introduction 4 2. LE SERVICE PUBLIC : 4. LA RICHESSE 6. RACONTER LE 8. LA FICTION, ENTRE UNE AUTRE DOCUMENTAIRE 90 SPORT POUR TOUS 122 ÉVASION ET MISE 1. ÉDITORIAUX EN SCÈNE DU RÉEL 168 INFORMATION 30 4.1 LA DÉCOUVERTE 6.1 LE SPORT ET LE SERVICE 2. Le DISPOSITIF des rencontres PUBLIC : GRATUITÉ, 2.1. L’INDÉPENDANCE QUALITÉ ET EXPERTISE 8.1 S’ÉVADER AU QUOTIDIEN : Du genre L’APPEL DE LA COMÉDIE 3. À VOUS LA PAROLE ! ET LA FIABILITÉ 4.2 NOUVELLE VALORISATION 6.2. LE SPORT COMME RÉCIT TÉLÉVISIONS 2.2 UNE AUTRE HIÉRARCHIE COLLECTIF 8.2 PLURALITÉ DE LA FICTION, DOCUMENTAIRE DE FRANCE DIVERSITÉ DANS LA FICTION POUR L’INFORMATION TÉLÉVISIONS DEMAIN 6.3 LE SPORT 200 2.3 FAIRE DE L’INFORMATION ET SES VALEURS 8.3 UNE FICTION AU SERVICE 1. l’enjeu de la symétrie 4.3 UN FORMAT EXIGEANT DE L’ACTION et de l’interactivité EN CONTINU UN ATOUT À LA PORTÉE DU PUBLIC 6.4 « VOIR LES À-COTÉS » : 2.4 L’INFORMATION USAGES DIGITAUX 8.4 LA PLACE DE LA CRÉATION 2. l’enjeu de la proximité des EN DIGITAL : PENSER DES PROGRAMMES SPORTIFS DANS LE SERVICE PUBLIC territoires et de la visibilité LA COMPLÉMENTARITÉ 3. l’enjeu de l’exigence 1. NOTRE 2.5 DES MAGAZINES collective sommaire 7. NOTRE TÉLÉVISION et de la qualité partagée TéLéVISION PUBLIQUE : PLURALISTES ET 9. MA TÉLÉVISION DE PROXIMITÉ DIGITALE : UNE AUTRE UN BIEN COMMUN, COMME ESPACE 4. l’enjeu de la dynamique MANIÈRE DE et de la positivité UN MOYEN D’AGIR 16 2.6 La Guadeloupe et DÉMOCRATIQUE : LES l’information LA REGARDER 142 ÉLUS ET . NOTRE TÉLÉVISION : POursuivons le dialogue 1.1 la télévision : 7.1 LE MULTISUPPORT TÉLÉVISIONS 186 un outil pour agir 3. NOTRE TÉLÉVISION : INCARNER UNE 9.1 ÉLUS LOCAUX ET TÉLÉVISION 1.2 INTERVENTION DES FRANCE PLURIELLE 106 7.2 INTÉGRER POUR GRANDIR LE MONDE DIGITAL PUBLIQUE : DES ENJEUX TÉLÉSPECTATEURS DANS ENSEMBLE 70 COMMUNS DE RENFORCEMENT LEUR TÉLÉVISION 5.1 REPRÉSENTER DU LIEN SOCIAL LA FRANCE DIVERSE 7.3 LE PUBLIC JEUNE 1.3 FAIRE ET CRÉER 3.1 DÉCOUVRIR ET SES ATTENTES 9.2 DEUX DEMANDES UNANIMES : LE LIEN SOCIAL DES MODÈLES 5.2 INTÉGRER LA DIVERSITÉ DAVANTAGE D’INITIATIVES DE LA SOCIÉTÉ POSITIVES, DAVANTAGE DE 3.2 TRANSMETTRE PROXIMITÉ DES VALEURS 5.3 RENFORCER LA « TÉLÉVISION LOCALE 9.3 Élus locaux et .3 S’ENRICHIR DE PROXIMITÉ » télévisions : ÉDUQUER ENSEMBLE PAR LA CULTURE À LA CITOYENNETÉ 4 5 introduction 1. éditoriaux

et téléspectateurs, que notre fonction est de leur celle du collectif et du lien. Elle contribue proposer les programmes qui les reflètent, leur au rassemblement, contre les risques de DELPHINE ERNOTTE CUNCI plaisent, les questionnent et les enrichissent. fragmentation de la société. Elle est un repère PRÉSIDENTE-DIRECTRICE GÉNÉRALE DE FRANCE TÉLÉVISIONS dans un monde qui favorise l’émotion et Dans un paysage médiatique bouleversé par le l’immédiateté, au détriment de l’explication et de numérique, nous avons le devoir d’évoluer, de l’analyse. Une télévision publique de qualité est Vous avez entre les mains le Livre blanc nous adapter, au plus près des usages et des indispensable dans une société démocratique, des Rencontres Téléspectateurs de France attentes. La télévision a longtemps été conçue et je crois à une télévision publique Télévisions. Ce document est le fruit d’un comme un diffuseur face à un public plutôt responsable, indépendante, créative. Je crois dialogue avec les publics qui nous a menés passif. À l’heure du numérique, de la télévision à cette télévision publique qui en appelle à la partout en France, en métropole et en Outre- à la carte et des réseaux sociaux, nous nous mobilisation et à l’intelligence des publics. Elle a mer – nous, professionnels de France devons de nous rapprocher des publics, de le sens du collectif et participe à la mobilisation Télévisions. les écouter en permanence. Plus de deux citoyenne. Elle est celle que nous bâtissons Exercice inédit par son ampleur, les Rencontres mille personnes ont ainsi été les acteurs de chaque jour avec et pour les téléspectatrices ont été l’occasion d’échanges parfois vifs, ces Rencontres, qui ont simultanément donné et téléspectateurs. Avec en tête une question toujours sincères, constructifs, sur ce qu’est lieu à près d’un million de participations via les permanente : comment faire en sorte, à notre la télévision publique en France aujourd’hui, sur réseaux sociaux. niveau, que notre société aille mieux ? ce que les téléspectatrices et téléspectateurs en attendent, sur ce qu’elle pourrait être demain. Nous avons ce devoir de nous adapter aussi Je souhaite ici remercier sincèrement les Ces Rencontres sont nées d’une conviction forte, celle parce que la télévision de service public participants qui ont fait exister ces Rencontres. que la télévision publique appartient aux téléspectatrices pose aujourd’hui une question essentielle, Téléspectatrices, téléspectateurs, élu.e.s de

6 7 introduction 1. éditoriaux

la République, partenaires, personnalités issues du monde du sport, de la culture ou des associations, partenaires de France Télévisions : tous ont su nous questionner, parfois nous critiquer, proposer, inventer, et nous dire leur attachement à une certaine idée, à une certaine réalité aussi, de la télévision publique française. Parfois avec assurance, souvent avec émotion, toujours avec conviction.

Soyez certains de notre sincérité, de l’intérêt que nous portons à ce que nous avons recueilli, de notre volonté de nous en inspirer pour continuer de travailler. Ce Livre blanc en atteste. Il est un point d’étape vers la télévision publique de demain. Bonne lecture à tous.

8 9 introduction 1. éditoriaux

Instabilité à tous les étages. pour les bonnes nouvelles, mais surtout votre JEAN-PAUL DELEVOYE C’est le moment où nous devons, nous et la confiance. PARRAIN DE CES RENCONTRES, ANCIEN MÉDIATEUR DE LA RÉPUBLIQUE nation, interroger la plus-value de la télévision ET EX-PRÉSIDENT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL publique non en tant que pouvoir mais en Convaincu depuis longtemps de l’importance de tant que mission pour réveiller la citoyenneté, l’intelligence collective, je suis sûr que Delphine restaurer le et la politique, distraire, cultiver, Ernotte a engagé un mouvement irréversible et informer, expliquer, éduquer et valoriser. puissant. Aujourd’hui, ce Livre blanc relate vos « Il y a des moments dans l’histoire où la foule réflexions. Demain, sur le terrain, les réseaux écrase le peuple », avertissait Victor Hugo. Nous Delphine Ernotte a su mobiliser ses équipes locaux et nationaux s’impliqueront pour la vivons une période de tous les dangers et de locales et nationales pour aller à la rencontre démocratie délibérative afin que, de spectateurs toutes les espérances : la pauvreté mondiale physique des téléspectateurs. Des moments passifs, vous deveniez acteurs et constructeurs recule mais la misère locale augmente ; la d’écoute et d’échanges permettant de bâtir un de notre futur. technologie repousse les limites du possible lien plus étroit encore entre vous, spectateurs mais nous fait toucher le terrifiant ; les sources et citoyens, et votre télévision publique. Merci pour votre engagement, votre sincérité d’information explosent faisant disparaître nos et votre passion pour la France et sa télévision convictions sous le poids des émotions. J’ai accepté, à sa demande, d’être le parrain publique. des agoras. J’ai pu mesurer la passion que La course à l’audimat pousse tous les acteurs de vous nourrissez pour votre télévision publique, l’audiovisuel à la séduction du téléspectateur et à vos attentes, vos exigences, votre soif de vivre l’angoisse de la zapette. reconnaissance territoriale et votre appétence

10 11 introduction 2. LE DISPOSITIF des rencontres

Présidente- directrice générale

De décembre 2016 à avril 2017, France Télévisions a mis en place un large dialogue avec ses publics pour connaître leurs attentes. Le groupe souhaite prendre en compte leur parole pour continuer à faire évoluer ses programmes, son identité, ses spécificités. x8 AGORAS Ces Rencontres viennent compléter des dis- positifs existants : le Conseil consultatif des programmes réunit une trentaine de télés- pectateurs autour de la définition de l’offre de France Télévisions, les médiateurs, pour les programmes et l’information de et France 3, les services des Relations avec les La Réunion Nouvelle- Guadeloupe téléspectateurs des chaînes, leclub francetv, les dis- Calédonie positifs participatifs digitaux de France Télévisions sont autant d’instances déjà engagées dans les Les AGORAS De grands débats publics entre les téléspectateurs de France Télévisions et ses dirigeants, en présence de personnalités partenaires de France Télévisions échanges au quotidien avec les téléspectateurs. 150 à 200 téléspectateurs Au nombre de 8, les agoras réunissent en une vaste assemblée les principaux dirigeants du groupe France Télévisions, dont sa présidente, Delphine Les Rencontres Téléspectateurs ont pris la forme Ernotte Cunci, des citoyens téléspectateurs et des personnalités issues du monde de la culture, du sport… À travers de grandes thématiques liées à différents types de programmes (information, divertissement, fiction, magazines, documentaire), chacun peut d’agoras, de tables rondes et d’ateliers de création, Agoras faire entendre son avis et échanger sur l’identité et l’avenir de la télévision publique. réunissant au total plus de 1 600 participants. • 06.12.2016 • Strasbourg 17.01.2107 • Paris (élus locaux) 21.02.2017 • La Réunion 24.02.2017 Tables rondes • Marseille 01.03.2017 • Angers 16.03.2017 • Lyon 21.03.2017 • La courneuve 20.04.17 Ateliers de création

12 13 introduction 2. LE DISPOSITIF des rencontres

fiction magazines

info ateliers x de création tables11 x4 rondes

documentaire culture les ATELIERS DE CRÉATION Des groupes d’échanges et de réflexions pour inventer la télévision de demain Environ 50 téléspectateurs Les ateliers sont l’occasion pour une cinquantaine de téléspectateurs d’échanger en profondeur et de manière dynamique avec des professionnels de France Télévisions (responsables d’unité, conseillers de programmes). Chaque atelier de création approfondit une thématique de l’offre de France les TABLES RONDEs Télévisions. Des échanges thématiques entre téléspectateurs et professionnels de la télévision publique (collaborateurs et producteurs partenaires de France Télévisions) Le format de ces dialogues créatifs permet au public et aux professionnels de réfléchir ensemble et, au-delà du débat, de formuler de véritables 20 à 25 téléspectateurs propositions. Réparties partout en France, les tables rondes réunissent 20 à 25 téléspectateurs éclairés et impliqués, des professionnels qui produisent du contenu • Toulon 14.01.2017 / Sport • Trouville 11.03.2017 / Fiction pour France Télévisions et des représentants du groupe lui-même. Elles offrent un dialogue à trois pour réfléchir ensemble à différentes grandes théma- • La Rochelle 13.03.2017 / Documentaire • Pointe-à-Pitre 03.04.2017 / Information tiques (une par table ronde) concernant l’offre télévisuelle du service public. • Marseille 30.11.2016 / Fiction • Lyon 15.12.2016 / Information • Issy-Les-Moulineaux 02.12.2016 / documentaire • Lille 19.01.2017 / Magazines • Limoges 02.02.2017 / Magazines • Bordeaux 06.02.2017 / Magazines • Dijon 16.02.2017 / Information • Nouméa 22.02.2017 / Documentaire • Orléans 25.03.2017 / Culture et sur les réseaux sociaux • Toulouse 29.03.2017 / Information • Nancy 04.04.2017 / Fiction • 1 million de vues pour les vidéos des rencontres • 5 000 commentaires • + de 24 heures de diffusion en direct

14 15 introduction 3. à vous la parole !

Les pages qui vont suivre sont le fruit de nom- breuses Rencontres avec les téléspectateurs. Si elles n’apparaissent pas toutes ici, elles ont toutes été prises en compte. Traitant à la fois des grands genres de la télévision – le sport, l’information, les magazines, le documentaire et la fiction –, les Rencontres ont aussi permis de mettre en évi- dence le rôle de la télévision publique dans d’autres domaines.

Ainsi, la place de France Télévisions dans la vie démo cratique, la construction du lien social ou encore l’acquisition de connaissances nouvelles ont été abordées, de même que son rôle dans la représentation de la pluralité de la France. Nous avons souhaité laisser la plus grande place aux in- terventions du public venu en nombre lors de ces Rencontres et les mettre en regard avec l’interven- tion de personnalités de la société civile. Comme vous pourrez le constater au long de sa lecture, ce livre est le début d’un nouveau dialogue entre France Télévisions et son public.

À vous la parole !

16 17 L’attachement profond dont le public témoigne envers France Télévisions n’est pas seulement dû à des habitudes de consom- mation ou une affection réelle pour celles et ceux qui la représentent.

Il trouve aussi son origine dans le fait que cette télévision pu- d’action. Elle doit fournir des outils, des informations, des es- blique est en réalité un bien commun. Comme outil collectif paces et des moyens pour agir au quotidien, concrètement. appartenant à chacun, avec pour mission d’être utile à tous, Dorénavant, le public réclame une dimension supplémentaire 1. NOTRE TÉLÉVISION PUBLIQUE : France Télévisions apparaît comme un bien commun pré- dans son rapport à France Télévisions : un moyen d’agir. La cieux, qu’il est nécessaire de préserver et de défendre. Le pu- notion de « téléspect’acteur » est d’ailleurs utilisée par cer- blic a montré, tout au long de ces Rencontres, sa très grande taines des personnes présentes pour illustrer et renforcer leur UN BIEN COMMUN, UN MOYEN D’AGIR connaissance de la télévision publique. Il a également ma- demande de prise en considération et d’implication. Cela re- nifesté l’attente que cette dernière fasse valoir sa différence vient finalement à aménager des espaces d’interventions au et exprimé un changement profond dans son rapport per- sein des programmes et imaginer des contenus permettant sonnel et collectif avec elle. Plus question de se contenter de un rapprochement entre les actrices et les acteurs de la té- rester passivement devant l’écran : regarder la télévision doit lévision et leur public. Finalement, une telle demande va dans déboucher sur des pratiques concrètes. En effet, nombre de le sens d’un attachement fort du public à la télévision, en ce téléspectatrices et téléspectateurs souhaitent que la télévi- qu’elle se présente comme un outil permettant de mettre en sion publique soit un instrument au service de leur capacité commun et de créer du lien.

18 19 1.1 la télévision : un outil pour agir

Le public : témoignage acteur de la télévision 17|01|17 strasbourg Younès « Vous avez envie de donner plus Les téléspectateurs demandent donc LES PROGRAMMES de visibilité à la diversité, mais PROPOSÉS PAR FRANCE à ce que soient trouvées des modali- on attend plus d’actes, plus TÉLÉVISIONS PEUVENT tés qui permettent d’intégrer leur volon- d’engagements. Voilà pourquoi NON SEULEMENT té d’agir dans les dispositifs de France on a monté un nouveau média : Sp3ak3r. On anime des ateliers, Télévisions. La division entre l’espace de SUSCITER DES ENVIES on fait venir des jeunes, on parle MAIS ÉGALEMENT FOURNIR diffusion et celui du public semble dé- du quotidien dans les quartiers AUX TÉLÉSPECTATEURS sormais caduque. Il s’agit de penser les de Strasbourg. On tente de DES INFORMATIONS ET liens possibles entre l’action quotidienne susciter des vocations. On serait content de collaborer avec DES OUTILS QUI LEUR et les programmes diffusés. témoignage vous pour mener des actions PERMETTENT PAR LA SUITE 17|01|17 strasbourg concrètes sur le terrain et D’AGIR AU QUOTIDIEN ET abdel établir des ponts avec des CONCRÈTEMENT. populations qui n’ont pas AU-DELÀ DU VOIR, ON PEUT « Je vous donne mon trop l’habitude de parler aux médias. » TROUVER DU FAIRE. CELA sentiment, en tant que IMPLIQUE NOTAMMENT téléspectateur : je ne veux DE POURSUIVRE, SUR LE plus être uniquement un TERRAIN, DES INITIATIVES téléspectateur, mais aussi OU DES PROJETS INITIÉS un téléacteur. » À LA TÉLÉVISION, OU À INCLURE FRANCE TÉLÉVISIONS DANS DES DÉMARCHES ET DES INITIATIVES LOCALES.

20 21 1.1 la télévision : un outil pour agir

témoignage témoignage 06|12|16 paris 17|01|17 strasbourg Pérenniser le dialogue 06|12|16 paris réponse Rachida Xavier Couture avec les téléspectateurs Barbara Delphine Ernotte Cunci directeur général délégué présidente-directrice générale de France Télévisions « Je suis très intéressée en charge de la stratégie En donnant régulièrement leur avis, les « Je voulais savoir par ce que diffuse France « Cette démarche des Rencontres Téléspectateurs, ce n’est pas et des programmes si la démarche que une fois comme ça et puis on passe ! D’abord, nous avons des Télévisions. Je ne suis pas une de France Télévisions téléspectateurs entendent continuer grande consommatrice, mais je le dialogue et participer au quotidien à vous entreprenez dispositifs qui nous permettent de travailler avec un groupe d’une trentaine de téléspectateurs chaque année. Pendant sélectionne mes programmes. « C’est probablement l’une l’orientation de France Télévisions. aujourd’hui s’inscrit Ces dernières années, vous avez des demandes majeures dans un an, nous travaillons ensemble sur des axes particuliers, Il n’est pas question pour eux de limiter dans une logique plus nous approfondissons des thématiques. Puis, il y a aussi les pris conscience du client, du le monde tel qu’il se dessine globale et sur le consommateur-acteur. aujourd’hui. Il y a une volonté, les échanges à des interventions ponc- émissions de Marie-Laure Augry qui donnent la parole aux une envie de partager l’écran tuelles, même si elles sont aussi positives long terme. téléspectateurs... Mais au-delà de ça, c’est le dialogue direct Vous ne pouvez plus qui va nous nourrir de manière beaucoup plus affective et plus entre ceux qui regardent que les Rencontres Téléspectateurs. Le occulter ce qui se passe et ceux qui font. Cette Peut-être allez-vous créer des humaine, et je pense que c’est nécessaire. On va faire notre miel dialogue ne doit pas non plus se limiter panels favorisant l’interactivité de tous ces échanges et trouver un moyen de poursuivre cette au sein de la société. témoignage demande de partage vient aux interventions pendant les émissions. avec le public pour que ce témoignage conversation. L’idée, c’est que ce dialogue et cette conversation France Télévisions doit 01|03|17 marseille probablement du monde 01|03|17 marseille numérique qui fonctionne sur Il doit être permanent et conduire à la dernier puisse donner son avis ne soient pas interrompus et qu’ils se poursuivent dans le temps en être le reflet. » Joël sur les programmes et la façon avec éventuellement d’autres modalités. » ce principe. On se rend compte mise en place de dispositifs permettant michel que les gens ont envie que la dont ils peuvent évoluer ? En « Malheureusement, il y a une plus grande réactivité des téléspec- beaucoup de choses dans télévision fonctionne un peu tout cas, merci de me permettre « N’y a-t-il pas des moyens plus Marseille qui n’avancent pas, comme cela. Ça nous pose à tateurs vis-à-vis de la télévision publique. aujourd’hui d’être “téléactrice” faute d’intérêt. Je pense que la nous la question quotidienne et non plus seulement “permanents” de consulter le public télévision subit une perte de de la représentation du téléspectatrice ». crédibilité, notamment parmi public. On sent bien cette que ces Rencontres d’aujourd’hui ? les jeunes. Certains ne croient volonté et on va traiter cette Est-ce que vous imaginez un conseil plus en ce que leur raconte problématique. » la télévision. Je pense qu’il va des spectateurs ? » falloir passer à une phase de co- témoignage 06|12|16 paris construction dans l’information, avec une télé participative. » Téléspectateur « On fait partie de l’entreprise en payant la redevance. Il faut que France Télévisions fasse passer ce message : “C’est votre chaîne, c’est pour vous, dites- nous ce que vous pensez.” »

22 23 1.2 INTERVENTION DES TÉLÉSPECTATEURS DANS LEUR TÉLÉVISION

Une nouvelle place témoignage Une nouvelle place pour le public témoignage pour le public dans les émissions 06|12|16 paris dans les débats et les contenus 19|01|17 lille abdel lionel « N’y aurait-il pas moyen Les téléspectateurs souhaitent le La présence du public peut aussi QUELS QUE SOIENT LEUR « Si on n’est pas d’organiser des rencontres ÂGE, LEUR GENRE OU retour d’émissions favorisant l’in- prendre la forme d’une participation di- entre les philosophes “de Paris”, LEUR ORIGINE SOCIALE, tervention du public, notamment un député ou une recte aux sujets abordés. L’idée est de comme Michel Onfray ou Alain LES TÉLÉSPECTATEURS par l’intermédiaire des réseaux star, on a très confronter l’expertise, la connaissance Finkielkraut, et les citoyens de nos régions ? Moi qui n’ai pas eu PRESCRIVENT DES sociaux ou du téléphone (appels et l’intérêt des téléspectateurs à ceux peu de chance de la chance de beaucoup aller à FORMES DIFFÉRENTES ou messagerie). Le but est de des personnalités en établissant un dia- l’école, j’écoute maintenant ces DE PARTICIPATION AU voir son avis pris en compte, son participer à une logue. Par ailleurs, les téléspectateurs philosophes qui me donnent envie CONTENU. CETTE DEMANDE, commentaire exprimé et, éven- proposent l’intégration, dans les pro- de lire. Ce serait intéressant de discuter en régions avec ces tuellement, de pouvoir interpel- émission. » grammes de France Télévisions, de FAVORISÉE PAR L’ÉVOLUTION penseurs et qu’ils cessent leurs DES PRATIQUES ler des participants. Ainsi, la pre- contenus directement produits par le pu- débats entre eux. » NUMÉRIQUES QUI mière intervention d’un téléspecta- blic lui-même, comme le suggère un té- PERMETTENT D’INTERVENIR teur lors de l’agora de Paris, qui a léspectateur présent à Paris : « Je pense DIRECTEMENT, inauguré le cycle des Rencontres que le succès d’Internet, des réseaux N’EST PAS SEULEMENT Téléspectateurs, était consacrée sociaux, de YouTube ou de Twitter, c’est LE REFLET DE L’INFLUENCE à l’idée de programmer à nou- qu’on peut se dire qu’on est acteur : on DES RÉSEAUX SOCIAUX. veau des émissions qui mettent en peut envoyer un message ou répondre IL S’AGIT AUSSI D’UNE scène la parole du public : « On a à tel sportif ou homme politique. C’est DEMANDE D’HORIZONTALITÉ besoin de plus d’émissions où des bien d’avoir la possibilité de partager DANS LES PRATIQUES téléspectateurs interviennent. » un autre regard que celui des experts CITOYENNES QUOTIDIENNES Par ailleurs, les téléspectateurs ré- ou des élites en tout genre. Il faut donc DES TÉLÉSPECTATEURS unis à Limoges ont exprimé leur imaginer de nouvelles manières de QUI NE SE SATISFONT PLUS attachement à l’émission 9h50 le faire. Par exemple, on pourrait faire in- D’UN SYSTÈME MÉDIATIQUE matin, au cours de laquelle il est tervenir des sportifs amateurs dans les TROP HIÉRARCHIQUE possible d’appeler le standard et commentaires... » ET VERTICAL. d’intervenir à l’antenne.

24 25 la parole aux partenaires

CATHERINE JEAN-JOSEPH SENTUC THOMAS ANARGYROS PRÉSIDENTE ET COFONDATRICE DE L’ASSOCIATION MIROIR PRODUCTEUR DE TÉLÉVISION CHEZ EUROPACORP TELEVISION

Comme partenaire, quel regard portez-vous aujourd’hui Connectée, car la société est ultraconnectée. Il devient Dans un monde marqué par une démultiplication de Cette impulsion devra être accompagnée dans les pro- sur France Télévisions, sur ses spécificités au sein du impensable de réfléchir à demain sans prendre en l’offre et par la fragmentation des audiences, le service chains mois par une réforme ambitieuse de la rede- paysage audiovisuel français ? compte l’importance de la stratégie en 360° sur tous public se doit plus que jamais de rester une plateforme vance en asseyant sa collecte sur tous les écrans qui L’École Miroir est partenaire du groupe France Télévisions les plans. de diffusion puissante mais exigeante quant à la qualité permettent d’avoir accès à l’offre de programmes du dans le cadre du programme Miroir Citoyen et des master Innovante, en créant davantage de ponts avec les de son offre, fédératrice mais capable dans le même groupe. Cela permettrait d’assurer l’indépendance fi- class sur les métiers de l’audiovisuel. L’engagement de écoles, les centres et les organismes de formation en temps de s’adresser à la diversité de ses publics, inno- nancière de France Télévisions et d’accompagner la France Télévisions à nos côtés démontre à la fois que la lien avec les métiers du groupe, afin de créer des vante sans oublier d’être le reflet de notre société et de transition vers le digital. citoyenneté et la création d’un lien solide et pérenne avec « ruches » de développement. Il est également impen- ses débats. la jeunesse de notre société sont indispensables à son sable d’imaginer demain sans prendre en considéra- Loin d’être un danger, le numérique est une chance développement. Aujourd’hui, nous constatons que le tion la jeunesse et l’écosystème de la formation et de Le service public a toujours entretenu une relation es- pour le service public qui lui permettra de satisfaire plei- groupe France Télévisions est davantage ouvert sur le réel. l’apprentissage. sentielle et privilégiée avec la création française. Par nement la diversité de ses missions. Celle-ci doit être L’existence de la chaîne publique d’information en continu Flexible, car le digital et l’innovation impliquent naturel- l’ampleur de son financement, mais aussi et surtout par saisie avec conviction et sans appréhension. Elle per- en est la preuve. Sa rédaction reflète et raconte la réalité de lement la flexibilité. son rôle d’impulsion, par sa capacité à prendre des mettra au service public français de réaffirmer son rôle la société française actuelle (intergénérationnelle, paritaire Paritaire : une entreprise qui ambitionne un développe- risques, à donner le tempo… À chaque fois que France essentiel auprès de ses publics et de la création fran- et diverse). Côté fiction, cinéma et théâtre, nous œuvrons ment sur le long terme réussit si la parité est une priorité. Télévisions a abandonné l’impérieuse nécessité de ce çaise. sur des actions ponctuelles avec le groupe, afin de faire Représentative : le groupe télévisuel public France Té- leadership, la création française a traversé de graves évoluer les mentalités dans l’industrie du cinéma par la lévisions se doit de ressembler au mieux à sa société crises. promotion de l’ensemble des talents français au service (dans les métiers exposés et de l’ombre) afin d’être en d’une plus large créativité. La société française a cela de cohérence notamment avec les enjeux dits de « ser- Après des années de restrictions sur les programmes, particulier qu’elle est diverse et multiple, c’est notamment vice public ». le Plan Création annoncé par Delphine Ernotte Cunci pour la promouvoir que nous œuvrons avec le groupe. Francophone : 274 millions de personnes parlent la marque une rupture. Sur le plan financier, mais aussi langue française sur la planète. La télévision de demain par sa volonté d’augmenter le volume de production, Qu’attendez-vous de la télévision publique de demain doit absolument mettre la francophonie au cœur de sa de diversifier les cases, les genres. Face aux boulever- dans son rapport à la société ? Quels sont, à vos yeux, stratégie afin de remporter le challenge international. sements induits par le numérique, une augmentation ses grands enjeux ? La télévision de service public de demain a tout intérêt importante de notre volume de production est une La télévision publique de demain se doit d’être connec- à se considérer comme une véritable entreprise de condition essentielle au rayonnement de la création tée, innovante, flexible, paritaire, représentative et fran- médias. Le service public doit davantage capitaliser sur française dans le monde. cophone, afin d’évoluer avec la société pour se challen- ses talents et succès en France et à l’international. ger notamment à l’international avec les meilleurs atouts.

26 27 1.3 FAIRE ET CRÉER LE LIEN SOCIAL

Multiplicité des publics, Se rassembler et échanger multiplicité des programmes par la télévision

L’UNE DES FACES DE Dans tous leurs discours, les téléspec- Regarder la télévision ensemble, c’est L’IDENTITÉ DE FRANCE tateurs expriment leur attachement à aussi donner corps au public et partici- TÉLÉVISIONS, EN TANT QUE la pluralité du service public. Au-delà per à un collectif qui nous dépasse. En TÉLÉVISION DE SERVICE du souhait de mettre en avant les pro- cela, la télévision est un bien commun PUBLIC, REPOSE SUR LE grammes qui leur conviennent, ils de- parce qu’elle participe à la constitution FAIT QU’ELLE EST UN BIEN mandent à ce que la pluralité de ces der- de liens symboliques entre les différents COMMUN À L’ENSEMBLE niers soit préservée. Mais cette richesse spectateurs. DE SON PUBLIC. des programmes correspond aussi à Partager une télévision et des valeurs COMME LE RÉPÈTENT une exigence, celle de voir tous les pu- associées est aussi un élément rassu- RÉGULIÈREMENT LES blics représentés et écoutés de la même rant pour les téléspectateurs. C’est pour TÉLÉSPECTATEURS AU manière. témoignage cela qu’ils continuent à regarder en- COURS DES RENCONTRES, 19|01|17 lille semble la télévision à des moments où FRANCE TÉLÉVISIONS, magalie ils savent qu’ils peuvent « faire groupe ». C’EST « NOTRE « Il faut plus de magazines pour TÉLÉVISION » COMMUNE. les enfants. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à en trouver, et il faut que je visionne les magazines avant pour m’assurer que cela correspond. »

28 29 1.3 FAIRE ET CRÉER LE LIEN SOCIAL

témoignage témoignage Animer le débat collectif / France Télévisions, témoignage pour résumer 06|12|16 paris 29|03|17 toulouse acteur démocratique 02|12|16 issy-les-moulineaux téléspectateur lydie samir Le public de France Télévisions est très attentif au bien commun que constitue le « Il faut plus de documentaires « La mission du service public, « Moi, je fais aussi partie Poser les cadres du débat, contribuer à le définir et l’animer, ce n’est service public télévisuel. Il existe un réel c’est de produire une télévision du service public et je qui contribuent à combattre les pour tout le monde. Dans une pas donner des réponses toutes faites, mais bien des outils pour préjugés et qui favorisent le attachement à la dimension collective période de montée du populisme, suis contente de pouvoir créer un dialogue. La mise en débat des sujets contemporains per- débat et l’action politique. » de la télévision, qui se doit d’être un lien ça fait du bien de se retrouver me raccrocher à quelque met de faire naître, chez le public, le sentiment de faire partie d’un entre les téléspectateurs de tous hori- autour d’un bien commun. » chose qui me semble collectif. La télévision publique a un rôle important à jouer : en don- témoignage zons et de toutes générations, et de faire encore exister, encore 02|12|16 issy-les-moulineaux témoignage nant de la place aux débats portant sur tous les sujets contempo- groupe avec la richesse et la diversité de 02|12|16 issy-les-moulineaux fiable, avec des gens qui rains, en intervenant dans les écoles, en collaborant avec d’autres farida son public. C’est donc une dimension in- téléspectateur y croient. » acteurs qui créent du collectif, France Télévisions apparaît comme « Le rôle du documentaire, clusive de la télévision qui est ici mise en c’est d’ouvrir une fenêtre et un acteur important de la démocratie et de la vie collective. avant. Le public veut pouvoir non seule- « L’importance d’une diffusion de creuser un sillon. À nous, témoignage ment intervenir dans sa télévision, ses en direct, c’est de savoir que 06|12|16 paris ensuite, d’y aller. On nous d’autres regardent aussi, que emmène sur un lieu, on nous émissions, ses contenus, ses projets, l’on forme une communauté à barbara invite à aller à la rencontre mais aussi intervenir par la télévision. un moment donné, rassemblée « Notre famille regarde des gens, et c’est à nous de autour d’un programme. » poursuivre. » beaucoup la télévision. Mon fils Cette dernière devient alors un outil et de 12 ans et ma fille de 16 ans regardent des émissions comme un support au service d’une action quo- celles de Stéphane Bern. tidienne et locale. Permettre aux télé- Toute la famille se réunit et se spectateurs d’entrer dans l’action dans rassemble autour de Fais pas ci, et par leur télévision, c’est l’enjeu de la fais pas ça, on adore tous cette série, et aussi autour de Parents, télévision publique de demain. Il faut mode d’emploi. pour cela qu’elle se rapproche de son public, qu’elle persévère dans son atten- Concernant les jeunes, c’est tion à le représenter complètement et à avant tout une question de contenus. Et je trouve un peu donner la parole et une audience aux ini- dommage que la télévision tiatives nombreuses qui font la richesse publique ne s’intéresse pas assez et l’engagement de celles et ceux qui la au créneau des ados / jeunes regardent. adultes. Là, il y a vraiment un énorme travail à faire. »

30 31 Qu’elle soit présente dans les journaux télévisés, au sein de magazines spécialisés ou par le biais de la nouvelle chaîne dédiée, franceinfo, l’offre d’information a été l’objet de nombreux débats desquels est ressortie une exigence forte de la part du public vis-à-vis de sa télévision publique.

Tout d’abord, il s’agit de maintenir et d’approfondir une cer- ficialité. Une telle exigence touche également les magazines 2. LE SERVICE PUBLIC : taine confiance qui existe dans la fiabilité et l’impartialité des dédiés à l’information, que le public conçoit à la fois comme rédactions en charge de l’information à France Télévisions. pluralistes dans les sujets et les angles, et proposant un trai- UNE AUTRE INFORMATION Les téléspectatrices et les téléspectateurs sont exigeants vis- tement de l’information par la proximité sociale et géogra- à-vis du service public. Il s’agit aussi de proposer une autre in- phique vis-à-vis des téléspectatrices et des téléspectateurs. formation, qui ne soit pas strictement événementielle ou sen- Enfin, le public de France Télévisions est attaché à prendre en sationnelle, mais qui s’attache à traiter de multiples sujets en compte et anticiper les changements dans le traitement de allant au fond des problèmes, en faisant preuve de pédagogie. l’information qui résulte de l’influence de plus en plus grande Cela passe notamment par une pratique différente de celles de la dimension digitale. C’est une offre nouvelle, plus étoffée, des concurrents, notamment en termes d’information conti- complémentaire de la télévision, mais toujours différente et nue, qui ne doit pas être synonyme de répétition et de super- exigeante qu’attendent les téléspectateurs.

