LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001

DOSSIER PAUL Littérature du chaos OTCHAKOVSKY- avec Jean Grégor, LAURENS Philippe Hermann, page VIII Yannick Haenel, Doris Lessing et Iegor Gran page II CATHERINE LÉPRONT J. M. COETZEE RUDYARD KIPLING HEIDEGGER EN FRANCE a page III page IV page VI page IX Hoda Barakat, L’étoffe des souvenirs

A l’entendre parler, avec ses dont le héros, Khalil, un jeune chii- thousiasmant pour une langue, si vont devenir un troisième sexe. Un mains qui dansent et ses yeux te, très beau, homosexuel, est len- Voilà près de douze ans vieille et si neuve à la fois, qui a mélange de moi et des hommes », d’aube pâle, on croirait pour de tement happé par la spirale de la « la faculté inouïe de rebondir d’un suggère-t-elle. bon qu’elle déteste Beyrouth. La violence et se métamorphose, au que Hoda Barakat a siècle à l’autre », sans se faner et Avant de revenir aux villes, qui « haine immense » est là, comme fil de ses angoisses et de ses désirs, sans vieillir. sont, dit-elle, « comme les gens ». elle dit, de la guerre et de sa comé- en viril seigneur de la guerre. quitté Beyrouth. Pour « Le souci des musulmans, pour Entre Rome ou Paris, ces villes die, des miliciens et des martyrs. Ce Beyrouth où elle est née, en qui l’arabe est la langue du sacré, « arrogantes »,qui« accumulent » l y a des posters sur les « Je suis une mauvaise perdante », 1952, et où elle a grandi, écolière autant la romancière n’existe pas pour moi », ajoute leur patrimoine et leurs richesses murs : le visage de Van Gogh et chez les sœurs puis étu- libanaise ne cesse d’y Hoda Barakat. « C’est une langue et ces autres comme Beyrouth, Icelui de Mahomet, dessiné par diante en lettres à l’uni- presque trop riche »,s’amu- « qui en ont assez et se détruisent », Khalil Gibran. A côté, un tapis aux Catherine Simon versité, ce Beyrouth se-t-elle, précisant qu’il existe, en il y a un abîme. De New York, où couleurs denses, avec des silhouet- disparu, Hoda Barakat revenir à sa manière. arabe, « soixante-dix mots pour dire elle doit se rendre en novembre, tes stylisées, des palmiers, un che- résume-t-elle. Si l’on regarde ne cesse de le fuir, de le dépecer et l’amour – sous toutes ses formes » et pour la première fois, Hoda val rouge. Près du canapé, un ordi- mieux, on trouve aussi, sur les de le reconstruire. « Mes person- En témoigne cette « une bonne vingtaine » pour dési- Barakat est curieuse. « New York, nateur. Et dans la cuisine, une cafe- murs de son appartement parisien, nages sont plus ancrés que moi », gner le sexe féminin. Une langue ce n’est pas une ville, c’est un mon- tière italienne qui chante. Depuis une vue de Beyrouth prise dans les dit-elle, comme en excuse. Dans Le épopée sensuelle et aussi riche que la voix d’Oum de. Avec sa propre vie, avec ses qu’elle a quitté Beyrouth, en 1989, années 1930. Et une photographie Laboureur des eaux, sensuelle et Kalsoum, qu’évoque l’amoureux morts – maintenant. Si New York un jour de bombes, avec ses deux en couleurs du centre-ville, qui puissante épopée dans les ruines puissante dans les ruines ébloui des Illuminés, son deuxième pouvait être comparé à quelque enfants et une valise, Hoda Barakat date des années 1960. A l’époque, d’une ville-mémoire « née sous le roman. Si cette voix le trouble, chose, ce serait à une chose très ne s’entoure plus que d’objets «qui le cœur du Liban battait là : « Kur- signe de Saturne », le personnage d’une ville-mémoire c’est parce que la chanteuse égyp- ancienne, une chose mythologique, ne durent pas, qui sont légers ».Elle des, Suisses, Palestiniens, Français, principal, Nicolas, Grec ortho- tienne « n’était pas une femme, ou comme la tour de Babel. La légende ruines de Beyrouth fait, en somme, comme ses compa- etc., tout le monde s’y côtoyait. doxe, se réfugie dans la cave du Chamsa, la servante kurde, à qui il pas tout à fait ». Sa voix, en effet, et la vie réelle se sont désormais triotes du Liban raillés par le C’était l’ébauche d’un pays. Quand magasin familial, où dorment, raconte, à la façon de Schéhéra- n’appartient pas à un seul sexe : rejointes. Comme pour Beyrouth… personnage du vieux père dans Le j’étais petite, j’étais obsédée par l’en- miraculeusement intacts, des zade, la fabuleuse histoire des tis- « son soprano pouvait atteindre le De ce point de vue, je peux ressem- Laboureur des eaux, son nouveau vie d’aller au centre-ville, j’y pensais stocks de tissus anciens, lin, sus – de la légende des Dogons aux dôme du vagin et son alto le fond bler aux New-Yorkais. » roman, qui préfèrent aux meubles tout le temps, j’étais éblouie. » La velours et soie. Nouveau Robin- psaumes des tisserands chinois, en des testicules ». En fait, songe-t-il, anciens et aux lourdes tentures ces guerre de 1975 a tout balayé. son, l’ancien marchand d’étoffes passant par Colbert, jaloux des rêveur, « dans sa voix, les femmes LE LABOUREUR DES EAUX objets standards « dont on n’hérite « Quand on a tué le centre de survit parmi les gravats et les soieries de Venise, et par Cléram- écoutaient l’homme, et les hommes (Hârith al-Miyâb) pas, volatils, qui ne laissent aucune Beyrouth, chaque territoire s’est hordes de chiens, se nourrissant de bault, auteur d’une savante (et véri- la femme ». Si les héros des de Hoda Barakat. trace. Comme le folklore à la télévi- replié sur lui. Cette ébauche d’un fruits sauvages et de souvenirs. Les dique) étude sur La Passion romans de Hoda Barakat sont des Traduit de l’arabe (Liban) sion nationale ». Hoda Barakat est pays multiple s’est arrêtée », se rap- figures de son père et de sa mère le érotique des étoffes chez la femme. hommes, « ce n’est pas un hasard : par Frédéric Lagrange, une menteuse, bien sûr. pelle l’auteur de La Pierre du rire, hantent, autant que l’amour pour La ville fantôme que parcourt plus je suis éloignée, mieux je peux Actes Sud, 210 p., 16,9 ¤ Nicolas est comme un labyrinthe. composer », explique-t-elle. Mais, (110,85 F). Ou un site archéologique : en grat- en devenant des personnages, ces tant la poussière, on retrouve les hommes n’en sont plus tout à fait e Les Illuminés et La Pierre du rire anciennes rues, les cinémas, les – à l’image d’Oum Kalsoum ? «Ils ont été édités chez Actes Sud. magasins d’avant le néant. Récem- ment, à Beyrouth, de jeunes lec- teurs du Laboureur des eaux ont confié à Hoda Barakat qu’ils avaient tenté de reconstituer, livre a en main, la ville décrite dans le roman. Et qu’ils avaient partielle- ment réussi. « Cela m’a fait d’autant plus plaisir que ce sont des jeunes : ils sont sans nostalgie, ils n’ont pas la mémoire d’un Beyrouth Heidegger, ancien », souligne-t-elle. Elle- même se refuse à la nostalgie. Le Laboureur des eaux – l’expression est tirée d’un texte de Borgès – n’est rien d’autre qu’un « homma- ge au vide », dit-elle, « comme un toast qu’on porte à quelqu’un, avant de s’en aller ». Paru en 1999, à Beyrouth, Le Laboureur des eaux a reçu, en 2000, au Caire, le prix Naguib- Mahfouz – l’un des prix littéraires les plus importants du monde ara- be. Admiratrice de Proust, mais surtout de Musil – « un écrivain génial, qu’on lit comme une chara- de : l’important, ce n’est pas de finir ses livres ou de trouver la solution, mais de comprendre comment il a monté son affaire, comment il a entrepris son projet… » –, la jeune étudiante de Beyrouth n’apprend qu’assez tardivement à « bien parler » l’arabe. Venant d’une « communauté très fermée » de montagnards maronites, elle brûle d’« aller vers les autres », ces « Ara- le Français bes musulmans » si proches et si lointains. Le voyage commence par la langue. Celle des globe-trot- ters et des poètes des IXe et Xe siè- cles, comme Ibn Joubeir, Jahez, Ibn El Moukaffak ou Ibn Hazm. « De nos jours, on parle un arabe qu’on n’écrit pas. Chez ces auteurs anciens, l’écart était moins grand : c’est à cette source que j’ai besoin de retourner », explique-t-elle, s’en- Demandez notre supplément YOSHIKO MURAKAMI POUR « LE MONDE » www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17621 – 7,90 F - 1,20 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Economie mondiale : le choc, les remèdes b « Le Monde » évalue les risques financiers, boursiers et sociaux qui pèsent sur l’économie mondiale b Les Etats-Unis préparent un plan de relance pour lutter contre la récession b Les forces américaines commencent à se déployer dans le Golfe b Le réseau Ben Laden avait élaboré un plan d’attentats plus vaste b Il visait notamment l’ambassade des Etats-Unis à Paris

SOMMAIRE b L’enquête et la sécurité : Un plan d’attentats plus vaste était en b L’économie mondiale sous le préparation. Selon nos informa- choc : Alors que la récession amé- tions, l’ambassade américaine à ricaine se confirme, notre dos- Paris était aussi visée par les sier évalue les risques financiers, réseaux de Ben Laden. Aux Etats- boursiers ou sociaux qui pèsent Unis, les défenseurs des libertés PATRICK KOVARIK/AFP sur les économies. Pour conjurer s’inquiètent. p. 8 et 9 CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE le ralentissement, les Etats-Unis mettent en chantier un plan de b Horizons-Récit : Les heures san- relance. L’Europe a moins de glantes du terrorisme, deuxième Chirac marge de manœuvre que l’Amé- épisode. Vienne, 1975, Carlos et la rique. p. 2 et 3 prise d’otages à l’OPEP. p. 10 en force b La riposte militaire : Au Pakis- b tant, le général Moucharraf se ran- Le quotidien américain dévoile les Chef des armées et premier respon- ge aux côtés des Américains. Selon dissensions au sein de l’équipe sable de la diplomatie française, l’expert David Butter, « il n’y a Bush sur le choix des cibles. p. 11 Jacques Chirac tire un profit politique jamais eu de lien entre l’Irak et le mouvement de Ben Laden ». Pre- b Horizons-Débats : Les points de du statut que lui donne la Constitution. miers déploiements de forces amé- vue de Manoel de Oliveira, Philip- Premier chef d’Etat à rencontrer ricaines dans le Golfe. p. 4 et 5 pe Chalmin et Alain Pellet. p. 12 George W. Bush après les attentats, le président de la République donne à sa b La concertation internationale : b Horizons-Analyses : « Des morts campagne électorale une dimension Jacques Chirac sans inquiétude sur sans visage », par Michel Guer- les intentions américaines. L’aide rin. Editorial : « Economie de internationale qui lui permet de pren- de Washington à l’Indonésie. Les guerre ». p. 14 dre l’avantage sur Lionel Jospin. p. 15 débats au Parlement européen et au Bundestag. p. 6 et 7 f www.lemonde.fr/11septembre2001 f www.lemonde.fr/presidentielle L’excédent « What a Wonderful World » rayé des programmes radio et télévision LA PHOBIE des mots est en place aux ces consignes, notamment WAXQ-FM de Man- de certains artistes (Cheb Mami) . Aux pre- de la Sécu en 2002 Etats–Unis, dix jours après les attentats contre hattan, qui continue de diffuser plusieurs fois miers jours du conflit, les responsables de la le World Trade Center et le Pentagone. Selon par jour Imagine, tandis que KYSR de Los programmation s’étaient contentés d’appels LE GOUVERNEMENT pré- le New York Times du 19 septembre, une liste Angeles affirmait son intention de passer sans au « bon goût »,au« bon sens » et à « l’équili- a voit, dans le projet de loi de de cent cinquante titres de variété inaptes à la frémir Fly de Sugar Ray. bre ». Des listes de chansons à risque et, en financement de la Sécurité sociale, diffusion a été publiée par la compagnie texa- Plus extrême est le sort voué au groupe de première ligne, celles qui parlent de guerre ou un excédent de 5,4 milliards de ne Channel Communications, propriétaire de rock hip-hop Rage Against the Machine, de paix furent dressées pour un usage interne. FABIEN A.P. PETITCOLAS francs (0,93 milliard d’euros) du 1 170 stations de radio aux Etats-Unis. connu pour ses engagements politiques. Tou- Curieux cocktail que celui proposé par les régime général des salariés en Certains choix sont a priori explicables – You te l’œuvre de RAM est visée par Channel Com- censeurs en herbe : Le Déserteur de Boris Vian, TECHNOLOGIE 2002. L’objectif de dépenses d’assu- Dropped a Bomb On Me (Tu as lâché une bom- munications. Le guitariste de RAM, Tom mal vu dans un contexte va-t-en-guerre, ou rance-maladie atteindrait 735 mil- be sur moi) de The Gap Band, Blow Up the Out- Morello, a fermement condamné l’attentat du encore Quand mon cœur fait boum , de Charles liards de francs (tous régimes), en side World (Faire sauter le monde) des Sound- 11 septembre. Mais, à l’instar de la Massachu- Trenet. Allah de Véronique Sanson avait trin- Terrorisme hausse de 3,8 % par rapport à la gartens –, d’autres étonnants. Les censeurs de setts Music Industry Coalition, il s’est inquiété qué, et, en quelques jours, Pauline Esther était dérive de 2001. Le texte propose Channel Communications ont inclu dans leurs de la suite des événements pour l’expression devenue le chantre du pacifisme avec Le mon- sous la Toile une revalorisation des pensions de cibles Ticket To Ride (Un billet pour voyager, artistique. « Si nos chansons posent problème, de est fou, Niagara révolutionnaire et asocial Selon le quotidien USA Today, Oussa- er base de 2,2 % au 1 janvier. Le selon une traduction au premier degré, Un tic- a-t-il déclaré, c’est qu’elles encouragent les gens avec Les champs brûlent, Capdevielle prophéti- ma Ben Laden pourrait avoir, dans le financement des 35 heures pose ket pour baiser, au second degré ) des Beatles, à se demander quelle sorte d’ignorance engen- que avec Quand t’es dans le désert et Art Men- toujours problème : pour éviter un ou Bennie and the Jets d’Elton John. La paix et dre l’intolérance, cette intolérance qui préside à go pro-irakien avec Caïd Ali. passé, utilisé Internet pour communi- déficit du fonds qui finance les allè- l’idée du bonheur les ont également effarou- la censure et à l’extinction des libertés civiles, ou A ce catalogue s’ajoutaient tous les titres quer ses instructions à ses affidés. Des gements de charges sociales, le chés. Imagine de John Lennon est rayé des pro- qui produit, dans les cas extrêmes, la violence en arabe, dont Sidi H’Bibi, de La Mano Negra, messages auraient été glissés dans des gouvernement va lui verser 18 mil- grammes, tout comme Bridge Over Troubled qui nous a touchés la semaine dernière. » chanté en arabe par Philippe, le percussion- images pornographiques grâce à la liards de recettes fiscales et relever Water (Un pont jeté sur l’eau trouble) de En 1991, la guerre du Golfe avait très rapide- niste d’origine juive du groupe. L’histoire se stéganographie, une technologie qui de 9 % le prix du tabac. Simon and Garfunkel, ou What a Wonderful ment engendré une forme d’autocensure des répète. World de Louis Armstrong. variétés à la radio et à la télévision en France, table sur l’immensité de la Toile pour Lire page 16 Toutes les stations du groupe n’ont pas suivi quand elle n’avait brisé ou retardé la carrière Véronique Mortaigne tromper les « grandes oreilles ». p. 26 Un proche de Blair Face à une escadrille de la mort, quelle riposte ? à la tête de la BBC « NOUS AVONS affaire à un enne- roristes et ceux qui les aident ne con- res, les soutiens qu’ils ont et les Etats Il y aura bientôt un an, au mi vicieux », vient d’écrire George naissent ni repos, ni confort, ni déten- qui les subventionnent ». Bref, un Yémen, lors d’une agression terro- Tenet, le directeur de la Central Intel- te. » Comme en écho, le secrétaire plan global antiterroriste. En riste, le 12 octobre 2000, contre la ligence Agency (CIA), à ses agents, adjoint à la défense, Paul Wolfowitz, d’autres temps, face à des attentats frégate lance-missiles Cole, qui fit auxquels il entendait remonter le a expliqué, devant des responsables en France, Charles Pasqua, ministre dix-sept morts parmi les marins moral suite aux accusations d’impéri- militaires au Pentagone, qu’«ilne de l’intérieur, avait dit qu’il fallait américains, Bill Clinton, dans un tie lancées contre eux. « Nous devons s’agit pas seulement de capturer des « terroriser les terroristes », faire en langage moins emphatique, avait avoir le dernier mot, a-t-il ajouté. terroristes et de leur faire rendre gor- sorte qu’ils ne se sentent nulle part à lancé des consignes comparables. Il Nous devons faire en sorte que les ter- ge » mais d’« atteindre leurs sanctuai- l’abri. ne s’est rien produit. Nul n’a été « châtié », comme l’avait alors pro- mis Washington. BRUNO BARBEY/MAGNUM Aussi la question est-elle de savoir si les agences de renseigne- ENQUÊTE ment et les armées américaines GAVYN DAVIES sont conçues, organisées et équi- pées pour ce genre de missions aux Rebâtir LE PROFIL atypique du nouveau contours imprécis ou ambigus dès président de la BBC provoque une le départ. à Wall Street polémique outre-Manche. Econo- Pour la CIA, empêtrée dans un La municipalité de New York crée une miste en chef à la banque d’investis- carcan de textes qui l’empêchent de sements américaine Goldman présenter à un juge des sources d’in- commission pour superviser la recons- Sachs, milliardaire, Gavyn Davies formations inavouables ou contrai- truction du World Trade Center, détruit est le symbole du nouvel esta- res aux droits de l’homme, qui pro- dans les attentats du 11 septembre. blishment labour de Tony Blair. hibent des « actions-homo » (homi- Les experts s’interrogent sur l’ampleur cides commis par un Etat) contre des dommages subis par le quartier. Le Lire page 22 certaines cibles ou qui interdisent – sous-sol est secoué. Certains immeu- en théorie – à ses investigateurs Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, bles devront être démolis. Du mausolée 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoi- d’espionner sur le sol fédéral, «il re, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 250 PTA ; est difficile, admet un agent, d’infil- à la simple réplique, plusieurs hypothè- Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, trer quiconque loin de ses arrières, ses sont envisagées. p. 30 et 31 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3,30 FL ; Portugal sans appui opérationnel proche, CON., 300 PTE ; Réunion, 10 F ; Sénégal, 900 F CFA ; dans un milieu hostile et surtout Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; Tunisie, 1,4 Din ; USA Horizons ...... 10 Météorologie-Jeux...... 29 (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. fuyant où les réseaux se rendent France-Société...... 15 Culture ...... 30 entre eux des services tels que la Régions ...... 19 Guide culturel ...... 32 E moindre intrusion est détectée ». M 0147 - 921 - 7,90 F - 1,20 Entreprises...... 20 Carnet...... 33 Communication...... 22 Kiosque ...... 34 Jacques Isnard Tableau de bord ...... 23 Abonnements ...... 34 3:HJKLOH=UU\^U\:?a@j@c@l@k; Aujourd’hui ...... 26 Radio-Télévision ...... 35 Lire la suite page 14 2 L’ÉCONOMIE MONDIALE SOUS LE CHOC LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001

