Étude sur quelques éléments figuratifs des statues- et stèles européennes du Néolithique à l'Age du Bronze

Lhonneux Tatiana

Master en histoire de l'art et archéologie Orientation générale – Option générale – Finalité approfondie

Directeur : Pierre Noiret Lecteurs : Marcel Otte – Nicolas Cauwe

Volume I

Université de Liège – Faculté de Philosophie et Lettres Année académique 2018-2019 Remerciements

Ce mémoire est l’aboutissement d’un long parcours que je n’aurais pas pu réaliser seule. Aussi je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à l’accomplissement de ce cheminement.

Au terme de ce travail, je tiens à exprimer ma profonde gratitude à Monsieur Noiret qui, en tant que Directeur de mémoire, s’est toujours montré à l’écoute et disponible. Je le remercie pour l’aide et le temps qu’il a bien voulu me consacrer et sans qui ce mémoire n’aurait jamais vu le jour.

Je voudrais saisir cette occasion pour témoigner toute ma reconnaissance à Monsieur Otte, pour ses précieux conseils dans mes recherches et questionnements. Je le remercie également pour le prêt de l'ouvrage sur les stèles provençales ; ouvrage faisant partie de sa collection personnelle. Dans cette même lancée, je remercie également Monsieur Cauwe d'avoir su me rediriger sur la bonne voie dans l'élaboration de mon travail et d'avoir su me remotiver pour le finaliser.

Je tiens à exprimer ma gratitude aux quelques musées, qui m'ont aimablement répondu sur la localisation de certaines statues-menhirs et stèles, ainsi que m’avoir fourni quelques références bibliographiques fort utiles.

Je remercie Josette Petiniot et Annie Bawin pour leur relecture indispensable et, en particulier, pour leur capacité à repérer les formulations maladroites.

Je remercie spécialement Elise Jacquemin, qui fut la première personne à m'avoir fait découvrir les cours d'histoire de l'art et, par là, ma passion pour l'art. Je lui suis reconnaissante également pour la photographie qu'elle m'a envoyée ; la fameuse statue-, exposée dans un musée lors de son voyage en Chine. Je tiens à remercier tout particulièrement ma famille qui m’a accordé la liberté d’action et la patience nécessaires pour mener à bien ce travail. Je remercie particulièrement ma maman pour m’avoir encouragée et permis d’entreprendre mon en Histoire de l'art. Sans elle, je n’en serais pas là. Je la remercie également de m'avoir épaulée moralement chaque jour dans la construction de ce mémoire.

1 Je tiens enfin à exprimer ma gratitude à ma sœur, Amandine Lhonneux, d'avoir su récupérer la totalité de mes dossiers de mon mémoire lors de la cassure de ma clé USB. Sans son aide, j'aurais sûrement abandonné la pari de rendre ce travail conséquent.

À Thierry Bawin et à Anthony Maillot, pour leur aide précieuse, surtout dans cette période éprouvante qu’est la dernière ligne droite.

J'adresse mes plus sincères remerciements à tous mes proches et amis, qui m'ont toujours encouragée au cours de la réalisation de ce travail.

Je n’oublie bien évidemment pas mes camarades de formation et les remercie chaleureusement pour tous ces agréables moments passés ensemble. Grâce aux membres du Cercle d'histoire de l'art, d'archéologie et de muséologie, j'ai pu me déplacer jusqu'à Lisbonne, en espérant apercevoir des stèles et d'en faire le relevé. Malheureusement, ces dernières n'étaient pas visibles dans les collections du Musée archéologique de Lisbonne (elles étaient probablement rangées en réserves ou données en prêt à un autre musée).

"Si tu perds espoir, Ton courage va retomber. Relève-toi ce soir, N'oublie pas qui tu es." "Lève-toi, soldat! Il reste encore un combat! Et tu dois... gagner! Oui! Pour la liberté!" (Bryan Adams, « Sonne le clairon »)

2 I. Introduction

Les statues-menhirs sont des monuments anthropomorphes aux figurations, principalement dans la région du Rouergat en . Ce travail a pour buts, d'une part, de mener le lecteur à s'interroger sur la nature de ces représentations et, d'autre part, de mettre en évidence les associations les plus fréquentes des éléments gravés/sculptés qui permettraient de déterminer le sexe de la statue, ainsi que la période chronologique concordante ; soit le Néolithique soit le Chalcolithique soit l'âge du Bronze. Pour atteindre ces objectifs, la première partie sera centralisée sur une description des différents éléments figuratifs observés, soulevant encore de nombreux questionnements. Ensuite, la seconde partie sera focalisée sur une analyse d'interprétations des différentes figurations décrites précédemment et sur une confrontation d'ensemble d'éléments représentés de façon répétitive.

Ce travail, organisé en quatre parties distinctes, se fonde sur l'étude d'un corpus de 218 monuments, tous européens. Ce corpus est rassemblé dans un catalogue rassemblant les clichés des monuments européens (volume III), faisant écho au catalogue descriptif de chacune de ces pièces (volume II). Ce dernier les classe d'après la période historique, le type de monuments (stèles ou statues-menhirs), le pays, la région et un élément figuratif particulier. Le volume I rend compte des différents thèmes de gravures/, de leur répartition géographique, de leur chronologie ainsi que des diverses problématiques que pose ce type de monuments. Chaque partie est complétée par des relevés à la main basés sur les clichés décrits regroupés dans des catalogues (volumes II et III), par de nombreux tableaux, des histogrammes et par quelques questionnements/interprétations personnel(le)s.

La première partie, centrée sur la définition et la description des différents types de monuments, se penche d'abord sur : qu'est-ce qu'une statue-menhir et une stèle ? Comment sont- elles réalisées ? Que pourraient-elles représenter ? Pour poursuivre ensuite avec leurs répartitions géographiques et les problèmes de datation. La deuxième partie traitant des éléments anatomiques propose une étude sur les types de figurations et postures les plus fréquents. Ainsi pour le visage : que signifie la forme en « T » ? Peut-on la retrouver dans d'autres régions géographiques ? Le visage présente-il des tatouages ou des scarifications? Est- ce un indicateur du port d'un masque ?

3 Ou encore, à propos des membres comment interpréter le positionnement des bras (les statues aux bras relevés sont-elles représentées en adorateur ?). Ou, comment interpréter la représentation des jambes (les statues sont-elles assises ou est-ce un problème de réalisation de la figuration?). Les « crochets-omoplates » représentent-ils des omoplates réelles ? Quelles sont les statues portant une chevelure et une colonne vertébrale ? Est-il possible de distinguer ces deux éléments ? La troisième partie se focalise plus particulièrement sur les problématiques liées aux accessoires (collier, voile, « pendeloque en Y », « objet »). Est-il possible de faire une distinction entre les colliers, le voile et les côtes ? Sur quoi pouvons-nous nous baser ? Quels sont les rôles des « pendeloques en Y » et les « objets » ? Est-il possible de les identifier et de comprendre leur utilité ? Cette partie aborde également l'étude typologique des armes et leur emplacement sur la statue. La quatrième est réservée à l'interprétation personnelle basée sur une analyse d'associations préférentielles. La dernière est centrée sur l'étude de la chronologie des monuments afin de constater s'il y a des changements chronologiques, en se basant sur les recherches fournies et les observations indiquées.

Il me paraît important de préciser que la documentation réunie pour effectuer ce travail est uniquement bibliographique et iconographique. La possibilité d'observer le matériel archéologique ne s'est pas présentée. Il est vrai que j'ai tenté de voir les monuments du Portugal dans le Musée National Archéologique de Lisbonne. Toutefois, ils étaient absents dans les expositions. Ma perception ne peut donc qu'être tronquée. Les 218 pièces rassemblées sont néanmoins une documentation considérable ; permettant d'atteindre les objectifs choisis. Il serait, toutefois, nécessaire de poursuivre cette documentation dans des conditions privilégiées, au sein même des musées afin d'y découvrir des objets inédits, tels que la statue du Musée national de Chine (non inconnu) (annexe 1). Il faut signaler que des monuments aperçus dans certaines bibliographies n'ont pas été retenus, en raison de la médiocrité du cliché, ou de l'insuffisance de documentation ou encore de l'ignorance de leur emplacement, voire de leur existence. Seules quelques photographies provenant des pays de l'est sont maintenues dans le catalogue d'images puisqu'il est fort difficile de trouver de la documentation à leur sujet. De même, les statues-menhirs datant de l'Age du Fer n'ont pas été sélectionnées puisque cette étude est essentiellement centrée sur les périodes allant du Néolithique à l'âge du Bronze.

4 II. Notions

A l'aube du Ve millénaire av. J-C, une statuaire en pierre de taille humaine apparaît en dans un monde agricole, présentant de nombreux mystères non élucidés1. Ces pierres mystérieuses sont entourées de multiples légendes, dès l'Antiquité et durant tout le Moyen-Age. Ce sont des témoins des cultes païens, « exorcisés » par des signes chrétiens pour certains2 et brisés, voire détruits pour d'autres, à cause d'une contestation sociale (rupture de hiérarchie par exemple) ou religieuse (désacralisation du monument, notamment). Ces monuments de 0,5 à 4 mètres de haut, voire plus parfois, présentaient une figure humaine, souvent ébauchée. Ils portent certains traits anatomiques, des attributs « réels3 » ou « votifs4 ». Ils se développent essentiellement vers la fin du Néolithique (IVe et IIIe millénaires av. J-C)5. Certaines de ces statues masculines, portant l' « objet » seront transformées en monuments féminins par l'ajout de seins, de colliers et de pendeloques. L' «objet » a été soigneusement effacé pour laisser la place aux autres attributs et accessoires féminins6.

1. Définitions

Il est important de faire une distinction entre les statues-menhirs et les stèles, présentant quelques caractères divergents. De nombreuses définitions ont été proposées. Celles qui ont fait émerger ces termes sont celles de l'abbé Hermet de 1891 et de F. Octobon de 1931 : – l'expression « statue-menhir » a été créée par l'abbé Hermet7: c'est d'abord un monolithe, sous la forme d'une pierre épaisse ovale, rectangulaire8 ou subrectangulaire, à sommet arrondi ou ogival, s'efforçant à représenter un corps humain par son bas-relief ou parfois, par

1 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D., La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, p. 189. 2 GALLAY, A., Les sociétés mégalithiques. Pouvoir des hommes, mémoire des morts, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, Lausanne, 2006, p. 9. 3Attributs attestés dans le registre archéologique. 4Vestiges non identifiés dans le registre archéologique. 5 GUILAINE, J., Notes de cours : Stèles anthropomorphes statues et sociétés de la Préhistoire récente, dans Civilisations de l'Europe au Néolithique et à l'Age du Bronze, Collège de France, 2002-2003, pp. 695-696. 6 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A., Statues-menhirs : des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions de Rouergue, Rodez, 2008, p. 54. 7 PHILIPPON, A., La découverte des statues-menhirs. Une affaire aveyronnaise, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 43. 8 CAUWE, N., DOLUKHANOV, P., KOLOWSKI, J. et VAN BERG, P.-L., Le Néolithique en Europe, Éditions Armand Colin, Paris, 2007, p. 9.

5 sa gravure9 et une silhouette humaine par sa mise en forme. Sa réalisation peut être grossière ou stylisée. C'est, ensuite, une qui se dresse comme un menhir10 (terme apparu pour la première fois sous la plume de l'abbé Hermet en 1891) fichée en terre. On peut finalement proposer une partie de la définition donnée par l'abbé Hermet, de 1906 : « Ce sont de véritables statues, taillées sur toutes les faces » 11. – les stèles sont des dalles, en forme de borne12, travaillées sur une seule face, utilisées en tant que support de la figuration et non de la figuration elle-même13. On inclut également les piliers de sculptés, les bas-reliefs anthropomorphes des hypogées marnais14, les petits menhirs et les fragments de menhirs intégrés dans un monument funéraire ou utilisés en réemploi dans ce type de construction15. A. d'Anna16 fait une distinction supplémentaire entre stèles et dalles anthropomorphes : « Les dalles anthropomorphes sont des monolithes décorés sur une seule face, de taille importante, plus d'un mètre de haut, leur allure générale est de forme allongée, rectangulaire ou sub-rectangulaire. La représentation humaine est limitée au buste et porte certains attributs, elle est sculptée en faible relief »17.

Dans le cadre de ce travail, il m'est impossible d'utiliser ces définitions telles quelles puisque les auteurs ne définissent que les monuments français découverts dans diverses régions. De plus, pour confirmer mes soupçons, L. van Berg et N. Cauwe ont fait remarquer que18 : « la statue-menhir est un menhir qui porte des attributs humains, la stèle est l'équivalent de la statue-menhir, mais sous une forme parallélépipédique peu épaisse, la dalle est une sorte d'intermédiaire entre les uns et les autres. Ce flou nominal traduit (…) la difficulté de construire une typologie lorsque dans la réalité nous observons une variation continue ». Aujourd'hui, pour établir une définition sur ces

9 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 161. 10 COSTA, L.-J., Mégalithismes insulaires en Méditerranée : dolmens et menhirs de Corse, Sardaigne, Baléares et Malte, Éditions Errance, Paris, 2008, p. 21. 11 PHILIPPON, A., La découverte des statues-menhirs. Une affaire aveyronnaise, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 43. 12 ANDRE, F., Les mégalithes du Morbihan, Éditions Jean-Paul Gisserot, Paris, 1995, pp. 22-23. 13 CAUWE, N., DOLUKHANOV, P., KOLOWSKI, J. et VAN BERG, P.-L., Le Néolithique en Europe, Éditions Armand Colin, Paris, 2007, p. 9. 14 ARNAL, J., Note sur la chronologie des statues-menhirs anthropomorphes en France, dans Revue archéologique de Narbonnaise, tome 6, 1973, p. 263. 15 COSTA, L.-J., Mégalithismes insulaires en Méditerranée : dolmens et menhirs de Corse, Sardaigne, Baléares et Malte, Éditions Errance, Paris, 2008, p. 21. 16 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 161. 17 Cette dernière distinction ne sera pas prise en compte puisque j'ai intégré les dalles anthropomorphes (piliers, bas- reliefs, petits menhirs et fragments) dans la définition des stèles. 18 VAN BERG, P.-L. et CAUWE, N., Figures humaines mégalithiques : histoire, style et sens, dans CASINI, S., DE MARINIS, R. et PEDROTTI, A., Statue-stele e massi incisi nell'Europa dell'età del rame, Notizie Archeologiche Bergomensi, comune di Bergamo, 1995, pp. 51-52.

6 découvertes, il faut aussi prendre en compte les autres bassins culturels ; une statue réalisée dans une région est différente d'une autre du point de vue chronologique et culturel. De plus, selon mon avis, un élément important, parmi d'autres, peut intervenir dans les définitions à établir : la réalisation des monuments. On peut, ainsi, distinguer ceux qui ont été sculptés entièrement (le pourtour de la pierre pour lui donner une forme spécifique et l'ajout de figurations, aussi bien sur une seule face que sur deux faces), pouvant correspondre aux statues-menhirs à cause du terme « statue », et ceux sur lesquels des gravures ont été ajoutées pour rappeler la figuration d'un anthropomorphe, sans avoir entièrement sculpté la pierre et en laissant la pierre presque dans son état naturel. Autrement dit, on peut distinguer les monuments sur lesquels le façonnage et la taille sont plus présents que sur d'autres. Il est toutefois important de noter que l’absence de façonnage du support (dans le cas de ce qui est communément appelé « stèle ») n’en réduit pas pour autant la valeur anthropomorphe. En effet, on voit que régulièrement les supports choisis, même s’ils restent bruts, n’en ont pas moins des formes récurrentes ; cela signifie qu’ils ont été sélectionnés, éventuellement parce qu’on leur prêtait une valeur anthropomorphe. La distinction entre stèles et statues-menhirs est donc assez théorique (façonnage ou non du support) et n’est pas le corollaire immédiat de deux types de significations. Concernant les bassins culturels, on peut alors observer que : – en Péninsule Ibérique, il est difficile de faire uniquement une distinction entre statue-menhir et stèle. En effet, au niveau des stèles, Moncorve (fig. 16, p. 19 ; cat. II, p. 20) présente un caractère fort brut au niveau de la réalisation ; le façonnage est moins présent sur ce monument. La pierre a été sur-creusée afin de dégager une limite de la représentation, comme à Razet 24. Longroiva (fig. 201, p. 185 ; cat. II, p. 244) reste dans la même optique de réalisation et ses gravures sont fort peu détaillées et soignées (figurations réalisées par quelques traits). On retrouve le même caractère de réalisation sur Quinta do Couquinho (fig. 14, p. 17/cat. II, p. 19). Cependant, ses détails anthropomorphiques sont plus soignés sur la face antérieure, que sur Moncorve. Par contre, Chaves (fig. 160, p. 147 ; cat. II, p. 202) présente un léger dégagement entre le sommet et le reste du corps de la pierre par deux encoches, sans toutefois arriver à donner une forme complètement anthropomorphe. L'ensemble du décor donne un caractère brut au monument car ils sont fort peu soignés et précis. Au niveau des statues-menhirs, les monuments disposent d'un caractère plus travaillé en ayant une forme spécifique par le façonnage : soit sous la forme d'une borne (Crato, fig. 13, p. 16 ; cat. II, p. 18), soit par la mise en évidence d'une silhouette anthropomorphe (Boulhosa, fig. 15, p. 18 ; cat. II, p. 83 ; Ermida, fig. 158, p. 145/cat. II, p. 200 et Faioes, fig. 159, p. 146/cat. II, p. 201), soit

7 triangulaire (Asquerosa, fig. 17, p. 20 ; cat. II, p. 21), rappelant celle des statues-menhirs de Provence. Cependant, les gravures de Boulhosa sont moins travaillées que sur celle de Crato, au niveau du visage, par exemple. Par contre, sa silhouette est bien plus marquée que celle de La Demoiselle du Câtel (fig. 1, pp. 1-2 ; cat. II, p. 6) en Normandie, se rapprochant plus du mot « statue » qu'en Normandie. Au niveau des gravures, Crato présente des figurations fort soignées sur les faces antérieure et latérale. Il en va de même pour Ermida et Faioes, même si cette dernière possède des cupules pouvant donner un caractère plus brut sur l'ensemble des figurations. Enfin, Asquerosa ne présente pas un décor aussi travaillé que les autres monuments, présentant des éléments gravés plus bruts (quelques lignes et chiffres). – en Normandie, on remarque une différence entre La Demoiselle du Câtel (fig. 1, pp. 1-2 ; cat. II, p. 6) et Aveny (fig. 25, p. 29 ; cat. II, p. 29) ; la première a une légère silhouette anthropomorphisée par la présence d'un sommet dégagé et de la mise en évidence d'épaulements (statue-menhir) alors que la seconde ne présente aucune modification de la forme de la dalle, à l'exception de l'ajout des figurations (stèle). – en Bretagne, on rencontre un autre type de problème avec la mention « stèle » : les monuments précédents sont des menhirs presque pas ou pas du tout façonnés alors qu'ici, nous sommes devant des gravures réalisées sur des parois rocheuses avec différents types de figurations (collier, seins, hache, crosses). Cela donne aussi un caractère fort brut à la figuration, voire plus que sur les autres stèles (Prajou Menhir, fig. 18, p. 21 ; cat. II, p. 22 ; Kergüntuil, Crec'h Quillé, La divinité aux crosses, fig. 21, p. 24/cat. II, p. 25 ; Kerallant, fig. 22, pp. 25-26/cat. II, p. 26 ; Mein-Goarec, fig. 23, p. 27 /cat. II, p. 27 ; Bois du Tronchet, fig. 24, p. 28/cat. II, p. 28). Ces monuments correspondent à la définition proposée, ci-dessus, mais elles sont différentes des précédentes stèles. Dans cette région, un seul monument de mon catalogue correspondrait à une statue-menhir : Kerméné (fig. 2, pp. 3-4 ; cat. II, p. 7) présentant une silhouette anthropomorphe par la présence d'un sommet et d'épaulements, accompagnés de décors soignés sur les trois faces. – dans le Marne, on remarque que Razet 24 (fig. 26, p. 30 ; cat. II, p. 30) a subi un surcreusement de la pierre afin de dégager une limite de la représentation, sous forme de borne. La pierre n'a pas subi encore de grands changements au niveau du façonnage, ce qui permet de la considérer encore comme une stèle. – en Provence, on remarque que les monuments de Trets, de Sénas et de Vaucluse sont finement travaillés dans sa sculpture (chevrons et visage mis en évidence), alors que le groupe venaissin (Isle-sur-Sorgue, fig. 153, pp. 138-139/cat. II, pp. 134-135 ; La Balance,

8 fig. 154, p. 140/cat. II, p. 195 et Rocher des Doms, fig. 155, pp. 141-142/cat. II, pp. 136- 137) présente un caractère plus brut sur sa réalisation, présentant moins de détails et de soin (quelques lignes gravées et multiples cupules sur les faces antérieure et postérieure). Ainsi, le premier groupe pourrait plus vite correspondre à la mention de statues-menhirs et la seconde, aux stèles. La pierre est aussi sculptée pour avoir une forme plus triangulaire ou rarement, rectangulaire (Font-de-Malte, fig. 36, p. 39 ; cat. II, pp. 45-46). Ici, la silhouette anthropomorphe n'est pas mise en avant, comme en Normandie. Pourtant, d'après la distinction que j'ai proposée au-dessus, le groupe de Trets/Sénas/Vaucluse respecte bien la définition établie sur les « statues-menhirs ». – dans le Rouergat, on retrouve soit des statues-menhir façonnées, avec peu de décors (Cénomes, fig. 109, p. 97/cat. II, p. 150 ; Tauriac I, fig. 112, p. 100/cat. II, p. 152) ou un peu plus (Mas Capelier II, fig. 73, p. 65/cat. II, p. 96 ; Réganel I, fig. 75, p. 67/cat. II, p. 98 ; Les Montels, fig. 74, p. 66/cat. II, p. 97 ; Serre Grand, fig. 79, p. 70/cat. II, p. 102 ; Les Anglars, fig. 82, p. 73/cat. II, p. 107 ; Granisse, fig. 117, p. 104/cat. II, p. 158 ; Les Arribats, fig. 119, p. 106/cat. II, p. 159), soit avec des décors fort bien travaillés sur tout le pourtour du monument, sans indiquer une silhouette anthropomorphe (Saint-Léonce, fig. 67, p. 58/cat. II, p. 88 ; Saint-Sernin, fig. 70, pp. 61-62/cat. II, pp. 92-93 ; Réganel II, fig. 76, p. 68/cat. II, p. 99 ; La Raffine, fig. 78, p. 69/cat. II, p. 101 ; La Prade, Les Maurels, fig. 81, p. 72/cat. II, pp. 105-106 ; Pousthomy I, fig. 83, p. 74/cat. II, pp. 108-109 ; Pousthomy II, fig. 84, pp. 75- 76/cat. II, pp. 110-111 ; Saumecourte I, fig. 85, p. 77/cat. II, pp. 112-113 ; Ardaliès II, fig. 89, p. 81/cat. II, p. 117 ; Saint-Maurice d'Orient, fig. 91, p. 82/cat. II, p. 119 ; Puech Réal, fig. 96, p. 86/cat. II, pp. 129-130 ; La Jasse du Terral I, Pech de Naudène, fig. 98, p. 88/cat. II, p. 133 ; Foumendouyre, fig. 111, p. 99/cat. II, p. 12 ; Lacoste, fig. 124, p. 110/cat. II, p. 120). Pourtant, par ses gravures réalisées sur ses quatre faces, ces monument peuvent se rapprocher aux statues-menhir à cause de la notion de « statue » dans le terme. D'autres encore présentent un anthropomorphisme de la pierre (Durenque, fig. 87, p. 79/cat. II, p. 115 ; Les Vidals, fig. 94, p. 84/cat. II, pp. 126-127). Il existe aussi des stèles non façonnées avec peu de décors (Rivière, fig. 63, p. 55/cat. II, p. 84 ; Saumecourte II, fig. 86, p. 78/cat. II, p. 114 ; Frescaty, fig. 125, p. 111/cat. II, pp. 162-163 ; Escroux, fig. 113, p. 101/cat. II, p. 153 ; Saint-Crépin, fig. 92, p. 83/cat. II, p. 122 ; Triby, fig. 116, p. 103/cat. II, p. 156) ou d'autres, avec des décors méticuleux (Crais, fig. 68, p. 59/cat. II, p. 89 ; Jouvayrac, fig. 69, p. 60/cat. II, pp. 90-91 ; Mas d'Azaïs, fig. 71, p. 63/cat. II, pp. 94-95 ; Ardaliès I, fig. 88, p. 80/cat. II, p. 116 ; Rieuviel, fig. 95, p. 85/cat. II, p. 128 ; La Borie des Paulets, fig. 110, p.

9 98/cat. II, p. 151 ; La Bessière, Col des Saints, fig. 118, p. 105/cat. II, p. 158 ; Borie de Blavy, Combeynart, fig. 121, p. 108/cat. II, p. 124 ; Cambous, fig. 122, p. 109/cat. II, p. 160 ; La Pierre Plantée, fig. 123, p. 109/cat. II, p. 161). Sur base de ces différentes observations, on peut voir qu'il existe différents types de statues-menhirs ou de stèles, ce qui démontre que le rôle d'une définition n'est pas respectée puisqu'elle doit définir précisément un objet et le propre d’une typologie est de rendre compte de l’ensemble des réalités, qui ne peuvent être réduites, dans le cas de la représentation humaine mégalithique, au seul binôme « stèles & statues-menhirs ». Toute une gamme de variances régionales indiquent que les choses ne furent pas partout considérées de la même manière. Qu'est-ce qui peut différencier, par exemple, des statues-menhirs avec peu de décors à celles qui disposent de deux décors soignés sur plusieurs faces ? Puis, des monuments sont difficiles à placer dans une catégorie à cause de leurs parties manquantes (Boutaran, fig. 65, p. 56/cat. II, p. 86 ; Nougras, fig. 66, p. 57/cat. II, p. 87 ; Ardaliès III, fig. 90, p. 82/cat. II, p. 118 ; Saint-Crépin, fig. 92, p. 83/cat. II, p. 122), ce qui démontre qu'il est vraiment important de s'intéresser sur la réalisation des gravures par rapport au reste du monument. – dans le Languedoc-Roussillon, au niveau des statues-menhirs, les monuments disposent d'un léger anthropomorphisme à cause de la présence d'épaulements, avec peu de figurations détaillées (Villeveyrac, fig. 99, p. 89/cat. II, p. 138 ; Collorgues II, fig. 135, p. 118/cat. II, p. 139 ; Aven Meunier II, fig. 152, p. 137/cat. II, p. 194). Les stèles disposent soit de peu de figuration, sans être marquées par un anthropomorphisme de la pierre (Montferrand, fig. 128, p. 112/cat. II, p. 166 ; Les Cazarils, fig. 132, p. 115/cat. II, p. 171 ; Sylvie, fig. 130, p. 115/cat. II, p. 171 ; Saint-Victor-des-Oules, fig. 137, p. 120/cat. II, p. 175 ; La Gayette,fig. 138, p. 121/cat. II, p. 176 ; Mas Martin, fig. 140, p. 123/cat. II, p. 179 ; La Candélaire, fig. 141, p. 124/cat. II, p. 180 ; Fontcouverte, fig. 144, p. 127/cat. II, p. 184 ; Collorgues I, fig. 147, pp. 130-132/cat. II, pp. 188-189 ; Cimetière, fig. 149, p. 134/cat. II, p. 191 ; Bragassargues, fig. 150, p. 135/cat. II, p. 192 ; Aven Meunier I, fig. 151, p. 136/cat. II, p. 193 ; Bouisset I, fig. 129, p. 113/cat. II, p. 167 ; Picarel, fig. 133, p. 116/cat. II, p. 172 ; Cambaissy, fig. 134, p. 117/cat. II, p. 173 ; Foissac, fig. 136, p. 119/cat. II, p. 174 ; Mas de la Tour, fig. 142, p. 125/cat. II, p. 181), soit de gravures fort bien travaillées et précises (Rosseironne, fig. 139, p. 122/cat. II, pp. 177-178 ; Le Colombier, fig. 143, p. 126/cat. II, pp. 182-183 ; Saint-Théodore, Maison-Aube, fig. 148, p. 133/cat. II, p. 190). De nouveau, il est impossible qu'on ne puisse pas détecter une différence entre les monuments qui disposent d'un anthropomorphisme plus marqué que d'autres, voire de ne pas distinguer la différence entre les monuments se rapprochant d'une « statue », sans silhouette anthropomorphe (comme dans le Rouergat) et ceux qui en disposent, sans disposer d'une gravure sur les quatre faces.

10 Il en va de même pour les stèles : quelle est la différence entre ceux qui disposent de peu de décors détaillés et ceux qui sont fort travaillés ? Puis, Combas (fig. 145, p. 128 ; cat. II, p. 185) et Bouisset II (fig. 130, p. 114 ; cat. II, pp. 168-169) présentent les mêmes difficultés que les monuments fragmentés du bassin rouergat. – en Corse, au niveau des statues-menhirs, soit leur visage est bien anthropomorphisé avec un visage arrondi (Capo-Castinco, fig. 161, p. 148/cat. II, p. 203 ; Tapa I, fig. 166, p. 153/cat. II, p. 208 ; Tapa II, fig. 167, p. 154/cat. II, p. 209 ; Tavera, fig. 168, p. 155/cat. II, p. 210 ; Nativu, fig. 171, p. 158/cat. II, p. 213 ; Paladin, fig. 173, p. 159/cat. II, p. 215 ; Valle, fig. 182, p. 166/cat. II, p. 224 ; Petra-Pinzuta, fig. 183, p. 167/cat. II, p. 225), soit les gravures sont placées au centre de la pierre, marqué par un épaulement pour dégager un sommet et parfois, permettant de délimiter le visage. Les gravures se retrouvent sur tout le pourtour du monument, permettant de se rapprocher de la définition ( I, fig. 163, p. 150/cat. II, p. 205 ; Filitosa II, fig. 185, p. 169/cat. II, p. 227 ; Filitosa III, fig. 186, p. 170/cat. II, p. 228 ; Filitosa IV, fig. 187, p. 171/cat. II, p. 229 ; Filitosa VIII, fig. 162, p. 149/cat. II, p. 204 ; Filitosa IX, fig. 163, p. 150/cat. II, p. 205 ; Filitosa X, fig. 164, p. 151/cat. II, p. 206 ; Filitosa XI, fig. 165, p. 152/cat. II, p. 207 ; Filitosa XII, fig. 174, p. 160/cat. II, p. 216 ; Sargone I, fig. 170, p. 157/cat. II, p. 212 ; I Stantari I, fig. 177, p. 161/cat. II, p. 219 ; Scalsa- Murta, fig. 181, p. 165/cat. II, p. 223). Il arrive également que le monument dispose d'un léger anthropomorphisme (Renicciu, fig. 169, p. 156 ; cat. II, p. 211). On retrouve également des stèles ; menhirs sur lesquels sont figurés des gravures, sans avoir subi de façonnage (Palaggiu I, Castaldu, fig. 179, p. 163/cat. II, p. 221 ; Aravina, fig. 180, p. 164/cat. II, p. 222 ; Filitosa V, fig. 188, p. 172/cat. II, p. 230). Pour le fragment V de Filtiosa (ref), le problème est toujours le même que précédemment, avec les autres fragments. De même, pour les statues-menhirs et les stèles, ce sont toujours les mêmes remarques et observations à établir. En quoi une stèle ou une statue-menhir est différente d'une autre stèle ? Pourquoi sont-elles différentes ? Pourquoi certaines respectent bien les définitions alors que d'autre, non ? – dans les Alpes occidentales, les statues-menhirs disposent d'une silhouette légèrement anthropomorphe par la présence d'un sommet arrondi dégagé, accompagné de décors fort riches (Stèle II, fig. 58, p. 52 ; cat. II, p. 76 ; Stèle XXV, fig. 194, p. 178/cat. II, p. 236) ou encore, sont entièrement sculptées (Lagundo A, fig. 206, p. 190/cat. II, p. 249 ; Arco I, fig. 214, p. 198/cat. II, p. 257 ; Arco II, fig. 215, p. 199/cat. II, p. 258 ; Arco III, fig. 207, p. 191/cat. II, p. 250 ; Arco IV, fig. 208, p. 192/cat. II, p 251 ;Arco V, fig. 209, p. 193/cat. II, p. 252 ; Lagundo B, fig. 211, p. 195/cat. II, p. 254 ; Lagundo C, fig. 212, p. 196/cat. II, p. 255).

11 Les stèles ne sont pas façonnées, avec des gravures bien réalisées (Stèle A, fig. 59, p. 53/cat. II, p. 77 ; Stèle C, fig. 61, p. 54/cat. II, p. 79 ; Termeno, fig. 195, p. 179/cat. II, p. 237 ; Stèle VIII, fig. 203, p. 187/cat. II, p. 246 ; Stèle XVIII, fig. 204, p. 188/cat. II, p. 247 ; Stèle XX, fig. 205, p. 189/cat. II, p. 248), d'autres semblent avoir un aspect plus brut, sans avoir d'intervention sur la pierre, mise à part celle des gravures (Brentonico, fig. 100, p. 89/cat. II, p. 140 ;Arco VI, fig. 209, p. 193/cat. II, p. 252 ; Lagundo D, fig. 213, p. 197/cat. II, p. 256 ; Santa Verena, fig. 216, p. 200/cat. II, p. 259 ; Tötschling, fig. 217, p. 201/cat. II, p. 260). Le fragment des Pouilles (fig. 62, p. 54 ; cat. II, p. 80), Velturno (fig. 218, p. 202 ; cat. II, p. 261) et Stèle I (fig. 202, p. 186 ; cat. II, p. 245) présente les mêmes difficultés que les précédents. On poursuit toujours avec les mêmes interrogations que précédemment. Comme L. Jallot a dit : « Il semble que l'on tourne en rond et qu'il soit problématique de revenir sur les anciennes définitions entrées en usage »19. – dans le groupe Lunigiana, les statues-menhirs présentent un sommet qui se distingue du corps permettant de mettre en évidence une silhouette anthropomorphe. Le visage n'est pas compris dans le façonnage, mais juste dans la gravure (Minucciano I, fig. 196, p. 180/cat. II, p. 238 ;Minucciano II,fig. 197, p. 181/cat. II, p. 239 ; Minucciano III, fig. 198, p. 182/cat. II, p. 240). Les stèles peuvent être sous deux formes : soit sous la forme d'un menhir non façonné avec quelques gravures grossières (Malgarte II, fig. 199, p. 183 ; cat. II, p. 241), soit très peu façonné, mais ne présentant aucune silhouette anthropomorphe avec quelques figurations anthropomorphiques peu détaillées (Pontevecchio VI, fig. 101, p. 90/cat. II, p. 141 ; Pontevecchio VII, fig. 102, p. 91/cat. II, p. 142 ; Pontevecchio IV, fig. 103, p. 92/cat. II, p. 143). – dans les Alpes orientales, Serra-Is-Araus (fig. 156, p. 143 ; cat. II, p. 196) peut être considéré comme une stèle à cause de son caractère brut sur sa réalisation ; le menhir donne une impression de naturalité, sans façonnage. De plus, les décors sont peu présentés et moins soignés (protubérances circulaires et lignes en croix). Au niveau des statues-menhir, les monuments présentent un caractère plus travaillé sur le façonnage de la pierre car une silhouette anthropomorphe est mise en évidence. Par contre, le décor est peu soigné et peu détaillé (Sassina di Prun, fig. 4, p. 7 ; cat. II, p. 8 ; Spiazzo di Cerna, fig. 5, p. 8 ; cat. II, p. 9). Il est, toutefois, perturbant d'observer des statues-menhirs avec des décors fort détaillés et soignés dans certaines régions alors que d'autres présentent des figurations si peu travaillées. 19 JALLOT, L., Enquête typologique et chronologique sur les menhirs anthropomorphes : études de cas dans le Sud de la France, l'Ouest, l'arc alpin et la Bourgogne, dans Actes du 2ème colloque international sur la statuaire mégalithique, Saint-Pons-de-Tjhommières, 10-14 septembre 1997, Fédération Archéologique de l'Hérault, 1998, p. 338.

12 – dans le groupe de la Mer Noire, au niveau des statues-menhirs, on peut retrouver des monuments au décor soigné et précis et silhouette anthropomorphe (Kazanki, fig. 6, p. 9 ; cat. II, p. 10 ; Corbuci, fig. 104, p. 93/cat. II, p. 144 ; Hamangia, Ezerovo I, Ezerovo II, Novotcherkassk, Pervomaevka). Cependant, d'autres ont une silhouette anthropomorphe moins visible car il y a présence juste d'un léger sommet (Belogrudovka, fig. 7, p. 10 ; cat. II, p. 11 ; Tiritaka I, fig. 10, p. 13 ; cat. II, p. 14 ; Tiritaka II, fig. 11, p. 14 ; cat. II, p. 15) ou encore, d'un sommet triangulaire mis en évidence par rapport aux épaulements (Souffli Magoula, fig. 108, p. 96 ; cat. II, p. 148). Concernant ce dernier, les gravures de la face dorsale donne un caractère brut sur l'ensemble du monument par la présence de ces quelques lignes superposées. Du coup, doit-on faire une distinction entre les « statues-menhirs » possédant des gravures bien travaillées sur toutes les faces et d'autres, moins soignées ? Concernant les stèles, nous rencontrons de nouveau le même problème entre les monuments présentant un menhir sur lequel des gravures pour délimiter l'anthropomorphisme (Troie, fig. 157, p. 144 ; cat. II, p. 197) et les menhirs non façonnés pour donner une silhouette anthropomorphe, mais accompagnés de quelques gravures (ici, juste le visage avec Kapustino, fig. 8, p. 11 ; cat. II, p. 12). Ces constatations ont pour but de démontrer qu'il paraît évident que cette division en deux groupes n'est pas opérationnelle partout. Il me semble que la typologie traditionnelle est alors à relativiser puisque l'absence de travail du support n'implique pas nécessairement que ce support dans sa globalité ne soit pas un anthropomorphe à part entière. De plus, comme L. Jallot l'a fait remarquer : « Autrement dit, qu'il n'est pas nécessaire qu'un menhir soit couvert de motifs anthropomorphes pour figurer un personnage si sa silhouette ou un indice morphologique suggère la forme humaine. À l'inverse, une dalle de forme quelconque accède au statut de représentation anthropomorphe par l'ajout d'un ou de plusieurs attributs organiques ou vestimentaires ».20 Il serait donc intéressant de retravailler cette typologie afin de fournir de meilleures définitions à ce sujet, sans être confronté à cette difficulté. Je précise également que le but de mon travail n'intègre pas cette problématique ; il m'a paru juste nécessaire d'en faire la constatation.

20 JALLOT, L., Enquête typologique et chronologique sur les menhirs anthropomorphes : études de cas dans le Sud de la France, l'Ouest, l'arc alpin et la Bourgogne, dans Actes du 2ème colloque international sur la statuaire mégalithique, Saint-Pons-de-Tjhommières, 10-14 septembre 1997, Fédération Archéologique de l'Hérault, 1998, p. 323.

13 2. Façonnage

Quatre phases principales dans le façonnage des monuments ont pu être mises en évidence, grâce aux observations effectuées sur les œuvres, dont quelques-unes en cours d'aménagement21 : 1. la dalle est mise en forme par l'épannelage. De grands éclats sont détachés sur les bords de la dalle, souvent la partie inférieure du monolithe, par de violents chocs. La partie inférieure sera ainsi plus effilée afin de permettre l'érection du monument. Cette technique peut également être utilisée, dans quelques cas, sur la partie supérieure afin de donner à la statue une courbure régulière. 2. les différentes faces de la statue, ainsi que son sommet, subissent le dressage/ dégauchissage ; cette étape les aplanit. Cette opération est longue et répétitive : l'outil, tenu à la main, devait marteler ou piqueter la surface de la dalle. La position de l'outil (verticale ou oblique) varie en fonction de la texture de la roche. La surface martelée doit être fréquemment nettoyée, surtout avec le grès grossier et poreux, sinon les écailles ne sont pas projetées au loin. 3. les motifs subissent soit le dégrossissage de la gravure (motifs en creux de la surface de la pierre) soit la mise en relief/ le bas-relief (motifs en relief, souvent complétés par la gravure). 4. la dernière étape de réalisation est basée sur les reprises éventuelles. Leur décor est directement réalisé sur la surface de la pierre, sans aménagement. Le bas-relief donne parfois un aspect en ronde-bosse. A. d'Anna suppose que cette différenciation est probablement causée par les divers matériaux employés (granit, grès, grès rouge permien ou grès blanc triasique) ; le grès est couramment sculpté, et le granit, plus difficile à manipuler, est gravé. Comme pour ce dernier, les exemplaires en gneiss (Crouxigues ; fig. 93, p. 83 ; cat. II, p. 125) et en micaschiste (Durenque ; fig. 87, p. 79 ; cat. II, p. 115) ont leur décor gravé. L'origine des matériaux n'a pu être localisée de façon exacte. Toutefois, il a été observé que dans la plupart des cas, il s'agissait de pierre locale. Le matériel semble avoir été transporté de quelques kilomètres, dans quelques cas : cinq kilomètres pour La Prade (fig. 80, p. 71 ; cat. II, pp. 103-104) et Saint-Sernin (fig. 70, pp. 61-62 ; cat. II, pp. 92-93). La question du lieu de la mise en forme est ainsi posée ; amenait-on le matériau brut sur le lieu d'érection pour le réaliser sur place ou était-il achevé, avant son déplacement ?

21 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A., Statues-menhirs : des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions de Rouergue, Rodez, 2008, pp. 105-108.

14 Aucune réponse n'a pu être donnée actuellement, dû à l'absence d'indices. A. d'Anna souligne juste que les statues-menhirs connues sont probablement abouties, à l'exception de Plos qui semble être en cours de fabrication, ainsi que quelques modifications de décors sur certaines statues, encore élevées22. A. Philippon pense qu'on attachait de l'importance à ces monolithes car des dépenses considérables d'énergie ont été données pour la mise en place de ces monuments, dues aux distances parcourues de certaines statues jusqu'à leur lieu d'érection (la statue des Maurels (fig. 81, p. 72 ) a parcouru une distance de quinze kilomètres, par exemple)23.

2.1 La mise en forme en Provence

Les étapes de la mise en forme des stèles provençales ont pu également être observées24 :

– la mise en forme du support consiste à la régularisation de la forme générale de la stèle (la stèle elle-même et la base, destinée à ficher la stèle), soit par taille avec enlèvement d'éclats (épannelage), soit par façonnage, par percussion ou raclage (martelage, piquetage, lissage). Cette étape permet également de préparer le pan de la sculpture : le dressage. Le travail de finition se concentre sur les surfaces pour masquer les stigmates. La base subit soit un épannelage grossier, sans finition, de forme globulaire (Mont Sauvy ; fig. 35, p. 39. : cat. II, p. 44), de silhouette arrondie (La Puagère III/ IV/ V ; fig. p. 29, p. 33/ fig. 30, p. 34/ fig. 31, p. 35 ; cat. II p. 35/ cat. II, p. 37/ cat. II, p. 39), soit présente une mise en forme soigneuse. Le dos n'est pas sculpté et n'est pas destiné à être vu, à l'exception de Mont Sauvy (simple épannelage) et la Puagère IV (enlèvements petits). Un travail de mise en forme et de finition soigné caractérise la face figurée, les chants et le sommet. Les chants plans ou, plus rarement, convexes sont façonnés soit par piquetage soit par lissage. Les sommets sont mis en forme par le martelage, laissant des impacts larges aux bords peu visibles et peu profonds. – le dressage d'un plan de sculpture permet de préparer le support à la figuration et au décor de chevrons. Le support deviendra plat et régulier. La base en est exemptée. La face dressée est aménagée par diverses techniques : martelage, raclage et lissage.

22 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, pp. 168- 169. 23 PHILIPPON, A., La découverte des statues-menhirs. Une affaire aveyronnaise, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 32. 24 D'ANNA, A. et al., Catalogue de l'exposition Stèles anthropomorphes néolithiques de Provence, Éditions Edisud, Avignon, 2004, pp. 28-31.

15 – la sculpture sur la face est réservée uniquement à la figuration anthropomorphe (visage, nez, yeux) et aux décors (chevrons), avec plusieurs étapes successives : le plan du visage par la technique du raclage, avec des stries larges souvent bien marquées ; ses contours (front, bords, partie inférieure) sont traités en réserve et apparaissent en relief par rapport au visage. Ils sont formés par les techniques d'incision et de lissage ; les bandeaux latéraux de chevrons. Ces sculptures présentent des stigmates antérieurs à la régularisation du matériau, pouvant être interprétés comme les indices d'un prétraçage de la construction de la stèle. La stèle de la Puagère III possède ces stries, sous les stries de lissage, dans la partie inférieure de la figure : elles sont sous la forme d'incisions horizontales continues qui dessinent le bas du visage et sont recoupées par des segments de cercle, qui interrompent le bandeau inférieur. Seule la stèle de Lombardie I a pu être sculptée à main levée ; les bandeaux inférieurs n'ont pas la même longueur, par exemple. De surcroît, aucune trace de construction de la sculpture n'a été identifiée. Seul le décor présente des traits de construction bien visibles25.

2.2 Les outils

Les outils de la fabrication des statues-menhirs sont rarement retrouvés. D'après les stigmates observés sur les stèles provençales, l'outillage comprenait des percuteurs et des outils tranchants en roches dures. Il devait être employé de diverses manières dans les différentes étapes de la chaîne opératoire, qui consiste à la mise en forme du bloc, à la préparation du support et à la sculpture, avec les techniques de l'épannelage, du dressage, du martelage et de la gravure. D'après les expérimentations et reconstitutions d'A. Carry (cité par A. D'Anna) et d'A. D'Anna, une stèle à décors de chevrons a pu être réalisée par des percuteurs en pierre, des éclats et des lames de silex ; sur le site La Lombarde de Puyvert, a été découvert un petit maillet à rainure, qui pourrait être employé pour cet usage. Toutefois, il faut rappeler que des traces d'outil métallique ont été signalées sur la face B de la stèle de l'Isle-sur-Sorgue ; ce sont les seules traces métalliques décernées actuellement26. Les éléments sculptés concernent la figuration anthropomorphe et les éléments décoratifs, tels que le creusement des yeux et des cupules, la gravure des rayons27. Il est impossible de déterminer la morphologie naturelle des blocs d'origine.

