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100 ans de monuments historiques en Pays de la Loire UNE FOULE D’OBJETS Sommaire

04 La patrimonialisation des objets d’art en France de la Révolution à la loi de 1913 par Louis BERGÈS, Directeur régional des affaires culturelles des Pays de la Loire Le Tigre terrassant l’aigle, 12 PROTÉGER bronze de Gardet, p 38 Redécouvrir par la restauration 1913-2013 : Bilan et perspectives 72 ANGERS - Les ornements de la protection des objets liturgiques de Mongazon, une œuvre exceptionnelle... mobiliers en Pays de la Loire vers 1750 74 RUFFIGNÉ - Cloche de l’église 18 SAINT-JEAN-DES-ÉCHELLES e Saint-Pierre, 1771 Panneaux peints du XVI siècle 76 SAINT-MARS-LA-JAILLE 22 NANTES - Christ espagnol La fuite en Égypte de Laurent de la cathédrale Blanchard, vers 1819 24 YVRÉ-L’ÉVÊQUE - Cadran solaire 78 FONTENAY-LE-COMTE e de La Groirie, XVII siècle Les Muses de Terre-Neuve, 26 DUNEAU - Cinq retables de Joseph e e début du XIX siècle Lebrun, XVIII siècle 82 LA CHÂTAIGNERAIE - Le Baiser 28 CHEFFOIS - Les derniers vestiges de Judas de Félix Lionnet, 1854 de la collection Fillon 32 SAINT-LAURENT-SUR-SÈVRE 84 METTRE EN VALEUR Dessins préparatoires aux vitraux, De la conservation 1868-1870 préventive à la sécurisation : 3 34 LAVAL - Les deux bateaux-lavoirs quelques projets de mise 36 NANTES - Le « Lechalas », en valeur bateau centenaire 38 MOUILLERON-EN-PAREDS 90 SAINT-JULIEN-DE-VOUVANTES Le Tigre de Georges Clemenceau Fragments du dépôt lapidaire 42 PIRIAC-SUR-MER 92 BÉHUARD - La redécouverte La Marianne de Paul Belmondo, de la Vierge de Béhuard vers 1950 94 ANGERS - Présentation des sculptures de la collégiale 44 RESTAURER Saint-Martin La politique de restauration 98 ANGERS - Conservation et du patrimoine mobilier présentation de la Tenture de en Pays de la Loire l’Apocalypse 102 ÉVRON - Le reliquaire 50 FONTEVRAUD-L’ABBAYE e du Lait de la Vierge Le Jugement dernier, XII siècle 104 VENDÉE - Trésors d’églises 54 ANGERS - Vitrail de la cathédrale 108 LE BERNARD - L’église 56 SAUMUR - Tapisserie Saint-Martin et son mobilier La Chasse au faucon 58 LE CROISIC - Statue de Saint 110 e Glossaire Jacques, fin du XVI siècle 113 Bibliographie 60 LE MANS - La Vierge à l’Enfant 115 e Loi de 1913 relative aux de Charles Hoyau, XVII siècle monuments historiques : 62 TURQUANT - Reliefs en bois les objets mobiliers sculpté, XVIIe siècle 64 LUÇON - La Descente de Croix de Lubin Baugin, vers 1650 68 LA FLÈCHE - L’ Annonciation de Jean Jouvenet, 1687 Vue de La Sainte Famille pendant la fuite en Égypte avant et après restauration, p 76 Vue du vitrail de l’église Saint-Serge d’Angers

LA PATRIMONIALISATION DES OBJETS D’ART en France de la Révolution à la loi de 1913 : de la collection au monument historique, naissance d’une mission d’État

les sculptures funéraires ; d’autres PAR LOUIS BERGÈS, garderont leur caractère utilitaire DIRECTEUR RÉGIONAL (calice ou patène des collections DES AFFAIRES CULTURELLES liturgiques) ou de luxe (pot de DES PAYS DE LA LOIRE pharmacie en porcelaine des col- AUX ORIGINES lections hospitalières) sans bascu- RÉVOLUTIONNAIRES : Lorsqu’un concept aussi courant ler dans le patrimoine artistique SOUSTRAIRE L’ART À aujourd’hui que celui d’objet en raison de leur sérialité ou de LA PUISSANCE DU ROI 4 d’art apparaît dans le paysage leur manque de monumentalité. ET DE L’ÉGLISE juridique français de la IIIe Répu- blique naissante, nul n’a pensé à Un siècle plus tard, les objets Le transfert à la Nation des biens saluer l’émergence d’une nouvelle mobiliers font partie, à côté des du clergé, en 1790, à la suite de catégorie de représentation artis- édifices civils et religieux, d’une la Constitution civile, est à l’ori- tique et culturelle, tant le proces- classification nouvelle, celle des gine des premières réflexions sus vient des origines même de la monuments historiques. Cette publiques autour de la conserva- République, tant ce mouvement, progressive évolution vers ce que tion des biens artistiques patri- lent et imperceptible, est direc- l’on peut qualifier de « patrimo- moniaux. Que faire de milliers tement lié au développement du nialisation », est le résultat de la d’œuvres conservées dans les patrimoine monumental. volonté de l’État d’affirmer, aux églises et monastères après leur dépens de l’Église, son autorité transfert au domaine public ? En 1789, le terme de monument sur les trésors artistiques hérités Cette réflexion s’est également existe déjà au sens d’œuvre majes- des siècles passés. accompagnée d’un impératif tueuse, exceptionnelle, durable : politique, celui de fonder un nou- aucune distinction n’est encore veau régime sur les décombres faite entre l’édifice et l’objet. Le de l’ancien. C’est le décret du 20 monument tel qu’il est perçu au juin 1790, fixant le principe de ne début de la Révolution véhicule « laisser subsister aucun monu- plusieurs valeurs souvent contra- ment qui rappelle les idées d’es- dictoires : beauté, ancienneté, au- clavage », qui lance le grand mou- thenticité, rareté, significativité. vement de destruction de tous L’ objet mobilier n’appartient pas les symboles de l’Ancien Régime, à cette représentation : certains véritable point de départ d’une d’entre eux peuvent se transfor- tempête iconoclaste qu’aucun mer en œuvres d’art, tels les ta- texte de loi ne pourra plus arrêter bleaux ou les retables des églises, jusqu’à la fin de la Révolution. © P. Giraud - Région Pays de la Loire Inventaire général © P. Dernière question posée par le plus vaste changement de pro- À chaque coup de boutoir contre priété de biens meubles sur le ter- les chefs-d’œuvre du passé censés ritoire français depuis la Réforme : porter des symboles monarchiques, le sort des objets d’art après LE TEMPS DU MONUMENT une réelle prise de conscience inventaire et identification. La HISTORIQUE : patrimoniale se manifeste : après destination des objets identifiés RETROUVER LES RICHESSES chaque installation d’une assem- et collectés va donner lieu à une D’UN ART NATIONAL blée nouvelle se met en place une réflexion centrée sur la création commission des monuments, de- de dépôts ou musées pour les Aux lendemains de la Révolu- venue, le 31 mai 1792, Commission chefs-d’œuvre les plus précieux tion, l’état général du patrimoine des Monuments et des Arts (sous et l’idée d’un maintien provisoire monumental et mobilier français l’Assemblée législative), puis Com- in situ pour les autres. À partir de est désastreux. Si l’on excepte les mission temporaire des arts (sous 1791, elle aboutira à l’installation pièces des dépôts des musées en la Convention) leer 1 septembre par Alexandre Lenoir du musée formation, toutes arrachées à leur suivant. Outre un important travail des Monuments français à . environnement, la plupart des d’inventaire, cette institution objets d’art identifiés comme tels mène un combat de tous les ins- À la fin de la Révolution, le pou- meublent partout des édifices dé- tants pour freiner le mouvement voir politique a pris définitivement gradés. C’est dans ce contexte que de « vandalisme », selon l’expres- acte de la nécessité de conserver le Concordat entre l’Église et l’État sion de l’abbé Grégoire, qui frappe dans un espace neutre les objets de 1801 remet l’ensemble des © P. Giraud - Région Pays de la Loire Inventaire général © P. Vue ancienne du relief Massacre des innocents à l’église Saint-Pierre de Solesmes l’ensemble du patrimoine artis- et chefs-d’œuvre de l’art français églises et leur mobilier à la dis- tique et historique français. en les dépouillant de leur signifi- position du clergé sans possibilité cation religieuse, monarchique ou pour ce dernier d’intervenir sur le féodale. sort des œuvres d’art récupérées. 6 Cette contradiction fondamentale 7 de la Révolution face aux trésors artistiques de l’Ancien Régime est Vue de la Vierge à l’Enfant de Germain Pilon dans l’église Notre-Dame de la Couture au Mans bien à l’origine des nombreuses Mais lorsqu’a été votée, par initiatives populaires visant à l’Assemblée, la nouvelle législa- détruire ou faire disparaître Le risque de disparition générale tion sur la destruction des signes objets, manuscrits, édifices du des chefs-d’œuvre de l’art fran- de féodalité, un orateur a prévenu : Moyen Âge, de la Renaissance çais n’échappe pourtant pas aux « Respectons les monuments des et de l’Époque Classique, rappe- Constituants comme Talleyrand arts mais abattons ceux du des- lant la puissance de l’Église et de lui-même, l’instigateur du transfert potisme... Que la statue subsiste la royauté. Car si la volonté du des biens ecclésiastiques : le 13 mais que les esclaves qui portent législateur est de conserver une octobre 1790, il proclame que des chaînes à ses pieds soient œuvre d’art, il souhaite dans le « les chefs-d’œuvre des arts sont enlevés! 2». L’art qui fait étalage même temps détruire la signifi- de grands moyens d’instruction de la souveraineté royale et de cation qu’elle exhibe. Dès lors, dont le talent enrichit sans cesse la puissance de l’Église ne peut seuls échapperont aux destruc- les générations suivantes...1». que heurter les principes de la tions et seront même restaurés de L’utilité de la conservation des nouvelle souveraineté populaire. façon désordonnée les vestiges de bâtiments et des objets d’art est Mais, dans le même temps, il l’Antiquité gréco-romaine auxquels ainsi officiellement posée. s’agit aussi de réorganiser les an- la Révolution entendait désormais ciens trésors royaux et ecclésias- se référer. tiques en vue d’instruire le peuple et de briser le monopole du savoir des privilégiés. Comment articuler alors cet objectif issu de l’idéo- logie des Lumières avec celui de faire disparaître toutes les repré- sentations du despotisme ? © J. Guttierez de cette époque. Dénoncées par C’est au nom d’un droit régalien et confié à Paul-Frantz Marcou10. Victor Hugo à travers les agisse- de surveillance de l’usage paisible C’est autour de lui que se crée ments de la fameuse « Bande des biens que l’État réussit à in- progressivement la cellule spécia- noire5 », ces déprédations ont troduire son intervention directe lisée chargée de mettre en œuvre À partir de 1815, le nouveau pou- pesé sur une opinion publique Compte tenu du flou qui existe sur sur les objets d’art mobiliers le pouvoir régalien de l’État. voir politique issu de la Restau- naissante et conduit un groupe sa définition, aucun objet mobilier comme patrimoine national. La ration monarchique fixe comme d’intellectuels libéraux du parti ne figure en tant que tel dans les résistance des élus, maires de Vers la fin du siècle, l’objet du principe le retour de l’ensemble orléaniste (Thiers, Cousin, Mignet, premières listes de monuments communes, explique la durée du culte catholique se place au cœur des collections d’objets et chefs- Duchatel, Thierry, Quinet) autour historiques de 1840 et de 1862 cheminement législatif du projet des problématiques patrimoniales d’œuvre transférés au domaine de Guizot à concevoir une véri- pour la simple raison qu’aucun de loi : présenté officiellement de la IIIe République : en pleine national pendant la Révolution à table politique publique de pré- n’a donné encore matière à un in- à la Chambre en 1882, il ne sera discussion du projet de loi de sup- ses « légitimes » propriétaires. Il servation des « monuments histo- ventaire spécifique6. Dalles funé- examiné et voté qu’en 1885 puis pression du Concordat, collection- s’agit d’une démarche nouvelle de riques » de la Nation. raires, bas-reliefs comme celui du transféré au Sénat, où il sera neurs, brocanteurs et amateurs reconstitution puis de réinstalla- Massacre des innocents à l’église discuté en 1886, puis renvoyé à lancent une campagne générale tionin situ du patrimoine mobilier Avec l’avènement de la Monarchie Saint-Pierre de Solesmes (Sarthe), L’INTÉGRATION DES OBJETS l’Assemblée qui finit par l’adop- en direction des fabriques parois- historique. Dans le même temps de Juillet, et l’arrivée au pouvoir de peintures murales des églises de D’ART DANS LA MISSION ter le 22 mars 1887. Avec la loi siales pour les pousser à aliéner apparaît en province le grand Guizot aux côtés de Louis-Philippe Cunault et de Pontigné (Maine-et- PATRIMONIALE DE L’ÉTAT du 30 mars 1887, les objets d’art de nombreux objets précieux mouvement de collectionnisme en 1830, a lieu la prise en main par Loire), sarcophages et tombeaux mobiliers pourront désormais être avant le vote de la loi. La nouvelle des notables antiquaires3 qui, au l’État de la sauvegarde du patri- (monument de Charles IV d’Anjou À partir des années 1875-1880, classés par l’État comme les monu- loi, promulguée le 9 décembre cœur des sociétés savantes locales moine monumental de l’ancienne à la cathédrale Saint-Julien du l’émergence du rôle de l’État dans ments en fonction de leur intérêt 1905, consacrant la séparation naissantes, organisent la quête et France au nom de l’histoire natio- Mans), maîtres-autels, retables7, la patrimonialisation se fait de national. Sont encore exclus ceux des Églises et de l’État, modifie le classement des antiquités et nale. Les premiers inspecteurs verrières (église Saint-Serge plus en plus directive à mesure détenus par les particuliers ou les profondément le rapport de l’État objets d’art au nom d’une sorte généraux des monuments histo- d’Angers), stalles, orgues, comme que se précise le projet politique associations. avec le patrimoine mobilier reli- de patriotisme patrimonial4. Mais riques Ludovic Vitet, de 1830 à dans l’église Notre-Dame-des- républicain. L’affirmation d’une gieux qu’il est désormais tenu de l’on ne peut détacher cette dyna- 1834, puis Prosper Mérimée, qui le Marais de La Ferté-Bernard, statues politique nationale de préserva- Jusqu’en 1887, le nombre d’objets prendre en charge. 8 9 mique antiquaire du projet poli- remplace jusqu’en 1853, dressent (gisants des Plantagenêts de tion des objets d’art se construit mobiliers classés en tant que tel tique du pouvoir royal, à savoir des listes de monuments ; la prio- Fontevraud), tabernacles, tapis- par étapes aux dépens des pou- reste en fait très limité9. C’est que Cette loi oblige en effet les gouver- celui de revivifier les provinces rité gouvernementale va à l’édi- series8 : ni immeubles, ni objets, voirs locaux, municipaux ou dio- l’administration se heurte depuis nements républicains successifs autour de l’ancienne classe nobi- fice menacé ; à aucun moment il tous sont classés comme monu- césains, soupçonnés de faire dis- le début, pour les objets, au pro- à apporter une réponse légale à liaire en créant un parcours pitto- n’est question du mobilier, notam- ments au sein des églises, collé- paraître les objets mobiliers des blème de l’inventaire qui s’impose de nombreux problèmes tech- resque de l’ancienne France. Cet ment celui des églises, compte giales, abbayes et cathédrales, églises, des presbytères, des hôpi- avant tout classement réfléchi : niques au premier rang desquels objectif ne se traduit cependant tenu de la situation conflictuelle elles-mêmes protégées. taux et des mairies par destruc- manque de personnel compétent, il faut placer la sûreté des objets. pas par un rôle efficace de l’État déjà existante avec le clergé au tion ou aliénation. méfiance des communes et des Après le vol spectaculaire de la qui reste effacé face à la puissance sujet des bâtiments. Cependant, paroisses face à ce qui est parfois célèbre châsse de Saint-Etienne restaurée de l’Église. la volonté de l’État de recenser les La conservation des objets d’art considéré comme une ingérence. d’Ambazac (Haute-Vienne), le 5 objets au sein des lieux de culte mobiliers se heurte au droit de Les arguments ne manquent pas septembre 1907, et sa découverte Les conséquences de la politique reste entière : par exemple, Vitet propriété. Depuis le Concordat de pour freiner la rédaction de la à Londres chez un antiquaire de réaction du pouvoir royal se recommande, dès 1831, la pro- 1801, l’administration des Cultes liste départementale prévue par quelques mois plus tard, la réac- font rapidement sentir, compte tection des dalles funéraires de considère comme biens de l’État l’article de la loi. On aurait pu tion de l’État sera juridique : la loi tenu des besoins immenses des l’église de Saint-Omer et des tapis- tous les objets qui garnissent les imaginer que, pour vaincre les du 13 avril 1908 confie définitive- communes et des fabriques qui series de la cathédrale de Reims. églises rendues au culte, les fa- réticences locales, l’on fasse appel ment aux communes les objets ont la charge de restaurer le culte En 1838, sur recommandation de briques n’étant qu’affectataires, aux sociétés savantes pour aider à mobiliers des églises qu’elles ne dans des églises saccagées : alié- Mérimée, la commission des mo- mais cette interprétation n’a la désignation des objets à proté- pourront aliéner sans autorisation nation généralisée d’objets litur- numents historiques conclut à la jamais été ratifiée par le Conseil ger, voire pour donner leur avis sur préfectorale. Quant aux particu- giques considérés comme inutiles, nécessité de conserver les gisants d’État. La protection des objets les projets de restauration. En fait, liers eux-mêmes, il sera désormais application d’épais badigeons des- des Plantagenêts à l’abbaye de d’art comme monuments histo- l’affirmation du pouvoir juridique possible de classer leurs objets tinés à cacher des décors muraux Fontevraud. riques ne relève que de circu- de l’État va s’accompagner de d’art à condition toutefois qu’ils y endommagés, réaménagement laires ministérielles plus ou moins celle de son pouvoir scientifique. consentent officiellement (loi du rapide de l’intérieur des églises en contestées. Seul l’inventaire dans Pour coordonner les opérations 19 juillet 1909). vue des célébrations liturgiques. les édifices religieux figure, depuis au niveau national, un poste d’ins- Les premiers vols d’objets et de 1809, comme une obligation des pecteur général adjoint chargé décors à des fins lucratives datent fabriques paroissiales. des objets d’art est créé en 1893 Toutes ces mesures ont préparé politique nationale définie par lui, oublié par le service des l’arrivée d’une grande loi sou- avec des agents dûment manda- Notes domaines pendant la Révolution haitée par les pouvoirs publics tés par lui. Cette politique natio- car déjà endommagé, l’objet est 1 - Archives parlementaires, dans un climat d’inquiétude face nale de protection du patrimoine racheté par l’évêque d’Angers en volume 19, p. 589. à la fuite des œuvres d’art vers mobilier s’est affirmée au même 1838, restauré pour les besoins l’étranger et à la multiplication de titre que celle du patrimoine du culte par le chanoine Joubert, 2 - Ibid., vol. 16, p. 393. cas de dénaturation de décors et monumental malgré des rivalités archiprêtre de la cathédrale, d’aliénation d’œuvres. La loi pro- d’administrations concurrentes dans les années 1848-1849 puis 3 -La figure de « l’antiquaire » Dans le même temps, la campagne mulguée le 31 décembre 1913 (bâtiments civils, cultes) au milieu replacé à la cathédrale en 1870. a été inventée et popularisée d’inventaire préalable au classe- établit de façon définitive la pré- de pressions politiques de toutes Le classement comme objet par Walter Scott, auteur en 1816 ment se poursuit activement : le dominance de l’État dans l’action sortes venant des propriétaires, n’interviendra que le 6 juin 1902. de The antiquary. nombre d’objets protégés comme publique de protection du patri- des élus, des sociétés savantes et tels au titre de la loi de 1887 moine mobilier : les articles 15 à surtout des autorités religieuses. 9 - Les premiers objets classés 4 - Voir à ce sujet Odile atteint le chiffre de quatre mille 24 posent ainsi les principes de À cet égard, la loi de 1913 est à la dans la région en tant que tels PARSIS-BARUBE, La province autour de 1900. Ainsi, par exemple, l’inaliénabilité et de l’imprescrip- fois l’aboutissement d’un siècle de sont les tableaux, tabernacle, antiquaire : l’invention de à Château-Gontier (Mayenne), tibilité ; les exportations d’objets construction patiente et le point de retable et gradins du maître-autel l’histoire locale en France c’est le bras reliquaire de Saint d’art classés sont interdites et départ d’une politique nationale de l’église paroissiale Saint-Michel (1800-1870), Paris, CTHS Histoire, Just, daté de la fin du XVe siècle et toute réparation, restauration ou affirmée. à Fontevraud l’Abbaye (Maine-et- 2011, 454 p. conservé dans l’église Saint-Jean- modification est soumise à auto- Loire) le 20 juin 1891. L’édifice Baptiste, qui est classé le 11 janvier risation. Le classement d’office L. B. lui-même est classé le 12 avril 5 - Victor Hugo dénonce dès 1824 1897. En Sarthe, la statue de la est désormais possible en cas de 1955. Vue ancienne du bras reliquaire de Saint Just conservé les pilleurs de monuments dans Vierge à l’enfant, œuvre de Ger- menace sur l’intégrité du bien. dans l’église Saint Jean-Baptiste à Château-Gontier les Odes puis en 1825 main Pilon de la fin du XVIe siècle, Avec le concours des inspecteurs dans un texte-manifeste, 10 - Paul-Frantz Marcou conservée dans l’église Notre- des monuments historiques et « Guerre aux démolisseurs. » (1860-1932) exercera ses Dame de la Couture au Mans, est des conservateurs des antiquités fonctions pendant 33 ans à la 10 classée le 14 juin 1898. et objets d’art, l’État engage, pour 6 - Dans la première liste de tête de l’équipe ministérielle la première fois depuis la Révolu- 1840 figurent seulement le chargée des objets mobiliers. L’État va se doter des moyens tion, des mesures contraignantes gisant de l’évêque d’Angers locaux qui lui faisaient défaut pour qui portent sensiblement atteinte, Claude de Rueil, les statues des accélérer ce grand chantier : un au nom de l’intérêt national, au Plantagenêts à l’abbaye de service des antiquités et objets droit de propriété. Fontevraud (Mérimée a dessiné d’art est créé auprès des préfets le gisant de Richard Cœur de dans chaque département par dé- Lion), le tombeau du Seigneur cret du 11 avril 1908 avec à sa tête En un peu plus d’un siècle, faisant de l’abbaye Saint-Pierre de un conservateur. Le poste sera preuve d’une remarquable conti- Solesmes et des fragments confié, dans la plupart des cas, aux nuité dans son action, l’État a mis romains provenant de la crypte Archives départementales déjà en en place le projet de la Révolution de l’église Notre-Dame du Pré charge du patrimoine écrit et leur sur les objets d’art. Une législation au Mans (Sarthe). rôle sera clairement orienté vers permet désormais de fixer le sta- l’inventaire des objets mobiliers tut de l’objet à protéger quel qu’en 7 - On notera par exemple que religieux. soit le propriétaire. Si les principes tous les objets de la collégiale ont été fixés, le champ d’applica- Saint-Aubin de Guérande tion ne cessera de s’élargir par la (Loire-Atlantique) parmi lesquels volonté de l’État, qui joue là, par on compte verrières, dalle l’intermédiaire du service des funéraire, chaire à prêcher, monuments historiques, un rôle stalles, retables, ont été classés central : il choisit, nomme l’objet à au titre des immeubles protéger, décide des modalités de le 29 octobre 1856. sa protection, en assure la restau- ration et la gestion. Tout cela se 8 - L’exemple de la tenture fera désormais au nom de l’inté- de l’Apocalypse d’Angers est rêt général qu’il représente, d’une symptomatique : © P. Giraud - Région Pays de la Loire Inventaire général © P. Protéger 100 ANS D’OBJETS PROTÉGÉS EN PAYS DE LA LOIRE

Julien BOUREAU, conservateur des antiquités et objets d’art de la Vendée Laurent DELPIRE, conservateur des antiquités et objets d’art de Loire-Atlantique 1 SAINT-JEAN-DES-ÉCHELLES Julie GUTTIEREZ, Panneaux peints conservateur des monuments historiques du XVIe siècle 13 2 NANTES Anetta PALONKA-COHIN, - Christ espagnol de la cathédrale conservateur délégué des antiquités et objets d’art de la Sarthe - Le «Lechalas», bateau centenaire 3 YVRÉ-L’ÉVÊQUE Cadran solaire du château de la Groirie 4 DUNEAU Cinq retables de Joseph Lebrun 5 CHEFFOIS Derniers vestiges de la collection Benjamin Fillon 6 SAINT-LAURENT-SUR-SÈVRE Dessins préparatoires aux vitraux de Claudius Lavergne 7 LAVAL Bateaux-lavoirs, le «Saint-Julien» et le «Saint-Yves» 8 MOUILLERON-EN-PAREDS Le tigre de Gardet offert à la commune par Georges Clemenceau 9 PIRIAC-SUR- MER Buste de Marianne par Paul Belmondo 10 BRÉZÉ Château 11 MAZÉ Château de Montgeoffroy 12 LA-CHAPELLE-SUR-OUDON

