Projet de développement touristique de l’Est du Pays d’Evian

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman

2009

Jehanne Attali

Diplômée en Histoire de l’art et Patrimoine de Lyon II Chargée de mission bénévole « Valorisation du patrimoine » auprès de l’ADHEPE Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 1 Sommaire

I) - Présentation de la situation actuelle ...... p.6

1. Etat des lieux ...... p.6 2. Bilan de l’état des lieux ...... p.17

II) - Projet de la Voie Verte ...... p.18

1. Les avantages ...... p.18 a. Un tracé sécurisé ...... p.18 b. Un tracé direct ...... p.21 c. Un tracé agréable ...... p.24

2. Pour des utilisateurs diversifiés ...... p.28 a. Les habitants ...... p.28 b. Les travailleurs ...... p.28 c. Les touristes, sportifs et promeneurs ...... p.29

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 2 III) – Projet de valorisation du patrimoine culturel ...... p.31

1. Les éléments remarquables à proximité de la voie ...... p.31 a. Evian-les-bains ...... p.31 b. Grande-Rive ...... p.37 c. Petite-Rive ...... p.39 d. ...... p.45 e. ...... p.54 f. Saint Gingolph ...... p.58 g. Patrimoine industriel ...... p.63

2. Création de parcours culturels ...... p.67 a. Des parcours géographiques ...... p.68 b. Des parcours thématiques ...... p.71

3. Développement économique ...... p.76

Conclusion ...... p.77 Sources ...... p.79 Bibliographie ...... p.80

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 3 Ce dossier est voué à faire connaitre le fort potentiel patrimonial et touristique de l’Est du Pays d’Evian. Ce territoire se situe aux confins du Chablais français, entre Evian à l’Ouest et Saint-Gingolph à l’Est. Il est limitrophe de la frontière suisse et s’étend entre le lac Léman au Nord et les montagnes des Mémises au Sud. Ce sont principalement les rives du lac qui nous intéressent ici. Cinq localités administratives se les répartissent : Grande Rive/, Petite Rive/Maxilly, Torrent et Tourronde/ Lugrin, Meillerie/Locum, Bret/Saint Gingolph. Ce dossier propose des idées concrètes pour la valorisation et l’animation du secteur.

Nota bene : Ce travail a été effectué bénévolement, au cours de l’année 2009. En conséquence, toutes les informations postérieures à cette année-là n’ont pas été prises en compte.

Page de couverture :

La maison à l’Hélène , anonyme, peinture à l’huile, non daté, collection particulière

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 4 Situation géographique du territoire concerné par l’étude, carte modifiée par J.A., d’après le dépliant « Pays du Léman »

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 5 I) – Présentation de la situation actuelle

Cette première partie présente brièvement les particularités du territoire, afin d’en apprécier les acquis et les besoins, pour donner des réponses adéquates. Différents aspects, tels que la situation géographique, l’occupation et la fréquentation de la zone, ses attraits et ses nuisances, ont été observés sur le terrain et sont restitués ici.

1. Etat des lieux

- Le territoire de l’Est du Pays d’Evian est majoritairement resté à l’état naturel . C’est ici que l’on trouve les derniers sites sauvages et authentiques des rives du Léman . Ils proposent une grande diversité de milieux naturels : les campagnes verdoyantes de Petite-Rive et Tourronde se transforment rapidement, du côté de Lugrin, Meillerie et Saint Gingolph, en montagnes abruptes couvertes de forêts et bois intouchés. Le littoral est constitué de belles plages de galet, refuges des oiseaux d’eau.

Entre lac et montagnes, on est face à un miroir d’eau et à un écrin de verdure. L’opposition des deux éléments crée des paysages magnifiques, propices à de nombreuses activités sportives (escalade, sauvetage, voile, aviron, plongée sous-marine…).

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 6

Vue sur les montagnes des Mémises, à travers la campagne de Tourronde, photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 7

Vue sur le lac Léman, à Lugrin et Meillerie, photos J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 8

Vue sur le Grammont, à travers les bois de Locum, photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 9 - Ce territoire naturel est ponctué de zones urbanisées. Se sont principalement des quartiers d’habitation, avec des maisons particulières et des immeubles bas, qui occupent l’espace.

Le quartier de Tourronde, avant les bois de Troubois, Lugrin, photo J.Attali

- A l’écart des pôles attractifs, cette zone est un point de passage. Dédiée à la fonction de résidence, elle ne propose pratiquement pas d’activité économique. Il faut inviter le touriste à s’y rendre et à y passer du temps. Pour ce faire, il faut redonner vie et attrait à cet espace, en proposant des activités. Dans cet optique de développement touristique, un projet de parc géologique du Chablais, appelé Géoparc, a été adopté 1.

1 Le journal du pays d’Evian, décembre 2009, p.10.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 10 - Le territoire de l’Est du Pays d’Evian est parcouru de tout son long par la Route Départementale 1005, qui amène à la frontière suisse. Seul axe de circulation sur le sud du lac Léman, cette route draine tout le trafic local, et les transits nationaux et internationaux vers la Suisse, l’Italie, l’Allemagne et les Pays de l’Est (touristes et transports commerciaux). Sur 17 km, se côtoient des voitures particulières, des camions, des bus, des camions-citernes et même des cyclistes.

Ce trafic n’est pas seulement diversifié . Il est surtout dense et intense . Selon la Direction Départementale du Territoire, 6899 véhicules, avec des pointes à 10 988, circulent chaque jour sur la RD1005. Ces chiffres représentent une augmentation de 7,65% par rapport à 2008. Il s’agit de la plus forte augmentation de trafic sur l’ensemble des routes départementales haut-savoyardes 2.

Trafic routier dans la rue nationale de Meillerie, photo ADHEPE

2 Dossier DDT Haute-Savoie Trafic Routier 2009. Le comptage a été fait à Saint-Gingolph.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 11 Au milieu de ce trafic, la présence de cyclistes est l’élément le plus préoccupant . On y trouve des sportifs et des promeneurs (parfois en famille) mais aussi des utilisateurs du vélo comme d’un véritable moyen de locomotion. Pourtant, leur sécurité n’est pas assurée. A l’heure actuelle, aucune solution ne leur est proposée.

Cette proximité de poids lourds, de véhicules légers et de cyclistes en fait une zone particulièrement dangereuse . Les limitations de vitesse ne sont pas respectées et les excès qui s’en suivent ont déjà occasionné plusieurs accidents (115 morts et 330 blessés en 5 ans) 3.

- Ce trafic routier apporte de nombreuses nuisances . Au bord du lac Léman, elles sont essentiellement sonores . Le bruit provient habituellement de trois sources : le frottement des pièces mécaniques entre elles, la circulation de l'air autour du véhicule et le frottement des pneus sur la chaussée 4. Sur la RD1005, les nuisances sonores sont classées de catégorie 3 par la DDE 5 et commencent dès 4h30 du matin avec la reprise du trafic routier.

3 Informations indiquées sur un panneau routier le long de la RD 1005. Ces chiffres concernent l’ensemble des routes chablaisiennes. 4 www.leblocnotes.ca 5 La catégorie 3 correspond à un bruit compris entre 70 à 76 dB le jour et 65 à 71dB la nuit (niveau bruyant et fatigant). Cette catégorie oblige à un renforcement de l’isolement acoustique dans la zone concernée.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 12 - De plus, cette partie du sud lémanique est difficilement praticable à pied . La déambulation piétonne est fortement entravée. Les quais sont rares et les trottoirs, s’ils existent, ne sont pas praticables car très exigus. Ils ne sont pas aux normes pour les fauteuils roulants des personnes à mobilité réduite ou pour les poussettes. Toutefois, un aménagement des rives de Neuvecelle et Maxilly, visant à la création de quais sécurisés, est en projet 6.