25 D'ANNA, A. et al., Catalogue de l'exposition Stèles anthropomorphes néolithiques de Provence, Éditions Edisud, Avignon, 2004, pp. 28-31. 26 Idem, p. 25. 27 Idem, p. 26.

16 Toutefois, quelques exemplaires présentent des surfaces, voire des faces entières brutes, intégrées à la stèle ; La Puagère VII (fig. 33, p. 37 ; cat. II, p. 41) illustre ce propos avec sa partie supérieure à surface naturelle dont les plus forts reliefs ont été abrasés ou encore, la Puagère III (fig. 29, p. 33. ; cat. II, p. 35) possédant une surface naturelle sur la partie inférieure droite et du calcin recouvrant le chant droit. Ce calcin aurait, entièrement ou en partie, constitué la face inférieure du bloc naturel. Ce qui amène à considérer que le bloc d'origine était un caillou volumineux affleurant, permettant de récupérer un bloc de forme et de calibre déterminant la future stèle par débitage28. Il est important de se rappeler que dater une pierre dressée est fort difficile à déterminer dans le domaine de l'archéologie. Non seulement la contemporanéité entre l'érection de la pierre et les dépôts archéologiques associés n'est pas toujours certifiée, mais les charbons de bois de la fosse de calage datés par le carbone 14 ne sont pas aussi toujours contemporains de l'élévation du monument lui- même29.

3. La découverte des monuments

Les monuments ne sont découverts que dans quelques zones déterminées et font défaut dans les régions nord méditerranéennes. L'élévation de tels monuments n'est ainsi pas une pratique courante au IVe millénaire, mais ils sont plutôt disséminés dans un vaste ensemble dans lequel se retrouve, à proximité, l'activité humaine. Certains monuments ont été découverts, soit isolés (le groupe rouergat, par exemple), soit arrachés à leur première élévation pour être réutilisés pour être incorporés éventuellement dans des constructions dolméniques30 (le groupe de Sion a été rompu et réutilisé dans des dolmens ou des cistes, notamment31), comme matériaux de construction dans les sépultures. Il est donc difficile d'en déterminer la fonction originelle précise. D'autres ont été mis au jour dans des habitats et des centres plus cultuels, démontrant un rôle religieux non discutable 32. Les statues-menhirs sont connues depuis la façade atlantique jusqu'à l'Adriatique33, avec de fortes densités en Suisse, sud de la France, Sardaigne et sur les bords de la mer Noire34.

28 Idem, p. 27. 29 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D., La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, p. 189. 30 LOUBOUTIN, C., Au néolithique. Les premiers paysans du monde, Gallimard, France, 2006 (premier dépôt en 1990), pp. 110-111. 31 GUILAINE, J., Notes de cours : Stèles anthropomorphes statues et sociétés de la Préhistoire récente, dans Civilisations de l'Europe au Néolithique et à l'Age du Bronze, Collège de France, 2002-2003, p. 696. 32 LOUBOUTIN, C., Au néolithique. Les premiers paysans du monde, Gallimard, France, 2006 (premier dépôt en 1990), pp. 110-111. 33 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 163. 34 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D., La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, p. 189.

17 L'absence de ce type de mégalithe dans certaines régions (Europe du Nord35) nous est inconnue. Il semblerait que certaines civilisations ont décidé d'utiliser ce type de support afin d'exprimer une certaine identité. Chaque zone géographique possède, en effet, son mode propre de représentation anthropomorphe. Ce qui conduit à considérer l'existence de groupes régionaux, comme le suggéraient l'abbé Hermet et J. Déchelette (cités par A. d'Anna)36.

Malgré son inversion pour le groupement par région, F. Octobon conclut dans son analyse : « Leur dispersion géographique, bien qu'assez étendue, nous donne des groupements en général liés à (sic) des faciès régionaux »37. Les figurations anthropomorphes des statues et stèles peuvent ainsi être sous une forme fort schématique, avec un amincissement du sommet jusqu'à une forme plus évoluée, possédant des détails anatomiques et vestimentaires38.

35 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D., La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, p. 189. 36 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 163. 37OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 564. 38 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D., La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, p. 189.

18 III. Les interprétations

Quelques essais d'interprétation sur l'identité de ces représentations ont été donnés. En Provence, S. Gagnière et J. Granier ont observé un nombre relativement élevé des stèles de Sénas. Même s'ils ne disposaient pas de renseignements précis sur les circonstances de leur découverte, ce groupe considérable a pu, d'après les auteurs, démontrer l'existence d'une nécropole ou d'une importante sépulture collective sur le lieu de découverte. Ces représentations refléteraient ainsi les substituts des défunts inhumés. Toutefois, une certitude subsiste : le caractère essentiellement funéraire de ces stèles est bien attesté39. D'après J. Arnal, aucune stèle de la Durance n'a été découverte sur son emplacement d'origine, mais elles étaient groupées sur des cimetières de la civilisation de Trets : des charrues ont remonté des ossements humains, des haches polies, des lamelles en silex et des céramiques typiques. Elles devaient être fichées en terre, comme nos cimetières actuels, pour marquer l'emplacement de la tombe40. F. Benoît (cité par S. Gagnière et J. Granier) pense que les stèles seraient la représentation du défunt gravée ou peinte à l'entrée de l'hypogée. Elles auraient, pour rôle, de fixer l'esprit du défunt et probablement, pour recevoir un culte. Elle pourrait aussi représenter la mort elle-même ou d'après l'opinion courante, être une divinité tutélaire de la tombe. Il est donc possible que ces monuments soient une référence à la cessation de la vie41. Ils seraient assimilés, ainsi, soit à des déesses des morts soit à l'effigie d'un individu, sous forme de réceptacle de ses qualités et de ses pouvoirs soit à des « offrandes » ou des objets commémoratifs liés au statut du défunt42. Concernant le groupe rouergat, l'abbé Hermet proposait déjà d'y voir : « Ces divinités d'un culte oublié... »43. J. Arnal suit cette idée, en proposant de voir des dieux et des déesses sous la forme d'anthropomorphe héroïsée, tout en les habillant selon la coutume locale. D'après, lui, les chefs ou les prêtres du IIIe millénaire devaient porter les mêmes atouts44.

39 GAGNIERE, S. et GRANIER, J., Les stèles anthropomorphes du musée Calvet d'Avignon, dans Gallia préhistoire, tome VI, 1963, p. 35. 40 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 112. 41 GAGNIERE, S. et GRANIER, J., Les stèles anthropomorphes du musée Calvet d'Avignon, dans Gallia préhistoire, tome VI, 1963, pp. 59-60. 42 D'ANNA, A. et al., Catalogue de l'exposition Stèles anthropomorphes néolithiques de Provence, Éditions Edisud, Avignon, 2004, p. 87. 43 PHILIPPON, A., La découverte des statues-menhirs. Une affaire aveyronnaise, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 38. 44 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 62-63.

19 Dans le Gard, les stèles de « chouette » avaient pour rôle d'effrayer les profanateurs éventuels et de protéger les morts, d'après leur emplacement45. A l'Aven Meunier, par exemple, deux divinités surveillaient le repos des morts, de part et d'autre de la grotte. Elles portent un visage différent selon leur sexe, qui devait correspondre à deux concepts, voire divinités, bien individualisées46. Auraient-ils, ainsi, d'autres divinités dans la région ou serait-ce la production de ces deux notions, d'après les sexes masculin et féminin ? Dans l'Hérault, les monuments sont situés autour du Pic Saint-Loup, à vingt kilomètres du nord de Montpellier. Une couronne est formée par huit stèles rassemblées sur treize, autour de la montagne47. Il est peut-être possible que ce soit pour délimiter un territoire. Mais dans quel but ? Serait-ce pour délimiter une zone sacrée, comme en Rouergate ou serait-ce pour connaître les limites de leur territoire ? Pourquoi cette délimitation est faite par huit stèles et non, les treize ? En Péninsule armoricaine, la multiplication de la production des seins devait estimer la puissance de la déesse des morts. En Bretagne, à cause de la dissymétrie des paires de seins, J. Arnal propose d'y voir deux divinités féminines, comme dans le Gard48. Dans le Bassin parisien, les piliers sculptés, surnommés les « cariatides », représentent les « déesses muettes », protégeant les morts des allées couvertes et des hypogées. Elles se trouvent toujours dans l'antichambre des tombes afin de protéger, de guider les morts et d'éloigner les profanateurs49. En Corse, d'après R. Grosjean (cité par J. Arnal), les statues-menhirs exprimeraient un épisode tragique de l'île, une invasion brutale liée aux mystérieux Peuples de la Mer. Elles représenteraient les Shardanes, peuple participant à cette coalition, qui sont cités par les inscriptions et dépeints sur le bas-relief de Medinet-Abu (annexe 2) Peuple maritime, ils auraient débarqué en Corse, refoulant les indigènes vers les parties montagneuses de l'île. J. Arnal est contre cette idée de l'utilisation du mot « Shardanes » car les hiéroglyphes égyptiens étaient interprétés de façon confuse. Il mentionne R. O. Barnett (cité par J. Arnal) qui explique que ce phénomène de traductions confuses à cause des transcriptions phonétiques de sons étrangers et à cause de l'absence de voyelles en Égyptien. Dans le texte de Merenptah (1236-1223) de Karnak dans lequel il se vante sur son importante victoire sur les Peuples de la Mer, on retrouve la liste de ces peuples. Toutefois, la provenance de ces peuples n'est pas précisée et leur identification se base sur des critères linguistiques ou des analogies avec des noms voisins. J. Arnal démontre, ainsi, que cette méthode comparative est douteuse. 45 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 89. 46 Idem, p. 98. 47 Idem, p. 96. 48 Idem, pp. 120, 125. 49 Idem, pp. 130, 136.

20 A. Nibbi (cité par J. Arnal) a même nié que cette coalition de peuples se soit déroulée dans un environnement aussi lointain. R. Grosjean (cité par J. Arnal) propose pourtant une argumentation intéressante, en se basant sur les détails de l'armement du bas-relief de Medinet-Abu et des statues- menhirs. En effet, sur le bas-relief, sont représentés les Égyptiens d'une part, les Philistins (reconnaissables par leur couronne de roseaux) et les Shardanes (identifiables par les casques à cornes de bovidés, présentant des similitudes avec les statues-menhirs armées de Corse), de l'autre. Les épées des Shardanes, de tradition égéo-mycéniennes, présentent quelques-unes à ailerons récurrents, comparables à la phase de Filitosa VII des monuments corses50, surtout de Filitosa et de Cauria51. La datation obtenue de ces sculptures ou encore, les contextes auxquels elles seraient associées correspondraient à celle obtenue en Égypte. Ainsi, d'après R. Grosjean (cité par J. Arnal), les Shardanes, défaits par les Pharaons, auraient envahi la Corse, construit leurs fortifications (les torres), brisé les statues non armées du « stade IV », remplacées par des monuments armés (« stade V »)52 et les utilisant dans leurs constructions53. Les statues des indigènes seront, par la suite, non armées (« stade VI »), lors de la phase de paix de leur île54. A . d'Anna réfute cette théorie : les statues-menhirs ne présentent pas d'évolution linéaire. D'après lui, le dressement des menhirs, l'élaboration des statues et la construction des torres viennent d'une même société. Ainsi, il n'y aurait jamais eu d'envahisseurs. Une partie de la population aurait été des émigrants, se dirigeant vers la Méditerranée centrale et orientale, dû à un contexte de pression démographique et de compétition. Ils auraient, ainsi, été influencés par la Sardaigne qui présente le même type d'armes métalliques et de moules (Alo Bisughje, Marze, Castidetta,...). Toutefois, les typologies des poignards de statues-menhirs ne sont pas concordantes à la Sardaigne, mais plutôt à des modèles extérieurs de Méditerranée centrale et d'Europe continentale. Il rajoute que la présence des Shardanes, mercenaires, est bien attestée pendant la période précédant l' « effondrement » de la fin du XIIIe siècle. Ainsi, les groupes migrateurs sardo-corses, présents dès le XIVe siècle, auraient fait partie des « Peuples de la Mer », ceux-ci provenant d'une région évoquée dans les textes égyptiens, hébreux et hittites55.

50 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 155-158. 51 D'ANNA, A., Les statues-menhirs de Corse : chronologie et contextes, l'exemple de Cauria, dans Documents d'archéologie méridionale, n°34, 2011, p. 21. 52 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 155-158. 53 D'ANNA, A., Les statues-menhirs de Corse : chronologie et contextes, l'exemple de Cauria, dans Documents d'archéologie méridionale, n°34, 2011, p. 22. 54 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 155-158. 55 D'ANNA, A., Les statues-menhirs de Corse : chronologie et contextes, l'exemple de Cauria, dans Documents d'archéologie méridionale, n°34, 2011, p. 32-33.

21 En Suisse, sur les stèles de Sion peut figurer un personnage important au sein de la communauté, mort ou encore vivant au moment de l'élévation du monolithe. Son emplacement devant le représente le pouvoir présent ou passé du personnage inhumé. La perte de ce pouvoir est exprimé par le rituel de destruction de la stèle56. Deux interprétations dominantes ont été relevées sur les statues-menhirs européennes : soit elles présentent une vocation funéraire par la présence des sépultures, permettant de les appeler « déesses des morts » (Languedoc, Provence, Bretagne, Bassin Parisien, Mer Noire,...), soit des divinités tutélaires, situées sur des terrains de chasse, due à l'absence de tout contexte (Rouergue, Lunigiana,...). J. Arnal suppose qu'elles pourraient représenter la même divinité que dans les tombes funéraires (ex : Razet 24, fig. 26, p. 30 ; cat. II, p. 30) par leurs ressemblances stylistiques et par la figuration des mêmes attributs57.

56 Conférence de presse Pierres de mémoire, pierres de pouvoir. Menhirs, stèles et dolmens ; de l'Ethnologie à l'Archéologie. Du 24 juillet au 18 décembre 2018, Musée d'Yverdon et région, 20 juillet 2011, pp. 4-6. 57 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 222.

22 III. Situation géographique et contextes culturels

Différents groupements de statues ont été mis en forme d'après leur proximité stylistique, leur proximité géographique, et les départements.

Le groupe de la Péninsule Ibérique occupe le nord du Portugal, incluant les régions situées au nord du Douro et une bande étroite vers le sud de ce fleuve. Il possède treize statues-menhirs et stèles58. On y inclut également celle découverte dans le département de Grenade en Espagne (Asquerosa, fig. 17, p. 20 ; cat. II, p. 21) (annexe 3)59. Dans ce bassin culturel, nous retrouvons la culture campaniforme, qui s'implante dans le Centre-Ouest de l'Europe et principalement sur le littoral, vers le IIIe millénaire av. J-C (plus précisément, de -2090). Leurs sépultures s'apparentent soit à des tombes plates sous petit circulaire, soit des sépultures mégalithiques construites par leurs prédécesseurs ou leurs contemporains. Ils ont vécu dans les camps de l'Artenacien et dans la zone côtière. Ils utilisaient une céramique commune non décorée à fond plat ou rond, à épaulement ou carène. Leurs outils sont caractérisés par des flèches à ailerons et pédoncule équarris60.

Le groupe de Bretagne se rencontre essentiellement dans le secteur du golfe Morbihan, notamment dans la région de Carnac, particulièrement riches en représentations anthropomorphes (stèles et représentations gravées). On observe un réemploi massif de stèles ornées dans les tombes à couloir, placées à l'origine à l'air libre. Certaines de ces tombes sont munies de gravures monumentales de plusieurs mètres de développement (annexe 4)61. Cet espace géographique est occupé par les Campaniformes de -2100 à -2400 qui réutilisent plus souvent les allées couvertes de la civilisation de Seine-Oise-Marne que les dolmens62.

58 OLIVEIRA JORGE, V. et OLIVEIRA JORGE, S., Statues-menhirs et stèles du nord du Portugal, dans BRIARD, J. et DUVAL, A. (dir.), Les représentations humaines du Néolithique à l'âge du Fer : actes du 115e congrès national des sociétés savantes (Avignon, 1990), Éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques du Ministère de l’Éducation nationale, de l'Enseignement et de la Recherche, Paris, 1993, p. 29. 59 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), CNRS, Paris, 1977, p. 20. 60 JOUSSAUME, R., Les civilisations néolithiques dans le Centre-Ouest, dans GUILAINE, J. (dir.), La Préhistoire française. II Les civilisations néolithiques et protohistoriques de la France, CNRS, Paris, 1976, p. 363. 61 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D. (dir.), La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, p. 190. 62 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 118-119.

23 Le groupe de la Bourgogne du sud possède huit menhirs ornés dans la Saône-et-Loire. La plupart des gravures sont à peine discernables, dues aux injures du temps et parfois, des hommes (détectables par les techniques de détections nocturnes par lumières rasantes). Au Nord, quelques sépultures mégalithiques sont présentes, dominés par le Mont de Sène (Les Trois Croix). Elles sont rattachées aux grands coffres du Sud de la Côte-d’Or (annexe 5). Ce territoire est occupé par les Chasséens au Néolithique moyen. Leur céramique est fruste et sans décor. Leurs outils sont façonnés sur éclats63.

Le groupe du Bassin parisien (la Marne est bien dans le Bassin parisien) se rassemble autour du Marais de Saint-Gond dans la Marne. Tous les monuments sont entiers64. Ce territoire est occupé par la civilisation de Seine-Oise Marne du Néolithique final65, qui ont mis en œuvre des allées couvertes dans lesquelles ont été découvertes des « statues-piliers » et dans des hypogées dans lesquelles des figures anthropomorphes ont été sculptées sur les parois des antichambres66. Ce type de sépultures collectives du Néolithique final est une adaptation locale : ce sont des grottes artificielles creusées de mains d'hommes dans le sous-sol tendre67. Leurs outils de silex sont de gros outils sur éclats, grossièrement taillés, non polis (technique dite « campignienne »), mélangés aux vestiges de types antérieurs (comme les flèches tranchantes des Chasséens). Leur céramique originale est faite en pâte très grossière dans une forme cylindrique sur pied évasé (« pots de fleurs »). Ils ont installé leurs maisons en bois dans des clairières immenses, résultats de défrichements, afin de cultiver des céréales sur les riches alluvions des fleuves68.

Le groupe rouergat rassemble les statues-menhirs et stèles découvertes dans les départements de l'Aveyron, du Tarn et de l'Hérault, elles ont été mises en évidence par l'abbé Hermet. C'est le groupe le plus important d'un point de vue numérique (146 monuments reconnus).

63 LAGROST, L. et BUVOT, P., Au carrefour de diverses influences : les menhirs ornés de Bourgogne du Sud, dans DUHAMEL, P. (dir.), La Bourgogne entre les bassins rhénan, rhodanien et parisien : carrefour ou frontière ?, Actes du XVIIIe Colloque interrégional sur le Néolithique, Dijon, 25-27 octobre 1996, Ministère de la Culture et du Comité Régional de la Recherche Archéologique de Bourgogne, Dijon, 1996, pp. 416, 423. 64 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), CNRS, Paris, 1977, p. 21. 65 JOUSSAUME, R., Des dolmens pour les morts. Les mégalithismes à travers le monde, Hachette, Paris, 1985, p. 153. 66 VAN BERG, P.-L. et CAUWE, N., Figures humaines mégalithiques : histoire, style et sens, dans CASINI, S., DE MARINIS, R. et PEDROTTI, A., Statue-stele e massi incisi nell'Europa dell'età del rame, Notizie Archeologiche Bergomensi, comune di Bergamo, 1995, pp. 28-29. 67 JOUSSAUME, R., Des dolmens pour les morts. Les mégalithismes à travers le monde, Hachette, Paris, 1985, p. 152. 68ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 127-129.

24 Certains monuments ont été reconnus, sans être toutefois publiés, à cause de leur disparition (ancienne ? récente ?) ; d'autres ont fait l'objet de débats et il est fort probable que quelques-uns ont été détériorés assez fortement pour devenir de simples menhirs69. On peut y inclure un groupe hérétique, ne ressemblant pas à leurs voisins : Cénomes et Tauriac, qui ne présentent aucun visage détaillé. Cénomes (fig. 109, p. 97 ; cat. II, p. 150) porte un « objet représentant la divinité à lui seul », alors que Tauriac (fig. 112, p. 99 ; cat. II, p. 153) « ressemble plutôt à un rabat des prêtres du siècle dernier »70. Les monuments du groupe rouergat sont concentrés sur un territoire bien délimité, couvrant une zone du sud du Massif Central comprise entre la vallée du Thoré, au sud et la vallée du Tarn au nord71. Autrement dit, l'aire d'extension s'étire au sud du cours du Tarn. L'aire d'extension n'atteint ni le causse du Larzac, vers l'est, ni la ligne formée par le confluent du Tarn et de la Rance jusqu'à Saint-Pons. Au sud, la zone est délimitée par la Montagne Noire et les Monts de l'Espinouse. Cette concentration géographique justifie ainsi l'appellation du groupe rouergat et non celle du groupe aveyronnais. L'aire d'extension montre, en effet, que ces statues ne sont pas l'exclusivité d'un seul département, celui d'Aveyon72. Il est toutefois nécessaire de préciser que le terme « rouergat » pour qualifier ce groupe de statues doit être pris dans un sens éponyme et non géographique, car la zone d'extension comprend uniquement la partie méridionale de l'ancienne province de Rouergue et le Haut-Languedoc où un grand nombre de statues a été découvert73. Les statues se répartissent principalement le long des vallées, telles que celles du Dourdou, de la Rance et de l'Agout ; ou le long de petits cours d'eau de rivière. Elles se dressaient sur des terrains anciens d'aires montagneuses, actuellement recouverts de forêt. Il est possible que ce territoire corresponde à une zone géographique particulière, puisqu'il a fourni peu de matériaux archéologiques, à l'exception des statues-menhirs et stèles (annexe 6)74. Deux civilisations occupaient le territoire de Rouergue : la civilisation saintponienne, centrée autour de la ville actuelle de Saint-Pons de Thomière, et celle rodézienne sur les Grand Causses. Ces deux peuples vivaient en bordure de terrains primaires, à l'extérieur, qui étaient peu favorables à l'agriculture. Sur ces terrains, ils ont édifié leurs statues-menhirs, loin de leurs habitats. Les Rodéziens construisaient des dolmens dits « languedociens », utilisés comme sépultures collectives.

69 MAILLE, M., Les statues-menhirs rouergates, approches chronologiques, dans Documents d'archéologie méridionale, Adam Éditions, n°34, 2011, p. 13. 70 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 71. 71 MAILLE, M., Les statues-menhirs rouergates, approches chronologiques, dans Documents d'archéologie méridionale, Adam Éditions, n°34, 2011, p. 13. 72 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 166. 73 MAILLE, M., Les statues-menhirs rouergates, approches chronologiques, dans Documents d'archéologie méridionale, Adam Éditions, n°34, 2011, p. 13. 74 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 168.

25 Les incinérations y sont peu connues. Leurs outils sont des pointes de flèches en silex (« en sapin »), finement denticulées. Les Saintponiens (datés de -2500) vivaient dans des habitations en bois, constituées de palissades calées par de gros galets de moraine glacière pour servir de murailles. Leurs outils sont en os et en bois de cerf. Leur poterie ressemblait à de la vaisselle commune, réduits à quelques cordons en reliefs, comme décors. Ils utilisaient très peu de silex, sauf pour la fabrication de quelques flèches asymétriques75. Le groupe Languedoc-Roussillon rassemble les monuments des départements de l'Hérault oriental, de la Gard et de l'Ardèche (au sud, plus précisément). Il est divisé en deux sous-groupes, celui du Bas-Languedoc et celui du Haut-Langedoc. Le premier comprend vingt-six statues76 et le second en possède treize, qualifiées stèles à « têtes de chouette » en raison de la forme de leur tatouage facial formé par un ou deux arcs de cercle en creux ou en relief, reliant le milieu du nez aux extrémités des sourcils77. Ce groupe a souvent été désigné par le passé, comme le groupe gardois associant ces stèles uniquement au département du Gard. Aucune stèle n'a été découverte dans un dolmen ou à proximité immédiate. La région la plus riche, l'Uzège, possède des sites de plein air des groupes de Ferrières et de Fontbouïsse, sur lesquels des stèles ont été découvertes à la faveur des labours. Cette région ne possède pas de dolmens78. Par la division en deux groupes culturels, ce territoire était occupé par le groupe de Ferrières et celui de Fontbouïsse. Le premier groupe apparaît avant -2700 sur le littoral, occupant petit à petit l'ancien territoire chasséen, puis en direction du Nord. Leur céramique est décorée principalement de chevrons zigzaguant autour des panses, avec des lignes entourant le col. Quelquefois, ce dernier est orné d'un visage anthropomorphe. Ils avaient aussi toute une série de vaisselles à fond rond. Leurs outils sont des haches en pierre polie (réalisés à partir de galets de roches dures), des outils taillés par retouches bifaciales sur gros éclats (technique dite campigniennne), des poignards, des pointes de javelots et de flèches. Ils inhumaient leurs défunts dans les galeries et les puits dans lesquels ils se procuraient leur silex. Le plus souvent, ils les plaçaient dans des grottes et dans des dolmens (chambres collectives mégalithiques héritées des Chasséens). Leurs habitats ont été largement détruits et réoccupés par les Fontbuxiens vers -2250, ce qui explique le peu d’informations que nous détenons à ce sujet. On suppose, pourtant, qu'ils devaient vivre dans des cabanes de bois, détruites par les énormes maisons de pierres construites sur les mêmes lieux par le groupe fontbuxien. Ces derniers possèdent un équipement constitué de flèches à ailerons équarris et à pédoncule, de grattoirs, de ,.... en silex. 75 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 52-55 et 61-62. 76 Idem, p. 81. 77 Idem, p. 94. 78 JOUSSAUME, R. (dir.), Mégalithisme et société. Table ronde CNRS des Sables d'O-lonne (Vendée), 2-4 novembre 1987, Groupe vendéen d'Etudes préhistoriques, La Roche-sur-Yon, 1990, p. 185.

26 Ils possèdent également des outils de métal, comme des alènes à section carrée, avec une tige terminée par deux pointes opposées, des ciseaux fusiformes, des haches plates de forme triangulaire ou rectangulaire. Leur céramique était décorée de cannelures en métope, d'incisions avant ou après cuisson. Leurs inhumations se déroulaient soit dans des grottes naturelles, soit dans des hypogées artificiels, soit dans des galeries de mine désaffectées, fermées par une coupole en faux encorbellement de pierres sèches et dans lesquelles les défunts étaient couchés sur le côté « en chien de fusil », disposés de façon rayonnante. Ils privilégient pourtant l'incinération, qui fait son apparition au Chalcolithique. Mais le type de sépulture le plus important pour cette civilisation est la tombe dite « en ruche », bordée de murailles et recouvertes d'une coupole en faux encorbellement. Ces tombes sont de forme ovale. Ils arrivaient, parfois, que deux murailles à antenne encadraient la porte d'entrée79. Vu son aire géographique délimitée par le Massif Central au sud-est, le Rhône à l’ouest et l’Hérault à l'est, l'appellation « languedocien » paraît plus appropriée. Toutes les stèles ont été mises au jour dans la zone des garrigues. Leur lieu de découverte se situe dans une zone ouverte aux activités humaines attestées par les nombreux gisements préhistoriques (annexe 6)80.

Le groupe provençal rassemble une trentaine de stèles, dont vingt-cinq sont situées le long de la Durance81. Il se divise en deux sous-groupes, mis en évidence en 1963 par S. Gagnière et J. Granier, en les dénommant groupe A et groupe B (annexe 7)82 : le groupe venaissin (A) situé en Haute-Provence autour d'Avignon, se limite à la plaine du Comtat Venaissin (Rocher des Doms, fig. 155, pp. 141-142/cat. II, pp. 136-137 ; Isle-Sur-Sorgue, fig. 153, pp. 138-139/cat. II, pp. 134-135 ; la Balance, fig. 154, p. 140/cat. II, p. 195) ; tandis que le groupe de Basse-Durance (B), localisé en Basse-Provence, s'étire le long du cours inférieur de la Durance, dans les plaines de la Durance et de Trets83. Les stèles se distinguent de celles des groupes précédents par leur mise en situation. Au lieu de se retrouver isolées, elles sont généralement groupées en petits cimetières84. Elles ont été découvertes dans les plaines intérieures de la Provence Occidentale, généralement dans des prairies basses ou sur de petites buttes isolées, au centre de celles-ci.

79 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 83-89. 80 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 192. 81 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 105. 82 GAGNIERE, S. et GRANIER, J., Les stèles anthropomorphes du musée Calvet d'Avignon, dans Gallia préhistoire, tome 6, 1963. pp. 52-54. 83 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 106. 84 Idem, p. 105.

27 Les stèles de Sénas-Orgon se dressent à une vingtaine de kilomètres de l'étang de Berre ; une grande partie a été mise à jour dans la basse plaine de la Durance, en amont de Cavaillon et dans la plaine du Comtat Venaissin ; les autres exemplaires sont situés à proximité du bassin de Trets et de celui de Villecroze (annexe 8)85. Les stèles de la Durance étaient groupées sur des cimetières de la civilisation de Trets, même si elles n'ont pas été trouvées à leur place d'origine. Découvertes lors de charruages, elles étaient accompagnées d'ossements humains, des haches polies, des lamelles de silex et de la céramique typique de cette civilisation. Ces cimetières respectaient un modèle chasséen assez courant : ce sont des tombes « en fosse » groupées, pouvant être de simples trous rectangulaires creusés dans le sol. Elles étaient souvent pavées de petites dalles. Leurs parois en sont aussi couvertes. Les défunts étaient inhumés en position repliée. Ce type de tombe ne pouvait recevoir qu'une seule inhumation. La civilisation de Trets pratiquait également l'incinération, en petits coffres associés à des stèles, ou encore, ils creusaient des silos funéraires pour y déposer les cendres des défunts. On ne dispose pas assez d'éléments sur leurs habitats et leurs équipements. Mais comme les Chasséens, ils devaient habiter dans des huttes de bois ou des tentes en cuir, dressées dans les plaines inondables ou sur d'anciens marais desséchés. Leur céramique est très proche de celle des Chasséens. Leur matériel se composait de haches polies en pierre dure, des séries de lamelles de silex servant à fabriquer des burins, grattoirs, flèches tranchantes et le perçoir-tournevis86.

Le groupe corse comprend environ septante statues-menhirs véritables, toutes masculines87. Les monuments s'organisent en alignements d'une ou de plusieurs files parallèles, quasiment toujours orientées nord-sud. Ils sont quasi-systématiquement associés avec des tombes mégalithiques, surtout dans le sud-ouest et le nord-ouest de l'île88. L'éperon barré de Filitosa, dans la plaine fertile du Bas Taravo, est le site qui a livré le plus de statues-menhirs. Il se situe à quelques centaines de mètres du hameau du même nom, dans la commune de Sollacaro (canton de Petreto- Bicchisano), dans l'arrondissement de Sartène. Le hameau se trouve à cinq kilomètres à l'ouest de Sollacaro et à six kilomètres de la mer Méditerranée89 (annexe 9).

85 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 208. 86 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, pp.112-114. 87 Idem, p. 141. 88 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D., La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, p. 187. 89 GROSJEAN, R., Filitosa et son contexte archéologique, dans Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, tome 52, fascicule 1, 1961, pp. 3-4.

28 Selon R. Grosjean (cité par R. Joussaume), la civilisation mégalithique qui aurait dressé les statues de Corse serait celle des Torréens, un des Peuples de la Mer, appelé les Shardanes90.

Dans le groupe d'Aoste, on retrouve la Suisse et l'Italie péninsulaire. Le groupe Suisse s'est constitué sur trois sites bien différents. Le site du Petit-Chasseur est situé à Sion, en Valais, à proximité du col du Grand Saint-Bernard91. Le site a été découvert en 1961, suite aux travaux d'ingénieurs civils au cœur de la ville de Sion. Il a été fouillé intensivement par O. J. Bocksberger de 1961 à 1969 et par A. Gallay de 1971 à 1973. De nouvelles interventions ont été réalisées en 1987-1988 par S. Favre et M. Mottet, en 1992 par M. Besse, et en 2003 par M. Mottet. 31 stèles anthropomorphes ont été mises à jour dans la nécropole mégalithique du Petit-Chasseur92. Cette nécropole comprend un village, un cimetière de cistes du type de Chamblandes et un alignement de menhirs93. Ce site est d'abord occupé par la civilisation de Cortaillod vers -3100 jusque vers -2500, en dressant le double alignement de menhirs situé au gisement du Chemin des Collines. Puis, un peuple du Néolithique Récent dresse des statues sur le gisement de la Rue du Petit-Chasseur, où ils campaient également, vers -2300. Ils inhumaient leurs morts dans un dolmen. Ensuite, les Campaniformes, venus d'Europe centrale, enterrent leurs morts dans des cistes et réutilisent le dolmen après l'avoir vidé. Peu après, des Campaniformes méditerranéens s'y installent, en réutilisant les cistes existants, tout en fabriquant de nouveaux en cassant les statues-menhirs pour s'en servir comme matériau de construction. Enfin, vers -1900, le site est occupé par un peuple du Bronze ancien qui réutilise à nouveau la nécropole jusqu'au milieu du IIe millénaire avant J-C. Le site est alors abandonné définitivement94. L'alignement de La Possession de Lutry a été découvert fortuitement en 1984 par la pelle mécanique lors du creusement d'un parking souterrain95. Elle se compose en deux segments adjacents et distincts ; l'un mesure quinze mètres de longueur parfaitement rectiligne, composé de quatorze statues-menhirs arrangées en décroissance de part et d'autre d'un gros bloc central et l'autre est de six mètres de longueur, incurvé vers le sud. Il comporte onze petits blocs étonnants96.

90 JOUSSAUME, R., Des dolmens pour les morts. Les mégalithismes à travers le monde, Hachette, Paris, 1985, p. 262. 91 D'ANNA, A et al., Catalogue de l'exposition Stèles anthropomorphes néolithiques de Provence, Éditions Edisud, Avignon, 2004, p. 85. 92 DESIDERE, J., Sion- Petit-Chasseur (-Bronze Age) : Geography and Culture, Université de Genève, Genève, 2013, pp. 1, 3. 93 JOUSSAUME, R., Des dolmens pour les morts. Les mégalithismes à travers le monde, Hachette, Paris, 1985, p. 161. 94 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 201-202. 95 VORUZ, J.-L., Litholâtrie néolithique : les statues-menhirs de Suisse romande, dans JOUSSAUME, R. (dir.), Mégalithisme et Société, Table ronde CNRS des Sables-d'Olonne, 2-4 novembre 1987, Groupe vendéen d’Études préhistoriques, La Roche-sur-Yon, 1990, p. 191. 96 VORUZ, J.-L., Le néolithique Suisse. Bilan documentaire, Département d'Anthropologie et d’Écologie de l'Université de Genève n. 16, Genève, 1991, p. 127.

29 La commune d'Yverdon possède quarante-cinq statues-menhirs sur la Promenade des Anglais à Clendy97, située sur les rives du lac de Neuchâtel. Ce site possède quarante-cinq menhirs, avec deux alignements au nord et au centre. Ils forment un ovale de cent-et-cinq mètres sur cinquante. Présentant la même longueur, ces alignements sont accompagnés par un hémicycle, formant quatre groupe disposés à intervalles réguliers98. Le contexte archéologique d'Yverdon et de Lutry est mal connu, ce qui rend difficile la compréhension des statues-menhirs99. Ajouter dans ce groupe le site de Saint-Martin de Corléans à Aoste. C’est en Italie, juste de l’autre côté du Grand-Saint-Bernard, mais c’est le même dispositif qu’à Sion (annexe 10). L'Italie péninsulaire dispose de deux principales concentrations : le groupe de la Lunigiana/ Spézia qui comprend quarante-quatre statues100 et le groupe de Lagundo, en Haut-Adige et en Vénétie, qui rassemble vingt exemplaires101, avec en plus celui de Tötschling/Tecelinga (fig. 217, p. 201 ; cat. II, p. 260)102. Sur base des caractéristiques morphologiques et stylistiques, trois groupes ont été reconnus ; celui de Lagundo comprenant : le groupe d'Atesino, le groupe Brentonico et le groupe Lessinia. Le site du Trentin-Haut-Adige se situe à l'est des Alpes, dans la province de Bolzano103. Le groupe Atesino s'étend aux territoires de la province de Trentin et de la plaine de Benacense. Celui de Brentonico conserve la première statue découverte dans le Trentin. Celui de Lessinia présente deux monuments trouvés dans les Monts Lessini à Spiazzo di Cerna (fig. 5, p. 8 ; cat. II, p. 9) et à Sassinadi Prun. Ces monuments archéologiques ont été mis au jour sans contexte archéologique. Le groupe de Lunigiana se retrouve plus au sud, en dehors de l'arc alpin, à proximité des côtes méditerranéennes, dans le bassin de la Magra, un petit fleuve côtier, au nord de la Spézia, se jetant dans la mer Tyrrhénienne 104. Les monuments du groupe de Lunigiana se situent, plus précisément, le long d’anciennes voies de communication (annexe 11)105. Pour le groupe de la Lunigiana, quelques haches et outils de silex ont été découverts hors contexte ; aucun habitat en plein air ni tombes et ni grottes n'ont été découverts car le sol ne s'y prêtait pas.

97 VORUZ, J.-L., Le néolithique Suisse. Bilan documentaire, Département d'Anthropologie et d’Écologie de l'Université de Genève n. 16, Genève, 1991, p. 127. 98 VORUZ, J.-L., Litholâtrie néolithique : les statues-menhirs de Suisse romande, dans JOUSSAUME, R. (dir.), Mégalithisme et Société, Table ronde CNRS des Sables-d'Olonne, 2-4 novembre 1987, Groupe vendéen d’Études préhistoriques, La Roche-sur-Yon, 1990, pp. 193, 199. 99 VORUZ, J.-L., FAVRE, Fr. (collab.) et al., Hommes et Dieux du Néolithique. Les statues-menhirs d'Yverdon, dans Annuaire de la Société suisse de la Préhistoire et d'Archéologie, 1992, vol. 75, p. 41. 100 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 160. 101 PEDROTTI, A., Le statue-stele e le stele antropomorfe del Trentino Alto Adige e del Veneto_occidentale. Gruppo atesino, gruppo di Brentonico, gruppo della Lessinia, Civico Museo Archeologico, s.l., 1995, p. 259. 102 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 178. 103 Idem, p. 259. 104 D'ANNA, A et al., Catalogue de l'exposition Stèles anthropomorphes néolithiques de Provence, Éditions Edisud, Avignon, 2004, p. 86. 105 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), CNRS, Paris, 1977, pp. 36, 39.

30 Les premiers signes d'habitat certain n'apparaissent qu'à l'Age du Fer. Il est difficile actuellement de pouvoir discerner un groupe culturel précis. La civilisation de la Magra devait être des chasseurs provenant du Sud, et probablement de la mer (de la basse vallée de l'Arno et aussi, de la région des villes actuelles de Pise et de Lucques)106.

Le groupe de la mer Noire est constitué de quatre monuments, provenant de Crimée. Tiritaka I (fig. 10, p. 13 ; cat. II, p. 14) et II (fig. 11, p. 14 ; cat. II, p. 15) viennent d'une petite rivière se jetant dans le liman Nizego Gocimski. Pervomaevka a été découvert dans ce dernier (fig. 9, p. 12 ; cat. II, p. 13). Cette rivière se jette dans le cours inférieur du Bug qui a livré Kapustino (fig. 8, p. 11 ; cat. II, p. 12). Certaines statues, toujours en Crimée, s'étendent à l'est du Bug jusqu'au Don alors que d'autres occupent un territoire allant du cours inférieur du Dniestr, jusqu'à la Dobroudja bulgare. Les dernières proviennent plutôt de la région égéo-anatolienne, plus précisément de Thessalie et du détroit des Dardanelles (annexes 12 et 13)107. Les peuples qui dressaient les statues- menhirs sur les rivages de la Mer Noire concernent deux ethnies : d'abord, la civilisation des « haches de bataille » se sont répandus dans toute l'Europe du nord et principalement, en Allemagne durant le Chalcolithique. De nombreuses « haches de bataille » étaient présentes dans les sépultures : ce sont des copies de prototypes en cuivre du Moyen-Orient, fabriqués en pierre dure. Ces sépultures sont des tombes individuelles. Ensuite, la civilisation des tombes-catacombes de Crimée possède des sépultures construites comme des maisons de bois, à semi-enterrées et recouvertes d'un tumulus. Les statues-menhirs se dressaient soit à proximité des tombes, soit au- dessus, comme des clés de voûte. Un certain nombre était associé à des tombes d'enfants. Cette civilisation est considérée, comme faisant partie du même groupe culturel que précédemment, puisque la « hache de bataille » fait partie de ses armes de prédilection108.

106 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 160, 172-173. 107 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), CNRS, Paris, 1977, pp. 30-32. 108 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 216.

31 IV. Chronologie

Après l'observation des premières stèles, l'abbé Hermet déclare : « Il ne faudrait pas néanmoins croire se trouver en face d'une œuvre d'art : non, cette pierre grossièrement sculptée n'a guère que le mérite de l'antiquité. Si son ancienneté est incontestable, quelle date lui attribuer ? Pour ma part, je suis porté à croire que cette pierre enfouie sous terre et trouvée il y a une vingtaine d'années, en défonçant le sol, doit remonter à l'époque gallo-romaine et représenter une de ces divinités tutélaires que les Romains plaçaient sur les bords des propriétés pour les délimiter et pour les protéger, un Hermès ou un Jupiter Terniirius109. Sans autre certitude, la stèle demeure ''une antiquité curieuse''. Après avoir rassemblé six sculptures, découvertes dans un périmètre géographique localisé, il conclut plutôt : « Il ne peut s'agir que d’œuvres de la période préhistorique, puisqu'elles ne datent pas de l'époque romaine ou chrétienne »110. Ainsi, les débats sur la chronologie de ces monuments mégalithiques se sont mis en place. D'après le contexte de découvertes, les éléments figuratifs ou les analogies avec d'autres stèles, il est possible de déterminer une séquence chronologique en fonction des groupes géographiques.

Le groupe de la Péninsule ibérique s'étend du Néolithique final jusqu'à l'Age du Fer111. Les stèles et statues-menhirs ont été découvertes soit hors contexte soit associées à des monuments de la fin du Néolithique112. Elles sont ainsi datées du Néolithique récent et du Chalcolithique ; c'est-à-dire vers 2400 av. J-C à 1850 av. J-C113. Arnal situe la statue de Boulhosa (fig. 15, p. 18 ; cat. II, p. 83), par exemple, peu avant 2000 av. J-C par le collier à plusieurs rangs et par la ceinture, qui ont des similitudes avec le groupe des statues- menhirs. En Espagne, les stèles montrent certaines analogies avec les monuments languedociens ; ce qui permet de les dater du Néolithique récent. Celles du Languedoc leur sont légèrement postérieures114.

109 PHILIPPON, A., La découverte des statues-menhirs. Une affaire aveyronnaise, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, pp. 26- 29. 110 Idem, p. 32. 111 OLIVEIRA JORGE, V. Et OLIVEIRA JORGE S., Statues-menhirs et stèles du nord du Portugal, dans BRIARD, J. et DUVAL, A. (dir.), Les représentations humaines du Néolithique à l'âge du Fer : actes du 115e congrès national des sociétés savantes (Avignon, 1990), Éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques du Ministère de l’Éducation nationale, de l'Enseignement et de la Recherche, Paris, 1993, p. 29. 112 D'ANNA, A., Les statues-menhirs en Europe à la fin du Néolithique et au début de l'Age du Bronze, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 153. 113 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 187, 198. 114 Idem.

32 A. d'Anna rappelle également le rapprochement iconographique entre les plaques décorées de motifs géométriques et les « idoles » de l'Alentejo du IVe millénaire av. J-C ; idoles qui pourraient être à l'origine des grandes représentations humaines de la Péninsule ibérique115. D'après mes recherches, la datation antequem serait basée sur les colliers à perles calibrées du Néolithique116 pour les monuments féminins et sur le poignard-couteau en silex d'Ötzi pour les stèles masculines117. La datation postquem serait manifeste sur les monuments portant un motif rectangulaire allongé sur la face dorsale, datant du Bronze final, d'après G. et V. Oliveira Jorge118.

Le groupe breton daterait du Ve119 au IIIe millénaire av. J-C, d'après le contexte de découverte. Les premières stèles apparaissent au Néolithique moyen, caractérisées par des formes très simples (ni le visage ni le sexe ne sont représentés), comme avec Gavri'nis et au dolmen de la Table des Marchands, avec La divinité aux crosses (fig. 21, p. 24 ; cat. II, p. 25)120. Le mobilier de type Castellic de ce dernier a donné cinq dates radiocarbones dont quatre l'ont placé dans le début du IVe millénaire av. J-C121. Le Néolithique récent/final démontre une évolution ; le caractère anthropomorphe est plus net et la silhouette est plus féminisée122. Les monuments, essentiellement féminins, ont été découverts soit dans des dolmens à entrée latérale (Kergüntuil, fig. 19, p. 22/cat. II, p. 23 ; Crec'h Quillé, fig. 20, p. 23/cat. II, p. 24) ; datant approximativement de 2400 av. J-C, soit dans des allées couvertes (Mougau-Bihan, fig. 22, pp. 25-26/cat. II, p. 26 ; Prajou Menhir, fig. 18, p. 21/cat. II, p. 22 ; Bois du Tronchet, fig. 24, p. 28/cat. II, p. 28), autour de 2300 av. J.-C., soit dans un tumulus (Kerméné, fig. 2, pp. 3-4 ; cat. II, p. 7) ; antérieur à 2070 av. J-C123. J. L'Helgouach propose de dater plutôt les allées couvertes de 2600/2450 av. J-C et les dolmens à entrée latérale de 2308 av.

