^ 245 ' ^

vu3; Publication de Février 1981 l’Église de Jésus-Christ des C X X X I Saints des Derniers Jours N um éro 2

Première Présidence: Spencer W. Kimball, N. Eldon Tanner, Marion G. Romney. Collège des Douze:Ezra Taft Benson, Mark E. Petersen, LeGrand Richards, Howard W. Hunter, Gordon B. Hinckley, Thomas S. Monson, Boyd K. Packer, Marvin J. Ashton, Bruce R. McConkie, L. Tom Perry, David B. Haight, James E. Faust. Consultants: M. Russell Ballard, Rex D. Pinegar, Charles Didier, George P. Lee, F. Enzio Busche. Magazines internationaux:Larry Hitler - rédacteur en chef, Carol Moses - rédactrice en chef adjointe, Heidi Holfeltz - pages des enfants, Roger Gylling - illustrateur. Rédaction de l’Etoile:Christiane Lebon, Service des Traductions, 7 rue Hermel, 75018 Paris. Rédacteur local:Alain Marie, 33 rue Galilée, F-75116 Paris, Tél. 16 (1) 7209495.

Table des matières Au sujet de la dîme, Marion G. Romney ...... 1 J’ai une question ...... 5 Éliminer la dispute, A. Lavar Thornock...... }...... 8 Istanbul et Rexburg. Le champ de mission de , Denton U. Brewerton .... 11 Missionnaire dans les Balkans, Mischa Markow, William Haie K a h r...... 15 Grand-père: service et grands appels, Kathleen L ubeck...... 21 Le moment de partir en mission, Rosemary Peck ...... 22 Du rire aux larmes, Anya C. Bateman...... 28

Pour les enfants Le bocal à fourmis...... \ Quel chemin prendre, Rex C. R e e v e ...... 2 Échange, Claudia Remington ...... 4 Amusons-nous ...... g

Abonnements pour l’année civile: (à souscrire par l’intermédiaire des paroisses /branches) :

39 FF à envoyer par chèque libellé à l’Ordre de Deseret Distribution. 330 FB à Citibank, Bruxelles, compte NO 570-0141 500-35, Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. 22,80 FS à Société de Banque Suisse, compte N° C-8-101-316-0, Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. 600 FP. USA: $ 10.00 (surface mail); Canada: Can. $ 9.00. © by the Corporation of the Président of The Church of Jésus Christ of Latter-day Saints. Tous droits réservés. Deseret Distribution SARL, Avenue de l’Ile Brune, F-38120 St Egrève.

Printed in the Fédéral Republic of PB MA 0540 FR ( Message de la Première Présidence ) AU SUJET DE LA DÎME

par Marion G. Romney deuxième conseiller dans la Première Présidence

Voici mon conseil sincère à tous ceux çon, et voici quelle est la façon que moi, le qui recevront ce message: payez votre Seigneur, j’ai décidé d’employer afin de dîme et soyez bénis. La dîme n’est pas une pourvoir aux besoin de mes saints: les offrande facultative; c’est une dette dont pauvres seront élevés en ce que les riches le règlement apporte de grandes bénédic­ seront abaissés. tions. «Car la terre est pleine, et il y a assez, et Dans la section 104 des Doctrine et Al­ même en réserve; oui, j’ai tout préparé et liances, le Seigneur indique certaines des j’ai donné aux enfants des hommes qu’ils raisons de la dîme. aient leur libre arbitre. «Car il convient, dit-il, que moi, le Sei­ «C’est pourquoi si quelqu’un prend de gneur, je rende tout homme responsable l’abondance que j’ai faite et ne donne pas comme intendant de bénédictions terres­ sa part, selon la loi de mon Évangile, aux tres que j’ai faites et préparées pour mes pauvres et aux nécessiteux, il élèvera avec créatures» (D.&A. 104:13). les méchants les yeux en enfer, étant dans Et il continua: les tourments» (D.&A. 104:14-18). «Moi, le Seigneur, j’ai déployé les cieux Quand j’ai commencé à comprendre la et construit la terre, ma propre œuvre, et signification réelle de cette déclaration, tout ce qui s’y trouve est à moi. j’ai pris la résolution de payer une dîme «Et j’ai l’intention de pourvoir aux be­ complète. soins de mes saints, car tout est à moi. La loi de la dîme. «Mais il faut que cela se fasse à ma fa­ Au moment où la section 104 fut don­

1 née, les saints avaient le commandement dîmés, payeront annuellement un dixième de donner de leurs biens aux pauvres et de tous leurs revenus; et ce leur sera aux nécessiteux: pas un dixième, mais se­ une loi permanente à jamais; pour ma lon la loi de consécration. sainte prêtrise, dit le Seigneur» (D.&A. En 1838, quatre ans plus tard, le Sei­ 119:1-4). gneur donna la loi de la dîme. À ce mo­ Une obligation légale envers le Seigneur. ment l’Église avait de graves difficultés fi­ D’après cette Écriture, on voit que la nancières parce qu’elle n’avait pas de loi dîme est une dette que tout le monde doit de revenu. C’est dans ces circonstances au Seigneur pour l’utilisation des choses qu’une réponse fut donnée à la supplica­ qu’il a faites et données à l’homme. Le tion du prophète Joseph Smith: «O Sei­ Seigneur, à qui l’on doit la dîme, a la posi­ gneur, montre à tes serviteurs combien tu tion de premier créancier. S’il n’y a pas as­ requiers des biens de ton peuple pour la sez pour payer tous les créanciers, il doit dîme» (D.&A. 119, chapeau). être payé en premier. Vous êtes peut-être Le Seigneur répondit: En vérité, ainsi dit le Seigneur, je re­ quiers d’eux qu’ils remettent entre les mains de l’évêque de mon Église, en Sion, tout le surplus de leurs biens, «Pour la construction de ma maison, pour la pose des fondations de Sion, pour la prêtrise et pour les dettes de la Prési­ dence de mon Église. «Ce sera le commencement de la dîme de mon peuple. «Et après cela, ceux qui auront été ainsi «Pour vous je menacerai celui qui dévo­ re, et il ne vous détruira pas les fruits de la terre, et la vigne ne sera pas stérile dans vos campagnes, dit l’Étemel des armées. «Toutes les nations vous diront heu­ reux, car vous serez un pays de délices, dit l’Éternel des armées» (Malachie 3:10-12). Il est évident que cette promesse de ré­ compense matérielle a une application universelle par le fait qu’elle fut enseignée aux Néphites par le Sauveur ressuscité, et par le fait qu’il leur demanda de l’écrire un peu choqués par cette déclaration, mais dans leurs annales afin qu’elle puisse nous elle est vraie. Les autres créanciers n’ont toutefois pas besoin de s’inquiéter, car le Seigneur bénit la personne qui a suffi­ samment de foi pour payer la dîme quand cela réduit ses possibilités de régler d’au­ tres dettes. Je considère le paiement de la dîme comme un bon investissement financier. A ceux qui payent leur dîme, le Seigneur a dit qu’il ouvrirait «les écluses des deux» et qu’il répandrait «la bénédiction en abon­ dance».

3 parvenir par F intermédiaire du Livre de Mormon (voir 3 Néphi 24:10—12). Une protection contre le feu. Le paiement de la dîme a autant de va­ leur qu’une assurance incendie. Par l’in­ termédiaire de ses prophètes, le Seigneur nous a dit qu’au moment de sa seconde ve­ nue, il y aurait un grand embrasement. Ainsi Malachie s’y réfère lorsqu’il parle «C’est pourquoi, si vous me croyez, des dîmes et des offrandes. vous travaillerez tant que nous sommes «Car voici, dit-il, le jour vient, ardent aujourd’hui» (D.&A. 64, 24, 25). comme une fournaise. Tous les hautains et Cela veut dire que si vous le croyez, tous les méchants seront comme du chau­ vous paierez votre dîme. me; le jour qui vient les embrasera, dit Je sais d’après ma propre expérience, et l’Étemel des armées, il ne leur laissera ni je vous rends mon témoignage, qu’une racine ni rameau. paix, un réconfort et une assurance vien­ «Mais pour vous qui craignez mon nom nent à celui qui paye une dîme honnête. se lèvera le soleil de la justice, et la guéri­ S’il vous arrive de ne pas savoir combien son sera sous ses ailes; vous sortirez, et vous devez, payez un peu plus. Il est préfé­ vous sauterez comme les veaux d’une éta- rable de payer plus que de ne pas payer as­ ble» (Malachie 4:1, 2). sez. Cette prophétie fut citée par Jésus aux Une bénédiction. Néphites (voir 3 Néphi 25:1, 2) et, avec Que le Seigneur vous bénisse. Conti­ une légère différence, par Moroni à Jo­ nuez à payer fidèlement votre dîme; n’y seph Smith. manguez pas. Vous vivez pour la vie éter­ En septembre 1831, dans une révéla­ nelle. Vous n’êtes pas ici simplement pour tion le Seigneur parla encore de cet em­ mener cette vie; vous êtes ici pour vous brasement qui accompagnera sa seconde préparer à la vie éternelle. Lorsque vous venue. prendrez de l’âge et que viendra le mo­ «Car après aujourd’hui vient le feu . . . ment où vous n’aurez plus besoin des cho­ car en vérité, je vous dis que demain tous ses de ce monde, ce sera merveilleux les orgueilleux et les méchants seront d’avoir des annales sur lesquelles vous comme du chaume; et je les brûlerai, car je pourrez compter pour vous donner une suis le Seigneur des armées; et je n’épar­ place dans la présence de notre Père cé­ gnerai aucun de ceux qui restent à Babylo- leste avec les justes de tous les temps. ne. Vous pourrez gagner cela en observant fi­ dèlement jour après jour, année après an­ née, la loi de la dîme et ce que l’Évangile de Jésus-Christ requiert de vous. Je vous laisse ma bénédiction et je prie que Dieu, notre Père céleste, nous donne à tous la capacité de vivre pour que nous puissions atteindre les objectifs de cette vie et retourner en sa présence.

4 T ^ r | i l i n O Les réponses ont pour but d’aider W llV' et d’expliquer, mais ne constituent pas des déclarations officielles de question la doctrine de l’Église.