Château de La Lorie © L. Delpire 13 SAINT-VINCENT-SUR-JARD Le « Lechalas » - Nantes (44), p 14 Maison de Clemenceau Protéger en témoigne le classement du « Chantenay », roquio nantais 1913 -2013 construit en 1888 pour effectuer le transport des passagers sur les Quant à la région des Pays de la bords de la Loire. BILAN ET PERSPECTIVES Loire, elle compte en 2013 plus de 16 000 objets protégés au Après les années 1980 - décennie titre des monuments historiques, pendant laquelle le nombre global DE LA PROTECTION dont environ 8 500 sont classés. de protections, aussi bien au titre Ainsi, en Loire-Atlantique, après Sur cinq départements, la Sarthe des immeubles que des objets, une séance spécialement consa- est le plus riche dans ce domaine, atteint son apogée - la politique crée aux ex-voto marins, une DES OBJETS MOBILIERS avec plus de 6 000 objets protégés, de protection connut un certain nouvelle thématique pourrait suivi par le Maine-et-Loire, qui en ralentissement, en raison de la mise prochainement voir le jour sur le détient environ 5 500. La particu- en place de critères de sélection patrimoine mobilier du XXe siècle, EN PAYS DE LA LOIRE larité de ce département, situé plus rigoureux. Parallèlement, notamment dans les bâtiments dans la zone du Val de Loire, riche de nouvelles typologies d’édifices de la Reconstruction de Saint- en châteaux, est de conserver un ou d’objets sont venus élargir et Nazaire. Enfin, en Vendée, afin spécialisés (conservateurs, univer- Dans la perspective d’une inscrip- grand nombre d’objets protégés diversifier la notion de patri- de compléter le classement de la sitaires, membres d’associations). tion ou d’un classement, l’intérêt en mains privées : en effet, 20% moine. Le Ministère de la culture Maison de Georges Clemenceau, Signé du Ministre de la culture, le patrimonial d’un bien mobilier est du corpus total de ce département donne des axes prioritaires, desti- pris en 1970, une étude approfondie classement sanctionne la valeur évalué en fonction d’un ensemble appartient à des particuliers, soit nés à pallier certaines absences et de sa collection d’objets, non patrimoniale forte de l’objet, une de critères précisément détermi- 1 080 objets ou groupes d’objets. à protéger les patrimoines les plus protégée, est en cours. Un clas- forme de rareté, voire un statut nés : intérêt historique, qualité Citons par exemple les châteaux vulnérables, comme le patrimoine sement, partiel ou total, permet- d’unicum à l’échelle du pays. artistique, renommée de l’artiste de Brézé, de Montgeoffroy à du XXe siècle, les parcs et jardins tra de faire redécouvrir au public 14 En revanche, l’inscription au titre ou du propriétaire de l’objet, Mazé ou encore de La Lorie à La ou encore le patrimoine indus- certains objets exceptionnels, tels des monuments historiques, caractère innovant sur le plan Chapelle-sur-Oudon qui abritent triel. De la même manière, dans le le précieux « Cabinet aux grues », auparavant considérée comme scientifique, particularités tech- toujours une bonne partie de leur champ du patrimoine mobilier, les mobilier en laque d’un raffine- l’antichambre du classement, niques. Les notions de rareté, de mobilier d’origine. protections s’orientent de plus en ment extrême, tout juste restauré. En France, églises, cathédrales, reconnaît aujourd’hui un intérêt représentativité et d’intégrité plus en Pays de la Loire vers des châteaux, mais aussi hôpitaux, secondaire de l’objet, régional ou des objets sont également prises Une autre spécificité de notre études thématiques permettant J. G. mairies ou usines regorgent d’objets, simplement local. La possibilité en compte pour leur attribuer la région réside dans la place par- de mieux cerner la valeur patri- aussi divers dans leur nature que d’inscrire les objets est bien plus mesure de protection la mieux ticulière tenue par le patrimoine moniale d’un objet en établissant technique : en effet, le patrimoine des comparaisons au sein d’un dans leur usage. Bon nombre de tardive que le classement : elle adaptée. Le « cabinet aux grues » de la Maison Clemenceau ces tableaux, sculptures, objets n’intervient, pour les collections ferroviaire est bien représenté corpus. Objet non protégé d’orfèvrerie, tapisseries, cloches publiques, qu’avec la loi du 23 Dans toute la France, près de avec les collections de véhicules ou bateaux revêtent un intérêt décembre 1970, et tout récem- 260 000 objets mobiliers ou groupes conservées dans la Sarthe, ainsi patrimonial. Certains sont inscrits ment pour les objets privés, avec d’objets, dont 1 400 orgues, ont été que le patrimoine aéronautique, ou classés au titre des monuments l’ordonnance du 8 septembre inscrits ou classés en un peu plus avec le « Super Constellation », historiques, à l’instar des édifices 2005. Déconcentrée au niveau d’un siècle. Aujourd’hui, parmi aéronef transatlantique de 1943 qui les contiennent. départemental, l’inscription est ces objets, figurent également classé en 2001. Avec la Bretagne, prise par le préfet après un passage des vitraux, peintures murales ou la région des Pays de la Loire est Depuis la loi du 31 décembre en Commission départementale retables en pierre, longtemps aussi l’une des plus riches en 1913, un objet présentant un des objets mobiliers. Dans le cadre considérés comme des immeubles nombre de bateaux classés. Elle « intérêt public » - en remplacement de la future loi sur les patrimoines, par destination. La loi de 1913 les possède, en outre, les deux uni- de « l’intérêt national » défini une révision de ce fonctionne- rattachait au régime des objets tés les plus imposantes au plan par la précédente loi de 1887 ment est envisagée dans un but mobiliers. Depuis 2009, ces élé- national, le fameux « Belem », - peut être classé au titre des d’harmonisation avec la protec- ments, intrinsèquement liés à un dernier trois-mâts barque à coque monuments historiques. Comme tion des immeubles, qui s’effectue support immobilier, sont définis métallique, et le monumental ba- pour les immeubles, le classement au niveau régional. comme des immeubles par nature teau de guerre, « Maillé-Brézé », implique une présentation de - les vitraux assurant d’ailleurs le tous deux amarrés dans le port l’objet devant la Commission clos et le couvert des édifices - et de Nantes. Année de célébra- nationale des monuments histo- sont donc, en toute logique, pro- tion, l’année 2013 est aussi celle riques, composée de membres tégés comme tels. de nouvelles protections, comme © A. Jacquin Panneau de bois peint avec Saint Jean à Patmos Protéger

L’aéronef « Super Constellation », 1943, conservé à l’aéroport de Nantes-Atlantique

Ex-voto marin de Mesquer © L. Delpire

16 © F. Lasa - Région Pays de la Loire Inventaire général © F. Département : Sarthe Commune : Saint-Jean-des-Échelles Lieu de conservation : Église Saint-Jean-Baptiste Protéger ENSEMBLE DE SEIZE PANNEAUX PEINTS DU MILIEU DU XVIe SIÈCLE Vestiges d’un ancien retable du maître-autel de l’église

La présence, dans l’église, d’un naissance de saint Jean-Baptiste, MILIEU DU XVIe SIÈCLE ensemble de reliefs en pierre poly- une colonne brisée aux pieds du BOIS PEINT chrome, sommairement insérés Grand Prêtre symbolisant sans DIMENSIONS D’UN dans le mur Sud de la nef, ne fait doute le passage aux temps de 2 PANNEAU (PRÉSENTATION que corroborer cette hypothèse . la Nouvelle Alliance. En 1901, on ACTUELLE) : Datés des années 1558-1559, donc signalait encore la présence dans sensiblement contemporains des l’église de l’ Adoration des Mages, HAUTEUR : 0,62 M 18 panneaux peints, et présentant disparue depuis. 19 LARGEUR : 0,33 M une iconographie similaire, ces reliefs, enfermés dans des caissons La facture des panneaux peints Inscrit au titre des en pierre qui forment aujourd’hui évoque des œuvres de transition, monuments historiques une structure pyramidale, devaient leur style et leur iconographie le 22 avril 1975 constituer à l’origine la partie centrale étant à la fois encore ancrés dans Propriété de la commune d’un retable, muni de volets peints. la production du Moyen Âge mais attestant déjà l’assimilation des Des volets de l’ancien retable, dont nouveautés artistiques et des les fragments furent remontés directives du concile de Trente, Actuellement sertis dans des au siècle dernier sans aucun souci tout juste clos3. Surtout, les scènes cadres récents et enchâssés dans de cohérence, seules les images de de saint Jean à Patmos, de l’Annon- les boiseries du chœur, les seize la Visitation et des quatre Évangé- ciation et de la Visitation semblent panneaux peints sur bois du listes nous sont parvenues relati- illustrer ce renouveau iconogra- milieu du XVIe siècle de l’église de vement intactes. Toutefois, nous phique, sensible dans les deux Saint-Jean-des-Échelles évoquent avons pu restituer de la Vie de la dernières images, notamment par des vestiges d’un ensemble plus Vierge et de l’ Enfance du Christ une mise en scène moins austère. important1. L’état fragmentaire des des scènes représentant l’ Annon- Dans l’ Annonciation, aujourd’hui scènes et leur assemblage aléa- ciation, la Présentation au Temple fortement endommagée, l’archange toire semblent confirmer cette et la Nativité. De la Vie de saint Gabriel descend du ciel accompa- hypothèse. L’iconographie de ces Jean-Baptiste est encore lisible gné de putti pour transmettre à la panneaux, liée à la fois à la Vie la scène de l’ Annonciation de sa Vierge le message divin, sa parole de la Vierge, du Christ et de saint naissance à Zacharie par l’archange étant appuyée par son geste, qui Jean-Baptiste, saint patron de la Gabriel, bien que seule la partie indique le ciel, et par la présence paroisse, permettrait d’y voir les centrale de l’image semble avoir de la colombe de l’Esprit Saint. vestiges des volets de l’ancien été conservée. Un autre fragment Devancé par un phylactère avec Reconstitution du panneau retable du maître-autel de l’église, qui représente Zacharie au milieu le texte de sa salutation « AVE de la Présentation au Temple démonté et remplacé au XVIIIe d’un bâtiment de style classique [MARIA] GRATIA PLENA DOMINUS siècle par le monument actuel. pourrait appartenir à la scène de la TECUM », l’envoyé céleste est © F. Lasa - Région Pays de la Loire Inventaire général © F. Détail de la Vierge Protéger sur le panneau peint de l’Annonciation représenté en plein vol dans une révèlent l’influence de la peinture attitude particulièrement majes- nordique de la fin du XVe siècle, tueuse. Il tient dans la main un bâton largement diffusée à travers de messager, remplacé, à partir l’Europe grâce à la gravure. La mise du XVIe siècle, par une fleur de lys. en scène de Saint Jean à Patmos, Représentée près d’un pupitre où l’Évangéliste rédigeant l’Apoca- Détail de l’archange Gabriel sur dans une attitude quelque peu lypse est représenté sur un arrière- le panneau peint de l’Annonciation ambiguë, mi-assise, mi-agenouillée, plan de villes se détachant sur un Marie interrompt la lecture de la paysage de mer et de montagnes, Bible et montre son étonnement noyé dans une tonalité bleutée, à la vue de l’archange. La mise évoque sensiblement les tableaux en scène souligne la dualité tradi- des peintres de l’École du Danube, tionnelle de l’espace, ouvert - der tels que Albrecht Altdorfer, actif à rière l’ange, et fermé autour de l’aube du XVIe siècle4. la Vierge. Elle évoque à travers le mobilier - rideau du lit, tabouret, A. P-C. panier avec des pelotes de laine - la chambre dans laquelle Marie reçoit le messager céleste, insis- tant sur l’humble condition de la servante de Dieu. Bien mises en va- leur dans un vase placé au premier plan, les trois fleurs de lys sym- Bibliographie bolisent la triple virginité de la Vierge, avant, pendant et après la et notes conception, soulignant avec force une doctrine chère à l’Église de la PALONKA-COHIN Anetta, Contre-Réforme. ROBINEAU Evelyne, Montmirail. Un pays vert autour Ensemble de bas-reliefs en pierre polychrome Particulièrement émouvante, la de la Braye, Sarthe-Pays de la dans sa présentation actuelle dans la nef Visitation présente la version déjà Loire, 275, Images du Patrimoine, moderne de ce thème où sainte 303, 2012, p. 49-50. Élisabeth, enceinte du Précurseur, s’agenouille respectueusement de- 1 - Certains panneaux furent vant la Vierge qui porte en son sein remployés autrefois comme fonds le Messie, et pose ses mains sur de tiroir d’un meuble de la son ventre. Diffusée par l’art italien sacristie ce qui les a certainement à partir de la fin du XVe siècle, cette sauvés de la destruction. iconographie va s’imposer avec 2 - Les hauts-reliefs de l’ancien succès après le concile de Trente. retable du maître-autel ont été classés au titre des monuments Bien que la conception souvent historiques le 18 juillet 1908. encore symbolique de l’espace 3 - La question des images fut et l’utilisation de la dorure dans évoquée lors de la XXVe session l’exécution des panneaux peints du concile qui s’est tenue les 3 rappellent l’art du Moyen Âge, et 4 décembre 1563. le modelé plus sculptural des 4 - Albrecht Altdorfer, peintre personnages et l’emploi de la et graveur allemand (Altdorf, vers perspective aérienne démontrent 1480-Ratisbonne, 1538).

© F. Lasa - Région Pays de la Loire Inventaire général © F. déjà une connaissance des inven- tions récentes. Un graphisme stylisé et un soin particulier conféré au dé- tail, mais aussi le rendu du paysage, Département : Loire-Atlantique Commune : Nantes Lieu de conservation : Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul Protéger UN CHRIST ESPAGNOL À LA CATHÉDRALE DE NANTES

Compte tenu des incertitudes La renommée de ce crucifix gran- FIN XVIe SIÈCLE - concernant ses matériaux de deur nature se répandit rapide- DÉBUT XVIIe SIÈCLE mise en œuvre et sa provenance ment après les nombreux miracles CHRIST : historique, le diagnostic devait qui se produisirent. Ainsi, des MATÉRIAUX DIVERS : permettre d’effectuer un constat confréries du Christ de Burgos MORTIER, TEXTILES, d’état précis, des analyses scien- s’établirent en Espagne, en tifiques ainsi que des recherches Flandres et en Amérique Latine. MÉTAL ET POLYCHROMIE ; documentaires, afin de retracer le L’image de la sculpture se diffusa CROIX EN BOIS ; parcours de cette sculpture. par la gravure, les tableaux, mais DIMENSIONS AVEC aussi par d’autres sculptures, LA CROIX : Offert en 1977 par l’Association qui pouvaient à leur tour engen- 22 HAUTEUR : 2,25 M des amis de la cathédrale de drer des miracles ou adopter LARGEUR : 3,10 M Nantes, ce Christ en croix provient des comportements miraculeux PROFONDEUR : 0,1 M du monastère Notre-Dame-de- (saignements, pleurs, etc). Dès lors, Charité à Versailles, pour lequel se multiplièrent les effigies de Inscrit au titre des il aurait été acheté au cours des « Christ de Burgos » ainsi que les monuments historiques années 1960. Mentionné tantôt foyers de culte locaux. le 20 février 2011, comme un « Christ de facture e Propriété de l’État espagnole du XVII siècle », Cette large diffusion donna nais- Vue générale du Christ en croix avant dépose Détail de la tête du Christ tantôt comme « un grand et beau sance à un type de représen- crucifix d’origine catalane de la fin tation bien précis, qui les rend du XVIe siècle», son origine espa- aujourd’hui encore facilement gnole, ou du moins hispanique, identifiables : lourde inclinaison n’a jamais été mise en cause. de la tête sur le buste, matériaux Selon l’expertise des conserva- Il a ainsi été attribué au sculp- rapportés pour donner davan- La technique employée pour mo- teurs du musée du , il s’agi- teur catalan José Gomez Alvaro. tage de véracité à la représen- deler la sculpture de Nantes se rait donc d’une œuvre provenant Bibliographie C’est lors de l’étude préalable En tout état de cause, le Christ de tation. Tout en reprenant cet rapproche de la pasta de caña de d’Espagne ou d’Amérique Latine, confiée à Christine Grenouilleau, Nantes appartient à la typologie archétype, le Christ de la cathé- maiz (pâte de maïs) utilisée dans particulièrement rare en France. The Sacred Made Real: Spanish restauratrice de sculptures, que du « Christ de Burgos », l’un des drale de Nantes se distingue par les crucifix latino-américains. En Bien que les circonstances de son painting and sculpture 1600- le Christ en croix de la cathédrale crucifix les plus vénérés du monde une intensité expressive, proche effet, le corps du Christ est sculpté arrivée dans le pays demeurent 1700, cat. d’exposition, Londres, de Nantes a été redécouvert par hispanique. Représentation de du style doloriste de la sculpture dans un matériau blanc et épais, mystérieuses, la particularité de National Gallery, octobre la Conservation régionale des Jésus crucifié sur la croix, le Christ espagnole, soulignée par l’emploi recouvert d’une enveloppe textile, sa technique, la conservation de 2009-janvier 2010 ; Washington, monuments historiques. La sur- de Burgos, connu par certaines de fines couches de papier pour sur laquelle est appliquée la pré- son périzonium et de ses poly- National Gallery of Art, février- face fortement encrassée de cette e images remontant au XIV siècle, figurer les plaies du corps, sur paration blanche, qui reçoit la chromies originales ainsi que le mai 2010, Londres, 2009, pp. sculpture, placée à sept mètres était, pour les fidèles, un support lesquelles est posée une poly- polychromie. Cette technique prestige de son modèle en font 59-71. de hauteur sur l’un des piliers du de dévotion mais aussi une statue chromie sanguinolente. Un véri- complexe et légère, encore peu sans aucun doute un objet digne KIENTZ Guillaume, « Christ en côté Sud de la nef, à l’entrée du miraculeuse, qui faisait l’objet table tissu, imprégné de prépara- connue, permettait de peindre du classement au titre des monu- croix », in La grâce d’une chœur, nuisait en effet à sa bonne d’un culte fervent, proche de celui tion blanche pour le rigidifier, fut les chairs avec le même soin et les ments historiques. cathédrale, Nantes, Strasbourg, visibilité. traditionnellement dévolu aux utilisé en guise de périzonium. mêmes effets illusionnistes que Éditions La Nuée Bleue, reliques. dans une œuvre picturale. J. G. novembre 2013. © L. Delpire - J. Guttierez Département : Sarthe Commune : Yvré-l’Évêque Lieu de conservation : Jardin de l’Abbaye de l’Épau la journée, au fur et à mesure du parcours du soleil. Les faces sont

munies d’un nombre de cadrans Protéger différents, allant de trois pour les faces Est et Ouest, jusqu’à dix-sept LE CADRAN SOLAIRE pour la face Sud, et cinq pour la face Nord. La face Sud possède entre autres un bloc sculpté en forme de livre entrouvert dont les DU CHÂTEAU pages servent de repère stylistique pour huit cadrans distincts. Au- dessus de ce livre, sont alignés six DE LA GROIRIE cadrans cylindriques. Cette face comporte également deux cadrans verticaux. La face Nord présente deux cadrans en forme de galerie Le contexte et la date d’exécution Groirie, un document a permis à deux arcades en plein cintre, SECOND QUART du cadran ne sont pas connus. d’affiner la datation de cet étrange soutenues par des colonnes. Cette DU XVIIe SIÈCLE Très peu nombreux et dans un monument. Il s’agit d’un petit livre galerie est surmontée d’un toit qui constitue un support pour deux PIERRE POLYCHROME très mauvais état de conserva- manuscrit intitulé La Promenade cadrans. Cette face porte la devise (PIERRE DE BERNAY) tion, les cadrans solaires similaires du sieur de Montauban à la Groi- encore bien lisible au temps de HAUTEUR : 2,26 M inventoriés en France, et notam- rie en 1652, rédigé par Jacques ment ceux de Lay-Saint-Chris- Pousset de Montauban, avocat au Dom Bedos, et aujourd’hui réduite tophe (Meurthe-et-Moselle) et Mans, après sa visite au château. à ces quelques mots : « […] SUM Classé au titre des de Saintes-Le Prioustré (Charente- Dans la description de sa prome- SINE SOLE […] », seuls encore dé- monuments historiques Maritime), ne sont pas datés. Ils nade dans les jardins, Jacques chiffrables. Placé au sommet du le 4 novembre 2002 constituent donc des points de Pousset de Montauban évoque monument, un cadran concave en 24 Propriété du Conseil repère peu instructifs. Cependant, explicitement le cadran de la Groirie forme de croissant, muni d’un stylet 25 général de la Sarthe la forme particulière du cadran de dans les termes suivants : métallique, était parfois considéré la Groirie a toujours suscité une comme un élément héraldique. grande curiosité de la part des « Parmi tous ces feux éclatants A. P-C. spécialistes et des érudits locaux. Se voit la mesure du temps C’est ainsi que sa conception a été D’une invention singulière Les jardins de l’Abbaye de l’Épau, Le soleil y souffre des mois Bibliographie près du Mans, conservent un cu- attribuée à un moine bénédictin e Et l’art y souffre sa lumière rieux cadran solaire monumental anonyme du XVIII siècle. De marquer l’heure en mille endroits ». et notes de pierre en forme de stèle qui Curieusement, Dom Bedos de DECIRON Paul provient du château de la Groirie, Celles (1709-1779), un moine La découverte du livret de 1652 - Cadrans solaires de la Sarthe, à Trangé. Lors de la vente du bénédictin savant, auteur du trai- a posé un repère majeur pour la Association pour la mise en château en 2005, le cadran a été té le plus complet et le plus éten- datation du cadran et a permis valeur du Petit Patrimoine acquis par le Conseil général de la du sur l’art de la gnomonique1, de situer son exécution dans la e sarthois, Le Mans, 1996, pp. 12-13 Sarthe et placé dans les jardins de mentionne la devise gravée sur le première moitié du XVII siècle. Mis - « Le cadran monumental du l’Abbaye de l’Épau, afin d’assurer cadran de la Groirie, SIMPLEX au jour lors de la restauration en château de la Groirie », Bulletin sa conservation. Malgré une- ex SUM, SINE SOLE NIHIL SINE LUMI- 2007, son décor semble confirmer de la Société d’Agriculture, position permanente à l’extérieur, NA NULLUS (Sans mécanisme, je cette datation. Sciences et Arts de la Sarthe, il a gardé sa structure pratique- ne suis rien sans soleil, je ne vaux Il présente une forme très parti- n° 784, 2002 ment intacte. En revanche, il était rien sans lumière). Pourtant, il ne culière dans la classification des couvert d’une couche épaisse de fait pas allusion au cadran de la cadrans solaires. Il s’agit d’un poly- lycènes et de crasse qui empê- èdre2 gnomonique posé sur un socle 1 -Dom Bedos de Celles, La Groirie au cours de sa présentation Gnomonique pratique ou l’Art de chait sa bonne lecture. Une res- des divers types de cadrans. En cubique mouluré dont les quatre tauration effectuée en 2007 par faces sont ornées de vingt-huit tracer les cadrans solaires avec la revanche, il précise que cette de- plus grande précision, Paris, 1760. Christian Sallé, restaurateur de vise est unique, jamais rencontrée cadrans indépendants, de formes et sculptures à Tours, a mis au jour de fonctionnements divers : oriental, 2 - Un polyèdre est une ailleurs dans son inventaire des forme géométrique à trois les nombreux décors sculptés, cadrans français. occidental, équatorial, horizontal, peints et gravés du cadran, et a en creux, en cône. Répartis sur dimensions comportant des faces planes polygonales qui se permis d’en pérenniser la conser- Découvert en 1887 par le baron toutes les faces, ces cadrans fonc- vation. tionnent à différents moments de rencontrent selon des segments de la Bouillerie au château de la de droite qu’on appelle arêtes. © A. Palonka-Cohin Département : Sarthe Vue du retable de la chapelle latérale Sud avec la Stigmatisation de saint François d’Assise Commune : Duneau Lieu de conservation : Église Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte LES CINQ RETABLES DE L’ÉGLISE DE DUNEAU Un exemple tardif d’aménagement post-tridentin Dans le transept, les retables dans une église rurale de la Sarthe sont plus imposants, agrémentés d’ailes qui abritent des statues. Au Nord, figurent un Saint Nicolas et une Vierge à l’Enfant. Celle-ci Agrandies au XVIIIe siècle, les baies JOSEPH LEBRUN L’intérieur de l’église Saint-Cyr-et- Soigneusement orchestrée, la témoigne encore, deux siècles plus aux verrières translucides laissent tard, de la fidélité au célèbre mo- pénétrer dans le sanctuaire une 1779-1780 Sainte-Julitte présente un décor mise en scène du sanctuaire dèle de Vierge à l’Enfant, exécutée lumière diffuse qui valorise le mo- RETABLES ET BAS-RELIEFS d’une rare unité, réalisé en 1779- accompagne de façon graduée en 1570 par le sculpteur parisien nument. En 2000-2001, la restau- EN BOIS POLYCHROMÉ ; 1780 grâce aux libéralités de la progression du fidèle vers le Claude Franchet, curé de Duneau. Germain Pilon pour l’église Notre- ration menée par Christian Sallé a STATUES EN TERRE CUITE chœur. Ce décor, à la fois ambitieux Cet ensemble se compose de cinq et didactique, permet une lecture Dame-de-la-Couture du Mans. permis aux retables de Duneau de POLYCHROMÉE retables en bois, judicieusement aisée des principaux dogmes de Des deux statues qui ornaient le retrouver tout leur éclat originel. répartis dans l’édifice et ornés de l’Église catholique. Dans la nef, de monument méridional, seul est Cette intervention fondamentale Classé au titre des bas-reliefs et de sculptures. Ce part et d’autre du portail Ouest, conservé un saint Julien, patron a permis de traiter en profondeur monuments historiques décor est l’œuvre de Joseph Lebrun, deux retables ornés de pilastres du diocèse. Son pendant, disparu, les matières, de réparer toutes les est aujourd’hui remplacé par un parties des monuments, structure 26 le 29 décembre 1975 sculpteur manceau actif dans la et de frontons s’élèvent derrière Propriété de la commune seconde moitié du XVIIIe siècle, les fonts baptismaux et le bénitier. saint Sébastien plus tardif. Chaque et décor, de les nettoyer et de leur l’un des derniers terracottistes Leurs reliefs présentent des sujets contre-table est ornée d’un relief, appliquer un traitement insecti- une Adoration des bergers au cide et fongicide, la restauration Vue du retable latéral Nord du Maine et héritier des grands liés à la thématique de l’eau, res- avec le Baptême du Christ maîtres de l’âge d’or de l’école pectivement le Baptême du Christ Nord, et une Stigmatisation de se terminant par la réintégration mancelle, à l’instar de Charles et la Rencontre du Christ et de la saint François d’Assise au Sud. de couleur et de dorure. Hoyau et Gervais Delabarre. Samaritaine. Les reliefs des cou- Joseph Lebrun a laissé dans la ronnements, Dieu le Père et les Point d’orgue de ce programme, A. P-C. région une œuvre très abondante, trois vertus théologales, pour le le décor du chœur est dominé par composée de retables, de reliefs premier retable, et Moïse portant un spectaculaire retable surmonté et de sculptures en ronde-bosse, les Tables de la Loi, pour le second, d’une gloire. Son relief central souvent signés et facilement iden- confirment le caractère savant de illustre les martyres de saint Cyr tifiables grâce au canon lourd de ce programme. et de sa mère, sainte Julitte, les ses personnages et à leurs mouve- patrons de la paroisse. Sur les ments engoncés dans d’épaisses côtés, se trouvent deux statues, draperies. saint Laurent et saint Claude, le Détail du retable de la chapelle latérale patron du curé fondateur. En écho Nord avec l’Adoration des bergers Bibliographie au thème de la contre-table, un relief inséré dans le devant d’autel MENJOT D’ELBENNE Samuel, représente le sacrifice d’Abraham. « Duneau », La Province du Maine, t. IV, 1896. ESNAULT Gustave-René, Dictionnaire des artistes et artisans manceaux, Laval, 1899. LE BŒUF François, Sculptures en terre cuite du haut Maine, Itinéraire du patrimoine, n°278, 2003.

