8 décembre 1866. LA. VIE PARISIENNE 673

LES SAISONS, à la salle Bischoffsheim.

Décembre 180G. chevaux de race, ni de femmes à la mode, ni de brillants cavaliers. Le bois s'est fait austère. Philippe de Champagne a pris la place C'est aux journées de brouillard que de grand matin le bois de Bou¬ d'EugèneLami. Le silence n'est troublé que par la chute des feuilles logne, devenu mystérieux, fait oublier tous les plaisirs mondains qui, ou le cri de poule d'un cygne noir à bec rouge. Mais cette austérité la veille, s'ébattaient sur te gravier. Plus de traces d'équipages, ni de a la poésie de toute brume. 674 LA VIE PARISIENNE 8 décembre 1866.

Des vapeurs légères s'élèvent au-desssus du lac ; plus pâle que la Ceci est particulièrement réussi. Les chœurs font merveille. lune le soleil commence à percer les brouillards épais. En tête de l'été la partition porte : « L'introduction annonce l'aube

matinale. »

J'ai passé tout l'été à regarder les choristes. Elles sont cinq sur le premier banc ; quatre charmantes ; sur les quatre deux juives. La veille j'avais entendu, à. la salle Bischofï'sheim, la symphonie On recommande particulièrement aux connaisseurs la juive brune des Saisons et je ne pouvais détacher le souvenir de l'œuvre d'Haydn placée près du chef d'orchestre et sa compagne, une blonde rieuse, de cette promenade autour du lac. la boucha un peu grande, qui ne cessait d'accabler de tendres et capri¬ Une grande œuvre que ces Saisons, quoiqu'il semble difficile de les cieux regards un joli garçon aux fauteuils d'orchestre. Amourettes de acclimater en . Il faut des esprits attentifs qui ne craignent Cons; rvatoire. point un développementsymphonique d'une durée de deux heures, et Le sujet de l'introduction de l'automne est « la joie du laboureur à en même temps que nous sommes devenus trop pressés, trop de ré¬ la vue de ses riches moissons. » volutions de toute sorte, en politique et dans les mœurs, nous sépa¬ Serait-il pos?ib e de suivre l'idée du compositeur sans le livret? rent maintenant du courant sur lequel une telle œuvre a pu douce¬ Beethoven, dans la Symphonie pastorale, me paraît entrer plus pro¬ ment voguer. fondément dans la peinture de la nature. L" fameux passage au bord Il faudrait un public de 1789 à 1800, nourri de Rousseau et des en¬ d'un ruisseau (après toutefois que le livret m'a indiqué que nous ' cyclopédistes, un public à qui deux mots surtout sont familiers : sommes au bord d'un ruisseau) est certainement d'un ordre plus pa¬ veriu, nature. Alors le fonds de la conversation se compose d'un thétique. Malgré les beautés incontestables des deux maîtres dans ces prince vertueux, d'uu citoyen vertueux, d'un laboureur vertueux. Le essais d'imitations de la nature, leurs symphonies sans indications ! mot est à la mode en France; il est pris au pied delà lettre, en Alle¬ ni paroles est supérieure à leurs descriptions. magne où Haydn en devient la plus patriarcale expression. — E>t-il paysagiste? était une question à la mode il y a deux ans Le grand compositeur n'a rien à voir avec ses contemporains et entre rapins littéraires. Un roman ne pouvait se passer de paysage. ses successeurs. Il ne saurait être confident des galanteries de Mozart. Sacerdoce que d'être paysagiste. Il était permis de rogner les m-irges Beethoven doit le froisser par ses. sensations douloureuses et les de l'action à condit'on de peindre un bout de paysage. Les physio¬ sonorités fantastiques de Weber sont absolument hors de sa portée. nomies, les caractères, le drame qu'étaient-ce à côté de la fameuse Sentiment exquis delà famille, douces joies du foyer, gaietés inno¬ question : Est-il paysagiste? centes, adoration de l'Éternel sont le lot de Haydn. Tout cela est Rien de plus faux que le paysage quand même introduit par les gravé sur sa figure comme dans ses partitions. jeunes gens de l'école Bovary. Ce dialogue à froid de prairies, de Les beautés du compositeur ont souvent un caractère vieillot; le bœufs, de fumier, passé à l'état de procédé dans des livres d'essence masque lui-même de Haydn n'a été populaire que vieillot. Il faut bourgeoise, la musique n'est elle pas exposée à de grands dangers en aimer l'homme ainsi ou fermer l'oreille aux accents du doux composi¬ teur. l'employant? J'y pense en écoutant les Saisons quoiqu'ici heureuse¬ ment la sensation dépasse la description. C'est ce qui explique pourquoi les Saisons, parleur long développe¬ ment, ne sauraient devenir populaires. Un quatuor, une symphonie, Dans la forêt le cor sonne c'est affaire de demi-heure. Deux heures de succession de tableaux est un des réveillons de l'automne. Méhul a été champêtres d'une nature discrète et sans oppositions marquées man¬ plus loin qu'Haydn dans la quent de piment pour le public de 1866. peinture de la chasse. Mais j'ai hâte d'arriver à la saison où sont « par commence. » On voit de jolies choristes à 1a. salle BischofTsheim... — Ce. n'est dépeints les épais brouillards lesquels Vhiver Il pas là affaire de critique musical. — Plus qu'on ne le croit, une y a dans cette partie une chanson ravissante : belle physionomie gagne à être regardée pendant la musique ; une Marie est fille, sage. mélodie augmente de charme quand les yeux sont occupés par quel¬ Le duc lui fait la cour. que charmante figure. Le chœur de l'introduction : Viens, doux prin¬ Les chansons temps, perdrait certainement à être chanté par les monstres de populaires ne sont pas plus naïves et la symphonie l'Opéra-Comique. s'achève par le chœur : Au début du drame paraît le laboureur : Dieu garde à ses élus un bonheur sans nuage, Un printemps éternel. Le laboureur s'empresse, 11 mène aux champs ses bœufs; Prière du vieil Haydn qui n'a pas voulu terminer son œuvre sans Dans les sillons « qu'il laisse » Il siffle un air joyeux. la signer religieusement.

C'est une chanson de basse fort de bonne humeur ; et il y a quelque Il méchanceté de ma part d'avoir souligné la fin du troisième vers, car le La musique de Haydn ne peut être entièrement goùiée que par poèmp, traduit par Roger, est tout à fait dans l'esprit du temps La ceux qui connaissent la vie de l'homme. Aux esprits qui aiment les simplicité de Jeanne y est montrée « sans fard et sans apprêt : » douces émotions je conseille de lire la correspondance de Carpani Après le dur labeur d'une journée entière, dans laquelle a puisé si largement. Il y a mieux encore, Aux mains de Dieu remettant son espoir, c'est le récit publié par un directeur de théâtre, Schmitt, qui, en 1807, Le laboureur au ciel adresse sa prière. alla rendre visite, en compagnie du comédien Ill'land, au com¬ positeur que le grand âge retenais dans sa petite maison du faubourg Voilà qui dépeint admirablement le vieil Haydn, car personnages Gumpendorf, à Yienne. et chœurs semblent l'incarnation du compositeur. Haydn, à cette époque, doucement tombait en enfance. Le printemps se termine par un ensemble joyeux de jeunes gens et A notre question si Haydn était visible, dit Iffland, la bonne ré¬ de jeunes filles. pondit que « monsieur » revenait du jardin, qu'aussitôt qu'il serait Accourez 1 car la prairie remonté au salon, elle lui demanderait s'il pouvait nous recevoir, Vient de se parer. Comme sur l'herbe fleurie qu'il marchait très lentement et qu'elle nous priait de prendre pa¬ Il est doux d'errer ! tience. 11- 8 décembre 1866. 675

En même lemps les visiteurs furent introduits dans un cabinet où qu'un instant; un certain accablement céda à ce court enthousiasme. se remarquaient aux murs des manuscrits de Haydn lui-même, sous Haydn regarda son domestique qui lui tendit sa canne, et un instant silence se fit vnrre, et la notation encadrée dans des guirlandes de fleurs. La de parmi les visiteurs.

« L'oratorio de la Création d'être bonne » étant revenue, pria Schmitt et Iffland de passer dans le venait repris à Berlin avec un grand salon où Haydn les attendait. succès. Donnée au profit d'une œuvra de bienfaisance, la Création avait Assis sur un fauteuil, la figure tournée vers la cro'sée du jardin, produit presque huit mille francs, disait Iffland. la chapeau à la main, Haydn tenait de l'autre main sa canne et un Haydn releva la tête et radieux : gro-; bouquet. — Plus de deux mille thalers pour les pauvres ! As-tu entendu ? dit A 1 aide du domestique, Haydn se leva pour rendre hommage à ses le vieil'ard en se retournant vers le domestique. Ma Création a pro¬ vi.-iteurs, lit quelques pas en traînant la jambe nbn sans peine. Sa duit plus de deux mille thalers à Berlin, et pour les pauvres! les larmes du respiration était, oppressée, et de la main il faisait une sorte de'visière Alors compositeur coulèrent doucement.

— à sa vue alYaiblie. Pendant les premières politesses entre gens qni Pour les pauvres ! s'écria t-il. Mon travail a procuré une bonne ne se connaissent que dd réputation, le maître regardait son bouquet journée aux pauvres ! Cela est magnifique, cela est consolant ! La et le respirait avec délices. part faite à l'émotion, Haydn dit encore : — Aujourd'hui je ne — J'ai fait aujourd'hui mes dévotions à la nature, dit-il, c'est plus fais plus rien, je ne peux plus ! Mais l'exécution a bien marché. Com¬ bien disiez-vous fort que moi. que la Création a rapporté aux pauvres ? Jean, rap¬ Le vieillard ému, des larmes dans la voix, leva les yeux au ciel. pelle-toi de la somme, j'aurai souvent du bonheui à y penser.

