuschauers immer wieder aufs neue betört durch die Vielgestaltigkeit und die das Rezitativ wird aufgewertet, und so wird auch dem Text größere Aufmerksamkeit zuteil. In Anlehnung Erhabenheit der Gegenstände, während ihn gleichzeitig die Anteilnahme am Geschehen und die Wirkung an die Tragödie der Antike nimmt der Chor, der auch ein wesentlicher Bestandteil der Tragédie lyrique ist, der feinfühligen Dichtung in tiefster Seele bewegt und die Klänge der Musik sein Herz nach allen Regeln der breitesten Raum ein, vorzugsweise in der vertikalen Schreibweise, die die Textverständlichkeit verbessert. Der Kunst entzücken”.5 Chor ist Handlungsträger: wie eine Trauergemeinde begleitet er im ersten Akt teilnehmend die Totenklage Es war demnach die Aufgabe Glucks, das Herz anzusprechen; seine Inspirationsquelle war das Orfeos, verkörpert im zweiten die unerbittlichen, dann aber von seinem Schmerz gerührten Furien und feiert Drama selbst, doch hatte er auch die Hörgewohnheiten seiner Zeitgenossen zu berücksichtigen. den glücklichen Ausgang am Ende des dritten. Calzabigi und Gluck haben auch das Element des Tanzes Er hielt deshalb am Prinzip der nachahmenden Darstellung fest mit allen Möglichkeiten, die das Verfahren von der französischen Operntradition übernommen, in der semantischen Form der Pantomime, wie unter bot, erweiterte es aber und erschloß ihm ein neues Ausdrucksspektrum: die tonmalerische Darstellung anderem Diderot es in seiner Schrift Le fils naturel von 1757 gefordert hatte: “… der Tanz, der als eine Form der Feindseligkeit des Zerberus durch “schnelle Läufe in kleinen Notenwerten, heiseres Bellen, einer der echter Poesie zu schreiben ist”. Gluck hatte diese Idee 1761 schon einmal in einem Werk verwirklicht, in der großartigsten Einfälle Glucks”, wie Berlioz schrieb, der eherne Widerstand der Furien mit ihrem “No”, Komposition seines Balletts Don Juan auf ein choreographisches Libretto von Angiolini, dessen düsterste “schroffe Diskordanz, grauenhafte enharmonische Bildung, die unerträglich ist für das Ohr und für das Passage er im Orfeo in der Furienszene wiederverwendet hat. Die schlichte Natürlichkeit des Gesangsstils der Gemüt”, wie Rousseau analysierte, der fasziniert war von dieser Ausdehnung des Prinzips der nachahmenden Arien nach Art der französischen Oper kommt durch die syllabische Deklamation der Textverständlichkeit Darstellung, die von Gluck mitunter so weit getrieben wird, daß man vor Entsetzen erschaudert. Und wenn sehr zugute; Zugeständnisse an die Virtuosität – passaggii – werden nur in den Kadenzen gemacht, die sich in der pastoralen Szene im Mittelteil der Oper die erwarteten, herkömmlichen Effekte häufen, von denen Artikulation bleibt davon unberührt. Der Auftritt Euridices im dritten Akt ist im Grunde die einzige Passage, Gluck im übrigen bereits 1750 in seinem Ezio Gebrauch gemacht hatte – tonmalerische Nachahmung die – allerdings unpathetisch – an den Stil der Opera seria anknüpft: ihr Rezitativ hat den Charakter eines von Vogelgesang durch Flöten- und Streichertriller, musikalische Nachbildung plätschernden Wassers

8 deutsch durch die gleichmäßige Bewegung geschmeidiger Streichersextolen, Verwendung der Oboe, die als das in Anmerkung zur Ausdrucksgestaltung, individuellen Freiheit und Partiturtreue. der Kunstmusik stilisierte Instrument der Hirten die Natur symbolisiert –, so gehen diese in ihrer Wirkung In seinem Unterrichtswerk The Singer’s Preceptor (London 1779) schrieb Domenico Corri über Giuseppe doch weit über den kodifizierten formelhaften Gebrauch hinaus. Im Rezitativ dieser Szene bleibt Orfeo Millico, Glucks zweiten Orpheus (Parma 1769) nach Gaetano Guadagni, der die Partie bei der Uraufführung nahezu stumm, die Oboe mit ihrem fülligen Klang – dem Klang, den offenbar Berlioz im Kopf hatte, als 1762 in Wien gesungen hatte, er habe wie einige andere bedeutende Sängerkollegen, beispielsweise der er das wunderschöne Romeo-Thema schrieb – übernimmt die Melodie, während das Streicher-Ostinato Kastrat Pachierroti (der die Rolle 1774 in Neapel sang) und Anton Raaff (der Idomeneo Mozarts), seinen jeden zeitlichen, formalen oder materiellen Bezug verschwimmen läßt, als sei der Ort der Handlung Vortrag wie folgt gestaltet: “… mit geringer Auszierung und in der Weise, daß sie ihre Kunst an den nunmehr die jenseitige Welt: “In der Musik ist Gluck ein Geniestreich gelungen, (…) in leidenschaftlich Stellen zur Geltung brachten, die ihnen genannt worden waren; es war ihnen auch nicht erlaubt, erregten Handlungsabschnitten die Begleitung das ausdrücken zu lassen, was die Seele empfindet, wenn eigenmächtig und nach Gutdünken Fiorituren, Ornamente etc. hinzuzufügen, sondern nur an den die Worte dies zu verbergen suchen”6, wie eine andere, völlig überwältigte Verehrerin es ausgedrückt hat. vom Komponisten bezeichneten Stellen. Was sie vor anderen auszeichnete, war das Portamento di Und genau darum geht es ihm: über die Worte und den expliziten Gefühlsausdruck hinaus Empfindungen voce, der Gesangsvortrag in Vollendung: er besteht im Anschwellen und Ersterben der Stimme, im hervorzurufen. So spielt Gluck, wie die Romantiker es später so gerne taten, mit dem Wiedererkennungseffekt gleitenden, weichen Übergang von einem Ton zum anderen, behutsam und mit Ausdruck – und der durch die Rekurrenz der Form des Menuetts, das in Gestalt von Chören, Balletteinlagen und der Arie des Ausdruck schließt allen Zauber ein, den Musik hervorzubringen vermag…” Amor erscheint, wodurch ein Vorgefühl der erfreulichen Schlußlösung entsteht; so bereitet er das Ohr auf Was mit diesem vokalen Ausdruck konkret gemeint war, ist einem von Corri veröffentlichten Kompendium zu die quälende Wirkung der Klanganspannung in den Furienchören des zweiten Akts vor, die schon in der entnehmen, seiner Select Collection of the Most Admired Songs … from Operas in the Highest Esteem, in Ouvertüre spürbar ist und die auch in der Entscheidung Orfeos am Ende des ersten Akts mitschwingt… Diese das der Gesangslehrer drei Arien aus dem Orfeo aufgenommen hat, “gesungen von Signor Guadagni” mit neue Dimension der Ausdrucksmittel, für die der Orpheus-Mythos ein geradezu idealer Stoff ist, ist dafür zurückhaltender Ornamentik und einigen wenigen eingestreuten Kadenzen. Die vokale Auszierung, wie sie verantwortlich, daß die Komposition, eine neue Art der Katharsis, die Sinne anspricht und sie wachrüttelt, in der vorliegenden Einspielung zu hören ist, ist noch maßvoller als in den Beispielen Corris, sie wurde aber um dann jeden seinen eigenen Gefühlen zu überlassen. auf der Grundlage seiner Vorstellungen erarbeitet, die zweifellos den Geschmack seiner Zeit widerspiegeln. Florence Badol-Bertrand Ich weiß natürlich, daß Gluck sich vorgenommen hatte, in seinen “Reformopern” “die Musik von Übersetzung Heidi Fritz allen Übelständen zu befreien, die sich durch falschen Idealen nachstrebende Eitelkeiten der Sänger oder durch unangemessene Willfährigkeit der Komponisten eingeschlichen haben” 1. Amyot, Lettres de Mademoiselle de Lespinasse, zitiert von Lionel de La Laurencie, Le goût musical en France. Paris, (Widmungsvorrede zu Alceste, 1769), ich weiß aber auch, daß er kein “Fundamentalist” war, 1905, p.184, Reaktion auf die Aufführung der französischen Fassung des Orphée im Jahr 1774. was auch daran zu erkennen ist, daß er für Millico (Parma, schon 1769) den Schluß der Arien “Che farò” und “Deh, placatevi” umschrieb und mit einigen Koloraturen versah – deshalb darf 2. Claude Debussy, Monsieur Croche Antidilettante, “J.-P. Rameau”, Gallimard, 1921, p.106. Bernarda Fink sie in unserer Einspielung der Wiener Fassung ebenfalls singen – und diese als endgültig 3. Vielbeachtetes Ereignis der Operngeschichte des 18. Jahrhunderts. Zum Buffonistenstreit kam es 1752 zwischen den betrachtete, als er 1774 die dem Pariser Geschmack angepaßte Neufassung des Orfeo schrieb. Die französische Anhängern der italienischen Opera buffa, die als natürlich, modern und sozial angesehen wurde, und den Anhängern Fassung zeigt, daß Gluck – völlig unorthodox – bereit war, dem Erfolg zuliebe sogar bedauerliche der französischen Oper, der Tragédie lyrique Lullyscher Prägung, die von den ersteren als rückständig und schwülstig künstlerische Kompromisse zu machen, indem er beispielsweise die Bravourarie “L’espoir renaît dans mon verurteilt wurde und als zu realitätsfern, um das Publikum gefühlsmäßig anzusprechen. cœur” hinzukomponierte. René Jacobs 4. Cf. Catherine Kintzler, J.-P. Rameau. Splendeur et naufrage de l’esthétique du plaisir à l’âge classique, Paris, Le Übersetzung Heidi Fritz Sycomore, 1983. 5. Raniero de Calzabigi, Poesie del Signor abbate Metastasio, Préface I, p.188-199. 6. Mémoires de Madame de Genlis, Brief an Félicie Bd.II, über die berühmte Arie des Orest “Le calme rentre dans mon cœur” aus Iphigénie en Tauride, zitiert von La Laurencie, op.cit., p.185.

9 deutsch CD 1 ACTE 1 ATTO PRIMO ACT 1 1. AKT Une clairière, dans un petit bois de lauriers et Ameno, ma solitario boschetto di allori e di A delightful solitary grove of laurel and Beschauliches, einsames Lorbeer- und de cyprès, tranquille mais isolé, qui renferme cipressi, che ad arte diradato racchiude in un cypress-trees, surrounding a little plain, upon Zypressenwäldchen, das eine kleine Lichtung la sépulture d’. piccolo piano il sepolcro d’Euridice. which stands the tomb of Eurydice. umgibt, auf der sich Eurydikes Grab befindet.