© A. Palonka-Cohin Vue du retable du maître-autel Département : Vendée Commune : Cheffois Protéger LES DERNIERS VESTIGES DE LA COLLECTION DE BENJAMIN FILLON Premiers jalons d’une redécouverte

Le métier de Conservateur des Ne doit‑on pas désormais le consi- les accompagne de bonnes notices antiquités et objets d’art est fait dérer comme un mécène, un qui leur servent de certificats de de rencontres avec le patrimoine amateur d’art au goût éclairé dont notoriété ». Néanmoins, tout n’a et avec les hommes qui en ont il faut resituer l’acquisition des pas été dispersé, un fragment la charge. Grâce à un important connaissances et la transmission de ce qui était sans doute une travail de terrain, il en découle du savoir à l’échelle des échanges des plus belles collections de parfois des découvertes dignes de l’époque, mais aussi comme Vendée nous est parvenu. des plus grands musées. une personne qui a sauvegardé Malgré une propension à réécrire des éléments de patrimoine ? l’Histoire, les derniers vestiges 28 C’est à l’issue d’une communica- de sa collection d’œuvres d’art tion faite en janvier 2011, devant Si certains se sont attelés à dégagent toute suspicion entre l’assemblée générale de l’Associa- l’analyse de sa personnalité, le le « pas vraiment faux » ou le tion des amis de Félix Lionnet, que portrait de cet homme reste « jamais toujours vrai ». Certes, il les derniers héritiers du plus grand encore relativement mystérieux. a été nécessaire de regarder ces érudit vendéen du XlXe siècle ont Né le 15 mars 1819 à Grues, objets avec une loupe épaisse proposé d’ouvrir les portes de leur Benjamin Fillon meurt le 23 pour démêler le vrai exceptionnel demeure, emplie de souvenirs de mai 1881 dans son château de du faux intéressant. Si la vigilance ce digne lettré que fut Benjamin la Court‑d’Aron, à Saint‑Cyr‑en‑ a été totale, les doutes sont rapi- Fillon. Munie de l’accord des Talmondais. Tour à tour archéo- dement tombés devant la qualité propriétaires, la Commission logue, numismate, historien, exceptionnelle de ces œuvres. départementale des objets mobi- amateur d’œuvres d’art, collec- Pourvu de facultés lui permettant liers, en protégeant au titre des tionneur, en particulier d’auto- de s’adonner à ses passions éru- monuments historiques l’ensemble graphes, c’est aussi un auteur dites, Benjamin Fillon possédait de cette collection, a confirmé prolifique de nombreux ouvrages indiscutablement un goût sûr. une des plus belles décou- et articles, parfois controversés. vertes de ces dernières années. Benjamin Fillon est une person- Aujourd’hui protégées au titre Non seulement ces proprié- nalité à comprendre aussi par ses des monuments historiques, taires ont ouvert leurs portes à la collections. Dispersées et ven- les dernières bribes des objets connaissance des objets précieu- dues après sa mort, elles furent ayant appartenu à Benjamin sement conservés, mais ils ont également l’objet d’études, de Fillon peuvent être classées en également souhaité déposer aux prêts pour des expositions comme trois catégories, qui, à titres divers, Archives départementales de la l’Exposition universelle de 1878 et rivalisent de qualité et d’intérêt, Vendée les « archives Fillon » qu’ils de dons à certains musées pari- qu’il soit artistique ou historique. possédaient encore. Ces archives, siens tels le musée du Louvre. En pièces originales, notes de travail, effet, selon lui, « il importe aussi cahier de pensées, vont permettre que les objets de quelque valeur de revoir certaines idées reçues entrent comme spécimens, dans concernant l’érudit fontenaisien. les collections publiques, et qu’on © J. Boureau Portrait de Benjamin Fillon, par Ferdinand Birotheau, 1865 Protéger doute. Impossible de tous les citer Enfin, la dernière catégorie ici, si ce n’est l’étude d’hommes d’objets analysés concerne les nus entremêlés, de la main du cadeaux offerts à Benjamin Primatice, dessin préparatoire à Fillon, notamment une coupe en la voûte de la Porte dorée du châ- Collectionneur averti, Benjamin porcelaine de Sèvres munie des Rochebrune, à l’occasion du mariage teau de Fontainebleau ; les études Fillon n’en a pas moins été un mé- initiales « BF », et, entre autres ins- de Benjamin Fillon, le 10 février d’anges dues à Annibal Carrache ; cène commandant des œuvres à criptions, de la devise de Fillon 1863. Le présent de Rochebrune ou encore Le repos de la Sainte certains artistes de son temps. La « Travail est honneur ». Cette à son ami est en fait une réplique Famille, dessin préparatoire au Commission départementale des coupe au riche décor d’incrustation en faïence d’un symbole de la cité Il faut tout d’abord évoquer les lavis d’encre de Chine et à la mine objets mobiliers a ainsi pu juger qui adopte les formes des faïences Renaissance de Fontenay-le‑Comte, œuvres acquises par Benjamin de plomb, par Laurent de La Hyre. de ses relations avec le sculpteur du XVIe siècle, dites « Henri II », c’est‑à‑dire la fontaine figurée sur Fillon sur ses fonds propres. Comment ne pas être ébloui de- Hippolyte Maindron, auquel il chères à Benjamin Fillon, lui a été un des bas‑reliefs de la fontaine Déjà, le catalogue de vente de sa vant la qualité du dessin prépara- passa commande de nombreux offerte, le 4 août 1867, par son des Quatre‑Tias, datée de 1547, et succession laissait imaginer une toire pour L’apothéose des héros médaillons et bustes de person- ami Armand Fleury des Marais. Un reprise par Benjamin Fillon pour le remarquable collection. Ce qui français morts pour la Patrie pen- nages illustres à ses yeux, que autre objet a retenu l’attention. Il frontispice de son ouvrage Poitou n’a pas été vendu en mars 1882, dant la guerre de la Liberté, les ce soit ceux des généraux Louis- s’agit d’une « fontaine » en faïence et Vendée. et qui nous est donc parvenu, ombres des héros morts pour la Lazare Hoche et François-Séve- sortie des ateliers tourangeaux demeure d’un « intérêt non négli- patrie conduites par la Victoire rin Marceau, du mathématicien Avisseau et offerte par l’aquafor- J. B. geable, voire d’un intérêt majeur » viennent habiter l’Élysée aérien François Viète ou des membres tiste fontenaisien, Octave de selon les mots des conservateurs où les ombres d’Ossian et de ses de sa propre famille. Ces portraits du musée du Louvre à qui l’on a valeureux guerriers s’empressent familiaux se retrouvent aussi à permis de « voir ». Certains des- de leur donner dans ce séjour travers des commandes passées sins méritent une analyse encore d’immortalité et de gloire la fête au peintre yonnais, Ferdinand Bibliographie plus poussée tant leur possible de la Paix et de l’Amitié, réalisé par Birotheau. attribution laisse évoquer des Anne-Louis Girodet pour la grande Catalogue des objets d’art et 31 artistes majeurs de l’Histoire de toile destinée à décorer la salle à de haute curiosité : la collection l’Art. D’autres ne souffrent pas de manger de la Malmaison. de feu Benjamin Fillon dont la vente aura lieu Hôtel Drouot, Paris, Impr. Pillet et Dumoulin, 1882.

Bibliographie chronologique des ouvrages de Benjamin Fillon, 1838-1881, Anatole de Montaiglon, éd. A. Charier- Fillon- Niort, Clouzot, 1895.

Inventaire des autographes et des documents historiques composant la collection de M. Benjamin Fillon. Dir. Maurice Delestre ; collab. Étienne Charavay, Paris, Étienne Charavay - Londres, A.-W. Thibaudeau, 1883.

ARTARIT Jean, « Benjamin Fillon, entre érudition et affabulation », dans Recherches vendéennes, n° 9, 2002, pp. 581-594.

Fontaine offerte à Benjamin Fillon par Octave de Rochebrune,

1863 © J. Boureau Dessin préparatoire pour L’apothéose des héros français morts pour la Patrie... par Anne-Louis Girodet, avant 1801 Département : Vendée Commune : Saint‑Laurent‑sur‑Sèvre Lieu de conservation : Communauté des Filles de la Sagesse Protéger À LA REDÉCOUVERTE DU

Dessin préparatoire PATRIMOINE MOBILIER D’UNE et vue actuelle de la verrière Le père de Montfort porte secours aux inondés COMMUNAUTÉ RELIGIEUSE de la Loire au début le pape demanda que la toile re- gramme iconographique riche- sur calque, parfois rehaussés de de l’année 1711 vienne à Saint‑Laurent pour être ment nourri, dont le message ne blanc et collés sur une planche Les dessins préparatoires aux vitraux déposée dans la nouvelle basilique se départit pas de la dédicace de cartonnée, dont certains revers alors en reconstruction. Claudius la chapelle, la Sagesse Éternelle. sont ornés de dessins de la main de Claudius Lavergne à Saint‑Laurent‑sur‑Sèvre Lavergne montre ici la prise d’ha- La chaire est peuplée d’éléments de l’artiste. Le tout est conservé bit de Marie‑Louise Trichet par le symboliques, de personnages dans une chemise en carton à religieuses qui se revendiquent de Père de Montfort. Les vingt‑deux bibliques, telle une « Montagne l’en‑tête des ateliers Lavergne. Le CLAUDIUS LAVERGNE ce saint missionnaire : les Pères et dessins préparatoires de Claudius Sainte ». Ici, entourés de guirlandes programme iconographique de 1868-1870 Frères de la Compagnie de Marie Lavergne, qui ont servi à exécu- de roses et de lys, se côtoient les Claudius Lavergne respecte à peu DESSIN SUR CALQUE (ou Missionnaires Montfortains) ter les vitraux des deux transepts Docteurs de l’Église, les prophètes, près l’ordre chronologique de la DIMENSIONS : 0,30 X 0,40 M et les Filles de la Sagesse, qui com- et de l’abside de la chapelle de les Apôtres, les papes. vie du saint : depuis son enfance posent la famille montfortaine à la Sagesse de Saint‑Laurent‑sur- dans la maison de ses parents à laquelle viennent se greffer, au Sèvre, illustrent des scènes de la La réalisation de l’ensemble des vi- Iffendic au secours aux inondés Inscrit au titre des début du XIXe siècle, les Frères vie de Louis-Marie Grignion de traux est confiée au maître‑verrier de la Loire dans un des faubourgs monuments historiques de l’Instruction Chrétienne de Montfort. Claudius Lavergne. Né à Lyon de Nantes au début de l’année 32 le 10 décembre 2007 Saint‑Gabriel. en 1815, élève de l’École des 1711, jusqu’au dernier souffle de 33 Propriété de la communauté Édifiée à partir du mois de mars Beaux‑Arts de 1831 à 1834, il in- Louis‑Marie Grignion de Mont- des Filles de la Sagesse L’exposition de 2005, au sein de 1860, chef-d’œuvre de grâce et de tègre ensuite l’atelier d’Ingres à fort, le 28 avril 1716 à Saint‑ laquelle Louis-Marie Grignion de légèreté, la chapelle des Filles de Paris. En contact avec le monde Laurent-sur-Sèvre, dans la Montfort occupait une place de la Sagesse est achevée en juillet religieux du XIXe siècle, en par- chambre d’une auberge, baptisée choix, a sans aucun doute déclenché 1867 avec l’élévation de la flèche ticulier avec l’abbé Lacordaire, il par la suite « le Saint Esprit ». la protection au titre des monu- surmontée, à près de cent mètres installe son atelier de peinture sur ments historiques des objets qui de haut, d’une croix en fer forgé. Il verre en 1856‑1857 à Paris, et sa J. B. avaient été étudiés à cette occa- s’agit sans aucun doute du plus bel notoriété s’étend rapidement. À la faveur de la préparation d’une sion. Ainsi, à la fin de l’année édifice néo‑gothique de Vendée, Entre 1868 et 1870, Claudius exposition sur la Vendée au XVIIe 2007, cinq tableaux conservés à construit sur des plans établis Lavergne, assisté de son épouse Bibliographie siècle, la Conservation des antiquités Saint‑Laurent‑sur‑Sèvre ont été par les architectes nantais Henri Julie, imagine et conçoit, pour le et objets d’art de la Vendée a protégés par arrêté préfectoral : Faucheur et Eugène Boismen. Le chœur et les deux transepts, un BOUREAU Julien, LEVESQUE redécouvert le riche patrimoine un portrait du Père de Montfort en 1er juin 1888, la veille de la béatifi- riche programme iconographique Richard (dir.), De Richelieu à Grignion mobilier de la Communauté prière provenant de la clinique des cation de Louis-Marie Grignion de qui met en relation, en partie de Montfort, la Vendée au XVIIe des Filles de la Sagesse à Saint‑ Filles de la Sagesse de Rennes où Chapelle des Filles de la Sagesse Montfort, Monseigneur Catteau supérieure, la vie du Christ et, siècle, cat. d’exposition, La Roche- Laurent‑sur‑Sèvre. elles sont aujourd’hui retirées ; un consacra « cette magnifique en partie inférieure, les grandes sur-Yon, Logis de la Chabotterie, Saint Louis‑Marie Grignion de portrait de Marie‑Louise Trichet ; daté de 1887 et présenté dans la chapelle que bien des diocèses étapes de la vie de Louis-Marie mai-octobre 2005, Somogy, 2005. Montfort, plus connu sous le nom une toile datée de 1855 mon- basilique Grignion de Montfort envieraient pour leur cathédrale ». Grignion de Montfort. Les sources GRIGNION DE MONTFORT de Père de Montfort, demeure une trant trois Filles de la Sagesse au de Saint‑Laurent‑sur‑Sèvre, en L’élévation du vaisseau intérieur utilisées par les Lavergne, outre Louis-Marie, Œuvres complètes, figure intimement attachée à l’his- chevet d’un jeune malade, œuvre face du ciborium renfermant le impressionne tandis que la richesse les propres écrits du Père de Paris, Seuil, 1966. toire et à la culture de la Vendée. provenant de la communauté des tombeau du Père de Montfort du mobilier n’a pas d’égal dans Montfort, sont les grandes bio- LE CROM Louis, Un apôtre marial, C’est à Saint‑Laurent‑sur‑Sèvre religieuses de Civray (Vienne) ; le et de Marie‑Louise Trichet. le département. La chaire, tout graphies du XVIIle siècle : le saint Louis-Marie Grignion de qu’il se rend en avril 1716 pour portrait, daté du XVIIIe siècle, d’un Commandée par les communau- comme l’ensemble du mobilier père Jean‑Baptiste Blain, le père Montfort, Tourcoing, Les traditions ce qui sera sa dernière mission. évêque de La Rochelle, protec- tés montfortaines, cette dernière sculpté de la chapelle, est réalisée Joseph Grandet, Pierre-Joseph françaises, 1946. Dès lors, la ville devient le centre teur de Louis-Marie Grignion de œuvre fut offerte au pape Léon en pierre blanche de Chauvigny Picot de Clorivière, et la biogra- LAVERGNE Georges-Claudius, d’un pèlerinage, le lieu où sont Montfort, Monseigneur Étienne XIII à l’occasion de la béatifica- par l’atelier du sculpteur angevin phie du père Joseph Dalin (1839). Claudius Lavergne, peintre nées et à partir duquel se sont de Champflour et, enfin, un - der tion de Louis-Marie Grignion de Henri Chapeau. L’artiste crée ici Claudius Lavergne a réalisé d’histoire et peintre verrier, Paris, développées trois communautés nier tableau de Claudius Lavergne, Montfort en 1888. En la recevant, une œuvre remarquable, au pro- vingt‑deux dessins préparatoires Bloud et Cie, 1910. © J. Boureau Département : Mayenne Commune : Laval Lieu de conservation : Quai Paul Boudet Protéger LES BATEAUX-LAVOIRS DE LAVAL Un patrimoine f uvial rare l Florissante à Laval à la fin du Le « Saint-Julien » au bord de la Mayenne XIXe siècle, l’industrie lavandière compta jusqu’à une vingtaine d’unités, dont seuls subsistent ces 1904-1905 deux exemplaires : alors que, du COQUE EN BOIS temps de leur fonctionnement, LONGUEUR : 28 M Au tournant du XXe siècle, le parc ces bateaux-lavoirs devaient af- LARGEUR : 5,2 M de bateaux-lavoirs, vieillissant, fut fronter les hostilités des autorités renouvelé au profit d’une nouvelle en charge de la navigation, qui génération d’unités, de plus fort Classé au titre des les trouvaient gênants, inesthé- Rescapés d’une campagne de gabarit et à double niveau, dont tiques et non hygiéniques, ils sont monuments historiques destruction systématique qui vit font partie le « Saint-Julien » et le aujourd’hui considérés comme un le 2 décembre 1993 disparaître ces bateaux un par « Saint-Yves » de Laval. Ces deux élément marquant et embléma- Propriété de la commune un, le « Saint-Julien » et le « Saint- bateaux, qui servaient à la fois de tique du paysage des bords de la Yves » sont devenus des témoi- lieu de travail et d’habitation, sont Mayenne. gnages rares d’une activité qui se composés d’une coque en bois, 34 développa sous le Second Empire, sur laquelle est posée une super- Ouvert à la visite en 1980 et 35 dans un contexte de changement structure, divisée en deux étages. converti en annexe du musée de des habitudes vestimentaires - les Le niveau inférieur, accessible la Ville, le « Saint-Julien » a été Le « Saint-Yves » vêtements en coton deviennent par deux échelles de meunier, est classé au titre des monuments monnaie courante et nécessitent réservé aux chaudières, insérées historiques en 1993 avec le Le « Saint-Julien » et le « Saint-Yves » des lavages plus fréquents - et dans des cubes en briques, tandis « Saint-Yves », bien que ce dernier de Laval sont aujourd’hui les deux de restructuration du paysage que le niveau supérieur est destiné ait perdu ses dispositions inté- seuls bateaux-lavoirs classés au riverain. En effet, la construction à faire bouillir le linge dans deux rieures d’origine ainsi que ses titre des monuments historiques en de quais au bord de la rivière, faci- grandes cuves en cuivre. Cet étage ustensiles de lavage. France. Alors que, dans la plupart litant la circulation des navires et servait également de séchoir. des villes du pays, le déclin de ces réduisant les risques d’inondations Aux extrémités du bateau, se En 1994, les deux bateaux-lavoirs équipements flottants commença en éloignant les habitations de trouvaient le logement et le bu- ont bénéficié d’une première dès les années 1960, avec l’avè- l’eau, provoqua aussi l’expropriation reau du capitaine, matérialisés à campagne de restauration, qui a nement du confort domestique des nombreuses blanchisseries, l’extérieur par des pavillons, en nécessité le changement intégral Bibliographie moderne, l’utilisation de ces situées à proximité immédiate du particulier sur le « Saint-Yves ». des coques en bois. À cette occa- deux bateaux-lavoirs lavallois fleuve. Ces commerces se dépla- sion, une structure en béton, un CRENN Bernard, « La longue vie Vue intérieure de l’étage supérieur perdura jusqu’en 1971. Cette lon- cèrent alors et se regroupèrent à Le « Saint-Julien » fut construit à gril, fut créée pour faciliter, par des bateaux-lavoirs lavallois », du « Saint-Julien » et de ses cuves en cuivre gévité remarquable explique leur bord de bateaux, dont la silhouette l’initiative d’Alphonse Fouquet, alternance, l’entretien des deux in La Mayenne : archéologie, très bon état de conservation, en modifia sensiblement le visage de buandier à Laval, qui obtint, le cales. Suite au naufrage survenu histoire, 1987, n° 10, pp. 153-167. particulier celui du « Saint-Julien », l’environnement fluvial urbain. 20 avril 1904, par arrêté préfec- en 2009, un nouveau projet de qui n’a subi que peu de modifica- toral, l’autorisation d’installer un restauration, global et ambitieux, Voir, pour information, tions, même après sa conversion bateau-lavoir le long du quai Paul vit le jour dans le but d’assurer le site Internet : en espace muséographique dans Boudet. En 1933, il vendit son la pérennité patrimoniale de ces www.bateauxdupatrimoine. les années 1980. Ce sont princi- bateau-lavoir à Joseph Poirier, équipements flottants non navi- culture.fr. palement ces critères de rareté et qui en poursuivit l’exploitation guants, construits, à l’origine, d’intégrité patrimoniale qui ont jusqu’à ce que son fils le cède au dans des matériaux peu durables été retenus lors du classement de début des années 1970 à la Ville et particulièrement vulnérables. ces deux unités par le Ministère de Laval. de la culture. J. G.