32 33 2.1 L’INDÉPENDANCE ET LA FIABILITE

La fiabilité de l’information témoignage Refuser le « buzz » comme marque de la qualité 16|02|17 dijon Marie-Laure Augry et mesurer la personnification du service public Annette médiatrice des rédactions de France 3 « Est-ce qu’il est facile pour « D’abord, c’est une rédaction, et pas uniquement le Les téléspectateurs attendent des jour- Cependant, parmi les gages de qualité un journaliste de présenter un présentateur. Est-ce qu’on est objectif ? Moi, je vais vous LES TERMES D’INDÉPENDANCE, La fiabilité attendue passe par la re- journal en restant impartial, dire : l’objectivité, en soi, ça n’existe pas, c’est un peu une nalistes au service d’une information de et de fiabilité que le service public peut D’OBJECTIVITÉ, D’OUVERTURE cherche d’un positionnement juste des neutre face aux événements et tarte à la crème. Pourquoi ? C’est simple, l’objectivité se qualité, et pas l’inverse. Il ne s’agit pas de fournir en termes d’information, les per- REVIENNENT TRÈS journalistes et des rédactions dans le ce que l’on doit présenter ? Dans heurte à la subjectivité, à la vôtre, de téléspectatrices et mettre en avant les personnalités pour sonnalités qui le représentent restent un RÉGULIÈREMENT LORS traitement de l’information. Que ce soit le cadre de débats politiques téléspectateurs, qui avez vos analyses, vos sensibilités par elles-mêmes, mais plutôt d’établir un lien élément important. Les téléspectateurs durant lesquels les journalistes rapport à un événement. C’est pour cela que le mot “objectivité” DES CES RENCONTRES. à propos d’enjeux politiques locaux ou s’adressent directement aux est compliqué. Et puis nous aussi, on a des sensibilités. Sauf de confiance entre les rédactions et le s’habituent à leur présence et surtout FINALEMENT, CE QUE nationaux, le public est très attentif à la professionnels de la politique, il que quand on est journaliste, on n’est pas là pour sortir notre public sur la base de la qualité d’un tra- construisent petit à petit une relation de CHERCHENT LES distance prise par les journalistes vis-à- y a eu un travail de la rédaction bulletin de vote. Le journaliste est là pour les faits, expliquer vail journalistique. confiance avec les animatrices, les ani- TÉLÉSPECTATEURS, C’EST vis de leurs sujets, notamment en fonc- en amont pour le préparer. les choses de façon équilibrée. Mais l’équilibre ne se fait pas mateurs, les journalistes et les présen- Malgré tout, je pense que la nécessairement sur une édition ; vous pouvez présenter sous LA FIABILITÉ DU SERVICE tion de leurs éventuelles sensibilités sensibilité du journaliste un angle le sujet et le compléter dans l’édition suivante, on ne tateurs de France Télévisions. Leur pré- PUBLIC. IL FAUT DONC personnelles. ressort. » peut pas avoir un développement total sur une seule édition. » sence est à elle seule parfois un gage de qualité et agit comme une labellisation PRÉSERVER LES CONDITIONS témoignage DE LA FABRICATION D’UNE 15|12|16 Lyon du programme, comme en témoigne un INFORMATION FIABLE ET marc téléspectateur lors de la table ronde or- SÉRIEUSE. L’INDÉPENDANCE ganisée à Lyon à propos de l’informa- « Ce qui est important pour Agnès Molinier DE FRANCE TÉLÉVISIONS France Télévisions, c’est sa tion : « C’est aussi le présentateur qui EST UN GAGE DE QUALITÉ responsabilité de transmettre directrice adjointe opérationnelle va faire que je regarde. C’est vrai que de la rédaction nationale de France Télévisions QUE LE PUBLIC APPELLE À l’information de manière Jean-Pierre Pernaut, je ne peux pas ! RENFORCER. CE CONSTAT EST sérieuse. Et si des polémiques « C’est très complexe, on le voit sur le terrain et dans les Mais sur France Télévisions, Élise adviennent, pour une raison manifestations ou dans les meetings. Dernièrement, il y a eu Lucet, j’aime beaucoup ! » FAIT AUSSI EN DISTINCTION ou une autre, constructives des meetings où les journalistes se sont fait huer. Dans les DES AUTRES MÉDIAS. CONTRE ou non, il ne faut ni s’éloigner manifestations aussi on se fait parfois huer. Je dirais presque LES CHAÎNES PRIVÉES ET LEUR des choses essentielles ni que c’est le garant d’un travail bien fait pour nous ! C’est pas DÉPENDANCE À L’AUDIMAT, s’éparpiller. Parce qu’en ce facile à vivre, mais on préfère ça. Quand on regarde un débat, moment, sur les chaînes privées, les critiques contre les journalistes pas assez pugnaces sont CONTRE LES INFORMATIONS on entend des polémiques à n’en fréquentes, mais quand on aime la personne qui est interviewée, NON VÉRIFIÉES D’INTERNET. plus finir, et moi, dans ces cas- on va lui reprocher de l’être trop ! C’est un équilibre difficile là, je zappe directement. Il faut à trouver. » aller au fond des choses. »

34 35 2.1 L’INDÉPENDANCE ET LA FIABILITE

témoignage témoignage Indépendance question question 02|02|17 Limoges 15|12|16 Lyon vis-à-vis des pouvoirs 15|12|17 Lyon réponse 15|12|16 Lyon rené téléspectateur téléspectateur journaliste de la rédaction téléspectateur « On a l’impression que certains « France Télévisions assure La particularité de l’information telle « J’ai une question à la fois sur de france 3 Auvergne-Rhône-Alpes « Avez-vous des pressions de la part présentateurs cherchent à se un traitement différent de le périmètre et sur la fabrique qu’elle est traitée par le service public « On fait des choix, évidemment subjectifs. On ne veut pas faire mettre en valeur, posent les l’information, car c’est un média de l’information : quand on est que des reportages institutionnels. Ce qui joue aussi, c’est qu’on des politiques, des appels du pied de la part questions sans attendre les officiel, les journalistes n’y tient à sa structuration. Indépendant des une chaîne de l’importance de se considère comme une chaîne de télévision de service public et d’acteurs institutionnels pour traiter tel ou réponses… Sans parler du fait ont pas besoin de rechercher pouvoirs économiques, le service pu- France 3, en quasi-monopole, donc on n’a aucun mal à s’investir sur les assemblées du conseil qu’ils essaient de faire le buzz en le buzz. Ses chaînes ne sont pas blic doit par ailleurs donner également comment éviter le côté régional par exemple, même si ça ne présente pas forcément très tel sujet, pour venir couvrir un événement ? » permanence, d’aiguillonner sur aguicheuses, ce qui pourrait trop institutionnel dans le des gages d’indépendance vis-à-vis bien, et que beaucoup de médias les fuient. Ça peut paraître peu des aspects inutiles. gâcher l’information, comme traitement de l’information ? passionnant, mais c’est notre mission de service public. Sinon, La pédagogie, ce n’est pas facile ; ça arrive de plus en plus à la des pouvoirs politiques. Le discours des Est-ce qu’il y a des sujets qui les filtres sont les mêmes que pour les autres médias, il faut que n’importe quel animateur ne peut télévision ou sur Internet. » télé spectateurs ne révèle pas de suspi- s’imposent d’eux-mêmes, des ce soit neuf, intéressant, original. » sans doute pas le faire, mais cion particulière, mais appelle plutôt à inaugurations, le lancement c’est très important. témoignage d’un TER… ? Comment faites-vous des pratiques qui illustrent et découlent 15|12|16 Lyon pour éviter ces aspects-là ou au réponse Et il faut faire attention parce qu’il y a yanis de cette indépendance. contraire pour les traiter ? » Laurent Mazurier des gens qui n’ont pas le temps d’avoir « À l’époque où Élise Lucet faisait rédacteur en chef de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes Néanmoins, sont mis à distance à la le 13 heures de France 2, elle « À France Télévisions, nous n’avons pas de problèmes fois l’entre-soi parisien et des situations d’autres sources d’information. avait une façon particulière d’indépendance avec le milieu économique ; en revanche, les Elle a donc un rôle de traiter l’information et je particulières en région dues à la proxi- politiques sont très intéressés par la caisse de résonance fondamental. » l’adorais ! Par exemple, dans mité entre les rédactions et les acteurs que nous représentons… Mais nous, comme j’ai par exemple eu L’Émission politique, David institutionnels. l’occasion de le dire à l’équipe de M. Dupont-Aignan qui voulait Pujadas et Léa Salamé sont obtenir un passage en direct lors du journal de 19 heures, nous parfois mous sur des questions sommes une chaîne régionale indépendante. » importantes. Dans son magazine d’investigation, Élise Lucet ne lâche pas le morceau ! Personnellement, en tant que téléspectateur, j’ai envie de voir où on en est avec ces gens qui nous bassinent toute l’année, surtout en période d’élection. »

36 37 la parole aux animateurs

NATACHA SZILAGYI PATRICIA THINE AXEL DE TARLÉ PHIL LABONTÉ GRAND REPORTER, PRÉSENTATRICE, POLY­NÉSIE 1ÈRE ANIMATRICE, MARTINIQUE 1ÈRE JOURNALISTE, FRANCE 5 ANIMATEUR RADIO, GUYANE 1ÈRE

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? France Télévisions est le média de l’information pluraliste, ouvert à l’Outre- France Télévisions est devenue la chaîne de la diversité. Il y a des docu­ France Télévisions renvoie une image d’intégrité, de service « au public ». Je dirais que nous sommes en retard par rapport à d’autres chaînes, car mer, à la France et au monde. Une mission délicate que France Télévisions mentaires, des magazines d’information, des émissions sportives pour C’est un groupe qui a le souci de plaire au plus grand nombre avec des les programmes proposés ne prennent pas en compte la jeunesse. La remplit quotidiennement. Le groupe a su s’adapter aux spécificités de la toutes les générations et une valorisation de la cuisine, de la culture et moyens plus limités, et qui véhicule une image de solidarité, de généro­ télévision ne se consomme plus de la même manière… Aujourd’hui, tout Polynésie française et aux nouvelles technologies pour informer au plus des patrimoines. L’image de la chaîne publique a changé avec les familles sité et de « sens du raisonnable ». est dans le 2.0. juste. Poly­nésie 1ère est devenue, au fil du temps, un messager rigoureux, au qui la composent. service de téléspectateurs attentifs et de plus en plus exigeants. France Qu’attendez-vous de la télévision publique ? Qu’attendez-vous de la télévision publique ? Télévisions est ce lien avec la diversité qui enrichit les réflexions et pousse Qu’attendez-vous de la télévision publique ? La télévision publique s’intéresse à des sujets difficiles mais importants À mon avis, il serait souhaitable de prendre en compte les particularités les hommes et les femmes à s’ouvrir au monde, même en plein milieu du Une grande implication dans tout ce qui touche le téléspectateur au quo- pour la compréhension du monde. Aujourd’hui, il est important de prendre liées à la Guyane, car sa diversité ethni­que et culturelle est différente ­selon Pacifique. tidien. Pour ce faire, il faut que nous soyons à l’écoute des gens et que le temps de décrypter, d’expliquer, sans tomber dans la simple illustration, l’endroit où l’on se trouve. La ­télévision publique devrait refléter la réalité nous sachions aussi anticiper. La télévision­ publique doit être un reflet du le sensationnalisme ou le pathos. des différentes communautés qui composent la population qui vit sur le Qu’attendez-vous de la télévision publique ? Le service public, c’est également nous faire vibrer grâce à la retransmis- territoire guyanais. ­citoyen et un miroir tourné vers l’avenir. La télévision publique doit rester indépendante du pouvoir politique. Elle sion d’événements fédérateurs comme les Jeux olympiques ou le Tour doit conserver ses valeurs d’objectivité et continuer de faire entendre de France… Pour moi, la télévision publique, ce sont des chaînes sobres chaque pensée, chaque idée, chaque opinion, au nom de la liberté d’ex- et élégantes, « antibling-bling ». pression et de la démocratie. Elle a pour mission de transmettre aux po- pulations des moyens de se construire, de se découvrir et de s’enrichir. Il faut que la télévision publique continue de s’organiser, en plus de confor- ter ses émissions d’information et de divertissement, pour développer son offre sur Internet. Les nouvelles technologies au service de France Télévisions !

38 39 2.2 UNE AUTRE HIéRARCHIE POUR L’INFORMATION

témoignage Expliquer et comprendre : Cette demande d’explication faite par pour une information approfondie 02|02|17 Limoges oscar 17|01|17 STRASBOURG Abdel est forte et partagée. Il s’agit de ne pas considérer les catégories utilisées LES PROGRAMMES Ce n’est pas l’événementiel ou les faits exceptionnels que l’on recherche, « Quand on parle de la politique, on a ABDEL pour transmettre l’information comme DES CHAÎNES DE parfois l’impression de regarder de mais bien l’explication et la compréhension des phénomènes d’actualité. la téléréalité. Quand vous voyez tous TÉLÉSPECTATEUR évidentes ou normales, mais bien de FRANCE TÉLÉVISIONS Le public exprime une demande répétée pour accentuer cette différence ces hommes politiques alignés, suggérer qu’elles soient explicitées, ex- SE DISTINGUENT avec d’autres chaînes et d’autres manières de fonctionner. il ne manque plus que le buzzer : pliquées, argumentées et, éventuelle- Il y a déjà tellement d’enjeux liés CLAIREMENT DE Je trouve que France Télévisions est un peu éloigné de ses téléspectateurs. ment, remises en cause par des journa- CEUX DE LEURS à Internet, à la vérification des informations, au “trucage” des Si on n’est pas un député ou une star, on a très peu de chance de listes qui ne font pas que transmettre de CONCURRENTS. LES images, alors si en plus, derrière, l’information, mais l’enrichir, l’expliquer, TÉLÉSPECTATEURS on fait un traitement comme ça… participer à une émission. la construire professionnellement. C’est SONT TRÈS ATTACHÉS Personnellement, je n’accroche pas. » d’autant plus important lorsque les in- À LA QUALITÉ ET À J’ai rarement vu un citoyen être invité à débattre formations sont sensibles, comme par L’HONNÊTETÉ DES exemple dans le cas du traitement des témoignage sur un plateau. PRATIQUES DES attentats, période durant laquelle ce sont 06|12|16 paris Une partie des Français reste invisible. D’autre part, dans le journal télévisé JOURNALISTES DU clara les dimensions pédagogiques de l’infor- SERVICE PUBLIC ET de 20 heures, lorsque les journalistes abordent un sujet, il faudrait donner mation qui doivent être privilégiées plutôt DEMANDENT DES « J’ai 25 ans et je constate que des notions, des définitions, pour expliquer exactement que la spéculation. FORMES ET DES les jeunes ont un accès facilité à l’information. Mais je pense qu’il de quoi on parle (« terrorisme », « salafisme », « islam radical »). SUJETS D’INFORMATION faut des clés de compréhension et DIFFÉRENTS, une grille d’analyse. C’est ce que GLOBALEMENT PLUS fait sur la politique Nathalie Saint- APPROFONDIS ET Cricq dans le JT de France 2. ce travail d’explication existe dans les QUI NE SOIENT PAS documentaires ou les magazines, mais TOUJOURS CHOISIS EN il me semble qu’on en a besoin encore FONCTION DES AUTRES plus dans les journaux télévisés. CHAÎNES ET DES Vous pouvez aller encore plus loin dans l’analyse et consacrer plus de AUTRES MÉDIAS. temps aux sujets primordiaux, plutôt qu’à ceux de fin de journal qui sont anecdotiques. »

40 41 2.2 UNE AUTRE HIéRARCHIE POUR L’INFORMATION

Donner à voir les initiatives témoignage et les actions positives 06|12|16 paris 06|12|16 PARIS siam Le rôle des journalistes consiste aussi « J’ai complètement abandonné le SIAM journal de 20 heures. Je me demande à hiérarchiser l’information dans leurs TÉLÉSPECTATRICE pourquoi les gens vont se prendre magazines ou leurs journaux. Les télé- leur dose de peur tous les soirs au spectateurs entendent interroger ces moment du repas avec de mauvaises choix et solliciter d’éventuelles modifica- nouvelles qui attristent tout le monde Par rapport à la véracité de l’information, j’aimerais préciser une et qui ne font pas avancer. Je trouve tions dans les habitudes des rédactions. chose : une information, ce n’est pas une vérité, c’est un point de vue. ça hallucinant. Je me dis : quand est-ce La place donnée à des informations qu’on aura les bonnes informations, 16|02|17 dijon Et aujourd’hui, à la télévision, il manque de la représentativité dans les jugées « mauvaises » est ainsi dénon- les bonnes nouvelles, voilà. » points de vue de l’information produite. En comparaison, sur Internet, on cée non seulement pour leur caractère Samuel Peltier a aujourd’hui accès à énormément d’informations et de points de vue anxiogène, mais aussi parce qu’elles rédacteur en chef de -Franche-Comté différents dont certains cherchent à influencer et à diffuser une idéologie. prendraient la place d’informations plus témoignage « On est une des rares régions à avoir un gros direct chaque jour, vers midi, qui fait positives insuffisamment relayées. Le 16|02|17 dijon témoignage quasiment la moitié du journal, avec des équipes sur le terrain, des techniciens, 16|02|17 dijon des journalistes, qui tous les jours vont à la rencontre des habitants de notre public de France Télévisions demande françois La télévision de service public doit offrir nelly région et qui mettent en avant des gens qu’on ne verrait pas autrement. » que la télévision de service public soit « Pour les reportages qui suivent les aux téléspectateurs différents points de vue également le reflet des initiatives natio- dix premières minutes d’actualité, « Il faut mettre en avant les initiatives positives, notamment ne pas parler nales et locales qui vont dans le sens de je verrais bien quelque chose qui sur la même information. que du chômage quand on peut mettre 16|02|17 dijon l’amélioration de la vie collective. s’inspire de l’émission Carnets de Et pas seulement, par exemple, caricaturer les mondes musulmans campagne sur . C’est une en avant les opportunités d’emploi par exemple. Je pense à tout le secteur Marie-Laure Augry en France… Je pense que ça manque de représentativité dans votre émission remarquable, car elle va médiatrice des rédactions de France 3 chercher les initiatives locales. Si on de l’économie sociale et solidaire, qui est tout à fait en lien avec votre traitement de l’information. veut aller en région, si on veut aller « C’est vrai qu’il se passe des choses positives qu’on ne parvient pas toujours à faire des reportages qui puissent orientation, parce qu’au niveau des régions, c’est quand même la base. montrer. On le voit à travers le journal des initiatives, quand on le regarde, on se intéresser les gens, on peut donner dit : “Il se passe des choses extraordinaires en France.” Peut-être que ce journal à voir les choses qui bougent, les Je pense que ce n’est pas assez mis en valeur sur l’antenne. Quand on va sur des initiatives, il faut qu’on l’expose ou qu’on le réexpose autrement, ou qu’à partir initiatives. Une formule télévisuelle de ce journal, on élabore un concept pour montrer la richesse de tout ce qui se de cette émission pourrait le terrain, on se rend compte que, dans les territoires, nos jeunes sont en passe à travers la France. Et il n’y a que France 3 qui peut montrer ça, puisqu’il y a fonctionner dans le cadre du journal 500 reportages qui sont tournés chaque jour à travers la France. On a un potentiel et serait très intéressante. » recherche de sens. Et dans l’économie sociale et solidaire, on apporte du sens qui n’est sans aucun doute pas assez mis en valeur vis-à-vis des téléspectateurs. au travail. » Ce sont des choses auxquelles il faut réfléchir. »

42 43 2.3 FAIRE DE L’INFORMATION EN CONTINU UN ATOUT

Proposer témoignage un flux décalé 15|12|16 lyon marc LA PRODUCTION témoignage 02|02|17 limoges « Disons qu’au départ c’est D’INFORMATION À une bonne chose, on a une LA TÉLÉVISION A vincent information en continu… après, ÉTÉ MARQUÉE CES « La pédagogie, c’est une mission quand surviennent des conflits de franceinfo. Après, c’est une ou des guerres, on se retrouve DERNIÈRES ANNÉES PAR avec des informations lancées LA PLACE TOUJOURS chaîne qui a cinq mois, donc il faut que ça se cale. Mais il y sans que rien ne soit vérifié PLUS IMPORTANTE a quand même ces modules qui ou avéré et, derrière, c’est PRISE PAR LES CHAÎNES font un usage très intelligent problématique. C’est pour ça que du réseau de France 3, de c’est bien que France Télévisions D’INFORMATION DITE « EN se mette à faire franceinfo. Il y CONTINU ». PRÉSENTE … On est un peu plus sur l’explication, on prend a une fiabilité que je ne retrouve SUR DE NOMBREUSES quelquefois des angles de pas sur BFMTV. » CHAÎNES ET DEPUIS proximité. On n’est pas dans le QUELQUE TEMPS AVEC sensationnel comme on pourrait LA CHAÎNE FRANCEINFO, l’être sur une autre chaîne. Tous les supports sont utilisés, L’INFORMATION EN il y a une vraie modernité des 17|01|17 strasbourg CONTINU CONSTITUE supports, la radio est associée à la télévision et à Internet ; Thiphaine de Raguenel UNE MANIÈRE directrice exécutive de France 4 PARTICULIÈRE donc l’information, on peut aller et directrice des activités jeunesse de France Télévisions la rechercher, l’approfondir DE TRAITER DE et, en plus, on utilise l’INA, des « Les manières de faire de l’information ont aussi évolué en fonction du L’INFORMATION. archives pour expliquer ce qui se numérique. Regardez franceinfo : on assume une parole qui se présente passe aujourd’hui. » avec toute sa subjectivité. C’est un journaliste qui parle en direct, il raconte l’information et ce qu’il voit se dérouler sur les réseaux sociaux. Tout en assumant la discipline et la vérification de l’information. Car c’est aussi un individu qui a son avis et, à un moment donné, il doit pouvoir le dire et expliciter sa subjectivité ; il ne fait pas les choses en douce. Ce type de présentation, ça influence l’écriture de l’information. On intègre le numérique et on se pose la question, car vous tous vous n’avez pas forcément envie de regarder le 20 heures. »

44 45 2.3 FAIRE DE L’INFORMATION EN CONTINU UN ATOUT

Prendre en compte 06|12|16 PARIS l’immédiateté de l’information

MICHEL FIELD Confrontées à une multitude de sources DIRECTEUR DE L’INFORMATION nouvelles de production d’information, les rédactions de France Télévisions sont contraintes de modifier leur mode Avec le lancement de la chaîne franceinfo, de production de l’information. La tem- le service public a précisément voulu établir poralité de la diffusion des informations a en effet été modifiée par la concur - un modèle nouveau, rence des médias digitaux et des autres qui s’éloignait de ce que j’ai appelé à un moment « l’hystérisation de chaînes d’information en continu. Sans l’information », à laquelle, quand on est journaliste, on est forcément pour autant accepter l’immédiateté témoignage 06|12|16 Paris sensible, parce que, voilà, quand c’est le news, l’adrénaline monte, et puis… pour modèle, le service public a choi- amaury Mais franceinfo propose plutôt du décryptage, de l’analyse, du décalage si de prendre position sur la diffusion d’une autre information en continu, afin « Récemment, il y a eu, aussi et des clés pour comprendre. Et puis, dans le 20 heures, comme de prendre en compte dans ses pra- le 1er septembre 2016, dans nos éditions en général, c’est un vrai laboratoire, à l’instar de la tiques la réalité actuelle de la diffusion la création du canal 27 rubrique L’Œil du 20 heures, véritable espace d’approfondissement, qui, rapide de l’actualité aux niveaux national franceinfo TV, je trouve quelquefois, dérange les politiques ou les institutionnels parce qu’on va voir et international. que c’est une bonne initiative. Cette chaîne a un peu le dessous des cartes. À côté, il y a de l’investigation, il faut garder des atouts, par exemple et tenir cet équilibre. Donc c’est important de savoir dénoncer et de l’absence de publicité, par mettre en perspective. Cette tâche est celle des magazines, parfois rapport aux trois autres du journal ; il y a vraiment pour nous cette volonté de donner chaînes d’information en des clés pour comprendre. continu. »

46 47 2.3 FAIRE DE L’INFORMATION EN CONTINU UN ATOUT

L’information continue témoignage témoignage comme moyen d’approfondir 02|02|17 limoges 06|12|16 paris rené rachida 29|03|17 TOULOUSE Le public de France Télévisions accueille « Franceinfo, alors ça, c’est la « J’attends du service public bonne nouvelle, je trouve ! C’est une information qui prenne PAUL avec beaucoup d’intérêt la création une information différenciée des conscience de l’intelligence du TÉLÉSPECTATEUR d’une chaîne d’information en continu, autres, des chaînes privées sur public, parce que, aujourd’hui, mais préconise qu’elle soit le moyen lesquelles on rabâche la même ce qu’on ne peut pas occulter, d’adapter à la diffusion permanente les chose toute la journée. C’est c’est qu’on est confronté au bourrage de crâne et compagnie numérique. On a Facebook, on a Le fait déterminant pour France Télévisions, c’est qu’il s’agit de service pratiques et l’exigence de leurs rédac- et même des opinions politiques énormément de réseaux sociaux public. À ce titre, France Télévisions a une grande responsabilité et doit tions et non pas l’inverse. Les téléspec- à sens unique. Je pense à i-Télé et beaucoup d’informations tateurs demandent donc à profiter de telle qu’elle est devenue. Moi, passent par eux. garder la qualité liée à cette spécificité. cette nouvelle chaîne et de son offre franceinfo, j’adore, je suis très satisfait de ce qui a été fait. » Je pense que France Télévisions a pour aller dans le sens de l’approfondis- une très grande responsabilité Aujourd’hui, on est noyés dans une sorte de sement de l’information. quant à la sincérité et l’honnêteté bouillie informative avec les chaînes en continu qui se transforment en une sorte de Pour Agnès Molinier, directrice adjointe dans les informations et la opérationnelle de la rédaction nationale communication qu’elle divulgue. » feuilleton au quotidien. Même quand il n’y a rien à dire, les gens attendent de France Télévisions, il faut effective- l’événement. Ce qui est très problématique, c’est qu’il n’y a pas de recul. ment prendre en compte les boulever- Les informations sont livrées en continu, en vrac. Le pompon, c’est sements observables dans la temporali- quand on a des images sur des faits précis et des sous-titres sur un té de construction et de diffusion de l’in- formation, qui ne se réduit plus aux ren- autre fait précis. France Télévisions, c’est de l’information fiable, travaillée, dez-vous quotidiens d’information. Selon approfondie. Un petit reproche cependant : je trouve que le journal de elle, « la chaîne franceinfo en continu France 3 va un peu vite parfois. Je pense qu’il ne faut pas être qui se crée essaie aussi d’être un peu soumis au terrorisme des nouvelles technologies à contre-courant de l’information brute parce que l’information mérite réflexion. tout le temps, en permanence ».

48 49 la parole aux animateurs

CATHERINE GONIER-CLÉON AGATHE LECARON ALEX GOUDE DAOU DAROUECHE JOURNALISTE TÉLÉ, MARTINIQUE 1ÈRE ANIMATRICE, FRANCE 5 ANIMATEUR, FRANCE 4 JOURNALISTE ET PRÉSENTATEUR, MAYOTTE 1ÈRE

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? L’intégration des 1ères au groupe France Télévisions a changé la vision du France Télévisions, c’est un lien avec le monde, un monde que je connais, Les chaînes du groupe sont de plus en plus claires sur leur politique gé- Je trouve que c’est une très grande société qui remplit pleinement son télé­spectateur et du professionnel. L’appartenance à un groupe fleuron parfois, et que je découvre, souvent. nérale, ce qui devrait permettre à chacune de trouver encore plus son rôle de service public. Au-delà de ses obligations en termes d’information de l’audiovisuel donne une image de structure familiale. Une alliance dans public à terme. Certaines émissions ou séries sont de franches réus- et de divertissement, France Télévisions occupe une très grande place laquelle je me reconnais un peu plus aujourd’hui en fonction des échanges Qu’attendez-vous de la télévision publique ? sites et la preuve qu’on peut faire des choses divertissantes ou intelli- dans la vie quotidienne des Français et du reste du monde. et de ma contribution aux programmes, en l’occurrence le journal natio- Pour moi, sur le service public, la parole doit être libre, et la parole de tout gentes qui trouvent leur public. De France Ô à France 5, tous les types nal. Nous ne sommes plus ou « presque » plus des oubliés… France Télé- le monde doit être représentée. J’aime bien l’idée aussi que le téléspec- d’émissions sont mis à l’honneur, pour toutes les tranches d’âge, pour Qu’attendez-vous de la télévision publique ? visions renvoie une image dynamique, actuelle, pédagogique… L’image tateur puisse se cultiver sans le savoir… Tout simplement lorsqu’il regarde tous les goûts. J’attends peut-être juste plus de fun pour traiter des sujets J’attends qu’elle se rapproche davantage de la société, surtout dans les d’une toile où l’on retrouve une diversité d’hommes, de femmes et de un programme pour se divertir. plus populaires. domaines de la santé et de l’environnement qui sont des secteurs vitaux. programmes. Il reste encore des fils à nouer. Ils existent mais attendent aussi de vraies connexions, fortes et durables. Qu’attendez-vous de la télévision publique ? Loin du tumulte et des objectifs d’audience, j’attends de la télévision pu- Qu’attendez-vous de la télévision publique ? blique qu’elle m’informe, m’instruise et me divertisse en mettant en avant La télévision publique est le miroir de la société… On doit pouvoir y retrou- toutes les forces vives de la nation, connues ou inconnues. D’un autre ver ses composantes… avec ses regards, ses interrogations, ses inquié- côté, il ne faut pas rater le virage du numérique. Avec ses chaînes, ses tudes et ses satisfactions. La télévision publique est en fait le réflexe du contenus et son catalogue, France Télévisions peut devenir un Netflix à téléspectateur qui cherche des réponses. De manière objec­tive, elle doit la française... pouvoir lui présenter la réalité sans maquillage ou autres saupoudrages…

50 51 2.4 L’INFORMATION EN DIGITAL : PENSER LA COMPLéMENTARITé

L’actualité en ligne : témoignage question une information différente ? 15|12|17 lyon 17|01|17 strasbourg marc question facebook

CES RENCONTRES ONT Dans le cas de l’information, les évolu- « Dans un avenir proche, avec le numérique, « Avec Facebook, tout se sait maintenant, donc si la télévision continue sur ses pratiques habituelles, PERMIS D’APPROFONDIR AVEC tions digitales ne sont pas seulement est-ce qu’on ne va pas assister à une LES TÉLÉSPECTATEURS LES techniques, elles ont des incidences à le taux d’audience va chuter. Alors comment voyez- ENJEUX LIÉS AUX NOUVEAUX la fois sur la manière de consommer régression du métier de journaliste? » vous cette concurrence ? » USAGES DE LA TÉLÉVISION, de l’information, mais aussi d’en pro- 16|02|17 dijon NOTAMMENT LA DÉCLINAISON duire. Les téléspectateurs sont loin de DIGITALE DES PROGRAMMES. demander un développement incontrô- Martin Gouesse responsable LES USAGERS N’OPPOSENT lé de l’offre numérique, mais mettent en de la coordination PAS CES NOUVELLES avant la préservation des façons de faire des rédactions web-antennes FORMES AUX PRATIQUES propres au journalisme de télévision de France Télévisions TRADITIONNELLES, MAIS traditionnel. « Aujourd’hui, vous avez très ILS SONT EN DEMANDE DE vite accès à l’information avec PROPOSITIONS ADAPTÉES À les alertes de franceinfo sur votre téléphone, vous avez LA RICHESSE OFFERTE PAR l’information dans les trois LE NUMÉRIQUE. CEPENDANT, témoignage minutes et l’essentiel dans les dix LE PUBLIC, ATTENTIF À LA 16|02|17 dijon minutes. Donc on ne va pas aller QUALITÉ DES CONTENUS, françois chercher la même chose dans les 29|03|17 toulouse journaux télévisés : l’actualité REFUSE QU’ON SE CACHE « Aujourd’hui, à l’heure des réseaux du jour au journal de 20 heures, Marie-Laure Augry DERRIÈRE LES TECHNOLOGIES sociaux, je voudrais savoir comment c’est les dix premières minutes du médiatrice des rédactions de France 3 POUR ABAISSER LE NIVEAU vous voyez évoluer votre métier, journal. Et après, vous avez des dans la mesure où les journaux « Il est très difficile de démêler le vrai du faux. Il y a des D’EXIGENCE D’UNE TÉLÉVISION sujets approfondis où on revient manipulations, des rumeurs, de l’intox... Des outils existent pour ont toujours un temps de retard sur l’actualité de quelques jours DE SERVICE PUBLIC. LE par rapport à l’information savoir si tel site est sérieux ou telle information est fiable. avant ou un dossier sur quelque Ils sont à la portée de tout le monde. Même si c’est compliqué, NUMÉRIQUE EST DÈS LORS donnée sur les réseaux. Est- chose qui va arriver par la suite. ce qu’il ne serait pas temps de c’est notre rôle de journaliste. Ça interpelle beaucoup les CONSIDÉRÉ COMME UN MOYEN Oui, le métier est en train de jeunes. Leur grande question est de savoir d’où vient l’info. Ça les privilégier l’approfondissement changer parce qu’il y a l’arrivée DIFFÉRENT DE TRANSMETTRE des sujets, plutôt que de livrer de interpelle parce qu’ils s’informent principalement via Internet de ce nouveau média que sont les et les réseaux sociaux. » ET DE TRAITER L’INFORMATION, l’événementiel, auquel on a accès de réseaux sociaux. » MAIS PAS UNE FIN EN SOI. façon plus rapide ailleurs ? »

52 53 2.4 L’INFORMATION EN DIGITAL : PENSER LA COMPLéMENTARITé

Le digital comme débouché témoignage témoignage témoignage des productions invisibles 16|02|17 dijon 02|02|17 limoges 16|02|17 dijon nelly vincent françois Une partie du public peut éprouver une « Il y a parfois des frustrations « Ce qui est intéressant « Je voudrais vous faire une lorsque l’on participe, sur le maintenant avec le replay, proposition : il y a un certain certaine frustration lorsqu’il observe terrain, à des reportages avec c’est que l’on peut être un nombre de sujets qui ont été un reportage portant sur un sujet qu’il des journalistes. Les échanges téléspectateur n’importe traités et que l’on a pu voir, connaît bien, jugeant qu’un temps insuf- sont longs et intéressants, et quand. Et puis on peut aussi ne mais aussi que vous n’avez pas fisant lui est accordé. Le public propose puis, le soir ou le midi, on voit une regarder que la séquence qui pu montrer, mais pour lesquels séquence de 30 secondes… Alors nous intéresse. J’ai le sentiment vous avez stocké l’information que le digital devienne un espace où les on peut comprendre, on nous a de pouvoir faire mon propre et les images. reportages plus longs et les images non expliqué les priorités. L’idée, ce programme en choisissant. Sur Pourquoi ne pas faire une diffusées puissent trouver leur place, serait quand même de conserver les réseaux sociaux, si j’entends pastille de cinq minutes, par afin d’assurer un traitement plus étendu les reportages et de faire de parler d’une émission, je vais exemple en fin de semaine. Cinq 16|02|17 dijon temps en temps un prolongement, pouvoir la regarder, ensuite on témoignage à huit minutes en fin de semaine, de l’actualité. Il ne s’agit donc pas tant de Martin Gouesse par exemple sur Internet, comme se promène, on navigue, on se 16|02|17 dijon sur le modèle de l’émission Vu rattraper la télévision sur Internet, mais responsable de la coordination vous le disiez, de reprendre un déplace sur les pages ; et sur la nicolle sur France 2. On peut faire au de construire de nouveaux programmes, des rédactions web-antennes de France Télévisions certain nombre de sujets pour télévision, on compose. » niveau régional du Vu/Pas vu. « Quand on a la chance un y compris originaux. « Le problème de la télévision et du journal télévisé, c’est le temps, et il y a un justement approfondir. » Ça fonctionnera comme une jour d’avoir France 3 qui bande-annonce sur le réseau média extraordinaire qui s’appelle Internet et il n’y a aucun problème d’espace ! nous suit parce qu’on fait C’est vrai que, de temps en temps, sur certains reportages où on ne peut pas hertzien, des contenus quelque chose qui a intéressé disponibles sur Internet. » mettre toutes les informations, toute la matière, ça permet de prolonger, les journalistes et qu’on se d’aller au-delà des deux minutes trente ou de la minute quarante-cinq. » retrouve avec trente secondes d’images simplement, c’est dur à comprendre. Je pense que 16|02|17 dijon les gens sont très branchés Samuel Peltier maintenant sur Internet, donc rédacteur en chef de il faut s’en servir. Et puis France 3 Bourgogne-Franche-Comté ne pas craindre de dire aux « Mais vous avez raison, on ne le fait pas assez. On a un matériel énorme, personnes concernées : “On fait quand on rentre, on a des heures d’images, des interviews, et on n’en tire que un reportage, vous savez qu’on 20 secondes, c’est très frustrant. Il faut vraiment que l’on développe ça et n’aura qu’une minute ou deux qu’on essaie d’aller vers ça, puisque, Martin le disait, on a un super support d’antenne, mais vous pourrez aujourd’hui, qui est Internet et on n’a pas de limite. pour le coup on peut trouver des compléments pour offrir des choses en plus, on peut aller plus loin. » les gens qui vous suivent sur tel réseau.” »

54 55 2.4 L’INFORMATION EN DIGITAL : PENSER LA COMPLéMENTARITé

témoignage témoignage Nouveaux usages 16|02|17 dijon 16|02|17 dijon de l’information en ligne 16|02|17 dijon Martin Gouesse françois roger responsable « Le replay est un outil S’il reste un mode plébiscité de rattra- de la coordination « Il faut faire attention et ne pas, sous prétexte de modernité, intéressant, mais il peut être page des programmes de télévision en des rédactions web- antennes de France casser l’outil télévision. Prenez une arme à double tranchant ligne, le replay n’est pas un mode ano- Télévisions l’exemple de la diffusion de la dans votre métier. Les gens, à din et il pose certaines questions à la musique : il y a dix ans, il fallait force, ne regarderont plus le « Pour nous, le replay est direct, ils vont sélectionner fois dans la fabrication des programmes acheter des disques compacts, une chance. Maintenant, avec aujourd’hui on n’a plus qu’à leurs programmes… La vie est et leur réception. Le public demande Internet, c’est la télévision les jeter à la poubelle, car il déjà tellement chronophage qu’une réflexion approfondie soit menée où vous voulez, quand vous suffit de se connecter à son aujourd’hui qu’on ne peut pas concernant les pratiques numériques voulez. Il y a non seulement téléphone… Pourtant, rien n’est regarder tout ce que l’on le replay, mais il y a aussi veut. C’est aussi pour vous du service public, une certaine prise de plus à la mode que d’acheter Facebook. Alors cela pose des témoignage des vinyles. Internet et la une exigence supplémentaire distance vis-à-vis de la technologie, pour questions : pourquoi aller 16|02|17 dijon télévision, c’est deux choses qui pour proposer de la qualité, assurer le même sérieux en ligne que sur Facebook, qui est une adrien vivent ensemble, et la télévision du contenu… » dans les programmes linéaires. entreprise privée à qui on telle que France Télévisions la donne nos sujets ? La réponse « En fait, tout est lié. L’intérêt pratique, c’est quelque chose qui est simple : si on ne va pas sur des réseaux sociaux et du est hyper important. » Facebook, les utilisateurs replay, c’est de lier les deux. Le seront des gens qui ne nous replay nous donne une source verront pas et donc ne d’information supplémentaire. viendront pas nous voir. En Moi, je consomme beaucoup le fait, on va chercher les gens replay, parce que je suis nomade, sur Facebook, sur Twitter, mais aussi je consomme quand je sur YouTube, sur les réseaux veux. Le boulot des journalistes, sociaux, pour leur dire : alors, c’est de lier une vidéo “Voilà ce qu’on vous propose, à une autre vidéo, sur le site donc venez nous voir.” » Internet, pour nous pousser à consommer d’autres vidéos sur la même thématique et nous faire découvrir d’autres thèmes. Moi, je ne regarde presque pas la télévision en direct, je la regarde quand je veux, sur le replay. »

56 57 2.4 L’INFORMATION EN DIGITAL : PENSER LA COMPLéMENTARITé

témoignage témoignage Information 29|03|17 toulouse 16|02|17 dijon et désinformation 16|02|17 dijon Léon Jean-Baptiste Martin Gouesse responsable de la coordination « Moi aussi, j’ai grandi avec le « Face à tous ces supports d’information, Aujourd’hui, la multiplication des sources des rédactions web-antennes de France Télévisions rituel du journal télévisé de comment pouvons-nous, alors que nous 20 heures et je ne compte pas d’information et la confusion qui règne sommes jeunes et parfois influençables, « Avec un peu de provoc, j’ai envie de dire qu’heureusement, il y a de l’abandonner. Mais je ne vais pas parfois dans les sources de production être concrètement bien informés ? fausses nouvelles. Ça nous oblige, nous, journalistes, à revenir à la source de notre métier pour vous apporter une info vérifiée. On sur Internet pour chercher les de ces dernières obligent à adopter une Dans nos études, on nous demande mêmes choses qu’à la télévision. de nous tenir au courant des médias va être obligés de vérifier, de recouper les sources, de revenir à la certaine distance vis-à-vis des informa- J’ai un peu l’impression qu’on oppose Internet, les internationaux. Mais on nous dit aussi de fameuse règle des trois sources. C’est une chance pour le métier. tions disponibles en ligne. faire attention à la désinformation, et Après, il existe des outils très simples. Ils sont à votre portée. nouvelles technologies, le replay et la télévision, c’est un sujet qui fait beaucoup débat. France Télévisions a cette mission, en tant que service public, de je pense qu’il y a moyen de mêler les deux. vous apprendre à faire attention aux fausses nouvelles. On va Dans cet espace aussi, la télévision pu- Donc, comment faire aujourd’hui Par exemple, sur Internet se éditer une série de vidéos sur notre site qui donneront des outils blique a un rôle à jouer selon son pu- développent des web-télévisions pour être bien informés en tant pour vérifier les infos. Des outils très simples. » spécialisées qui font beaucoup blic : non seulement comme producteur que jeunes ? » d’audience à leur échelle. d’informations fiables, mais aussi par la À terme, la télévision ne va pas mise en garde contre de fausses infor- 16|02|17 dijon disparaître, mais s’accommoder mations ou des rumeurs. d’Internet. Il y aura une sorte témoignage Agnès Molinier Ainsi, un jeune téléspectateur présent 01|03|17 marseille directrice adjointe de fusion et on saura se servir opérationnelle de la rédaction des deux. » lors de la table ronde de Lyon évoque olivier son usage du réseau Internet pour être nationale de France Télévisions « Le problème, c’est la multiplication des écrans. C’est un danger « C’est aussi la technologie informé : « Oui, je vais sur Facebook pour la démocratie et pour nos jeunes. S’ils ne regardent plus la qui influe sur les mœurs de aussi, mais je ne vais pas chercher mes télévision, ils regardent les tablettes, Facebook, Twitter, toutes consommation, et nous n’avons informations sur des médias obscurs, les entreprises de désinformation, qu’elles soient stratégiques, religieuses, politiques. Le service public doit rattraper ça et pas le choix. Moi, ça ne me fait pas je prends de “gros” médias, qui publient plaisir que le 20 heures ne soit plus informer nos jeunes. C’est pour ça qu’il faut aussi aller dans les la “grand-messe” de l’information, aussi sur le Net, et qui sont fiables, lycées leur expliquer comment utiliser les écrans. parce que c’est ma culture, c’est ce comme le site francetvinfo.fr. » Je sais que vous êtes engagés avec pour quoi j’ai fait ce travail. On est tous comme ça… l’Éducation nationale, allez-vous donc c’est vrai qu’on est malheureux de sa disparition. Mais, en même développer tout ça et apporter aux élèves temps, c’est pas grave, ça sera autre un décryptage des écrans ? » chose et ça sera très bien. »

58 59 2.5 DES MAGAZINES PLURALISTES ET DE PROXIMITÉ

témoignage Pluralisme de l’offre et des publics Les magazines contiennent une dimension éducative qui per- 19|01|17 lille met de transmettre en s’amusant et de faire découvrir d’une Mathieu Avec une offre de magazines très large, le groupe France Télévisions manière ludique. Mais si certaines émissions sont destinées en LES MAGAZINES FONT PARTIE « Dans les magazines, il y a des DES CONTENUS PLÉBISCITÉS parvient à satisfaire presque tout son public. Cela n’empêche ce- priorité à la jeunesse, les magazines constituent des moments choses que j’aime bien comme PAR LE PUBLIC, QUI APPRÉCIE pendant pas les téléspectateurs d’exprimer des demandes d’ajus- pluriels, lors desquels la famille entière peut se retrouver. Les Alcaline. C’est agréable, suffisamment éclectique et D’AVOIR DES RENDEZ-VOUS tement dans la grille des programmes. Que ce soit à propos de télé spectateurs demandent que France Télévisions prenne en l’offre de programmation culturelle, à propos des ou en- compte cette nécessité de préserver les émissions comme court. En revanche, j’ai regretté RÉGULIERS TRAITANT DE la disparition de C’est pas SUJETS MULTIPLES. DE TELS core des programmes en direction du jeune public, les téléspecta- moments de partage et d’accès à la connaissance, en aména- sorcier. Je suis éducateur et je PROGRAMMES CONSTRUISENT teurs suggèrent certaines évolutions. geant la diffusion pour toucher toute la famille. passe des épisodes de l’émission à des jeunes en grande difficulté ET RENFORCENT LA RELATION scolaire pour qu’ils puissent DE CONFIANCE ENTRE découvrir des choses et avoir FRANCE TÉLÉVISIONS ET accès à la science. Une manière témoignage SES TÉLÉSPECTATEURS, 19|01|17 lille d’aborder la connaissance qui sorte de l’encadrement scolaire, FIDÈLES À CES MAGAZINES, À Anne-Claire 19|01|17 lille c’est parfois important. » LEURS PRÉSENTATRICES ET « Je suis comme la PRÉSENTATEURS. BEAUCOUP Fabienne Barollier téléspectatrice de tout à directrice adjointe des magazines de DE TÉMOIGNAGES FONT l’heure, j’ai été marquée dans France 5, en charge du pôle société RÉFÉRENCE À DES ÉMISSIONS mon enfance par des émissions et décryptage ACTUELLES OU PASSÉES qui traitaient de tous les animaux, dans tous les espaces « C’est très compliqué de faire des QUI ONT MARQUÉ, PARFOIS de la vie ; on fait partie de la magazines pour les jeunes. Il y en a qui DURABLEMENT, LA MÉMOIRE nature avec eux, c’est donc un ont marqué des générations, et il n’est DES TÉLÉSPECTATEURS. élément important. pas dit que ça ne revienne pas, peut-être sur France 4. Une partie de réponse LA PROXIMITÉ DE CES Aujourd’hui, depuis la fin de est permise dans l’offre d’animation de PROGRAMMES EST AU 30 millions d’amis, le traitement France 4 et de France 5, notamment avec CENTRE DES INTERVENTIONS ou plutôt le non-traitement des l’idée de rassembler parents et enfants. DES TÉLÉSPECTATEURS, animaux à la télévision me pose Les magazines qui s’adressent aux jeunes, il y en a de moins en moins, on en a QUI REGRETTENT PARFOIS problème. Il n’existe plus du tout d’émission qui parle des animaux, supprimé à cause d’un manque d’audience. DE VOIR S’ESTOMPER CE plus de magazine. Pourquoi À un moment, c’est compliqué par rapport RAPPORT PRIVILÉGIÉ. ne sont-ils pas suffisamment au retour d’audience. » traités ? »