Ouverture 1 Overtura Overture Ouvertüre Scène 1 Scena 1 Scene 1 1. Szene Orphée et le Chœur Orfeo ed il Coro Orpheus, with an attendance of Youths and (Orpheus und der Chor) Damsels; then Love. Au lever du rideau, au son d’une triste Ad alzarsi della tenda al suono di mesta [As the curtain rises to the strains of a sad Beim Aufgehen des Vorhangs sieht man symphonie, apparaît sur la scène une sinfonia si vede occupata la scena da uno symphony, the stage is occupied by a band of eine Gruppe Hirten und Nymphen, die troupe de Bergers et de Nymphes qui suivent stuolo di Pastori e Ninfe seguaci di Orfeo, and Shepherds, followers of Orpheus, Blumenkränze und Myrtengirlanden trägt; Orphée : ils portent des diadèmes de fleurs che portano serti di fiori e ghirlande di who are carrying garlands of flowers and während ein Teil duftenden Weihrauch et des guirlandes de myrte, et tandis qu’une mirto, e mentre una parte di loro arder fa myrtle wreaths. Whilst a group of them vari- verbrennt, den Grabstein bekränzt und partie d’entre eux fait brûler des parfums, dei profumi, incorona il marmo, e sparge ously burn perfumes, crown the marble Blumen um das Grab streut, stimmt der pose des couronnes sur le marbre et répand fiori intorno alla tomba, intuona l’altra statue and spread flowers around the tomb, andere den folgenden Chor an, der von des fleurs autour de la tombe, l’autre partie il seguente Coro, interrotto da lamenti the others sing the following chorus, inter- Orpheus’ Klagen unterbrochen wird, der entonne le Chœur qui suit, interrompu par les d’Orfeo che disteso sul davanti sopra d’un rupted by laments from Orpheus, who is auf einem Stein liegend immer wieder lamentations d’Orphée qui, étendu à l’avant- sasso, va di tempo in tempo replicando stretched out at the front of the stage on a leidenschaftlich Eurydikes Namen wiederholt. scène sur un rocher, répond en prononçant appassionatamente il nome di Euridice. rock, and from time to time passionately cries avec passion le nom d’Eurydice. out the name of Eurydice.]

BERGERS, NYMPHES 2 PASTORI, NINFE CHORUS HIRTEN, NYMPHEN Ah ! Si autour de cette urne funeste, Ah! Se intorno a quest’urna funesta, Ah, Eurydice, thou beautiful shade, Ach, wenn Du um dieses Grab wandelst, Eurydice, ombre ravissante, tu tournes… Euridice, ombra bella, t’aggiri… if yet thou haunt’st around this fatal urn… Eurydike, schöner Schatten… ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Eurydice ! Euridice! Eurydice. Eurydike! BERGERS, NYMPHES PASTORI, NINFE CHORUS HIRTEN, NYMPHEN … Entends les pleurs, les lamentations et les … odi i pianti, i lamenti, i sospiri … hear the groans, lamentations, and sighs … hör das Weinen, die Klagen, die Seufzer, soupirs che dolenti si spargon per te. that are dolefully spread around for thy sake. die schmerzlich dir gelten. Que l’on répand pour toi avec douleur.

ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Eurydice ! Euridice! Eurydice. Eurydike! BERGERS, NYMPHES PASTORI, NINFE CHORUS HIRTEN, NYMPHEN Écoute aussi ton époux malheureux Ed ascolta il tuo sposo infelice Listen to thy unfortunate spouse, Und hör deinen unglücklichen Gatten, Qui t’appelle en pleurant… che piangendo ti chiama… who, drown’d in his tears… der dich weinend ruft… ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Eurydice ! Euridice! Eurydice! Eurydike! BERGERS, NYMPHES PASTORI, NINFE CHORUS HIRTEN, NYMPHEN … Il t’appelle, et il se plaint ; … ti chiama, e si lagna; calls upon thee, and complains … dich ruft und klagt, Comme lorsque la tourterelle amoureuse come quando la dolce compagna like the turtle-dove wie die verliebte Taube, A perdu sa douce compagne. tortorella amorosa perdè. bewailing the loss of her lovely mate. die das Liebste verlor.

ORPHÉE 3 ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Cela suffit, ô compagnons ! Basta, basta, o compagni! Enough, no more, O my companions. Genug, genug, Freunde! Votre peine aggrave la mienne ! Il vostro duolo aggrava il mio! Your grief aggravates my own. Euer Schmerz verschlimmert den meinen. Répandez les fleurs pourpres, Spargete purpurei fiori, Strew the ground with purple flowers; Streut purpurne Blumen, Enguirlandez le marbre, inghirlandate il marmo, adorn the marble with garlands; bekränzt den Stein, Séparez-vous de moi ! partitevi da me! and leave me to myself. laßt mich allein! Je veux rester seul Restar vogl’io solo I will remain here alone, Ich will allein bleiben Parmi ces ombres funèbres et obscures fra quest’ombre funebri e oscure amidst these mournful and dark shades, unter diesen unheilvollen und dunklen Schatten Avec mes malheurs pour triste compagnie. coll’empia compagnia di mie sventure. in the melancholy society of my woes. in der grausamen Gesellschaft meines Unglücks.

10 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte Ballet (larghetto) 4 Ballo (larghetto) A Dance (larghetto) Tanz (Larghetto)

CHŒUR 5 CORO CHORUS CHOR Ah ! Si autour de cette urne funeste, Ah, se intorno a quest’urna funesta, Ah, Eurydice, thou beautiful shade, Ach, wenn Du um dieses Grab wandelst, Eurydice, ombre ravissante, tu tournes, Euridice, ombra bella, t’aggiri, if yet thou haunt’st around this fatal urn, Eurydike, schöner Schatten, Entends les pleurs, les lamentations, les soupirs odi i pianti, i lamenti, i sospiri hear the groans, lamentations, and sighs hör das Weinen, die Klagen, die Seufzer, Que l’on répand pour toi avec douleur. che dolenti si spargon per te. that are dolefully spread around for thy sake. die schmerzlich dir gelten. (Après le ballet, le chœur sort.) (Dopo il seguente ballo, il coro parte.) [After the following dance, exit chorus.] (Nach dem nun folgenden Tanz geht der Chor ab.)

ORPHÉE 6 ORFEO ORPHEUS ORPHEUS J’appelle ainsi ma bien-aimée Chiamo il mio ben così Thus I call aloud the idol of my heart, So rufe ich meine Liebe, Lorsque le jour se montre, quando si mostra il dì, from the morning’s rising rays, wenn der Tag sich zeigt Lorsqu’il se cache. quando s’asconde. to the sun’s decreasing beams. und wenn er sich verbirgt. Mais ma douleur est vaine ! Ma, oh vano mio dolor! But how vain my grief! Ach, vergebens ist mein Leid! L’idole de mon cœur L’idol del mio cor The charmer my soul doats on, Die Göttin meines Herzens Ne me répond pas. non mi risponde. deigns not to answer my plaints. antwortet mir nicht. ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Eurydice ! Eurydice ! Chère ombre, Euridice! Euridice! Ombra cara, Eurydice, Eurydice! Where art thou, Eurydike! Eurydike! Liebster Schatten, Ah, où te caches-tu ? ove sei? lovely shade? ach, wo bist du? Haletant, ton fidèle époux Piange il tuo sposo Thy spouse, in bitterness of grief complains. Voll Kummer ruft dein treuer Gatte dich immer T’appelle toujours en vain, ti domanda agli Dei, From Jove he asks thee. vergeblich, Il te réclame aux dieux, a’ mortali ti chiama He requires thee from mortals. von den Göttern erfleht er dich zurück, Et il répand dans les vents e sparse a’ venti The air is fill’d with his bitter tears, und ergießt mit seinen Avec ses larmes son le lagrime sue, and doleful groans. Tränen vergeblich seine Klagen Ses vaines lamentations. i suoi lamenti. in den Wind. Teure Eurydike! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Je cherche ainsi ma bien-aimée, Cerco il mio ben così Thus I seek for the idol of my heart, So suche ich meine Liebe, Ici, où elle mourut, in queste, ove morì, on these fatal shores, an diesem verhängnisvollen Ort, Sur ces rives funestes. funeste sponde. where death cut off her thread of life. an dem sie starb. Mais, seul, à ma douleur, Ma solo al mio dolor But Echo alone, Aber meinem Schmerz Parce qu’il a connu l’amour, perché conobbe amor, who was sensible to the attacks of love, antwortet nur das Echo, L’écho répond. l’eco risponde. deigns to answer me. weil es die Liebe kennt. Eurydice ! Eurydice ! Euridice! Euridice! Eurydice, Eurydice! Eurydike! Eurydike! Ah ! les rivages connaissent ce nom, Ah! questo nome san le spiaggie, Ah, even the shores know the name; Ach, diesen Namen kennen die Lichtungen, Et les forêts l’ont appris par ma bouche ! e le selve l’appresero da me! and the woods have learn’d it from me. und die Wälder haben ihn von mir gelernt. Dans chaque vallée, In ogni valle Eurydice is heard echo’d in every valley. In jedem Tal Eurydice résonne ; sur chaque tronc Euridice risuona: in ogni tronco The wretched Orpheus wrote erschallt Eurydikes Name; in jeden Stamm Le pauvre Orphée a écrit : scrisse il misero Orfeo: on every tree. schnitzte ihn der unselige Orpheus; Malheureux Orphée, Orfeo infelice, Unfortunate Orpheus! unglücklicher Orpheus, Eurydice, mon idole, Euridice, idol mio, Eurydice, my idol, Eurydike, meine Liebe, Chère Eurydice ! cara Euridice! dear Eurydice! teure Eurydike! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Je pleure ainsi ma bien-aimée, Piango il mio ben così Thus I bewail the idol of my heart, So beweine ich meine Liebe, Lorsque le soleil éclaire le jour, se il sole indora il dì, from the morning’s rising rays, wenn die Sonne den Tag vergoldet Lorsqu’il disparaît dans la mer. se va nell’onde. to the sun’s decreasing beams. und wenn sie in den Wellen versinkt. Compatissant à mes larmes Pietoso al pianto mio The murmuring rivulet alone, Voll Erbarmen mit meinen Tränen La rivière murmure, va mormorando il rio, responsive moans with pity rauscht der Fluß Et me répond. e mi risponde. to my ceaseless sighs. und antwortet mir.