Niveau inférieur du « Saint-Julien » Lasa - Région Pays de la Loire – Inventaire général © F. Département : Loire-Atlantique Commune : Nantes Lieu de conservation : Bassin Ceineray Protéger LE « LECHALAS »

En 1982, les créateurs de l’asso- cartes postales, plans) qui ont la Chaize à Noirmoutier...). Ainsi, ciation « Les amis du bateau le permis de guider les choix de ce glorieux centenaire, témoin Un bateau centenaire Lechalas » rachètent la vedette restauration. Malgré les travaux majeur du passé maritime local, pour la restaurer. Ils constatent conséquents menés dans les continue à veiller sur le port de dans le port de Nantes que, si le « Lechalas » a souffert années 1990, le « Lechalas » né- Nantes. de ces années d’immobilité, en cessite un entretien régulier de particulier sa coque, sa structure ses boiseries et de sa coque. En L. D. est préservée et le fameux salon a 2010, grâce à l’action des béné- assez bien résisté au temps. voles de l’ABPN,1 une importante 1912-1913 CHANTIERS BLASSE Appartenant au Service de Naviga- ET FILS, NANTES tion des Ponts et Chaussées (Ser- COQUE EN ACIER RIVETÉ, vice de la Navigation de la Loire ROOF EN BOIS DE TECK, 5e section), le « Lechalas » était, à ACAJOU ET ÉLÉMENTS l’époque des grands travaux sur la EN CUIR, BRONZE, LAITON Loire, le moyen de transport idéal pour les ingénieurs qui se ren- LONGUEUR : 16,78 M daient à Paimbœuf ou au canal de LARGEUR : 3,88 M la Martinière. TIRANT D’EAU : 1,53 M POIDS : 25 TONNES 36 Navire amiral du port de Nantes, 37 surnommé le « Vapeur et Miror » Inscrit au titre des ou bien encore « Le Haut de monuments historiques Forme » en raison de son utilisation le 7 mai 1986 par de nombreuses personnalités, Propriété de l’Association le « Lechalas » a notamment des Bateaux du Port de accueilli à son bord trois présidents Nantes (ABPN) de la République d’après guerre Vue intérieure du salon dit « présidentiel » Vue de la timonerie (Vincent Auriol, René Coty et Charles De Gaulle). Conçu comme Le « Lechalas » est une des figures Premier bateau fluvial classé campagne de travaux portant sur un bateau de promenade, ce célèbres et familières de la Loire monument historique le 7 mai le pont, la timonerie et l’arrière bateau d’estuaire permettait aux jusqu’aux années 1960. Il reçoit 1986, le « Lechalas » appartient du roof est réalisée, permettant ingénieurs, grâce à un salon pano- une motorisation diesel dans les aujourd’hui à l’Association des au bateau de faire peau neuve. ramique, dit « salon présidentiel », années 1950, mais sa machine à Bateaux du Port de Nantes (ex L’hélice a fait l’objet de travaux en Bibliographie de surveiller les divers travaux vapeur d’origine, heureusement « S.O.S. le Lechalas ») dont la vo- 2013 et une restauration du salon fluviaux. Ainsi, son aménagement conservée, est exposée dans le cation est orientée vers la consti- est prévue en 2014. et notes Le « Lechalas » est une vedette à a été soigneusement étudié pour hall principal de la Maison des tution, la conservation et l’anima- vapeur fluviale construite en 1912 offrir un cadre agréable : le salon Hommes et des Techniques à tion d’une collection de bateaux Depuis 1992, le « Lechalas », MILLOT Gilles, « La résurrection par Médéric-Clément Lechalas, est entièrement vitré et tous les Nantes. de port caractéristiques de la mouillé sur les bords de l’Erdre du « Lechalas », vedette à ingénieur des Ponts et Chaussées éléments ont été conçus dans des Rachetée en 1968 par un parti- construction métallique nantaise. à Nantes, face à la Préfecture, vapeur des Ponts et Chaussées », qui lui a donné son nom, et mise matériaux précieux (cuivre, teck). culier qui voulait l’utiliser pour Sa restauration commence en navigue à nouveau et participe à Le Chasse-Marée, n° 84, 1994, en service le 25 octobre 1913. Cet On y trouve également des water- faire de la navigation de plaisance 1990, financée par l’État (Direc- de nombreuses manifestations pp. 32-39. ingénieur étudia l’aménagement closets à l’anglaise. sur les canaux, la vedette quitte tion régionale des affaires cultu- culturelles dans la région nantaise des estuaires soumis à la marée Nantes et la Loire pour partir sur relles des Pays de la Loire) et (Rendez-vous de l’Erdre, Ren- 1 - Voir, pour information, et posa, en 1869, les principes de la Vilaine à La Roche-Bernard. les collectivités locales (Région, contres du fleuve, Journées euro- le site Internet de l’Association l’aménagement des fleuves mari- Mais la transformation du bateau Département, Ville de Nantes). péennes du patrimoine...), mais des Bateaux du Port de Nantes times que l’on appliqua à la Loire. est abandonnée par son proprié- Les travaux sur le bateau (pont, aussi à des événements nautiques (ABPN). taire et le « Lechalas » reste sur la cheminée...) se sont appuyés sur (Brest 2000, Semaine du Golfe du Vilaine jusqu’en 1983. des documents anciens (photos, Morbihan, les Régates du Bois de © L. Delpire Département : Vendée Commune : Mouilleron‑en‑Pareds Lieu de conservation : Mairie LE TIGRE Le Tigre terrassant l’aigle, DE GEORGES bronze de Gardet CLEMENCEAU

appartement de la rue Franklin, qu’il a été permis de redécouvrir GEORGES GARDET le 24 novembre 1929, mais c’est certains éléments conservés 1921 encore en Vendée qu’il souhaite dans la mairie de sa commune BRONZE se faire inhumer, au Colombier, à natale, notamment Le Tigre ter- HAUTEUR : 0,65 M Mouchamps. rassant l’Aigle, une allégorie de LARGEUR : 0,76 M Clemenceau écrasant l’impéria- Bien entendu, certains monu- lisme allemand. PROFONDEUR : 0,42 M ments attachés à l’histoire de cet homme ont déjà fait l’objet de Ce bronze est d’abord offert, en Inscrit au titre des protections au titre des monu- mars 1921, par la Ville de Paris à monuments historiques ments historiques : le château Georges Clemenceau qui en fait 38 le 10 janvier 2011 familial de son enfance à La ensuite don à la commune de Propriété de la commune Réorthe, le monument commé- Mouilleron‑en‑Pareds, à l’occasion moratif de la Grande Guerre, érigé d’un déplacement en Vendée par le sculpteur François Sicard et à l’automne suivant. Le 18 sep- inauguré par Georges Clemenceau tembre 1921, Clemenceau écrit à Sainte‑Hermine en 1920, sa à son ami Claude Monet, depuis tombe du Colombier ainsi que Saint‑Vincent‑sur‑Jard : « Le 9 celle de son père, proche du logis octobre, j’inaugure un monument familial à Mouchamps. L’État est aux morts dans mon village natal du propriétaire de la maison natale bocage ; le 2 octobre, j’inaugure de Georges Clemenceau à Mouil- mon propre monument à Sainte- leron‑en‑Pareds, en cours d’amé- Hermine. Ce sera, je crois, une nagement pour une présentation assez belle kermesse avec danses au public, et de sa maison de et feu d’artifice sur la coudrette Belesbat à Saint‑Vincent‑sur‑Jard, comme dans l’ancien temps. On ouverte au public. mangera dans son chapeau, on couchera dans les arbres, ou Est‑il nécessaire de dire le lien Pourtant, jusqu’en 2010, aucun dans les fossés. Voyez si cela vous qui unit Georges Clemenceau à la objet mobilier de cet homme tente ». Quelques jours après la Vendée ? Né à Mouilleron-en‑ illustre n’avait été protégé au titre journée passée à Sainte‑Hermine, Pareds en 1841, issu d’une famille des monuments historiques. C’est Georges Clemenceau se rend à implantée en Vendée depuis le XVe donc à l’occasion de la préparation Mouilleron‑en‑Pareds, pour prési- siècle, retiré de la vie politique en d’une exposition temporaire sur der l’inauguration du monument 1920, il s’installe dans sa « bicoque » le thème du « Père la Victoire », aux morts fraîchement érigé sur la de Saint‑Vincent‑sur‑Jard, face à la organisée par la Conservation des place du village. Dans son édition mer. Il y séjourne chaque année, antiquités et objets d’art de la du 16 octobre 1921, le journal quelques semaines au printemps Vendée pour être présentée La Démocratie vendéenne rend et trois mois en été. Certes, conjointement à Saint‑Vincent‑ compte du discours qu’il prononce

Clemenceau meurt à Paris, dans son sur‑Jard et à Mouilleron‑en‑Pareds, alors : « Dans une émouvante © J. Boureau Protéger improvisation, M. Clemenceau Georges Gardet conçoit ici une évoqua les souvenirs de son œuvre, assise sur une terrasse enfance et témoigna de ses senti- en marbre portant inscription, où ments pour ses compatriotes dont se mêlent équilibre des forces et il partageait le deuil. M. Clemen- Avant de devenir définitivement composition graphique. La posi- ceau lit ensuite un vibrant appel le « Père la Victoire », Georges tion du fauve, qui n’est pas sans à l’union de tous dans l’amour de Clemenceau est surnommé le rappeler les formes puissantes des la patrie. Toutes les classes de la « Tigre », « Tigre de la Victoire » tigres du sculpteur Antoine-Louis société, dit‑il, se sont trouvées ou « Tigre victorieux ». C’est le Barye, met l’accent sur la force dans cette guerre soudainement journaliste Émile Buré, collabo- musculaire de l’animal. Georges réunies. Nous avons tous souffert, rateur de Clemenceau à l’Aurore, Gardet va même jusqu’à trans- mais nos espoirs se sont réalisés. puis son chef de cabinet à l’Inté- crire, avec beaucoup de réalisme, Je veux que ma dernière pensée rieur, qui lui donne le surnom de les blessures de l’aigle défait. La soit un témoignage d’amour pour « Tigre » en 1906. Bon nombre de férocité de la scène évoque, de cette vieille cité où le hasard des caricaturistes se sont donc empa- manière allégorique, l’âpreté des choses me fit naître, mais le plus rés de ce sobriquet pour croquer combats sur le champ de bataille. bel hommage rendu aux morts au les pommettes marquées de Aucun modèle en plâtre n’est cours de cette manifestation, c’est Georges Clemenceau, ses mous- connu pour ce Tigre en bronze vous, braves femmes, qui l’avez taches tombantes, son énergie mais on sait que c’est la mai- apporté avec vos larmes ». indomptable et sa volonté de fer son Siot‑Decauville, l’une des C’est donc à cette occasion que sous les traits du grand félin. Sur principales fonderies du XIXe Georges Clemenceau offrit le cette représentation sculptée par siècle, qui édita cette statuette bronze à la mairie de Mouilleron‑ Georges Gardet, il n’est plus seu- selon la technique de la fonte à la en‑Pareds. Dans une lettre datée lement le Tigre, homme politique cire perdue. du 31 mars 1921, adressée à Roger redouté, éternel tombeur de Intérêts historique et esthétique 41 Haut - La maison Clemenceau de Saint‑Vincent‑sur‑Jard de Lattre de Tassigny, maire de ministère : il est devenu « le Tigre se sont ici conjugués pour justifier Gauche - La tombe de Clemenceau au Colombier, à Mouchamps Mouilleron‑en‑Pareds, il prévoit de la Victoire » capable de faire une protection au titre des © J. Boureau déjà ce cadeau : « La Ville de Paris vaciller l’Allemagne de l’empereur monuments historiques. Prochai- Bas - Clemenceau à Mouilleron‑en‑Pareds, vient de m’offrir un magnifique Guillaume II. nement, les objets ayant appar- photographie du début du XXe siècle © Commune de Mouilleron‑en‑Pareds bronze ‑ un tigre terrassant un tenu à Georges Clemenceau et aigle ‑ en souvenir de la guerre Georges Gardet (1863‑1939) est conservés dans sa maison de gagnée. Je ne crois pouvoir mieux considéré comme l’un des plus Saint‑Vincent‑sur‑Jard feront faire que l’offrir à la mairie de grands artistes de l’école française l’objet d’une étude approfondie, mon village natal. Vous lui trou- de sculpteurs animaliers. Fils de dans la perspective d’une présen- verez facilement une belle place sculpteur, il entre à l’École des tation en Commission départe- dans votre salle de séances et nos Beaux‑Arts de Paris où il devient mentale des objets mobiliers, en bons concitoyens se réjouiront, l’élève d’Aimé Millet et d’Emma- vue d’une protection au titre des j’espère, de l’hommage rendu à nuel Frémiet. Les sujets anima- monuments historiques. l’un d’eux par notre Capitale pour liers deviennent alors ses thèmes sa participation à la grandeur de de prédilection. Georges Gardet J. B. l’œuvre commune ». participe au Salon de Paris dès l’âge de vingt ans et remporte son premier succès en 1887 avec Drame au désert (Parc Montsouris, Paris). De nombreux clients fortunés lui commandent alors des « portraits » de leurs animaux familiers ou des sculptures destinées à décorer leur jardin ou leur demeure. Département : Loire-Atlantique Commune : Piriac-sur-Mer Lieu de conservation : Mairie Protéger BUSTE DE MARIANNE

PAUL BELMONDO (ALGER, 1898 - PARIS, 1982) dans un courant néo-classique, VERS 1950 à la recherche de l’harmonie par PLÂTRE PEINT des lignes simples et des formes HAUTEUR : 0,70 M lisses. Il a également réalisé des La famille Belmondo passait médailles et des illustrations de LARGEUR : 0,50 M régulièrement ses vacances à livres d’art. Deux de ses bronzes, PROFONDEUR : 0,30 M Piriac-sur-Mer après la Seconde Jeannette et Apollon, se trouvent Guerre mondiale. Le sculpteur, dans le jardin des Tuileries. Inscrit au titre des sensible au lieu et à l’accueil des monuments historiques habitants, offrit à la commune un Cette œuvre, conservée à Piriac- le 20 février 2012 exemplaire du buste de Marianne sur-Mer, est un type rare de buste Propriété de la commune qu’il avait créé dans les années de Marianne dont on trouve Buste de Marianne 1930. Celui-ci orne toujours la beaucoup de représentations à Piriac-sur-Mer 42 salle des mariages de la commune. répétitives et manufacturées dans 43 Ce buste de Marianne dite les mairies de France. Des modèles Vue du dos de la sculpture d’« Alger » est créé par l’artiste de ce buste sont également de Piriac-sur-mer avec la signature de l’artiste en 1933, d’après le portrait de visibles dans la maison de Jean La Marianne de Paul Belmondo à Mademoiselle Pardon, danseuse Monnet à Bazoches-sur-Guyonne Piriac-sur-Mer est significative par au théâtre du Châtelet à Paris. (Yvelines) et à la mairie de sa production limitée, son illustra- Gramond (Aveyron). tion du renouveau de la statuaire Paul Belmondo est né à Alger en néo-classique au cours du deu- 1898 dans une famille modeste Ici, la représentation de l’allégorie xième quart du XXe siècle, la per- d’origine italienne. Passionné de de la République est très épurée. sonnalité de l’artiste et enfin par dessin, il commence à sculpter En réaction à l’expressionnisme les circonstances de sa présence dès l’âge de 13 ans et suit des d’Auguste Rodin, Paul Belmondo dans cette commune. Tous ces études d’architecture à l’école des propose un modèle d’inspiration éléments ont conduit à proposer Beaux-Arts d’Alger, interrompues néo-classique avec drapé à l’an- la protection de cet objet, qui a Bibliographie par la Première Guerre mondiale. tique. Cette œuvre se place direc- été inscrit au titre des monuments Grâce à une bourse, il poursuit ses tement dans la lignée de Charles historiques en février 2012. BRÉON Emmanuel (dir.), études à Paris où il devient l’ami Despiau, par cette volonté d’un Paul Belmondo : du sculpteur Charles Despiau et il retour à la plénitude des formes L. D. la sculpture sereine, obtient le prix franco-américain classiques et la recherche d’un Éditions Somogy, 2001. Blumenthal en 1926. Il reçoit bien- idéal esthétique méditerranéen tôt des commandes de l’État, no- fondé sur l’inspiration antique. tamment pour le palais de Chaillot À l’origine, le projet consistait

© Musée Paul Belmondo et obtient le Grand prix artistique en un simple buste au sein nu et Marianne ou La république dite d’« Alger », de l’Algérie en 1932, puis le Grand sans bonnet phrygien. Plusieurs 1933, musée Belmondo prix de la Ville de Paris en 1936. Il variantes sont sculptées jusqu’en sera professeur à l’école nationale 1940, comme le montrent les des Beaux-Arts de Paris en 1956 modèles conservés au musée Bel- et membre de l’Institut en 1960. mondo, ouvert à Boulogne-Billan-

Son œuvre sculpté s’inscrit court en 2010. © L. Delpire Restaurer RESTAURER LES OBJETS MONUMENTS HISTORIQUES

Julien BOUREAU, conservateur des antiquités et objets d’art de la Vendée Laurent DELPIRE, conservateur des antiquités et objets d’art de Loire-Atlantique 1 FONTEVRAUD-L’ABBAYE Jugement dernier Julie GUTTIEREZ, 2 ANGERS conservateur des monuments historiques - Vitrail de la cathédrale d’Angers 45 - Ornements liturgiques de Anna LEICHER, la collection Mongazon conservateur délégué des antiquités et objets d’art de Maine-et-Loire 3 SAUMUR Tapisserie La Chasse au faucon Clémentine MATHURIN, 4 LE CROISIC conservateur des monuments historiques Statue de saint Jacques 5 LE MANS Anetta PALONKA-COHIN, Vierge à l’Enfant conservateur délégué des antiquités et objets d’art de la Sarthe de Charles Hoyau Étienne VACQUET, 6 TURQUANT Deux reliefs en bois sculptés, conservateur délégué des antiquités et objets d’art de Maine-et-Loire la Crucifixion et la Descente de Croix 7 LUÇON La Descente de Croix de Lubin Baugin 8 LA FLÈCHE L’Annonciation de Jean Jouvenet 9 RUFFIGNÉ Cloche de l’église Saint-Pierre 10 SAINT-MARS-LA-JAILLE La fuite en Égypte de Laurent Blanchard 11 FONTENAY-LE-COMTE Les muses du château de Terre-Neuve 12 LA-CHÂTAIGNERAIE Le Baiser de Judas de Félix Lionnet 13 BOUCHAMPS-LES-CRAON © C. Grenouilleau L’Adoration des mages Détail des polychromies de la Descente de croix de Turquant, p 62 de l’église Saint-Pierre Restaurer de l’objet sont conservées comme Par exemple, la restauration d’un vation ? Faut-il restaurer l’enve- autant de témoignages de son bateau, conformément à la déon- loppe du bâtiment avant d’enga- LA POLITIQUE histoire matérielle. De même, les tologie des conservateurs et res- ger celle des décors et du mobilier traitements appliqués doivent être taurateurs, est difficilement com- intérieur ? Autant de questions chimiquement neutres, stables patible avec les normes de sécurité posées par les services de l’État au DE RESTAURATION DU dans le temps, et, autant que pos- actuelles, qui conduisent parfois moment de conseiller les proprié- sible, réversibles pour permettre à sacrifier des éléments d’origine taires de monuments historiques. leur éventuelle suppression sans pour sauvegarder l’utilisation de Dans les pages qui suivent, une PATRIMOINE MOBILIER altérer l’objet. Des essais et, dans l’objet. sélection de quelques projets menés les cas les plus complexes techni- En effet, contrairement à l’objet dans la région sur différents types quement, une étude préalable sont de musée, l’objet monument d’objets - peintures, sculptures, EN PAYS DE LA LOIRE souvent indispensables pour défi- historique reste utilisé et se ornements textiles, tapisseries, nir un protocole de restauration trouve conservé dans des espaces cloches, etc - vous sont présentés précis. S’agissant d’objets toujours non spécifiquement dévolus à la pour illustrer non seulement les Du classement des objets mobiliers sous la forme de subventions, plus des monuments historiques. employés - usage cultuel pour les conservation et à la présentation choix de restauration effectués présentant un « intérêt public », ou moins conséquentes suivant Parallèlement, la Conservation objets d’art religieux, circulation des œuvres d’art. C’est pourquoi, par les conservateurs des œuvres, institué par la loi du 31 décembre le niveau de protection de l’objet. régionale des monuments histo- ou navigation pour les véhicules lors de la mise en place d’un projet mais aussi le profond engagement 1913, découle une contrainte de riques assure la maîtrise d’ouvrage ou bateaux -, la restauration pose de restauration sur un objet monu- des restaurateurs qui, par leur conservation qui conduit le proprié- À l’exception des objets relevant du des travaux sur les objets appar- souvent de délicats dilemmes : ment historique, il est nécessaire connaissance intime de l’objet, taire à entretenir son patrimoine patrimoine industriel, scientifique tenant à l’État et conservés dans comment trouver un équilibre de mener une réflexion plus glo- parviennent à lui insuffler une ou, le cas échéant, à le restaurer et technique, souvent propriétés les cinq cathédrales ainsi qu’à satisfaisant entre la volonté de pré- bale : à quelle fréquence l’objet nouvelle vie. quand son état de conservation se d’associations patrimoniales, la l’Abbaye royale de Fontevraud. server l’utilisation traditionnelle est-il utilisé ? Dans quel état sani- détériore. plupart des objets protégés res- Des campagnes de restauration de l’objet, de le conserver dans taire est l’édifice qui l’abrite ? Son J. G. En 1977, la création des Directions taurés avec le concours des ser- globales ont été menées ces der- toute sa matérialité et de le rendre emplacement d’origine lui offre-t-il accessible au public ? de bonnes conditions de conser- Repose du tableau de Bouchamps-les-Craon 46 régionales des affaires culturelles, vices de l’État appartiennent à nières années dans certains de ces en présence de la restauratrice et du maire 47 administrations déconcentrées de des collectivités publiques. Ainsi, monuments dans la perspective l’État, dote le Ministère de la ce type de projet ne peut aboutir de l’ouverture de « trésors », pré- culture d’un outil essentiel pour sans l’engagement total des élus, sentations pérennes d’objets d’art promouvoir la connaissance, la qui donnent l’impulsion décisive largement ouvertes au public. La protection et la valorisation du pour que la restauration, malgré restauration des riches fonds de patrimoine, au plus près des spéci- les dépenses importantes qu’elle tapisserie conservés à Angers et au ficités régionales. Dans le domaine implique parfois, soit lancée. Par Mans ainsi que l’achèvement des du patrimoine mobilier, cette action exemple à Bouchamps-les-Craon, restaurations des sculptures man- prend la forme d’une politique de village de Mayenne de 500 habi- celles en terre cuite - dont celle restauration des objets inscrits ou tants, la restauration d’un tableau de la Vierge à l’Enfant attribuée à classés : la Conservation régionale inscrit s’est révélée spectaculaire à Charles Hoyau est décrite dans cet des monuments historiques, en col- la grande satisfaction des élus et de ouvrage - constituent quelques- laboration avec les Conservations la population. En Pays de la Loire, unes des priorités pour les années des antiquités et objets d’art des la mise en place d’une programma- à venir. différents départements, élabore tion pluri-annuelle dans certaines ainsi chaque année une program- communes, comme à Guérande La philosophie générale qui guide mation de travaux qui prend en ou Laval, permet de planifier la l’ensemble de ces projets de res- compte les demandes des proprié- restauration d’un objet par an. tauration, quel qu’en soit le maître taires, publics ou privés, mais aussi Ces actions reflètent une politique d’ouvrage, suit les recommanda- les urgences sanitaires signalées locale volontaire en matière de tions de la Charte de Venise de lors des récolements effectués sur conservation et de mise en valeur du 1964, qui insiste sur la nécessité le terrain. La participation de l’État patrimoine. D’autres partenaires, de respecter l’intégrité et l’au- se décline selon un double volet : un comme les Conseils généraux thenticité de l’objet grâce à une accompagnement scientifique et ou la Fondation du patrimoine, restauration à la fois minimaliste technique - définition de la nature apportent bien souvent leur parti- et réversible. C’est ainsi que, sauf des travaux, choix des entreprises cipation financière à ces restaura- quand elles dénaturent profon- qualifiées, suivi du chantier de res- tions, après validation du contenu dément l’œuvre, les interventions tauration - et des aides financières, technique par les conservateurs postérieures à la date de création © J. Guttierez L’ADORATION DES MAGES DE BOUCHAMPS-LES-CRAON Avant et après restauration © C. Ruel Département : Maine-et-Loire Commune : Fontevraud-l’Abbaye Lieu de conservation : Abbaye royale de Fontevraud Restaurer

colorées avant le collage et le LA RENAISSANCE DU montage des quatre principaux fragments, maintenus par des tiges métalliques, sur un socle en métal. JUGEMENT DERNIER En 2010, une nouvelle campagne de restauration fut confiée à Valérie Bibliographie Mehdipour dans le cadre d’un projet global de mise en valeur PRESSOUYRE Léon, PRIGENT venu se recueillir sur les tombes du groupe sculpté. Jusqu’alors pré- Daniel, « Le Jugement Dernier SECONDE MOITIÉ de son frère et de son père, Henri senté dans une chapelle du cloître de Fontevraud », Académie des DU XIIe SIÈCLE II de Plantagenêt. Ce récit men- Saint-Benoît non accessible au Inscriptions et Belles Lettres, TUFFEAU BLANC tionne la présence d’un groupe public, le groupe devait être déplacé volume 133, numéro 3, 1989, POLYCHROMÉ Lors des fouilles archéologiques sculpté représentant le Jugement dans le chauffoir du Grand Moûtier, pp. 804-809. HAUTEUR : 1,30 M menées en 1984 entre le chevet Dernier devant lequel le prélat destiné à devenir la salle du « Tré- de l’église abbatiale de Fontevraud aurait signalé la présence de rois sor » de Fontevraud. LARGEUR : 0,60 M PRESSOUYRE Léon, PRIGENT et la chapelle Saint-Benoît, ont été parmi les réprouvés, et dénoncé Le socle métallique créé par Groux PROFONDEUR : 0,65 M Daniel, « Un Jugement Dernier mis au jour, dans une fosse, des la conduite passée de Jean sans présentant d’évidents signes sculpté à Fontevraud », revue fragments lapidaires provenant Terre, l’encourageant à suivre le d’oxydation en raison d’un climat Propriété de l’État 303, hors série, numéro 67, d’une représentation du Jugement modèle des monarques conduits humide, le Jugement Dernier fut 4e trimestre 2000, pp. 146-151. Dernier. au Paradis, représentés sur la paroi déposé et installé sur un nouveau PROJET DE RESTAURATION opposée. Le futur roi se serait support en inox, totalement ré- MENÉ EN 2010-2011 Sculptés en très haut relief dans alors engagé à suivre l’exemple versible et conforme aux normes Étude préalable : du tuffeau blanc, ces éléments, des élus. Bien que le thème icono- de conservation en vigueur. 50 Valérie Mehdipour qui conservent quelques traces de graphique du Jugement Dernier se Parallèlement, une nouvelle étude 51 Restauration : polychromie, ont été assemblés développe surtout, en sculpture stratigraphique permit de décou- Valérie Mehdipour, en 1989 pour composer un groupe monumentale, à partir du XIIIe vrir que le tuffeau blanc sculpté en Valérie Baudon et sculpté. Dominés par la figure de siècle, ces vestiges dateraient taille directe était couvert de trois Nathalie Mèmeteau l’archange saint Michel, tenant un donc de la seconde moitié du XIIe repeints posés sur un niveau plus Conception et réalisation pan de draperie, six élus foulent siècle. ancien, probablement d’origine. du socle : des créatures monstrueuses, L’analyse stylistique permet de Enfin, l’œuvre fut placée sous une LP3 Conservation, représentées dans la partie infé- corroborer cette hypothèse, car vitrine et mise en valeur par un Philippe Langot rieure. Cette scène constitue les fragments mis au jour, d’une éclairage directionnel, soulignant certainement une faible partie grande qualité d’exécution, sont le raffinement des couleurs, la pu- Coût total de la restauration : d’un ensemble architectural beau- très proches du linteau du portail reté des volumes et le dynamisme 16 236 €, financé à 100% coup plus monumental. Fait pour du Jugement Dernier de la cathé- de la composition. par l’État être vu de face - comme l’atteste drale de Laon en Picardie. Ici, Ainsi, le Jugement Dernier constitue Coût du socle : le caractère peu dégrossi des la composition se distingue par le point d’orgue de la présentation 9 568 €, financé à 100% par sculptures à l’arrière - ce groupe une recherche de mouvement et permanente inaugurée en 2012 le Centre Culturel de l’Ouest provient probablement d’un por- de profondeur, perceptible dans à l’Abbaye royale de Fontevraud. tail ou d’une clôture séparant le la disposition des personnages, Il est aujourd’hui accompagné de chœur des religieuses de l’espace échelonnés suivant une oblique fragments inédits, qui n’ont pu être réservé aux laïcs. bien marquée, pour créer une rattachés à la scène centrale, mais impression de perspective. qui possèdent une beauté plas- Un épisode, rapporté dans une tique intrinsèque. Très expressifs, source ancienne, Magna Vita Juste après leur découverte, les ces fragments de bustes, visages Sancti Hugonis, relate la venue à fragments sculptés ont fait l’objet et monstres infernaux, suscitent Fontevraud de Jean sans Terre, d’une campagne de restauration l’émotion du spectateur par leur futur roi d’Angleterre, le 11 avril menée par l’entreprise Groux, qui intemporalité et les traces d’ou- 1199, peu de temps après la mort a consisté en une consolidation tils, qui matérialisent la présence de son frère, Richard Cœur de du support, un dégagement et de l’artiste du XIIe siècle. Lion. Accompagné de Hugues, refixage des vestiges de polychro- évêque de Lincoln, le prince était mie, des ragréages et retouches J. G. © V. Mehdipour © V. © V. Mehdipour © V.

