Les Peintures De L'église Notre-Dame-De-La Nativité De Bercy

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Les Peintures De L'église Notre-Dame-De-La Nativité De Bercy Peintures et décor du siècle des Lumières dans les églises parisiennes sous la direction de Christophe HENRY (GHAMU) et Laetitia PIERRE (UNIVERSITÉ PARIS-1 PANTHÉON-SORBONNE) LES PEINTURES DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME-DE-LA NATIVITÉ DE BERCY NOTE DE VISITE Place Lachambeaudie – 75012 Paris Lundi 25 mars 2013 EFFECTUÉE SOUS LA CONDUITE DE : Laëtitia PIERRE (Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne) & Christophe HENRY (Ghamu) GROUPE HISTOIRE ARCHITECTURE MENTALITÉ URBAINES - 2013 1 Notre-Dame-de-la-Nativité de Bercy Ghamu 2013 Présentation de l'église En 1677, les Pères de la Doctrine Chrétienne ouvrent à Bercy un couvent dédié en 1679 à « Notre-Dame du Bon Secours ». Le 19 octobre 1790, suite à la création de la commune de Bercy qui compte près de 1400 âmes, l’église du couvent des Pères de la Doctrine Chrétienne devient l’église paroissiale et est consacrée en 1792, sous le vocable de l’Assomption. La décision de reconstruire l’édifice devenu vétuste intervient en 1822. L’ouvrage est confié à l’architecte André Marie Chatillon (Paris, 1782-1859), premier grand Prix de 1809 et promis aux fonctions d'architecte-voyer de la ville de Paris. Il sera notamment chargé du palais de la Légion d'honneur à Paris et des travaux visant à permettre l'accueil au château d'Écouen de la maison d'éducation de la Légion d'honneur.. Le 8 juin 1823 est posée la première pierre de la nouvelle église, consacrée en octobre 1826 sous le vocable de Notre-Dame-de-la-Nativité. Sur ce chantier, Chatillon a pour collaborateur l'architecte J.-B.-A. Bastière (Bordeaux 1792 - ?), auteur des maisons de la rue Bourg-l'Abbé (3e arrondissement). Durant les événements de la Commune, en mai 1871, l’église et la mairie sont incendiées. Deux ans plus tard, leur reconstruction est confiée à Antoine-Julien Hénard (Fontainebleau 1812 - 1887), grand prix de Rome de 1837 puis architecte de la ville de Paris. Ce dernier utilise alors les murs de l’église restés debout de sorte que l’édifice actuel conserve les mêmes dispositions et les mêmes proportions que l’ancien. Mais cette construction demeure précaire. Les plafonds restent inachevés jusqu’après le début du siècle. Dès 1873, la préfecture de la Seine propose de décorer l’église de plusieurs chefs-d’œuvre de la peinture d’histoire religieuse du XVIIe siècle, conservés au dépôt de Nesle et dans les musées nationaux depuis la Révolution. Ces ouvrages composent progressivement le décorum de l’édifice jusqu’en 1960. En 1982, un incendie détruit le banc d’œuvre et un calvaire qui lui était adossé ainsi qu’une partie du parquet. Les travaux de réfection réalisés en 1985 permettent à l’église de retrouver son intégrité structurelle et décorative. Sources et bibliographie Archives nationale : VMM32 : églises Saint-Eloi et Notre-Dame-de-la- Nativité de Bercy (1871 – 1877), Hénard architecte – H. Hatte & V. Rialland-Addach, Promenades dans le XIIe arrondissement, Paris, 2009 – G. Beniza Sari, Mémoire des rues, Paris 12e arrondissement, 1900-1940, Paris, 2009 – N. Lemas, Eugène Hénard et le futur urbain : quelle politique pour l’utopie ?, Paris, 2008 – I. Chipault & A. Fierro, Paris XIIe arr., Paris, 1992 – A. Fierro, Vie et histoire du XIIe arrondissement : Bel-Air - Picpus - Bercy - Quinze, Paris, 1988. 2 Notre-Dame-de-la-Nativité de Bercy Ghamu 2013 1. Église de Notre-Dame-de-la-Nativité de Bercy, vue du péristyle - ©Wikimedia Commons 3 Notre-Dame-de-la-Nativité de Bercy Ghamu 2013 Louis de Boullogne (1609-1674) Le Christ en croix, 1629-1633 [Fig. 2] Peinture à l'huile sur toile. Louis de Boullogne le père (1609 – 1674) peintre et graveur d’origine picarde, a été formé dans l’atelier de Jacques Blanchard avant de partir étudier à Rome. Il est l’un des fondateurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture fondée en 1648. Nommé professeur en 1655, il est également l’un des premiers académiciens à satisfaire à l’obligation de produire un morceau de réception (Une Charité romaine, disparue). Boullogne le père prononce le 12 avril 1670, une conférence sur La Vierge au lapin du Titien et peint en 1672 un « bas-relief rehaussé d’or » pour la pompe funèbre du Chancelier Séguier. Une centaine de ses œuvres sont aujourd’hui documentées mais quelques-uns seulement de ses tableaux sont conservés dont trois Mays de Notre- Dame de Paris : Saint Simeón, le Miracle de saint Paul dans Éphèse et la Décollation de ce saint peints respectivement en 1646, 1648 et 16571. Les œuvres de Boullogne le père sont parfois confondues avec les productions de ses deux fils : Louis de Boullogne l’aîné dit Bon Boullogne (1649-1717) et Louis de Boullogne le jeune (1654-1733). En raison de sa composition et de son style, la Crucifixion de Notre- Dame-de-Bercy [Fig. 2] pourrait être rapprochée des premières productions réalisées par Boullogne le père avant son départ en Italie en 1630. Cette première période d’activité parisienne se confond avec une intense activité de copiste et de graveur, cependant elle est toujours très peu documentée alors qu’elle semble avoir été déterminante dans le déroulement de la carrière de l’artiste. Une œuvre de même sujet est mentionnée par Guillet de Saint-Georges dans une conférence lue à l’Académie le 7 février 16922. 