115 D'ANNA, A., Les statues-menhirs en Europe à la fin du Néolithique et au début de l'Age du Bronze, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 153. 116 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 83. 117 MOHEN, J.-P. et ELUERE, CH., L'Europe à l'âge du bronze. Le temps des héros, Gallimard, Paris, 1999, p. 37. 118 OLIVEIRA JORGE, S., et OLIVEIRA JORGE, V., Statues-menhirs et stèles du nord du Portugal, dans BRIARD, J. et DUVAL, A. (dir.), Les représentations humaines du Néolithique à l'âge du Fer : actes du 115e congrès national des sociétés savantes (Avignon, 1990), Éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques du Ministère de l'éducation nationale, de l'Enseignement et de la Recherche, Paris, 1993, pp. 33-34. 119 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D., La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, p. 189. 120 Idem, p. 187. 121 JALLOT, L., Enquête typologique et chronologique sur les menhirs anthropomorphes : études de cas dans le Sud de la France, l'Ouest, l'arc alpin et la Bourgogne, dans Actes du 2ème colloque international sur la statuaire mégalithique, Saint-Pons-de-Tjhommières, 10-14 septembre 1997, Fédération Archéologique de l'Hérault, 1998, p. 333. 122 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D., La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, p. 189., p. 187. 123 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 117, 124-125.

33 J-C. Les piliers sont considérés contemporains de la construction de l'édifice, même si les charbons de bois enfermés dans ces monuments pourraient être plus récents124. La statue provenant du tumulus de Kermené permet également d'attribuer la datation (Néolithique final) aux statues- menhirs de Guernesey grâce à une série de caractéristiques similaires, comme le bourrelet au sommet de la statue, par exemple125. Une liaison certaine est mise en évidence par l'art pariétal entre l'architecture à entrée latérale et les allées couvertes à entrée axiale et cellule terminale. Les monuments appartenant à ce groupe détenaient essentiellement du mobilier de S.O.M. (pots-de- fleurs, haches polies, silex pressignien) alors que la céramique campaniforme se raréfie126. Elle daterait de 2400 à 1700 av. J-C 127à cause des découvertes leurs hypogées128.

Le groupe du Bassin parisien/marnais est lié à la civilisation de S.O.M. étudiée par P. Bosch Gimpera129.

Le groupe rouergat présente une chronologie incertaine car les monuments ont été découverts en dehors de tout contexte dans une forêt130. J.-P. Serres propose que ces statues-menhirs et stèles étaient élevées pour être isolées de tout contexte archéologique131. Leur datation relative s'étend du Néolithique final au Chalcolithique (vers 2500 /2400 av. J-C à 1850 av. J-C), d'après l'étude de l' « objet »132 et de la parure133. Les plus anciens monuments peuvent être datés de la fin du IVe millénaire av. J-C, soit 3500 av. J-C. Les statues masculines sont antérieures aux féminines134. Il est toutefois actuellement encore impossible de confirmer la chronologie des monuments particuliers tels que Cénomes (fig. 109, p. 97 ; cat. II, p. 150) et Tauriac (fig. 112, p. 99 ; cat. II, p. 153) : seraient-ils à l'origine du groupe rouergat ou représenteraient-ils la phase de déclin ?135

124 ARNAL, J., Note sur la chronologie des statues-menhirs anthropomorphes en France, dans Revue archéologique de Narbonnaise, tome 6, 1973, p. 265. 125 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 125. 126 L'HELGOUACH, J., La sépulture mégalithique à entrée latérale de Crec'h-Quillé en Saint-Quay-Perros (Côtes- du-Nord) dans Bulletin de la Société préhistorique française. Études et travaux, tome 64, n°3, 1967, p. 694-695. 127 ARNAL, J., Note sur la chronologie des statues-menhirs anthropomorphes en France, dans Revue archéologique de Narbonnaise, tome 6, 1973, p. 265. 128 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 47. 129 Idem. 130 ARNAL, J., Note sur la chronologie des statues-menhirs anthropomorphes en France, dans Revue archéologique de Narbonnaise, tome 6, 1973, p. 165. 131 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A.. (dir..) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées du fond des âges, Éditions de Rouergue, Rodez, 2008, p. 88. 132 ARNAL, J., Note sur la chronologie des statues-menhirs anthropomorphes en France, dans Revue archéologique de Narbonnaise, tome 6, 1973, p. 165. 133 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A.. (dir..) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées du fond des âges, Éditions de Rouergue, Rodez, 2008, p. 91. 134 ARNAL, J., Note sur la chronologie des statues-menhirs anthropomorphes en France, dans Revue archéologique de Narbonnaise, tome 6, 1973, p. 165. 135 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 71.

34 La séquence chronologique a été établie à partir d'analyses effectuées sur l'étude des figurations, obtenant ainsi une datation relative : collier à rangs multiples, la pendeloque, l'arc et la flèche. Durant cette séquence chronologique, des civilisations bien individualisées occupent l'espace d'extension des monuments : les groupes de Treilles, de Saint-Pons et du Gourgasien, d'après J.-P. Serres136, ou les groupes rodéziens, dans les Grands Caussess et de Saint-Ponien, plus au sud, autour de la ville actuelle de Saint-Pons, d'après J. Arnal. Ce dernier souligne que ces deux civilisations vivaient à l'extérieur et en bordure de terrains primaires, peu favorables à l'agriculture. Aucune traces d'habitation et de culture n'ont été retrouvées (les civilisations citées plus haut se sont établies plutôt sur des terrains d'âge récent). Ces cultures pratiquaient de préférence la chasse et ont ainsi édifié leurs statues-menhirs et stèles, loin de leurs habitats, sur ces terrains primaires137. Selon M. Maillé138, les statues rouergates auraient été réalisées dans les derniers siècles de la seconde moitié du IVe millénaire av. J-C ; entre 3000 et 2200 av. J-C ; datation renforcée par la corrélation des statues-menhirs au développement du mégalithisme et de leurs figurations avec les objets réels (l' « objet » ; datant du IIIe millénaire av. J-C et la parure du Chalcolithique final Caussenard). Seul le monument de Durenque (fig. 87, p. 79 ; cat. II, p. 115) se situant autour du Bronze moyen ou final sortirait de ce cadre chronologique. E. Mens, F. Léandri et M. Maillé pensent plutôt que les statues rouergates datent bien du Néolithique ; voire qu'elles pourraient être plus anciennes, à cause de la stèle à Planet, découverte dans un environnement constitué de nombreuses structures domestiques, de combustion, de métallurgie ainsi que d'un habitat en pierre sèche. La stèle présente une sorte de blason rectangulaire et de cannelures tracées en bordure, sur le bas et sur sa tranche, analogues au décor présent sur la statue-menhir de la Gruasse (à l'origine, un monument rouergat)139.

136 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A.. (dir..) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées du fond des âges, Éditions de Rouergue, Italie, 2008, p. 91. 137 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 52. 138 MAILLE, M., Les statues-menhirs rouergates : approches chronologiques, dans Documents d'archéologie méridionale. Protohistoire du Sud de la France, n°34, 2011, p. 17. 139 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D., La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, pp. 200-201.

35 D'après mes recherches sur les colliers, sur l' « objet » et sur la chevelure, les monuments aveyronnais auraient une datation relative. La datation antequem serait située vers le Néolithique moyen par la simulation des fragments de tresses du tumulus X du Freyssinel à Saint-Bauzile, datant du Néolithique final140, les pendeloques en jayet des civilisations rodéziennes et sainponiennes pour l' « objet »141 et les perles calibrées du Néolithique pour les colliers simples et doubles142. La datation postquem se base sur les colliers multiples qui dateraient du Chalcolithique à l'Age du Bronze, comme les colliers à torques du type « Camonica » (datant de l'Age du Bronze moyen et récent ; 1500-1000 av. J-C)143. La « pendeloque en Y » daterait, elle, du Chalcolithique à cause de sa similitude avec les « pendeloques-bâtons »144.

Le groupe languedocien s'intégrerait aux civilisations du IIIe millénaire av. J-C, vers 2400 à 1850 av. J-C, d'après les contextes archéologiques : les groupes de Ferrières (Néolithique récent au Chalcolithique) et de Fontbuïsse (Chalcolithique à l'âge du Bronze ancien)145. A. d'Anna propose de les situer uniquement au Néolithique final, soit de 3200 à 2400 av. J-C, d'après le contexte archéologique146. La statue de Montferrand (fig. 128, p. 112 ; cat. II, p. 166) date, en effet, du Néolithique récent, antérieur à 2250 av. J-C, par sa découverte dans une cabane de la civilisation de Fontbuïsse. Toutefois, les monuments de Les Cazarils et de Bouïsset ont été découverts dans des tombes « en ruche » ; datant du Chalcolithique, où ils veillaient sur des dépouilles de Fontbuxiens147. Les ossements ont été analysés par le carbone 14 ; ce qui a permis d'établir la datation, entre 2300 et 1920 av. J-C148. Ces informations sont fort intéressantes afin d'établir une chronologie absolue. Pour la région du Gard, J. Arnal mentionne une chronologie distincte, en fonction du sexe : monuments masculins, vers 2600 à 2200 av. J-C et monuments féminins, de 2200 à 1850 av. J-C.

140 CONSTANTINI, G., La vie quotidienne au temps des statues-menhirs, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues- menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 122. 141 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 175. 142 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 83. 143 ANATI, E., La civilisation du Val Camonica, Arthaud, France, 1960, pp. 76-77. 144 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, pp. 85, 121. 145 Idem, pp. 47, 81-82. 146 D'ANNA, A., Les statues-menhirs en Europe à la fin du Néolithique et au début de l'Age du Bronze, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées du fond des âges, Éditions de Rouergue, Italie, 2008, p. 169. 147 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 96-97. 148 ARNAL, J., Note sur la chronologie des statues-menhirs anthropomorphes en France, dans Revue archéologique de Narbonnaise, tome 6, 1973, p. 165.

36 Les stèles et statues-menhirs ont été découvertes soit associées à des sépultures, voire à des structures considérées comme funéraires, malgré l'absence d'ossements humains (Collorgues II, fig. 135, p. 118/cat. II, p. 139 ; Foissac, fig. 136, p. 119/cat. II, p. 174 ; Les Cazarils, fig. 132, p. 115/cat. II, p. 171 ; Bouisset ; Aven Meunier), soit provenant de sites d'habitats (Le Colombier, fig. 143, p. 126/cat. II, pp. 182-183 ; Montferrand, fig. 128, p. 112/cat. II, p. 166 ; Cambous, fig. 122, p. 109/cat. II, p. 160), en tant que matériaux de construction pour les parements des murs de maisons fontbuxiennes (Cambous) ; ou en restant fonctionnelles, sur leur lieu d'élévation (Les Cazarils). Certains sites funéraires ne se limitent pas à cette fonction ; comme le site des galeries de Collorgues lié à l'extraction du silex. Les monuments découverts sur ce type de site ont été par ailleurs également utilisés comme matériaux de construction, en tant que réemploi (Collorgues II, Foissac)149. D'après mes recherches sur les colliers, sur la « pendeloque en Y », sur l' « objet » et sur la chevelure, les monuments aveyronnais auraient une datation relative. La datation antequem serait située vers le Néolithique moyen par la présence de l'objet en « tour Eiffel » représenté par la « fausse-pendeloque », les fragments de tresses du tumulus X du Freyssinel à Saint-Bauzile, datant du Néolithique final150, les pendeloques en jayet des civilisations rodéziennes et sainponiennes représentées par l' « objet »151 et les perles calibrées du Néolithique pour les colliers simples et doubles152. La datation postquem se base sur les colliers multiples qui dateraient du Chalcolithique à l'Age du Bronze, comme les colliers à torques du type « Camonica » (datant de l'Age du Bronze moyen et récent ; 1500-1000 av. J-C)153. La « pendeloque en Y » daterait, elle, du Chalcolithique à cause de sa similitude avec les « pendeloques-bâtons »154.

Le groupe provençal se situe dans le Néolithique, basé sur le lieu de découverte. J. Arnal pense que les plus anciennes stèles européennes viendraient de la Durance, datées du Néolithique moyen155. Les plus récentes se situeraient au Néolithique récent, entre 3600 et 3300 av. J-C, datation établie grâce à leur contexte funéraire, comme à Trets156.

149 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 104. 150 CONSTANTINI, G., La vie quotidienne au temps des statues-menhirs, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues- menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 122. 151 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 175. 152 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 83. 153 ANATI, E., La civilisation du Val Camonica, Arthaud, France, 1960, pp. 76-77. 154 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, pp. 85, 121. 155 Idem, p. 114. 156 D'ANNA, A., Les statues-menhirs en Europe à la fin du Néolithique et au début de l'Age du Bronze, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées du fond des âges, Éditions de Rouergue, Rodez, 2008, p. 166.

37 J. Arnal ajoute que cette chronologie a pu être déterminée grâce à l'analogie languedocienne. Toutefois, les monuments du Languedoc resteraient légèrement postérieurs aux stèles provençales157. Le groupe venaissin auraient subi l'influence languedocienne158 Les stèles provençales sont actuellement les plus anciennes figurations anthropomorphes, datées entre 3800 et 3500 av. J-C, selon E. Mens, F. Léandri et M. Maillé159. Pour ce groupe du Néolithique, j'ajouterai que le motif décoratif en zigzags verticaux et en « arête de poisson » est connu dès le Néolithique ancien (6e millénaire av. J.-C.), utilisé comme décor sur les premiers contenants d'argile cuite de nos régions par la civilisation cardiale. Mais il y a aussi cette présence de chevrons sur les idoles ibériques du Néolithique160.

Le groupe corse propose une séquence chronologique assez large, qui s'étend du Néolithique moyen au Bronze final, avec la possibilité de s'étirer jusqu'à l'âge du Fer161. Le groupe corse présente deux phases principales de datation, proposées par R. Grojean. Les statues non armées, considérées comme étant les plus anciennes, sont datées de la fin du IIIe millénaire, tandis que les statues armées sont attribuées entre 1500 et 1000 av. J-C, selon la typologie des armes162. R. Grosjean propose six répartitions des menhirs corses. La première comporte des mégalithes dressés autour de tombes souterraines en coffre ; datant de la fin du Néolithique, aux alentours du IIIe millénaire av. J-C. Les deuxième et troisième répartitions présentent des mégalithes édifiés à proximité de dolmens, datant du IIIe millénaire au début du IIe millénaire av. J-C. Le quatrième groupe rassemble des statues-menhirs non armées ; considérées comme les plus anciennes, et sur lesquelles la figure humaine est réellement représentée dans un ovale encerclant les sourcils et incluant le nez encadré par les yeux, accompagné d'une bouche. Ce groupe n'est plus associé à des monuments mégalithiques, mais est plutôt intégré à des alignements. Ces statues occupent en majorité le sud de la Corse (Paladin, fig. 173, p. 159/cat. II, p. 215 ; Filitosa II, fig. 185, p. 169 ; cat. II, p. 227 ; Filitosa VIII, fig. 162, p. 149/cat. II, p. 204 ; Filitosa IX, fig. 163, p. 150/cat. II, p. 205 ; Filitosa X, fig. 164, p. 151/cat. II, p. 206).

157 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 114. 158 D'ANNA, A., LAZARD-DHOLLANDE, N. et LEMERCIER, O., Une stèle anthropomorphe néolithique trouvée près de Cavaillon (Vaucluse) acquise par le Musée des Antiquités Nationales, dans Musée des Antiquités nationales, n° 29, 1997, p. 21. 159 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D., La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, p. 200. 160 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, pp. 515-517. 161 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D., La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, p. 187. 162 D'ANNA, A., Les statues-menhirs de Corse : chronologie et contextes, l'exemple de Cauria, dans Documents d'archéologie méridionale, Adam Éditions, n° 3, 2011, p. 21.

38 R. Grosjean fait correspondre ce stade à une époque de tranquillité, du Néolithique moyen ; période pendant laquelle les Corses pratiquaient l'agriculture et l'élevage. Le cinquième stade correspondrait à l’apparition des premiers sites fortifiés avec des torres, suite à une invasion de l'île entre le Bronze moyen et final (Filitosa I, fig. 184, p. 168/cat. II, p. 226 ; Filitosa VI, fig. 190, p. 174/cat. II, p. 231 ; Filitosa VII, fig. 191, p. 175/cat. II, p. 232). Le sixième stade serait associé à des statues-menhirs non armées, situées en majorité dans la partie septentrionale de la Corse, et portent des bosselets sous la coiffure interprétés comme des oreilles Sargone I, fig. 170, p. 157/cat. II, p. 212 ; Renicciu, fig. 169, p. 156/cat. II, p. 211)163. Ce dernier stade date du Bronze final, vers 1000 av. J-C164. À Cauria, les statues implantées durant le Bronze ancien puis au Bronze final, accompagnées d'armes, démontrent une augmentation de la pression du conflit. A. D'Anna précise toutefois que cette évolution des statues-menhirs proposée par R. Grosjean n'est pas linéaire : les différentes étapes apparaissent successivement sans être supplantées par un autre type de stade.165 Actuellement, l'interprétation de l'évolution des statues dans le sud du Massif central se caractérise par une phase ancienne des menhirs évoluant vers des stèles d'aspect anthropomorphe, pour déboucher, par la suite, aux véritables statues-menhirs. Cette évolution aboutit ainsi à la figuration d'un individu qui serait le marqueur de communautés, de clans ou de lignages166. J'ai assimilé le poignard à pommeau « à béquille », observé sur le fragment V de Filitosa, à celui de Pancheraccia (annexe 88), découvert dans le lit du Tagnone. C'est un poignard de bronze moulé d'une seule pièce, attribué au Bronze final ou au premier âge du Fer167. Cette constatation permet d'établir une datation relative, puisque la partie triangulaire est dissimulé par un fourreau.

Le groupe suisse apparaît au Néolithique final/début du Chalcolithique et s'étend jusqu'à l'âge du Fer168. A. d'Anna situe la première phase d'implantation des monuments vers 2800 à 2400 av. J-C et la seconde, vers 2500 à 2200 av. J-C169.

163 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 143-148. 164 GROSJEAN, R., La statue-menhir de Renicciu (commune de Coggia, Corse), dans Bulletin de la Société préhistorique française. Comptes rendus des séances mensuelles, tome 69, n°5, 1972, p. 158. 165 D'ANNA, A., Les statues-menhirs de Corse : chronologie et contextes, l'exemple de Cauria, dans Documents d'archéologie méridionale, Adam Éditions, n° 3, 2011, p. 30. 166 MENS, E., LEANDRI, F. et MAILLE, M., Pierres levées et anthropomorphisme : stèles bretonnes, menhirs anthropomorphes, statues-menhirs, dans GUILAINE, J. et GARCIA, D., La protohistoire de la France, Hermann Éditeurs, Paris, 2018, p. 187. 167 CESARI, J. et al., Corse des origines. La préhistoire d'une île (guide archéologique de la France), Éditions du patrimoine, Paris, 2016, p. 96. 168 DE PASCALE, A., Volto impenetrabile e aspetto essenziale: le statue stele nell’arco alpino tra IV e III millennio a.C., dans TUSA, S., BUCCELLATO, C. et BIONDO, L. (dir.), Le Orme dei Giganti, Regione. Siciliana - Assessorato dei Beni Culturali ed Ambientali e della Pubblica Istruzione, Palermo, 2009, pp. 114-115. 169 D'ANNA, A., Les statues-menhirs en Europe à la fin du Néolithique et au début de l'Age du Bronze, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions de Rouergue, Rodez, 2008, p. 155.

39 J. Arnal propose de faire apparaître les stèles vers le Néolithique Récent, d'après les fouilles de O. J. Bockseberger et de M. R. Sauter170. On se base sur une datation absolue par la découverte de monuments funéraires. Le groupe débuterait aux environs de 2300 av. J-C lors de l'érection des stèles ; les Campaniformes les brisent ensuite vers 2100 av. J-C afin de créer des caissons funéraires individuels171. Durant la phase campaniforme, les stèles présentent des vêtements richement décorés de compositions géométriques complexes172. I. K. Spindler (cité par J. Arnal) précise que la stèle avec la pendeloque à double spirale daterait de 2400/2300 av. J-C par ses similitudes avec la stèle de Collorgues II (fig. 135, p. 118 ; cat. II, p. 139)173. On pourrait rajouter la datation des projectiles en roches tenaces découvertes dans les dolmens MVI et MXII, qui datent du Néolithique final à cause de la représentation de l'arc à flèches174 et du poignard foliacé de la stèle XVIII, semblable aux poignards métalliques de l'Europe du Nord, région dépourvue de tout gisement d'étain ou de cuivre, remontant à la deuxième moitié du IIIe millénaire av. J-C. Le poignard de la stèle II, s'approchant du type remedellien, peut également, à mon sens, s'approcher du poignard unitécien car tous deux présentent de fortes similitudes avec les gravures. Au niveau de la datation, ces deux armes datent du Chalcolithique 175 (vers -2300176 ou vers -2900/-2400177).

Le groupe de l'Italie péninsulaire est composé des monuments du Trentin-Haut-Adige, de la Lunigiana de la Spézia et des Pouilles. Dans le Trentin-Haut-Adige, tous les monuments ont été découverts hors contexte, à l'exception du fragment mis en évidence lors des fouilles menées à Velturno (fig. 218, p. 202 ; cat. II, p. 261) par L. Dal Ri de la Surintendance de Bolzano et par B. Bagolini du Département des Sciences Philologiques et Historiques de l'Université de Trente (lieu de découverte dans le catalogue). La datation du Trentin-Haut-Adige se base essentiellement sur l'analyse typologique des objets figurés, notamment les poignards. Ceux qui représentent des dagues de type Remedello auraient été réalisés dans la phase II de l'âge du Cuivre qui se développe, en termes de chronologie absolue, dans la première moitié du IIIe millénaire av. J-C. 170 ARNAL, J., Note sur la chronologie des statues-menhirs anthropomorphes en France, dans Revue archéologique de Narbonnaise, tome 6, 1973, p. 165. 171 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 202. 172 Idem, p. 203. 173 ARNAL, J., Note sur la chronologie des statues-menhirs anthropomorphes en France, dans Revue archéologique de Narbonnaise, tome 6, 1973, p. 165. 174 GALLAY, A., Autour du Petit-Chasseur : L'archéologie aux sources du Rhône (1941-2011), Éditons Errances, France, 2011, p. 83-85. 175 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 205 et BRIARD, J., L'âge du Bronze en Europe barbare : des mégalithes aux Celtes, Éditions des Hespérides, s.l., 1976, pp. 109-115. 176 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 166. 177 GUILAINE, J., Notes de cours : Stèles anthropomorphes, statues et sociétés de la Préhistoire récente, dans cours de Civilisations de l'Europe au Néolithique et à l'Age du Bronze, 2002-2003, p. 699.

40 La présence d'un autre type de poignard sur le monument de Velturno, se référant probablement au type campaniforme, permet de reconnaître au sein de ce groupe une seconde phase chronologique parallèle. Cette phase daterait du IIIe millénaire av. J-C grâce à la découverte du vase Campaniforme attesté en Italie du Nord. Par cette découverte, il est possible de relier les représentations anthropomorphes et fauniques du monument Lagundo B (fig. 211, p. 195 ; cat. II, p. 254) à cette phase178. J. Arnal propose une datation plus précise : la stèle de Teceling/Tötschling (fig. 217, p. 201 ; cat. II, p. 260) daterait de l'âge du Bronze ancien ou moyen par la présence du poignard à pommeau hémisphérique, et les stèles du Lagundo vers la fin du Bronze moyen par la présence des haches à douille et des poignards. Ces derniers disposent d'une datation terminus ante quem par la présence d'un char à quatre roues tiré par deux bœufs figurant sur la stèle Lagundo B179. A. D'Anna poursuit la chronologie par l'explication de la présence des poignards de type Remedello, datant entre 2800 et 2400 av. J-C (soit relié à la civilisation du Campaniforme, soit au Bronze ancien) 180. Concernant Velturno (fig. 218, p. 202 ; cat. II, p. 261), j'ai associé son poignard à celui d'Ötzi, datant du Néolithique et présentant de grandes similitudes avec un couteau181. Le groupe de la Lunigiana de la Spézia a été daté d'après la typologie des armes figurées, permettant ainsi de définir trois groupes, selon J. Arnal182. Le groupe A présente des poignards d'Europe centrale ; plaçant les monuments dans le Chalcolithique. Le groupe B porte des poignards de type Remedello, apparus vers la fin du Chalcolithique. Il est à la fois plus ancien et contemporain du premier groupe. Le groupe C daterait du premier âge du Fer, vers les VIIe et VIIIe siècles av. J- C183. Le groupe des Pouilles présente une datation différente, d'après la figuration en « X » sur les stèles féminines (fig. 59, p. 53/fig. 60, p. 53/ fig.61, p. 54 ; p. 77, p. 78, p. 79) et le poignard gravé sur le fragment masculin (fig. 62, p. 54 ; cat. II, p. 80)184. Les monuments féminins dateraient du Néolithique à cause de la découverte d'une petite statuette de Montbeyre (Teyran, Hérault), présentant des seins séparés par un « X » légèrement galbés, datée entre 2750 et 2500 av. J-C. J'ajouterai que ce « X » peut être constitué de perles calibrées, datant du Néolithique185.

178 PEDROTTI, A., Le statue-stele e le stele antropomorfe del Trentino Alto Adige e del Veneto_occidentale. Gruppo atesino, gruppo di Brentonico, gruppo della Lessinia, Civico Museo Archeologico, s.l., 1995, pp. 265-266. 179 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 178 et 180. 180 D'ANNA, A., Les statues-menhirs en Europe à la fin du Néolithique et au début de l'Age du Bronze, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions de Rouergue, Italie, 2008, p. 158. 181 MOHEN, J.-P. et ELUERE, CH., L'Europe à l'âge du bronze. Le temps des héros, Gallimard, Paris, 1999, p. 37. 182 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 171. 183 Idem. 184 Idem, p. 176. 185 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 83.

41 Le fragment masculin se situerait dans le Bronze moyen à cause du type de poignard figuré186. Selon A. d'Anna, les plus anciennes stèles de la Péninsule italienne seraient celles présentant des poignards de type Remedello, datées de 2800-2400 av. J-C, pour se prolonger jusqu'à l'âge du Fer187. Pour ces groupes, j'ai assimilé le poignard foliacé de la stèle de Minucciano II et de Lagundo II, semblable aux poignards métalliques de l'Europe du Nord, région dépourvue de tout gisement d'étain ou de cuivre, remontant à la deuxième moitié du IIIe millénaire av. J-C. Ensuite, les poignards qui semblent s'approcher du type remedellien peuvent également, à mon sens, s'approcher du poignard unitécien car tous deux présentent de fortes similitudes avec les gravures. Au niveau de la datation, ces deux armes datent du Chalcolithique188 (vers -2300189 ou vers -2900/-2400190). Les poignards ne disposant pas de nervure peuvent être assimilés à ceux en bronze de type Polada, qui est fort présent durant le Bronze ancien en Italie.

Le groupe de la mer Noire englobe la Bulgarie, la Roumanie, la Grèce, la Crimée et l'Ukraine. A. d'Anna date les monuments des trois premiers pays, de la fin du Néolithique moyen ; alors que ceux la Crimée et de l'Ukraine, de la fin du IVe millénaire jusqu'au IIIe millénaire av. J-C, à cause de leur utilisation dans des constructions191. Il propose de placer ce groupe dans les phases récentes à cause des différentes transformations et ajouts d'attributs192. J. Arnal fournit une datation globale : entre le Néolithique récent et le Chalcolithique (vers 2400 à 1850 av. J-C)193. Toutefois, Hamangia a été découverte après la destruction de la tombe à laquelle elle était associée, lors de travaux publics. Les terrassiers ont rencontré un tumulus plat qui empêchait le tracé de la voie ferrée Medgidia- Babadag-Tulcea. N. Mainesco, l'ingénieur en chef, a également mis de côté de nombreux tessons de vases, des restes humains et du mobilier funéraire. Hamangia se situerait à partir de 2300 av. J-C. R. Vulpe a proposé, en 1959, de l'associer à la culture Cernavoda III, contemporaine de Troie I moyen, Ière moitié du IIIe millénaire av. J-C194ou Chalcolithique, par la forme des haches195. 186 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 176. 187 D'ANNA, A., Les statues-menhirs en Europe à la fin du Néolithique et au début de l'Age du Bronze, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions de Rouergue, Italie, 2008, p. 158. 188 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 205 et BRIARD, J., L'âge du Bronze en Europe barbare : des mégalithes aux Celtes, Éditions Errance, Paris, 1976, pp. 109-115. 189 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976 , p. 166. 190 GUILAINE, J., Notes de cours : Stèles anthropomorphes, statues et sociétés de la Préhistoire récente, dans cours de Civilisations de l'Europe au Néolithique et à l'Age du Bronze, 2002-2003, p. 699. 191 GUILAINE, J., Notes de cours : Stèles anthropomorphes, statues et sociétés de la Préhistoire récente, dans cours de Civilisations de l'Europe au Néolithique et à l'Age du Bronze, 2002-2003, p. 178. 192 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 217. 193 D'ANNA, A., Les statues-menhirs en Europe à la fin du Néolithique et au début de l'Age du Bronze, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions de Rouergue, Italie, 2008, p. 159, 161. 194 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), CNRS, Paris, 1977, pp. 52-53. 195 PARVAN, V., Statue-menhir de Hamangia, dans Dacia, tome II, Bucureşti, 1925, pp. 426-427.

42 V. Description A. Anatomie a. Face antérieure

1. Caractéristiques des visages

Le visage est un élément fort représenté sur les statues-menhirs et stèles. Il en existe différentes formes selon les pays et régions (annexe 14)196 : – en Péninsule ibérique, le visage présente un fort schématisme dans sa globalité durant le Néolithique pour devenir plus détaillée au Bronze final. Au Néolithique, les monuments de Crato (fig. 13, p. 16; cat. II, p. 18) et Quinta do Couquinho (fig. 14, p. 17 ; cat. II, p. 19) présentent le même type de schématisme ; les yeux sont séparés par une ligne verticale (le groupe 1a). Celle de Quinta do Couquinho présente, en plus, une barre horizontale. La stèle de Boulhosa (fig. 15, p. 18 ; cat. II, p. 83) ne dispose que des yeux (groupe 1b). Un autre groupe (groupe 2) est à mettre en évidence, formé par les stèles de Moncorve (fig. 16, p. 19 ; cat. II, p. 20) et d'Asquerosa (fig. 17, p. 20 ; cat. II, p. 21) ; seule la silhouette du visage est dessinée, permettant la délimitation du nez (avec des angles bien définis ou avec des angles arrondis). Celle d'Asquerosa dispose, en plus, d'yeux. A l'Age du Bronze ancien, un visage non anatomique197 fait son apparition (Longroiva, fig. 201, p. 185 ; cat. II, p. 244) On peut observer que lors de l'Age du Bronze final, on est confronté à deux types de visages. Le premier peut être encore plus stylisé (Chaves, fig. 160, p. 147 ; cat. II, p. 202) : les yeux sont reliés à la ligne verticale par des lignes obliques. À l’extrémité de la verticale, sont dessinés deux petits cercles, formant éventuellement des narines. Le second est fort détaillé (Ermida, fig. 158, p. 145 ; cat. II, p. 200) ; les yeux sont munis de pupilles ; le nez, les oreilles, la bouche et le contour du visage sont représentés. L'Age du Bronze ancien dispose ainsi de visages schématiques, non anatomiques et plus anatomiques, permettant la continuité des styles et une forme d'évolution198.

196 J'ai décidé de sélectionner les visages les plus représentatifs dans mon catalogue, représentant chacun un type de visage sur mes relevés. 197 « Non anatomique » dans le sens que les éléments du visage sont représentés dans une forme encore schématique. 198 Il est évident que ce genre d'évolution ne s'impose pas du jour au lendemain. Un style n'en remplace pas un autre.

43 – En France, selon les régions, différents types de faciès sont également à mettre en évidence : ° dans le Vaucluse, on peut retrouver deux types de visages spécifiques ; soit seule la silhouette du visage est dessinée, permettant la délimitation du nez. Les angles sont bien définis (fig. 51, p. 47 ; cat. II, pp. 65-66) ou ils sont plus arrondis (Rocher des Doms, fig. 155, pp. 141-142 ; cat. II, pp. 136-137). Les yeux sont, parfois, dessinés. Auparavant, Cotte supposait que les yeux étaient peints puisque les stèles d'Orgon-Sénas étaient dépourvues d'yeux. Cependant, depuis les premières découvertes sur le site de Lauris, mettant au jour une stèle du même style que les autres, cette question est définitivement tranchée puisqu'elle est munie d'yeux199. Mis à part l'ornementation, ce type de visage peut se rapprocher fortement à celui d'Asquerosa (avec les angles définis), comme l'ont signalé S. Gagnière et J. Granier200 et à celui de Moncorve (avec les angles arrondis), venant tous deux du Portugal ; soit le visage est sous la forme d'une borne, accompagné d'yeux (Isle-sur- Sorgue, fig. 153, pp. 138-139 ; cat. II, pp. 134-135). Deux éléments relient ces deux types de visages : la présence du « T » facial et l'absence de bouche201. Seule la stèle du Rocher-des-Doms semble présenter des caractéristiques communes entre celles d'Orgon-Sénas, de Lauris et celle de l'Isle-sur-Sorgue. Elle est semblable aux premières par l'absence de bouche et par la technique du surcreusement de la face avec les parties réservées pour le nez, le front et les côtés. Concernant l'Isle-sur-Sorgue, elle s'y rapproche par la forme en borne, par les cupulations et le dessin grossier202. ° en Aveyron, il existe le visage délimité par une ligne rectangulaire (Saint-Sernin, fig. 70, pp. 61- 62 ; cat. II, pp. 92-93) ou triangulaire (Serre Grand, fig. 79, p. 70 ; cat. II, p. 102), portant des yeux, un nez et parfois des traits horizontaux, situés de part et d'autre du nez. Le visage peut aussi être délimité sur tout son contour, muni d'yeux (Les Maurels, fig. 81, p. 72 ; cat. II, pp. 105-106). En observant, la forme de ces trois types de visages, ne verrait-on pas un masque représenté ? Les traits représentent-ils de vrais « tatouages », « scarifications » ou plutôt, des décorations de cet accessoire ? Y a-t-il un apport du masque courant dans cette région ? Pour cette dernière question, on peut observer sur le visage de Durenque (fig. 87, p. 79 ; cat. II, p 115) une différence majeure : la forme géométrique du visage n'est pas représentée ; seul les yeux accolés de part et d'autre du nez et la bouche sont représentés.

199 GAGNIERE, S. et GRANIER, J., Les stèles anthropomorphes du musée Calvet d'Avignon, dans Gallia préhistoire, tome 6, 1963, pp. 34-35. 200 Idem, p. 44. 201 Idem, p. 35. 202 Idem, p. 49.

44 ° dans le Gard, le visage peut être identifié uniquement par le « T » facial (arcades sourcilières rejoignant le nez et munies d'yeux ; Collorgues II, fig. 135, p. 118 ; cat. II, p. 139), parfois accompagné par la représentation de la silhouette du visage (mise en relief par une zone surcreusée tout autour du visage203, Rosseirone, fig. 138, p. 122 ; cat. II, p. 178) par un simple trait ou sous la forme d'un bandeau (La Candélaire, fig. 141, p. 124 ; cat. II, p. 180). Cela permet de mettre en évidence la représentation du nez. ° dans le Hérault, le visage peut être identifié uniquement par le « T » facial, accompagné de traits horizontaux, légèrement concaves (Bouisset I, fig. 129, p. 113 ; cat. II, p. 167). Le nez du « T » facial peut, parfois, être représenté plus long ; en dépassant même l'emplacement des traits horizontaux (Les Cazarils, fig. 132, p. 115 ; cat. II, p. 171). Serait-ce un autre type de masque ? ° en Corse, on peut retrouver un visage identifiable par un trait convexe, permettant de faire la délimitation. Les yeux et le nez sont représentés (Filitosa V, fig. 188, p. 172 ; cat. II, p. 230). Le visage peut être délimité par sa silhouette en forme ovale, munie du « T » facial, avec la bouche parfois représentée (Filitosa IX, fig. 163, p. 150 ; cat. II, p. 205). Il se rapproche à celui de Rosseironne. La tête est isolée du buste par un cou plus ou moins anatomique204. ° dans le Tarn, le visage peut être soit identifié par la représentation des yeux et de la bouche (Crouxigues, fig. 93, p. 83 ; cat. II, p. 125), soit par la délimitation du visage par sa forme triangulaire, composée de traits horizontaux situés de part et d'autre du nez. Les yeux sont aussi représentés en double cercle (La Jasse du Terral I, fig. 97, p. 87 ; cat. II, p. 132). Cette forme de visage rappelle fortement celle rencontrée en Aveyron avec Saint-Sernin, Serre Grand et Les Maurels. Mais un détail nouveau est représenté : le double cercle. Est-il possible de renforcer cette hypothèse de l'emploi de quelques masques par l'emploi de ce double cercle ? ° dans le Marne, le visage est représenté par le dessin de la silhouette du visage, avec des côtés plus arrondis, mettant en évidence le nez. Les yeux sont représentés, placés de part et d'autre du nez (Razet 24, fig. 26, p. 30 ; cat. II, p. 30). – en Allemagne, le visage est composé d'un nez, dont l'un des côtés est légèrement « brisé », d'une bouche sous la forme d'une fine ligne et de deux yeux, placés de part et d'autre du nez (Pfützthal, fig. 3, pp. 5-6 ; cat. II, p. 75). – en Suisse, le visage est de même type que celui de Razet 24. Une seule différence est mise en avant : les yeux sont absents (stèle XXV de Sion, fig. 193, p. 178 ; cat. II, p. 237).

203 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 193. 204 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 422.

45 Seule la stèle I (fig. 202, p. 186 ; cat. II, p. 245) présente une particularité : son visage est sous la forme d'un demi-cercle, muni de triangles, avec la pointe dirigée vers le bas. Cet ensemble peut faire penser à la forme d'un soleil, représentation fort utilisé durant l'Age du Bronze205. – en Italie, le visage peut présenter quelques variantes. En Vénétie, le visage est composé soit de deux yeux, situés de part et d'autre d'un nez, représenté par une ligne courbe (Sassina di Prun, fig. 4, p. 7 ; cat. II, p. 8), soit par le dessin de la silhouette du visage, avec des côtés plus arrondis, mettant en évidence le nez. Les yeux sont collés de part et d'autre du nez (Spiazzo di Cerna, fig. 5, p. 8 ; cat. II, p. 9). Ce dernier présente des similitudes avec celui de Razet 24, avec une légère différence au niveau des yeux. En Toscane (Minucciano III, fig. 197, p. 182 ; cat. II, p. 241), le visage est délimité par une bande, utilisée comme contour de visage, permettant de mettre en évidence le nez. Ce dernier type de visages rappelle celui déjà utilisé dans Le Candélaire (à l'exception, des yeux). Dans le Trentin- Haut-Adige (Arco IV, fig. 208, p. 192 ; cat. II, p 251), le visage est délimité par un demi- cercle concave. Au-dessus de ce dernier, sont représentés deux traits pour former les yeux. – en Roumanie, le visage peut présenter soit des similitudes avec Serre Grand, soit avec Minucciano III. Dans le premier cas, la différence est accentuée par la mise en évidence du « T » facial (Belogrudovka, fig. 7, p. 10 ; cat. II, p. 11) et dans le second, le visage n'est pas délimité par une bande arrondie, mais par un trait. De plus, il est muni d'yeux, collés de part et d'autre du nez (Tiritaka II, fig. 11, p. 14 ; cat. II, p. 15). Le visage peut parfois être seulement suggéré ou être parfaitement identifiable, mais sa présence est continue. De même, dans certains cas, il est le seul caractère humain reconnaissable (Bouisset I, fig. 129, p. 113/cat. II, p. 167 ; Sylvie, fig. 130, p. 115/cat. II, p. 171). Le visage peut donc être considéré comme un élément important dans l'identification anthropomorphe des monuments étudiés206. L'absence de bouche a directement été mis en évidence par l'abbé Hermet (cité par J.-P. Serres). Pourtant, la statue de Durenque en possède une. Dans ce cas, il est difficile de confirmer si elle n'aurait pas été préalablement ajoutée postérieurement : le tracé net ne semble pas être gravé de la même façon que la gravure générale des monuments207.

205 OTTE, M., La protohistoire, De Boeck, Bruxelles, 2008, p. 183. 206 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 193. 207 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 60.

46 2. Les membres

L'artiste attachait peu d'importance à la valeur anatomique de son œuvre et désirait suggérer plutôt que représenter fidèlement un organe ou un membre humain208.

2.1 Les caractéristiques des membres supérieurs

Plusieurs postures des avant-bras représentés sous quelques formes diverses peuvent être mises en évidence (annexe 15). Comme éléments types, nous disposons : – de monuments possédant des bras et des avant-bras sous la forme d' « entonnoir », sans indication de mains (Kerméné, fig. 2, pp. 3-4 ; cat. II, p. 7). Les bras se situent sur les faces latérales alors que les avant-bras se trouvent sur la face antérieure. – d'avant-bras représentés obliquement, avec les mains disjointes (La Prade, fig. 80, p. 71/cat. II, p. 103 ; Crais, fig. 68, p. 59/cat. II, p. 89). – de bras positionnés à la verticale, tandis que les avant-bras sont placés à l'horizontale et munis de mains disjointes (Les Vidals, fig. 94, p. 84/cat. II, pp. 126-127 ; stèle II de Sion, fig. 58, p. 52/ cat. II, p. 76 ; Granisse, fig. 117, p. 104/cat. II, p. 158) ou jointes frangées (stèle XX de Sion, fig. 205, p. 189/cat. II, p. 248) ou encore de mains anatomiques et jointes (Kazanki, fig. 6, p. 9 ; cat. II, p. 10). Le pouce est séparé des autres doigts lorsque la main est sous forme anatomique. – de petits bourrelets situés à proximité du visage posent un problème (Orgon III, fig. 29, p. 33 ; cat. II, pp. 35-36) : est-ce la représentation de bras ou la délimitation d'un élément anthropomorphe (plus particulièrement le cou) ? Ces bourrelets sont assimilables à ceux d'Aven Meunier I (fig. 151, p. 136 ; cat. II, p. 193), au niveau de la forme : ils sont placés l'un au-dessus de l'autre, sans indication de mains. – d'avant-bras positionnés à la verticale et dirigés vers le bas avec des mains frangées (Fontcouverte, fig. 144, p. 127 ; cat. II, p. 184). – d'avant-bras s'approchant du visage avec les mains jointes et frangées (La Candélaire, fig. 141, p. 124 ; cat. II, p. 180). – d'avant-bras légèrement courbés avec des mains schématiques et disjointes (Collorgues II, fig. 135, p. 118 ; cat. II, p. 139).

208 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, pp. 440-441.

47 – de bras légèrement courbés, joints avec des mains schématiques, circulaires (Les Cazarils ; fig. 132, p. 115/cat. II, p. 171). – de bras positionnés à la verticale, tandis que les avant-bras sont en oblique, avec une main frangée (Pontevecchio VI, fig. 101, p. 90 ; cat. II, p. 141). – de bras positionnés à la verticale, tandis que les avant-bras dirigés vers le visage sont accompagnés de mains anatomiques (Belgrudovka, fig. 7, p. 10 ; cat. II, p. 11) ou non anatomiques (Pervomaevka, fig. 9, p. 12 ; cat. II, p. 13), se touchant légèrement les extrémités des doigts. – de bras et avant-bras positionnés obliquement dans des sens variés, avec des mains anatomiques disjointes (Ezerovo I, fig. 106, p. 95/cat. II, p. 145 ; Hamangia, fig. 105, p. 94/ cat. II, p. 146).

2.1.1 Postures des avant-bras

D'après l'annexe 16, on constate que les monuments portent des avant-bras aux postures fort diverses selon les pays européens concernés : – deux exemplaires de monuments sont mentionnés, comme n'ayant aucune indication sur la position des bras. Saint-Maurice d'Orient (fig. 91, p. 82 ; cat. II, p. 119) ne dispose que de la face dorsale décorée, alors que sur Filitosa XII (fig. 174, p. 160 ; cat. II, p. 216), les bras sont difficilement identifiables. – trente-neuf exemplaires sont représentés à l'horizontale en France, en Pologne, au Portugal, en Russie et en Suisse. – les membres supérieurs sont légèrement incurvés en France (Les Cazarils, fig. 132, p. 115 ; cat. II, p. 171) et en Grèce (Souffli Magoula, fig. 108, p. 96 ; cat. II, p. 148). Ils se distinguent l'un de l'autre ; le premier est représenté avec les mains jointes et le second, l'une au-dessus de l'autre. La posture de Cazarils se retrouve également sur une statue-menhir de Chine (annexe 1). – trois exemplaires sont munis de moignons, deux au Portugal et un en Italie. Dans les Pouilles, concernant la stèle C, on a souvent proposé d'y voir une poitrine209. Cependant, à cause de leur emplacement, il me semble que ces éléments peuvent être rapprochés à des moignons comme membres supérieurs des statuettes féminines de Vinca du Néolithique (annexe 17)210.

209 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, 1976, Toulouse, pp. 175-177.

48 – trente-deux exemplaires sont en oblique en Roumanie, en Italie, en France et en Bulgarie, Ukraine. – en Ukraine, deux monuments (Pervomaevka, fig. 9, p. 12/ cat. II, p. 13 ; Belogrudovka, fig. 7, p. 10/cat. II, p. 11) portent des avant-bras obliques dirigés vers le visage. – en France, neuf monuments disposent de bras « pendants » (mis à la verticale), dont les mains sont dirigées vers le bas. – en France et en Roumanie, cinq monuments portent des avant-bras verticaux, dirigés vers le visage. On remarque ainsi que chacune des positions se retrouve dans plusieurs pays. Il est fort probable qu'il y ait eu une influence donnée d'ouest en est. Seule la position oblique dirigée vers le visage et celle « pendante », avec les mains dirigées vers le bas, appartiennent à un seul pays.