11 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte Ô Dieux ! Dieux barbares, 7 O Numi ! Barbari numi, Ye Gods, cruel Gods! Oh Götter, grausame Götter, D’Achéron et d’Averne d’Acheronte e d’Averno pale inhabitants des Acheron und des Avernus Pâles habitants, pallido abitator, of Acheron and Hell; bleiche Bewohner, Dont la main la di cui mano whose destructive band, deren todesgierige Hand Avide de morts avida delle morti neither beauty nor youth weder Schönheit noch Jugend N’a jamais désarmé et que jamais n’ont retenue mai disarmò mai trattener non seppe could ever disarm jemals entwaffnen noch aufhalten konnte, Ni la beauté, ni la jeunesse, beltà né gioventù, or withold, ihr raubtet mir Vous m’avez enlevé voi mi rapiste you have ravished from me meine schöne Eurydike – Ma belle Eurydice – la mia bella Eudirice – my fair Eurydice, ach, grausame Erinnerung! – Oh, cruel souvenir ! – oh memoria crudel! – (O fell remembrance!) in der Blüte ihrer Jahre! Dans la fleur de l’âge ! sul fior degli anni! in the bloom of her years. Ich will sie zurück von euch, tyrannische Götter! Je vous la réclame, dieux tyrannniques ! La rivoglio da voi, numi tiranni! I will have her back again from you, ye barbarous Gods! Ich habe auch den Mut, J’ai moi aussi du courage Ho core anch’io Courageous as the most intrepid heroes, um auf den Spuren Pour venir chercher, sur les traces per ricercar sull’orme I have even resolution enough der furchtlosesten Helden Des plus intrépides héros, de’ più intrepidi eroi, to go into your horrid realms, in eurem Schrecken Au sein de votre horreur, nel vostro orrore to retrieve meine Gattin, meine Liebe zu suchen! Mon épouse, mon bien ! la mia sposa, il mio ben! my spouse, my treasure.

Scène 2 Scena 2 Scene 2 2. Szene (Amour et Orphée) (Amore e detto) (Love and the same) (Amor und Orpheus) AMOUR AMORE LOVE AMOR Amour te soutient ! T’assiste Amore! Love attends thee, Amor steht dir bei! Orphée, de ta peine Orfeo, della tua pena Orpheus, Jove is moved with pity Orpheus, Jupiter fühlt Mitleid Zeus a pitié. Giove sente pietà. at thy pangs. mit deiner Qual. Il te permet de passer Ti si concede le pigre Thou art permitted to cross alive Es wird dir gestattet, die trägen Vivant les lentes eaux du Léthé ! onde di Lete vivo varcar! the slow waves of the Stygian Lake. Wellen der Lethe lebend zu überqueren. Tu es sur le chemin du ténébreux abîme : Del tenebroso abisso sei sulla via: Thou art on thy way to the dark and dismal abyss. Du bist auf dem Weg des finsteren Abgrunds: Si avec ton chant, tu peux calmer les Furies se placar puoi col canto le furie, If with thy voice, thou can’st appease the furies, Wenn du mit deinem Gesang die Furien, Et les monstres, et la mort impitoyable, i mostri, e l’empia morte, monsters, and cruel death, die Ungeheuer, und den grausamen Tod besänftigen kannst, Au jour, ta chère Euridyce al giorno la diletta Euridice thy beloved Eurydice shall then wird deine geliebte Eurydike am Morgen Fera un joyeux retour. farà teco ritorno. return with thee to light. unversehrt mit dir zurückkehren. ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Comment ? Quand ? Ah, come? Ah, quando? Ah, what do I hear? Ach, wie? Ach, wann? Est-ce possible ? E possibil sarà? Is it possible? Ist es möglich? Explique-toi ! Spiegati! Explain thyself. Erkläre dich! AMOUR AMORE LOVE AMOR Auras-tu assez de courage Avrai valor che basti Hast thou courage at command Wirst du genug Mut Pour cette dernière épreuve ? a questa prova estrema? for such an enterprise. für diese größte Prüfung haben? ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Tu me promets Eurydice, Mi prometti Euridice, While Eurydice’s the prize, Du versprichst mir Eurydike Et tu veux que j’aie peur ? e vuoi ch’io tema? think’st thou I know fear? und willst, daß ich mich fürchte? AMOUR AMORE LOVE AMOR Tu dois savoir à quelles conditions Sai però con qual patto Know then on what condition Du weißt aber, unter welcher Bedingung Tu pourras accomplir ta mission. l’impresa hai da compir. thou art to undertake that enterprise? du die Aufgabe zu erfüllen hast. ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Parle ! Parla ! Speak. Rede! AMOUR AMORE LOVE AMOR Il t’est interdit de regarder Eurydice Euridice ti si vieta il mirar Thou art forbidden to look upon Eurydice, Es ist dir verboten, Eurydike anzusehen, Avant que tu ne sois sorti des antres du Styx ! finchè non sei fuor degli antri di Stige! till emerged from the caverns of the Styx; solange du die Höhlen des Styx nicht verlassen hast! Et tu ne dois pas lui révéler cette interdiction ! E il gran divieto riverarle non dei, nor art thou to tell her of that mysterious prohibition; Und das große Verbot darfst du ihr nicht enthüllen! Sinon, tu la perdras de nouveau et pour toujours ; se no, la perdi e di nuovo e per sempre; otherwise thou shalt lose her again for ever; Wenn nicht, verlierst du sie von neuem und für immer; Et en proie à ton terrible désir e in abbandono al tuo fiero desio and live a miserable prey und deinem rasenden Verlangen ausgesetzt Tu vivras malheureux ! sventurato vivrai! to thy torturing desires. wirst du unglückselig leben! Réfléchis bien, adieu ! Pensaci, addio! Reflect on it. Farewell. Denk darüber nach, leb wohl!

12 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte Retiens ton regard, 8 Gli sguardi trattieni, Withold thy looks, Zügle deine Blicke, Freine tes paroles, affrena gli accenti, refrain thy accents, halte deine Worte zurück, Rappelle-toi que tu souffres, rammenta se peni, and remember that, denk daran, daß du leidest, Qu’il ne te reste que peu de temps che pochi momenti tho’ now thou grievest, aber daß du nur noch wenige Augenblicke À souffrir encore. hai più da penar. yet, in a few moments, zu leiden hast. Sache aussi que parfois, Sai pur che talora thy late affliction may give birth to joy. Du weißt doch, daß manchmal Confus, tremblants confusi, tremanti Thou know’st well, – verwirrt und bebend Devant celle qu’ils aiment, con chi gl’innamora that lovers often wander, tremble, angesichts des geliebten Menschen – Les amants sont aveugles, son ciechi gli amanti, are blind, Liebende blind sind Qu’ils ne savent plus parler ; non sanno parlar ; and frequently unable to talk und nicht sprechen können; Confus, tremblants, confusi, tremanti, with the dear objects of their adoration; verwirrt und bebend, Les amants sont aveugles son ciechi gli amanti lovers often wander, tremble, are blind, Liebende blind sind, Avec celle qu’ils aiment, con chi gl’innamora, and frequently unable to talk angesichts des geliebten Menschen Ils ne savent plus parler. non sanno parlar. with the dear objects of their adoration. nicht sprechen können. Retiens ton regard, Gli sguardi trattieni, Withold thy looks, Zügle deine Blicke, Freine tes paroles, affrena gli accenti, refrain thy accents, halte deine Worte zurück Rappelle-toi que tu souffres… etc. rammenta se peni… ecc. and remember… etc. denk daran, daß du leidest… usw. (Il part) (parte) (exit) (geht ab)

ORPHÉE 9 ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Qu’a-t-il dit ! Qu’ai-je entendu ! Che disse! Che ascoltai! What said he? What have I heard? Was hat er gesagt! Was habe ich gehört! Donc Eurydice vivra, je l’aurai à mes côtés ! Dunque Euridice vivrà, l’avrò presente! Will then my Eurydice be return’d again to life! Also wird Eurydike leben, ich werde sie bei mir Et après tant de souffrances, E dopo i tanti affanni miei, Shall she again exist on earth! haben! En un tel moment, in quel momento, And after so many racking torments, Und nach soviel Leiden En pleine guerre de sentiments, in quella guerra d’affetti, in what conflict of passion, werde ich sie in diesem Moment, Je ne devrais pas la regarder, io non dovrò mirarla, at the transporting moment when she’s yielded me, in diesem Toben der Gefühle, Ni la serrer contre moi ! non stringerla al mio sen! must not I behold her? nicht ansehen dürfen, Malheureuse épouse ! Que dira-t-elle, Sposa infelice! Che dirà mai? not press her to my bosom? nicht an meine Brust drücken dürfen! Que pensera-t-elle ? Che penserà? Unhappy spouse! what will she suppose! Unglückliche Gattin! Je vois déjà ses affres ! Preveggo le smanie sue! what think! Was wird sie sagen? Was wird sie denken? Cela me préoccupe. Comprendo le angustie mie. I foresee her furies, Ich sehe ihre Erregung voraus, Rien qu’à l’imaginer, Nel figurarlo solo I perceive my tortures! ich erkenne meine Ängste! Je sens mon sang se glacer, sento gelarmi il sangue, My heart sickens Allein beim Gedanken daran Mon cœur palpiter… tremarmi il cor… at the thought, fühle ich das Blut mir gefrieren, Mais… Je le pourrai… Je le veux ! Ma… lo potrò… lo voglio! my blood is froze by the idea. das Herz mir erbeben… J’ai résolu. Le plus grand, Ho risoluto. Il grande, But I can – yes, I will, – Aber… ich werde es schaffen… ich will es! Le plus insupportable des maux, l’insoffribil de’ mali I am resolved; for the greatest, Ich habe mich entschieden. Das größte, C’est d’être privé du seul objet è l’esser privo dell’unico dell’alma and most intolerable of my misfortunes, das unerträglichste Unglück für die Seele ist es, Qu’aime l’âme. amato oggetto. is to be deprived of the only object des einzigen geliebten Wesens beraubt zu sein. Aidez-moi, ô dieux, j’accepte votre loi. Assistetemi, o dei, la legge accetto. beloved by my soul. Steht mir bei, o Götter, Ye Gods, assist me, I accept the hard condition. ich akzeptiere euer Gesetz.

(On voit un éclair, on entend le tonnerre, et (Si vede un lampo, si sente un tuono, e parte [A lightning flash is seen, a clap of thunder Orphée sort.) Orfeo.) heard. Exit Orpheus.]