60 61 2.5 DES MAGAZINES PLURALISTES ET DE PROXIMITÉ

témoignage Privilégier Par ailleurs, les dispositifs d’interac- une relation de proximité 02|02|17 limoges jean-pierre tivité ajoutent une autre dimension de proximité dans les magazines. Qu’ils re- Qu’il s’agisse de sujets éloignés de leur « Je trouve qu’il existe une flètent des opinions différentes de celles différence entre les magazines quotidien, liés à la découverte, mais aussi de service public et ceux des des experts (lors d’émissions comme à leur vie de tous les jours, les téléspec- autres chaînes. Par exemple, C dans l’air) ou qu’ils rapprochent les tatrices et téléspectateurs apprécient la j’aime beaucoup les émissions téléspectateurs des sujets évoqués : respiration que permettent les maga- de Frédéric Lopez, parce que les « Ça coupe les frontières » , explique concepts sont différents de ce zines. Ils peuvent faire une pause dans qu’on peut voir sur des chaînes Guilhem, présent pour la table ronde de leurs activités et entrer dans une autre privées, j’apprécie aussi la Bordeaux le 6 février 2017. Cette inter- ambiance. Ce qu’ils apprécient alors tout qualité des interviews. activité est reconnue également comme témoignage particulièrement, c’est de se sentir inté- 02|02|17 limoges Et puis on oublie la technique, une richesse par les professionnels de témoignage France Télévisions est discrète 02|02|17 limoges 02|02|17 limoges grés aux programmes, de ne pas être 02|02|17 limoges Patricia Corphie dans ses émissions, les gens France Télévisions, qui la développent walter Christophe Zirnhelt mis à distance. C’est toujours « sans en directrice adjointe aux magazines de France 5, s’expriment tranquillement et dans leurs programmes. Ainsi, les com- producteur artistique oscar en charge du pôle culture, art de vivre et découverte avoir l’air » que les magazines semblent on écoute des tas de choses de mentaires et les interventions deviennent « Je voudrais revenir sur et animateur de l’émission « Ce que j’aime, c’est aussi cette façon-là. » 9h50 le matin, c’est vraiment 9h50 le matin permettre aux téléspectateurs de se dé- « L’exemple que vous avez donné de Silence, ça pousse ! est de plus en plus partie intégrante des une émission que j’aime beaucoup, tomber au hasard. Par exemple, « Quand on fait de la tendre, mais aussi d’apprendre. La proxi- intéressant parce qu’il illustre la manière dont on fonctionne. programmes en s’appuyant souvent sur parce qu’elle est ouverte sur on zappe, et à un moment on télévision locale, on La personnalité de Stéphane, c’est d’abord un choix, parce qu’il est tout, on y parle de littérature, mité de cette relation aux programmes, tombe sur Silence, ça pousse !. les moyens numériques qui permettent n’invente plus grand-chose. légitime, c’est un expert dans son domaine. C’est effectivement d’associations… C’est une cette demande de se sentir chez soi en Personnellement je ne suis pas le direct. On fabrique un voyage qu’on quelqu’un qui est un véritable passionné. Mais c’est quelqu’un qui émission complète que j’aime quelqu’un qui jardine, j’habite en n’aura jamais terminé : celui regardant une émission, c’est aussi le par ailleurs est un artiste, très drôle, un peu foufou. suivre parce qu’elle nous centre-ville. Mais cette façon avec les téléspectateurs qui témoignage de la construction d’un atta- Nous, on doit jouer avec tous ces paramètres… C’est d’abord une Par ailleurs, les téléspectateurs n’ont rend service et nous apprend dont il travaille, se comporte, auront toujours des choses à émission de jardinage, avec du conseil pour ceux qui veulent des choses. Et puis il y a ce chement à la télévision de service public. c’est vraiment super sympa, on a pas envie de ressentir que leur réalité nous raconter. On est juste le jardiner, que ce soit dans un grand jardin, ou une simple contact avec le public, avec les l’impression d’y être ! est en dehors de celle qui est présente trait d’union entre tous ceux terrasse, ou un petit balcon… Et puis, il y a ceux qui regardent téléspectateurs qui appellent, qui nous regardent. » parce qu’il y a de l’humour, ça détend, on est vendredi soir, on n’a à la télévision, ce qui passe par les su- le jeu où les auditeurs appellent. On sent que c’est un passionné : pas envie de se prendre la tête ; il est drôle, mais il faut quand il aime ce qu’il fait avec la terre. jets abordés, les invités présents, mais En un mot : elle est fraîche. même doser… Quand on va en salle de montage, on joue sur un Et puis ça bouge aussi, il y a un Et moi qui aime la nature, je équilibre pour que le plus grand nombre y trouve son compte. » aussi la possibilité faite d’intervenir dans m’évade avec lui. Il n’y a pas ce certains programmes. On retrouve le moment d’échange avec Delphine côté très sérieux. C’est un bel Roux, des gens qui viennent exemple d’émission sur laquelle thème de l’interactivité comme possibili- en plateau ; c’est à chaque on s’arrête et qui nous permet de té de voir son avis, mais aussi sa réalité, fois différent et c’est ce qui nous évader un petit peu. » compter, être pris au sérieux. nous plaît aussi : apprendre de nouvelles choses avec des personnes différentes. »

62 63 la parole aux partenaires

OLIVIER MANTEI PASCAL ROGARD DIRECTEUR DU THÉÂTRE NATIONAL DE L’OPÉRA-COMIQUE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA SACD

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télé- Le service public, ce ne sont pas seulement des pro- dace sur des impératifs d’audience doit être l’un de ses visions ? grammes, des concepts, des audiences ou des bud- engagements. Et cet engagement est capital au mo- Un regard bienveillant. Conduire le paquebot de l’audio- gets. La télévision publique a naturellement un rôle à ment où les technologies numériques affaiblissent les visuel public dans le tourbillon des images d’aujourd’hui jouer dans la démocratie et le vivre-ensemble. Elle est ressources traditionnelles de la création. est une chose difficile. J’ai l’impression qu’entre public aussi parfois la seule fenêtre culturelle qui entre dans et privé, le bateau tangue parfois, qu’entre l’impérieuse les foyers. Partenaire de la création, partenaire des créateurs éga- nécessité de maintenir sa mission et celle de trouver lement. Sans une relation forte et permanente avec les de nouvelles ressources, le cap est difficile à garder. Exigeante et populaire, indépendante et pluraliste, elle auteurs, sans une volonté de les associer à tous les doit être le reflet de la diversité de la société et s’adres- dialogues et formes de régulation, le service public ne Qu’attendez-vous de la télévision publique ? ser à tous les publics. jouerait pas son rôle. C’est aussi cette singularité qui De l’audace. Qu’elle renforce résolument sa mission justifie son existence. culturelle à travers des émissions emblématiques, des Elle joue aussi un rôle déterminant dans le financement captations. Elle doit donner encore plus la parole aux et la diffusion de la création française et de notre ex- créateurs de notre temps. pression linguistique. Elle doit se faire l’écho de sa ri- chesse et de son inventivité. Parce qu’elle n’est pas une télévision commerciale, faire primer un objectif d’au-

64 65 2.6 La Guadeloupe et l’information

témoignage La place centrale témoignage témoignage L’ancrage 03|04|17 Pointe-à-Pitre 03|04|17 Pointe-à-Pitre 03|04|17 Pointe-à-Pitre caribéen de l’information locale face catherine à l’information nationale Groupe de travail Groupe de travail de « Il faudrait mieux prendre en animé par Jean-Maxence Granier Les participants à l’atelier ont eu à cœur UN ATELIER CONSACRÉ compte les informations qui Jean-Maxence Granier de voir Guadeloupe 1ère mieux inscrire la Les téléspectateurs ont insisté sur le « Des journaux locaux toutes les À L’INFORMATION SUR concernent l’espace caribéen (consultant éditorial think-out) heures plutôt que du national. » Guadeloupe dans son espace géogra- et les îles qui nous entourent. Il besoin d’une télévision de proximi - LA TÉLÉVISION PUBLIQUE phique proche, à côté de son lien avec faut créer plus de passerelles té, qui chercherait à donner toute sa « Il faut consacrer encore plus S’EST TENU À POINTE- avec les mondes anglophones de temps à l’information locale. la métropole. place au régional face au national de « On devrait À-PITRE LE 3 AVRIL. EN et hispanophones, qui sont nos Les informations nationales de Guadeloupe 1ère. La radio est apparue ère commencer par le VOICI LES PRINCIPALES voisins, et notre environnement Guadeloupe 1 sont quelquefois économique et culturel immédiat, témoignage comme le vecteur clé de cette proxi- un peu redondantes avec les EXPRESSIONS. 03|04|17 Pointe-à-Pitre journal régional, puis avec lequel on n’échange pas mité. Ils attendent que la télévision ren- autres offres et, souvent, déjà assez. Ce serait pédagogique pour Groupe de travail un peu réchauffées, alors un journal en créole, force elle aussi cette proximité, à travers tout le monde. » animé par qu’on pourrait consacrer plus la langue, les points de vue, la capacité à de temps au local, creuser ou plus de créole 03|04|17 Pointe-à-Pitre Jean-Maxence Granier donner une image de la société guade- davantage. » dans les journaux. » Sylvie Gengoul (consultant éditorial think-out) directrice régionale, loupéenne dans sa spécificité. ère « Il faut relier Guadeloupe 1 la Guadeloupe avec « Le national, « Les gens ne sont pas rentrés le reste du monde. » on peut le retrouver à 19 heures. C’est pour cela qu’on fait le régional à partout, c’est une 19 h 30. C’est vraiment le copie de l’Hexagone, contexte qui joue. » ça a moins d’intérêt. » « Il faut être plus réactif, plus dans l’immédiat, dans l’information de proximité. »

66 67 2.6 La Guadeloupe et l’information

Des enjeux de proximité qui passent par témoignage « Quand on regarde L’enjeu de l’investigation témoignage témoignage 03|04|17 Pointe-à-Pitre Guadeloupe 1ère, on doit sentir 03|04|17 Pointe-à-Pitre 03|04|17 Pointe-à-Pitre la fonction du « reflet de nous-mêmes » et du débat Groupe de travail qu’on est bien ici. » Groupe de travail dans l’information de Guadeloupe 1 ère, Groupe de travail la valorisation du radiophonique au ser- animé par animé par animé par Jean-Maxence Granier Les téléspectateurs se sont montrés Jean-Maxence Granier sophie le saint vice de la proximité, et des attentes ex- « J’ai envie de voir exigeants vis-à-vis de l’information loca- (consultant éditorial think-out) (consultant éditorial think-out) (présentatrice de JT, France 2) primées sur la langue créole. la Guadeloupe dans le qui devrait, à leurs yeux, se doter de « Ce média doit être le reflet de toutes les caractéristiques attendues du « Poser les bonnes nous-mêmes, une “tele an nou”, cette télévision, et « Sur la vie locale, il faut avec une proximité territoriale aussi la projeter service public en matière d’information aller plus loin, développer questions, celles qui bien sûr, mais aussi une proximité nationale, en termes de densité, d’acuité l’investigation, les enquêtes, dérangent les dix plus éditoriale, plus affective. » ailleurs. » et de pluralité des points de vue. aller plus en profondeur, être moins frileux, être plus précis. » personnalités de la Guadeloupe. » « (...) que la télé « Plus de proximité témoignage « Faites un peu d’investigation. témoignage 03|04|17 Pointe-à-Pitre 03|04|17 Pointe-à-Pitre ressemble plus à N’ayez pas peur de chatouiller intelligente, Groupe de travail les puissants. Il n’y a pas de témoignage Groupe de travail la Guadeloupe, à sa pertinente. » animé par Canard enchaîné. » 03|04|17 Pointe-à-Pitre animé par Groupe de travail façon de penser, sophie le saint « Il y a eu une émission Éric Lefèvre (présentatrice de JT, France 2) animé par (rédacteur en chef radio, qu’elle ressemble un « La radio, on l’écoute partout. ère en feuilleton sur le Éric Rayapin Guadeloupe 1 ) C’est l’outil du local par conflit à Marie-Galante. peu au pays. » excellence. Elle permet à chacun « Un journal (journaliste télé, « Il manque un peu d’investigation de s’exprimer. » produit en créole, C’était très intéressant Guadeloupe 1ère) et d’enquêtes, de suivi et de et dans le vif du sujet. » profondeur, notamment sur la « On pourrait imaginer un bus qui « Plus de décryptages et question de l’eau. » circule à travers les quartiers, pas seulement d’analyses, car l’information, pour aller à la rencontre des « La radio, c’est le compagnon du une mauvaise « Les informations locales ne on l’a déjà, en particulier sur gens, pour saisir des tranches quotidien. Il y a plus d’écoute. sont pas assez étoffées, pas Guadeloupe 1ère. » de vie. Une télévision mobile, un C’est la radio de tout le monde. traduction. » assez conséquentes, pas assez camion qui irait à la rencontre Les gens appellent, on y parle en approfondies. » des Guadeloupéens, avec des créole. » « Intégrer le plus possible le portraits, des petits modules... créole dans les éditions. » « Mettre en scène la pluralité On s’intéresserait plus des points de vue sur les aux gens. » « Il faut une ligne éditoriale questions d’actualité, à travers commune aux trois médias, on des débats et continuer les doit reconnaître un seul ton. » échanges sur le Net. »

68 69 2.6 La Guadeloupe et l’information

témoignage témoignage 03|04|17 Pointe-à-Pitre Le rôle et les valeurs pour résumer de la télévision de service public 03|04|17 Pointe-à-Pitre 03|04|17 Pointe-à-Pitre Sylvie Gengoul Groupe de travail une jeune femme Comme le faisait remarquer un télé- directrice régionale, spectateur par le biais du Facebook Live Guadeloupe 1ère Au-delà de l’information, les partici- animé par « On a dit que nous financions au moment de l’agora tenue à Paris le la télé publique par nos impôts. « Je vous ai entendus, je vous Sylvie Gengoul pants ont exprimé une très forte idée de C’est vrai, mais ce n’est pas 6 décembre 2016, l’intérêt de l’offre de ai écoutés et je suis souvent (directrice régionale, la télévision de service public, en réso- ère le plus important. Le plus France Télévisions en termes d’infor- d’accord avec vous. Ce besoin Guadeloupe 1 ) nance avec de nombreux thèmes pré- important, ce sont les valeurs mation est qu’elle est organisée comme d’ancrage, d’ouverture, dont elle est porteuse. Pour de renouvellement, je sents dans les Rencontres, en particu- « La télévision doit un dispositif qui n’est pas limité aux moi, c’est une qualité, et c’est ça l’entends. Un magazine lier autour des moyens de faire société. journaux télévisés. Les magazines, les reconstruire le qui compte. » d’investigation va être documen taires et maintenant la chaîne lancé et, le soir, il va y avoir lien social plutôt en continu fournissent aussi une infor- une grande conversation qu’isoler les gens. » 03|04|17 Pointe-à-Pitre qui sera un vrai regard Sylvie Gengoul mation, fabriquée et présentée différem- 03|04|17 Pointe-à-Pitre 03|04|17 Pointe-à-Pitre parallèle guadeloupéen sur directrice régionale, ment. Si la multiplication de ces formes Éric Rayapin Jérôme Boecasse l’actualité. » « L’offre de télévision publique Guadeloupe 1ère et de ces rythmes de diffusion n’inquiète ère ère doit promouvoir un modèle de journaliste, Guadeloupe 1 journaliste, Guadeloupe 1 « Il faut pouvoir évaluer, pas les téléspectateurs, ils restent très témoignage société, être conforme avec lui. » mesurer la télévision 03|04|17 Pointe-à-Pitre « Ça fait trente ans que « Mais c’est difficile de attachés à une information fiable et de je suis à Guadeloupe 1ère publique, pour se fixer des monter des débats en qualité. Le public demande en revanche Groupe de travail et je n’ai jamais eu ni Guadeloupe, car les gens ne « Mettre en valeur les belles objectifs. Cette télé doit un effort concernant le choix des sujets animé par sanction ni pression. On doit veulent pas se lancer. Il y a initiatives, pour donner une être contributive à la société Jérôme Boecasse donner des informations un frein culturel. Les gens ne envie d’agir. » et l’accompagner dans son et des angles afin qu’ils ne ressemblent vérifiées et, quelquefois, veulent pas être vus car ils développement, avec des (présentateur de JT, pas à ceux de la concurrence. ère on ne peut pas donner l’info ont peur du qu’en-dira-t-on. » indicateurs. » Guadeloupe 1 ) immédiatement. » « Un journal des « Certaines informations « La ligne éditoriale, c’est paraissent censurées, limitées, « Twitter, cela permet important. C’est un peu initiatives pour comme si les journalistes ne de réduire le décalage vieillissant avec le JT. » valoriser les bonnes pouvaient pas tout dire. Il leur avec la métropole. Il faut faut plus de liberté, d’autonomie le développer encore idées, pour mettre et moins de pression. » davantage. » en avant les choses « Buzz 1ère, c’est une émission positives. » sans queue ni tête, les gens sont trop d’accord entre eux. »

70 71 La télévision publique reste un lieu de découverte et de transmis- sion. En ouvrant des horizons, en mettant en avant des modèles et des valeurs, elle participe à faire grandir un public en demande d’exi- gence et de qualité, notamment au travers d’émissions enrichissantes. 3. NOTRE TÉLÉVISION : Parmi les outils que les programmes de France Télévisions de retrouver ces valeurs qui permettent de ne pas limiter le peuvent fournir figurent des modèles, des exemples qui rapport qu’ils entretiennent avec France Télévisions à une peuvent agir comme des références dans la vie quotidienne, simple consommation de programmes. Entre le public et sa POUR GRANDIR ENSEMBLE dans les actions individuelles ou collectives. Le récit de tra- télévision, on assiste à un échange et un partage de ces va- jectoires de vie, d’initiatives, de passions est par ailleurs un leurs qui nous grandissent. moyen de transmettre, sans les imposer, un certain nombre Enfin, l’exigence culturelle est au cœur des attentes du de valeurs portées par le service public. La solidarité, la to- public de France Télévisions. Celui-ci souhaite voir et par- lérance, la persévérance, l’ouverture aux autres ou encore tager des créations et des événements de tous genres et l’engagement ou la citoyenneté sont valorisés à travers de de tous niveaux. Il ne s’agit pas de se prendre trop au sé- multiples supports : fictions, documentaires, retranscrip- rieux, mais de s’enrichir d’une pratique culturelle collective tions sportives... Les téléspectateurs expriment le souhait et d’une curiosité partagée.

72 73 3.1 DÉCOUVRIR DES MODÈLES

La télévision publique permet de découvrir et de mieux des sportifs qui sortent du commun et qui illustrent témoignage témoignage 19|01|17 lille 02|02|17 limoges connaître des univers différents et nouveaux. En met- l’abnégation soient plus systématiquement mises tant en avant des exemples de réussites, d’actions et en avant pour ne pas se centrer uniquement sur les anne-claire oscar de réalisations concrètes, elle donne à voir le monde performances. « Je voudrais revenir sur les « 9h50 Le Matin, c’est une dans une perspective enrichissante et fournit des émissions pour les jeunes, émission qui parle vraiment de notamment les jeunes en la région. C’est bien qu’on en idées et des références pour nos propres pratiques Comme en témoigne Anne-Claire, une émission peut formation. Vous savez, c’est parle un peu, qu’on sache ce quotidiennes. entraîner de grands changements dans la vie du pu- grâce à un reportage sur qu’il s’y passe. Souvent, dans Lors de l’atelier tenu à Toulon, les téléspectateurs ont blic qui y trouve parfois des idées, des passions ou des France 3, il y a six ans, que cette émission, on entend parler demandé à ce que les trajectoires des sportives et vocations. mon fils est venu à Orchies en d’associations dont on ignorait apprentissage et qu’il est devenu l’existence. Ça permet donc de boulanger. Aujourd’hui, il a une les découvrir, de découvrir des médaille de meilleur artisan. gens. »

C’est une émission dont je me souviens encore. Elle a été très réponse importante pour notre famille. 02|02|17 limoges Aujourd’hui, je suis ravie d’être Christophe Zirnhelt dans le Nord parce que je connais producteur artistique et animateur de l’émission mon boulanger, ma professeure 9h50 Le Matin de couture. Ce sont des artisans formidables. On devrait parler « J’essaie d’inviter le plus souvent possible des des gens comme eux dans personnes qui participent à des associations et qui les magazines, parler de ces prennent des initiatives au niveau local. C’est un moyen métiers, avec ou sans le bac, des de montrer que les gens font des choses, et des choses gens qui les exercent, et arrêter parfois étonnantes juste à côté de chez soi. » de casser les gamins qui n’ont pas tous les diplômes.

Ce serait bien de voir les enseignants et les artisans de la vraie vie ! »

74 75 3.2 TRANSMETTRE DES VALEURS

Des valeurs témoignage citoyennes 15|12|16 lyon marc 16|03|17 ANGERS SANS PARTI PRIS NI Dans l’animation démocratique et ci- « Vous savez, on a besoin de vous pour refléter MORALISME, LES la société ! Vous, les journalistes, vous êtes JOEYSTARR toyenne du pays, la télévision publique a RAPPEUR, PRODUCTEUR ET COMÉDIEN TÉLÉSPECTATEURS un rôle à jouer. Donner la parole à toutes les intermédiaires avec les gens qui ont des ATTENDENT DE LEUR les opinions et faire place aux grands responsabilités. On a besoin d’un fil conducteur TÉLÉVISION QU’ELLE débats et aux grands enjeux contempo- pour savoir pour qui s’engager. » « Je fais un spectacle qui s’appelle Éloquence à même France que celle qui est relatée. Je le dis, le vrai METTE EN AVANT DES rains sont des attentes du public. Il s’agit l’Assemblée et qui reprend des interventions faites au problème, c’est que ce type de presse ne gère pas son VALEURS POSITIVES de faire vivre un dialogue collectif qui doit Parlement au cours de l’histoire. Diffuser ce spectacle côté anxiogène. PRÉSENTES DANS LA rendre compte de la pluralité des points SOCIÉTÉ FRANÇAISE. de vue et de leur possible coexistence. à la télévision ferait figure de legs. Il y aurait sa place, LA SOLIDARITÉ, LA au même titre que l’information, l’information normale, Et puis, en période d’élections, je trouve qu’on fait la LIBERTÉ, L’ÉGALITÉ SONT l’information généraliste. Cela permettrait peut-être part belle aux sondages, alors qu’on a vu, il n’y a pas si AUTANT DE THÈMES QUE LE PUBLIC S’ATTEND À de réconcilier certaines parties de la France qui ne longtemps, que c’était du vent. Peut-être aller sonder VOIR DÉFENDUS PAR se sentent pas concernées par tous les discours des les gens réellement plutôt que le faire en surface ? Ça LE SERVICE PUBLIC EN politiques actuels. Peut-être qu’on peut ressemble aussi à un problème générationnel. Tout est FRANCE. C’EST AUSSI éveiller une citoyenneté qui sommeille en surface, la profondeur n’existe quasiment plus. Ça va EN RELATION AVEC LA en remémorant tout ça. trop vite, il faut que ça aille vite, que ça soit digéré vite et, DÉMOCRATIE QUE CE RÔLE EST ENVISAGÉ, LA en plus, il faut que ça booste. TÉLÉVISION PERMETTANT 16|03|17 angers Avec ces chaînes d’info en continu qui se développent, DE VALORISER LE DÉBAT Olivier Py on a plusieurs types de presse. On a celle qui est très On ne sait plus ce qu’on raconte, malheureusement. DÉMOCRATIQUE. dramaturge et metteur en scène, directeur du Festival d’Avignon anxiogène et dangereuse, qui traite de sujets de société, Les gens des campagnes sont perdus ; ceux des villes, « La démocratie et la République ne sont pas des décrets de terrorisme ou autre. Moi qui vis encore avec les pareil. Ça crée ce climat où on se regarde avec suspicion, administratifs. Ce qui signifie que la culture et l’éducation gens des quartiers, j’ai pas l’impression de vivre dans la un climat délétère. » doivent servir à ce que la démocratie ne soit pas simplement un objet issu du suffrage universel, dénué de sens. »

76 77 3.2 TRANSMETTRE DES VALEURS

témoignage Des valeurs témoignage 22|02|17 nouméa d’exemplarité 16|03|17 angers téléspectateur Christian « Quand vous annoncez dans Le public recherche dans la télévision Les remarques des téléspectateurs sont « Vous parlez de culture, les actualités un demi-milliard mais est-ce que le rôle de la de francs CFP pour Saint-Louis, des valeurs comme la solidarité, l’ouver- parfois plus critiques par rapport aux télévision aujourd’hui ne devrait c’est dommage qu’on n’ait pas ture sur les autres ou le respect, des va- valeurs qu’ils perçoivent dans les pro- pas être celui de l’éducation ? un documentaire sur la manière leurs qui doivent faire office d’exempla- grammes. Ainsi, Geneviève, présente Les nouvelles générations dont ça va être mis en œuvre, rité pour celles et ceux qui la regardent. à Trouville le 11 mars 2017, demande à regardent beaucoup d’émissions par qui, qui va toucher l’argent... pas très culturelles... Vous, Le documentaire permettrait Il appartient dès lors à la télévision pu- ce que la famille soit présentée sous un vous pouvez contrôler ce que de faire une focale sur un enjeu blique de mettre en scène, sans juge- meilleur jour, notamment dans les fic- vous diffusez, à l’inverse des d’actualité, et les citoyens ment et sans prescription, des situa- tions telles que Parents, mode d’em- réseaux sociaux où les gens se lambda pourraient en savoir tions de fonctionnement collectif et d’en- ploi : « Il faut faire attention à la manière lâchent et veulent donner leur plus sur les sujets qui font avis dès qu’il y a des troubles. Il 21|02|17 paris polémique. » traide, notamment lors des grands évé- dont les personnages s’adressent les s’insultent, ne se respectent pas line renaud nements de solidarité collective comme uns aux autres. Il faut montrer que le entre eux. En tant que télévision, vice-présidente du sidaction le Téléthon ou le Sidaction. respect mutuel est une valeur impor- pouvez-vous faire quelque chose tante de la famille. Dans certains pro- contre ça ? » « L’un des mots que je préfère dans la langue française est “ensemble”, et je suis heureuse de beaucoup l’entendre dans La télévision publique a une certaine grammes, les enfants et les parents ces Rencontres. Et mon autre mot, ce sera “merci”. Merci à forme de responsabilité à travers les s’adressent la parole de manière trop 19|01|17 lille France Télévisions d’exister. Nous avons fait beaucoup de personnes, les actions et les initiatives violente. » antony dufour choses ensemble. Nous avons commencé il y a 23 ans… Au nom mises en scène durant les émissions, fondateur et gérant de Sidaction, je voudrais remercier le service public qui, dès de la société le premier Sidaction en 1994, était présent à nos côtés pour ce comme le suggère la question d’une té- de production Hikari combat. Le sida est toujours là, et le nerf de la guerre, c’est léspectatrice au moment du Facebook toujours l’argent. Grâce à France Télévisions, nous pouvons, « La responsabilité du Live de Lille, le 19 janvier : « À quoi ça sert, chaque année, informer, sensibiliser et collecter. » magazine, c’est l’image la télévision publique, dans la construc- qu’on projette. Il faut tion du monde de demain ? » projeter de l’espoir, du positif, et les magazines peuvent servir à ça. »

78 79 la parole aux animateurs

SOPHIE LE SAINT LOUIS LAFORGE STÉPHANE BERN STÉPHANE MARIE JOURNALISTE, FRANCE 2 JOURNALISTE, FRANCEINFO PRÉSENTATEUR, FRANCE 2 ANIMATEUR, FRANCE 5

Quel regard portez-vous sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous sur France Télévisions ? Il est difficile de porter un regard sur France Télévisions tout en y travail- Cela fait déjà vingt-cinq ans que je suis journaliste à France Télévisions : Sur France Télévisions, je porte un regard qui, comme la plupart des Ce n’est pas par hasard si je travaille pour ce groupe puisque c’est celui lant. La télévision publique porte l’ambition de donner à voir et à com- à France 3, en régions, à la rédaction nationale, pour les programmes et Français, est celui de l’attachement à une télévision de service public, dans lequel il me semble pouvoir faire passer sans trop de contraintes ce prendre au plus grand nombre, en offrant un bouquet large et complet : désor­mais à franceinfo, la nouvelle chaîne d’information continue du avec un désir de variété des programmes et une exigence de qualité. que je souhaite partager : une certaine idée de la culture, et pas seule- chaînes généralistes, sites dédiés aux régions, à l’Outre-mer, à la jeu- groupe. Une nouvelle offre à l’image de l’entreprise et de ses enjeux : ri- France Télévisions est sans doute le média qui propose l’offre la plus ment celle des plantes. nesse, à l’info en continu avec une offre originale mêlant Web et télévi- goureuse sur le fond et innovante sur la forme, pertinente et impertinente... riche et variée, une forte diversité qui reflète ses missions. Divertisse- sion... Le groupe a sans doute une responsabilité forte dans les pro- libre ! ments, magazines, jeux, culture, découverte, information, décryptage, hu- Qu’attendez-vous de la télévision publique ? grammes qu’il offre aux téléspectateurs. La notion de télévision citoyenne mour… Avec, en prime, une forte identité et une palette de personnalités Dans un contexte où le formatage règne en maître sur d’autres chaînes, est importante. Qu’attendez-vous de la télévision publique ? pour l’incarner. Aucun autre groupe de télévision ne peut offrir une telle France Télévisions doit offrir autre chose. Je pense que nous devons Une offre de télévision publique visible sur tous les écrans, sur la TNT diversité de visages parmi les plus populaires auprès des Français. continuer à être audacieux. Nous devons aussi continuer à être construc- Qu’attendez-vous de la télévision publique ? comme sur les smartphones et les tablettes, afin de s’adresser au plus tifs, éviter les caricatures, ne pas être gratuitement alarmants et surtout L’un des rôles de la télévision de service public est d’éveiller les grand nombre, et à toutes les générations… notamment les plus jeunes, Qu’attendez-vous de la télévision publique ? être dans la proximité avec nos publics. J’attends de la télévision publique consciences. En ce qui concerne l’information, il faut donner à com- qui regardent de moins en moins la télévision « traditionnelle » ! Dans un J’attends de la télévision de service public qu’elle soit divertissante et gour- qu’elle me donne une vision ouverte et curieuse du monde, j’attends prendre et à réfléchir, donner des clés de compréhension dans les jour- environnement de plus en plus concurrentiel, et dans lequel les vraies mande, intelligente et créative, dans le respect de ses missions : mettre la qu’elle continue d’offrir ce qu’elle m’a donné lorsque j’étais adolescent en naux télévisés et les magazines. informations se mélangent souvent aux fausses, particulièrement sur les culture, la connaissance, le savoir au service de tous, non dans un esprit province : un accès exigeant à la culture sous ses formes les plus diffé- réseaux sociaux, France Télévisions doit, plus que jamais, être un repère élitiste mais dans une volonté farouchement assumée et renouvelée de rentes. Les téléspectateurs ne sont pas que de simples consommateurs. Ils sont et une référence. parler au plus grand nombre. La télévision de service public se doit aussi exigeants à notre endroit car ils paient la redevance et se sentent, d’une d’être rigoureuse dans l’information qu’elle fournit, à la recherche de la vé- certaine façon, propriétaires de France Télévisions. Ils veulent aussi avoir la rité et sans esprit de parti ou de clan, mais détendue dans la diffusion de parole, être parties prenantes des débats de notre société. ses divertissements, sans a priori aucun, avec juste la volonté de distraire sans abrutir. Enfin, pour résumer, la télévision de service public doit, selon moi, être un outil culturel qui s’adresse au plus grand nombre.

80 81 3.3 S’ENRICHIR PAR LA CULTURE

témoignage Diversité culturelle, Cette variété des genres culturels, de leurs formes et de leurs origines, témoignage la culture pour toutes et tous 17|01|17 strasbourg 25|03|17 orléans constantin passe notamment par des prises de risque dans la programmation et pierre par l’attention particulière portée aux formes régionales de la production « Il faudrait profiter des Le service public doit se distinguer des culturelle, comme l’évoque Didier Cagny, directeur régional de France 3 « Les nouvelles offres, LA DIMENSION CULTURELLE journaux télévisés pour parler EST AU CŒUR DE autres offres pour donner de la visibi- d’autres choses, par exemple, Hauts-de-France : « On essaie de traiter des personnalités culturelles comme Culturebox, L’ATTACHEMENT DU PUBLIC lité aux événements ou aux créations des thématiques culturelles. au niveau local. Par exemple, on a fait une émission sur Michel Pruvot, c’est bien, mais leurs À FRANCE TÉLÉVISIONS. – spectacles, concerts, fictions – inac- Il y a peu de reportages à des un accordéoniste de la région. Pour nous, c’est une personnalité qui in- contenus ne sont pas heures de grande écoute sur cessibles autrement. Il s’agit aussi de carne la culture de la région. On ne l’a pas fait comme une émission de assez promus sur les LES TÉLÉSPECTATEURS les thématiques culturelles. DEMANDENT À ACCENTUER donner envie, de faire découvrir des Il faudrait trouver d’autres variétés, mais comme le portrait d’une personnalité. » antennes. Il faut en parler LA PROPOSITION DE univers vers lesquels les téléspecta- informations, d’autres sujets. » directement dans vos PROGRAMMES DANS CE teurs ne seraient pas allés spontané- programmes pour pouvoir DOMAINE MAIS AUSSI À ment. S’aventurer hors des sentiers capter le public jeune. » témoignage battus, c’est ce que réclame le public, RENOUVELER LES SUJETS 19|01|17 lille témoignage 01|03|17 marseille TRAITÉS ET LES MANIÈRES à l’image de ce téléspectateur interve- catherine 25|03|17 orléans Mathilde Michel DE LES ABORDER. LA nant à Lyon, le 6 décembre : « Il n’existe yann secrétaire générale des plus aujourd’hui, ni à la télévision ni sur « Pour moi, programmes auprès de DIMENSION CULTURELLE DU « Culturebox n’est pas assez Internet, d’accès à des programma- Xavier Couture et directrice SERVICE PUBLIC RENVOIE À les émissions visible sur Pluzz. Moi, la de l’Unité Culturebox UNE EXIGENCE DE QUALITÉ tions différentes. On n’a plus accès aux télévision, je la regarde sur PC. GLOBALE ET EST PRÉSENTÉE salles de concert alternatives. C’est pa- culturelles Il faut rendre Culturebox plus « Il nous faut optimiser notre reil pour le théâtre non subventionné. visible. » écosystème pour mieux faire COMME UN ENRICHISSEMENT manquent vraiment dialoguer le télévisuel et INDIVIDUEL ET COLLECTIF. On ne voit que la Biennale de la danse, beaucoup sur le digital, pour créer plus LE SERVICE PUBLIC A UN la Fête des Lumières, mais pas le reste. de synergies entre les RÔLE IMPORTANT À JOUER : Je comprends que vous deviez faire France Télévisions. différentes offres, comme des choix mais, là, c’est flagrant. » Autrefois, il y avait des émissions on le fait par exemple avec POUR RENDRE COMPTE DES l’émission Culturebox. » INITIATIVES LOCALES ET éducatives, que l’on ne trouve plus beaucoup. Finalement, c’est NATIONALES, PROPOSER DES tout un domaine éducatif que l’on PROGRAMMES ORIGINAUX ET ne retrouve pas actuellement. MÉNAGER DES ACCÈS À UNE Je crois que les gens aiment bien CULTURE PARTAGÉE. les émissions éducatives. »

82 83 3.3 S’ENRICHIR PAR LA CULTURE

Apprendre témoignage Quelquefois, les demandes d’appren- par la télévision 02|02|17 limoges tissage se font plus explicites. Il s’agit Véronique de trouver, avec la télévision publique, un moyen ludique, décalé, différent des Les téléspectateurs racontent combien « Quand je suis arrivée de Moldavie autres, d’accumuler des connaissances. la télévision leur est utile pour découvrir en 1999, je ne parlais pas français. et apprendre. Les programmes, notam- Certains magazines, par exemple, sont ment ceux relevant du divertissement, J’ai appris avec France Télévisions. identifiés comme apportant des conseils comme les jeux, permettent en effet une Je suis très contente et émue précieux, sur un mode serviciel ou diver- témoignage certaine ouverture et l’acquisition de sa- d’être là. C’est en regardant des tissant. C’est notamment le cas de La 01|03|17 marseille voirs. Le public insiste sur cette dimen- jeux comme Motus ou Pyramide Maison des maternelles, de La Maison inès sion qui leur est utile au quotidien et de- que j’ai appris à parler français. La cuisine française, je l’ai aussi France 5 ou des émissions de santé. mande à ce qu’elle soit préservée dans « pourrait-on avoir des témoignage apprise avec la télévision ! Les téléspectateurs mentionnent à la témoignage témoignage la grille et la fabrication des émissions. témoignage films et des dessins animés 02|02|17 limoges 06|02|17 bordeaux 21|03|17 lyon Parfois, je fais les jeux avec mon fois le sérieux des conseils et des infor- en anglais et sous-titrés 06|02|17 bordeaux Le fait d’apprendre par la télévision claude Hamadi fils, et il m’aide à trouver les mations prodigués, la valeur des témoi- mylène Eva aboutit enfin à la constitution d’un rap- mots. » en français ? » « Concernant les programmes gnages, mais aussi l’aspect divertissant « Ma journée de télévision port particulier entre le public et sa télévi- « Une émission comme La Maison « Dans La Maison des France 5, ça incite au bricolage. d’aide scolaire, je sens que le des programmes qui rend ces moments maternelles, on évoque commence souvent très tôt, avec sion, un échange enrichissant comme le réponse ma fille qui regarde les dessins En regardant l’émission, mon niveau baisse de plus en plus, d’apprentissage plus légers. des sujets qui me touchent, rappelle Assen, venu dialoguer à Lille, le épouse me dit “Tu devrais faire surtout dans les matières Nathalie Darrigrand animés sur France 5. Ensuite, il y 19 janvier 2017 : « Je suis un consomma- ça”. » fondamentales, en orthographe directrice exécutive qui sont mon quotidien. a La Maison des maternelles et je et en mathématiques. Je ne sais Finalement, ce qu’explique Fabienne de France 5 m’y arrête quand il y a quelque teur de France 5 et je trouve qu’on a Mais il y a aussi de pas si on peut prévoir, d’une Barollier, directrice adjointe des ma- chose qui m’intéresse. C’est une « Bravo, Inès, pour ta l’information un peu plus connu un âge de la télé très différent manière ludique, une sorte de émission qui m’a beaucoup appris gazines France 5, en charge du pôle question. On essaie déjà, d’aujourd’hui. On n’éduque plus, on ne soutien pour les élèves. » poussée. » quand ma fille était petite. Société et Décryptage, c’est que la di- pour les fictions, d’avoir cultive plus comme avant. Il manque de Beaucoup de sujets peuvent être mension éducative est présente en per- la version française et la très intéressants quand on est l’éducatif. Moi, j’ai découvert beaucoup manence dans les intentions des ac- vO. On a un public pour ça, jeune maman et qu’on est un peu de choses avec la télévision d’antan et très averti, comme toi ! dans le doute. » trices et des acteurs de la télévision pu- Sur les dessins animés, je voudrais retrouver cet esprit. » blique : « Je crois que l’on fait de la télévi- tu as raison, on pourrait sion éducative, même sans le dire, avec le faire parce qu’ils sont nos magazines. En informant, on essaie souvent fabriqués avec des partenaires internationaux, d’éduquer, même si c’est un grand mot. » souvent en anglais. c’est une proposition ! »

84 85 3.3 S’ENRICHIR PAR LA CULTURE

Des connaissances témoignage au service du débat collectif 01|03|17 marseille 02 |02 |17 LIMOGES michel Le partage des connaissances fait par- « À la télévision, on n’a pas le JEAN-BAPTISTE BRUMELOT tie des enjeux et des missions de la té- temps de développer ses idées, CONSEILLER DE PROGRAMMES DES MAGAZINES DE FRANCE 2 Et vous avez quelques émissions lévision publique. Cela passe notam- qui ont donné un peu ce temps- ment par les débats contemporains. Le là. Gardez-les, développez-les. On fait des choses très différentes dans les magazines. À titre personnel, public sollicite un renouvellement des Aujourd’hui, quand un expert « experts » et de meilleures conditions vient à la télévision, c’est c’est ce que j’aime bien dans mon métier. On a l’occasion de travailler sur toujours le même qui nous – plus de temps, moins d’imposition de des thématiques très diverses tout en gardant à l’esprit que, si on fait un raconte la même chanson. problématiques – pour qu’ils puissent On aimerait en avoir d’autres. programme, il faut qu’on y apprenne quelque chose. Il faut que ça serve à s’exprimer et échanger sur le fond des Et puis, ouvrez-vous à des émissions plus longues. » quelque chose. Par exemple, les jeux, à France Télévisions, c’est la vraie problèmes. réponse différence. 01|03|17 marseille Nathalie Darrigrand Nos jeux ne permettent pas de devenir directrice exécutive millionnaire. Ce sont des jeux où on va jouer de France 5 avec la langue française, « Pour France 5, qui est une apprendre des choses, c’est vraiment le but. On n’y arrive pas toujours, on fenêtre ouverte sur le monde, la question du temps de la essaie, mais on a vraiment ça en tête à chaque fois. réflexion est importante. Elle rejoint les enjeux liés à la culture, c’est la question du partage. Vous savez, pour nous, la télévision reste un média d’émotion, et il ne faut pas tout lui demander, elle ne peut pas tout porter. Ce qu’on peut faire, à notre niveau, c’est effectivement éveiller. »

86 87 3.3 S’ENRICHIR PAR LA CULTURE

témoignage Partager 25|03|17 orléans la culture Isabelle Richard bernard déléguée à l’antenne et aux programmes de France 3 Le public souligne l’importance du rôle « Il y a une offre culturelle très Centre-Val de Loire riche à Orléans, mais la page « Tous les matins, on donne de la télévision publique dans l’informa- Facebook de ne des idées de pièces de théâtre ; tion liée à la culture, notamment au tra- donne pas assez d’informations on invite des auteurs et des sur l’agenda. C’est important. vers de la valorisation de l’agenda cultu- acteurs ; la directrice de la Cette fonction est à renforcer, rel national et local. En plus d’informer bibliothèque vient présenter notamment sur Internet. » sur les événements culturels et l’orga- des idées de livres. C’est une nisation de spectacles dans ses pro- démarche de proposition forte. Mais on pourrait grammes, la télévision doit mettre en encore mieux promouvoir ces évidence la richesse de la programma- programmes sur Facebook, tion culturelle des territoires afin d’en in- témoignage c’est vrai. » 25|03|17 orléans former le plus régulièrement et le préci- sément possible son public. véronique « La culture se vit dans les salles de spectacles, mais ce Le partage de la culture est par ailleurs n’est pas à la portée de tous. rendu possible par les offres digitales, C’est aussi le rôle de France notamment Culturebox. Si le public est Télévisions de donner un accès satisfait des services que la plateforme direct à ces contenus. » propose, il regrette cependant sa trop faible valorisation sur les antennes et les autres plateformes du groupe. L’idée du public est de considérer ensemble la totalité des offres culturelles pour qu’elles puissent se renforcer les unes les autres.