- Parallèle au littoral et à la route, une voie ferrée existe depuis 1886 . Longue de 17,8 km, cette voie unique relie la gare d’Evian à celle de Saint Gingolph franco-suisse. Elle continue ensuite jusqu’à Saint- Maurice en Suisse. Elle fut construite sur la base d’un accord tripartite entre la , le Valais et Genève, pour désenclaver le Valais. Elle fut appelée « la ligne du Tonkin » en raison de sa végétation luxuriante qui rappela aux ingénieurs et ouvriers français l’environnement rencontré en Indochine 7.

Le tracé rectiligne de la voie ferrée, avenue de Maraiche, Neuvecelle, photo J.Attali

6 Le journal du pays d’Evian, décembre 2009, p.10. 7 24 Heures, 23/04/09. Le Tonkin est la région septentrionale de l’ancienne Indochine (actuel Vietnam), acquis par la France à la suite de la guerre qui l’opposa à la Chine de 1881 à 1885.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 13 Cette voie ferrée conserve ses nombreux ouvrages d’art d’origine : 54 ponts métalliques, 3 viaducs et 2 tunnels en pierre, 18 passages à niveau, etc...

L’exploitation de la ligne s’est progressivement arrêtée. Le trafic voyageur a été supprimé en 1938, le Fret en 1988 et l’exploitation touristique saisonnière « Rive Bleue Express » a pris fin en 1998 8. L’infrastructure laissée à l’abandon s’est dégradée et est désormais en mauvais état . Les ponts en métal sont rouillés, le ballast se disperse, les rails sont parfois recouverts de goudron et arrachés, les traverses de bois se détériorent et ne sont parfois plus en place.

Un pont écroulé, envahi par la végétation, au niveau du Gallia, Evian, photo J.Attali

8 Le journal du pays d’Evian, décembre 2009, p.4.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 14 Cette voie ferrée traverse tous les villages de l’Est du Pays d’Evian. Au cours de ces 40 dernières années, l’habitat s’est densifié et s’est resserré autour d’elle. Les jardins, parterres de gazon et potagers donnent alors directement sur elle, sans barrière ni grillage, sans même des haies végétales. Les maisons garde-barrière ont été vendues et sont désormais habitées.

L’habitat dense autour de la voie ferrée, Meillerie, photo ADHEPE

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 15 Actuellement, lorsque la voie est nettoyée, on peut voir quelques piétons, parfois des cavaliers à cheval et des VTTistes, s’y promener, surtout du côté de Neuvecelle, Maxilly ou Lugrin. Ils sont déjà dans une démarche d’appropriation de la voie pour des activités de loisirs.

Au niveau d’Evian et de Maxilly, « le tracé de la ligne ferroviaire intercepte le périmètre de protection rapproché des sources d’Eaux Minérales d’Evian »9. En d’autres termes, il passe au-dessus des nappes phréatiques .

9 D’après une étude RFF, reprise dans La Tribune de Genève, 30/11/02.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 16 2. Bilan de l’état des lieux

Trois problèmes majeurs apparaissent : - Problème de déplacement . Comment désengorger la RD1005 ? Quel autre moyen de transport proposer ?

- Problème de sécurité . Comment protéger les populations locales, les cyclistes et les piétons du trafic dense de la RD1005 ? Comment les protéger des nuisances qu’il induit ?

- Problème du développement économique, touristique et culturel . Comment amener le touriste à s’arrêter dans ces villages ? Comment développer des activités touristiques attractives ?

Le projet d’une Voie Verte , à la place de la voie ferrée, se propose de répondre à ces problèmes. Il s’attache à satisfaire les trois enjeux et objectifs :

• Permettre des déplacements de proximité ,

• Assurer la sécurité physique et sanitaire des usagers ,

• Développer l’économie locale et le tourisme culturel . Le projet de Voie Verte s’associe alors à un projet de valorisation du patrimoine culturel local.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 17 II) - Projet de la Voie Verte

Avant tout, il convient de réfléchir à l’expression « Voie Verte ». Selon la définition courante 10 , " une Voie Verte est une voie de communication autonome réservée aux déplacements non motorisés, développée dans un souci d'aménagement intégré valorisant l'environnement et la qualité de vie, et réunissant des conditions suffisantes de largeur, de déclivité et de revêtement pour garantir une utilisation conviviale et sécurisée à tous les usagers de toute capacité. A cet égard, l'utilisation des chemins de halage et des voies ferrées désaffectées constitue un support privilégié de développement des voies vertes. " A la lecture de cette définition, on comprend tout de suite l’intérêt de ce genre de voie.

1. Les avantages

Les avantages de la voie du Tonkin viennent de sa position et de son tracé.

a. Un tracé sécurisé

- Celle-ci se situe hors du trafic routier , à l’écart des camions et des voitures. C’est une voie de circulation autonome.

10 Wikipédia.fr

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 18 - Les utilisateurs de la Voie Verte seront sans soucis 11 . Ils n’auront pas à se préoccuper des voitures ni des camions. Ils pourront se déplacer en toute quiétude et sérénité.

- La Voie Verte permettra une réduction de la dangerosité des déplacements pour les cyclistes . Loin de la circulation automobile, il y aura une minimisation des risques d’accident et de chute.

- Elle pourra être sécurisée par des aménagements : des panneaux pour prévenir des intersections ; des barrières en chicane pour empêcher l’entrée intempestive de véhicules motorisés et pour freiner les vélos à l’approche des croisements ; des vibreurs pour attirer l’attention des automobilistes et les inciter à ralentir…

11 Selon le sens étymologique du mot sécurité.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 19

Simulation de dispositifs de sécurisation de la voie : chaines, barrières en chicane, panneau d’avertissement

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 20 b. Un tracé direct

- Au milieu des habitations, elle est facilement accessible et visible . De par son ancienne vocation de voie ferrée, elle offre un tracé facile, relativement droit et plat . Elle est faite pour tous les usagers de toutes capacités.

- Un cheminement piéton continu sera désormais possible sur le littoral sud lémanique.

- Elle possède indiscutablement la fonction de cohésion territoriale et sociale . Elle met en relation directe les centres ville d’Evian ou de Saint Gingolph et les quartiers et villages périphériques. Toute la population aux abords de la voie pourra en bénéficier, aussi bien les habitants d’Evian, de Lugrin que ceux de Meillerie et Saint Gingolph. Il n’y aura aucun laissé- pour-compte .

- Elle amène au cœur des villes et villages et c’est un avantage indéniable. Elle dessert ensuite toutes les localités en 5-10 minutes : les rues marchandes, le bord du lac, les quartiers d’habitation…

- Elle est insérée dans un maillage de voies de communication : routes automobiles, gare d’Evian et de Saint Gingolph, funiculaire et les chemins VTT de Maxilly vers le Plateau de Gavot.

- Elle ne sera pas isolée et pourra relier d’autres Voies Vertes et pistes cyclables , déjà existantes ou en cours de création.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 21 Du côté de Saint Gingolph suisse se trouvent les pistes cyclables du Bouveret qui permettent de remonter sur Villeneuve, Monthey, Aigle, Bex et ainsi parcourir tout l’Est de la Suisse. Du côté d’, une Voie Verte a été créée en 2007 reliant le bourg médiéval à . Deux autres portions, l’une reliant Yvoire à et l’autre Yvoire à , sont en phase de projet avancé 12 . Genève possède elle-aussi un bon réseau de pistes cyclables qui parcoure l’ensemble du centre ville.

- Ce projet de Voie Verte s’insère dans de plus vastes ambitions :

• au niveau local, avec une volonté de développer l’écotourisme dans le Pays d’Evian, avec l’aménagement de circuits de randonnées pédestres et équestres entre Saint Gingolph et Marin 13 . La Voie Verte pourra venir renforcer ce réseau pour les randonnées à vélo.