— Enfin, tout est pour le mieux ainsi, s'écria-t-il. En effet, sur les traits du vieillard se lisait un doux contentement. Tout son L'école de la nature un peu sentimentale était à l'ordre du jour en passé de compositeur se déroulait devant ses yeux.

— Vous serez sans doute Allemagne. Iffland et Schmitt profitèrent de l'occasion pour té¬ curieux, dit-ii à ses hôtes, de voir les moigner à Haydn leur admiration sur sa profonde compréhension des présents honorifiques dont on m'a gratifié. Jean, va les chercher. bruits de la nature. Alors, une à une, Haydn montra les médailles frappées en son

— Ah ! les Saisons I s'écria Haydn avec mélancolie... Les Saûotis honneur, les bijoux, les tabatières ornées de son portrait; ayant m'ont achevé... Je voulais, je voulais... étalé ces cacleanx près de son fauteuil :

— J'ai Il s'arrêta, cherchant une expression et s'agitant avec un certain éprouvé une joie très vive, dit-il, en recevant ces marques de bienveillance et dépit : j'aime à les regarder avec mes amis. — Il y a trop peu de mots, il y en a trop peu en vérité... Comme Après un instant de silence.

— Je devrais vous j'ai travaillé aux Saisons ! Pendant des jours entiers je me suis appli¬ jouer quelque chose. Voulez-vous m'entendre? Je vais vous qué à un passage, oui, des jours entiers... quelles peines! Personne jouer ma dernière composition ; je l'ai écrite à l'époque ne peut s'en faire une idée. où l'armée française était en marche sur Vienne, il y a de cela trois Et il frappait le parquet du bout de sa canne ; le domestique, remar¬ ans. quant l'agitation de son maître, le regarda d'une façon douce et sup¬ Sur un signe du maître, le domestique l'aida à se lever du fauteuil pliante. et le conduisit au piano. Haydn s'élant recueilli, dit l'hymne: Dieu, — C'est vrai, dit Haydn, tu as raison, c'est passé. conserve François empereur. Il se plongea dans le grand fauteuil. Ceux qui connaissent la belle estampe d'après Benjamin West, la — Toute ma vie, dit-il, j'ai dû travailler, toujours et avec beau¬ Famille de Vest, pourront se faire une idée delà bonhomie patriarcale coup de peine. avec laquûlle Haydn jouait cette hymne. La croyance en l'art Le mot Saisons s'échappa de nouveau de sa bouche. passait dans ses mains amaigries. — Non, s'écria le maître, je n'avais pas le travail facile, j'ai dû — Tous les matins, dit il, j'exécute cet air et plus d'une fois j'ai beaucoup travailler, et toujours. Ma jeunesse a été pénible, bien puisé des consolations, de la force dans les jours de trouble. C'est plus pénible. fort que moi. il faut que je le joue tous les matins, et alors, pendant Alors Haydn rappela que dans ses débuts de compositeur il liai■ que je suis au piano, je me sens un bien-être ineffable et encore quel¬ tait une chambre à un étage très élevé, et que tous les jours il av que temps après. gravi un grand nombre de marches. Haydn referma le piano et la tête penchée il regagna son fauteuil, — Maintenant, je m'en ressens, dit-il, en montrant, sa poitri * soutenu par le fidèle Jean. mais c'est une défaite honorable... Le labeur a été rude, Dieu n.\"..; ; Une émotion particulière l'animait. D'un signe, le domestique aver¬ venu en aide ! tit les visiteurs de ne pas prolonger l'entretien. Iffland lui une comme encore Haydn fit alors quelques compliments à Iffland sur ses t; . la ayant demandé fleur souvenir, Haydn une fois d'auieur dramatique et ds comédien. Et c'est là qu'il faut citer s:llc- respira son bouquet, l'offrit au comédien et l'embrassa:

— tement le passage d'iffland, car on y retrouve 1 Allemagne '&■?. Adieu, dit-il d'une voix douce et brisée ! xvn:e siècle Quelle scène touchante! Et comme l'âme vibrante du vieux com¬

« positeur apparaît à chaque ligne de ce naïf récit ! J'ai prononcé 11 tint quelque ternes les yeux fixés sur moi, d'un air sinff/jiièro » le nom de West tout à l'heure; mais le côté ment affectueux. Je lui demandai la permission ce placer sur rigide et puritain de l'Amé¬ rique cœur la main que le vieillard vénérable me tendait. Par un mouve- n'a rien avoir avecl'exquise sensibilité de l'Allemand. Il faudrait un Carmontel i! ent rapide il ouvrit ses bras et m embrassa en pleurant de tout son pour peindre Haydn au piano et il est fâcheux que l'artiste cœur. berlinois, Chodowiecki, n'aitpu dessiner les derniers moments du vieillard enthousiaste. » — Je me sens bien, très bien, dit-il, mais, voyez-vuus, c'est plus fort que moi. Quand une chose me fait plaisir, les larmes me viennent, je me retiens, mais c'est inutile, je suis forcé de pleurer. Autrefois il Ce n'est pas sans motifs que je me suis servi de l'excellente n'en était pas ainsi... Ah ! oui, autrefois 1 traduction de M. Duesberg pour rendre l'homme en ses émotions La conversation devait amener forcément aux compositions reli¬ visibles. Tout l'œuvre de Haydn est expliqué par ce fragment. L'a¬ gieuses du maître. Haydn s'était animé, avait déposé sa canne et son mour de la nature, le patriotisme, le fonds croyant de l'honnête chapeau; ses yeux brillaient, et avec son bouquet il faisait des gestes compositeur qui peu après s'éteignitdoucement, tout cela circule dans comme s'il eût eu en main son bâton de chef d'orchestre. Celane dura ce drame touchant. LE FILS AUX FRANÇAIS ET LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE AUX BOUFFES

La fée Mélusine en ménestrel. Sacripant Léonce.—Je prie Un enchanteur, une reine el son premier mi¬ Roland-Garnier.— J'aime mieux Le trop heu¬ - Trop de « charmes.» sa majesté de vouloir bien nistre réduits à taire des tours de force pour ga- lui voir coudre un chien en tapis¬ reux Médor ou les accepter ma démission gner leur vie. Cela me fait penser à la mort de serie que découdre un chien de Agréments d'une avec le compte de ce qui balomon.J mécréant, les papillottes lui vont éducation artisti¬ m'est dû. » mieux que le casque, pas mal que et soignée. — pourtant, la ronde « des chevaliers,» Vous voyez d'ici avec l'accompagnement de miroir son mariage avec aux alouettes. la princesse. 8 décembre 18GG. LA VIE PARISIENNE 677

Esprit religieux, Iiaydn inspire à ses admirateurs une véritable Un employé. — Mesdemoiselles, plus moyen d'envoyer quoi que ce soit avant deux heures. Tous les fils sont occupés. Désolé... religion. Ceux qui le goûtent et sont entrés dans la connaissance de (Exeunl les caméristes). Entr'acte. l'œuvre entier, regardent l'homme comme un ami, un homme de bon conseil, une consolation aux jours de chagrin et c'est avec une émo¬ La baronne d'Y... au principal employé. — Gomment, monsieur, tion profonde que les véritables artistes se lèvent après avoir Rose me rapporte ma dépêche... je suis la baronne d'Y... terminé le dernier quatuor du maître, où sont gravées sous le finale L'employé.— Madame la baronne, Ruse a dû vous dire que^la ligne était occupée pour deux heures. ces paroles d'Haydn: Je ne peux plus continuer, mes forces m'aban¬ La baronne d'Y. — Tous h s lils? donnent. L'employé. — Tous, madame la baronne. La baronne d'Y. — Gomment! je n'ai pas un fil à mon service G Y. particulier? L'employé.— Dans deux heures, madame la baronne... La baronne d'Y.—C'est une infamie I Un fil de plus un fil de moins, je vous demande... ea coûte donc bien cher le fil de fer 1(Exit la ba¬ ronne d'Y...)

ENTRE ET LE CHATEAU VOISIN La vicomtesse de Saint G... entrant vivement. — ' Ah 1 mon Dieu ! messieurs, Rosalie prétend que tous les fils sont coupés. SERVICE TÉLÉGRAPHIQUE jl'employé souriant.— Occupés, madame. La vicomtesse. — Ah ! ah! ah ! quelle sotte ! j'ai eu une peur !.,. Occupés, dites-vous? Par qui? L'employé. — Par les invités du château. La vicomtesse. — Oh ! alors, je suis fixée: c'est la bande H... qui les Première femme de chambre. — A M. A.rue de la Paix. — La accapare avec ses retouches... retoucher par-ci, retoucher par-là, par¬ queue de vache pour ce t-oir, la queue de vache de madame, avec tout.. . et puis ça va tout seul? grâce à sainte Retouche. petits — beaucoup de machins collés mieux collés que les autres. J'enverrai Rosa ie... je vais ajouter quelque chose, maintenant Pas contente, madame, du tout. Réponse fil par fil. que me voila rassuiée. Oh ! j'ai eu bien peur... ah ! ah ! ah 1