2.1.2 Postures des mains représentées dans les pays

D'après l'annexe 18, on constate que les monuments portent des mains à postures fort diverses selon les pays européens concernés : – deux exemplaires sont cités, comme n'ayant aucune indication sur la position des bras. Saint-Maurice d'Orient (fig. 91, p. 82 ; cat. II, p. 119) ne dispose que de la face dorsale décorée ; alors que sur Filitosa XII (fig. 174, p. 160 ; cat. II, p. 216), les bras sont difficilement identifiables. – quarante exemplaires sont disjoints, en Bulgarie, en France, en Grèce, en Italie, au Portugal, en Roumanie, en Russie, en Suisse et en Ukraine. – dix monuments sont joints, en Italie, en Pologne, en Suisse, en Ukraine et en France. – dix-huit statues sont jointes et dirigées vers un objet figuré, en France. – sept exemplaires ont leurs mains dirigées vers le visage, en Bulgarie et en France. Il existe ainsi quatre postures de mains sur les monuments. Celle des mains disjointes est la plus employée dans les pays européens. Celle des mains tenant un objet est essentiellement représentée en France. Quatre pays de l'ouest (l'Italie, la Pologne, la Suisse et la France) et un pays de l'est (la Bulgarie) utilisent la posture de la main jointe. La posture des mains à proximité du visage se concentre seulement dans deux pays, fort éloignés l'un de l'autre (la Bulgarie et la France).

210 DURAND, F., Communiqué de presse Dieux des Balkans. Figurines néolithiques du Kosovo du 22 mars au 22 juin 2015, Musée d'Archéologie nationale, Saint-Germain-en-Laye, 2014, p. 12.

49 2.1.3 Le lien entre les postures des membres supérieurs

À partir de l'annexe 19, on peut déterminer les différentes positions des avant-bras en fonction des représentations des mains : – les avant-bras horizontaux possèdent quinze mains disjointes (Portugal, France, Russie, Suisse), cinq jointes (Suisse, Italie, Pologne) et dix jointes vers un objet (France). – les avant-bras incurvés sont joints (France) ou disjoints (Grèce). – les avant-bras obliques possèdent dix-neuf mains disjointes (Italie, France, Bulgarie, Roumanie et Ukraine), deux jointes (Italie), sept jointes (tenant) vers un objet (France), et une dirigée vers le visage (Bulgarie). – les avant-bras obliques positionnés vers le haut sont joints ou dirigés vers le visage (Ukraine). – les avant-bras « pendants » dirigés vers le bas ont cinq mains disjointes (Italie, France), une jointe (France) ou une tenant un objet (France). – les avant-bras verticaux positionnés vers le haut possèdent cinq mains dirigées vers le visage (France et Roumanie). On remarque que les avant-bras horizontaux avec les mains disjointes et les avant-bras obliques avec les mains jointes sont les figurations les plus présentes sur les monuments de différents pays. Viennent ensuite les avant-bras à l'horizontale tenant un objet et les avant-bras obliques tenant un objet, qui sont souvent représentés. Les autres postures sont utilisées plus rarement. On peut s'interroger sur la signification de toutes ces postures, très différentes les unes des autres, et parfois concentrées quelquefois dans certains pays. Cette question a été soulevée à plusieurs reprises, sans donner une véritable réponse. Une seule affirmation peut être établie pour l'instant : ces différentes postures doivent être analysées dans leur ensemble et non isolément. Les postures des bras et des mains doivent être examinées afin de déterminer la signification de ces différents gestes culturels, voire régionaux. Ils me font penser aux mudras des traditions hindoue ou bouddhiste, comportant un vocabulaire précis de rites de dévotion211. Centrée sur le positionnement des mains et des doigts, ceux-ci ne peuvent être assimilés intégralement aux postures des membres supérieurs des monuments européens.

211 RONNBERG, A. (dir.) et MARTIN, K. (dir.), Le livre des symboles : réflexions sur des images archétypes, Taschen, Cologne, 2011, p. 382.

50 2.2 Caractéristiques des membres inférieurs

Sur la partie inférieure des monuments (annexe 20), en Aveyron, en Hérault et dans le Tarn, on observe des éléments verticaux reliés à la ceinture ou légèrement séparés de cette dernière par un petit espace212. On relève également des exemplaires avec des jambes courbes (Boutaran, fig. 65, p. 56 ; cat. II, p. 86)213. La technique utilisée pour les bras et les jambes n'est pas toujours identique : les mains peuvent être frangées sans limitation ; alors que les pieds frangés sont délimités par un trait les séparant des jambes (Mas Capelier I et II, fig. 72, p. 64/cat. II, p. 96 et fig. 73, p. 65/cat. II, p. 96)214. Sur certains exemplaires, le travail de mise en réalisation s'est arrêté au niveau de la ceinture (Le Planas II, fig. 76, p. 68/ cat. II, p. 99 ; Durenque, fig. 87, p. 79/ cat. II, p. 115), ce qui expliquerait l'absence des jambes215. Pour les modèles Saint-Maurice d'Orient (fig. 91, p. 82 ; cat. II, p. 119) et Combeynart (fig. 121, p. 108 ; cat. II, p. 124), il est possible que les jambes soient représentées, mais il est difficile de les distinguer : soit leur mise en forme a été perdue, soit elles sont fort érodées. Ces membres figurent dans la colonne « aucune idée » du tableau. Dans le Languedoc, aucune représentation de membres inférieurs n'a été observée216. À Guarda, les quatre traits verticaux de Longroiva (fig. 201, p. 185 ; cat. II, p. 244) pourraient se rapprocher à des jambes, selon S. et V. Oliveira Jorge217. Toutefois sur le cliché, une seule jambe a pu être avérée : elle est positionnée en obliquement, entre l'arc et la hallebarde. Unique exemplaire de l'Age du Bronze possédant des membres inférieurs : la jambe est gravée entre les membres supérieurs. L'emplacement anatomique n'est pas respecté. En Vénétie, A. Pedrotti pense que la petite rainure de Sassina di Prun (fig. 4, p. 7 cat. II, p. 8), datant du Néolithique, pourrait faire référence à un sexe218. Cette encoche ne pourrait-elle pas permettre plutôt de distinguer la présence de jambes disjointes ?

212 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 65. 213 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 171. 214 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 445. 215 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 170. 216 Idem, p. 193. 217 OLIVEIRA JORGE, S., et OLIVEIRA JORGE, V., Statues-menhirs et stèles du nord du Portugal, dans BRIARD, J. et DUVAL, A. (dir.), Les représentations humaines du Néolithique à l'âge du Fer : actes du 115e congrès national des sociétés savantes (Avignon, 1990), Éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques du Ministère de l’Éducation nationale, de l'Enseignement et de la Recherche, Paris, 1993, p. 38. 218PEDROTTI, A., Le statue-stele e le stele antropomorfe del Trentino Alto Adige e del Veneto occidentale. Gruppo atesino, gruppo di Brentonico, gruppo della Lessinia, Civico Museo Archeologico, s.l., 1995, pp. 275-276.

51 M. Foulquier-Lavernhe a proposé, en 1861, de voir les bandes verticales qui pendent sous la ceinture de Pousthomy, comme des bouts de ceinture terminés par des franges. L'abbé Hermet a réfuté cette supposition dans de nombreuses publications. Comme F. Octobon, il considère que ces bandes représentent des jambes. Il avance comme arguments, qui sont fort intéressants pour ma part219 : – ces éléments représentent autre chose que la suite de la ceinture puisque le dessin de la ceinture n'est jamais répliqué sur les « franges ». – les appendices des éléments sont indépendants de la ceinture car ils ne touchent pas toujours la ceinture. Ils en sont parfois éloignés. De surcroît, les « pans » sont plats alors que la ceinture est sous forme de bourrelet. – il y a une similitude de facture entre les bras et ces éléments, entre les mains et les pieds. On retrouve souvent le même sillon permettant de limiter le pied ou les doigts et le même nombre de doigts. – les bras, souvent rattachés à l'épaule, sont toujours représentés comme membres. – il existe des « franges » de statues telles que Frescaty (fig. 125, p. 111 ; cat. II, pp. 162-163) et Pousthomy II (fig. 84, pp. 75-76 ; cat. II, pp. 110-111), qui sont arrondies aux genoux et nettement isolées de la ceinture.

F. Octobon relève que les jambes jointes sont représentées sur des statues gravées ; alors que les jambes disjointes sont figurées sur des monuments en relief. J. Arnal démontre qu'en réalité, les jambes accolées ne se retrouvent que sur des statues-menhirs gravées ; bien que quelques exemplaires possèdent des jambes disjointes (Rieuviel, fig. 95, p. 85/cat. II, p. 128 ; Crouxigues, fig. 93, p. 83 ; cat. II, p. 125). Il confirme, aussi, que les jambes disjointes existent bien sur les statues-menhirs en relief220. Les jambes jointes et disjointes peuvent présenter des genoux équarris ou des genoux arrondis221. L'annexe 20 indique qu'il existe trois postures selon les régions : les jambes jointes, les jambes disjointes et les jambes légèrement en oblique. Concernant les monuments français, il est toutefois intéressant de prendre en compte trois éléments distinctifs plus précis : les jambes jointives et touchant la ceinture, les jambes disjointes et touchant la ceinture, les jambes disjointes et séparées de la ceinture222. Cette précision sera fort utile pour la suite de l'étude lorsqu'il s'agira de se demander si ces statues et stèles sont représentées assises ou debout.

219 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, pp. 444-445. 220 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 170. 221 Idem, p. 445. 222 Idem, p. 170.

52 2.3 Les caractéristiques des pieds

D'après leur forme, il existe deux types de représentation des pieds selon les pays européens (annexe 21) : – les pieds frangés sont essentiellement figurés en France et au Portugal, où les orteils sont représentés de la même manière que les doigts : de simples incisions les déterminent sous la forme d'une frange. Le pied peut être individualisé de la jambe par la présence d'un trait horizontal223. Les orteils rigides sont toujours placés dans le prolongement des jambes224. – les pieds sous forme d' « empreinte » ou de « semelle », présents dans le groupe oriental (Grèce, Roumanie, Russie, Ukraine). J. Guilaine considère qu'il est difficile de déchiffrer le sens de cet élément225. Serait-il possible de dégager une signification d'après le positionnement des « semelles », en fonction de la présence des autres figurations ? Notons qu'aucun des deux types de représentation ne se trouve sous une forme anatomique.

b. Face dorsale

1. Chevelure

1.1 Coiffure française

La chevelure est une figuration essentiellement observable dans la région de Rouergue, en France (annexe 22). Elle n'est jamais figurée sur les deux côtés du visage, et se présente sous deux types de nattes bien distinctes : – soit une bande verticale, gravée ou en bas-relief, allant du sommet de la face dorsale jusqu'à la ceinture, voire légèrement au-dessus. Au sommet du monument, elle est au départ large, puis se rétrécit vers le bas. Cette bande est coupée par un trait horizontal, à proximité de son extrémité inférieure226. J. Arnal (cité par A. d'Anna) propose d'y voir un lien enserrant la chevelure227. J.-P. Serres228 rajoute que la natte est parfois divisée en deux.

223 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 67. 224 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 446. 225 GUILAINE, J., Notes de cours : Stèles anthropomorphes, statues et sociétés de la Préhistoire récente, dans Civilisations de l'Europe au Néolithique et à l'Age du Bronze, école non mentionnée, 2002-2003, p. 698. 226 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 63. 227 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 170 228 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 63.

53 – soit une bande surmontée à son sommet par une forme triangulaire et terminée par une extrémité frisée, représentant éventuellement une tresse frisée (Les Maurels ; fig. 81, p. 72 ; cat. II, pp. 105-106)229. Le fait que la chevelure soit représentée en natte expliquerait cette absence de figuration sur la face antérieure des monuments. Selon J.-P. Serres230 et A. d'Anna231, la première coiffure est associée à la poitrine ; ces deux éléments figuratifs donneraient une indication du sexe féminin (annexe 23). Seule la Raffine (fig. 78, p. 69 ; cat. II, p. 101) présente quelques difficultés d'identification du genre, par son illisibilité de poitrine sur les photographies et par le relevé original de la poitrine sous forme de cupules surmontées d'un cercle par A. d'Anna. Il m'est difficile actuellement de déterminer le sexe du monument. Par l'identification sans ambiguïté de la poitrine, J.-P. Serres annonce : «... permet, dans certains cas litigieux ou pour les statues-menhirs incomplètes, d'établir sans erreur le sexe du monument. D'autant que toutes les transformations visant à changer le sexe n'affectent jamais leur verso ».232 La seconde coiffure n'est pas associée à une paire de seins ; ce qui permet d'émettre deux hypothèses : soit cet élément ne représente pas une chevelure, soit ce type de figuration n'est pas associé au sexe féminin.

1.2 Chevrons de Provence

Une problématique est fort débattue dans la région de Provence ; celle de la signification de la figuration des chevrons. Il existe deux types de motifs de base du chevron233 (annexe 24): – le chevron simple (A). – les hachures (B). Le principe A est multiplié en lignes (A2), en bandes (A4) ou en surfaces (A3 et A5). La ligne se forme par des chevrons juxtaposés. Les bandes sont caractérisées par des chevrons emboîtés. Ces lignes superposées (A3) et ces bandes juxtaposées (A5) comprennent une surface continue. Elles peuvent être verticales ou horizontales. Les bandes sont margées (A6) et forment des surfaces margées lorsqu'elles sont juxtaposées (A7). Le principe B margé présente des bandes de hachures (B2). 229 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 458. 230 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 63. 231 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 170. 232 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 63. 233 D'ANNA, A. et al., Catalogue de l'exposition Stèles anthropomorphes néolithiques de Provence, Éditions Edisud, Avignon, 2004, pp. 14-15.

54 Les bandes juxtaposées forment des surfaces de hachures margées ou des surfaces de bandes de hachures (B3). Les motifs en « arête de poisson » (B4) ou de surfaces « d'arête de poisson » (B5) sont constitués par la juxtaposition de bandes de hachures d'orientations différentes. Les bandes peuvent également être horizontales ou verticales. Les triangles ou les losanges réservés sont déterminés par les oppositions d'orientation. On remarque une grande irrégularité dans la réalisation de ces stèles (quelques-unes sont concernées), aussi bien pour la mise en forme que pour le décor gravé. Certains auteurs supposent que cette disparité démontrerait la réalisation à main levée des sculpteurs. A. d'Anna se demande si ce ne serait pas plutôt lié au fait que ces monuments aient été réalisés par plusieurs mains d'artistes : plusieurs stèles comportent des traitements différents sur les côtés gauche et droit. Puagère IV (fig. 30, p. 34 ; cat. II, p. 37) présente des incisions plus fines à droite qu'à gauche, tandis que le motif de chevrons est plus soigné sur la partie droite sur la Puagère V (fig. 31, p. 35 ; cat. II, p. 39). Il peut s'agir d'une inégalité des incisions causée par la position des outils et l'orientation de leur tranchant. Une certitude subsiste : la mise en forme régulière du bloc contraste avec le travail de sculpture moins soigné, même au niveau du décor (chevrons non parallèles, mal emboîtés, incisions interrompues, motifs non symétriques ou identiques, stigmates de sculpture visibles au détriment du motif)234. D'après les observations de ces stèles, il serait intéressant de réaliser un travail expérimental sur la question de la position des outils et de leur tranchant afin de se rendre compte si ces irrégularités sont, ou pas, provoquées par cette méthode. Avant d'aborder la question de la pluralité des sculpteurs sur les stèles provençales, il serait souhaitable d'exploiter cette piste, intéressante puisqu'elle peut être démontrée scientifiquement et être une bonne base de recherches. L'hypothèse de la main levée paraît peu probable car certaines stèles présentent une symétrie dans leur motif, difficile à maintenir lorsqu'on décide de réaliser des éléments à main levée.

2. Les omoplates

Certains des monuments ont été identifiés comme étant des statues-menhirs, grâce aux gravures situées sur la face dorsale, au niveau des omoplates du corps humain. Certains auteurs, tels que J. Landau235 aiment les surnommer « crochets-omoplates », alors que l'abbé Hermet (cité par J.- P. Serres)236 donne le nom imagé d'omoplates en forme de « crosses ». En comparant les monuments entre eux, on peut constater une variante en fonction des régions (relevé 25 et annexe 26) : 234 D'ANNA, A. et al., Catalogue de l'exposition Stèles anthropomorphes néolithiques de Provence, Éditions Edisud, Avignon, 2004, pp. 32-33. e e 235 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3 au 1 millénaire), CNRS, 1977, pp. 33-35. 236 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 67.

55 – en Aveyron et dans le Tarn, les gravures sont constituées d'une extrémité arrondie : Foumendouyre (fig. 111, p. 99 ; cat. II, p. 121), Saint-Maurice d'Orient (fig. 91, p. 82 ; cat. II, p. 119), Saint-Julien (fig. 77, p. 69 ; cat. II, p. 100), Réganel I (fig. 75, p. 67 ; cat. II, p. 98), Saint-Sernin (fig. 70, pp. 61-62 ; cat. II, pp. 92-93), Saint-Léonce (fig. 67, p. 58 ; cat. II, p. 88) et la Jasse du Terral I (fig. 97, p. 87 ; cat. II, pp. 131-132). – en Aveyron, les gravures ont une forme de « crochet » : Saint-Crépin (fig. 92, p. 83 ; cat. II, p. 122), Saumecourte I (fig. 85, p. 77 ; cat. II, pp. 112-113), La Prade (fig. 80, p. 71 ; cat. II, pp. 103-104), La Raffine (fig. 78, p. 69 ; cat. II, p. 101), Mas d'Azaïs (fig. 71, p. 63 ; cat. II, pp. 94-95). – en Corse, les gravures ont une forme plus losangique ou la forme d'un « X », non reliée aux bras de la face antérieure. Elles sont nommées de « pseudo-omoplates » par R. Grojean237 et J. Landau238 : Filitosa I (fig. 184, p. 168 ; cat. II, p. 226), Filitosa IV (fig. 187, p. 171 ; cat. II, p. 229), Filitosa V (fig. 188, p. 172 ; cat. II, p. 230), Filitosa VI (fig. 190, p. 174 ; cat. II, p. 231), Filitosa VII (fig. 191, p. 175 ; cat. II, p. 232), Filitosa IX (fig. 163, p. 150 ; cat. II, p. 205), Sargone I (fig. 170, p. 157 ; cat. II, p. 212) et Renicciu (fig. 169, p. 156 ; cat. II, p. 211). – en Aveyron et en Corse, les gravures présentent une forme rectangulaire : Ardaliès II (fig. 89, p. 81 ; cat. II, p. 117), Les Maurels (fig. 81, p. 72 ; cat. II, pp. 105-106) et Scumunicatu (fig. 172, p. 159 ; cat. II, p. 214). – dans l'ouest de l'Europe (en Crimée, à Dobroudja, en Moldavie, à Tcherkassy et à Varna), les gravures présentent une forme de « U », voire de « sac » pour certaines : Pervomaevka (fig. 9, p. 12 ; cat. II, p. 13), Hamangia (fig. 105, p. 94 ; cat. II, p. 145), Corbuci (fig. 104, p. 93 ; cat. II, p. 144), Belogrudovka (fig. 7, p. 10 ; cat. II, p.11), Ezerovo I (fig. 106, p. 95 ; cat. II, p. 146) et Ezerovo II (fig. 107, p. 95 ; cat. II, p. 147). – en Aveyron et dans le Tarn, les gravures présentent une « spirale » : Ponsthomy I (fig. 83, p. 74 ; cat. II, p. 108), Les Montels (fig. 74, p. 66 ; cat. II, p. 97) et Puech Réal (fig. 96, p. 86 ; cat. II, pp. 129-130).

237 GROSJEAN, R., La statue-menhir de Santa-Naria (Olmeto, Corse), dans Bulletin de la Société préhistorique française. Comptes rendus des séances mensuelles, tome 71, n°2, 1974, pp. 31-35. e e 238 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3 au 1 millénaire), CNRS, Paris, 1977, p. 34.

56 Pour la plupart des monuments, il m'est impossible de savoir si ces représentations sont reliées, ou non, aux avant-bras figurant sur la face antérieure, par manque de photographies de bonne qualité ou par l'absence de clichés pris latéralement. Toutefois pour le groupe aveyronnais, ces motifs sont rattachés aux bras et séparés, dans l' du dos, par la chevelure (statue féminine) ou par une branche du baudrier se rattachant à la ceinture (statue masculine)239. Malgré des essais comparatifs, J.-P. Serres240 n'a observé aucune différence significative entre les différents types de motifs rouergats sculptés ou gravés, masculins ou féminins, susceptibles de représenter une omoplate. En me basant sur mon catalogue, j'en arrive aux mêmes conclusions. Ces motifs sur la face dorsale restent énigmatiques. Il est possible qu'ils ne représentent pas les omoplates, comme le suggère J.-P. Serres241, puisqu'ils sont fort peu apparents, à cause surtout de la représentation du vêtement. Aussi la problématique intéressante à exploiter est : « Les statues-menhirs portent-elles toutes des vêtements indiqués par une forme de traits spécifiques associés à des motifs au niveau des omoplates ; ou ces motifs peuvent-ils figurer sans être liés aux indicateurs de vêtements et permettre de confirmer une représentation anatomique ? ».

239 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 67. 240Idem, p. 68. 241 Idem, p. 68.

57 B. Accessoires

1. Distinction entre le collier et le voile

Le collier et le voile sont deux accessoires qui ont été parfois confondus par le passé. Leur interprétation n'est en effet pas toujours aisée : la question de la statue des Montels (fig. 74, p. 65 ; cat. II, p. 97) entre l'abbé Hermet et F. Octobon le démontre bien. A ce propos, l'abbé Hermet (cité par F. Octobon) décrit : « de légers bourrelets encadrant le visage rappellent les voiles des statues féminines ». F. Octobon exprime son doute par deux objections : il identifie l' « objet » et le baudrier, deux éléments masculins, dont leur liaison disparaîtrait sous les bourrelets. Il rappelle que non seulement le voile ne s'applique qu'aux statues féminines d'après l'abbé Hermet (cité par F. Octobon) ; mais qu'aussi les caractères principaux sont toujours privilégiés par rapport aux détails vestimentaires. Le baudrier et le collier font partie de ces éléments importants242. Qu'en est-il réellement ? Il est important de préciser que leur point de vue et leurs observations respectifs sont centrés essentiellement sur le groupe rouergat, au moment de la prise de conscience de l'importance de ces monuments. Afin d'établir la distinction entre « collier » et « voile » dans la démonstration qui va suivre, il est toutefois intéressant de retenir les deux objections de F. Octobon, comme point de vue de départ de cette problématique.

1.1 Caractéristiques des colliers

En général, le collier est soit gravé, soit en relief, sous forme de bourrelets. On peut ainsi distinguer deux groupes principaux 243: – le collier simple, muni d'un seul trait gravé ou d'un seul bourrelet en relief ; – le collier à rangs multiples, muni de plusieurs traits ou de plusieurs bourrelets en relief. Dans le premier groupe, nous pouvons distinguer cinq formes principales inspirées du modèle de F. Octobon, n'ayant décelé que trois (annexe 27) :

242 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 439. 243 Idem, pp. 402-403.

58 – collier à un seul rang, sans perles visibles : La Demoiselle du Câtel (fig. 1, pp. 1-2 ; cat. II, p. 6), Collorgues I (fig. 147, pp. 130-132 ; cat. II, pp. 188-189) ; – collier à un seul rang, muni de perles : Razet 24 (fig. 26, p. 30 ; cat. II, p. 30), Hamangia (fig. 105, p. 94 ; cat. II, p. 145 ), Termeno (fig. 195, p. 179 ; cat. II, p. 237) ; – collier à un seul rang, sans perles visibles, accompagné d'une pendeloque centrale : Ezerovo I (fig. 106, p. 95 ; cat. II, p. 146) ; – collier à un seul rang, muni de perles et accompagné d'une pendeloque centrale : aucune pièce archéologique de mon catalogue ne correspond à cette description ; – collier à un seul rang, muni d'un accessoire dorsal : Ezerovo II (fig. 107, p. 95 ; cat. II, p. 147). Pour le second groupe, F. Octobon244 propose de distinguer les colliers à perles détachées, non perçues dans mes données et ceux à perles non détachées (qui possèdent 2, 3, 4, 5 et 6 rangs). Deux variantes sont donc observables : le nombre de rangs et la forme du collier.

D'après cet auteur, les colliers à un seul rang appartiendraient aux « gardiens de tombeaux » de la Marne et du Gard, tombeaux détenant des stèles ; tandis que les colliers à rangs multiples seraient le privilège unique des statues-menhirs245. Les colliers multiples des monuments de mon catalogue montrent toutefois qu'ils ne sont pas le monopole des statues-menhirs (annexe 28). Certaines stèles possèdent, en effet, cette multiplication de rangs. De plus, avec le monument de la stèle B des Pouilles (fig. 60, p. 53 ; cat. II, p. 78), ils sont les seuls à posséder un collier de six rangs. On relève un léger privilège accordé aux statues-menhirs où, d'après la force numérique du tableau, le nombre de cinq rangs domine. Les colliers simples sont aussi plus répandus sur les statues-menhirs que sur les stèles. Ces observations s'opposent aux affirmations de F. Octobon. Les données concernant les statues-menhirs montrent que le nombre de colliers à un seul rang est bien supérieur au nombre des colliers à plusieurs rangs. Trois formes de colliers ont été définies : le collier rectangulaire (Pontevecchio VII, fig. 102, p. 91 ; cat. II, p. 142), le collier en demi-cercle (Pfützthal ; fig. 3, pp. 5-6 ; cat. II, p. 75) et le collier angulaire (La Prade ; fig. 80, p. 71 ; cat. II, p. 103), qui n'est majoritairement jamais représenté dans le dos. J.-P. Serres suppose que la chevelure ou le vêtement représentés auraient le rôle de le dissimuler246.

244 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, pp. 402-403. 245 Idem, pp. 402-403. 246 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 83.

59 Toutefois, d'après de F. Octobon, le collier est un élément important dans le domaine de la figuration des statues-menhirs, alors qu'un détail vestimentaire se retrouve au second plan. Il est alors peut-être préférable de garder l'hypothèse de la chevelure, qui est rarement figurée.

1.1.1 Les colliers représentés dans les pays

Ce type d'accessoire est largement favorisé en France, plus particulièrement en Aveyron, suivi par le Tarn. Différents types de colliers sont rassemblés selon les régions (annexe 29) : – collier simple en forme de « U » en Bretagne, en Péninsule armoricaine et en Aveyron : la demoiselle du Câtel (fig. 1, pp. 1-2 ; cat. II, p. 6), Kergünthuil (fig. 19, p. 22 ; cat. II, p. 23), Tauriac I (fig. 112, p. 100 ; cat. II, p. 152) ; – collier simple en demi-cercle dans le Gard et en Corse : Collorgues I (fig. 147, pp. 130-132 ; cat. II, pp. 188-189) et Tavera (fig. 168, p. 155 ; cat. II, p. 210) ; – collier multiple en demi-cercle en Aveyron, dans l'Eure et le Tarn : deux rangs avec La Prade (fig. 80, p. 71 ; cat. II, pp. 103-104) ; trois rangs avec Aveny (fig. 25, p. 29 ; cat. II, p. 29), Jouvayrac (fig. 69, p. 60 ; cat. II, pp. 90-91), Mas d'Azaïs (fig. 71, p. 63 ; cat. II, pp. 94-95), Les Montels (fig. 74, p. 66 ; cat. II, p. 97), Les Anglars (fig. 82, p. 73 ; cat. II, p. 107), Les Arribats (fig. 119, p. 106 ; cat. II, p. 159) ; à quatre rangs avec Réganel I (fig. 75, p. 67 ; cat. II, p. 98), Réganel II (fig. 76, p. 68 ; cat. II, p. 99), La Borie des Paulets (fig. 110, p. 98 ; cat. II, p. 151), Frescaty (fig. 125, p. 111 ; cat. II, pp. 162-163) ; à cinq rangs avec Crais (fig. 68, p. 59 ; cat. II, p. 89), Saint-Sernin (fig. 70, pp. 61-62 ; cat. II, pp. 92-93), La Raffine (fig. 78, p. 69 ; cat. II, p. 101) ; – collier multiple en « U » en Aveyron : Granisse (fig. 117, p. 104 ; cat. II, p. 157) ; – collier simple, en demi-cercle, accompagné d'une perle dans la Marne et le Gard : Razet 24 (fig. 26, p. 30 ; cat. II, p. 30) et Saint-Théodorit (fig. 146, p. 129 ; cat. II, pp. 186-187). En Allemagne (annexe 30), c'est le collier multiple à trois rangs en demi-cercle qui est privilégié (Pfützthal, fig. 3, pp. 5-6 ; cat. II, p. 75). En Italie, on préfère le collier rectangulaire à rangs multiples (Pontevecchio VII, fig. 102, p. 91 ; cat. II, p. 142), le collier simple à perles légèrement circulaires, au ras du cou (Termeno, fig. 195, p. 179/cat. II, p. 237 ; Arco I, fig. 214, p. 198/cat. II, p. 257) et le collier multiple à 2 rangs, en demi-cercle (Tötschling, fig. 217, p. 201 ; cat. II, p. 260). Il faut, toutefois, maintenir un doute sur ce dernier, puisque je ne dispose que d'un dessin pour souligner mes propos. En Grèce, prévaut le collier multiple en demi-cercle à 5 rangs (Souffli Magoula, fig. 108, p. 96 ; cat. II, p. 148). En Roumanie, nous retrouvons plutôt le collier simple en

60 demi-cercle muni de 3 perles et d'une sorte de lanière descendant dans le dos (Hamangia, fig. 105, p. 94 ; cat. II, p. 146). Le même type de collier se retrouve sur la statue-menhir d'Ezerovo II (fig. 107, p. 95 ; cat. II, p. 147) en Bulgarie, à l'exception des perles. On note également un collier simple muni d'un pendentif sur le monument d'Ezerovo I (fig. 106, p. 95 ; cat. II, p. 146). Enfin, le Portugal présente deux types de parures : le collier multiple à 2 rangs, en demi-cercle (Crato, fig. 13, p. 16/cat. II, p. 18 ; Quinta do Couquinho, fig. 14, p. 17/cat. II, p. 19) et le collier simple angulaire (Chaves, fig. 160, p. 147 ; cat. II, p. 202).

1.2 L'existence des voiles

On peut distinguer deux types de voiles (annexe 31) : le voile « évident », parfois accompagné d'un couvre-chef et le voile « hypothétique » dont aucun autre élément ne permet de l'identifier avec certitude. On remarque alors que cet accessoire en « type évident » se retrouve essentiellement dans une région bien précise, le Trentin-Haut-Adige d'Italie, à travers les sculptures de Lagundo A (fig. 206, p. 190 ; cat. II, p. 249), Arco III (fig. 207, p. 191 ; cat. II, p. 250) et Arco IV (fig. 208, p. 192 ; cat. II, p 251) et dans le Gard de la France. Ces deux régions présentent de nombreuses lignes incurvées, recouvrant leur poitrine, mise en évidence. Comme celle du Gard (Le Colombier, fig. 143, p. 126/cat. II, pp. 182-183 ; Rosseironne, fig. 139, p. 122/cat. II, pp. 177-178), la statue d'Arco IV porte des traits verticaux au-dessus du visage. A. d'Anna propose d'y voir, soit des cheveux, soit un couvre-chef. Tout comme lui247, il est préférable d'être en faveur de cette deuxième impression, si nous prenons en compte les lignes incurvées, situées sous le visage, recouvrant le buste et les seins. Les voiles « hypothétiques » correspondent à des traits gravés sur les parties latérales de certains monuments languedociens et du Trentin-Haut-Adige : Bragassargues (fig. 150, p. 135 ; cat. II, p. 192), Saint-Théodorit (fig. 146, p. 129 ; cat. II, pp. 186-187), Le Colombier, Rosseironne, fig. 139, p. 122/cat. II, pp. 177-178 ; Saint-Victor-des-Oules (fig. 137, p. 120 ; cat. II, p. 175), Lagundo B (fig. 211, p. 195 ; cat. II, p. 254), Arco II (fig. 215, p. 199 ; cat. II, p. 258). Ces traits forment cinq à sept bourrelets incurvés, situés approximativement au niveau du tronc. Ils pourraient correspondre à des plis de vêtement. Toutefois, cette interprétation a été écartée puisqu'ils sont déjà représentés sous forme de plis verticaux, d'après A. d'Anna248. F. Octobon, C. Hugues, A. d'Anna et Jantet proposent d'y voir des côtes. A. d'Anna mentionne même des peintures corporelles. Mais qu'en est-il réellement ?

247 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, 1977, p. 196. 248 Idem.

61 Concernant les peintures corporelles, cette interprétation ne peut ni être prouvée pour l'instant à cause d'un manque de preuves de traces matérielles et des traces non conservables, ni écartée puisque nous savons qu’ils produisaient de la peinture, à l'aide de divers minéraux. Ensuite, l'hypothèse des côtes est à peine satisfaisante. En effet, certes, ces lignes incurvées se situent bien au niveau du tronc du corps sur les flancs. Alors pourquoi les artistes décident-ils de varier leur nombre ? En effet, d'un point de vue anatomique les doigts des mains ou des pieds, par exemple, se rapprochent, la plupart du temps, au nombre de la réalité. De plus, Arco IV, Rosseironne et Le Colombier portent un couvre-chef associé aux plis, ce qui permet de se demander s'il n’y aurait pas un lien à identifier. Seule, la Corse peut confirmer l'hypothèse des côtes : en effet, les lignes incurvées sont directement reliées à une ligne verticale, interprétée comme une colonne vertébrale, d'après J. Landau249. De plus, aucun indice ne permet d'indiquer qu'ils disposent d'un couvre-chef, permettant de faire le lien avec eux. R. Grosjean pensait y voir le corselet protecteur des peuples Shardanes et à leurs alliés les Philistins, afin de confirmer sa première théorie (les peuples Shardanes sont venus envahir la Corse) : les éléments intérieurs et centraux sont en forme de côtes et ceux supérieurs semblables à des coussinets, protégeant les pectoraux et les clavicules. Il compare, ainsi, le bas-relief de Medinet-Abu (annexe 32) et la statue Scalsa-Murta (fig. 181, p. 165 ; cat. II, p. 223) sur laquelle on retrouve les mêmes éléments sur la face dorsale250. Une différence à mettre en évidence sur cette comparaison : le corselet protecteur est représenté sur la face antérieure des personnages du bas-relief de Medinet-Abu et non, sur la face dorsale. Il me semble, ainsi, que la comparaison montre des difficultés à être aboutie. Il est possible que sur la face dorsale des individus du bas-relief de Medinet-Abu, on ne retrouve pas la même représentation pour indiquer l'existence de ce corselet protecteur. De plus, la ligne verticale, située au centre de la face dorsale, n'est pas indiquée sur le bas-relief. D'un point de vue chronologique, on peut voir que les voiles « hypothétiques » commencent à faire leur apparition qu'au Chalcolithique, tout en restant rares pour ensuite, laisser la place à quelques voiles « évidents » durant l'Age du Bronze, puisque le nombre de voiles « hypothétiques » est en diminution (annexe 33). Parmi ces deux types de voiles, l'hypothèse de A. d' Anna251 se vérifie : à l'exception d'un voile « hypothétique », tous les autres sont représentés en lien avec un couvre-chef. Par sa présence, l'hypothèse des différentes matérialisations du voile peut ainsi être confirmée (annexe 34).

249 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), CNRS, Paris, 1977, pp. 34-35. 250 GROSJEAN, R., Découverte d'un alignement de statues-menhirs à Cauria (commune de Sartène-Corse), dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 108ᵉ année, n° 2, 1964, pp. 339-340. 251 Ce qui peut renforcer un doute sur la stèle, Mas de la Tour.

62 2. Caractéristiques des pendeloques « Y »

La pendeloque « Y » est ainsi nommée à cause de la présence des deux branches supérieures, représentant le lien de suspension et supportant un long objet vertical indéterminé. Il est toujours difficile de distinguer un élément s’apparentant à cette forme figurative des statues- menhirs (et une stèle, Rosseironne) dans les diverses parures chalcolithique252. On peut observer qu'il existe deux types d'objets gravés sur les monuments, présentant une forme « Y » (annexe 35) : – ceux se trouvant à proximité d'un collier (Saint-Sernin, fig. 70, pp. 61-62/cat. II, pp. 92-93 ; Réganel I, fig. 75, p. 67/cat. II, p. 98), présentant un corps allongé, appelés « pendeloque ». – ceux se trouvant à proximité d'un collier, mais présentant un corps angulaire (Les Montels, fig. 74, p. 66/cat. II, p. 97 ; Mas Capelier II, (fig. 73, p. 65/cat. II, p. 96), dénommés improprement « fausse-pendeloque ». – ceux qui sont à proximité d'une ceinture (Les Anglars, fig. 82, p. 73/cat. II, p. 107 ; Rosseironne, fig. 139, p. 122/cat. II, pp. 177-178), dénommés improprement « fausse- pendeloque ». La statue-menhir de La Raffine (fig. 78, p. 69 ; cat. II, p. 101) n'a pas été prise en compte, même si A. Bénard restitue la partie manquante avec une « pendeloque en Y » et les seins en cupules. En effet, les seins en cupules sont difficilement discernables sur les clichés, ce qui me fait supposer que les extrémités circulaires pourraient correspondre aux seins et non, à l'objet sous forme d'un « Y ». Cependant, si ce monument ne dispose pas de seins, on peut supposer par son emplacement qu'il s'agirait d'une « fausse-pendeloque ».

2.1 Indicateurs d'un sexe

Est-elle essentiellement féminine, comme le pense J.-P. Serres ? Comme le démontre l'annexe 36, cette affirmation semble juste. Toutefois on peut s'interroger sur les deux statues- menhirs transformées : – Les Montels présente une face dorsale, accompagnée d'un baudrier à double bretelle, rappelant celui maintenant l' « objet » . L'une de ces bretelles semble se poursuivre sur la face antérieure (sous le bras droit), alors que le collier semble cacher l'autre253.

252 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 121. 253 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, pp. 30, 32.

63 Si c'est bien le cas, cet élément en « Y » ne serait donc pas une pendeloque, mais plutôt un objet qui serait un attribut masculin, maintenu pas un baudrier. – Rosseironne est muni d'un baudrier, maintenant l'objet en « Y », placé sous une boucle de ceinture. J. Landau suppose qu'il pourrait s'agir d'un poignard254. Dans ce cas, A. D'Anna pensait que cette sculpture avait subi une transformation : elle était d'abord masculine, puis féminine. Il m'est difficile de croire à cette modification du sexe du monument255. Ainsi, malgré qu'il soit reconnu que les statues-menhirs rouergates changent leur sexe masculin en sexe féminin, en martelant l' « objet » pour créer une pendeloque « Y », il me semble qu'on peut quand même considérer ces statues comme masculines. On constate alors que les « fausses- pendeloques » peuvent être aussi bien représentées sur les statues masculines que féminines, alors que les « pendeloques » ne sont réalisées uniquement que pour les féminines. Seule la statue de Jouvayrac (fig. 69, p. 60 ; cat. II, pp. 90-91) reste une supposition sur la réalisation de l'objet en « Y » : entre les deux mains, l'espace libre présente un cartouche rectangulaire, allant du menton à la ceinture. L'extrémité supérieure suggérerait une pendeloque en « Y », sous un éclairage adéquat256.

254 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), CNRS, Paris, 1977, p. 24. 255 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, pp. 100, 103. 256 SERRES, J.-P, Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 60.

64 C. Attributs

1. Caractéristiques des objets

La gravure de cet objet a souvent été décrite par le passé. Mais selon F. Octobon257, elle n'a jamais été étudiée en série ; ce qui m'a décidé à nouveau de réinterpréter cet élément, en réalisant un relevé à main levée de chacun d'eux, sous forme de séries : l' « objet », appelé ainsi par l'abbé Hermet258. D'après l'annexe 37, nous pouvons distinguer deux types de gravures : – les « objets ». Ils sont identifiables par une perforation située à l'une des extrémités alors que l'autre extrémité présente une pointe : La Prade (fig. 80, p. 71 ; cat. II, pp. 103-104), Pousthomy I (fig. 83, p. 74 ; cat. II, pp. 108-109), Pousthomy II (fig. 84, pp. 75-76 ; cat. II, pp. 110-111), Puech Réal (fig. 96, p. 86 ; cat. II, pp. 129-130), Saumecourte I (fig. 85, p. 77 ; cat. II, pp. 112-113), Saumecourte II (fig. 86, p. 78 ; cat. II, p. 114), Ardaliès I (fig. 88, p. 80 ; cat. II, p. 116), Cénomes (fig. 109, p. 97 ; cat. II, p. 150), La Bessière (fig. 115, p. 102 ; cat. II, p. 155), Les Arribats (fig. 119, p. 106 ; cat. II, p. 159), Borie des Blavy (fig. 120, p. 107 ; cat. II, p. 123), Combeynart (fig. 121, p. 108 ; cat. II, p. 124), Cambous (fig. 122, p. 109 ; cat. II, p. 160), Lacoste (fig. 124, p. 110 ; cat. II, p. 120), Le Colombier (fig. 143, p. 126 ; cat. II, pp. 182-183). – les « objets-poignards ». Ces derniers sont reconnaissables par une partie triangulaire, rappelant une lame, munie d'un anneau (Ardaliès II, fig. 89, p. 81/cat. II, p. 117 ; Crouxigues, fig. 93, p. 83/cat. II, p. 125 ; Foumendouyre, fig. 111, p. 99/cat. II, p. 121 ; Les Arribats, fig. 119, p. 106/cat. II, p. 159). Les deux parties peuvent, parfois, être séparées par une ligne transversale (Les Maurels, fig. 81, p. 72/cat. II, pp. 105-106 ; La Jasse du Terral I, fig. 97, p. 87/cat. II, p. 132). Quelques traits obliques sont représentés, quelques fois, sur la partie triangulaire (Rieuviel, fig. 95, p. 85/cat. II, p. 128 ; Les Vidals, fig. 94, p. 84/cat. II, pp. 126-127). Cet ajout pourrait indiquer que l' « objet » ou le « poignard » seraient rangés dans un fourreau. Il est probable que la ligne en diagonale soit représentée dans le même but.

257 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 431. 258 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 55.

65 Durenque (fig. 87, p. 79 ; cat. II, p. 115) et la Borie des Blavy (fig. 120, p. 107 ; cat. II, p. 123) présentent une particularité ; le cercle est plein et non, vide. Certaines gravures ne permettent pas de faire la distinction entre l' « objet » et l' « objet-poignard » car seul un cercle est représenté (anneau ou perforation?) : Triby (fig. 116, p. 103 ; cat. II, p. 157), Lacaune (fig. 122, p. 109 ; cat. II, p. 162), Mas de la Tour (fig. 142, p. 125 ; cat. II, p. 181). Seul Combas (fig. 145, p. 128 ; cat. II, p. 185) pourrait être identifié ; un demi-cercle fin est représenté. Si on le reconstitue, on pourrait voir l'anneau de l' « objet-poignard ». Pech de Naudène (fig. 98, p. 88 ; cat. II, p. 133) est la seule gravure montrant l'autre extrémité, la partie triangulaire. Elle n'est pas aussi fine que celle présente sur l' « objet-poignard ». Par cette comparaison, on pourrait alors supposer que c'est un « objet » qui y est figuré. Un seul exemplaire présente ces deux types de gravures en même temps : Les Arribats (fig. 119, p. 106 ; cat. II, p. 159). Cette association démontre ainsi qu'il existe deux types d'objet. Il est important de ne pas les confondre, comme les auteurs l'ont fait jusqu’à présent. Mais quelle est la signification de cet objet ? Avait-il une utilité particulière ? Pourquoi n'est-il représenté qu'en France ? Enfin, nous pouvons observer que ces objets peuvent être représentés soit avec un baudrier soit sans cet accessoire, parfois tenu à la main. J. Arnal259 suppose que cet élément sculpté ou gravé devait être fort important puisqu'il peut représenter, lui-même, une divinité lorsqu'il y a l'absence d'éléments anatomiques anthropomorphes (Cénomes, fig. 109, p. 97 ; cat. II, p. 150) ou encore, être montré des doigts des deux mains d'un monument.

1.1 Les objets représentés dans les pays

Sur base de l'annexe 38, nous allons tenter de déterminer si une des deux représentations de l'objet mystérieux est une gravure spécifique à une région de France. On constate alors que : – l' « objet » est représenté en Aveyron, dans le Gard, dans l'Hérault et dans le Tarn. – l' « objet-poignard » est figuré dans les mêmes régions. – l'association de ces gravures ne se présente que dans le Tarn. – les gravures indéterminées sont présentes dans le Tarn, en Aveyron, dans le Gard et dans l'Hérault. Ainsi, ces deux gravures sont représentées essentiellement dans deux régions de la France, situées non loin l'une de l'autre. Ces territoires sont occupés par les civilisations Saintponienne et Rozézienne.

259 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976 , p. 55.

66 Ces deux peuples ont leur zone d'habitat qui borde, au sud et à l'est, les territoires des statues- menhirs260. Aucune gravure n'est privilégiée plus qu'une autre. Par contre, il semblerait que le Tarn soit la seule région à avoir décidé de les associer sur un même monument.

2. Caractéristiques de l'arc à flèches

La forme allongée en arc de cercle, fermée obliquement, a été interprétée différemment selon les auteurs. Il s'agirait d'un ornement, d'une fibule, d'une agrafe, d'une stylisation de la figure humaine d'après un rapprochement réalisé auprès des gravures rupestres, etc. F. Octobon261 et J. Arnal (cité par A. d'Anna262), quant à eux, ont identifié l'arc et la flèche (ou javelot pour F. Octobon) sur les monuments rouergats. A. d'Anna a démontré de son côté que l'hypothèse de la fibule est à écarter : un seul monument rouergat porte un vêtement. Pour l'archet, se pose le problème de son emploi. A. d'Anna se demande si cet élément correspond à l'archet de perçoir ou celui utilisé lors de la fabrication du feu. Aucun indice ne peut à ce jour apporter de réponse. La forme en arc de cercle est toujours positionnée au-dessus de l'avant-bras gauche, dans une position oblique263. La flèche est toujours représentée au-dessus de l'arc. En Suisse, l'arc à flèches est toujours gravé en oblique, le long du buste, avec la flèche dans l'arc. Seul l'arc de Longroiva du Portugal est figuré à la verticale. Le fait que cet attribut soit systématiquement représenté au même endroit sur l'anatomie, tel que sur le côté du cœur pour le sud de la France264, doit probablement avoir une signification.