• au niveau départemental, avec le plan « Haute-Savoie Vélo Voies Vertes » : sept itinéraires ont été définis dans les années 2000. L’un d’entre eux, identifié sous le nom de « véloroute du Sud Léman »14 parcourra les rives de l’Est du Pays d’Evian. La ligne du Tonkin est le lieu idéal pour réaliser cet itinéraire.

• et au niveau européen, avec un parcours appelé « Du Léman à la Mer » : de plus de 840km, il longe le Rhône, depuis sa source en Suisse jusqu’à la Méditerranée. Un itinéraire existe déjà mais son départ se fait pour l’instant depuis Genève. Il manque toute la partie en amont et la Voie Verte de l’Est du Pays d’Evian pourra participer à l’extension de ce parcours.

12 Haute-Savoie Magazine, juillet 2009, p.29. 13 Le journal du pays d’Evian, décembre 2009, p.4. 14 Haute-Savoie Magazine, juillet 2009, p.29.

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Plan départemental Haute-Savoie Vélo Voie Verte, Haute-Savoie Magazine, juillet 2009

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 23 c. Un tracé agréable

- Dans la nature sauvage et authentique , pleine de surprises et sans monotonie, la Voie Verte offre des points de vue panoramiques magnifiques sur le lac Léman et les montagnes des Mémises.

- Le projet se dote alors d’un aspect écologique incontournable . Il se fait dans le respect de l’environnement local. Sa création ne demandera aucune modification ou déstructuration de l’espace car elle emploiera le tracé existant. Elle aura une bonne intégration au site.

- Elle n’occasionnera pas de nuisances supplémentaires : ni bruit, ni pollution environnementale, ni désagrément visuel.

- Elle est garante de la qualité de vie des habitants car elle prend en considération leurs cadres et modes de vie.

- C’est un service gratuit .

- On peut la rendre d’autant plus agréable en offrant un attrait supplémentaire, en la faisant vivre. C’est ici qu’intervient le projet de valorisation du patrimoine culturel du bord du lac.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 24 - Il faut prendre en compte que le tracé possède déjà des aménagements favorables au développement de la Voie Verte , comme des parkings, des accès directs par la route, des dégagements et des accotements engazonnés et nivelés…

Sur les parkings déjà existants, les personnes peuvent se garer, décharger les vélos, et emprunter directement la Voie Verte . Les dégagements latéraux, de plain pied, feraient office d’aires de repos pour des moments de pause, des pique-niques.

Ces emplacements demanderaient quelques équipements supplémentaires (support métallique pour le garage des vélos, accès piéton praticable, bancs).

Le parking de Saint Gingolph : à 5m seulement de la voie, photos J.Attali

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L’allée d’Allaman longeant la voie et un vaste dégagement latéral, Le parking de la gare de Meillerie, photo J.Attali propice à l’installation de parking vélo, Lugrin, photo J.Attali

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Le parking du parc de la Gryère à Lugrin : à 50m de la voie, photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 27 2. Pour des utilisateurs diversifiés

La Voie Verte s’adresse aux personnes désireuses de se déplacer en véhicule non motorisé dans un périmètre périurbain et rural. Sont concernés aussi bien les habitants et les travailleurs locaux que les touristes.

a. Les habitants

La Voie Verte s’adresse en premier lieu à la population locale . Chaque habitant de l’Est du Pays d’Evian, résidant aux alentours de la voie, pourrait l’emprunter aussi souvent qu’il le désire. Pour les achats et activités de la vie quotidienne : aller au marché, faire les courses, aller à la bibliothèque, chercher le pain, aller à la Maison de la Presse, se promener, etc… Pour les petits trajets et les déplacements de courte durée pour lesquels la voiture est plus un inconvénient encombrant qu’un bénéfice (consommation d’essence, recherche laborieuse d’une place de parking). Pour des déplacements occasionnels . En autonomie totale, chacun pourrait décider de son trajet, de ses arrêts et de sa destination.

b. Les travailleurs

La Voie Verte s’adresse aussi aux travailleurs , pour leurs déplacements quotidiens et pendulaires (chaque jour, aux mêmes heures), lorsque la voiture est, là aussi, un inconvénient. Les problèmes de garage à Evian et Saint Gingolph et le coût du parking à payer tous les jours en font un gouffre pécuniaire.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 28 La Voie Verte ferait office de liaison directe (entre la maison et le lieu de travail) ou de lien intermodal (entre la maison et un autre moyen de transport comme le train, les bateaux CGN…). Par exemple, les travailleurs vers ou les frontaliers pour Genève pourront rejoindre la gare d’Evian par cette Voie Verte . Bon nombre de ces travailleurs ont déjà choisi le vélo pour se rendre à la gare. Ils l’utilisent ensuite dans la ville de leur lieu de travail. Avec l’augmentation du prix de l’essence, le manque de places de parking et le développement de la conscience écologique, de nombreuses personnes sont tentées d’abandonner la voiture. La Voie Verte est le meilleur moyen de les y encourager et de les soutenir dans cette démarche.

c. Les touristes, sportifs et promeneurs

La Voie Verte s’adresse aussi aux personnes désireuses de pratiquer des activités de loisirs : les cyclosportifs, les cyclistes en promenade ou randonnée itinérante, les promeneurs à pied, les joggers, les cavaliers, etc...

Les premiers circulent seuls ou en peloton, à une vitesse moyenne de 20 à 30 km/heure. Cette catégorie de cyclistes est très présente sur les routes autour du lac, du fait de la fréquence des sorties et des grandes distances parcourues. C’est aussi la catégorie la plus exposée aux accidents graves.

Les cyclistes en promenade ou en randonnée, les marcheurs et les joggers recherchent des aménagements permettant une pratique sécurisée, séparée de la circulation routière ou empruntant des axes routiers très peu fréquentés. Ce sont souvent des familles entières auxquelles il faut proposer la solution de la Voie Verte .

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 29 Pour le confort des chevaux, les cavaliers préfèrent les bandes de terre ou le gazon. Les bas-côtés engazonnés du tracé peuvent les satisfaire.

La Voie Verte s’adresse aussi aux adeptes des parcs publics (les parcs du Splendide et des Vignes Rioutes à Evian, le bois du Bal à Petite Rive, le parc de la Gryère à Lugrin) et des plages du bord du lac . Elle y donne accès directement et la population pourra s’y rendre à vélo. De plus, elle offrira une réponse aux problèmes de garage aux abords de ces espaces naturels (parkings souvent inexistants à proximité ou lorsqu’ils existent, ils sont bondés en été).

La Voie Verte a de multiples usages et avantages pour un large public . Elle répond aux nombreux problèmes de circulation et de parking.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 30 III) - Projet de valorisation du patrimoine culturel

La valorisation du secteur vise à rendre attractif le territoire de l’Est du Pays d’Evian , pour inciter le touriste à aller s’y promener, à s’y arrêter et pour animer l’espace. Dans un premier temps, il convient de repérer les éléments remarquables à proximité de la voie ferrée. Ils peuvent être de tous types :

- du patrimoine bâti avec des intérêts architecturaux et historiques ; - du patrimoine paysager avec des intérêts écologiques et esthétiques ; - du patrimoine industriel avec des intérêts scientifiques et techniques ; - du patrimoine culturel avec des musées et des expositions.

1. Les éléments remarquables à proximité de la voie

a. Evian les bains

- La voie ferrée passe sur les hauteurs d’Evian. Elle donne une vue inédite et une image agréable de la ville, paysage urbain inséré dans le panorama grandiose du lac Léman. La voie ferrée a vue sur les coupoles du Palais Lumière et de la Buvette Cachat et sur l’Hôtel Le Royal . Elle surplombe les parcs du Splendide et des Vignes Rioutes . Autant dire qu’elle passe au plus près des sites qui font l’attrait patrimonial d’Evian. Ils entrent tous dans son histoire de ville thermale, véritablement commencée en 1869 avec la création de la Société des Eaux Minérales d’Evian (SAEME).