Le célèbre coiffeur. — A Mlle Julie. —Plus de queue de vache, mais Sixième femme de chambre, revenant. — A M. P..., bonnetier, fau¬ corde à puits, corde à puits, corde à puits, très nouveau, bien porté, bourg baiut-Honoré. — Madame pas vouloir de vos ha s gris à char¬ fureur. Toriillon sur le front, câbles sous-marins descendant au-des¬ donnerets. 11 faut trouver les chocolats à petits serins. Il y en a, sous des genoux. Serrez bien. Madame l'a vu dans la « vie Paris'enne. » Les chardonnerets, la ba¬ ronne d'X en a. Madame pas vouloir, pas vouloir, pas vouloir. La même au même. — Queue de vache, ordre de madame; pas corde à puits. Ça traîne ici depuis huit jours, et il y a deux seaux à Septième femme de chambre A un chaque bout. C'est un mot de madame. Donc nonosbtant désormais, (revenant). employé.—Sont-ils tou¬ jours coupés, vos lils ?. queue de vache, et dare dare. Deux boîtes de sable violet, un pot à colle. L'employé.— D'où êtes-vous, bobonne ? Lobonne. — Tiens, de chez nous. L'employé.— Ca se voit bien,.. Eh bien! non, ils ne sont plus cou¬ Seconde femme de chambre. —A M. B..., parfumeur, boulevard des pés. Allez le dire à votre maîtresse. Italiens. — Crayons magiques, pinceaux linaires, compas elliptiques, Bobonne — Alors, faites pardr ; voilà, c'est pour le tailleur de ma¬ vermicel à veinules, mouillettes assassines, pic-lceil en navettes; dame émailline, fraiséine, nymphéine, ouatéine, nacréine, mousso-duveto- L'tmployô1 lisant.—Plus plate de partout; ne craignez rien, ça peut cristallo-ra^éine. Lacteopompe. A la minute, par express. Spectacle se voir. — Pas de créneaux. — Des dents de scie.— Garniture de demain. Discrétion, jais en balustre. — Au bout de chaque dent une baile déguisée, pour faire coller— aucune épaiss-ur aux reins et aux environs abdomi¬ naux, — supprim r les coutures — tendre l'étoffe avant de la couper Troisième femme de chambre.—A M. D...,bottier, boulevard Males- —dernières jupes mieux, bien mieux, mais pas tout à fait ça encore. herbes. — Bottes de chasse. Madame furieuse; les six paires de —J'ai une î iée de moubige; nous en parlerons à Paris. 11 faut que bottines manquées; des bateaux. Six autres paires. Pas de glands; je consulte un sculpteur. Vite, ma caisse. mal portés. Pas de choux ; il n'y a que Mme d'E... qui en mange ici. Fanfreluches de jais tout a tour de la guêtre. Souliers de bal, un vert Etc., etc., etc Emile Y... et un jaune (une surprise). Le talon du jaune vert et vice-versailles.

Quatrième femme de chambre. —A M. X..., corsetier, en ville. — Rectifier : un point de moins de taille, dégagement thoraxique, com¬ pression abdomnale, hau'e p- ession, particulièrement recommandée. Goussets plus garnis. Guipure plus riche ; point de soufflets décidé¬ ment; des pinces aux omoplates. (Le télégraphe envoie : pommes plates). ALBUM DE MARCELIN

Le corsetier. — Pommes plates, comprends pas. Demander à madame. Demander aussi le galbe des hanches et de ce qui suit pour le nouveau corset plastique, derniergenre, descendant très bas. — Plus de ceintures.

C'est le 20 de ce mois que paraît définitivement cet Cinquième femme de chambre, à un employé. — Un télégramme de Album la princesse à envoyer iout de suite. que nous avons déjà annoncé à nos lecteurs. Dès (Elle tend la dépêche). L'emploné. —Pas avant une heure; il y a encombrement'! made¬ aujourd'hui, nous pouvons en détacher les dessins suivants moiselle Rosalie. Cependant vous voilà si jolie ce matin ! Donnez. qui de se une des pages Ah! la jolie menotte ! Je parie que vous gantez le point de madame. permettront faire idée cent autres Rosalie. — Aïe! vous me faites mal. Gava t-il partir? qui forment cet Album. L'employé. — Tout de suite, mon ange. (Il lit :) Costume de Judith copié sur celui du tableau de, de, de... Enfin, il y a un tableau, seu¬ lement plus riche et très décolleté. Accessoires. Ne pas oublier la tête d'Holopherne. Il faut qu'elle ressemble à celle de monsieur de K... Je tiens à ce détail, et très décolleté, en carré, devant et derrière. Au besoin, quelques suivez-moi jeune homme.

Sixième et septième femme de chambre, des dépêches à la main. L'OPÉRA - DESSINS (TRAITS DE L'ALBUM DE MARCELIN

ËÈiÊ

Un savant. — Il portait Un Le juge. — l'as plus d'il¬ dans le monde ses préoc¬ premier venu. — Une lusions que de cheveux. cupations et des lunettes. Un jeune homme à mèche par-ci, une môcho mum marier. — Rien que par-là. ffet rois poils au menton, mais d'une belle venue.

Penserosa. -• Ce n'est plus une femme, c'est un mol il' de val-e. Une jeune fille. Une maman, Que sais-je? sais-je pas ? ? ?

iS^r' ".""A. l'Opéra,^aux deuxièmes loges. Une Société en commandita ;; capital social Un officier. —Qui serait Le petit Chose. — Votre Une danseuse ei trois imbéciles. désolé s'il, devait se dire profession? liandin. comme M. de Léris : A l s Opéra. Dans l'avant-scène. — Tel miejvous mesdames, j-ai assisté aux soixante-dix-neuf représentations" (Un artiste. — Voudrait « Je n'ai plus ma tournure de l Africaine. rappeler le buste de Lucius du régiment. » —- Et vous n'êtes pas encore décoré pour oa? Verus. Un mari. — La danse n'est pas ce qu'il aime.

Au bal, en partant.-Sellez-moi, madame, de vous féliciter sur votrii;ce soir. (Bas) Vien¬ dras-tu demain?

•N\XV(.U.

Au bal, en valsant. — «... Et si d'aventure le bout de votre moustache effleurait sa joue, il n'y aurait pas grand mal à cela, » disait . Au bal, à la sortie. — ..... Que si nous considérons les splendeurs infinies, les développements srikiaa > et les mansuétudes adorables d'une iunn da — Hum! hum ! dirait uue maman, femme, combien l'homme nous paraîtra peu de chose, ô mes frères ? ' J 1 680 LA YIE PARISIENNE 8 décembre 1866.

richard. — Comment, cette jeune femme? georges. — Est Mlle Bernon... C'est à genoux, mon oncle, que je devrai^ vous dire le reste... son UN SUJET DE PIECE (1) Elle arrivait de pays, en deuil... Orpheline... et je l'ai contrainte à accepter un rôle plus que pénible, (suite) richard. — E i vérité I georges. — Hélas!... r chard. Comment, hélas ! mais tu as du génie !

georges — Moi! rich-.rd. — Tune t'en doutais pas ! et c'est rnoi, Antoine Richard, SCÈNE V. qui l'ai découvert...Tu ne t'en doutais pas, crétin... Voyons, ta femme n'est pas Mlle Bernon, et Mlle Bernon c'est Mme Rosay... Toi, tu m'as indignement IRMA, GEORGES. trompé!!!... tu as souidé ma maison de tes in¬ trigues infâmes... et je te donne ma malédiction... lorsque tout à irma. — Direz-vou^ sussi à votre oncle qui je suis ? coup ta femme quie-t charmante... car elle est charmante, se jette à ceorges. — Non, vous serez toujours ma femme. mes pieds... Où est-elle... [Appelant.) Irma... Irma... A quoi songe-t¬ irm4. —Et s'il nous congédie? elle donc... Irma !... georges. — Arrive que pourra... mais n'êtes-vous pas sûre de son affection ? SCÈNE VII. irma. — Parfaitement, et je me charge de la commission. georges. — C'est impossible... je ne suis pas un enfant !... LES MÊMES, IRMA. irma. — Soyez franc, vous ne m'aimez plus, et vous voulez que je parte. irma. — Ah grand Dieu! (Elle se jette aux pieds de Richard). georges. — A défaut d'amour, j'aurais une autre raison de r chard, avec attendrissement. — Malheureux enfants ; -vous ou retenir de partir avec v^us : ma promesse de ne pas vous aban¬ georges. — Mon oncle !... donner, mais il ne s'agit pas de nous et je veux tout simplement irma. — Mon cher oncle ! remplir un devoir vis-à-vis de Mlle Bernon richard. — Bien... M

geokges. — Ce n'est pas tout... et je ne sais si ''ans cette malheu¬ richard. — A minuit, c'est délicieux !.... reuse affaire les détails ne sont p-is ce qu'il y a de plus odieux... un irma. — De à sa froideur pour votre servante... ou plutôt ma froi¬ homme que vous avez chassé é;.ait chargé par moi d'intercepter les deur pour elle. lettres qui vous viendraien'. d'Amérique. Georges. - Irma... vous avez osé dire de pareilles choses à richard. — Mais c'est une infernale invention ! Mlle Bernon... C'est un conte bleu de ce polis-on de Jourdeuil. georges. — Enfin Mlle Bernon est ici... c'est Mme Rosay... irma. — Ce n'est pas M, Jourdeuil qui m'avait fait l'honneur de me prendre pour confidence... (!) Voir les numéros ; 27 octobre, 3, 10 et 17 novembre dernier. georges. — Irma l 8 décembre 1866. LA VIE PARISIENNE

richaiu), à Georges. —Tais-toi donc?... je vais recevoir mademoiselle Bernon, et je lui parlerai en termes Georges. — Mon oncle, on sait bien ce qu'il faut croire de ce qu'une choisis et modérés... femme dit d'une autre femme jourdeuil, à part. — Diable !... ikma. — Ah! ça, perdez-vous Ja tête, Georges? Dites-moi tout georges. — Allons donc nous coucher tranquillement, mon oncle, bonnemeni que je calomnie Mlle Bernon... Apropos de quoi, je vous et laissons Jourdeuil faire la cour à sa future. le demande V,.. quand il est bien clair que son intérêt seul me fait ricgap.d. — G'est impossible... Mais pourtant, écoutez bien : si parler... j'étais caché là... {Il montre un bouquet d'arbres.) et que tout à geohges. •• En vérité!... coup... irma. — Voyons, mon cher ami, ces rendez-vous, interompus ici, jourdeuil. — A quoi songez-vous, monsieur... mademoiselle Rose seront repris ailleurs.., vous devriez bien vous en douter un peu... est ce qu'on appelle une héritière, et j'aurais l'air d'un complice inté¬ et je pense qu'il est temps d'y mettre un terme par un bel et bon ressé. .. mariage... irma, vivement. —■ Et j'y songe, si elle a véritablement les senti¬ Georges. — Ah ! vous allez un peu trop loin. ments élevés que lui donne monsieur Jourdeuil. apprenez de moi ce irma — A la bonne heure... arrive que pourra... moi je m'en lave qui s'est passé dans son cœur... elle n'a joué son rôle de femme que les mains. pour être bien sûre qu'on l'aimerait pour elle-même. georges. — Ma chère, une jeune fille d'une certaine condition... Georges. — G'est délicieux... Continuez, de grâce.