1 Voir les rapports de conservation. Ces œuvres sont conservées dans les dépôts du musée des Beaux-arts d’Arras et du Louvre, cf. S. Loire, « Le Salon de 1673 », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’art français, 1993, p. 42 & 64. 2 G. de Saint-Georges, Mémoire historique des principaux ouvrages de peinture de M. Boulogne père qui a été un de ceux qui jetèrent les fondements de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Lu à l’Académie le 7 février 1692, : « Il trouva le moyen de connaître M. Blanchard le père, qui était un des meilleurs peintres de ce temps-là, et pour la manière duquel il a beaucoup d’inclination. M. Boulogne y pris donc une fort bonne manière de peindre et, à force d’étude et de pratique, il acquit de la réputation. Sur ces heureux commencements, M. le président Boulanger, qui était alors prévôt des marchands, le pris en amitié et lui fit faire un crucifix qui fut posé dans une des salles de l’Hôtel de ville. Son tableau fut applaudi de tous ceux qui le virent et agréa si fort M. le prévôt des marchands et échevins, qu’ils lui donnèrent une pension et l’envoyèrent en Italie, où il fit un progrès qui répondit à leurs espérances ». Voir aussi : Caix de Saint-Aymour, Les Boullogne, Paris, s.e., 1919, p. 197 ; H. Guicharnaud, « la dynastie des Boullogne. Peintres sous l’Ancien régime », L’estampille. L’objet d’art, juin 1994, p. 32-51 ; S. Loire, « Le Salon de 1673 », in Bulletin de la Société de l’Histoire de l’art français, 1993, p. 42, 64 ; F. Marandet, Le peintre Bon Boullogne (1649-1717), mémoire de maîtrise inédit, université Paris IV, 1993 ; J. Rivet, « Louis de Boullogne d’après les sources contemporaines », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’art français, 1997 (1998), p. 127-156 ; S. Loire, « Louis de Boullogne (1609 – 1674), peintre, graveur et dessinateur », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’art français, 1998, p. 99-126. 4 Notre-Dame-de-la-Nativité de Bercy Ghamu 2013 2. Louis de Boullogne, Le Christ en croix, 1629-33, Peinture à l'huile sur toile, Paris, église Notre-Dame-de-la Nativité de Bercy. ©Jean Boisne 5 Notre-Dame-de-la-Nativité de Bercy Ghamu 2013 3. Titien, Crucifixion, 1558, huile sur toile, Ancône, Église San Domenico - ©Wikimedia Commons 6 Notre-Dame-de-la-Nativité de Bercy Ghamu 2013 Datée de 1629, cette œuvre aurait été réalisée à la demande du Président Boulanger, pour l’Hôtel-de- Ville de Paris3. Sa composition peut être mise en relation avec certaines œuvres tardives de Titien [Fig. 3], axées sur la recherches de constructions narratives et d’expressions dramatiques. Le traitement des figures ainsi que celui des drapés est également proche de la technique et de la manière du Guerchin. Le hiératisme de la physionomie du Christ ainsi que le traitement anguleux de la posture du corps sur la croix permettent encore d’envisager certaines influences stylistique du nord à l’instar des œuvres de Louis de Caullery (1580-1621) [Fig. 5]. La Crucifixion de Boullogne le père s’inscrit dans la veine stylistique qui influence ses contemporains et successeurs à l’instar de Charles Le Brun, notamment le célèbre Christ aux anges commandé en 1660 par Anne d’Autriche4, modèle archétypal diffusé par la gravure5. On connaît également une autre composition gravée d'après Le Brun, anonyme, qui isole la figure du Christ et permet d’apprécier la ressemblance entre la figure du Christ de Boullogne le père et celle de Le Brun [Fig. 6]. La figure de saint Jean n’est pas non plus sans rappeler la physionomie de celle de l’un des apôtres représenté à la droite du Christ dans le May peint par son fils Bon Boullogne, intitulé « Le centurion aux pieds du Christ » [Fig. 7]. 3 Voir l’extrait note 2. 4 Charles Le Brun,Christ aux anges, commandé en 1660 par Anne d’Autriche. Huile sur toile, H. 174 ; L. 128 cm, Paris, Louvre (Inv. 2886) 5 Voir : Claude Drevet, Le crucifix aux anges, 1718, burin, H. 33,1 ; L. 23,8 cm, Dresde, SK - Genève, MAH, Estampes - Londres, V&A, E 403, 1965, épreuve rognée - Philadelphie, MA.
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