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Vue sur Evian depuis la voie ferrée, photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 32 Le premier hôtel digne d’accueillir les touristes saisonniers a été édifié en 1898 et s’appelait l’hôtel du Splendide. De style néo-classique, il était le plus grand palace de la rive française. Il a été rasé en 1983 et le parc qui le remplace aujourd’hui porte son nom. Dans le PLU, il est indiqué comme une zone naturelle à caractère touristique. Le parc des Vignes Rioutes, situé à côté de celui du Splendide, est un espace boisé classé.

Des thermes ont été bâtis au bord du lac en 1902, également dans le style néo-classique. Restaurés en 2006, ils portent aujourd’hui le nom de Palais Lumière et accueillent un espace d’exposition, une médiathèque et une salle de congrès de rayonnement international.

En association avec les thermes, une buvette de dégustation a été construite en 1903. Il s’agit de la Buvette Cachat. Dans un style Art Nouveau, elle se présente comme un temple de l’eau. Elle est classée Monument Historique et possède le Label XX ème . Aujourd’hui, elle n’est ouverte qu’en période estivale et sert de Hall d’Information à la SAEME.

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Les coupoles de la Buvette Cachat et du Palais Lumière, vues depuis la voie ferrée, photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 34 De plus en plus prisée, la ville s’est vue obligée de construire un nouvel hôtel : Le Royal. Il a été bâti en 1909. Il porte ce nom pour attirer le roi Edouard VII d’Angleterre qui avait promis d’être l’un des premiers hôtes. Il est toujours en activité.

L’hôtel Le Royal, vu depuis la voie, photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 35 - La voie ferrée croise le funiculaire , qui date aussi de cette époque faste du thermalisme. Mis en exploitation en 1907, il servait à relier tous les édifices thermaux de la ville. Il transportait les curistes des hôtels vers la buvette et l’établissement thermal. Il a été reconstruit à l’identique et fonctionne chaque été. Gratuit, il relie la commune de Neuvecelle à celle d’Evian. Il contribue à leur donner un charme authentique. Il possède une plate-forme pour transporter les vélos.

Le funiculaire, photo Internet

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 36 b. Quartier de Grande Rive

- Le village de pêcheurs : il s’agit d’un des quartiers les plus anciens de Neuvecelle dont la division parcellaire d’origine a persisté jusqu’à nos jours. Les premières maisons y ont été bâties avant 1732 et la plupart d’entre elles l’ont été entre 1732 et 1868. Elles se trouvent au bord de la route longeant les rives du lac car il s’agit d’un ancien village de pêcheurs. Il en porte les caractéristiques.

Ce petit hameau s’organise par rapport au lac. Les ruelles offrent un accès direct aux rives. Les maisons mitoyennes, resserrées et étroites sont orientées de sorte à se protéger du vent du nord.

En tant que village de pêcheurs, les architectures répondent aux besoins du métier. Les habitations sont associées à une ou plusieurs cours, à l’avant ou à l’arrière. A l’époque, ces cours servaient probablement aux travaux ou au stockage du matériel de pêche (remaillage et séchage des filets, passes à poissons…).

Au 1 er niveau se trouvent des caves semi-enterrées : elles font office de vide sanitaire et de garde-manger. Elles isolent les parties habitables du sol froid et humide et conservent la nourriture à bonne température. L’entrée se fait directement depuis la rue.

L’accès aux étages supérieurs se fait par un escalier droit en hors œuvre. Souvent, le dessous de l’escalier est cloisonné et sert de placard supplémentaire.

Les maisons sont globalement peu hautes, à trois ou quatre niveaux.

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Le n°55 avenue de Maraiche,

Grande Rive, photo J.Attali Les n°9 et 17 passage de la Crémaillère, Grande Rive, photo J.Attali

Le n°49 avenue de Maraiche, Grande Rive, photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 38 c. Quartier de Petite rive

- L’ancien village de Petite Rive : il s’agit là aussi d’un des plus anciens quartiers de la commune de Maxilly. Il forme un ensemble assez disparate, peu concentré. Il semblait se tourner vers les activités de l’agriculture et de la pêche. Les premières maisons indiquées sur la mappe sarde de 1732 sont à l’intérieur des terres. Elles sont accompagnées de terrains signalés comme cultivés. On peut alors en déduire qu’elles étaient dédiées à l’agriculture. A cette époque, peu de maisons s’aventurent au bord du lac. Ce n’est probablement qu’au XIX ème siècle qu’elles s’avancent jusqu’aux bords de la rive, au-delà de la route. Elles se tournent alors vers l’activité de la pêche et reprennent la typologie des maisons de pêcheurs étudiées à Grande-Rive. Certaines sont de bise par rapport au lac et au vent du nord tandis que d’autres leur tournent carrément le dos.

Dans l’ensemble, cette zone de Petite-Rive est restée peu bâtie jusqu’au début du XX ème siècle. De grands champs occupaient l’espace. Ils ont été divisés en plusieurs parcelles, d’égales dimensions et de forme rectangulaire, pour y construire de nouvelles maisons, sans doute après la Seconde Guerre Mondiale 15 . Le parcellaire a donc fortement changé mais le tracé viaire et quelques vieux bâtiments persistent.

15 Cette division maitrisée est typique du réaménagement et de la reconstruction du territoire français des années 1950 et 1960.

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Deux anciens bâtiments indiqués sur la mappe sarde de 1732, probablement à vocation agricole, route de Bret, photos J.Attali

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Des maisons de pêcheurs, datant probablement du XIXème siècle, RD 1005, Petite-Rive, photos J.Attali

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Une maison de pêcheur, route de Bret, Petite-Rive, photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 42 - Le bois du Bal et la plage : il s’agit d’espaces naturels historiquement présents car ils sont déjà indiqués sur la mappe sarde de 1732. Des éléments de paysage y sont repérés comme remarquables, selon l’article L123.1.7 du code d’urbanisme, et les espaces boisés ont été classés au titre de l’art. L130.1 et 146.6 du même code. « Le classement interdit tout changement d'affectation ou tout mode d'occupation du sol de nature à compromettre la conservation, la protection ou la création des boisements » (Legifrance) . Cela leur a valu d’être protégés au titre de la loi dite Littoral. Les constructions nouvelles y sont donc interdites (« zone des 100m inconstructible » PLU de Maxilly). Le bois du Bal est de plain-pied à la voie ferrée et donne un point de vue remarquable sur la plage, à laquelle on accède en deux minutes par des escaliers. Il possède des tables et chaises de pique-nique. Il est déjà aménagé pour recevoir une activité touristique.

Le bois du Bal et la plage de Petite-Rive en contrebas, photos J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 43 - Des maisons remarquables : elles sont repérées sur le PLU de Maxilly. Elles sont bâties sur d’anciens champs, divisés en plusieurs parcelles égales après la Seconde Guerre Mondiale. De type manoir, elles se déploient en des formes massives et compactes.

Les maisons remarquables de Maxilly, RD 1005, photos J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 44 d. Lugrin

- Le bord du lac : sur le PLU, il est identifié comme une zone naturelle de protection du littoral. Les constructions nouvelles et tous les travaux portant atteinte à l’environnement ou au caractère de la zone y sont interdits. Cette zone s’étend de part et d’autre de la voie ferrée.

Le parc de La Gryère, au bord du lac, se présente comme un écrin de verdure protégé de la RD1005 par des clôtures. C’est un espace boisé classé, protégé par le Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres. Il renferme une très belle villa de villégiature.

Des zones de saisine archéologique donnant sur le lac et les rives ont été délimitées à Torrent et Blonay. Les projets d’aménagement affectant leur sous-sol pourront faire l’objet de prescription archéologique.

Le PLU de Lugrin accorde une grande importance à toutes ces richesses paysagères et environnementales du bord du lac : deux Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique (Z.N.I.F.F.) ainsi qu’une Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux (Z.I.C.O.) ont été identifiées.