Il est vrai que nous avons reçu le commandement — par le Sauveur — de prier le Père étemel, le père de notre esprit, au nom de Jésus-Christ, bien que le Sauveur permit aux Néphi- tes de le prier, apparemment parce qu’il était avec eux (voir 3 Néphi 19:17-30). Il est également vrai que le Sauveur nous a commandé de nous rapprocher de lui, de le chercher avec diligence, de le trouver (voir (D.&A. 88:63, 64). Il a expié pour nos péchés et il est Roy W. Doxey, un membre de la Divinité. En tant directeur du Church Corrélation Review. que tel, il a des relations très spéciales avec chacun de nous. Toutes les révéla­ tions depuis l’expulsion de nos premiers parents du jardin d’Éden ont été faites par l’intermédiaire de Jésus-Christ. Nous prions le Père et Remarquez, par exemple, que de nom­ nous recevons des réponses breuses révélations dans les Doctrine par l’intermédiaire du Saint- et Alliances commencent par des exhor­ tations telles que: «Prête l’oreille et Esprit. Alors comment pou­ écoute la voix de celui qui est de toute vons-nous nous rapprocher éternité, le Grand JE SUIS, à savoir du Sauveur? Jésus-Christ» (D.&A. 39:1). Le nom «JE SUIS» sous lequel Jésus-Christ de la récompense (voir D.&A. 61:39). était connu de l’ancien Israël (Exode Nous avons la promesse que si nous 3:14), montre de manière significative prions toujours, nous pourrons «sortir que le Sauveur était également le Dieu vainqueur» (D.&A. 10:5). Bien que de l’Ancien Testament. Il est aussi nous priions le Père, ne pourrions-nous identifié dans les Écritures modernes avoir le sentiment d’être en la présence sous le nom de Jéhovah (D.&A. 110:3), à la fois du Père et du Fils, puisque nom par lequel il était également connu nous avons le commandement de prier dans les temps anciens. au nom de Jésus? (voir 3 Néphi 18:19; Sans le sacrifice expiatoire, notre 20—31). Ce «rapprochement» ne se­ esprit serait devenu sujet au démon, rait-il pas réel, puisqu’ils sont tous pour devenir semblable à lui, pour les deux membres de la Divinité? être retranché de la présence de Dieu 3. En étudiant les Écritures. Si nous et pour demeurer à jamais dans la mi­ voulons nous rapprocher de notre Sau­ sère (voir 2 Néphi 9:8, 9). Étant donné veur, nous devons savoir ce qu’il attend que toutes choses sont faites par l’in­ de nous. Notre compréhension du bien termédiaire du Christ, comment pou­ et du mal sans l’aide des Écritures pour­ vons-nous nous rapprocher de lui? rait nous éloigner du chemin du salut. 1. En imitant sa vie. Il nous a com­ Par exemple, la personne offensée se- mandé d’être parfaits comme lui et ra-t-elle la première à rechercher la le Père sont parfaits (voir 3 Néphi réconciliation? La nature humaine sug­ 12:48). La perfection étant l’objectif gère souvent que la personne offensée de tous les saints des derniers jours, attendra que celle qui l’a offensée fasse des efforts journaliers pour nous amélio­ le premier pas. Il n’est pas ainsi, selon rer en observant les commandements le Seigneur (voir Matthieu 5:23, 24). nous rapprochent de lui. Le Seigneur L’expérience a montré que générale­ est bon pour ses enfants en révélant ment celui qui connaît le plus les Écritu­ que, s’ils s’efforcent de garder les com­ res est le plus fidèle. mandements, il les bénira (voir D.&A. 4. En recherchant l’influence du 46:9). Saint-Esprit. Tous les saints des derniers 2. En priant le Père Éternel au nom jours ont le droit de recevoir la compa­ de Jésus-Christ. Sans la prière sincère, gnie de l’Esprit et doivent rechercher les chances d’atteindre l’objectif de cette bénédiction. Le Saint-Esprit rend vivre l’Évangile seraient nulles. Sachant témoignage du Père et du Fils et donne cela, Satan persuade les gens de ne de la connaissance sur eux. Avez-vous pas prier (voir 2 Néphi 32:8). Sans ressenti l’influence édifiante de cet la prière, le risque de tomber en tenta­ Esprit quand vous priez et que vous tion est sûr, avec pour résultat la perte avez le sentiment que votre prière a été entendue et que vous recevrez une rapprocher du Sauveur. Le moment réponse? Lorsque l’on est proche du de la Sainte-Cène est particulièrement Sauveur, cela est souvent manifesté opportun pour nous souvenir du Sau­ par le Saint-Esprit. veur, pour méditer sur la signification 5. En suivant les Autorités générales. de prendre son nom sur nous et pour Des serviteurs autorisés de Dieu reçoi­ rechercher l’Esprit. Nous pouvons régu­ vent l’interprétation des Écritures, des lièrement nous rapprocher de cet Être solutions aux problèmes de l’époque dont le souvenir est perpétué par la présente et une nouvelle affirmation Sainte-Cène. des enseignements de l’Évangile qui 7. Par des pratiques spirituelles. mènent à la perfection. Si nous suivons Le paiement de la dîme, des offrandes les enseignements inspirés des Autorités de jeûne et des autres dons, de nom­ générales de l’Église, nous serons guidés breux genres de services tels que 1 en­ vers des relations plus étroites avec seignement au foyer et les visites de l’auteur de notre salut et ainsi vers la Société de Secours, l’enseignement notre but final qui est l’exaltation avec de la prêtrise et des auxiliaires, les lui. Lorsque l’on est disciple de Jésus- appels de dirigeant et beaucoup d’autres Christ, on a avec lui des relations qui appels, sont des occasions de progresser rapprochent. Néanmoins, si nous reje­ spirituellement. Par les autres moyens tons, ou même si nous ne connaissons que nous avons mentionnés ici, nous pas les instructions des Autorités géné­ gardons vivant en nous le désir de nous rales, l’Esprit du Seigneur s’amoindrit rapprocher du Sauveur. dans notre vie. En fait, le rejet amène L’objectif de nos relations avec Jé- l’apostasie et la perte du Saint-Esprit, sus-Christ peut être résumé par le mais les efforts pour vivre selon les conseil du Seigneur à Énoche: «Marche instructions amènent la confirmation avec moi» (Moïse 6:34). En marchant de l’Esprit avec la paix et la joie qui avec le Sauveur, on mène le genre en résultent. De tels sentiments nous de vie enseigné dans les Écritures et rapprochent du Sauveur: ce sont les dans l’Église. Comme le nom «saint», bénédictions qu’il a promises à ceux cela signifie être mis à part pour un qui gardent ses commandements. Et service spécial dans la cause du Sei­ les Écritures nous avertissent que nous gneur, mis à part du monde. ne pouvons pas être bénis à moins d’écouter sa parole donnée par l’inter­ médiaire de ses serviteurs (voir D.&A. 124:45, 46). 6. En prenant la Sainte-Cène. C’est l’une des meilleures manières de nous ÉLIMINER LA DISPUTE par A. LaVar Thornock Satan cherche à semer la querelle par­ tous les autres prêtres de la paroisse. Je lui tout, y compris dans l’Église. La personne expliquerais à quel point le Seigneur aime qui a un esprit de dispute pense en général un serviteur obéissant, et que très souvent premièrement à elle-même. Quand nous notre obéissance repose sur notre foi. succombons à un tel esprit nous nous éloi­ Je dis à ce couple qu’il devait affermir la gnons de l’Esprit de Dieu. «Celui qui a personnalité de cet évêque aux yeux de l’esprit de contention n’est pas de moi», dit leur fils de toutes les manières possibles; le Seigneur, «mais il est du diable, qui est en faisant autre chose il ne récolterait que le père de la contention; et il pousse le du malheur. En ne soutenant pas l’évêque, cœur des hommes à lutter les uns contre les cela indiquerait à leur fils que Vévêque ne autres avec colère» (3 Néphi 11:29). fut pas appelé par Dieu, que nous pouvons Parfois la dispute s’élève parce que nous suivre nos dirigeants seulement lorsque ne sommes pas d’accord avec ce qu’un di­ nous le désirons. Il y avait là le danger rigeant essaye de faire. Je me souviens d’enseigner à leur fils qu’il était une loi d’un couple qui en voulait à son évêque. pour lui- même, siégeant toujours en juge Ces deux personnes vinrent me trouver, sur les paroles et les actions de ceux qui moi leur président de pieu, et dirent que sont appelés pour le guider. Viendra un l’évêque avait demandé à leur fils d’être jour, leur dis-je, où quelque chose de son assistant, mais que l’évêque lui avait beaucoup plus important qu’une coupe de demandé de se faire couper les cheveux cheveux se présentera pour éprouver leur avant d’être présenté au collège. Leur fils fils. La manière dont lui, et eux, réagissent était rentré mécontent. Il venait de se faire à cette plus petite épreuve déterminera sa couper les cheveux juste quelques jours réaction aux plus grandes épreuves. auparavant et ne ressentait pas le besoin Tandis que nous discutions, le différend de les avoir plus courts. En se plaignant à dans la pièce disparut. L’Esprit nous rap­ moi, le père et la mère dirent à quel point il pela à tous que la querelle est du diable et aurait été plus grave s’il fumait ou buvait. qu’elle ne peut avoir que des résultats des­ Mais se faire couper les cheveux semblait tructifs. si peu important! Pourquoi l’évêque insis­ tait-il sur cela? Parfois nous créons la dispute dans Après avoir écouté ce qu’ils avaient à l’Église en étant insensibles aux senti­ dire, je leur demandai s’ils avaient le sen­ ments des autres. Alors que j’étais mis­ timent de réellement aimer leur fils. Ils eu­ sionnaire je fus appelé à travailler au foyer rent l’air surpris par ma question, mais ra­ de la mission. Chaque matin, j’avais la tâ­ pidement ils m’assurèrent que c’était la che d’enseigner un cours de théologie à raison pour laquelle ils étaient là. Je leur tous les missionnaires qui se trouvaient là. dis alors que s’il était mon fils je rentrerais Un matin une sœur d’un certain âge, qui pour lui dire à quel point j’étais reconnais­ venait d’arriver dans la mission, se joignit sant que l’évêque ait autant d’amour et de à nous pour la classe. Au cours de la dis­ respect pour lui. C’était un grand compli­ cussion elle fit une objection à un concept ment d’être choisi pour être assistant. Sans que j’enseignais et même commença à dis­ aucun doute, l’évêque avait le sentiment cuter pour défendre son point de vue. Je qu’il devait avoir des compétences de diri­ pus rapidement lui prouver qu’elle avait geant et la capacité d’être un exemple pour tort. Puis l’Esprit du Seigneur me toucha

9 et je remarquai son expression blessée. m’inonda le cœur. Je venais d’apprendre Une question me surgit à l’esprit: une grande leçon; si nous laissons la fierté «Quel droit avais-je d’être missionnaire nous empêcher de faire ce qui est bien, alors que j’étais si insensible et que j’avais nous pouvons passer à côté de certaines si peu de prévenance envers l’une de mes des plus grandes joies de la vie. sœurs?» Ce matin-là, la prière sembla être plus pure. La vie était intéressante et j’étais À la fin du cours je me précipitai à la bi- vraiment heureux. Après le petit déjeuner biliothèque de la mission. Pendant une cette sœur vint vers moi et me remercia à heure et demie je cherchai à trouver quel­ nouveau. La repentance avait suivi la dis­ que chose en accord avec ce que cette sœur pute et le résultat en était une paix de l’es­ avait dit. Finalement je trouvai une décla­ prit. ration qui soutenait son point de vue. Ravi Lorsque nous apprenons à surmonter la de ma découverte, je me trouvai alors face querelle dans notre vie, nous nous appro­ à face à la grande difficulté de ma vie. Je chons du Christ. La dispute détruit les re­ l’avais mise dans l’embarras en face de lations entre les membres d’une famille et tous les missionnaires; j’avais maintenant contrecarre le progrès régulier de l’Église. besoin de me repentir devant tous les mis­ Mais en étudiant l’Évangile, en nous re­ sionnaires. pentant de nos erreurs et en vivant dans Alors que nous nous agenouillions à la l’obéissance aux conseils de nos prophètes table du petit déjeuner, je demandai au vivants, nous pouvons surmonter la que­ président Bunker si je pouvais disposer de relle et recommencer à progresser vers quelques minutes avant que la prière ne Dieu. Lorsque, grâce à l’expiation et à la soit offerte. Puis, me tournant vers cette maîtrise de soi, nous nous élèverons au- sœur, je lui présentai mes excuses pour ce dessus de l’homme naturel, nous serons que j’avais fait et je lus la déclaration de capable de commencer à vivre les lois frère Whitney. Avec un léger sourire elle éternelles. Et viendront ainsi les bénédic­ me remercia. Alors un sentiment d’amour tions éternelles.

10 En 1847, année où les pionniers entrè­ lesquelles l’étude du turc par lui-même rent dans la vallée du lac Salé, Jacob Spori tandis qu’il était en mission à Istanbul et le naquit dans un village isolé des Alpes suis­ soutien financier presque total par lui seul ses. Il allait mener une vie remarquable, du Ricks Collège alors qu’il en était le son dévouement à l’Église amenant des premier administrateur. réalisations des deux côtés du globe, parmi Jacob grandit à Oberwill, en Suisse. Son ISTANBUL ET REXBURG Le champ de mission de Jacob Spori