2.1 Indicateur d'un sexe

Nous pouvons constater qu'il existe six types de figurations des arcs. Ceux-ci sont présents essentiellement dans le sud de la France, en Suisse et au Portugal (annexe 39). On distingue : – ceux représentés seuls, sans flèche dont une partie de la figuration est imbriquée265 dans la figuration d'un autre élément tel que le collier (Les Montels, fig. 74, p. 66 ; cat. II, p. 97).

260 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, pp. 52-53. 261 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 449. 262 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 172. 263 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 449. 264 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, pp. 79-80. 265 Par le terme « imbriquer », l'élément figuratif utilise soit une partie d'un autre élément figuratif pour être représenté dans sa globalité, soit il est interrompu dans sa mise en forme par une autre représentation.

67 – ceux représentés avec une flèche dont la hampe a été brisée (Longroiva, fig. 201, p. 185 ; cat. II, p. 244). Il m'est difficile de distinguer un poignard placé au sein de l'arc, comme S. et V. Oliveira Jorge266 le suggèrent. A priori, il paraît logique que ces deux figurations soient liées, mais l'ensemble de la gravure assez grossier a pu provoquer cette confusion. – ceux accompagnés d'une flèche à tête triangulaire et d'une hampe, individualisés des autres éléments figuratifs : Les Maurels (fig. 81, p. 72 ; cat. II, pp. 105-106), Stèle XX (fig. 205, p. 189 ; cat. II, p. 248). – ceux accompagnés d'une flèche à tête triangulaire ou cylindrique et d'une hampe, soit imbriqués dans la figuration d'un autre élément (Lacoste, fig. 124, p. 110/cat. II, p. 120 ; Saumecourte I, fig. 85, p. 77/cat. II, pp. 112-113), soit inachevés (stèle XVIII, fig. 204, p. 188 ; cat. II, p. 247). – ceux accompagnés d'une flèche triangulaire, d'une hampe et d'un empennage, individualisés des autres éléments figuratifs (Stèle XXV, fig. 194, p. 178 ; cat. II, p. 236). – ceux représentés inachevés ; seule la pointe de flèche triangulaire est visible (Pousthomy I, fig. 83, p. 74 ; cat. II, pp. 108-109). J.-P. Serres267 ne distingue pas ce début de figuration de la flèche.

F. Octobon a remarqué que l'arc à flèches était représenté uniquement sur les monuments rouergats masculins. Les Montels fait pourtant exception. Cette statue-menhir féminine a subi une transformation afin de devenir masculine ; sa face dorsale porte un baudrier double, signe masculin. Les autres monuments (Pousthomy I, Lacoste, Les Maurels et Les Montels) n'ayant subi aucune transformation dateraient d'une époque plus récente268, puisqu'ils n'ont subi aucune transformation. En Suisse269 et au Portugal270, les arcs sont également exclusivement masculins (annexe 40). D'après J.-P. Serres271, la présence d'une arme devait renforcer le trait masculin des statues, en mettant en évidence l'état guerrier. 266 OLIVEIRA JORGE, S., et OLIVEIRA JORGE, V., Statues-menhirs et stèles du nord du Portugal, dans BRIARD, J. et DUVAL, A. (dir.), Les représentations humaines du Néolithique à l'âge du Fer : actes du 115e congrès national des sociétés savantes (Avignon, 1990), Éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques du Ministère de l’Éducation nationale, de l'Enseignement et de la Recherche, Paris, 1993, p. 38 267 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 79. 268 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 449. 269 DE SAULIEU, G., Art rupestre et statues-menhirs dans les Alpes : des pierres et des pouvoirs (3000-2000 av. J-C), Éditions Errance, Paris, 2004, pp. 31-33. 270 OLIVEIRA JORGE, S., et OLIVEIRA JORGE, V., Statues-menhirs et stèles du nord du Portugal, dans BRIARD, J. et DUVAL, A. (dir.), Les représentations humaines du Néolithique à l'âge du Fer : actes du 115e congrès national des sociétés savantes (Avignon, 1990), Éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques du Ministère de l’Éducation nationale, de l'Enseignement et de la Recherche, Paris, 1993, p. 38 271 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, pp. 79-80.

68 2.2 Découvertes archéologiques

Sur le site du Petit-Chasseur, de nombreuses pointes de projectiles en roches tenaces ont été découvertes dans les dolmens MVI (annexe 41) et MXII (annexe 42) (datant du Néolithique final, civilisation d'Auvernier272). Elles ont été confectionnées par polissage afin d'obtenir deux chanfreins bilatéraux vifs, qui convergent en une pointe acérée. Ce type de flèche s'ancre dans son contexte régional : ce projectile s'observe sur des occupations néolithiques de la haute vallée du Rhône. Une trentaine de flèches polies ont été découvertes sur le site du Petit-Chasseur. Au Néolithique moyen, elles sont présentes à 20% dans les carquois préhistoriques, et à 50% au Néolithique final273. A. Gallay constate ainsi que le Campaniforme met en évidence l'importance du rôle de l'archer à travers les stèles anthropomorphes et leur mobilier funéraire : pointes de flèches, polissoirs en pierre pour les hampes et les brassards d'archers, placés dans les tombes masculines (annexe 43)274.

3. Caractéristiques des poignards

Aucune hésitation de ma part n'est possible concernant le sexe des monuments portant des gravures d'armes ; celles-ci, comme le poignard, sont utilisées comme indicateurs du sexe masculin. D'après l'annexe 44, représentant un poignard sur une statue-menhir (il est possible qu'un même poignard soit représenté à plusieurs reprises, comme à Lagundo B), on peut distinguer : – le poignard à lame triangulaire avec ou sans nervure axiale, surmonté d'un pommeau en croissant de lune (groupe 1). Ce dernier est utilisé en Suisse (stèle II, fig. 58, p. 52 ; cat. II, p. 76) et en Italie (Pontevecchio VI, fig. 101, p. 90 ; cat. II, p. 141 ; Termeno, fig. 195, p. 179/cat. II, p. 237 ; Minucciano I, fig. 196, p. 180/cat. II, p. 238 ; Minucciano III, fig. 197, p. 182/cat. II, p. 241 ; fig. 211, p. 195/cat. II, p. 254 ; Lagundo C, fig. 212, p. 196/cat. II, p. 255 ; Lagundo D, fig. 213, p. 197/cat. II, p. 256 ; Arco I, fig. 214, p. 198/cat. II, p. 257 ; Arco II, fig. 215, p. 199/cat. II, p. 258 ; Santa Verena, fig. 216, p. 200/cat. II, p. 259). – le poignard dont l'extrémité est sous la forme d'une « enclume » (groupe 2). Ce dernier est utilisé en Corse (Filitosa V, fig. 188, p. 172 ; cat. II, p. 230) et en Italie (Velturno, fig. 218, p. 202 ; cat. II, p. 261).

272 GALLAY, A., Autour du Petit-Chasseur : L'archéologie aux sources du Rhône (1941-2011), Éditons Errances, France, 2011, p. 83-85. 273 GALLAY, A., Autour du Petit-Chasseur : L'archéologie aux sources du Rhône (1941-2011), Éditons Errances, France, 2011, p. 169. 274 Idem, pp. 166-167.

69 – le poignard à lame légèrement arrondie, surmonté d'un pommeau (groupe 3). Ce dernier est aussi bien utilisé en Italie (Minucciano II, fig. 196, p. 181/cat. II, p. 240 ; Lagundo D) qu'en Suisse (stèle XVIII, fig. 204, p. 188 ; cat. II, p. 247). – le poignard à la garde et au pommeau parallèle (groupe 4). Ce dernier est utilisé en Corse (Fragment V de Filitosa, fig. 189, p. 173 ; cat. II, p. 235). – le poignard triangulaire à pommeau arrondi plein, vide ou sous forme d'anneau, accompagné de traits terminant l'extrémité du poignard ou parcourant la partie triangulaire (groupe 5). Ce dernier est utilisé en France (fragment des Pouilles, fig. 62, p. 54 ; cat. II, p. 80) et en Italie (Tötschling, fig. 217, p. 201 ; cat. II, p. 260). – le poignard à lame triangulaire, surmonté d'un pommeau. Il donne l'impression de ressembler à un couteau (groupe 6). Ce dernier est aussi bien utilisé au Portugal (Chaves, fig. 160, p. 147/cat. II, p. 202 : Faioes, fig. 159, p. 146/cat. II, p. 201 ; Longroiva, fig. 201, p. 185/cat. II, p. 244) qu'en Italie (Velturno, fig. 218, p. 202 ; cat. II, p. 261). Un même type est représenté dans un ou deux pays. L'Italie est le pays qui dispose le plus d'armes diversifiées.

Sur le monument de Brentonico (fig. 100, p. 89 ; cat. II, p. 140), on peut observer un élément triangulaire fort érodé, en biais qui représente probablement un poignard, à cause de la présence de la poignée, selon A. Pedrotti275. D'après mes descriptions citées plus haut, le pommeau de Brentonico pourrait aussi bien correspondre à celui du poignard à lame triangulaire légèrement arrondie qu'à celui du poignard à lame triangulaire. Toutefois, sur mon relevé graphique, il sera placé dans la catégorie des poignards « possibles ». Sur l'annexe 45, on peut aussi observer que la représentation de poignards se fait essentiellement en France (plus précisément, en Corse), en Italie où se trouve une grande concentration de ce type d'armes, au Portugal et en Suisse (cette dernière privilégie les arcs à flèches aux poignards ; voir le chapitre « arc à flèches »). Mais peut-on identifier avec certitude ces armes ? Est-il possible également de mettre en évidence une datation ?

275 PEDROTTI, A., Le statue-stele e le stele antropomorfe del Trentino Alto Adige e del Veneto_occidentale. Gruppo atesino, gruppo di Brentonico, gruppo della Lessinia, Civico Museo Archeologico, s.l., 1995, pp. 265-267.

70 VI. Analyse a. Étude interprétative des figurations des monuments

Dans ce chapitre, l'étude sera centrée sur la comparaison entre des objets réels et les éléments figurés sur les monuments afin de pouvoir leur donner une identification et une interprétation sur leur signification ou sur leur utilisation durant ces périodes historiques.

A. Anatomie

1. Visage

1.1 D'où vient la figuration du « T » facial ?

La forme en « T » peut se trouver sur des objets lithiques à deux ou trois encoches tels que ceux découverts à Therraza (Sahara occidental) (annexe 46). Lors de leur découverte dans la vallée de l'Oued Guir, P. Fitte276 a rapproché ces pièces à des objets symboliques, totémiques ou magiques puisqu'elles ont été retrouvées avec des galets fragmentés, à proximité de tumuli et que cet objet est aussi découpé dans des fragments de coquilles d’œufs d'autruches, retrouvés à Daïet-el-Metima. L. Nougier, lui, propose, en décrivant les objets en forme de « T » ou de « Y » de Haeï-el-Hameïda (Beni-Abbès), de les voir comme des « grattoirs concaves à utilisation progressive ». E. Vignard (cité par P. Fitte) a, en plus, observé que les pièces du Guir gardaient des traces certaines d'usage prolongé sur plusieurs encoches, ce qui démontre qu'on les a utilisées en grattoir. G. Durville (cité par P. Fitte) nuance avec cet exemple : « ...j'ai vu un paysan français se servir, à la façon d'un tournevis, de la partie basse de la croix du Christ qu'il portait au cou. Un talisman peut être utilisé en outil... ». Par leur forme, il est possible que ces peuples aient décidé de les utiliser en grattoir, comme l'ont supposé L. Nougier, G. Durville et E. Vignard, puisque des traces d'usure sont détectées, d'après ces auteurs (il est dommage que je n'ai pas observé ces traces via un document).

276 FITTE, P., La vallée de l'Oued Guir (Confins Algéro-Marocains). Une culture primitive inconnue, dans Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 44, n°7-8, 1947, pp. 216-217.

71 Cependant, s'ils sont bien observables, ce type d'outils devait, alors, être utilisé lors d'un rite particulier (il ne faut pas oublier l'existence des autres formes de grattoir du Néolithique, par exemple). P. Fitte mentionne ces exemples afin d'établir une comparaison avec l'objet réel en « T » à deux encoches. Il existe également des objets en « T » à trois encoches (annexe 47) qui peuvent se rapprocher aux statues-menhirs et stèles (annexe 48) : celles de Fivizzane (Italie), d'Hissarlik (Troie), des dolmens de Los Mariaquer (Morbihan), d'Isle-sur-Sorgue,... La forme en « T » serait, ainsi, apparue au Néolithique moyen et se serait étendue au Néolithique tardif et au début de l'Âge des métaux, d'après la comparaison des stèles et des statues-menhirs277. Qu'en est-t-il réellement sur les statues-menhirs et stèles ? La forme en « T » représenterait-elle en réalité un grattoir placé entre les yeux, ne représentant pas la figuration d'un visage anthropomorphe ? Un lien est-il possible entre ces objets réels et la figuration gravée/sculptée ? G. Durville (cité par P. Fitte) rejoint l'idée de base de P. Fitte : l'objet en « T » serait un « talisman qui représente, stylisée, la courbe des sourcils et la ligne du nez de la Déesse néolithique des Morts...qui préside aux cérémonies mortuaires dans les grottes, dans les dolmens, dans les allées couvertes, et qui est représentée sur des stèles funéraires ». Il m'est difficile d'accepter cette idée car d'autres éléments du visage sont indiqués, tels que des yeux et quelque fois, une bouche. De plus, le visage est représenté de manière schématique, sans avoir pour but de représenter un grattoir. Ensuite, à cause de la localisation géographique de la découverte de ces grattoirs, il est impossible qu'il y ait un lien entre les statues et stèles, puisque aucune découverte de ce type de monuments n'a été faite dans le Sahara (même si l'idée a été très tentante d'accepter cette théorie). Mais cette forme en « T » représente-t-elle une divinité ou un élément anatomique de l'homme, voire représenter l'humanité ? Puisque certains défunts ont été découverts sur certains sites (par exemple, Sion en Suisse278) sur lesquels ont été exhumés des statues-menhirs/stèles, il est fort probable d'y voir un lien entre ces monuments et l'homme inhumé.

1.2 La représentation de vrais tatouages ?

Sur les visages des régions aveyronnais, du Gard, de l'Hérault et du Tarn, des traits horizontaux parallèles de part et d'autre du nez sont généralement associés aux yeux et au nez. Leur nombre varie : deux ou trois traits gravés. Ils peuvent être courts ou longs, détachés ou collés du nez, rectilignes ou courbes.

277 DURVILLE, G., L'objet préhistorique dit énigmatique, en T est la représentation stylisée de la partie haute du visage de la Déesse néolithique des morts, dans Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 45, n°3-4, 1948, pp. 109- 113. 278 DESIDERE, J., Sion - Petit-Chasseur (Neolithic-Bronze Age) : Geography and Culture, Institut F.-A. Forel, Genève, 2013, p. 2.

72 Ils ont été interprétés de diverses manières : « poches sous les yeux », des moustaches,... L'abbé Hermet (cité par F. Octobon) y percevait un voile, cachant le bas d'un visage, comme les femmes de l'Orient ; ce qui expliquerait l'absence de bouche sur les monuments. G. de Mortillet (cité par F. Octobon) adhérait à cette théorie afin d'expliquer cette absence de bouche sur les monuments et la forme de certains colliers. F. Octobon les interprétait plutôt comme des « tatouages », marques distinctives de tribu ou de position sociale selon la diversité de leur nombre. Ce mode de décoration persiste actuellement chez de nombreuses tribus, telles que les Indiens (leurs tatouages sont soit de forme de traits, soit sous forme de points, soit en combinaison ces deux motifs)279. Il démontrait, ainsi, son accord avec la théorie (1912) de J. Déchelette (cité par J.-P. Serres) 280, qui s'était appuyé sur de nombreuses données de l'ethnographie et sur certaines statues découvertes, présentant des marques de tatouages à l'étranger281. Comme a si bien argumenté ce dernier, si ces traits correspondaient à la présence d'un voile, ayant pour but de recouvrir également la face arrière (et pas uniquement un voile pour recouvrir la chevelure), le nez aurait été aussi masqué. A. d'Anna retient cette idée de « tatouages » ou encore, des peintures corporelles282. J. Arnal adhère aux hypothèses précédentes, mais il ajoute qu'il est possible d'y voir des cicatrices de brûlures (chéloïdes), comme marque tribale283. Cette théorie du « tatouage » est vraiment intéressante et celle qui est la plus solide, tout comme les scarifications de J. Arnal. Cependant, je souhaite nuancer ces propos, d'après une observation intéressante de F. Octobon : le visage pourrait représenter un masque284 d'après sa forme générale (cf. caractéristiques du visage). Cette remarque ne sera prise en compte pour les régions du Tarn et d'Aveyron, qui présente une forme de visage fort géométrique. La statue-menhir la plus remarquée pour illustrer cette théorie est celle de La Jasse du Terral I ( fig. 97, p. 87 ; cat. II, pp. 131-132 et annexe 14) : elle présente un double cercle pour la représentation des yeux, pouvant indiquer également l'ouverture du masque pour cet élément anthropomorphe et un visage géométrique. Les masques du Néolithique sont plus souvent ovalaires (annexe 49) et ne présentent aucune décoration. Mais les masques africains sont réalisés sous d'autres formes et portant des décors (annexe 50). Les traits horizontaux pour ces régions ne pourraient-ils pas représenter le décor d'un masque, permettant l'identification d'une hiérarchie ou la marque distinctive d'une tribu, comme le mentionnait F. Octobon ?

279 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 418. 280 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008 p. 85. 281 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 418. 282 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 172. 283 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 63. 284 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 416.

73 Pour les régions du Grad et de l'Hérault, il m'est plus difficile d'y apercevoir le port du masque car il n'existe aucune délimitation qui se présente entre le buste du corps et le visage. Il est alors probable qu'il y ait bien l'apport de l'utilisation de « tatouages » ou de « scarifications » dans cette région. Malheureusement, comme l'a fait remarqué A. D'Anna, il nous est impossible d'identifier leur signification (peintures, ornements temporaires, ou de vrais tatouages)285 puisque ces traces sont difficilement conservables. D'autres observations sont établies via ce corpus d'images. Il semblerait que l'utilisation du « tatouages » ne permette pas une distinction spécifique entre les sexes (annexe 51), comme l'a déjà observé J.-P. Serres286.

1.3 Que représente le motif en « X » ?

Le motif en « X » représenté sur le torse en Italie (stèle A, fig. 59, p. 53 ; cat. II, p. 77 ; stèle B, fig. 60, p. 53 ; cat. II, p. 78 ; stèle C des Pouilles, fig. 61, p. 54/cat. II, p. 79) en Corse (Castaldu, fig. 179, p. 163 ; cat. II, p. 221) et en Sardaigne (Serra-Is-Araus, fig. 155, p. 143/cat. II, p. 197) ou sur le dos en Corse (Filitosa VI, fig. 190, p. 174 ; cat. II, p. 231) des monuments peuvent également représenter des « tatouages corporels » ou un accessoire fait de perles, pouvant être utilisé comme une forme de vêtement. Dans le premier cas, l'homme d'Ötzi porte deux tatouages en forme de traits superposés et de croix au niveau des poignets, des genoux, des chevilles, et sur la colonne vertébrale, réalisé à partir d'un colorant au charbon de bois. Sur base de radiographies, l'homme du Similaun présente des traces d'arthroses, ce qui expliquerait l'emplacement de ces tatouages au niveau des articulations ; cela a été interprété comme ayant un but thérapeutique287. Dans le second cas, ce « X » est sous la forme d'un collier de perles pour les hommes des Wodaabe288. Ils se réunissent aux portes du désert à Agadez pendant six jours et six nuits, à la fin de la saison des pluies, afin d'y célébrer la beauté, le pouvoir sexuel et le printemps. Ils pratiquent une fête du printemps, appelée le Worso pour lequel les plus beaux hommes ont confectionné leur tenue de cérémonie (pimpage ultime ; annexe 52). Cette fête permet aux hommes de défiler devant des femmes, en mettant en avant leurs atouts. Ces dernières sont présentes afin d'élire l'homme avec qui elles souhaitent « batifoler »289.

285 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 172. 286 SERRES, J.-P., Les statues-me du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 85. 287 CONSTANTINI, G., La vie quotidienne au temps des statues-menhirs, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues- menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 121. 288 Regroupement de nomades et marchands du sud de Sahel, Niger, et nord-est du Cameroun. 289 OTMANI, B., WODAABE DANSE AVEC LE CIEL // TINDER DES NOMADES, mars 2018, disponible sur http://mauvaismagazine.com/2018/wodaabe-danse-ciel-tinder-nomades/, consulté le 30 avril 2019.

74 Est-il possible qu'une fête semblable avait lieu durant la préhistoire ? Si c'est le cas, le défilé devait être pratiqué par les femmes puisque ce « X » est représenté avec des seins, à l'exception de Castaldu, présentant un sexe masculin. Son « X » est le seul, qui est représenté sur la face dorsale. Concernant ce dernier, peut-on vraiment le considérer comme un « X » décoratif puisqu'il est représenté à un emplacement différent des autres monuments ? De plus, si on observe bien de plus près, on pourrait plus assimiler cette gravure à deux arceaux séparés par une fine ligne, pouvant représenter la colonne vertébrale. Serait-ce alors une représentation d'omoplates stylisée, typique du bassin culturel Corse ?

2. Les membres

2.1 Les stèles provençales ont-elles des bras ou est-ce la délimitation du corps ?

S. Gagnière et J. Granier ont proposé de voir sur certains exemplaires provençaux des bras (sous formes de bourrelets horizontaux) de part et d'autre de l'ouverture du bas du visage290 . J. Arnal291 suppose également que ces bourrelets sont la figuration des bras. F. Octobon 292 et A. d'Anna293 pensent plutôt que cette ouverture figure le cou, accompagné parfois d'épaules bien visibles formées par les deux bourrelets. Ils ont établi cette observation sur les stèles de Sénas IV, V et VI. A. d'Anna remarque aussi qu'il existe des stèles à décor de chevrons gravés, ne portant pas la figuration du cou ; la représentation anthropomorphe est limitée à la base du visage (Mont Sauvy, fig. 35, p. 39/cat. II, p. 44 ; Font de Malte, fig. 36, p. 39/cat. II, p. 45). Laquelle de ces hypothèses paraît la plus concevable ? D'après mes observations, les bourrelets pourraient figurer les bras. Comme le soulève A. d'Anna, certains monuments ne disposent d'aucune représentation du cou, vu qu'il n'y a pas de bourrelets, comme sur les stèles provençales. On peut aussi constater que quelques bras sont recouverts d'un décor de chevrons gravés, tels que sur la Puagère VIII (fig. 34, p. 38 ; act. II, pp. 42-43) ; la Puagère IV (fig. 30, p. 34 ; cat. II, p. 37), Bastidonne VI/Trets VI (fig. 43, p. 43 ; cat. II, p. 56) et la Lombardie I/Lauris-Puyvert I (fig. 53, p. 49 ; cat. II, pp. 68-69). Enfin, on peut noter que les chevrons sont situés sous le visage de certaines stèles, comme pour le délimiter. Une analyse du décor, qui complétera mes arguments, sera proposée dans un prochain chapitre (cf. la chevelure).

290 GAGNIERE, S. et GRANIER, J. Les stèles anthropomorphes du musée Calvet d'Avignon, dans Gallia préhistoire, tome 6, 1963, p. 34. 291 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 111. 292 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 368. 293 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 214.

75 2.2 La posture des jambes en France et son identification

La problématique la plus répandue sur les membres inférieurs des monuments français concerne leur position : « sont-ils représentés debouts ou assis ? ». En 1964, A. Soutou (cité par A. d'Anna294) propose de voir les statues en position assise, selon une impression non certifiée. D'après l'abbé Hermet (cité par A. d'Anna), les monuments sont assis, avec des genoux saillants, n'arrivant pas à la ceinture. Il précise que les plis du vêtement tombent perpendiculairement sur Frescaty (fig. 125, p. 111 ; cat. II, pp. 162-163), ce qui contredit cette interprétation. E. Carthaillac (cité par F. Octobon295) rétorque : « ... peut-être l'artiste a-t-il eu l'intention de montrer des personnages assis. Incapable de creuser profondément son bloc avec ses marteaux de quartz ou de cuivre, n'imaginant pas d'ailleurs qu'il puisse arriver à plus de ressemblance, il a marqué ce qu'on voit de face la partie du genou au pied. Le genou est très limité dans plusieurs cas : c'est une indication qu'on doit retenir ». J.-P. Serres poursuit en démontrant que sur certaines statues-menhirs, les jambes sont courtes par rapport au torse296. A. d'Anna propose d'appréhender les deux postures, et de résoudre la problématique, d'après les différents modes de représentation des membres. La position assise est caractérisée par des jambes courtes, disjointes, séparées de la ceinture pour mettre en évidence les genoux, avec des bras horizontaux proches de la ceinture. La position debout est reconnaissable par des jambes longues liées à la ceinture, accompagnées de bras obliques ou incurvés. Mais les vérifications de cette confrontation contredisent ce schéma : les jambes disjointes séparées de la ceinture sont représentées avec des bras incurvés, alors que les jambes jointes reliées à la ceinture sont figurées avec des bras repliés. Les seules observations fondées sont297: – certaines jambes sont deux fois plus courtes que la hauteur du torse du monument (Saint- Sernin, fig. 70, pp. 61-62/cat. II, pp. 92-93; La Borie des Paulets, fig. 110, p. 98/cat. II, p. 151 ; Pousthomy I, fig. 83, p. 74/cat. II, pp. 108-109 ; Frescaty, fig. 125, p. 111 ; cat. II, pp. 162-163). – les pieds donnent l'impression d'être ballants à cause de la représentation des orteils. – les jambes séparées de la ceinture permettent d'indiquer des genoux par un léger arrondissement de leur partie supérieure. – la cuisse n'est pas représentée puisque le membre inférieur n'est pas formé en deux tronçons.

294 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 171. 295 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 408. 296 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 65 297 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 171.

76 – les bras ne sont jamais représentés ballants, mais sont repliés sur la zone abdominale. A. d'Anna ajoute qu'il est possible que les très grands monuments soient un indicateur de la position debout, d'après son impression.

Suite à mes observations, nous pouvons affirmer que les pieds donnant l'impression d'être ballants par la représentation des orteils sont une particularité spécifique à la France, et qu'ils ne permettent pas de préciser quel type de position est représenté sur les monuments. Comme A. d'Anna et l'abbé Hermet le supposaient, il existe bien une distinction de postures des jambes (annexes 53 et 53 bis) : – la position assise est caractérisée par des jambes courtes, disjointes, séparées de la ceinture pour mettre en évidence les genoux. On peut ajouter La Bessière (fig. 115, p. 102 ; cat. II, p. 155) et Granisse (fig. 117, p. 104 ; cat. II, p. 157), qui présentent des jambes courtes, mais jointes, avec un arrondi sur leur partie supérieure, pouvant représenter des genoux. Je rejoins E. Carthaillac qui voit dans cette indication du genou, un élément à retenir pour identifier la position assise. Le doute de l'abbé Hermet planant sur Frescaty (fig. 125, p. 111 ; cat. II, pp. 162-163) à cause de la représentation du vêtement non replié peut être écarté, si on suppose que les artistes ne connaissaient pas la perspective ou, encore, si le vêtement possède une ouverture à l'avant permettant de mettre en avant des bandes verticales, représentant les jambes. – la position debout est reconnaissable par des jambes longues liées à la ceinture. À partir de l'annexe 54, on remarque que l'impression d'A. d'Anna supposant que les grands monuments peuvent être un indicateur de la position debout est justifiée. Il faut, toutefois, nuancer cette interprétation : A. d'Anna a raison si on prend en compte les plus grands monuments, ceux dépassant la hauteur de 210 centimètres (Crouxigues entre 230 et 233 centimètres (fig. 93, p. 83 ; cat. II, p. 125), Les Vidals avec 255 centimètres (fig. 94, p. 84 ; cat. II, pp. 126-127) et Triby avec 300 centimètres (dont 210 hors de terre) (fig. 116, p. 103 ; cat. II, p. 157) ). Par contre, la taille des jambes en fonction de la hauteur du torse comme indicateur de la station assise, d'après J.-P. Serres, ne permet pas, selon moi, de déterminer cette position. Les jambes jointes et courtes par rapport au torse ne représentent pas la posture assise, vu que certaines de ces jambes ont subi des modifications de représentation (Les Arribats ; fig. 119, p. 106 ; cat. II, p. 159) ou apparaissent, simplement, par manque de place (La Borie des Paulets ; ffig. 110, p. 98 ; cat. II, p. 151).

77 2.3 Un sexe féminin comme rainure ?

En Italie, le monument Sassina di Prun (fig. 4, p. 7 ; cat. II, p. 8) porte une petite rainure sur la partie inférieure de la face antérieure. A. Pedrotti suppose qu'il s'agirait de la représentation du sexe féminin298. Cette hypothèse suscite quelques doutes de ma part. D'après mes observations (annexe 53), on remarque que cette rainure délimite un espacement évident pour matérialiser les deux membres inférieurs. Il est tentant d'assimiler cet élément à un sexe féminin, si l'on fait le parallèle avec les statuettes féminines assises ou debout du Proche-Orient (annexe 55), sur lesquelles le sexe féminin est figuré par une encoche sur la partie inférieure, comme Sassina di ¨Prun299. Cependant, on peut remarquer que dans mon corpus, le sexe féminin ou masculin des monuments n'est jamais représenté, d'où la difficulté actuellement pour identifier le genre. Seuls les seins semblent être un indicateur, permettant de déterminer le sexe féminin. Sassina di Prun ne porte pas cette figuration ; ce qui explique son indication « asexuée » dans mon catalogue descriptif de ce monument.

2.4 La signification de la posture des « semelles »

La « semelle » ou « plante de pied » est une figuration caractérisée par un talon petit et mince et d'une pointe de pied longue et large, dirigée vers le bas ou vers le haut. Elle est essentiellement présente dans le groupe de la Mer Noire : Souffli Magoula en Grèce (fig. 108, p. 96 ; cat. II, p. 148), Hamangia en Roumanie (fig. 105, p. 94 ; cat. II, p. 145), Belogrudovka (fig. 7, p. 10 ; cat. II, p.11) en Ukraine et Novocerkassk en Russie (fig. 12, p. 15 ; cat. II, p. 16)300. Sur les « semelles » de Grèce et d'Ukraine, les empreintes se situent sur la partie inférieure de la face antérieure avec la pointe du pied dirigée vers le bas. H. Duveyrier301 a remarqué ces tracés de « contours de sandales ou de souliers », avec la pointe était dirigée vers l’Est, sur le rebord de la Hamada, sur les hauteurs de l’immense cimetière.

298 PEDROTTI, A., Le statue-stele e le stele antropomorfe del Trentino Alto Adige e del Veneto occidentale. Gruppo atesino, gruppo di Brentonico, gruppo della Lessinia, Civico Museo Archeologico, s.l., 1995, pp. 275-276. 299 AURENCHE, O. et KAROL KOZLOWSKI, S., La naissance du Néolithique au Proche-Orient, Éditions Errance, Paris, 1999, p. 67. 300 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), Éditions Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1977, pp. 29-31 301 DUVEYRIER, H., Discussion sur les Cupules et les Empreintes de Pieds dans Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 6, n°5, 1909, p. 262.

78 Il rapproche ces tracés à ceux d’un homme debout. Même si la posture des monuments (avec la pointe dirigée vers le haut) diffère de celle de H. Duveyrier, (avec la pointe dirigée vers l'Est), en ajoutant une perspective à cette figuration, on pourrait y voir un individu représenté debout, sur ses deux pieds ; puisque leur position respecte la position anatomique. Sur les autres monuments tels que Hamangia, la « plante de pied » se situe au milieu de la face dorsale, avec la pointe de pied dirigée vers le haut. M. Courty302 suppose que ces empreintes sont des marques de croyances ou superstitions, dont la symbolique nous est actuellement inconnue. En se basant sur les impressions de M. Courty, ne peut-on pas proposer qu'il s'agit d'une mise en scène pour signaler un individu mort lors d'un combat ? Novocerkassk ne fournit aucune indication sur ce point : les empreintes sont accompagnées d'un bourrelet identifié comme étant une ceinture. Par contre, Hamangia pourrait appuyer cette hypothèse : trois haches sont positionnées obliquement ; l'une d'elles se situe à la base du bourrelet vertical. J. Landau pense qu'elles seraient attachées à une ceinture303. Mais V. Parvan fait remarquer que la ceinture n'est pas indiquée ; il est néanmoins supposé que les deux haches y soient suspendues. Et si ces armes étaient représentées pour indiquer un événement particulier ? Vu que la ceinture sur Hamangia n'apparaît pas, il est possible que les haches étaient fichées dans le dos de l'individu ; elles pourraient indiquer la présence d'attaques de rivalités de groupes. Mais reste la question de Novocerkassk... Cette dernière ne possède aucune arme et donc, à l'exception de la présence des empreintes, il est possible de déterminer si cet anthropomorphe est représenté ou non dans son état de défunt. On peut aussi envisager que, pour ces peuples anciens, ce soit inutile de représenter les armes car ils connaissaient la symbolique de la figuration de cette « empreinte » sur la face dorsale ; les empreintes seraient, à leurs yeux, une référence à la mort dans un contexte religieux. Devant l'absence d'armes, on peut supposer également que l'individu est figuré dans une posture de soumission ; celui-ci est écrasé par les « semelles » d'un individu qui entend démontrer sa puissance. La « semelle » a-t-elle un lien avec le rang social ou la fonction de l'individu dans la société ? Si c'est le cas, il faudrait alors voir les armes de Hamangia, comme l'a souligné V. Parvan, soutenues par une ceinture non représentée. Mais il m'est difficile d'admettre l'oubli de la ceinture : pourquoi l'artiste aurait-il oublié de représenter cet élément récurrent sur les statues-menhirs ? Une chose est néanmoins certaine : les empreintes figurant au dos des statues montrent qu'elles ne peuvent leur appartenir. La question reste sur leur signification reste ouverte : un individu affirmerait-il sa puissance au sein de la société ou mettrait-il à mort un autre homme lié à un acte religieux (l'acte en lui-même, la mort) ou lié à une situation de combat ?

302 DUVEYRIER, H., Discussion sur les Cupules et les Empreintes de Pieds dans Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 6, n°5, 1909, p. 261. 303 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), CNRS, Paris, 1977, p. 32.

79 3. Chevelure

3.1 A quoi pourrait correspondre les deux types de chevelure?

J. Landau propose de voir une colonne vertébrale et non une chevelure dans la bande verticale munie d'un trait horizontal. La bande verticale est figurée sur des représentations féminines, accompagnée d'un rectangle (ou deux) individualisé(s) au-dessus de la ceinture ; par un ou deux traits transversaux304. Toutefois, l'auteur ne donne pas d'arguments supplémentaires pour démontrer cette analogie. Si le rectangle représentait une vertèbre de la colonne vertébrale, pourquoi ne disposons-nous pas des autres vertèbres figurées ? Ont-elles été effacées ? Cette hypothèse peut être écartée vu que, d'après J. Landau, il existe des statues portant une bande verticale munie de deux rectangles... À moins que ce deuxième rectangle soit apparu à cause d'une détérioration de la face dorsale ? Par ailleurs, cette bande est plus large à la base sommitale qu'à son extrémité ; alors qu'une colonne vertébrale lorsqu'elle est figurée a une largeur (des dimensions) constante. Ce constat porte à écarter l'hypothèse de la colonne vertébrale. Pour identifier cet élément anatomique, il serait plus intéressant d'analyser les monuments de Corse : leur face dorsale présente une ligne fine à la verticale gravée, reliée à des lignes horizontales, pouvant se rapprocher à des côtes. Ainsi en Rouergue, les cheveux seraient attachés par un lien : par la position de l'attache, on peut se demander si les cheveux n'étaient pas tressés. G. Costantini305 démontre cette hypothèse grâce à la découverte de fragments de tresses de cheveux blond-roux conservés par l'incinération, au tumulus X du Freyssinel à Saint-Bauzile (Lozère). Un motif de la statue de Faioes (fig. 158, p. 146 ; cat. II, p. 202) ; situé également sur la face dorsale, se rapproche de celui de la chevelure des monuments rouergats : un motif rectangulaire allongé pouvant être une figure de prestige ou de cérémonie, datant du Bronze final, d'après G. et V. Oliveira Jorge. Il est probable que le motif ait été prolongé postérieurement. Sur la face latérale gauche, il soutient une petite arme maintenue dans sa gaine306.

304 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), CNRS, Paris, 1977, p. 26. 305 CONSTANTINI, G., La vie quotidienne au temps des statues-menhirs, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues- menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 122. 306 OLIVEIRA JORGE, S., et OLIVEIRA JORGE, V., Statues-menhirs et stèles du nord du Portugal, dans BRIARD, J. et DUVAL, A. (dir.), Les représentations humaines du Néolithique à l'âge du Fer : actes du 115e congrès national des sociétés savantes (Avignon, 1990), Éditions du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques du Ministère de l'éducation nationale, de l'Enseignement et de la Recherche, Paris, 1993, pp. 33-34.

80 Concernant la bande surmontée à son sommet par une forme triangulaire et terminée par une extrémité frisée, F. Octobon voit soit des lames de poignards enfermées dans leur fourreau ou des tresses à l’extrémité frisée307. A. Soutou pense que la représentation est une boucle circulaire reliée à l'attache supérieure du baudrier passant par l'épaule308. La statue portant un baudrier, on peut observer que la figuration frisée est répétée à deux reprises : une fois mise en lien avec un rectangle, une autre fois reliée au baudrier. Selon F. Octobon, il s'agirait de fourreaux enfermant des poignards. Pourtant, les armes ne sont jamais représentées sur la face dorsale dans la région aveyronnaise, voire en France. Les seuls cas présentant les armes sans fourreaux se situent dans les pays de l'Est : Hamangia (fig. 105, p. 94 ; cat. II, p. 145) et Ezerovo II (fig. 107, p. 95 ; cat. II, p. 147). L'une des figurations étant reliée au baudrier, on peut confirmer l'hypothèse de Soutou ; du moins en partie, si on opte, comme dans mon analyse, de séparer ces deux éléments et de les étudier selon leur point d'attache. Mais qu'en est-il du triangle ? Dans un premier temps, j'ai rejoint l'avis de F. Octobon : il est fort probable que ce motif soit la représentation d'un nouveau type de chevelure, sous un aspect fort schématique. Grâce à mes recherches, je propose néanmoins de voir un élément décoratif d'une coiffe plutôt qu'une coiffure : la statue féminine de la tombe 386 de Cuccuru s'Arriu (Cabras, Sardaigne) (annexe 56)309 porte ce même type de motif, quoique, la forme triangulaire n'est pas présente et les éléments décoratifs latéraux ne sont pas figurés. Par leur proximité géographique, il est permis de s'interroger sur le lien possible entre ces deux figurations. Y aurait-il une influence provenant de Sardaigne en Aveyron ?

3.2 Les chevrons de Provence seraient-ils une forme de figuration de la chevelure ?

S. Gagnière et J. Granier proposent de comparer les chevrons à une chevelure opulente, descendant le long des bras et les recouvrant entièrement jusqu'au coude. Ils relient ce type de coiffures d'apparat des femmes de l’Égypte ancienne, avec la « Dame Touy » (annexe 57), de la XVIIIe dynastie310. Sans prendre position, J. Arnal voit une résille retombant sur les épaules311. Est-il possible de déterminer la signification des chevrons ? Les interprétations citées ci-dessus portent des significations dans les processus initiatiques ou dans les grandes transitions312 :

307 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 458. 308 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, pp. 26- 27. 309 LILLIU, G., Arte e religione della Sardegna prenuragica. Idoletti, ceramiche, ogetti d'ornamento, Delfino Carlo Editore, s.l., 1999, p. 19. 310 GAGNIERE, S. et GRANIER, J. Les stèles anthropomorphes du musée Calvet d'Avignon, dans Gallia préhistoire, tome 6, 1963, p. 55. 311 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 110. 312 RONNBERG, A. (dir.) et MARTIN, K. (dir.), Le livre des symboles : réflexions sur des images archétypes, Taschen, Cologne, 2011, p. 348.

81 – dans certaines tribus amérindiennes, les hommes portent de longs cheveux tressés, qui sont dénoués en signe de deuil. – se voiler les cheveux exprime le chagrin ou la séparation du groupe.

Une certitude subsiste : le caractère essentiellement funéraire de ces stèles313. D'après J. Arnal, aucune stèle de la Durance n'a été découverte sur son emplacement d'origine, tout en étant groupées sur des cimetières de la civilisation de Trets : des charrues ont remonté des ossements humains, des haches polies, des lamelles en silex et des céramiques typiques. Comme pour nos cimetières, les stèles devaient être fichées en terre pour marquer l'emplacement de la tombe314. F. Octobon compare les chevrons des stèles provençales à ceux des idoles ibériques puisque les idoles présentent un caractère anthropomorphe (malgré leur forme carrée, rectangulaire ou trapézoïdale), orné des échancrures simulant parfois des épaules (annexe 58). Les chevrons des plaquettes d'Alentejo (annexe 59) et de la grotte de Galinha (Portugal) (annexe 60) ont été interprétés comme l'indication d'un vêtement par la présence d'une ceinture. F. Octobon préfère rapprocher le décor des chevrons des stèles à celui de l'idole de marbre du Musée de Madrid (annexe 61), et propose l'hypothèse de la chevelure, bien avant la publication de S. Gagnière et de J. Granier 315. Cette similitude entre ces deux types de vestiges est forte intéressante pour tenter de répondre à la problématique : les chevrons font-ils référence à une chevelure ou à une résille ? Si l'on observe l'idole de marbre du Musée de Madrid, on remarque que la partie chevronnée est représentée sur la partie supérieure, à l'arrière-plan, dans le but de représenter la chevelure. Cette interprétation peut être renforcée en faisant le rapprochement avec la « Dame Touy » d’Égypte.

Les arguments de F. Octobon me tentaient d'admettre cette hypothèse ; surtout suite à l'observation de la stèle de la Péagère VII (fig. 33, p. 37 ; cat. II, p. 41) montrant une protubérance à son sommet, rappelant la forme d'un chignon. Trois éléments ont néanmoins retenu mon attention : – certains « bras » des stèles sont décorés de chevrons, telles que la Puagère VIII (fig. 34, p. 38 ; act. II, pp. 42-43) ; la Puagère IV (fig. 30, p. 34 ; cat. II, p. 37), Bastidonne VI/Trets VI (fig. 43, p. 43 ; cat. II, p. 56) et la Lombardie I/Lauris-Puyvert I (fig. 53, p. 49 ; cat. II, pp. 68-69). Si une chevelure était bien représentée, ne devrions-nous pas observer ces bras sans ornementation de façon constante ?

313 GAGNIERE, S. et GRANIER, J., Les stèles anthropomorphes du musée Calvet d'Avignon, dans Gallia préhistoire, tome VI, 1963, p. 35. 314 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 112. 315OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, pp. 515-517.

82 Puisque une série de plaquettes ibériques sont munies de chevrons pour rappeler le port d'un vêtement (cité plus-haut) et que O. J. Bocksberger (cité par J. Arnal316) trouve également une parenté de décors entre les stèles provençales et celles de Sion (le décor est fin et surchargé parfois à la hauteur de la poitrine), les stèles de Provence démontreraient alors un port différent du vêtement, permettant éventuellement d'individualiser des individus. Cela indiquerait-il leur rang social des individus ou le port du vêtement de leur vivant, voire représenter le linceul des défunts ? Mais ces hypothèses sont difficilement démontrables actuellement. – les chevrons peuvent être représentés sous le visage, comme se poursuivant vers le bas, comme sur la Bastidonne III/Trets III (fig. 40, p. 41 ; cat. II, pp. 51-52). Puisque, dans ce cas-ci, les chevrons délimitent le visage, il est évidemment impossible qu'ils soient la continuité d'une chevelure figurée. – la figuration d'une oreille est mise en lien avec les chevrons, telle que Ponty-Sud (fig. 50, p. 46 ; cat. II, p. 64). Une chevelure peut aussi bien cacher cet élément que le montrer, selon la position des mèches de cheveux. Pourtant, en observant la disposition des chevrons, on s'aperçoit qu'il est fort probable que ceux-ci ne soient représentés que sur la partie supérieure de la stèle. En effet, les chevrons ne se poursuivent pas dans la partie médiane, à proximité de l'oreille. Ainsi, je préfère identifier à travers ces chevrons non pas une chevelure, mais plutôt le port d'un vêtement ou d'un accessoire (résille ou coiffe décorée). Concernant la stèle de la Puagère VII, la protubérance peut évoquer une coiffure cachée sous une résille (d'où la présence des chevrons). Cette hypothèse est valable également pour la stèle de Crato (fig. 13, p. 16/cat. II, p. 18) , présentant un décor très similaire sur les faces latérales. Ce motif « en résille » est séparé du visage par un bourrelet qui indiquerait la présence d'un élément placé sur la tête, comme un tissu.

Le motif décoratif en zigzags verticaux et en « arête de poisson », connu dès le Néolithique ancien (6e millénaire av. J.-C.), est utilisé comme décor sur les premiers contenants d'argile cuite de nos régions par la civilisation cardiale. Il est conservé par les Chasséens jusqu'au milieu du III e millénaire. Il faut préciser que la civilisation de Trets est l'un de leurs faciès locaux : d'après J.

Courtin (cité par J. Arnal317), le Chasséen était une grande famille composée de diverses variantes locales.

316 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 111. 317 Idem, p. 111.