Les enjeux et objectifs de la commune se tournent majoritairement vers cette identité paysagère. Elle a conscience de sa participation à un grand ensemble paysager des rives du Léman jusqu’à Meillerie. Elle souhaite le classement du site en zone Natura 2000.

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Le parc de La Gryère et sa villa de villégiature, photos J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 46 - Au lieu-dit « le Ruisseau du Tronc », la nature est très présente. Il y a une forte impression de ruralité au charme bucolique, avec des jardins, une ferme avec des ânes, des châtaigniers monumentaux, des fleurs champêtres. On a une vue de Lugrin en contre plongée : vue originale et inédite.

On voit l'église paroissiale . Elle a été construite entre 1840 et 1844 dans le style néo-classique, suite à la séparation des paroisses de Lugrin et de Montigny et pour faire face au nombre croissant de la population. Son clocher est de style néo- gothique et date de 1886. Elle possède de belles peintures murales représentant les personnages bibliques.

Les sous-bois du lieu-dit le « Ruisseau du Tronc », Lugrin, photo J.Attali

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La ferme avec les ânes, au bord de la voie, Lugrin, L’église de Lugrin vue depuis la voie, photo J.Attali photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 48 - Château d’ Allaman : il est situé au hameau de Vieille Eglise, un des plus vieux de la commune. Construit sur une villa gallo-romaine, il était le siège de la principale seigneurie de Lugrin. Au Moyen Age, il appartenait à la famille des qui le vendirent en 1341 aux seigneurs de Russin. Ils le vendirent à leur tour à une famille d'Evian, les Dunant de la Place, en 1560. Il semble qu’ils l’aient conservé jusqu'à la Révolution. Toutefois, en 1735, les Bouvier d'Yvoire en possédaient une partie. Aujourd'hui, après avoir servi de logement à la colonie de vacances de Saint-Pierre de Macon, il a été transformé en appartements. Il a connu une certaine notoriété lors de la Guerre d’Algérie, en abritant en 1961 les négociations poursuivies entre le Gouvernement Français et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (G.P.R.A.).

Le château d’Allaman, photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 49 - Château de Tourronde , dit aussi château de Blonay : il se trouve au hameau de Tourronde, appelé ainsi à cause d’une tour ronde qui y trônait jusqu’en 1730 au moins. Il s’agit d’une maison forte appartenant anciennement aux Seigneurs de Blonay, dont la première mention remonte à l’An 1000. Composée de plusieurs corps de bâtiment homogènes, sa fonction défensive est bien présente, avec les tours carrées, la tour ronde, les mâchicoulis et les murs en gros appareil. Mais les fonctions résidentielle et de représentation sont également visibles. Les ouvertures sont nombreuses : fenêtres rectangulaires ou en arc brisé, fenêtres à meneaux ou portes-fenêtres donnant sur des balcons. Les entrées sont surélevées par une volée d’escalier, ce qui leur donne un aspect monumental. Passablement remanié au siècle dernier, il appartenait avant la dernière guerre à la duchesse de Vendôme ; il a été transformé en copropriété. Il est identifié comme remarquable dans le PLU de Lugrin.

Le château de Tourronde, vu depuis la voie, photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 50 - Village de pêcheurs de Tourronde : c’est un des plus vieux hameaux de Lugrin. Les maisons semblent avoir choisi ce lieu pour sa position stratégique : au bord du lac, le long du ruisseau de Drainan et là où la terre s’avance dans le lac, offrant davantage d’espace.

Jusqu’en 1838 au moins, les maisons se sont concentrées entre le lac et la Route Impériale (la RD1005 aujourd’hui) ou entre le ruisseau et la rue de Chez Cachat. C’est encore dans ces endroits que l’on trouve les plus anciennes maisons.

Leur architecture reprend celle déjà vue à Grande-Rive et Petite-Rive.

Maisons de pêcheurs, RD 1005, Tourronde, photos J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 51 - Maisons remarquables : elles se trouvent au bord de la RD 1005 et de la voie ferrée.

La première est localisée au Port Martin à Torrent.

De plan rectangulaire, elle s’associe à une tour carrée d’angle. Sobre, elle montre quelques touches de décoration. L’alignement des fenêtres est élégant. Une corniche formant appui de fenêtres sépare l’étage attique du reste de la façade. La tour est percée de plusieurs séries d’arcades plein cintre. Elle évoque le campanile italien. Les toits sont débordants et couronnent harmonieusement les volumes.

La maison au Port Martin, vue depuis la voie ferrée, photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 52 La seconde se trouve en face du parc de la Gryère.

Deux corps de bâtiment forment un L autour d’une cour intérieure, s’élèvent sur deux niveaux (un rez de chaussée et un étage) et sont couverts d’un toit pentu à deux versants. Les façades sont mangées par ce toit omniprésent. Une charpente à comble de surcroit, prolongé par des égouts retroussés, offre une vaste surface habitable sous les combles. Cet étage s’ouvre par des lucarnes en bâtière.

La maison remarquable en face du parc de la Gryère, vue depuis la voie ferrée, photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 53 e.Meillerie

La particularité de Meillerie vient de sa localisation géographique et géologique. La montagne plonge dans le lac, ne laissant que peu d’espace à la construction. La commune se déploie de 3 façons différentes. Dans le haut du village, les maisons s’accrochent au coteau. Au milieu, il s’étend comme un village-rue, de part et d’autre de la RD 1005. A ce niveau, on se trouve sur un replat (créé par Napoléon au XIX ème siècle pour y faire passer la Route Impériale, désormais la route départementale). Le bas du village se situe aux pieds du rocher, en bas de la route.

Vue de Meillerie depuis le lac, photo ADHEPE

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 54 - Le village de pêcheurs : il est enclavé et coincé entre le rocher et le lac. Les maisons sont mitoyennes, étroites et peu hautes. Elles sont bâties en maçonnerie de moellon, ce qui leur donne un charme ancien. Elles font face au lac et sont disposées en deux rangs parallèles, séparés par une ruelle centrale. Entre chaque bloc de maisons, un passage amène directement au lac et donne accès aux caves semi-enterrées, situées sur les faces latérales des maisons. Le quai n’a été construit qu’au XIX ème siècle, en remplacement d’une simple plage. Ce village de pêcheurs a été classé Monument Historique en 1946.

Les maisons de pêcheurs à Meillerie, séparées par la ruelle centrale et par les passages latéraux, photos J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 55 - Le prieuré : situé sur un promontoire, il rayonne sur Meillerie et sur tout le bassin lémanique. On peut le rejoindre depuis la voie ferrée par un petit escalier. Il se compose d’une église, dont le chœur date du XIII ème siècle, d’une tour clocher, de bâtiments presbytéraux et d’un cimetière. Le site a été classé Monument Historique en 1946. Bénéficiant de la loi des abords, rien ne peut être modifié, construit ou détruit dans un périmètre de 500m sans l’accord préalable de l’architecte des bâtiments de France. Une Association pour la Restauration du Prieuré de Meillerie a été créée en juillet 2009 et s’attache à le restaurer.

Le prieuré de Meillerie vu depuis la voie ferrée,

photo J.Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 56 - La Pierre à Jean Jacques Rousseau : cette pierre massive rend hommage à Jean Jacques Rousseau qui a contribué à faire connaitre Meillerie à travers l’Europe, en l’évoquant dans son roman « La Nouvelle Héloïse ». Après lui, Chateaubriand, Stendhal, Lord Byron, Lamartine, Musset et bien d’autres se sont laissé séduire par le village.

La pierre à Jean Jacques Rousseau, photo J. Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 57 f. St Gingolph

Saint Gingolph est le village frontière entre la France et la Suisse. Il s’étend sur les deux pays, coupé en deux par la frontière matérialisée par la rivière la Morge depuis 1569. Il y a donc deux mairies mais une seule église et un seul cimetière.