par Denton U. Brewerton

11 père était un descendant des huguenots ses lettres afin qu’il puisse rester en français, par une longue lignée d’institu­ contact avec sa femme et ses enfants. teurs et de professeurs. Jacob était ce Ces premières années en Amérique fu­ même genre de personne. Son amour pour rent difficiles pour Jacob. Sa fille, Eliza- les livres apparut très tôt dans sa vie; il en­ beth, raconte qu’il eut du mal à se faire à sa tra au lycée à treize ans et fut diplômé de nouvelle vie et qu’il était souvent découra­ l’université neuf ans plus tard en mathé­ gé. Mais il ne regretta jamais d’avoir ac­ matiques, en art et en musique. Jacob avait cepté l’Évangile. fini par apprendre à lire et à écrire treize En 1884, frère Spori fut appelé en mis­ langues. sion en Turquie. Il arriva à Istanbul juste Le père et la mère de Jacob respectaient quelques jours après Noël et commença immédiatement à faire du travail mission­ les principes d’une vie chrétienne. Jacob naire. Au début il avait besoin d’un inter­ apprit d’eux la valeur et la dignité du dur prète, mais il était excessivement doué travail. Une qualité qu’il garda toute sa vie pour les langues et en seulement trois mois fut son énergie infatigable. il maîtrisait bien le turc. Il enseigna À l’âge de 28 ans, Jacob épousa Magde- l’Évangile avec force et vigueur. Utilisant lena Roschi, charmante jeune fille cultivée diverses méthodes pour faire entrer son de son propre village. La vie fut alors une message dans le foyer des familles turques, expérience pleine de joie pour le jeune il enseigna gratuitement le français et l’an­ homme, qui était directeur du lycée où il glais et apporta des bénédictions à beau­ avait fait ses études. Il eut aussi l’honneur coup en leur enseignant l’Évangile. Ses de détenir tous les derniers offices de son élèves apprenaient de nouvelles langues, père, parmi lesquels commissaire aux mais ils apprenaient en même temps l’his­ comptes, contrôleur des contributions et toire de l’Église rétablie. Jacob enseignait trésorier du canton de Berne, le deuxième aussi l’allemand, mais se faisait payer pour canton de Suisse en superficie. ce service afin de pouvoir manger et s’ha­ À la fin des années 1870, la vie de Jacob biller. prit toutefois une tournure tout à fait diffé­ L’été de 1886, frère Spori fut appelé à rente. Il entendit l’Évangile, l’accepta et aller en Palestine. Il était le premier appelé fut immédiatement confronté à la persécu­ spécifiquement en tant que missionnaire tion. Il dut donner sa démission de direc­ pour ce pays dans cette dispensation. teur de lycée et on lui retira tous ses offices Orson Hyde consacra le pays en 1841, dans le canton. Mais le pire fut quand le mais il n’y fit pas de travail missionnaire. beau-père de Jacob lui enleva sa femme et Frère Spori accomplit le premier baptême quatre jeunes enfants. en Palestine quand il baptisa Hohan Jacob eut le sentiment qu’il devait partir George Grau le 29 août 1886. L’œuvre de pour Sion, et, en 1879, il émigra à Logan frère Spori s’étendait jusqu’à Joppé, Da­ en Utah. Au cours des cinq années qui sui­ mas et Jérusalem. C’est là en Palestine virent il mena une vie remplie de solitude, qu’il découvrit comment des miracles peu­ mais variée. Il étudia l’anglais et l’histoire vent s’accomplir par de petits moyens. de l’Église, il travailla dans des scieries et Une loi locale disait que tous les chré­ posa des voies de chemin de fer. Sa sœur tiens devaient être hors de la ville de Haïfa restée en Suisse, Anna Clara, faisait suivre avant la fermeture des portes à la tombée

12 de la nuit. Mais frère Spori travaillait dans cette ville avec un investigateur qui était malade à ce moment-là. Le jeune mormon ne pouvait pas quitter son ami avant d’être sûr que celui-ci allait mieux. Ce soir-là, l’investigateur se remettant, Jacob s’ap­ prêta à quitter la ville. Il savait que les portes étaient fermées et que s’il se faisait prendre il irait en prison. En marchant au bord de la mer, mais toujours dans la ville, réfléchissant à ce qu’il pouvait faire, il ob­ servait les bateaux de pêche entrer dans le La Bannock Stake Academy en 1895. Cette uni­ port. Il remarqua que des hommes prépa­ versité prit plus tard le nom de Ricks Collège. raient les filets pour le jour suivant et il eut Jacob Spori y fut le premier directeur. le sentiment qu’il devrait les aider. Il s’ap­ Photographie de J. Stanley Anderson, avec la permission de BYU Photo Archives. procha et se mit au travail; personne ne sembla le remarquer. Quand le travail fut finalement terminé, les hommes roulèrent les filets, montèrent dans le petit bateau et se préparèrent à mettre la voile. Sans un Madame Spori demanda le baptême et mot frère Spori monta aussi dans le ba­ retrouva son mari quand il arriva en Suisse teau. Ils furent rapidement en mer. Le jour après son travail missionnaire. Plus tard suivant ils arrivèrent au Caire; frère Spori elle rendit un témoignage fervent et ex­ sauta du bateau, entra dans la ville et se prima sa reconnaissance pour les vérités remit à prêcher l’Évangile. étemelles que l’Évangile lui avait appor­ Après une mission de trois ans et demi, tées. frère Spori fut relevé, et il retourna en Avant de partir pour Sion, frère Spori Suisse. Là il remplit une tâche confiée par traduisit plusieurs brochures de l’Église en le président Wilford Woodruff, il aida à français. Il était aidé par sa plus jeune organiser une compagnie de saints pour sœur, Anna Clara spori, jeune fille talen­ leur voyage vers Sion. Cela lui prit presque tueuse et très instruite. une année. Finalement, Jacob Spori, son épouse, Avant la fin de sa mission, frère Spori leurs trois enfants Jacob, Magdalena et avait reçu des nouvelles de son épouse, Louise, et sa jeune sœur Anna Clara quit­ toujours en Suisse, presque inconsolable tèrent Berne pour l’Amérique. C’était en parce que leur fille aînée, Katherine, était juin 1888. Leur destination était Rexburg morte des blessures qu’elle s’était faite en (Idaho). Jacob avait été appelé à être le tombant d’une balançoire. Jacob connais­ premier directeur du Ricks Collège, et la sant bien le pouvoir qu’avait l’Évangile de nouvelle école s’apprêtait à ouvrir. guérir les blessures spirituelles, écrivit à sa Les maisons à Rexburg étant rares, la femme, lui énonçant les doctrines de famille Spori emménagea dans un grenier l’Église. Elle fut touchée par ces nouvelles à dîme qui était vide. Leur cinquième en­ vérités et fut convaincue que l’Évangile fant, Elizabeth, y naquit le 6 juillet 1888. était vrai. Pendant quatre ans Jacob Spori fut di-

13 Les courants ont lavé le sable, Au soleil montent les vapeurs, Et l’horizon insaisissable Tremble et fuit sous leurs plis trompeurs. On voit seulement sous leurs voiles, Comme d’incertaines étoiles, Des points lumineux scintiller, Et les monts, de la brume enfuie, VICTOR HUGO Sortir, et, ruisselant de pluie, Pluie d'été Les toits d’ardoise étinceler.

recteur; non seulement il enseignait, mais de se reposer un peu plus. La réponse de il était un ami pour les familles des étu­ Jacob fut qu’il préférait «mourir en tra­ diants. Il visitait le foyer des saints, parti­ vaillant plutôt que de mourir en se repo­ culièrement quand il y avait des malades. sant». «Au moment de l’épidémie de diphtérie L’universalité d’esprit et une foi en 1891», raconte sa fille, «il allait sans constante sont deux traits qui caractérisent crainte administrer les malades et récon­ la vie de Jacob Spori. C’était un grand en­ forter les familles endeuillées». Deux de seignant, un érudit des langues, un mis­ ses filles attrapèrent cette redoutable ma­ sionnaire. Il aimait la géologie et l’exploi­ ladie, mais il les bénit, ayant foi qu’elles se­ tation minière, il reçut son dernier di­ raient épargnées par le pouvoir de Dieu. plôme en métallurgie alors qu’il avait cin­ Et elles le furent. quante ans. Il s’intéressa à la médecine Après quatre années comme directeur quand il fut à Istanbul. La musique était sa grande évasion. Il apprit à jouer de diffé­ d’université, frère Spori demanda et reçut rents instruments. Les sciences et l’agri­ une relève honorable pour son travail. Il se tourna alors vers le travail de la ferme et culture faisaient aussi partie de sa vie. entreprit un projet qui fut plus tard un vé­ Sa vie est bien résumée par les paroles ritable bienfait pour l’agriculture de cette de sa fille: «Il avait un témoignage telle­ ment puissant qu’il le rendait chaque fois région: il participa à la construction du ca­ que l’occasion s’en présentait. Il avait nal sur la Egin Bench et connu sous le nom l’habitude de nous dire que tout ce que de canal Spori. l’homme peut faire ne changera jamais la Jacob Spori mourut en 1903; il était re­ véracité de l’Évangile. Tous les sacrifices venu à l’enseignement, faisant toujours les apparents qu’il fit ne semblaient être rien choses qu’il pensait devoir être faites. Son pour lui en comparaison de la paix et de la médecin l’avait mis en garde contre le dia­ joie qui entrèrent dans sa vie quand il se bète, lui disant de s’arrêter de travailler et joignit à l’Église.»

14 Les chemins de Jacob Spori et de Mischa rappela l’apôtre Paul au Corinthien er­ Markow se croisèrent une seule fois, quand rant. «Une fois j’ai été lapidé, trois fois j’ai Jacob enseigna l’Évangile à Mischa, ce quifait naufrage . . . Fréquemment en voyage, fut le début d’une vie entière de service dans j’ai été en péril sur les fleuves, en péril de l’Église pour Mischa. la part des brigands, en péril de la part de «Trois fois j’ai été battu de verges»., ceux de ma nation . . . J’ai été . . . exposé MISCHA MARKOW Missionnaire dans les Balkans

par William Haie Kahr . . . à des jeûnes multipliés, au froid et à la Après huit mois il s’aperçut «que mon nudité» (2 Corinthiens 11:25-27). Église n’est pas la véritable Église». Il dé­ Cette liste sans fard rappelait aux Co­ cida d’aller rendre visite aux Églises pro­ rinthiens le dévouement infatigable et les testantes d’Istanbul pour voir s’il y en avait sacrifices de Paul pour leur apporter qui correspondaient à l’Église biblique. l’Évangile, l’Évangile dont ils se détour­ Au même moment, à des centaines de naient à ce moment-là. kilomètres de là, tandis qu’il visitait la Pa­ Mischa Markow, lui, n’écrivit pas sa lestine, Jocob Spori, président de la mis­ propre histoire pour que ses convertis la sion turque des saints des derniers jours, gardent à l’esprit; mais il écrivit soigneu­ eut une vision dans laquelle il se vit à Ale­ sement dans un mauvais anglais sur la page xandrie. Dans cette ville, il vit un homme à de garde de l’histoire de sa vie: «Moi, qui il prêchait l’Évangile. Le président Misha Markow, j’ai prêché l’Évangile Spori prit rapidement un bateau pour Ale­ dans huit royaumes: 1. la Belgique, 2. la xandrie. Après trois jours de vaines re­ Hongrie, 3. la Roumanie, 4. la Bulgarie, 5. cherches de l’homme qu’il avait vu en rê­ l’Allemagne, 6. la Turquie, 7. la Russie, 8. ve, il réserva une place pour retourner à Is­ la Serbie. J’ai été mené onze fois devant tanbul. Debout à bord du bateau à vapeur, des tribunaux locaux, quatre fois devant attendant le départ, il vit un homme mon­ des juges, deux fois devant une haute cour ter sur la passerelle: Mischa Markow, et une cour suprême. Je fus enfermé trois l’homme qu’il avait vu en vision. fois. La police se tenait à ma porte, et si Ce voyage vers Istanbul en janvier 1887 quelqu’un voulait venir m’écouter, la po­ prit quatre jours. Le président Spori ra­ lice ne le laissait pas entrer. Et cela se pro­ conta sa vision à Mischa qui écrivit: «Il se duisit en Roumanie, en Bulgarie et en mit à me prêcher l’Évangile et je pensais Serbie. Deux fois je fus extradé, c’était en qu’il était un ange, c’est ainsi qu’il m’appa­ Hongrie et en Serbie. Je fus mis deux fois rut» («Life and History», p. 51). À Istan­ en prison en Roumanie et en Hongrie.» bul, le président Spori le présenta aux au­ (Mischa Markow, «Life and History», tres missionnaires, F. F. Hintze et J. Ma- manuscrit, Church Historical Department rion Tanner. Mischa fut baptisé dans la Archives.) mer Noire, le 1er février 1887. Homme tranquille qui brûlait d’un zèle Avant d’être ordonné, il alla rendre vi­ tranquille, Mischa Markow fut le mission­ site à ses parents et leur prêcha l’Évangile. naire de l’Église du dix-neuvième siècle Ils semblaient être intéressés; il télégra­ dans des régions où l’Église ne s’est pas phia donc à frère Hintze de venir les bapti­ encore ré-introduite. ser. Mais quand frère Hintze arriva, Mis­ Né le 21 octobre 1854, en Hongrie, cha et lui se rendirent compte que ses pa­ d’un père serbe et d’une mère roumaine, il rents n’étaient pas prêts. Frère Hintze or­ grandit comme Serbe orthodoxe. «J’étais donna Mischa à la prêtrise et tous deux tin­ très enclin à la religion», commente-t-il, rent des réunions le jour suivant. Toute­ «et j’avais un grand désir d’aller à Jérusa­ fois, dans les vingt-quatre heures, l’Amé­ lem.» À 32 ans, célibataire, il partit ricain avait été emmené devant les juges et comme pèlerin pour la Terre Sainte, et avait reçu l’ordre de quitter le pays dans puis il continua jusqu’à Alexandrie où il les quarante-huit heures. travailla comme barbier et étudia la Bible. Mischa lui fit passer ces quarante-huit