TERRORISME Sous le coup des tour d’horizon des grandes menaces qué, mercredi, dans un discours à la total devaient être détournés. Un isla- majorité, jeudi, leur soutien aux Etats- attentats du 11 septembre, l’écono- qui pèsent sur l’économie mondiale nation, que la défense de son pays miste franco-algérien a confirmé que Unis et à l’Alliance atlantique, y com- mie américaine s’enfonce dans la et sur les moyens envisagés pour con- passait avant le soutien aux talibans. l’ambassade américaine à Paris était pris « par la mise à disposition des récession. b POUR MESURER les jurer le ralentissement. b AU PAKIS- b AUX ÉTATS-UNIS, le FBI est de plus aussi visée. b LES DÉPUTÉS ALLE- moyens militaires appropriés » (Lire effets de cette crise, Le Monde fait un TAN, le président Moucharraf a expli- en plus persuadé que six avions au MANDS ont accordé à une très large aussi notre éditorial page 14). Economie mondiale : autopsie d’une crise, premières pistes de sortie Alors que la récession américaine se confirme, « Le Monde » cherche à évaluer les différents risques – financiers, boursiers ou sociaux – qui pèsent sur les économies de la planète et recense les premières solutions envisagées pour conjurer le ralentissement

DOIT-ON craindre la récession Perspectives incertaines ricaine arrive à une période où des économistes, la question mondiale ? Une semaine après les l’économie mondiale freinait aujourd’hui n’est plus de savoir s’il attentats qui ont frappé le cœur PRÉVISIONS DE CROISSANCE INDICE DOW JONES À NEW YORK PRIX DU BRENT À LONDRES sérieusement. L’incertitude liée à y aura une récession, mais quelle financier de la plus grande écono- ÉCONOMIQUE en pourcentage en points en dollars par baril la forme que prendra la riposte en sera l’ampleur et si le gouverne- 2,5 mie du monde, les questions sur 2,4 12 000 30 américaine, le choix de ses cibles, ment américain et la Fed parvien- l’évolution de l’économie mondia- la durée du conflit et les repré- dront à la limiter. le sont plus nombreuses que les 2 29 sailles qui pourraient suivre, ren- Une semaine après les événe- réponses. Pendant les quatre séan- 11 000 dent quasi-impossible un pronos- ments, Le Monde examine les ces où la Bourse de New-York est 1,5 28 tic sérieux. La détermination des menaces qui pèse sur l’économie restée fermée, la coordination des Etats-Unis et des membres du mondiale et fait le point des consé- 10 000 grandes banques centrales et des 27 G 7 d’offrir un soutien sans limite quences immédiates de l’arrêt du gouvernements pour assurer le à l’économie mondiale et l’engage- trafic aérien, du renforcement de bon fonctionnement du système 9 000 26 ment de l’Organisation des pays la sécurité, de l’impact sur les com- financier international a été sans 0,5 exportateurs de pétrole (OPEP) de pagnies d’assurance et les ban- faille. Les mouvements de baisse 25 maîtriser le prix du baril évitera ques. Des dizaines de milliers de concertée des taux d’intérêt aux 8 000 8 759,13 peut-être le pire, c’est-à-dire une licenciements ont déjà été annon- Etats-Unis et en Europe a montré le 19 sept. 24 récession généralisée et durable. cés dans les compagnies aériennes la capacité des grands argentiers à – 0,2 26,33 aux Etats-Unis. le 19 sept. réagir rapidement. Les propos ras- 7 000 23 DES EXPERTS PARTAGÉS En Europe, les ministres des ÉTATS- ZONE JAPON surant des responsables politiques UNIS EURO S JAJOJ AJOJAJ A M J J A S Se limitera-t-elle aux Etats- finances des Quinze se réuniront et les impressionnantes mesures 2001 2002 19981999 2000 2001 2001 Unis ? Les experts sont partagés. A vendredi et samedi à Liège (Belgi- de soutien annoncées par le prési- Sources : FMI ,Bloomberg New York, les cours de Bourse se que) pour étudier les effets écono- dent Bush aux secteurs particuliè- trouvent aujourd’hui à leur plus miques sur des secteurs de l’éner- Les grands instituts de conjoncture n'ont pas encore pris en compte les effets des attentats sur l'économie mondiale. rement touchés, comme l’aéronau- bas niveau depuis trois ans. Les gie, l’assurance et le transport. Le tique, ont contribué à apaiser un conséquences des attaques terro- G 7 dont la réunion devrait être climat qui aurait pu tourner à la funds) de limiter leurs opérations immédiate soit évitée ou du moins en crise depuis depuis trois ans ristes ont été d’autant plus domma- maintenue la semaine prochaine panique. et aux grandes institutions finan- limitée, l’effet des attentats sur devrait basculer dans la récession geables pour l’économie américai- malgré l’annulation des assem- Lundi 17 septembre, le krach a cières y compris les fonds de pen- l’économie mondiale est difficile à cette année. L’Argentine et la Tur- ne qu’elle était déjà très affaiblie. blées annuelles du Fonds monétai- été évité. Pour des raisons patrioti- sion, de ne pas leur prêter de mesurer. quie, au bord de la faillite, risquent Le Livre beige, publié mercredi par re international, permettra d’affi- ques peut-être mais également par- titres. Cette démarche exception- Le ralentissement américain, d’entraîner dans leur chute l’en- la Fed, le confirme. « L’activité éco- cher la mobilisation générale. ce que, selon nos informations, la nelle d’encadrement des acteurs plus marqué et plus long que pré- semble des pays émergents créant nomique a continué à stagner dans Réserve fédérale (Fed) est interve- des marchés a porté ses fruits. vu, pesait depuis le début de l’an- une zone d’instabilité supplémen- son ensemble en août et début sep- Babette Stern nue avant l’ouverture pour deman- Mais si tout a été fait pour née sur l’ensemble des économies taire. tembre », indique la Fed. der aux fonds spéculatifs (hedge qu’une catastrophe boursière européennes. Le Japon, lui-même Le coup porté à l’économie amé- A en croire la grande majorité f www.lemonde.fr/ecomonde Les Etats-Unis mettent en chantier un plan de relance pour endiguer la récession Les pays émergents NEW YORK Premier constat : l’économie derniers jours d’injecter des liquidi- écrit Stephen Roach l’économiste de financements supplémentaires de notre correspondant américaine s’est tout simplement tés dans le système financier. En en chef de Morgan Stanley dans le pour le FBI, les agences de rensei- à la merci des Le choc des attentats du 11 sep- arrêtée la semaine dernière. Après tout plus de 300 milliards de dol- New York Times du 18 septembre. gnements et l’armée. Plus de 17 mil- tembre va-t-il précipiter l’écono- les attaques, les transports ont été lars (330 milliards d’euros) ont été Le gouvernement américain et la liards de dollars devraient être aus- mie américaine dans la récession ? interrompus ou fortement pertur- apportés depuis le 11 septembre. Fed ont manifestement l’intention si distribués aux compagnies retraits de capitaux La nervosité de Wall Street suffit à bés. De nombreuses entreprises Seconde observation : les atten- d’agir vite pour éviter que le trou aériennes au bord de la faillite. illustrer la crainte d’un nouveau ont tourné au ralenti dans tous le tats ont d’autant plus d’impact d’air ne se prolonge. Bon nombre Cela sera-t-il suffisant ? Les écono- DÉJÀ durement touchés par le ralentissement brutal de la croissan- pays. Les marchés financiers ont qu’ils ont un effet immédiat sur la d’analystes s’attendent que la Fed mistes, pessimistes pour la fin de ralentissement américain, les pays ce aux Etats-Unis. Après avoir per- été fermés, les spectacles et les ren- psychologie et le comportement abaisse encore une fois le loyer de l’année, semblent plus confiants émergents sont frappés de plein du un moment près de 5 % mercre- contres sportives annulés. Cette des ménages américains, le l’argent le 2 octobre, lors de la pro- pour 2002. fouet par les conséquences di 19 septembre, la Bourse de New perte d’activité « est suffisante pour maillon le plus solide jusqu’à chaine réunion de son comité de « La combinaison de nombreux économiques des attentats de York a finalement limité les dégâts que l’activité se contracte au troisiè- aujourd’hui de l’économie. Si la politique monétaire. Alan Greens- stimulants monétaires et d’un nou- New York et Washington du et cédé « seulement » 1,62 %. me trimestre », estiment les écono- croissance a tenu un peu par mira- pan, le président de la Fed, a fait veau stimulant fiscal peut conduire mardi 11 septembre. En Asie com- Depuis la reprise lundi des cota- mistes de J.P. Morgan Chase. La cle jusqu’au printemps, c’est parce part mercredi de sa préoccupation à une forte reprise en 2002 », esti- me en Amérique latine, chacun tions après quatre séances de fer- banque prévoit aujourd’hui un que le consommateur n’a pas per- au cours d’une réunion avec des me Bruce Steinberg, économiste révise à la baisse ses prévisions de meture, l’indice Dow Jones a aban- recul du produit intérieur brut en du ses habitudes dépensières des élus du Congrès. L’administration en chef de Merrill Lynch. « La natu- croissance. donné près de 9 % et le Nasdaq rythme annuel de 1 % au troisième années de prospérité. La destruc- Bush devrait aussi prendre des re particulière du ralentissement, Le choc porté à l’économie 10 %. Les cours se trouvent à leur trimestre, de 1,5 % au quatrième tion sanglante du World Trade mesures pour soutenir l’activité. Le provoquée pour une bonne part par américaine et l’inévitable baisse plus bas niveau depuis trois ans. trimestre et de 0,5 % pour les trois Center, la prise de conscience des président George Bush a estimé un acte de terrorisme, signifie que le de la demande qui en résulte ont Les conséquences des attaques premiers mois de 2002. « Les tragi- Américains qu’ils sont devenus des mercredi que l’économie était retournement interviendra quand fortement percuté le commerce terroristes sont d’autant plus dom- ques événements de la semaine der- cibles vulnérables et la perspective « sonnée ». Après avoir remboursé l’Amérique aura commencé son pro- mondial. Pour les économies des mageables pour l’économie améri- nière sont suffisants pour transfor- d’une guerre longue et difficile aux ménages 40 milliards de dol- cessus de guérison », ajoute pays asiatiques tournées vers caine qu’elle était déjà très affai- mer le ralentissement en une vérita- n’ont pu qu’ébranler la confiance. lars d’impôts, le gouvernement étu- M. Roach. Le monde entier peut l’exportation, et qui se relèvent à blie. Le traditionnel Livre beige, ble récession », explique Richard « Les consommateurs vont certaine- die un programme de relance com- l’espérer. Au cours des dernières peine de la crise de 1997-1998, les publié mercredi par la Réserve fédé- Rippe, économiste en chef de Pru- ment différer la plupart de leurs portant de nouvelles baisses d’im- années l’économie américaine a perspectives sont plutôt sombres. rale (Fed), le confirme. « L’activité dential Securities. achats non essentiels et attendre pôt pour stimuler la consomma- assuré à elle seule 40 % de la crois- Singapour et Taïwan connaissent économique a continué à stagner avant de changer de voiture, de tion. D’ores et déjà, 40 milliards de sance de la planète. déjà la récession. Hongkong s’en dans son ensemble en août et début CONFIANCE ÉBRANLÉE meubles, d’appareils électroména- dollars ont été débloqués sous for- rapproche dangereusement. La septembre », indique la Fed. En La prise de conscience du risque ger ou de prendre des vacances », me d’aides à la ville de New York et Eric Leser Malaisie et la Thaïlande n’y ont dépit des achats liés à la rentrée sco- d’un nouveau décrochage d’une échappé que de justesse au laire, les dépenses de consomma- économie déjà revenue en un an second trimestre 2001. L’Améri- tion avant le 10 septembre ont été de plus de 5 % de croissance à que latine n’est pas en meilleure « stables voire en baisse ». A en croi- moins de 1 % a amené la Fed à bais- L’Europe a moins de marges de manœuvre que Washington posture. Ses deux principales éco- re la grande majorité des économis- ser ses taux lundi pour la huitième nomies, l’Argentine et le Brésil, tes, la question aujourd’hui n’est fois de l’année. A 3 %, le loyer de BRUXELLES passée de 11 % en 2000 à 4 % prévus cains pour réagir vite. Le Congrès a sont déjà malades et la répercus- plus de savoir s’il y aura une réces- l’argent au jour le jour se trouve de notre bureau européen en 2001. « Cela fait un choc extérieur fait dès hier des auditions pour sion de la hausse du pétrole sur sion, mais quelle en sera l’ampleur désormais à son plus bas niveau Quelles seront les conséquences coûtant un point de produit intérieur savoir s’il convenait d’aider les com- leurs prix rendra leurs produits et si le gouvernement américain et depuis plus de sept ans. Tout aussi sur la conjoncture européenne des brut (PIB) dans la zone euro, qui pagnies aériennes. « L’Europe des moins compétitifs. la Fed parviendront à la limiter. significatif, la Fed n’a cessé lors des attentats aux Etats-Unis ? Le gouver- échange 15 % de son PIB avec le mon- Quinze est incapable d’aller aussi neur de la Banque de France, Jean- de extérieur », explique M. Artus. Les vite », peste un haut fonctionnaire RÉACTION EN CHAÎNE Claude Trichet, a estimé mercredi Européens ne l’ont pas vu immédia- français. Les Etats, en particulier la Le danger le plus immédiat 19 septembre que parler de réces- tement, la faiblesse de l’euro dopant France, l’Allemagne et l’Italie, enco- pour les pays émergents réside sion en Europe « est tout à fait inap- leurs exportations jusqu’au premier re en déficits budgétaires, ont des dans la désaffection des marchés proprié ». « Le pire n’est pas certain, trimestre 2001. « Cet effet euro a été marges de manœuvre beaucoup financiers. Lors de la crise asiati- commente plus prudent un autre confondu avec une résistance cycli- plus limitées que Washington, qui a que, les investisseurs s’étaient banquier central. Ce sont les incertitu- que. » Avant le choc, c’étaient les engrangé des milliards d’excédents détournés massivement des pays des qui se sont considérablement pays les plus industriels et ouverts et veut utiliser l’arme budgétaire dits à risque pour se porter vers aggravées. » sur le commerce mondial qui ont pour relancer la machine. Enfin, la des marchés plus sûrs. La plupart Il est trop tôt pour savoir com- été frappés, comme l’Allemagne, baisse des taux par la Banque centra- des pays émergents, notamment ment évoluera la conjoncture. Le alors que l’Espagne, la France ou le européenne (BCE) est intervenue ceux d’Asie, ont tiré la leçon rebond espéré au troisième trimes- l’Angleterre, pays de services, résis- très – trop ? – tard. d’une trop grande ouverture aux tre est reporté d’au moins six mois. taient mieux. Les autorités européennes vont capitaux étrangers. Mais ils sont Les discours optimistes, tenus par donc s’employer à tenir à bout de encore nombreux à y faire appel ceux qui expliquaient il y a peu que DOUTES ÉNORMES bras le moral des agents économi- pour se refinancer. Deux pays l’Europe serait protégée du ralentis- Avant les attentats, Jean-Paul ques : injecter des liquidités pour évi- sont de ce point de vue particuliè- sement américain parce qu’elle com- Fitoussi, président de l’Observatoire ter les cessations de paiements sur rement fragilisés : l’Argentine et merçait peu avec elle, sont désor- français des conjonctures économi- les marchés financiers, comme l’a la Turquie, fortement emprun- mais suspects. ques, notait que la croissance avait fait la BCE ; examiner les difficultés teurs, et qui traversent une grave Avant les attentats, l’Europe était baissé brutalement de 4,5 % à zéro de certains secteurs de l’économie, crise économique et financière. touchée par une crise plus forte que outre-Atlantique, tandis qu’elle comme le feront les ministres des La chute des marchés, et prévu. Comment expliquer cette ralentissait seulement de 2 % à 3 % finances des Quinze vendredi à Liè- notamment du Nasdaq, ont un erreur d’analyse ? Pour Patrick en Europe. Pour lui, le ralentisse- ge ; ne pas compenser les pertes de impact direct sur leur capacité à Artus, directeur des études de la ment européen était dû plutôt à la recettes fiscales par de nouvelles honorer leurs engagements finan- Caisse des dépôts et consignations, hausse des prix pétroliers et alimen- coupes budgétaires. Tout en ciers. La faillite de ces deux la crise américaine était due à un taires, qui a rogné le pouvoir d’achat sachant que les discours exagéré- économies, sous perfusion du surinvestissement dans les hautes des Européens. Aujourd’hui, les dou- ment optimistes peuvent être contre- Fonds monétaire international technologies, secteur très internatio- tes sont énormes sur la confiance productifs. « La présentation du bud- (FMI), entraînerait à coup sûr une nalisé. Les entreprises américaines des consommateurs, ébranlée par get français n’ajoute pas à la crédibili- réaction en chaîne et déstabilise- réduisant leurs commandes, la crise les attentats et la remontée du chô- té des messages que l’on veut faire pas- rait l’ensemble des pays émer- est devenue mondiale. La croissance mage – si elle se poursuit. ser », déplore un banquier central. gents. du commerce tiré par les biens Que peuvent faire les Européens ? d’équipement et la high-tech, est Ils sont moins armés que les Améri- Arnaud Leparmentier Ba. S. L’ÉCONOMIE MONDIALE SOUS LE CHOC LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 3 Banquiers et assureurs s’affolent d’une montée brutale des risques LE SECTEUR bancaire est-il baisse des recettes est d’autant de leurs crédits », explique M. Bur- menacé par le drame qui a touché plus préoccupante que les coûts nand. L’ampleur de cette dégrada- les Etats-Unis, et par la récession fixes des banques d’investisse- tion du crédit va dépendre du com- économique ? Décelant de pre- ment sont anormalement élevés. portement du consommateur. miers signes de tension, analystes Pour retenir les équipes lors des L’aérien est regardé à la loupe. et banquiers se disent très pessi- fusions, des bonus garantis sur un, Credit Suisse First Boston (CSFB) mistes à court terme, du fait de la deux, voire trois ans ont en effet a publié une étude sur les engage- chute des revenus de la banque été octroyés, notamment au Cré- ments des banques mondiales d’investissement, liée à la forte dit suisse lors du rachat de DLJ dans le secteur du transport baisse des marchés financiers, et (Donaldson Lufkin & Jenrette) en aérien. Les banques françaises de la dégradation du coût du ris- 2000. Le montant de ces rémunéra- BNP Paribas, Crédit lyonnais, que, sous l’effet du ralentissement tions exceptionnelles atteindrait Société générale (SG) et Crédit économique plus fort que prévu. 800 millions de dollars sur trois agricole Indosuez sont très expo- « Deux forces contradictoires s’oppo- ans. « Alors que les banques françai- sées à ce risque. Selon les estima- sent. Le poison, c’est-à-dire le risque ses ont plutôt bien résisté, les ban- tions de Jean-Baptiste Bellon, ana- de ralentissement, qui est beaucoup ques néerlandaises (ING, ABN lyste à la Deutsche Bank, le sec- plus fort, et le contre-poison, en l’oc- Amro) ont enregistré une chute de teur aérien représente respective- REUTERS currence l’amplitude de la réaction 20 % à 30 % de leurs commissions ment 1,1 %, 1,5 %, 1,2 % et 1,1 % a HABUR (TURQUIE). Le conducteur d’un camion-citerne bloqué près du poste frontière entre la Turquie des banques centrales et l’unité poli- sur activités de marchés au cours du total de leurs crédits. M. Bellon et l’Irak contrôle sa cargaison de gazole. Ankara empêche de nouveaux camions turcs d’aller au nord de l’Irak, tique forte et unie pour répondre des six premiers mois de l’année », indique que ces crédits se chiffrent où des milliers d’autres sont bloqués par Bagdad en raison des tensions avec les Etats-Unis. aux inquiétudes », souligne Marc- relève Yves Burger, directeur chez à 2,4 milliards d’euros pour BNP Antoine Autheman, président du S & P. La gestion d’actifs, très con- Paribas, 1,3 pour le Lyonnais, 1,8 directoire du Crédit agricole-Indo- sommatrice d’investissements, pour SG et 2,7 pour CAI. suez (CAI). commence aussi, selon lui, à faire Interrogées, les banques esti- Les attentats servent de catalyseur à des plans sociaux massifs « Nous nous attendions à une les frais d’une baisse des souscrip- ment que leur exposition sur ce ris- baisse des résultats du secteur ban- tions, donc des revenus. que n’est « pas inquiétante ».Le L’ONDE de choc des attentats 3 000 à 3 500) arguant « d’une bais- juillet et 3,9 % il y a un an. Beau- caire et à une montée du risque Certaines banques mettent tou- Crédit lyonnais indiquait jeudi n’a pas fini de se diffuser dans se des ventes, qui s’est accélérée coup d’entreprises avaient pu jouer avant même les attentats », souli- tefois une politique de gestion pru- 20 septembre que son engagement l’économie américaine et mondia- depuis une semaine ». L’équipe- sur les emplois temporaires ou par- gne l’agence de notation Standard dente. La Caisse des dépôts et con- atteignait 1,5 milliard d’euros, le. Des dizaines de milliers de sala- mentier de réseaux de télécommu- tiels, il est probable qu’une nouvel- & Poor’s (S & P). Pour l’heure, «le signations (CDC) précise ainsi être « dont près des deux tiers sont garan- riés risquent de payer de leur nications 3Com a aussi annoncé, le dégradation de la conjoncture secteur financier est extrêmement en situation de plus-values sur ses tis par des actifs de qualité ».Laban- emploi le ralentissement de l’éco- jeudi, un millier de suppressions les oblige à tailler dans leurs forces robuste », assure M. Autheman, portefeuilles propres, investis à que ajoute que « les engagements nomie induit par cette attaque. Plu- d’emplois supplémentaires. Les vives. Selon le cabinet américain concédant toutefois qu’aucune 80 % en titres de taux. La CDC est non garantis sur ce secteur représen- sieurs entreprises ont été directe- ventes de voitures se seraient ISI Group, les annonces hebdoma- banque « n’est à l’abri des pulsa- par ailleurs acheteur net sur le mar- tent moins de 6 % des fonds pro- ment frappées par la tragédie. Il effondrées au cours des derniers daires de licenciements auraient tions de l’économie ». ché des actions, et « accélère pres » réglementaires. s’agit naturellement des compa- jours, mais les constructeurs ne bondi de 15 400 la semaine précé- b La chute des activités de actuellement le mouvement ». b Le secteur de l’assurance gnies aériennes, victimes de plu- font pour l’instant aucun commen- dant l’attentat à 24 500 la semaine marchés. Frappés de plein fouet b La dégradation du coût du doit faire face au plus grave sinis- sieurs jours d’arrêt du trafic aux taire. Le secteur du tourisme fait dernière et 57 700 depuis le début par la dégringolade des marchés risque. La tendance générale est à tre de son histoire (lire Le Monde Etats-Unis, de la désaffection des état d’une dégradation rapide de de cette semaine. financiers, les revenus des ban- la dégradation des secteurs tels du 20 septembre) et les faillites ne passagers (20 % des vols ont été ses activités. Mais aucune suppres- La crainte de certains observa- ques d’investissement seront en que l’aérien, le tourisme, l’hôtelle- sont pas à exclure. Les estimations supprimés et le taux de remplissa- sion d’emplois n’a encore été évo- teurs est que de nombreuses entre- chute libre cette année. Les porte- rie, le luxe, l’automobile, l’assuran- du coût de cette catastrophe (entre ge des avions est inférieur à 50 %) quée, en raison de la grande flexibi- prises tirent prétexte du contexte feuilles d’actions que les banques ce, etc. « Les défauts de paiement 16,1 et 48,5 milliards d’euros) ne et du renforcement des mesures lité de ce secteur économique (for- émotionnel actuel pour accélérer gèrent pour leur propre compte se vont s’accélérer », prévoit Romain cessent d’être revues à la hausse. de sécurité (qui allonge les délais te rotation des effectifs, travail des plans de licenciements en pré- retrouvent en moins-values poten- Burnand, analyste chez JP Mor- Le leader mondial de la réassuran- d’attente dans les aéroports). temporaire). paration depuis plusieurs semai- tielles. Après un exercice euphori- gan. Ils ont déjà été constatés aux ce, Munich Ré, a annoncé jeudi un En quelques jours, l’industrie Les analystes sont pourtant nes. « Les attaques de la semaine que en 2000, « il n’y a plus en effet, Etats-Unis et sur le deuxième tri- coût de 2,1 milliards d’euros, soit aérienne et aéronautique américai- inquiets des annonces à venir. dernière pourraient bien constituer ni fusion, ni acquisition, ni même mestre en Allemagne. Les agences plus du double de celui annoncé ne a annoncé la suppression de L’économie américaine, déjà en le catalyseur de plans de restructura- introduction en bourse » – un exem- de notation ne prévoient toutefois précédemment. Le réassureur suis- près de 100 000 emplois. Après perte de vitesse avant les attentats, tion », estime ainsi Edward Lea- ple, le report de celle de Snecma pas de modifier, à ce stade, les se Swiss Re a révisé en hausse la Continental Airlines et USAirways avait supprimé un million d’em- mer, économiste à l’Andersen Scho- en France –, constatent tous les notes des banques. « Les engage- facture, à 1,38 milliard d’euros. mardi 18 septembre (12 000 et plois sur les douze derniers mois. ol de l’université de Californie. opérateurs de marché. Les recettes ments des banques françaises, alle- 11 000 postes de travail), Boeing Le taux de chômage était en haus- des activités de courtage chutent mandes et néerlandaises aux Etats- Anne Michel mercredi (jusqu’à 30 000 emplois se, à 4,9 % fin août, contre 4,5 % en Christophe Jakubyszyn également. Selon les analystes, la Unis représentent environ 15 à 20 % et Pascale Santi visés), American Airlines et United Airlines ont annoncé, jeudi, la sup- pression d’environ 20 000 emplois chacune. A court terme, 9 000 sala- Les marchés pétroliers craignent un recul de la demande riés sont au chômage technique à Washington, en raison de la ferme- LA FIÈVRE qui s’était emparée du marché pétrolier d’être déséquilibré par un effondrement de la deman- ture de l’aéroport Reagan Natio- au lendemain des attentats est retombée. Le baril de de. Tous les courtiers pétroliers se préparent à une nal. En Europe, après le britanni- brent de la mer du Nord a perdu plus de 3 dollars en récession américaine, se propageant dans le reste du que Virgin, le néerlandais KLM et une semaine pour terminer mercredi 19 septembre à monde et jouent la baisse. Si cette menace économi- l’allemand Lufthansa, British 26,33 dollars. Sur le Nymex, le marché à terme new- que se confirme, la consommation de pétrole serait Airways a tiré les conséquences du yorkais, le brut léger (light sweet crude) a terminé la très affectée. Selon un rapport du Center for Global choc aérien, jeudi matin. Le trans- séance de mercredi à 26,72 dollars, en recul de Energy Studies (CGES) publié lundi 17 septembre, porteur anglais, qui réalise une 2,81 dollars depuis le début de la semaine. une récession internationale « pourrait aboutir à une part importante de son activité et Alors que les préparatifs militaires américains s’in- contraction de la demande mondiale de 400 000 barils de ses profits sur le marché transat- tensifient, le marché paraît exclure une répétition du par jour cet hiver ». La seule réduction du trafic aérien, lantique, a annoncé la mise au han- scénario de la guerre du Golfe. Pour l’instant, les même compensée par la hausse du trafic militaire, gar de 20 avions et le licenciement Etats pétroliers ne semblent pas impliqués, à la diffé- entraînerait une baisse de 100 000 à 400 000 barils par de 7 000 salariés. rence de l’intervention de 1990, où le Koweït, l’Irak et jour de kérosène, d’après les estimations du CGES. l’Arabie saoudite, représentant près de 40 % des réser- Face à ces sombres perspectives, la politique de ves mondiales de brut, étaient directement partie pre- maintien des prix du baril autour de 25 dollars, com- Airbus avait nante dans le conflit. me le souhaite l’OPEP, semble « intenable » pour cer- tains économistes. Pour rebondir, l’économie mondia- annoncé RÉDUCTION DU TRAFIC AÉRIEN le, selon eux, a besoin d’un prix du pétrole beaucoup De plus, les Etats producteurs de l’Organisation des plus bas, autour de 15 -20 dollars le baril. Dans les pro- 3 500 embauches. pays exportateurs de pétrole (OPEP) se sont empres- chaines semaines, le gouvernement américain, qui sés de prendre leur distance à l’égard des actions terro- paraît prêt à utiliser tous les moyens pour contenir la Ce programme ristes. En début de semaine, ils ont répété qu’ils crise, pourrait être tenté de multiplier les pressions étaient prêts à augmenter à tout moment leur produc- sur les pays producteurs pour qu’ils abandonnent leur est désormais gelé tion pour assurer le bon approvisionnement du mar- politique de contingentement et de stabilité des prix à ché. Une garantie qui, selon de nombreux observa- un niveau élevé. teurs, a peu de chance d’être mise en œuvre. Jeudi matin, à l’occasion de la Loin de souffrir de pénurie, le marché risque plutôt Martine Orange publication de ses résultats semes- triels, le groupe européen EADS a annoncé « le gel de l’augmentation de la production au niveau actuel et Les places boursières restent très nerveuses la suspension des investissements supplémentaires et des embauches » L’INDICE Dow Jones, qui se Michael Hugues, directeur de la relativement importante, à court ter- de sa filiale Airbus, alors qu’il avait situait, mercredi 19 septembre, à gestion chez Baring Asset Manage- me, sur les marchés d’actions. Dire été prévu d’augmenter la produc- 8 759,13 points, 25 % en dessous de ment à Londres, ne croit pas non qu’il reste 10 % de baisse c’est faire tion au cours des deux prochaines son record historique de jan- plus à un nouveau krach, mais il une moyenne entre le pire des cas et années. Alors que Airbus avait vier 2000, et qui a perdu 8,81 % redoute une baisse du marché obli- le meilleur », réagit Pierre-Yves Bac- annoncé en juin 3 500 embauches depuis les attentats contre le World gataire. « Je ne pense pas qu’il y ait chetta, stratège à la Banque Pictet, et qu’environ 500 emplois ont été Trade Center et le Pentagone, peut- actuellement d’autres grands ris- qui prévoit néanmoins un bon créés depuis, ce programme est il encore s’effondrer de plus de ques de chute pour les actions, mais mois de nervosité sur les marchés. désormais gelé. Pour le moment, 10 % en une séance, ce qui corres- on pourrait avoir des mauvaises nou- « Le marché devrait rester à risque Airbus n’envisage pas de suppres- pond à l’une des définitions don- velles du côté des obligations. En jusqu’à la fin du mois d’octobre, lors- sions d’emplois puisque « la flexibi- nées au mot krach ? Un tel scénario effet, les assureurs vont devoir ven- que la croissance américaine au troi- lité de son système de production et provoquerait inévitablement une dre des obligations pour faire face à sième trimestre sera connue. On les contrats de main-d’œuvre per- rechute des Bourses mondiales. leurs engagements, et certaines obli- peut anticiper une baisse de 3 % à mettent à Airbus de s’adapter à des « Les marchés ont déjà beaucoup gations peu liquides vont être très 4 % en rythme annuel, compte tenu fluctuations de taux de production baissé, de façon rampante avant les vendues, explique M. Hugues. Les des jours de fermeture liés aux atten- de l’ordre de 15 % ». La veille, le attentats, puis ils ont fortement obligations à long terme vont aussi tats, et de 1 % en corrigeant cette fer- transporteur Lufthansa avait signi- décroché. Mais la gestion de la crise souffrir de la hausse des déficits meture. Tout dépend comment les fié à Airbus le report de sa décision par les banques centrales et les auto- publics. Néanmoins, cela n’est pas marchés recevront cette nouvelle », sur le super-jumbo A380, dont il rités a été excellente », rassure Jean- un facteur de risque supplémentaire conclut M. Bacchetta, qui anticipe envisageait de commander quinze Pierre Petit, l’économiste de la pour les marchés boursiers : dans ensuite un rebond des marchés. exemplaires. société de Bourse Exane. «Jene l’environnement sans inflation que « Les attentats ne menacent pas le Le secteur aéronautique a été le pense pas qu’on puisse avoir mainte- nous connaissons depuis trois ans, potentiel de l’économie américaine premier à tirer les conséquences nant autant de stress que mardi der- la corrélation des actions et des obli- à trois ou cinq ans, mais vont influen- sociales du ralentissement. Toute nier sur les marchés, sauf si des évé- gations est très faible. » cer les perspectives de profits pour la question est de savoir si ce choc nements très graves se reprodui- les douze prochains mois. Le marché social va se diffuser dans le reste saient – d’autres attentats, des repré- « INCERTITUDE IMPORTANTE » n’est plus très cher, mais les incertitu- de l’économie. Quelques entrepri- sailles –, et encore, il n’y aurait pas Dans son édition du 19 septem- des sont aussi plus grandes », con- ses américaines ont commencé à le même effet de surprise. Ce qui est bre, le Wall Street Journal se mon- clut Olivier Garnier, directeur de la faire un lien direct entre les atten- arrivé a été digéré, c’est plus ou trait moins optimiste pour les Bour- stratégie et de la recherche écono- tats et l’annonce de nouvelles sup- moins derrière nous. L’économie ses mondiales, indiquant que nom- mique chez Société générale Asset pressions d’emplois. C’est le cas de américaine va connaître une réces- bre d’analystes s’attendent encore Management. Kodak qui a augmenté les licencie- sion plus ou moins courte, mais ce à une baisse supplémentaire de ments initialement prévus (de scénario est intégré », dit-il. 10 % des cours. « L’incertitude reste Adrien de Tricornot 4 LA RIPOSTE MILITAIRE LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 Pour M. Moucharraf, la défense du Pakistan passe avant le soutien aux talibans Dans un discours à la nation pakistanaise, le chef de l’Etat a expliqué pourquoi son pays s’est rangé aux côtés des Américains. Il a critiqué la minorité pro-afghane qui veut « tenir en otage la majorité »