- Histoire liée à la Seconde Guerre Mondiale : les troupes italiennes fascistes détenaient la frontière franco-suisse dès 1940. La résistance s’est alors organisée sur le plateau de Gavot et dans la vallée d’Abondance. Les résistants ont tenté une attaque le 24 juillet 1944 mais l’opération a mal tourné.

Plusieurs soldats sont morts, ainsi que des résistants et des civils. En représailles, les soldats allemands venus d’Annemasse ont décidé de brûler le village de Saint Gingolph France.

C’est pourquoi la partie française montre désormais des bâtiments récents, reconstruits après la guerre tandis que la partie suisse a gardé ses vieilles granges et maisons et ses bâtiments historiques.

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Vue sur les maisons historiques de Saint Gingolph suisse, photo J. Attali Les maisons et les granges de Saint Gingolph suisse : rusticité et authenticité, photos J. Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 59 - Le château bourgeoisial : il se trouve du côté suisse, en bordure de la voie ferrée. Il a été construit entre 1585 et 1588 et rénové en 1995. C’est une belle demeure cossue composée de deux corps de bâtiments formant un L. Elle s’élève sur 4 niveaux en façade. Les fenêtres sont alignées et leurs chambranles se démarquent par des pierres grises. L’homogénéité des façades est aussi donnée par les belles menuiseries des fenêtres, toutes identiques.

Le château est couvert d’un toit à croupes pour le premier corps, et d’un toit à demi-croupes pour le deuxième. Ces toits reposent sur une charpente en mélèze datant de 1752. A l’intérieur, un escalier monumental à volées droites, couvert de voûtes en berceau et d’arêtes, amène aux étages. Au 1 er , la salle de billard conserve de belles boiseries. Ce château est classé Monument Historique.

Il accueille désormais les administrations communales et bourgeoisiales ainsi que le Musée des Traditions et des Barques du Léman. Ce musée se trouve au rez-de-chaussée et au 3 ème étage. Il évoque la vie en communauté du village. Il présente des objets et documents sur les barques du Léman et les anciens navires de charge aux grandes voiles latines : des maquettes de naus, brigantins et cochères, au nombre impressionnant de 33, retracent l’histoire de la navigation marchande sur le Léman du XV ème au XX ème siècle.

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Le château bourgeoisial et l’entrée du Musée des Traditions et des Barques du Léman, photos J. Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 61 - Chapelle de la Sainte Famille : elle a été construite en 1677 par Jacques De Rietmatten. La bénédiction a eu lieu en 1713. Sa façade s’ouvre sur la rue par un portique couvert de voûtes d’arêtes soutenues par quatre colonnes sur piédestal. L’entrée est marquée d’un portail mouluré avec chambranle droit et fronton rompu. Cette entrée est encadrée de baies rectangulaires à tympan et corniche moulurés. Un oculus est percé au centre de la façade. En pierre grise, les ouvertures et les colonnes contrastent avec l’enduit blanc des parois. Cette chapelle est classée Monument Historique.

La chapelle de la Sainte Famille, la façade, photo J. Attali Le portail d’entrée, à chambranle mouluré et fronton rompu, encadré de deux baies rectangulaires, photo J. Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 62 g. Patrimoine industriel

D’anciens bâtiments ou ouvrages d’art, réminiscences de l’ancienne vocation de voie ferrée, sont encore visibles. Ils sont d’origine : ils datent de l’ouverture de la ligne du Tonkin, en 1886.

- Les anciennes gares ou maisons garde-barrière : ce sont des petits édifices typiques des bâtiments ferroviaires du XIX ème siècle. D’architecture simple et fonctionnelle, ils se déploient sur un plan rectangulaire et deux niveaux. Ils sont couverts d’un toit à deux versants. Leurs entrées s’ouvrent directement sur la voie. Les éléments de décoration, réduits à des chainages d‘angle et des bandeaux plats, dessinent les contours de l’édifice. Les fenêtres sont rectangulaires à arc segmentaire et leur chambranle est à crossettes. Les gares de Petite-Rive et Meillerie conservent encore leur panneau d’époque et une cloche d’alerte en fer.

- A l’entrée d’Evian, un ancien tableau électrique a gardé ses isolateurs en porcelaine. Il est le témoin d’une technique et d’une science passée. Il possède également un intérêt esthétique : les isolateurs en porcelaine sont autant de perles blanches accrochées en filet sur les pans des murs. Il y a un esthétisme de la répétition et de la répartition équilibrée. Il est très délabré.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 63 La gare de Petite-Rive, photo J. Attali

La maison garde-barrière de Lugrin, photo J. Attali

La gare de Meillerie, photo J. Attali

Le tableau électrique avec ses isolateurs en porcelaine, photo J. Attali Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 64 - Les ouvrages d’art en pierre : du côté de Meillerie et Saint Gingolph, des viaducs assurent la traversée des cours d’eau. En pierre de taille, avec des joints au fer, ils s’étendent sur trois ou quatre arches en plein cintre. Ces arches reposent sur d’énormes piliers appareillés. Les angles sont renforcés par des chainages.

A Meillerie, la voie passe dans deux tunnels : celui de la Croisette (210m) et celui de Meillerie (810m). Ils sont exceptionnels par leur forme et leur technique. En forme de fer à cheval, ils ont un profil élégant, haut et arrondi. Ils sont entièrement appareillés et renforcés par des chainages d’angle. Les chantepleures permettent l’écoulement des eaux. Ils sont donc très bien conservés.

Un viaduc, Locum, photo J. Attali Le tunnel de la Croisette Voie Verte et Parcours Culturels à Meillerie, au bord photodu lac LémJ. Attalian / Jehanne Attali 65 - L’usage du métal : il témoigne de l’architecture industrielle métallique du XIX ème siècle, de sa technique mais aussi de son inventivité. Des ponts possèdent des tabliers de poutre pleine et poutre treillis. Le tout est riveté. Des balustrades y assurent la sécurité. Des pommeaux en pommes de pin ajoutent une pointe de décoration et de raffinement. La gare de Meillerie conserve une pompe à eau en métal, portant la date 1880 et la mention PLM.

Pont en fer, avec ses poutres et ses rivets, Meillerie, photo J. Attali

Une pompe en fer, 1880, PLM, gare de Meillerie, photo J. Attali Une balustrade en fer et son pommeau en pomme de pin, Locum, photo J. Attali Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 66 - Les carrières de Meillerie : l’activité est historique. L’exploitation débuta en 1770, par la famille Poppon des Plantés, au lieu-dit « de la Balle » vers le Locum. D’autres carrières, de plus grande envergure, ont été exploitées à partir de 1840 jusqu’en 1874 dans le lieu-dit « les Bames ». Les pierres calcaires de Meillerie ont servi à la construction des quartiers modernes de Genève, et Montreux. Ces pierres étaient transportées sur les barques à voiles latines, principal moyen de transport sur le lac Léman jusqu’au début du XX ème siècle. Les jours sans vent, la barque était tirée le long de chemin de halage par les « bacounis », marins-carriers chargés de la manutention des marchandises. Majoritairement tous disparus, un chemin de halage subsiste encore entre Meillerie et le Locum. En voie de réhabilitation et de valorisation dans le cadre du Géoparc du Chablais 16 , il est le témoin d’un métier et d’un savoir-faire passé à conserver en mémoire.

2. Création de parcours culturels

Les municipalités concernées ont déjà pris en compte dans leurs PLU un bon nombre des sites et bâtiments énumérés ci-dessus. Elles ont déjà conscience de leur intérêt patrimonial et de leur potentiel touristique. Mais ces éléments remarquables ne sont pas visibles. Les habitants eux-mêmes ignorent parfois la richesse de leur lieu de vie, par manque d’information et de communication. Un système de mise en valeur est donc nécessaire.