83 Ce type de motif se retrouve gravé sur des piliers de certains dolmens à couloir d’Irlande, etc. Comme le démontre J. Arnal, il semble que ces monuments décorés témoignent de l'existence d'une mode, relativement généralisée à une époque donnée. À mon sens, il est donc préférable de ne pas établir d'analogies sur de grandes distances, entre ces exemples et les statues-menhirs/stèles, n'impliquant pas forcément une corrélation symbolique ou fonctionnelle.

4. Les omoplates représentées sur les vêtements

J.-P. Serres318 suppose qu'à cause de la représentation du vêtement et de la mise en évidence fort peu apparente d'un point de vue anatomique, ce motif pourrait être un symbole dont le sens serait un mystère actuellement. Pourtant, avant d'émettre cette hypothèse, il me semble intéressant de se poser une question essentielle : « Les statues-menhirs portent toutes des vêtements indiqués par une forme de traits spécifiques associés à des motifs au niveau des omoplates ; ou ces motifs peuvent-ils figurer sans être liés à ces indicateurs de vêtement et permettre de confirmer une représentation anatomique ? ».

4.1 Les indicateurs de vêtement

Avant de tenter de répondre à cette problématique, il me semble important de mettre en évidence les différents types d'indicateurs de vêtement en fonction des pays concernés (annexe 62) : – en Grèce (Souffli Magoula, fig. 108, p. 96 ; cat. II, p. 148 ), l'indicateur est sous la forme de bandes rectangulaires perforées au-dessus du collier, en-dessous de l'objet perçant à tête arrondie ajourée et au-dessus des « empreintes de pieds ». Chacune de ces parties permettrait de délimiter précisément un vêtement ; la statue porterait une tunique longue (entre la bande au-dessus du collier et celle se trouvant à proximité de l'objet ajouré), accompagnée d'une jupe (entre la bande à proximité de l'objet contondant et celle à proximité des « empreintes »). Les perforations pourraient correspondre à des décorations terminant chaque partie du vêtement.

318 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 68.

84 J. Landau319 pense que la forme de chaînette située sous la main, représenterait une ceinture. Pourquoi cette représentation est-elle alors répétée à trois reprises ? – en Pologne, l'indicateur serait représenté sur la face latérale. Dessiné par A. Formozof (cité par J. Landau320) , on peut observer un trait allant de la base du visage jusqu'à l’extrémité de la partie inférieure de la statue. Il ne peut représenter un bras car ce dernier s'arrête au niveau du torse. Ainsi, dans cette limitation, on pourrait penser à la représentation d'une cape ou manteau sans manches. – en Russie, l'indicateur serait sous la forme d'un trait séparant la main de l'avant-bras, comme on peut l'observer sur Novotcherkassk (fig. 12, p. 15 ; cat. II, p. 16). Il est possible d'y voir la manche d'un vêtement. Les nervures minces et incurvées pourraient alors être prises comme un décor de ce dernier (il m'est impossible d'y voir la représentation de côtes puisque le nombre n'est pas respecté et l'incurvation formant un angle droit est trop prononcée ; ni la représentation de crosses vu que l’extrémité arrondie n'est pas représentée). – en Italie, l'indicateur serait représenté par des motifs à carreaux sous forme de cannelures (Arco III, fig. 207, p. 191/cat. II, p. 250 ; Arco IV, fig. 208, p. 192/cat. II, p 251 ; Arco V, fig. 209, p. 193/cat. II, p. 252), situés sur la face dorsale, parfois terminées par une ceinture à festons (Arco II, fig. 215, p. 199/cat. II, p. 258; Lagundo B, fig. 211, p. 195/cat. II, p. 254). – au Portugal, les indicateurs sont représentés sous plusieurs formes : ° sur la face dorsale, un motif rectangulaire allongé, parfois relié au baudrier, pourrait être un insigne réservé à une élite (prestige) ou un attribut de cérémonie (Chaves, fig. 160, p. 147/cat. II, p. 202 ; Faioes, fig. 159, p. 146/cat. II, p. 201). ° sur la face antérieure, les lignes du torse peuvent être une stylisation du vêtement puisqu'elles recoupent les motifs circulaires représentés sur les bras, sous forme de moignons (Faioes) ou des motifs d'épine se poursuivant jusqu'à la ceinture peuvent représenter également un style de vêtement (Ermida, fig. 158, p. 145 ; cat. II, p. 200). ° sur la face antérieure, deux traits verticaux imiteraient l'empiècement d'une robe, surmontée d'une gravure légère indiquant la ceinture (Boulhosa, fig. 15, p. 18 ; cat. II, p. 83). – en Suisse, les indicateurs sont soit sous la forme de motifs géométriques recouvrant la surface du monument (stèle I, fig. 202, p. 186/cat. II, p. 245 ; stèle VIII, fig. 203, p. 187/cat. II, p. 246 ; stèle XVIII, fig. 204, p. 188/cat. II, p. 247 ; stèle XX, fig. 205, p. 189/cat. II, p. 248 ; stèle XXV, fig. 194, p. 178/cat. II, p. 236), soit indiqués par la fibule permettant de maintenir le vêtement (stèle II, fig. 58, p. 52 ; cat. II, p. 76). e e 319 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3 au 1 millénaire), CNRS, Paris, 1977, pp. 29-33. 320 Idem, p. 143.

85 – en Ukraine, les indicateurs sont soit sous la forme d'un contour triangulaire, inclus dans le torse, délimitant la tête du corps (Kapustino, fig. 8, p. 11 ; cat. II, p. 12), soit sous la forme de nervures symétriques, en-dessous des bras sur la face antérieure et sur la partie supérieure de la face dorsale, faisant penser à un châle à larges mailles, terminés par une frange (Belogrudovka, fig. 7, p. 10 ; cat. II, p.11). – concernant la France, E. Carthaillac (cité par F. Octobon) relève qu'on peut distinguer trois groupes portant des vêtements : celui qui porte des plis que sur la face dorsale ; celui qui en porte sur la face dorsale et sur la face antérieure, mais uniquement sous la ceinture ; et, enfin, celui qui en porte sur les faces dorsale et antérieure, aussi bien au-dessous qu'au- dessus de la ceinture321. Mais n'y aurait- il pas d'autres indicateurs à mettre en évidence ? Les indicateurs mentionnés par E. Carthaillac sont-ils spécifiques à une région française ? ° en Corse, ils sont sous la forme soit d'un contour délimitant la tête du corps (Filitosa IV, fig. 187, p. 171 ; cat. II, p. 229) ou sur la face dorsale (Filitosa XI, fig. 165, p. 152 ; cat. II, p. 207), soit la ceinture maintenant un pagne triangulaire et arrondi à la base (I Stantari I, fig. 177, p. 161/cat. II, p. 219 ; Cauria IV, fig. 176, p. 160/cat. II, p. 218 ; Cauria II, fig. 175, p. 160/cat. II, p. 217). Concernant Filitosa XI, l'idée d'un baudrier scapulaire donnée par R. Grosjean322, représenté par le bourrelet horizontal passant sous la nuque et descendant vers le ventre, ne me semble pas convaincante, puisqu'aucune trace de cet élément n'est visible sur la face antérieure. ° dans le Gard, la Maison-Aube (fig. 148, p. 133 ; cat. II, p. 190) est le seul monument affichant un indicateur particulier : un encadrement rectangulaire est inclus dans le torse, délimitant ainsi le visage du corps. Par J.-L. Roudil323, il est interprété comme étant un large collier à contour géométrique. Ne disposant que d'un unique exemplaire, il m'est impossible d'y voir un collier rectangulaire ; je préfère dans ce cas l'interpréter comme un décor de vêtement, délimitant la tête du corps et mettant en évidence le cou.

321 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, pp. 452-453. 322 GROSJEAN, R., La statue-menhir de Santa-Naria (Olmeto, Corse), dans Bulletin de la Société préhistorique française. Comptes rendus des séances mensuelles, tome 71, n°2, 1974, pp. 28-31. 323 ROUDIL, J.-L., Languedoc-Roussillon, dans Gallia Préhistoire, tome 21, fascicule 2, 1978, p. 673.

86 ° dans le Tarn, les indicateurs sont représentés sous forme soit sous forme de lignes verticales, interprétées comme des plis de vêtement, de part et d'autre des jambes (Les Arribats, fig. 119, p. 106/cat. II, p. 159 ; Frescaty, fig. 125, p. 111/cat. II, pp. 162-163) ou entre la ceinture et les bras et sur la totalité de la face dorsale (La Jasse du Terral I, fig. 97, p. 87/cat. II, p. 132 ; Puech Réal, fig. 96, p. 86/cat. II, pp. 129-130), soit sous forme d'un trait délimitant la tête du corps (Granisse, fig. 117, p. 104/cat. II, p. 158; Pech de Naudène, fig. 98, p. 88/cat. II, p. 133 ; Rieuviel, fig. 95, p. 85/cat. II, p. 128 ; Les Vidals, fig. 94, p. 84/cat. II, pp. 126-127) ou soit par un trait transversal séparant les mains des bras et les pieds des jambes (Puech Réal ; Rieuviel, Les Vidals, Frescaty). ° en Aveyron, les indicateurs sont représentés soit sous forme de deux rectangles ouverts vers le haut, inscrits l'un dans l'autre, permettant de matérialiser une délimitation du vêtement ; il me semble plus vraisemblable d'y voir une décoration de vêtement que deux colliers puisque ces derniers sont traversés par un arc de cercle, considéré comme tel (Tauriac I, fig. 112, p. 100 ; cat. II, p. 152), soit par un trait transversal séparant les mains des bras et les pieds des jambes (Ardaliès I, fig. 88, p. 80/cat. II, p. 116 ; Ardaliès II, fig. 89, p. 81/cat. II, p. 117 ; Pousthomy II, fig. 84, pp. 75- 76/cat. II, pp. 110-111 ; Les Maurels, fig. 81, p. 72/cat. II, pp. 105-106 ; Serre Grand, fig. 79, p. 70/cat. II, p. 102 ; Mas Capelier II, fig. 73, p. 65/cat. II, p. 96 ; Mas d'Azaïs, fig. 71, p. 63/cat. II, pp. 94-95 ; Foumendouyre, fig. 111, p. 99/cat. II, p. 121), soit de lignes verticales, interprétées comme des plis de vêtement ; elles sont présentes uniquement sur les faces latérales (Saumecourte I, fig. 85, p. 77 ; cat. II, pp. 112-113) ou sur la face dorsale (Pousthomy I, fig. 83, p. 74/cat. II, pp. 108-109 ; Pousthomy II ; La Prade, fig. 80, p. 71/cat. II, p. 103 ; Rivière, fig. 63, p. 55/cat. II, p. 84 ; Nougras, fig. 66, p. 57/cat. II, p. 87 ; Saint-Maurice d'Orient, fig. 91, p. 82/cat. II, p. 119 ; Foumendouyre, fig. 111, p. 99/cat. II, p. 121) ou encore, sur la partie inférieure de la face antérieure (Pousthomy I ; comme le pense F. Octobon324, pour Mas Vieil, fig. 64, p. 55/cat. II, p. 85 ; Foumendouyre). ° dans les Bouches-du-Rhône, les indicateurs sont sous forme de chevrons situés soit sur les bras (voir chapitre « membres supérieurs »), soit sous le visage (Font de Malte, fig. 36, p. 39/cat. II, p. 45 ; Trets III, fig. 40, p. 41 ; cat. II, pp. 51-52). On constate, ainsi que plusieurs types d'indicateurs peuvent être employés sur un même monument (Foumendouyre, par exemple), voire dans différentes régions de la France. Toutefois, certains indicateurs sont propres à un pays spécifique (le pagne triangulaire à base arrondie de la Corse).

324 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 356.

87 4.2 La ceinture jouerait-elle un rôle important dans la présence des vêtements ?

Le vêtement est maintenu à la taille par une ceinture, qui est un élément constant sur les monuments ; J.-P. Serres325, que je rejoins dans son raisonnement, déduit alors que le vêtement serait explicitement représenté via la présence de cet élément. Cette théorie s'applique surtout représentative pour les monuments féminins dont la ceinture ne possède aucune fonction, sans tenir un vêtement, alors que celle des monuments masculins a comme autre fonction de maintenir le baudrier en place. De plus, selon F. Octobon326, aucun monument ne porte une poitrine recouverte de vêtement. Il croit, tout comme moi, qu'ils sont habillés de la tête aux pieds et que le vêtement n'a pas été figuré vu qu'il y avait déjà des détails importants (tel que le collier). D'autre part, la prédominance des lignes rectilignes sur la face dorsale, et non sur la face antérieure, peut s'expliquer par le fait que le sculpteur a préféré sacrifier le détail le moins important à celui qu'il voulait faire voir (baudrier, ceinture...) ; la face dorsale portant moins de détails a permis au sculpteur de donner libre cours à son désir d'habiller un monument327. Enfin, il est impossible de déterminer le port de vêtements via le sexe des monuments.

4.3 Hypothèses sur les omoplates

Toutes ces remarques permettent de répondre à la question mentionnée dans la description des omoplates (cf. p. 67) ; les « omoplates » figurent sur les vêtements, comme la poitrine, afin de les mettre en évidence. Par contre, il m'est toujours difficile d'expliquer les différentes variantes de ce motif. Deux hypothèses me viennent à l'esprit. Certains de ces motifs pourraient représenter un décor de vêtement typique d'un pays ou d'une région ; dans le cas du motif en forme de « sac », ce dernier soulignerait la position des omoplates (partie ronde vers le bas) selon la position des bras (comme s'ils étaient en prière, les mains sont levées vers le visage).

325 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 74. 326 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 453. 327 Idem, p. 454.

88 4.4 Indice de datation absolue pour les vêtements

Les représentations « omoplates » donnent difficilement un indice de datation, alors que les vêtements des monuments peuvent en avoir une suggestion. Nous pouvons nous baser sur la découverte d'Ötzi, parfaitement conservé dans le glacier du Similaun, datant approximativement 3200 av. J-C (annexe 63)328. Les vêtements de l'individu présentent en effet de nombreuses similitudes qu'on peut mettre en avant : Ötzi portait un bonnet hémisphérique en peau d'ours retenu par une mentonnière (ce qui expliquerait la représentation pauvre de la chevelure, voir chapitre « chevelure »), un pagne en peau de chèvre (comme les monuments de Corse) maintenu par une ceinture (comme sur la plupart des monuments) auquel étaient fixées des guêtres protégeant le bas des cuisses et les jambes (ce qui expliquerait la présence des traits transversaux entre le pied et la jambe), une longue tunique descendant jusqu'aux genoux (comme l'idée des plis de vêtement sur la face antérieure), une grande cape faite d'herbes tressées (comme l'idée des plis de vêtement sur les faces latérale et dorsale). Il faut préciser que cette source inestimable ne donne qu'un aperçu de ce que pourrait représenter chaque indicateur vestimentaire ; il est fort probable qu'il y ait des variantes selon les pays et régions329.

328 BEZINGE, A. Et CURDY, Ph., Les Alpes pennines au temps d'Oetzi (momie du Hauslabjoch, vers 3200 av. J-C), dans le Bulletin Murithienne, n° 12, 1994, pp. 65-66. 329 CONSTANTINI, G., La vie quotidienne au temps des statues-menhirs, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues- menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 119.

89 B. Accessoires

1. Les colliers

1.1 Les colliers incertains

Quelques doutes subsistent sur certains d'entre eux. En effet, la statue-menhir de Kerméné (fig. 2, pp. 3-4 ; cat. II, p. 7) présente un élément fort fragmenté, en forme de rectangle aux angles arrondis. P.-G. Giot a tenté une reconstitution, en proposant d'y voir un collier simple330. Il est toutefois, intéressant de se demander si cet élément ne pourrait pas correspondre à une autre forme d'objet puisque non seulement le monument est fragmenté, mais il est aussi le seul à présenter un tel collier. Il n'est pas impossible que l'interprétation qui va suivre soit considérée comme une extrapolation : cet élément a une forme analogue à celle du pilier n°9 de (annexe 64). Ch.- T. Le Roux propose même de faire le lien entre les statues-menhirs et un bloc orné, trouvé sur le de Gavrinis (annexe 65) : « ...considérer ce bloc comme l'appendice céphalique d'une sculpture anthropomorphe, comparable aux ''statues-menhirs'' déjà connues dans le Néolithique armoricain : Le Trevoux, Guidel et Gernesey ». Ce bloc orné présente en outre des similitudes de conditions de découverte avec la statue de Kerméné (fig. 2, pp. 3-4 ; cat. II, p. 7) : leurs fragments étaient dispersés dans la structure du monument (par exemple, dans la chape pierreuse du tumulus de Kerméné)331. Il est probable que l'artiste ait voulu faire un rappel de cette forme pour évoquer la fameuse « Grande-Déesse » du site et l'associer à une ronde-bosse anthropomorphe en vue de donner forme humaine à cette divinité du Néolithique. La stèle Boulhosa (fig. 15, p. 18 ; cat. II, p. 83) porte un collier multiple en demi-cercle muni d'un cercle au centre, plus certaines traces circulaires sur la partie inférieure du visage. S'agirait-il d'une figuration se prolongeant en collier ou d'un élément distinct, qui aurait subi une détérioration ? D'après la multiplication des cercles concentriques autour d'un plus petit central, on peut penser à la représentation de Gavrinis, interprétée comme une « Déesse-Mère » de la fertilité : Ch.-T. Le Roux démontre que la présence de l'écusson comme élément central, accompagné de divers attributs (rostre au sommet, crans ou ressauts formant des sortes d'épaulement, boucles latérales, lignes rayonnantes le surmontant) peut être considérée comme un motif anthropomorphe.

330 GIOT, P.-R., Une statue-menhir en Bretagne (ou le mystère archéologique de la femme coupée en morceaux), dans Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 57, n°5-6, 1960, p. 325. 331 LE ROUX, Ch.-T, Nouvelles gravures à Gavrinis, Larmor-Baden (Morbihan), dans Bulletin de la Société préhistorique française, tome 79, n°3, 1982, p. 90.

90 Ch.-T. Le Roux précise également que rien ne représente clairement la féminité ; ce type de gravure est généralement rapproché de la représentation très schématique d'une idole anthropomorphe, et donc, de la « Déesse-Mère »332 ; malgré l'absence de seins sur cette dalle gravée, on peut rapprocher l'écusson de l'annexe 66 à ce qu'on retrouve sur les statues-menhirs : la silhouette et le type d'arceaux multiples (détail 1 de l'annexe 66). Ce lien pourrait confirmer l'hypothèse : Gavrinis serait la source d'origine de la mise en œuvre des colliers multiples des statues-menhirs et stèles.

Détail 1 : les deux écussons du pilier n°25.333

Les représentations de Crec'h Quillé (fig. 20, p. 23 ; cat. II, p. 24) et du Bois du Tronchet (fig. 24, p. 28 ; cat. II, p. 28) posent également quelques difficultés : le premier monument présente un collier simple en forme de « U » situé sous une paire de seins334 ; alors que le second porte plusieurs paires de seins munis d'une cupule au centre, et parfois accompagnés d'un arc de cercle ou d'un collier simple en forme de « U » relié à la poitrine335. Au départ, celui de Crec'h Quillé était considéré comme étant une dégénérescence du thème culturel du Bassin Parisien, en transition avec la Bretagne. L'hypothèse de la représentation de Crec'h Quillé peut être confirmée par la découverte de la statue-menhir de Laniscar (Le Trévoux ; annexe 67), qui présente la même organisation d'éléments sur son buste336. J. Arnal a même proposé de voir une évolution de la place du collier sur la poitrine ; il y a eu un transfert des premières statues-menhirs bretonnes aux statues-piliers (Crec'h Quillé)337.

332 LE ROUX, Ch.-T., Gavrinis et les mégalithes du golfe du Morbihan, Éditions, Jean-Paul Gisserot, France, 2006, p. 15. 333Idem, p. 14. 334 L'HELGOUACH, J., La sépulture mégalithique à entrée latérale de Crec'h-Quillé en Saint-Quay-Perros (Côtes- du-Nord) dans Bulletin de la Société préhistorique française. Études et travaux, tome 64, n°3, 1967, pp. 659-698. 335 L'HELGOUACH, J., BELLANCOURT, G., GALLAIS, C. et LECORNEC, J., Sculptures et gravures nouvellement découvertes sur des mégalithes de l'Armorique, dans Bulletin de la Société préhistorique française. Études et travaux, tome 67, n°2, 1970, pp. 520-521. 336 GIOT, P.-R., Bretagne dans Gallia préhistoire, tome 16, fascicule 2, 1973, p. 421. 337 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, 1976, Toulouse, p. 126.

91 La figuration du Bois du Tronchet est toutefois fort déroutante si nous la relions à autre chose : ne serait-ce pas la forme d'un visage fort stylisé ? En effet, les seins à cupule pourraient être la mise en forme d'yeux, accompagnés d'un nez et d'un sourire à la place d'un collier. De même, dans le Tarn, les colliers simples en demi-cercle, à proximité immédiate du visage (Les Vidals, fig. 94, p. 84/cat. II, pp. 126-127 ; Rieuviel, fig. 95, p. 85/cat. II, p. 128 ; La Jasse du Terral I, fig. 97, p. 87/cat. II, p. 132 ; Pech de Naudène, fig. 98, p. 88/cat. II, p. 133 ; La Bessière, fig. 115, p. 102/cat. II, p. 156), ne pourraient-ils pas se rapprocher plutôt à une barbe qu'à un collier, comme l'ont supposé Malet et Astié, en analysant la statue La Jasse du Terral I338 ? L'examen de La Jasse du Terral I révèle la présence d'un bourrelet sur la partie supérieure de la stèle qui serait en continuité avec le bourrelet. Si cet élément représente bien une barbe, cette dernière serait reliée au dos à une chevelure courte, masculine. Mais comment en être sûr ? Il est fort difficile de se prononcer : les autres monuments ne présentant pas cette caractéristique. Pourtant, comme l'a si bien souligné J.-P. Serres, dans la grande majorité, le collier n'est jamais représenté dans le dos339. Les seuls cas présentant ce type de collier sont Hamangia (fig. 105, p. 94 ; cat. II, p. 145) et Ezerovo II (fig. 107, p. 95 ; cat. II, p. 147) Il est accompagné d'une particularité : une lanière reliée à la parure, se prolongeant le long du dos. Dans la région du Tarn, aucun collier n'est muni de ce détail supplémentaire au niveau du dos. A. d'Anna propose de voir plutôt le bourrelet, sur la statue La Bessière, plutôt comme une limitation de visage340. Cette hypothèse est intéressante puisque plusieurs monuments masculins ou mixtes341 de la région d'Aveyron, par exemple, présentent une délimitation du visage (Pousthomy I, fig. 83, p. 74/cat. II, pp. 108-109 ; Mas Capelier II, fig. 73, p. 65/cat. II, p. 96 ; Serre Grand, fig. 79, p. 70/cat. II, p. 102 ; Les Maurels, fig. 81, p. 72/cat. II, pp. 105-106) avec une ligne gravée et non un bourrelet. Il en va de même pour la statue de Puech Réal (fig. 96, p. 86 ; cat. II, p. 130) du Tarn, masculine également : la délimitation est réalisée par la mise en relief du visage. La proposition d'A. d'Anna n'est pas recevable puisqu'aucune de ces comparaisons ne plaide en sa faveur. Il est donc peut-être préférable de garder l'idée d'une barbe et non celle d'un collier ou d'une délimitation, dans le cas de la région du Tarn. Le cas du collier simple angulaire terminé par une fibule de la stèle II de Sion (fig. 58, p. 52 ; cat. II, p. 76) est assez interpellant. En effet, c'est G. de Saulieu qui le rapproche à une parure342.

338 MALET, L. et ASTIE, L.-P., La statue-menhir du Terral, dans Archéologie Tarnaise, n°7, Édition CDAT, 1994, pp. 7-12. 339 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 83. 340 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 70. 341 « Mixte » dans le sens que la statue présente les deux sexes puisqu'elle était en cours de transformations, comme celle de Serre Grand. 342 DE SAULIEU, G., Art rupestre et statues-menhirs dans les Alpes : des pierres et des pouvoirs (3000-2000 av. J-C), Éditions Errance, Paris, 2004, pp. 31-33.

92 Une autre sculpture présente ce type de collier, celui de La Prade (fig. 80, p. 71 ; cat. II, pp. 103- 104), possédant deux rangs et à proximité duquel se trouve l' « objet ». Il est possible que ce baudrier scapulaire représente, par la suite un collier ; qu'on passe d'une représentation masculine à une représentation féminine343. Cependant, le résultat n'est pas achevé. Cet exemple a été mentionné afin de démontrer que celui de la stèle II de Sion ne représente pas nécessairement un collier car elle est la seule statue présentant cette forme triangulaire dans le groupe des colliers. Certes, une fibule peut être utilisée en tant que pendentif. Toutefois, ne peut-on pas voir la présence d'une délimitation d'un vêtement, maintenu fermé par la fibule, comme autre rôle de cet instrument ? Cet élément possède, en plus, une symbolique en lien avec le dieu-soleil. En effet, on peut retrouver sur les roches de Caven, de Borno, de Cemmo et de Paspardo ce pendentif à double spirale, accompagné d'idoles. Ce sont des lieux qui servaient à faire un culte. Ainsi, E. Anati suppose que cet élément était porté par le dieu-soleil, ainsi que le collier à torques344. Sur l'annexe 68, on observe un symbole solaire avec deux groupements de rayons, pouvant représenter des bras. De part et d’autre, deux cercles sont représentés. À droite, les deux pendentifs à double spirale, symbole de fécondité et en bas, grand collier à torques sont souvent mis en relation avec la divinité solaire 345. Pourtant, on peut observer que les fibules sont représentées à deux reprises, sans être raccrochées au seul collier figuré. Dans ce cas-ci, les fibules sont-elles bien reliées au collier pour former une parure à la divinité ou représenteraient-elles un tout autre élément, sous une forme schématique par leur nombre ? En comparant avec la stèle II de Sion, on pourrait penser que la présence de la fibule pourrait soit être une manifestation du dieu-soleil sous forme anthropomorphe soit celle d'un individu pratiquant le culte de ce dieu par le biais de la présence de la fibule. Dû au nombre de représentations de cet accessoire sur l'annexe 68 et du lien qui se rattache à la stèle II de Sion, la forme schématique d'un individu pratiquant le culte du dieu-soleil serait l'hypothèse la plus probable à maintenir.

1.2 A quels types de colliers correspondrait la figuration ?

F. Octobon disait sur les colliers des différentes stèles et des statues-menhirs : « ...il est difficile de baser sur lui un essai de chronologie quelconque ». Comment peut-on alors les dater ? Quelles solutions ont été proposées actuellement ? Deux tendances de chronologie peuvent être mises en évidence :

343 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, 2008, Rodez, pp. 85-86. 344 ANATI, E., La civilisation du Val Camonica, Arthaud, France, 1960, p. 168. 345 Idem, p. 255.

93 – O. Kleemann (cité par A. Soutou346) a apparenté ces parures aux ornements pectoraux (lunules, croissants ornés de coulants multiforés, hausse-cols). Ils sont fort utilisés dans le territoire allant de l'Angleterre jusqu'à la Méditerranée orientale et de l'Espagne à l'Europe centrale, dès le Bronze moyen. A. Soutou poursuit cette impression, en se limitant essentiellement aux Baléares, afin de trouver un rapprochement avec les colliers des statues du Haut-Languedoc. Pour illustrer son propos, il en fait une étroite analogie entre les exemplaires de son Foradat (San Lorenzo de Cardesar, Majorque) et de Lloseta (Majorque) et les colliers du Mas d'Azaïs et de Saint-Sernin (annexe 69). Les deux exemplaires réels, provenant des Baléares, dateraient de l'extrême fin de l'Age du Bronze, d'après la datation des épées à poignée pleine, trouvées dans les dépôts. Elle auraient des similitudes avec celle de l'estuaire de Huelva. Ce rapprochement permet, ainsi, d'indiquer qu'elles ne sont pas antérieures à -750. D'après A. Soutou, ces colliers multiples de 4, 7, 9 et 12 rangs seraient liés à la civilisation des talayots. Afin de démontrer sa théorie, il a proposé de faire un corpus de détails photographiques pour observer les appendices terminaux des colliers majorquins sur la face dorsale des statues-menhirs et stèles347. – une datation par défaut a été proposée par J.-P. Serres : des milliers de perles calibrées en teste de coquillage, dans les feuilles d'ossuaires caussenards du groupe des Treilles ont fait part d'une reconstitution. D'après lui, ces colliers se rapprochent de certaines représentations, faites sur les statues-menhirs rouergates et dateraient alors du Néolithique348. A. d'Anna admet, toutefois, difficilement l'hypothèse de A. Soutou, en les comparant aux ornements pectoraux métalliques. En effet, ces derniers sont absents des gisements du midi méditerranéen349. De plus, J.-P. Serres informe que le collier n'est jamais représenté dans le dos 350. De base, comme point de départ, je soutiens J.-P. Serres car dans mon corpus iconographique, je ne distingue aucun appendice terminal de collier sur la face dorsale des monuments. Il est peut-être préférable de se baser sur la représentation artistique pour résoudre la question chronologique de l'Age du Bronze. En effet, il est possible de les comparer aux colliers à torques du type « Camonica », d'après leur forme stylistique. D'après E. Anati, ils datent de l'Age du Bronze moyen et récent (1500-1000 av. J- C) et sont fréquents en Europe centrale.

346 SOUTOU, A., La ceinture des statues-menhirs du haut-Languedoc : essai de datation, dans Bulletin de la Société préhistorique française, tome 56, 1959, pp. 720-721 347 Idem, pp. 720-721 348 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 83. 349 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 188. 350 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres levées venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 83.

94 En Italie du Nord, ces colliers sont présents dans les civilisations palafittes, vivant dans des maisons sur pilotis de l'Age du Bronze et sont également découverts à Brabbia, à Varèse et à Val Camonica, durant la période III (annexe 70)351. Due à cette comparaison fort similaire, il me semble intéressant de ne pas écarter trop rapidement l'hypothèse de A. Soutou. On retrouve même le collier de Pontevecchio VII (fig. 102, p. 91 ; cat. II, p. 142), fort semblable au collier de l'art camunien de Paspardo. La reconstitution de J.-P. Serres semble convaincante. Toutefois, par l'absence de contexte du groupe rouergat, il est difficile de déterminer la présence ou non de ces perles. De plus, aucun indicateur de gravure n'a été détecté. En Allemagne, la statue de Pfützhal (fig. 3, pp. 5-6 ; cat. II, p. 75) a été découverte dans la couverture d'une tombe du Bronze Moyen. Elle porte ce fameux collier, sans autres gravures ou encore, en Italie, dans les Pouilles, la stèle B est placée par A. d'Anna dans le Néolithique car elle présente une « croix », se rapprochant à certaines statuettes féminines du Néolithique352. Pourtant, on retrouve à nouveau ce même type de collier (avec six rangs) et des petits cercles à proximité d'un des seins. Ne sont-ils pas plutôt des caractéristiques de l'Age du Bronze, comme l'a mentionné E. Anati dans La civilisation du Val Caminica ? Dans ce cas, la fameuse « croix » serait une tradition restante du Néolithique, se perpétuant à l'Age du Bronze, tout en présentant, peut-être, une nouvelle signification aux peuples. Il est, donc, possible que ces parures dateraient d'avant l'Age du Bronze moyen. Mais quel serait le point de départ ? Avec l'annexe 71, on va essayer de mettre en évidence une datation par défaut. Il faut préciser que les périodes historiques mentionnées datent l'ensemble des représentations fournies par les statues et non, uniquement la figuration du collier. On peut observer que la multiplication des rangs de colliers commence à se développer durant le Néolithique, allant jusqu'à deux rangs353, en petite production. Ensuite, son nombre de réalisations va se multiplier durant le Chalcolithique, allant jusqu'à six rangs pour se terminer avec un seul collier à deux rangs durant l'Age du Bronze. Il semblerait, ainsi, d'après l'analyse globale des monuments étudiés, que les colliers multiples seraient plus employés durant le Chalcolithique, avec le nombre de rangs allant en augmentation. Ainsi, les colliers multiples, caractéristiques surtout de la région aveyronnaise, dateraient du Chalcolithique à l'Age du Bronze moyen, alors que les colliers simples, voire doubles, pourraient dater plutôt du Néolithique, d'après la restitution des perles calibrées de J.-P. Serres.

351 ANATI, E., La civilisation du Val Camonica, Arthaud, France, 1960, pp. 76-77. 352 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Éditions des Hespérides, 1976, Toulouse, pp. 175-177. 353 Le tableau indique bien l'avis d'A. d'Anna sur la stèle B des Pouilles. Toutefois, dans mon développement, je préfère l'inclure dans le Chalcolithique à cause de ma remarque indiquée plut haut.

95 1.3 Quelle signification pour les colliers ?

F. Octobon refuse d'y voir un simple ornement rituel dans la région d'Aveyron en France car un ou deux bourrelets auraient pu suffire. Il s'interroge si nous ne devrions pas plutôt voir un signe de classe sociale ou du moins, une certaine richesse d'un individu dont on devait honorer ou perpétuer le souvenir354. Cette remarque est fort intéressante à exploiter. Certes, si on remarque les décors ornant les statues du Trenti-Haut-Adige, les éléments sont multipliés, recouvrant une bonne partie de la surface de la pierre. De même, en Suisse, les formes géométriques recouvrant presque toute la surface de la pierre se rapprochent à des vêtements d'une certaine richesse. Toutefois, nous ne retrouvons pas l'une ou l'autre caractéristique mentionnée. Ainsi, il est probable que cette hypothèse basée seulement sur le type de collier soit un peu légère. Si un autre élément de la même sculpture pouvait permettre d'aller dans le sens de l'interprétation de F. Octobon, il serait intéressant de revenir sur la question. Si on observe bien les colliers multiples d'Aveyron, nous constaterons que cette forme peut également nous faire songer aux gravures retrouvées à Gavrini's, représentant la « Grande Déesse » de la fertilité355. En effet, sa représentation comprend une série de lignes courbes centrées sur une matrice. Cette dernière se déroule à l'infini afin de symboliser l'énergie créatrice continue et universelle 356. De plus, la série de lignes varie sur un même pilier. Si nous poursuivons cette réflexion, nous rencontrerons alors certains mythes mentionnant l'histoire de la création d'un collier et de la fertilité. En effet, dans la mythologie, le collier devient l'attribut de la divinité féminine, lui accordant la beauté, le pouvoir de séduction et la fécondité. Le mythe nordique du collier « Brisingamen » de la déesse Freyja, déesse de l'amour, démontre bien ce concept de fécondité : elle rencontra par hasard quatre nains forgeant un collier en or. Ce sont ceux qui ont créé les trésors des dieux. Elle demanda si elle pouvait obtenir ce collier. Les nains acceptèrent sous la condition de passer une nuit avec chacun d'entre eux357. Ainsi, les statues, détenant non seulement un collier, mais aussi des seins, peuvent être assimilées à la « Grande Déesse », soit en la représentant, soit démontrant un individu à son service dans une branche du culte de la civilisation. Toutefois, qu'en est-il des monuments ne détenant aucune représentation de la poitrine, tout en portant ce type de collier ? Qu'en est-il la signification ? Il est probable que ce ne soit que pour accentuer le concept de fertilité, en associant le sexe masculin d'une statue (si on accepte l'idée que l'absence de seins et tout autre indicateur sexuel représente un être masculin) et le collier multiple (symbole de la « Grande Déesse »).

354 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 440. 355 LE ROUX, Ch.-T., Gavrinis et les mégalithes du golfe du Morbihan, Éditions, Jean-Paul Gisserot, France, 2006, p. 15. 356 MARKALE, J., Dolmens et menhirs : la civilisation mégalithique, Éditions Payot et Rivages, 1994, p. 176. 357 RONNBERG, A. (dir. en chef) et MARTIN, K. (dir.), Le livre des symboles, réflexions sur des images archétypes, Tachen, Cologne, 2011, p. 542.

96 1.4 Quelle signification pour les pendentifs et les perles ?

Le collier possède également la fonction de préserver le lien vital entre la tête et le reste du corps, en étant porté autour du cou. En effet, une perle assez grosse, une pierre ou un symbole (éventuellement, la croix) ont la capacité de sauvegarder particulièrement la gorge. Au niveau du cœur, le médaillon en sautoir peut maintenir les valeurs, qui lui sont associées : le courage, l'amour et la vie elle-même. En Égypte, les défunts portaient un pendentif en forme de scarabée sur le cœur, qui leur permettait l'accès à l'autre monde358. Serait-ce également le cas du monument d'Ezerovo I (fig. 106, p. 95 ; cat. II, p. 146) ? Malheureusement, actuellement, aucune comparaison n'est possible. Néanmoins, les perles de certaines statues peuvent se rapprocher à des rayons de soleil au Trentin-Haut-Adige : Termeno (fig. 195, p. 179 ; cat. II, p. 237) et Arco I (fig. 214, p. 198 ; cat. II, p. 257). En effet, dans le cas de Termeno, le visage n'est pas représenté. Il est possible qu'en observant la statue dans la vue distale, nous puissions avoir l'impression de faire face à un soleil. Cette idée peut être renforcée en la comparant à une gravure rupestre, se trouvant à Tamgaly359 (annexe 72) et à Val Camonica360 (annexe 73) : l'homme ultra-stylisé est muni d'une tête remplie, entourée de points à Tamgaly alors que les deux hommes de Val Camonica présentent une tête encerclée par quelques traits. Puis, le collier d'Arco I est identique à celui de Termeno. Ainsi, nous pouvons éventuellement admettre la même conclusion.

2. Les voiles

2.1 Quelle la signification pour les voiles ?

Concernant les lignes incurvées sur les faces latérales ou même, sur le buste, le port du voile était un indicateur du rang élevé de la femme en Grèce, en Assyrie et à Babylone, durant l'Antiquité. On retrouve ce principe, principalement à Bailey, région du Moyen-Orient préislamique361. Est-ce le cas, concernant les statues-menhirs ? Le voile est porté aussi bien pour les statues féminines que masculines. La seule différence observée est que seuls les monuments féminins portent des voiles « évidents ». La statue indéterminée, Mas de la Tour (fig. 142, p. 125 ; cat. II, p. 181), présente une difficulté sur la confirmation du port du voile : non seulement son sexe est difficilement identifiable, mais aussi elle ne présente aucune figuration du port d'une coiffe. Pour cette dernière, nous pouvons continuer à garder quelques réserves (annexe 74).

358 RONNBERG, A. (dir. en chef) et MARTIN, K. (dir.), Le livre des symboles, réflexions sur des images archétypes, Tachen, Cologne, 2011, p. 542. 359 HERMANN, L., Les cultes du soleil et du taureau dans l'art rupestre d'Asie centrale (Kazakhstan et Kirghizstan), Université de Liège, Place du XX août, Département de Préhistoire, 22 février 2018. 360 ANATI, E., La civilisation du Val Camonica, Arthaud, France, 1960, pl. 34, pp 259-253. 361 RONNBERG, A. (dir. en chef) et MARTIN, K. (dir.), Le livre des symboles, réflexions sur des images archétypes, Tachen, Cologne, 2011, p. 530

97 3. Les pendeloques « Y »

3.1 Est-il possible d'identifier les objets réels de ces représentations ?

J. Arnal (cité par J.-P. Serres362) compare cet élément aux « pendeloques-bâtons » du Chalcolithique. Comparant cette hypothèse à la figuration de Réganel I (fig. 75, p. 67 ; cat. II, p. 98) (pl. 22), J.-.P. Serres trouve cette analogie frappante, tout en gardant une certaine réserve : si l'objet en « Y » figuré est représenté à l'échelle, elle serait au moins 10x plus grande que celle du Chalcolithique caussenard. H. Barge et A. d'Anna (cité par J.-P. Serres363) supposent que cet élément figuré se rapprocherait à une pendeloque en languette en bois de cerf (annexe 75), de forme allongée et effilée, mesurant une quinzaine de centimètres (voire plus). Elle présente une gorge à sa partie supérieure. Sa suspension serait assurée par une perforation aménagée dans un étranglement de sa partie supérieure. Les pendeloques en bois de cerf ont été découvertes dans la grotte de Sargel I, à Saint-Rome-de-Cernon, dans la grotte des Fées à Roquefort-sur-Solzon, etc. Par ces fouilles, elles seraient alors datées du Chalcolithique. Cette hypothèse me semble fort probable, d'un point de vue morphologique pour les statues du Réganel I et de Saint-Sernin (fig. 70, pp. 61-62 ; cat. II, pp. 92-93). Toutefois, un léger doute persiste, dû à mon relevé fait sur l'objet en « Y » de la statue de Réganel I (annexe 35) : la méthode de suspension. Certes, il a été réalisé à partir de documents iconographiques (annexe 76). Pourtant, il me semble entrevoir que la forme allongée serait maintenue à son lien par un élément sous forme de crochet. Il est difficile de connaître la matérialité de cet objet : il est peut-être fait à partir d'éléments végétaux, ce qui expliquerait l'absence de sa découverte. Concernant la « fausse-pendeloque », d'après l'extrémité de l'objet représentée sur les monuments de Rosseironne et de Les Anglars et par sa forme générale en « Y », il me semble que cet objet peut être rapproché à l'objet en « tour Eiffel » (annexe 77), datant du Néolithique moyen, découvert à proximité d'un chef de clan dans une sépulture et dont le maniement nous reste inconnu. Cet objet permettrait de faire une distinction entre les rangs sociaux. Par la présence de la perforation au sein de l'objet, il m'est donné pour impression qu'il serait utilisé dans le cadre du lainage (si on le compare à nos lucettes actuelles (annexe 78). Toutefois, si cet objet permet réellement de faire une distinction sur les différentes classes sociales, cette hypothèse ne prend pas en compte un élément : sa découverte auprès d'un chef de clan. Ce qui démontrerait que cet objet possède une fonction prestigieuse, utilisée uniquement par les individus les plus importants au sein de la hiérarchie. Ainsi, il me semble important de maintenir l'idée sur la similitude morphologique des deux objets, puisque la fonction reste incertaine.

362 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, pp. 85, 121. 363 Idem.

98 C. Attributs

1. L' « objet »

L' « objet » est l'élément gravé qui a été le plus théorisé : il a été supposé qu'il pourrait être un anneau pour accrocher une arme, une boucle avec le bout de la courroie, une charrue, un objet fixé à un bracelet, un poignard, un carquois, une pendeloque,..364 Quelques-unes de ces hypothèses n'ont été suivies d'aucune démonstration365. L'abbé Hermet (cité par F. Octobon) a dit, en observant la statue des Montels (fig. 74, p. 65 ; cat. II, p. 97), que cet objet placé entre les deux mains devait être suspendu par un cordon qui disparaissait sous un voile. Ce qui est fort possible puisque la présence des traits sur les faces latérales peuvent faire penser à un « voile » (voir chapitre « collier », partie « voile »). A. de Mortillet (cité par F. Octbon) suppose en 1892 : « … Je ne vois dans l'anneau que la fermeture du baudrier, et dans la languette que l’extrémité de la courroie se terminant en pointe pour passer plus aisément dans la fermeture... ». F. Octobon366 comme moi- même sommes convaincus que le baudrier n'a pour rôle que de supporter l' « objet » ; il est utilisé comme accessoire. La statue de la Prade (fig. 80, p. 71 ; cat. II, pp. 103-104) prouve que le baudrier n'était représenté que secondairement, d'après la gravure de l' « objet : les traits mordent l'anneau.

1.1 Instrument de feu

M. Varagnac, ethnographe, (cité par A. d'Anna367) a proposé d'y voir un élément intervenant pour allumer le feu, qui serait alors le complément de la panoplie (arche et baguette), située sur l'épaule gauche de certaines statues. Il les assimilait aux planchettes avec lesquelles les Africains font du feu, en y frottant une baguette en bois368. A. d'Anna369 démontre que cette hypothèse est peu vraisemblable puisque cet objet est représenté seul, dans la plupart des cas. De plus, l'archet et la baguette représentent un tout autre élément, à cause de la forme des objets et de la présence d'une partie triangulaire.

364 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 431. 365 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 173. 366 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, pp. 431-432. 367 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 174. 368 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 61. 369 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 174.

99 Il s'agirait alors plutôt d'un arc et d'une flèche. A. Soutou (cité par A. d'Anna) pense que l' « objet » représenterait une corne à libation ou une corne de chasse, supposée par F. Octobon370. Pour ce dernier, la corne à boire est une hypothèse enfantine puisque la sculpture de Laussel ne satisfait pas cette assimilation, ni la représentation des monuments par rapport à l'utilisation de cet instrument. En effet, la corne de chasse a été écartée également par A. d'Anna371, car l'anneau aurait dû être positionné vers le bas, avec l'extrémité pointue orientée vers la bouche. Selon lui, la corne à libation est contredite par la nette représentation de la forme de l' « objet » ; il présente deux parties bien distinctes (Les Maurels, fig. 81, p. 72 ; cat. II, pp. 105-106). De plus, l'anneau mesure un diamètre supérieur à la largeur de la partie allongée, ce qui indiquerait qu'il ne pourrait représenter son ouverture. Ces arguments valent également pour la présence d'un fourreau. Dans cette explication, il me semble tout à fait adéquat pour l' « objet-poignard » et l' « objet ». Toutefois, l'hypothèse de la corne à libation n'est pas complètement à rejeter car il me semble apercevoir une ouverture sur les gravures de Durenque (fig. 87, p. 79 ; cat. II, p. 115) et la Borie des Paulets (fig. 110, p. 98 ; cat. II, p. 151). À moins que ce soit la représentation d'un fourreau ? Mais alors, pourquoi serait-il vide ? Cette dernière supposition me semble la moins convaincante. Rieuviel (fig. 95, p. 85 ; cat. II, p. 128) et Les Vidals (fig. 94, p. 84/cat. II, pp. 126-127) sont les seules gravures, présentant des traits sur la partie triangulaire. À cause de leur présence, il me semble y voir la figuration d'un fourreau. J.-P. Serres a même réalisé une reconstitution assez remarquable puisque ce dernier les a aussi observés : il a réalisé un fourreau en matière tressée372(annexe 79).