ISLAMABAD Pour mettre fin aux rumeurs qui ligner aussi que, « quelles que mirie ». Le président s’en est alors du prophète Mohammad qui avait sortir de cette situation critique sans de notre envoyée spéciale courent dans la presse pakistanai- soient les intentions américaines, les pris directement à l’Inde : « Ils veu- conclu un traité avec les Juifs, ses dommages pour l’Afghanistan et les « Bien. Du bon Moucharraf. Il a se sur le niveau et l’ampleur de Etats-Unis ont le soutien du Conseil lent conclure n’importe quelle allian- ennemis, pour les neutraliser et sau- talibans. Nous disons aussi aux Amé- raison, le Pakistan d’abord. Il était l’aide demandée par Washington, de sécurité de l’ONU et de l’Assem- ce avec les Etats-Unis et obtenir que ver les musulmans en lutte contre ricains d’être patients et que, quel temps de remettre à leur place les le général-président a relevé que blée générale sous forme de résolu- le Pakistan soit déclaré un Etat terro- les infidèles à la Mecque. que soit leur plan, ils soient pru- fondamentalistes. Quand même les cette demande d’assistance vise tion ». riste. Ils veulent endommager nos Le général a soutenu qu’il avait dents et équilibrés. Nous leur Etats-Unis devraient s’interroger. » « trois choses importantes » : «un biens stratégiques et la cause cache- fait « tout ce qui était possible pour demandons de produire les preuves Perturbés par un choix qui n’en est échange d’informations et de rensei- LE RISQUE INDIEN mirie ». M. Moucharraf a souligné l’Afghanistan et les talibans alors en leur possession contre Ben pas véritablement un, beaucoup gnements ; l’usage de notre espace Jouant la corde sensible de la cau- les priorités – « la sécurité du pays que le monde entier était contre Laden » a affirmé M. Moucharraf. de Pakistanais semblaient toute- aérien ; un soutien logistique ».Ce se du Cachemire, le général a évo- et les menaces extérieures ; la reprise eux ». Il a notamment affirmé Sans cacher qu’il n’a pas trouvé de fois approuver, mercredi 19 sep- dernier point inclut éventuelle- qué la grave crise traversée par le économique ; nos biens stratégiques avoir plaidé en leur faveur auprès solution qui permettrait de sauver tembre, le plaidoyer du président ment le déploiement de troupes Pakistan en 1971, quand le pays nucléaires et nos missiles ; la cause des 20 à 25 chefs d’Etat qu’il avait l’Afghanistan et les talibans. Pervez Moucharraf en faveur d’un en appui, ce qui serait le cas si les avait perdu sa partie orientale deve- du Cachemire » –, que le Pakistan rencontrés et avoir demandé que Partant du principe que l’immen- soutien total du Pakistan aux Etats- Etats-Unis, comme beaucoup nue le Bangladesh. Dans la présen- doit préserver avant tout. Pour con- la communauté internationale se majorité des Pakistanais le sou- Unis. S’adressant, pour la premiè- l’imaginent à ce stade, voulaient te situation, a-t-il ajouté, toute déci- vaincre ses concitoyens que sa déci- n’impose pas de sanctions en tient, le général a tenu à redire fer- re fois depuis la crise, à ses conci- intervenir avec des commandos sion négative aurait menacé « nos sion est en conformité avec l’Islam, Afghanistan. Même à présent mement, à la veille d’une journée toyens, le général Moucharraf a héliportés. Le général a tenu à sou- biens stratégiques et la cause cache- il a longuement rappelé l’histoire « nous faisons de notre mieux pour de protestation contre sa politique exposé, pendant trente-cinq minu- de soutien à Washington, « qu’il tes et méthodiquement, les n’y a pas de raisons que la minorité tenants et aboutissants de la situa- soit autorisée à tenir en otage la tion, tout en expliquant sa déci- En Afghanistan, le pouvoir religieux cherche à temporiser majorité ». Il a estimé cette minori- sion de se ranger aux côtés de la té à environ 10 % des 140 millions communauté internationale. ISLAMABAD « Règlera-t-on le problème en livrant Oussama ? ONU), près de 15 000 personnes sont arrivées de Pakistanais. Pour l’instant toute- « Dans une situation de crise, la de notre envoyée spéciale Non, parce que l’Amérique a répété à plusieurs dans ce pays depuis une semaine. Dans la mesu- fois, les mouvements pakistanais voie de la sagesse est meilleure que Le millier de religieux afghans réunis pour reprises qu’Oussama n’était pas le seul problème re où les Etats-Unis ne cachent pas leur volonté traditionnellement les plus proches celle de l’émotion » a affirmé le pré- décider du sort de l’islamiste saoudien Oussama de l’Afghanistan », a ajouté un autre religieux. d’atteindre aussi les talibans, beaucoup de des talibans envoient leurs fidèles sident, en précisant que, pour l’ins- Ben Laden ont repris, jeudi 20 septembre, leurs La veille, dans son message lu aux délégués, familles ont préféré quitter Kandahar, lieu de en Afghanistan pour aider ceux-ci. tant, « il n’était inquiet que pour le travaux commencés la veille. Ils se sont simple- Mollah Omar avait proposé de nouveau aux résidence de Mollah Omar, où se trouvent de A l’heure actuelle, selon le géné- Pakistan. La défense de n’importe ment déplacés du palais présidentiel, au centre Etats-Unis de dialoguer : « Oussama a nié sa res- nombreux bureaux et maisons d’hôtes des tali- ral Moucharraf, les Etats-Unis quel autre pays vient après », a-t-il de Kaboul, à l’hôtel Intercontinental, sur une ponsabilité. C’est malheureux que l’Amérique ne bans, et où vivaient de nombreuses familles de n’ont pas encore fait connaître dit, en s’exprimant en ourdou, à hauteur dominant la capitale. Malgré l’injonc- nous écoute pas et diffuse toutes sortes d’accusa- combattants arabes. leurs plans opérationnels, mais il l’adresse de tous ceux qui seraient tion du chef suprême des talibans, Mollah tions contre nous et menace d’une action militai- Bien que terriblement affaibli par l’assassinat semble de plus en plus évident que prêts à perdre le Pakistan pour la Mohammad Omar, qui leur avait demandé de re, avait-il souligné. Nous avons eu plusieurs fois du plus prestigieux représentant de l’opposition le Pakistan aura un rôle de pre- défense de l’Afghanistan et des tali- terminer en une journée, les religieux avaient des conversations avec les gouvernements améri- afghane aux talibans, le commandant Massoud, mier plan à jouer dans le cas d’une bans. interrompu leur conclave sans résultats, mercre- cains et nous sommes prêts pour plus de dialo- l’Alliance du Nord espère jouer un rôle dans un attaque non limitée à des bombar- Dès le début de son intervention, di. Les résultats de ce conclave devraient être gue ». Comme prévisible, l’offre des talibans a éventuel assaut américain. Selon certaines sour- dements à distance. Pour le géné- le président a indiqué quels sont, pourtant sans surprise, dans la mesure où Mol- été sèchement rejetée : « Le président [Bush] a ces, des militaires américains auraient pris con- ral Moucharraf, la difficulté réside- selon lui, les buts des Etats-Unis : lah Omar a déjà affirmé que l’implication de Ben dit clairement qu’il était temps d’agir et non de tact avec le président déchu Burhanuddin Rab- ra sans doute dans la gestion de la « Le premier [est] Oussama Ben Laden n’était qu’un « prétexte » pour déstabili- négocier avec les talibans », a rétorqué Ari Fleis- bani, dans la partie nord de l’Afghanistan sous durée d’une guerre, qui risque Laden et son mouvement Al-Qaida ser les talibans. cher, à la Maison Blanche. contrôle de l’opposition. Celui-ci a demandé, d’être longue, et dans la façon (…), le second [concerne] les tali- Les talibans semblent accepter l’inéluctabilité mercredi, une réunion urgente du Conseil de d’agir des Américains, qui ne sont bans, parce qu’ils lui ont donné refu- UNE GUERRE JUGÉE INÉLUCTABLE de la guerre et affirment, avec fatalisme, qu’il sécurité de l’ONU sur la question de la présence pas à l’abri de dérapages frappant ge, et le troisième, une longue guerre « C’est une honte pour l’Amérique d’attaquer restera bien quelques Afghans pour entretenir le militaire pakistanaise en Afghanistan, ainsi que des dizaines de civils. En ce sens, la contre le terrorisme au niveau inter- un pays musulman. Notre peuple était contre flambeau de la résistance. Les citadins tentent le faisait aussi régulièrement le commandant situation du Pakistan dans ce con- national ». Le général a précisé que l’Union soviétique, il sera maintenant contre l’Amé- de quitter les villes, pour rejoindre principale- Massoud. flit demeure extrêmement fragile. « personne ne parle de guerre contre rique », a déclaré jeudi à Associated Press, Abdul ment des villages reculés ou même le Pakistan l’Islam ou contre le peuple afghan ». Rasool, un religieux de la province de Zabul. – selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR, Fr. C. Françoise Chipaux David Butter, rédacteur en chef du « Middle East Economic Digest » Un premier accroc « Il n’y a jamais eu de lien entre l’Irak et le mouvement de Ben Laden » à la trêve israélo-palestinienne LONDRES te théorie. En matière de terroris- d’un quelconque Etat. Mais, bien territoriale, gagner « la bataille des de notre correspondant me, les preuves de telle ou telle sûr, on ne peut pas écarter l’idée sanctions » dans laquelle ils se sont JÉRUSALEM repose sur aucun accord politi- David Butter, rédacteur en chef complicité sont bien sûr toujours que certains de ces groupes aient très bien débrouillés depuis deux de notre correspondant que ». de la revue londonienne Middle difficiles à établir. S’agissant de l’at- été contactés par les services de ans. Je sais que Saddam Hussein a La trêve intervenue, mardi La nouvelle victime, enregistrée East Economic Digest et spécialiste tentat de 1993, la « connexion ira- renseignement irakiens. Ces servi- toujours tendance à se croire plus 18 septembre, entre Israéliens et jeudi matin, ne pourra que contra- de l’Irak, répond aux questions du kienne » n’est pas prouvée. Le régi- ces sont efficaces. Il est très possi- fort qu’il ne l’est, mais je trouverais Palestiniens a connu sa première rier une éventuelle reprise du dialo- Monde. me irakien est musulman, mais, on ble qu’ils aient cherché à en savoir étrange qu’il ait pris le risque de grave épreuve avec la mort d’une gue, notamment au niveau des res- « Les dirigeants irakiens ont, le sait, il n’est en rien islamiste. Il plus sur ce que les islamistes prépa- mettre en péril ses objectifs primor- Israélienne, jeudi, près de Beth- ponsables de la sécurité des deux sans surprise, démenti toute est même « laïc ». Il n’a jamais exis- raient, et même qu’ils aient caressé diaux en trempant dans les atten- léem, selon la radio militaire israé- camps, qui pourrait être envisagée implication dans les récents té aucun lien entre la politique de l’idée de les manipuler. Mais ce tats anti-américains. lienne. La victime circulait en voitu- si un calme relatif s’installait. Il ris- attentats terroristes anti-améri- l’Irak et l’idéologie des mouve- n’est, de ma part, qu’une spécula- – D’un côté, les dirigeants ira- re près de la colonie de Tekoa lors- cains. Faut-il les croire ? ments islamistes. Lorsque l’Irak a tion. Nous en saurons peut-être kiens ont refusé de condamner qu’elle a été prise pour cible par – Je le pense. Je ne crois pas plus assez vite. les attentats, de l’autre ils ont des tirs palestiniens. Mercredi, le Shimon Pérès qu’ils aient trempé dans ces atten- – N’y a-t-il jamais eu aucun exprimé, par la voix du vice-prési- premier jour de la trêve décidée tats, encore moins qu’ils les aient « Le régime irakien lien, dans le passé, entre l’Irak et dent Tarek Aziz, la sympathie de par l’Autorité palestinienne et par salue les efforts guidés. L’Irak agit principalement le mouvement de Ben Laden ? leur pays aux familles des victi- le gouvernement israélien à la sui- en fonction de ses intérêts natio- est musulman, – Pas à ma connaissance, ni avec mes. S’agit-il du double langage te de fortes pressions américaines de Yasser Arafat naux ou de sa conception du natio- Ben Laden ni avec aucun autre habituel de Saddam Hussein, ou avait pourtant été marqué par une nalisme arabe. Il ne pourrait soute- mais, on le sait, mouvement islamiste. Il y a vingt d’autre chose ? baisse sensible des accrochages. Le ministre israélien des affai- nir des attentats terroristes contre ans, lorsque l’armée syrienne écra- – Ils ont en tout cas évité d’ap- Quatre attaques et un affronte- res étrangères, Shimon Pérès, a les Etats-Unis que dans l’espoir il n’est en rien sa la rébellion des Frères musul- plaudir l’événement. C’est peut- ment armé ont toutefois fait six affirmé, jeudi 20 septembre à la d’obtenir quelque chose en échan- mans, l’Irak aurait eu beau jeu de être un signal. blessés, mercredi : quatre Palesti- radio militaire, que le président ge. Or je vois mal Bagdad s’asso- islamiste » profiter de l’aubaine et d’aider ces – Craignent-ils une attaque niens et deux colons juifs. Ces der- palestinien, Yasser Arafat, avait cier à une opération de ce type derniers pour mettre en difficulté américaine ? niers ont été blessés, dont un griè- « empêché des attentats ces derniè- dont les buts sont mal définis. le régime rival et haï de Damas. Il – Ils envisagent certainement cet- vement, par l’explosion d’une char- res heures ». « Nous avons appré- – Certains analystes améri- tenté de se doter d’une force de ne l’a pas fait. te possibilité. Plusieurs dirigeants ge au passage de leur véhicule près cié son intervention dans cette pré- cains, comme Laurie Mylroie destruction massive, c’était dans – Mais n’est-il pas dans l’inté- américains ont évoqué l’éventuali- de la colonie d’Oranit, en Cisjorda- vention », a ajouté M. Pérès sans (analyste à l’American Enterpri- une optique nationaliste, afin de rêt national de l’Irak de tout faire té d’un renversement du régime ira- nie. A Hébron, en Cisjordanie, des donner d’autres précisions sur se Institute de Washington et devenir une grande puissance mili- pour affaiblir leur ennemi princi- kien. Mais on ne voit pas bien com- tirs palestiniens ont visé des posi- ces attentats qui ont été auteur d’un ouvrage sur Saddam taire régionale. On est loin des pal, les Etats-Unis ? ment. Le régime est solidement en tions israéliennes. La réplique de déjoués. « Les Palestiniens Hussein, Study of Revenge : Sad- objectifs prêtés aux islamistes. – Regardons ce que sont les prio- place. l’armée israélienne a blessé quatre déploient des efforts sérieux, mais dam Hussein’s Unfinished War » En outre, de tels mouvements rités de l’Irak. Assurer sa survie, – Certains dirigeants améri- Palestiniens. Yasser Arafat a lui aussi ses pro- Against America), estiment que – comme l’organisation de Ben préparer peut-être à plus long ter- cains sont-ils tentés de profiter pres problèmes avec le Hamas, le l’Irak a des liens avec le réseau Laden Al Qaida – tiennent à proté- me la succession de Saddam Hus- de l’occasion pour essayer de OPPOSITION DU HAMAS Djihad islamique, le Hezbollah, Ben Laden, et même qu’il a trem- ger au maximum leur clandestinité, sein. On ne peut pas écarter que finir le travail inachevé en 1991 Après le Djihad islamique, le tout ne peut pas être réglé en pé dans l’attentat de 1993 contre leur « machine » secrète. On les l’Irak souhaite surtout redevenir en tentant de renverser Saddam Mouvement de la résistance islami- appuyant sur un bouton », a-t-il le World Trade Center. voit mal prendre le risque d’être un pays « normal », à même d’ex- Hussein ? que, le Hamas, a fait savoir son déclaré. – Je ne suis pas convaincu par cet- « contaminés » par l’interférence ploiter son grand potentiel écono- – Non, je ne pense pas. Personne opposition au cessez-le feu annon- Mercredi, le président des mique. Peut-être suis-je naïf de ne songe sérieusement à Washing- cé la veille par le chef de l’Autorité Etats-Unis, George Bush, a jugé penser qu’il n’a plus pour unique ton à remonter le cours du temps, palestinienne, Yasser Arafat, assu- « positives » les déclarations de objectif de se doter à nouveau quels que soient les regrets des uns rant que tant que « l’occupation » Yasser Arafat sur le terrorisme d’une énorme puissance de destruc- ou des autres. » israélienne se poursuivra, la « résis- et il a pressé le président de tion, ou de provoquer un vaste con- tance » continuera. Alors que les l’Autorité palestinienne de ne flit au Moyen-Orient. Mais je crois Propos recueillis par autorités israéliennes restaient pas s’en tenir aux mots. « Je vou- que les dirigeants de Bagdad ont Jean-Pierre Langellier silencieuses, au second jour de drais espérer que le président Ara- surtout en tête des buts plus Nouvel An juif, les réticences des fat appuie ses fortes déclarations modestes : recouvrer leur intégrité f www.lemonde.fr/irak Palestiniens devant une décision par des actes » a précisé le prési- perçue comme une soumission dent américain. – (AFP, Reuters.) aux pressions américaines sont res- tées fortes. Une partie des attaques palesti- que de repousser une nouvelle fois niennes enregistrées, mercredi, la perspective d’une rencontre par l’armée israélienne a d’ailleurs entre Yasser Arafat, et le ministre été revendiquée par un groupe pro- israélien des affaires étrangères, che du Fatah, la formation du chef Shimon Pérès, qui demeure jus- de l’Autorité palestinienne. De son qu’à aujourd’hui la seule piste côté, le responsable du Fatah, sérieuse de reprise de contact à un Marwan Barghouti, considéré par haut niveau, alors que la seconde les Israéliens comme l’un des prin- Intifada est sur le point d’entrer cipaux animateurs de l’actuelle dans sa deuxième année. Intifada, a émis mercredi des dou- tes sur la pérennité de cette trêve, Gilles Paris jugeant « improbable que le cessez- le feu tienne dans la mesure où il ne f www.lemonde.fr/israel-palestiniens LA RIPOSTE MILITAIRE LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 5 Les armées américaines commencent à déployer des forces dans le Golfe Le porte-avions « Theodore-Roosevelt » est parti mercredi pour la Méditerranée