ACTE 2 ATTO SECONDO ACT 2 2. AKT Horrible caverne au-delà du fleuve Cocyte, Orrida caverna di là del fiume Cocito, A dreadful cave, an infernal entrance in the Eine furchteinflößende Höhle jenseits des qu’assombrit ensuite au lointain une offuscata poi in lontananza da un tenebroso bottom, and on one side of it, a dismal gate, Flusses Kozytus, in der Ferne von dunklem, ténébreuse fumée éclairée par des flammes, fumo illuminato dalle fiamme, che ingombra which opens with a horrid creaking noise. flammendurchzucktem Rauch verfinstert, der qui emplit toute cette affreuse habitation. tutta quella orribile abitazione. die ganze schreckliche Umgebung ausfüllt. Scène 1 Scene 1 1. Szene Scena 1 Orphée et le Chœur Chorus of furies and spectres, then Orpheus. (Orpheus und der Chor) Orfeo ed il Coro Dès que le rideau se lève au son d’une terrible [As soon as the curtain rises, to the strains of a Unmittelbar nachdem der Vorhang sich zum symphonie, débute le Ballet des Furies et des Appena aperta la scena al suono di orribile terrifying symphony, there begins the Dance of Klang einer furchterregenden Ouvertüre Spectres qui est interrompu par l’harmonie de sinfonia comincia il Ballo di Furie e Spettri the Furies and Spectres, which is interrupted by geöffnet hat, beginnt der Tanz der Furien la lyre d’Orphée. Ce dernier apparaît alors en che viene interrotto per l’armonia della the harmony of Orpheus’ lyre; when he appears und Geister, der von der harmonischen Leier scène, et toute la troupe infernale entonne le lira d’Orfeo, il quale comparendo poi sulla onstage, the whole devilish crowd begins the Orpheus’ unterbrochen wird, der auf der chant suivant. scena, tutta quella turba infernale intuona following chorus.] Bühne erscheint. Das Höllenvolk stimmt das il seguente. Folgende an. 13 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte Ballet (majestueux) 10 Ballo (maestoso) A Dance (maestoso) Tanz (Maestoso) CHŒUR CORO CHORUS CHOR Qui donc vers l’Érèbe, Chi mai dell’Erebo Who was ever daring enough to steer his course Wer lenkt Au cœur des ténèbres, fra le caligini, amidst the darkness of Erebus, durch die Nebel des Erebus, Sur les traces d’Héraclès sull’orme d’Ercole on the footsteps of Hercules auf den Spuren von Herkules und Pyritus, Et de Pirithoos, se dirige ? e di Piritoo conduce il piè? and Piritoo? seinen Schritt? Ballet (rapide) 11 Ballo (presto) [A Dance (presto)] Tanz (Presto) CHŒUR CORO CHORUS CHOR Qui donc vers l’Érèbe, etc. Chi mai dell’Erebo, ecc. Who was ever daring… Wer lenkt usw. Les terribles Euménides D’orror l’ingombrino Let the fierce Eumenides Mit Schauder mögen ihn En font un lieu d’horreur le fiere Eumenidi strike him with horror, die wilden Eumeniden erfüllen, Et les hurlements de Cerbère e lo spaventino and the howlings of Cerberus und die Schreie von Zerberus L’emplissent d’épouvante, gli urli di Cerbero, frighten him, mögen ihn erschrecken, Si ce n’est pas un dieu qui entre. se un dio non è. if not a God. wenn er kein Gott ist. Ballet (majestueux) 12 Ballo (maestoso) [A Dance (maestoso)] Tanz (Maestoso) ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS De grâce ! Calmez-vous en ma présence, Deh! Placatevi con me, Ah, be appeased, Ach, seid gnädig zu mir, Furies… Furie… ye furies… Furien… CHŒUR CORO CHORUS CHOR Non ! No! No. Nein! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS … larves… … larve… … phantoms… … Geister… CHŒUR CORO CHORUS CHOR Non ! No! No. Nein! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS … ombres hautaines… … ombre sdegnose… … and angry shades. … verächtliche Schatten… CHŒUR CORO CHORUS CHOR Non ! No! No. Nein! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Que ma cruelle douleur Vi renda almen pietose Alas, at least, let my racking pangs Möge euch wenigstens Vous rende au moins compatissantes. il mio barbaro dolor. excite your pity! mein grausamer Schmerz gnädig stimmen. CHŒUR CORO CHORUS CHOR Non ! Non ! Non ! No! No! No! No. Nein! Nein! Nein! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS De grâce, calmez-vous en ma présence, etc. Deh! Placatevi con me, ecc. Ah, be appeased… Ach, seid gnädig zu mir usw. CHŒUR 13 CORO CHORUS CHOR Pauvre jeune homme ! Misero giovane! Unfortunate youth, Unseliger Jüngling! Que veux-tu, que médites-tu ? Che vuoi, che mediti? what would’st thou have? Was willst du, was ersinnst du? Hormis le deuil et la plainte, Altro non abita What do’st thou propose to do here, Anderes als Trauer und Stöhnen Rien d’autre n’habite che lutto e gemito where tears and groans wohnt nicht Dans cet horrible in queste orribili encrease the native horrors an diesem schrecklichen Et funeste lieu. soglie funeste. of these fatal realms? unheilvollen Ort. Que veux-tu, pauvre jeune homme ? Quoi ? Che vuoi, misero giovane? Che? [What would’st thou have, unfortunate youth? What? Was willst du, unseliger Jüngling? Was? Hormis le deuil et la plainte, etc. Altro non abita, ecc. What do’st thou propose to do here…] da capo

14 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte ORPHÉE 14 ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Mille chagrins, ombres hautaines, Mille pene, ombre moleste, Ye mournful shades, a thousand racking pangs Wie ihr, verächtliche Schatten, Comme vous je supporte ; come voi sopporto anch’io; do I endure like you. erleide auch ich tausend Qualen; Je porte l’enfer en moi, ho con me l’inferno mio, I feel within myself that torment meine Hölle trage ich in mir, Je le sens au plus profond de mon cœur. me lo sento in mezzo al cor. ever torturing my soul. ich spüre sie tief in meinem Herzen.

CHŒUR 15 CORO CHORUS CHOR Ah ! Quel est cet amour Ah! Quale incognito Ah, what means this unknown, Ach, was für ein unbekanntes Inconnu et plaintif, affetto flebile, mournful, sweet affection, trauriges Gefühl Qui vient doucement dolce a sospendere which seems naht sich uns süß, Figer notre implacable vien l’implacabile almost to harmonise unsere unerbittliche Wut zu entkräften! Fureur ! nostro furor! our wonted fury. Ah ! Quel est cet amour, etc. Ah! Quale incognito, ecc. Ah, what means… ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Vous seriez moins tyranniques Men tiranne ah, voi sareste Alas! you would be less cruel Weniger tyrannisch wäret ihr Devant mes pleurs et ma douleur al mio pianto, al mio lamento, to my mournful cries and lamentations, gegen meine Tränen, meinen Schmerz, Si vous éprouviez un seul instant se provaste un sol momento if you felt, but for an instant, wenn ihr nur einen einzigen Moment fühltet, Ce qu’est la langueur d’amour. cosa sia languir d’amor. the pangs of one lingering with love. was Liebesleid ist.

CHŒUR CORO CHORUS CHOR Ah ! Quel est cet amour, etc. Ah! Quale incognito, ecc. Ah, what means, &c. &c. Ach, was für ein unbekanntes usw. Les portes grincent Le porte stridano The gates creaking Die Tore mögen knarren Sur leurs gonds noirs ; sui neri cardini; on their rusty hinges, in ihren schwarzen Angeln Et elles laissent passer, e il passo lascino leave a safe, und dem Sieger Confiant et libre, sicuro e libero uninterrupted passage den Weg Le vainqueur ; al vincitor; to the conqueror! sicher und frei machen. Et elles laissent passer, etc. e il passo lascino, ecc. Les portes grincent, etc. Le porte stridano, ecc. Les Furies et les Monstres commencent à se Cominciano a ritirarsi le Furie ed i Mostri The Furies and monsters begin to withdraw, and Die Furien und Ungeheuer beginnen, sich retirer et, tandis qu’ils s’évanouissent dans le e dileguandosi per entro le scene, ripetono as they disperse into the wings they repeat the last zurückzuziehen. Während sie zwischen den décor, ils reprennent la dernière strophe du l’ultima strofa del Coro, che continuando verse of the chorus, which continues while getting Kulissen entschwinden, wiederholen sie die letzte Chœur, qui se poursuit tandis qu’ils s’éloignent sempre frattanto che si allontanano, finisce further and further away, finishing at last in a Strophe des Chors. Sie entfernen sich immer et s’achève dans un murmure confus. Les finalmente in un confuso mormorio. Sparite confused murmur. Once the Furies have disap- weiter, bis schließlich nur noch ein unbestimmtes Furies disparues, les Monstres sortis, Orphée le Furie, sgombrati Mostri, Orfeo s’avanza peared and the Monsters have been swept away, Murmeln zu vernehmen ist. Nachdem die Furien s’avance en Enfer. nell’inferno. Orpheus goes forward into Hell. und Ungeheuer verschwunden sind, betritt Orpheus die Hölle.

15 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte CD 2

Scène 2 1 Scena 2 Scene 2 2. Szene Paysage charmant grâce aux bosquets qui y Paesaggio delizioso per i boschetti che vi The Elysian Fields. A delightful landscape with verdant Wunderschöne Landschaft mit grünenden verdoient, aux fleurs qui tapissent les prairies, aux verdeggiano, i fiori che rivestono i prati, i groves, flowers covering the meadows, shady bowers, Wäldchen, blumenübersäten Wiesen, schattigen recoins ombragés que l’on y découvre, aux fleuves ritiri ombrosi che vi si scoprono, i fiumi ed i rivers and streams. Ruheplätzen, Flüssen und Bächen. et aux ruisseaux qui le baignent. ruscelli, che lo bagnano.

Ballet (andante) Ballo (andante) A Dance (andante) Tanz (Andante) ORPHÉE 2 ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Quel ciel pur ! Quel grand soleil ! Che puro ciel! Che chiaro sol! How bright the Heavens! How clear the sun! Wie rein der Himmel ist! Wie klar die Sonne ist! Quelle est donc cette nouvelle lumière sereine ! Che nuova serena luce è questa mai! But what can mean this new extreme serenity of light? Was für ein neues, weiches Licht ist das! Quelle douce et flatteuse harmonie Che dolce lusinghiera armonia How sweet is this composure! Was für eine süße, zärtliche Harmonie Forment ensemble formano insieme What alluring concert doth the bird’s soft song, bilden gemeinsam Le chant des oiseaux, il cantar degli augelli, the riv’let’s bubble, der Gesang der Vögel, La course des ruisseaux, il correr de’ ruscelli, and the zephyr’s murmur, der Lauf der Bäche, Le murmure des vents ! dell’aure il sussurrar! altogether form! das Rauschen der Lüfte! Voilà le séjour Questo è il soggiorno Sure this is the abode Das ist der Ort Des Héros chanceux ! de’ fortunati Eroi! of happy heroes! der glücklichen Helden! Ici, tout respire un contentement tranquille, Qui tutto spira un tranquillo contento, Here, all but me, Hier atmet alles eine ruhige Zufriedenheit, Excepté pour moi. ma non per me. content and ease enjoy! aber nicht für mich. Si je ne trouve pas ma bien-aimée, Se l’idol mio non trovo, If I can’t my idol find, Wenn ich meine Liebste nicht finde, Je ne pourrai plus rien espérer ! sperar non posso! ah! I can’t flatter myself with such hope. kann ich nicht hoffen! Sa voix suave, I suoi soavi accenti, Her sweet accents, Ihre sanften Worte, Ses regards amoureux, son beau rire, gli amorosi suoi sguardi, il suo bel riso, her bewitching looks, her pleasing smiles alone, ihre liebevollen Blicke, ihr schönes Lachen Sont mon seul Élysée, mon seul plaisir ! sono il mio solo, il mio diletto Eliso! can be a delightful to me. sind mein einziges, mein geliebtes Elysium! Mais où peut-elle donc être ? Ma in qual parte ei sarà? Alas! where can she be? Aber wo mag sie sein? (regardant autour de lui) (guardando per la scena) [looking across the stage] (sieht sich um) Demandons à ceux-ci Chiedasi a questo I’ll inquire after her from that Fragen wir diese fröhliche Schar, Qui viennent vers moi l’air réjoui. che mi viene a incontrar stuolo felice. happy troop who come to meet me. die sich mir dort nähert. (s’avançant vers le Chœur) (inoltrandosi verso il Coro) [going towards the Chorus] (wendet sich an den Chor) Où est Eurydice ? Euridice dov’è? Oh! where is my Eurydice? Wo ist Eurydike?