88 89 3.3 S’ENRICHIR PAR LA CULTURE

témoignage pour résumer 19|01|17 lille thibault Sans prétendre à un rôle pédagogique qui ferait concurrence à l’école, la télé- OLIVIER PY « Vous dites que vous privilégiez vision publique joue un rôle d’accom- DRAMATURGE, toujours les meilleurs METTEUR EN SCÈNE DE THÉÂTRE ET DIRECTEUR DU FESTIVAL D’AVIGNON spécialistes dans vos émissions, pagnement, de découverte, de mise à mais il ne peut pas y avoir une disposition de richesses culturelles au- personne meilleure en tout ! près de son public. Les téléspectateurs Christophe Barbier n’est pas attendent de France Télévisions que ses « La démocratisation de la culture, c’est l’exigence intellectuelle, artistique et créative mise au meilleur en tout, et pourtant, service de tous. Là-dessus, on a des idées reçues. On pense que l’exigence ne va pas de pair il est toujours invité. » programmes leur apportent quelque chose, une exemplarité morale ou une avec une grande audience. Au contraire, on peut fonder un public populaire quand on le respecte, témoignage valorisation symbolique, à travers les fi- 19|01|17 lille c’est-à-dire, quand on lui propose des choses difficiles. Dévaluer les œuvres, prendre des œuvres gures et les valeurs qui y sont présen- lionel 19|01|17 lille qui nous semblent moins fortes, moins passionnantes, moins exigeantes, sous prétexte de Fabienne Barollier tées et les divers dispositifs permettant diffuser la culture, ça, c’est vraiment le mauvais chemin, et celui-ci est toujours une impasse. J’ai « Je ne veux pas tirer à boulets directrice adjointe des magazines France 5, la transmission de savoirs et de connais- rouges sur C dans l’air, mais, en charge du pôle Société et Décryptage sances. Ce que demande le public, c’est cette naïveté de croire au public, mais il se trouve que j’ai, chaque année, 250 000 personnes qui franchement, ils sont tellement “experts” que, souvent, je me « Concernant C dans l’air, le départ d’Yves Calvi a été un que France Télévisions persiste dans voient des choses très difficiles et qui ont quelquefois plus d’exigence que moi-même. Donc oui, je demande pourquoi ils ne se véritable traumatisme. On ne l’avait pas anticipé, et ça a été cette voie et ne recule pas par rapport à vraiment très dur. On s’est même demandé si on allait pouvoir crois au public, c’est ce qui me fonde. Je crois à la démocratisation culturelle parce que je crois à présentent pas pour gouverner cette exigence commune qui fait que la la France ! » continuer après lui. Et puis, finalement, nous avons repris l’intelligence du public. » l’émission. Caroline Roux est devenue la tête de pont, puis Bruce télévision contribue à nous grandir. Toussaint est arrivé pour faire le vendredi et le samedi. On a fait venir de nouveaux producteurs, journalistes et rédacteurs en chef. Et donc, avec une toute nouvelle équipe, avec des gens plus jeunes, des quarantenaires, on a repensé l’émission. Elle s’est renouvelée complètement. Je suis d’accord avec vous : il y a des têtes récurrentes mais il y en a d’autres. Le principe, c’est d’avoir le meilleur spécialiste au moment où on en a besoin. Vous pouvez être certain d’avoir les meilleurs. »

90 91 Genre réputé « sérieux », le documentaire concentre l’exigence déjà expri- mée par le public concernant la télévision de service public : l’excellence. En effet, il est attaché à la qualité de ces programmes, notamment parce qu’ils sont aujourd’hui légitimes au-delà des frontières de la télévision. 4. LA RICHESSE DOCUMENTAIRE Si la dimension de découverte, à la fois géographique, cultu- des fonctions sociales associées au documentaire fait l’ob- relle ou historique, permise par le documentaire est toujours jet de l’attention du public qui demande à ce que l’excellence très présente dans le discours du public, les téléspectatrices des productions et la passion qui anime les professionnels et téléspectateurs entendent aussi intervenir sur la nouvelle soient mises au service de la connaissance et de l’ouverture dimension du genre. Des formats plus longs, une diffusion à sur le monde. La mise en place de modules associant les des heures de plus grande écoute, une présence et une re- documentaires à des débats est particulièrement plébisci- connaissance du documentaire dans le cinéma ont partici- tée dans la mesure où elle permet de valoriser la fonction ci- pé à la revalorisation récente du genre. Enfin, la particularité toyenne du genre : susciter et rendre possible la discussion.

92 93 4.1 LA DÉCOUVERTE DU GENRE

Apprendre témoignage témoignage Découvrir le monde, et comprendre 02|12|16 issy-les-moulineaux 02|12|16 issy-les-moulineaux mais aussi son environnement proche sabine sabine « Je regarde avec mes LE DOCUMENTAIRE Le public recherche des connaissances Le public jeune est tout à fait concerné « J’aime tous les genres de Les sujets abordés et la temporalité per- Comme l’explique une téléspectatrice documentaires. Ce que j’apprécie, enfants les documentaires TIENT UNE PLACE mais aussi des clés et des grilles de lec- par la question de l’apprentissage, mais mise par le documentaire sont propices venue à la rencontre des professionnels c’est apprendre quelque chose, sur les animaux, mais le PARTICULIÈRE DANS ture du monde. Le documentaire, parce il n’est pas le seul, loin de là. Pour les ce qui se passe dans la société, à la découverte – culturelle, linguistique de France Télévisions à Nouméa, il ne mercredi après-midi, il L’IMAGE QUE LES qu’il prend une forme plus longue et plus parents, cette tâche d’éducation est im- des choses nouvelles. Par ou culinaire – des autres. Mais au-delà de faut pas verser dans un excès de docu- pourrait y avoir d’autres TÉLÉSPECTATEURS approfondie, est au cœur de cette di- portante, et ils partagent souvent avec exemple, dans le documentaire cette dimension exploratoire, il existe par mentaires « cartes postales ». sur l’endométriose, vous avez thèmes abordés. plein ONT DE LA TÉLÉVISION mension pédagogique de la télévision. leurs enfants le goût pour le documen- ailleurs une dimension du documentaire donné plein de clés et cela a de sujets intéressent les PUBLIQUE COMME Comme l’explique Mayla, présente à la taire. Ainsi, Dominique évoque un docu- permis à des gens de pouvoir plus concrète, qui aide le public à coha- Enfin, le documentaire offre des es- enfants. » MOYEN D’APPRENDRE table ronde à Issy-les-Moulineaux, le 2 mentaire portant sur l’histoire du fémi- avancer. Comme dans un biter, comme l’a décrit un téléspectateur paces de confrontation au monde et ET DE COMPRENDRE. décembre 2016 : « J’attends que France nisme : « C’est un programme qui était documentaire qui portait sur présent à la table ronde d’Issy-les-Mou- aux différentes cultures pour celles et la douleur et qui était très PAR SA FONCTION Télévisions me cultive. Je pense que très complet. Selon moi, il aurait pu être complet. » 22|02|17 nouméa lineaux : « Le documentaire, par son ou- ceux qui, pour diverses raisons, n’ont PÉDAGOGIQUE ET c’est le rôle du service public. » passé en classe. » Larry Kauma Martin verture sur le monde, rend possible le pas la possibilité de se déplacer, comme L’OUVERTURE SUR LE témoignage sociologue vivre-ensemble. L’importance d’une le souligne un téléspectateur calédo- 02|12|16 issy-les-moulineaux MONDE QU’IL REND « En général, la question se pose sur le temps dédié par les jeunes à la diffusion en direct, c’est de savoir que nien : « Les documentaires sont intéres- POSSIBLE, LE GENRE fatiha télévision, qui dépasse celui de l’éducation des parents. les messages d’autres regardent aussi, que l’on forme sants pour nous parce que beaucoup DOCUMENTAIRE EST « Je pense que France qui circulent à l’intérieur des écrans viennent et s’incrustent une communauté à un moment donné, de Calédoniens n’ont pas la chance de Télévisions a aussi un rôle dans les esprits et dans les viscères des téléspectateurs. À une rassemblée autour d’un programme. » pouvoir sortir du pays. Le fait de voir LIÉ À CETTE DIMENSION certaine époque, on croyait que les personnalités dessinaient les COLLECTIVE DE LA d’instruction et d’éducation Sans toutefois verser dans l’illusion d’un des similarités, notamment avec nos auprès des enfants. En plus des documentaires. Maintenant, ce sont les documentaires qui dessinent TÉLÉVISION. reportages, je pense que France les personnalités et l’ambiance au niveau de la société, surtout consensus généralisé, le documentaire frères mélanésiens, ça permet de nous Télévisions doit proposer des en Nouvelle-Calédonie. Chez nous, c’est même une nécessité, ce qui fournit assez de savoirs et de sujets ouvrir sur le monde, on n’est pas tout programmes de divertissements explique peut-être le fort audimat le mardi. Pour les documentaires, de réflexion pour susciter et permettre seuls. » il y a une typologie : il y a celui qui choque, qui vient frapper les et d’apprentissage pour les un débat ou une discussion entre les enfants. » viscères, qui interpelle et qui, bien souvent, est relié à une quelconque injustice ou à une quelconque arnaque et qui dit : “Regardez ce que téléspectateurs. vous mangez, regardez, c’est dangereux”. et il y a celui qui étonne avec la dimension humaine. C’est pour cela que “Terre inconnue” est si important parce que l’on s’étonne et on s’émerveille du monde. les jeunes Calédoniens ne sont pas dupes. Ils ont un esprit critique et ils accueillent les documentaires. »

94 95 4.1 LA DÉCOUVERTE DU GENRE

témoignage témoignage témoignage 02|12|16 issy-les-moulineaux 22|02|17 nouméa 22|02|17 nouméa dominique téléspectatrice françoise ALEXANDRE MARIONNEAU « Ma télévision, c’est ma « Si le documentaire a une place « J’aime beaucoup les CONSEILLER DE PROGRAMMES AUX DOCUMENTAIRES FRANCE 2 fenêtre sur le monde. dans l’éducation, pourquoi n’y documentaires et je me suis ET RESPONSABLE DU DÉVELOPPEMENT NUMÉRIQUE ANTENNE J’y trouve des découvertes, a-t-il pas plus de documentaires rendu compte que je pouvais ET PROGRAMMES FRANCE 2 de la connaissance et, parfois, à l’approche d’échéances être intéressée par beaucoup de de bonnes surprises. » importantes comme, par exemple, sujets. Par exemple, j’ai été très 22 |02 |17 NOUMÉA le rÉfÉrendum ? Pourquoi est-ce intéressée par un film sur les que l’on n’est pas plus éduqués bombes alors que je ne m’y serais témoignage Quand on parle de documentaire, il faut parfois faire attention à ne pas 02|12|16 issy-les-moulineaux aux grands enjeux politiques pas attardée naturellement. À confondre avec le reportage. de la Nouvelle-Calédonie ? partir du moment où le sujet est pierre À la place des documentaires bien amené, bien raconté, je me un peu “cartes postales” sur Le documentaire est un objet de temps long, on met beaucoup de temps « Je n’ai pas de sujet de rends compte que je peux tout la Polynésie, Tahiti ou Wallis- réponse prédilection. Pour moi, le aimer dans le documentaire. » à le fabriquer. Le reportage, on imagine plutôt ça dans l’actualité. La et-Futuna qui sont un peu des 22|02|17 nouméa documentaire permet d’éveiller témoignage clichés, qui s’intéressent différence est déjà dans le temps de fabrication. Mais la différence est aussi la curiosité sur des sujets que 13|03|17 la rochelle Patrick finalement assez peu à tous l’on ne connaît pas forcément dans le point de vue : groupe de denis l’aspect social dans ces îles Durand-Gaillard et de donner envie de creuser le documentaire assume un point de vue subjectif, ou territoires d’Outre-mer ? » rédacteur en chef des sujets que l’on ne connaît documentaire Nouvelle- tandis que le reportage est quelque chose de très objectif, c’est le sujet du pas bien. Ne pas s’arrêter « Il faut imaginer des films Calédonie 1ère sur un point de vue dans un journal télévisé. À France Télévisions, en dehors des 1ères, il y a un volume documentaires qui proposent documentaire, c’est une porte « On évite de faire de la carte d’heures assez massif pour le documentaire, notamment sur France 5, d’entrée. À nous de creuser. » un dépaysement au coin de la rue. postale. Notre ambition, c’est dont la moitié de la grille est constituée de documentaires, soit de faire des documentaires témoignage Il n’est pas nécessaire d’avoir qui sont les points de vue 3 200 heures en inédit ou en rediffusion. Chacune des chaînes 02|12|16 issy-les-moulineaux d’auteurs de l’Outre-mer. a sa spécificité, son identité, sa ligne éditoriale. farida un éloignement géographique pour voir Et c’est le contraire de la carte postale. » « Le rôle du documentaire, des histoires passionnantes ! » c’est d’ouvrir une fenêtre et de creuser un sillon. À nous ensuite d’y aller. On nous emmène sur un lieu, on nous invite à aller à la rencontre de gens, puis c’est à nous de poursuivre. »

96 97 4.2 NOUVELLE VALORISATION DOCUMENTAIRE DE FRANCE TÉLÉVISIONS

témoignage témoignage Nouveaux formats témoignage Ces nouvelles formes documentaires et nouvelle visibilité 02|12|16 issy-les-moulineaux 02|12|16 issy-les-moulineaux 13|03|17 La Rochelle farida téléspectateur cécile font débat, entre professionnels mais aussi entre les téléspectateurs qui, LES TÉLÉSPECTATEURS « Le documentaire “La « Je ne veux pas de « Ce que j’aimerais voir un peu pour un certain nombre, apprécient ACCORDENT UNE PLUS Marseillaise”, qui retrace l’incarnation dans le plus, ce sont des documentaires pendant une heure les combats des cases de grande visibilité, même si GRANDE ATTENTION documentaire, c’est de création parce que ce qui et les débats permanents qui est aujourd’hui proposé par la elles doivent s’accompagner de formes À LA QUALITÉ DE ont ponctué l’histoire de “La rédhibitoire. On met en télévision se rapproche trop d’écriture moins habituelles comme la RÉALISATION DES Marseillaise”, est très bon scène les journalistes de l’écriture de reportage. Je mise en récit ou le docu-fiction. DOCUMENTAIRES ET sur le fond, mais la forme à toutes les sauces, vois parfois dans des festivals m’a agacée ! Le réalisateur SONT SENSIBLES AUX et ça m’agace. des œuvres documentaires se mettait beaucoup trop en formidables et je me dis “si QUALITÉ FORMELLES Le journaliste est là pour vedette en marchant dans la seulement elles pouvaient être 22|02|17 nouméa DE CES ŒUVRES, rue, en intervenant durant amener l’information, diffusées à la télévision !” Les NOTAMMENT AU SON, les interviews. Par ailleurs, pas passer du temps à se documentaires de création nuné Luépak Certains se disent cependant gênés par le documentaire a gagné ses À LA MUSIQUE mettre en scène. » ont une autre écriture, producteur de documentaires, la dramaturgie, le côté « mise en scène » lettres de noblesse grâce au plus exigeante, parce qu’ils notamment sur Nouvelle-Calédonie 1ère ET AUX VOIX OFF. des documentaires qui, paradoxale- cinéma, peut-être aussi avec demandent un accompagnement PAR AILLEURS, Michael Moore. C’est un genre réponse approfondi, ils sont plus proches « C’est en terminant mes études au ment, décale la réception hors du « réel ». 02|12|16 Issy-les-Moulineaux LES DOCUMENTAIRES fabuleux. Il y a une grande du genre cinématographique. Je Conservatoire libre du cinéma à Paris, Le développement et la valorisation du qualité de documentaires. » en 2012, que j’ai pu réaliser un documentaire SONT DE PLUS EN PLUS Rachel Kahn trouve que France Télévisions documentaire doivent donc aussi se programme maintenant des avec l’aide de Walles Kotra, à l’époque SOUVENT ACCOMPAGNÉS productrice structurer en fonction de l’évolution des (Et la suite..! Productions) documentaires plus longs et où il était à France Ô. En arrivant ici, j’ai D’UN DÉBAT OU pratiques de réalisation et des attentes démocratise ce genre. J’espère pu travailler avec Nouvelle-Calédonie « Une des évolutions que vous allez continuer dans 1ère pour la production locale. La case D’INFORMATIONS du public. importantes du documentaire ce sens. » “Itinéraires” que présente Patrick Durand- RELATIVES À LEUR ces dernières années, Gaillard tous les mardis est vitale pour RÉALISATION, CE c’est l’accès au prime time nous, les réalisateurs calédoniens. Pour QUI PERMET D’EN et le changement de durée, le moment, certains arrivent à vivre de ça, AUGMENTER LA PORTÉE. 52 minutes, 70 minutes, mais il faudrait faire deux ou trois films voire 110 minutes ! Pour nous, par an. Moi, je n’en ai réalisé que deux depuis producteurs, construire 2012. Un documentaire demande beaucoup de des documentaires est alors temps à se monter, de l’idée à la préparation, très différent. de l’écriture jusqu’à la finalisation en Ce n’est pas la même postproduction. Et le temps a un coût. » dramaturgie, pas le même univers concurrentiel. »

98 99 4.2 NOUVELLE VALORISATION DOCUMENTAIRE DE FRANCE TÉLÉVISIONS

Mise en débat témoignage et accompagnement du documentaire 13|03|17 la rochelle émilie ÉRIC PASQUIER La revalorisation passe non seulement MARINA CARRÈRE D’ENCAUSSE « J’aime bien pouvoir discuter à PRODUCTRICE ET PRÉSENTATRICE, FRANCE 5 propos d’un film documentaire et PRÉSIDENT DES ESCALES DOCUMENTAIRES DE LA ROCHELLE par les sujets abordés, que le public ré- 02 |12 |16 ISSY-LES-MOULINEAUX avoir accès au débat mais, parfois, 13 |03 |17 LA ROCHELLE clame plus nombreux, variés et repré- les débats discutés interviennent sentatifs du monde tel qu’il le vit, mais trop tard. Dans ces cas-là, je vais me aussi par les dispositifs qui encadrent le coucher après le documentaire et je Moi, j’ai la chance de travailler dans ces cases documentaires, que ce regarde le débat le lendemain sur Quand vous avez la chance de parler avec un réalisateur ou de l’entendre visionnage : débats, coulisses du tour- pluzz. » nage, suppléments. Les téléspectateurs soit Enquête de santé ou Le Monde en face, avec un débat qui suit le parler de son film, la perception que vous aurez de son film ne sera pas sont par ailleurs attentifs à la pluralité et à documentaire, entre 40 minutes pour Le Monde en face et 50 minutes pour du tout la même. C’est ce que j’aime beaucoup dans notre festival de la représentativité des personnalités que Enquête de santé. C’est extraordinaire parce qu’on constate que, Dana Hastier documentaires. les documentaires mettent en scène ou quelle que soit la soirée, directrice exécutive convoquent. de France 3 on a pratiquement pas de décrochage entre « Ce que fait le service public et Il faut donc réfléchir à cette idée, par exemple, en faisant des petites vidéos le documentaire et le débat, ne fait pas le secteur privé, c’est disponibles sur Internet qui viendraient compléter le film. du documentaire. Il y en a 1 200 ce qui prouve qu’effectivement, ça intéresse les gens d’aller plus loin avec sur France Télévisions, France 2, Le documentaire ainsi augmenté des invités. Avec Enquête de santé, cela permet même aux téléspectateurs France 5, France 3... Quand on est une formidable opportunité fait des documentaires sur des de pouvoir poser des questions en direct aux experts présents sur le hommes politiques, sur la France- que France Télévisions pourrait saisir. plateau et, dans Le Monde en face, il est possible de confronter des points Afrique, sur des sujets comme ça, on voit bien à quel point France de vue de documentaristes, parfois engagés. Télévisions est indépendant. C’est intéressant de voir que les débats sont au même niveau que le Les hommes politiques sont systématiquement critiqués documentaire, et parfois plus. dans les documentaires politiques par exemple. C’est vraiment la fonction critique qui s’exerce, sans s’emporter de manière subjective. C’est dire l’indépendance dans laquelle on travaille. »

100 101 4.3 UN FORMAT EXIGEANT À LA PORTÉE DU PUBLIC

Exigence documentaire du service témoignage témoignage témoignage public : montrer les productions 02|12|16 issy-les-moulineaux 13|03|17 La Rochelle 13|03|17 La Rochelle locales et les initiatives positives éric Groupe de travail Groupe de Julie d’Émilie « Certains documentaires locaux « Les meilleurs sont diffusés très tard le soir, L’EXIGENCE DU En abordant des thèmes nouveaux ou « Ce qui manque parfois, ce sont après 23 heures. Il y a presque DOCUMENTAIRE, DANS en adoptant un point de vue original, les documentaires des documentaires qui traitent un côté méprisant à ne pas de sujets avec plus de légèreté SA RÉALISATION ET SA documentaires transmettent des savoirs sont, en général, donner une place plus accessible et qui s’adressent aux citoyens à ces documentaires qui nous RÉCEPTION, EN FAIT UN et des informations fiables sur de nom- derrière les téléspectateurs. concernent directement. » GENRE PARTICULIÈREMENT breux sujets. Les téléspectateurs ap- sur France On ne s’intéresse pas assez aux RATTACHÉ À LA NOTION précient particulièrement cette diversité gens de la rue, aux citoyens, Télévisions. » aux gens qui nous ressemblent. réponse DE SERVICE PUBLIC. des thèmes et des regards, dans une Les documentaires sont Jean-Philippe Pascal LES TÉLÉSPECTATEURS démarche rigoureuse. De nombreux do- trop souvent à charge, ils directeur régional INSISTENT SUR LA cumentaires sont à la fois des objets de traitent les sujets sur un mode de Nouvelle-Calédonie 1ère RESPONSABILITÉ DE télévision, de cinéma ou d’engagement. pessimiste. Pourquoi ne pas insister sur des angles plus FRANCE TÉLÉVISIONS Le renouvellement des formes, des su- positifs pour nous faire avancer « il y a eu un choix éditorial audacieux fait par la station de DANS LA RÉALISATION DE jets et des approches a été permis par et nous inspirer ? En montrant Nouvelle-Calédonie depuis cinq ans. On s’est dit : “Installons PROGRAMMES QUI VONT AU le service public, ce qui correspond à des alternatives, on peut faire une case documentaire de manière hebdomadaire sur nos antennes, les antennes de NC 1ère .” C’est un choix extrêmement FOND DES ENJEUX. QU’IL une attente forte du public qui réclame avancer les gens vers un monde plus positif et inspirant. En plus, audacieux. J’ai eu le privilège de tourner dans plusieurs S’AGISSE D’ÉVASION, DE cependant une attention particulière cela susciterait des débats stations d’Outre-mer, aux Antilles, à la Réunion, en Polynésie. DÉCOUVERTE, MAIS AUSSI aux documentaires locaux et à ceux qui intéressants. » Le documentaire occupe généralement une case mensuelle. DE SUJETS SENSIBLES. LE permettent de présenter des initiatives Là, elle est hebdomadaire. Dans le budget de NC 1ère, c’est le budget de production le plus important. J’ai été convaincu de la DOCUMENTAIRE APPARAÎT positives. pertinence du maintien de cette case. Et aujourd’hui, c’est la DÈS LORS COMME UN meilleure audience de la semaine sur NC 1ère. C’est une case qui ESPACE PRIVILÉGIÉ POUR est regardée, qui mérite d’être pérennisée et ça veut dire qu’on METTRE À LA PORTÉE DU continue à aider les producteurs locaux en Nouvelle-Calédonie ou dans le Pacifique en général. » PUBLIC DES QUESTIONS IMPORTANTES.

102 103 4.3 UN FORMAT EXIGEANT À LA PORTÉE DU PUBLIC

Dimension critique témoignage du documentaire 13|03|17 la rochelle Bernard DIDIER ROTTEN La mission du service public en ce qui « J’attends de France Télévisions qu’il RÉALISATEUR ET PRODUCTEUR diffuse des documentaires sur des 13 |03 |17 LA ROCHELLE concerne le documentaire se trouve actualités où on n’y voit pas encore aussi dans la prise de risque, au-delà très clair. Surtout en ce moment. C’est du principe de diffusion et de produc- important d’avoir le recul du genre tion de contenus de qualité, dans une documentaire car on a besoin, sur En tant que producteurs, nous aimerions beaucoup faire des films plus certains sujets, de se faire une idée temporalité différente. Il s’agit de porter plus précise de l’actualité. » positifs, mais notre question, c’est : « Est-ce qu’ils passeront la barrière une dimension critique qui ne prend pas des chaînes de télévision ? » Par exemple, je me souviens d’un film pour acquis un sens commun associé documentaire formidable, qui avait d’ailleurs eu le Prix du public aux aux thèmes traités mais de les remettre Escales documentaires de La Rochelle. Il s’appelait Charcuterie fine. C’était en question ou permettre leur mise en débat. l’histoire d’un fils de charcutier dans un petit village. On sortait de là, on avait envie de manger de la charcuterie, tout le monde avait le sourire. Il y a des films comme ça qui sont familiaux, qui sont des portraits qui vous touchent, qui ne sont pas du tout dramatiques. Je crois qu’on peut traiter tous les sujets d’un point de vue plus positif et, témoignage 13|03|17 la rochelle pour y parvenir, c’est la créativité des auteurs qui prime. Raphaël « Il faut être plus axé sur une démarche et une dimension critique par rapport aux sujets traités. Par exemple, ne pas se limiter à un exposé de la chronologie d’un phénomène. Il faut restituer la pluralité des acteurs et des enjeux, pour permettre au public de construire une prise de position critique vis-à-vis des sujets traités. »

104 105 4.3 UN FORMAT EXIGEANT À LA PORTÉE DU PUBLIC

Derrière la notion d’exigence, on re - pour résumer trouve l’identification des téléspecta- Le public de France Télévisions est par- CAROLINE BEHAR teurs à des personnalités de la télévi - ticulièrement attaché au genre exigeant DIRECTRICE DES DOCUMENTAIRES DE FRANCE 5 sion publique qui apparaissent comme qu’est le film documentaire et au travail 02 |12 |16 ISSY-LES-MOULINEAUX les garantes de la qualité du travail do- d’accompagnement de sa production cumentaire. Une téléspectatrice inter- par le service public. venant à Issy-les-Moulineaux explique : « Ça m’arrive de regarder des docu- Afin de leur donner toute leur place, de Chaque projet qui nous est proposé fait l’objet d’un débat en interne sur mentaires un peu au hasard. Mais ce mieux les repérer dans les grilles de la pertinence de son sujet, sur le fait qu’il pourra susciter un débat public, qui joue, c’est quand je connais et que programmes et les promouvoir, les télé- qu’il fera écho à des problématiques du moment. On a tous une passion j’aime le présentateur parce que, pour spectateurs réunis à La Rochelle pro- pour le genre documentaire, l’équipe qui se charge des documentaires suivre le programme, il faut que je lui posent la création d’une plateforme nu- français comme celle qui s’occupe des productions internationales. C’est fasse confiance. » L’attachement du mérique exclusivement dédiée à l’accès public à France Télévisions s’est donc aux documentaires, ce qui permettrait un vrai qu’il y a une affirmation très forte des documentaires sur France 5 construit sur le long terme autour de sa meilleur usage de ce format et une très depuis sa création avec, depuis la rentrée, un enjeu autour des « prime » mission documentaire, ce que confirme grande variété de sujets. Le public de- et des documentaires au format long. Par ailleurs, ça ne nous pose pas une autre intervenante : « Pour les mande par ailleurs que le tournant quali- de problème de travailler sur des sujets difficiles comme le harcèlement documentaires, j’ai mes rendez-vous, en tatif vers les documentaires de création fonction de la personne qui présente. » soit poursuivi et que ces derniers traitent sexuel, les violences faites aux femmes ou les attentats du 13 novembre. de sujets plus positifs permettant de se Parce que pour nous, il y a un parti pris, une émotion, une parole, et c’est mobiliser par la suite. cela qui importe. Enfin, il est important aux yeux des té- léspectateurs de valoriser la production de documentaires locaux par la diffu- sion au niveau national à des horaires accessibles.

106 107 « France Télévisions, c’est la télévision de tous. On paie tous la redevance. Il faut qu’on se sente tous représentés dans cette télévision. » Cette interven- tion d’un téléspectateur lors de l’agora tenue à Paris est loin d’être isolée.

L’attachement fort du public à sa télévision s’accompagne aux origines géographiques et sociales, aux trajectoires mi- en effet d’une exigence très importante et d’une forte attente gratoires familiales ou encore aux pratiques religieuses, soit 5. NOTRE TÉLÉVISION : d’amélioration vis-à-vis de son rôle de représentation. La télé- reflétée à la télévision avec la même attention et bienveillance, vision publique doit être celle de tous les âges de la vie, de la en laissant la parole plus souvent à chacun. Enfin, la diversité petite enfance à la retraite. Elle ne doit pas négliger les jeunes, des publics est aussi celle des modes et des lieux de vie. C’est INCARNER UNE FRANCE PLURIELLE surtout à une période où ces derniers ont tendance à privilé- pourquoi il est nécessaire de valoriser plus justement les diffé- gier d’autres formes de consommation culturelle, notamment rents territoires qui composent la France. Cette attention doit digitales. Les téléspectatrices et téléspectateurs demandent passer par la mise en avant du patrimoine régional, de son par ailleurs une meilleure représentation du genre chez les histoire, de sa culture et de sa langue. Enfin, le public insiste journalistes et les présentateurs, mais aussi parmi les invités, pour que le dynamisme des régions françaises et d’Outre- les experts ou encore dans les fictions. De la même manière, mer soit plus systématiquement pris en compte, les richesses le public réclame que la diversité de la société française, liée et les intelligences locales méritant une visibilité nationale.

108 109 5.1 REPRÉSENTER LA FRANCE DIVERSE

Les visages des Françaises témoignage et des Français 17|01|17 strasbourg Younès « J’aimerais vous interpeller Une partie de la population française LA REVENDICATION à propos des minorités à la D’UNE TÉLÉVISION exprime le sentiment, fondé ou non, télévision. Il y a un manque de PUBLIQUE QUI SOIT de ne pas être prise en compte par la visibilité et de diversité, c’est LE REFLET DE LA télévision. Les téléspectateurs estiment le CSA qui le dit. Les classes sociales dominantes sont qu’il appartient à la télévision publique DIVERSITÉ DE LA SOCIÉTÉ surreprésentées. Quand j’allume FRANÇAISE REVIENT de faire en sorte que toutes et tous se ma télévision, effectivement, il y SYSTÉMATIQUEMENT LORS retrouvent dans les programmes, dans a un décalage. Ma crainte, c’est DES RENCONTRES AVEC une perspective de préservation de la de regarder une télévision où la société n’est pas représentée LES TÉLÉSPECTATEURS. télévision comme bien commun appar- telle qu’elle est. » témoignage SANS AGRESSIVITÉ tenant et donnant la voix à tous, sans 16|03|17 angers ET SANS JUGEMENT, distinction raciale, sociale ou religieuse. Jamel ILS RÉCLAMENT UNE TÉLÉVISION QUI LEUR « On participe tous au financement de la télévision RESSEMBLE. LES publique et à la redevance. PROFESSIONNELS DE Parmi nous, certains viennent LA TÉLÉVISION, TOUT de la campagne, des centres- COMME LES INVITÉS, villes, des quartiers populaires… Bien souvent, on a l’impression LES ACTEURS OU LES que lorsqu’on parle des ARTISTES DOIVENT MIEUX quartiers populaires, c’est REPRÉSENTER LA FRANCE, de façon faussée, négative. D’UN POINT DE VUE On ne s’y retrouve pas dans la représentation de ce que SOCIAL, GÉOGRAPHIQUE vous appelez la diversité. Dans ET PHYSIQUE. les journaux d’information nationale, on a l’impression qu’il y a une partie sur la France hexagonale, une autre sur l’Outre-mer. On pourrait très bien mixer tout ça. »

110 111 5.1 REPRÉSENTER LA FRANCE DIVERSE

Multiplicité des situations réponse 17|01|17 strasbourg et des pratiques Tiphaine de Raguenel directrice exécutive de Allant dans le même sens, une téléspectatrice présente France 4 et directrice des activités jeunesse de à Paris le 6 décembre 2016 constate que les program- France Télévisions mations font des choix qui laissent de côté, notamment en matière d’information, toute une partie de la popu- « Oui, c’est vrai, on n’est pas représentatif. Nous y lation, ainsi que ses pratiques, ses vies, ses attentes, sommes particulièrement ses réalités quotidiennes : « Excusez-moi, mais il me attentifs. C’est le rôle du semble clairement que le réel vous a échappé. C’est service public, mais ça prend souvent le sentiment que j’ai par rapport à ce que du temps. Par exemple, il faut pousser, à tous les niveaux, je vis, par rapport à ce que la plupart des Français les gens qui proposent vivent. On ne comprend pas… Il y a toute une part du les programmes. Quand on réel qui vous échappe et toute une partie des Français travaille sur des séries qui vous est invisible. » d’animation, il faut se répéter à chaque fois pour que les réponse filles représentent la moitié réponse 17|01|17 strasbourg des personnages. Ça fait 17|01|17 strasbourg Xavier Couture longtemps qu’on fonctionne Fabien Galthié directeur général délégué en charge de la stratégie avec des Blancs de catégories ancien rugbyman, consultant pour France Télévisions et des programmes de France Télévisions supérieures, et il faut offrir des places aux animateurs qui « Tu as dit que la plupart d’entre nous étions issus de classes « Pour ce qui est de la représentation, le chemin va être long. On n’en débutent. Il faut aussi donner sociales dominantes. Moi, je suis d’origine paysanne. Aujourd’hui, fait pas assez, voilà. La situation est insupportable, même si beaucoup de l’espace aux chroniques, c’est vraiment une minorité. La télévision m’a donné envie de de choses sont faites. Les minorités et leur représentation, c’est une notamment sur des chaînes faire des choses, elle m’a ouvert des horizons, elle m’a ouvert volonté collective de la part de France Télévisions. Pas seulement plus avant-gardistes comme le champ des possibles, elle m’a fait rêver. Et si aujourd’hui les minorités ethniques, mais aussi les minorités sociales, les lieux France 4. » je fais du rugby et du sport en général, c’est parce que cette d’habitat, comme certains quartiers qui n’ont jamais la parole. C’est télévision m’a donné envie d’aller voir ailleurs. Mon histoire, vrai, il faut changer les choses. C’est difficile, c’est une réalité sociale. elle pourrait être ton histoire aussi. Au départ, il n’y a pas que Il faut former de nouveaux professionnels, cela prend du temps. On des catégories valorisées à la télévision. Malheureusement, fera le nécessaire pour que cet état de fait ne perdure pas de manière quand on passe trop de temps à l’écran, on devient un dominant, éternelle sur une télévision monocolore. On va vers une télévision mais à l’origine, c’était pas le cas. » multicolore, qui représente toute la richesse sociale de la société. »

112 113 5.2 INTÉGRER LA DIVERSITÉ DE LA SOCIÉTÉ

témoignage Démocratiser 24|02|17 la réunion la visibilité médiatique Corinne « Cela fait plus de quinze CHRISTOPHE ZIRNHELT INTÉGRER LA DIVERSITÉ, Au quotidien, les téléspectateurs peuvent ans que j’habite à La Réunion. PRODUCTEUR ARTISTIQUE ET ANIMATEUR DE L’ÉMISSION 9H50 LE MATIN, C’EST AUSSI DONNER À vivre et constater la diversité des habitu- J’ai trouvé sur cette terre FRANCE 3 NOUVELLE-AQUITAINE VOIR LES DIFFÉRENTES des, des pratiques et des opportunités une richesse incroyable : 02 |02 |17 LIMOGES PRATIQUES, LES qui constituent leur pays. Cette diversité, beaucoup de diversité, de valeurs et de traditions. Ce que DIFFÉRENTS GOÛTS ET LES ils entendent la retrouver sur la télévision j’aimerais, c’est que toute cette Quand on parle d’ancrage régional, je préfère inviter dans la matinale des DIFFÉRENTES ATTENTES publique, non seulement pour s’identi- connaissance possédée par les DES TÉLÉSPECTATEURS fier, mais aussi pour découvrir la réalité anciens, les “gramounes” comme gens qui font plutôt que des gens qui organisent, celui qui a les mains POUR TENTER DE des autres habitants de leur pays. Faire on dit ici, ne soit pas perdue. Il abîmées par le travail du bois plutôt que celui qui a organisé l’exposition faut que la jeunesse, qui a accès valoir la diversité comme une richesse CONTENTER TOUT LE à Internet et Facebook, puisse où seront exposées les sculptures du premier. Mais parfois, c’est plus MONDE ET TROUVER DES est un moyen de rassembler le public, aussi s’identifier à ses racines. » témoignage facile de faire fonctionner notre réseau... Peut-être que, demain, certains ESPACES COMMUNS. IL de la Nouvelle-Calédonie aux Hauts-de- 24|02|17 la réunion S’AGIT DE PARTAGER DES France, de La Réunion à la Bretagne, Raphaëlle d’entre vous seront dans l’émission, et c’est chouette, parce que vous EXPÉRIENCES VARIÉES comme le souligne une jeune téléspec- « Il faudrait parler plus avez des choses à raconter, vous êtes experts de ce que vous savez GRÂCE À LA TÉLÉVISION tatrice présente à Lyon : « On ne regarde souvent de nous, faire. De temps en temps, la télévision a tendance à inviter des gens plus PUBLIQUE. CELA PASSE pas la télévision, car on ne se sent pas les Réunionnais, parler institutionnels, mais elle aurait intérêt à s’intéresser davantage aux gens NOTAMMENT PAR LES spécialement représentés. On voudrait en créole, y compris dans qu’on croise dans la rue. On a une mission par rapport à ça, concernant la LANGUES OU LES une réponse, notamment sur l’aspect les journaux télévisés, PRATIQUES RÉGIONALES, culturel. En tant que jeunes, on ne se et ne pas montrer religion, la couleur de peau, la diversité : COMME LE PRÉCONISENT sent pas du tout représentés, nous qui uniquement les grandes la télévision doit ressembler à la rue. LES PARTICIPANTS AUX avons des pratiques différentes. » villas de l’île, mais aussi Et si on réussit à faire ça, on n’a pas complètement raté notre métier. GROUPES DE RÉFLEXION les à-côtés qui sont notre RÉUNIS À TOULON vie quotidienne. » DEMANDANT, PAR EXEMPLE, LA DIFFUSION D’ÉVÉNEMENTS SPORTIFS LOCAUX COMME LES JOUTES SÉTOISES.