16 heures à lui raconter ce que faisaient les gnit à eux; puis Mischa célébra leur maria­ missionnaires. Les instructions étaient ge. simples: «Frère Markow, vous êtes ancien Sans argent, Mischa savait qu’il devrait dans l’Église de Jésus-Christ et vous avez retourner dans les Balkans pour travailler, l’autorité de baptiser et d’imposer les et il demanda que des missionnaires de la mains pour le don du Saint-Esprit, et vous mission suisse-allemande soient envoyés prêcherez l’Évangile où que vous en ayez en Belgique. Quand trois missionnaires l’occasion» («Life and History», p. 52). arrivèrent, la famille Beckhaus avait une Mischa fit le vœu de ne pas émigrer en liste de références; il en résulta huit bap­ Amérique avant d’avoir pu prêcher et têmes. baptiser. Son premier voyage le mena de Mischa immigra après avoir gagné suffi­ Hongrie au port russe d’Odessa sur la mer samment d’argent. Il arriva à Sait Lake Noire, puis en Angleterre. Il parlait serbe, bulgare, hongrois et allemand, mais pas anglais. Il alla à Anvers (Belgique) où il prit contact avec la communauté alleman­ de. «Ils ne m’écoutaient pas parce que je leur semblais si simple», dit-il, puis conti­ Un homme tranquille nuant «et je priai le Seigneur de me révéler qui brûlait d’un zèle tranquil­ s’il y avait dans cette ville des personnes le, Mischa Markow fut le mis­ qui recevraient l’Évangile. Et le Seigneur me révéla qu’il y en avait qui recevraient sionnaire de l’Église du dix- l’Évangile. Et il me révéla aussi que je se­ neuvième siècle dans des ré­ rais le premier à ouvrir une mission en gions où l’Église ne s’est pas Belgique, je priai encore le Seigneur de me encore ré-introduite. montrer où je pourrai trouver ceux qui re­ cevraient l’Évangile» («Life and History», p. 53-54). L’Esprit le guida vers un banc dans un parc où il rencontra un homme appelé Karl Beckhaus qui fut sensible au message City le 17 octobre 1892. Il ouvrit une bou­ de l’Évangile, «ses yeux . . . étaient pleins tique de barbier et épousa Nettie Hansen, de larmes» («Life and History», p. 54). Le une convertie norvégienne, le 24 mai jour suivant il recontra la famille de Karl; 1893. C’était le cinquième couple a être la conversion fut rapide, mais le baptême marié dans le temple de Sait Lake City retardé. Karl et Henriete Eselman, la nouvellement consacré. Ils eurent deux femme avec qui il vivait, n’étaient pas ma­ enfants. Mischa fut naturalisé Américain riés, et Mischa refusa de les baptiser. Of­ et puis ordonné soixante-dix en 1899, il fut fusqué Karl essaya de convaincre Mischa, appelé pour sa première mission officielle. mais sans succès. Henriete fut baptisée À cette époque l’ avait déjà été di­ avec son fils aîné, Frederick, le 17 octobre visée en plusieurs missions, mais sa lettre 1888; deux jours plus tard, trois de ses fil­ d’appel indiquait simplement «Europe». les furent baptisées. Environ deux semai­ Il travailla dans plusieurs missions durant nes plus tard, Karl plein d’humilité se joi­ les deux années suivantes.

17 En mai 1899, il prêchait à des groupes détails de son rêve étaient réunis. Deux intéressés en Serbie, constituant mainte­ mois plus tard, la femme, sa fille et deux nant la partie sud de la Yougoslavie. Trois autres personnes furent baptisées («Life mois plus tard il fut extradé vers la Hon­ and History», pp. 62-64). Le baptême grie par la Cour Suprême de Serbie. En lui-même fortifia la foi des missionnaires. Hongrie, il fut arrêté comme anarchiste au C’était en février 1900, Mischa loua une bout d’à peine un mois et fut mis au secret maison de bains pour le service de bap­ tandis que des officiers cherchaient un tême et y accompagna ses converties. marchand qui connaissait suffisamment d’anglais pour vérifier ses papiers. Il fut extradé de Hongrie en juillet 1899, remer­ ciant Dieu, car «plus j’étais persécuté, plus je me sentais fort; j’étais parfaitement sa­ tisfait et je versais des larmes de joie» Debout à bord du bateau à («Life and History», p. 61, 62). vapeur, attendant le départ, Puis il alla à Istanbul, où son vieil ami, le président Spori vit monter F. F. Hintze, était président de mission. un homme sur la passerelle: Après une semaine, il partit pour la Rou­ manie, emmenant avec lui Argir Dimitrov, Mischa Markow, l’homme un investigateur bulgare. Lorsque Mischa qu’il avait vu en vision. l’eut baptisé le 30 juillet 1899, Argir de­ vint son premier compagnon. Deux se­ maines plus tard, à Bucarest, ils baptisè­ rent un autre homme. Puis la réussite s’ar­ rêta. Comme toujours, Mischa se tourna vers «Lorsque nous commençâmes à marcher la prière et fut récompensé par un rêve vi­ je sentis que j’avais un compagnon, mais je vant et détaillé. «Dans le rêve, une porte ne pouvais pas le voir. Puis je regardai s’ouvrit et je vis une femme âgée assise devant moi et je vis un homme devant près d’une petite table carrée, appuyant moi... à l’endroit du baptême, puis il dis­ son coude sur la table. Je me suis dirigé parut ... et l’Esprit du Seigneur me mur­ vers cette dame. Puis je me suis retourné et mura que c’était un ange de Dieu et de ne j’ai vu une jeune femme. Elle ferma la pas craindre. Je ressentis de la force et de porte et sourit légèrement. Je demandai à la joie» («Life and History», p. 64). la dame âgée si elle avait une Bible, elle Plus tard, il baptisa cinq autres person­ répondit que oui et demanda à la jeune nes. La petite branche se réunissait, femme de l’apporter. Cette dernière ap­ parlant roumain, allemand, bulgare et porta la Bible et me la donna. Je l’ouvris et grec. Mais avec la croissance vint la publi­ je me mis à leur prêcher; les deux femmes cité et Mischa fut à nouveau arrêté, mené furent excessivement contentes et nous d’abord devant un tribunal local, puis de­ nous réjouissions tous.» vant la haute cour. Tandis qu’il se tenait Apparemment il savait quelle était cette debout seul au milieu de la salle de séance famille, ou du moins où elle habitait, parce ronde avec son mobilier imposant et son qu’il alla droit à la porte et frappa. Tous les haut plafond, «une personne se tenait en

18 l’air au-dessus de ma tête, vêtue de blanc un compagnon, et frère Hyrum M. Eau, de comme les vêtements du temple; cela me Soda Springs (Idaho), lui fut envoyé par la renforça et je me sentis fort, et l’Esprit du mission allemande. Quelques semaines Seigneur reposait sur moi.» plus tard on leur demanda de rendre leur Il commença en expliquant les premiers passeport et leur certificat missionnaire. principes de l’Évangile, l’apostasie et le ré­ Mischa savait ce que cela signifiait, et ils tablissement. Dans une scène qui rappelait travaillèrent fièvreusement à partir de ce curieusement Paul devant le Sanhédrin, moment, freinant la procédure légale au­ les juges eux-mêmes commencèrent à se tant que possible. Ils reçurent l’ordre de quereller sur l’apostasie. Mischa fut mis en partir au plus tard le 1er avril 1901, étant prison, au pain et à l’au, pendant plusieurs notifié trois jours à l’avance. Le 30 mars, jours, et puis il fut à nouveau extradé cachés par l’obscurité, ils baptisèrent («Life and History», pp. 66, 67). douze personnes, ordonnèrent deux Il alla en Bulgarie, où plusieurs minis­ convertis pour veiller sur la petite branche tres du culte lui donnèrent la permission de trente et une personnes, et quittèrent la de s’adresser à leur assemblée après la fin Hongrie pour l’Allemagne. de leur service du culte régulier. Il s’inscri­ Enfin dans une mission «officielle», vit au bureau de police en tant que mis­ Mischa fut appelé à être président de sionnaire. La police, pensant que ce n’était branche à Munich. Il baptisa quatre autres qu’une autre secte protestante, n’en prit personnes avant de retourner à Sait Lake pas note. City où il arriva le 28 août 1901. Mais cette situation ne continua pas Presque deux années plus tard, jour longtemps. Un pasteur protestant mit pour jour, le 3 août 1903, Mischa partit Mischa au défi, l’insulta et partit en jurant pour sa deuxième mission. À Liverpool, de l’arrêter. L’effet immédiat fut une af­ frère Francis M. Lyman du Conseil des fluence aux réunions — le pasteur avait Douze et président de la Mission euro­ fait des annonces dans les journaux en plu­ péenne, lui confia une tâche spéciale: la sieurs langues avertissant les gens de se te­ Russie, sous la direction du président de la nir éloignés des mormons et donnant les mission allemande, Hugh J. Cannon. adresses de ces réunions pernicieuses! Il partit immédiatement, s’arrêtant en Mischa rencontrant cet homme dans la Hongrie pour y travailler cinq semaines, rue, le remercia avec chaleur de cette pu­ puis il commença le travail missionnaire à blicité gratuite. (Russie) en prêchant à une colonie Mais d’autres ecclésiastiques furent d’allemands. Quand il s’inscrivit au bureau alarmés par la popularité des mormons et de police, il découvrit pourquoi il était firent arrêter Mischa sous l’accusation heureux qu’il soit allé vers les Allemands. qu’il était inscrit en tant que missionnaire Défier ouvertement l’autorité ou la doc­ de l’Église de Jésus-Christ des Saints des trine de l’Église orthodoxe russe était puni Derniers Jours, pas en tant que mormon. par deux ans de Sibérie, baptiser un ci­ La ruse réussit. En dépit de juges sym­ toyen russe dans une autre confession était pathiques et de nombreux appels, il fut ex­ puni par douze ans de Sibérie. Mais les Al­ tradé de Bulgarie. Un rêve le mena à Te­ lemands n’étaient pas sous de telles res­ rne ver (Hongrie) où il arriva le 3 septem­ trictions. bre 1900. Mischa sentit le besoin d’avoir Il continua son travail parmi les mem­

19 bres de la colonie allemande jusqu’à ce La fin de l’histoire de Mischa aurait éga­ que — histoire connue — sa réussite lement pu être la fin de celle de l’apôtre alarme leur ministre du culte. Mischa se Paul si celui-ci avait pu retourner au lieu retrouva à nouveau en justice. Le juge ai­ de rassemblement de l’Église dans un pays mable lui expliqua le processus d'appel, libre. Mischa s’installa à Sait Lake City mais Mischa apprit d’un avocat avec lequel comme barbier. Les registres de sa pa­ il avait pris contact pour le défendre que roisse montrent qu’il était un instructeur personne ne défendrait un mormon. Ceux au foyer fidèle et diligent. En 1919, il fut qui défendaient les causes impopulaires, ordonné grand-prêtre. En 1934, trente- particulièrement pour un étranger, dispa­ trois ans après sa deuxième mission fertile raissaient parfois. Personne ne prendrait en événements, il mourut. ce risque. Ses dernières années tranquilles Un mois après son arrivée, Mischa conviennent en quelque sorte à la mission partit pour la mission turque. À sa de­ de sa vie, car sa hardiesse avait toujours mande on lui confia une région difficile et été pour le Christ, non pour lui-même. il accomplit dix baptêmes supplémentaires avant sa relève, le 1er novembre 1905.

HUMO

Je suis entré dans le champ de la mission, m’attendant à voir se produire des changements dans mon mode de vie, mais la plus grande difficulté a été de trouver un lit suffisamment long pour mes deux mètres. Cependant, pendant que je lisais l’Ancien Testament, cela m’a consolé de savoir qu’Esaïe avait prévu mon problème. Il écrit: «Le lit Richard Green Wallace sera trop court pour s’y étendre» Mission de Milan (Es. 28:20).