WASHINGTON a ordonné à cer- Deux autres groupes aéronavals envisagés, formant un vaste éven- taines de ses forces, essentielle- américains, autour des porte-avi- tail de situations, depuis l’appel à ment aériennes et navales, de se ons Enterprise et Carl-Vinson, ont des forces spéciales jusqu’à des tirs déployer dans le Golfe dans le quitté notamment les eaux du de missiles de croisière contre des cadre d’une campagne baptisée Japon, et on s’attend à ce qu’ils croi- objectifs en Afghanistan. L’idée « Justice sans limites » selon la sent bientôt dans l’océan Indien. d’une décision à court terme, sous chaîne de télévision CNN. Le secré- Au sein de cette flotte, ont pris pla- la forme d’une invasion massive du taire adjoint américain à la défen- ce des frégates lance-missiles pays, semble, pour l’instant, avoir se, Paul Wolfowitz, a dit qu’«ilya Tomahawk, telles que le Vincennes, été écartée. des mouvements » et il a averti le Cowpens ou le Curtis-Wilbur. « Les Etats-Unis sont en train de qu’« il y en aura d’autres ». Selon des télévisions américai- repositionner certaines de leurs for- Un groupe aéronaval, autour du porte-avions Theodore-Roosevelt,a quitté, mercredi 19 septembre, sa Quelque 260 réservistes rappelés en France base de Norfolk (Virginie) pour AFP. gagner, dans un premier temps, la Le ministère français de la défense a annoncé, mercredi 19 septembre, a LAHORE (PAKISTAN). Le Coran dans une main, des fusils d’assaut (en plastique) dans l’autre, Méditerranée. Il est escorté par la convocation d’un certain nombre de réservistes appelés à servir dans des activistes pakistanaises ont défilé, mercredi 19 septembre, dans les rues de Lahore, en chantant une douzaine de bâtiments de sur- la gendarmerie et dans l’armée de terre. Officiellement, il s’agit de partici- des slogans anti-américains. En soutien aux talibans, des dizaines de femmes ont traversé face, dont le porte-hélicoptères per au renforcement du plan Vigipirate de lutte contre le terrorisme : la ville en arborant une banderole : « Ecrasons l’Amérique ». d’assaut Bataan, et deux sous- 217 réservistes (dont 15 officiers) de la gendarmerie et 44 réservistes de marins d’attaque. Prochainement, l’armée de terre (dont 13 officiers) ont été mobilisés. Le plan Vigipirate le groupe sera rejoint par trois est destiné à protéger des sites « sensibles » et à accroître la surveillance autres navires de surface. Avec ses générale du territoire. Dix années de lutte antiterroriste, selon le « Times » cent cinquante avions de combat Par ailleurs, par précaution, le ministère de la défense a lancé des pro- et hélicoptères embarqués, cet cédures administratives de recensement des réservistes « dans le cadre de LE ROYAUME-UNI et les Etats- les terroristes dans le monde. Le secrétaire américain à la armada dispose d’une gamme de la mise en place d’une organisation de la réserve opérationnelle » qui devrait Unis ont planifié une lutte contre Plutôt que d’aligner des chars défense, Donald Rumsfeld, s’est moyens très variée, qui va du missi- être disponible au profit de la protection du territoire national et non le terrorisme qui s’étale sur une et des troupes, la nouvelle appro- rallié au concept de l’« Opération le de croisière Tomahawk jusqu’à pas, a-t-il précisé, pour participer à d’éventuelles actions extérieures. dizaine d’années et qui a été bapti- che devrait être plus subtile et Aigle noble », en affirmant récem- pouvoir mener des opérations sée « Opération Aigle noble ».Le variée, indique le quotidien en ment qu’il faut tabler sur « une amphibies ou des actions comman- quotidien britannique The Times citant des sources, au ministère période de six, huit, voire dix dos avec des marines à bord. En nes, d’autres avions, tels que des ces à travers le monde, a dit Bryan annonce cette intiative dans ses britannique de la défense, qui ont années » de lutte. effet, 2 000 marines figurent parmi F-15, des F-6 ou même des bombar- Whitman, l’un des porte-parole du éditions datées du jeudi 20 sep- requis l’anonymat. « Cela ne sert A Londres, un porte-parole du les 15 000 hommes embarqués au diers B-52, porteurs de Tomahawk, Pentagone, pour soutenir l’appel du tembre et il précise que cette opé- à rien de tirer un tas de missiles sur ministère britannique de la défen- total. et B1, vont être mobilisés avec des président Bush à une campagne con- ration entre dans le cadre d’une Oussama Ben Laden s’ils man- se a indiqué que la position du appareils de ravitaillement et de tre le terrorisme, ainsi que pour favo- nouvelle stratégie politique et quent leurs cibles, ou de tirer des Royaume uni reste inchangée : ARMADA BRITANNIQUE reconnaissance. Le Washington riser l’identification, la localisation militaire suite aux attentats du Tomahawk sur des camps d’entraî- « Nous sommes toujours épaule Le Theodore-Roosevelt ne restera Post croit savoir que, dans le cadre des terroristes et de leur complices, mardi 11 septembre. nement s’ils sont vides » expli- contre épaule avec l’Amérique et probablement pas en Méditerra- d’un plan global des opérations, les et leur faire rendre justice ». Malgré un déploiement militai- quent-ils. nous avons offert notre aide avec née. Il devrait ensuite faire route Américains pourraient demander « Le président, a commenté Con- re américain dans le Golfe et dans Pour autant, les stratèges améri- d’autres alliés. Cette assistance vers le Golfe s’il bénéficie, entre- au Pakistan d’utiliser certaines de doleezza Rice, la conseillère pour l’océan Indien, ajoute le journal, cains et britanniques considèrent n’est pas encore bien définie. temps, de points d’appui que les leurs installations pour y entretenir la sécurité nationale, a clairement il n’y aurait pas d’invasion massi- que des frappes militaires doivent Aucun déploiement britannique ni Etats-Unis recherchent dans la des états-majors, aux effectifs indiqué qu’il entend être patient, exa- ve aéroterrestre de l’Afghanistan, s’inscrire dans cette approche glo- aucune opération militaire n’est en zone, notamment à Djibouti, à volontairement réduits au mini- miner des options, et qu’il recherche- comparable à celle qui eut lieu en bale, dont on attribue la paterni- cours ». Cette précision rejoint cel- Oman ou au Yémen. Dans la mum, et y entreposer des avions ra avant tout l’efficacité. » M. Wol- 1990-1991 dans le Golfe après l’in- té, croit pouvoir estimer le Times, le de sources proches de l’OTAN, région, le Royaume-Uni commen- ou des hélicoptères. Le quotidien fowitz a répété que « la guerre con- vasion du Koweït par les Irakiens. à Dick Cheney, le vice-président à Bruxelles, selon lesquelles les ce à déployer, lui aussi, une arma- américain évoque une piste proche tre le terrorisme » est « une stratégie Selon le Times, les Américains des Etats-Unis, et à Colin Powell, Etats-Unis, qui ont informé, mer- da autour du porte-aéronefs Illus- de Peshawar qui fut construite par globale », qui met en jeu des et les Britanniques ont rejeté le le secrétaire d’Etat. Il faut battre credi 19 septembre, leurs alliés de trious, soit quelque 24 000 hom- les Etats-Unis et d’où, en 1960, moyens diplomatiques, politiques scénario d’une vaste attaque con- les terroristes à leur propre jeu, leur enquête sur les attentats, mes, le dixième du total des forces s’est envolé l’avion-espion U2 qui et financiers. Mais « si nous devons certée pour préparer, avec selon cette thèse, et spéculer n’ont réclamé aucune assistance britanniques, pour une très impor- fut abattu par la défense soviéti- agir militairement, nous agirons mili- l’« Opération Aigle noble », l’élimi- davantage sur leurs propres fai- militaire de leur part. – (AFP, Reu- tante manœuvre conjointe avec que. tairement dans le cadre de cette stra- nation des réseaux ou des cellu- blesses organisationnelles. ters) Oman. Divers scénarios militaires sont tégie », a-t-il dit. - (AFP.) 6 LA CONCERTATION INTERNATIONALE LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 La planète se met en ordre de bataille pour combattre le terrorisme Une intense activité diplomatique est engagée par les Etats-Unis en direction non seulement de leurs alliés traditionnels, mais aussi envers les pays musulmans et plusieurs Etats qui passaient jusqu’ici pour « non fréquentables » par Washington