114 115 5.2 INTÉGRER LA DIVERSITÉ DE LA SOCIÉTÉ

Varier l’expertise et les points de vue pour combattre les idées reçues VÉRONIQUE MARCHAND JOURNALISTE, PRÉSENTATRICE DE L’ÉMISSION LA VOIX EST LIBRE, Valoriser la diversité des territoires, c’est Présente lors de l’agora de Marseille, FRANCE 3 HAUTS-DE-FRANCE aussi trouver les moyens et les espaces Muriel mentionne le fait que les pro- 19 |01 |17 LILLE pour mettre en avant leur richesse. Le grammes régionaux sont à la fois un public demande aussi à ce que la télé- moyen de s’identifier et de s’ouvrir, mais vision publique soit un lieu d’expres- aussi de s’intéresser. Elle regrette toute- Personnellement, j’ai essayé de faire intervenir des Par exemple, Les Économistes atterrés font sion de tous, quelles que soient leurs fois d’avoir l’impression que, « par rap- citoyens dans les programmes de France 3 Hauts- dorénavant systématiquement partie des débats du compétences et expertises, comme le port à tout ce qui se passe dans la ville, de-France, y compris politiques, parce que c’est une Grand Soir/3. De la même manière, nous essayons de demande une téléspectatrice présente le département ou la région, rien ne res- demande qui existe depuis longtemps. faire venir des experts différents, des politologues. Je à la table ronde d’Issy-les-Moulineaux, le sort, ou très peu ». vais vous donner un exemple : Lucas Belvaux va sortir 2 décembre 2016, à propos des maga- zines : « Le Magazine de la santé ? Je le Aujourd’hui encore, on essaie de le faire, mais on n’a le film Chez vous, et il a accepté mon invitation pour regarde parce que ce sont des sujets pas assez de créneaux pour réussir à organiser des venir en parler. courts. Il y a aussi un équilibre entre 19|01|17 lille rencontres entre les citoyens et des philosophes, les femmes et les hommes parmi les des sociologues ou des politologues. Si on pouvait Mais j’ai aussi invité Bernard Dolez, le politologue, experts ! » Didier Cagny directeur régional de France 3 Hauts-de-France y consacrer plus de temps en régions, on le ferait pour lui demander si on est dans un cycle historique « Je rêverais d’un C dans l’air à l’échelle de la région ! Une vraiment plus régulièrement. Mais, en général, on a nouveau ou non. On essaie d’introduire de la réflexion émission qui pourrait être la fenêtre des intelligences de la région. On a des universités ici, de l’expertise. Il y a en Belgique seulement trente minutes. avec des experts du coin, parce que les experts un fabuleux vivier d’intelligences aussi. Dans des tas de parisiens, ça suffit ! domaines, on a des labos qui nous sont enviés dans le monde entier ! Simplement, aujourd’hui, c’est à l’échelle du rêve, mais Nous essayons de montrer, à notre peut-être qu’on arrivera à inventer quelque chose qui soit une niveau, qu’il n’y a pas qu’une seule fenêtre sur l’intelligence. On est bons sur la valorisation du patrimoine et du territoire. Mais je crois qu’on a encore un peu couleur parmi les experts. de mal sur ce principe d’être la vitrine des expertises et des intelligences de notre région. »

116 117 5.3 RENFORCER LA « TÉLÉVISION LOCALE DE PROXIMITÉ »

Décentraliser témoignage les programmes 01|03|17 marseille téléspectateur LA DIVERSITÉ DU Très attachés à la télévision régionale, et ment sur soi, c’est une manière de vivre « Est-ce qu’on pourrait aller ALEX JAFFRAY dans les quartiers nord de COMPOSITEUR, PRODUCTEUR ET CHRONIQUEUR PUBLIC, C’EST DONC notamment aux « décrochages » quoti- ensemble une télévision locale au plus Marseille pour raconter autre 21 |03 |17 LYON AUSSI LA DIVERSITÉ diens, les téléspectateurs n’hésitent pas proche des réalités quotidiennes. chose que les faits divers ? Parce DES TERRITOIRES. LES à demander un approfondissement en qu’il y a des gens qui se sentent TÉLÉSPECTATEURS matière de télévision de proximité. Les téléspectateurs demandent de un peu rejetés quand on ne parle que des problèmes. Allez sur le Mon vrai métier est d’écrire de la musique pour le cinéma et la INSISTENT SUR LA ne pas réserver les tranches locales terrain pour voir les ateliers, NÉCESSITÉ DE PRENDRE Que ce soit dans le cadre de débats sur à des horaires trop restreints en diffu- les centres sociaux… Est-ce télévision. J’ai eu la chance de faire beaucoup de séries et de EN CONSIDÉRATION des enjeux contemporains ou à propos sant notamment des soirées régionales que vous allez miser aussi sur fictions comme Meurtres à... ou de travailler sur L’Hôtel de la plage des chercheurs de talent ? LA SPÉCIFICITÉ DES de rencontres sportives et d’initiatives en prime time. Ce serait l’occasion de réponse ou Origines, qui a été tourné à Angoulême. À chaque fois, j’étais Est-ce que vous allez chercher 16|02|17 dijon TERRITOIRES, MAIS AUSSI associatives, le public demande une donner leur chance aux équipes de dans les quartiers, dans les sidéré parce que, étant très mauvais en géographie et en régions, LEUR DIVERSITÉ ET LEUR place plus grande à l’actualité et la vie France 3 de faire valoir la richesse des campagnes ? » Patrice Schumacher directeur de France 3 Bourgogne-Franche-Comté INTELLIGENCE. IL NE FAUT locale. Loin de constituer un enferme- territoires de France. sans flagornerie ni mensonge, j’étais toujours scié par la qualité des « Quand est-ce qu’on aura la Bourgogne-Franche-Comté en PAS SE LIMITER À UNE témoignage scénarios qui utilisaient la région. 16|02|17 dijon prime time » ? Eh bien, c’est justement un objectif de Delphine VISION CENTRALISÉE, MAIS Ernotte, la présidente de France Télévisions, qui nous a La région était devenue un personnage, RENDRE COMPTE DE LA françois demandé de réfléchir sur le sujet, de proposer des programmes et c’était absolument épatant. DIVERSITÉ CULTURELLE « Pourquoi n’avez-vous pas, susceptibles de passer en prime time. Mais alors, vous savez, DU PAYS ET NE PAS une fois par semaine, une soirée c’est compliqué, le prime time… Parce que c’est extrêmement concurrentiel. Vous ne pouvez pas proposer un programme un RÉDUIRE LES VILLES, en prime time consacrée aux régions, une soirée durant peu tiède… Il faut du spectacle, il faut de la variété, il faut des LES VILLAGES ET LES laquelle on peut approfondir grands sujets d’actualité régionale… QUARTIERS À CERTAINS les sujets, en faisant confiance D’ailleurs, nos collègues de France 3 Nice ont monté un ÉVÉNEMENTS OU SOUCIS aux téléspectateurs, car prime time à l’occasion de l’anniversaire des inondations. Il a extrêmement bien marché. On était très contents des résultats CIRCONSTANCIÉS. ils seront au rendez-vous ? Ça permettra aussi à vos d’audiences. Ça nous encourage à faire de nouveaux prime times. journalistes de donner le meilleur d’eux-mêmes, d’aller Mais pour le moment, on envisage plutôt des émissions au fond des choses. » ponctuelles. Et si ces programmes fonctionnent bien, je ne doute pas que Delphine Ernotte nous proposera de prendre l’antenne plus souvent. »

118 119 5.3 RENFORCER LA « TÉLÉVISION LOCALE DE PROXIMITÉ »

témoignage La juste place témoignage témoignage 19|01|17 lille des régions de France 17|01|17 strasbourg 24|02|17 la réunion assen éric christine « De manière globale, on reçoit les programmes « Comment procéder pour « Je suis une habitante du quartier du Chaudron, à faire exister une information Saint-Denis de La Réunion. Ce serait bien que vous au niveau local, national ou par le filtre parisien. Nous, on est en région, international ? Il faut que la ne veniez pas faire des émissions dans le quartier au fin fond de la vallée de la Somme. C’est pas du télévision locale puisse parler seulement quand il y a un problème. On ne voit des de nos initiatives locales et les programmes que lors des révoltes dans les quartiers tout la même réception. » accompagner. » populaires ou lors de la crise des requins. Il y a des sportifs et des travailleurs dont on pourrait parler. Il faut penser aux jeunes de nos quartiers en allant au cœur du problème. » témoignage 29|03|17 toulouse esther 19|01|17 lille Véronique Marchand « Qu’en est-il de la fonction de journaliste à France 3 France 3 Régions, qui était à l’époque de parler des régions ? « Sur les primaires, par exemple, Il faut entendre davantage on a fait venir des jeunes de 18, parler de langues régionales, Donner leur juste place aux régions, 20, ou 25 ans pour nous parler de la primaire socialiste et de la non seulement au niveau de 17|01|17 strasbourg c’est aussi en parler en abordant tous l’information mais aussi de la manière dont ils la vivaient, en Marie-Thérèse Montalto leurs aspects et pas seulement leurs tant que citoyens ou militants. fiction, du divertissement, de la directrice régionale de France 3 Grand-Est culture. On n’entend finalement difficultés ou leurs façades touristiques. Et je peux vous dire que le plus pas beaucoup parler des choses « Je voudrais insister sur le rôle particulièrement important La télévision publique doit se donner les efficace, c’était celui de 18 ans ! qui se passent ici. » de la télévision locale de proximité. Nous avons des D’abord il était à croquer et, en moyen d’approfondir le traitement des plus, avec sa manière de parler, programmes qui permettent de mettre en valeur les initiatives régions afin d’en restituer toutes les locales de proximité, comme le rendez-vous 9h50 Le Matin, son côté sympa, il donnait mais aussi beaucoup d’autres. Je vous invite toutes et tous dimensions et toute la dynamique. presque envie d’aller voter à la à nous faire connaître vos initiatives et à venir en parler à primaire ! Donc, je demande au la télévision. C’est, selon moi, le rôle de la télévision régionale national de nous donner un petit de proximité. » peu plus de créneaux et de faire attention au niveau local. »

120 121 5.3 RENFORCER LA « TÉLÉVISION LOCALE DE PROXIMITÉ »

pour résumer Le public de France Télévisions n’attend Enfin, représenter la France, c’est aus- pas de ses programmes qu’ils lui tendent si mettre en avant ses territoires et ses mécaniquement un miroir. En revanche, régions, ainsi que leurs richesses, leurs il exige une attention plus grande sur la cultures, leurs langues et leurs particu- réalité de sa vie et de son quotidien. Cela larités. Le public est attaché à la préser- passe par une représentation plus juste vation de cette richesse par la diversité de la population, dans sa diversité et sa et appelle à une place plus grande de sa complexité, sans tabous et, surtout, sans réalité locale dans la télévision nationale. lieux communs. C’est le rôle de la télévision publique, selon les téléspectateurs, de travailler à la remise en cause et la déconstruction 01|03|17 marseille 01|03|17 marseille des idées associées à certaines popu- Claire Borotra Delphine Ernotte Cunci lations, certains quartiers ou certains comédienne et productrice présidente-directrice générale de France Télévisions espaces du territoire de métropole et « Le véritable enjeu, c’est « Lors de l’agora des élus locaux, un maire de Seine-Saint-Denis d’Outre-mer. que ces quartiers doivent disait : “Écoutez, on a besoin de choses positives, que vous se sentir considérés. Le fait montriez ce qui bouge positivement.” C’est vrai dans le 93, et aussi dans d’autres endroits de France. Et donc, je pense qu’il y a En ce sens, il s’agit non seulement de de se sentir identifiés et représentés à la télévision, quand même, de notre part, une attention à avoir sur ces sujets- prendre en compte et de donner à voir c’est très important. Sinon, là, parce que c’est un retour qui nous a été fait à plusieurs la diversité des profils, des origines les jeunes ne se sentent pas reprises. Il y a un peu un sentiment de stigmatisation. On affecte sociales et géographiques, des posi- investis et ont tendance à un endroit telle ou telle fonction, et donc, il faut qu’on soit plus vigilants et que, par ailleurs, même sans être le journal des tions et des pratiques, mais aussi d’aller à dire que la télévision est manipulée, qu’elle ne bonnes nouvelles, parce que ça ne serait pas juste, on montre à l’encontre des cloisonnements et des raconte pas la vérité. » aussi des choses qui marchent, des initiatives positives, qu’on catégorisations qui nuisent à certains, donne aussi un peu d’espoir sur ce qui va bien. » ceux qui, justement, ont le moins sou- vent la possibilité de prendre la parole pour parler des actions et des pratiques positives.

122 123 Le sport est un domaine à propos duquel nous avons une grande exi- gence. Une fois encore, il ne s’agit pas pour le service public de repro- duire des formes de traitement disponibles ailleurs – et qui sont souvent 6. RACONTER LE SPORT POUR TOUS qualifiées de « sensationnalistes » –, mais bien de faire valoir sa spécificité. C’est d’abord la gratuité, et la possibilité ainsi donnée à toutes pas le traitement télévisuel du sport sans une attention par- et tous d’accéder aux rendez-vous majeurs du sport national ticulière aux valeurs et à l’exemplarité que cette pratique vé- et international, qui est plébiscitée par le public, mais aussi le hicule et qu’ils et elles veulent voir plus présente encore sur rôle de représentativité des différents sportives et sportifs et leurs écrans. Enfin, le public des programmes sportifs sug- des différentes formes de compétition qui est souligné. Par gère de nouvelles modalités d’accès par le biais du digital, qui ailleurs, les téléspectatrices et téléspectateurs ne conçoivent permet de voir plus de sport et de manière différente.

122 123 6.1 LE SPORT ET LE SERVICE PUBLIC : GRATUITÉ, QUALITÉ ET EXPERTISE

Diffusion sportive gratuite, témoignage Qualité de la réalisation, faire valoir l’accès à des compétitions 17|01|17 strasbourg de la couverture des événements importantes au plus grand nombre question facebook live « Un sujet revient souvent, La sobriété et la qualité des retrans- Mais le public a aussi des suggestions c’est la question du sport TROIS ÉLÉMENTS Entre l’apparition de nouvelles chaînes Au-delà des rendez-vous les plus mar- missions des événements sportifs par à faire et des critiques à émettre sur la CONSTITUENT LA LIGNE et des droits sportifs spécialisées et la multiplication des ca- quants comme les Jeux olympiques et de retransmission. Les France Télévisions sont plébiscitées par manière dont le sport est mis en scène DIRECTRICE D’UN naux de diffusion à péage, les enjeux liés paralympiques, ou le Tour de France téléspectateurs se demandent son public. L’attention aux images, à la et présenté. Il s’agit notamment d’insis- SERVICE PUBLIC DE à l’acquisition des droits des événements cycliste chaque été, le public reste très ce que le service public peut ou réalisation, aux formats des émissions, ter sur la mise en avant de l’aspect hu- DIFFUSION SPORTIVE : non mettre à la portée de son sportifs se sont accrus ces dernières attaché au service, fourni par France public ? » ainsi que la qualité des explications ac- main des compétitions, les témoignages LA GRATUITÉ, LA années. Face à ces changements, les Télévisions, de retransmission gratuit compagnant les commentaires sportifs des participants notamment. QUALITÉ ET L’EXPERTISE. téléspectateurs de France Télévisions d’un large éventail de sports. Enfin, les sont des éléments important de l’offre CES NOTIONS ONT apprécient la cohérence et la continuité téléspectateurs s’inquiètent de la pos- témoignage 17|01|17 strasbourg sportive. RÉGULIÈREMENT ÉTÉ 17|01|17 strasbourg proposées par le service public. sibilité pour le service public de rendre Xavier Couture ABORDÉES LORS accessibles tous les sports à tous les hubert directeur général délégué en charge de la stratégie et des programmes de France Télévisions DES RENCONTRES publics, alors que les droits de retrans- « Une grande compétition internationale est organisée TÉLÉSPECTATEURS, SOIT mission atteignent des sommets. « Les droits télévisuels en matière de sport sont soumis à une POUR EN SOULIGNER en ce mois de janvier en France : inflation, ce qui ne donne pas les moyens à France Télévisions les Championnats du monde de d’accéder à l’ensemble des compétitions. Sur le handball, nous L’IMPORTANCE, SOIT handball masculin. POUR EN RÉCLAMER n’avons pas pu avoir les droits. J’aurais préféré les avoir, mais il Qui plus est, dans une discipline a fallu faire des choix. Nous avons tout de même une tradition de L’EXTENSION. où les équipes nationales sports qui sont pour nous historiques, comme le Tour de France, françaises ont d’excellents ou des sports qui ont des valeurs qui se rapprochent des nôtres. résultats. Or, les premières De ce point de vue, le rugby est central : c’est un sport de phases ne sont jamais reprises, partage qui valorise l’esprit de groupe et que nous valorisons. » ce n’est que si la France accède aux demi-finales ou à la finale que nous pourrons voir les matches... c’est quand même dommage ! »

124 125 6.1 LE SPORT ET LE SERVICE PUBLIC : GRATUITÉ, QUALITÉ ET EXPERTISE

témoignage témoignage Entre expertise 14|01|17 toulon 19|01|17 lille de l’analyse et récit Thibault marie « Personnellement, je n’aime Face à la multiplication des offres spor- Traiter du sport appelle aussi la produc- « Il faut trouver des temps et pas le vélo, mais je regarde des formats nouveaux pour le Paris-Roubaix parce que tives à la télévision, le service public a tion de sujets annexes, qui montrent les rendre compte des compétitions j’aime regarder les images un rôle particulier à jouer. Il importe de coulisses et les à-côtés, mais ne doivent et ne pas surcharger les d’hélicoptère de la région. trouver un équilibre entre le sérieux de surtout pas tomber dans l’excès d’anec- émissions et les programmes Ce qui est dommage, c’est qu’on l’analyse et le plaisir de l’événement qui dotes, comme le soulignent les télé - de la seule dimension liée à occulte complètement Lille. l’émotion, mais entendre la Il Faut faire passer les vélos doit laisser la place à la passion des spectateurs présents aux Rencontres demande d’explication des dans le Vieux-Lille parce que les commentateurs, des invités et, en re- de Toulon. téléspectateurs. » images sont tellement belles, témoignage tour, du public. En effet, si le sport reste tellement bien faites, que ce 14|01|17 toulon un sujet qui mérite sérieux et respect Par ailleurs, dans leurs échanges, re- serait sans doute un très beau moment. » Groupe de réflexion dans son traitement, des attentes s’ex- vient toujours une attente de pédagogie Pascal Golomer animé par priment pour un ton décalé, à même lors des retransmissions : les règles du directeur-adjoint notamment de toucher les jeunes. Le jeu, les arbitrages... Comment cela fonc- de la rédaction des sports Clémentine Sarlat de France Télévisions (journaliste sportive) commentaire est nécessaire s’il va de tionne-t-il ? Le digital pourrait y contribuer. « On fait de gros efforts pour « Durant les retransmissions pair avec l’image, sinon, « c’est de la ra- décrypter le sport, expliquer sportives, il faudrait plus de dio ». La force de France Télévisions, comment ça fonctionne : directs, plus d’interviews et c’est donc d’abord des images de qua- le sport et l’éducation, le d’invités, mais aussi plus de lité et une capacité à les accompagner sport et la santé. Mais on ne moments consacrés à raconter se voile pas la face non plus, les expériences quotidiennes d’un discours juste et original. il faut aussi savoir parler des des sportives et sportifs. Ce sujets qui dérangent, comme serait aussi l’occasion de tenter le dopage ou l’importance de créer des émissions plus de l’argent dans certains attrayantes : innover davantage sports. » dans les concepts et le ton employé. »

126 127 la parole aux animateurs

ALI BADDOU CÉLIA CLÉRY SITI DAROUSSI YOUMNA JOURNALISTE, FRANCE 3 JOURNALISTE, FRANCE Ô JOURNALISTE ET PRÉSENTATRICE, MAYOTTE 1ÈRE ANIMATRICE RADIO ET PRÉSENTATRICE TÉLÉ, MAYOTTE 1ÈRE

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Il suffit d’allumer sa télé, de zapper et de s’arrêter sur les chaînes du ser- Je note la force de frappe et la capacité de France Télévisions à réagir En tant que téléspectatrice, je constate depuis quelques années une nette Je trouve que le groupe France Télévisions s’est modernisé. Plus jeune, je vice public pour voir la différence, elle saute aux yeux. La différence, c’est aux événements d’actualité, ainsi que sa présence sur le terrain, à la évolution dans la programmation, notamment des séries. On donne da- ne regardais pas souvent les chaînes du groupe. Bien qu’il reste encore à d’offrir une information rigoureuse, d’une qualité exceptionnelle, ouverte rencontre des téléspectateurs, sur de grandes opérations sportives, vantage la place aux productions françaises même si les storytellings faire, je pense que c’est de mieux en mieux. Les programmes sont plus sur le monde et sur une société qui bouge. Le meilleur antidote aux fake festives… ressemblent parfois aux séries US. En tant que salariée (non perma- sympas et plus actuels, les chaînes de la télévision publique n’ont plus rien news, à la mise en spectacle de l’info et au nombrilisme. La différence, Un bémol en même temps qu’un regret tout de même : que ces « capaci- nente), je trouve qu’il y a des évolutions. Dans le réseau Outre-mer, il y a à envier aux grandes chaînes privées leaders dans le divertissement. c’est de vouloir fédérer, rassembler, quand tant d’autres chaînes font tés » ne soient pas plus souvent mises au service des publics d’Outre- eu quelques changements, notamment sur les lignes éditoriales, mais on commerce de la peur et de la division. La différence, c’est aussi l’attention mer, tant télé que radio. peut toujours mieux faire. Qu’attendez-vous de la télévision publique ? à la culture sous toutes ses formes. Et je parle d’expérience. Drôle d’en- Nous peinons à faire le lien avec nos publics, qu’il s’agisse d’actualité, J’attends que France Télévisions soit plus proche des personnes qui la droit pour une rencontre n’est possible que sur le service public. comme la crise actuelle en Guyane que France Télévisions a tardé à cou- Qu’attendez-vous de la télévision publique ? regardent. Elle doit offrir la possibilité à tous, quelles que soient leur ori- vrir, ou des grands événements cités plus haut, auxquels les Outre-mer La télévision publique doit, à mon sens, informer, analyser, interroger et gine ou leur religion, de s’identifier à travers les différents produits qu’elle Qu’attendez-vous de la télévision publique ? sont difficilement associés. divertir. Je trouve que les émissions d’information proposées (politique, propose. Avec l’actualité de ces derniers jours, je souhaiterais qu’elle re- En quelques mots : qu’elle reste la plus grande maison de la culture en culturelle ou de consommation générale) manquent de diversité dans les flète l’image de la jeunesse, tout en sauvegardant le patrimoine historique France, qu’elle soit toujours attentive aux artistes, qu’elle soit ce lieu ac- Qu’attendez-vous de la télévision publique ? présentateurs et les animateurs. Pour moi, la télévision publique doit être et culturel de chacun cueillant où les écrivains, les peintres, les plasticiens, les cinéastes, les Ma réponse découle de la précédente : qu’elle soit davantage le reflet des à l’image de la société française. Or, à mon grand regret, cette « diversité » intellectuels se sentent chez eux. Ce lieu qui donnera l’envie au téléspec- intérêts des Ultramarins, sur place ou dans l’Hexagone, de leurs préoc- ne se voit que sur les 1ères. France 2 et même France 3 ne s’intéressent tateur de lire un livre, d’aller voir une expo, d’écouter un album ou de cou- cupations, de leurs réussites aussi, bref, de leur vie. aux Domiens que lorsque la situation est explosive. On ne va pas mettre rir au cinéma voir un film. en avant les atouts de ces DOM, dont l’image est souvent celle de « bou- C’est parce que j’aime la culture que j’aime cette télévision. lets ». Ce qui a tendance, selon moi, à nourrir cette « réserve négative » que les Français de métropole peuvent avoir sur nous.

128 129 6.2 LE SPORT COMME RÉCIT COLLECTIF

témoignage Sport au féminin : témoignage Donner à voir tous les sportifs 06|12|16 paris 06|12|16 paris vers une offre plus importante 14|01|17 toulon LE SPORT EST L’UN DES virginie Caroline Got Groupe de réflexion Les téléspectateurs demandent une re- directrice exécutive La prédominance du sport masculin ESPACES TÉLÉVISUELS animé par présentation juste de la diversité sociale « Je voudrais parler des Jeux de France 2 est toujours forte, malgré certains ef- paralympiques. J’ai regardé avec AU SEIN DESQUELS LE « C’est une bonne question. Jacques Bertolotti et ethnique de la France. Il faut, selon le passion les Jeux olympiques forts. Les performances des équipes PUBLIC EST LE PLUS C’est la première fois qu’on (journaliste sportif, France 3) public, rendre compte du handicap, de au mois d’août. un mois plus féminines, notamment dans les sports traite autant les Jeux DEMANDEUR D’UNE tard, je m’apprêtais à regarder « Il faut que France Télévisions la jeunesse, mais aussi du genre, avec paralympiques, il y a eu collectifs (basket, football, rugby, hand- ATTENTION À LA DIVERSITÉ avec autant d’intérêt les Jeux parvienne à programmer plus de une attention plus grande à diffuser des 200 heures de retransmission. ball), sont l’occasion de nouveaux ren- paralympiques. Et je n’ai pas grands directs pour les sports DES PROGRAMMES. LA Malheureusement, compétitions féminines. retrouvé le même niveau de dez-vous que les téléspectateurs ne féminins, mais aussi pour les REPRÉSENTATION DES l’organisation des Jeux traitement entre les deux veulent pas manquer. sportifs jeunes qui ne sont pas paralympiques ne dépend DISCIPLINES FÉMININES, DES événements. Pour moi, ce sont assez présents à l’antenne. » pas du CIO, c’est une autre SPORTS DITS « MINEURS » Équité de traitement pour le handisport des situations similaires. organisation. ils ont OU MOINS « GRAND PUBLIC », Le public est très attentif à l’équité du si Paris 2024 a lieu, extrêmement peu de moyens. 17|01|16 strasbourg LES SPORTIFS AMATEURS Jeunes et amateurs : donner la parole traitement entre les sportifs valides et aura-t-on une équité On a même eu peur que ce soit Fabien Galthié OU LE HANDISPORT DOIVENT annulé ! Par ailleurs, il y a les athlètes du handisport. Il est à la fois entre les Jeux La demande de diversité touche aussi rugbyman, FAIRE PARTIE INTÉGRANTE DE olympiques et les Jeux beaucoup plus de disciplines, consultant sportif demandé de ne pas se contenter des et c’est donc pour nous des pratiques sportives moins média- L’OFFRE DU SERVICE PUBLIC. « Durant les semaines à venir, grands événements ou rendez-vous paralympiques ? » beaucoup plus difficile de tisées mais plus proches du quotidien SI LES TÉLÉSPECTATEURS suivre les athlètes. » nous allons retransmettre comme les Jeux olympiques et paralym- des téléspectateurs, comme le sport aussi le Tournoi des 6 Nations RECONNAISSENT QU’UN piques, mais aussi que leur traitement dans les catégories jeunes ou amateurs. féminin, sur France 4. EFFORT EST FAIT, IL EST jouisse du même investissement et du Les publics attendent des initiatives de la Car, quand un France- CEPENDANT INDISPENSABLE, Angleterre masculin est même enthousiasme de la part des part de leur télévision publique en ce qui SELON EUX, D’APPROFONDIR joué à Twickenham, il est équipes de France Télévisions. concerne la pratique sportive, deman- maintenant précédé d’un ET DE RENFORCER CETTE dant notamment d’éviter un enferme- France-Angleterre féminin. » TENDANCE. LE PUBLIC DE ment sur eux-mêmes aux profession- FRANCE TÉLÉVISIONS EST nels du sport, anciens sportifs et experts. DONC ATTACHÉ À LA VARIÉTÉ DES SPORTS ET DES FORMES DE TRAITEMENT DONT ILS FONT L’OBJET, ET DONC, À LA SATISFACTION DE TOUTES ET TOUS.

131 130 131 6.2 LE SPORT COMME RÉCIT COLLECTIF

témoignage témoignage témoignage témoignage 14|01|17 toulon 06|12|16 paris Donner à voir Déclinaison locale tous les sports 17|01|17 strasbourg du sport 19|01|17 lille Groupe de réflexion Barbara Younès Jacqueline animé par « Il faut parler du footsal qui « On pourrait faire des sujets « Pourquoi ne pas intégrer, dans On souhaite plus d’ouverture concer- Le sport n’est pas limité à des championnats nationaux et in- Clémentine Sarlat certaines retransmissions est un phénomène qui prend sur le sport en région. Il y a des nant les disciplines sportives qui dis- ternationaux, c’est aussi une pratique quotidienne et locale (journaliste sportive) sportives, des gens qui une grande ampleur dans nos jeunes qui s’entraînent tous pourraient être aux côtés du posent d’une visibilité à la télévision. Les quartiers. Le jeune homme dont il est nécessaire de rendre compte à la télévision pu- les jours, dans divers sports : journaliste-commentateur, publics veulent voir, sur le service public, tout à l’heure a parlé du foot blique, dans la perspective de la valorisation des richesses ils sont peut-être des futurs « Il faut donner numérique, moi, je suis dirigeant champions olympiques ! France qui pourraient justement de nouveaux sports qui correspondent à territoriales. Ces enjeux sont régulièrement rappelés par plus de place aux apporter un peu leur pierre d’un club de sport footsal. on Télévisions pourrait faire un à l’édifice ? Des gens qui ne la réalité de leurs pratiques, par exemple ne voit jamais de footsal à la le public qui désire à la fois que la télévision publique soit à magazine ou des reportages jeunes dans les soient pas reconnus comme des le footsal, le « e-sport » ou le sport sco- télévision alors que c’est un même de retransmettre des compétitions au niveau régional, sur ces jeunes. Parce que, professionnels ou des gens laire. Ils demandent à ne pas se concen- phénomène dans les quartiers mais aussi qu’elle soit le moyen de mettre en avant les sports finalement, c’est toujours qui prend de plus en plus 17|01|17 strasbourg le football, le football… compétitions et les issus de cette société dite “des trer uniquement sur le rugby, le vélo, le et les pratiques sportives régionales traditionnelles dans leur élites”. Je pense que ça pourrait d’ampleur. » Moi, je m’occupe d’un club de témoignage tennis ou le football. Fabien Galthié dimension patrimoniale. retransmissions. » 14|01|17 toulon rapprocher France Télévisions rugbyman, consultant sportif natation. certains jeunes sont Marie-Véronique du téléspectateur et éviter cet formidables, ils s’entraînent aspect “d’un côté, il y a eux, et témoignage « Le sport a toujours fait écho à la société. Ces sports nouveaux, Les téléspectateurs aimeraient qu’il soit possible de mettre dur et mériteraient d’être 14|01|17 toulon mis en avant. » « Vous pourriez montrer à une puis de l’autre, il y a nous”. » liés aux nouvelles technologies, existent déjà. Cela pose la en place davantage de décrochages régionaux sur des émis- Groupe de réflexion question de la définition du sport et de son évolution. Il se peut heure de grande écoute des sions sportives, pour mettre en avant les sports locaux (pé- petites vidéos que les jeunes animé par que ces nouveaux usages trouvent aussi leur place dans le auraient faites sur des sujets quotidien des sportifs. Aujourd’hui, on fait de la data, on bosse tanque, joute…). L’intérêt pour le sport des régions ne consti- précis. Par exemple, dans le Clémentine Sarlat sur les algorithmes, on travaille sur la réalité augmentée... tue pas un enfermement, loin de là, mais bien un intérêt pour (journaliste sportive) sport, plutôt que de faire venir c’est important d’être ouvert et de comprendre ce qui va se un échelon supplémentaire des compétitions, qui permettrait d’anciens sportifs, faire venir passer. » « Il faut poursuivre dans aussi de traiter des compétitions interrégionales. des jeunes du sport, de quartiers le sens d’une diversité des différents, de villes différentes, sports présents à l’antenne. qui se rencontreraient sur du Il faut par ailleurs que France tennis, du football... Moi, je Télévisions aille plus loin dans regarde le sport, et à chaque la présentation des sports fois, je suis déçue de voir qu’on dits “mineurs” et propose de fait appel à des anciens sportifs. nouvelles disciplines comme Et pourquoi pas des jeunes issus par exemple le e-sport. » de partout pour commenter un match ? »

132 133 6.2 LE SPORT COMME RECIT COLLECTIF

témoignage 14|01|17 toulon 14|01|17 toulon Jacques Bertolotti Groupe de réflexion journaliste sportif à France 3 Provence-Alpes Côte d’Azur animé par FABIEN GALTHIÉ Clémentine Sarlat ANCIEN JOUEUR INTERNATIONAL DE RUGBY, « Le sport en régions, ce sont (journaliste sportive) VAINQUEUR DU TOURNOI DES 6 NATIONS, ANCIEN SÉLECTIONNEUR des émissions ponctuelles sur des événements « C’est important de mettre en avant les locaux d’envergure. Il n’y J’ai la chance de raconter le Tournoi des des qui réfléchissent pas du tout… On a a pas d’émission régionale hebdomadaire, seulement une sports régionaux, comme par exemple 6 Nations sur France Télévisions depuis la chance de raconter ces rencontres “page Sport” le dimanche soir. Il faut reconnaître que c’est la pétanque ou la joute nautique plus de dix ans. Et je dis bien raconter le qui correspondent à une tradition. Je me un regret pour nous. Nous dans la région de Sète, mais aussi tournoi, une compétition qui existe depuis retrouve à raconter ça parce que, quand avons en revanche la chance plus d’un siècle. j’étais petit, dans la cuisine de mon grand- d’avoir des décrochages en des compétitions locales telles que régions sur des événements père, il y avait la télévision. Mais à l’époque, pendant deux ou trois heures, la course Marseille-Cassis, semi- et, pour nous, c’est vraiment En rugby, on est hors jeu par rapport à tout le monde n’avait pas la télévision important. » marathon organisé dans les Bouches- ses partenaires, alors il faut s’organiser dans le Lot. On était quinze ou vingt. Le du-Rhône. Dans le sport, il y a aussi une en fonction de cette règle. Une équipe village venait regarder Roger Couderc qui 19|01|17 lille dimension régionale partagée par tous. » a une organisation qui ressemble à racontait le Tournoi des 5 Nations. Quand le Didier Cagny l’organisation d’une société, d’un style de match était terminé, j’allais dans le champ directeur régional de France 3 Hauts-de-France vie. Dans une équipe de rugby, il y a tous avec mes cousins jouer à être ceux que « On voudrait bien diffuser les profils : des très grands, des très petits, j’avais vus à la télévision. Aujourd’hui, je suis des matches de football, mais des gros, des maigres, des courageux, à la place de Roger Couderc et je raconte on n’a pas les droits. Ce qui est difficile pour nous, c’est des pas courageux, des court-vite, des ce qui se passe les après-midi de janvier, que l’on sait que les sports, au niveau régional, c’est très lents, des qui réfléchissent beaucoup, de février… clivant et que ça n’intéresse pas tout le monde, il faut alors faire des choix. »

134 135 6.3 LE SPORT ET SES VALEURS

témoignage Les valeurs du sport Le sport en partage témoignage Exemplarité des trajectoires 06|12|16 paris de sportives et sportifs 14|01|17 toulon Groupe de réflexion jean-marc Il faut rester positif sur l’effort des spor- Le sport à la télévision publique, ce animé par « Je suis un peu déçu par la DANS UN UNIVERS OÙ LES Les exigences multiples qui accom- tifs, ne pas être trop exigeant pour les sont aussi de grands événements ré- façon de traiter le sport à la pagnent les sportifs de haut niveau ex- Jacques Bertolotti victoires et mettre en avant les efforts de guliers comme le Tournoi de Roland- télévision. Je voudrais entendre ENJEUX ÉCONOMIQUES (journaliste sportif, France 3) SONT PARTICULIÈREMENT pliquent que les récits de vie et de tra- tous. Les valeurs d’effort sont ainsi pré- Garros, le Tour de France ou encore les des journalistes qui se rendent jectoire des professionnels soient aussi « Il faut faire très attention à sentes dans les attentes liées au respect Jeux olympiques, que les téléspecta- compte que le sport est un jeu PRÉSENTS ET PARFOIS la “peopolisation”, qui est une et que, même si on est “cocorico” attendus par le public. Au-delà de leurs de ceux qui perdent ou ne réalisent pas teurs attendent avec impatience et qui VALORISÉS, LA DIMENSION dérive importante du monde et compagnie, il faut parfois ÉTHIQUE EST TRÈS performances, les téléspectateurs at- du sport. Par exemple, il est systématiquement des performances les rassemblent autour d’un même ren- prendre la mesure de ce qui se IMPORTANTE AUX YEUX tendent de mieux connaître les person- vraiment indécent de parler extraordinaires. Ces valeurs sont aussi dez-vous. Le public souhaite que ces passe. Quand vous êtes vingtième de l’argent des sportifs, tennisman au monde, eh bien, DES TÉLÉSPECTATEURS. nalités et les parcours des sportifs. Sous celles qui commandent de garder du événements soient davantage évoqués surtout quand ces sommes 14|01|17 toulon c’est très beau. Mais quand un CES DERNIERS SONT le maillot, il y a une histoire individuelle respect vis-à-vis des adversaires, dans en amont, non seulement via des an - sont astronomiques, alors que tennisman perd, les journalistes témoignage ATTENTIFS À CE QUE, qui suscite la curiosité. Cependant, cette beaucoup de personnes manquent Pascal Golomer le but, notamment, ne pas sombrer dans nonces, mais aussi des émissions dé- sont presque accablants pour 02|02|17 limoges directeur-adjoint la personne… Je ne sais pas CONTRAIREMENT À CE attention aux personnes ne doit pas de moyens en France. » de la rédaction des sports le chauvinisme. diées qui permettent de s’y préparer et éva aboutir à une dérive de la personnifica- de France Télévisions d’en anticiper le plaisir. s’ils mesurent vraiment bien ce QUI SE PASSE CHEZ SES que c’est que d’être vingtième tion à l’excès, qui ressemblerait trop à un témoignage « Vous savez, pour moi, la CONCURRENTS, LES 14|01|17 toulon mondial ! En fait, j’aimerais un télévision, c’est aussi des système de « starification ». L’attente de « C’est réconfortant pour NOTIONS DE GÉNÉROSITÉ, marie nous de vous entendre et de peu d’humilité de la part de ces moments particuliers. DE SOLIDARITÉ ET DE suivi des sportifs est aussi une attente savoir qu’il y a une attente journalistes-là. » Personnellement, j’adore « Les performances et les de continuité : comment en sont-ils arri- sur les sujets de fond, pour Roland-Garros, et quand le DÉPASSEMENT DE SOI résultats sportifs s’appuient sur connaître comment les tournoi est diffusé sur France SOIENT VALORISÉES SUR vés là et que font-ils ensuite ? Parce que les parcours des personnalités joueurs en sont arrivés là, Télévisions, je passe des heures les téléspectateurs s’attachent parfois à et les valeurs du sport qu’il FRANCE TÉLÉVISIONS. comment ils vivent le sport, à le regarder. J’apprécie de faut davantage mettre en avant. des personnalités et apprécient d’avoir leur carrière, la compétition. partager ces moments à part et Il faudrait qu’on voie plus les des nouvelles, et pas seulement lorsque Cela va au-delà de l’émotion de les retrouver chaque année. » parcours et les valeurs des et de la performance » ces dernières obtiennent des résultats sportifs, y compris les échecs. en compétition. Je crois qu’on est allés trop loin du côté Jeux du cirque. Le sport, ce sont aussi des efforts et des valeurs. »

136 137 6.4 « VOIR LES À-COTÉS » : USAGES DIGITAUX DES PROGRAMMES SPORTIFS

Découvrir le sport autrement témoignage Le digital : support technique Rendre accessibles 14|01|17 toulon et pédagogique tous les terrains de jeu Groupe de réflexion TRÈS ATTACHÉS À LA Les usages numériques permettent de développer une plus grande autonomie animé par DIFFUSION EN DIRECT DES dans la consommation du sport à la télévision. En ayant accès à un panel plus Au-delà des sports nouveaux, les sup- Les plateformes numériques offrent la large de fonctionnalités, les téléspectateurs deviennent acteurs de leur vision- Clémentine Sarlat ports digitaux permettent un accompa- possibilité de voir des sports qui ne sont COMPÉTITIONS SPORTIVES, (journaliste sportive) LES TÉLÉSPECTATEURS nage. Voir autrement, dans une perspective d’implication des téléspectateurs, gnement plus complet des événements pas présents sur les écrans de télévi- N’UTILISENT QUE RAREMENT est l’un des objectifs que le public de France Télévisions assigne aux plate- « Le numérique offre de sportifs, récurrents ou exceptionnels. sion ou pas de façon suffisamment ré- LES FONCTIONNALITÉS formes d’accompagnement numérique. nouvelles opportunités En effet, les téléspectateurs espèrent gulière. C’est aussi un moyen de trai- pour voir le sport et le voir DU REPLAY POUR REVOIR différemment. Par exemple, trouver sur les plateformes numériques ter de compétitions dont la portée est UN ÉVÉNEMENT, D’AUTANT on pourrait imaginer une des programmes permettant une plus plus restreinte, telles que les compéti- QU’ILS EN CONNAISSENT application digitale appelée grande pédagogie concernant différents tions interrégionales, scolaires, jeunes, témoignage DÉJÀ SOUVENT LES “C’est moi le réalisateur”, sports, comme des explications des féminines, de handisport ou d’amateurs. qui offrirait la possibilité de 14|01|17 toulon RÉSULTATS. TOUTEFOIS, LE sélectionner les angles de prise Groupe de réflexion règles du jeu, des analyses tactiques Sans que cette offre n’affranchisse les RATTRAPAGE N’EST PAS LA de vues, de passer d’une caméra ou des pronostics. C’est aussi sur ces chaînes de télévision d’assurer leur ser- à l’autre, de faire des ralentis animé par SEULE FONCTIONNALITÉ Matthieu lartot plateformes que des reportages sur les vice de représentation, celles-ci peuvent OFFERTE PAR LES ou des accélérations. Le digital coulisses des rencontres sportives ou ou pourraient permettre, en complé- permet de mettre entre les (journaliste sportif) USAGES NUMÉRIQUES mains du public les outils pour sur la préparation des athlètes peuvent ment, une plus grande visibilité pour des « Ce qui pourrait être ou pouraient être présents. pratiques trop souvent confidentielles. DE LA TÉLÉVISION. LA voir le sport d’un autre point de intéressant, c’est d’avoir DIVERSIFICATION DE vue. » des liens entre la diffusion à la L’OFFRE, LES APPORTS télévision et le numérique, des SUPPLÉMENTAIRES ET passerelles vers le numérique, pour passer de l’une à l’autre COMPLÉMENTAIRES, OU et avoir une double lecture, ENCORE LES DIMENSIONS complémentaire. » ANNEXES HABITUELLEMENT INVISIBLES, SONT AUTANT DE POSSIBILITÉS PERMISES PAR LES PRATIQUES DIGITALES EN COMPLÉMENT DES PROGRAMMATIONS LINÉAIRES.