LE JUGEMENT DERNIER La restauration a permis de redécouvrir la fraîcheur des polychromies d’origine. Département : Maine-et-Loire Commune : Angers Lieu de conservation : Cathédrale Saint-Maurice

Vue du vitrail en lumière transmise Restaurer les deux faces du vitrail, une DE L’ACQUISITION vitrine sur mesure sera créée, articulée et éclairée par une lumière froide pour une bonne conservation de l’œuvre. Ce À LA RESTAURATION vitrail retrouvera ainsi en 2014 la cathédrale d’Angers, écrin d’origine qu’il avait quitté depuis, le retour d’un vitrail à la cathédrale d’Angers peut-être, plusieurs siècles.

C. M. Des verres brisés, un masticage DATÉ DU SECOND devenu très dur et adhérent, QUART DU XIIIe SIÈCLE néfastes à la bonne conservation VERRES SOUFFLÉS ET À la fin de l’année 2009, une du vitrail, ont rendu nécessaire TEINTS DANS LA MASSE ; demande de certificat d’exporta- une restauration complète. La nécessité d’une intervention Bibliographie PEINTURE AU TRAIT, tion attire l’attention de la sous- direction des monuments histo- très expressif dont les traits ont sur ce panneau ne posait pas REHAUTS DE LAVIS ; riques du Ministère de la culture. été soulignés par l’emploi de pein- question mais jusqu’où la res- BOULANGER Karine, Les vitraux PLOMB Elle porte en effet sur un très beau ture au trait et par des rehauts tauration devait-elle aller ? De de la cathédrale d’Angers, Corpus vitrail du XIIIe siècle qui est rapide- au lavis. Placé sur un fond bleu, nombreux remaniements ont eu vitrearum, Paris, CHTS, 2010. Propriété de l’État ment identifié par Michel Heroldt, il est entouré d’éléments orne- lieu au cours du temps mais le grand spécialiste du vitrail français, mentaux (mosaïque circulaire à manque de documentation sur PROJET DE RESTAURATION comme provenant, selon toute motifs feuillagés) qui sont, pour la son état d’origine a conduit à la 54 MENÉ EN 2011-2012 vraisemblance, de la cathédrale plupart, des pièces de remploi décision de mener une restaura- Restauration : d’Angers. Les incertitudes sur la provenant d’autres panneaux. tion minimale, curative et ayant Virginie Lelièpvre période à laquelle ce fragment a pour principal objectif d’améliorer été détaché de la verrière dont il L’examen précis de la pièce et son la lisibilité du panneau. Coût de l’opération : faisait partie ne permettent pas à étude stylistique ont permis de la Une fois le cadre déposé, un net- 5107 € (étude préalable) ; toyage très délicat des peintures a l’État de le revendiquer comme un dater des années 1230-1235. Le Vue du vitrail en 4868 € (restauration) bien lui appartenant mais, devant vitrail proviendrait du chœur de la été mené et ont été supprimés les lumière réfléchie financés à 100 % par l’État la très grande qualité de la pièce cathédrale, où plusieurs verrières mastics, les plombs superflus ainsi et sa probable provenance initiale, de cette époque sont encore en que le filet de verre moderne qui le Ministère de la culture s’en place. Ses dimensions, le style servait de bordure. Une quinzaine porte acquéreur pour un retour à du personnage, ainsi que la com- de pièces de verre ont été desser- la cathédrale d’Angers. Ce fragment position des verres rapprochent ties afin de permettre la dépose vient donc compléter les très ce vitrail d’autres panneaux de la des verres modernes posés lors Retouche au trait du e visage du saint nombreux vitraux datant du XII cathédrale. Si cette provenance de précédentes restaurations, qui au XVe siècle qui constituent une est vraisemblable, il n’est cepen- ont été remplacés par de la résine des principales richesses de cet dant pas possible d’en apporter transparente et retouchés à la édifice. la preuve irréfutable, les informa- peinture afin de lui donner la colo- tions manquant sur l’état d’origine ration des verres alentour. Placé dans un cadre en bois à une de la vitrerie avant les nombreuses date indéterminée et vraisem- restaurations effectuées dans la Grâce à ces opérations, la partie blablement réutilisé dans la baie cathédrale au XIXe siècle. centrale originale du vitrail, datant d’un édifice religieux, le vitrail se du XIIIe siècle, a pu être mise compose d’une figure de saint qui, Au moment de son acquisition, le en valeur. La repose du pan- hors de son contexte d’origine, n’a vitrail était dans un état de conser- neau dans une baie du chœur pas pu être identifié. Drapé dans vation préoccupant. La pièce avait de la cathédrale d’Angers étant un vêtement rouge, constitué en effet subi de nombreux- net exclue, il a été décidé de l’expo- de verres « fouettés » selon une toyages agressifs et abusifs qui ser dans le trésor qu’abrite une technique très employée au XIIIe avaient provoqué des rayures sur des chapelles latérales. Afin de siècle, ce personnage a un visage les verres et fragilisé les peintures. permettre au public d’admirer © V. Lelièpvre © V. Département : Maine-et-Loire Commune : Saumur Lieu de conservation : Église Notre-Dame de Nantilly (en dépôt au château-musée) Restaurer

LA CHASSE Cette restauration a été l’occasion de découvrir que, sur le revers, un potomage (peinture) originel avait Ainsi, à une distance d’environ un enluminé les joues des femmes, AU FAUCON mètre, la restauration n’est pas alors qu’il était interdit par les décelable. Elle présente l’avantage corporations dès l’époque médié- d’être complètement réversible, vale. La conclusion s’imposait : les toiles de restauration ayant été depuis le XXe siècle au moins, ce déré pour son intérêt intrinsèque appliquées au revers de la tapisse- n’est pas la face de la tapisserie DEUXIÈME QUART et dissocié de La chasse au faucon. rie. Enfin, un galon périphérique a que nous contemplons mais son DU XVe SIÈCLE L’état de l’œuvre était globalement été posé et l’œuvre doublée pour revers, traité avec le même soin, LAINE ET SOIE bon et le travail a consisté à ima- une meilleure présentation et à l’exception de la « tricherie » de giner un montage permettant conservation. la peinture. Classé au titre des d’en montrer les deux faces : en La chasse, noble occupation s’il effet, comme pour la Tenture de monuments historiques E. V. en est, devient dans les arts une l’ Apocalypse d’Angers, il n’y a pas le 14 avril 1904 allégorie des rapports amoureux. d’envers et les couleurs d’une des Propriété de la commune Lors d’une chevauchée gracieuse, faces sont demeurées beaucoup un gentilhomme offre à une dame plus intenses. Avant et après restauration PROJET DE RESTAURATION le chaperon d’un rapace, l’un des MENÉ EN 2003 instruments de soumission de Après un dédoublage et l’enlève- PUIS EN 2008-2009 l’oiseau, qui, lorsqu’il est libre, ment des principales pièces de Restauration par l’entreprise part à la chasse, comme le montre, comblement, la tapisserie a été 56 Chevalier puis Sylvie Forestier dans la partie supérieure, le vol cousue sur une gaze pour pouvoir éperdu de deux oiseaux. La litté- être nettoyée sur une table à Coût total de l’opération : rature courtoise du XVe siècle est tamis à l’aide de pulvérisation 12 800 € riche de ces thèmes. L’horreur du d’eau par balayage. Subvention de l’État : vide, la densité des personnages, Après réflexion, il a été décidé 3 840 € la richesse de leurs atours, mais d’enlever la plupart des restau- aussi la qualité du tissage, font rations anciennes devenues vi- de cette tapisserie l’une des plus suellement trop gênantes. Cela a somptueuses de l’art médiéval. permis de remettre la tapisserie dans le plan et selon l’horizontalité Malgré des restaurations anciennes, des fils de chaîne. Tous les fils la tapisserie était devenue d’une dénudés ont été fixés par des grande fragilité : de nombreux fils points espacés sur une toile de de chaîne étaient dénudés, des consolidation en lin, teinte dans reprises créaient des tensions, des la couleur convenant au dessin de fils de restauration avaient viré de façon à ce qu’elle passe inaperçue. couleur. Enfin, des lacunes avaient Pour les zones de fortes lacunes, Les églises de Saumur possèdent été comblées avec des morceaux notamment dans la partie supé- un ensemble exceptionnel de de diverses tapisseries anciennes, rieure, le principe de la sérigraphie tapisseries, datant du XVe au XVIIIe dont l’exemple le plus marquant a été employé : le dessin disparu siècle. Héritage des bouleverse- était l’angle supérieur droit aux (coiffe, frondaisons) a été atten- ments de la fin du XVIIIe siècle, une motifs d’hermine, rapporté à tivement restitué grâce à des po- des pièces, fragmentaire, échut à contre-fil, sans rapport ni de choirs sur une toile de type reps de l’église Notre-Dame de Nantilly, tissage ni de couleurs avec l’en- coton, dont l’aspect légèrement malgré son sujet éminemment semble. À l’examen, ce fragment côtelé se rapprochait de celui civil et courtois : une chasse au s’est révélé être une tapisserie de la tapisserie. Quelques frag- faucon. Au XXe siècle, il a été datant probablement de la fin du ments originels, mais détachés, y décidé qu’elle serait présentée XVe siècle, ayant pu servir de tapis ont été fixés, de façon à conserver dans le château-musée de la ville. de table : il devait donc être consi- la totalité de l’œuvre originale. © S. Forestier Département : Loire-Atlantique Commune : Le Croisic Lieu de conservation : Église Notre-Dame-de-Pitié Restaurer l’exposition, organisée à Redon en Une étude préalable à la restau- 2004 et consacrée à Saint Jacques ration a été engagée en 2007 afin LA POLYCHROMIE en Bretagne, permit de la replacer de déterminer l’évolution de la dans le corpus conservé dans polychromie de cette œuvre, visi- successifs, dont le deuxième était l’Ouest et, au regard de la façon blement repeinte au début du XIXe particulièrement bien conservé. dont le saint est représenté (robe siècle dans un gris homogène sur En accord avec la paroisse et la RETROUVÉE et manteau, besace accrochée au toute la surface. Cette étude, menée commune, les conservateurs ont bourdon), de la dater, selon Humbert par l’Atelier de restauration de décidé de procéder au dégage- de la statue de saint Jacques de Compostelle Jacomet, d’une période antérieure Kerguéhennec, a permis d’observer ment des cinq niveaux de poly- à 1550. sept niveaux de polychromie chromie ultérieurs pour retrouver ce second niveau. Le résultat s’est révélé spectaculaire en raison Aucune source ne permet au- du très bon état de conservation de AUTEUR INCONNU jourd’hui de connaître précisé- cette polychromie et du nouveau e FIN DU XVI - DÉBUT ment l’origine de cette statue. Les visage coloré qu’a retrouvé cette e e e DU XVII SIÈCLE auteurs du XIX et du début du XX statue de saint Jacques le Majeur. BOIS SCULPTÉ, siècle signalent que la sculpture Sur le plan structurel, quelques PEINT ET DORÉ se situait à cette époque dans la compléments de sculpture ont sacristie de l’église. Elle a été placée HAUTEUR : 1,12 M été effectués, comme la restitu- dans le collatéral Nord dans les LARGEUR : 0,34 M Bien que l’église Notre-Dame-de- tion de la partie basse manquante années 1930. Très vite, sa qualité PROFONDEUR : 0,27 M Pitié du Croisic ait subi de nom- du bourdon du pèlerin ou les co- breuses dégradations pendant la artistique et son ancienneté sus- quilles dorées du chapeau et de la Révolution, elle abrite encore de citent l’intérêt et conduisent à sa Classé au titre des besace. Cette restauration a -per nombreux objets anciens, souvent protection au titre des monuments mis de révéler une des plus belles monuments historiques protégés au titre des monuments historiques en 1954. Alors que représentations de saint Jacques 58 le 4 février 1954 historiques. Parmi les statues cette statue avait été classée 59 e de Compostelle conservées dans Propriété de la commune anciennes conservées, il faut comme une œuvre du XVII siècle, la région. signaler une intéressante statue PROJET DE RESTAURATION de saint Jacques de Compostelle. L. D. MENÉ DE 2007 À 2011 Au-delà de son intérêt artistique, Étude préalable et restauration : elle rappelle la place occupée Atelier régional de restauration autrefois par le port du Croisic de Kerguéhennec dans le pèlerinage maritime des catholiques du Nord de l’Europe Coût total de l’opération : 10 350 € se rendant en Espagne par la mer. Subvention de l’État : 5 175 € Bibliographie Le saint est représenté de façon traditionnelle, avec une barbe ROUDIER Jean, Saint Jacques fournie, un large manteau sur une en Bretagne, cat. d’exposition, robe, un livre ouvert dans une main Redon. Éditions Label LN, 2005. et, dans l’autre, un bourdon ou bâton de pèlerin, une besace mar- quée d’une coquille Saint-Jacques et un large chapeau portant ce même insigne.

Vue du saint Jacques avant et après restauration © L. Delpire Département : Sarthe Commune : Le Mans Lieu de conservation : Cathédrale Saint-Julien Restaurer une terre claire avec de nom- breuses inclusions rouges. La terre Bibliographie LA VIERGE cuite présentait une coloration BRESC-BAUTIER Geneviève, La polychromie d’origine, préservée générale évoluant entre le rose clair LE BŒUF François (dir.), au niveau des carnations, s’est et l’ocre jaune selon les espaces, Belles et inconnues : sculptures révélée lacunaire sur le reste du avec localement des « coups de en terre cuite des Ateliers du À L’ENFANT DE HOYAU groupe sculpté où elle subsiste feux » noirs, liés à la cuisson. Ont Maine, XVIe-XVIIe siècles, Paris, uniquement dans les creux sous également été mis au jour plu- cat. d’exposition, musée la forme d’îlots. L’ étude strati- sieurs collages d’origine, réalisés du Louvre, février-mai 2002, graphique a montré que cette après cuisson et avant l’applica- supérieure, ce que semblent en Paris, 2002. CHARLES HOYAU tout cas suggérer les regards polychromie est agrémentée d’un tion de la polychromie. La teinte décor de sgraffiti : la robe et le brune et l’aspect des collages (ATTRIBUÉE À) Placée au sommet du portail légèrement baissés, et dirigés corselet de la Vierge sont dorés, indiquent un adhésif à base de 1633-1635 d’une des chapelles rayonnantes vers la droite, des personnages. avec une bordure, en bas de la cire-résine colophane, selon les TERRE CUITE ; de la cathédrale du Mans, d’autant Les armoiries bûchées du socle plus invisible qu’elle était entière- laissent penser à une commande robe, décorée de traits noirs for- techniques traditionnelles des Cohin POLYCHROMIE, DORURE ment recouverte d’une épaisse privée, peut-être du chanoine Le mant un quadrillage. À l’exté- terres cuites mancelles. Certains HAUTEUR : 1,26 M couche de poussière, cette Vierge Rouge qui a posé ses armes sur la rieur, la capeline est blanche et volumes, peut-être endommagés LARGEUR : 0,48 M à l’Enfant était peu connue il y a Sainte Cécile et la Vierge de dou- munie d’une bordure dorée cernée au cours de la cuisson, ont été PROFONDEUR : 0,50 M encore une dizaine d’années. Elle leur de Charles Hoyau. En effet, la de deux traits noirs parallèles. repris au plâtre. Ce dégagement a s’est révélée être une œuvre de plaque de fondation de l’autel du À l’intérieur, elle est décorée de également révélé que les couches © A. Palonka- Propriété de l’État grande qualité et son attribution à chanoine Le Rouge, autorisée par sgraffiti, de traits parallèles bleu de polychromie d’origine étaient Charles Hoyau, un des plus grands le chapitre en 1633, mais datée clair sur une dorure à la feuille sur appliquées sur une préparation PROJET DE RESTAURATION terracottistes manceaux de la de 1635, et conservée dans la bol orangé. Le manteau blanc est blanche, à l’exception des -car MENÉ EN 2000 ET 2012 première moitié du XVIIe siècle, cathédrale du Mans, fait explicite- orné d’une bordure dorée cernée nations des personnages, d’une 60 Restauration : Christian Sallé, est communément admise. ment référence à une dédicace en de deux traits parallèles bleus, sa épaisseur très fine, directement 61 2000 ; Brigitte Estève, 2012 l’honneur de la Vierge. doublure est rouge, à la bordure posées sur la terre cuite. La statue évoque la fameuse Sainte dorée. Enfin, la coiffe présente Coût total de l’opération : Cécile de Charles Hoyau, égale- En vue d’une exposition consa- à l’extérieur et à l’intérieur le Cette opération de dégagement a 13 577 € financés à 100 % ment conservée à la cathédrale crée à la statuaire mancelle des décor uni de traits parallèles gris redonné à cette œuvre une meil- par l’État Saint-Julien. Alors que la majorité XVIe et XVIIe siècles, organisée en sur feuille d’étain ou d’argent. Sa leure homogénéité visuelle qui des œuvres de ce sculpteur sont 2002 au musée du Louvre, puis, bordure et son galon sont dorés à met en valeur la finesse du travail signées, l’absence de signature sur en 2003, à l’Abbaye de l’Epau, près la feuille. Un fin bandeau rouge, de modelage, auparavant forte- la Vierge à l’Enfant ne met pour- du Mans, la Vierge à l’Enfant a été partiellement caché sous la coiffe, ment empâtée par des badigeons tant aucunement en doute cette restaurée pour la première fois enserre les cheveux de la Vierge. de chaux. Des retouches colorées attribution. La physionomie de la en 2001 par Christian Sallé, res- Le linge de l’Enfant est blanc, à la anciennes, inesthétiques et trop Vierge, son visage large, aux joues taurateur de sculptures à Tours. bordure dorée, sa doublure pré- foncées, ont été éliminées sur les sente un décor de traits parallèles carnations du visage de l’Enfant. Détail du décor rondes et ses yeux légèrement Visant avant tout à une meilleure sombres. La restauration s’est achevée, sur de la robe exophtalmiques sous des sourcils présentation de l’œuvre lors de de la Vierge fins et cintrés, ses cheveux fine- son exposition, cette première les zones de terre cuite nue de la ment tressés - bien qu’ici partiel- intervention consistait surtout à Dix ans après la première restau- robe de la Vierge, par l’applica- lement cachés sous une coiffe - et nettoyer et dépoussiérer la statue, ration, suite à la découverte sur tion d’un jus léger ocre jaune ainsi le somptueux drapé, tantôt bouil- mais comprenait aussi quelques l’ensemble de la statue de traces que par des retouches colorées à lonnant, tantôt dessinant de fines réparations, comme le refixage d’attaques biologiques mais aussi l’aquarelle, qui facilitent la lecture volutes, rappellent sensiblement de la tête cassée et de l’orteil dans la perspective d’une nou- générale de l’œuvre. la sainte musicienne. gauche de l’Enfant, ainsi que des velle mise en valeur, le dégage- retouches colorées sur les carna- ment des vestiges de polychromie A. P-C. Faisant partie d’un ensemble tions et les joints des collages. En et de dorure a été confié à Brigitte important de statues de Charles revanche, ont été conservés sur la Estève, restauratrice de sculptures Hoyau conservées à la cathédrale statue des surpeints mats et blan- à Beaulieu-lès-Loches (Indre-et- du Mans, la Vierge à l’Enfant châtres appliqués sur l’ensemble Loire). Ce dégagement complet a devait orner un retable, peut-être des vêtements des personnages, permis d’effectuer de nouvelles le même que la Sainte Cécile, qui masquaient les vestiges de observations du support, révélant dont elle a pu occuper la niche polychromie ancienne. notamment la nature du matériau, La Vierge à l’Enfant de Charles Hoyau Département : Maine-et-Loire Commune : Turquant Lieu de conservation : Église Saint-Aubin Panneau peint Panneau peint Restaurer de la Crucif xion de la Descente de Croix RELIEFS MONUMENTAUX i DE TURQUANT

un bâton sacerdotal et un cœur 1637 ET 1670 enflammé. Les deux personnages BOIS SCULPTÉ, sont agenouillés mais, tandis PEINT, DORÉ que l’abbesse est présentée par la Vierge, le moine est présenté Classé au titre des par saint Jean. Dans la partie Les deux panneaux en bois sculpté, inférieure du relief, au centre, un monuments historiques conservés dans l’église parois- blason couronné a été bûché. le 6 décembre 1930 siale de Turquant, sont chacun Le panneau de la Descente de Propriété de la commune constitués de trois planches Croix, divisé lui aussi en deux de bois et d’un encadrement, registres, présente le corps du PROJET DE RESTAURATION présent sur trois de leurs côtés. Christ détaché et descendu par MENÉ DE 2009 À 2013 Ils représentent, en haut relief quatre hommes juchés sur deux Étude préalable : peint et doré, une Crucifixion échelles appuyées contre la croix. Valérie Medhipour et une Descente de Croix. Au centre, surgissent les murs 62 Restauration : Marc Boutfol Ces œuvres, historiquement liées de Jérusalem, tandis que Marie- 63 (dépose, nettoyage, traitement à l’Abbaye royale de Fontevraud, Madeleine et l’une des trois et renforcement du support) ; furent exécutées entre 1637 et femmes qui l’accompagnent Christine Grenouilleau 1670, du temps de l’abbesse retiennent le linceul. (polychromie) ; Jeanne-Baptiste de Bourbon, sans Anaïs Ménard (dorure) que l’on connaisse leur destination Ces sculptures présentaient de précise. La monumentalité de ces nombreuses altérations, tant au Coût total de l’opération : sculptures en fait pourtant l’un niveau de la structure que de la 39 390 € des plus importants témoignages surface polychromée et dorée, Subvention de l’État : 20 559 € de la décoration d’un édifice dues au vieillissement du bois religieux dans la région. et à des attaques d’insectes © C. Grenouilleau xylophages. Des transformations Détail des polychromies originales Au sommet des deux panneaux, volontaires ont aussi entraîné la premier nettoyage de cette -poly Afin de prendre en compte les

© A. Leicher de la Descente de croix la présence d’une encoche disparition de certains éléments, chromie, une étude approfondie exigences en matière de conser- indique que les reliefs étaient pro- comme la croix sommitale, le de la stratigraphie, grâce à des vation préventive, les collages bablement surmontés, en guise blason et les ailes des anges. fenêtres de dégagement, a per- effectués, notamment la remise de couronnement, d’une croix La première étape de la restau- mis de confirmer la présence en place des ailes des angelots, aujourd’hui disparue. ration a consisté à renforcer le de la couche picturale d’origine ont été réalisés à la colle de peau La Crucifixion met en scène le support en appliquant un traite- et d’en apprécier la qualité. Les de lapin, méthode traditionnelle Christ en croix se dégageant sur un ment fongicide et insecticide, à polychromies ont été mises et appropriée à la conservation fond de ciel et de nuages peuplés remplacer six traverses latérales au jour au scalpel et avec des d’une œuvre dans un lieu qui peut d’angelots. Au loin, se distinguent et à consolider les zones les plus solvants avant l’étape finale de s’avérer humide. Une fois restau- les bâtiments évoquant Jérusa- gravement endommagées au réintégration picturale des lacunes. rés, les reliefs ont regagné la place lem. Au pied de la croix enlacée Paraloïd (résine). qu’ils occupaient depuis le XIXe par sainte Madeleine, se tient, à Les polychromies et dorures siècle dans le chœur de l’église, gauche, l’abbesse de Fontevraud, anciennes avaient été recouvertes scellés de part et d’autre de la tenant sa crosse et un cœur à plusieurs reprises. Le dernier baie axiale. enflammé. À droite de la croix, repeint, épais et disgracieux, un moine de Fontevraud tient s’écaillait fortement. Après un A. L. Département : Vendée Commune : Luçon Lieu de conservation : Cathédrale Notre-Dame de l’Assomption LA REDÉCOUVERTE D’UN CHEF- D’ŒUVRE La Descente de Croix de Lubin Baugin

DATÉ DES ANNÉES 1650 HUILE SUR TOILE

Classé au titre des monuments historiques le 29 décembre 1983 Propriété de l’État

PROJET DE RESTAURATION Le premier document mention- MENÉ DE 2002 À 2005 nant la présence de la Descente Restauration : Patrick Buti de croix peinte par Lubin Baugin 64 à la cathédrale de Luçon (Vendée) 65 Coût de l’opération : 59 792 € remonte à l’année 1837, date à Longtemps, les historiens de financés à 100 % par l’État laquelle la restauration de cette l’art ont hésité à rapprocher les grande toile est décidée par le nombreuses œuvres religieuses conseil de fabrique. D’auteur alors signées « Lubin Baugin » avec les non identifié, sa grande qualité quatre superbes natures mortes n’est pourtant pas remise en signées d’un simple « Baugin ». cause, le registre parlant alors C’est pourtant bien le même d’une œuvre « d’un très grand peintre qui a peint le Dessert de maître [méritant] d’être conservée ». gaufrettes, conservé aujourd’hui Aucun document ne permet pour- au musée du Louvre, et les grandes tant de déterminer les conditions compositions religieuses que de sa commande. A-t-elle été sont la toile de Luçon ou le Christ réalisée pour la cathédrale de mort pleuré par deux anges, chef- Luçon ? Il n’est pas possible de d’œuvre de la peinture française l’affirmer, même si, écrit Jacques du XVIIe siècle (musée des Beaux- Thuillier, grand spécialiste du Arts d’Orléans). Une profonde peintre, « l’hypothèse d’une com- évolution a eu lieu dans l’œuvre mande dans les années 1650, de Lubin Baugin entre le début de pour le maître-autel, remplacée sa carrière, la peinture qu’il pro- aujourd’hui par l’immense bal- duit à partir de son retour d’Italie, daquin du XVIIIe siècle, ou pour et les grandes commandes de la l’un des autels secondaires, n’est fin de sa carrière. En font partie aucunement à exclure ». la toile aujourd’hui conservée à Luçon mais aussi les nombreuses œuvres réalisées pour la cathé- drale Notre-Dame de Paris, au- jourd’hui pour une grande part disparues ou non localisées. © P. Buti © P. Détail d’une sainte femme après restauration Restaurer En collaboration avec Jacques Thuillier, professeur honoraire au Collège de France, des fenêtres sont effectuées dans les repeints confirmant la présence, au-dessous, de la couche originale et la possi- bilité d’une dé-restauration sans risque. Après suppression des repeints, quelques retouches illusionnistes - finalement peu nombreuses - ont été réalisées. Le très beau tableau que l’on peut admirer aujourd’hui, où frappent Achevée en décembre 2004, cette l’émotion des visages et la blan- restauration exemplaire a permis cheur du linceul prêt à recueillir de retrouver la beauté originelle le corps du Christ descendu de de cette Descente de Croix, la la croix, était, jusqu’aux années délicatesse de la touche de Lubin 2000, entièrement dissimulé sous Baugin et de confirmer l’impor- les repeints qui venaient recouvrir tance de cette œuvre dans le corpus la couche picturale originale. Ils de l’artiste. étaient le résultat de plusieurs interventions, dont la plus lourde C. M. fut, selon toute vraisemblance, celle de Joachim Sotta, peintre- restaurateur auquel l’œuvre fut Détail de la Vierge 67 confiée en 1837.

