Histoire Cosmique Des Hommes
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MICHEL-ALAIN COMBES L’HISTOIRE COSMIQUE DES HOMMES 1 2 Michel-Alain COMBES L’HISTOIRE COSMIQUE DES HOMMES © Michel-Alain Combes, 2011 3 4 SOMMAIRE Chapitre 1 : Catastrophes célestes dans l'Antiquité , p. 7 Chapitre 2 : Déluge et catastrophisme biblique , p. 21 Chapitre 3 : La grande époque des catastrophistes , p. 37 Chapitre 4 : Impactisme et catastrophisme aujourd'hui , p. 59 Chapitre 5 : Comètes et astéroïdes : la menace du ciel , p. 75 Chapitre 6 : La comète brisée , p. 99 Chapitre 7 : Toungouska 1908 , p. 121 Chapitre 8 : Les fausses pistes , p. 141 Chapitre 9 : Les cataclysmes terrestres , p. 167 Chapitre 10 : Les cataclysmes cosmiques , p. 191 Chapitre 11 : L'inconnu, l'avenir , p. 225 Chapitre 12 : Une révolution scientifique et culturelle , p. 247 Bibliographie, p. 259 5 6 CHAPITRE PREMIER CATASTROPHES CÉLESTES DANS L'ANTIQUITÉ Le souvenir obsessionnel de grands cataclysmes L'idée que la Terre a souvent été victime de catastrophes de grande ampleur, d'origine cosmique ou terrestre, n'est pas nouvelle, loin de là. C'était un point commun à toutes les mythologies des peuples anciens, aussi loin que l'on remonte dans le temps, même si le nombre et les causes de ces cataclysmes variaient d'une mythologie à l'autre. Des concepts comme le Chaos , le Déluge ou la chute du ciel faisaient partie de leur histoire et de leur imaginaire. Dans ce chapitre, il est question de certains aspects historiques et mythologiques du problème. Ce sera l'occasion de retrouver quelques grands noms de l'Antiquité qui s'intéressaient au passé et à l'avenir de la Terre, désirant percer les secrets de l'un et de l'autre, et de rappeler aussi quelques textes représentatifs explicites, textes qui ont eu la chance de parvenir jusqu'à nous, contrairement à d'autres qui sont malheureusement perdus. Il faut noter que la notion même de catastrophisme a évolué avec le temps, au fur et à mesure des observations et des découvertes des Anciens. Et il ne faut jamais oublier que jusqu'à Anaximandre (610-547), personne n'osa envisager sérieusement une Terre autrement que plate, et jusqu'à Aristarque de Samos (310-230) autrement que le centre du monde. Pendant rès longtemps, de la préhistoire au Néolithique, le catastrophisme fut uniquement mythologique , avant de devenir très progressivement astrologique et cyclique quand les Anciens comprirent que la Lune et les planètes, les astres errants, reprenaient indéfiniment les mêmes positions relatives dans le ciel. On se souvient que les Grecs, enthousiasmés par la découverte du cycle de Méton (v. 430 av. J.-C.), période qui ramène les nouvelles lunes le même jour tous les dix-neuf ans, firent graver cette découverte en caractères d'or (1). Le catastrophisme mythologique : des dieux et des légendes Je vais d'abord rappeler quelques légendes prises dans les mythologies du monde entier, pour bien montrer le caractère universel des bouleversements et catastrophes qui ont meurtri les Anciens. J'ai été obligé, bien sûr, de choisir parmi de nombreux textes (anciens, mais aussi modernes), et ceux-ci ne sont que des textes parmi d'autres. 7 Mythologie aztèque : les quatre soleils Les anciens Aztèques racontaient que quatre mondes, ou quatre soleils, ont précédé le nôtre et qu'ils furent détruits par des cataclysmes de grande ampleur. " Quatre fois le monde fut détruit. La première fois, le soleil s'éteignit et un froid mortel s'abattit sur la terre. Seul un couple humain put s'échapper et perpétuer l'espèce. La deuxième fois, un vent magique souffla de l'ouest, et tous les hommes, sauf deux encore, furent transformés en singes. La troisième fois, ce fut le feu qui accomplit l'œuvre de destruction. Les rayons d'un soleil gigantesque firent flamber la planète, tandis que les coups de foudre répondaient aux rugissements des volcans déchaînés. Il y eut deux rescapés, et l'homme ne mourut pas. Enfin vint le quatrième cataclysme, celui de l'eau. Le ciel tomba sur la terre et ce fut le déluge. Tout disparut sous les flots, étoiles, soleils et planètes. L'obscurité s'étendit sur l'abîme. Mais l'homme survivait toujours. " (2) Les quatre destructions quasi totales du monde furent successivement le fait du froid, du vent, du feu et de l'eau. On retrouve ces quatre agents de destruction dans de nombreuses autres mythologies. Ces quatre âges du monde des Aztèques s'étalent en fait sur plusieurs milliers d'années. Ils sont équivalents à ceux des autres peuples d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. Mythologie chinoise : Kong-Kong, le dragon En Chine, les textes anciens font allusion à de sérieux cataclysmes qui se seraient produits à l'époque des cinq empereurs semi-légendaires (Huangdi, Zhuan Xu, Diku, Yao et Shun) que l'on situe en général au III e millénaire avant J.