— en son .. peut faire des folies , mais si peu qu'elle se respecte on a encore irma. Où est-elle de roman? Monsieur Jourdeuil lui- beaucoup de respect pour elle... même ne lesaitpas parfaitement. Eh bien ! ne serait-ce pas charmant irma. — Heureuse observation... Mlle Bernon est Mme Rosay, de continuer quelque temps encore à la traiter comme madame Rosay vous l'oubliez, et la tentation lui est venue de tirer parti de son rôle et de laisser grandir son amour sans défiance? de femme. richard. — G'est une idée, en vérité ; une idée charmante. georges. —Eh! bien... décidément je ne crois pas un mot de toute Georges. — Charmante au dernier degré... et raison de plus, mon votre histoire. oncle, pour nous en aller... Voici l'heure du berger. irma. — Grand merci... irma. — Ah ! un instant. Je n'ai pas dit qu'on permettait les rendez- richard. — Georges... Georges... tu manques à ta femme... et vous nocturnes, et dussé-je la garder à vue, mademoiselle Rose ne quand sa déclaration n'aurait pour elle que la vraisemblance. sortira pas... geqrges. — Encore une fois, moi, je ne croirai sur ce point-là que jourdeuil, à Irma. — Fort bien... je rentre avec vous. ce que je verrai... Or, ce scandale n'aura plus lieu, n'est-ce pas? grâce georges.. — Reste donc, Jourdeuil. — Vous oubliez, Irma, que à vos soins, Irma... parlons d'autre chose... [Silence). (Avec ironie). cette vertu larouche, dont je suis heureux et fier, est beaucoup moins Quel dommage que Jourdeuil soit parti pourParis, nous nousserions du goût de madame Rosay, et que si vous lui en donnez quelque beaucoup divertis la nuit prochaine... Mais êtes-vous bien sûre, Irma, nouvelle preuve, e le prendra décidément la clef des champs. qu'ii soit parti ? .. Richard. — La clef des champs ! Pe.-te, je n'entends pas cela.

iKMA — G'est moi — qui l'ai prié départir .. georges. Donc, pour la troisième fois, allons nous coucher, et GEORfiEs, appelant, avec une ironie extrême. — Il se cache quelque laissons la place aux amoureux. part... Jourdeuil... nous savons tout, mon cher... Jourdeuil. irma, avec énergie. — Georges, c'est vous qui l'aurez voulu... georges. — Quoi donc? Je ne \ois là que la conséqueuce de votre SCÈNE VIII. idée, approuvée par mon oncle... Finissons-en. irma. Soit, c'est nécessaire... mais je suis scandalisée. richard.— Chère enfant!... LES MÊMES, JOURDEUIL. Jourdeuil, je vous accorde dix minutes d'entretien .. pas une de plus... jurez-moi... jourdeuil, sortant d'un buisson. — Me voici... jourdeuil. — Ah! monsieur, je vous jure de rentrer le plus tôt geprges. — Lui!... possible. iraia, à Jourdeuil. — Ah! monsieur ! richard.— Très bien.. Vous entendez, chère Irma... jourdeuil. —Madame, on m'a forcé de rester ce soir encore... jourdeuil, à Irma.— G'est pour la dernière fois que je vois ainsi Mais, du reste, je m'en félicite... madame Rosay, et je ne lui parlerai que de monsieur Richard... de irma, à Georges. — Me croirez-vous, maintenant? ses soupçons... des dangers qu'elle court... richard. — Hum! hum!... Que faisiez-vous, monsieur, dans ce georges. — A merveille, et un de ces jours tu gronderas bien ma¬ buissoni} demoiselle Bernon, et tu promettras à la charma te enfant de l'épou¬ jourdeuil. — Ma foi, mes amis, c'est vous qui me l'avez appris... ser. .. à condition, comme on dit, qu'elle ne le fera plus. je croyais attendre une jeune femme et c'est une jeune fille que j'at¬ jourdeuil. — Georges!... tendais.,. L'aventure n'est plus du tout de mon goût, je vous prie de irma. — Ah! je ne veux plus rien savoir de cette aventure, je me le croire... bouche les oreilles et je vais de ce pas m'enfermer dans ma chambre. richard. — Vous en sentez donc toute la gravité. (Elle sort préc'pilammeyit.) jourdeuil. — Oui, monsieur, et je suis heureux de venir vous trou¬ georges, à Irma. — Bonsoir... et nous, mon oncle, rentrons aussi... ver pour vous demander conseil. richaud. — Rentrons. richard. — Hum ! hum !... georges. — Eh bien ! à quoi pensez-vous? Georges. — Epouse, mon bon... épouse. richard, bas à Georges. — Je pense que ta femme est une âme d'é¬ jourdeuil, sévèrement. — Je n'hériterais pas, mon bon, si j'étais ca¬ lite... entre nous, lu n'as pas perdu au change et je te fais mes com¬

pable d'abuser du caprice d'un enfant... Mademoiselle Bernon est pliments .. l'innocence même... entends-tu bien. Ceci soit dit pour vous aussi, georges. — Peut-être avez-vous raison, mon oncle. madame ! richard, à Jourdeuil. — Nous vous laissons, mon ami... irma,— Expliquez-vous donc, c'est le cas de le dire ! Georges. — Bonsoir, heureux coquin... jourdeuil. — En deux mots. D. D. georges. — Il l'aime ! ! ! jourdeuil. — Non... ou plutôt c'est mon secret, et je ne veux (La suite au prochain numéro.) parler que de mademoiselle Bernon. Eh bien! elle m'étonnait plus encore qu'elle ne me charmait... je ne savais que penser d'elle... mais en m'apprenant qui elle est, vous m'avez expliqué son caractère, et ce que je prenais en elle pour le dernier raffinement de la coquetterie, c'était, je le vois bien maintenant, l'idéal de la naïveté... Mademoi¬ selle Rose est la plus charmante, la plus adorable des fillettes. , HOTES richard, avec admiration. —Quel gentilhomme ! irma, sur te même Ion. — Quel coquin ! jourdeuil. — Que parle-t-on de son impudence à jouer avec moi son rôle de femme? G'est charmant, au contraire. Il n'y a qu'un seul service que nous aimions à rendre aux autres georges. — Cela te regarde, et moi je ne puis que te répéter : sans leur demander ie pareil : c'est de les avertir de leurs défauts. épouse. jourdeuil, doucement. — Mais non, mon cher... mais non.

richard. — Ah! permettez, mon ami... permettez... Il faut avoir des yeux pénétrants pour distinguer le sot sous le jourdeuil. — G'est vous, monsieur, qui serez juge de ce qu'il con¬ masque du bon ton et de la loyauté. viendra que je fasse. . Mais, d'abord, je vous en supplie, pas un mot de tous ces enfantillages à mademoiselle Bernon. irma. — Grand Dieu!... ma trahison serait découverte, et si loua¬ Quand vous rendez compte que vous avez reçue, ble d'une injure il qu'en ait été le motif, un reproche de mademoiselle Rose, un re¬ faut que votre réplique ait été foudroyante pour que votre confident gard d'elle me tuerait. ne se moque pas de vous par-dessus le marché. georges. —Diable ! richard. —Rassurez-vous, Edmond ; rassurez-vous, Irma. (Mais, Hix. mon Dieu, qu'il est doux d'être entouré de si honnêtes gens! c'est bon, je réhabiliterai l'humanité,) Rassurez-vous, mes chers enfants, >■ ggD «€ 682 LA VIE PARISIENNE 8 décembre 18G6