Une grande restauration est donc lancée en 2004 par la Conservation Bibliographie régionale des monuments histo- riques des Pays de la Loire, en- THUILLIER Jacques (dir.), couragée par l’exposition-rétros- Lubin Baugin, cat. d’exposition, pective « Lubin Baugin, un grand Orléans, musée des Beaux-Arts, maître de la peinture française », , musée des Augustins, organisée en 2002 par le musée février-septembre 2002, des Beaux-Arts d’Orléans et le Paris, Réunion des musées musée des Augustins de Toulouse. nationaux, 2002

L’étude préalable, durant laquelle des radiographies avaient été réa- lisées, et l’allègement des vernis, première étape de la restauration, ayant confirmé la présence de très nombreux repeints, la délicate question d’une dé-restauration s’est posée. Dans ces cas complexes, seule une décision collégiale, une collaboration entre les profes- sionnels de la conservation du patrimoine (conservateurs, res- taurateurs) et les spécialistes de l’artiste permet d’aboutir à une décision mûre et réfléchie. © P. Buti © P. Département : Sarthe L’Annonciation après restauration Commune : La Flèche Lieu de conservation : Prytanée militaire, chapelle Saint-Louis DU CADRE À LA TOILE La restauration de l’Annonciation de Jean Jouvenet

JEAN JOUVENET 1687 HUILE SUR TOILE Installée tardivement, en 1816, dans la chapelle Saint-Louis du Classé au titre des Prytanée militaire, cetteAnnoncia- tion a été réalisée pour la maison monuments historiques Avant de devenir Prytanée national de Saint-Cyr, autre fondation le 5 août 1919 militaire et école de formation royale créée, en 1684, à l’initiative Propriété de l’État de la Défense, le complexe de La de Madame de Maintenon. Flèche était, à l’origine, un collège Elle fait partie d’une commande PROJET DE RESTAURATION jésuite. Fondé en 1603 par Henri par Louis XIV d’un ensemble de MENÉ EN 2011 IV, le collège, construit selon les tableaux pour la chapelle de Saint- 68 Restauration : plans d’Etienne Martellange et Cyr à quatre fameux peintres Patrick Buti (tableau) Louis Métezeau, devient rapide- d’Histoire de la fin du XVIIe siècle : et Emmanuelle Bouard (cadre) ment, avec ses cinq cours, l’un des Bon Boullogne, Antoine Coypel, établissements les plus importants Louis de Boulogne et Jean Jouvenet. Coût de l’opération : 20 968 € de l’ordre en France. Jean Jouvenet (1644-1717) prouve, financés à 100 % par l’État La chapelle du collège, remarquable avec la toile aujourd’hui conser- (Ministère de la défense) morceau d’architecture, abrite un vée à La Flèche, la virtuosité de ses monumental retable architecturé grandes compositions religieuses. en marbre, commandé en 1633. Le tableau se divise en deux La statuaire en terre cuite de la registres, inférieur et supérieur, main des Delabarre, sculpteurs symbolisant les deux mondes, manceaux, représentant, entre terrestre et céleste, l’Archange autres, les saints jésuites Ignace Gabriel, le bras droit levé, faisant de Loyola, fondateur de l’ordre, la liaison entre l’humain et le et François-Xavier, fameux mis- divin. La composition de l’Annon- sionnaire, accompagnés de saint ciation du Prytanée militaire est Louis et Charlemagne, entourait à rapprocher d’un tableau sur le le tableau de la contre-table où même thème, peint deux ans plus était peint le saint patron de la tôt et aujourd’hui conservé au chapelle, saint Louis. Disparue musée des Beaux-Arts de Rouen : à la Révolution française, cette même composition en deux toile est aujourd’hui remplacée registres, même position de l’ange par une Annonciation réalisée par de l’Annonciation, seule l’attitude Jean Jouvenet, un des plus fameux de la Vierge change. peintres du second XVIIe siècle, à qui l’on doit, entre autres, une partie du décor de la chapelle du château de Versailles ou du dôme de l’église des Invalides à Paris. © P. Buti © P. Restaurer

La restauration de cette grande toile - plus de trois mètres de hauteur - est lancée en 2011. Afin de préparer l’intervention des restaurateurs, des radiographies, photographies infrarouges et sous ultraviolets sont réalisées, auto- risant une découverte intime et Afin de mener une opération profonde de la peinture. La res- complète, une restauration du tauration est en effet un moment cadre a également été lancée. privilégié, pour les conservateurs Après un ponçage du vernis et et les restaurateurs, permettant l’application du bol, couche de d’améliorer la connaissance de la préparation, une dorure à la matérialité des œuvres. Les rayons détrempe a été posée. Les feuilles X donnent ainsi un état précis de d’or ont, dans une dernière étape, l’état du support, la toile, tandis été brunies, c’est-à-dire frottées que la photographie infrarouge avec une pierre d’agate pour les Bibliographie permet de déceler l’éventuel des- rendre brillantes. SCHNAPPER Antoine, Détail de la partie supérieure du tableau en cours de nettoyage sin sous-jacent réalisé par l’artiste Cette grande composition, qui, Jean Jouvenet et la peinture pour préparer l’application de classée dès 1919, fait partie des 71 Détail du pied de l’archange Gabriel après restauration Détail de la main de l’archange Gabriel après restauration la couche picturale. Grâce aux premières protections au titre des d’histoire à Paris, nouvelle examens scientifiques réalisés sur monuments historiques après la édition, complétée et préfacée l’Annonciation, il est possible d’af- promulgation de la loi de 1913, par Christine Gouzi, Paris, firmer que Jean Jouvenet n’avait a été restaurée grâce à l’action Arthena, 2010. pas réalisé de dessin préparatoire conjointe du Ministère de la précis préparant la mise en place défense, propriétaire du Prytanée finale de sa composition. militaire, et de la Direction régionale des affaires culturelles Après un nettoyage général, des Pays de la Loire. Un projet l’allègement du vernis ancien a exemplaire de collaboration permis de retrouver les couleurs interministérielle. originales du tableau. Certains repeints réalisés lors de restau- C. M. rations antérieures ont été sup- primés mais c’est au revers que l’intervention principale a eu lieu. La toile était en effet très déten- due menaçant là l’intégrité de la couche picturale. Elle a donc été retendue grâce à l’installation, sur le châssis, d’un système de ressorts qui assurent une parfaite liberté de mouvement à l’œuvre et permettent à la toile de se tendre ou de se détendre sous l’effet des variations du taux d’humidité de son lieu de conservation. © P. Buti © P. Département : Maine-et-Loire Vue de la chape après restauration Commune : Angers Lieu de conservation : Lycée Mongazon

Mongazon pour son institution Restaurer de Beaupréau, installée à Angers LES ORNEMENTS en 1831. Conservée pendant près d’un siècle dans la sacristie de la chapelle du lycée, la chape trou- vait place dans une armoire (sus- LITURGIQUES pendue à un cintre), tandis que les autres vêtements étaient pliés dans des tiroirs garnis de papier du Lycée Mongazon journal.

Une restauration de l’ensemble des textiles avait été réalisée en TISSU LYONNAIS 1886 par les ateliers Grossé de Bruges. Depuis cette date, aucun DATÉ DE 1735-1750 © B. Rousseau - Conseil général de Maine-et-Loire SOIE, FILS MÉTALLIQUES, Les ornements sacerdotaux du entretien spécifique n’avait été LAMPAS BRODÉ Lycée Mongazon se composent effectué malgré une utilisation d’une chape, d’une chasuble, d’une régulière pour les offices des fêtes. Classé au titre des dalmatique, d’une tunique, de monuments historiques deux étoles, de trois manipules, La commande d’un chapier en d’un voile et d’une bourse. Le tissu 2008 par l’association propriétaire, le 24 juin 1975 de la chape et celui, différent, des pour y placer en priorité cet en- Propriété de l’Association autres éléments datent des années semble, a constitué le préalable du Colombier 1735-1750 et sortent très pro- à la restauration à proprement bablement d’un atelier lyonnais. parler qui s’est déroulée en plu- 72 PROJET DE RESTAURATION La réunion de ces objets a dû être sieurs tranches, financées pour MENÉ DE 2009 À 2012 effective dans le courant du XVIIIe moitié par l’État. En effet, les Restauration : siècle. grandes pièces (chape, chasuble, Sylvie Forestier dalmatiques, tunique) souffraient Parmi ces ornements, la chape de nombreuses déformations Coût total de l’opération : présente un somptueux lampas à et usures, de fils soulevés et de 39 076 € paysages animés de pagodes, de manques. Les principales opéra- Détail du revers pendant la restauration © S. Forestier Subvention de l’État : pavillons, de terrasses, formant tions de restauration ont consisté 19 538 € des médaillons dans un parterre en un dépoussiérage minutieux, fleuri. Les broderies en fil de soie une remise à plat des étoffes, une au passé empiétant du chaperon consolidation des zones les plus représentent une Adoration des fragiles par un doublage de l’intérieur mages. Les orfrois illustrent des et une fixation des fils soulevés. scènes de l’Enfance du Christ tandis que ceux de la chasuble, Les ornements ne sont plus en couchures de fils métalliques utilisés depuis des années, ni et fils de soie au passé empiétant, présentés de façon permanente se rapportent à l’histoire de la en raison de leur extrême fragilité. Vierge. Sur les dalmatiques, des Le chapier en érable, réalisé figures de saints, en or nué, ornent dans un matériau neutre sur les les clavis. conseils de la Conservation des antiquités et objets d’art, garan- Utilisée à l’Abbaye royale du Ron- tit une conservation optimale des ceray à Angers, la chape - qui textiles. Les tiroirs, évidés, garnis aurait servi lors du sacre de Louis de croisillons et de sangles de lin, XVI - fut mise en vente après le reçoivent désormais la chape dans départ des religieuses à la Révolu- un lieu au climat surveillé. tion et achetée par la Maréchale Détail du chaperon avec l’Adoration d’Aubeterre qui l’offrit à l’Abbé A. L.

des mages, après restauration © J. Guttierez Département : Loire-Atlantique Commune : Ruffigné Lieu de conservation : Église Saint-Pierre Restaurer LA CLOCHE DE RUFFIGNÉ La cloche avant et après restauration et Marie remplaça Perrine Michel...

Cette cloche a été fondue en 1771 F. R. GUILLAUME, par F. R. Guillaume dont quelques FONDEUR cloches sont recensées en 1771 Les saisies révolutionnaires offrent Mayenne et dans les Côtes d’Armor. BRONZE une occasion à la municipalité de Sur le cerveau, partie sommitale Ruffigné : le monastère de Saint- de la cloche, se distingue l’inscrip- Martin-de-Teillay était désaffecté ; tion dédicatoire en trois lignes : Classé au titre des les ornements et objets du culte « Bénite par le très révérend monuments historiques allaient être dispersés. C’était le père Jean Bienvenue Mainguet, le 22 octobre 1909 moment opportun pour récupérer gardien de Saint Martin de Propriété de la commune la cloche du couvent. Le 22 mai Teillay / nommée par messire 1791, la municipalité adresse au Louis Auguste René Delavau, PROJET DE RESTAURATION district une demande visant à ob- élève-maître ordinaire en 74 MENÉ EN 2010 tenir l’échange de la cloche prin- la chambre des comptes de / Restauration : cipale de l’église de Saint-Martin Bretagne, seigneur de la Roche- Entreprise Bodet de-Teillay contre la grosse cloche Giffard et par Dame Marie de l’église du bourg. Le district Françoise Claret, son épouse ». La restauration, engagée en 2010 Coût total de l’opération : donne l’autorisation en y mettant Au-dessous de cette inscription, par l’entreprise Bodet, portait sur 10 420 € quelques conditions : « La munici- figure le nom de l’église Saint- la recharge par soudure des points Subvention de l’État : 5 210 € palité donnera en contre-échange Martin-de-Teillay ainsi qu’un de frappe, très usés, et le rempla- la grosse cloche paroissiale. Une cartouche encadré de fleurs cement de la bélière sur plaque. Le expertise sera établie aux frais de contenant l’inscription « F.R GUIL- beffroi de l’église a par ailleurs été la municipalité. Les deux cloches LAUME ME FORMAVIT ANNO repris ainsi que l’ensemble de la seront estimées en raison de leur 1771 ». Autour de la gueule, court sonnerie, qui est donc aujourd’hui pesanteur et de la quantité de ma- une bordure de fleurs de lys tandis à nouveau en état de fonctionner. tière qui les compose [...] et au cas que se trouvent, sur la robe, une où la cloche de Saint-Martin serait croix latine sur piédestal aux bras L. D. d’une valeur supérieure, le prix de fleurdelysés, un buste de la Vierge l’excédent sera payé à la caisse du et une Vierge à l’enfant. On peut district ». supposer que la cloche fut bap- En 1791, une cloche provenant tisée Marie. En 1883, une cloche de l’ancien monastère de Saint- Autorisation accordée, on dépo- de taille plus importante vint Notes Martin-de-Teillay, commune du sa la cloche et on la transporta rejoindre celle-ci dans le clocher jusqu’au bourg paroissial. C’est de l’église de Ruffigné. département voisin d’Ille-et-Vilaine, 1 - Sources documentaires un sieur Faucheux qui effectua le est placée dans le clocher de de l’Association Saint Patern charroi dont le coût (6 livres et l’église de Ruffigné, datée du de protection du patrimoine e 1 10 sols) fut réglé par le District. XVIII siècle . Ce couvent de du pays de Châteaubriant. Cordeliers, fondé par les barons On descendit l’ancienne cloche de Châteaubriant, se trouvait au Perrine Michel et on remonta la milieu de la forêt de Teillay, dans nouvelle venue. Elle est toujours la paroisse de Ruffigné, diocèse de dans le clocher, plus de deux cents Nantes. ans plus tard. © L. Delpire Département : Loire-Atlantique Commune : Saint-Mars-la-Jaille Lieu de conservation : Église Saint-Médard Restaurer de Berry l’a achetée. Elle a figuré ensuite à la vente des tableaux LA SAINTE FAMILLE de la duchesse de Berry du 19 avril 1865 (tableaux provenant du palais Vendramini à Venise). L’acheteur fut alors le mar- PENDANT LA FUITE quis de la Ferronnays, dont le grand-père fut ministre des Affaires Étrangères de Charles X. Par ailleurs propriétaire du EN ÉGYPTE château de Saint-Mars-la-Jaille et maire de la commune au XIXe siècle, c’est donc probablement le marquis de la Ferronnays qui LAURENT BLANCHARD dut offrir cette œuvre à l’église VERS 1819 paroissiale. HUILE SUR TOILE, À l’iconographie du Repos Lors de la restauration du cadre CADRE EN BOIS pendant la fuite en Égypte, est d’origine, le nom du peintre a ET STUC DORÉS L’église Saint-Médard a été associé le thème de la Sainte construite entre 1834 et 1840 Famille avec Saint Jean-Baptiste été redécouvert, confirmant ainsi dans un style néo-médiéval sur les enfant. Le groupe est placé dans l’attribution des experts. Le Inscrit au titre des plans de l’architecte du départe- un paysage où l’Égypte est évo- tableau a ensuite repris place dans monuments historiques ment, Saint-Félix Seheult. L’église quée par la présence d’une pyra- l’église où il peut désormais être le 15 novembre 2001 actuelle, dont le clocher-porche mide en arrière-plan. Les deux admiré par le public. Au regard de ces récentes découvertes et de 76 Propriété de la commune date de 1869, a remplacé une enfants, à la coiffure caractéris- 77 ancienne église, reconstruite au tique du début du XIXe siècle, sa valeur historique et artistique, PROJET DE RESTAURATION XVIe siècle, avec enfeu et chapelle jouent devant la Vierge, elle aussi le classement de ce tableau de MENÉ EN 2011 réservée au châtelain, détruite en coiffée et voilée selon la mode de provenance royale est envisagé. Restauration : 1838. l’époque. Saint Joseph, accoudé, Catherine Ruel (tableau) ; regarde la scène et semble som- L. D. Anaïs Ménard (cadre) Cette église conserve plusieurs meiller. Le cadre est orné d’un objets d’art anciens, en particulier décor de palmettes et de frises Coût total de l’opération : différents tableaux, aujourd’hui caractéristiques de la période 8 150 € remisés, dont La Sainte Famille néo-classique. Subvention de l’État : 2 445 € pendant la Fuite en Égypte, inscrit au titre des monuments historiques La restauration de la toile a révélé Notes avec son cadre en novembre 2001. une œuvre de grande qualité, Le mauvais état de conservation inspirée des grands Maîtres 1 - Documentation personnelle de cette œuvre imposait une res- italiens et a également permis de de M. François Macé de Lépinay, tauration. Ni la date précise, ni retrouver, au revers, le tampon de conservateur général honoraire Vue de La Sainte Famille pendant la fuite en Égypte l’auteur, ni les conditions d’arri- la galerie de la duchesse de Berry, du patrimoine. avant et après restauration vée dans l’église Saint-Médard de belle-fille de Charles X. cette toile d’époque néo-classique (début XIXe siècle) n’étaient alors Des recherches récentes, menées connus. en lien avec le musée du Louvre et François Macé de Lepinay1, ont permis d’attribuer cette toile à l’artiste Laurent Blanchard (Valence, vers 1762 - Paris, vers 1818), peintre peu connu qui a surtout travaillé comme portraitiste. Cette toile a été exposée au Salon après sa mort, en 1819, où la duchesse

Détail du cadre après restauration avec le nom du peintre © L. Delpire Département : Vendée Commune : Fontenay-le-Comte Lieu de conservation : Château de Terre-Neuve Restaurer

à l’extérieur. En comparant les LES MUSES statues avec des photographies de la fin du XIXe siècle, des manques sont apparus. Quelques algues et lichens, des poussières volatiles DU CHÂTEAU recouvraient les statues tandis que des éléments saillants étaient dis- loqués et menaçaient de tomber. La terre cuite se désagrégeait par Bibliographie DE TERRE‑NEUVE plaques ou en feuillets. Quelques fissures et des craquelures de la BOUREAU Julien, Restauration et duplication matière ont aussi pu être -déce LEVESQUE Richard, lées. Des traces de polychromie, « Ensemble de 222 plaques peu adhérentes, subsistaient de de cuivre pour impression manière éparse. Il s’imposait donc à l’eau-forte du château de cuite, datant du début du XIXe de réaliser des copies, parallèle- Terre-Neuve », in Icônes et idoles. TERRE CUITE siècle, sans doute de production ment à la restauration des sculp- Regards sur l’objet Monument ET VESTIGES DE française : Melpomène (Tragédie), tures originales. historique, Arles, Actes Sud, 2008, POLYCHROMIE Uranie (Astronomie), Polymnie pp. 272-273. PREMIÈRE MOITIÉ (Poésie), Thalie (Comédie), Erato Entre 2005 et 2011, les neuf DU XIXe SIÈCLE (Poésie lyrique), Euterpe (Musique), muses ont donc été restaurées, Depuis les années 1860, les façades Clio (Histoire), Calliope (Éloquence), après avoir été évidées, pour être Renaissance du château de Terre‑ et Terpsichore (Danse), cette der- ensuite présentées au public dans Classé au titre des Neuve, à Fontenay‑le-Comte, sont nière étant accrochée au pignon la pièce utilisée par Octave de 78 monuments historiques scandées par des statues monu- Est de l’aile Nord. Au‑dessus de Rochebrune comme atelier de 79 le 14 novembre 1994 mentales néo‑classiques repré- chacune des muses, Rochebrune gravure. Les copies, dont on a pu Propriété privée sentant les neuf Muses, acquises plaça un médaillon gravé à leur compléter les éléments disparus, par l’érudit Octave de Rochebrune. nom. principalement les mains et PROJET DE RESTAURATION Elles jouent un rôle premier dans quelques attributs, ont été réali- MENÉ DE 2005 À 2011 l’organisation générale de ces Chaque statue se présente en sées en taille directe en pierre de Étude préalable : Christian Sallé façades. deux éléments assemblés par un Lavoux, ou en pierre de Tervoux Restauration et réalisation des joint horizontal à hauteur de la pour deux d’entre elles. Les blocs copies en pierre : Edmond Fain Édifié par Nicolas Rapin à la fin taille. À une date indéterminée, de pierre ont été sculptés suivant du XVIe siècle, le château de sans doute dans les années 1950, la méthode de la «mise au point», Coût total de l’opération : Terre‑Neuve fut profondément les statues ont été remplies de ci- consistant à prendre des points 131 706 € remanié au milieu du XIXe siècle ment jusqu’à la tête, et goujonnées de référence sur l’original pour Subvention de l’État : 65 653 € par son propriétaire, l’aquafortiste avec des tiges métalliques noyées ensuite les reporter sur le bloc Octave de Rochebrune, qui des- dans un mélange de gravier et de de pierre. Chaque copie de muse sina et sculpta lui‑même de ciment. Des agrafes métalliques a nécessité deux mois de travail nombreux éléments architectu- renforçaient les assemblages. avant que, dans une ultime étape, raux et décoratifs. Inscriptions et L’étude de conservation préven- une patine soit appliquée pour armoiries portées sur les façades tive, commandée en 2004 au donner le même aspect que la en témoignent. Il transforma sa restaurateur Christian Sallé, a terre cuite. Les copies ont ensuite demeure en un véritable musée montré de graves désordres et été placées sur les façades. La res- des monuments de la région, altérations. Une intervention tauration des statues originales et rachetant des décors de châteaux urgente était donc absolument la copie des neuf muses ont été de la Renaissance (Chambord, nécessaire compte tenu du poids co‑financées par le propriétaire Coulonges...). des œuvres et de leur situation du château, la Direction régionale En 1865, Octave de Rochebrune au‑dessus des visiteurs. La res- des affaires culturelles des Pays de régularisa les façades perpendi- tauration de la première d’entre la Loire et le Conseil général de la culaires de son château en dres- elles, Calliope, a confirmé que ces Vendée. sant de larges contreforts destinés œuvres fragiles en terre cuite ne à accueillir neuf muses en terre pouvaient plus être présentées J. B.