-C. Celui rappelé ci-dessous semble avoir eu une origine cosmique. " Jadis, Kong-Kong disputa l'empire à Tchouan-hiu et, dans sa rage, donna un coup de corne au mont Pou-tcheou. La colonne qui soutenait le Ciel (au coin N.-O.) fut cassée, l'amarre de la Terre (au coin S.-E.) fut rompue, le Ciel se pencha vers le nord-ouest et c'est pourquoi le soleil, la lune, les étoiles se déplacent dans cette direction. La Terre eut une ouverture au sud-est, et c'est ainsi que les eaux, les rivières, le sol, la poussière se précipitent dans cette direction. " (3) En Chine, on parle donc d'une rupture de l'axe du monde et la Terre se serait "penchée" vers le nord-ouest. Ce cataclysme pourrait être celui concernant le Déluge biblique et donc être contemporain de l’époque de Noé. Il pourrait être consécutif à l'impact d'une comète dans le Pacifique, comme je l'expliquerai dans un chapitre ultérieur. 8 Mythologie égyptienne : Sekhmet, la lionne en furie Dans la mythologie égyptienne, Sekhmet était le nom de la déesse de la guerre, représentée généralement comme une lionne ou comme une femme à tête de lionne. Elle devenait parfois aussi l'œil de Rê, le dieu-soleil, et était chargée de détruire ses ennemis. Elle répandait les épidémies sur toute l'Egypte quand le dieu voulait se venger. Une légende liée à un drame cosmique (celui de la fin du XIII e siècle av. J.-C.) racontait que sur les ordres de Rê, elle se jeta sur les hommes révoltés avec une telle frénésie et une telle méchanceté que le dieu-soleil, redoutant l'extermination de la race humaine, dut lui demander d'arrêter le carnage. Comme elle refusait obstinément d'obtempérer, il dut employer un curieux stratagème, une ruse comme seuls les dieux en avaient le secret (4) : " Rê fit préparer des cruches de "didi", liquide colorant en rouge, qui sont mélangées à de la bière. Pendant toute la nuit, alors que Sekhmet dort, la bière rouge est versée sur toute la terre d'Égypte. A son lever, la déesse pense voir un fleuve de sang dû au massacre des hommes. Elle se mire dedans, puis commence à laper. Bientôt totalement ivre, elle oublie sa mission et s'en retourne auprès des dieux en épargnant les survivants. " On remarque dans cette légende le fait souvent noté que le monde prit une couleur rouge à l'occasion de ce cataclysme, du fait de la pigmentation de la matière abandonnée dans l'atmosphère terrestre par la désintégration et l'émiettement des multiples fragments issus du corps céleste originel. Il semblerait que les Égyptiens aient retenu le jour de l'année du début du cataclysme : le 12 Tybi , soit une date correspondant à la fin octobre ou au début novembre de notre calendrier moderne (5), si le cataclysme a bien eu lieu au XIII e siècle avant J.-C. C'est une précision très importante. " C'est le douzième jour du premier mois d'hiver qu'a eu lieu le grand massacre des hommes ; aussi le calendrier des jours fastes et néfastes note-t-il soigneusement : "Hostile, Hostile, Hostile est le 12 Tybi, évite de voir une souris en ce jour, car c'est le jour ou Rê donna l'ordre à Sekhmet". " (6) Mythologie germano-scandinave : le Ragnarök Pour les Germains et les autres peuples du Nord, la fin du monde était symbolisée par le Ragnarök , ou Crépuscule des dieux . Cette catastrophe cosmique de très grande ampleur est racontée en grand détail (mythologique, pas scientifique !) dans le poème intitulé la Voluspa et qui fait partie du grand ensemble de l' Edda . De ce récit complexe qui met en place de nombreux dieux, on peut citer les extraits représentatifs suivants (7) : " Du côté du Sud, là où commence le pays des géants du feu, Surt, le maître de ces contrées, dresse déjà son épée de flammes. 9 Au bord du ciel est posté Heimdall, le veilleur des dieux ; personne au monde n'a la vue aussi perçante ni l'ouie aussi fine ; pourtant, il se laisse ravir son épée par Loki et ne commence à souffler dans son cor retentissant que lorsque les géants sont en marche. Le loup Fenrir, que les dieux avaient jadis enchaîné, rompt ses liens et s'échappe. Les secousses qu'il donne à ses entraves font trembler la terre tout entière ; le vieux frêne Yggdrasil en est ébranlé des racines jusqu'au faîte. Des montagnes s'écroulent ou se fendent de haut en bas... Au Sud apparaît Surt, que suit la troupe innombrable des géants du feu ; son épée lance des éclairs ; tout autour de lui des flammes jaillissent du sol crevassé. A son approche les rochers s'écroulent, les hommes s'affaissent sans vie.