EN CHASSE

"Voici, mon cher ami, le récit de valets de chiens, et mon déplacement en Champagne, tu tous, en mettant nos l'arrangeras comme bon te semblera. cartouches, nous écou¬ Il est d'usage ici de ne célébrer la tions l^s dernières ins¬ Saint-Hubert qu'à l'ouverture des tructions. chasses aux grandes bètes, époque Pour nous, encore qui varie depuis les premiers jours peu au courant de ces de novembre jusqu'au mois de dé¬ chasses à la grosse bête cembre. à tir, on nous apprit L'an dernier déjà un grand chas¬ qu'il fallait crier grand seur de mes amis m'avait invité à tayaut, si nous voyions célébrer en son ermitage la fête de sauter un cerf ou une ce grand saint. Des raisons qu'il est biche : tayaut, un che¬ inutile de rapporter ici m'en avaient vreuil ou une chèvre ; empêché. arloup, un loup ; va- Cette année, une nouvelle lettre raut, un renard ; alaou, de lui vint m'arracher à ma mo¬ un sanglier. deste chasse aux lièvres, perdrix et Je ne sais si ie mets Ce ?ranfl blagueur de D.,. - Toujours le' premier Modeste TIjô — Chasse au bien l'nrthnm-nnVio rlo avant les chiens, le sanglier, et tous; il ne marche faisans de notre vallée; il me promet¬ ut.ii î uimogidpne ne renard Je matin, — l'ait des pas^ ^ voie; signe particulier : casse un sou en l'air ces cigarettes au lancer. tait force cerfs, sangliers, loups, noms, mais je n ai à balles, chevreuils, renards, etc. pas de prétentions à la J'acceptai donc et après une fatigante jour- vénérie, et je te donne ici tout naïvement mes néeen chemin de fer nous arrivâmes, B. et moi renseignements. àV., à la nuit tombée, grelottants à la bise un peu âpre, mais si pleins d'ardeur, que nous Chacun gagna son poste en silence, on dé¬ nous fussions mis en chasse immédiatement coupla notre premier relai de six chiens de s'il '.'eût fallu. tête sur les sangliers, et tous le ventre au De sonores fanfares, lestement sonnées, bois, le long d'une lisière, les pieds dans l'eau, le nous souhaitèrent bienvenue, et quelques mi¬ corps penché en avant, le doigt sur la dé¬ tente, nous attendons anxieusement la nutes après, notre hôte nous présentait à pre¬ mière voix des chiens. nos futurs compagnons de chasse. Tous se A ce moment, il me levèrent d'un commun accord, et, à l'excep¬ passa dans la tête toute une série de réflexions sur des chasseurs dé¬ tion d'un ou deux, je trouvai humiliant, pour des Parisiens, d'arriver à peine à l'épaule de cousus peu proprement par ces bètes noires et ces géants, aux francs et bons visages, à la fangeuses, de chiens jetés en l'air ou voix forte. éventrés, etc., tant et si bien, que tirant mon couteau de chasse du fourreau, je le posai à Après les compliments d'usage, après avoir côté de moi, j'examina r^inuiii-usement mes choqué mon verre contre ceux de ces mes¬ deux cartouches àballjs, et le cœur palpitanr, sieurs, et trouvé après le choc, dans mon ver¬ non de crainte, un vrai Parisien a trop d'a¬ mouth, un agréable mélange de bierre, eau- mour-propre pour p.voir peur, même quand de-vie,jabsinthe, etc., nous nous hissâmes, nous il est seul, mais d'une émotion toute nou¬ et nos bagages, dans la vieille carriole de velle, j'attendis: tout à coup, un concert chasse, et le vieux Corbeau nous mena assez éclatant des grosses voix de la meute; le rondement vers un bon feu, bonne table et deuxième relai avait rejoint le premier, un bon lit. grands bruitde feuilles, débranches brisées... Il avait été convenu qu'un se réunirait le len¬ je mets un genou en terre, j'épaule à tout ha¬ demain, dès l'aube, dans un trou d'auberge Un de nos géants, beau garçon quand sard, fouillant le tai'lis d'un regard aussi d'un plus petit trou de pays, et que de là, on peut le deviner sous sa peau de perçant que possible... un coup de feu part après la soupe aux choux de rigueur, on se¬ bique. sur ma droite, suivi iaon du cri a laou I rait à dix heures précises au rendez-vous. A comme je m'y attendais, mais d'un formi- dix heures donc nous dable éclat de rire. Un étions dans une des malheureux lièvre était clairières d'une forêt de venu bêtement se four¬ 20,000 hectares (vingt rer sous le nez des milles), les pieds dans chiens et à portée d'un la boue et l'eau, car des tireurs, tandis que bande de san¬ dans ce joli pays le ter¬ toute la rain glaiseux garde 1 eau gliers, prenant un grand comme une vaste cu¬ parti, se forlongeait à vette, et les trois quarts troin ou quatre kilomè¬ du chemin se font à la tres de là. nage, le fusil en l'air, On les poursuivit jus¬ pour qu'il ne se mouille qu'au soir et à nuit pas. close nous regagnions Le grand veneur, S. l'auberge ; sur une M. (un des colosses), longue table de 20 cou¬ avait fait le bois avec verts, des plats simples trois piqueurs et les mai- abondants et sains, quatre limiers, et nous satisfirent un appétit avions au rapport un fortement aiguisé, et dix-cors jeunement, nous remirent de nos une bande de sangliers, fatigues; après le dî¬ un vieux solitaire. ner. quatre de ces Remis dans les diffé¬ messieurs nous sonnè¬ rentes enceintes, la rent toutes les fanfares journée promettait d'ê¬ connues. tre chaude. Vingt-qua¬ J'ai bien souvent en- tre chiens en pied se lendu sonner les pro¬ Un des sonneurs. Collant gris d'où sortent des fesseurs de trompe, ou manches Longue-Guôtre. — Monsieur, voilà [le trémoussaient, impa¬ bleues. Culottes de velours, bottes jaunes pied de l'animal dont auquel, etc. tients, sous le fouet des les plus célèbres de la souples. 8 décembre 1866. LA VIE PARISIENNE 683

vénérie impériale, mais rien à mon avis n'était auquel vous avez tué « inertement «dans Ja ligne: comparable. Ce bouquet est l'image de votre cœur, Il y manque une fleur, Je sortis pour mieux saisir l'effet; il faisait un clair Mettez-y la main de lune superbe, et là, dans .cette solitude, à la Il n'y manquera lien. porte de cette auberge perdue, dans les grands bois, j'ai tressailli, et j'ai compris la poésie de ce Total, 25 francs pour les piqueurs (c'est l'usage vers que j'ai si souvent blagué : là-bas), et pas mal de Champagne pour les convives. Voici, cher ami le plus succinctement possible, le récit de mes aventures pendant les quelques jours J'aime le son du cor, le soir, au fond des bois, passés à cinquante lieues de la Vie Parisienne ; j'aurais encore bien des choses à te raconter, à te dire les amours d'un de nos piqueurs et dune saltim¬ Le lendemain, nous lançâmes un cerf et une A giorno. banque de 300 kilos, et à barbe, mais ma lettre biche avec son faon , serait trop lourde, et il mais sans pouvoir les ne me resterait plus tirer ; nous ne pûmes rien à dire pour nos que les voir,majestueu causeries, les deux et gracieux, sorter hors coudes sur la table, en portée ; le troisième fumant notre cigare jour on tua un che¬ après nos petits dîners vreuil. d'intimité.

C'était le premier que La loge aux chèvres. tuait un de nos compa¬ gnons ; aussi, au des¬ LKON G. sert, Longue-Guêtres, undespiqueurs, appor¬ ta sur un plat, devant

le roi de la cbasse , la patte enrubannée et ornée d'un gros bou¬ quet, en lui adressant ce discours digne de passer à la postérité :

« Monsieur, voici le LE RETOUR. pied de l'animal dont La carriole et Corbeau : il est un peu sur nuii devant, m ai a c'est de naissance.

CHOSES ET AUTRES Q/Tr-

Une charmante récréation à Compiègne : — Oui, madame, nous avons fait nos classes ensemble.

— La soirée officielle finit,à dix heures. A dix heures et demie les heureux invités Dans quel lycée, monsieur? — Au de S. M. l'Impératrice se rendent dans les petits appartements. Sa Majesté a manège, madame. voulu que toute étiquette fût bannie des soirées intimes. Beaucoup de dames, à l'exemple de l'Impératrice, quittent l'élégante toilette du soir pour la robe montante. Point de bijoux, rien dans les cheveux. Le salon où se tient Sa Ma¬ jesté est disposé à souhait pour ces réunions où les plaisirs de l'esprit sont — Cette surtout appréciés. pauvre Fanny, son mari vient de lui donner 6,000 fr. pour renou¬ veler le mobilier de sa chambre qu'elle n'aimait plus. On sert le thé vers onze heures, ensuite voici le divertissement imaginé — Est-il possible! Un si bon ménage. par Sa Majesté : — Ce n'est pas tout, il veut qu'elle fasse faire son portrait en pied et qu'elle Tous les noms des invités, écrits sur des petits carrés de vélin, sont jetés et choisisse le peintre le plus en renom. mêlés dans un sac en velours que la plus jeune femme de l'assemblée présente — Plus de doute. Pauvre enfant!! à l'Impératrice. — Et dire qu'elle se « vante » partout des générosités de son mari. Sa Majesté da'gne tirer un des carrés de vélin et la personne dont le nom est — On n'est pas plus innocente. sorti doit conter, pendant « une heure » au moins une chose « absolument inédite. » Vous jugez des péripéties charmantes que ce jeu amené. Au moment du tirage les visages sont à peindre. Les uns expriment une véritable angoisse, les autres un malin plaisir. Avez-vous un royal présent à faire ? Avez-vous deux cent mille francs et une Certaine réputation d'esprit est fort menacée, tandis qu'un» fort modeste journée à votre Mettez votre manteau d'astrakan. femme est devenue une étoile. dépenser? Demandez voiture. Mme X , désignée par le sort, a étonné et Allumez un londrès. — A la gare Première pour charmé tout l'auditoire. d'Orléans. Savigny. Tic, toc, brououou, pisp;'spis. Je me permettrai cependant cette légère observation : le titre, mais le titre seul «l'heure fatale», donné à. la charmante histoire si bien contée par Mme X.,., n'est pas inédit, du moins en Angleterre. — Villeneuve-Saint-Georges. — Juvisy. — Savigny, Savigny. N'est-ce pas que le village est joli? — Ce château magnifique? — C'est la Une présentation : résidence de la maréchale princesse d'Eckmull. Elle l'habite toute l'année, ne

— Permettez-moi, madame, de vous présenter M. de Vert-Luisant, sous recevant guère que ses enfants et petits-enfants, parmi ces derniers la vicom¬ officier au 2« cuirassiers. tesse de Cambacérès et madame la baronne Vigier-Sophie Cruvelli. | Là, der¬

— Au 2e cuirassiers! rière ? — à M. alors, monsieur, vous connaissez mon fils, le maréchal- C'est Grandvaux Vigier. — Vigier, le pair de France ? — Pré¬ des-logis Pernetti? cisément, l'ancien député. — Sur la hauteur, là-bas 1 — L'habitation de 684 LA VIE PARISIENNE 8 décembre 1866.

