I. La Poésie Romantique : Alphonse De Lamartine Et Victor Hugo
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I. La poésie romantique : Alphonse de Lamartine et Victor Hugo En réaction au rationalisme des Lumières, la nouvelle génération de poètes français (Alphonse de Lamartine, Alfred de Vigny, Victor Hugo, Alfred de Musset, Gérard de Nerval…) renouvelle la littérature au début du XIXe siècle. Ils sont influencés par les romantiques allemands et anglais dont ils ont lu les œuvres. Le mouvement littéraire auquel ils appartiennent, le romantisme, se caractérise par : -Le refus de la tradition : les romantiques assouplissent la versification et abandonnent les formes fixes. -L’épanchement du « moi » : la poésie romantique est caractérisée par le lyrisme personnel. Les poètes évoquent leurs joies et les drames de leur vie sentimentale. Ils méditent sur le destin de l’homme et s’interrogent sur les mystères de la foi. Le « je » lyrique prend une place prépondérante. -Le goût pour la nature et l’exotisme : les poètes se confient à la nature, trouvent en elle des échos de leur propre mélancolie. Ils cherchent également l’exotisme et le pittoresque dans l’évocation de terres lointaines. Certains poètes romantiques prennent position dans les débats politiques et sociaux de leur époque, comme Alphonse de Lamartine (1790-1869) à la fin de sa vie et Victor Hugo (1802- 1885). Le lyrisme : définition Le lyrisme est l’expression d’une émotion personnelle intense. La poésie lyrique traite des sentiments du poète (les thèmes récurrents sont l’amour, la mort, la nostalgie, la fuite du temps, la communion avec la nature, le destin, le sacré, etc.). Le registre lyrique peut se rencontrer aussi dans les textes en prose. Le registre lyrique se caractérise notamment par : -l’emploi de la première personne du singulier, -les apostrophes, -le vocabulaire des émotions et des sentiments, -une ponctuation expressive (points d’exclamation, points d’interrogation), -la présence d’adverbes d’intensité, -l’emploi de figures de style (comparaisons, métaphores, hyperboles…). Termes liés au registre lyrique : -l’élégie est un poème lyrique qui a généralement pour thème la fuite du temps, l’amour (notamment les peines de la vie amoureuse), la mort, la mélancolie, etc. L’adjectif élégiaque désigne un ton, un thème, un poème exprimant une plainte douloureuse, la mélancolie, ou un poète qui a écrit des élégies. -le pathétique (du pathos, émouvoir les passions du lecteur) : ce terme qui qualifie toute scène, dramatique ou romanesque, propre à susciter l’émotion du lecteur. Une scène pathétique définit la situation d’un personnage, souvent écrasé par le destin, qui exprime sa souffrance par une plainte. 1 1. Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques Les Méditations poétiques est un recueil poétique publié en 1820 qui regroupe 24 poèmes. La publication de ce recueil a été un événement poétique : il est le premier manifeste du romantisme français. Lamartine y transcrit ses états d’âme et ses impressions. Dans la préface des Méditations poétiques, Lamartine explique comment la sensibilité et les sentimemnts sont devenus sa source première d’inspiration. Il se libère des règles classiques qu’il trouve trop contraignantes. C’est l’expression du désespoir, de l’amour et de la frustration qui doit faire la poésie, et non la forme. Les sentimemnts, contrairement à la forme classique, sont universels. On ne parle pas que de soi quand on exprime sa peine ou son amour, on parle de l’humanité tout entière. Les sentimemnts sont aussi la meilleure façon de parler de la force mystique qui anime l’âme. Ils en sont l’expression même. Puisque l’Homme est donc le résultat de ses émotions, la poésie, pour être réellement au plus près de lui, se doit d’être aussi pleine de sentiments. J’étais né impressionnable et sensible. Ces deux