1.2 Système de fermeture du baudrier

L' « objet » pourrait représenter un système de fermeture du baudrier. Cependant, comme dit dans la description de l' « objet », nous pouvons observer que ces objets peuvent figurer soit avec un baudrier soit sans cet accessoire, parfois tenu à la main. J. Arnal373 suppose que cet élément sculpté ou gravé devait être fort important puisqu'il peut représenter, lui-même, le dieu lorsqu'il y a l'absence d'éléments anatomiques anthropomorphes (Cénomes, fig. 109, p. 97 ; cat. II, p. 150) ou encore, être montré des doigts des deux mains d'un monument.

370 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 437. 371 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 174. 372 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 68. 373 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 55.

100 Ainsi, comme l'a également constaté A. d'Anna374, la figuration contredit cette hypothèse. F. Octobon375, lui, propose d'y voir un étui pénien. Il démontre que son hypothèse est tirée du folklore de traditions ancestrales : l'étui pénien manifesterait la répugnance des hommes de la préhistoire face à la figuration stylisée du caractère masculin. Il suppose que si le personnage figurant sur nos monuments est assis, l'anneau ne représenterait que l'ouverture de l'étui puisqu'il est placé à hauteur de mains, tourné vers le haut. Il ajoute même qu'à Berlin de nombreux étuis péniens rassemblés démontrent une certaine similitude avec l' « objet » de nos monuments. Il souligne même : « Il y a peu de guerriers armés. Il y a en revanche beaucoup d'hommes, c'est pourquoi l'objet est masculin ; stylisation de l'emblème mâle. Si l'objet dérive de l'étui pénien, il est plus que probable qu'il n'était pas en usage depuis longtemps quand on l'a pris comme emblème masculin pour les statues-menhirs 376». Même si cette théorie semble convaincante par sa démonstration, il m'est difficile d'y voir un étui pénien car j'observe deux types d' « objets » différents par la partie circulaire et par la partie triangulaire qui semble plus pointue que l'autre. De plus, ces gravures montrent des détails singuliers sur ces gravures comme des traits gravés sur la partie triangulaire ou un trait délimitant la partie circulaire de la partie aiguisée. J. Arnal377 ajoute même que ce « vêtement » se porte sous la ceinture et non, au-dessus.

1.3 Bâton percé ou pendeloque en jayet ?

A. d'Anna378 fait part de son impression, comme les autres auteurs, sans pouvoir la démontrer avec des arguments solides. Il pense y voir un bâton percé, un redresseur de flèches. Il rajoute même : « Si l'arc et la flèche ne lui sont pas toujours associés, cela pourrait signifier que celui qui se servait du redresseur n'était pas toujours un archer ». Sa forme ne correspond pas toujours à celle des « objets ». De surcroît, la plupart sont décorés. Il est donc difficile de croire que les artistes ont omis la décoration de ces pièces exceptionnelles. L. Balsan a découvert, dès 1952, des objets en jayet, pourvus d'une partie arrondie et percée à l'une des extrémités et d'une partie plate et allongée sur l'autre extrémité. Il les a donc rapprochés à l' « objet » des statues-menhirs. Il les surnomma « pendeloque » à cause de la présence de deux perforations, sur la partie plate.

374 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 174. 375 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, pp. 430-431, 437. 376 Idem, p. 437. 377 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 60. 378 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 175.

101 L'un des objets a été découvert dans le dolmen de Severac, l'autre dans le dolmen III de Vezinies (annexe 79)379. Par la suite, d'autres découvertes similaires ont eu lieu. Ce sont des dolmens occupés par les civilisations rodéziennes (huit objets ont été découverts : grotte II de Vors, grotte des Emablses, grotte Laveil et dolmen I de Viols-le-Fort, Sauteyragues et Taoula Chiesa à Saint Martin- de-Londres380) et saintponiennes381 (un en bois de cerf, provenant de Resplandy dans l'Hérault)382. Pour la culture rodézienne, quatre objets en pierre de jais ont été découverts dans des dolmens, alors que quatre objets en os ou en bois de cerf ont été mis au jour dans des grottes (sépulcrales ou habitats). Pour la culture saintponienne, l'objet en bois de cerf a été découvert dans une grotte- habitat383. Il suscite même une question fort intéressante, à exploiter dans un prochain travail de recherches : pourquoi cette différence de matière entre les lieux ?384 G. Constantini385 et A. d'Anna386 sont convaincus par la similitude entre les objets réels et les gravures. Pour ma part, je rejoins cette dernière opinion, mais en nuançant légèrement : ces pendeloques sont fort similaires aux « objets » et non, aux « objets-poignards ». Mais quelle signification peut-on leur attribuer ?

1.4 Poignard

J.-P. Serres387 identifie l' « objet », comme étant un poignard. Il rejoint l'idée de base de l'abbé Hermet (mentionné par J.-P. Serres) de 1892, qui avait décrit la statue-menhir des Maurels : « La difficulté me paraît plus sérieuse si l'on veut déterminer la nature de l'objet qui est suspendu au baudrier et que j'ai appelé un poignard. Tous les savants n'adopteront pas, sans doute mon interprétation ou du moins ne s'y rangeront pas sans quelque hésitation. Plusieurs n'y verront qu'une pendeloque suspendue à un collier. Mais pourquoi ce collier serait-il passé en baudrier ? ». Cependant, pour F. Octobon, aucun élément ne rappelle une arme car il n'y aucune présence de poignée, de fourreau de poignard ou d'épée. De plus, il observe que la forme de l'ouverture ne correspond pas à celle d'une lame de poignard388.

379 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 175. 380 Idem. 381 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 53. 382 Idem, p. 58. 383 Idem, p. 102. 384 Idem, p. 103. 385 CONSTANTINI, G., La vie quotidienne au temps des statues-menhirs, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues- menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 120. 386 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 175. 387 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 68. 388 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 437.

102 A. d'Anna389 poursuit en disant : « Si l'on se fie seulement à la silhouette de l'objet, rien n'interdit de penser que ce soit là un poignard, mais il serait d'une forme particulière, nulle part connue. (...) Il nous semble finalement assez difficile d'assimiler l'objet à un poignard, idée qui n'est basée que sur sa forme générale qui rappelle celle d'un poignard, mais qui ne le reproduit pas exactement ». J. Arnal390 remarque que l'anneau soigné n'est pas présent sur les objets réels trouvés en fouille, ce qui pourrait alors contredire l'importance donnée dans l'iconographie. D'après lui, cet anneau existait, mais dans une matière périssable qui se serait désagrégée au cours des millénaires. Cette théorie pourrait expliquer son absence durant les fouilles. De plus, J.-P. Serres a réalisé une reconstitution, permettant de démontrer que l'anneau pourrait être dans une matière organique391(annexe 80). Je rejoins globalement l'idée du poignard, donnée par J.-P. Serres et l'abbé Hermet. Il faut, pourtant, à nouveau nuancer leurs propos : leur explication doit être centrée uniquement sur les « objets- poignards » et non, sur les « objets ». À mon sens, il est probable que le fourreau en question pouvait contenir des poignards en silex, provenant de Saint-Jean-d'Alcas (annexe 81), par exemple. L'anneau ne serait pas une ouverture, mais plutôt une forme de lanière d'un fourreau. La forme de ces poignards pourrait aussi bien correspondre à celle des Maurels (fig. 81, p. 72 ; cat. II, p. 105) et de Crouxigues (fig. 93, p. 83 ; cat. II, p. 125). Une différence de dimensions serait probablement indiquée : le poignard de Crouxigues semble plus petit que celui des Maurels ; ses côtés sont plus arrondis et moins allongés.

1.5 Indicateurs de sexe

J.-P. Serres392 constate que ces objets sont uniquement représentés sur des monuments à sexe masculin. Il observe également que la féminisation des statues et stèles masculines débute d'abord par le martelage de l'objet ou par l'utilisation de l'anneau, comme sein droit ou en pendeloque Y (Les Montels, fig. 74, p. 66/cat. II, p. 97 ; La Borie des Poulets, fig. 110, p. 98 ; cat. II, p. 152). D'après mon annexe 82, son observation est avérée. Toutefois, il faut établir la distinction entre les monuments masculins et indéterminés/asexués car en l'absence de représentation d'armes ou de seins, il me semble difficile d'identifier un sexe précis. Seul l' « objet-poignard » serait uniquement figuré sur les statues-menhirs et stèles masculines. Ce qui pourrait confirmer que l' « objet- poignard » correspondrait bien à une arme gravée.

389 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 174. 390 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 103. 391 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs : des énigmes de pierres venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 68. 392 Idem, p. 68.

103 2. L'arc à flèches

2.1 Quelle est la signification des différentes postures de l'arc à flèches ?

Au niveau du positionnement sur les monuments, on peut distinguer trois emplacements précis en fonction des pays (annexe 83) : – en Rouergue et dans le Tarn, l'arc à flèches est situé au niveau du cœur, avec la flèche positionnée au-dessus de l'arc. La flèche se situe à côté de l'arc, ce qui pourrait démontrer que l'individu n'est pas représenté en « repos ». Il ne l'a toutefois pas placée sur la corde ; ce qui démontre que l'individu ne se sent pas en danger. On peut supposer alors qu'il est aux aguets, en activité de chasse, si l'on souhaite extrapoler. La localisation de l'arc à flèches au niveau du cœur peut amener une autre hypothèse : l'individu aurait perdu la vie lors d'une confrontation, qui incluait le maniement de l'arc. À moins que l'arc soit figuré pour renforcer l'idée de la chasse dans le but que les tirs atteignent leur cible. Hypothèse crédible puisque J. Arnal supposait que l'espace occupé par les monuments en Rouergue et dans le Tarn était un terrain de chasse occupé par des divinités tutélaires393. Il est fort difficile de prendre position dans ce cas-ci étant donné qu'aucun contexte n'a pu être mis en évidence sur l'aire d'extension des monuments. Seul Les Montels (fig. 74, p. 66 ; cat. II, p. 97) ne présente pas de flèche, par manque de place, dû à sa transformation. Ce manque de place explique également la position inversée de l'arc. – en Suisse, l'arc à flèches est placé transversalement sur la partie médiane du monument, avec la flèche placée dans l'arc. Par sa position et son organisation (la flèche dans l'arc), on pourrait supposer que la figuration représente la mise en repos de l'individu ; il ne chasse pas et ne se défend pas vu que la flèche n'est pas placée en position de tir. Au contraire, la flèche semble rangée dans son carquois, avec l'arc passé par-dessus, comme maintenu au dos. Cette mise en place n'a pu figurer sur la face dorsale, étant donné que l'artiste a décidé de réaliser une stèle et non, une statue-menhir. La situation de « repos » peut faire écho avec le contexte funéraire du lieu de découverte des statues. Elle ferait référence au défunt inhumé (ou incinéré), accompagné de pointes de flèches, rappelant sa vie quotidienne. Le décor géométrique soigné évoquant un riche vêtement (ou une armure394) laisse penser que ces individus devaient appartenir à la monarchie395 ou à un rang de classe important.

393 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 222. 394 Idem, p. 203. 395 RONNBERG, A. (dir.) et MARTIN, K. (dir.), Le livre des symboles : réflexions sur des images archétypes, Taschen, Cologne, 2011, p. 496.

104 – L'activité de l'arc a souvent été liée aux classes importantes : le maintient de cette arme, qui requiert concentration, assurance, énergie et précision, manifeste les vertus du souverain. – au Portugal, l'arc est positionné à la verticale, sur la partie gauche de la stèle. Une partie se trouve à proximité du cœur, avec une flèche dont la hampe a été brisée. Il est possible que l'absence de projectile fasse écho à la tradition orientale. Les chamans et les médiums se servaient du pincement de la corde de l'arc pour appeler les divinités dont ils désiraient invoquer les pouvoirs396. En observant la stèle de Longroiva (fig. 201, p. 185 ; cat. II, p. 244), on peut remarquer une figuration rectangulaire, à l'extrémité arrondie, qui semble se diriger vers la corde de l'arc. De plus, la hampe de la flèche est brisée. Il est possible que cette mise en scène démontre un appel à l'aide d'une divinité face au danger.

3. Les poignards

3. 1 A quoi peuvent correspondre ces poignards gravés ?

Il est difficile d'identifier chacune des armes mentionnées plus haut, en se basant sur leur description (annexe 44). Mais il est possible d'émettre des hypothèses : – le groupe 1 est souvent comparé au poignard triangulaire de type Remedello, dû à la présence de la rainure centrale par A. Pedrotti397 pour l'Italie, par A. d'Anna398 ou encore, par G. de Saulieu399 pour la Suisse. J. Landau400 ne mentionne qu'un poignard à pommeau hémisphérique, joint par une soie à la lame de forme triangulaire (Pontevecchio VI, fig. 101, p. 90 ; cat. II, p. 141), parfois dotée d'une nervure centrale (Minucciano I, fig. 196, p. 180 ; cat. II, p. 238), sans avoir fait une identification particulière. Parfois, certains de ces monuments sont recouverts de poignards, comme celui de Lagundo B, avec dix gravures401.

396 RONNBERG, A. (dir.) et MARTIN, K. (dir.), Le livre des symboles : réflexions sur des images archétypes, Taschen, Cologne, 2011, p. 496. 397 PEDROTTI, A., Le statue-stele e le stele antropomorfe del Trentino Alto Adige e del Veneto_occidentale. Gruppo atesino, gruppo di Brentonico, gruppo della Lessinia, Civico Museo Archeologico, s.l., 1995. 398 D'ANNA, A. et al., Catalogue de l'exposition Stèles anthropomorphes néolithiques de Provence, Éditions Edisud, Avignon, 2004, p. 85. 399 DE SAULIEU, G., Art rupestre et statues-menhirs dans les Alpes : des pierres et des pouvoirs (3000-2000 av. J-C), Éditions Errance, Paris, 2004, pp. 31-33. 400 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), CNRS, Paris, 1977, p. 38. 401 PEDROTTI, A., Le statue-stele e le stele antropomorfe del Trentino Alto Adige e del Veneto_occidentale. Gruppo atesino, gruppo di Brentonico, gruppo della Lessinia, Civico Museo Archeologico, s.l., 1995, pp. 265- 268.

105 A. Pedrotti mentionne plus précisément que ces poignards seraient munis d'une poignée décorée de clous (Aroc II, fig. 214, p. 199/cat. II, p. 259 ; Lagundo D, fig. 213, p. 197/cat. II, p. 256)402. En observant les monuments du Lagundo C (fig. 212, p. 196 ; cat. II, p. 255) et Termeno (fig. 195, p. 179 ; cat. II, p. 237), d'après mes relevés, on peut déduire qu'il est fort probable que ces gravures, plus schématiques, rejoignent le groupe 1 ; on y retrouve la lame triangulaire avec ou sans nervure axiale et un pommeau en demi-lune, comme l'avait supposé A. Pedrotti403. Pour ma part, quelques doutes persistent concernant le poignard de type Remedello (annexe 84) suite à la découverte du poignard du type unéticien (annexe 85). Ce type est fort répandu en Italie, comme le poignard remedellien. Le poignard unéticien présente également des nervures sur la lame triangulaire accompagnée d'un pommeau décoré de clous. Une différence majeure se présente toutefois ici : la présence d'une double nervure sur la lame triangulaire. Est-il possible qu'il n'y ait pas eu assez d'espace pour représenter la seconde nervure ? Ou est-ce bien un poignard de type Remedello ? Jusqu'à présent, je n'ai pas pu trouver de réponse à ces questions. Au niveau de la datation, ces deux armes datent du Chalcolithique404 (vers -2300405 ou vers -2900/- 2400406). Par contre, pour les poignards sans nervure, il est possible qu'on ait voulu représenter les poignards en bronze de type Polada (annexe 86), portant des clous en décoration sur la lame triangulaire. La lame est décorée de ciselures et le manche est pourvu d'éléments métalliques qui enchâsseraient des rondelles de matériaux organiques. La culture Polada est fort présente durant le Bronze ancien en Italie407. Il faudrait se demander si les trois armes citées plus haut s'adaptent aux descriptions citées précédemment ; il serait aussi pertinent de se demander plus particulièrement si le manche de ces armes correspond au relevé. À mon sens, si on prend le contour de l'arme Polada, il semblerait bien y avoir le manche en croissant de lune.

402 PEDROTTI, A., Le statue-stele e le stele antropomorfe del Trentino Alto Adige e del Veneto_occidentale. Gruppo atesino, gruppo di Brentonico, gruppo della Lessinia, Civico Museo Archeologico, s.l., 1995, pp. 265-268. 403 Idem, 1995, pp. 265-268. 404 ARNAL, J., Les statues-menhirs, les hommes et les dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 205 et BRIARD, J., L'âge du Bronze en Europe barbare : des mégalithes aux Celtes, Éditions Errance, Paris, 1976, pp. 109- 115. 405 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 166. 406 GUILAINE, J., Notes de cours : Stèles anthropomorphes, statues et sociétés de la Préhistoire récente, dans cours de Civilisations de l'Europe au Néolithique et à l'Age du Bronze, 2002-2003, p. 699. 407 MOHEN, J.-P. Et ELUERE, Ch., L'Europe à l'âge du Bronze. Le temps des héros, Gallimard, Paris, 1999, p. 65.

106 – le groupe 2 pourrait correspondre à un poignard inséré dans un fourreau à forme particulière ; J. Landau pense voir le poignard représenté dans un fourreau, sous la forme d'une bouterolle repliée vers le haut408 ou sous la forme d'un croissant de lune, selon A. Pedrotti409. En observant le manche en croissant de lune, on pourrait supposer qu'il s'agisse d'un poignard de type Remedello ou uténicien, provenant d'Italie. Mais comment ces derniers ont-ils pu se trouver en Corse ? En Provence, J. Courtin et G. Sauzade410 mentionnent la découverte d'un poignard de type Remedello en 1975. Puisque ce type de gravure se retrouve également en Corse, à proximité de la Provence, on peut penser qu'il y aurait eu une influence via des échanges, par exemple, entre la Provence et la Corse ; ce qui pourrait expliquer la représentation de ce type d'armes. – le groupe 3 pourrait être assimilé à une arme foliacée, selon G. de Saulieu 411, en analysant la stèle XVIII de Sion. En me basant à la fois sur l'hypothèse de cet auteur et sur les contours de cet objet sur mes relevés, il me semble reconnaître les prototypes en pierre des poignards métalliques de l'Europe du Nord, région dépourvue de tout gisement d'étain ou de cuivre (annexe 87)412. Cette constatation a déjà été mise en avant par J. Arnal 413, en étudiant le groupe Lunigiana, de la Spezia. Ces armes évoquent, selon lui, les importations des premières armes d'Europe d'âge chalcolithique, des civilisations de Baden-Pecel-Jordansmühl, remontant à la deuxième moitié du IIIe millénaire av. J-C. On peut constater que la gravure de cette arme peut être associée à l'arme remedellien ou encore unitécien (Lagundo D, fig. 213, p. 197 ; cat. II, p. 256), mais aussi au soleil et à l'arc (stèle XVIII de Sion, fig. 204, p. 188 ; cat. II, p. 247). Dans ces deux cas, ce sont les seuls exemplaires présentant une association d'un autre élément avec ce type d'armes. Mais quelle signification pourraient avoir ces diverses associations ? Auraient- elles chacune un sens différent ou y aurait-il un lien entre elles ? Il m'est fort difficile d'y répondre actuellement. Mais il serait intéressant de compléter le catalogue des monuments, présenté ici, afin de constater si ces associations se présenteraient uniquement dans un même pays, voire si une statue-menhir ou stèle ne pourrait associer en même temps, une arme foliacée, accompagnée d'un poignard remedellien ou unitécien, avec la représentation du soleil et de l'arc.

408 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), CNRS, Paris, 1977, p. 35. 409 PEDROTTI, A., Le statue-stele e le stele antropomorfe del Trentino Alto Adige e del Veneto_occidentale. Gruppo atesino, gruppo di Brentonico, gruppo della Lessinia, Civico Museo Archeologico, s.l., 1995, p. 269. 410 COURTIN, J. et SAUZADE, G., Un poignard de type Remedello en Provence, dans Bulletin de la Société préhistorique française. Comptes rendus des séances mensuelles, tome 72, n°6, 1975, pp. 184-190. 411 DE SAULIEU, G., Art rupestre et statues-menhirs dans les Alpes : des pierres et des pouvoirs (3000-2000 av. J-C), Éditions Errance, Paris, 2004, p. 78. 412 LOUBOUTIN, C., Au néolithique. Les premiers paysans du monde, Gallimard, France, 2006 (premier dépôt en 1990), pp. 64, 127. 413 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 162.

107 – le groupe 4 correspondrait, selon J. Arnal414, à un poignard à pommeau « à béquille », ce qui signifie que le pommeau et la fusée de l'arme forment un T et que la garde est parallèle au pommeau. J. Landeau415 fait cette même constatation pour le fragment V de Filitosa (fig. 189, p. 173 ; cat. II, p. 235). En effet, sur l'annexe 44, la gravure présente cette caractéristique particulière. Mais J. Arnal416 préfère l'appeler « dague ». Le pommeau « en béquille » du poignard est considéré, fort semblable à celui des épées. Par contre, aucune mention ne fait référence sur le fait que cette « dague » puisse être rangée dans un fourreau, ce qui rend l'identification fort difficile. Vu que ce groupe présente le même type de pommeau que les épées, il est fort probable qu'il présente d'autres caractéristiques similaires avec ces dernières. Il est possible pourtant, à partir du pommeau en forme de « T », d'y voir le poignard de Pancheraccia (annexe 88), découvert dans le lit du Tagnone. C'est un poignard de bronze moulé d'une seule pièce, attribué au Bronze final ou au premier âge du Fer417. – le groupe 5 serait similaire aux poignards à pommeau circulaire, appelé poignard à antennes par O. Acanfora (mentionné par J. Arnal418). Celui-ci les date du premier âge du Fer, alors que J. Arnal suppose plutôt que ce type de pommeau était déjà en usage, dès le Bronze ancien ou moyen. J. Guilaine419 précise que ce type de poignard serait plus récent que ceux des monuments d'Arco du Lagundo, datés par la présence du poignard de type Remedello. Concernant cette arme gravée, il m'a été difficile de trouver un exemplaire similaire puisqu'elle est représentée dans un fourreau soit muni d'une décoration à l'extrémité de la pointe de la lame (fragment des Pouilles, fig. 62, p. 54 ; cat. II, p. 80), soit à lignes horizontales420 (Tötschling, fig. 217, p. 201 ; cat. II, p. 260). Un de ces poignards (annexe 44) ne présente aucune décoration sur la partie triangulaire, afin de démontrer probablement qu'il n'est pas rangé dans un fourreau. Il présente également un pommeau arrondi gravé entièrement, alors que les autres ne présentent que le contour du pommeau. Est-ce une manière de faire une distinction entre ces armes, afin de ne pas les confondre ? Serait-ce une indication sur la manière de fabrication de ce type d'arme ? L'artiste n'aurait-il pas eu le temps d'utiliser la même technique de représentation pour les autres poignards ? Il m'est difficile de répondre actuellement à toutes ces questions.

414 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 149. 415 LANDAU, J., Les représentations anthropomorphes mégalithiques de la région méditerranéenne (3e au 1e millénaire), Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1977, pp. 34-35. 416 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 149. 417 CESARI, J. et al., Corse des origines. La préhistoire d'une île (guide archéologique de la France), Éditions du patrimoine, Paris, 2016, p. 96. 418 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 176. 419 GUILAINE, J., Notes de cours : Stèles anthropomorphes, statues et sociétés de la Préhistoire récente, dans cours de Civilisations de l'Europe au Néolithique et à l'Age du Bronze, 2002-2003, p. 699. 420 PEDROTTI, A., Le statue-stele e le stele antropomorfe del Trentino Alto Adige e del Veneto_occidentale. Gruppo atesino, gruppo di Brentonico, gruppo della Lessinia, Civico Museo Archeologico, s.l., 1995, pp. 265- 269.

108 – le groupe 6 se rapprocherait à un poignard-couteau en silex (annexe 89), similaire à celui de l'homme d'Ötzi ; il serait emmanché dans du frêne et glissé dans un fourreau d’herbes tressées (annexe 89)421. Ce dernier expliquerait la forme de l'arme de Faioes (fig. 158, p. 146/cat. II, p. 202).

Comme mentionné plus haut, chaque relevé graphique et chaque relevé à main levé sont réalisés à partir d'un seul poignard gravé sur chaque monument. Toutefois, certains monuments portent à plusieurs reprises un même type de poignards (Lagundo B, Termeno, par exemples) ou différents types (comme Lagundo D, fig. 213, p. 197/cat. II, p. 256 et Velturno, fig. 218, p. 202/cat. II, p. 261). Comme J. Guilaine422 l'a mentionné, il est fort probable que cette accumulation d'armes marque une forme de hiérarchie entre les divers individus représentés.

421 MOHEN, J.-P. et ELUERE, CH., L'Europe à l'âge du bronze. Le temps des héros, Gallimard, Paris, 1999, p. 37. 422 GUILAINE, J., Notes de cours : Stèles anthropomorphes, statues et sociétés de la Préhistoire récente, dans cours de Civilisations de l'Europe au Néolithique et à l'Age du Bronze, 2002-2003, p. 698.

109 b. Étude sur la confrontation répétitive d'ensembles figuratifs

Cette étude a pour objectif de mettre en évidence les associations de gravures fréquentes dans un bassin culturel donné et parfois, de déterminer si un élément gravé serait représenté pour un sexe précis (féminin, masculin et asexué). Dans ce but, des tableaux et des relevés graphiques seront présents pour démontrer mes propos.

1. Les seins VS les tatouages

À partir de l'annexe 90, nous pouvons observer que les « tatouages » ou « traces de peintures » des masques sont essentiellement portés par les monuments féminins, indiqués par la présence de seins. Un seul exemplaire serait en lien avec des « pectoraux », gravés sous la forme de deux rectangles placés l'un à côté de l'autre dans le Languedoc-Roussillon : Montferrand (fig. 128, p. 112 ; cat. II, p. 166). Ce monument est placé dans les « tatouages » possibles car J. Arnal perçoit des tatouages alors qu'A. d'Anna ne les discerne pas. Il m'est dès lors difficile de donner une opinion sur ce cas puisque je ne dispose d'aucune photographie. Il en va de même pour Saint-Victor-des- Oules (fig. 137, p. 120 ; cat. II, p. 175) du Languedoc-Roussillon, ne présentant aucune indication de sexe. Pour Minucciano II (fig. 197, p. 181 ; cat. II, p. 239), il est difficile également de trancher sur la question puisque la qualité de la photographie est assez médiocre. Enfin, Filitosa VI présente deux arceaux en X, pouvant se rapprocher à un motif en « X », comme sur ceux des Alpes orientales. Toutefois, il m'est difficile de savoir à quoi cela pourrait correspondre puisque ce motif est représenté sur la face dorsale et non, sur la face antérieure (cf. « tatouages »). La corrélation entre les seins et les « tatouages » ou traces de décor sur les masques est aussi bien représentée dans les Alpes orientales (Stèle A, fig. 59, p. 53/cat. II, p. 77 ; Stèle B, fig. 60, p. 53/cat. II, p. 78 et Serra-Is-Araus), en Corse (Castaldu, fig. 179, p. 163 ; cat. II, p. 221), dans le Languedoc-Roussillon que dans le Rouergat (Granisse, fig. 117, p. 104/cat. II, p. 158 ; Les Anglars, fig. 82, p. 73/cat. II, p. 107 ; Saint-Julien, fig. 77, p. 69/cat. II, p. 100 ; Réganel I, fig. 75, p. 67/cat. II, p. 98 ; Mas Capelier II, fig. 73, p. 65/cat. II, p. 96 ; Saint-Sernin, fig. 70, pp. 61-62/cat. II, pp. 92- 93 ; Jouvayrac,fig. 69, p. 60/cat. II, pp. 90-91). On constate alors que seuls ces trois bassins culturels présentent fréquemment cette association de figurations. Toutefois, ces motifs privilégient rarement un sexe d'après un bassin culturel précis. Par exemple, les Vidals (fig. 94, p. 84 ; cat. II, pp. 126-127) et Granisse sont deux monuments du bassin culturel du rouergat, portant un « masque décoré ». Le premier est asexué alors que le second est du sexe féminin.

110 Il en va de même avec celui des Alpes orientales : la Stèle C des Pouilles est asexuée (si on admet que les protubérances sur les côtés sont des moignons de bras et non, des seins), portant également un motif de « tatouages ». Ainsi, seul les bassins culturels de la Corse et du Languedoc-Roussillon (Bragassargues, fig. 150, p. 135/cat. II, p. 192 ; Saint-Théodorit, fig. 146, p. 129/cat. II, pp. 186- 187 ; Le Colombier, fig. 143, p. 126/cat. II, pp. 182-183 ; Les Cazarils, fig. 132, p. 115/cat. II, p. 171 ; Sylvie, fig. 130, p. 115/cat. II, p. 17 ; Bouisset I, fig. 129, p. 113/cat. II, p. 167) représentent les « tatouages » avec un sexe spécifique. Le premier préfère privilégier le sexe masculin alors que le second, sur des monuments asexués.

2. Les seins VS les voiles

On a pu déterminer deux types de voiles sur les monuments : ceux qui sont évidents et ceux qui sont hypothétiques. Mais le voile est-il un indicateur de sexe ? Pour répondre à cette problématique, nous allons confronter la poitrine face à ces derniers (annexe 91). On constate alors que : – les voiles évidents sont associés aux seins. Ils proviennent uniquement des Alpes occidentales : Arco III (fig. 207, p. 191 ; cat. II, p. 250) Arco IV (fig. 208, p. 192 ; cat. II, p 251) et Lagundo A (fig. 206, p. 190 ; cat. II, p. 249). – les voiles hypothétiques ne sont pas associés aux seins. Ils ne proviennent uniquement des Alpes occidentales et du Languedoc-Roussillon : Arco II (fig. 215, p. 199 ; cat. II, p. 258), Lagundo B (fig. 211, p. 195 ; cat. II, p. 254), Bragassargues (fig. 150, p. 135 ; cat. II, p. 192), Maison-Aube (fig. 148, p. 133 ; cat. II, p. 190), Saint-Théodorit (fig. 146, p. 129 ; cat. II, pp. 186-187), Le Colombier (fig. 143, p. 126 ; cat. II, pp. 182-183), Mas de la Tour (fig. 142, p. 125 ; cat. II, p. 181). On remarque que les premiers sont associés au sexe féminin. Si on admet que l'absence d'indicateur de sexe féminin permet d'identifier un monument masculin (absence de seins), on peut conclure que ces exemplaires portent les voiles hypothétiques pour déterminer le sexe masculin.

111 3. Les seins VS la posture des jambes

La position des jambes peut-elle déterminer un sexe défini ? Les monuments portant une poitrine possèdent deux types de jambes qui lui sont associés (annexe 92) :

– les jambes jointes représentées sur des monuments français, provenant du bassin culturel rouergat : Les Arribats (fig. 119, p. 106 ; cat. II, p. 159), Granisse (fig. 117, p. 104 ; cat. II, p. 157), La Borie des Paulets (fig. 110, p. 98 ; cat. II, p. 151), Serre Grand (fig. 79, p. 70 ; cat. II, p. 102). Les Arribats a subi une légère modification qui n'influence aucunement la position d'origine des jambes : ces dernières ont été allongées afin de couper l'ancienne ceinture du monument. Toutefois, les seins ont été camouflés par l'ajout d'un « objet » suspendu à un baudrier, accompagné d'un collier, afin de rendre le monument masculin. Pour l'association analysée, ici, il faut prendre en considération l'état originel du monument et non, ses transformations. Concernant La Borie des Paulets et Serre Grand, il faut prendre en compte que les monuments étaient au départ masculins, avant de devenir des statues féminines par l'ajout de seins. Pour l'association mentionnée ici, il faut prendre en compte sa transformation.

– les jambes disjointes représentées sur des statues françaises, provenant du bassin culturel rouergat : Les Anglars (fig. 82, p. 73 ; cat. II, p. 107), Saint-Julien (fig. 77, p. 69 ; cat. II, p. 100), Mas Capelier II (fig. 73, p. 65 ; cat. II, p. 96), Mas d'Azaïs (fig. 71, p. 63 ; cat. II, pp. 94-95), Saint-Sernin (fig. 70, pp. 61-62 ; cat. II, pp. 92-93), Jouvayrac (fig. 69, p. 60 ; cat. II, pp. 90-91).

Comme vu dans le chapitre des jambes (cf. les membres), il existe d'autres monuments portant aucune indication de sexe féminin ou masculin, possédant également des membres inférieurs joints ou disjoints. Cependant, seule la Péninsule Ibérique (Longroiva, fig. 201, p. 185 ; cat. II, p. 244) semble privilégier l'utilisation des jambes obliques avec un sexe masculin (présence d'armes). Donc, on peut constater que l'association de la figuration des seins et de quelques postures de jambes (disjointes et jointes) sont essentiellement représentées dans le Rouergat, sans pouvoir privilégier un sexe spécifique.

112 4. Les seins VS la posture des avant-bras

Dans ce tableau, on peut observer que les seins sont bien associés à des postures de bras diverses, selon les bassins culturels (annexe 93) : – les bras horizontaux sont essentiellement représentés avec la poitrine dans le Rouergat et en Bretagne. Dans le premier, on retrouve Les Arribats (fig. 119, p. 106 ; cat. II, p. 159), Les Anglars (fig. 82, p. 73 ; cat. II, p. 107), Serre Grand (fig. 79, p. 70 ; cat. II, p. 102), Réganel I (fig. 75, p. 67 ; cat. II, p. 98), Réganel II (fig. 76, p. 68 ; cat. II, p. 99), Saint-Sernin (fig. 70, pp. 61-62 ; cat. II, pp. 92-93) et Jouvayrac (fig. 69, p. 60 ; cat. II, pp. 90-91). Dans le second, s'y retrouve Kerméné (fig. 2, pp. 3-4 ; cat. II, p. 7). Concernant Les Arribats, il faut prendre en compte que les bras et les seins subissent des transformations par la suite : les seins ont été camouflés par l'ajout d'un « objet » suspendu à un baudrier, accompagné d'un collier, afin de rendre le monument masculin. Les bras seront transformés d'abord en ceinture, puis en élément anatomique à nouveau grâce à l'ajout de mains à ce monument. Pour l'association analysée, ici, il faut prendre en considération l'état originel du monument et non, sa transformation. Concernant Serre Grand, il faut prendre en compte que le monument était au départ masculin, avant de devenir une statue féminine par l'ajout de seins. Pour l'association mentionnée ici, il faut prendre en compte sa transformation. – les bras incurvés dans groupe culturel de la Mer Noire (Souffli Magoula, fig. 108, p. 96 ; cat. II, p. 148). – les bras obliques sont associés avec les seins dans les groupes culturels de la Lunigiana (Malgarte II, fig. 199, p. 183/cat. II, p. 241 et Pontevecchio VII, fig. 102, p. 91/cat. II, p. 142), du Languedoc-Roussillon (Collorgues I, fig. 147, pp. 130-132/cat. II, pp. 188-189 et Mas Martin, fig. 140, p. 123 ; cat. II, p. 179), du Rouergat (La Borie des Paulets, fig. 110, p. 98/cat. II, p. 151 ; Saint-Julien, fig. 77, p. 69/cat. II, p. 100 ; Mas Capelier II, fig. 73, p. 65/cat. II, p. 96 ; Mas d'Azaïs, fig. 71, p. 63/cat. II, pp. 94-95 et Crais, fig. 68, p. 59/cat. II, p. 89) et de la Mer Noire (Tiritaka II, fig. 11, p. 14/cat. II, p. 15). Concernant La Borie des Paulets, il faut prendre en compte que le monument était au départ un monument masculin, avant de devenir une statue féminine par l'ajout de seins. Pour l'association mentionnée ici, il faut prendre en compte sa transformation. – les bras dirigés vers le bas, donnant l'impression d'être « pendants », sont représentés associés aux seins dans les bassins culturels du Languedoc-Roussillon (Collorgues II, fig. 135, p. 118 ; cat. II, p. 139) et du Rouergat (Granisse, fig. 117, p. 104 ; cat. II, p. 158).

113 Cependant, il faut préciser que ces postures citées plus haut sont aussi représentées sur des monuments masculins (s'il y a la présence d'armes) ou asexués (si aucun indicateur ne permet de déterminer le sexe). Ce qui démontre que les avant-bras ne permettent pas de déterminer un sexe féminin. Les avant-bras, sous forme de moignons, et ceux dirigés vers le haut, soit à la verticaux soit en obliques ne sont pas associés à la poitrine. Ainsi, ces deux postures seraient soient masculines ou asexuées. De plus, les moignons sont uniquement représentés en Péninsule ibérique (Faioes et Boulhosa, fig. 15, p. 18 ; cat. II, p. 83) et dans les Alpes orientales (Stèle C, fig. 61, p. 54 ; cat. II, p. 79 ) ; les avant-bras verticaux, dirigés vers le haut, sont gravés dans le Languedoc- Roussillon (Cimetière, fig. 149, p. 134/cat. II, p. 191 ; Maison-Aube, fig. 148, p. 133/cat. II, p. 190 ; La Candélaire, fig. 141, p. 124/cat. II, p. 180 ; Rosseironne, fig. 139, p. 122/cat. II, pp. 177-178) et dans la Mer Noire (Corbuci, fig. 104, p. 93 ; cat. II, p. 144), les avant-bras obliques, dirigés vers le haut, sont présents uniquement dans le bassin culturel de la Mer Noire (Pervomaevka, fig. 9, p. 12/cat. II, p. 13 ; Belogrudovka, fig. 7, p. 10/cat. II, p. 11).

5. Les seins VS les types d’omoplates

Sur base de l'histogramme, nous pouvons constater qu'une forme d'omoplates spécifique privilégie parfois un sexe, en fonction d’un bassin culturel particulier (annexe 94). En effet, on peut remarquer que : – les omoplates arrondies sont aussi bien représentées sur des monuments féminins (Saint- Julien, fig. 77, p. 69/cat. II, p. 100 ; Réganel I, fig. 75, p. 67/cat. II, p. 98 ; Saint-Sernin, fig. 70, pp. 61-62/cat. II, pp. 92-93) que masculins et asexués (Foumendouyre, fig. 111, p. 99/cat. II, p. 121 ; La Jasse du Terral I, fig. 97, p. 87/cat. II, p. 132 ; Saint-Maurice d'Orient ; Saint-Léonce, fig. 91, p. 82/cat. II, p. 119). Ils sont essentiellement représentés dans le groupe rouergat. – les omoplates, sous forme de « crochets », sont aussi bien figurées sur des monuments féminins (Mas d'Azaïs, fig. 71, p. 63 ; cat. II, pp. 94-95) que masculins et asexués (Saint- Crépin, fig. 92, p. 83/cat. II, p. 122 ; Saumecourte I, fig. 85, p. 77/cat. II, pp. 112-113 ; La Prade). La Raffine (fig. 78, p. 69 : cat. II, p. 101) est placé dans la catégorie « possibilité » pour le port d'une poitrine car deux cercles de petites dimensions sont placés à proximité de l' « objet » ; il est difficile de savoir si ces cercles font parties de cet élément ou s'ils représentent une caractéristique anatomique. Ce type d'omoplates est uniquement représenté dans le groupe rouergat.

114 – les pseudo-omoplates ne sont représentées uniquement que sur des monuments masculins (certains présentent la figuration des pectoraux, d'autres sont considérés comme tels si on considère l'absence d'indicateurs sexuels comme référent masculin). Ce type d'omoplates n'est représenté que dans le groupe corse (Sargone I, fig. 170, p. 157/cat. II, p. 212 ; Filitosa I, fig. 184, p. 168/cat. II, p. 226 ; Filitosa IV, fig. 187, p. 171/cat. II, p. 229 ; Filitosa V, fig. 188, p. 172/cat. II, p. 230 ; Filitosa VI, fig. 190, p. 174/cat. II, p. 231 ; Filitosa VII, fig. 191, p. 175/cat. II, p. 232 ; Filitosa IX, fig. 163, p. 150/cat. II, p. 205 ; Renicciu, fig. 169, p. 156/cat. II, p. 211). – les omoplates rectangulaires sont figurées sur des monuments masculins (certains présentent la figuration des pectoraux, d'autres sont considérés comme tels si on considère l'absence d'indicateurs sexuels comme référent masculin). Cette représentation est uniquement réalisée dans le groupe corse (Scumunicatu, fig. 172, p. 159 ; cat. II, p. 214) et dans le groupe rouergat (Ardaliès II, fig. 89, p. 81/cat. II, p. 117 ; Les Maurels, fig. 81, p. 72/cat. II, pp. 105-106). – Les omoplates, sous forme de « spirales » et de « sac », sont uniquement gravées sur des statues-menhirs masculines (s'il y a la représentation d'armes) ou asexuées (s'il y a une absence d'indicateurs sexuels). L'association, avec la forme spiralée, ne se trouve que dans le groupe rouergat (Pousthomy I, fig. 83, p. 74/cat. II, pp. 108-109 ; Les Montels, fig. 74, p. 66/cat. II, p. 97 ; Puech Réal, fig. 96, p. 86/cat. II, pp. 129-130) alors que celle, avec les « sacs », n'est représentée que dans le groupe de la Mer Noire (Ezerovo I, fig. 106, p. 95/cat. II, p. 147 ; Ezerovo II, fig. 197, p. 95/cat. II, p. 148 ; Hamangia, fig. 105, p. 94/cat. II, p. 146 ; Corbuci, fig. 104, p. 93/cat. II, p. 144 ; Pervomaevka, fig. 9, p. 12/cat. II, p. 13 ; Belogrudovka, fig. 7, p. 10/cat. II, p. 11). Ainsi, on peut observer que le groupe rouergat possède diverses omoplates associées avec des seins, voire même avec aucun indicateur du sexe : les omoplates arrondies et sous la forme de « crochets ». Seules les omoplates en « spirales » et rectangulaires sont associées avec des monuments considérés comme masculins dans le Rouergat. En Corse, seules les statues masculines portent des omoplates rectangulaires et des pseudo-omoplates. Dans le bassin culturel de la Mer Noire, on ne retrouve uniquement des omoplates en « sac » que sur des monuments considérés comme masculins.

115 6. Position des mains VS position des jambes

D'après les différentes descriptions faites (cf. les membres), on a pu déterminer les différentes positions des bras et des jambes. Il serait intéressant de savoir si leurs postures sont liées entre elles dans un bassin culturel spécifique (annexe 95). D'après le tableau, on peut remarquer :

– les jambes disjointes sont liées aux mains disjointes dans le Languedoc-Roussillon (Cambaissy, fig. 134, p. 117 ; cat. II, p. 173) et dans le Rouergat (Pech de Naudène, fig. 98, p. 88/cat. II, p. 133 ; Les Anglars, fig. 82, p. 73/cat. II, p. 107 ; Les Maurels, fig. 81, p. 72/cat. II, pp. 105-106 ; Saint-Julien, fig. 77, p. 69/cat. II, p. 100 ; Les Montels, fig. 74, p. 66/cat. II, p. 97 ; Mas Capelier II, fig. 73, p. 65/cat. II, p. 96 ; Mas d'Azaïs, fig. 71, p. 63/cat. II, pp. 94-95 ; Saint-Sernin, fig. 70, pp. 61-62/cat. II, pp. 92-93 ; Jouvayrac, fig. 69, p. 60/cat. II, pp. 90-91 ; Saint-Léonce, fig. 67, p. 58/cat. II, p. 88), mais aussi aux mains jointes dirigées vers un objet, essentiellement représentées dans le Rouergat (Frescaty, fig. 125, p. 111/cat. II, pp. 162-163 ; La Jasse du Terral I, fig. 97, p. 87/cat. II, p. 132 ; Rieuviel, fig. 95, p. 85/cat. II, p. 128 ; Ardaliès I, fig. 88, p. 80/cat. II, p. 116 ; Saumecourte I, fig. 85, p. 77/cat. II, pp. 112-113 ; Pousthomy II, fig. 84, pp. 75-76/cat. II, pp. 110-111 ; Pousthomy I, fig. 83, p. 74/cat. II, pp. 108-109).

– les jambes jointes sont associées aux mains disjointes dans le Rouergat (Borie de Blavy, La Borie des Paulets, fig. 110, p. 98/cat. II, p. 151 ; Serre Grand, fig. 79, p. 70/cat. II, p. 102), mais aussi aux mains jointes dirigées vers un objet, également présentes dans le Rouergat (Les Arribats, fig. 119, p. 106/cat. II, p. 159 ; Granisse, fig. 117, p. 104/cat. II, p. 158 ; La Bessière, Foumendouyre, fig. 111, p. 99/cat. II, p. 121 ; Puech Réal, fig. 96, p. 86/cat. II, pp. 129-130 ; Les Vidals, fig. 94, p. 84/cat. II, pp. 126-127 ; Crouxigues, fig. 93, p. 83/cat. II, p. 125 ; Saumecourte II, fig. 86, p. 78/cat. II, p. 114). Les Arribats a subi une légère modification qui n'influence aucunement la position d'origine des jambes : ces dernières ont été allongées afin de couper l'ancienne ceinture du monument. Les mains ont été ajoutées, après avoir transformé les avant-bras en ceinture, afin de les retransformer en élément anatomique. Pour l'association analysée, ici, il faut prendre en considération les transformations subies par le monument.

– les jambes obliques, associées à des mains disjointes, ne sont représentées que sur un seul monument de mon catalogue : Longroiva (fig. 201, p. 185 ; cat. II, p. 244), issu du bassin culturel de la Péninsule Ibérique.

116 Ainsi, nous pouvons constater que l'association des jambes disjointes/mains disjointes est la seule qui est représentée dans deux bassins culturels différents : Languedoc-Roussillon et Rouergat. Les jambes obliques et les mains disjointes ne sont figurées que dans la Péninsule Ibérique. Les autres associations citées plus haut sont représentatives uniquement du bassin culturel rouergat.

