Iveta Apkalna Orgue Gábor Boldoczki Trompette Autour De L'orgue
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Autour de l’orgue Mercredi / Mittwoch / Wednesday 22.04.2015 20:00 Grand Auditorium Iveta Apkalna orgue Gábor Boldoczki trompette Johann Gottfried Müthel (1728–1788) Fantasie F-Dur (fa majeur) für Orgel – 6’ Jean-Baptiste Loeillet (1680–1730) Sonate pour trompette et orgue en si bémol majeur (B-Dur) (d’après / nach: Sonate pour flûte à bec et basse continue en ut majeur (C-Dur) op. 3/1) (1715) – 8’ Adagio – Presto – Adagio – Presto – Largo Vivace Adagio Allegro – Adagio – Allegro Paul Hindemith (1895–1963) Sonate für Orgel N° 1 (1937) – 18’ Mäßig schnell – Lebhaft Sehr langsam Phantasie: Frei Ruhig bewegt Tomaso Albinoni (1671–1751) Concerto pour trompette et orgue en mi bémol majeur (Es-Dur) «San Marco» (d’après / nach: Sonate pour violon et basse continue op. 6 N° 11) (arr. Jean Thilde) (–1712) – 8’ Grave Allegro Adagio Allegro — Johann Sebastian Bach (1685–1750) Präludium und Fuge D-Dur (ré majeur) BWV 532 für Orgel (~1708–1717) – 12’ Präludium – Alla breve – Adagio Fuge George Enescu (1881–1955) Légende pour trompette et piano (arr. pour trompette et orgue) (1906) – 6’ Thierry Escaich (1965) Deux Évocations pour orgue (1996) – 15’ Georg Friedrich Händel (1685–1759) Suite für Trompete und Orchester D-Dur (ré majeur) HWV 341 «Water Piece» (arr. für Trompete und Orgel) (–1733) – 8’ Ouverture Allegro (Gigue) Air (Minuet) March (Bourée) March Mille et un éclats de métal… Œuvres pour trompette et orgue Hélène Pierrakos Müthel: Fantasie en fa majeur pour orgue Musicien à peu près contemporain du dernier fils de Bach, Jo- hann Gottfried Müthel devient organiste et claveciniste à la cour du duc Karl-Ludwig II von Mecklenburg-Schwerin. Il étudiera ensuite auprès de J.S. Bach à Leipzig. La deuxième partie de sa vie se déroulera à Riga, où seront publiées ses premières œuvres. La Fantaisie en fa majeur pour orgue est un parfait lever de rideau pour un concert tel que celui de ce soir: éclat du premier geste instrumental, avec son caractère ornemental et son élan vers l’ai- gu et la jubilation de son thème principal. Assez mozartienne dans son allure générale, cette pièce montre une belle éloquence, jouant à la fois sur la liberté de la forme que suggère le terme de «fantaisie», avec son allure comme improvisée, et sur le retour ré- gulier du thème jubilant, alternant avec des épisodes plus mélan- coliques et plus secrets – belle séquence dans le mode mineur au centre de cette courte pièce. Loeillet: Sonate pour trompette et orgue en si bémol majeur Dédiées «à Madame la Duchesse de Vallentinois par Jean-Baps- tiste L’œillet de Gant», les douze Sonates pour flûte et basse conti- nue op. 3 de Jean-Baptiste Loeillet portent la dédicace suivante: «Madame, l’offre que je vous fais de ce nouveau livre de sonates est une espèce d’hommage qui vous est légitimement du. Le goût que vous avez pour les beaux-arts & la Connoissance des beautés de la Musique que l’expérience vous a rendue familière, engagent les Autheurs à vous consa- crer leurs ouvrages, je souhaitterois, MADAME, que les miens fussent dignes de vous & pussent répondre en quelque manière à l’idée que vous avez de cet Art heureux.» 4 Comme souvent dans les sonates de ce type, le jeu instrumental pour la flûte travaille l’alternance assez rapide entre l’art du can- tabile et les traits brillants, ce que la transcription pour trompette de la Sonate N° 1 en ut majeur (transposée un ton plus bas) repro- duit idéalement. Hindemith: Sonate N° 1 pour orgue Dans le panorama musical du 20e siècle, l’œuvre de Paul Hin- demith se voit bien souvent et de façon trop univoque qualifiée d’austère, voire dogmatique. On reconnaît toujours à ce musi- cien son très sérieux artisanat, son métier, sa grande culture et la puissance de sa personnalité, rarement son éclat. Pourtant, lorsqu’on lit les témoignages de ses proches et des artistes qui l’ont côtoyé, on découvre qu’il était aussi un grand humoriste, auteur de nombreux dessins et caricatures, et (selon la formule d’Harry Halbreich) un authentique «joyeux luron» – comme Max Reger, paraît-il, ce qui étonne encore davantage… Max Re- ger dont Hindemith disait d’ailleurs: «Sans lui, je suis impen- sable!» C’est peut-être précisément à l’œuvre d’orgue de son compatriote Max Reger que l’on peut comparer les trois sonates pour orgue composées par Hindemith entre 1937 et 1940: dans la Sonate N° 1, les harmonies modales des premiers accords évoquent tout à la fois le monde de la musique de la Renaissance et l’austérité mo- derniste des années 1930 – tout Hindemith est dans cette ambi- valence productive. L’orgue y est traité comme le lieu d’expan- sion d’idées assez constructivistes, alternant la plénitude de grands tutti et la nudité de séquences de récitatif, sur un «recto tono» évoquant la réclusion monastique… Au long des deux