CHŒUR CORO CHORUS CHOR Eurydice arrive ! Giunge Euridice! Eurydice approaches. Eurydike kommt! Viens au royaume du repos, 3 Vieni ai regni del riposo, Come away to the realm of repose, Komm ins Reich der Ruhe, Grand héros, tendre époux, grande eroe, tenero sposo; thou invincible hero, thou tender-hearted spouse! großer Held, zärtlicher Gatte; Rare exemple de tous les temps. raro esempio in ogni età. Proverbial shall be thy name to after ages, for fidelity and love. seltenes Beispiel einer jeden Epoche. Eurydice partage ton amour ; Euridice Amor ti rende; Thy Eurydice is restor’d – Amor gibt dir Eurydike zurück; Déjà elle se ranime, déjà elle retrouve già risorge, già riprende Even now doth she revive, and resume schon ersteht sie wieder auf, schon erlangt sie Sa beauté initiale, etc. la primiera sua beltà, ecc. her beauty’s bloom. ihre frühere Schönheit wieder.

Ballet (andante) 4 Ballo (andante) A Dance (andante) Tanz (Andante)

ORPHÉE 5 ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Âmes aventureuses, Anime avventurose, Ye fortunate souls, Glückliche Seelen, Ah, comprenez gentiment ah, tollerate in pace oh quietly bear with ach, ertragt gelassen Mon impatience ! le impazienze mie! my impatience; meine Ungeduld! Si vous étiez amants, Se foste amanti, if ever ye were lovers, Würdet ihr lieben, Vous connaîtriez l’épreuve conoscereste a prova you surely must remember, kenntet ihr wohl De ce désir fougueux, quel focoso desio, how impetuous is desire, dieses brennende Verlangen, Qui me tourmente, che mi tormenta, how tormenting das mich quält, Qui me poursuit toujours. che per tutto è con me. disappointment. das mich ganz erfüllt. Même dans ce lieu serein Nemmeno in questo placido albergo Even in this pleasant abode of peace, Nicht einmal an diesem friedlichen Ort Je ne serais pas heureux, esser poss’io felice, I can’t be happy kann ich glücklich sein, Si je ne retrouve pas ma bien-aimée. se non trovo il mio ben. till I find the dear object of my adoration. wenn ich meine Liebste nicht finde. CHŒUR CORO CHORUS CHOR Viens, Eurydice ! Viene, Euridice! There, take then thy Eurydice. Komm, Eurydike!

16 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte Reviens, ô belle, à ton époux, 6 Torna, o bella, al tuo consorte, Return, O fair Eurydice, to thy consort, Du Schöne, kehre zurück zu deinem Gatten, Que le ciel compatissant che non vuol che più diviso for propitious Heaven will detain thee den der mitleidige Himmel Ne veut plus séparer de toi. sia da te, pietoso il ciel. no longer from him. nicht mehr getrennt Ne te plains pas de ton sort, Non lagnarti di tua sorte, Complain not of fate; von dir sehen will. Car on peut dire que c’est un autre Élysée, ché può dirsi un altro Eliso for so faithful a lover Beklage dich nicht über dein Schicksal, Cet époux si fidèle. uno sposo sì fedel. is an Elysium upon earth. das man ein weiteres Elysium nennen darf, Ne te plains pas de ton sort, etc. Non lagnarti di tua sorte, ecc. Complain not of fate… wenn man einen so treuen Gatten hat. Eurydice est amenée à Orphée par un Chœur Da un Coro di Eroine vien condotta Euridice Led by a Chorus of Heroines, Eurydice approaches Ein Chor von Heroinen führt Eurydike zu d’Héroïnes et ce dernier, sans la regarder, mais vicino ad Orfeo, il quale senza guardarla, e con Orpheus, who, without looking at her, most delicately Orpheus, der, ohne sie anzusehen, mit größter Eile avec une grande délicatesse, la prend par la main atto di somma premura la prende per mano, e la takes her hand and quickly leads her away. There ihre Hand nimmt und sie sofort wegführt. Es folgt et l’emmène aussitôt. Suit le Ballet des Héros et conduce subito via. Seguita poi il Ballo degli Eroi follows the dance of the Heroes and Heroines, and der Tanz der Heroen und Heroinen, dann wird des Héroïnes, et le Chœur reprend son chant, qui ed Eroine, e si ripiglia il canto del Coro, supposto their chorus is repeated, and continues until Orpheus der Gesang des Chores wieder aufgenommen, der se poursuit jusqu’à ce qu’Orphée et Eurydice soient continuarsi fino a tanto Orfeo ed Euridice non sono and Eurydice have left the Elysian Fields. sich fortsetzt, bis schließlich sortis des champs Élysées. affatto fuora degli Elisi. außerhalb der Gefilde der Seligen sind.

ACTE 3 ATTO TERZO ACT 3 3. AKT Une caverne obscure, qui forme un labyrinthe Oscura spelonca, che forma un tortuoso [A dark cavern on the banks of Lethe, which forms a Dunkle Höhle, die ein gewundenes Labyrinth tortueux, encombré de pierres qui se sont détachées laberinto, ingombrato di massi, staccati dalle tortuous labyrinth, obstructed with rocks that have bildet. Überall liegen Blöcke herum, die des rochers et qui sont couvertes de ronces et de rupi, che sono tutte coperte di sterpi, e di piante fallen from the cliffs, which are covered with roots aus den mit Gestrüpp und wilden Pflanzen plantes sauvages. selvagge. and wild plants.] überwucherten Felsen gebrochen sind.

Scène 1 Scena 1 Scene 1 1. Szene Orphée et Eurydice Orfeo ed Euridice Orpheus, Eurydice, and afterwards Love. (Orpheus und Eurydike)

ORPHÉE 7 ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Viens ! Suis-moi, Vieni! Segui i miei passi, Come along, and follow my steps, Komm! Folge meinen Schritten, Unique objet d’amour unico, amato oggetto thou beloved object einziges geliebtes Wesen De mon cœur fidèle ! del fedele amor mio! of my faithful love. meiner treuen Liebe! EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Est-ce toi ? Je me trompe ? Je rêve ? Sei tu? M’inganno? Sogno? Is it thou? Am I awake, Bist du es? Täusche ich mich? Träume ich? Je veille ? Ou je délire ? Veglio? O deliro? or deceived by a flattering dream? Bin ich wach? Oder im Wahn? ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Mon épouse bien-aimée, je suis Orphée, Amata sposa, Orfeo son io, Beloved spouse, I am thy Orpheus, Geliebte Gattin, Orpheus bin ich Et je vis encore. e vivo ancor. who still enjoys this life; und lebe noch. Je suis venu te chercher dans l’Élysée. Ti venni fin negli Elisi a ricercar. I e’en came down in the Elysian abodes in search of thee; Ich kam bis ins Elysium, dich zu suchen. D’ici peu, tu pourras voir de nouveau Fra poco il nostro cielo, il nostro sole, ere ’tis long shalt thou enjoy the world again Bald wirst du unseren Himmel, unsere Sonne, Notre ciel, notre soleil et le monde. il mondo di bel nuovo vedrai. under our sphere and our Phœbus. die Welt von neuem sehen. EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Tu vis ? Je suis vivante ? Comment ? Tu vivi? Io vivo? Come? Art thou indeed alive? And am I also living still? How can this be? Du lebst? Ich lebe? Wie? Mais par quelle magie ? Par quel moyen ? Ma con quel arte? Ma per qual via? To what amazing art, to what mysterious means, are we Aber durch welche Kunst? Auf welche Weise? indebted for this blessing?

ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Je te révélerai tout. Saprai tutto da me. Thou soon shalt hear it all from me. Du wirst alles von mir erfahren. Mais pour l’heure ne demande plus rien ! Per ora non chieder più! For the moment, ask no more! Aber jetzt frag’ nicht mehr! Presse-toi avec moi, et libère ton âme Meco t’affretta, e il vano Hurry off with me, Beeile dich mit mir, und verbanne die eitle, De cette vaine crainte importune ! importuno timor dall’alma sgombra! and drive away from thy soul vain fear; unnütze Furcht aus deiner Seele! Tu n’es plus une ombre, Ombra tu più non sei, thou no longer art a phantom, Du bist kein Schatten mehr, Je ne suis pas une ombre. io non son ombra. nor am I a shade. ich bin kein Schatten. EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Qu’entends-je ? Est-ce vrai ? Cha ascolto? E sarà ver? What do I hear! And is this really true? Was höre ich? Ist es wahr? Dieux cléments, Pietosi numi, Ye propitious powers! Barmherzige Götter, Quel est donc ce bonheur ? qual contento è mai questo? What sweet sensations do I feel! was für eine Freude. Dans les bras de mon amour, Io dunque in braccio all’idol mio Then folded in my idol’s arms, Ich werde also im Arm meines Liebsten Dans les plus suaves liens fra’ più soavi lacci where Hymen bound me in den süßesten Banden D’Amour et d’Hyménée, d’Amore e d’Imeneo with Love’s sweetest ties, von Amor und Hymenäus Je vivrai donc une nouvelle vie ! nuova vita vivrò! I yet shall live again? ein neues Leben leben! 17 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Oui, mon espérance ! Sì, mia speranza! Yes, my only hope. Ja, meine Hoffnung! Mais dépêchons-nous, Ma tronchiam le dimore, But let us haste our steps Aber laß uns die Rast beenden, Et suivons le chemin. ma seguiamo il cammin. from these abodes. laß uns den Weg weitergehen. La fortune est si cruelle avec moi, Tanto è crudel la fortuna con me, Cruel fate is so inauspicious to me, Das Schicksal ist so grausam zu mir, Que j’ai du mal à croire que tu es à moi, che appena io credo di possederti, that I can hardly believe I now possess thee; daß ich kaum glaube, dich zu besitzen, Que j’ai du mal à me faire confiance. appena so dar fede a me stesso. I am e’en doubtful of what I behold. kaum mir selbst glaube. EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Et laisser libre cours à mon tendre amour, E un dolce sfogo del tenero amor mio What! doth then this ebulition of my love, Und ein süßer Ausbruch meiner zärtlichen Liebe En ce premier instant où tu me retrouves, nel primo istante che tu ritrovi me, at finding thee again, im selben Moment, in dem du mich wiederfindest, où je te revois, cela t’ennuie, Orphée ! ch’io ti riveggo, t’annoia, Orfeo! grow irksome unto Orpheus? in dem ich dich wiedersehe, ist dir lästig, Orpheus! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Ah, ce n’est pas vrai, mais… Ah, non è ver, ma… Oh, no, it doth not; thou mistakest me quite – Ach, das ist nicht wahr, aber… Sache… Écoute… (Oh ! quelle loi cruelle !) sappi… senti… (Oh legge crudel!) but know – hear – (Oh, cruel law!) – Wisse… höre… (Oh, grausames Gesetz!) Belle Eurydice, avance ! Bella Euridice, inoltra i passi tuoi! Pray, haste thy steps, my dear Eurydice. Schöne Eurydike, beschleunige deine Schritte! EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Qu’est-ce qui te tourmente en un si joyeux moment ? Che mai t’affanna in sì lieto momento? Say, what can grieve thee in this joyful moment? Was bekümmert dich in einem so glücklichen Augenblick? ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS (Que dirai-je ? Je l’avais prévu ! (Che dirò? Lo prevvedi! (What shall I say now? – I foresaw these questions – Was sage ich nur? Ich habe es vorhergesehen! Voilà donc les tourments ?) Ecco il cimento!) now’s the trial.) Das ist die Prüfung! EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Tu ne m’embrasses pas ? Tu ne parles pas ? Non m’abbracci? Non parli? Will you not embrace me? – You deign me not an answer. Du umarmst mich nicht? Du sprichst nicht? Regarde-moi au moins. Guardami almen. Then look at me, at least. – Sieh mich wenigstens an. Dis-moi, suis-je encore belle, Dimmi, son bella ancora, Say, am not I as beautiful Sag mir, bin ich noch so schön, Comme je l’étais alors ? qual era un dì? as on my wedded day? wie ich es einmal war? Regarde, car le teint rose de mon visage Vedi, che forse è spento Behold! perhaps Sieh, vielleicht ist S’est peut-être terni ? il roseo del mio volto? the roses fade – das Rot meiner Wangen erloschen? Écoute, peut-être s’est-il éteint, Odi, che forse s’oscurò, Turn round! it may be that these charms decay, Höre, vielleicht hat sich Cet éclat de mon regard quel che amasti e soave chiamasti, which you with rapture prais’d; der Glanz meiner Augen, Que tu aimais et que tu disais charmant ? splendor de’ sguardi miei? or brightness sullies, which with joy you view’d. den du so liebtest und sanft nanntest, verdunkelt? ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS (Plus je l’écoute et moins je résiste. (Più che l’ascolto, meno resisto. (The more I hear, the less I can resist. (Je länger ich ihr zuhöre, desto weniger kann ich widerstehen. Orphée, courage !) Orfeo, coraggio!) Chear up, Orpheus.) Orpheus, nur Mut!) Allons, ma chère Eurydice ! Andiamo, mia diletta Euridice! Let’s away, beloved Eurydice. Gehen wir, meine geliebte Eurydike! Le moment n’est pas à ces tendresses, Or non è tempo di queste tenerezze, These marks of tenderness are now unseasonable. Jetzt ist nicht die Zeit für diese Zärtlichkeiten, Tout retard nous est fatal. ogni dimora è fatale per noi. Every delay must prove fatal to us. jede Rast ist verhängnisvoll für uns. EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Un seul regard. Ma un sguardo solo. But one single look. Aber nur ein Blick. ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Te regarder porte malheur. E’ sventura il mirarti. Now to glance upon thy beauty, would be ruin. Es bedeutet Unglück, Dich anzusehen. EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Ah ! Cruel ! Voilà donc ton accueil ! Ah, infido! E queste son l’accoglienze tue! Ah, faithless man! Is it thus thou welcomest me? Ach, Treuloser! Das also ist deine Begrüßung! Tu me refuses un regard, Mi nieghi un sguardo, I’m e’en deny’d a look, Du verweigerst mir einen Blick, Tandis que de mon cher amant, quando dal caro amante, when from my wonted lover, wo ich vom teuren Liebsten, Et de mon tendre époux, e dal tenero sposo and endearing spouse, vom zärtlichen Gatten J’attendais aspettarmi io dovea I might expect Umarmungen und Küsse L’étreinte et les baisers ! gli amplessi e i baci! most ardent kisses, and embraced delight? erwarten sollte! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS (Quel cruel martyre !) (Che barbaro martir!) (Oh, racking torment!) (Was für eine grausame Qual!) Viens donc et tais-toi ! Ma vieni e taci! With passive Hope, I pr’ythee haste away. Jetzt komm und schweige! (La sentant proche de lui, il prend sa main et veut (Sentendola vicina prende la sua mano e (Feeling her near to him, he takes her hand and (da er sie nahe bei sich fühlt, nimmt er ihre Hand und 1l’emmener.) vuol condurla.) attempts to lead her away.) will sie führen)

18 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte EURYDICE (retirant sa main avec mépris) EURIDICE (ritira la mano con sdegno) EURYDICE [indignantly withdrawing her hand] EURYDIKE (zieht die Hand entrüstet zurück) Que je me taise ! Il me fallait Ch’io taccia! E questo ancora What! must I be silent also? Ich soll schweigen! Das also Encore souffrir cela ? mi restava a soffrir? Ah, shall I hear this too! mußte ich noch erleiden? Tu as donc perdu la mémoire, Dunque hai perduto la memoria, Hast thou no kind remembrance left Also hast Du die Erinnerung, L’amour, la constance et la foi ? l’amore, la costanza, la fede? of plighted love, of constancy and faith? die Liebe, die Beständigkeit, den Glauben verloren? À quoi sert de me réveiller de mon doux repos, E a che svegliarmi dal mio dolce riposo, Say to what purpose hast thou then awoke me Und wozu soll ich aus meiner süßen Ruhe erwachen, Puisque que tu as maintenant éteint or ch’hai pur spente quelle from my sweet repose, jetzt, wo du auch die keuschen Flammen Jusqu’aux délicates lumières a entrambi sì care d’Amore if here to live where Hymen’s brightest torch Amors und Hymenäus’ gelöscht hast, Si chères à Amour et à Hyménée ! e d’Imeno pudiche faci! is quite extinguished? – die uns beiden so teuer waren! Réponds, traître ! Rispondi, traditor! Thou traitor, answer that. Antworte, Verräter! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Mais viens, et tais-toi. Ma vieni, e taci. In silence haste away. Jetzt komm und schweige! Viens, contente ton époux ! 8 Vieni, appaga il tuo consorte! I pray thee come away, and gratify thy consort. Komm, erfülle den Wunsch deines Gatten! EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Non, je tiens plus à la mort No, più cara è a me la morte, No, I had rather die again, Nein, der Tod ist mir lieber, Qu’à la vie avec toi ! che di vivere con te! than live with thee. als mit dir zu leben! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Ah ! Cruelle ! Ah, crudel! Ah, cruel woman! Ach, Grausame! EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Laisse-moi tranquille ! Lasciami in pace! Leave me to my rest. Laß mich in Frieden! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Non, ma vie, telle une ombre No, mia vita, ombra seguace My life, I can’t. But ever, as thy shadow, Nein, mein Leben, wie ein treuer Schatten Je serai toujours autour de toi ! verrò sempre intorno a te! will I hover round about thee. werde ich immer um dich sein! EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Mais pourquoi es-tu si tyrannique ? Ma perché sei sì tiranno? Then wherefore so perverse? Aber warum bist du so tyrannisch? ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS J’en mourrai de chagrin, Ben potrò morir d’affanno, My grief may kill me, Auch wenn ich vor Schmerz vergehe, Mais je ne dirai jamais pourquoi ! ma giammai dirò perché! but I can’t reveal it. werde ich niemals sagen warum! EURYDICE, ORPHÉE EURIDICE, ORFEO EURYDICE, ORPHEUS EURYDIKE, ORPHEUS Grand, ô dieux, est votre don. Grande, o numi, è il dono vostro, Ye Powers, how great is your gift! Groß, o Götter, ist euer Geschenk, Je le sais et j’en suis reconnaissant / reconnaissante. lo conosco e grata / grato io sono. I acknowledge it, and am grateful. ich erkenne es und bin dankbar. Mais la douleur que vous liez à ce don Ma il dolor che unite al dono But the pangs attending your condition Aber der Schmerz, den ihr mit dem Geschenk verbindet, M’est insupportable. è insoffribile per me. are more than my soul can bear. ist unerträglich für mich.

EURYDICE 9 EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Quelle vie est-ce là, Qual’ vita è questa mai, How miserable is the life Was für ein Leben ist das, Celle que je recommence à vivre ! che a vivere incomincio! I now seem doom’d to lead! das ist anfange zu leben! Et quel funeste, terrible secret E qual funesto, terribile segreto But what can be that fatal mystery Und was für ein unheilvolles, schreckliches Geheimnis Orphée me cache-t-il ? Orfeo m’asconde! which Orpheus conceals? verbirgt Orpheus vor mir! Pourquoi pleure-t-il et s’afflige-t-il ? Perché piange, e s’affligge? Why does he thus droop and weep! Warum weint er und ist betrübt? Ah, je ne suis pas encore bien accoutumée Ah, non ancora troppo avvezza – As yet not wel accustomed Ach, ich bin noch nicht gewöhnt Aux souffrances des vivants ! agli affanni che soffrono i viventi, to those pangs the living feel, an die Schmerzen, die die Lebenden leiden! Un si grand coup fait vaciller ma constance ; a sì gran colpo manca la mia costanza; my constancy shrinks back with horror from this blow. Bei einem so schweren Schlag verläßt mich die Beständigkeit; Mes yeux perdent la lumière, agli occhi miei si smarrisce la luce, My sight grows dim meine Augen verlieren ihr Licht, Mon cœur est oppressé, oppresso in seno mi diventa – My bosom feels the pressure of so thick an air, die Brust drückt sich mir zu, J’ai du mal à respirer. affannoso il respirar. that breathing is a burthen to me. das Atmen wird mir schwer. Je tremble, je vacille et je sens, Tremo, vacillo e sento I tremble, totter, faint; Ich zittere, ich schwanke und fühle Entre l’angoisse et la terreur, fra l’angoscia e il terrore and find myself o’erwhelm’d with so much pain, zwischen Angst und Schrecken Mon cœur vibrer d’une cruelle palpitation. da un palpito crudel vibrarmi il core. that ev’ry palpitation of my heart sends torture to my soul. das Herz von einer grausamen Erregung erbeben.