16 Le Messager, 07/05/09 et Le journal du pays d’Evian, décembre 2009, p.10. Ce chemin prendra le nom de la « Route des Pierres ».

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 67 Cette valorisation passe par la création de parcours culturels. Ce mot peut se comprendre de deux manières. Tout d’abord, ce terme s’entend au sens géographique, comme un cheminement physique entre différents lieux. Il peut aussi se comprendre au sens thématique. Un thème jouera le rôle de fil conducteur entre les différents éléments remarquables, comme un parcours intellectuel, un argumentaire.

a. Des parcours géographiques

Le parcours au sens de cheminement physique invite le touriste à se promener aussi bien sur la Voie Verte , qu’à l’intérieur des villages traversés. Le visiteur peut suivre un itinéraire prédéfini et indiqué, itinéraire qui fait sortir de la voie, traverser le village et réintégrer la piste cyclable quelques mètres plus loin. Bien que cet itinéraire quitte le tracé de la voie, il reste à l’écart du trafic de la RD1005 et sa sécurité est assurée. Ce petit détour permet au touriste d’approcher au plus près les éléments patrimoniaux intéressants. Cela offre également des variantes dans le parcours. Toutefois, le cycliste reste maître de ses choix. Il décide de ce qu’il veut faire : soit rester sur la Voie Verte , soit en sortir pour suivre l’itinéraire touristique ou rendre compatible les deux solutions. Il est actif dans sa démarche. Plusieurs lieux ont été repérés comme propices à ce genre de parcours. Ce sont des propositions qui peuvent se compléter ou se remplacer les unes les autres. La liste n’est pas exhaustive et d’autres lieux peuvent correspondre.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 68 1) Au niveau de Grande rive : le parcours amènera jusqu’au village de pêcheurs : la sortie se situera au passage à niveau de l’avenue de Maraiche ; le touriste descendra jusqu’à la rue de la Crémaillère ; là, il tournera dans le village comme bon lui semble ; pour récupérer la Voie Verte au niveau du passage de la Creusaz, l’itinéraire indiquera la route à suivre, par la route de Grande Rive.

2) Au niveau de Petite rive : là aussi, le parcours amènera jusqu’au village de pêcheurs : la sortie se fera au passage à niveau de la route de Bret ; le touriste visitera le village de pêcheurs et reprendra la piste cyclable au passage à niveau de La Grandvin.

Tracé de la Voie Verte et les possibilités d’itinéraire touristique à Grande Rive et Petite Rive

Passage à niveau route de La Grandvin

Passage à niveau route de Bret Passage à niveau avenue de Maraiche Passage à niveau de la Creusaz

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 69 3) Au niveau de Torrent : le parcours fera passer devant les châteaux de Lugrin : le touriste sortira au niveau de la route de Crétal, pour suivre la route à travers les habitations ; là, il découvrira le château d’Allaman ; il reprendra la Voie Verte au passage à niveau suivant, à l’allée d’Allaman. Le touriste continuera sa route et croisera le château de Tourronde dit aussi château de Blonay.

Tracé de la Voie Verte et les possibilités d’itinéraire touristique à Torrent

Allaman

Sortie à l’allée d’Allaman Sortie sur la route de Crétal

Légende :

Itinéraire touristique proposé

Indications des lieux

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 70 b. Des parcours thématiques

Exemple de parcours intitulé « Au fil de l’eau »

Le fil conducteur est la vie des Hommes du bord du lac, leur rapport avec cet élément qui leur apporte travail, nourriture, loisir et plaisir :

- la pêche : c’est là qu’intervient la mise en valeur des villages de pêcheurs identifiés tout au long du parcours ; avec des informations sur les techniques de pêche et les différents poissons du Léman ; on pourra faire référence au Musée de la Pêche à Thonon, pour donner envie au touriste de le visiter.

- le commerce fluvial : ici on pourra parler de tous les types de marchandises qui ont circulé sur le lac depuis les origines (les pierres de Meillerie, …) et les techniques de transport (barques ou acheminement par les chemins de halage).

- les chantiers navals : expliquer que les villages de l’Est du Pays d’Evian étaient de grands constructeurs de barques ; énumérer les différentes barques que l’on y construisait, les techniques de construction ; on pourra faire référence au Musée des Traditions et des Barques du Léman à Saint Gingolph.

- un lieu de villégiature : le lac était aussi propice à la balade, à l’introspection, à la méditation et à l’amour : référence à La Pierre de Jean Jacques Rousseau ; évoquer tous les châteaux, manoirs et belles demeures qui longent les rives du lac.

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Exemple de parcours intitulé « De l’industrie au patrimoine »

Pour ce parcours, l’intérêt se porte sur le patrimoine industriel. Ce type de tourisme est très en vogue et de plus en plus de français se passionnent pour leurs industries, qu’elles soient locales ou de renommée mondiale. Le Chablais est bien doté de ce côté-là : l’usine d’embouteillage des Eaux Minérales d’Evian organise des visites guidées depuis plusieurs années. Un parcours sur le patrimoine industriel de la voie s’insère donc dans ce contexte.

- Historique de la voie du Tonkin : rappeler la date, la distance, le parcours, l’origine du surnom. Il est important de se servir de cette histoire industrielle et commerciale, pour donner une vie et un passé à la voie.

- Les bâtiments ferroviaires : explications de leur rôle et fonctionnement ; particularités architecturales ; explications de la signalisation de circulation (que veut dire tel panneau ?). Pour amener le touriste à mieux comprendre et apprécier le fonctionnement de l’activité ferroviaire.

- Les ouvrages d’art : ils font la spécificité de la ligne. Ils doivent être mis en valeur, en insistant sur leurs qualités techniques et leurs intérêts historiques et esthétiques.

- Les carrières de Meillerie : historique : parler de leur importance au niveau local (construction des villes des rives du Léman) ; méthode d’extraction, de transport, caractéristiques géologiques … Le développement culturel de la zone pourra même inciter à la création d’un Musée des Carrières de Meillerie.

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Exemple d’exposition artistique

Le parcours linéaire de la voie pourra aussi être un lieu d’exception pour des expositions artistiques originales et en plein air.

Dans le style Land Art par exemple, des œuvres naturelles animeraient le trajet. En matière végétales ou minérales, les œuvres ou installations utiliseraient les matériaux trouvés sur place, dans un esprit de développement durable et d’écologie.

Les Flottins d’Evian pourraient trouver là un espace supplémentaire pour se déployer.

Simulation d’exposition avec les Flottins d’Evian

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 73 Le parcours sera jalonné de panneaux de plusieurs types :

- des lutrins ou des plaques pour expliquer les aspects patrimoniaux de la zone . Chaque thème aura sa plaque, placée dans la localité concernée. On pourra même différencier les différents thèmes par des codes couleur.

- des panneaux directionnels : pour indiquer les entrées et sorties de la voie : si on sort à tel passage à niveau, où cela nous emmènerait-il ? Pour créer un vrai réseau de circulation.

- chaque village traversé pourra être indiqué au moyen d’une pancarte , comme dans les gares. Elle fera malicieusement un clin d’œil au monde des transports et renverra à l’origine de la voie. Elle pourra être mise en scène en créant « un décor » : avec un abribus et des bancs, on pourra recréer un univers à la saveur d’antan, au charme authentique et ludique. Les anciens panneaux de signalisation SNCF pourront être conservés dans cette optique.

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Simulation de « décor » à mettre en place : banc, abribus, pancarte, carte géographique et lutrin patrimonial

Exemple de panneaux SNCF à conserver, photos J. Attali

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 75 3. Développement économique

- Tout d’abord, la Voie Verte apportera un coup de pouce à l’économie locale déjà existante , telle que les restaurants , les hôtels et les commerces . En effet, la voie passe à proximité des restaurants et des bars des villages traversés. Elle pourra y amener les clients. Des randonnées itinérantes pourront faire étape dans les gîtes et hôtels locaux.