20 les qualifient pour être des disciples. Mais le service n’est pas synonyme de poste. Qu’ils servent dans un poste important ou dans un coin tranquille, les disciples sui­ vent l’exemple du Christ. Un appel peut GRAND-PÈRE: officialiser notre travail pour lui, mais le service est une bénédiction à la disposition de nous tous, que nous soyons officielle­ SERVICE ment appelés par l’organisation de l’Église ou dans nos rapports journaliers avec les autres. ET GRANDS La manière de devenir grand selon la mesure du Seigneur c’est simplement ser­ vir. Chauncey Riddle, doyen de l’univer­ APPELS sité Brigham Young, a dit: «Tandis que les gens du monde se soucient de ceux qui ont davantage de biens, de talents, de prestige Kathleen Lubeck ou de capacité athlétique, les véritables serviteurs du Christ se soucient de ceux qui en ont moins. . . Car lorsque les plus petits aident les plus grands, ce n’est pas réelle­ ment du service mais de la servitude . . . La J’avais douze ans quand mon grand- personne qui a la supériorité doit se placer père mourut. Il était pour moi l’idéal d’un elle-même en position d’infériorité; elle saint: gentil, doux, d’une bonté pure. doit devenir le serviteur de celle qui est J’avais du mal à croire à sa mort et elle dans le besoin.» m’emplit de tristesse. Non seulement Comment devenons-nous le serviteur j’avais perdu un ami, mais j’étais aussi des autres? En nous souciant véritable­ convaincue qu’en quelque sorte les cieux ment d’eux, en priant pour que l’amour l’avaient laissé mourir trop tôt. Dans ma pur du Christ nous motive à servir (voir compréhension enfantine (mais enthou­ Moroni 7:47, 48) et en prenant l’initiative siaste) de l’Évangile, j’étais sûr qu’il était d’apporter des bénédictions dans la vie des destiné à être un grand dirigeant dans autres. l’Église avant de quitter ce monde. C’était Mon grand-père essaya de copier la vie un homme de grande charité, qui avait lit­ du Sauveur, sa vie n’était pas gâchée. Je téralement donné ses chaussures à un fus profondément touchée par sa vie et je mendiant frappant à sa porte, son manteau suis sûre que beaucoup d’autres furent à un autre qui avait plus froid que lui. également influencés par lui. Je parlerai à J’étais sûre que sa mort venait trop tôt. Il mes propres enfants des exemples de avait encore tant de services à rendre. bonté qui ressortirent de sa vie, de ma­ Quand je réfléchis à cela maintenant, je nière simple mais pourtant puissante. vois que je faisais une équivalence entre Nous pouvons tous devenir des disciples service et grands appels. Tant de saints ont en suivant des exemples de bonté comme il une bonté fondamentale, une charité qui le fit.

21 LE MOMENT par Rosemary Peck

PARTIR EN MISSION

En 1978, 15 860 saints des derniers Lance Reynolds peut comprendre ce jours reçurent un appel du prophète à sentiment. Le football était devenu très tôt partir en mission. Dans ce nombre, des une partie importante de sa vie, en com­ milliers étaient des jeunes gens — des jeu­ mençant par des équipes juniors. Il faisait nes gens talentueux — qui laissèrent de partie de l’équipe de Granité High School côté études, sport, musique et de nom­ à Sait Lake City et fut sélectionné pour breuses autres activités. Certains partirent l’équipe régionale à 16 ans. Passant chez sans un regret, confiants qu’après leur mis­ les seniors, il fut sélectionné pour l’équipe sion ils pourraient reprendre ce qu’ils de l’État, puis à nouveau pour l’équipe ré­ avaient laissé; d’autres partirent avec des gionale. sentiments confus, désireux de servir le L’année où Lance rentra à l’université Seigneur et de répandre l’Évangile, mais Brigham Young était la première année où se demandant si deux années d’éloigne- les nouveaux étudiants pouvaient faire ment seraient la fin d’une partie très im­ partie de l’équipe représentant l’universi­ portante de leur vie. té, et il fit une très bonne saison avec cette

22 équipe. Sa deuxième année d’université put facilement renfiler son équipement et venue, il fit partie de cette équipe qui se reprendre sa place dans les matchs à son faisait connaître; et sa troisième année fut retour. En deux semaines, il se sentit à prometteuse: il aurait été le seul joueur nouveau à l’aise sur le terrain. La saison «ancien» à l’offensive. Mais c’était le mo­ suivante il faisait partie de l’équipe de ment pour Lance de partir en mission, et l’université Brigham Young. Au cours de bien qu’il avait toujours prévu d’y aller, la quatrième année d’université, il reçut une décision finale était difficile à prendre. distinction de la «Western Athletic Confé­ «À ce moment-là», se souvient-il, rence» et une mention honorable au ni­ «partir en mission semblait comme la fin veau national, et il fut choisi par une de tout espoir de faire carrière dans le équipe professionelle de renom, les football.» Cela semblait comme un choix «Pittsburgh Steelers». Il fait maintenant partie des «Philadelphia Eagles». La natation, comme le football, n’est pas une activité de mission, et Mark Mc- Gregor savait qu’il devrait arrêter de na­ ger pendant ses deux années de mission. Spécialiste de la nage libre dans l’équipe de natation de l’université Brigham Young, Mark avait vraiment l’intention de revenir dans l’équipe; il garda une bonne forme physique en faisant les exercices in­ diqués dans le programme de gymnastique LflnCE des missionnaires et un exercice des bras REVnOLDS spécial pour les nageurs. Au lycée, Mark avait été sélectionné au niveau national dans sa catégorie. L’année précédant sa mission il avait établi un nou­ veau record pour l’université Brigham entre le football et une mission. Il choisit la Young et avait gagné le championnat du mission. Western Athletic Conférence dans le 200 Cinq années plus tard, avec un contrat mètres et le 500 mètres nage libre. Pen­ de professionnel, Lance n’a plus le senti­ dant son absence, son record au 200 mè­ ment que vous devez faire un choix. tres fut battu. «Pourquoi ne pas faire les deux? » deman­ «Ce qu’il y a de difficile lorsqu’on s’ar­ de-t-il. «Les étudiants et les jeunes athlè­ rête de nager», dit l’entraîneur Tim tes n’ont pas besoin des Powers, «c’est que les records tombent choses pour partir en mission, seulement plus vite pendant votre absence.» Mark ne de les retarder de deux ans.» Et il est bien pouvait se contenter de revenir et de re­ placé pour le savoir. trouver son ancienne vitesse, il devait faire Ayant gardé une bonne forme physique mieux. Et il fait mieux, ce qui peut donner pendant sa mission en faisant de l’exercice à réfléchir à ses co-équipiers qui songent à pendant son temps personnel (avant 6h 30 partir en mission. Depuis son retour, il a le matin) et en surveillant son poids, Lance reconquis le record de l’université pour le

23 200 mètres nage libre et il a battu son an­ n’était qu’un autre moyen d’ouvrir des cien record au 500 mètres (bien que là le portes. record de l’université soit détenu par son Ed gagna de nombreux championnats co-équipier John Sorwich). Mark doit après sa mission. Malheureusement il se faire encore une année à l’université disloqua une épaule au cours des finales de Brigham Young; lui et son entraîneur at­ la «National Collegiate Athletic Associa­ tendent avec impatience de voir ce que tion». D’après son entraîneur adjoint, Ben cela apportera. Un autre athlète, Ed Maisey, qui a fait une mission en Corée, eut une expérience plutôt unique: il «luttait» pour arriver aux discussions! À un moment donné Ed reçut la tâche de travailler dans une base militai­ re. Les missionnaires n’avaient pas le droit de faire activement du prosélytisme dans la base, toutefois ils pouvaient prêcher l’Évangile si on leur posait des questions. Ed devint entraîneur adjoint de l’équipe de lutte du lycée et il put ainsi rencontrer ED de nombreuses personnes qui reçurent les mflISEV discussions par la suite. Tandis qu’il se trouvait à Séoul, il fut présenté au champion olympique Yong Ohai, il lutta quand même exceptionnel­ lement bien. Durant le round où il fut blessé en luttant avec le champion en titre, les points furent de 11 à 14. Il fut sixième sur le plan national. Ed fut sélectionné comme athlète méri­ tant de l’université Brigham Young pour l’année 1978—79 et il entra à l’école den­ taire du Nebraska l’automne suivant comme étudiant membre du «National Collegiate Athletic Association». mflRK Ces athlètes ont-ils le sentiment que mcGREGOR leur mission leur a apporté quelque chose? La réponse est un oui unanime! Comme Mark McGregor l’explique: «Il y a de nombreuses similitudes entre le champ Jung Mo. Ils devinrent amis et Ed travailla d’une mission et les sports, particulière­ avec M. Yong et l’équipe nationale. Aussi ment sur le plan de l’attitude mentale. Une passionnant que cela a dû être, Ed assure attitude mentale positive est impérative toutefois que ses meilleures expériences dans les deux cas. J’ai beaucoup appris sur vinrent par le travail missionnaire. La lutte ce qu’il fallait pour obtenir cette attitude

24 mentale positive en mission, et cela a eu un de vie totalement différent et, dans ce cas, effet bénéfique sur ma natation.» ce que ses amis en penseraient. Lance a le sentiment qu’il a obtenu da­ Kendall avait la chance de correspondre vantage d’intensité, de concentration et de avec une amie qui l’encourageait et le sou­ maîtrise de soi. Et tous les trois se sont sen­ tenait beaucoup. «Elle me dit que ce tis plus confiants en revenant à leur sport. n’était pas le moment de me soucier de Bien que certains missionnaires revien­ choses de ce genre et, en résumé, que ce nent et ne reprennent pas le sport, c’est habituellement plutôt à cause d’un chan­ gement d’intérêt que de leur incapacité. Ed, Mark et Lance sont convaincus que tout athlète qui fait une mission pourra re­ trouver ses compétences en s’y appliquant diligemment. Et même si ce n’était pas le cas, Lance n’aurait pas voulu manquer sa mission pour quoi que ce soit. «J’échangerais tou­ tes mes expériences athlétiques contre la possibilité de partir en mission», insis­ KERBALL te-t-il. BEAR Kendall Bean est un pianiste de concert qui joue depuis l’âge de quatre ans. Quand il était au lycée, il a fréquemment joué avec l’orchestre du lycée et fut le soliste n’était qu’un moyen de l’Adversaire de dans le deuxième concerto pour piano de m’empêcher de faire le travail que j’étais Beethoven et dans Rhapsody in Blue de supposé faire. Elle m’écrivit que si je ser­ Gershwin. Il a joué deux années de suite vais le Seigneur de tout mon pouvoir, de dans le «Junior Bach Festival» de la Cali­ tout mon esprit et de toute ma force à ce fornie du Nord. En 1971, il fut le soliste du moment de ma vie, quand viendrait le «Mormon Youth Symphony» qui en tant moment de prendre ces décisions impor­ que vainqueur du festival des jeunes artis­ tantes, j’aurais droit à son aide et à son tes de la SAM joua au Tabernacle. En soutien.» 1974, il donna un récital à l’université Et la suite montre que les soucis de Brigham Young, il gagna la récompense Kendall n’étaient pas fondés. Le Seigneur Wakefield pour pianiste et apparut dans le ne voulait pas qu’il abandonne la musique; Stellar Student-Temple Hill Organ Réci­ au contraire, Kendall et d’autres mission­ tal Sériés (série de récitals d’orgue). naires ayant des compétences musicales Kendall avait pris un bon départ et il est purent utiliser leurs talents comme outil compréhensible qu’il eut un peu de mal à missionnaire. Les activités de prosélytisme laisser tout cela. Alors qu’il était au centre dans sa mission comprenaient des portes de formation des missionnaires, il avait un ouvertes et des récitals auxquels vinrent peu peur que le Seigneur ne veuille pas beaucoup de non membres. qu’il continue la musique après sa mission. Kendall et d’autres furent étonnés de Il se demandait s’il aurait à mener un genre s’apercevoir qu’il leur suffisait de répéter