mouvements, qui voient la succession assez ra- pide de tempi contrastés, Hindemith déroule une pensée ancrée dans le contrepoint à l’ancienne et armé cependant d’idées archi- tecturales qui donnent à cette musique un aspect beaucoup plus tourmenté, comme souvent dans la musique de ce compositeur. L’éloquence particulière de cette sonate semble ainsi osciller 5 entre un discours rationnel, présentant avec clarté ses figures géométriques pour les transformer ensuite en objets plus mou- vants ou plus énigmatiques. Le deuxième mouvement sonne en son début comme l’exposé d’une sorte de catéchisme luthérien modernisé, avec la rigueur de ses lignes et le chant fervent que l’on sent inscrit dans le sou- venir de la musique de Bach (via Reger, peut-être, ici encore). Mais l’art de la dissonance caractérise aussi cette sonate et s’ex- prime par exemple avec force dans la section accompagnée de l’indication «Phantasie, frei», l’œuvre se terminant dans une ex- tinction progressive, comme en un retour dans les limbes de la création. Albinoni: Concerto pour trompette et orgue «San Marco» Les douze sonates de l’opus 6 de Tomaso Albinoni ont été édi- tées sous le titre de 12 Trattenimenti armonici et correspondent au modèle de la sonate d’église, c’est-à-dire en quatre mouvement: lent, vif, lent, vif. Avec le monde d’Albinoni, on revient à la clar- té d’une musique aux lois pleines d’évidence: symétrie posée en principe entre la ferveur du mouvement lent et du caractère can- tabile du soliste (ici la trompette pour cette transcription d’une sonate originellement écrite pour petit ensemble instrumental: sonate à trois, c’est-à-dire deux solistes et une basse continue) et la vitalité pleine d’éloquence des mouvements rapides. Le terme de «Trattenimenti» signifie simplement divertissements, ce qui ne nous éclaire guère sur l’intention du compositeur. La Sonate N° 11 en la majeur porte traditionnellement le sous-titre de «San Marco», en simple référence à la Basilique Saint-Marc de Venise, centre musical dont Albinoni est, avec Marcello et Vi- valdi, l’un des trois grands représentants pour le baroque tardif. C’est sans doute aussi la plus concertante des douze sonates du cycle opus 6, et ce qui justifie d’en faire un concerto pour soliste. Du fait de son éclat, la trompette se prête également fort bien à cette transcription. 7 Johann Sebastian Bach (portrait de J.J. Ihle, 1720) Bach: Prélude et Fugue BWV 532 pour orgue La plupart des pièces qui constituent l’important corpus des Pré- ludes et fugues, Toccatas et fugue, et autres Passacaille et fugue pour orgue dans la production de Bach ne sont pas datées et n’ont pas été éditées. Comme l’indique le musicologue Gilles Can- tagrel, ce sont des «œuvres de consommation, utilitaires, fonc- tionnelles», ce qui ne signifie bien entendu nullement qu’elles soient de moindre intérêt musical. Selon Gilles Cantagrel, égale- ment, l’éclat et le style du Prélude et Fugue BWV 532 pour orgue évoquent l’art de Buxtehude, musicien du Nord de l’Allemagne, que Bach révérait. 8 Le caractère concertant du début du Prélude, avec son élan vers l’aigu sur la gamme de ré majeur au pédalier, à quoi font écho les volutes des deux mains du clavier, puis la réponse splendide d’une séquence pleine de majesté, sur rythmes pointés, dans un si mineur plein de force tragique – tout cela inaugure la pièce avec superbe. La composition du début de ce Prélude semble marquée par une belle liberté de pensée – alternant rapidement les tempi et les figures rythmiques. Puis s’installe la séquence principale du Prélude, séquence polyphonique à quatre voix assez ample, déployant de façon magistrale tout un travail de contre- point, et la dernière partie du Prélude revient au caractère de toc- cata assez fantaisiste des premières mesures, avec des dissonances remarquables. Le sujet de la fugue est constitué de façon très étonnante de la quadruple répétition à l’identique d’un court motif de quatre double-croches, à quoi succède une sorte de développement mé- lodique, le tout dans un tempo vif. Le caractère de ce sujet est presque guilleret, fort peu propice, croit-on à première écoute, au développement d’une fugue d’école… Et en effet, la fugue imaginée par Bach sonne comme un jeu plein de joie et de lu- mière, bien davantage qu’un exercice de contrepoint. Les figures vives se succèdent et se croisent ainsi en une chorégraphie très gratifiante pour l’auditeur, et, peut-on supposer, pour l’interprète! Enescu: Légende pour trompette et piano (arr. pour trompette et orgue) En juin 1906, peu après la composition de son Dixtuor pour ins- truments à vent, Enescu est invité à siéger (pour la seconde fois) aux jurys des concours du Conservatoire de Paris (dirigé à cette époque par le compositeur Gabriel Fauré), aux côtés de person- nalités musicales de premier plan, telles qu’Henri Büsser, Florent Schmitt, Paul Dukas et Raoul Pugno.