138 139 6.4 « VOIR LES À-COTÉS » : USAGES DIGITAUX DES PROGRAMMES SPORTIFS

témoignage pour résumer 14|01|17 toulon Pascal Golomer Groupe de réflexion directeur-adjoint Offre riche et diverse, le sport tient une place importante de la rédaction des sports dans la grille de programmes de France Télévisions, et animé par de France Télévisions son public y est très attaché. Reconnaissant la qualité Clémentine Sarlat « Le numérique est un sujet de son traitement, ce public est à la fois demandeur de (journaliste sportive) essentiel. C’est vrai que, continuité et de renouvellement. Il faut à la fois que le « Il faudrait utiliser le support malgré nos efforts, on ne service public continue à assurer le rôle de diffuseur voit qu’une petite partie digital pour mettre en place gratuit des principales compétitions nationales et in- des programmes proposant du “plus grand terrain de ternationales, mais aussi qu’il tente d’élargir son offre. plus de pédagogie, notamment sports” quand on regarde sur l’arbitrage, les règles, les programmes de France D’un côté vers de nouvelles pratiques : les sports régio- mais aussi, pourquoi pas, des Télévisions. C’est difficile naux, les compétitions d’amateurs, les pratiques spor- de tout voir, étant donné rubriques nouvelles comme tives plus confidentielles ou émergentes ; de l’autre, des équipes de vérification ou l’ampleur de notre offre. témoignage Par exemple, le public ne sait vers de nouveaux acteurs du champ du sport : les de l’information “désintox”. Il 14|01|17 toulon devrait être possible d’utiliser pas toujours qu’en matière de femmes, les athlètes de handisport et les plus jeunes. systématiquement le numérique Groupe de réflexion sport, il se passe des choses sur toutes les antennes, pendant les retransmissions animé par Enfin, la diffusion du sport ne doit pas se limiter à un en proposant, par exemple, des sur France 4 notamment. Jacques Bertolotti compte-rendu ou à un commentaire des compéti- informations sur les joueurs, les Finalement, le digital, c’est règles et des commentaires de (journaliste sportif, France 3) une chance de présenter tions, mais prendre en compte les valeurs de solidarité, l’arbitrage. » encore plus de sports que d’exemplarité, de respect et de performance sportive. « Concernant le sport, le digital, durant les retransmissions c’est du complément. Mais c’est en direct ou les émissions Par ailleurs, il est nécessaire d’adopter une posture cri- important parce qu’il peut spécialisées. Par exemple, tique vis-à-vis du fonctionnement du sport actuel afin permettre de voir plus souvent pour retransmettre des de ne pas rester dans l’évidence du sport comme re- des sports inhabituels ou plus sports dits “mineurs”, et pour présentant un monde d’argent, sans le questionner, confidentiels qui n’apparaissent inventer des temps et des jamais dans les directs et très formats nouveaux pour le comme l’explique un groupe de travail : « Il est possible rarement dans les magazines sport. » de parler du sport-paillettes, mais à condition de don- spécialisés. Cela permettrait de ner des explications : d’où vient l’argent ? Comment découvrir de nouveaux sports et d’offrir une vitrine à des fonctionne le système ? » pratiques un peu marginales. »

140 141 Le tournant numérique de la télévision publique est depuis longtemps entamé, et le public est donc capable de prendre position sur sa gestion, ses apports, mais aussi de faire des propositions pour l’améliorer encore.

Ce qui apparaît en premier lieu comme le principal enseigne- quelle que soit la forme prise par la diffusion : la fiabilité et l’exi- ment de ces Rencontres du point de vue de l’offre digitale gence des programmes de France Télévisions. Si une très est la mesure qui transparaît dans les propos des téléspec- grande majorité du public regarde la télévision directement 7. NOTRE TÉLÉVISION DIGITALE : tatrices et des téléspectateurs. Il ne s’agit pour personne de sur un poste, la multiplication des supports apparaît toutefois regarder avec crainte ces nouvelles pratiques, ni de réclamer comme un moyen de diversifier l’offre et les publics. D’abord une modification fondamentale de l’offre vers le « tout à la té- parce que la télévision se déplace avec le téléspectateur, les UNE AUTRE MANIÈRE DE LA REGARDER lévision » ou le « tout par le digital », mais bien de rechercher multiples écrans accessibles permettant de ne rien manquer un équilibre qui devra toujours être au service des contenus. des programmes de France Télévisions et d’avoir ainsi une Comme l’explique une téléspectatrice à Paris, « en numérique consommation nomade. Ensuite, parce que l’expérience de la ou en direct à la télévision, ce qui est important, c’est le conte- télévision dans sa version numérique est le moyen d’intéres- nu ». En effet, le public ne perçoit l’offre digitale de France ser un public jeune qui a pris de plus en plus de distance vis- Télévisions que comme un moyen d’augmenter, de complé- à-vis des modes de consommation traditionnels. Enfin, parce ter ou de développer l’offre télévisuelle, pas de la remplacer que de tels canaux sont susceptibles d’ouvrir la télévision à ou de l’amender. Les principes forts qui guident les interven- d’autres cultures, d’autres modes de production et d’autres tions des participants aux Rencontres restent les mêmes, contenus venus d’Internet.

142 143 7.1 LE MULTISUPPORT

témoignage témoignage La télévision 29|03|17 toulouse … pour tous… partout… 19|01|17 lille 30|11|16 marseille annie magali L’accès à des plateformes numériques Thierry Aflalou « Sur Internet, nous avons la producteur chez Les téléspectatrices et téléspectateurs rend possible la consommation d’autres « Je suis mère de deux enfants LA POSSIBILITÉ possibilité d’accéder au local. et je trouve qu’il n’y a plus rien Comic Strip Production OFFERTE DE REGARDER s’interrogent sur les incidences des programmes et une adaptation au plus Vous faites notre éducation, au niveau magazine qui s’adresse « La question des plateformes LA TÉLÉVISION AUSSI changements de pratiques concernant puisque la télévision n’est près des attentes des différents publics, aux enfants. Mon aînée a 9 ans, de visionnage en ligne, BIEN SUR UN POSTE QUE l’utilisation de multiples supports pour plus seulement sur le poste de ce que les téléspectateurs entendent et je dois donc regarder un ce n’est pas un problème télé mais aussi sur Internet. Et regarder la télévision. Ils demandent que bien faire. Ces nouvelles modalités magazine avec elle et faire de de France Télévisions, SUR UN ORDINATEUR, notre éducation, c’est aussi de l’explication de texte si je veux UNE TABLETTE OU France Télévisions prenne acte de ces d’usage sont autant d’opportunités pour c’est le problème de tous. compléter par le Web quand on trouver quelque chose d’adapté Aujourd’hui, les jeunes ne ENCORE UN TÉLÉPHONE changements et adapte son offre afin de ne peut pas regarder à l’heure inventer de nouvelles formes de vision- à son âge. Cela veut dire qu’il regardent pas la télévision, EST SALUÉE PAR LE ne pas être en retard sur leurs pratiques. voulue l’émission de France 3. nage collectif. Les plus jeunes, ainsi faut que je regarde d’abord le ils la consomment de manière C’est une avancée intéressante. » Cela implique notamment d’adapter les que leurs parents, sont particulièrement magazine en replay pour vérifier différente et le mode de PUBLIC QUI Y VOIT qu’il l’intéressera. 06|02|17 bordeaux L’OPPORTUNITÉ contenus, de les raccourcir parfois ou concernés par ces modes de consom- diffusion est totalement Jérôme Caza différent du linéaire, c’est DE DIVERSIFIER de les rendre plus interactifs pour qu’ils mation par rattrapage. C’est dommage, je me souviens producteur chez 2P2L un enjeu pour toutes les L’OFFRE, D’ÉLARGIR puissent correspondre soit à un vision- que quand j’étais jeune il y avait chaînes. D’ailleurs, France tout bêtement C’est pas sorcier, « On fait parfois plus LE PUBLIC MAIS nage linéaire, soit, par exemple, à une d’audience sur certaines Télévisions va concurrencer et c’était vraiment génial. dans quelques mois les AUSSI DE MODIFIER consommation transportable sur mo- Maintenant, il y a Le Monde de vidéos en replay ou sur les chaînes YouTube ou sur les autres plateformes, car LES HABITUDES DE bile ou sur tablette. Comme l’explique Jamy, mais c’est trop tard, il même le pluzz a ses limites, un télé spectateur marseillais le 30 no- faudrait une offre adaptée pour pages Facebook que sur un CONSOMMATION visionnage de télévision on ne peut pas voir la série vembre 2016 : « Moi, je regarde beau- les plus jeunes, notamment complète. » EN MODULANT les horaires. Finalement, pure. On va avoir des LES PÉRIODES DE coup sur mon smartphone, je regarde c’est difficile de regarder la vidéos sur La Maison des VISIONNAGE NON les replays sur le Pluzz de France 2, télévision en direct ensemble, Maternelles qui font jusqu’à des séries, ou sur Netflix, ou des émis- enfants et parents, parce qu’on 1,5 million de visionnages, PAS EN FONCTION alors que l’émission fait sions aussi. J’ai finalement pris cette a des horaires décalés dans DE LA GRILLE DES la famille, alors on préfère 150 000 téléspectateurs, PROGRAMMES MAIS DE habitude, j’apprécie cette liberté, je ne le replay, comme ça on peut se et c’est fondamental pour SON PROPRE AGENDA. regarde même plus sur la tablette, je retrouver. » toucher des publics plus suis très friand de tout ce qui est sur jeunes qui ne regardent plus du tout la télévision et ne Internet. » se laissent plus imposer l’heure de diffusion. C’est une chance extraordinaire pour les programmes. »

144 145 7.1 LE MULTISUPPORT

… et tout le temps témoignage 19|01|17 lille Espace d’accès à une « télévision de Thibault rattrapage », entre autres possibilités, « Pour le replay, il y a un les plateformes numériques permettent problème avec le délai de huit au public de s’affranchir en partie des jours : c’est très, très court, contraintes du direct. Au-delà d’un outil et en plus pour retrouver un programme sur le replay permettant de décaler le visionnage, c’est très pénible, parce que que le public demande à améliorer et à ça ne correspond pas avec le développer, les plateformes sont aussi programme télé en version des espaces susceptibles d’apporter papier. En huit jours, on ne peut pas tout regarder. La des éclairages différents sur les rediffusion, c’est un bon moyen, réponse contenus en proposant des résumés mais il faudrait le noter sur 19|01|17 lille ou des approfondissements. les plateformes en ligne et surtout essayer de coordonner Anthony Dufour fondateur et gérant de la société de production Hikary Cependant, ce mode de consommation les catégories entre les ne peut pas remplacer la télévision en plateformes et le programme « C’est vrai qu’en tant que producteur je ne peux pas me papier. » permettre de laisser mes contenus trop longtemps disponibles direct. C’est notamment le cas, selon les en ligne, mais il faut que je vous explique pourquoi. On est dans téléspectatrices et téléspectateurs pré- un monde qui change, on le voit bien, il y a plusieurs publics qui sents à Toulon, pour évoquer le sport : s’opposent parce qu’ils ont des manières de faire différentes. ceux-ci expliquent que des moments Ce monde-là, le numérique, qui s’ouvre, n’est aujourd’hui pas valorisé de la même manière, c’est pas compté pareil. Tant qu’on forts de direct comme les rencontres ne peut pas valoriser les vues ailleurs que sur la télévision sportives peuvent de temps en temps traditionnelle, on ne pourra pas développer ces autres manières être revus en ligne, mais que rien ne de faire de la télévision. » remplace le suspense du direct, beau- coup moins excitant lorsque l’on connaît déjà l’issue de la compétition.

146 147 la parole aux animateurs

THIERRY MONCONTHOUR SÉBASTIEN FOLIN BRUCE TOUSSAINT JOURNALISTE FRANCE Ô ANIMATEUR, FRANCE Ô JOURNALISTE, FRANCE 5

Quel regard portez-vous sur France Télévisions Qu’attendez-vous de la télévision publique ? Quel regard portez-vous sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? aujourd’hui ? Nous devons optimiser nos missions de service pu- Un groupe en pleine mutation qui met tout en œuvre pour prendre le train France Télévisions est pour moi aujourd’hui­ un exemple de diversité : Nous devons être des bâtisseurs et avoir les moyens blic, mais aussi admettre que l’égalité s’exprime sou- du digital. dans les contenus, dans les visages, dans les ambitions. Ce groupe est de travailler pour intégrer et participer à la vie des vent par des différences de traitement et que ce qui un ensemble, un patchwork qui doit répondre aux attentes­ de tous les communautés ultramarines. C’est suicidaire de lais- s’applique à La Réunion n’est pas forcément valable Qu’attendez-vous de la télévision publique ? téléspectateurs. Et nous faisons tout, chacun à notre niveau, pour ré- ser le public dit « populaire » à nos concurrents pri- aux Antilles, à Wallis-et-Futuna et encore moins dans Qu’elle soit en contact direct avec les téléspectateurs. Qu’elle diffuse des pondre à ces attentes. vés au prétexte que le service public c’est l’élite. l’Hexagone. Toutes ces missions ne peuvent s’exer- program­mes populaires et intelligents. Nous devons tout faire pour que l’Outre-mer parle cer que si le public trouve sa télévision à travers ces Qu’attendez-vous de la télévision publique ? au monde à travers les antennes du groupe France différents supports. Malheureusement, ce n’est pas La notion de « service public » est essen­tielle. À France Télévisions, le rap- Télévisions. Absents de leurs régions d’origine ou toujours le cas. En conclusion, garantissons au pu- port au téléspectateur est différent. J’attends de la télévision publique de naissance, les téléspectateurs ultramarins n’ont blic que chaque euro dépensé l’est à bon escient et qu’elle soit totalement tournée vers le public et qu’elle assume cette res- pas seulement besoin d’avoir des « news péyi », ils qu’il est plus utile quand il propose des programmes ponsabilité. souhaitent aussi s’organiser et se rassembler pour qui lui ressemblent. faire briller leurs communautés. Ce média doit être le témoin de leurs angoisses, leurs colères, leurs réussites. Qu’il soit synonyme de fierté, de vérité et de partage. C’est à travers ce constat que France Télévisions, et sa déclinaison ultramarine France Ô, doit accompagner toutes ces histoires…

148 149 7.2 INTÉGRER LE MONDE DIGITAL

Prendre en compte témoignage Penser l’imbrication les productions digitales 06|12|16 paris des modèles linéaires et des plateformes téléspectateur numériques Les téléspectateurs ne se contentent pectateur calédonien venu discuter à « Aujourd’hui, ce qu’on ne peut L’ACCESSIBILITÉ ET LE pas occulter, c’est qu’on est MODÈLE PARTICIPATIF DES pas des avancées techniques liées à Nouméa explique : « Vous dites que vous confrontés au numérique. Ce qui importe aux yeux du public reste le NOUVELLES PRATIQUES la télévision numérique. Si cette télévi- essayez de “plaire” au téléspectateur. On a Amazon, on a Facebook, on a fond, le contenu des programmes. Mais ce- DIGITALES PÈSENT SUR LA sion du XXIe siècle permet de nouveaux Aujourd’hui, on le met au centre des en- énormément de réseaux sociaux, lui-ci demande une véritable coordination usages, elle doit aussi être une ouver- vies, mais finalement est-ce que vous et aujourd’hui France Télévisions réponse entre les multiples espaces de diffusion et de CHAÎNE DE PRODUCTION DES ne peut pas les occulter, parce CONTENUS TÉLÉVISUELS. ture à d’autres productions. Cela pose utilisez le téléspectateur sur des mé- qu’il y a beaucoup d’informations Xavier Couture consommation permis par la numérisation LE MOUVEMENT VERTICAL la question de la gestion de l’informa- dias sociaux comme Facebook, pour qui passent au travers de ces directeur général délégué en charge de la stratégie et des des contenus. Les téléspectateurs veulent DE PRODUCTION, DE tion disponible en ligne et de son inté- avoir des idées de documentaires ? réseaux sociaux. Je pense que programmes de France Télévisions une cohérence entre les offres numérique DIFFUSION PAR LE HAUT gration dans les productions tradition- Pour proposer des sondages ? Le pla- France Télévisions a une très « Sur le numérique, nous sommes victimes de nos qualités, car nous et linéaire. Cet espace permet d’ajouter des grande responsabilité quant PUIS DE RÉCEPTION PAR LE nelles du service public. Ainsi, un télés- cer finalement au cœur des décisions. » sommes généralistes. Nous avons une variété extraordinaire de contenus comme des interviews supplé- à la sincérité et à l’honnêteté programmes. Nous avons des programmes très originaux comme La mentaires, des images de coulisses ou des BAS, EST REMIS EN CAUSE dans les informations et la Barbe ou Datagueule. Nous avons les défauts de nos qualités, faire la PAR LA MULTIPLICATION DES communication qu’elle divulgue. » promotion de nos programmes est difficile sur le net. Mais la volonté images qui n’ont pas pu être utilisées lors du LIEUX ET DES SOURCES DE témoignage aujourd’hui, c’est d’éditorialiser la plateforme, de trouver un moyen montage des reportages. PRODUCTION LARGEMENT 04|04|17 nancy de faire cohabiter ces différents programmes. » DIFFUSÉS SUR INTERNET, Catherine réponse Multiplier l’interactivité NOTAMMENT VIA LES « J’ai été un des premiers RÉSEAUX SOCIAUX. LES interlocuteurs de France Tiphaine de Raguenel TÉLÉSPECTATEURS Télévisions sur Twitter, en 2009. directrice exécutive de France 4 et directrice des activités Nouveau mode d’intervention des télé- jeunesse de France Télévisions DEMANDENT UNE MEILLEURE Ce qui a le plus évolué depuis, spectateurs, l’interactivité digitale permet de c’est le côté interactif et le « Il existe déjà une offre de France Télévisions de séries écrites publier des réactions et des commentaires PRISE EN COMPTE DE fait qu’il y a des réactions très uniquement pour le numérique qui s’appelle “Studio 4” et qui existe sur tout au long de la diffusion ou de la rediffu- CES NOUVEAUX APPORTS rapides entre le téléspectateur les plateformes de France Télévisions et reprise sur des plateformes (NOUVEAUX CONTENUS, et la chaîne de télévision. Sur sur le net… Je pense que les youtubeurs n’ont pas envie de venir faire sion d’un programme. Que ce soit pour inter- COMMENTAIRES OU AVIS) la fiction, en faisant réagir les leur programme à la télévision. S’ils viennent à la télévision, on est agir durant les programmes ou pour émettre personnages ou en créant des intéressé pour les faire bosser sur d’autres univers. Par exemple un avis après la diffusion, ces espaces sont AFIN QU’ILS ENRICHISSENT comptes pour les séries et les Dead Landes, de François Descraques, on le fait travailler, il vient réclamés par le public pour accentuer l’hori- LE MODÈLE ANCIEN, SANS personnages, ils ont pris le bon avec des codes du digital, mais dans un format pour la télévision. On a LE CONCURRENCER. pied, parce que la réaction est au accompagné la démarche et le talent de ces gens. » zontalité des modes de production et de dif- niveau de la fiction elle-même. » fusion de la télévision publique.

150 151 7.2 INTÉGRER LE MONDE DIGITAL

témoignage témoignage 11|03|17 trouville 11|03|17 trouville numa béatrice « En réalité, il existe peu « Quand on apprécie une série, de séries qui permettraient on a envie d’en connaître un une réelle interactivité, un peu plus, de savoir comment véritable investissement elle fonctionne, qui participe participatif dans l’écriture de à la fabriquer. Ce qui serait la part des téléspectatrices et vraiment bien, c’est de téléspectateurs. On a du mal mettre à disposition, sur les pour le moment à intégrer ce plateformes numériques, des système dans les séries, même si bonus concernant les coulisses ça commence à se développer aux et le tournage, des contenus 01|03|17 marseille États-Unis ou en Angleterre. supplémentaires et même, Antoine Gouy pourquoi pas, des jeux qui comédien En fait, c’est parce qu’il faut permettent de se déplacer sur le penser très en amont, il les tournages. » « Je voudrais souligner l’importance du transmédia aujourd’hui et faut construire une série et la modernité de France Télévisions d’avoir fait cette passation. une écriture adaptées qui Pour approfondir les sujets, le fait d’avoir cette interface en permettront ensuite aux application sur Internet, d’aller sur le site de franceinfo et téléspectateurs d’interagir de creuser un sujet qu’on a envie de creuser, d’aller en tant au cours de la diffusion et qu’acteur sur les sujets qui nous interpellent, que ça ait un lien de l’écriture. Cela pourrait avec l’information directement, c’est vraiment une plus-value passer soit par l’écriture essentielle. On est en prise directe avec l’information, on peut d’épisodes, soit par des formats réagir, donc ça, c’est très moderne, ça va dans le bon sens. » complémentaires, différents, plus courts, disponibles en ligne sur une plateforme dédiée. » témoignage 04|04|17 nancy François « Vu que les timings sont assez serrés, certains sujets mériteraient d’être approfondis et, sur certaines séries, le numérique pourrait proposer peut-être des liens interactifs sur tel personnage historique ou telle situation qui s’est réellement passée, qui nous permettraient d’aller approfondir. »

152 153 7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

Composer sa propre témoignage témoignage Considérer grille de télévision 13|03|17 la rochelle 21|03|17 lyon les nouvelles pratiques téléspectateur émilie du jeune public SI LE PUBLIC SE REFUSE La rupture avec les modalités classiques « En utilisant à la fois la « Je m’échappe vers YouTube, vers plateforme de Pluzz et le Internet. C’est la démocratie de consommation de la télévision passe Le public jeune adulte revendique au À CE QUE LES EXIGENCES magnéto scope numérique de des talents. On y trouve des DIGITALES SOIENT par un visionnage moins systématique ma boîte d’accès à Internet, vidéos sur tout, la philosophie, cours des Rencontres sa distance avec PERÇUES COMME UNE et récurrent, le public jeune étant moins je peux constituer ma propre la politique… Qu’est-ce que vous les manières traditionnelles de regar- 02|12|16 REMISE EN CAUSE DES attaché à des rendez-vous fixes dans la chaîne ! Comme ça, si on a fait faites de cette concurrence ? Issy-les-Moulineaux der la télévision. Mais ces nouvelles pra- la programmation dans la Vous allez l’exploiter ? » grille des programmes. Par ailleurs, les tiques sont loin de signifier un éloigne- MODES TRADITIONNELS journée en fonction des choses Richard Poisson DE CONSOMMATION DE téléspectatrices et téléspectateurs les intéressantes repérées dans le producteur ment définitif, les jeunes adultes sont plus jeunes souhaitent pouvoir « navi- surtout en demande d’une télévision qui LA TÉLÉVISION, CELLES-CI programme télévisuel, on peut « Il y a d’un côté ce que les SONT PERÇUES COMME LE guer » dans les propositions de pro- regarder sa propre chaîne le chaînes acceptent comme projet suive leurs envies et leurs mouvements. soir en rentrant du boulot, et on MOYEN DE RETROUVER UNE grammes en passant d’un contenu à et de l’autre côté vos désirs à témoignage est sûr de ne rien rater. » 17|01|17 Strasbourg CONSOMMATION COLLECTIVE un autre en fonction de leurs envies, de vous. Et, au milieu, il y a nous. La question Donc, on est entre le marteau leurs attentes et de leur curiosité. Il s’agit générationnelle Thomas DE LA TÉLÉVISION, et l’enclume à perpétuité. La NOTAMMENT DANS LES finalement de reprendre la main sur la remontée des informations « Je voulais revenir sur votre FAMILLES OÙ LES JEUNES définition de leur grille de programme en et votre besoin à vous de tel La question des jeunes générations a Interêt pour le numérique. Je ADULTES PRIVILÉGIENT passant d’un sujet à un autre en fonction et tel type de sujet : on n’en aussi surgi avec force. Comment lut- n’ai pas bien compris le rapport entend jamais parler. Ce n’est que France Télévisions veut de leurs envies du moment, plutôt que ter contre cette fracture ressentie entre UNE CONSOMMATION pas forcément l’audience qui avoir au numérique et au web. INDIVIDUELLE. LA d’une grille définie par avance. nous le dit, parce qu’en fonction générations ? Comment le service public Avec franceinfo, vous vouliez MULTIPLICATION DES ÉCRANS de la concurrence ce jour-là, peut-il mieux s’adresser à ces publics ? une chaîne sur le web, mais, ET DES PROPOSITIONS l’audience peut varier sans que Les nouveaux médias, l’évolution du ton finalement, elle est à la l’intérêt du documentaire ne télévision. Sur les contenus et de la forme, mais aussi l’exigence DOIT PERMETTRE DE soit en cause. C’est l’intérêt YouTube, vous êtes aussi à la RENOUVELER LES MODES du replay, parce que, à partir culturelle ont été des réponses évo- fois sur la télévision et sur D’ACCÈS À LA TÉLÉVISION du moment où ça sera pris en quées par les jeunes et les moins jeunes. les plateformes. Vous avez PUBLIQUE POUR TOUS ET DE compte, on va enfin savoir un intérêt pour la création un peu mieux ce que les gens et la fiction, mais pourquoi ne « On sent une fracture entre les géné- PRENDRE EN COMPTE LES aiment. Même si le replay reste pas aller plus loin, y aller NOUVELLES PRATIQUES ET la pratique d’une minorité par rations, il faudrait faire converser les franchement, notamment par LES NOUVELLES ATTENTES DE rapport au direct. » géné rations, créer un dialogue entre rapport aux concurrents CE PUBLIC JEUNE. elles, favoriser leur rapprochement. » étrangers ? »

154 155 7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

témoignage témoignage 17|01|17 Strasbourg 03|04|17 Pointe-à-Pitre 16|03|17 ANGERS martin Groupe de travail « Récemment, le PSG a inauguré animé par Éric Rayapin OLIVIER PY sa première sélection de (journaliste télé, DRAMATURGE ET METTEUR EN SCÈNE, DIRECTEUR DU FESTIVAL D’AVIGNON Ligue of Legend, de sport Guadeloupe 1ère) électronique. Pourquoi est-ce « Il faut arrêter de penser que, que vous ne réservez pas plus de pour captiver les jeunes, J’ai connu trois époques différentes. Je suis un supports, de possibilités, de partenariats – ce que télévision, ce n’est plus seulement d’en haut vers le place au sport électronique ? » il suffit de mettre Kalash ou enfant de l’ORTF, donc j’ai connu une époque nous faisons en tout cas au Festival d’Avignon, bas, c’est un travail interactif. Il y a une interaction témoignage autre. Nous, on met en scène 29|03|17 toulouse réponse des poèmes de la Guadeloupe où l’on croyait encore que la télévision allait être qui est vraiment un objet qui pouvait s’opposer à qui est tout à fait nouvelle, et elle est vraiment à zélie 17|01|17 strasbourg en images et on a besoin d’un le grand vecteur de démocratisation culturelle, l’idée de la télévision, rivaliser avec la télévision. prendre en considération. Au Festival d’Avignon, on diffuseur pour cela. » « Je ne regarde pas trop les Thiphaine et puis j’ai connu l’autre époque où on a pensé Aujourd’hui, on ne peut absolument plus penser a souhaité faire un travail avec des collèges et des informations à la télévision, de Raguenel exactement l’inverse : tout ce qui est télévision, comme ça dans le monde de l’art et de la culture. lycées des quartiers dans lesquels il n’y a aucune sauf si mes parents le font. directrice exécutive de 03|04|17 Pointe-à-Pitre Par contre, sur Facebook, France 4 et directrice des Sylvie Gengoul c’est pourri, et au contraire, quand on est une Au contraire, la démocratisation culturelle a de mixité. On a demandé aux élèves ce qu’ils aimeraient je les regarde beaucoup, avec activités jeunesse de France directrice régionale, personne qui s’intéresse à la culture, on doit nouveau un espoir qui passe par la télévision. Par faire avec cet objet qu’est le Festival d’Avignon. Ils notamment les vidéos de Télévisions Guadeloupe 1ère franceinfo. Je ne pense pas faire s’opposer à la télévision. Donc, si on m’avait dit exemple, au Festival d’Avignon, les captations, ont tout de suite répondu : « Nous, on veut une télé, « Le e-sport, c’est un « Il suffit de demander. » une confiance aveugle à ce qui phénomène important. Et en qu’un jour je viendrais défendre en quelque sorte c’est très important, même si on sait bien qu’on on veut faire notre télé. » Et elle existe maintenant, est posté, mais les médias que parler est aussi un enjeu pour je suis sont plutôt fiables. » nous. On l’a fait par exemple la télévision, moi qui m’en suis si longtemps ne fait pas des scores d’audience extraordinaires, c’est une télé web, elle a lieu chaque année à par des documentaires. On défendu, ça prouve qu’il y a un véritable mais il n’y a pas que ça... Quelqu’un parlait de la Avignon, elle s’intéresse au festival. On peut dire que se pose la question en tant que service public de savoir changement d’époque ! diversité visible et de la question des quartiers. la télé du festival, aujourd’hui, elle est faite par des comment parler de ces sujets- On est en retard sur la diversité visible, sur les enfants des quartiers. Ça dépasse la question de la là, sans faire la promotion d’un jeu. Mais il y a aussi des L’époque qu’on vit, là, est vraiment passionnante, questions de genre dans les fictions en général. représentation, jeux qui ont des niveaux de parce qu’il y a une place de la culture que je trouve La télévision ne se porte pas plus mal que les il ne s’agit pas que les puissants violence non compatibles avec la télévision. Donc, on ne de plus en plus intéressante, de plus en plus plateaux ou les grands écrans, mais il y a un représentent les autres, il s’agit peut pas en parler sur l’écran importante. C’est aujourd’hui un grand éventail de travail qui est en train de changer parce que la de donner la parole. traditionnel de télévision. »

156 157 7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

témoignage témoignage Agora réponse 20|04|17 la courneuve La Courneuve 20|04|17 la courneuve Delphine kenza laura Ernotte Cunci « Je ne regarde pas trop la télé Rencontre organisée le 20 avril 2017 pointe justement sur ce dernier point : présidente-directrice « Comment faites-vous pour vérifier la véracité des propos mais, sur France 2, j’aime bien entre une centaine d’élèves de termi- la télévision publique traite d’informa- générale de France Télévisions que vous nous avancez ? Que ce Cash Investigation. nale et BTS communication du lycée tions qui ne comptent pas réellement à soit des propos en lien avec le La présentatrice va jusqu’au Jacques-Brel à La Courneuve et leurs yeux, elle ressasse des générali- « France Télévisions est contexte actuel français ou le bout. C’est grâce à des personnes neutre. En tout cas, on essaie comme ça que France 2 peut Delphine Ernotte, Tiphaine de Raguenel, tés et des affaires qui ne les concernent contexte mondial ? » de l’être. La neutralité, gagner des téléspectateurs. Hervé Brusini, Leïla Kaddour-Boudadi, pas – la politique est fréquemment c’est une forme de combat : réponse On ne voit pas beaucoup ça à la Matthieu Lartot. citée, ainsi que les débats idéologiques. chaque journaliste pense télé. Les jeunes apprécient. » L’information ne leur semble donc pas quelque chose, mais il doit Leïla faire abstraction de ses L’information : des interrogations sur complète. En tournant à répétition, elle Kaddour-Boudadi témoignage propres opinions pour essayer journaliste, france 2 témoignage sa fabrication, des critiques sur les aboutit à des stéréotypes et ne reflète ni 20|04|17 la courneuve d’avoir une interrogation qui 20|04|17 la courneuve « Quand on est journaliste, choix des sujets leur réalité ni leurs préoccupations. En soit neutre, objective, par iSmaïl on a des méthodes de Sami revanche, certains magazines d’investi- exemple, lorsqu’il interviewe « Chaque titre de presse peut un homme politique. » travail. On doit recouper nos gation séduisent parce qu’ils permettent En matière d’information, les élèves avoir un penchant politique. Pour informations. Ça veut dire « Les infos ont exprimé un intérêt marqué pour la d’aller davantage au fond des sujets, du ce qui est de France Télévisions, qu’on va chercher un maximum d’éléments pour être le plus répètent toujours manière dont les journalistes travaillent, fait parfois d’un ton direct, incisif et du j’ai l’impression, par moments, sûr possible de la véracité la question étant de comprendre com- sérieux des propositions. que c’est neutre. Mais avec les les mêmes choses. élections qui arrivent, je me dis d’un fait, d’une déclaration. ment les professionnels traitent le flot qu’il y a forcément un penchant. C’est un travail d’équipe : il Au bout d’un moment, on ne de nouvelles auquel les élèves sont Certains journalistes sont un y a au moins 200 personnes regarde plus trop la télé à mobilisées chaque jour pour eux-mêmes confrontés : comment peu mordants. Je les sens un peu cause de ça. C’est mon cas. faire le journal. Tout est Prenons l’exemple de la burqa : peuvent-ils en garantir le sérieux, la fia- plus négatifs envers certains candidats. C’est humain, c’est vérifié pour éviter la rumeur, on en a parlé pendant trois bilité, comment éviter d’aborder tou- normal. On ne peut jamais avoir pour avoir le plus d’assurance semaines, voire plus. Souvent, j’ai jours les mêmes thèmes ? La défiance une neutralité parfaite. » possible. Il peut nous arriver l’impression qu’on passe à côté de nous tromper. Ça donne des choses importantes. Ce qu’il lieu à des explications. Mais se passe en Seine-Saint-Denis ou on veille vraiment, et on dans les petites campagnes, ce le fait sincèrement, à vous n’est pas trop montré à la télé. » délivrer l’information vraie et juste. »

158 159 7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

Une télévision juste, réponse qui les représente Delphine Ernotte Cunci Pour que la télévision publique reflète présidente-directrice leur vision de la réalité, les élèves lui générale de France Télévisions demandent de travailler avec ceux qui vivent comme eux, ceux qui sont à même « Il reste du travail, y compris sur les antennes. Avec le de relayer leur quotidien. La question de CSA, on compte le nombre la représentation, de la place qui est faite de femmes présentatrices, à la diversité de la société française, est animatrices, le nombre de aussi au cœur de leurs préoccupations. femmes expertes, aussi. Aujourd’hui, on est environ témoignage témoignage à 35 % de femmes expertes. 20|04|17 la courneuve 20|04|17 la courneuve Il faut qu’on arrive à 50 %. On investit aussi du Sami Kenza temps et de l’énergie sur « Vous êtes les représentants de la diversité des origines « On ne montre les ces chaînes qui mettent en avant sociales, géographiques. la diversité et qui osent parler C’est un combat qu’on banlieues que lors de sujets peut-être pas tabous, continue à mener. En tant que de faits divers mais compliqués. Que pensez-vous service public, on doit être de la place de la femme au sein exemplaire là-dessus. » ou d’événements des chaînes de télévision et au sein de votre équipe ? C’est une négatifs. fierté de voir une femme à votre Et c’est la même chose pour place, même si c’est une chose les campagnes (…). Pourquoi ne censée être normale. » pas aller dans les cités, les banlieues, les milieux associatifs et faire des interviews pour vraiment montrer et mettre fin aux idées reçues ? Parce que l’image que j’ai de ma ville n’est pas celle que donne la télévision… »

160 161 la parole aux animateurs

LUCILE GUICHET KAMAR GENIALE ATTOUMANI DENIS ADENET-LOUVET JOURNALISTE ET PRÉSENTATRICE, POLYNÉSIE 1ÈRE ANIMATEUR RADIO ET PRÉSENTATEUR DE TÉLÉVISION, MAYOTTE 1ÈRE JOURNALISTE ET PRÉSENTATRICE, MAYOTTE 1ÈRE JOURNALISTE RADIO, MARTINIQUE 1ÈRE