Copie de la muse Calliope sur la façade du château © J. Boureau La statue restaurée de Terpsichore et sa copie, atelier Edmond Fain, 2011

Vue du château de Terre-Neuve avec les copies des Muses

Présentation des originaux restaurés de Calliope, Thalie et Melpomène dans le château © J. Boureau Département : Vendée Commune : La Châtaigneraie Lieu de conservation : Mairie Restaurer

il copie. Deux des toiles de Félix doute fait don à la commune de été rentoilée après refixage général LE BAISER DE JUDAS Lionnet, aujourd’hui propriété de La Châtaigneraie, dont il fut un et nettoyage de surface. Incrus- la commune de La Châtaigneraie temps le maire. tation, masticage et ragréages et protégées au titre des monu- La récente restauration - cofinancée ont ensuite permis de réaliser ments historiques, datent de cette par la mairie, la Direction régionale les quelques retouches néces- PAR FÉLIX LIONNET période de formation parisienne. des affaires culturelles des Pays de saires. La restauration du châssis Il reproduit une œuvre du XVIIe la Loire et le Conseil général de la d’origine a révélé de précieuses siècle réalisée par , un Vendée - de cette autre œuvre de informations, notamment la date La redécouverte d’un artiste, la restauration d’une œuvre Christ remettant les clefs à saint Félix Lionnet, jusqu’alors aban- de réalisation de la toile, le1er Pierre, conservée au musée du donnée aux rigueurs du grenier décembre 1854. Félix Lionnet va Louvre. Le peintre entreprend de la mairie, a permis de préciser jusqu’à dessiner des portraits sur ont porté un regard neuf et que Ils y retrouvent Élie Delaunay et d’abord une esquisse de cette le sujet de la toile Le Baiser de un des montants arrière du châssis. FÉLIX LIONNET l’édifice, construit en 1874 sous Claude-Ferdinand Gaillard. Au toile (collection privée) qui fait Judas, copie de la grande compo- Pour cette toile, il n’adopte pas le 1854 le contrôle de l’architecte réputé contact de l’Italie, il amplifie son partie des rares sujets à caractère sition que Ernest Hébert présenta même format qu’Ernest Hébert. HUILE SUR TOILE Edmond Guillaume et sous la travail sur la lumière. Rencontre-t- religieux de l’artiste. Cette œuvre au Salon en 1853 et qui lui valut la Il opte pour un format plus petit, conduite de l’architecte fontenai- il les « Macchiaioli1 » à Florence ? d’apprentissage de Félix Lionnet, Légion d’honneur. identique à celui de la toile copiée Inscrit au titre des sien Arsène Charrier, sur des plans Toujours est-il qu’il adopte un comme le prouve sa signature, est Vernis chanci et encrassé, couche de Guido Reni. Comme Ernest et dessins de Félix Lionnet, a été style voisin par l’emploi de petits complétée par une autre toile au picturale soulevée, lacunaire et Hébert, que Félix Lionnet ren- monuments historiques inscrit au titre des monuments panneaux au format horizontal, thème religieux dont il avait sans déchirée en partie, l’œuvre a donc contre d’ailleurs à Rome en 1857, il le 10 janvier 2011 historiques en 2007. La demeure sait retranscrire les effets de clair- Propriété de la commune aux intérieurs constellés de décors Le Baiser de Judas avant et après restauration obscur. Si la lumière de la lanterne peints inspirés par les voyages éclaire quelques visages, dont PROJET DE RESTAURATION de l’artiste a fait l’objet de deux celui de Judas, elle est surtout là MENÉ EN 2012 phases de travaux, l’une pour les pour montrer l’instant dramatique 82 Restauration : couvertures et l’autre pour les et Félix Lionnet focalise son atten- 83 Sébastien Rallet (tableau) deux façades Ouest et Sud. tion sur l’attitude du Christ, calme et Christophe Dumas (cadre) et rayonnant. L’artiste fait ici son Parallèlement, le regard vigilant de apprentissage de la maîtrise des Coût total de l’opération : 4 344 € l’ancien maire de la commune a intensités lumineuses, dont il Subvention de l’État : 1 303 € permis la redécouverte de deux inondera ses œuvres italiennes et toiles de ce peintre qui avaient été vendéennes. remisées dans le grenier de la mairie. J. B. Né à La Châtaigneraie en 1832, Félix Lionnet quitte la Vendée en 1844 et entre au lycée à Nantes, où il rencontre le paysagiste originaire de Bouin, Emmanuel Bibliographie Longtemps oublié, parfois méconnu, Lansyer. Entre 1849 et 1852, Félix et notes l’œuvre de l’artiste vendéen Félix Lionnet suit les cours du peintre de genre et paysagiste Charles par l’usage de la couleur aux Lionnet se dévoile peu à peu au Association des Amis de Félix Fortin. Il rejoint Paris où il devient contrastes vifs et frais pour le trai- public, à la faveur du travail d’une Lionnet, bulletin d’information. l’élève de Jean-Baptiste Corot, de tement de ces paysages emplis de association d’amis et de récentes Un peintre grand voyageur au 1852 à 1856. C’est en 1854 qu’il lumière. protections au titre des monu- XIXe siècle, Félix Lionnet, expose pour la première fois à La formation parisienne de Félix ments historiques. C’est grâce à La Châtaigneraie, éditions Nantes. Dès 1857, il part faire son Lionnet auprès de Jean-Baptiste l’audace et à la ténacité des actuels du CHEL, 2004, 64 p. propriétaires de la maison édifiée « Tour » en Italie. Il y séjourne Corot s’accompagne de visites plusieurs années et sillonne la des musées et de la fréquenta- par Félix Lionnet dans le bourg de 1 - Mouvement pictural qui s’est péninsule de Naples à Rome et tion d’expositions. Sans doute, La Châtaigneraie, que l’œuvre de développé en Italie, à Florence, Florence. Il y rencontre Léon l’artiste est-il influencé par ses cet artiste est aujourd’hui recon- dans les années 1850, rompant Bonnat, voyage avec Élie Delaunay. visites au Salon et y admire-t-il nu et que cette demeure a été avec les courants dominants et En septembre 1858, il visite les nouveautés de la peinture de redécouverte. C’est ainsi que les renouvelant la culture picturale Venise avec Gustave Moreau. paysage. Il regarde, il apprend et services patrimoniaux de l’État y nationale. © J. Boureau Mettre en valeur

METTRE EN VALEUR LES OBJETS PROTÉGÉS

Julien BOUREAU, conservateur des antiquités et objets d’art de la Vendée Laurent DELPIRE, conservateur des antiquités et objets d’art de Loire-Atlantique Julie GUTTIEREZ, conservateur des monuments historiques Anna LEICHER, conservateur délégué des antiquités et objets d’art de Maine-et-Loire Clémentine MATHURIN, 1 SAINT-JULIEN-DE-VOUVANTES 85 Dépôt lapidaire de l’église conservateur des monuments historiques de Saint-Julien-de-Brioude Étienne VACQUET, 2 BÉHUARD La Vierge à l’Enfant conservateur délégué des antiquités et objets d’art de Maine-et-Loire de l’église Notre-Dame 3 ANGERS - Sculptures de la collégiale Saint-Martin - Tenture de l’Apocalypse 4 ÉVRON Reliquaire du Lait de la Vierge 5 SÉRIGNÉ 6 SAINT-LAURENT-SUR-SÈVRE 7 MORTAGNE-SUR-SÈVRE 8 SAINT-VINCENT-STERLANGES 9 LA-CHAPELLE-PALLUAU 10 AIZENAY 11 LA-ROCHE-SUR-YON 12 SAINT-ÉTIENNE-DU-BOIS Quelques exemples de trésors en Vendée 13 LE BERNARD Restauration de l’église Saint-Martin et de son mobilier 14 LE MANS Réserve des tapisseries du trésor de la cathédrale Saint-Julien 15 NANTES Trésor de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul © J. Guttierez Saint Barthélémy, tenture des Apôtres et des Docteurs de l’Église, cathédrale du Mans, p 86 Mettre en valeur Les objets non exposés posent expositions prestigieuses -- par également un certain nombre de fois même jusqu’aux Etats-Unis - DE LA CONSERVATION difficultés. Comment, en effet, manifestations qui permettent aménager des réserves permet- à un public varié de les admirer tant une bonne conservation des et de les connaître, c’est dans PRÉVENTIVE À LA Les objets conservés depuis tou- objets dans des édifices cultuels leur valorisation in situ qu’elles jours dans de tels édifices se sont ou des châteaux en main privée ? prennent tout leur sens. Conser- acclimatés à ces conditions de Un aménagement exemplaire a vateurs des monuments histo- SÉCURISATION : conservation mais des dispositifs été réalisé au Mans pour mettre riques et Conservateurs des anti- particuliers sont conçus pour les à l’abri le trésor de la cathédrale quités et objets d’art y œuvrent objets les plus fragiles, les plus Saint-Julien, l’un des plus riches tous les jours, avec passion, sur le Détail de la Tenture QUELQUES PROJETS précieux. Après un premier amé- de France. À la suite du vol de la terrain. des Apôtres et nagement conçu en 1983, le trésor Tenture de Saint-Julien, en 2000, Docteurs de l’Église de la cathédrale de Nantes a ainsi la Direction régionale des affaires C.M. avec saint André DE MISE EN VALEUR été totalement repensé en 2006, culturelles a pris la décision © J. Guttierez car le climat très humide de la d’aménager une réserve sécurisée crypte romane où il était présenté pour accueillir les quelque trente avait eu des conséquences néfastes pièces de tapisserie et les textiles sur les œuvres2. Un système de précieux - dont la fameuse cha- traitement de l’air a été installé suble dite de Louis XV - apparte- pour contrôler les variations de nant au trésor. Les œuvres sont résoudre sont nombreuses car la l’hygrométrie et une nouvelle mu- désormais conservées dans des plupart des édifices accueillant séographie a été mise en place, conditions optimales : la réserve des objets inscrits ou classés au organisée autour de vitrines dans est protégée contre les intrusions, 86 titre des monuments historiques lesquelles les objets ont été répartis le climat est contrôlé, les pièces 87 ne sont pas, par nature, des lieux par matériau afin de respecter les de tapisserie conditionnées sur d’exposition. Humidité, variations conditions de conservation qui leur des rouleaux conçus par des res- importantes de température, sont propres3. Ce nouveau mobi- taurateurs spécialisés, les textiles ouverture aux visiteurs sans sur- lier donne par ailleurs au clergé liturgiques placés dans des boîtes veillance humaine : voilà autant un accès aisé aux objets qui sont, parfaitement adaptées. C’est dans de problématiques épineuses à pour certains, encore affectés cette réserve que sont venues intégrer lorsque l’on traite de ces au culte. prendre place deux pièces de œuvres. la tenture des Apôtres et des Si les vitrines permettent une Docteurs de l’Église datant de la La prise en compte de la conserva- bonne conservation des œuvres, fin du XVe siècle. Volées en 1907, tion préventive, « toute action di- elles constituent également une elles ont été retrouvées en 2009 recte ou indirecte ayant pour but protection contre le vol. Assurer dans une salle des ventes belge d’augmenter l’espérance de vie la sûreté des objets exposés dans grâce à la vigilance des services du d’un élément ou ensemble d’élé- les églises et les cathédrales - et Ministère de la culture. Notes ments du patrimoine »1, est indis- parfois encore utilisés réguliè- Ces vols de pièces de tapisserie, © G. Campos pensable à tout projet de mise en rement - est une préoccupation d’une valeur patrimoniale inesti- 1 - Centre de recherche et de La réserve de tapisseries restauration des musées de du trésor de la cathédrale L’objet monument historique, à nombre de difficultés auxquelles exposition ou d’utilisation d’un constante pour les membres mable, démontrent la vulnérabilité du Mans la différence de l’objet muséal, se confrontent quotidiennement objet monument historique. Il du clergé, les communes et les des œuvres exposées dans les France, Vade mecum de la prend tout son sens lorsqu’il est Conservateurs des monuments convient d’évaluer les risques que conservateurs. La présence hu- édifices cultuels, dont la vocation conservation préventive, 2006, p.6. conservé et utilisé dans l’édifice historiques et Conservateurs pourrait courir l’objet selon le lieu maine, la fréquentation de ces première n’est pas d’être des lieux 2 - GUTTIEREZ Julie, « Le Trésor pour lequel il a été projeté, réa- des antiquités et objets d’art. où il doit être exposé et les maté- édifices constituent la protection d’exposition, et la nécessité abso- de la cathédrale de Nantes », lisé, acquis. La conservationin situ Comment exposer des objets riaux qui le constituent - bois, la plus efficace que viennent lue de prendre en compte la sûre- Monumental, 2011-1. de ces richesses artistiques, qui d’orfèvrerie précieux dans des textile, ivoire...-, d’effectuer un renforcer des accrochages ou té - tout autant que la conserva- 3 - Les textiles ont par exemple avait pu être remise en cause, cer- conditions de conservation opti- contrôle préalable de l’environne- soclages sécurisés des œuvres. tion matérielle des œuvres - dans besoin d’un taux d’humidité tains objets précieux ayant parfois males ? Comment leur assurer ment dans lequel il prendra place les projets de mise en valeur des régulé et précis : insuffisant, été déplacés dans des musées, ne sûreté (lutte contre le vol) et sé- car il n’est bien sûr pas possible de objets protégés au titre des monu- la fibre pourrait se dessécher fait aujourd’hui plus débat. Elle curité (prévention des incendies, climatiser les églises, écrins d’un ments historiques. Si ces œuvres mais trop élevé, des moisissures engendre cependant un certain inondations...) ? Les difficultés à grand nombre d’œuvres. sont souvent prêtées dans des pourraient se développer. TRÉSOR DE LA CATHÉDRALE DE NANTES La crypte abrite l’orfèvrerie et les textiles du trésor dans un climat contrôlé © Service territorial de l ‘architecture et patrimoine Loire-Atlantique Département : Loire-Atlantique Commune : Saint-Julien-de-Vouvantes Lieu de conservation : Église Saint-Julien-de-Brioude Mettre en valeur

En 2000, en accord avec la com- DÉPÔT LAPIDAIRE mune, une opération d’étude et de conservation préventive de l’ensemble du dépôt lapidaire de l’ancienne église fut lancée dans DE L’ANCIENNE ÉGLISE le but d’aménager, dans une pièce attenante à la crypte, une réserve destinée à recevoir les pièces Étude et conservation inventoriées et nettoyées. L’inter- vention a été confiée au restaura- teur de sculptures, Pierre Floc’h, qui a procédé à la consolidation des AUTEURS INCONNUS La commune de Saint-Julien-de- pierres fragilisées et à la fixation DATÉS DU XVe AU Vouvantes tient son nom d’un des vestiges de polychromie. Ces XVIIIe SIÈCLE miracle qui serait survenu en sa travaux ont démontré la richesse e PIERRE SCULPTÉE chapelle au XV siècle. Étape sur la et la diversité des éléments EN PARTIE PEINTE route des galères de Brest à Toulon, Les sculptures et autres vestiges, conservés. Les fragments sont le bourg servait régulièrement sauvés de la démolition par le désormais sauvés, dans l’attente (majoritairement de relais pour les prisonniers. On marquis de Balby de Vernon, de la réalisation d’une présenta- du tuffeau) raconte que l’un d’entre eux, ayant érudit local, furent placés dans tion pérenne des plus belles pièces, prié avec une grande ferveur saint la vaste crypte de la nouvelle qui pourrait prochainement voir le Classé au titre des Julien de lui accorder le pardon, église, de façon à constituer une jour dans la crypte. © L. Delpire monuments historiques aurait vu ses chaînes tomber, et sorte de petit musée lapidaire. Chapiteau de l’ancienne le 22 octobre 1909 ce à trois reprises. La nouvelle On y trouve, parmi de nombreux L. D. église avec ses vestiges de polychromie 90 Propriété de la commune remonta jusqu’à Tours, où l’évêque, éléments d’architecture et de 91 lui-même grand fidèle de la retables, les chapiteaux du retable Présentation initiale des OPÉRATION D’ÉTUDE ET DE mémoire du saint, aurait alors du maître-autel sculptés en 1670 éléments lapidaires CONSERVATION PRÉVENTIVE proposé au village, à l’époque et de l’autel de la Vierge en 1700, MENÉE EN 2000 sans nom, de rendre hommage des clés de voûte et des armoiries Étude et restauration : au martyr en adoptant le sien. Les en relief comme celles de Michel Pierre Floc’h terres appartenant au seigneur de Guibé, recteur bénéficiaire de Vouvantes, on compléta le nom saint Julien et évêque de Léon en Coût de l’opération: 21 732 € de la ville avec son patronyme. 1477, les armes de Bretagne, de Subvention de l’État : 10 866 € Jean de Montfort-Laval et celles Le développement du pèlerinage du fief de Vioreau ou encore Bibliographie de saint Julien de Brioude et le les armes de François de Vigré, soutien du duc de Bretagne Jean seigneur de la Briays datant de Marquis de Balby de Vernon, V aboutirent à la construction 1694. On signalera également de Saint-Julien-de-Vouvantes, son d’une vaste église pour accueillir nombreuses statues comme celles ancienne église, son pélerinage, les pèlerins. Cet édifice, agrandi de saint René, de saint Benoît et Châteaubriant, Imprimerie Henri au cours des siècles, se révéla en de l’Éducation de la Vierge. Le tout Bourgeois, 1894. très mauvais état à la fin du XIXe représente près d’une centaine siècle, ce qui conduisit à le dé- d’éléments. Cette accumulation truire et à le remplacer, à partir de de fragments sculptés resta ainsi 1886, par l’église actuelle, œuvre en place pendant des décennies de l’architecte François Bougouin, dans des conditions de conserva- qui édifia la plus vaste église du tion très peu favorables comme le département de Loire-Atlantique montrent les clichés anciens. après la cathédrale de Nantes. On décida de conserver, malgré tout, Dépôt lapidaire de nombreuses sculptures de l’an- après intervention cienne église, témoignages de son du restaurateur histoire et de son importance. © Région Pays de la Loire - Inventaire général Département : Maine-et-Loire Commune : Béhuard Vue ancienne Lieu de conservation : Église Notre-Dame de la Vierge à l’Enfant avant le vol de 1975

Depuis ce vol, par mesure de sécu- LA VIERGE rité, à la demande du maire et du recteur du sanctuaire, ces objets ne sont plus conservés sur l’île. En revanche, tous les 15 août, lors DE BÉHUARD du pèlerinage marial, la statuette est présentée à la vénération des fidèles et le calice utilisé pour les Une redécouverte inespérée messes. La vitrine qui la protège et le gardiennage discret n’em- pêchent pas les amateurs d’admi- En 1975, une grande partie du tré- rer la qualité des œuvres d’art et VERS 1475 sor, dont le calice et la statuette, les pèlerins de déposer une veil- ARGENT PARTIELLEMENT fut volée une semaine avant leuse. DORÉ ET PERLES qu’un nouveau système d’alarme ne fut activé, choquant profon- Ainsi, les conservateurs parti- Classé au titre des dément tous les Angevins. Le 8 cipent au maintien de l’affecta- Très tôt, l’île de Béhuard, au septembre 2003, jour de Notre- tion au culte d’un grand nombre monuments historiques milieu de la Loire, a possédé un Dame l’Angevine, la statuette fut d’œuvres d’art, tout en veillant à le 6 juin 1902 sanctuaire élevé sur un rocher retrouvée par la Conservation des leur sécurisation, ce qui conduit Propriété de la commune insubmersible qui attirait de nom- antiquités et objets d’art dans une parfois à des dépôts provisoires breuses personnes. Rapidement, salle des ventes, déposée par une dans le trésor de la cathédrale c’est à la Vierge que l’on demanda propriétaire de bonne foi. Mal- d’Angers. De même, les nom- protection. heureusement, la statuette de la breuses tapisseries angevines, 92 En 1443, alors que Louis XI, roi de Vierge avait perdu sa base avec les conçues pour être des parures 93 France, traversait la Charente, il se reliquaires et la figure de l’Enfant lors des fêtes religieuses, sont pré- trouva en grand péril et invoqua Jésus. L’enquête qui s’ensuivit sentées dans la cathédrale et dans alors Notre-Dame de Béhuard. permit de retrouver également le les églises de Saumur, en fonction Arrivé sauf sur la rive, il n’oublia calice de Louis XI ainsi qu’un en- des temps liturgiques, et tout pas celle qui l’avait protégé. Au censoir. En décembre, les objets spécialement pendant la période soir de sa vie, il fit reconstruire furent restitués en grand arroi à la estivale. Présentation et conserva- une chapelle qu’il voulait élever préfecture d’Angers en présence tion sont alors intimement liées. au rang de collégiale et l’honora de l’évêque. Quatre jours plus De cette façon, ces œuvres reli- de plusieurs dons importants. À tard, le 25 décembre, la proprié- gieuses conservent tout leur sens côté d’un calice en argent, il offrit taire retrouva par hasard la statuette par la préservation de leur usage une statuette, de même métal, de l’Enfant Jésus. Elle l’envoya aus- traditionnel, dans le respect de de la Vierge à l’Enfant, avec des sitôt à l’Office central de répression leur fragilité. reliques à sa base. Au cours du du trafic des biens culturels. Une temps, les dons se multiplièrent légère restauration permit de res- E. V. mais lorsqu’arrivèrent des révo- tituer à l’œuvre son intégrité. On lutionnaires mal intentionnés, ils découvrit également, dans la sa- ne purent mettre la main sur les cristie de l’église, le dais reliquaire objets précieux. En effet, à chacune en bronze argenté de 1935 par de leur venue, un pêcheur, qui Mellério dit « Meller, » conçu travaillait sur la Loire, dissimulait, spécialement pour recevoir cette dans le fond de sa barque, le trésor. œuvre ainsi qu’un fragment du Les pèlerinages reprirent aux XIXe voile de la Vierge de Chartres. et XXe siècles, enrichissant encore les lieux d’ornements uniques et de couronnes d’or et d’argent. © E. Vacquet © Ministère de la culture, médiathèque l’architecture et du patrimoine Département : Maine-et-Loire Commune : Angers Lieu de conservation : Collégiale Saint-Martin Mettre en valeur RESTAURATION ET PRÉSENTATION de quarante sculptures dans la collégiale Saint-Martin d’Angers

À la fin du XIXe siècle, Monseigneur PROJET DE RESTAURATION Henri Pasquier, amateur d’art ET DE MISE EN VALEUR éclairé, réunit dans ses salons DES SCULPTURES MENÉ cette série de sculptures retirées DE 2001 À 2006 des églises et oratoires du dépar- tement. Il porta une attention Restauration : Atelier Groux ; particulière aux terres cuites des Bruno Capredon ; Christian Sallé écoles angevine et mancelle du XVIIe siècle, rassemblant ainsi une Coût de l’opération : 106 050 € des plus belles collections sur ce Subvention de l’État : 47 492 € thème dont l’objectif de pérennité L’étude des sculptures a mis en a été au cœur de cette opération avant une grande qualité d’exécu- © C. Mathurin 94 Vue d’un bas-côté 95 de restauration/présentation. tion des matériaux principaux et la de la collégiale Saint-Martin présence de belles polychromies L’origine d’une grande partie de ces d’origine sur un grand nombre Trois statues exposées dans la collégiale œuvres, destinées initialement d’entre elles. Elles ont toutes à des niches de retables du XVIIe bénéficié de soins spécifiques - retables, soit plus haut, comme siècle, explique l’iconographie nettoyage, refixage des polychro- dans la nef, mais toujours à portée tridentine, l’exaltation de nombreux mies existantes, parfois suppres- de vue. Les œuvres les plus fragiles saints ainsi que le nombre im- sion des éléments ferreux internes et les plus petites sont présentées portant de représentations de la - et aussi de quelques restitutions sous des cloches de plexiglas ou Vierge à l’Enfant. indispensables à la lecture des dans les grandes niches du chœur œuvres. La restauration la plus pourvues de vitrines. Aujourd’hui, la collégiale Saint-Martin s’ouvre Propriété de l’Association des La restauration de l’ensemble de spectaculaire concerna une statue ces œuvres, rendue indispensable de Sainte Anne et la Vierge, en à de nombreuses manifestations Amis de l’École des Hautes Études (concerts, expositions, visites théâ- Saint-Aubin, un ensemble de qua- par le manque total d’entretien pierre, dont la polychromie, et les mauvaises conditions de cachée sous un épais badigeon tralisées), toujours compatibles rante sculptures, rondes-bosses avec la présence des œuvres. et bas-reliefs datés du XIVe au XXe conservation pendant de longues grisâtre, réapparut dans toute sa années, a été programmée en splendeur. siècle, sculptés dans divers maté- A. L. riaux (terre cuite, bois et pierre), fonction de l’avancement des a fait l’objet d’une nouvelle pré- travaux de leur nouveau lieu de Les œuvres se trouvent désormais sentation au sein de la collégiale conservation. En effet, la collégiale à l’abri des intempéries, dans Saint-Martin d’Angers, monument Saint-Martin fut d’abord le lieu de l’église collégiale, pourvue d’un classé au titre des monuments fouilles archéologiques avant de chauffage au sol qui assure une historiques le 15 février 2000 et se transformer en un chantier de température et une hygrométrie acquis par le Conseil général de restauration du chœur et du tran- stables. Les œuvres monumentales Maine-et-Loire en 1986. sept, puis de restitution de la nef. prennent place sur de hauts socles, À l’achèvement des travaux, prévu soit, comme dans le transept, en 2006, devait correspondre la à la hauteur où elles pouvaient mise en place des sculptures. se trouver à l’origine dans leurs © A. Leicher Vue delanefcollégialeSaint-Martin