On descend à la station : restent ou M. Ricord. — Le médecin ? — Lui-môme. — Et cette belle propriété? — La l'Ouest. de Pontoise deux trois kilomètres maison de Mme Andréa, c'est là où je vous conduis. à faire à pied, en voiture ou en omnibus, car les patineurs devront ménager Drelin, drelin... leurs jambes. Demandez la grille de la Friche. Elle est ouverte, par ordre de ? ? ? ? l'hospitalier châtelain, M. Riostot. La bannière du Cercle Nautique, d'azur et

— Nous désirons visiter la propriété. d'argent, est arborée. Les courses ont lieu, le temps l'a permis. Montrez votie — Ces messieurs ont-ils un permis de la princesse ? billet, pris à l'avance, comme pour les bons spectacles, ou votre carte de

— Voici. membre d'une Société desport, et enfilez cette avenue princière, elle mène au

— lac et au Quelle princesse, vous disiez madame Andréa ? — Elle est mariée château, et.... bien du succès, cher «patineur!!» depuis quelque temps ai prince 0..., et c'est depuis son mariage qu'elle amis en vente cette propriété. — Ce parc est très joli. — N'est-ce pas? Il a été dessiné par Paul N >ir. — Tiens!!! — Tournez-vous. — Oli ! — Et par ici. — Féerique ! admirable ! C i peiit palais en marbre blanc, avec terrasse à l'italienne, portique, En traversant l'autre jour le Jardin des Tuileries j'ai aperçu le nouveau colonnes, etc., eic., qu'on découvre tout à coup comme un palais de fée, est à pavillon du bord de l'eau. C'est un fameux gailhrd que ce pavillon, et quand l'intérieur une meiveille de confort et d'élégance, vous en jimerez tout à on songe au travail que représente l'accumulation de toutes ces pierres tail¬ l'heure. C'était l'habitation particulière de Mme Andréa. Cett ■ autre jolie lées, on hésite, à lancer sa petite critique, Voici cependant ia mienne. maison toute recouverte d'un treillage vert, avec son clocheton doré, et qu'on Imaginez un suisse d'église somptueusement paré pour la cérémonie, empa¬ appelle : La cage du prince — sans d.ute à cause du treillage qui la recouvre naché, coiffé, frisé, brodé d'or, surchargé d'épanlettes, d'emblèmes, etc., mt'is entièrement, et aussi parce que le prince l'habitait lorsqu'il séjournait qui, par négligence, aurait oublié de metire ses souliers, ses bas et son caleçon, chez Mme Andréa, est à l'intérieur la réalisation d'un rêve des Mille et une et qui, par conséquent, aurait les jambes absolument nues. Voilà l'effet que Nuits. La troisième maison, là, à droite, dite la maison rose, à cause du marbre produit le nouveau pavillon. Tout en haut, rien en bas. La tête va au bal, les rose dont elle est entièrement revêtue, servait de résidence aux nombreux pieds sortent du lit. Il v'siteurs . y a probablement à cette singularité une question de haute es'hétique, car l ien ne Tout cela est ravissant et excentrique au possible. Ces trois petits palais se fait à la légère dans les questions de pierre de tai le. — Bien jé'és dans un parc à trente mètres les nus des autres, cette jolie rivière... certàmcunént, il y a une raison, puisque je retrouve le môme... — je n'ose pas — C'est l'Orge. dire défaut — dans toutes les constructions du i ouveati . — Ces pièces d'eau, ces cygnes... Les com'ïli s ressemblent à une boutique de bijoutier e t le rez-de-chaussée à I \ — Et la ferme là-bas, sur le côté. une fortificat on;—• moi je trouve cela laid, m;

■ 1 — Et vous dites?

— Ma foi, j'ai entendu parler de 200,000 francs. — C'est pour rien. Puisque nous causons embellissements de Paris, laissez-moi vous donner un conseil. Prenez votre canne, voire chapeau et allez place Maubert. Mettez des bottes solides, car vous aurez à escalader des décombres et à marcher dans la boue; mais le « La Revue des eaux « nous annonce des « Courses de Patineurs. « spectacle qui vous attend vaut la course. On trace là à travers la rue Ces courses auraie.it lieu, dit cejo'irnal, «dans » la pièce d'eau du ch⬠Suint-Victor, passant derrière l'Ecol9 Polytechnique un boulevard qu'on ap¬ teau d'Osuy. Espérons qu'on se contentera le les faire « sur » la pièce d'eau. pelle enfin, un boulevard. Vous ne vous imaginez pas l'effet pittoresque et vraiment Nos patineurs parisiens auront ainsi l'occasion de mesurer leur vit sse, grand de cette effroyable tranchée, de ce gigantesque coup de pioche leur adresse et leur élégance, si le temps le permet. en plein vieux Paris, ce qui apparaît de masures, de pans de murs d'un autre Cette phrase est de rigueur chez nous, pour les aréostats, les courses de âge, de vieilles pierres noires, de ferrures étranges! Y a-t-1 eu là un siège? voiles et les joutes au patin. On l'a trop souvent oubliée Quelle est la bête antédiluvienne qui s'est vautrée parmi ces ruines? Sont-ce des volées de mitraille L'an passé s'est établi à Paris un club des patineurs. Un turf, un pavillon, qui ont pulvérisé tout ceia, ou bien quelque volcan a- t-i1 secoué sa croûte ? une piste superbe ont été créés à Madrid, au bois d3 Boulogne. La pièce Le terrain est accidenté et aioute encore à d'eau n'a que 20 centimètres de profondeur ; il y a peu de risque à courir si l'aspect de ce chaos au milieu du¬ l'on patine « dedans. » L'ordonnance fut parfaite. Mais il ne manqua qu'une quel grouillent et piochent des centaines d'ouvriers. A droite, tout en haut, se dresse le vieux mur sombre de chose, une seule chose : pas le moindre jour de gelée ne vint solidifier 5a l'Ecole,qui, du coup voit le soleil et va se sécher un calme surface du lac. Faute de glace, on tira au pigeon. Ce fut une faible peu; dans le lointain, des arbres, une coupole toute bleue, vaporeuse et lointaine comme en consolation pour une société de patineurs. pleine campagne. Con.ire Cette année les frimas sot t à l'ordie du jour météréologique. Cela est si je laisserais tout cela dans cet état-là. Les maisons qu'on va construire vont tout évident que ni M. Babinet, ni M. Leverier n'out cru devoir se prononcer à cet gâter. Dépêchez-vous d'aller vous promener par là. Uo jour de retard vous égard. • et n'aurez plus qu'un boulevard. Aussi les patineurs s'apprêtent pour une revanche éclatante-, ils iront à Pour le moment c'est vraiment beau. Comment se fait-il qu'il ne se trouve Osny prendre rang et mesurer leurs lorces dans des courses d'essai, que l'on pis un peintre pour reproduire ce cataclysme si bien réussi par un effet du n'avait pas encore tentées sous notre latitude. matin ou du soir? Il y a là le plus étrange des tableaux. « L'imprésario » est le « cercle nautique. » Sa mission est d'encourager les exercices naut ques; au nombre desquels se range, il paraît, l'exercice du « patinage, » à côté de celui de la « natation. » Cette confraternité nous à quelque p^u effrayés. Nous nous somme3 enquis des conditions du turf. N'oubliez pas en passant d'entrer dans l'église qui est à gauche et dont les Un niveau constant de 80 centimètres de profondeur en maximum, une piste démolitions mettent à découvert la petite entrée à laquelle on parvient par un de 500 mètres de tour, des rives à pentes fort douces formées par de riches vieux perron de quatre ou cinq marches usées, munies d'une rampe en fer, pelouses, une var grands une perspective belle été ds arbres, forment des qui, peu à peu, s'est fondue sous le frottement des mains. A droite de ce per¬ plus pittore-ques; un à petite portée; un qui a château hospitalier comité fait ron, tout près de terre, vous verez dans le mur une sorte de niche fermée par ses preuves et façonné aux habitudes du « sport,» un médecin des hôpitaux et des barreaux en fer et qui fait songer au fameux chapitre — « le Trou au rat »

moyens en vue — quelques de sauvetage des accidents, c'est-à-dire des échelles de Notre-Dame de Paris. Cette niche était, en effet, un de ces asile3 nom¬ et une longue munie de flotteurs, des feux et des cordiaux, des armes corde breux alors dans Paris où les grands affligés venaient attendre la mort sous les pour marquer trous et la serait les à poissons les endroits dont glace faible. j eux despassar.ls. Nous sommes rassurés ! ! Mais entrez dans l'église, et dans une des chapelles de gauche vous trouve¬ Osny est dans une vallée des plus coquettes, formée par le cours d'un petit rez un tombeau extrêmement curieux, celui de ia mère du peintre Lebrun. rû nommé le m Viosue, » un affluent de l'Oise et que le nouveau chemin de fer Ce tombeau fut sans doute exécuté d'après les dessins du peintre. Il est en de Paris à Dieppe, par Gisors, est en train de dévaster. Horrible amour de la marbre de couleur, la pierre est soulevée et la morte redressée, ressuscitant locomotive pour les vallons pittoresques!! Terrible embrassement de la sous son linceuil, joint les mains et lève les yeux vers l'ange de la résurrec¬ houille avec ses compères les arbres séculaires !! tion. L'ange n'est pas bon, mais la vieille femme est magnifique et l'en¬ semble est d'un effet extrêmement Osny renferme ce vieux château qui porte le même nom, son parc que le dramatique. Ce tombeau est peu connu. prince de Lameth dessina à l'anglaise à son retour de la guerre d'Amérique, Puisque l'occasion se présente, allez le voir. le château de Busagny, résidence de la famille des Nicolaï, une splendide ch⬠taigneraie, des moulins coquets, des bois ombrageant une source ferrugineuse, la tombe d'un général prussien, celle d'un Lameth, etc.