C’EST comme si la planète entiè- Igor Ivanov et saoudien Saoud credi de cette démarche américaine raient jusqu’ici comme infréquenta- cubain a été approché, via la mis- cement du terrorisme qui réclame re, ou presque, était en train de se al-Fayçal, ainsi que la présidente qui va au-delà, a-t-elle dit, des bles parce que figurant sur leur liste sion diplomatique cubaine à Wash- aussi une large coopération interna- mettre en ordre de bataille antiterro- indonésienne Megawati Sukarnopu- lignes de clivage « religieuses et cultu- des « sponsors » du terrorisme. ington, selon le porte-parole du tionale est parmi les terrains priori- riste. Alors que les Etats-Unis main- tri. Jeudi, le défilé à Washington relles ». Elle va même au-delà de Colin Powell s’est entretenu avec le département d’Etat qui soulignait il taires de l’offensive multiforme tiennent toujours le silence sur ce devait se poursuivre avec la visite frontières encore plus radicales : ministre des affaires étrangères du y a quelques jours l’intérêt politique annoncée par les Américains. que pourrait être l’élément militaire du premier ministre britannique sans aller jusqu’à leur ouvrir la Mai- Soudan, dont il aurait obtenu l’assu- d’une démarche qui ne soit pas limi- A ce stade – les projets militaires de leur riposte à l’agression qu’ils Tony Blair et du chef de la diploma- son Blanche ou le département rance de coopérer. Il a eu des échan- tée aux alliés occidentaux des Etats- américains n’étant pas connus et ont subie la semaine dernière, une tie chinoise Tang Jiaxuan. Le minis- d’Etat, les Américains ont pris con- ges, dès la semaine dernière, avec Unis et à quelques autres pays pro- l’ennemi n’étant désigné que par activité diplomatique à peu près tre belge des affaires étrangères tact avec des pays qu’ils considé- des responsables syriens. Le régime ches. Sur quels types de mesures cet- son mode opératoire : « le terroris- sans précédent s’est engagée ces der- Louis Michel, dont le pays préside te mobilisation pourrait-elle débou- me » – l’accueil est très largement niers jours dans le but de constituer actuellement l’Union européenne, cher ? Régionalement, des initiati- positif. Mais ce soutien ne va pas la plus vaste « coalition » possible ainsi que le haut représentant de Le président Bush s’adresse au Congrès ves se dessinent, dans les domaines sans arrière-pensées et l’on sent pour la « campagne mondiale contre l’UE pour la politique étrangère, du renforcement des mesures de bien déjà que dans cette campagne le terrorisme » que le président Bush Javier Solana, étaient également Le président américain George W. Bush devait s’adresser au Con- sécurité et de la coopération judiciai- au long cours annoncée, chacun a appelée de ses vœux. attendus. grès, jeudi 20 septembre, lors d’une session spéciale consacrée aux re et policière ; c’est le cas au sein voit midi à sa porte. C’est le cas Washington est le principal cen- Manifestement conscients du dan- attentats. « J’attends de pouvoir expliquer au peuple américain qui a de l’Union européenne et cela notamment de l’Algérie, de la Tur- tre de gravité de cette fébrile activi- ger qu’il y aurait à prendre la tête de fait cela, qui ferait une telle chose à ce grand pays et pourquoi », a décla- s’amorce aussi, à la demande de quie ou de la Russie, dont certains té. Jacques Chirac avait ouvert le bal ce qui apparaîtrait comme une nou- ré le président mercredi, à l’issue d’une réunion avec les dirigeants Washington, au sein de l’Organisa- dirigeants sont prêts à faire leur la mardi soir, en étant le premier chef velle croisade de l’Occident, les républicains et démocrates du Congrès. tion des Etats américains. terminologie de George Bush du d’Etat étranger reçu par George Etats-Unis essaient de ratisser le M. Bush a par ailleurs souligné qu’il n’avait aucun désir de condui- Plus largement, les Etats-Unis « bien contre le mal », parce qu’elle Bush à la Maison Blanche. Lui ont plus large possible, d’engranger les re « une guerre de religion » contre l’islam. « L’islam prêche la paix, la cherchent une coopération en les absout des dérives de la répres- succédé mercredi dans la capitale soutiens les plus divers, voire les foi musulmane est pacifique », a-t-il affirmé. Saluant l’esprit de coopé- matière d’information et de rensei- sion que les uns et les autres fédérale américaine le ministre alle- plus inattendus. Mme Megawati, pré- ration du Pakistan, le président américain a encore insisté sur les pri- gnements qui ne fonctionne bien mènent contre « leur » terrorisme. mand des affaires étrangères Josch- sidente du plus grand pays musul- ses de position « audacieuses » du président pakistanais Pervez Mou- aujourd’hui qu’entre les services ka Fischer, ses homologues russe man du monde, s’est félicitée mer- charraf dans la lutte contre le terrorisme. – (AFP) occidentaux. La lutte contre le finan- Claire Tréan L’Indonésie, premier pays musulman au monde, Les députés allemands votent à l’unisson reçoit un soutien militaire et financier de Washington la mise à disposition des moyens militaires appropriés BANGKOK groupes qui, mercredi encore, ont L’ambivalence face aux fortes BERLIN n’importe quoi, ni à le faire dans la son plaisir. Oubliées les éclaboussu- de notre correspondant appelé à la guerre sainte contre les pressions américaines en faveur de notre correspondant précipitation. S’il faut s’investir mili- res que promettait le procès fait au en Asie du Sud-Est Etats-Unis. Ces derniers demandent d’un choix entre le bien et le mal est Hormis les néo-communistes du tairement, a-t-il dit, nous le ferons, ministre de la défense, Rudolf Le week-end dernier, au lieu de à Djakarta de mettre au pas des le produit de faiblesses sensibles PDS, tous les partis représentés au mais dans le cadre de notre Consti- Scharping, accusé d’en prendre à mener une opération d’aide humani- moudjahidines qui recrutent ouver- ailleurs dans la région. Le premier Bundestag ont fait bloc derrière le tution et après avis du Parlement. son aise avec les avions de l’Etat ; taire au Timor-Oriental, une force tement pour poursuivre, par exem- ministre thaïlandais, Thaksin Shi- chancelier Schröder qui, mercredi La messe était dite, laissant peu étouffés les remous que suscitait la navale américaine – trois mille fusi- ple aux Moluques, un djihad contre nawatra, a d’abord évoqué une 19 septembre, a exposé les mesures de place à l’exégèse. Les présidents réforme de la loi sur l’immigration, liers-marins et marins – ont utilisé des chrétiens au prix de milliers de « neutralité » face à l’effort de que comptait prendre son gouver- des divers groupes parlementaires dont la discussion a été renvoyée à ce territoire, sous gestion de l’ONU victimes. Les Américains militent guerre américain avant de s’engager nement pour lutter contre le terro- qui ont ensuite pris la parole n’ont une date indéterminée. Le pays est et naguère sous tutelle indonésien- aussi pour que l’armée indonésien- plus franchement à le soutenir parce risme. Devant l’assemblée, le chef eu d’autre issue que de paraphraser quasi en guerre et la classe politi- ne, pour s’entraîner au débarque- ne mette fin à de nombreux abus. qu’il s’inquiète à la fois des réactions du gouvernement allemand a parlé la parole du chancelier, pour redire, que fait bloc derrière le chancelier ! ment avant de mettre le cap sur Sin- L’élite indonésienne n’en est pas d’une minorité musulmane, de la tié- près de trente minutes, d’une voie tels les Verts, que toute cette affai- Réuni dans l’après-midi, le gou- gapour. Après la mise en alerte des moins partagée à l’égard des repré- deur de l’opinion et peut-être de la sereine mais déterminée, visible- re ne devait pas conduire à faire vernement a rendu public le détail forces américaines en Asie-Pacifi- sailles que prépare Washington. Le capacité relative de ses services à fai- ment désireux d’opposer son sang- de ses propositions antiterroristes que, cette démonstration contribue vice-président Hamzah Haz a « espé- re face à une vague de terrorisme. froid à l’inquiétude de ses conci- pour lesquelles 1,5 milliard d’euros à rappeler à certains gouvernants ré » que la « tragédie pourra purifier Les Philippines ont des difficultés toyens. Selon un sondage publié Majorité ressoudée, a été dégagé de toute urgence. Cet de l’Asie du Sud-Est que, eux aussi, les Etats-Unis de leurs péchés », provo- du même ordre : Manille a déjà ser- jeudi 20 septembre dans l’hebdoma- argent ira en priorité à l’armée doivent accorder verbe et pratique, quant une sèche réaction américai- vi de base à des compagnons d’Ous- daire Die Woche, 57 % des Alle- opposition réduite à un « pour améliorer ses capacités de sans se contenter de condamner les ne. Le super-ministre de la sécurité, sama Ben Laden, une cohabitation mands redoutent une troisième réaction », dont les experts esti- attaques du 11 septembre. le général Susilo Bambang Yudhoyo- avec la forte minorité musulmane guerre mondiale. rôle d’apparat : la classe ment qu’elles ne sont pas à la hau- Le premier test a été la rencontre, no, qui accompagne Megawati aux du sud de l’archipel est loin de se Le discours du chef du gouverne- teur de ce que pourrait exiger une à la Maison Blanche mercredi Etats-Unis, a jugé que le gouverne- dessiner et le cardinal Jaime Sin, ment n’a pas réellement étonné. De politique fait bloc intervention militaire. Il ira aussi à 19 septembre, entre George Bush et ment « devrait suivre les aspirations plus haut dignitaire d’une Eglise façon calme et évidente, maniant la police des frontières, qui devra Megawati Sukarnoputri. La nouvel- du peuple » au moment où de nom- catholique rassemblant 85 % de la sans finasser quelques grandes derrière le chancelier intensifier ses contrôles aux aéro- le présidente d’Indonésie a réitéré breux politiciens et chefs religieux population, a mis en garde contre idées simples, M. Schröder a redit ports, et aux services secrets « pour sa condamnation des attaques soulignent les « injustices » de la poli- « une réponse à la terreur par la ter- la dette que l’Allemagne devait «à accroître ses moyens de recherche du « barbares et aveugles » contre New tique américaine au Proche-Orient. reur ». nos amis américains » qui ont « con- l’amalgame entre islam et terroris- renseignement dans le cadre de la lut- York et Washington. Elle a procla- Le plus engagé, dans cette affai- tribué de façon décisive à la victoire me, ou pour se féliciter, comme les te contre le terrorisme ». La présen- mé sa volonté de participer à la lutte PRESSIONS AMÉRICAINES re, est encore le premier ministre sur le national-socialisme », qui ont chrétiens-démocrates, de voir rete- ce à Hambourg, durant de longues contre un terrorisme qui « menace A la tête d’une armée et d’une malaisien. Mais la proposition « permis que nous prenions un nou- nues les mesures qu’ils avaient sug- années, de plusieurs des terroristes de façon croissante la démocratie et administration désorganisées, d’une « coalition antiterroriste » veau départ dans la liberté et la gérées. qui ont organisé les attaques contre la sécurité de l’Indonésie », a ajouté Megawati se trouve sur le fil du régionale du Dr Mahathir Moha- démocratie après la seconde guerre Quelques instants plus tard, par New York et Washington a en effet la présidente du premier pays rasoir. Le sachant, Washington a mad a également pour objet de neu- mondiale », qui ont « garanti et pro- 565 voix sur 611, les députés mis le doigt sur les insuffisances de musulman de la planète. annoncé que la vente d’équipe- traliser, à demeure, une opposition tégé la liberté de Berlin-Ouest » et votaient une motion assurant que services. Près de deux musulmans sur cinq ments militaires, à l’exception d’ar- islamiste renforcée par l’emprison- qui « nous ont aidés à rebâtir notre le Parlement soutenait résolument De nouveaux moyens sont égale- sont indonésiens. Même si un islam mes et de munitions, allait repren- nement en 1998 du populaire unité au sein d’une Europe démocra- les efforts des Etats-Unis, de ment prévus pour cerner et enrayer tolérant demeure largement majori- dre après deux années de suspen- Anwar Ibrahim. tique et pacifique ». Mais, a aussitôt l’OTAN et du gouvernement, y com- les flux financiers qui permettent taire dans le vaste archipel, la fille sion et que de nouvelles lignes de ajouté le chancelier, cette dette pris par « la mise à disposition des aux groupes terroristes de vivre et de feu Sukarno fait face à de petits crédits civils seraient ouvertes. Jean-Claude Pomonti n’oblige pas l’Allemagne à faire moyens militaires appropriés ».On d’agir. Le « privilège religieux » qui mesure le chemin parcouru en se dispense les associations religieu- souvenant que la discussion prélu- ses du paiement de l’impôt, et donc dant à l’envoi en Macédoine du con- d’un contrôle sur l’origine de l’ar- Le Parlement européen ne veut pas d’une « croisade » contre l’islam tingent allemand avait duré de lon- gent collecté, sera ainsi supprimé, gues semaines. Avec une majorité tandis que les banques devront BRUXELLES ticiper à une croisade », mot qui évoque les expé- tats, Hans-Gert Pöttering, président du Parti ressoudée et une opposition pour communiquer aux autorités les don- de notre bureau européen ditions des chrétiens contre les musulmans. Il a populaire européen (droite, majoritaire), a mis le moment réduite à un rôle d’appa- nées qu’elles possèdent sur les Le combat contre le terrorisme ne doit pas affirmé, sous les applaudissements, que « cer- en garde contre un amalgame entre terrorisme rat, M. Schröder, que le Spiegel, comptes douteux. devenir une « croisade » contre l’islam : tel est le tains mots peuvent blesser, gêner, vexer ». et islam. Pour « envoyer un signal au monde ara- tout récemment encore, voyait en message que la plupart des présidents des grou- Heidi Hautala, coprésidente des Verts, a affir- be », il a demandé que la présidente, Nicole Fon- bien mauvais état, ne boudait pas Georges Marion pes politiques du Parlement européen, réunis de mé que « le monde a besoin de justice, pas de taine, « convoque un forum parlementaire euro- façon exceptionnelle mercredi 19 septembre à guerre », et demandé la ratification de la Cour Méditerranée », proposition que M. Solana a Bruxelles, ont adressé à Javier Solana, haut-repré- pénale internationale, qui sanctionnerait les approuvée, en expliquant qu’« il faut relancer le sentant de l’Union européenne pour la politique auteurs des attentats contre l’Amérique. Marie- processus de Barcelone », processus de coopéra- étrangère et de sécurité commune, avant qu’il ne Anne Isler-Beguin, députée de son groupe, a tion politique économique et culturelle, lancé s’envole pour Washington, afin d’y rencontrer le affirmé que « nous ne sommes pas en guerre con- en 1995 par l’Union européenne, en partenariat chef du département d’Etat, Colin Powell. tre les femmes afghanes que nous avons reçues, voi- avec douze pays du Sud de la Méditerranée. Diplomatie oblige, la plupart de ces leaders lées, au Parlement européen, et promis d’aider ». L’après-midi, lors de l’ouverture de la session ont évité de citer le président américain, plénière du Parlement européen, Mme Fontaine George Bush, dont ils ont toutefois condamné « ALLIÉS, ET NON ALIGNÉS » a fait observer une minute de silence en mémoi- l’appel à une « croisade » contre le terrorisme. Francis Wurtz, le président de la GUE (com- re du commandant Massoud, assassiné «par Le président des libéraux, Pat Cox, candidat à la muniste), a déploré que le président Bush les terroristes qu’il combattait ».Mme Fontaine, présidence du Parlement européen, a demandé « multiplie les déclarations qui s’inscrivent dans qui l’avait invité à Strasbourg au mois d’avril, a que « l’on n’utilise pas le terme de croisade, une dangereuse logique de guerre » et repris, « regretté que les chancelleries occidentales déplaisant ». M. Solana lui a donné raison : sans toutefois citer son auteur, une formule de n’aient pas entendu son message », car « il luttait « La terminologie utilisée par les uns ou les autres Daniel Cohn-Bendit, proposant que les Euro- contre ceux qui ont dévoyé l’islam, au risque de n’est pas toujours la meilleure. » La preuve en péens soient, par rapport aux Américains, dresser deux civilisations l’une contre l’autre ». est, a-t-il assuré, qu’il serait difficile de « deman- « alliés, et non alignés ». der à M. Moubarak [président égyptien] de par- Comme il l’avait fait au lendemain des atten- Rafaële Rivais LA CONCERTATION INTERNATIONALE LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 7 M. Chirac ne montre pas d’inquiétude quant aux intentions américaines Après sa rencontre avec George Bush, le président français s’est rendu à l’ONU