© C. Mathurin Détails destatuesenterrecuiteexposéesdanslacollégiale

© A. Leicher Département : Maine-et-Loire Commune : Angers Lieu de conservation : Trésor de la cathédrale, en dépôt au château Mettre en valeur LA TENTURE DE L’APOCALYPSE © Centre des Monuments nationaux Conservation et présentation d’une œuvre hors normes

et son aspect « gothique », démodé, 1373-1382 conduisent à son remisage. Les Vue des tapisseries exposées dans la nef LAINE chanoines essaient alors de la de la cathédrale d’Angers, LONGUEUR D’ORIGINE : vendre mais sans succès. Après photographie du début e 140 MÈTRES avoir été utilisée, notamment, du XX siècle comme protection pour les pots LONGUEUR ACTUELLE : Détail d’une scène Tissée en fils de laine, la tenture d’orangers, elle est redécouverte 104 MÈTRES de la tenture avec

est dite « sans envers », mettant dans les années 1850 par le cha- © Archives départementales de Maine-et-Loire les Larmes de saint Jean en œuvre une technique excep- noine Joubert qui la fait restaurer. Classé au titre des tionnelle qui permet d’admirer les Elle est montrée à l’Exposition Ces médiocres conditions de sinistre. La longueur de la Tenture dant automatiquement en cas de monuments historiques motifs aussi bien sur l’endroit que Universelle de 1867 puis à nou- conservation conduisent au lan- de l’Apocalypse et la morphologie sinistre mais il reste à aborder une par arrêté du 6 juin 1902 l’envers, les fils étant rentrayés veau exposée dans la cathédrale cement d’une grande campagne de la galerie, comportant un angle seconde phase, très complexe, Trésor de la cathédrale c’est-à-dire cachés à l’intérieur et dans le palais épiscopal. Tout en de travaux dans les années 1990 et des parties convexes, n’ont pas d’adaptation concrète du système 98 d’Angers même du tissage. L’ampleur du conservant son usage cultuel, la sous la conduite de Gabor Mes- permis d’adapter et d’installer un à la galerie de l’Apocalypse. 99 programme qui se développe sur tenture est alors reconnue, grâce ter de Parajd, Architecte en chef système préexistant. Il est néces- plus de cent mètres linéaires - à ces expositions, comme un des monuments historiques. Les saire d’inventer une technique Ce défi est à la hauteur des di- près de cent quarante à l’origine chef-d’œuvre. Classée au titre des fenêtres sont bouchées et l’éclai- unique, conçue sur mesure pour mensions exceptionnelles de la - et la complexité de la technique monuments historiques en 1902, rage artificiel limité à quarante lux cet ensemble exceptionnel, aux Tenture de l’Apocalypse, de son employée posent de nombreuses la question de son mode d’expo- pour préserver au maximum les dimensions hors normes. importance dans l’histoire des questions sur la fonction originelle sition se pose alors et conduit à la couleurs des tapisseries. Parallè- arts et de son caractère d’œuvre de cet ensemble de tapisseries. décision, en 1948, de construire lement, une grande campagne Un partenariat a donc été noué unique au monde. Le château d’Angers abrite la plus Aucun document n’a encore per- une galerie propre à l’accueillir, de restauration est lancée, sur entre le Centre des monuments grande tenture médiévale qui mis de définir précisément quelle dans l’enceinte du château d’Angers, plusieurs années. C’est à cette nationaux, duquel dépend le C.M. nous soit parvenue : la Tenture en était la destination mais il ne que l’armée a quitté et qui vient occasion que les deux registres château d’Angers, la Direction de l’Apocalypse. Commandée par fait pas de doute qu’elle était une d’être ouvert à la visite. sont désolidarisés pour limiter les régionale des affaires culturelles Louis Ier d’Anjou, fils de Jean II le pièce d’apparat, sans doute desti- tensions portées sur les pièces. des Pays de la Loire, et l’École Bon, frère de Philippe le Hardi et née à être sortie et exposée pour Sous la conduite de Bernard Vitry, nationale supérieure des arts et Jean de Berry, fameux mécènes, les grandes occasions (entrées de Architecte en chef des monuments L’actuelle galerie permet une métiers d’Angers, autour de deux elle est tissée entre 1373 et 1382 ville, fêtes...). On sait par exemple historiques, est donc édifiée bonne conservation de la tenture projets : la conception d’une pro- dans un atelier parisien par le lissier qu’elle a servi de décor au mariage une grande galerie semi-enterrée, mais un nouveau chantier prenant tection in situ de la tenture en Robert Poisson. Le peintre, Jean de Louis II et Yolande d’Aragon à qui permet d’exposer les quelque en compte la conservation pré- cas d’incendie et la mise en place de Bruges, a illustré, tout au long Arles en 1400. cent mètres de tapisserie qui nous ventive de l’œuvre s’ouvre désor- d’un système de décrochage per- Bibliographie des six pièces, l’Apocalypse de sont parvenus. Inauguré en 1954, mais. Une prise de conscience mettant une descente de la ten- Jean, livre des révélations dont La tenture reste dans la famille cet édifice permet certes une expo- des risques que pourrait courir ture pour son entretien et une MUEL Francis (dir.), La tenture de l’iconographie se développe dès le d’Anjou jusqu’au roi René, qui la sition de l’ensemble de la tenture la tenture a lieu dès le début des manipulation, en cas de besoin, l’Apocalypse d’Angers, Nantes, Ve siècle et connaît un renouveau lègue à la cathédrale d’Angers de manière permanente, mais les années 2000 mais c’est l’incendie, par les pompiers et les équipes de Cahiers de l’Inventaire, n°4, 1986. important aux XIIIe et XIVe siècles. en 1480. Elle y est alors exposée fenêtres qui en éclairent l’intérieur en 2009, des parties hautes du conservation, les deux systèmes Dans les différentes scènes de la plusieurs fois l’an jusqu’à la seconde et donnent directement sur la ten- Logis royal du château, tout devant fonctionner en cohérence. tenture d’Angers, réparties sur moitié du XVIIIe siècle, époque où ture endommagent considérable- proche, qui rend nécessaire et Les élèves ingénieurs ont propo- deux registres, se succèdent ainsi la recherche de clarté dans les ment ses couleurs, très sensibles. urgente la conception d’un système sé, comme concept de protection épisodes de triomphe et visions églises - le goût va alors aux vitres permettant sa protection et son contre l’incendie, de concevoir catastrophiques. blanches laissant passer la lumière - décrochage d’urgence en cas de des bâches ignifugées descen- LA TENTURE DE L’APOCALYPSE Vue de l’aménagement actuel de la galerie de l’Apocalypse au château d’Angers © Centre des Monuments nationaux Département : Mayenne Commune : Évron Lieu de conservation : Basilique Notre-Dame-de-l’Épine Mettre en valeur

Très influencé par l’architecture ment sensible aux apports en eau. LE RELIQUAIRE italienne de cette époque, le reli- À son arrivée à l’Art Institute de quaire n’en reste pas moins un Chicago, le reliquaire a fait l’objet objet d’orfèvrerie qui, bien que de d’une intervention de restaura- dimensions réduites, surprend par tion, destinée à améliorer l’aspect DU LAIT DE LA VIERGE l’impression de foisonnement dé- esthétique de l’objet, dont la sur- coratif et de monumentalité qui se face ternie et obstruée par de dégage de cet édicule miniature. nombreux dépôts, ne pouvait d’Évron à Chicago Dans la mesure où ce reliquaire satisfaire ni le regard de l’équipe constitue un des témoignages scientifique, ni celui du visiteur. précoces de l’adoption par un Un nettoyage approfondi a donc coupole, la sainte relique est pré- architecte du Maine du vocabulaire été effectué par une restauratrice ATTRIBUÉ À L’ARCHITECTE cieusement conservée dans une architectural de la Renaissance du musée, ce qui a permis de SIMON HAYENEUVE pyramide en verre et argent. Sur italienne, le reliquaire du Saint Lait redonner tout son lustre au reli- ANGERS, VERS 1516 trois des frontons, sont appliquées a été présenté à la prestigieuse quaire avant de le placer dans une ARGENT DORÉ, REPOUSSÉ, des armoiries, sur un fond émaillé, exposition « France 1500 : entre vitrine, équipée de manière à limi- CISELÉ, FONDU ; Avec la statue de Notre Dame tandis que le quatrième est orné Moyen Âge et Renaissance », ter l’humidité ambiante, et sous du XIIIe siècle, en bois de chêne d’un cabochon de verre bleu, serti organisée en 2010 aux Galeries un éclairage mettant en valeur le DÉCOR RAPPORTÉ entièrement recouvert de lames dans une monture en or, un élé- nationales du Grand Palais, puis a jeu de la lumière sur le métal et EN ÉMAIL, CRISTAL, d’argent, et la Vierge à l’Enfant ment contrastant avec le reste du été sélectionné en 2011 pour figurer ses reliefs sculptés. OR ET VERRE du XVe siècle, en argent massif, le reliquaire, ce qui laisse supposer parmi les soixante-dix œuvres DIMENSIONS : reliquaire du Saint Lait constitue qu’il s’agit d’une ornementation retenues pour la version américaine Ainsi, les visiteurs américains ont 0,25 X 0,125 M l’un des joyaux du trésor de la rapportée à une date ultérieure, de l’événement « Kings, Queens pu apprécier la préciosité et la basilique Notre-Dame-de-l’Épine peut-être au XVIIe siècle. Dans and Courtiers : Art in Early Renais- virtuosité de cet objet d’art à sa 102 Classé au titre des à Évron. la partie inférieure des pilastres sance France » à l’Art Institute de juste valeur, avant un retour dans monuments historiques représentés en bas-relief sur les Chicago. son trésor de Mayenne, jusqu’au le 29 février 1904 Le reliquaire adopte la forme d’un piliers, sont ménagées deux niches prochain voyage… Propriété de la commune édifice architectural couvert d’une richement ouvragées recevant de Conservé à Évron, dans un trésor coupole à lanternon, soutenue minuscules effigies, une Vierge à à l’abri des regards, le reliquaire J. G. par quatre piliers de section car- l’Enfant et saint François. a très rarement été présenté rée surmontés d’un entablement au grand public : il fut exposé à à balustrade. L’ensemble s’appuie Fabriqué par un orfèvre angevin l’Exposition Universelle de Paris Le reliquaire en cours de restauration sur un piédestal carré reposant non identifié, le reliquaire porte, en 1900 avec d’autres joyaux de la Bibliographie au Chicago Art Institute sur quatre lions. Au centre, sous la sous sa base, un poinçon figurant basilique et, en 1965, il figure par- une clef sous une fleur de lys, mi les pièces vues à l’exposition TABURET-DELAHAYE Elisabeth accompagnée d’un oiseau, ce qui « Trésors des églises de France ». (dir.), France 1500 : l’Art en France a valu à cet orfèvre le nom de En 2011, il a donc effectué un long entre Moyen Âge et Renaissance, « maître à l’oiseau ». Il aurait été périple, sous haute surveillance, cat. d’exposition, Paris, Galeries réalisé, vers 1516, à partir des ce qui a permis de le faire décou- nationales du Grand Palais, dessins de l’architecte Simon vrir à un public nombreux et, pour octobre 2010-janvier 2011, Hayeneuve, auteur de la chapelle la première fois, de le présenter Paris, Réunion des musées de l’évêché du Mans, avec la- Outre-Atlantique comme un objet nationaux, 2010. quelle le reliquaire du Saint Lait représentatif de l’émergence de la présente certaines similitudes Renaissance en France au début WOLFF Martha (dir.), Kings, Vue ancienne du reliquaire du Saint Lait, e architecturales. Le commanditaire du XVIe siècle. queens and courtiers. Art in photographie de la fin du XIX siècle en est François de Châteaubriant, early Renaissance France, cat. deuxième abbé d’Évron - dont les Sur le plan de la conservation, d’exposition, février-mai 2011, armoiries sont répétées à quatre l’objet a voyagé dans une caisse Chicago, the Art Institute, reprises sur le reliquaire -, qui isotherme, qui permettait de ré- Yale university press, 2011. rapporta de Rome, en 1515, une duire au maximum l’impact des nouvelle relique de la Vierge pour variations thermiques et hygro- Trésors des églises de France, remplacer la précédente, détruite métriques entre les deux conti- cat. d’exposition, Paris, quelques années auparavant. nents, l’argent étant particulière- Musée des Arts décoratifs, 1965. © J. Guttierez © M. Mieusement - Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine Un Christ en Croix du trésor de l’église d’Aizenay

Département : Vendée Mettre en valeur TRÉSORS D’ÉGLISES EN VENDÉE De la mise en sécurité à la mise en valeur in situ

Préserver le patrimoine mobilier in situ, telle est l’une des missions dévolues aux conservateurs des Tout en respectant les exigences monuments historiques et aux cultuelles légales de l’affectataire, Conservateurs des antiquités et ces coffres‑forts vitrés conjuguent objets d’art. Un des moyens d’y sécurité maximale, contraintes parvenir a consisté à mettre en d’intégration dans un monument, place des trésors d’église, selon maintien du patrimoine in situ Le partenariat financier des com- l’acception qu’en donne Marie‑ mais aussi désir légitime de mise munes, souvent de taille modeste 104 Anne Sire, inspecteur général des en valeur du patrimoine mobilier mais fortement impliquées dans la 105 monuments historiques, à savoir des communes propriétaires. préservation de leur patrimoine, un ensemble d’objets servant pour Sous des impulsions diverses, du Conseil général de la Vendée le culte ou l’ornement du culte, douze trésors, à l’esthétique épurée, et, depuis 2011, de la Direction qu’ils soient vases sacrés, orne- ont déjà été installés et de nom- régionale des affaires culturelles ments liturgiques ou reliquaires, breux autres projets de mise en des Pays de la Loire, a donc permis et qui deviennent, grâce à leur sécurité des objets sont envisagés à ces trésors d’églises de voir le conservation in situ, des témoins pour les années à venir dans jour. de l’histoire du monument, de le département. Les principes son usage et de l’évolution de son constructifs de ces vitrines haute- fonctionnement. La préservation sécurité suivent une méthodo- et la surveillance de ce patrimoine logie précise, une des étapes fragile, qui doit faire face à la importantes étant l’audit‑sécurité diminution du nombre de prêtres effectué par le Conseiller sûreté et au regroupement des paroisses, des patrimoines du ministère ont donc incité le département de de la Culture. Les recommanda- la Vendée à élaborer un disposi- tions qu’il établit pour chaque tif d’aide intitulé « Restauration édifice sont suivies et, à chaque et mise en valeur du patrimoine fois, amplifiées : gestion des clefs, mobilier, décoratif et funéraire », analyse et sécurisation des ou- un programme exemplaire. vrants, conception de la vitrine forte avec système anti-intrusion, détecteur de choc, etc. © J. Boureau Mettre en valeur

magnifique croix de procession du Désormais, le public peut admirer, début du XVIIe siècle constellée de entre autres objets, la boîte aux fleurs de lys dans l’église d’Aizenay, saintes huiles en étain de 1643 les cloches de 1730 et 1763 dans par Métallière dans le trésor de l’église de Saint‑Révérend, une l’église de Sérigné, une émou- Vierge en bois polychromé du vante statue en bois polychrome XVe siècle dans l’église Saint‑Louis Bibliographie de saint Sébastien, œuvre rare de La Roche‑sur‑Yon, la croix du début du XVIIIe siècle, due reliquaire de Bertrand Parraud SIRE Marie-Anne (dir.), aux ciseaux d’un sculpteur de réalisée en 1833 dans la chapelle Trésors d’églises et de Saint‑Laurent‑sur‑Sèvre, ou le de la Tullévrière à Saint-Étienne- cathédrales en France : précieux calice en argent doré du du-Bois ou l’ampoule aux saintes comment gérer, aménager XVIe siècle dans le trésor de l’église huiles de 1783 dans l’église de La et ouvrir au public un trésor Saint‑Pierre de Mortagne‑sur‑ Bruffière... d’objets religieux, Paris, Sèvre. Sont également présentés Ministère de la culture et un remarquable reliquaire en bois Bientôt, ces réalisations seront de la communication, doré du XVIIe siècle dans l’église intégrées dans un « Circuit des Direction de l’architecture de Saint‑Vincent‑Sterlanges, une trésors de Vendée » consultable et du patrimoine, 2003. ampoule aux saintes huiles en sur le site Internet du Conseil argent du milieu du XVIIIe siècle, général et publié dans un guide de réalisée par le maître‑orfèvre visite. sablais Etienne Payneau dans l’église de La Chapelle‑Palluau, la J. B.

107

Page de gauche : Haut - Le trésor de l’église de Mortagne‑sur‑Sèvre réalisé en 2008 Bas - Le trésor de l’église de Sérigné réalisé en 2012

Ci-contre :

Détails de la vitrine du trésor de l’église d’Aizenay réalisé en 2005 © J. Boureau Département : Vendée Commune : Le Bernard Lieu de conservation : Église Saint-Martin Mettre en valeur le sujet central. À droite, le retable sentatifs du département dans le offre deux belles cornes d’abon- cadre du projet de mise en valeur DU CONTENU dance nouées au centre, qui de la chapelle de Rocheservière, au Le retable du maître-autel des laissent tomber des boutons de Nord du département, où est pré- années 1630-1640 garnit le fond du fleur dorés, auxquelles répondent senté un centre d’interprétation AU CONTENANT chœur et masque la baie gothique. deux corbeilles à fruits et à fleurs sur l’art des retables en Vendée. Il porte, au centre, une toile du surmontées de pots à feux. XVIIe siècle représentant la mort de Les deux derniers retables, placés J. B. La restauration de l’église Saint-Martin et de son mobilier saint Martin, moine bénédictin dans la nef, sont garnis de deux Détail d’un putto du retable latéral Nord et évêque de Tours. Les niches médiocres tableaux du XIXe siècle, après restauration latérales reçoivent deux statues l’un représentant saint Yves, dont territoriales. Tout a été restauré et les protestants, en même temps en plâtre du XIXe siècle : saint Hilaire la paroisse possédait une relique Église inscrite au titre mis en valeur entre 2004 et 2013, que celles de Longeville, de Jard et saint Augustin. célèbre dès 1445, et l’autre le roi des monuments historiques depuis l’architecture extérieure et et de Saint-Hilaire-de-Talmont. saint Louis. Outre les éléments intérieure jusqu’aux objets mobi- Les travaux de remise en état ne le 12 février 1927 Les deux retables nichés dans les décoratifs de ces retables, tels la liers, du chemin de croix peint sur s’achèvent qu’en 1624. L’église a deux transepts, dont l’un abrite frise d’oves ou les chérubins, c’est cuivre du XIXe siècle, non protégé, d’ailleurs conservé un ensemble Ensemble de cinq retables une statue de 1873 de la Vierge à le retable de saint Yves qui retient aux retables du XVIIe siècle classés de retables baroques issus de cette classés au titre des l’Enfant due au sculpteur luçonnais l’attention. L’entablement porte en monuments historiques. Qui plus période de mise en œuvre du décor monuments historiques Renaud, et l’autre une statue en effet une inscription avec une date, est, un « trésor de paroisse » a été intérieur dans la première moitié plâtre de sainte Thérèse de l’En- sans doute celle de l’achèvement le 30 décembre 1982 installé dans une ancienne porte du XVIIe siècle. À la suite d’une fant-Jésus, sont à n’en pas douter des retables, et le nom du sculpteur : Propriété de la commune redécouverte au moment de la étude préalable menée en 2005, les les plus remarquables de cet en- « 1641 MATHIEU GENAY M. Ft ». restauration, pour présenter au cinq retables classés de l’église du semble. Le retable de la Vierge PROJET DE RESTAURATION public, en toute sécurité, les élé- Bernard ont été restaurés entre 2008 exprime à merveille la théâtralité Le projet de restauration, consi- DES RETABLES MENÉ DE 2005 ments d’orfèvrerie religieuse les et 2013, l’essentiel du traitement 108 À 2013 imaginée par les ciseaux du sculp- déré comme exemplaire, a permis 109 plus remarquables de l’église. portant sur la couche picturale. e Étude préalable : Michel Prieur teur du XVII siècle : deux angelots aux retables de l’église du Bernard gracieux ouvrent un rideau rouge d’intégrer la sélection des dix Restauration : Bel édifice roman de la fin du XIIe aux franges dorées pour dévoiler retables vendéens les plus repré- Bruno Capredon (sculptures) siècle, à nef unique voûtée en et Patrick Buti (tableaux) berceau brisé, et au transept cou- vert d’une puissante coupole sur Coût total de l’opération : pendentifs sous le clocher, l’église 86 200 € Saint-Martin présente encore un Subvention de l’État : 25 860 € mobilier intérieur des plus remar- quables, notamment avec sa chaire à prêcher, d’époque Louis XV, com- posée de panneaux de chêne fine- ment sculptés. C’est à l’occasion des travaux de restauration de l’église que la cloche, fondue par Louis Jacob en 1773, a pu être redé- couverte puis inscrite au titre des monuments historiques en 2010. La Vierge à l’Enfant du XVe siècle Si la commune du Bernard est provenant de l’oratoire du Breuil connue du monde érudit pour ses a trouvé sa place dans l’embrasure dolmens et ses menhirs, elle peut d’une baie du chœur dont les pein- désormais compter sur l’intérêt tures murales médiévales ont été suscité par son église Saint-Martin, mises au jour lors de la restaura- inscrite au titre des monuments tion de l’édifice. Une copie de cette historiques en 1927. C’est ici un statue a d’ailleurs été réalisée et projet total de restauration, qui placée dans son oratoire originel. a été engagé il y a dix ans avec le Au mois de mars 1568, l’église

© J. Boureau soutien de l’État et des collectivités Saint-Martin est incendiée par Vue du retable latéral Nord Vue du retable du maître-autel avant et après restauration après restauration L‘église de Duneau, p 26

GLOSSAIRE

Dalmatique : vêtement en forme Bélière : pièce qui soutient le de croix, avec des manches, porté battant à l’intérieur de la cloche. par le diacre, dont la couleur se décline en fonction du temps litur- Orfroi : broderie en or des Bol : préparation posée sur la gique. vêtements liturgiques. surface en bois permettant une bonne adhérence de la feuille d’or. Étude stratigraphique : examen Passé empiétant : broderie de qui permet d’identifier et d’étudier soie dont les points s’interpé- Chanci : altération physico- les différentes strates - ou couches nètrent. chimique du vernis recouvrant la - qui sont venues, au cours du temps, recouvrir une œuvre d’art. Phylactère : dans une œuvre mé- 110 couche picturale, qui se traduit par une opacification ou un blan- Cette technique, empruntée à l’ar- diévale, synonyme de banderole. chiment. Le chanci est, la plupart chéologie, permet, par exemple, du temps, provoqué par des de déterminer si un tableau ou Ragréage : pose d’un enduit sur conditions de conservation trop une peinture murale a été repeint un mortier afin d’en régulariser humides. et donne des éléments sur l’évo- la surface ou d’en restituer un lution de cette œuvre dans l’his- élément manquant. Chape : manteau de cérémonie, toire, une des principales diffi- sans manche, porté par le prêtre cultés de l’exercice étant de faire Robe : partie centrale de la et dont la couleur peut varier correspondre une strate avec une cloche sur laquelle vient frapper selon le calendrier liturgique. période donnée. le battant.

Châssis : armature formée de Fil de chaîne : fils qui forment Roof : superstructure, pouvant quatre montants assemblés à la longueur du tissu à fabriquer, être munie d’un capot à glissières, angle droit. Placé derrière la toile la largeur étant constituée de fils qui forme le dessus de la cabine et ajusté, il permet de régler la de trame. L’ensemble des fils de d’un bateau. tension de la toile grâce à des clefs chaîne forme la chaîne. de tension. Sgraffito : terme italien désignant Hygrométrie : mesure du degré une technique de décoration Chasuble : vêtement sacerdotal d’humidité de l’atmosphère. obtenue par grattage de la surface à deux pans, sans manche, que de mortier permettant de révéler le prêtre porte pour célébrer la Lampas : étoffe de soie dont les les couches inférieures, de couleurs messe. motifs sont tissés en relief. différentes.

Contretable ou contre-retable : Lycène : papillon diurne. Timonerie : abri qui protège partie de mur sur laquelle on l’appareil à gouverner et l’homme place un tableau et contre lequel Manipule : bande d’étoffe portée de barre sur les bateaux de petit le tabernacle et les gradins sont au bras gauche par le prêtre pen- tonnage. Sur les grands navires, adossés. dant la messe. on parle de passerelle. Le Baiser de Judas - La Châtaigneraie, p 82

BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE

CONSERVATION-RESTAURATION, SÛRETÉ ET MISE EN VALEUR

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115 © Atelier de restauration Bobin 116 117 118 119 OUVRAGE PUBLIÉ PAR : La Direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire Conservation régionale des monuments historiques 1, rue Stanislas Baudry - 44035 Nantes cedex 01 Tél. 02 40 14 23 00

à l’occasion du centenaire de la loi de 1913. Couverture : Visages provenant du Jugement Dernier - Fontevraud-l’Abbaye (49)

DIRECTEUR DE PUBLICATION : Louis Bergès, Directeur régional des affaires culturelles Ouvrage imprimé dans le cadre du développement durable : imprimé sur papier composé de fibres naturelles renouvelables, recyclables, RÉDACTEUR EN CHEF : Julie Guttierez, Conservateur fabriquées à partir de bois issus de forêts gérées durablement des monuments historiques avec des encres à base d’huile végétale. avec la collaboration de Clémentine Mathurin, Conservateur des monuments historiques. REMERCIEMENTS :

AUTEURS : Nos plus vifs remerciements vont aux Conservateurs des 120 Louis Bergès, directeur régional des affaires culturelles (L. B.) antiquités et objets d’art des Pays de la Loire pour leur Julien Boureau, Conservateur des antiquités et objets contribution à cet ouvrage et leur action quotidienne au d’art de la Vendée (J. B.) service du patrimoine mobilier de notre région. Laurent Delpire, Conservateur des antiquités et objets d’art de Loire-Atlantique (L. D.) Un grand merci au Service de l’information, de la docu- Julie Guttierez, Conservateur des monuments historiques mentation et de l’observation culturelle de la Direction (J. G.) régionale des affaires culturelles, et tout particulièrement Anna Leicher, Conservateur délégué des antiquités à Françoise Fillon. et objets d’art de Maine-et-Loire (A. L.) Clémentine Mathurin, Conservateur des monuments Nous tenons également à remercier nos collègues de la historiques (C. M.) Conservation régionale des monuments historiques pour Anetta Palonka-Cohin, Conservateur délégué des leur soutien et leurs relectures attentives, et en particulier antiquités et objets d’art de la Sarthe (A. P-C.) Noëlle Combe, Élisabeth Dervaux et Chantal Lemarié. Etienne Vacquet, Conservateur délégué des antiquités et objets d’art de Maine-et-Loire (E. V.) Enfin, que tous les propriétaires et toutes les entreprises qui ont œuvré à la conservation et à la restauration des COORDINATION ADMINISTRATIVE : objets mobiliers décrits dans cet ouvrage soient remerciés Patricia Le Page, Conservation régionale des monuments pour leur action passionnée au service de notre patri- historiques moine régional. Ouvrage publié par la DRAC Pays de la Loire CARTOGRAPHIE : COMMUNICATION - DIFFUSION : Christophe Batardy, Service information, documentation, DRAC des Pays de la Loire - Service communication : observation culturelle Guillaume de la Chapelle Sources : DRAC Pays de la Loire, 2013. [email protected] Collection CONCEPTION GRAPHIQUE ET RÉALISATION Version numérique sur le site de la DRAC : « Parlez-moi patrimoines ... », n. 1 Nelly Roda - http://www.nelili.com http://www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/Drac- ISSN : en cours Pays-de-la-Loire Dépôt légal : Décembre 2013 PHOTOGRAVURE ET IMPRESSION Imprimerie Pollina, Luçon