- En outre, elle pourra favoriser des activités et emplois touristiques saisonniers, comme des kiosques, des buvettes, des locations de vélo ou de voitures à pédales .

- En tant qu’espace naturel, elle aura besoin d’un entretien régulier et d’un aménagement paysager. Les entreprises spécialisées dans l’entretien des espaces verts ou les paysagistes pourront trouver là un débouché supplémentaire. Ceci pourra même aboutir à la création d’emplois.

- On peut aussi penser au développement de visites culturelles, telles que des visites guidées des villages ou des carrières de Meillerie, pour animer la zone.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 76 Conclusion

Ces projets de Voie Verte et de développement culturel proposent une vraie valorisation de l’ensemble du site, en termes d’utilité, de valeur esthétique et d’intérêt intellectuel .

- La Voie Verte est un équipement indispensable pour l’ensemble des populations locales. Elle prend véritablement en compte l’être vivant, aussi bien l’Humain que la Nature. Il y a des gens qui vivent à proximité et ils ont droit à être considérés, en respectant leur besoin, leur qualité et habitude de vie. La Nature y est omniprésente, non pas réductrice et malveillante, mais riche, agréable et diversifiée. Aucune autre piste cyclable ne donne un aussi bel aperçu du lac Léman sur plus de 17 km. La Voie Verte est un bel aménagement qui a l’avantage d’embellir le site, par son intégration à l’environnement et sa discrétion. Elle a une vraie valeur esthétique.

- De plus, elle permet de redonner une activité et une utilité au site laissé à l’abandon . Elle satisfait à tous les usages, que ce soit pour se déplacer, se promener ou faire du sport, et à toutes les pratiques : la marche, la course, le vélo, le roller, l’équitation. Elle s’adresse à un large panel d’individus. Elle est un moyen économique, écologique et ludique de découvrir le bord du lac, en toute sérénité, sécurité et à son propre rythme. Il convient de rappeler que la Voie Verte fonctionne déjà : des marcheurs sont déjà présents et sont en attente d’un aménagement adéquat.

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 77 - Elle n’est pas isolée. Elle participe à de plus vastes projets. Elle s’insère dans des ambitions à la fois locale, départementale et européenne de développement durable et de développement touristique.

- Le site a beaucoup d’ atouts patrimoniaux à faire valoir . Cachés à l’intérieur de villages ou placés en bordure de route sans possibilité de s’arrêter pour les admirer, ils ne sont pas facilement visibles ni accessibles. De par sa position, la Voie Verte a cet avantage de les montrer et d’y amener. Elle offre cette possibilité de les contempler aussi longtemps qu’on le désire. Associée à un projet de valorisation culturelle, elle les exploite et les fait vivre.

- La Voie Verte favorisera la création d’emplois dans plusieurs secteurs, aussi bien dans le tourisme que la restauration ou le paysagisme.

La Voie Verte est un moyen simple et indispensable de développer le tourisme et l’économie dans l’Est du Pays d’Evian . Elle est une solution pérenne d’aménagement

du territoire .

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 78 Sources

Cartographie - La mappe sarde : « Levé en mesure a l’occasion de la mensuration générale de la Savoie par le geomètre Louis Landiany assisté par le Trabuccant Theodores Landiany Estimateur d’office français Têtu Estimateurs de la Communauté Gaspard Jaquieu et Marmet Magnin Indicateurs locaux André Bidal et Amé Laurent signes respectivement sous le departement du Sr Richard délégué visé par luy commence la mesure le dernier octobre 1730 et terminé le 27 e janvier 1731 et par ordre du Mr l’Intendant Général signé la présente a Chambery ce 19 Xbre 1732. Cocelli. », 1732, Neuvecelle, Maxilly

- Plan de Neuvecelle, section unique en 3 feuilles, 1868 – feuille 1 - Plan de Maxilly, « section unique en 3 feuilles premières , levé par N. Galais géomètre de 1 ère classe terminé sur le terrain le 15 mars 1867 , échelle 1mm pour 2.000 », 1867 - feuille 1 - Plan de Lugrin, « M. le Vicomte des Gauvilles Préfet, M. Vezin Maire, sous la direction de M. Martin Directeur des contributions directes, M. Pestel Géomètre en chef, par M. Cabois géomètre de 1 ère classe », 1868 - section A, B, C

- Cadastre de la Commune de Neuvecelle, 1968, section AH, approuvé en 2002 - Cadastre informatisé de la Commune de Maxilly, 2009, Service RIS.net Gestion, échelle 1/2000°

Plans d’urbanisme - PLU, Evian, 1999, révision n°2 approuvé en 2007, échelle 1/5000 - PLU, Neuvecelle - PLU, Maxilly - PLU, Lugrin, octobre 2008, en révision en 2009, échelle 1/2500°

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 79 Bibliographie

Ouvrages généraux - Pérouse de Montclos Jean-Marie, Principes d’analyse scientifique : Architecture, méthode et vocabulaire , Paris : Editions du Patrimoine Centre des Monuments Nationaux, 2007

- Carte touristique « Pays du Léman promenades et randonnées pédestres et VTT », Association Pays du Léman, juin 2001

Etudes, dossiers, articles de journaux - Dossier ADHEPE, Pour concertation DTA, janvier 2009

- CERTU, « Recommandations pour des aménagements cyclables hors agglomération », 2005

- « En Valais à vélo sur la ligne du Tonkin, DERAILLEMENT Le maire d'Evian veut transformer les voies en piste cyclable », in La Tribune de Genève, Cyril Bellivier, 07/11/01

- « Une étude douche les espoirs des partisans du Tonkin La réhabilitation de la ligne ferroviaire Evian-Saint-Gingolph pour le fret relève de l'utopie », in La Tribune de Genève, Michel Eggs, 30/11/02

- « Evian et Thonon – A l’heure des bains », in L’express, Marcelo Wesfreid, 12/07/07

- « Le maillon manquant de la ligne du Tonkin à l’étude », in 24 Heures, Karim di Matteo, 23/04/09

- « Lou Vionnets a créé une nouvelle boucle », in Le Messager, S.B., 07/05/09

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 80 - « Plan Haute-Savoie Vélo Voies Vertes, le département trace sa route », in Haute-Savoie Magazine, Alain Rideau, n°123, Juillet 2009, p.29

- « Train ou tramway : qui sauvera le Tonkin ? », in Le journal du pays d’Evian, décembre 2009, n°4, p.4

Sites internet sur le Pays d’Evian - www.pays-leman.fr - www. siac-chablais.fr - www.ville-evian.fr - www.neuvecelle.com - www.maxilly-sur-leman.fr - www.mairie-lugrin.fr - www.meillerie.com - http://fr.wikipedia.org/wiki/Meillerie - www.st-gingolph.ch - http://fr.wikipedia.org/wiki/Trag%C3%A9die_de_Saint-Gingolph - http://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_du_Tonkin

Sites internet Associations - www.adhepe.com - http://louvionnets.free.fr

Voie Verte et Parcours Culturels au bord du lac Léman / Jehanne Attali 81 Sites internet Voie Verte - http://fr.wikipedia.org/wiki/Voie_verte - www.voiesvertes.com - www.af3v.org/ - www.dulemanalamer.com/htm/fr/zone.php?id=1 - http://voiescyclables.free.fr/

Sites internet Informations / Législations - http://www.haute-savoie.equipement-agriculture.gouv.fr/article.php3?id_article=151428 - www.legifrance.gouv.fr - www.gnb.ca/0009/0371/0005/Francais/Section9F.pdf - www.leblocnotes.ca/fr/node/189 - www.cdgexpress.equipement.gouv.fr/pdf/fiches/fiche-nuisance-sonore-3.pdf - www.moinsdebruit.com/le-bruit/lechelle-du-bruit.html

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