NEW YORK (Nations unies) dent français, arrivant de Washing- musulman et arabe et de « réfléchir de notre correspondante ton, a partagé avec le secrétaire sérieusement sur les causes profon- Il faut croire que Jacques Chirac a général de l’ONU, Kofi Annan. «En des » des actions terroristes, «à été plutôt rassuré par sa rencontre gros, les gens voulaient savoir si la savoir, a expliqué M. Annan, les con- avec le président américain. De pas- riposte militaire prendrait la forme flits, comme celui au Moyen-Orient, sage au siège de l’ONU à New York, de celle de la guerre du Golfe ou du la pauvreté, l’ignorance et le racis- mercredi 19 septembre, au lende- Kosovo, explique une source françai- me, car il est très facile pour les orga- main de cette visite à la Maison Blan- se, c’est-à-dire avec ou sans une nou- nisations terroristes de recruter des che, la délégation française n’a lais- velle autorisation du Conseil de sécu- personnes qui sont en plein désespoir sé paraître aucune inquiétude à pro- rité. » Pour l’heure, dit-on, il est évi- et désarroi ». M. Annan s’est félicité pos d’éventuelles actions militaires dent que si Washington décide de de voir que les responsables améri- américaines. Le chef de la diploma- frapper, l’opinion publique améri- cains « en sont pleinement tie française, Hubert Védrine, a tenu caine « n’est pas d’humeur à consul- conscients ; un fait nouveau, qui se à souligner qu’il avait trouvé « très ter l’ONU ». Mais ajoute-t-on, «la traduit par une nouvelle volonté d’al- responsable » l’attitude du gouverne- question ne se pose pas, car on ne ler de l’avant sur le dossier du Proche- ment américain à la suite des atten- connaît pas l’ennemi ». Orient ». PATRICK KOVARIK/REUTERS tats terroristes du 11 septembre. a NEW YORK. Accompagné par le maire de New York, Rudolph Giuliani, Jacques Chirac découvre, A l’ONU comme partout dans la à bord d’un hélicoptère, les ruines du World Trade Center. Pendant son escale new-yorkaise, le président ville de New York, le président Jac- Ted Turner remet 31 millions de dollars à l’ONU de la République a aussi rencontré le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. ques Chirac a été reçu avec enthou- siasme. Cette visite avait été pro- Le jour de sa prise de fonctions aux Nations unies, le nouvel ambas- grammée avant les événements tra- sadeur américain, John Negroponte, a reçu un chèque de 31 millions giques du 11 septembre, mais le fait de dollars du fondateur de CNN, Ted Turner, qui le lui a remis en pré- « Quand on voit cela, on a envie de pleurer » qu’elle ait été maintenue a été res- sence du secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. L’annonce de ce senti par tous comme un signe de don avait permis, à la fin de l’an dernier, qu’un accord soit conclu NEW YORK tat, on nous a fait descendre dans les sous-sols, a-t-il « la volonté de la France de prendre entre les 189 Etats membres sur une baisse de la contribution améri- de notre envoyée spéciale raconté. Et quand je suis ressorti, les deux tours la tête, avec les Etats-Unis, d’un com- caine au budget de l’Organisation. Le président français voulait mesurer l’ampleur de s’étaient effondrées. » Le chef des pompiers a évoqué bat global contre le terrorisme ». Par- « Sans cette contribution, l’accord n’aurait sans doute pas été possi- la tragédie et Rudolf Giuliani lui a montré les buil- les 330 soldats du feu disparus, leur extrême jeu- ticipant, avec le secrétaire général, ble », a dit Kofi Annan en exprimant sa gratitude. Ted Turner avait dings en ruine. Il voulait exprimer son émotion, et nesse aussi, car « c’est un quartier, vous comprenez, Kofi Annan, à une conférence de retenu l’argent en attendant que le Congrès américain débloque une ont témoigné devant lui les centaines de volontaires où l’on envoyait beaucoup de jeunes pompiers débu- presse, le président français a en somme de 582 millions de dollars, représentant une partie des arrié- new-yorkais, les pompiers, les médecins, les poli- tants pour les former ». M. Chirac, ému, n’a pu effet beaucoup insisté sur la nature rés dus par les Etats-Unis à l’ONU. – (Corresp.) ciers qui organisent l’aide et cherchent encore, avec d’abord que lancer : « I’m very, very moved today », « universelle » d’un tel combat. un infime espoir, des survivants. Car, lui a dit le mai- avant d’exprimer au nom des Français son « admira- re de New York, « c’est une chose de parler du désas- tion pour tout ce qui a été fait, avec tant d’efficacité, UN CADRE INTERNATIONAL En public, le président français n’a Mercredi aussi, le nouvel ambas- tre, mais le voir est une expérience très différente ».... d’intelligence et de cœur pour surmonter ce drame », En réponse à une question préci- pas écarté cette possibilité : « L’ac- sadeur américain à l’ONU, John M. Giuliani avait donc préparé, mercredi 19 sep- avant de regretter : « Je ne parle malheureusement se sur la participation de la France à tion à mener va très au-delà d’une Negroponte, a présenté ses lettres tembre, à l’intention de Jacques Chirac, une vérita- pas suffisamment l’anglais pour dire tout ce que je res- des représailles militaires américai- riposte militaire, même si celle-ci est de créance au secrétaire général et ble démonstration destinée à lui faire toucher con- sens. » nes, Jacques Chirac, tout en affir- nécessaire », a dit M. Chirac, en insis- s’est aussitôt engagé à travailler à la crètement l’énormité du drame. Comme s’il voulait Le maire de New York a pourtant pris l’initiative mant que la France « ne restera pas tant sur la nécessité « de la mise en formation d’une coalition interna- convaincre la France d’exprimer, sans restriction d’aller plus loin. Après avoir offert au président fran- à l’écart d’un combat contre un fléau œuvre d’une véritable action coordon- tionale contre le terrorisme. La aucune, sa solidarité. Et M. Chirac a vu. D’abord, cet çais deux casquettes, l’une des pompiers, l’autre des qui défie toutes les démocraties »,a née sur le long terme pour éradiquer nomination de M. Negroponte par immense PC opérationnel de la mairie de New York policiers, il a pris le parti de modifier tous les pro- souligné que les autorités françai- le terrorisme ». Selon le président, la le président George Bush, en mars qui centralise l’aide d’urgence depuis les attentats grammes officiels pour emmener M. Chirac survoler ses se réservent le droit de « déter- lutte contre le terrorisme ne pourra dernier, avait été bloquée au Sénat du 11 septembre. Puis les milliers de dons qui les décombres. Côte à côte dans un hélicoptère, miner les modalités et la nature de la être efficace que dans un cadre inter- américain par une polémique affluent de toutes parts, les panneaux où sont accro- M. Giuliani a donc montré au chef de l’Etat le sud contribution ». A en croire son national. « De ce point de vue, il faut remontant à l’époque du soutien chées les photos des disparus, et enfin ceux que le défiguré de Manhattan. Et ce gros amas de débris, entourage, la question d’une bien reconnaître que l’ONU est la américain à la guérilla opposée au maire de New York appelle « les vrais héros de cette juste à l’emplacement des anciennes tours jumelles, « riposte militaire collective » ne meilleure instance capable de rassem- pouvoir sandiniste au Nicaragua. ville », les pompiers et les policiers. M. Giuliani, que dont M. Chirac a dit, quelques instants plus tard : semble pas être à l’ordre du jour. bler les énergies », a-t-il ajouté. M. Negroponte a été, à cette épo- les New-Yorkais n’appellent plus désormais que « Quand on voit cela, on a envie de pleurer. » La question de la riposte améri- Pour sa part, Kofi Annan a insisté que, ambassadeur au Honduras. « Rudy the rock » a redit comment il avait appris le caine a été au centre des discus- sur la nécessité d’éviter l’amalgame drame, à deux blocks de là. « Après le deuxième atten- Raphaëlle Bacqué sions lors du déjeuner que le prési- entre les terroristes et le monde Afsané Bassir Pour 8 L’ENQUÊTE ET LA SÉCURITÉ LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 Un plan d’attentats plus vaste était apparemment en préparation aux Etats-Unis Les enquêteurs accumulent les indices : sur le sol américain, le détournement de deux autres avions était, semble-t-il, projeté. En France, selon nos informations, l’ambassade américaine à Paris était bien visée par un réseau proche d’Oussama Ben Laden

WASHINGTON Selon nos informations, les parmi les personnes actuellement suivre une formation de pilote dans les attentats. Alertée par la Au-delà de ces trois cas, le FBI de notre envoyé spécial enquêteurs travaillent en fait détenues dans le cadre de l’enquê- dans le Minnesota. Agé d’une tren- police française de sa présence aux poursuit ses recherches tous azi- D’autres avions devaient-ils être depuis plus d’une semaine sur l’hy- te. Trois d’entre elles retiennent taine d’années, connu de la direc- Etats-Unis, la police locale l’a arrê- muts, notamment auprès des ban- détournés le 11 septembre ? Cette pothèse selon laquelle les terroris- particulièrement l’attention. tion de la surveillance du territoire té le 17 août au motif qu’il était en ques. En étudiant les mouvements hypothèse, envisagée dès le lende- tes étaient répartis en six groupes D’abord deux hommes interceptés (DST) pour ses activités islamistes, situation irrégulière. Depuis le financiers sur les comptes des main des attentats, prend chaque de cinq, chaque groupe ayant dès le 12 septembre dans un train il a fréquenté deux écoles de pilota- 11 septembre, il est interrogé sur kamikazes, les enquêteurs espè- jour davantage de consistance. pour « mission » de détourner un texan en possession d’une forte ge aux Etats-Unis, comme au un sujet bien plus grave : ses liens rent en effet identifier leurs relais, Interrogé sur ce point, mercredi avion. De fait, les trois appareils somme d’argent et de cutters sem- moins sept des kamikazes morts éventuels avec les pirates de l’air. aux Etats-Unis ou ailleurs. 18 septembre, l’attorney general qui se sont écrasés à New York et ble-t-il identiques à ceux utilisés En attendant, au moins soixante- (ministre de la justice), John Ash- Washington ont bien été détour- par les pirates de l’air. Simple coïn- quinze personnes d’origine arabe croft, s’était certes montré pru- nés par des commandos de cinq cidence ? Tous deux figuraient par- Fausse alerte à la Maison Blanche (cent quinze, selon l’agence de dent, déclarant notamment : «A hommes. En revanche, ils mi les passagers du vol 1729, con- presse Reuters) sont retenues par l’heure qu’il est, nous ne sommes n’étaient que quatre à bord du qua- traint de se poser à Saint-Louis Jacques Chirac a pu observer, au cours de son voyage à Washington les services de police, officielle- pas en mesure de confirmer cela.» trième Boeing, le vol 93 de United (Missouri) au moment des atten- et à New York, à quel point les responsables américains sont sur le ment pour infraction à la législa- Mais les enquêteurs du FBI, qui Airlines, qui s’est écrasé en Penn- tats. Ils affirment être de nationali- qui-vive. Mardi soir, alors que le président français dînait à la Maison tion sur l’immigration ; environ traquent les éventuels complices sylvanie. té indienne mais les enquêteurs en Blanche en compagnie de George Bush et son état-major, une alerte deux cents autres font l’objet de des dix-neuf pirates de l’air, sem- doutent. L’un d’eux, au moins, est a été lancée à Detroit (Michigan). Un avion paraissait s’écarter de sa fiches de signalement à travers le blent désormais convaincus qu’au L’HYPOTHÈSE DES « SIX GROUPES » maintenu en détention en tant route, tandis que son pilote échangeait avec le sol des messages radio pays. Enfin, trois maghrébins inter- moins deux autres avions de la Si l’on s’en tient toujours à que « témoin matériel », un terme qui intriguaient la sécurité. pellés, lundi 17 septembre, à compagnie American Airlines l’hypothèse des « six groupes », juridique signifiant qu’il est suscep- Le service secret, chargé de la sécurité de la présidence, était sur le Detroit, en possession de docu- devaient être détournés ce matin- comment expliquer l’absence du tible – au minimum – de détenir point de demander aux dirigeants américains et français de quitter ments suspects (en particulier des là mais ne l’ont pas été pour des cinquième homme ? Et que sont des informations décisives. immédiatement la Maison Blanche. Un début de préparation de cette notes sur une base militaire améri- raisons encore indéterminées. Il devenus les dix autres terroristes, Le troisième homme dont le par- évacuation a d’ailleurs été mis en œuvre, les voitures de la suite de la caine en Turquie), ont été mis en s’agit du vol 1729 reliant Newark censés détourner – selon ce scéna- cours intrigue les enquêteurs est délégation française étant dégagées. Finalement, il a été établi que examen pour usage de faux (près de New York) à San Antonio rio – les vols 1729 et 43 ? La police un Français d’origine marocaine les anomalies constatées à Detroit ne présentaient pas de danger. Le papiers d’identité. via Dallas et du vol 43, entre fédérale estime que quelques-uns interpellé plusieurs semaines avant pilote de l’avion parlait seulement par radio avec sa petite amie. Le Newark et Los Angeles. d’entre eux pourraient se trouver les attentats alors qu’il tentait de dîner de la Maison Blanche a pu s’achever sans encombre. – (Corresp.) Philippe Broussard Un islamiste franco-algérien interpellé à Dubaï a confirmé qu’un attentat était projeté à Paris UN PROJET d’attentat visait bien l’am- l’homme de Dubaï serait toutefois en rela- Grande-Bretagne. Présenté comme un Les attentats survenus à Washington et ge d’éléments matériels et d’identifier bassade des Etats-Unis en France. Enquê- tion directe avec l’état-major d’Oussama «émir», il semble avoir été un maillon à New York, le 11 septembre, ont précipi- d’autres membres du réseau. Cette diver- teurs français et américains en ont la certi- Ben Laden, le milliardaire d’origine saou- important d’un réseau chargé d’attaquer té les enquêtes en Europe. Les Belges et gence a provoqué la réunion de magistrats tude depuis l’interpellation d’un militant dienne présenté comme le suspect numé- des objectifs américains en France, et dis- les Néerlandais ont choisi d’interpeller, antiterroristes belges, néerlandais, alle- islamiste à Dubaï (Emirats arabes unis), à ro un des attentats de New York et Wash- posant de relais en Europe. sans plus attendre, les suspects, au nom- mands et français, le 17 septembre à la fin du mois de juillet. Né en Algérie et ington. Les informations livrées par Djamel bre desquels figurait Nisar Trabelsi, un Bruxelles, au cours de laquelle MM. Bru- disposant de la double nationalité franco- Begal ont été adressées au mois d’août Tunisien ancien joueur de football en Alle- guière et Ricard ont défendu la position algérienne, cet homme, Djamel Begal, a MISSIONS DE REPÉRAGE aux autorités américaines, belges, néerlan- magne, dont la femme a été interpellée et française, et ont appelé à une meilleure été arrêté à l’aéroport par la police des Les autorités françaises ont pris contact daises et françaises. Les services de rensei- placée en garde à vue, lundi 17 septembre, coopération à l’avenir. Emirats, alors qu’il était en transit entre avec les Emirats pour obtenir le retour gnement des trois pays européens ont aus- à Bastia (Haute-Corse) par la DST, puis Outre-Atlantique, l’arrestation de Dja- deux vols. rapide vers Paris de Djamel Begal – dont sitôt placé sous surveillance une cinquan- relâchée, le 19 septembre. Selon des sour- mel Begal à Dubaï est à l’origine de plu- Les déclarations qu’il a effectuées ont les conditions de rétention à Dubaï appa- taine de suspects. A Paris, des écoutes télé- ces judiciaires belges, des plans de l’ambas- sieurs messages diffusés par le départe- confirmé que des terroristes envisageaient raissent juridiquement incertaines. L’hom- phoniques et des filatures ont attesté la sade américaine à Paris auraient été ment d’Etat – le ministère des affaires de prendre pour cible les intérêts améri- me avait déjà attiré l’attention des servi- réalité de la menace. Plusieurs missions de retrouvés lors de perquisitions. étrangères américain – depuis août, appe- cains en France, et notamment l’ambassa- ces de renseignement français. Identifié repérage autour de bâtiments symboles lant à renforcer les mesures de sécurité de, à Paris ; elles ont entraîné l’ouverture comme un islamiste radical de la mouvan- des Etats-Unis ont été observées, susci- APPEL À UNE MEILLEURE COOPÉRATION autour des représentations diplomati- d’une information judiciaire, le 10 septem- ce salafiste – une tendance fondamentalis- tant l’ouverture de l’information judiciaire A Paris, l’initiative des enquêteurs bel- ques, ambassades et consulats. L’un des bre. Ces découvertes ont aussi provoqué te qui prône le retour aux préceptes origi- du 10 septembre contre X… pour « associa- ges et néerlandais a suscité l’irritation des derniers en date, au début du mois de sep- la série d’arrestations effectuées en Belgi- nels de l’islam –, il a effectué plusieurs tion de malfaiteurs en relation avec une responsables de la lutte antiterroriste, qui tembre, mentionnait explicitement Oussa- que et aux Pays-Bas depuis les attentats séjours dans les camps d’entraînement en entreprise terroriste », confiée aux juges qualifient ces interpellations de « prématu- ma Ben Laden comme la source principale du 11 septembre aux Etats-Unis. Rien ne Afghanistan supervisés par Ben Laden. Le d’instruction Jean-Louis Bruguière et Jean- rées ». Les policiers français auraient préfé- de menaces. relie, pour l’heure, cette piste à l’enquête dernier remonte à environ trois ans. François Ricard – qui ont saisi la direction ré que toutes les surveillances en Europe américaine. Selon des sources françaises, Depuis, il a résidé en Allemagne et en de la surveillance du territoire (DST). soient poursuivies afin d’obtenir davanta- Pascal Ceaux et Fabrice Lhomme La guerre financière contre le terrorisme et les circuits bancaires d’Oussama Ben Laden a commencé LA RIPOSTE militaire américai- ment des réseaux terroristes générés par des propriétés détenues ne aux attentats-suicides du mardi empruntent des voies moins classi- ou contrôlées par Oussama Ben 11 septembre n’est pas encore ques que des comptes bancaires, Laden ou ses proches ». déclenchée mais la guerre financiè- l’étau financier se resserre autour Trois mois plus tard, l’Union re contre le terrorisme a déjà com- d’Oussama Ben Laden et de ses européenne transposait la résolu- mencé. Selon les informations du complices. Le dispositif internatio- tion onusienne dans les textes com- Monde, le département de la jus- nal destiné à assécher le finance- munautaires pour permettre aux tice américain a demandé, mercre- ment d’activités criminelles se met Etats membres d’agir. Le 5 juillet, di 19 septembre, à l’ensemble des en place, comme il avait été instau- elle diffusait à l’ensemble des auto- banques américaines et étrangères ré contre le président yougoslave, rités financières de l’Union euro- de vérifier si l’un des dix-neuf pira- Slobodan Milosevic, dont les comp- péenne la liste des établissements tes ayant participé à l’attaque tes et les actifs avaient été gelés par- ou des individus à surveiller. Une aérienne contre les tours du World tout où ils avaient été découverts. liste de plus de trois cents noms, Trade Center et du Pentagone figu- Dès décembre 2000, le Conseil comprenant, outre Oussama Ben rait ou figure encore parmi leurs Laden lui-même, sa garde rappro- clients. La liste, établie quelques chée et les membres de l’organisa- jours après la tragédie par le FBI et L’OFAC, le très tion Al-Qaida, le gouvernement qui comporte les dates de naissan- des talibans au grand complet, ain- ce et les lieux présumés de résiden- redouté « gendarme » si que les gouverneurs des provin- ce des suspects (Le Monde du ces, le personnel de l’ambassade 17 septembre), « pourrait s’allonger américain des talibans à Islamabad, et des dans les jours qui viennent », ont consulats à Peshawar, Karachi et précisé les autorités américaines. des investissements Quetta. L’Office of Foreign Assets Con- Le conseil des communautés trol (OFAC), le très redouté gendar- étrangers, a dressé la demande également le gel des me américain des investissements comptes de la compagnie aérienne étrangers, qui dépend du départe- liste des huit sociétés afghane à la Citybank à New Delhi ment du Trésor, y a ajouté le nom et la fermeture de l’Agricultural de huit sociétés établies dans des établies dans des pays Development Bank of Afghanistan pays suspectés d’être des bases au Royaume-Uni. De nombreux arrière du milliardaire saoudien : suspectés d’être instituts, organisations humanitai- quatre banques au Soudan – Al res ou sociétés de développement Shamal Islamic Bank, Tadaman des bases arrière au Pakistan, mais également aux Islamic Bank, Dubai Islamic Bank, Pays-Bas et en Turquie, sont placés Faisal Islamic –, la National Compa- du milliardaire sous haute surveillance financière ny for Development and Trade et interdits de transactions bancai- – également soudanaise –, une ban- res et financières. que au Koweït – la Koweit Finance de sécurité des Nations unies avait Ces mesures ont commencé à House –, une à Bahrein – la lancé la chasse internationale aux porter leurs fruits. En France, « plu- Bahrein International Bank –, ainsi talibans et leur protégé, Oussama sieurs dizaines de millions » de que le ministère des affaires socia- Ben Laden. La résolution 1333, francs auraient ainsi été gelés. En les des Emirats arabes unis. adoptée le 19 décembre par Grande-Bretagne, le chancelier de L’OFAC attend des banques occi- 13 voix pour et 2 abstentions (la l’Echiquier, Gordon Brown, a dentales qu’elles recherchent dans Chine et la Malaisie), stipule que annoncé la fermeture, mardi leurs fichiers si des comptes ont été les Etats doivent « fermer immédia- 18 septembre, d’un compte bancai- ouverts ou des transactions opé- tement et complètement les représen- re à la Barclays Bank. La dimension rées « directement ou à travers des tations des talibans sur leurs territoi- financière de la lutte antiterroriste entités offshore » avec l’une ou res ; fermer immédiatement les est désormais au premier rang des l’autre de ces sociétés. La demande bureaux d’Ariana Afghan Airlines ; priorités internationales. Les minis- est faite « à l’échelle mondiale », geler sans délai les fonds et les autres tres des finances des Quinze c’est-à-dire que toutes les filiales actifs financiers d’Oussama Ben devraient examiner au cours du de banques installées dans les pays Laden et des individus et sociétés qui week-end les moyens de renforcer soupçonnés de financer le terroris- lui étaient proches, y compris ceux leur coopération. me sont concernées. appartenant à l’organisation Al-Qai- Même si les sources de finance- da, ainsi que les fonds dérivés ou Babette Stern L’ENQUÊTE ET LA SÉCURITÉ LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 9 Le renforcement de la lutte antiterroriste inquiète les défenseurs des libertés La surveillance accrue des communications Internet figure parmi les mesures en débat au Congrès