19 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte Quel moment cruel ! Che fiero momento! What excruciating torment! Was für ein grausamer Augenblick! Quel destin barbare ! Che barbara sorte! what cruel fatality! Was für ein unmenschliches Geschick! Passer de la mort Passar dalla morte Possessed, as I almost was, Vom Tod À tant de douleur ! a tanto dolor! of a peaceful oblivion in death; zu solchen Schmerzen zu wechseln! Quel moment cruel, etc. Che fiero momento, ecc. this sudden transition Was für ein grausamer Augenblick usw. Accoutumée au plaisir Avvezzo al contento to the tempestuous storms of life, An das Glück D’un oubli tranquille, au cœur de ces d’un placido oblio, fra queste is more than human heart can bear. eines ruhigen Vergessens gewöhnt, Tempêtes, mon cœur se perd ! tempeste, si perde il mio cor! vergeht mein Herz in diesen Stürmen! Je vacille, je tremble… Vacillo, tremo… I totter, I tremble… Ich zittere, ich schwanke… Quel moment cruel ! etc. Che fiero momento! ecc. What excruciating torment… Was für ein grausamer Augenblick!

ORPHÉE 10 ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Voici un nouveau tourment ! Ecco un nuovo tormento! (How excruciating is this torture!) Eine neue Qual! EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Époux bien-aimé, tu m’abandonnes ainsi ? Amato sposo, m’abbandoni così? My ever beloved spouse! why do you thus abandon me? Geliebter Gatte, verläßt du mich so? Je fonds en larmes ; Mi struggo in pianto; Tho’ I am melting in tears, Ich vergehe in Tränen; Tu ne me consoles pas ? non mi consoli? yet you give me no comfort: tröstest du mich nicht? La douleur oppresse mes sens ; Il duol m’opprime i sensi; tho’ oppressed by grief, Der Schmerz raubt mir die Sinne; Tu ne viens pas à mon secours ? non mi soccorri? yet you come not to my succour. eilst du mir nicht zu Hilfe? Une nouvelle fois, ô astres, Un’altra volta, oh stelle, Oh, Heaven’s! Noch einmal, o Himmel, Je dois donc mourir dunque morir degg’io must I again expire muß ich also sterben, Sans que tu me serres dans tes bras, senza un amplesso tuo, without one dear embrace, ohne eine Umarmung von dir, Sans un adieu ? senza un addio? without one kind farewell from thee? ohne ein Lebewohl? ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Je ne peux plus me contrôler, Più frenarmi non posso, (I can refrain no longer. Ich kann nicht länger widerstehen, Peu à peu la raison m’abandonne – a poco a poco la ragion m’abbandona, My reason by degrees is lost; die Vernunft verläßt mich allmählich – J’oublie la loi, Eurydice et moi-même ! Et… oblio la legge, Euridice e me stesso! E… the God’s condition quite forgot; and nothing but ich vergesse das Gesetz, Eurydike und mich selbst! Und… (prêt à se retourner, il renonce finalement) (in atto di voltarsi e poi pentito) Eurydice remembered.) (will sich umdrehen, besinnt sich aber) [as he is about to turn round, he checks himself] EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Orphée, mon époux ! Orfeo, consorte! Orpheus, dear object of my constant love, Orpheus, Gatte! (elle va s’asseoir sur une pierre) (si getta a sedere sopra un sasso) [seating herself on a rock] (sie setzt sich auf einen Stein) Ah… je me sens… languir. Ah… mi sento… languir. I faint! Ach… ich fühle mich… vergehen. ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Non, épouse ! Écoute ! No, sposa! Ascolta! No more, my dearest spouse, but listen to me. Nein, Gattin! Höre! (prêt à se retourner pour la regarder) (in atto di voltarsi a guardarla) [in the act of turning round to look at her] (ist im Begriff, sich umzudrehen und sie anzusehen) Si tu savais… Se sapessi… If you but knew – Wenn du wüßtest… Ah, que fais-je ? Mais jusqu’à quand Ah che fo? Ma fino a quando Alas! what am I doing? Ach, was tue ich? Wie lange noch werde ich Devrais-je souffrir in questo orrido inferno How long shall I thus suffer in dieser schrecklichen Hölle Dans cet horrible enfer ? dovrò penar? in this horrid hell?) leiden müssen? EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Mon amour, souviens-toi… de… moi ! Ben mio, ricordati… di… me! My life, remember me. Mein Liebster, erinnere dich… an… mich! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Quelle souffrance ! Che affanno! (Alas! what great distress is mine! Was für ein Schmerz! Oh, comme mon cœur est déchiré ! Oh, come mi si lacera il cor! how tortur’d is my heart by Love and Fate! Oh, das Herz zerreißt mir! Je ne résiste plus… Più non resisto… I can withold no longer. Ich widerstehe nicht länger… Je brûle… je frémis… je délire… Smanio… fremo… deliro… I pine, I rave, and am delirious.) Ich rase… ich bebe… ich bin außer mir… (il se retourne avec fougue et la regarde) (si volta con impeto e la guarda) [he turns round impulsively and looks at her] (dreht sich ungestüm um und sieht sie an) Ah ! Mon trésor ! Ah! Mio tesoro! Ah, my treasure! Ach! Mein Liebling! EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Justes dieux, que m’arrive-t-il ? Giusti dei, che m’avvenne? Great Gods! what must befall me? Gerechte Götter, was geschieht mit mir? Je défaille, je meurs. Io manco, io moro. I faint; expire! Ich vergehe, ich sterbe. (elle meurt) (more) (she dies) (sie stirbt)

20 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Malheureux ! Jusqu’où suis-je allé ? Ahimè! Dove trascorsi? Alas! where have I wander’d? Weh mir! Was tat ich? Où m’a entraîné ce délire d’amour ? Ove mi spinse un delirio d’amor? To what excess of grief hath this mistaken Love reduced me? Wohin hat mich der Liebeswahn getrieben? (il s’approche d’elle rapidement) (le s’accosta con fretta) [he hastens up to her] (nähert sich ihr eilig) Épouse ! Eurydice ! Sposa! Euridice! – My much lov’d spouse, my dear Eurydice; Gattin! Eurydike! (il la secoue) (la scuote) [he attempts to stir her] (schüttelt sie) Eurydice ! Femme ! Euridice! Consorte! Eurydice, my dearest consort, speak. Eurydike! Gemahlin! Ah, elle ne vit plus, Ah più non vive, Ah, she does not breathe; Ach, sie lebt nicht mehr, Je l’appelle en vain ! la chiamo invan! I call her now in vain, the course of life is stopt ich rufe sie vergeblich! Pauvre de moi ! Misero me! – Oh, wretched me! Ich Unglückseliger! Je la perds, de nouveau et pour toujours ! La perdo, e di nuovo e per sempre! I lose her, and now am doom’d to feel that loss for ever. Ich verliere sie, von neuem und für immer! Oh, loi ! Oh, mort ! Oh legge! Oh morte! Oh, cruel law! oh, death! Oh Gesetz! Oh Tod! Oh, souvenir cruel ! Oh ricordo crudel! oh, fell remembrance! Oh grausame Erinnerung! Je reste sans secours, Non ho soccorso, I am quite deprived of succour, Es gibt keine Hilfe für mich, Ma raison a disparu ! non m’avanza consiglio! for all my courage fails me. niemand kann mir raten! Je vois bien tout seul – ah, cruelle vision ! – Io veggo solo – ah, fiera vista! – I only now behold, (Ah, fatal sight!) Ich sehe nur – ach, harter Anblick – Le triste aspect il luttuoso aspetto the mournful aspect das traurige Antlitz De mon horrible état ! dell’orrido mio stato! of my horrid state. meiner schrecklichen Lage! Rassasie-toi, méchant destin ! Saziati, sorte rea! Remorseless Fate, be satisfied, Weide dich, böses Schicksal! Je suis désespéré ! Son disperato! I am driven to despair. Ich bin verzweifelt!

Que ferai-je sans Eurydice ? 11 Che farò senza Euridice? What shall I do without Eurydice? Was werde ich ohne Eurydike tun? Où irai-je sans ma bien-aimée ? Dove andrò senza il mio ben? Where shall I wander, Wohin werde ich ohne meine Liebste gehen? Que ferai-je ? Où irai-je ? Che farò? Dove andrò? now deprived of her? Was werde ich tun? Wohin werde ich gehen? Que ferai-je sans ma bien-aimée ? Che farò senza il mio ben? Eurydice! Was werde ich ohne meine Liebste tun? Où irai-je sans ma bien-aimée ? Dove andrò senza il mio ben? alas! she cannot answer me. Wohin werde ich ohne meine Liebste gehen? Eurydice ! Eurydice ! Euridice! Euridice! I am ever faithful to thee, Eurydice. Eurydike! Eurydike! Oh, dieu ! Réponds ! Réponds ! Oh dio! Rispondi! Rispondi! What shall I do… Oh Gott! Antworte! Antworte! Je te suis toujours fidèle. Io son pure il tuo fedel. Ah me! Ich bin noch immer dein treuer Gatte. Que ferai-je, etc. Che farò, ecc. nor hope, or succour, Was werde ich ohne Eurydike tun? Eurydice ! Eurydice ! Euridice! Euridice! now are left to me Eurydike! Eurydike! Ah, il ne me reste Ah! Non m’avanza from mortals or from Gods. Ach! Mir bleibt Aucun secours, aucun espoir, più soccorso, più speranza, What shall I do without Eurydice? Where shall I keine Hilfe mehr, keine Hoffnung mehr, Qui vienne du monde ou du ciel ! né dal mondo, né dal ciel! wander, now deprived of her? weder auf Erden noch im Himmel! Que ferai-je, etc. Che farò, ecc. Was werde ich ohne Eurydike tun?