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous aujourd’hui sur France Télévisions ? Quel regard portez-vous sur France Télévisions aujourd’hui ? France Télévisions est une grande et belle entreprise, forte de ses multi- Au départ, j’avais l’impression que les programmes étaient destinés aux Je trouve que c’est un groupe pour tout le monde, avec lequel on peut Par sa diversité, le groupe France Télévisions propose un regard assez ples visages avec ses cinq chaînes de télévision, chacune avec son iden- plus âgés d’entre nous. Aujourd’hui, il y a eu beaucoup d’évolution. Je s’informer et se divertir. Nous sommes partout en même temps, ce qui large et varié sur la société française et sur le monde en général… En ma- tité. Présente partout, géographiquement (de Saint-Pierre-et-Miquelon à pense que France Télévisions essaie de s’aligner avec les autres chaînes, nous permet de voir la France dans tous ses éclats. J’aime les nouvelles tière de politique, l’ambitieuse formule qui a consisté à faire un débat avec Washington, en passant par la Polynésie française) et grâce au replay, les mais on sent une forte amélioration surtout au ­niveau du numérique. émissions politiques qui ont été mises en place. Par contre, concernant l’ensemble des candidats à la présidentielle a fourni la preuve que bien chaînes vont à la rencontre des téléspectateurs, quels que soient l’endroit l’Outre-mer, on est souvent oubliés au niveau national. Nous avons l’im- des défis sont possibles pour peu qu’on veuille répondre aux­attentes et le fuseau horaire où ils se trouvent. Qu’attendez-vous de la télévision publique ? pression d’exister seulement quand la situation est très tendue. avérées ou non des téléspectateurs… Étant désormais le plus souvent La télévision publique doit avoir plus de proximité avec la population. J’at- affecté aux sports, je note que France Télévisions maintient avec succès Qu’attendez-vous de la télévision publique ? tends qu’elle propose aux citoyens de l’Outre-mer des programmes Qu’attendez-vous de la télévision publique ? son effort en matière de diffusion d’événements sportifs majeurs, de la La télévision publique ne doit pas être menée par les intérêts des capi- adaptés à leurs us et coutumes. J’attends qu’elle nous informe tous les jours et qu’elle soit plus interactive. Grande Boucle aux Jeux olympiques, en passant par bien d’autres com- taux publi­citaires, comme le sont les chaînes privées. Cela lui donne une Il faudrait qu’elle se tourne vers le numérique via les réseaux sociaux pour pétitions. liberté et aussi un devoir : transmettre la culture et les cultures, les infor- être plus accessible par les jeunes. Aujourd’hui, on délaisse de plus en mations différentes. Même si cela est regardé par un petit nombre de té- plus la télé. Il serait donc judicieux de favoriser les moyens d’échanges et Qu’attendez-vous de la télévision publique ? léspectateurs, c’est un petit nombre qui n’est pas oublié et qui doit exister. de mettre en place une interaction afin de raccrocher les gens à la télé. Dans un contexte très concurrentiel, le train France Télévisions est sur de Pour l’investigation, pour les émissions culturelles et littéraires, même bons rails. J’attends que nous autres, agents, nous nous creusions en- tard le soir, pour les journées en Outre-mer. Seule la télévision publique core plus les méninges, tous autant que nous sommes, pour proposer peut ­offrir tout cela aux téléspectateurs. les meilleurs produits. Mais que notre hiérarchie soit aussi attentive et prête à valoriser le travail effectué dès lors qu’il reflète nos réalités di- verses, toujours avec la rigueur et la déontologie qu’exigent nos métiers…

162 163 7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

témoignage Une télévision pour eux, 20|04|17 la courneuve qui intègre leurs codes et accompagne Margaux les nouveaux usages LEÏLA KADDOUR-BOUDADI « Sur les chaînes de France JOURNALISTE, FRANCE 2 Télévisions, c’est trop 20 |04 |17 LA COURNEUVE Les élèves qui ont pris la parole expri- redondant. On passe toujours les ment un décalage entre la société telle mêmes programmes l’après-midi. qu’ils la vivent – rapide, en évolution per- Du coup, c’est pas la chaîne qu’on manente – et des grilles de programmes va regarder en premier ou alors Qu’on soit un homme ou une femme, qu’on soit un on va vite zapper, parce qu’il n’y qui ne changent pas. Les codes de la a rien qui nous attire. Du coup, on peu plus ou un peu moins coloré, on n’a pas tous télévision publique ne sont pas les leurs. se lasse. » exactement le même regard sur la société. Ils demandent plus de réactivité pour ce qui est de la diffusion des films de ciné- témoignage témoignage Pour le coup, France Télévisions est une entreprise qui va vraiment dans ma à la télévision par exemple, plus de 20|04|17 la courneuve 20|04|17 la courneuve variété en matière de disciplines spor- le bon sens, qui fait changer le regard. Moi, si j’incarne une diversité, elle ayoub sonia tives diffusées, plus de modernité dans est plus sociale qu’ethnique : mon père est ouvrier et ma mère est au « Les divertissements, comme « Le Journal de 20 heures n’est les séries proposées ou plus de rythme Des chiffres et des lettres ou pas adapté aux jeunes. Par foyer. J’ai fait des études, j’ai choisi un métier et, aujourd’hui, je présente le dans l’information. Leurs codes passent Slam, sont pour un public assez exemple, sur M6, le Journal de journal de 20 heures en remplacement de Laurent Delahousse. Le regard aussi beaucoup par les supports numé- âgé. Ça ne donne pas envie de 20 heures fait plus jeune. Le riques, qui offrent une réelle liberté de regarder. Je préfère regarder un format est mieux adapté. Pour que je porte, moi, née à Mantes-la-Jolie, sur un fait de société en banlieue truc intéressant, qui parle des nous, un journal devrait être composition des programmes et une n’est pas exactement le même que celui de quelqu’un qui n’a jamais jeunes. J’aime bien les émissions plus dynamique, plus court. » grande facilité d’usage. Ronaldo le comme Touche pas à mon poste traversé le périphérique. Et ça, c’est important. dit : « Facebook, c’est plus accessible. où les gens se rassemblent C’est dans la poche, on ouvre et puis on et cherchent, à chaque fois, un thème, des nouveautés. Ils regarde, c’est en direct. » parlent de tout et de rien, ça change des trucs où on sait que ça va être la même chose. »

164 164164 165 7.3 LE PUBLIC JEUNE ET SES ATTENTES

Comme pour les publics plus âgés, les réponse pour résumer attentes des jeunes à l’égard de la télévi- Delphine « Ce qui est important, ce n’est pas le sion publique sont claires. Ils demandent Ernotte Cunci support ou la forme, c’est le contenu. » plus de réactivité, de prise en compte présidente-directrice Ce constat d’une téléspectatrice pari- de leurs préoccupations. Avec parfois générale de sienne est un principe premier de l’inter- France Télévisions déjà une pointe de nostalgie à l’égard vention du public de France Télévisions de programmes disparus ou en voie de « On a envie d’aller dans ce par rapport à son offre digitale. S’il faut sens, de produire des fictions revenir. Emma s’est ainsi renseignée plus différenciées, pas prendre en compte et anticiper la modi- sur la rumeur du retour à l’antenne des uniquement pour les jeunes, fication des pratiques de consommation Minikeums. Retour confirmé. d’ailleurs. On a un projet des productions télévisuelles, la qualité À suivre… de plateforme numérique des programmes primera toujours. Les justement, qui s’adresserait aux jeunes entre 18 et 25 ans, plateformes numériques et leurs offres témoignage 20|04|17 la courneuve qui proposera des œuvres digitales ne sont pas perçues comme florian spécifiques, des fictions, l’aboutissement d’un virage, mais bien des documentaires, avec une comme des possibilités cumulatives de forme, un ton et des sujets « Les séries sur France 2 et renforcer et diversifier une offre de pro- surtout France 3, comme Plus plus particulièrement faits belle la vie, ça marche mais ça pour la classe d’âge que vous grammes de qualité. n’attire pas les jeunes. représentez. » On regarde beaucoup Netflix. Il s’agit de rompre avec la contrainte des Les séries sur horaires de diffusion, mais aussi avec la transmission verticale, du haut vers France Télévisions le bas, d’un programme, en permet- sont vraiment tant au public d’intervenir et de partici- per à la fabrication de sa télévision et, éloignées des enfin, de faire venir ou revenir les jeunes adultes qui demandent plus d’autono- jeunes. » mie dans leurs rapports à la télévision. En revanche, le public demande que l’offre digitale ne vienne pas remplacer les moments conviviaux de partage de la télévision entre toutes les générations.

166 167 La production et la diffusion de fictions sont des missions de la télévision publique auxquelles les téléspectateurs sont attentifs. Le service public se distingue par son effort important de production française originale et son renouvellement.

Lorsque les personnes présentes lors des Rencontres s’em- verse, une autre partie du public est plus attentive à la fonc- parent de la question de la fiction, on retrouve une tension tion sociale du récit, celle qui met en scène le réel pour 8. LA FICTION, ENTRE ÉVASION entre des demandes contradictoires : faut-il donner à voir le l’interroger et le comprendre. Le public cherche alors à re- réel ou fournir une échappatoire au quotidien ? Les réponses trouver la réalité, sa réalité, dans les fictions produites et dif- sont nuancées, combinées, pluralistes. Toutefois, un certain fusées par la télévision publi que. Cette exigence s’accom- ET MISE EN SCÈNE DU RÉEL consensus se fait jour autour de la demande du maintien pagne d’une demande de représentativité à la fois dans les d’une fiction française servie par la richesse des scénarios, récits construits et dans les personnages qui les portent. de la réalisation et des acteurs qui composent le monde de Par ailleurs, la fiction est un moyen de découvrir des réalités la création en France. et des espaces nouveaux et de porter alors le débat à pro- La diversité et l’originalité des productions de fictions pos de situations éloignées ou inconnues du public. Enfin, peuvent tout d’abord permettre au public d’être ainsi trans- les téléspectateurs ont souligné la qualité des productions, porté, par l’imaginaire, dans des mondes nouveaux ou dif- et en cela la place toujours plus grande réservée aux ac- férents. Cette dimension d’évasion est considérée comme trices et aux acteurs du monde de la création au sein des une soupape dans une réalité parfois difficile à vivre. À l’in- programmes de la télévision publique.

168 169 8.1 S’ÉVADER AU QUOTIDIEN : L’APPEL DE LA COMÉDIE

Sortir du quotidien, témoignage témoignage À la découverte se divertir et rire 30|11|16 marseille 04|04|17 nancy de nouveaux univers olivier Denis Comme l’explique un téléspectateur « Je choisis des choses qui me « Ce qui m’intéresse dans les La fiction est aussi un moyen de décou- que ce n’est pas encore assez appro- S’ÉVADER DU RÉEL N’EST font rire, qui me détendent après fictions, c’est d’intégrer des PAS NÉCESSAIREMENT UNE venu dialoguer lors de la table ronde des une journée de boulot, donc univers différents, l’univers vrir des lieux et des gens différents de fondi pour donner de l’importance aux FUITE, MAIS UNE RESPIRATION. Rencontres Téléspectateurs à Marseille, j’évite ce qui va me faire me poser de la vigne, l’univers policier, son quotidien. De s’ouvrir à des espaces scénaristes, pour qu’ils puissent juste- C’EST CE QU’EXPLIQUENT LES la fiction est un moment important, à la trop de questions, m’angoisser ou d’avoir des découvertes à nouveaux comme celui du cinéma avec ment vous offrir des séries de qualité. » fin de la journée, pour penser à autre me stresser. Dans ce qui me fait travers des histoires. C’est Dix pour cent ou de la gastronomie TÉLÉSPECTATEURS QUI METTENT rire, il y a Fais pas ci, fais pas ça, important de redonner goût EN AVANT LE PLAISIR QU’ILS ONT chose : « Il faut comprendre qu’on est Parents mode d’emploi. » à l’histoire aussi. Un village avec Chefs. Une telle approche com- À Trouville, le 11 mars 2017, les téléspecta- À SE RETROUVER DEVANT UNE agressé par l’actualité, la politique et français, très important et mande à France Télévisions de prendre teurs venus évoquer les fictions de France les événements, on veut se détendre et témoignage intéressant, parce que les des risques, d’innover et de persévé- Télévisions dans le groupe de Sophie in- ŒUVRE DE FICTION APRÈS UNE réponse non pas voir des Meurtres à Avignon… 30|11|16 marseille thématiques permettaient un rer dans des choix qui la distinguent sistent sur leur dimension de découverte : JOURNÉE PARFOIS CHARGÉE ET 30|11|16 marseille éclairage sur cette période DIFFICILE. LA FICTION PROPOSÉE Du coup, je zappe et je regarde des jean-françois Thierry Aflalou assez troublée de notre de ses concurrents. Une téléspecta- « J’adore la série Meurtres à… parce que PAR FRANCE TÉLÉVISIONS documentaires. On veut se détendre ! » « Vous disiez que vous aviez une producteur chez histoire. » trice présente lors de l’agora de Paris je découvre des régions, des histoires Comic Strip Production TROUVE ALORS UNE PLACE Ce relâchement revendiqué passe par obligation de quotas, tant mieux. explique notamment comment elle est et des légendes du coin, des paysages la comédie ou les séries humoristiques, Mais pourquoi vous n’avez pas « La comédie, c’est une devenue assidue des séries de France et des habitudes. J’ai découvert de su- PARTICULIÈRE DANS LA JOURNÉE assez de comédies sur cette qui, tout en abordant parfois des sujets question centrale pour nous. Télévisions : « Je suis une fan de fic- perbes régions françaises avec cette DE SON PUBLIC, CELUI DE LA diffusion ? Lorsque l’on regarde Je vais vous faire mentir, RESPIRATION, DE LA DÉTENTE. de fond importants, proposent un déca- un programme, on a “Meurtre car il y a deux séries qui tions, mais je ne regarde le service série. D’ailleurs, il y a largement de quoi À PARTIR DE CE MOMENT-LÀ, lage attendu par les téléspectateurs. ici”, “Meurtre là-bas”. Donc, cartonnent et qui s’exportent public que depuis quatre ou cinq ans, en faire une en Normandie ! » moi qui regarde d’abord France à l’international, c’est Fais car plutôt consommatrice de séries TOUS LES DISPOSITIFS SONT Télévisions, eh bien, si France Il est donc nécessaire pour France pas ci, fais pas ça et Dix pour américaines, donc plutôt TF1. Je trouve BONS POUR PERMETTRE Télévisions ne me donne que cent. Mais la comédie, c’est le L’ÉVASION : UNIVERS NOUVEAUX, Télévisions de rechercher un équilibre et des choses tristes, alors qu’on genre le plus dur ; le polar, que France 2, France 3 commencent HUMOUR, FANTASTIQUE, un accompagnement juste lorsque les est agressés par l’actualité… on peut avoir une structure à innover, à trouver des séries qui problématiques contemporaines sont Quand est-ce que vous allez nous narrative assez simple : en changent de l’ordinaire. Pour moi, vous DESTINS D’EXCEPTION, donner un peu de fantaisie ? » traitées dans les fictions, selon le vœu gros, il y a un meurtre et il commencez à prendre des risques. Le MAIS C’EST AVANT TOUT LA faut trouver le coupable… COMÉDIE QUI REMPORTE exprimé par une autre téléspectatrice Tandis que derrière la problème, c’est que vous ne donnez L’ADHÉSION DU PUBLIC. présente à Marseille : « Les sujets socié- comédie, il y a un gros travail pas la chance à des programmes assez taux, c’est bien, mais il faut les traiter d’écriture. En Amérique aussi, longtemps, comme Origines, qui pour avec parcimonie, parce qu’on est dans il y a assez peu de comédies, moi était une super série. C’était origi- et bien sûr on se dit tous : un monde de violence ; on a envie de “Quel dommage !” et on nal, il y avait de la créativité. Je trouve changer, on a envie d’autre chose. » aimerait en faire plus. »

170 170 171 la parole à...

FANNY RONDEAU ANNE HOLMES DIRECTRICE DE L’ UNITÉ FICTION DE FRANCE 2 DIRECTRICE DE L’ UNITÉ FICTION DE FRANCE 3

Chérif, Candice Renoir, Caïn, Nina... Autant de visages Tout notre travail aujourd’hui est de diversifier autant les Donner du sens en éveillant les sens. sés : fiction de société, série historique, adaptation et de héros de la fiction française de France 2, qui a su formats que les univers, proposer plus de comédies littéraire, polar, comédie, feuilleton, héros et héroïnes renouer, depuis quelques années, un lien fort et constant aux téléspectateurs, mais également sortir du sa- Sur France 3, les fictions naissent des valeurs de la d’aujourd’hui avec la collection « Femmes de carac- avec le public. cro-saint prime time pour aller explorer la deuxième chaîne : la proximité avec les régions, l’authenticité et la tère »… De Plus belle la vie à Marion 13 ans pour tou- La fiction de France 2, c’est aussi proposer de nou- partie de soirée, par exemple. Et, bien entendu, le grand sincérité de personnages toujours à hauteur d’homme, jours, de la série Le Village français à la comédie Capi- veaux univers, comme celui de Dix pour cent, ou une enjeu de l’année 2018 sera l’arrivée d’un feuilleton quo- le goût de l’histoire, des traditions et de la culture popu- taine Marleau, la fiction de France 3 s’appuie sur un ambition visuelle et sonore, avec notamment la série tidien en fin d’après-midi sur notre chaîne. laire. À partir de ces valeurs, c’est une formidable diver- monde imaginaire proche du réel pour nourrir la ré- Zone blanche. Bref, proposer, encore et toujours, une fiction créative, sité de fictions originales et de formats qui sont propo- flexion de chacun et cultiver le vivre-ensemble. Cette année 2017 sera marquée par l’arrivée de nou- audacieuse et populaire. velles séries, comme L’Art du crime, un polar ludique Une fiction sans limite. dans le monde de l’art, On va s’aimer, qui nous parlera de la famille aujourd’hui au travers de deux avocates, mère et fille, et un grand feuilleton,Le Chalet, une sorte de Dix Petits Nègres en montagne qui mêlera suspense et romanesque.

172 173 8.2 PLURALITÉ DE LA FICTION, DIVERSITÉ DANS LA FICTION

témoignage témoignage Mettre en scène Refléter la pluralité 30|11|16 marseille 06|12|16 paris des gens ordinaires et la diversité du pays et du monde olivier marie-véronique « J’aime bien aussi les séries UNE AUTRE PARTIE DU PUBLIC Pour certains d’entre eux, les téléspec- d’actualité qui parlent de « Il n’y a pas que les séries françaises qui sont DE FRANCE TÉLÉVISIONS FAIT tateurs aiment bien « se retrouver » dans Les téléspectateurs sont générale- nous, comme dans Fais pas ci, APPEL À UNE AUTRE MODALITÉ les personnages de leurs fictions. Il s’agit ment très satisfaits de l’offre de fictions fais pas ça : elles traitent des intéressantes, il y a aussi les séries anglaises, DE FABRICATION DES FICTIONS : de mettre en scène la vie de gens ordi- de France Télévisions. Ils demandent thèmes comme le chômage, islandaises… où on voit des gens de la vraie vie. l’homosexualité. Mais il y a aussi CELLE QUI A POUR PRINCIPE LA naires qui leur ressemblent. Une par- cependant qu’un effort soit fait en des thèmes qui sont peu abordés, Et ça nous permet de connaître mieux l’Europe, la MISE EN SCÈNE DE LA RÉALITÉ tie du public est donc demandeur de termes de diversité. Pas seulement dans comme dans Dix pour cent, Les QUOTIDIENNE DANS UNE fictions réalistes. Mais cette demande la forme, et plus précisément dans le Hommes de l’ombre, des thèmes façon de vivre des autres pays, donc ça rapproche. PERSPECTIVE DE REFLET DU d’authenticité va aussi de pair avec une témoignage renoncement au « tout-polar », mais aus- qui ne sont pas récurrents dans 30|11|16 marseille 06|12|16 paris les comédies par exemple. » RÉEL. LES TÉLÉSPECTATEURS exigence de plausibilité et d’exactitude olivier si par rapport aux personnages mis en Et puis, c’est vrai que les ATTENDENT ALORS QUE dans les situations traitées. Caroline Got scène, aux enjeux de l’intrigue, aux lieux séries policières sont souvent directrice exécutive calibrées dans le même sens. On TOUS LES ASPECTS DE LEUR « La fiction qui nous plaît, c’est de France 2 mis en avant dans les productions. celle qui nous ressemble. Vous pourrait envisager un groupe QUOTIDIEN SOIENT L’OBJET Durant les discussions du groupe de parlez d’une série sur l’autisme, « On tente d’avoir une offre d’enfants qui enquêteraient à DE CETTE SAISIE PAR LA réflexion de Margarita, réuni à Trouville mais pourquoi on n’a pas de variée, avec des téléfilms sur l’aide de nouvelles technologies FICTION, LES BONS COMME le 11 mars 2017, les participants ont insis- personnage au chômage dans des enjeux “sociétaux”, comme ou de drones. Ça permettrait de toucher un panel de LES MAUVAIS CÔTÉS. C’EST À té notamment sur le rapport au réel, une série telle que Plus belle sur la maladie d’Alzheimer, la vie ou Fais pas ci, fais pas suivis d’un débat. C’est une téléspectateurs plus important, PROPOS DE CETTE PRISE EN « ce qui est important, quand les séries ça ? Parler de notre vie et ne manière d’être proche des témoignage un peu comme Harry Potter. » COMPTE DU RÉEL DANS LA évoquent notre quotidien, c’est de pas faire une série entière sur téléspectateurs, car c’est un 30|11|16 marseille FICTION QU’INTERVIENNENT mettre en scène des éléments qui nous le thème. Et pourquoi ne pas sujet qui touche beaucoup de sylvie 17|01|17 strasbourg LES EXIGENCES DE permettent de nous projeter, de nous faire un mix entre Dix pour cent gens. Nos équipes en charge et Les Hommes de l’ombre qui de la fiction proposent « Moi, je ne trouve pas que les REPRÉSENTATIVITÉ MAIS AUSSI identifier, parce qu’ils sont proches de Xavier Couture se passerait dans les milieux également des innovations, fictions nous représentent directeur général délégué en charge de la stratégie DE PLURALITÉ, AFIN DE NE PAS notre réalité. Cela n’empêche pas que de France Télévisions par notamment la série Dix pour tant que ça… J’aime beaucoup et des programmes de France Télévisions TOUJOURS SE CONCENTRER l’écriture soit un peu décalée, humoris- exemple… » cent, qui était une véritable les fictions et je me régale avec « Les minorités sont de plus en plus représentées, de la manière SUR LES MÊMES TRAMES tique, mais il faut faire attention à bien prise de risque. On cherche Alex Hugo, mais ça ne reflète à équilibrer la prise de pas notre personnalité. Je ne la plus équilibrée… Comme dans Cherif par exemple, une série NARRATIVES, LES MÊMES SUJETS rester dans le réalisme pour permettre risque, et donc à s’assurer recherche pas la violence non qui s’inscrit dans la réalité de la société française, mixte et OU LES MÊMES MILIEUX. cette identification ». qu’on va vous surprendre, plus : on n’en peut plus des séries peuplée de diversités toutes plus exemplaires les unes que les mais aussi rendre les sujets américaines, des cadavres, des autres. Nous avons envie de la valoriser. » universaux. » meurtres… Est-ce qu’il n’existe pas d’autres corps de métier que les policiers, les avocats ? »

174 175 8.2 PLURALITÉ DE LA FICTION, la parole DIVERSITÉ DANS LA FICTION aux partenaires

témoignage 11|03|17 trouville betty FABIENNE SERVAN-SCHREIBER PRODUCTRICE CHEZ CINÉTÉVÉ « J’ai un frère qui est handicapé, donc ces questions se posent à moi de manière différente. Au Depuis trente ans, France Télévisions a su affronter contenus résolument originaux et alternatifs. Il faut don- début, j’étais un peu gênée par l’arrivée des chaînes privées, puis répondre à la multi- ner les clés aux talents afin de ne pas résumer la télévi- le traitement du handicap dans plication de l’offre télévisuelle avec l’apparition de sion à des moments de « cerveaux disponibles », à une Vestiaires, qui insiste beaucoup sur leur situation. Finalement, chaînes diffusées par la TNT, le satellite, le câble. Le course aux « responsables d’achats ». Il faut offrir à cha- je me suis dit : “Les gens dans la groupe a su se diversifier en conservant une identité, cun le loisir de s’exprimer, montrer que « l’autre » est rue passent leur temps à fixer en pérennisant une vision citoyenne de ses téléspecta- une richesse, une partie de soi. mon frère, à le regarder avec teurs. La tâche n’est pas aisée, les freins persistent, Dans la télévision de demain, la téléspectatrice, le télé- curiosité, peut-être qu’après 17|01|17 strasbourg hors et dans l’entreprise, mais la survie du groupe spectateur, ne sera plus une cible mais un partenaire avoir vu ça ils se comporteront passe par ces efforts. pour qui il sera plus important de savoir où on va en- différemment et qu’ils Tiphaine de Raguenel directrice exécutive de France 4 Demain, aujourd’hui déjà, de nouveaux défis se pré- semble. arrêteront de le regarder avec sentent, de nouveaux modes de consommation appa- étrangeté.” » et directrice des activités jeunesse de France Télévisions raissent. France Télévisions doit être à la pointe de l’in- France Télévisions, dans ces moments de confusion « Oui, on n’est pas représentatif, on ne voit pas la même chose à la télévision et dans la vraie vie. Ça prend du temps. novation, dans le contenu des programmes, dans la idéologique et de repli sur soi, doit être le plus bel ins- Le rôle du service public, c’est d’être particulièrement communication, par sa capacité à toucher le plus grand trument d’ouverture aux autres, et le plus exemplaire en attentif. Il faut pousser les gens qui proposent les programmes, nombre sur le numérique alors que, en France, You- matière de responsabilité : au niveau de l’information à tous les niveaux. Tube expose déjà cent chaînes à plus d’un million comme de la place donnée aux citoyens du monde. La d’abonnés. progression de la visibilité offerte aux femmes montre Mais vous savez, c’est compliqué, quand on travaille sur des que, lorsque la volonté s’exprime, les résultats sont là. séries d’animation, pour qu’il y ait des filles dans chaque série et Dans ce moment si excitant mais si périlleux, France pour qu’elles représentent la moitié des personnages, il faut le Télévisions devra sa survie à la qualité et à l’offre de répéter à chaque fois ! Il faut offrir des places aux animateurs pour des gens qui débutent, parce que ça fait longtemps qu’on programmes se distinguant des autres chaînes : des fonctionne avec des Blancs de CSP+. Il faut trouver des places pour des chroniques, sur des chaînes plus avant-gardistes comme France 4. »

176176 177 8.3 UNE FICTION AU SERVICE DE L’ACTION

Fonction Présenter les débats de la fiction sous un nouveau jour 17|01|17 STRASBOURG EN ADOPTANT La fiction donne aussi à réfléchir, La fiction n’est pas considérée par DAN FRANCK UNE NARRATION même si elle ne doit pas prescrire un les téléspectateurs comme un simple ÉCRIVAIN ET SCÉNARISTE DIFFÉRENTE ET SANS point de vue plutôt qu’un autre, selon espace de divertissement. Le public FAIRE DU FOND DU les demandes exprimées durant les du service public exige régulièrement PROPOS L’OBJET Rencontres. Cela passe notamment par qu’il existe, au-delà des histoires, une La fiction historique a toujours existé. Les séries sont nées Autant c’est difficile d’attendre ça d’une chaîne privée, autant PRINCIPAL DE LEUR la réalisation de fictions historiques qui mise en récit d’enjeux d’actualité. La fic- CONSTRUCTION, LES permettent d’appréhender des phéno- tion permet alors d’aborder des thèmes dans la presse avec le roman-feuilleton comme ceux on peut attendre ça du service public. Un jour, j’ai écrit la FICTIONS PEUVENT mènes sous un aspect différent, de re- témoignage traités par ailleurs sous un angle diffé- d’Honoré de Balzac, Alexandre Dumas, Eugène Sue ou série Résistance, sur des jeunes dans la Résistance. Elle CEPENDANT FAIRE lire notre histoire commune par le biais 11|03|17 trouville rent. Une telle approche rend possible Charles Dickens. C’est d’ailleurs Dumas qui attirait le plus a été diffusée par TF1 avec un score honorable mais pas PASSER UN CERTAIN d’histoires individuelles ou encore d’évo- béatrice l’incarnation de ces situations et per- de public, notamment parce qu’il a inventé les cliffhangers, davantage. Tout le monde me disait : «C’est une série qui NOMBRE D’IDÉES, DE quer des problèmes d’actualité qui ne met aux téléspectateurs de saisir ces DÉBATS OU ENCORE font pas néces sairement consensus « Ce qui est thèmes sur un plan plus personnel, plus les fins en suspens qui incitent à lire la suite le lendemain. était faite pour le service public. » Et donc, quand j’écris pour D’INFORMATIONS. EN dans le public mais qui permettent de important pour une humain parfois. le service public, je n’écris pas de la même manière que CHOISISSANT DES poser un débat d’une manière diffé- série, c’est de nous Le problème en France, c’est que la plupart des séries pour Netflix, ou TF1. Scénariste, ce n’est pas un travail SCÉNARIOS ÉVOQUANT rente. Ainsi Vincent, intervenant par le qui fonctionnent sont des séries policières. C’est une d’artiste : un scénariste est un artisan. La différence m’a biais de Facebook, lors de l’agora de L’ACTUALITÉ. rassembler. réduction incroyable qui tient au fait qu’on va toujours vers été donnée par Pierre Soulages : « Un artiste et un artisan Strasbourg, demande « plus de fictions Chez moi, Plus belle la vie historiques ». rassemble trois générations ce qui fonctionne et ce qui se vend. Moi, je trouve que vont vers le même but, sauf que l’artiste ne connaît pas devant la télévision. Il y a ma le service public s’honorerait à le chemin. » On répond toujours à un but, mais aussi à un mère qui regarde avec ma fille, elles ne manquent pas un épisode. prendre plus de risques mystère qu’on construit et qui permet de répondre à une Et puis, dès qu’il le peut, mon mari que vous n’en prenez aujourd’hui, par exemple en faisant question à deux degrés. Un degré que l’on voit tout de suite les rejoint. C’est vraiment ça qu’on attend d’une série, qu’elle entrer dans les comités de sélection des artistes, des et un second degré, une question lancinante, derrière. soit capable de nous faire nous scénaristes, des écrivains, des metteurs en scène, des Il faut toujours inventer quelque chose qui permette de retrouver et de partager à nouveau, quels que soient notre gens pour qui l’histoire constitue le matériau essentiel de vous réjouir, et vous réjouir vous, c’est nous réjouir nous. âge ou notre situation. l’existence. Et que ce ne soit pas tout le temps des séries J’ai toujours pensé que si je m’emmerde en écrivant, Des fictions fédératrices. » qui sont pensées ou calibrées pour aller vers ce qui marche. vous vous emmerderez en lisant ou en visionnant.

178 179 8.3 UNE FICTION AU SERVICE DE L’ACTION

Les téléspectateurs réunis à témoignage 11|03|17 trouville 06|12|16 PARIS Trouville, le 11 mars 2017, pour évoquer la fiction à France Hugues 06|12|16 PARIS Télévisions insistent tous sur la « Prenez l’exemple de la série DANA HASTIER Un village français. À la fois on GUILLAUME DE TONQUÉDEC DIRECTRICE EXÉCUTIVE DE FRANCE 3 nécessité pour les fictions de ACTEUR faire réfléchir, et de faire réflé- apprend beaucoup de choses, mais on voit aussi les choses chir ensemble, comme l’ex- différemment, parce que la On fait participer les téléspectatrices et les téléspectateurs plique le groupe de Sophie : vérité historique, quand elle est Dans Fais pas ci, fais pas ça, il y a toujours eu un souci « Une fiction, il faut pas que ce racontée par les petites gens, Du coup, c’est drôle parce que c’est à travers la fiction sur France 2 ou sur France 3. À partir soit fini à 22 heures et puis, ce n’est pas la même écriture de de vérité dans les sujets traités. Par exemple, dans ma émouvant et c’est émouvant parce que l’histoire. » d’un grand sujet de société, nous invitons des personnes hop ! tout le monde va se cou- famille, qui a certainement défilé contre le mariage pour c’est drôle… confrontées à la problématique traitée. C’est une des choses cher. Ce qui est intéressant, tous – je parle du personnage bien sûr –, les scénaristes, les plus puissantes et les plus fortes sur tous les plans. À la c’est qu’on puisse en parler, 06|12|16 paris très intelligemment, ont choisi de lui donner une fille Et c’est toujours ce que l’on a voulu défendre dans cette que ça apporte de la réflexion, fois sur le discours et sur les audiences. Quelqu’un qui vient Julian Bugier homosexuelle, qui en plus va se marier ! Et dans un série, grâce à France Télévisions qui a donné les clés qu’on puisse en parler notam- journaliste à France 2 témoigner d’une expérience propre, dans le contexte donné ment entre adultes et enfants. épisode peu après, les parents, par amour, vont défendre aux auteurs. J’espère que, grâce au service public, de « Pour prolonger ce qui par la fiction, ce sont des grands moments de télévision. Par exemple, il y a quelques a été dit, j’ai la chance le mariage de leur fille, face à un de mes collègues qui, nouveaux auteurs ont émergé et que la fiction française C’est plus compliqué lorsqu’il s’agit de débats politiques. années, il y a eu une fiction de présenter ces soirées dans la fiction, drague ma fille. Donc, il va lui-même a repris des couleurs et de l’oxygène à partir de Fais pas sur le harcèlement à l’école qu’on appelle les Soirées Une personne qui est censée représenter une catégorie, défendre le mariage homosexuel de sa fille contre lequel ci, fais pas ça. On a décidé de ne pas parler seulement, et maintenant on en parle, continues, qui fonctionnent par exemple « les entrepreneurs » ou un consommateur très bien, qui rencontrent il a défilé ! Je trouve que c’est très intéressant, puisque ça comme dans les autres séries, des meurtres aux États- le film a suscité des débats. l’intérêt du public et insatisfait ou quelqu’un qui viendrait interpeller le président de la Depuis quelque temps, France qu’on est les seuls à parle de la société ; c’est pas si simple que ça d’avoir des Unis, des flingues et compagnie… ! Mais de parler République, jusqu’à quel point il incarne vraiment le groupe ou Télévisions programme à nou- faire sur l’autisme, sur grandes idées, c’est le principe même du personnage que de ce qui se passe dans notre propre société et des veau des débats qui suivent la maladie d’Alzheimer, la catégorie ? Ce sont des moments qui peuvent cliver, parce sur la radicalisation, sur j’incarne : il a de grandes idées, il dit : «La vie c’est comme difficultés qu’on peut rencontrer les uns et les autres, et la diffusion des fictions, c’est que les téléspectateurs ne se reconnaissent pas dans la les médicaments, sur la ça », et puis, à l’épreuve des faits, comme nous tous, ça curieusement, c’est ce qui intéresse les gens. très bien, il faut continuer maltraitance des enfants, parole retenue. Une parole un peu hors contexte, ou très et augmenter ces soirées. et on y consacre trois devient beaucoup plus riche, beaucoup plus complexe, générale, peut tomber aussi à plat et susciter de l’agacement. Pourquoi ne pas en faire un heures de notre antenne, beaucoup plus inattendu que ce que l’on voudrait bien dire. donc ça n’est pas rien, avec Il faut trouver le bon équilibre. rendez-vous récurrent ? Tous une fiction et un débat. » les quinze jours par exemple ? »

180 181 8.4 LA PLACE DE LA CRÉATION DANS LE SERVICE PUBLIC

témoignage Originalité des productions 17|01|17 strasbourg 06|12|16 paris et innovation des fictions 04|04|17 nancy Xavier Couture Guillaume 04|04|17 NANCY Agnès directeur général délégué de Tonquédec LES TÉLÉSPECTATEURS Durant les Rencontres Télé- en charge de la stratégie acteur PAULE ZAJDERMANN « J’aime beaucoup les et des programmes CONSEILLÈRE DE PROGRAMMES FICTION À FRANCE 3 personnages atypiques, comme SONT RECONNAISSANTS spectateurs, il est tout à fait de France Télévisions « Fais pas ci, fais pas ça, Capitaine Marleau. Au début, DES EFFORTS EFFECTUÉS évident que les séries de France c’est une série qui ne quand j’ai vu la première fois, « Il est prévu de faire POUR LA PRODUCTION Télévisions sont perçues de devrait pas exister dans j’avoue que j’étais un peu, entrer des artistes dans une logique commerciale. ET LA DIFFUSION DE manière spécifique par le public, En particulier pour les fictions historiques, ça n’est pas euh... avec son chapeau sur les conseils. Dans le “plan La grande leçon, c’est que la tête tout le temps. Et puis FICTIONS DE QUALITÉ notamment comme très diffé- création” de la présidence, je suis devenu un acteur toujours une question de moyens, c’est une question, pour c’est quand même formidable dans cette volonté d’aller AU SEIN DU SERVICE rentes des productions amé- populaire grâce à Fais pas ci, les producteurs, de bien utiliser les moyens qu’on leur offre. quand on peut s’attacher à ces au-devant d’une création fais pas ça, donc hommage à PUBLIC. SI LES THÈMES, ricaines. Les téléspectateurs témoignage personnages. Quand ça se passe renouvelée, il y a aussi la France 2 sur les sujets, sur Les séries américaines ou celles de Canal+ sont beaucoup en plus dans des endroits qu’on LES APPROCHES ET LA apprécient les efforts qui ont 30|11|16 marseille volonté de faire entrer le les auteurs. Ils ont laissé mieux financées que nos programmes. Mais on a de très bons peut découvrir ou redécouvrir, témoignage RÉGULARITÉ PEUVENT été faits dans le sens de l’origi- jean-pierre monde des auteurs, le monde un auteur s’exprimer de A à comme le parc de Sainte-Croix, 04|04|17 nancy de la création, le monde des ÊTRE INTERROGÉS, nalité des sujets et de la qua- « Je regarde vos fictions, ce sont Z. Le cadrage de l’écriture producteurs ici, qui savent parfaitement mettre à profit les j’aime beaucoup. Je suis toute artistes dans la manière dont est souvent trop fort sur jeune retraitée. Avant, quand julie IL DEMEURE QUE LA lité de l’écriture et du jeu dans les programmes que je préfère. on aborde la fiction. moyens plus limités qu’on leur offre. d’autres chaînes, ils font du je rentrais du travail, c’était : « La fiction sur les chaînes QUALITÉ EST RECONNUE. les séries de production fran- Mais je voudrais savoir ce qui Par le confort du succès, prémâché en fonction de ce Ce qui est aussi très important, c’est la préparation en amont. on a besoin d’une vraie détente, publiques peut être plus vous oblige à faire de la fiction on va trop souvent vers le çaise à la télévision publique. Ils qu’ils pensent de l’attente des et quand on a des rencontres engagée, peut traiter de sujets alors que vos concurrents policier, mais la prise de Un village français a été réfléchi, pensé, travaillé, par un demandent cependant de trou- auditeurs-auditrices. Mais avec des personnages comme ça, un peu plus marginaux ou attirer se tournent vers les séries risque est essentielle et le France Télévisions laisse une scénariste accompagné d’un atelier d’écriture de six ou sept c’est vraiment très agréable. un peu moins de public parce ver encore de nouvelles idées, américaines ? Est-ce qu’il y a une service public s’honorera part de liberté aux auteurs Parce que le problème, c’est qu’il y a moins cette obligation notamment pour ne pas trop se obligation ? Recherchez-vous une de faire entrer les artistes personnes tous les ans, pendant dix ans ; avec un conseiller et aux acteurs ; on fait mieux de ne pas avoir des fictions de rentabilité par rapport aux certaine clientèle ? Est-ce que dans les processus pour faire limiter à l’univers policier. que les séries américaines. » historique de grande notoriété, Jean-Pierre Azéma ; avec une qui se ressemblent toutes, un chaînes privées, où “business is vous recherchez la difficulté, entrer de nouveaux projets la qualité ? Car les autres, peu lisses. Moi, j’aime bien les business”. » et permettre une prise de conseillère psychologique pour que les personnages évoluent aspérités. » malheureusement, font autant risque vers des sujets pas d’audience, voire plus, avec les encore suffisamment traités. tout en restant crédibles. Tout ça est extrêmement travaillé séries américaines, qui sont loin Mais nous avons deux jambes, avant le tournage. On ne finance pas de manière extravagante de la qualité de vos fictions. » une jambe qui est celle du succès de l’audience et une les fictions que vous voyez, mais elles sont très bien écrites, autre, celle de la création et produites, réalisées et très bien interprétées, parce que le de l’originalité. » service public, ça plaît aux comédiens.