WASHINGTON au-delà des 24 heures autorisées par les ». Or, estime-t-elle, il y a lieu de re. La surveillance des communica- de notre correspondant la loi. En vertu de cette directive, s’inquiéter quand on voit qu’un tions téléphoniques et télémati- Le renforcement des moyens de soixante-quinze personnes étaient sénateur républicain a fait adopter ques a ses partisans, en revanche, la police, demandé par le gouverne- détenues, mercredi 19 septembre, à la sauvette, dans la soirée du chez les démocrates. Aujourd’hui ment après les attaques terroristes dans l’enquête sur les attentats, et le 13 septembre, dans un projet bud- professeur de droit, John Podesta, du 11 septembre, inquiète les défen- ministère a indiqué qu’elles le reste- gétaire, l’extension des possibilités secrétaire général de la Maison seurs des libertés. Le ministre de la raient, sans être présentées à un d’écoutes et un vœu demandant à Blanche pendant les trois dernières justice, John Ashcroft, discute avec juge, aussi longtemps que la police M. Bush de proposer la révision de années de la présidence Clinton, le Congrès d’un ensemble de mesu- le jugerait nécessaire. De même, la la loi qui interdit à la CIA, l’Agence s’insurge contre les libertaires du res destinées à adapter les procédu- durée de détention provisoire pour centrale de renseignement, d’opé- Net et les libertariens anti-Etat qui res aux techniques et aux risques les étrangers en situation irrégulière rer sur le territoire national. ont toujours combattu ou déclaré actuels. Il a expliqué que ces réfor- a été portée de 24 à 48 heures. impraticable le contrôle des systè- mes concernent les peines prévues Interrogé sur l’ensemble des mes de cryptage et la surveillance pour toute forme d’assistance mesures présentées au Congrès, le La détention provisoire du courrier électronique dans les apportée à des terroristes – le minis- service de presse du ministère de la conditions prévues pour les écou- tre a fait remarquer qu’elles sont justice refuse de répondre. Laura pour les étrangers tes téléphoniques. Or, l’enquête actuellement inférieures à celles qui Murphy, qui dirige le bureau de semble montrer que le réseau terro- sanctionnent le fait d’aider un trafi- Washington de l’Union américaine en situation irrégulière riste qui a opéré le 11 septembre a quant de drogue –, la lutte contre des libertés civiles (ACLU), s’inquiè- beaucoup utilisé les possibilités de les réseaux financiers ou la possibili- te de ce silence imposé par M. Ash- a été portée communication « invisibles » d’In- té d’espionner les communications. croft, tout en se gardant de s’oppo- ternet pour se coordonner. S’y est ajouté, selon la presse, un ser frontalement au renforcement de 24 à 48 heures Jeudi, les libéraux de gauche, texte permettant le placement en des moyens légaux de lutte contre le dont l’ACLU, et certains liberta- détention d’étrangers sans que la terrorisme, dont la nécessité a été riens de droite devaient faire cause police soit tenue de justifier ces tragiquement démontrée. Le débat est complexe. S’agis- commune contre les mesures mesures en produisant des preuves L’enquête en cours confirme sant des étrangers, les avocats et annoncées par John Ashcroft. Le ou, au moins, des indices d’implica- que les auteurs des attaques du les juristes spécialisés dans les ques- ministre de la justice s’est gardé de tion dans un complot terroriste. Il 11 septembre n’ont pas rencontré tions d’immigration estiment que tout propos polémique, mais on AP n’y aurait de recours qu’en cas d’ex- beaucoup d’obstacles pour les pré- la détention prolongée sans procès sent dans l’aile droite du Parti répu- a NEW YORK. Un habitant new-yorkais en discussion pulsion du territoire. Déjà, une direc- parer et les exécuter. Mme Murphy est une violation évidente de leurs blicain, à laquelle il appartient, la avec la police, mercredi 19 septembre, pour tenter tive de M. Ashcroft, prise dans le explique que l’ACLU entend toute- droits constitutionnels. Hillary Clin- tentation d’accuser les défenseurs d’accéder à son appartement proche du World Trade Center cadre de l’état d’urgence instauré fois veiller à ce que les dispositions ton, sénatrice (démocrate) de New des droits de l’homme d’avoir « dés- et d’y récupérer quelques affaires. par George Bush le 14 septembre, qui seront adoptées garantissent York, paraissait croire, mercredi armé » le pays face au terrorisme. L’accès lui sera refusé car son domicile est situé permet le maintien des suspects « un maximum d’efficacité avec un soir, qu’un accord serait trouvé dans une zone toujours considérée comme dangereuse. étrangers en détention provisoire minimum d’érosion des libertés civi- pour ne pas adopter une telle mesu- Patrick Jarreau L’isolement du cockpit, une des mesures étudiées pour accroître la sûreté aérienne LES ATTENTATS-SUICIDES du se par le ministre canadien des mardi 11 septembre ont mis en évi- transports. Elle est valable pour dence un grand nombre de ques- tous les vols transportant des passa- tions en matière de sûreté aérienne, gers, aussi bien intérieurs qu’inter- qui sont pour l’instant restées sans nationaux. Le ministère des trans- réponses. D’instrument de chanta- ports avait déjà exigé, en mars, que ge, l’avion est devenu une arme et, les portes des postes de pilotage pour lutter contre ce sinistre cons- soient verrouillées pendant un vol tat, la totalité des acteurs concernés en cas de comportement turbulent (autorités de tutelle, aéroports, ou dangereux d’un passager. compagnies aériennes, personnels) sont aujourd’hui obligés de mettre « REPENSER L’ARCHITECTURE » l’accent sur la prévention. Les pilotes ne sont pas convain- En France, les dispositions et l’or- cus de l’efficacité d’une telle déci- ganisation des mesures de sûreté sion. « Ce type de mesure n’est pas relèvent de la Direction générale de complètement satisfaisant, relève l’aviation civile (DGAC), qui dépend Patrick Auguin, porte-parole du Syn- directement du ministère des trans- dicat national des pilotes de ligne ports. La DGAC travaille avec ses (SNPL). Empêcher l’accès au poste homologues étrangères au sein de de pilotage est illusoire : il suffit d’un l’OACI (Organisation internationale bon coup d’épaule dans la porte et de l’aviation civile). Les autorités elle s’ouvre. La conception même de aéroportuaires ne sont qu’un élé- la cabine de pilotage ne permet pas ment du dispositif. « Nous assurons de résister à une agression intérieu- la coordination des différents acteurs re. » En outre, poursuit M. Auguin, mais nous sommes surtout un élément la solution est-elle d’isoler le com- facilitateur de cette coordination mandant de bord du reste de l’équi- entre la police de l’air et des frontiè- page qui a autorité sur l’ensemble res, la direction générale des douanes, de l’appareil ? Une autre solution a la gendarmerie des transports aériens, été avancée, qui consiste à installer les compagnies aériennes et l’autorité des agents de sécurité sur tout ou aéroportuaire », explique Jacques partie des vols ; mais leur statut res- Reder, d’Aéroports de Paris. Le filtra- tera à définir : auront-ils des pou- ge des passagers est assuré par des voirs de police, seront-ils armés ? entreprises privées qui ont reçu Depuis une semaine, Air France l’agrément de la préfecture de police a déjà pris un certain nombre de et du procureur. Les autres contrô- mesures. Des agents de sécurité les sont effectués aux guichets d’em- spécialement entraînés accompa- barquement, où l’on s’assure que le gneront certains vols sensibles de nom inscrit sur le billet correspond la compagnie nationale. Selon nos bien aux papiers d’identité du déten- informations, ces agents seraient teur. La compagnie, en outre, vérifie présents sur tous les vols à destina- que tous les bagages embarqués en tion des Etats-Unis. Ils voyageront soute, après une ultime détection anonymement parmi les autres pour voir s’ils ne contiennent pas passagers. Des « dispositifs techni- d’explosifs, sont bien la propriété ques » pour permettre à la compa- d’un passager. « Mais, paradoxale- gnie de s’assurer très régulière- ment, relève Jacques Reder, toutes ment du déroulement normal du ces mesures ont été appliquées et les vol seront mis en place, a par terroristes qui ont embarqué le 11 sep- ailleurs annoncé le président d’Air tembre aux Etats-Unis ont rempli tou- France, Jean-Cyril Spinetta. Pour tes ces conditions ! » renforcer son dispositif de sûreté à bord de ses appareils, tant pour les EMPÊCHER LA PRISE DE CONTRÔLE vols nationaux qu’internationaux, Dans de telles circonstances, la compagnie a aussi annoncé quels sont les moyens dont dispo- qu’« il sera désormais totalement sent les compagnies aériennes interdit de monter à bord avec un pour faire échec, non plus à des ustensile tranchant, quelle que soit détournements, mais à l’utilisation la longueur de la lame ». Le contrô- de véritables bombes volantes ? La le de l’accès à bord sera accentué « sanctuarisation » du cockpit, au moment de l’embarquement c’est-à-dire sa fermeture et son iso- par la présentation systématique lement du reste des passagers pour- d’une pièce d’identité. Une « coor- rait être une des solutions. Elle dination » entre les nouvelles impliquerait une modification pro- mesures de sûreté devrait être fonde de la définition de la sûreté effectuée en Europe, au niveau des aérienne : il ne s’agirait plus de pro- ministres des transports, et dans le téger les passagers mais d’empê- monde, au niveau de l’OACI. cher la prise de contrôle de l’appa- Pour M. Auguin, ces mesures, pri- reil et son utilisation comme arme ses à la hâte, sont loin d’être satis- de destruction. Aux Etats-Unis, la faisantes : « Il faut impérativement HORS-SÉRIE - 40 F - 148 PAGES porte d’accès est verrouillée et le qu’il y ait une réflexion plus en pro- steward appelle le pilote pour qu’il fondeur et, pourquoi pas, repenser lui ouvre la porte. Depuis le début l’architecture intérieure de la cabine de la semaine, cette mesure est avec les constructeurs », plaide-t-il. appliquée sur tous les avions cana- diens, à la suite d’une décision pri- François Bostnavaron 10 / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 HORIZONS RÉCIT

Sur le tarmac de l’aéroport d’Alger, Carlos (avec une casquette, au centre) discutant avec Abdelaziz Bouteflika, alors ministre algérien des affaires étrangères.

N ce dernier diman- che d’avant fête, le 21 décembre 1975, un vent glacé balaye Vienne. Le Ring, vaste avenue qui encercle le cen- tre historique, est recouvert de neige gelée. Sur l’esplanade de l’hôtel de Eville, les baraques du marché de Noël ouvriront bientôt leurs battants de bois, débordant de guirlandes, de pantins et de friandi- ses. A 500 mètres de là, le siège de l’OPEP occupe deux modestes éta- ges dans un immeuble anonyme ; il est encore désert. Nourredine Aït Laoussine fait un jogging mati- nal avec son patron, Sid Ahmed Ghozali, président de la Sona- trach, la compagnie pétrolière algé- rienne. Ils ont veillé tard, pour peaufiner un solide document tech- nique, relié de bleu, qu’ils comp- tent distribuer aux treize membres du cartel. L’Organisation des pays exporta- teurs de pétrole est sortie de l’ano- nymat deux ans auparavant, le 16 octobre 1973, lorsque les pays pétroliers, en pleine guerre du Kip- pour, ont décidé d’augmenter bru- talement leurs prix, déclenchant une crise économique mondiale. C’est peu dire que l’OPEP a mau- vaise presse. En Occident, ce pre- NIK WHEELER/SIPA PRESS mier « choc » a créé une psychose. Ailleurs, les pétromonarchies, tel- les l’Arabie saoudite et l’Iran, pas- sent pour des nouveaux riches, prêts à s’entendre avec les Etats- Unis et leurs compagnies sur le dos du tiers-monde. Partout, la con- sommation a baissé et, déjà, les premières tensions apparaissent au sein du groupe. La veille, l’Irak a été accusé de pratiquer des rabais. Les Algériens s’apprêtent à Vienne, 1975 : « Je suis Carlos ! » le démontrer. Dès 10 heures, ils distribuent leur livre bleu aux délégations qui sent en trois groupes : contre les le DC9 se repose donc à Alger. Cet- s’installent par ordre alphabétique fenêtres sont rangés les « amis » Le 21 décembre 1975, le terroriste Carlos, te fois, le gouvernement algérien a derrière les tables placées en rec- (Algérie, Libye, Irak et Koweït), en les cartes en main. Les pilotes sont tangle. Le ministre algérien, Belaïd face, les « neutres » (Venezuela, à la tête d’un commando de cinq extrémistes, trop fatigués pour reprendre la rou- Abdesselam, prend longuement à Nigeria, Gabon, Indonésie et Equa- te. De guerre lasse, Carlos accepte partie son homologue irakien. En teur), et au milieu, entre les tables, prend en otage toute l’Organisation de libérer les neuf derniers otages. bas, dans le hall, une poignée de les « ennemis » (Arabie saoudite, M. Bouteflika parvient in extremis journalistes bat la semelle. L’at- Iran, Emirats arabes unis et Qatar). des pays exportateurs de pétrole (OPEP) : à le persuader de ne pas exécuter mosphère est décontractée. Ils cherchent Zaki Yamani, le célè- les ministres saoudien et iranien, L’OPEP dérange, mais n’est pas bre ministre saoudien, le dé- soixante-dix personnes dont onze ministres. cibles ultimes du commando. A encore la vedette qu’elle deviendra couvrent sous une table et le 7 h 30, mardi 23 décembre 1975, après le second « choc » de poussent au centre de la pièce, ter- Un coup de filet audacieux qui se terminera tous descendent de l’avion, indem- 1979-1980. La sécurité se limite à rorisé. « J’étais persuadé que j’allais nes. Les membres du commando quatre agents présents dans l’im- mourir et je commençais à réciter à Alger, trois jours plus tard s’évanouissent dans la nature. meuble. Sur le Ring désert, un quelques versets du Coran », racon- tramway s’arrête. Cinq hommes et tera-t-il. De fait, il est, avec Jam- NIS NACCACHE révélera une femme en descendent, char- chid Amouzegar, ministre de l’inté- refusent les négociations de paix apprendra aussi que, derrière Car- conditions. Aussitôt, l’atmosphère que la vie de MM. Yamani et gés de sacs de sport, et pénètrent rieur iranien, la principale cible de avec Israël et la politique dite des los, le véritable patron de l’opéra- se détend. AAmouzegar a été achetée au tranquillement dans le bâtiment, l’attentat. « petits pas » d’Henry Kissinger. tion était Wadi Haddad, cofonda- Carlos, volubile, se promène, prix de 10 millions de dollars. Qui salués par le policier en faction. Ils Un superbe coup de filet : soi- La lecture finie, le chef terroriste teur du FPLP avec Georges Haba- raconte sa vie et ses aventures, a payé ? Mystère. De même, on demandent poliment aux journalis- xante-dix personnes, dont onze prévient : si ce texte n’est pas lu, che, décédé dans les années 1980 allant jusqu’à signer des autogra- ignorera toujours quel pays a tes où se déroule la réunion, et ministres – ceux des Emirats ara- d’abord en Autriche, puis dans tou- en Irak. phes, et confiant au ministre véné- commandité l’attentat. Pourtant, grimpent l’escalier. bes unis et du Qatar étant repartis tes les capitales arabes, ils exécute- A l’époque, les contours de la zuélien une lettre pour sa mère ! les terroristes arrêtés seront for- Il est 11 h 15. Dans la salle de réu- la veille. Tout l’OPEP, les stars de ront un par un les otages, en com- nébuleuse terroriste sont encore On fait monter la collation prévue mels : un Etat membre de l’OPEP nion bondée, le ministre irakien la scène pétrolière comme la moin- mençant par le numéro deux de la flous et le doute persistera long- par l’OPEP à l’hôtel Intercontinen- les a aidés et financés. Irak ? s’apprête à se justifier lorsque des dre secrétaire, est à la merci de délégation saoudienne, puis celui temps sur Carlos, certains témoins tal le soir même. « C’est la grande Libye ? Leurs témoignages se coups de feu éclatent. « Un homme cinq jeunes terroristes, de plus en de l’Iran, des Emirats arabes unis, hésitant à le reconnaître dans bouffe ! », s’amuse un délégué algé- contredisent. « Comme pour l’assa- est entré en tirant en l’air. Tout le plus nerveux à mesure que l’étau etc. « Mais qui êtes-vous donc ? », l’homme barbu, bien habillé et rien. La fatigue aidant, certains ssinat de Kennedy ou celui de Bou- monde s’est couché en essayant de policier se resserre. « Après l’atta- lance le ministre iranien. Pendant hâbleur, qui prend plaisir à terrori- s’étendent et s’endorment. A 7 heu- dhiaf, on ne saura jamais ! », soupi- se couvrir comme il pouvait. Les que, ils ont décidé de faire sauter quelques secondes, un lourd si- ser ses victimes. « C’était un simple res du matin, lundi 22 décembre, re Nourredine Aït Laoussine, qui livres bleus de la délégation algérien- l’immeuble. Le chef a ordonné à lence s’abat sur la salle. Puis, dans terroriste, qui voulait jouer les Robin l’autocar est devant l’immeuble. deviendra, longtemps plus tard, ne volaient partout », se souvient l’un de ses comparses, un petit Pales- un rire, l’autre répond : « Je suis des Bois, juge, avec le recul, Nourre- Les terroristes n’emmènent ministre algérien du pétrole. Nourredine Aït Laoussine. Vingt- tinien maigrichon, de disposer les Carlos ! » dine Aït Laoussine. Il était venu qu’une quarantaine d’otages : les Les négociateurs, Autriche et six ans ont passé, mais ces premiè- explosifs dans la salle, raconte Aït A peine connue, la nouvelle pour diviser, pour donner des leçons treize chefs de délégation, accom- Algérie, ont réussi à éviter le pire. res minutes de terreur, il ne les Laoussine. La panique était totale. enflamme l’opinion. Illich Ramirez pagnés de deux personnes de leur Trois victimes, sur soixante-dix ota- oubliera jamais. « Nous ne savions Un responsable de l’information Sanchez, alias Carlos, Vénézuélien choix. Nourredine Aït Laoussine ges, c’était une victoire. Mais enco- pas qui ils étaient, nous avons tous s’est mis à hurler : “Je ne veux pas de vingt-six ans, membre du Front « Carlos, je veux est libéré avec la moitié des délé- re trop pour une action d’éclat qui, cru que nous n’en sortirions pas. Un mourir !” Moi, sans même m’en populaire de libération de la Pales- gués et tous les membres du secré- avec le recul, apparaît dérisoire. délégué libyen, assis dos à la porte, rendre compte, je me protégeais der- tine (FPLP), est l’un des terroristes te parler. tariat. Pour lui, l’épreuve est finie. « Je ne peux pas mettre le doigt sur s’est retourné et, par réflexe, a sauté rière un Saoudien particulièrement les plus recherchés du monde. Il Pour les quarante otages res- une seule incidence, hormis la mise sur le chef de la bande. Il a été la corpulent ! » s’est déjà illustré à Paris, lors de – Eh bien ! Parle ! » tant, elle durera encore une jour- en place par la suite de moyens de première victime. » l’attentat commis contre le Drugs- née et une nuit. Car l’avion qui se sécurité exorbitants », note M. Aït L’attaque surprise menace de E chef s’adresse alors, en ara- tore Saint-Germain, puis en tuant pose à Alger à 11 h 35 n’a pas fini Laoussine. « Ça n’a servi qu’à ren- tourner au carnage. La jeune terro- be, à ses prisonniers. Son deux policiers français rue Toul- de morale. » Car Carlos invective, son périple. Les autorités algérien- forcer les inimitiés au sein de riste tue un détective autrichien Lcommando agit, dit-il, au lier, dans le Quartier latin. Arrêté menace le ministre iranien, qui, nes ont beau promettre l’impunité l’OPEP », estime Pierre Terzian, qui tentait de fuir vers l’ascenseur. nom du Bras de la révolution ara- dix-neuf ans plus tard, en 1994, en hautain, refuse de répondre, puis aux terroristes, par l’intermédiaire directeur de Pétrostratégies et Le standard est pulvérisé d’une be, organisation jusque-là incon- France, il révélera le nom de son son homologue saoudien, lequel du ministre des affaires étrangè- auteur de L’Etonnante Histoire de rafale de mitraillette. Un garde du nue. Il exige la diffusion sur les bras droit : Anis Naccache – empri- tente de prendre le terroriste à res, Abdelaziz Bouteflika, Carlos l’OPEP (éditions Jeune Afrique, corps irakien tente de s’interposer radios d’une « déclaration poli- sonné en France de 1980 à 1990 part – « Carlos, je veux te parler » –, reste intraitable. Il accepte tout 1983). Reste l’impact médiatique. et est à son tour abattu de six bal- tique » de six pages, rédigée en pour la tentative d’assassinat de et se fait rembarrer : « Eh bien ! juste de libérer les otages non ara- Il fut énorme. « Il y a maintenant les de pistolet. Ramené de force français, que le président de la l’ex-premier ministre iranien Cha- Parle ! » bes – à l’exception des Iraniens. A une quinzaine d’années que le pre- dans la salle de conférence, un Sonatrach est prié de lire à haute pour Bakhtiar, puis gracié et ren- Le seul interlocuteur admis par 17 heures, l’avion repart pour Tri- mier avion fut détourné sur Cuba, employé du secrétariat de l’OPEP voix. Le texte précise que cette voyé en Iran –, ainsi que celui de le commando est le ministre algé- poli. Dans l’esprit des terroristes, il écrivait le chercheur Michel Schnei- est blessé à l’épaule. Dehors règne « action d’information et de contes- deux autres comparses : Gabrielle rien, M. Abdesselam. Après deux s’agit d’une simple escale, avant de der dans Le Monde du 24 décem- un désordre indescriptible. La tation » est dirigée contre « l’allian- Tiedeman, dite Nada, décédée en heures de discussion, il obtient rejoindre Bagdad, et peut-être bre 1975. Aujourd’hui, de telles police, prévenue par les journalis- ce entre l’impérialisme américain et 1995 d’un cancer, et Hans-Joachim que des tractations s’engagent Aden, leur destination finale. Mais actions ne surprennent plus le tes, boucle le quartier. Un policier les forces réactionnaires et capitular- Klein, tous deux membres de avec les autorités autrichiennes, le projet achoppe, officiellement public. Le phénomène d’accoutu- essaye de pénétrer dans l’immeu- des arabes » ; il attaque pêle-mêle réseaux extrémistes allemands. par son intermédiaire et celui d’un sur des questions techniques. mance progressive entre en jeu. ble ; atteint au ventre, il parvient à Israël et l’OLP (Organisation de Klein, après s’être repenti dans un chargé d’affaires de l’ambassade Après des heures d’attente éprou- C’est donc l’escalade. » La suite toucher l’un des terroristes. Tous libération de la Palestine), accusée livre préfacé par Daniel Cohn-Ben- d’Irak. Les extrémistes réclament vantes pour les otages comme allait tristement lui donner raison. deux perdent abondamment leur d’être « trop conservatrice », ainsi dit, sera arrêté en 1998, puis jugé un autocar pour le lendemain, à pour les terroristes, épuisés, Car- sang et sont évacués. Le chancelier que l’Iran, « instrument actif de l’im- en Allemagne et condamné à neuf 7 heures, ainsi qu’un DC9 qui les los perd son sang-froid, et décide Véronique Maurus Kreisky regagne à la hâte la périalisme », et qualifie Anouar ans de réclusion. Reste deux mem- attendra à l’aéroport, prêt au de repartir pour Alger, libérant capitale. el-Sadate de « traître ». Bref, les bres du commando restés à ce jour décollage, avec leur camarade encore une dizaine d’otages, Dans la salle de réunion, les ter- thèses présentées sont celles du impunis, le « maigrichon » Palesti- blessé. A 17 h 20, leur texte est lu à dont… le ministre algérien, oublié PROCHAIN ARTICLE roristes contraignent les otages à « front de refus » palestinien, nien jongleur d’explosifs, et un la radio. Le gouvernement autri- alors qu’il négociait avec Khadafi ! Entebbé, 1976 : des avions se relever, un par un, et les clas- c’est-à-dire les organisations qui militant libanais du FPLP. On chien annonce qu’il accepte leurs Le mardi 23 décembre, à 3 h 30, israéliens se posent en secret LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 11