Je vous recommande, à la porte du parc, le long de la Viosne, dans une X. m'aborde l'autre jour avec un sérieux et un air d'intérêt qui captivent futaie charmante par ses chênes, ses roches et ses lierres, un abri qui forme tout d'abord mon attention. — Je sais, me dit-il à demi-voix, que ce qui em¬ voûte sur le sentier-, de cette arche, s'élancent trois jets séculaires; on dirait barrasse le plus un écrivain c'est le choix du sujet; aussi, ajoute-t-il avec la le trident de Neptune, une sorte de diadème à l'usage des géants Scandinaves. désinvolture d'un homme qui vous offre le sacrifice de sa vie sans rétribution, Je connais peu d'endroits aussi convenables pour y perdre une journée. je viens vous proposer de parler dans votre journal de ma collection, si cela On arrive à Osny par le chemin de fer du Nord ou par le chemin de fer de peut vous faire plaisir. 8 décembre 1866. LA VIE PARISIENNE 685

Vous pouvez être sûr, cher ami, dis-je avec élan, que j'en parlerai; et j'ai tenu parole. PETITE CHRONIQUE

II y a des gens qui ne croient pas à la prédestination. Lasnmaine a été féconde en premières représentations. « Maison neuve,» « la Les Augusiniens et les Thomistes ont vouiu qu'elle fût gratuite, les W!oli- Reine Cotillon» et «Gavant,» le grand Gayant. C'était plus qu'il n'en fallait pour nistes ou Congruisies, qu'elle fu; conditionnelle, c'est-à-dire subordonnée à la met re en mouvement toutes nos bonnes fais' uses. Au-si la maison Delacroix prévision du créateur sur le mérite de tel e ou telle âme. Pour moi, j'y crois (k rue de la Bourse) était-elle en émoi. A grand peine ai-je pu y prendre comme un musulman, frans aucune réserve- quelques notes, au milieu delà foule qui circulait dans les divers salons. ; en Voyez plutôt Deux frères provençaux, remplis, outre, des qualités spé¬ J'ai remarqué d'nbord une lobe très originale et seyante. — Sur une jupe ciales , vus peu mois qui l'ont les bons mari se sont abandonnés à de d'inter¬ en satin mari on, surmontée d'un corsage u ontant, de pareille étoffe, repose valles par leurs femmes respect., ives. une jupe cour te de forme princesse, en velours anglais marron, dentelée par le Une de ces dames, qui est avant tout une femme bien élevée, et qui ne bas et retenue sur chaque couture par des ganses de couleur marron que ter- voudrait pas pour tout au monde ma- quer à ses devoirs de politesse, a écrit à min nt des glands. Cet e jupe est surmontée d'un petit corsage dentelé, très son mari les mots suivants datés de i\ew-York : « Nous sommes heureux ; il ne bas, en velours marron. Est-ce un corsage, est-ce une ceinture? Je n'oserais manque que vous pour compléter notre bonheur.» me prononcer, mais rien n'est plus gr cieux. On porte avec cette robe un La femme de l'autre frère, plus sérieuse que sa belle-sœur, a fait annoncer petit paletot en velours ang'a;s doublé de soie, orné.de ganses et de gros à son mari qu'elle venait de mourir à Paris, sans doute afin de pouvoir y boutons. Le tout revient à environ 260 fr. vivre tranquille. Il y avait encore une robe de satin noir, à longue traîne garnie de poches Louis XIV ornées de rayons de jais ; Je haut du corsage et les manches sont Les deux frères sont des anges de piété ; l'un adressa de ferventes prières à ornés aussi de rayons de jais très Notre-Dame-de-Recouvrance ; l'autre fit faire un service pour le repos de ingénieusement disposés. Cette robe est d'un grand effnt par sa simplicité même. l'âme de sa femme, qui n'en a jamais eu si peu besoin. — Il allat même fon¬ Puis enfin une robe de velours noir, garnie de gros boutons en vieil argent der une messe perpétuelle pour soulager son âme, quand il apprit que celle dont le prix très bas m'a vivement étonné. Elle coûte, je crois, &00 fr. qu'il croyait au fin fond du purgatoire était au beau milieu du paradis des La maison Delacroix nous a, du reste dt' s longtemps, accoutumées à ces femmes, avec un homme. sortes de surprises. Elle fait assez bien pour donner le ton à la mode et ne profite de sa. vogue que pour ré luire ses prix. N'ai-je point d5jà parlé ici de cette robe en f iye noire, forme princesse, garnie de passementeries, que la maison Delacroix établit pour 120 fr?. C'est tout simplement incroyable. Un docteur célèbre vient de se brduiller avec un de ses meilleurs clients, homme d'une rare élégance, mais d'une trop grande susceptibilité. — C'est une chose bizarre, disait C... à son médecin, je ne peux souffrir la soupe à la tortue, que tout le monde regarde pourtant comme une chose ex¬ Vous êtes-vous jamais demandé, madame, par quelle série de transformations cellente. ce corail sorti brut du plus profond des entrailles de l'Océan arrive à faire

— un ries C'est une idiosyncrastie, dit sans mauvaise intention le docteur. p'us gracieux ornements de votre toilette? C'est ce sentiment de curiosité qui m'avait poussé l'autre jour, passant dans C...,se contenant de toutes ses forces, répliqua au docteur stupéfait qu'il la rue de la Chaussée-d'Antin, à entrer dans le magasin de messieurs dé Foy tolérait la plaisanterie, mais jusqu'à un certain point. et Comp., au numéro 15. On voit là, et c'est curieux, la branche de corail à son origine, à sa nais¬ sance ; on suit avec intérêt toutes les phases qu'elle traverse, puis on l'admire enfin, ce corail, rouge comme vos lèvres, monté en colliers, en bracelets, en brillantes parures. On sait que M. Veuillot a déserté les lettres pour l'industrie, à l'instar de J'avoue qu'au commencement dénia visite je redoutais une certaine mono¬ Siraudin; mais cette comparaison, outre qu'elle est peut-être sacrilège, man¬ tonie dans le paysage : du corail, et encore du corail, m'étais-je dit, cela doit que de justesse, attendu que Siraudin confit lui-même, tandis que M. Veuillot varier foit peu. est confit en vous savez quoi. Erreur. — Il y a variété dans la couleur, rose ou rouge vif, dans la force L'illustre polémiste tient désormais la parfumerie. et dans la forme des grains, dans leur monture, et rien n'est, plus curieux comme de faire ces Il a déjà mis en vente les « parfums de Rome. » rapprochements chez MM. de Foy, qui possèdent la plus magnifique collection de coraux qu'il m'ait jamais été donné d'examiner. L'éminent parfumeur-chimiste va faire Je tour de l'Europe, une canne à la J'y ai r-, marqué une parure composée d'un collier avec plaques garni do main, dans le but de distiller au bain-marie les principales villes de l'Europe. pendeloques retombantes ; le bracelet pareil, une parure style Camparia, une Il nous fera successivement passer devant le-nez l'extrait-double Ce Pétersbourg, autre en corail sculpté, toutes trois fort belles; puis à côté de cela des garnitures la poudre de Berlin (à base de salpêtre), « l'esprit rectifié » dj Florence, d'ombre les et de robes, des épingles de manchettes, etc., etc. Je n>e propose le « baume » de Naples. « l'arôme concentré » de Marseille (Passons!) « le d'en reparler ici la semaine prochaine, car le sujet est des plus intéressants à bouquet » de Vienne, l'huile de Madrid, l'essence de Londres (traitée par l'al¬ l'approche des étrennes. cool), et enfin, les v senteurs de Paris. » — Hum!! Mais ne nous alambiquons pas l'esprit. — Paris, cela sent le fagot, n'est-ce pas, maître?

La Maison Susse frères, place de la Bourse, vient d'ouvrir son exposition des étrennes universelles pour 1867: tout ce que l'art et l'industrie ont produit de plus parfait et de plus élégant en bronzes d'art, p ndules, fantaisies de goût, — Un loyal intendant èn retraite.... ébénisterie, maroquinerie, papeterie de Juxe, librairie illustrée et jouets d'en¬

— Pourquoi 'oyal ? fant, se trouve réuni dans ces gale/ies artistiques; pour la garantie de — Ne m'interrompez pas, je vous prie, il est loyal, attendu qu'il n'a quitté l'acheteur tous les prix sont marqués en chilïres et une prime d'un portrait- l'hôtel de B...., avec trente mille livres de rente, que pour restituer à l'hé¬ carte en photographie ou un almanach bijou est offert pour toute acquisition ritier de son ancien maître la fortune que ce dernier aurait inf.-ilii lement per¬ s'élevant au dessus de 10 fr. due A tous nos abonnés par son aveugle confiance, s'il avait eu aif.ireà un véritable coquin ; — qui ont des étrennes à donner nous conseillons d'aller ajoutez qu'il s'y est pris de la fiçonla plus délicate pour rendre au jeune faire une visite dans ces magasins à la mode où ils trouveront largement à faire comte de B.... le domaine de ses pères, c'est-à-dire en lui donnant sa fille leur choix. eu mariage. Ainsi, par le fait, il n'a presque rien gardé pour lui. Il peut main¬ tenant serrer la main des honnêtes gens, puisqu'il ne lui reste plus rien aux doigts. Vous vous récriez, et vous dites qu'un tel trait mérite le prix Montyon. Comme nous l'avions annoncé, la Société générale de photosculpture a ouvert de nouveaux au — salons deuxième étage du boulevard des Capucines J'en connais de moins méritoires; mais, en fait de lauriers, mon homme (n. 35). On peut dès à pré eut, y voir bon nombre de statuettes, bustes ou de confiance se contente d'une couronne de comtesse pour sa fille. médaillons obtenus par ce curieux procédé, et dont la plupart sont excessive¬ ment remarquables. X..