25 une heure ou deux pour ces récitals, pen­ certains il peut sembler contradictoire dant leur temps libre, tandis que les autres qu’une Église qui porte tant d’importance jouaient au basket-ball. «Je me suis aux études envoie en mission des jeunes aperçu que le Seigneur m’a permis de pré­ gens de 19 à 21 ans, âge où ils sont tout server au cours de ces deux années ce ta­ particulièrement occupés à préparer leur lent qui était présent quand j’en avais be­ avenir. soin. Habituellement personne n’oserait Il est suffisamment encourageant de penser faire un récital avec si peu de pré­ voir que les registres d’université indi­ paration, mais lorsque nous nous consa­ quent que ceux qui reviennent de mission crons au Seigneur, nous pouvons faire des sont presque toujours de meilleurs étu­ choses merveilleuses.» diant qu’ils ne l’étaient avant. Gerrit L’année qui suivit son retour de mis­ Cong, de Rhodes, qui était un excellent sion, Kendall joua avec l’orchestre sym­ étudiant avant sa mission, a le sentiment phonique d’Utah et il fut deuxième au que c’est également vrai pour lui et il concours de piano du festival d’Utah et au donne plusieurs raisons pour cet état de concours de l’Association des professeurs chose. de musique d’Utah. (Il est intéressant de D’une manière directe, il pense que la noter que la personne qui remporta la mission peut améliorer les habitudes de première place de ces deux concours était travail, la concentration pour l’étude et la Mack Wilberg, qui avait également fait motivation pour étudier. Indirectement, une mission.) Kendall est actuellement di­ mais peut-être de façon plus importante, recteur du chgUr des Jeunes Adultes à El la mission fournit l’occasion d’avoir à faire à des expériences très variées sur le plan humain, d’élargir son point de vue et sa compréhension du monde environnant et d’accroître son désir d’étudier ce monde. «Étudier avec l’objectif d’être une bé­ nédiction pour les autres, ajoute-t-il, est une raison pour laquelle tant de mission­ naires de retour trouvent leurs études plus significatives après leur mission.» Gerrit ne voit pas d’opposition entre une mission et des études ou entre une GERRIT mission et des possibilités d’avenir. En G onc fait, il a le sentiment que c’est une erreur de séparer dans notre vie les études et la mission au lieu de réunir l’esprit d’étude pour l’éternité et l’esprit de service mis­ Cerrito (Californie). Il a reçu une bourse sionnaire qui sont aussi inséparables dans pour des études supérieures en musique à notre vie que la foi et les Suvres. l’université du Texas, à Austin. Pour lui, la mission ne fut un obstacle ni Il arrive que des étudiants (ou leurs pa­ à ses études ni à d’autres possibilités rents ) se fassent du souci au sujet de l’effet d’avenir. Il la considère comme la pre­ qu’une mission aura sur leurs études. Pour mière étape pratique dans la découverte

26 de ce que ces possibilités peuvent devenir. Le docteur Heap a le sentiment que sa Quand James R. Heap accepta son ap­ mission a grandement contribué à sa réus­ pel en mission, il connaissait bien le nom­ site en tant que médecin. Quand il re­ bre d’années d’université, d’études médi­ tourna à l’université, il s’aparçut que ses cales et d’internat qui lui restaient à faire. capacités et sa rapidité pour apprendre Pourtant il ne pensait pas que l’interrup­ s’étaient accrues. Ce qui est encore plus tion d’une mission serait pour lui un obsta­ important, le fait de consacrer son temps cle sur le plan professionnel. À son retour, et ses talents au travail missionnaire à il rattrapa rapidement le temps «perdu». plein temps lui permit de faire grandir son amour et son souci pour les autres. «L’in­ telligence seule n’est pas suffisante», af- firme-t-il. «L’intelligence alliée à un amour chrétien pour l’humanité est l’al­ liance parfaite pour qu’un médecin réus­ sisse et soit considéré.» En plus de ses responsabilités actuelles en tant qu’époux, père de cinq enfants et médecin, le docteur Heap trouve le temps de servir comme directeur de musique de paroisse, organiste de paroisse et accom­ pagnateur du chgUr, instructeur des rela­ tions familiales et instructeur du séminaire de préparation au temple. À l’âge relati­ vement jeune de 30 ans, il a fait plus que beaucoup font dans toute une vie. Après trois années d’université il fut admis Comment s’organise-t-il, pourrait-on dans une école de médecine et il devint se demander. docteur en médecine à 26 ans, au même âge que beaucoup d’autres qui avaient fait «Plus je donne, plus je suis béni et plus leurs études sans interruption. (Soit dit en je peux travailler avec efficacité», ré­ passant, il faisait à cette époque-là partie pond-il. «Le bonheur est entré dans ma vie d’une présidence de branche d’étudiants.) grâce au service à mon Dieu, à ma famille Il fit ensuite trois années d’internat au cen­ et à mon prochain.» tre médical d’une base de l’armée de l’air Le docteur Heap, Kendall et beaucoup dans l’Illinois, et il est maintenant établi d’autres comme eux ont découvert le prin- comme médecin de famille à Phoenix cip exposé dans Matthieu 19:29: (Arizona). «Et quiconque aura quitté, à cause de Durant ces années d’études et d’in­ mon nom, ses frères, ou ses s8urs, ou son ternat, il continua de servir dans l’Église, père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses en­ remplissant de nombreux appels de res­ fants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra ponsabilité, parmi lesquels ceux de secré­ le centuple, et héritera la vie éternelle.» taire exécutif, d’instructeur à l’École du Pensez-vous aller en mission? Faites-le. Dimanche et de membre d’un grand Vous n’avez rien à perdre ... et beaucoup conseil. à gagner.

27 DU RIRE AUX LARMES par Anya C. Bateman

À la rentrée de ma dernière année de facilement. Elle en parlait, ce qui me fai­ lycée, je fus heureux de voir qu’Annie Po- sait rougir de plus belle. Peut-être aussi ron serait dans ma classe. J’en fus heureux parce que je me prenais trop au sérieux. parce que cela voulait dire que nous ne «Ça c’est Michel», disait-elle. Et elle imi­ nous ennuierions pas. Annie était imprévi­ tait la façon que j’avais de repousser mes sible. C’était le clown du lycée, une vraie lunettes en lisant. Peut-être aussi parce comédienne qui, d’un froncement des qu’elle avait découvert que j’étais sourcils pouvait déclencher l’hilarité. Les mormon. professeurs ne l’aimaient pas beaucoup Un jour, M. Durand m’a demandé d’al­ pour cette raison alors que nous l’adorions ler résoudre un problème au tableau. Sans tous. Dans les couloirs on entendait: «Tu réfléchir, j’ai porté la craie à ma bouche, sais ce que vient de faire (ou de dire) An­ comme une cigarette. Annie l’a tout de nie?» Personne ne demandait qui était suite remarqué. cette Annie. Nous le savions tous. - Michel, cria-t-elle, que vont penser Je ne sais pas très bien pourquoi Anni les gens d’un mormon qui fume! s’est mise à se moquer de moi. Peut-être J’ai tout de suite reposé la craie et j’ai parce que j’étais timide et que je rougissais rougi parce que la classe riait. Revenu à mon bureau, j’ai surpris Annie d’une plai­ nom et un grand A dans le coin. Je sursau­ santerie. J’ai fait semblant de tousser. Ça tai. Tous les espaces que j’avais laissés vi­ lui a plu. des étaient remplis. Quelqu’un avait triché En fait, j’aimais bien les plaisanteries pour moi. Mais pourquoi? Je regardai au­ d’Annie à mon égard. On ne s’était jamais tour de moi. Autour d’Annie, les autres occupé de moi auparavant, donc je trou­ me regardaient en riant. Annie baissait la vais cela très amusant. Annie était mali­ tête pour cacher un grand sourire. Et je cieuse mais pas cruelle. Elle ne se moquait compris. Annie s’était arrangée pour avoir jamais des absents. Je trouvais qu’une ma feuille et elle l’avait corrigée. Pour me plaisanterie de la part d’Annie, c’était un jouer un bon tour! compliment. En maths, nous étions assis «Que faire maintenant», pensai-je. côte à côte, et nous avons commencé à ba­ «Oh, Annie, pourquoi as-tu fait ça?» varder de temps en temps avant le cours. J’étais tout malheureux. Je regardais en­ Au début, Annie plaisantait quoi que je core une fois ma feuille. Je ne pouvais pas dise. Et puis, elle est devenue différente et accepter cette note que le prof avait pour­ je me suis rendu compte qu’elle n’était pas tant déjà inscrite. Je ne pouvais pas non qu’un clown. Je ne pense pas que beau­ plus vendre Annie. coup de gens s’en soient douté. Je pensais - Tu m’avais dit que c’était mauvais, qu’Annie et moi, nous finirions par deve­ me dit mon copain René en sortant de nir de bons amis et c’est pour ça que j’ai classe avec moi. J’avais encore la feuille à fait quelque chose qui a presque tout dé­ la main et je cachais le A. truit. - Cette plaisanterie d’Annie m’a vrai­ En espagnol, nous avions eu une inter­ ment embarrassé. rogation écrite surprise. Même moi, je ne - Oh non! m’y attendais pas. Le prof’ m’avait eu! Je Et René se mit à rire. n’avais lu qu’une fois la liste de mots et - Que puis-je faire? Que ferais-tu à ma j’avais préféré travailler la physique. place? À la fin de l’interrogation, je savais que - Je ne sais pas. Je ne dirais probable­ j’avais tout raté. Il me manquait au moins ment rien. 14 mots. À ma grande humiliation, le - Mais René, je ne peux pas accepter prof, M. Théron, nous a fait corriger en ce A. Je te l’ai déjà dit, j’avais raté cette in­ classe. Il a ramassé les feuilles et les a dis­ terrogation. tribuées au hasard. Je me suis demandé Eh bien, va changer la note quand Thé­ qui aurait la mienne et qui penserait que ron ne fera pas attention. j’étais un bel idiot. - C’est impossible. Le lendemain, M. Théron nous a rendu - Alors, oublie toute cette historié. Si­ les interrogations. non, tu vas faire avoir des ennuis à Annie - Félicitations, Michel. Vous avez la et tout le monde sera contre toi. meilleure note! dit-il en me tendant ma - Mais tout le monde sait ce que toi et feuille. moi, nous représentons. Les autres savent - Ce n’est pas possible! ce que sont les saints des derniers jours. Je - Mais si, voyons! n’aime pas être indélicat et je ne pourrais - Mais non . . . pas tricher. Ça pourrait donner une mau­ Je regardai ma feuille. Elle portait mon vaise image de l’Église.

29 - Si tout le monde te déteste, ça ne va pable puisque je n’étais pas censé le pas non plus aider l’Église. connaître. Comment le pourrais-je? - C’est vrai. Même s’il devait soupçonner Annie, il - Alors, oublie toute cette histoire ! n’avait aucune preuve. S’il me demandait - T u dois avoir raison. qui avait fait cela, je lui dirais tout de suite Je me suis dit que René avait raison. Pasque je ne veux causer d’ennuis à personne. question de créer des problèmes. J’allais Après le cours de maths, j’ai souri à Annie tout oublier. Mais à la fin de la journée, en en lui prenant le bras. maths, je n’avais toujours pas oublié. Je - Ne t’en fais pas, lui dis-je. savais que je devais en parler à Annie. J’allai directement trouver M. Théron - Alors, tu as eu un A en espagnol, me dans la salle des professeurs et je lui racon- dit Annie avec un grand sourire. Ses yeux brillaient de malice. Annie était très jolie quand elle ne faisait pas de grimaces. - Eh oui, lui dis-je. C’est vraiment étonnant alors que je n’avais pas étudié! «Que faire maintenant. . . Elle sentit que j’étais malheureux. Oh, Annie, pourquoi as-tu - Tu n’as pas l’air très heureux pour quelqu’un qui vient d’avoir un A à une in­ terrogation qu’il n’avait pas préparée. - C’est vrai. Annie, tu m’as placé dans une mauvaise position. J’y ai réfléchi. Je ne peux pas accepter ce A. Que dois-je faire maintenant? tai ce qui était arrivé. Il avait l’air fâché, - Oh la la! J’aurais dû me douter que tu mais il ne me demanda pas le nom du cou­ réagirais comme ça. Michel, tu es un véri­ pable. Je le regardai remplacer le A par table éteignoir! un F. - Elle tenta un rire. — La prochaine fois, j’essaierai de - Eh bien, vas-y. Préviens M. Théron. mieux me préparer, dis-je d’un air penaud. Je m’en moque. - C’est ça! - Mais je ne veux pas que tu aies des Je pensais que c’était réglé mais je me ennuis à cause de moi. trompais. Le lendemain, je vis à la façon - Je t’ai dit que je m’en moque. Fais dont M. Théron se levait qu’il était dans comme tu veux. une colère noire. Je retins mon souffle. Je sentais qu’elle était touchée. Lui - Avant-hier, quelqu’un a corrigé l’in­ avoir parlé n’avait pas rendu les choses terrogation de Michel Durand, dit-il len­ plus faciles. Et puis, au beau milieu d’un tement. Cette personne a mis les bonnes problème d’algèbre, je me suis dit que le réponses et a donné à Michel une note professeur ne pourrait pas savoir qu’An- imméritée. Je veux connaître le nom du nie avait corrigé ma feuille si je ne lui disais coupable. pas. Je lui dirais simplement qu’on avait J’ai du devenir vert. Je n’ai pas osé re­ changé les réponses, que j’avais raté l’in­ garder Annie de peur de la trahir. terrogation et que je ne méritais pas ce A. — Je ne vais pas m’arrêter là, ajouta M. Il ne me demanderait pas le nom du cou­ Théron. Si le coupable n’avoue pas, je pu­