7. Les types d'omoplates VS la position des avant-bras

Sur base de ce relevé graphique, il est très rare d'observer un seul type d'omoplates et une seule posture d'avant-bras dans un bassin culturel spécifique (annexe 96). En effet, on constate que : – les omoplates arrondies sont associées à des avant-bras positionnés horizontalement (Foumendouyre, fig. 111, p. 99/cat. II, p. 121 ; Réganel I, fig. 75, p. 67/cat. II, p. 98 ; Saint- Sernin, fig. 70, pp. 61-62/cat. II, pp. 92-93 ; Saint-Léonce, fig. 67, p. 58/cat. II, p. 88 ; La Jasse du Terral I, fig. 97, p. 87/cat. II, p. 132) et en oblique (Saint-Julien, fig. 77, p. 69 ; cat. II, p. 100). Ces associations ne se trouvent que dans le Rouergat. – les omoplates, sous forme de « crochets », présentent les mêmes postures d'avant-bras que précédemment (horizontaux : Saumecourte I, f fig. 85, p. 77/cat. II, pp. 112-113 ; La Prade, fig. 80, p. 71/cat. II, pp. 103-104 et oblique : Mas d'Azaïs, fig. 71, p. 63/cat. II, pp. 94-95). Ces associations se retrouvent également que dans le Rouergat. – les omoplates, sous forme de « sacs », sont associées à des avant-bras positionnés verticalement vers le haut (Corbuci, fig. 104, p. 93 ; cat. II, p. 144), obliquement vers le haut (Pervomaevka, fig. 9, p. 12/cat. II, p. 13 et Belogrudovka, fig. 7, p. 10/cat. II, p. 11) et obliquement (Ezerovo I, fig. 106, p. 95/cat. II, p. 146 ; Ezerovo II, fig. 107, p. 95/cat. II, p. 147 et Hamangia, fig. 105, p. 94/cat. II, p. 145). Ces associations ne sont présentes que dans le groupe de la Mer Noire. – seules les omoplates rectangulaires et sous forme de « spirale » déterminent une position de bras. La forme rectangulaire est associée avec la posture des avant-bras obliques. Cette association est essentiellement représentée dans le Rouergat (Ardaliès II, fig. 89, p. 81/cat. II, p. 117 et Les Maurels, fig. 81, p. 72/cat. II, pp. 105-106). La forme en spirale est assimilée aux avant-bras horizontaux. Cette association se trouve également dans le Rouergat (Puech Réal, fig. 96, p. 86/cat. II, pp. 129-130 ; Pousthomy I, fig. 83, p. 74/cat. II, pp. 108-109 et Les Montels, fig. 74, p. 66/cat. II, p. 97).

117 Ainsi, nous pouvons observer que le Rouergat dispose non seulement différents types d'omoplates (arrondies, sous forme de « crochets », rectangulaires et en spirale), mais aussi que ces diverses omoplates peuvent être associées à une ou deux postures de bras. Il en est autrement pour le groupe de la Mer Noire, seule l'omoplate en « sac » est figurée sur les monuments, accompagnée de trois postures d'avant-bras différentes.

8. Rangs de collier VS « objets »

D'après ce tableau, les rangs de collier peuvent être associés spécifiquement à l'une des représentations de l' « objet mystérieux » (annexe 97). En effet, on observe que : – l' « objet » représenté seul est assimilé aux colliers à une seule rangée (La Bessière, fig. 115, p. 102/cat. II, p. 156 ; Pech de Naudène, fig. 98, p. 88/cat. II, p. 133), mais aussi à quatre rangs (seul exemplaire dans le catalogue iconographique : La Borie des Paulets, fig. 110, p. 98 ; cat. II, p. 151). Il est figuré uniquement dans le groupe rouergat. Concernant La Borie des Paulets, il faut prendre en compte que le monument était au départ un monument masculin, avant de devenir une statue féminine par l'ajout de ce collier. Pour l'association mentionnée ici, il faut prendre en compte sa transformation. – l' « objet-poignard » représenté seul est associé au collier à une seule rangée (La Jasse du Terral I, fig. 97, p. 87/cat. II, p. 132 ; Rieuviel, fig. 95, p. 85/cat. II, p. 128 ; Les Vidals, fig. 94, p. 84/cat. II, pp. 126-127). Il est figuré uniquement dans le groupe rouergat. – l' « objet » et l' « objet-poignard » ne sont représentés qu'avec un seul monument, portant un collier à trois rangées (Les Arribats, fig. 119, p. 106 ; cat. II, p. 159). Ils sont figurés uniquement dans le groupe rouergat. Il est important de préciser que ce monument a subi des transformations au cours du temps ; d'abord, l' « objet-poignard » a été gravé, puis le collier a été rajouté afin de dissimuler la poitrine du monument. Pour prendre en compte l'association mentionnée ici, il faut prendre en compte la transformation du monument. Ce qui expliquerait également pourquoi nous ne retrouvons qu'un seul exemplaire sur lequel sont gravés un « objet-poignard » et un « objet » associé à un collier. Ainsi, on peut constater que l'association des différents objets mystérieux et des rangs de collier sont représentés uniquement dans le bassin culturel rouergat. La seule différence est que les différents « objets » peuvent être représentés avec un nombre de rangs de collier particulier.

118 9. Pendeloques « Y » VS rangs de collier

Dans ce tableau, les colliers peuvent être aussi bien avec des pendeloques en « Y » ou « fausses pendeloques » (annexe 98). Mais on observe que : – les fausses pendeloques sont associées à des colliers à un seul rang dans le Languedoc- Roussillon (Rosseironne, fig. 139, p. 122/cat. II, pp. 177-178) et à trois rangs, dont les monuments sont issus du groupe rouergat (Les Anglars, fig. 82, p. 73/cat. II, p. 107 ; Les Montels, fig. 74, p. 66/cat. II, p. 97). Il faut préciser, toutefois, que Les Montels a subi une transformation durant son érection : au départ, il possédait la figuration d'un objet et non, celle d'une pendeloque en « Y » avec un collier. Ces derniers sont apparus grâce au fait que l' « objet » aurait subi un martelage, tout en modifiant l'anneau en sein droit ou en pendeloque « Y ». Ainsi, l'association pendeloque Y/rangs de collier a été ajouté postérieurement, alors que les autres monuments les portaient originellement. – seuls les colliers à cinq rangs sont représentés avec des pendeloques en « Y » dans le groupe rouergat (Réganel I, fig. 75, p. 67/cat. II, p. 98 ; Saint-Sernin, fig. 70, pp. 61-62/cat. II, pp. 92- 93). – la pendeloque en « Y » supposée est assimilée à un collier à trois rangs dans le groupe rouergat (Jouvayrac, fig. 69, p. 60 ; cat. II, p. 90). Elle est supposée, dans ce cas-ci, car la représentation a disparu. À partir de comparaisons sur l'emplacement de la partie manquante et d'après le bassin culturel concerné, il (qui ? Référence) a pu être déduit qu'il s'agissait d'une pendeloque en « Y ». Mais serait-ce une pendeloque en « Y » ou une fausse-pendeloque ? Il est impossible de déterminer. Ainsi, on peut constater que les trois types de pendeloques mentionnés plus haut sont essentiellement représentés dans le groupe rouergat. Seul le Languedoc-Roussillon présente une spécificité : il préfère représenter des fausses pendeloques avec un seul rang de collier.

119 10. Arc VS « objets »

En observant le tableau, nous discernons un très faible résultat sur l'association de ces deux figurations (annexe 99). L'arc à flèches est associé :

– soit à un « objet », dont les monuments proviennent du bassin culturel rouergat (Lacoste, fig. 124, p. 110 ; cat. II, p. 120).

– soit à un « objet-poignard », dont les monuments proviennent également du bassin culturel rouergat (Saumecourte I, fig. 85, p. 77/cat. II, pp. 112-113 ; Pousthomy I, fig. 83, p. 74/cat. II, pp. 108-109 ; Les Maurels, fig. 81, p. 72/cat. II, pp. 105-106).

En regardant d'un peu plus près la région rouergat, on peut constater que chaque association est spécifique à une région : l'association arc à flèches/ « objet » est représentée essentiellement dans le Tarn alors que celle arc à flèches/ « objet-poignard », dans l'Aveyron.

120 VII. Conclusion

Ce travail a permis de relever, dans un premier temps, les problèmes auxquels nous sommes confrontés face aux définitions (statues-menhirs et stèles) actuelles. Nous avons pu observer que ces définitions avaient une portée assez limitée, dès lors que l’on cherchait à les généraliser à l’ensemble des provinces concernées par les figurations humaines. En effet, nous avons pu constater, par exemple, que dans une même région ou dans des régions différentes, les statues- menhirs pouvaient présenter différentes formes. Dans le Rouerge, on retrouve des monuments sculptés sur toutes ses faces, sans présenter une silhouette anthropomorphe, alors que dans le groupe de la Mer Noire, ils présentent un anthropomorphisme marqué sur la forme du menhir. Je n'ai pas approfondi le sujet puisque le but de ce travail était tout autre. Mais il serait impératif de créer une nouvelle typologie de ces monuments.

Par la suite, j'ai pu baser ma description et mon analyse des différents éléments figuratifs sélectionnés sur des dessins réalisés par mes soins, des tableaux, des histogrammes et sur des comparaisons anthropologiques. Ces dernières représentent des choix quelque peu subjectifs et d'autres comparaisons auraient pu être faites. Mais je propose une possibilité parmi d'autres, qui me satisfaisait le plus par rapport à mes observations.

Cela m'a permis de rejoindre l'idée de F. Octobon sur les visages du groupe Rouergat ; le visage pourrait se rapprocher d'un masque, d'après sa forme géométrique. De plus, mon impression s'est renforcée par le double cercle des yeux de La Jasse du Terral (fig. 97, p. 87/cat. II, p. 132). Je n'inclus pas le Languedoc-Roussillon, comme l'auteur, dans cette hypothèse. Ce qui me fait penser que l'utilisation de « tatouages » ou de « scarifications », comme A. d'Anna l'avait fait remarqué, soit possible. Il en va même du motif en « X » sur le torse, présent en Italie et en Sardaigne ou dans le dos en Corse, si on le rapproche des découvertes faites sur le corps d'Ötzi. Une autre possibilité a été mentionnée pour ce motif : éventuellement un accessoire de perles, comme celui utilisé par les hommes des Wodaabe.

J'en conclus que pour les postures des bras et des mains, il faut les examiner ensemble afin de déterminer la signification de ces différents gestes culturels, voire régionaux, que j'avais comparé aux mudras des traditions hindoue ou bouddhiste.

121 Puis, j'ai tranché à la faveur de la représentation des bras pour la signification des stèles provençales. J’ai rejoint également l'argument d'A. d'Anna423 : certains monuments ne disposent d'aucune représentation du cou, puisqu'il n'y a pas de bourrelets.

Je confirme, suite à mes observations, qu'il existe bien une distinction de postures de jambes, comme Carthaillac (ref) l'avait mentionnée : la position assise est caractérisée par des jambes courtes, disjointes, séparées de la ceinture pour mettre en évidence l'arrondi du genoux. Par contre, la position debout est reconnaissable par des jambes longues liées à la ceinture, renforcée par l'idée d'A. d'Anna sur la grandeur des monuments qui pourraient jouer un rôle sur ces postures (il n'avait pas eu l'occasion de le démontrer). J'ai rejeté l'idée de A. Philippon sur le fait que la hauteur du torse comme indicateur de la posture assise puisque certaines de ces jambes ont subi des modifications de représentations, comme sur Les Arribats ou sont représentés plus courts que le torse à cause du manque de place, comme le démontre La Borie des Paulets.

Je propose d'interpréter les pieds en fonction de leur emplacement ; lorsqu'ils sont placés sur la face antérieure, avec la pointe dirigée vers le haut, les empreintes pourraient appartenir à l'anthropomorphe représenté dans la posture debout et lorsqu'ils sont placés sur la face postérieure ; avec la pointe dirigée vers le bas, les empreintes ne peuvent appartenir à l'individu représenté sur le menhir. Ainsi, cela affirme-t-il sa puissance au sein de la société ou mettrait-il à mort un autre homme lié à un acte religieux (l'acte en lui-même, la mort) ou lié à une situation de combat ?

J'ai proposé des comparaisons entre la figuration de deux types de chevelure que j'ai pu distinguer au sein de Rouergue et des découvertes archéologiques.

J'ai essayé de déterminer si toutes les figurations sur la face dorsale représentent bien des omoplates. J'ai proposé deux hypothèses : certains pourraient représenter un décor de vêtement typique d'un groupe culturel ou la posture des omoplates, comme celui en forme de « sac », en prenant en compte la position des bras (mains levées vers le visage).

Je me suis concentrée à démontrer que les colliers « incertains » peuvent être interprétés autrement, puisque je n'étais pas convaincue par leur détermination de « collier ». Puis, j'ai cherché à voir s'il y avait une signification symbolique sur les colliers et les pendentifs, en me basant sur les similitudes entre Gavrini's et les colliers aveyronnais, sur la mythologie nordique, après la détermination des colliers multiples en colliers métalliques et des colliers simples/doubles en perles calibrées.

423 D'ANNA, A., Les statues-menhirs et stèles anthropomorphes du midi méditerranéen, CNRS, Paris, 1977, p. 214.

122 J'ai mis en évidence la distinction entre les voiles « hypothétiques » et les « évidents », tout en cherchant une signification du port du voile pour les statues-menhirs féminines et masculines.

J'ai également distingué deux types de pendeloques, apercevant une différence flagrante, d'après mes relevés à la main : les fausses-pendeloques et les pendeloques en « Y », tout en essayant de chercher à quoi pouvait correspondre ces figurations (pendeloque en languette en bois de cerf ? l'objet en « tour Eiffel »?).

Il en est de même pour la figuration suivante avec laquelle j'ai pu distinguer l' « objet » et l' « objet-poignard », rejoignant l'idée de J.-P. Serres pour le poignard. Cependant, il est toujours difficile de pouvoir déterminer l'objet réel de ces figurations.

Dans le chapitre sur l'arc à flèche, je me suis intéressée aux différentes postures proposées sur les monuments, cachant sûrement une signification précise. J'ai établi des hypothèses, mais j'ai bien conscience qu'il sera difficile de pouvoir les vérifier.

J'ai essayé de rapprocher les poignards avec des découvertes archéologiques, provenant de différentes régions. J'ai pu, ainsi, remettre en question la représentation du poignard à la poignée en demi-lune, en me demandant si cela ne représenterait pas un poignard unitécien ou remedellien, provenant tout deux d'Italie. Il est fort difficile de trancher, à partir de l'observation de cette gravure, puisque ces deux objets présentent des similitudes avec ce dernier.

Le chapitre des confrontations de figurations a été réalisé dans le but de déterminer les associations répétitives des bassins culturels, en faisant parfois intervenir le sexe. Ce questionnement m'est apparu car aucun auteur ne le mentionnait. Ainsi, avec les quelques associations réalisées, j'ai pu constater que : – les Alpes orientales présentent fréquemment l'association des seins/tatouages, privilégiant rarement un sexe ; des moignons, non associés à la poitrine. – les Alpes occidentales présentent aussi bien des voiles évidents avec un sexe féminin, que des voiles hypothétiques avec un sexe masculin. – la Corse présente fréquemment l'association des seins/tatouages et privilégie avec un sexe spécifique (le sexe masculin) ; des omoplates rectangulaires et des pseudo-omoplates, avec des monuments masculins.

123 – le Rouergat présente fréquemment l'association des seins/tatouages, privilégiant rarement un sexe ; celle des seins/postures de jambes (disjointes et jointes), sans pouvoir privilégier un sexe spécifique ; l'association arc à flèches/ « objet » et arc à flèches/ « objet-poignard » ; les différents types de pendeloques associés à divers rangs de colliers ; l'association des différents types d' « objets »/rangs de collier ; différents types d'omoplates (arrondies, sous forme de « crochets », rectangulaires et en spirale), associées à une ou deux postures de bras ; l'association des jambes disjointes/mains disjointes ; l'association des jambes jointes/mains disjointes et des jambes jointes/mains jointes dirigées vers un objet ; l'association des jambes disjointes/mains disjointes et des jambes disjointes/mains jointes dirigées vers un objet ; diverses omoplates associées avec des seins, voire même avec aucun indicateur du sexe (les omoplates arrondies et sous la forme de « crochets ») ; les omoplates en « spirales » et rectangulaires associées à des monuments masculins. – le Languedoc-Roussillon présente fréquemment l'association des seins/tatouages pour les statues asexuées ; les voiles hypothétiques avec le sexe masculin ; les avant-bras verticaux, dirigés vers le haut, non associés à la poitrine ; l'association fausse-pendeloque/un seul rang de collier ; l'association des jambes disjointes/mains disjointes. – en Péninsule Ibérique, on privilégie l'utilisation des jambes obliques avec un sexe masculin (présence d'armes) ; des moignons, non associés à la poitrine ; l'association des jambes obliques/mains disjointes. – le groupe de la Mer Noire présente fréquemment des avant-bras verticaux, dirigés vers le haut, non associés à la poitrine ; les avant-bras obliques, dirigés vers le haut, non associés à la poitrine ; l'omoplate en « sac », accompagnée de trois postures d'avant-bras différentes ; des omoplates en « sac » sur des monuments masculins.

Comme on peut le constater, cette étude sur les statues-menhirs et stèles européennes est très loin d'être à son terme. Il a fallu faire des choix dans le cadre de ce travail restreint face à ce sujet large ; il existe de nombreuses figurations qui n'ont pas été analysées dans ce travail : la ceinture, la « crosse », l'arme sous la forme de « ciseaux », les haches, les hallebardes,... Il serait intéressant de les inclure dans une nouvelle étude, afin d'y observer de nouvelles corrélations entre les gravures. D'ailleurs, tous les monuments n'y sont pas rassemblés ; il en manque, au moins, deux cents, voire plus.

124 En effet, dernièrement, le 16 avril 2019, une nouvelle stèle a été découverte sur le site de Don Bosco à Sion, qui est en plein analyse actuellement424 ; ce qui démontre que ces sculptures n'ont pas encore eu l'occasion de livrer tous leurs secrets. Cette nouvelle découverte va peut-être nous permettre de mieux comprendre les civilisations de la Protohistoire et dans l'espoir que les prochaines en feront tout autant.

Ainsi, mon intérêt sur l'étude des associations entre les éléments représentés sur les représentations anthropomorphes mégalithiques s'est portée sur le fait qu'aucune documentation n'était fournie là-dessus. Ma curiosité éveillée, j'ai cherché à savoir s'il était possible d'observer des associations de figure typiques d'un bassin culturel et/ou d'un sexe particulier, pouvant mieux déterminer le sexe d'un monument et des caractéristiques plus précises dans un bassin cultuel.

424 CANAL 9, Surprise sur le site archéologique de Don Bosco à Sion : une stèle datant du néolithique de grandes dimensions a été découverte, le 16 avril, sur http://canal9.ch/surprise-sur-le-site-archéologique-de-don-bosco-a-sion- une-stele-datant-du-néolithique-de-grandes-dimensions-a-ete-decouverte/, consulté le 16 avril 2019.

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Conférence

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132 Annexes

Annexe 1 : statue-menhir (inconnue), Musée national, Chine. Cliché de E. Jacquemin.

Annexe 2 : fragment de la bataille navale des « Peuples de la Mer », bas-relief du temple de Medinet-Abu425.

425 ARNAL, J., Les statues-menhirs, hommes et dieux, Édition des Hespérides, Toulouse, 1976, p. 140.

133 Annexe 3 : carte de répartition des monuments de la Péninsule Ibérique (représentées par des carrés noirs, d'après les régions).

134 Annexe 4 : carte de répartition des monuments du groupe breton (représentées par des carrés noirs, d'après les régions).

135 Annexe 5 : carte de répartition des mégalithes de Saône-et-Loire426.

426 LAGROST, L. et BUVOT, P., Au carrefour de diverses influences : les menhirs ornés de Bourgogne du Sud, dans DUHAMEL, P. (dir.), La Bourgogne entre les bassins rhénan, rhodanien et parisien : carrefour ou frontière ?, Actes du XVIIIe Colloque interrégional sur le Néolithique, Dijon, 25-27 octobre 1996, Ministère de la Culture et du Comité Régional de la Recherche Archéologique de Bourgogne, Dijon, 1996, p. 415.

136 Annexe 6 : carte de répartition des stèles et des statues-menhirs du groupe rouergat, sous la forme de poches de couleurs427. La zone jaune représente le sous-groupe du Rance ; la zone rose, le sous- groupe du Dourdou ; la zone orangée, le sous-groupe de Tauriac ; la zone bleue, le sous-groupe de Lacaune et la zone verte, le sous-groupe de l'Agout.

427 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 57

137 Annexe 7 : typologie des stèles anthropomorphe de Provence, dessin de J. Granier428.

Annexe 8 : carte de répartition des monuments provençaux (représentés par des carrés, selon les régions).

428 GAGNIERE, S. et GRANIER, J., Les stèles anthropomorphes du musée Calvet d'Avignon, dans Gallia préhistoire, tome 6, 1963, p. 53

138 Annexe 9 : carte de répartition des monuments corses (représentés par des carrés, selon les régions).

139 Annexe 10 : situation géographique des trois sites avec alignements de statues-menhirs de Suisse. Dessin de J.-L. Voruz429.

Annexe 11 : carte montrant les statues-menhirs découvertes en Italie. La zone noire correspond au Trentin-Haut-Adige et le petit cercle, à une région précise, La Spézia.

429 VORUZ, J.-L., FAVRE, Fr. (collab.) et al., Hommes et Dieux du Néolithique. Les statues-menhirs d'Yverdon, dans Annuaire de la Société suisse de la Préhistoire et d'Archéologie, 1992, vol. 75, p. 39.

140 Annexe 12 : carte de localisation des monuments découverts dans la zone de la mer Noire (représentés par des carré rouges et blancs, selon les régions).

Annexe 13 : carte de localisation des monuments découverts dans la zone de la mer Noire (représentés par des carré rouges et blancs, selon les régions).

141 Annexe 14 : relevé des différents types de visage : Pfützthal, Sassina di Prun, Spiazzo di Cerna, Belogrudovka, Tiritaka II, Crato, Quinta do Couquinho, Boulhosa, Moncorve, Asquerosa, Razet 24, Cavaillon, Saint-Sernin, Serre Grand, Les Maurels, Durenque, Crouxigues, La Jasse du Terral I, Bouisset I, Les Cazarils, Collorgues II, Rosseironne, La Candélaire, Isle-sur-Sorgue, Ermida, Chaves, Filitosa V, Minucciano III, Longroiva, Stèle I de Sion et Arco IV.

142 Annexe 15 : relevé des différentes postures des avant-bras et leur mise en forme : Kerméné, Kazanki, Belogrudovka, La Prade, Pontevecchio VI, Tiritaka I, Orgon III, Stèle II de Sion, Crais, Les Vidals, Hamangia, Ezerovo I, Granisse, Les Cazarils, Collorgues II, La Candélaire, Fontcouverte, Aven Meunier I, Stèle XX de Sion, Pervomaevka.

143 Annexe 16 : histogramme sur la figuration des différentes postures des avant-bras, d’après les pays.

Annexe 17 : déesse debout, en terre cuite, Kosovo430.

430 DURAND, F., Communiqué de presse Dieux des Balkans. Figurines néolithiques du Kosovo du 22 mars au 22 juin 2015, Musée d'Archéologie nationale, Saint-Germain-en-Laye, 2014, p. 12.

144 Annexe 18 : histogramme sur la figuration des différentes postures des mains, d’après les pays.

Annexe 19 : histogramme sur la posture des avant-bras en fonction de celle des mains.

145 Annexe 20 : tableau sur la figuration de la posture des jambes, en fonction des pays.

Annexe 21 : tableau sur la figuration des formes des pieds, représentés dans les pays.

Annexe 22 : histogramme sur les deux types de chevelure dans la région d'Aveyron.

146 Annexe 23 : tableau sur l'identification du sexe par la corrélation entre la chevelure et la poitrine.

Annexe 24 : les différents types de chevrons et leur organisation431.

431 D'ANNA, A. et al., Catalogue de l'exposition Stèles anthropomorphes néolithiques de Provence, Éditions Edisud, Avignon, 2004, p. 15.

147 Annexe 25 : relevé sur les différents types d'omoplates (ici, un seul par type) selon les régions géographiques : Belogrudovka, Hamangia, Filitosa VI, Saint-Léonce, Saint-Sernin, Réganel I, Saint-Julien, La Prade, Saint-Maurice d'Orient, La Jasse du Terral I, Jouvayrac, Les Maurels, Filitosa V, Mas d'Azaïs, La Raffine, Saumecourte I, Saint-Crépin, Les Montels, Pousthomy I, Puech Réal.

Annexe 26 : tableau sur la figuration des différents types d'omoplates, d'après les régions européennes

148 Annexe 27 : relevé sur les différents types de collier, d'après la forme, le nombre de rangs, avec ou sans pendeloques ou perles : La demoiselle du Câtel, Kerméné, Pfützthal, Boulhosa, Rzaet 24, Collorgues I, La Prade, Pontevecchio VII, Hamangia, Ezerovo I, Ezerovo II, Termeno.

Annexe 28 : tableau sur le nombre de rangs de colliers figurés par types de monuments.

149 Annexe 29 : histogramme sur le nombre de colliers, d'après les régions de France.

Annexe 30 : histogramme sur le nombre de rangs de collier, selon différents pays.

150 Annexe 31 : histogramme sur les différents types d'interprétation des lignes incurvées, en fonction des pays.

Annexe 32 : détail du bas-relief de Medinet-Abu. Lors d'un combat naval, deux Shardanes s'opposent à la flotte égyptienne432.

432 GROSJEAN, R., Découverte d'un alignement de statues-menhirs à Cauria (commune de Sartène-Corse), dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 108ᵉ année, n° 2, 1964, p. 339.

151 Annexe 33 : tableau sur l'apparition des types de voiles, en fonction de la période historique, selon les auteurs.

Annexe 34 : le lien entre les coiffes et les voiles.

Annexe 35 : relevé sur deux types de « pendeloque Y » identifiés : Saint-Sernin, Les Montels, Mas Capelier, Réganel I, Les Anglars, Rosseironne.

152 Annexe 36 : tableau sur les types de « pendeloque », d'après le sexe des monuments.

Annexe 37 : relevé de l'objet sur La Prade, Les Maurels, Pech de Naudène, Borie des Blavy, Pousthomy I, Saumecourte I, Cénomes, Combeynart, Posuthomy II, Saumecourte II, La Borie des Paulets, Cambous, Durenque, Ardaliès I, Foumendouyre, Lacoste, Ardaliès II, Crouxigues, La Bessière, Mas de la Tour, Rieuviel, Les Vidales, Triby, Le Colombier, Puech Réal, La Jasse du Terral I, Les Arribats, Combas.

153 Annexe 38 : histogramme sur la présence de la figuration de l'« objet », d'après les régions de France.

Annexe 39 : tableau sur les figurations d'arc, selon certaines régions de la France, du Portugal et de la Suisse.

Annexe 40 : tableau sur la figuration de l'arc à flèche, en fonction du sexe des monuments.

154 Annexe 41 : Phase I du Petit-Chasseur, dolmen M VI, Musée d'histoire du Valais, Sion. Pointe de flèche, plaquette perforée en dent de suidé et pierre rainurée433.

Annexe 42 : phase II du Petit-Chasseur, dolmen M XII, Musée d'histoire du Valais, Sion. Armatures de flèche en silex et en roches tenaces du Néolithique final434.

433 GALLAY, A., Autour du Petit-Chasseur : L'archéologie aux sources du Rhône (1941-2011), Éditons Errances, France, 2011, p. 167. 434 Idem, p. 166.

155 Annexe 43 : phase I du Petit-Chasseur, Musée d'histoire du Valais, Sion. Poteries campaniformes, armatures de flèche, polissoires en pierre et différentes pendeloques435.

435 GALLAY, A., Autour du Petit-Chasseur : L'archéologie aux sources du Rhône (1941-2011), Éditons Errances, France, 2011, p. 53.

156 Annexe 44 : relevé sur les différents types de poignards gravés : Stèle II de Sion, Pontevecchio VI, Filitosa V, fragment V de Filitosa, Termeno, Minucciano II, stèle XVIII de Sion, fragment des Pouilles, Faioes, Chaves, Filitosa XIII, Minucciano I, Minucciano III, Longroiva, Lagundo B, Lagundo C, Lagundo D, Velturno, Arco I, Arco II, Santa Verena, Tötschling, Brentonico.

157 Annexe 45 : histogramme sur la présence de la figuration des poignards, en fonction des pays.

Annexe 46 : Therraza (Sahara occidental) – Récolte Colonel Quenars, Commandant Murat, Lieutenant de The, 1947, grandeur naturelle (Relevés de Paul Fitte)436.

436 FITTE, P., La vallée de l'Oued Guir (Confins Algéro-Marocains). Une culture primitive inconnue, dans Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 44, n°7-8, 1947, p. 221.

158 Annexe 47 : relevés de l'objet en « T » à deux et à trois encoches ; représentation stylisée du haut de la face (sourcils et nez) de la déesse néolithique des Morts437.

Annexe 48 : relevés des statues-menhirs et stèles de G. Duville438.

Annexe 49 : masque de pierre de Jérusalem, vieux d'environ 9000 ans 439.

437 FITTE, P., La vallée de l'Oued Guir (Confins Algéro-Marocains). Une culture primitive inconnue, dans Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 44, n°7-8, 1947,, p. 111. 438 DURVILLE, G., L'objet préhistorique dit énigmatique, en T est la représentation stylisée de la partie haute du visage de la Déesse néolithique des morts, dans Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 45, n°3-4, 1948, p. 111. 439 SCIENCES ET AVENIR, Ce masque de pierre a plus de 9000 ans, 28 novembre 2018, disponible sur https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/ce-rare-masque-de-pierre-a-plus-de-9-000-ans_129797, consulté le 30 avril 2019.

159 Annexe 50 : ancien masque africain Tchokwe du Congo-Zaire440.

Annexe 51 : tableau sur la représentation de tatouages/scarifications, en fonction des différents sexes.

Annexe 52 : tenue de cérémonies des Woodabes441.

440Arts ethniques, s.d., disponible sur https://www.arts-ethniques.com/ancien-masque-africain-tchokwe-congo-zaire- 10764-xml-242_257-4455.html, consulté le 30 avril 2019. 441 OTMANI, B., WODAABE DANSE AVEC LE CIEL // TINDER DES NOMADES, mars 2018, disponible sur http://mauvaismagazine.com/2018/wodaabe-danse-ciel-tinder-nomades/, consulté le 30 avril 2019.

160 Annexe 53 : relevé sur les différentes postures des jambes et leur mise en forme : Sassina di Prun, Boutaran, Nougras, Saint-Léonce, Jouvayrac, Saint-Sernin, Mas d'Azaïs, Mas Capelier I, Mas Capelier II, Les Montels, Saint-Julien, Serre Grand, Les Maurels, Pousthomy I, Pousthomy II, Saumecourte I, Saumecourte II, Ardaliès I, Ardaliès III, Crouxigues, Les Vidals, Rieuviel, Puech Réal, La Jasse du Terral I, Pech de Naudène, La Borie des Paulets, Escroux, Le Plos, La Bessière, Triby et Granisse.

161 Annexe 53 bis : relevé sur les différentes postures des jambes et leur mise en forme : Les Arribats, Lacaune, Borie des Blavy, Lacoste, Frescaty et Cambaissy.

162 Annexe 54 : histogramme sur les positions des jambes, d’après la taille des monuments.

Annexe 55 : statuettes humaines en position debout de Gilgal442.

442 AURENCHE, O. et KAROL KOZLOWSKI, S., La naissance du Néolithique au Proche-Orient, Éditions Errance, Paris, 1999, les planches 6-2.

163 Dessin443. Photographie444.

Annexe 56 : statue féminine de la tombe 386 de Cuccuru s'Arriu (Cabras, Sardaigne).

Annexe 57 : détail de la chevelure de la « Dame Touy », XVIIIe dynastie, Musée du Louvre445.

443 GUILAINE, J. et LEANDRI, F., Menhirs et stèles de Corse. Une hypothèse chronologique, s.d., disponible sur https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0003552116300140, consulté le 21/10/2018. 444 LILLIU, G., Arte e religione della Sardegna prenuragica. Idoletti, ceramiche, ogetti d'ornamento, Delfino Carlo Editore, s.l., 1999, p. 19. 445 SCRIBE ACCROUPI, Dame Touy, supérieure du harem du dieu de la Fertilité, 21 août 2017, disponible sur http://scribeaccroupi.fr/antiquites-egyptiennes-louvre-dame-touy/, consulté le 19 novembre 2018.

164 Annexe 58 : plaquette ibérique de schiste, Néolithique final, couvent des Carmes, Lisbonne. Provenant du château de Vide, Montemor-o-Novo et Evora. Cliché personnel.

Annexe 59 : plaquette d'Alentejo, Portugal446.

446 CELTIBERIA.NET, Idolo placa 4, s.d., disponible sur http://www.celtiberia.net/es/multimedia/?id=3745, consulté le 19/11/2018.

165 Annexe 60 : plaquette de la grotte de Galinha, Néolithique final, couvent des Carmes, Lisbonne. Provenant du château de Vide, Montemor-o-Novo et Evora. Cliché personnel.

Annexe 61 : idole en marbre, Musée de Madrid447.

447 OCTOBON, F., Enquête sur les figurations néo- et énéolithiques : statues-menhirs, stèles gravées, dalles sculptées, dans Revue anthropologie, tome 41, 1931, p. 516.

166 Annexe 62 : histogramme sur la présence de représentations de vêtement, en fonction des pays.

Annexe 63 : restitution du costume d'Ötzi, l'homme du Similaun. Dessin Welponer/STMA448.

448 CONSTANTINI, G., La vie quotidienne au temps des statues-menhirs, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues- menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 119.

167 Annexe 64 : pilier n°9 décoré entièrement d' « écussons ». Le trait rouge représente l'analogie établie avec l'élément manquant de la statue-menhir de Kerméné449.

Annexe 65 : cliché et dessins de la face ornée du bloc trouvé sur le cairn de Gavrinis450.

449 LE ROUX, Ch.-T., Gavrinis et les mégalithes du golfe du Morbihan, Éditions, Jean-Paul Gisserot, France, 2006, p. 15. 450 LE ROUX, Ch.-T, Nouvelles gravures à Gavrinis, Larmor-Baden (Morbihan), dans Bulletin de la Société préhistorique française, tome 79, n°3, 1982, pp. 90-91.

168 Annexe 66 : pilier n°25, avec, en haut, une crosse (éventuellement antérieure au reste du décor) et, au centre, deux écussons quadrangulaires451.

Annexe 67 : cliché de Laniscar, Le Trévoux, statue-menhir en granite452.

451 LE ROUX, Ch.-T., Gavrinis et les mégalithes du golfe du Morbihan, Éditions, Jean-Paul Gisserot, France, 2006, p. 14. 452GIOT, P.-R., Bretagne dans Gallia préhistoire, tome 16, fascicule 2, 1973, p. 421.

169 Annexe 68 : statue-menhir de Caven453.

Annexe 69 : collier des statues-menhirs et documents archéologiques comparables, d'après Soutou.454 1 : collier et épée de Lloseta (Majorque), 2 : collier et épée de Son Foradat (Majorque), 3 : statue-menhir de Mas d'Azaïs I, Montlaur (Aveyron), 4 : statue-menhir de Saint-Sernin-sur- Rance (Aveyron).

453ANATI, E., La civilisation du Val Camonica, Arthaud, France, 1960, pl. 34, pp 259-253. 454 SOUTOU, A., La ceinture des statues-menhirs du haut-Languedoc : essai de datation, dans Bulletin de la Société préhistorique française, tome 56, 1959, p. 721.

170 Annexe 70 : collier à torques de l'art camunien, période III. Paspardo (1) ; Borno (2) ; Caven (3)455.

Annexe 71 : tableau sur le nombre de rangs de collier en fonction de la datation donnée par les auteurs pour les statues-menhirs et stèles.

Annexe 72 : gravure rupestre de Tamgaly456.

455 ANATI, E., La civilisation du Val Camonica, Arthaud, France, 1960, p. 168.

171 Annexe 73 : deux personnages ensoleillés. Scène de danse ou de combat mystique457.

Annexe 74 : tableau sur la figuration du voile, en fonction du sexe des monuments, d'après les auteurs.

Annexe 75 : pendeloque en bois de cerf. Photo J.-P. Serres458.

456 RZHEVSKY, S., Tamgaly Gorge – unique concentration of rock carvings, 4 mai 2013, disponible sur http://aboutkazakhstan.com/blog/art/tamgaly-gorge-unique-concentration-of-rock-carvings, consulté le 27 juin 2018. 457ANATI, E., La civilisation du Val Camonica, Arthaud, France, 1960, pl. 34, pp 259-253.

172 Annexe 76 : pendeloque en « Y » (Le Réganel I, Coupiac, Aveyron). Photo Balsan/SLSAA459.

Annexe 77 : objet en « tour Eiffel »460.

458 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 85. 459 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 84. 460 Les statues-menhirs sur Arte, 6 juin 2014, disponible sur http://lasenteurdel- esprit.hautetfort.com/archive/2014/09/06/les-statues-me-5441539.html, consulté le 22 novembre 2018.

173 Annexe 78 : lunette, fourche à tricoter en bois461.

Annexe 79 : pendeloques-poignards en jayet des dolmens de Séveyrac (Bozouls) et La Vézénie (Salle-la-Source). Cliché de Méravilles-photo462.

461 MÔMES EC-OMPAGNIE, Lunette, fourche à tricoter en bois, s.d., disponible sur https://momes- ecompagnie.com/tissage-tricot/749-lucette-fourche-a-tricoter-en-bois-gluckskafer.html, consulté le 22 novembre 2018. 462 CONSTANTINI, G., La vie quotidienne au temps des statues-menhirs, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues- menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008, p. 120.

174 Annexe 80 : essai de reconstitution de l' « objet » par J.-P. Serres. Représentant un fourreau contenant le poignard463.

Annexe 81 : poignards en silex, provenant d'Aveyron, sur le site de Saint-Jean-d'Alcas. Cliché fait par Méravilles-photo464.

463 SERRES, J.-P., Les statues-menhirs du groupe rouergat, dans PHILIPPON, A. (dir.) et al., Statues-menhirs. Des énigmes de pierre venues du fond des âges, Éditions du Rouergue, Rodez, 2008 , p. 71. 464Idem p. 132.

175 Annexe 82 : histogramme sur l' « objet » déterminant un sexe.

176 Annexe 83 : relevé sur les arcs à flèches de Les Montels, Les Maurels, Pousthomy I, Stèle XX de Sion, Longroiva, Saumecourte I, Stèle XXV de Sion, Stèle XVIII de Sion et Lacoste.

177 Annexe 84 : poignard Remedello d'Orgon, découvert en Provence465.

Annexe 85 : poignard unitécien, découvert en Italie466.

465 COURTIN, J. et SAUZADE, G., Un poignard de type Remedello en Provence, dans Bulletin de la Société préhistorique française. Comptes rendus des séances mensuelles, tome 72, n°6, 1975, pp. 185. 466BRIARD, J., L'âge du Bronze en Europe barbare : des mégalithes aux Celtes, Éditions Errance, Paris, 1976, p. 109.

178 Annexe 86 : poignard en bronze de Lago di Ledro, de la culture Polada, provenant du Trentin467.

Annexe 87 : prototypes en pierre des poignards métalliques de l'Europe du Nord 468.

467 MOHEN, J.-P. Et ELUERE, CH., L'Europe à l'âge du bronze. Le temps des héros, Gallimard, Paris, 1999, p. 65.

179 Annexe 88 : poignard de Pancheraccia, Musée départemental d'Archéologie Jérôme-Carcopino, Aleria469.

Annexe 89 : poignard-couteau en silex et son fourreau végétal de l'homme du Similaun470.

468 LOUBOUTIN, C., Au néolithique. Les premiers paysans du monde, Gallimard, France, 2006 (premier dépôt en 1990), pp. 64, 127. 469 CESARI, J. et al., Corse des origines. La préhistoire d'une île (guide archéologique de la France), Éditions du patrimoine, Paris, 2016, p. 96. 470 MOHEN, J.-P. et ELUERE, CH., L'Europe à l'âge du bronze. Le temps des héros, Gallimard, Paris, 1999, p. 37.

180 Annexe 90 : tableau sur la corrélation entre la figuration de la poitrine et celle des tatouages, d'après les bassins culturels.

Annexe 91 : tableau sur la corrélation entre la figuration de la poitrine et celle des différents voiles, d'après les bassins culturels.

Annexe 92 : tableau sur la corrélation entre la figuration de la poitrine et celle de la posture des jambes, d'après les bassins culturels.

181 Annexe 93 : histogramme sur la corrélation entre la figuration de la posture des avant-bras et celle de la poitrine, d'après les bassins culturels.

Annexe 94 : histogramme sur la corrélation entre la figuration de la poitrine et celle des différentes omoplates, d'après les bassins culturels.

182 Annexe 95 : tableau sur la corrélation entre la figuration des différentes positions des mains et celle des diverses positions des jambes, d'après les bassins culturels.

Annexe 96 : histogramme sur la corrélation entre la figuration des différentes omoplates et celle des diverses positions des avant-bras, d'après les bassins culturels.

183 Annexe 97 : tableau sur la corrélation entre la figuration de l' « objet » et celle des rangs de collier, d'après les bassins culturels.

Annexe 98 : tableau sur la corrélation entre la figuration de la pendeloque en « Y » et celle des rangs de collier, d'après les bassins culturels.

Annexe 99 : tableau sur la corrélation entre la figuration de l'arc à flèches et celle de l' « objet », d'après les bassins culturels.

184 Sommaire

I. Introduction...... 3 II. Notions...... 5 1. Définitions...... 5 2. Façonnage...... 14 2.1 La mise en forme en Provence...... 15 2.2 Les outils...... 16 3. La découverte des monuments...... 17 III. Situation géographique et contextes culturels...... 23 IV. Chronologie...... 32 V. Description...... 43 A. Anatomie...... 43 a. Face antérieure...... 43 1. Caractéristiques des visages...... 43 2. Les membres...... 47 2.1 Les caractéristiques des membres supérieurs...... 47 2.1.1 Postures des avant-bras...... 48 2.1.2 Postures des mains représentées dans les pays...... 49 2.1.3 Le lien entre les postures des membres supérieurs...... 50 2.2 Caractéristiques des membres inférieurs...... 51 2.3 Les caractéristiques des pieds...... 53 b. Face dorsale...... 53 1. Chevelure...... 53 1.1 Coiffure française...... 53 1.2 Chevrons de Provence...... 54 2. Les omoplates...... 55 B. Accessoires...... 58 1. Distinction entre le collier et le voile...... 58 1.1 Caractéristiques des colliers...... 58 1.1.1 Les colliers représentés dans les pays...... 60 1.2 L'existence des voiles...... 61 2. Caractéristiques des pendeloques « Y »...... 63 2.1 Indicateurs d'un sexe...... 63 C. Attributs...... 65 1. Caractéristiques des objets...... 65 1.1 Les objets représentés dans les pays...... 66 2. Caractéristiques de l'arc à flèches...... 67 2.1 Indicateur d'un sexe...... 67 2.2 Découvertes archéologiques...... 69 3. Caractéristiques des poignards...... 69 VI. Analyse...... 71 a. Étude interprétative des figurations des monuments...... 71 A. Anatomie...... 71 1. Visage...... 71 1.1 D'où vient la figuration du « T » facial ?...... 71 1.2 La représentation de vrais tatouages ?...... 72 1.3 Que représente le motif en « X » ?...... 74

185 2. Les membres...... 75 2.1 Les stèles provençales ont-elles des bras ou est-ce la délimitation du corps ?...... 75 2.2 La posture des jambes en France et son identification...... 76 2.3 Un sexe féminin comme rainure ?...... 78 2.4 La signification de la posture des « semelles »...... 78 3. Chevelure...... 80 3.1 A quoi pourrait correspondre les deux types de chevelure?...... 80 3.2 Les chevrons de Provence seraient-ils une forme de figuration de la chevelure ?...... 81 4. Les omoplates représentées sur les vêtements...... 84 4.1 Les indicateurs de vêtement...... 84 4.2 La ceinture jouerait-elle un rôle important dans la présence des vêtements ?...... 88 4.3 Hypothèses sur les omoplates...... 88 4.4 Indice de datation absolue pour les vêtements...... 89 B. Accessoires...... 90 1. Les colliers...... 90 1.1 Les colliers incertains...... 90 1.2 A quels types de colliers correspondrait la figuration ?...... 93 1.3 Quelle signification pour les colliers ?...... 96 1.4 Quelle signification pour les pendentifs et les perles ?...... 97 2. Les voiles...... 97 2.1 Quelle la signification pour les voiles ?...... 97 3. Les pendeloques « Y »...... 98 3.1 Est-il possible d'identifier les objets réels de ces représentations ?...... 98 C. Attributs...... 99 1. L' « objet »...... 99 1.1 Instrument de feu...... 99 1.2 Système de fermeture du baudrier...... 100 1.3 Bâton percé ou pendeloque en jayet ?...... 101 1.4 Poignard...... 102 1.5 Indicateurs de sexe...... 103 2. L'arc à flèches...... 104 2.1 Quelle est la signification des différentes postures de l'arc à flèches ?...... 104 3. Les poignards...... 105 3. 1 A quoi peuvent correspondre ces poignards gravés ?...... 105 b. Étude sur la confrontation répétitive d'ensembles figuratifs...... 110 1. Les seins VS les tatouages...... 110 2. Les seins VS les voiles...... 111 3. Les seins VS la posture des jambes...... 112 4. Les seins VS la posture des avant-bras...... 113 5. Les seins VS les types d’omoplates...... 114 6. Position des mains VS position des jambes...... 116 7. Les types d'omoplates VS la position des avant-bras...... 117 8. Rangs de collier VS « objets »...... 118 9. Pendeloques « Y » VS rangs de collier...... 119 10. Arc VS « objets »...... 120 VII. Conclusion...... 121 Bibliographie...... 126 Conférence...... 131 Webographie...... 131 Annexes...... 133

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