Nous avons enfin sous les yeux « l'Art de faire le point de Venise » par Henri (de la Pensée), un tout petit livre quia eu la singulière bonne fortune de voir sa première édition épuisée le jour même de sa mise en vente; bonne fortune qui s'explique très bien par l'intérêt du texte, orné de jolies gravures , 686 LA YIE PARISIENNE 8 décembre 1866.

« L'art de faire le Venise » se 1 c. au point de vend fr. 50 magasin de la 11 n'y a plus de corset en vogue, car la ceinture régpnle règne main¬ Pensée, faubourg Saiut-Honoré, 5. Avis à nos lectrices. tenant dans tous les pays où peut exister une femme élégante. 11 est vrai que cette création artistique est bien aussi un corset; mais ce corset est si mignon, si délicat de forme, qu'on ne saurait lui trouver rien de commun avec les cuirasses d'autrefois. C'est la ceinture régente qui donne aujourd'hui aux femmes cette li¬ AuxFolies-MarigL'jy, la revue «les Canards l'ont bien passée >< va bientôt berté d'allures faisant le genre actu 1. C'est au-si cette jolie création remplacer les succès delà Vipérine et de Gr din de Pigoclie. qui ménage la santé des femmes, tout en leur amincissant la taille. Voilà bien des motifs de succès. Ce succès a donné lieu à de nouvelles contrefaçons, qu'il faut sa¬ voir éviter en faisant directement sa commande à Moues de Vertus sœurs, 31, Chaussée-d'Antin. Voieila j.luie et le froid; il faut la botte de chevreau, si ce n'est celle de chagrin. Petit, l'artiste en chaussures, fait sur commande les MODES DU JOUR bottes les plus mignardes et les mieux cambrées qu'on puisse rêver. On continue à porter la. bottine assortie à la robe. La chaussure à talon Louis XV est la plus élégante et la plus avantageuse. Pour l'appartement, on chausse la mule de velours, qui accompagne l'élégant négligé, ou le soulier de velours, forme Fénêlon, orné d'un large papillon d'acier ou de jais. Pour toilette de ville, la soierie en vogue est une haute nouveauté Pour aller dîner en ville ou pour aller au bal, on met ses pieds de la Compagnie Lyonnaise : l'étoffe aiguille. chausés de satin dans le pardessus, un élégant soulier de satin noir qui C'est à la fois original et riche; on peut ajouter que c'est fort joli. se rabat à la cheville pour former revers bleus ou rouges. Figurez-vous une multitudejîd'aiguilles d'une nuance quelconque, jetées Pour toilettes de cou «ses, lJetit (ai' de provocantes bottes à hauts talons. Elles sont pêle-mêle sur un fond sombre, et vous aurez à peu près l'effït de celle ornées à la cheville par un revers illustré de têtes création d'hier, de chevaux. Tous les boutons ^présentent également des têtes de chevaux. On remarque aussi à la Compagnie Lyonnaise, de splendides soieries Celles de nos jolies lectrices avec semis dejbouquets de grandeur naturelle et de toutes nuances; qui voudraient avoir, grâce à Pet't, le des soieries chinées ou rayées, et des moires qui représenteront les pied de Ondrillon, n\nt qu'à lui envoyer comme modèle une an¬ cienne chaussure à sa maison d« la rue richesses de la mode cet hiver. Saint-Iionoré, 336. Les mode* d'enfants sont aussi choses importantes aujourd'hui. On Par!erai-je des riches sorties de bal qui s'étalent déjà derrière les P'uts'en convaincre chez Mme E>>iilie liesrrz, où l'on trouve en rédac¬ glaces de l'un des deux hémicycles. Ceci devient presque inutile, car tion la mode dans ses plus charmants détails. les lectrices de la Vie Parisienne représentent en partie l'aristscrati- J'ai vu, pour petites filles, de très coquets costumes, parmi les¬ que clientèle de la Compagnie Lyonnaise, et ces dames n'attendant pas, quels je cite : en général, quand il s'agit de s'armer de toutes pièces à l'entrée d'une Petit costume en cachemire blanc, sur lequel tranche une tunique saison où chacune veut conquérir une part de succès. bleue en popeline de soie. La jupe blanche est terminée par un volant Les chapeaux et les coiffures de Mme Moiliè obtiennent en ce mo¬ plissé. La tunique, bien plus courte, se découpe en créneaux. Elle est ment un succès bien justifié. complétée par une ceinture à créneaux, tranchant surle corsage bl-mc Les coiffures d'Opéra ou d'Italiens offrent une variété de disposi¬ dont ja manche ajustée est terminée par un petit plissé. Ce costume tions très heureuses, ainsi que l'on en peut juger par les descriptions est fermé devant par des boutons bleus. bien imparfaites que je tente d'en faire. Il est un vêtement très en vogue, dont le cachet de distinction est incontestable : c'est un Pouf en velours vert de la grandeur d'un gros camélia, ayant pour paletot typique de la Bretagne en petit drap blanc bouclé. cœur une fleur de perles. Autour de cette fleur de convention, retom¬ Demi-cintré et doublé de bent des pendeloques en perles faisant sequins. Un long voile de tulle drap écarlate, ce paletot est encadré d'une blanc, avec ourlet perlé, complète cette originale création, d'un goût triple piqûre rouge, qui se reproduit aussi sur le tour des poches, oriental. l'épaulette, le tour des manches et le scapulaire. J'ai remarqué au Comptoir de tailleur pourenfants de la même mai¬ Un autre pouf, un peu plus grand, est composé de velours ponceau, son, — 186, rue de Rivoli, — un costume dont le pantalon est rem¬ de blonde et d'un carré de Chantilly, retombant sur le chignon en pe¬ tit voile. Une placé par la culotte courte, non bouffante, boutonnée ou bouclée. grappe de raisin de Corinthe couronne cette coiffure, Pour les soins de la beauté, d'où retombent des je conseillerai toujours l'emploi des pendeloques de jais. excellents produits de la maison Violet (à la Pleine des Abeilles), Les coiffures de dîners e*, de réunions se rapprochent naturellement fournisseur de S. M. l'Impératrice; je cite notamment, parmi les des coiffures de bal. principales compositions, toute la parfumerie aux violettes d'Italie, contenant l'acidulé de violettes J'ai vu, — toujours dans les élégants salons de la rue Le Peletier, ; — l'eau de beauté de l'Impératrice, 19, —une petite couronne ronde de blanches fleurettes des bois dans un lait de feuilles de roses ; — l'eau royale de Thridace distillée du suc bienfaisant de leur vert feuillage, à laquelle est enchevêtré un triple rang de grosses la laitue; — la crème Pompadour, qui efface les rlonne au velouté de perles retombant sur le chignon. Cette couronne, fermée à peine, se rides et teint le la jeunesse ; — la crème froide termine par une traîne des mêmes fleurs, qui flotte en longue guide aux lys de Kachmyr, remplaçant le Coid cream et la Poudre aux sur la jupe. fleurs de lys, qui donnent à la peau l'éclat et le duvet des fleurs. Mes lectrices Les chapeaux de Mme Moitié sont aussi remarquables que ses coif¬ n'ignorent pas que M. Louis Claye est l'auteur d'un livre intitulé : « Les Talismans de fures. C'est surtout sa catalane à mantille espagnole qu'on recherche. beauté, » aussi intéressant par les détails Nulle autre création ne saurait avoir cet hiver le même succès. historiques ou spéciaux que précieux par les conseils excel¬ lents qu il renferme sur Je choix et l'emploi des différents cosmé¬ Le costume mettant plus que jamais le foulard des Indes en vogue, tiques. Cet ouvrage, indispensable à toute femme coquette, se trouve nous passerons en revue les nouveautés de la Colonie des Indes, 53, au siège de la parfumerie Violet, dont M. Louis rue de Rivoli. Claye est le directeur (317, rue Siiint-Deni-). Parlons d'abord des nuances unies. Ce que M. Louis Claye a oublié dans son livre, c'est un talisman C'est le violet, le noir, le gris, le bleu et le rouge qui sont, pour de beauté dont je ne saurais taire ici les merveilleux effets. Je veux costumes, les couleurs les plus admises. parler du lait antéphélique de Candès. Il y a deux manières de l'em¬ J'ai vu des foulards de différents gris s'harmonisant très bien avec ployer, selon le résultat qu'on en attend. Vous, madame, qui avez un teint frais et le bleu. Ce sont les gris mode, gris-de-fer, gris perle et cendré de rose, la peau fine et blanche, vous n'en ferez usage qu'à essentiellement rose. titre d'eau de toilette propre à vous conserver fraîche et belle. Mais si, par malheur, quelques « taches de son, » quelques Comme rouge, il y a le ponceau, la groseille et le pourpre. points rougeâtres venaient à se montrer, ne vous inquiétez pas; c'est On continue à porter beaucoup de rayures de tous genres : mille ici que l'intervention du lait antéphélique est décisive et sans- pa¬ raies, pékins, larges raies fleuries et rayures cachemire. reille. Lisez, à ce sujet, la petite brochure publiée par M. Candès On choisit toujours aussi les pois et les pastilles, tout cela prêtant (?6, boulevard Saint-Denis). Elle vous sera adressée franco sur simple admirablement au costume. demande, Pour robes de visites, je signale : Vicomtesse de •** Un fond violet très éclatant, avec semis de délicates marguerites blanches ; Un semis d'églantines de toutes nuances, sur fond noir; Un semis de gros boutons de roses sur semis de myosotis. J'en citerais longtemps ainsi et des plus beaux. Mieux vaut que mes lectrices demandent les échantillons, qui leur arriveront franco partout où elles se trouvent. On me demande quel est, en ce moment, le corset en vogue.

Propriétaire-Gérant, MARCELIN. Jmp. KUGELMANN, 13, rue Grange-Batelière,