30 nirai toute la classe. Je ne sais pas com­ strict. Comme si je n’avais pas pu me taire. ment, mais je suis sûr d’avoir une bonne En cours de maths, je ne savais pas quoi idée. Qui a triché? dire à Annie qui ne me regardait pas. Elle Je me pris le visage à deux mains et je avait baissé la tête et se cachait derrière ses me mis à gémir intérieurement. Pourquoi cheveux. une chose pareille devait-elle arriver? La - Annie, murmurai-je, je suis désolé. tension montait dans la classe et personne Je ne savais pas que M. Théron se mettrait ne disait rien. Et je me suis surpris à dire à en colère. J’en suis malade. Qu’est-ce qu’il haute voix: t’a dit? - Je ne veux faire punir personne. - Oh, il m’a menacée du conseil de dis­ - Taisez-vous, Michel, dit le professeur cipline. Il était fou de rage. sévèrement. Je répète: «Qui a triché?» - Tu sais que je ne voulais rien de tout - J’ai dit que je ne voulais faire punir cela. personne. Je n’en revenais pas et M. Thé- - Je sais. Ça n’a pas d’importance. Ne ron en resta coi. t’en fais pas. Avant qu’il ait pu dire quoique ce soit Mais cela avait de l’importance, car mes contre moi, une voix claire dit: relations avec Annie changèrent. Elle - J’ai corrigé son interrogation. plaisantait toujours, mais pas avec moi. - Qui vient de parler? demanda M. Nous parlions toujours, mais sans qu’elle Théron en regardant autour de lui. s’intéresse vraiment. Au début, je pensais - Moi. C’est moi qui ai triché, dit An­ qu’elle était fâchée. Je comprends mainte­ nie courageusement. C’était pour plaisan­ nant qu’elle devait surtout être embarras­ ter. sée. Cet obstacle entre nous m’attristait. M. Théron qui n’avait jamais beaucoup J’espérais qu’avant la fin de l’année, nous aimé Annie, secoua la tête. Et puis la co­ nous retrouverions amis comme avant. lère s’empara de lui. Mais avant la fin de l’année, Pierre, le - J’aurais dû y penser. Oui, j’aurais dû le savoir. J’en ai assez, mademoiselle. Il faut en finir. Il criait. - Vous êtes en terminale. J’en ai assez «Tu es une des rares person­ de ces plaisanteries. C’est un manque de nes qui ait compris que j ’étais maturité. À la fin de l’année, vous êtes censés être adultes et vous vous comportez autre chose qu’un clown. C’est encore comme des enfants. Annie, je veux difficile d’ëtre toujours drôle.» vous voir à la fin du cours. Je vais devoir prendre des sanctions. J’en ai assez de tout ça. Il faut en finir. C’est clair? - Oui, monsieur. Je fus très malheureux tout le reste de la frère d’Annie, se tua dans un accident de journée. J’aurais dû écouter René. Ce voiture. Ce genre de nouvelles voyage vi­ n’était rien du tout, une interrogation de te. Pendant toute une semaine, la place de rien du tout. J’avais été idiot d’en faire tout ma voisine du cours de maths resta vide. un roman et surtout de m’être montré si J’étais très triste pour Annie. Je voulais lui

31 écrire un petit mot, mais je ne savais pas pareille à elle-même. Elle baissa la tête et quoi lui dire. Et puis j’étais sûr qu’Annie puis se tourna vers moi. n’aimerait pas recevoir une lettre de moi. — Pourrais-je te parler? Après les cours Le lundi suivant, Annie n’était toujours peut-être? pas revenue. Je décidai de lui envoyer un — D ’accord. petit mot. J’ai cherché une jolie carte où Je me demandais de quoi elle voulait j’ai écrit une formule de condoléances. parler. Avant de clore l’enveloppe, j’ai ressorti la — Je te retrouverai sous le chêne. carte pour y ajouter quelques mots de ré­ — D ’accord. confort. Je savais qu’Annie adorait son Elle y était à la fin des cours. En silence, frère. Elle m’en avait parlé. Une fois, elle nous sommes partis au hasard. m’avait dit: «Pierre ne me ressemble pas. Ça t’ennuierait si on s’asseyait une mi­ Ce n’est pas un clown. Il est comme toi, il nute sur l’herbe? me demanda Annie. fait de l’humour à froid.» Chaque fois — Bien sûr que non. qu’elle parlait de Pierre, on sentait de la Elle ne disait rien. Elle avait la tête bais­ fierté dans sa voix. sée. Je ne voyais pas son visage. Et puis Je décidai de poster la carte le soir- une larme tomba sur l’herbe. Je lui tendis même avant d’avoir changé d’avis. Tout ce mon mouchoir. — Partons. Je ne veux pas qu’on me voie. Je ne veux pas pleurer. Nous avons fait le tour du lycée et nous avons trouvé un endroit retiré près du sta­ «Si tu le crois, je peux le de. Elle ne pleurait plus et m’avait pris la croire aussi. . . Parce que tu main. es la personne la plus honnête — Tu es une des rares personnes qui ait compris que j’étais autre chose qu’un que je connaisse.» clown. C’est difficile d’être toujours drôle. Ça crée des tensions. Elle se mit à rire. — C’est drôle, tu sais! — Je crois comprendre, lui dis-je. que je pouvais faire, c’était lui dire que — C’est comme maintenant. Je n’ai pas j’étais désolé et essayer de la réconforter. envie d’être amusante, mais personne ne Même si notre amitié avait changé, cela saurait quoi faire d’une Annie triste. Il faut pourrait toujours l’aider. que je plaisante et que je rie. Le vendredi, je retrouvai Annie en Ses lèvres tremblaient. cours de maths. — Annie, pleure si tu en as envie. — Comment ça va? lui demandai-je Elle se mit à pleurer. Je la pris dans mes doucement en lui prenant le bras. Elle bras. Je n’y pouvais rien alors qu’elle était avait l’air épuisée et amaigrie. secouée de sanglots. — Je fais aller. Merci pour ton mot. Je répétai: Une minute plus tard, ses amis entrè­ — Je suis désolé. Je suis désolé. rent et elle leur dit quelque chose de drôle. — J’ai l’impression d’être idiote, me Ils se mirent à rire, soulagés de voir Annie dit-elle.

32 - Mais non. Je t’en prie, ne crois pas ce­ De nouveau elle ne pouvait plus se la. contrôler et elle dut s’arrêter. Elle finit par se reprendre. Elle se mor­ — Si tu le crois, je peux le croire aussi. dait la lèvre inférieure. Elle essaya un petit rire. - Je ne vais plus pleurer. — Parce que tu es la personne la plus Elle avala sa salive et essaya de sourire. honnête que je connaisse. - Je suppose que tu te demandes pour­ Elle s’arrêta et très sérieusement: quoi j’ai voulu te parler, dit-elle d’un ton - Et je sais que je peux te faire confian­ léger. Et puis elle redevint sérieuse. ce, Michel. - Tu m’as dit quelque chose dans le — J’en suis heureux, lui dis-je douce­ mot que tu m’as envoyé. Je l’ai appris par ment mais énergiquement. Ce que je t’ai cœur. Tu disais: «Je sais que Pierre vit tou­ dit est vrai. jours.» Elle se mordit la lèvre. L’émotion m’envahissait. - Il faut que tu m’en parles. - Oui, j’aimerais t’expliquer, Annie. Elle murmura sous le coup de l’émo­ Je sentais les larmes qui me montaient tion, d’une voix hachée. aux yeux et je me trouvais idiot. - Ma famille n’a jamais eu beaucoup - Tu devrais me rendre mon mouchoir, de religion. Il faut que je sache où il est tu sais, dis-je de ma voix la plus bourrue. maintenant. Je vais en avoir besoin d’ici peu!

La règle d’or de la conduite est la tolérance mutuelle, car nous ne penserons jamais tous de la même façon, nous ne verrons qu’une partie de la vérité et sous des angles différents.

Gandhi, Tous les hommes sont frères

L’homme humain ne garde point de ressentiment envers son frère: il ne nourrit point de haine contre lui: il l’aime, le chérit comme un frère et voilà tout !

Meng-K’o, Entretiens philosophiques L’ami 2/1981 Le bocal à

La vie d ’une colonie de fourmis est fasci­ Tu trouveras des fourmis d ans ton jar­ nante. Les fourmis creusent d ans la terre d in ou d ans un parc public. Pour les un laby rinthe compliqué, composé de attraper, tu d evras fabriquer un piège à galeries et d e salles. Si tu as un bocal à fourmis. Mélange un peu de sucre et fourmis, tu pourras observer cela et tu d ’eau d ans un petit bocal ou une boîte de verras même comment elles s’activent à conserve vide que tu poseras sur le côté la recherche de leur nourriture. Il est près d ’une fourmilière. Rebouche le bo­ étonnant d e voir la grosseur des mor­ cal soit avec son couvercle soit avec un ceaux qu’une seule fourmi peut trans­ morceau de plastique une fois qu’il y porter. Sais-tu que les fourmis ont une aura une vingtaine de fourmis d ed ans. reine (mais pas d e roi), des sold ats, des Place ensuite les fourmis d ans le bocal ouvrières, et que les femelles font tout le que tu as préparé avec la terre. Mainte­ travail? Tu pourras apprend re à bien nant, bouche-le. il est important que les connaître les fourmis en les observant fourmis proviennent toutes de la même d ans le bocal. colonie. Sinon, elles se battraient et s’en- Pour faire ton bocal à fourmis, tu auras tretueraient. Pour nourrir les fourmis, tu besoin de plusieurs choses : 2 bocaux de d evras ouvrir le couvercle d u bocal, ce verre d ont l’un sera légèrement plus petit qui renouvellera aussi l’air qu’elles que l’autre (le grand d oit être fermé par respirent. un couvercle ou à d éfaut par un morceau Ne mets pas trop de fourmis à la fois de plastique) : un peu de terre meuble ou d ans le bocal ; car moins il y en aura, plus d u sable ; d u sucre et d e l’eau. elles seront actives. Au bout d ’un ou de Place le petit bocal sans couvercle, le d eux jours, les fourmis commenceront à fond vers le haut, au centre d u plus creuser galeries et salles. Une fois par grand . Comble le vide entre les d eux semaine, tu nourriras les fourmis avec bocaux à l’aid e de terre meuble ou de quelques gouttes d ’eau sucrée ou quel­ sable. Ne tasse pas trop la terre, sinon les ques graines. Pose la nourriture d irecte­ fourmis auront d u mal à creuser. ment sur la terre. N ’alimente pas trop les fourmis sinon elles en mourront. Tu conserveras le bocal à fourmis à tempé­ rature ambiante, loin d ’une source de chaleur, d ’un appareil de climatisation ou des ray ons d u soleil. Si tu ne remues pas le bocal, tes fourmis construiront toute une cité souterraine.