Ah ! Que cesse pour toujours 12 Ah! finisca e per sempre Ah, let my life and pain Ach! Der Schmerz soll mit dem Leben La douleur avec la vie ! con la vita il dolor! this instant have an end. für immer ein Ende finden! Je suis déjà sur la voie du sombre Averne ! Del nero Averno già sono insù la via! I am as yet on the gloomy road to Hell. Ich bin schon auf dem Weg in die dunkle Unterwelt! Le chemin n’est pas long Lungo cammino non è The distance that divides my charmer from me Es ist kein langer Weg, Qui me sépare de ma bien-aimée. quel che divide il mio bene da me. is not very great. der meine Liebste von mir trennt. Oui, attends, ô chère ombre de mon idole ! Sì, aspetta, o cara ombra dell’idol mio! Yes, hold; dear shade of my idol, hold; Ja, warte, oh teurer Schatten meiner Angebeteten! Attends, attends ! Aspetta, aspetta! thou shalt not cross the slow waves of the Stygian lake Warte, warte! Non, cette fois, sans ton époux No, questa volta senza lo sposo tuo without thy spouse. Nein, dieses Mal wirst du nicht ohne deinen Gatten Tu ne passeras pas les eaux lentes du Léthé. non varcherai l’onde lente di Lete. [he attempts to stab himself] die trägen Wogen der Lethe überschreiten. (il veut se tuer) (vuol ferirsi) (will sich etwas antun) Scène 2 Scena 2 Scene 2 2. Szene Amour et précédents Amore e detti Love, and the same (Amor und die Vorigen) AMOUR (le désarme) AMORE (lo disarma) LOVE (disarming him) AMOR (entwaffnet ihn) Orphée, que fais-tu ? Orfeo, che fai? What art thou doing, Orpheus? Orpheus, was tust du? ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Qui es-tu, toi, E chi sei tu, And who art thou Und wer bist du, Pour oser retenir che trattenere ardisci that darest obstruct daß du es wagst, Les dernières fureurs le dovute a miei casi my last just furies, mein letztes Rasen, De mon histoire ? ultime furie mie? to avoid misfortunes? von meinem Schicksal verursacht, aufzuhalten? AMOUR AMORE LOVE AMOR Calme cette fureur, Questo furore calma, Appease this tempest, Beruhige deine Wut, Pose ton arme et reconnais Amour ! deponi e riconosci Amore! refrain thee, and acknowledge Love. laß ab, und erkenne Amor!

21 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Oh, c’est toi ? Je te reconnais ! Oh, sei tu? Ti ravviso! Ah, is it thou? it is; I see thee now. Oh, du bist es? Ich erkenne dich wieder! La douleur jusqu’à maintenant Il duol finora The torture of my pain Der Schmerz hat bisher A offusqué tous mes sens. tutti i sensi m’oppresse. had almost conquer’d reason. alle meine Sinne gelähmt. Pourquoi viens-tu à un si cruel moment ? A che venisti in sì fiero momento? What art thou come for? Wozu kommst du in einem so grausamen Augenblick? Que veux-tu de moi ? Che vuoi da me? What would’st thou have of me? Was willst du von mir? AMOUR AMORE LOVE AMOR Te rendre heureux ! Tu as beaucoup souffert Farti felice! Assai per gloria mia I’d make thee happy. Dich glücklich machen! Genug hast du zu meiner Ehre Pour ma gloire, Orphée, je te rends Eurydice, soffristi, Orfeo, ti rendo Euridice, Orpheus, thou indeed hast much endur’d for my glory; gelitten, Orpheus, ich gebe dir Eurydike, Ta bien-aimée. De ta constance il tuo ben. Di tua costanza and therefore I restore to thee thy dear belov’d Eurydice. deine Liebste, zurück. Ich brauche keinen weiteren Je ne demande pas de plus grande preuve. maggior prova non chiedo. I want no farther proofs of thy fidelity. Beweis deiner Standhaftigkeit. Voilà : elle vient s’unir à toi. Ecco: risorge a riunirsi con te. Behold her rise to be reunited to thee. Schau: sie erwacht wieder, um sich von neuem mit dir zu (Eurydice se lève comme si elle se réveillait d’un (Si alza Euridice come svegliandosi da un [Eurydice rises as if awakening from a deep sleep] vereinen. profond sommeil) profondo sonno) (Eurydike erhebt sich, als würde sie aus einem tiefen Schlaf erwachen) ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Que vois-je ! Ô dieux ! Mon épouse ! Che veggo! Oh numi! Sposa! What do I behold! O Gods! my spouse! Was sehe ich! Oh Götter! Gattin! (il court vers Eurydice pour l’embrasser) (corre ad abbracciare Euridice) [he runs to embrace Eurydice] (er läuft, Eurydike zu umarmen) EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Mon époux ! Consorte! My consort! Gemahl! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Je t’embrasse vraiment ? E pur t’abbraccio? At last I may embrace thee. Darf ich dich umarmen? EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Je te serre vraiment contre moi ? E pure al sen ti stringo? Then will I press thee to my bosom. Darf ich dich an mein Herz drücken? ORPHÉE (à Amour) ORFEO (ad Amore) ORPHEUS [to Love] ORPHEUS (zu Amor) Ah, toute ma reconnaissance ! Ah quale riconoscenza mia! How shall I express my gratitude! Ich bin dir so dankbar! AMOUR AMORE LOVE AMOR Il suffit ! Basta! Enough – Genug! Venez, amants aventureux, Venite, avventurosi amanti, Ye fortunate lovers, come away – Kommt, ihr glücklichen Liebenden, Sortons dans le monde, usciamo al mondo, Let us quit these immortal habitations – kehren wir auf die Erde zurück, Retournez en profiter ! ritornate a godere! Return ye to your kingdoms, and enjoy the world again. zurück zu den Freuden! ORPHÉE ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Oh, jour de chance ! Oh, Amour bienveillant ! Oh fausto giorno! Oh Amor pietoso! Oh, propitious day, oh, Love omnipotent! Was für ein Glückstag! Oh mitleidsvoller Amor! EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE Oh, moment de bonheur et de chance ! Oh lieto, fortunato momento! Oh, joyful, and fortunate moment. Oh freudiger, glücklicher Augenblick! AMOUR AMORE LOVE AMOR Un de mes plaisirs compense mille peines ! Compensa mille pene un mio contento! An instant of bliss may compensate for an age of pain. Eine meiner Wohltaten wiegt tausend Leiden auf!

Scène 3 et dernière Scena 3 e ultima Scene 3 and last 3. und letzte Szene Magnifique temple consacré à Amour. Amour, Magnifico tempio dedicato ad Amore. Amore, Orfeo A magnificent temple dedicated to Love. Love, Orpheus Prächtiger, Amor geweihter Tempel. Amor, Orpheus und Orphée et Eurydice, précédés par une nombreuse ed Euridice, preceduti da numeroso drapprello and Eurydice, preceded by a large group of Shepherds Eurydike, denen eine große Schar Hirten und Hirtinnen escouade de Bergers et de Bergères qui viennent di Pastori e Pastorelle che vengono a festeggiare and Shepherdesses who have come to celebrate the vorausgeht, die Eurydikes Rückkehr feiern. Es setzt ein fêter le retour d’Eurydice et commencent un joyeux il ritorno di Euridice e cominciando un allegro return of Eurydice and commence a lively dance, heiterer Tanz ein, der von Orpheus unterbrochen wird, ballet, qui s’interrompt lorsque Orphée entonne le ballo, che s’interrompe da Orfeo che intuona il which is interrupted by Orpheus as he begins to sing wenn er den folgenden Chor anstimmt. chœur suivant. seguente coro. this chorus.

Majestueux 13 Maestoso Maestoso Maestoso

22 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte Ballet 14 - 17 Ballo A Dance Tanz (gracieux, allegro, andante, allegro) (grazioso, allegro, andante, allegro) (grazioso, allegro, andante, allegro) (grazioso, allegro, andante, allegro)

ORPHÉE ET CHŒUR 18 ORFEO ORPHEUS ORPHEUS Qu’Amour triomphe et que le monde entier Trionfi Amore, e il mondo intiero Let Love be triumphant for ever; and all the universe Amor triumphiere, und die ganze Welt Serve le règne de la beauté. serva all’impero della beltà. do homage to the empire of beauty. diene dem Reich der Schönheit. Jamais la liberté ne fut plus précieuse Di sua catena talvolta amara, How pleasant are thy joys, O Liberty, to a slave Nie war die Freiheit erstrebenswerter Que ses chaînes parfois si amères. mai fu più cara la libertà. born in freedom, when he bursts the chain of bondage! als seine manchmal bitteren Ketten. CHŒUR CORO CHORUS CHOR Qu’Amour triomphe et que le monde entier Trionfi Amore e il mondo intiero Let Love be triumphant for ever; and all the universe Amor triumphiere, und die ganze Welt Serve le règne de la beauté. serva all’ impero della beltà. do homage to the empire of beauty. diene dem Reich der Schönheit. AMOUR AMORE LOVE AMOR Tantôt elle désespère, parfois elle tourmente, Talor dispera, talvolta affanna, Sometimes the cruelty of a tyrannical maid Die Grausamkeit einer Tyrannin La cruauté d’une femme tyrannique. d’una tiranna, la crudeltà. may bind on a rack, and drive to despair. läßt manchmal verzweifeln, beängstigt zuweilen. Mais ensuite l’amant oublie sa peine Ma poi la pena oblia l’amante But how soon doth the lover forget all his pain, Aber dann vergißt der Liebende das Leid Dans le doux moment de la ferveur ! nel dolce istante della pietà! when she yields up her heart! im süßen Moment der Liebe! CHŒUR CORO CHORUS CHOR Qu’Amour triomphe, etc. Trionfi Amore, ecc. Let Love, &c. Amor triumphiere usw. EURYDICE EURIDICE EURYDICE EURYDIKE La jalousie brûle et dévore ; La gelosia strugge e divora; The racks of jealous doubt may long torment and Die Eifersucht zehrt und verschlingt; Mais ensuite la fidélité rassérène. ma poi ristora la fedeltà. perplex the mind; aber dann entschädigt die Treue. Et le soupçon qui tourmente le cœur E quel sospetto che il cor tormenta, but no sooner is fidelity discovered, than all the torture is forgot. Und der Verdacht, der das Herz quält, Devient finalement un bonheur. alfin diventa felicità. And that cruel suspicion, which tormented the heart, wird schließlich Glückseligkeit. becomes a lasting reflection for felicity.

CHŒUR CORO CHORUS CHOR Qu’Amour triomphe, etc Trionfi Amore… ecc. Let Love, &c. Amor triumphiere usw.

Traduction Béatrice Arnal English translation by G.G. Bottarelli, London 1773, Übersetzung Michael Blümke revised by Charles Johnston

23 textes chantés • sung texts • die gesungenen texte harmonia mundi s.a. Mas de Vert, F-13200 Arles P 2001

Enregistrement janvier 2001 à Berlin, Teldec-Studio Direction artistique : Eberhard Geiger Prise de son : Michael Glaser (Digital Media Service GmbH) Assistant : Horst Langheinrich Montage : Marcus Zwerschke Partition : Bärenreiter-Verlag. Kassel Couverture : Jean-Baptiste Corot, Orphée guidant Eurydice hors des Enfers. Museum of Fine Arts, Houston, Texas, USA. Agnes Cullen Arnold Endovment Fund. Bridgeman Art Library. Photos Yannick Coupannec (René Jacobs), Johannes Hoppermann (Freiburger Barockorchester), Michel Garnier (RIAS-Kammerchor), Alvaro Yañez (Maria Cristina Kiehr) © harmonia mundi pour l’ensemble des textes et des traductions Maquette Atelier Graphique, Arles Imprimé en Allemagne

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