182 183 8.4 LA PLACE DE LA CRÉATION DANS LE SERVICE PUBLIC

témoignage témoignage pour résumer Qualité et prise de risque : 24|02|17 la réunion le rôle du service public 11|03|17 trouville érick elsa 30|11|16 MARSEILLE Le public de France Télévisions créatrice de l’association Cinécourt apprécie beaucoup ses fictions et La différence demandée et reconnue « J’aime beaucoup lorsque les est attaché au rôle de la télévision fictions évoquent des sujets « Je suis réalisatrice et, l’an dernier, j’ai mis en scène un ERIKA WICKE DE HAECK par les téléspectateurs peut prendre quotidiens, mais la grande court-métrage qui a été diffusé sur France 2, donc je suis PRODUCTRICE EXÉCUTIVE CHEZ DEMD PRODUCTIONS publique dans la production et la de multiples formes : les scénarios, les différence pour moi, avec le très contente qu’une histoire réunionnaise trouve une si diffusion de ces programmes. Le large diffusion au niveau national. thèmes abordés, les personnages mis service public, c’est la qualité tournant qualitatif de ces dernières de l’écriture. en scène et leur construction… Au bout La participation de France Télévisions à la création passe Pour écrire dix épisodes d’une série, il faut beaucoup de temps et nous ne fonctionnons années est non seulement noté, du compte, c’est la démarche entière, Les meilleures idées aussi par l’aide à la création. C’est une vraie mission de pas en flux tendu au niveau de la commande des chaînes ; on attend le succès de mais tout à fait plébiscité. Cependant, que l’on ne perçoit pas toujours der - service public, et ça permet de créer d’autres histoires. il faut pour le public non seulement et les meilleurs Est-ce que les chaînes d’Outre-mer, et notamment la saison pour avoir une autre commande. Le temps de fabriquer les films, on va rière son écran, qui marque la distinction ères continuer dans cette voie, mais l’enri- témoignage les 1 , pourraient participer aussi à cette aide à la livrer plus d’un an plus tard. Par exemple, pour la série Candice Renoir, nous venons entre des fonctions produites sur le ser- 30|11|16 marseille scénarios sont création au niveau des territoires ? » chir encore, notamment en trouvant vice public et les productions concur- maryse enrichis, à France de finir le tournage, et écrire, c’est très long ! Par ailleurs, on ne peut pas demander le moyen de réunir les parents et les rentes. France Télévisions prend plus le « Je voulais féliciter France aux comédiennes et aux comédiens de ne faire qu’une seule série toute l’année, enfants devant un écran par tagé : temps de construire des séries, de saisir Télévisions pour la qualité de Télévisions, par exclusivement, ils y perdraient leur âme… Or, pour dix épisodes, il faut presque six celui de la télévision. Les comédies leur perception par le public, de fournir ses fictions, je suis une grande peuvent être un moyen de trouver un un programme abouti. fan, donc je les regarde le l’écriture, qui est mois de tournage ! Pour nous, c’est aussi riche d’avoir des comédiens qui font des programme commun, tout comme plus souvent possible. Ce que choses différentes et qui ne sont pas enfermés dans une série. C’est pour cela qu’on j’apprécie beaucoup, c’est que plus approfondie, les séries qui évoquent les pro- ce sont des fictions beaucoup ne peut pas faire plus vite. Il y a l’écriture, la préparation, le tournage, et on rajoute plus blèmes quotidiens, en permettant et plus pointue. » réponse moins violentes que ce que l’on 24|02|17 la réunion de temps pour le montage et le mixage, donc globalement, par épisode, ça prend sollicitant un débat, particulièrement voit dans les séries américaines. demandé par les téléspectatrices et Donc ça, pour ma part, c’est un Benjamin Morel presque huit semaines de travail au préalable. Les fictions et les séries françaisesse directeur des antennes, Réunion 1ère téléspectateurs, qui ne veulent plus plus. Ensuite, je suis toujours sont, je trouve, énormément améliorées ces dernières années. Les séries américaines agréablement surprise de seulement consommer des fictions, « Le problème de la fiction, c’est que c’est très cher à voir ces séries tournées sur faisaient beaucoup d’audience parce que c’était un peu une nouveauté. Mais, mais en parler et en débattre par la financer, parce que ça demande beaucoup de travail. Marseille et toujours avec suite. Enfin, le rôle du service public d’excellents acteurs. » Du coup, on a un peu de mal à être suffisamment aujourd’hui, les fictions françaises n’ont pas à rougir, présent au niveau des chaînes locales. Cependant, elles ont mis la barre très, très haut. est aussi celui de soutenir la création nous pouvons imaginer d’autres choses à faire pour en France et le public demande que aider la création, et je vous propose de prendre date Les chaînes du service public ont fait en sorte que ça fonctionne, elles soutiennent l’effort fait sur l’originalité et le renou- aujourd’hui pour organiser ensemble une soirée du cette dynamique. court-métrage sur Réunion 1ère. » vellement des séries et unitaires soit poursuivi par France Télévisions.

184 185 Dans le cadre des Rencontres, France Télévisions a souhaité donner la parole à des élus de proximité. Relais de la voix des citoyens, ils ont aus- si des visions de leurs communes et territoires qu’il importe d’entendre. 9. MA TÉLÉVISION COMME ESPACE DÉMOCRATIQUE : Pour ce faire, France Télévisions a collaboré avec l’Associa- Deux personnalités étaient invitées à cette agora. Deux per- tion des maires de France, qui est allée à la recherche des sonnalités artistiques fortes, reconnues pour leurs enga- élus et les a sensibilisés aux enjeux de la télévision publique gements citoyens. Il s’agit d’Abd al Malik et Line Renaud, LES ÉLUS ET FRANCE TÉLÉVISIONS et de son devenir. qui ont exprimé leurs points de vue respectifs, l’un sur la Le 2I février 2017, l’agora des élus a réuni près de deux cents place de la télévision publique dans la diffusion de la culture élus au siège de France Télévisions. Venus de l’ensemble et la construction de la citoyenneté, l’autre sur l’accom- de la France, ils et elles étaient en majorité issus de pe- pagnement de France Télévisions aux côtés du Sidaction, tites, voire de très petites communes, souvent membres l’association de lutte contre le sida dont Line Renaud est d’intercommunalités. vice- présidente.

186 186 186 187 9.1 ÉLUS LOCAUX ET TÉLÉVISION PUBLIQUE : DES ENJEUX COMMUNS DE RENFORCEMENT DU LIEN SOCIAL

Des situations Des enjeux communs comparables autour du lien social

De manière très générale, les élus demandent tiques et le public est cassée, comme entre les Du fait même de ces rapprochements, des en- au service public télévisuel une plus grande journalistes et le public ». Les élus sont enfin jeux communs se font jour. Certains élus lo- proximité, qui pourrait prendre diverses formes dans une dépendance vis-à-vis de l’État pour caux se considèrent, et considèrent France détaillées ci-après. Il semble clair que, par-delà mener leurs politiques, de la même manière Télévisions, comme « dépositaires ensemble cette critique, ils attendent beaucoup de France que le budget de France Télévisions émane du service public » (Marie-Claude Jarrot, maire Télévisions, s’y montrent attachés, de manière en grande majorité des financements publics. de Montceau-les-Mines), d’où des enjeux forts spécifique, comme s’agissant d’un partenaire. Cette dépendance est notamment mentionnée du côté du lien social. Solange Creignou, maire François Baroin évoque d’une part le rôle par Georges Cristiani, maire de Mimet. de Loc-Éguiner-Saint-Thégonnec, avance ain- Stéphane d’« ouverture sur le monde » propre à la télé- si la question de savoir « comment faire face à Beaudet vision publique et celui d’« être au plus près du Michel Field fait pour sa part le constat de simi- la montée de l’individualisme », qui s’adresse à maire de Courcouronnes, coin de la rue » que les élus locaux partagent litudes sociologiques, avec un net vieillisse- France Télévisions autant qu’aux élus. président de l’AMF Île-de-France avec France Télévisions. ment des populations des communes rurales, « La confiance qui peut rappeler celui des audiences de la Être à la hauteur de l’entretien, voire de la res- Les élus font le constat de situations simi- télévision. tauration, du lien social passe par un traitement entre les laires entre France Télévisions et eux-mêmes. de l’actualité plus proche de la réalité des terri- politiques et le Annie Genevard (députée maire de Morteau) toires, par la construction de la citoyenneté, par mentionne ainsi que, de la même manière que la diffusion de la culture et la prise en compte public est cassée, France Télévisions souhaite savoir quel peut réelle de la diversité des régions. comme entre être son impact sur la cohésion sociale, les maires sont d’abord des « faiseurs de paix ». les journalistes Bon nombre d’élus locaux considèrent aus- et le public. » si qu’ils font, comme la télévision publique, l’objet d’un sentiment de défiance de la part des Français. Stéphane Beaudet (maire de Courcouronnes, président de l’AMF Île-de- France) dit que « la confiance entre les poli-

188 189 9. 2 Deux DEMANDEs UNANIMEs : DAVANTAGE D’INITIATIVES POSITIVES, DAVANTAGE DE PROXIMITÉ

Préférer les initiatives positives Un niveau supplémentaire est atteint situ relate l’économie dans les régions. ter contre les « fractures territoriales, au spectaculaire avec les élus représentant des quar- Laurent Delahousse explique que l’ac- numériques, générationnelles et cultu- tiers populaires, qui considèrent que tualité est présente dans les journaux relles », il évoque également la création NICOLAS LEBAS le traitement médiatique de leurs com- télévisés, dans les magazines et docu- de la chaîne franceinfo, manière de ne De nombreuses interventions ont relayé MAIRE DE FACHES-THUMESNIL le sentiment des élus locaux que la télé- munes leur nuit. Certaines expres- mentaires, d’où une diversité de traite- pas laisser le monopole de l’information vision s’intéresse uniquement à l’ac- sions reprochent à la télévision pu- ments qui ne fait pas place uniquement en continu au secteur privé. tualité, faisant ainsi la part trop belle à blique de contribuer à donner de leurs à l’immédiateté. villes une image très dégradée. C’est le Dana Hastier pointe par ailleurs du l’immédiateté et au spectaculaire, plutôt Les territoires et les élus locaux sont évidemment confrontés que de relayer les initiatives positives, qui cas de Jean-Marie Vilain, maire de Viry- Michel Field mentionne les efforts des doigt une contradiction : la demande à des difficultés que vous relatez régulièrement dans vos reportages, font aussi la réalité des territoires dont ils Châtillon : « L’info, c’est uniquement les professionnels de l’information pour ne de réalité est forte mais l’expérience sont issus. mais je crois que mauvais côtés des banlieues. » Jean- pas verser dans la tyrannie de l’immé- montre que « le pays n’a pas forcé- nous sommes aussi à l’origine de solutions. Paul Lefebvre, maire de Noisy-le-Sec, diateté et de l’émotion, ainsi que l’atten- ment envie de se voir dans une forme Rémy Rebeyrotte, maire d’Autun, remer- On est des innovateurs permanents et, face aux problèmes que vous va jusqu’à réclamer une « réparation tion portée au lien social : « On entend de souffrance, dans une forme de dés- sur l’aspect médiatique » et « qu’on ne ces critiques, on les intériorise aussi hérence ». Des documentaires ont ten- cie France Télévisons de ne pas porter décrivez, c’est important dans le traitement de l’information que vous de regard condescendant sur la province parle plus de nous comme le “9.3” ». parce qu’on sait bien que c’est l’actua- té cela et n’ont pas trouvé leur public. montriez qu’il y a des acteurs. On est les ensembliers de cette France mais regrette qu’il soit très compliqué L’un et l’autre soulignent le fait que ces lité dramatique qui fait parler, qui fait « Par ailleurs, dit-elle, la télévision peut de faire connaître les initiatives remar- des solutions qui fonctionne (…). Vous pouvez nous aider en ne tendant villes dites de « banlieue » sont aussi écho. C’est toujours relatif, mais on est contribuer au lien social, mais elle ne quables et appelle à « faire respirer l’in- pas systématiquement le micro à ceux qui ne veulent pas que ça change porteuses de réussite, d’avenir, que ce moins fautifs que d’autres. On a tou- peut pas tout. » sont des territoires où la jeunesse est jours essayé, sur le service public, de formation des territoires ». Jean-Pierre ou à ceux qui ont peur que ça change. Beaucoup de peurs naissent très présente, qu’il faut être vigilant à ne tenir à distance le sensationnalisme et Carteret, maire de Lavoncourt, appelle dans nos territoires par la lucarne que vous leur proposez de ce qui se France Télévisions à parler davantage pas en abîmer la représentation et à ne une manière racoleuse de traiter l’ac- des déserts médicaux, d’éducation, des passe dans d’autres territoires. Vous relativisez positivement en montrant pas insulter l’avenir de ces territoires tualité même quand elle est drama- services publics dans les territoires pour qu’effectivement en France il y a, par rapport à d’autres territoires en devenir. tique. On est obligés aussi de suivre « réveiller la conscience citoyenne, être étrangers, une espèce de génie créatif dans l’invention de solutions l’actu dans ce qu’elle a de plus difficile, au cœur de la re-socialisation ». Sur cette question des initiatives plus de plus conflictuel. Je vois malgré tout collectives, qui doit faire l’honneur et la fierté d’être français. diverses à relayer, Dana Hastier rap- que, dans la continuité, au quotidien, pelle que France Télévisions propose dans nos journaux, dans nos magazines des magazines qui reprennent cette et aussi dans nos fictions, on essaye dimension : le Journal des initiatives d’allumer des contre-feux aux stéréo- est quotidiennement à l’antenne et In types qui pourraient surgir. » Pour lut-

190 191 9. 2 Deux DEMANDEs UNANIMEs : DAVANTAGE D’INITIATIVES POSITIVES, DAVANTAGE DE PROXIMITÉ

Jean-Marie Vilain Renforcer maire de Viry-Châtillon le rôle des régions « L’info, c’est De manière générale, les élus locaux uniquement les demandent plus de relations, plus de mauvais côtés des proximité avec les rédactions locales de France 3. Ils souhaitent que le banlieues. » groupe s’appuie davantage sur le niveau régional. Christian Troadec, dana hastier maire de Carhaix, va jusqu’à deman- directrice exécutive der la création de chaînes régionales de france 3 de plein exercice, via l’attribution de la « le pays n’a pas redevance aux régions. forcément envie La question du lien avec les rédactions est aussi revenue à plusieurs occa- de se voir dans sions. Il leur est compliqué de savoir où une forme de s’adresser lorsqu’ils pensent avoir un souffrance, dans sujet à proposer. une forme de Yannick Letranchant et Delphine Ernotte Cunci évoquent sur ce point le déshérence. » contrat d’objectifs et de moyens signé avec la Bretagne, première illustration de la volonté forte de travailler avec les régions. Delphine Ernotte Cunci rap- pelle l’objectif d’atteindre 35 % de pro- grammes régionaux ou à caractère régional (pour une proportion de 25 % actuellement).

192192 193 9. 3 ÉLUS LOCAUX ET FRANCE TÉLÉVISIONS : ÉDUQUER ENSEMBLE À LA CITOYENNETÉ

La citoyenneté, Les jeunes une mission partagée en première ligne LINE RENAUD Cette forme de partenariat avec la télévi- du terme et, en tout cas, avec ceux qui VICE-PRÉSIDENTE DU SIDACTION La question citoyenne est particulière- sion publique évoquée par les élus doit al- sont respectés aujourd’hui, effectivement ment avancée en ce qui concerne la jeu- ler selon certains jusqu’à l’éducation au les élus locaux. C’est pour ça que Michel « Nous devons nesse. Favoriser la citoyenneté consiste fonctionnement de la démocratie. (Field) a choisi d’inviter des maires dans trouver une à « éveiller la conscience citoyenne Jean Girardon, maire de Mont-Saint- L’Émission politique. C’est pour ça aussi Dans la lutte contre le sida, le nerf de la guerre, c’est toujours l’argent. Nous auprès des adultes et à accompagner Vincent : « France Télévisions (…) doit qu’il y a une série documentaire qui est manière juste les plus jeunes » (Laurent Pien, maire partageons tout ce que nous faisons comme recettes, nous le partageons être la voix de la démocratie et, en parti- assez jolie et qui est passée un peu tard de parler. » de Condé-sur-Vire), ce qui implique de culier, de la démocratie locale, car c’est sur France 3, qui s’appelle Vive la poli- à parts égales entre les associations d’aide aux malades, et nous sommes développer des programmes spéci- l’apprentissage de la démocratie tout tique !, et qui parle non pas de la politique la seule association privée à aider la recherche contre le sida. fiques, à même de les toucher, les élus court. » Sur un message commun à por- des grands leaders nationaux, mais de la percevant vivement la concurrence des ter autour de la démocratie, Stéphane politique telle qu’elle s’exerce au quoti- Grâce à France Télévisions, nous pouvons, chaînes privées, qui jouent, selon eux, Beaudet, maire de Courcouronnes et pré- dien dans les communes. Nous devons davantage sur le registre de l’émotion sident de l’AMF Île-de-France, s’exclame : trouver une manière juste de parler pour chaque année, informer, sensibiliser et collecter. que sur celui de la raison. « À chaque fois qu’il y a un maire dans être à la fois dans la construction de l’ave- Nous collectons, après chaque week-end de Sidaction, une fiction, on se cache dans la cuisine, nir et ne pas donner l’impression d’une 4,5 millions d’euros. N’oubliez pas que c’est un sujet tabou, un sujet très L’adjointe aux Affaires scolaires, en parce qu’à chaque fois c’est un trafiquant, vision idyllique que les téléspectateurs charge des questions scolaires à la difficile. De ces 4,5 millions, 1 million d’euros nous arrive dans les deux à chaque fois il a piqué de l’argent ! C’est n’acceptent pas aujourd’hui. » maire de Morteau, Dragana Vojinovic, intéressant parce que notre boulot com- heures suivant le prime sur la 2. Chaque année, ça nous aide à soutenir propose ainsi que la télévision publique mun, c’est aussi de réhabiliter ce qu’est Yannick Letranchant évoque aussi la série des programmes de recherche et des associations. Je voudrais aussi mette en avant des projets qui impliquent notre démocratie, ce qu’est son fonction- documentaire Premier Vote dédiée à des remercier Dana Hastier. Dans les programmes qu’elle organise, aussi bien d’autres jeunes, afin de donner des nement institutionnel. » jeunes qui ont eu ou auront 18 ans en exemples positifs, des modèles, de 2017 et voteront pour la première fois. De les programmes nationaux que régionaux, vous nous aidez beaucoup transmettre l’envie de participer. Selon Delphine Ernotte Cunci, la citoyen- la même manière, grâce au numérique, en incluant, par exemple, dans une fiction comme Plus belle la vie, une neté doit passer par l’information, la fic- 200 débats seront organisés autour des situation où la famille se trouve face à un problème avec la sida. tion et le documentaire. « On a cet en- élections législatives, où des sujets aussi jeu de réconcilier autant qu’on peut les divers que les transports, les écoles ou la citoyens avec la politique au sens noble santé seront abordés.

194 195 9. 3 ÉLUS LOCAUX ET FRANCE TÉLÉVISIONS : ÉDUQUER ENSEMBLE À LA CITOYENNETÉ

Abd al Malik interroge aussi le lien entre Abd al Malik L’importance de la diffusion jeunes et information : « Comment culturelle et du rôle de passeur FRANÇOISE GATEL mettre en lien l’école et les médias « Comment le de France Télévisions SÉNATRICE ET MAIRE DE CHÂTEAUGIRON pour apprendre à décrypter, pour avoir service public les clés ? Comment mettre le tweet à Les élus locaux considèrent le service artistes et des télé spectateurs, entre sa place ? Comment le service public peut-il donner public télévisuel comme le seul à même des grands arts et des téléspecta- peut-il donner les outils de décryp- les outils de de diffuser des programmes culturels à teurs » au travers de grandes émissions tage, y compris d’Internet ? » Il suggère Votre route est comme la nôtre, elle est escarpée, parce parce que je trouve justement qu’il y a toujours une difficulté la télévision, enjeu important pour des de variétés, de magazines culturels et la de créer un Arrêt sur Internet, sur le décryptage, retransmission de grands événements qu’on est à la fois aux prises avec l’opinion publique, à trouver quelqu’un qui incarne une voix audible par un type territoires locaux parfois dénués d’offre modèle de l’émission disparue Arrêt sur y compris culturelle. L’accès à la culture par le culturels. Le découpage en régions difficile, compliquée, et, en même temps, on a cette de public plus jeune, celui que nous devons viser les uns et images. biais de France Télévisions importe donne des moyens en la matière. mission que l’on partage de service public. les autres. Et vous, vous savez le dire, et vous avez su lier d’Internet ? » donc beaucoup, comme un outil Delphine Ernotte Cunci explique à ce su- Donc, il faut aussi être dans la raison. Je voudrais dire l’éducation et la télévision, parce qu’on a quand même une majeur de démocratisation culturelle. Cette demande rejoint celle de la jet que des dispositifs existent : des jour- l’importance que nous attachons tous à des reportages, vraie difficulté aujourd’hui à parler aux jeunes. « La culture, c’est essentiel par la télé- citoyenneté, la culture étant identi - nalistes vont dans les classes, francein- vision » : Jean-Charles Prono, maire de fiée comme générant de l’ouverture au on va dire bienveillants ou positifs, sur des initiatives qui C’est qu’effectivement, parfois, il y a un manque d’ossature fo tv décrypte fréquemment, des films Saint-Mathurin-sur-Loire. monde, comme donnant des clés de sont prises partout dans les territoires. Il ne s’agit pas de en matière de raison, d’appréhension des difficultés. On sont diffusés dans les écoles et donnent compréhension. La culture est ici envi- vous demander de repeindre la réalité des choses, mais est vite dans l’émotion plutôt qu’autre chose. lieu à des rencontres entre élèves, ré- Delphine Ernotte Cunci évoque à ce sagée comme un outil au service du alisateurs et acteurs. Delphine Ernotte titre, outre l’information, les deux mis- lien, de la démocratie. juste aussi de mettre en avant des choses positives dont Cunci admet aussi qu’il faut « rendre ces la vie est pleine. Et nous, les maires, nous sommes des Il faut que France Télévisions donne sions essentielles de France Télévisions. dispositifs plus visibles ». D’un côté, la création, via des fictions et Les souhaits vont aussi vers la couver- MacGyver, des trouveurs de solutions, parce qu’on est de l’appétence aux jeunes pour des documentaires, en tant que « récits ture de l’actualité culturelle et la diffu- obligés de trouver des solutions. Il faut le dire et le montrer. qu’ils aient envie de découvrir tout du réel ». De plus en plus d’argent de sion de spectacles créés dans les ter- Et puis, je voudrais m’adresser à Abd al Malik. Moi, j’ai adoré ce qui est beau dans notre pays , la redevance y est consacré chaque ritoires. Christian Léothier, maire de ce qu’il a dit et je pense qu’il devrait faire de la politique, mais en parlant leur langage et en leur ressemblant un peu. année. De l’autre côté, l’accès à la Belves, réclame des sujets sur « la culture, ce qui signifie « donner accès à richesse culturelle du monde rural ». ce qui est loin et aussi donner envie à Claudine Boisorieux, maire de Clamecy, ceux qui n’iraient pas naturellement à appelle de ses vœux la possibilité de dif- l’opéra ou au théâtre ». Pas uniquement fuser des spectacles et documentaires retransmettre, mais montrer « comment créés notamment par les médias web on est ce lien, ce passeur, entre des de proximité.

196 197 9. 3 ÉLUS LOCAUX ET FRANCE TÉLÉVISIONS : ÉDUQUER ENSEMBLE À LA CITOYENNETÉ

pour l’avenir Les élus locaux appellent fortement de ABD AL MALIK leurs vœux que les échanges s’inten- RAPPEUR, AUTEUR, RÉALISATEUR sifient et se pérennisent entre eux et France Télévisions. Ils expriment une Il y a une problématique, c’est le fait qu’on parle de nous d’en haut. D’une certaine changer les choses. C’est dans ce sens-là qu’on doit échanger. On doit être forme d’urgence à reconstruire le lien manière, il n’y a pas de rencontre entre ce que vit réellement le peuple et le point capables de créer les nouveaux héros d’aujourd’hui. Où sont les Sartre, les Camus, social, à le solidifier pour les généra- tions à venir. Et cela passera par une de vue qu’on a sur lui. Je reconnais votre travail, ce qui est fait, et c’est concret, les Foucault ? C’étaient des rock-stars, ces gens, à cette époque. Comment on va collaboration forte avec la télévision pu- ça me conforte dans l’endroit où je me trouve, moi. La culture et la connaissance réussir à créer cette dynamique-là avec les jeunes d’aujourd’hui ? Pour justement blique, via des contacts plus fréquents, sont essentielles. C’est là (la télévision, Ndlr) où on doit en parler. La culture créer de l’intelligence et donner cette possibilité à la jeunesse d’être pertinente, lui via une couverture médiatique plus permet de travailler les imaginaires, de comprendre les différents territoires de donner envie de l’opéra par exemple. Si on me dit « opéra », comme ça, d’entrée, je axée sur la proximité, via l’organisation France. La France est faite de tous ces particularismes-là, de toutes ces entités- me dis que c’est vieux, que c’est vieillot, etc. L’Opéra de Paris a monté sur Internet commune de débats ou d’événements. là. Ces communes, ces banlieues, etc. Il y a aussi cette idée de comment la une chaîne qui s’appelle 3e Scène, un espace où il propose aux réalisateurs de télévision va travailler en appliquant les mêmes méthodes qu’elle utilise pour donner l’envie de l’opéra, et on m’a contacté. Donc, j’ai fait un film autour de ça. traiter l’information : en étant juste et responsable. La culture doit devenir un enjeu J’ai pris la figure d’Othello, mais je la mets aujourd’hui et maintenant. C’est-à-dire central qui permette à tous les Français de se reconnaître et de se retrouver. Elle que mon idée, quand je parle de lien, c’est de lien générationnel, c’est vital. C’est fait appel aux imaginaires, crée du lien social, du lien générationnel et du lien entre préserver le patrimoine, mais être aujourd’hui et maintenant, et faire du lien, sortir les différents endroits socioculturels. En tout cas, les endroits où les différences de cette vision « muséifiante » qui va vous parler à vous tous, faire référence à votre deviennent des qualités et non plus des tares. On va comprendre que, ensemble, culture, mais les jeunes, comment on les raccroche à ce wagon-là ? nous sommes la France. La télé et le service public sont des outils Il ne s’agit pas juste de changer une image, mais de donner aussi de la matière démocratiques par excellence, aux jeunes, des outils pour comprendre ce qui relève de l’ordre de l’esbroufe et si ce n’est « les » outils démocratiques par excellence. ce qui relève de l’ordre de la réalité. C’est comme ça qu’on pourra véritablement

198 199 L’enjeu de la symétrie et de l’interactivité

Le premier résultat de ces Rencontres, c’est d’en- Il semble bien que la télévision, média unidirec- registrer, par le bon accueil qu’elles ont reçu dans tionnel s’il en est, et particulièrement la télévision leur principe, le très fort désir d’échanger autour publique, fasse l’objet d’une très forte demande de la télévision publique, d’en débattre et donc de d’interactivité, sous l’influence à la fois technolo- permettre à chaque citoyen de s’en emparer à tra- gique de la mutation digitale et sociologique de vers le dialogue. Il semble bien que le télévisuel l’horizontalisation de la société. n’échappe pas à la forte poussée participative qui caractérise la vie publique et, si les téléspectateurs Bien sûr, les débats ont mis en avant les transfor- attendent bien de cette télévision qu’elle soit le lieu mations majeures au sein même de la consom- du débat, ils ont apprécié tout autant qu’elle en soit mation télévisuelle, les générations plus anciennes l’objet. Force est aussi de constater que les télés- étant les premières à ressentir combien les géné- FRANCE TÉLÉVISIONS DEMAIN pectatrices et téléspectateurs considèrent que la rations plus jeunes se comportent différemment télévision publique tient une place spécifique dans vis-à-vis des médias, au risque d’ailleurs de creu- leurs attentes et dans leurs références, loin d’une ser un fossé marqué entre elles sur ce plan. Mais universités, espaces publics de débat, institu- indifférenciation parfois évoquée à l’égard de l’en- ils ont aussi montré combien la télévision publique tions). Tout indique aussi que la télévision publique semble des médias. continue à être attendue dans l’espace public n’est pas seulement considérée comme un reflet, comme une véritable force agissante au service même si cette fonction reste déterminante, ou une Il faut en effet noter que les citoyens se sont plei- du lien social. Nombre d’interventions ont permis à fenêtre, mais aussi comme un outil au service des nement emparés de ces Rencontres pour faire des téléspectateurs d’indiquer qu’ils se définissent acteurs du débat collectif, voire comme un acteur entendre leurs voix, considérant la télévision publique aussi et autant comme des acteurs vis-à-vis d’elle, elle-même de la dynamique sociale. comme un bien commun méritant d’être discuté, cri- attendant qu’elle reflète leurs actions et même plus tiqué bien sûr et aussi promu et protégé. qu’elle les accompagne comme un partenaire. La posture de réception télévisuelle passive Le succès de ces Rencontres, dans l’intensi- La valorisation de la démarche, le désir de la voir se est déjouée à la fois par les nouvelles possibili- té des échanges et l’importance de la participa- prolonger, le bon écho qu’elle a rencontré sur les tés offertes par les technologies, mais aussi par tion, indique à quel point les citoyens téléspecta- réseaux sociaux, tout cela indique que le public de une propension des publics à se considérer teurs ont envie de s’approprier cet outil, de le faire France Télévisions est désireux d’un dialogue plus comme de véritables parties prenantes autour encore plus leur et d’en être encore davantage les étroit avec le groupe, à travers les dispositifs digi- d’un espace télévisuel public partagé, comme des contributeurs. taux, mais aussi l’espace social lui-même (école, « téléspect-acteurs ».

200 201 france télévisions demain

L’enjeu de la proximité L’enjeu de l’exigence L’enjeu de la dynamique des territoires et de la visibilité collective et de la qualité partagée et de la positivité ture, idées). La télévision a une double Ces Rencontres ont aussi permis de Les rencontres se sont déployées sur campagne, les quartiers populaires, les La télévision de service public apparaît vocation culturelle : donner à voir des sentir à quel point les publics, la société tout le territoire, en métropole comme petites villes et ceux qui les peuplent bien avoir une vocation particulière aux œuvres, mais aussi rendre accessible le ont besoin de s’inscrire dans des dyna- dans les Outre-mer. Cette variété géo- sont en quête de cette visibilité qui vaut yeux des citoyens, vocation qu’ils sou- champ culturel en permettant à chacun miques positives. Sans rien oblitérer des graphique a permis de sentir à quel identité et qui confère une forme d’exis- haitent voir perdurer. Non pas qu’elle de s’en emparer et d’en devenir acteur. difficultés ou des drames de la société point l’enjeu local était important. En tence sociale perçue de plus en plus soit a priori plus talentueuse ou plus Outre la fonction d’agenda, la télévision française, sans s’en tenir au journal des effet, l’attachement aux offres en région comme nécessaire. attractive que les chaînes de télévision peut rendre visibles des actions cultu- bonnes nouvelles, forcément loin des (France 3, 1ères), mais aussi les attentes privées, mais plutôt parce qu’elle appa- relles portées par les téléspectateurs et réalités, les téléspectateurs expriment fortes dans ce domaine montrent com- raît comme une forme de réassurance soutenir différentes formes d’expression leur désir de voir une télévision capable bien l’enjeu de la proximité, de l’an- La capacité à innerver encore davan- forte, dans l’information, la fiction, le de la culture dans l’espace public. de se mettre au service des initiatives crage au plus près de la vie de chacun tage l’ensemble de l’espace national, à magazine, dans un univers où les dis- présentes partout dans le pays. Ils ne sont des dimensions majeures pour les rendre compte de ce qui s’y passe, des cours de toutes sortes sont de moins en souhaitent pas seulement l’évasion dans publics de France Télévisions. initiatives qui s’y prennent est revenue moins garantis, où l’indépendance des Cette qualité renvoie à l’idée que l’on se la comédie et la fiction pour échapper à comme un leitmotiv qui laisse entendre médias paraît souvent compromise, où fait de soi comme téléspectateur citoyen, un quotidien difficile voire tragique, mais à quel point le télévisuel public est un la course en avant émotionnelle l’em- à une certaine exigence de sens, au aussi une offre de contenus capable de La capacité du service public à répondre enjeu majeur en termes d’appartenance. porte sur la réflexion. sentiment que le spectacle auquel on faire la place aux solutions, à ce que le à la quête de visibilité des espaces géo- L’information, la fiction, le magazine, le est convié nous fait vibrer ou nous pas- tissu social produit de meilleur à côté graphiques, des différentes catégo- documentaire participent tous d’une sionne, mais nous fait aussi grandir et des difficultés qu’on ne saurait nier. ries sociales et de toute la diversité de télévision qui décentralise tout autant Bien sûr il y a une attente de culture nous nourrit. la société française a été fortement qu’elle construit du commun. forte, assise sur une capacité à arbi- De cette télévision publique, on attend interrogée. La question d’une télévision trer entre la quête légitime d’un public qu’elle reflète le monde social, mais aus- encore plus ancrée dans les territoires vaste et des choix exigeants, mais cette La télévision publique a vocation à diver- si qu’elle accompagne ceux qui la trans- est beaucoup revenue, sous la forme ambition se donne tout autant à lire à tir, à séduire, à attirer autant que d’autres forment et qu’elle joue pleinement son de l’attachement aux réseaux existants, travers une certaine attente de qualité acteurs, mais on attend d’elle aussi rôle de vecteur de citoyenneté. Cette mais aussi à travers l’expression d’at- touchant à tous les genres, au-delà de qu’elle permette à chacun de (se) gran- dimension accompagnatrice, cette tentes fortes quant à la capacité à cou- la présence dans les grilles des seules dir et à tous de partager des contenus dimension positive, cette dynamique vrir la variété des lieux et des individus formes estampillées comme cultu- exigeants et néanmoins éloignés de font pleinement partie du rôle que l’on qui composent la société française. La relles (théâtre, musique, opéra, littéra- toute forme d’élitisme. entend voir jouer à l’audiovisuel public.

202 203 poursuivons le dialogue

Chers téléspectateurs, chers parte- En voici les axes majeurs : 2. De nombreux participants ont émis capacité de France Télévisions à reflé- naires, chers collaborateurs de France de vives inquiétudes sur la capacité des ter le plus fidèlement possible l’état de Télévisions, 1. La suite des Rencontres associera « jeunes » à faire le tri dans le flot d’infor- la société. Nous travaillerons à mettre étroitement les outils numériques, fa- mations qui leur parvient en permanence, en place auprès de ces publics des ate- Les premières Rencontres dont vous vorables à l’échange en continu, à l’ex- entre informations vérifiées et fake news, liers de participation et de création, en avez lu la restitution ont été un succès. pression directe d’un grand nombre de considérant qu’il est de la responsabilité lien avec les directions régionales et Parce que vous, téléspectateurs, avez téléspectateurs, et les moments parta- de France Télévisions de les accompa- ultramarines de France Télévisions. À la répondu présent – massivement et avec gés en présence des uns et des autres. gner dans cette distinction. France Té- fois pour renforcer ces liens et favoriser enthousiasme. Parce que vous, profes- L’accès à une plateforme numérique lévisions, via ses journalistes et ses mé- l’émergence de médias dits « de proxi- sionnels de France Télévisions et parte- per mettant de créer des communau- diateurs, se rend déjà à la rencontre de mité », notamment via les web-radios et naires, en avez joué le jeu – avec impli- tés, de dialoguer avec d’autres télé- collégiens, de lycéens, parfois d’élèves web-télévisions. cation et professionnalisme. spectateurs, sera un élément essentiel d’écoles élémentaires. Nous intensifie- Ces Rencontres ont mis en lumière d’apport d’idées. #NotreTélé a émergé rons cette présence. Que cela soit en 4. Les élus locaux, rassemblés dans de manière très franche l’attachement sur les réseaux sociaux. Nous en ampli- classe, sur le temps scolaire (ce qui né- une agora à Paris en février, ont pour leur des téléspectateurs au service public fierons l’utilisation pour diffuser ce pre- cessite l’accord et la volonté des ensei- part clairement énoncé qu’ils voyaient télévisuel. Je m’en réjouis et mesure mier Livre blanc et faire vivre les avis sur gnants) ou non scolaire, en recourant à en France Télévisions un partenaire combien cela exige de notre part qua- France Télévisions. À côté de ces dialo- des associations qui travaillent au quoti- avec lequel ils souhaitent travailler pour lité, écoute, représentativité. Au cours gues virtuels, il importera de maintenir dien au contact des jeunes. Avec pour en- entretenir, voire restaurer le lien social. de ces mois d’intenses échanges, j’ai des rencontres physiques, gages d’une jeu de donner plus de visibilité et d’écho à Nous mettrons en place deux ateliers de acquis la conviction que ces réunions expression directe, animée, modérée ces projets, et d’impliquer plus largement travail par an, au siège de France Télé- sont une première étape vers une télé- puis analysée. Il faudra donc savoir as- les équipes de France Télévisions. visions ou au cœur des régions, afin de vision publique qui dialogue en perma- socier, comme cela a été fait dans les recueillir leurs contributions à la défini- nence, via les échanges dématérialisés Rencontres, le meilleur du digital et des 3. Autre écho qui nous est parvenu, ce- tion d’une télévision publique toujours et dans « la vraie vie ». Nombreux sont à espaces d’échanges « en présence », lui porté à de multiples reprises par des plus citoyenne. cet égard les téléspectateurs qui nous comme il faudra savoir donner visibilité habitants des « quartiers populaires ». ont posé la question de la continuité, sur à cette démarche sur les antennes. Pour réclamer l’attention de France Té- 5. Les premières Rencontres ont mon- un mode bien légitime : « C’est bien de lévisions à des moments qui ne relè- tré combien l’intérêt pour les genres té- nous écouter, il faudrait que cela soit veraient pas de l’actualité la plus dra- lévisuels est fort, et combien les télé- tout le temps. » matique, pour relayer des initiatives spectateurs attendent de la télévision positives, des réussites. Il en va de la publique qu’elle soit proche d’eux. Ces

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Rencontres auront d’autant plus d’an- travail en ateliers sur les idées sélection- crage qu’elles existeront de manière nées, associant téléspectateurs et pro- thématique (sport, information, etc.), en fessionnels. Le tout aboutissant à des association avec les chaînes et les di- propositions d’émissions co-construites, rections du groupe, et qu’elles se dé- à soumettre au vote des téléspectateurs. ploieront au niveau local, à l’initiative des Loin d’en faire le mode d’élaboration de réseaux régionaux. Il s’agira de faire de tous les programmes du groupe, un tel ces Rencontres vivantes un véritable processus permettrait de faire émerger outil participatif mis en œuvre aux diffé- des projets d’autant plus solides qu’ils rents niveaux du groupe France Télévi- réunissent professionnalisme et partici- sions, en intégrant cette approche co- pation des publics. créative à la culture du groupe. Ces idées et ces pistes prendront Studio France Télévisions | Édité par la direction de la communication : juin 2017 | Présidente-directrice générale de France Télévisions et 6. Enfin, le souhait de rendre les télé- forme, d’autres viendront dans la suite directrice de la publication : Delphine Ernotte Cunci | Directrice de la spectateurs davantage acteurs de la té- des Rencontres. L’important est d’être communication de France Télévisions : Nilou Soyeux | Directeur délégué : Éric Martinet | Responsable éditorial : Gaël Nivollet | Responsable du lévision publique est apparu comme une à l’écoute de ce désir de prendre la service création graphique : Nathalie Autexier | Responsable du service nécessité. Une nécessité à concilier avec parole, d’être entendus, d’être parties rédaction : Béatrice Dupas-Cantet | Responsable de la direction artistique : Philippe Baussant | Conception, réalisation graphique : Maeva Da Silva, la richesse des compétences et des ex- prenantes, d’être acteurs d’un espace Irène Chanrion, Antoine Vu Dinh Khiem | Rédaction : Think-Out | Secrétaires pertises multiples des professionnels de médiatique réellement partagé. La télé- de rédaction : Bénédicte Mielcarek, Aline Guyard, Jacques Barbaut | Responsables du service photo : Violaine Petite, Sandra Roussel | France Télévisions. Encourager l’expres- vision, média unidirectionnel s’il en est, Iconographe : Wilfried Mortaille | Crédits photos : Agora - tables rondes - ateliers de création : Pierre Morel, Hugo Ribes, Vincent Nguyen, Eric Dell’erba, sion télévisuelle des publics, c’est contri- qui naguère condamnait ses publics à Simax Communication. Personnalités : Pascal Rogard : LN Photographer, buer à la production de contenus par les la passivité, ne peut faire l’économie de Thomas Anargyros : Philippe Besnard, Fabienne Servan-Schreiber : Sipa, Olivier Mantéi : Stefan Brion, Catherine Jean-Joseph Sentuc : DR. Animateurs France téléspectateurs de manière encadrée. l’échange. Et c’est un enjeu formidable Télévisions : Nathalie Guyon, Delphine Ghosarossian, Vincent Isore, François Soit un processus de proposition d’idées pour la télévision, je parle ici d’une télévi- Roelants, Christophe Russeil | Direction marketing relationnel, directrice : Chantal Neret | Adjointe à la direction : Katia Masson | Organisation des par des citoyens, qu’ils soient téléspec- sion citoyenne, au service de la société, rencontres : Cécile Breda, Dominique de Peretti, Armelle Henri, Anne-Laure d’intégrer ce dialogue devenu essentiel. Mosser, Delphine Wasser Treiger | Communication numérique pilotée par tateurs ou non, des associations, via une Marc Doumid | Filière Production : Caroline Jaulin, Vincent Stagni | Délégué(e)s plateforme numérique. S’ensuivraient régionaux : Fabienne Bahin, Karine Barbier, Dominique Bourgeois, Thierry une sélection de propositions réalistes Beck, Véronique Borel, Stéphanie Boudras, Bérénice Bury, Fabrice Costet, DELPHINE ERNOTTE CUNCI Delphine Lenormand, Sandrine Quéméneur-Vilbé, Marie-Geneviève Rauzy, et réalisables – effectuée par des profes- Catherine Ribault Masson | Direction Relations publiques : Laurence Ansay | PRÉSIDENTE-DIRECTRICE GÉNÉRALE Sandra Marechal, Marina Griglio | Direction des Partenariats : Laurence Zaksas- sionnels de France Télévisions –, puis un DE FRANCE TÉLÉVISIONS Lalande | Suivi de fabrication : Nelly Berne | Imprimerie : Suisse Imprimerie

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