Explorer la nature Quel chemin p

Le soleil couchant venait d e jeter ses tenait d ans un bid on d e lait d e 20 litres d erniers ray ons lumineux sur l’hori­ à l’arrière d e notre vieille voiture. zon et l’ombre d e la nuit commençait à Mon père qui était v raiment bon me se poser sur le d ésert. Mon père et moi d it: «Cette nuit, tu d ormiras et je finissions d e manger. Nous faisions cond uirai les moutons. À ton réveil, d es plans pou r la nuit et le lend emain. prend s ton petit d éjeu ner, range nos Mon père était grand et fort, et très effets d e campement, charge la voi­ bon. Il était heu reu x d ’être accompa­ tu re et suis la piste pou r me retrou v er gné par son fils aîné d ans ce voy age. avec les moutons.» Nous d evions cond uire 500 moutons Tou t se passa comme prévu. Pend ant que nous venions d ’acheter d e l’autre la nuit, papa mena les moutons d ans côté d u d ésert, à 150 km d e là. Il y a cet end roit d ésolé. Le lend amain m a­ peu d ’eau d ans le d ésert. Il ferait tin, à mon réveil, je mangeai rapid e­ chaud et froid la nuit. Nous d evions mener les moutons pend ant la fraî­ cheu r d e la nuit et les laisser se reposer pend ant la chaleur d e la jou rnée. Nous espérions ainsi que les moutons pou rraient se passer d ’eau pend ant les trois jours. Une fois la trav ersée d u d ésert accomplie, nos moutons assoif­ fés trou v eraient un chariot chargé d e barils d ’eau. Notre eau pou r le voy age par Rex C. Reeve du Premier collège des soixante-dix ment mon petit d éjeu ner et je char­ Sans carte, ni panneaux , la peu r s’em­ geai la voiture. Le long d e la piste mal para d e moi. Je pensai: «Je suis perd u! d éfinie d u d ésert, j ’eus d u mal à trou ­ Que vais-je faire? » Je me souvins d e ce ver les traces d e mon père et d es mou ­ que m ’avait d it mon chef scout: «Si tu tons, su rtout d ans les zones rocheuses. te perd s, arrête-toi et attend s. Ensuite Mais tou t se passa à peu près bien envoie un signal d e d étresse.» pend ant les premiers kilomètres Je pris le vieux fusil qui se trouvait ju sq u ’au moment où j’arrivai à un d ans la voiture et je tirai trois coups d e embranchement. Comme j ’aurai aimé feu rapid es en l’air en priant pou r que que papa fût là pour m ’ind iq u er la papa puisse les entend re. Et puis, j’ai rou te à prend re. Je finis par me d éci­ attend u , j’ai prié et j’ai encore atten­ d er à prend re la meilleure, celle d e d u. d roite. Je roulai sans incid ent pend ant Après ce qui m’a semblé une éternité, quelques kilomètres et je me trouvai j’ai vu mon père au loin, qui arrivait d evant une rou te qui avait complète­ vers moi en courant et en agitant les ment d isparu à la suite d e fortes bras. Après cette merveilleuse réu ­ pluies. nion, nous nous retrou v âmes très ra­ pid ement en sécurité chez nous, avec les moutons. Comme j ’étais soulagé et heu reux d ’avoir un père qui se souciait d e moi et me montrait la rou te à sui­ vre! Depuis cette trav ersée d u d ésert, j’ai souvent entrepris d es voy ages; cer­ tains furent remplis d e d angers et d e d écisions importantes à prend re. Comme je suis reconnaissant d ’avoir un véritable Père aimant, un Père cé­ leste que nous pouvons appeler lorsq u’il y a d eux routes sans pan­ neaux pou r nous guid er. Échange par Claudia Remington

Thierry avait échangé sa bicy clette nouvelle lapine. Il voulait un nom d e contre un lapin. Il rentrait d onc à pied classe. Soud ain, il s’arrêta, l’estomac d e la Primaire. Yves et Bernad , ses pe­ noué. La porte d u clapier était ou ­ tits frères, étaient d éjà partis à bicy ­ verte. Il n ’y avait plus d e lapine rou s­ clette. Ils n ’étaient pas d ’accord avec se. cet échange. C’était pou rtant un la­ Il se précipitait d éjà vers la maison, pin magnifique, plus ex actement q uand il aperçu t quelque chose. une lapine rousse d e pu re race, Contre le clapier, il y avait la bicy ­ presq u ’ad ulte. Il lui ferait faire d es pe­ clette v erte q u ’il avait d onné à Loui- tits avec le mâle d e Du rand . Il gagne­ son Demais en échange d e la lapine. rait assez pou r se racheter une bicy ­ Thierry la ramassa et la regard a d e clette tou te neuve. Il se d it que c’était plus près. On aurait d it q u ’elle était une bonne affaire. passée sous une voiture. Il la lâcha et Thierry ouvrit la grille d u jard in et fit courut chez lui. le tou r d e la maison pou r arriv er à ses Il entra en trombe d ans la salle d e sé­ clapiers, là-bas, sous le grand saule. Il jou r et vit Yves et Bernard qui se le­ essay ait d e trou v er un nom pou r sa vaient d ’un bond d u canapé. Il lut sur

4 - Que se passe-t-il? d emand a-t-il en voy ant trois visages sérieux . Thierry le lui d it. - Quand je l’ai échangée, c’était une bonne bicy clette. Je pense q u ’elle va­ lait la lapine. - Plus, ajou ta Yves. - Son père a d û l’écraser avec le trac­ teu r, d it Bernard . - Que vas-tu faire alors? lui d emand a son père en s’assey ant d ans le grand fauteuil à bascule. La mère arriva d e la cuisine. leurs visages q u ’ils étaient au courant. - Je ne veux pas que vous vous bat­ - Que s’est-t-il passé? d emand a-t-il. tiez! - Louison a rapporté la bicy lette et reprit la lapine, lui répond it Yves. - Je m’en suis rend u compte ! Vous étiez là, pourq u oi ne l’avez-vous pas empêché d e le faire? d it Thierry en co­ lère. - J ’ai essay é d e l’empêcher d ’ouvrir la porte, répond it Yves. Mais il m’a repoussé contre le clapier. Il ouvrit l’encolure d e sa chemise ray ée et montra à Thierry l’estafilad e q u ’il avait sur l’épaule. - Il nous a d it que la bicy clette ne v a­ lait rien et q u ’il reprenait la lapine, ajou ta Bernard . Il nous a d it aussi que si tu vas la chercher, il t’attend ra avec q u atre gars prêts à te d onner une cor­ rection. - Louison a d it q u ’il t’avait d onné une lapine d e concours et q u ’en échange, tu lui as d onné une bicy clette qui ne vaut rien, ex pliqua Yves à son frère. Tu vas te battre, n ’est-ce pas? Nous t ’aid erons. Nous pouvons comp­ ter aussi sur les Leblanc. A ce moment-là, leu r père entra d ans la pièce.

5 - Papa, que penses-tu que je d oive francs. A près tout, ce serait un investis­ faire? d emand a Thierry . sement. - Dans un cas comme ça, tu d evrais te Thierry pensa à Louison et à ses amis d emand er ce que ferait le Sauveur. qui l’attend aient lorsq u ’il irait acheter - Les gens lui ont jou é d e mauvais la lapine. Ils le traiteraient probable­ tours? ment d e tous les noms parce q u ’il refu ­ - Ils essay aient constamment d e le serait d e se battre et préférerait ache­ trou bler ou d e le pousser à d ire q u el­ ter un lapin qui avait d éjà été honnê­ que chose qui le ferait cond amner. tem ent échangé. Il pou rrait le su p­ - Et il ne s’est pas battu , n ’est-ce pas? porter. M alheureusement, ses frères d emand a Bernard . penseraient peu t-être la même chose, - Pas avec ses poings. Il a lu tté avec su rtou t Yves qui était tou jou rs prêt à son esprit et il a tou jou rs trou v é la se battre s’il le fallait. bonne réponse. Sa solution n ’était pas si intelligente que ça, mais il la pensait bonne. Ce Papa regard a Thierry gentiment et soir-là, il alla se coucher beau cou p ajouta: plus calme. - Louison Demais sera ord onné d ia­ Le lend emain matin, Thierry annonça cre le mois prochain. En général, il n ’a sa d écision à sa famille pend ant le pe­ pas mauvais fond . Tu pou rrais peu t- tit d éjeu ner. Il d emand a un prêt à son être trou v er un moy en d e lui faire père. comprend re q u ’il a mal agi. Son père lui répond it en souriant: Puis il se leva et d it: - Je pense que c’est courageux d e ta - Mangeons. J’ai une faim d e loup. part. Après le repas, Thierry sortit voir son Et Thierry se sentit bien mieux . clapier. Tous ses lapins étaient d es la­ - J’irai tou t d e suite après l’école. Je pins blancs ord inaires. Ils servaient à rentrerai d onc un peu en retard . nou rrir la famille; le reste, il le vend ait Ce jou r-là, Thierry aperçut Louison aux voisins. «J ’avais réussi à avoir une à l’école, mais il ne lui ad ressa pas la lapine d e pure race. E t maintenant, je parole et ne lui jeta pas un regard . ne l’ai plus», pensa-t-il. Il se souvenait Après l’école, Thierry et ses frères se tou jou rs d e la fou rru re si épaisse et d irigèrent vers chez Louison. Louison d ouce et d u petit corps solid e q u ’elle les précéd ait au milieu d ’amis. De enveloppait. Louison s’en était bien temps en temps ils se retou rnaient occupé. «Ah, ce que j ’avais envie d e nerveusement. Arrivé au d ernier cette lapine!» tou rnant, Thierry d emand a à ses frè­ Soud ain, tou t lui paru t simple. \\ achè­ res d e rentrer à la maison. Avec regret terait la lapine. Il utilisait une grand e il les vit s’éloigner à bicy clette. Les partie d e l’argent d es lapins pour garçons qui étaient d evant se retou r­ s’acheter d es v êtements pou r l’école nèrent. Voy ant que Thierry était seul, et d ’autres choses nécessaires. Mais il ils cou ru rent en riant jusque chez avait économisé une q u arantaine d e Louison.

6 Thierry ouvrit la grille et vit Louison reux et tenait la lapine tou t contre lui. et ses q u atre copains près d es clapiers. Il était à mi-chemin q uand il entend it Sans regard er les autres, il se d irigea q u elq u ’un qui arrivait en courant d er­ d roit sur Louison. rière lui. Il se retou rna. C’était Lou i­ - Je suis venu acheter la lapine rou s­ son. Thierry l’attend it et ils marchè­ se. rent en silence le long d u chemin. E n­ Tou t surpris, Louison regard a ses fin, Louison ouvrit la bouche: amis. - Pou rqu oi n ’as-tu pas voulu te bat­ - Tu as encore une vieille bicy clette à tre? Tes frères t’au raient aid é. Je suis échanger? sûr que tu aurais pu trou v er d ’autres Il regard a à nouveau ses amis et ils se garçons aussi. mirent tous à rire. Thierry lui sourit. - Pas d u tout. J ’ai l’argent. Qu atre- - Mais Louison, je me suis battu et vingts francs. Je pense que ça suffit, j’ai gagné. J ’ai une belle lapine! Et toi, n ’est-ce pas? q u ’est-ce que tu as? Et il caressa la lapine. Thierry regard ait Louison d roit d ans Ils marchèrent en silence pend ant les y eux . Ce d ernier ne riait plus. Il quelques minutes. Et puis Louison mit avait baissé la tête et fouillait la pou s­ la main à la poche et en sortit l’argent. sière d u pied . Il le tend it à Thierry . - Tu es d ’accord ? le pressa Thierry . Moi, rien d u tou t. Tiens, voici ton ar­ - Bon . . . Bon . . . D ’accord finit par gent! d ire Louison. Thierry le mit d ans sa poche d e panta­ Thierry lui tend it l’argent. Louison ne lon. le regard ait tou jou rs pas. Ses amis se - Mon père est passé sur la bicy clette mirent à ricaner d oucement. avec la bétaillère, ex pliqua Louison. - Quel id iot! murmu ra l’un d ’eux . - C’est ce que je pensais. Thierry alla ju sq u ’au clapier et l’ou ­ - Et oui, ce sont d es choses qui arri­ vrit. Il en sortit la lapine rousse et la vent! mit d ans sa chemise. Elle se nicha - C’est une belle lapine, Louison. Tu contre sa peau. Thierry était heureux . as d û bien la soigner. Lorsque je le Rien ne pou rrait plus l’ennuy er. pou rrai, j’aimerais t ’acheter d ’autres C’est alors q u ’ils commencèrent à se lapins. m oq u er d e lui. - D ’accord . Dès que j’aurais ce que - Il a peu r d e se battre! tu voud ras. Bon, il faut que je rentre. - C’est un lâche, comme ses petits Le repas d oit être prêt. frères ! Il d onna une tape légère à Thierry - Son père lui a d onné l’argent pou r d ans le d os, fit d emi-tou r et reprit le q u ’il ne se batte pas! chemin d e la maison. Ils riaient jaune. Louison ne d isait rien Thierry serra la lapine et rentra chez et ne riait pas. Thierry sortit d e la cour lui à pied , avec un grand sourire, d ans et reprit la rou te II était calme et heu ­ cette soirée nuageuse d ’automne.

7 Trouvez le petit chat Amusons-nous par Roberta L. Fairall Collez cette page sur d u carton léger. Décou pez-la suivant les pointillés et re­ formez le petit chat.

iu u>»

%