qualités sont les deux premiers éléments de toute poésie. Les choses extérieures à peine aperçues laissaient une vive et profonde empreinte en moi ; et quand elles avaient disparu de mes yeux, elles se répercutaient et se conservaient présentes dans ce qu’on nomme l’imagination, c’est-à-dire la mémoire, qui revoit et qui repeint en nous. Mais de plus, ces images ainsi revues et repeintes se transformaient promptement en sentiment. Mon âme animait ces images, mon cœur se mêlait à ces impressions. J’aimais et j’incorporais en moi ce qui m’avait frappé. J’étais une glace vivante qu’aucune poussière de ce monde n’avait encore ternie, et qui réverbérait l’œuvre de Dieu! De là à chanter ce cantique intérieur qui s’élève en nous, il n’y avait pas loin. Il ne me manquait que la voix. Cette voix que je cherchais et qui balbutiait sur mes lèvres d’enfant, c’était la poésie. Voici les plus lointaines traces que je retrouve au fond de mes souvenirs presque effacés des premières révélations du sentiment poétique qui allait me saisir à mon insu, et me faire à mon tour chanter des vers au bord de mon nid, comme l’oiseau. Alphonse de Lamartine, Extrait de la Préface de 1849 aux Méditations poétiques (1820) 2 Alphonse de Lamartine (1790-1869) est un poète, romancier, dramaturge français, ainsi qu’une personnalité politique. Il l’est l’une des grandes figures du romantisme en France. La rencontre avec Julie Charles en 1816 marque un tournant décisif dans la vie du poète mais leur histoire d'amour passionnée vire à la tragédie lorsque Julie, restée à Paris, décède en décembre 1817. Alphonse de Lamartine écrit alors les poèmes des Méditations dont le recueil est publié en 1820 et obtient un succès fulgurant. Il épouse la même année Mary Ann Elisa Birch, une jeune Anglaise, et occupe des fonctions de secrétaire d'ambassade en Italie avant de démissionner en 1830. Il publie durant cette période d'autres œuvres poétiques comme, en 1823, les Nouvelles Méditations poétiques et La Mort de Socrate, ou encore, en juin 1830, les Harmonies poétiques et religieuses après avoir été élu à l’Académie française en 1829. En 1830, il décide d'entrer en politique en se ralliant à la monarchie de Juillet mais échoue à la députation. Il effectue alors un voyage en Orient, où il visite la Grèce, le Liban et les lieux saints du christianisme, relaté dans Voyage en Orient et marqué par le drame de la mort de sa fille Julia. En 1833, Lamartine est élu député, et le reste jusqu’en 1851 : il passe du royalisme au républicanisme et prononce des discours remarqués. Il joue un rôle important au moment de la Révolution de 1848, proclamant la République, et assure pendant trois mois un poste au gouvernement provisoire. Il se retire de la vie politique après sa lourde défaite à l'élection présidentielle de 1848, où il n’obtient que 0,28 %, alors que Louis-Napoléon Bonaparte l’emporte. Son lyrisme associé à une expression harmonieuse fait la qualité des poèmes de Lamartine, la partie la plus marquante de son œuvre étant constituée par les poèmes pleins de sensibilité inspirés par Julie Charles, empreints des thèmes romantiques de la nature, de la mort, et de l'amour (par exemple dans Le Lac, L'Isolement, L'Automne, etc.). Admiré et salué par toute la génération romantique (Victor Hugo, Nodier, Sainte-Beuve), Lamartine est parfois jugé plus sévèrement par les générations suivantes : Flaubert parle de « lyrisme poitrinaire » et Rimbaud écrit dans sa Lettre du voyant à Paul Demeny que « Lamartine est quelquefois voyant, mais étranglé par la forme vieille ». Il reste cependant largement admiré pour la puissance de son génie poétique et compte indiscutablement parmi les plus grands poètes français du XIXe siècle. Faculté des Langues et des Arts-Kénitra___________________________________________________________________________ Poésie-S-4 Professeur N. Jabbar 3 .