AFTER THE ATTACK Bush’s Foreign Policy Team Splits Over Where and When to Retaliate basic clash of roles: Mr. Powell has ney seemed to ally himself with Mr. eyes in a completely new light.’’ By PATRICK E. TYLER before him the work of coalition build- Powell’s view when he said in a tele- One account of last weekend’s pri- and ELAINE SCIOLINO Powell fears a wider ing with allies who will take significant vised interview that the administration vate discussion indicated that a tense risks to support the United States. does not have any evidence linking exchange occurred when Mr. Wolfow- WASHINGTON, Sept. 19 — The Bush campaign may provoke The Pentagon, on the other hand, is Saddam Hussein to the terror attacks. itz made the case for a broad cam- administration is struggling with its surveying a host of unattractive mili- Even Defense Secretary Donald H. paign, including the bombing of tar- first high-level internal conflicts over more animosity. tary options as officials seek to fulfill Rumsfeld was said to have joined the gets in Iraq. Mr. Powell said attacking the scope and timing of its military re- public expectations to strike back consensus position of leaving Iraq and Iraq would ‘‘wreck’’ the coalition. sponse to last week’s attack on the Unit- quickly, decisively and victoriously. other targets out of the initial plans for Mr. Wolfowitz has been more ‘‘con- ed States, administration officials said. power’’ even if he cannot be linked to The conflict emerged as President military action. cerned about bombing Iraq than Some senior administration officials, last week’s attacks. Bush and his advisers watched with But Mr. Wolfowitz, the Pentagon’s bombing Afghanistan,’’ said one sen- led by Paul D. Wolfowitz, deputy secre- In response to these efforts, Secre- anxiety Wednesday as Pakistan’s lead- influential deputy secretary, is a con- ior administration official, and ‘‘the tary of defense, and I. Lewis Libby, tary of State Colin L. Powell argued er, Gen. Pervez Musharraf, told his peo- servative who has frequently clashed emphasis on Iraq has interfered with chief of staff to Vice President Dick during weekend meetings with Mr. ple that Pakistan should open its ports with Mr. Powell and the State Depart- our ability to come to a decision on Cheney, are pressing for the earliest Bush that the administration must and skies to American military forces. ment. He has pressed for a military more immediate steps.’’ and broadest military campaign take the time to prepare the diplomat- ‘‘A lot of us are worried that he may campaign that would not only punish On Monday, Mr. Powell betrayed his against not only the Osama bin Laden ic groundwork for American military not survive politically,’’ said one offici- Mr. Hussein for his historic support for own impatience with Mr. Wolfowitz’s network in Afghanistan, but also action by consulting with allies and al. Pakistan’s Islamic opposition has terrorism, but would eliminate the assertion — later retracted — that the against other suspected terrorist bases making a case that will justify Amer- called a general strike for Friday that danger he represents from his quest to administration was committed to ‘‘end- in Iraq and in Lebanon’s Bekka Valley. ican actions under international law. will test the general’s hold on power. acquire weapons of mass destruction. ing states’’ that supported terrorism. These officials are seeking to in- ‘‘We can’t solve everything in one During weekend meetings, Mr. Pow- At the Pentagon Wednesday, Mr. ‘‘We’re after ending terrorism,’’ clude Iraq on the target list with the blow,’’ said an administration official ell was said to have urged caution. He Wolfowitz was asked if he felt there said Mr. Powell when asked about Mr. aim of toppling President Saddam who has sided with Mr. Powell. argued that a broad military cam- was an Iraqi connection to the attacks. Wolfowitz’s formulation. ‘‘And if there Hussein, a step long advocated by con- The shock of last Tuesday’s attacks paign, especially including operations ‘‘I think the president made it very are states and regimes, nations, that servatives who support Mr. Bush. A and the magnitude of the challenge of against Iraq — whose civilian popula- clear today that this is about more support terrorism, we hope to per- number of conservatives circulated a fashioning a response has, in some tion attracts great sympathy in the than just one organization, it’s about suade them that it is in their interest to new letter Wednesday calling on the ways, united and galvanized the Bush Middle East — would undermine the more than just one event,’’ he said. stop doing that. But I think ‘ending ter- president to ‘‘make a determined ef- national security team. In part, the international support Mr. Bush needs. ‘‘And I think everyone has got to look rorism’ is where I would leave it and fort to remove Saddam Hussein from tension in Washington stems from the On Sunday, Vice President Dick Che- at this problem with completely new let Mr. Wolfowitz speak for himself.’’ Tiny Country Suffers Heavy Toll

They were from the same rural vil- lage in Guyana, without electricity, telephones, or buildings higher than two stories. But aspiration and global markets put them both inside New York City’s tallest towers at the mo- ment when terrorism struck America. Parssar Nandan, 59, was a village schoolmaster turned $6-an-hour mes- senger. He had just entered an el- evator on the 78th floor of Tower 1. Amenia Ishack Rasool, 33, was a cattle farmer’s daughter turned accountant. She had kissed her husband and four children in Queens that morning, and PHOTOGRAPHS BY EDWARD KEATING/The New York Times was already at work on the 95th floor. Ashes to Ashes, Mr. Nandan had a harrowing escape Dust to Dust with the help of strangers. He is one of 19 survivors in a burn center at a New An apartment overlook- York hospital. Ms. Rasool is one of 19 ing the the World Trade Guyanese known to be among the Center had its windows missing thousands. blown out in the attack. ‘‘I feel lucky that I am out and with a The residents were not chance to live,’’ said Mr. Nandan, home at the time, and whose burns cover 39 percent of his have not returned to it body. But his heart is sore over the loss — especially the young woman from yet, but their belongings, his own village, who would greet him including a tea set, are when they passed each other in a sky- now coated with dust. scraper so far from home. Other people who lived More Guyanese now live in New nearby were allowed to York and Toronto than in Guyana, pop- return home Wednesday. ulation 700,000. Dozens gather nightly to comfort Ms. Rasool’s family. Her husband, Sadiq, a city accountant, holds their 10-month-old baby tightly All Is Changed, but New Yorkers Return to Business as Usual in his arms when he tells of helplessly watching his wife’s office burn on tele- of the old and the reality of the new. new and quite special. customer who had been, until last week, vision. The other children, 3, 6, and 8, By KIRK JOHNSON ‘‘I’m concentrating on getting to Gloria Mendelbaum, a retired New mostly the subject of jokes. One day a lean close. work on time, and last night my kids York City public school English teach- week, like clockwork, she would come ‘‘They keep asking,’’ he said the oth- Tony Muzi, a 42-year-old accountant did their homework — for right now, er, said she had ‘‘taken some solace into the store and buy exactly $1.50 er night, ‘‘ ‘When is Mommy coming at the HBO cable TV network, went for that’s enough,’’ said Alex Ander, 36, a from Mozart — his Requiem.’’ Ms. worth of mussels — no other purchase home?’ ’’ NINA BERNSTEIN a run on his lunch hour this week. A security guard who lives with his fam- Mendelbaum, 69, said she had tried and never more than $1.50. No one man named Mark ate a salad in Bry- ily in Queens. Verdi’s Requiem as well, but somehow asked about her life, or cared, he said. Stuck Where It Belongs ant Park. Jim DeLorme, an auto me- Some people, like Mr. Muzi, are look- the Verdi was too intense to bear. This week, she came in again and He rests on bended knee, one hand chanic and amateur artist from New ing for turning points within them- Jordy Rosenhek, 25, a salesman for bought her mussels, but this time, she resting on a helmet, the other touching Jersey, came into New York to sketch selves. Others are seeking it in con- a wholesale and retail seafood supply told Mr. Rosenhek about her life, and his forehead in prayer. on his day off. tacts with their fellow New Yorkers. company, said he saw hope in the num- how she had worked at 7 World Trade The bronze statue of a firefighter Insignificant things, perhaps, espe- Mark, the Bryant Park salad man, ber of strangers who were sponta- Center, and how she had made it out. grieving for fallen comrades sat on a cially under the dark shadow cast by who declined to give his last name, neously striking up conversations. Dennis McFall, for the first time in truck bed on Eighth Avenue and 44th the attacks on New York and Washing- said that in the world before the at- ‘‘People are looking to each other — many years, was writing a song lyric Street Wednesday. Passersby stopped. ton. But in a city and a nation where tacks, he ate a salad nearly every day they’re looking to see if it’s all right,’’ on the steps of the New York Public Li- The candles of an impromptu memori- millions of people are trying to find the in the park and never thought about it he said. brary. A former musician, Mr. Mc- al flickered. It was destined for the rhythm of life again after the shock of at all; but now, he said, it felt entirely Mr. Rosenhek described an eccentric Fall, 40, was working on the 85th floor Firefighters Association of Missouri, last week, tiny moments like these — of 2 World Trade Center for a law firm as the capstone of a memorial there. each marking the resumption of life, when the attacks came. Five co-work- But the Missourians and the statue’s interrupted — are also powerful. ers in the 120-person firm were lost. maker, in Pittsburgh, want to give it to ‘‘You’ve got to start somewhere,’’ Mr. ‘‘I just started writing a couple New York. Right now, they say, New Muzi said as he stretched for his run. things down, verses, expressing what I York has a greater need. There is no simple answer to the feel,’’ he said. ‘‘It lets it out a little bit.’’ The statue, which has been four question of how New Yorkers will find And then there are the parents who years in the making, arrived at Ken- their way back to the small joys of life. have been driven back out into the nedy Airport on Sept. 9 from the com- Many people share the sense that nor- world by their children. pany’s foundry in Parma, Italy, said mal patterns might not return at all. Diane Miller, a psychologist who David J. DeCarlo, president of the Some people who did not lose a friend, lives in Manhattan, said that if not for manufacturing company, Matthews a spouse or a job feel guilty for laugh- her 3-year-old son, Jonathan, she would International. Last Thursday, Mr. De- ing too loud in public or enjoying a cool be ‘‘a wreck.’’ Shielding him from the Carlo said he asked about the statue’s night on the cusp of fall. Some feel horror of what has happened, she said, location in passing. Later that night, ‘‘I shame for whatever it was about means acting as if things are normal. just kept hearing my plant manager America that would fuel the murder- So on Monday, mother and son went saying it was stuck in New York,’’ he ous hatred of the attacks. to F.A.O. Schwarz, the huge toy store said. ‘‘I said to myself, ‘That’s an But there is also a hesitant effort to on Fifth Avenue, even though Dr. omen, and it should be in New York.’ ’’ find the turning points, routines that Miller said she quavered just going A Parks Department spokeswoman once seemed insignifcant but might past Trump Tower, because all tall said officials would consult with the now allow the first steps beyond buildings now fill her with dread. Fire Department about where to put it. mourning. In dozens of interviews Ruth Fremson/The New York Times ‘‘If it wasn’t for him I’d be hiding in Matthews will have another statue across the city, people talked about New Yorkers are struggling to regain a sense of normalcy in the wake of my room with my survival kit,’’ she cast for the Missouri firefighters. small things that capture a continuity last week’s terrorist attacks. Two children ran across the Brooklyn Bridge. said. DANIEL J. WAKIN 12 / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 HORIZONS-DÉBATS

Non, ce n’est pas la guerre ! par Alain Pellet ÈS sa première appari- « épouvantables attaques terroristes me défense pourrait s’exercer. légitime s’agissant du Kosovo ne le le ne saurait prendre la forme de la seconde guerre mondiale com- tion publique après les qui ont eu lieu le 11 septembre 2001 « l’ennemi » s’avance masqué. serait pas dans la situation actuel- frappes aveugles et meurtrières. me le Pacte atlantique l’a été en rai- attentats du 11 septem- à New York, Washington (DC) et en On invoque le traité de l’Atlanti- le : on savait que le Conseil était C’est l’honneur des démocraties son de la guerre froide. Même les Dbre, George W. Bush a Pennsylvanie », pour reprendre les que Nord, dont l’article 5 fonderait paralysé par la faute de la Chine et de ne pas pratiquer la loi du talion traités destinés à lutter contre le préparé les opinions publiques à termes de la résolution 1368 adop- l’OTAN à intervenir aux côtés des de la Russie. Ce n’est pas le cas. Et et d’opposer la justice à la haine. terrorisme aérien (la seule branche une riposte musclée contre tée dès le lendemain par le Conseil Américains. Mais, ici encore, con- il s’agissait bien de mettre le holà Bombarder Kaboul ou Kandahar du droit antiterroriste qui soit à l’« ennemi sans visage » qui a si de sécurité ne sont ni une « agres- tre qui ? Et à quelles conditions ? aux agissements criminels d’un au prix de milliers de morts parmi peu près complète) ou le tout douloureusement frappé l’Améri- sion », au sens juridique du mot, ni En admettant même que l’auteur Etat, la Yougoslavie de Milosevic. ceux qui sont, déjà, les victimes récent Statut de Rome créant la que et forgé le slogan très « por- des crimes de guerre. Au mieux – ou les auteurs – de cette « atta- Ce n’est pas non plus le cas. des talibans, et même tuer, sans Cour pénale internationale sont teur » : « Nous sommes en pourrait-on les qualifier de crimes jugement, des coupables présumés des instruments du XXe siècle. guerre. » C’était politiquement légi- contre l’humanité dans l’acception mieux ciblés, c’est multiplier les L’horreur des attentats du time. Mais c’était aussi juridique- que leur donne l’article 7 du statut On ne répond pas au terrorisme « martyrs » ; c’est enclencher la spi- 11 septembre pourrait et devrait ment faux et lourd de dangers de la Cour pénale internationale rale de la haine ; c’est nous renier conduire à adopter, rapidement, pour un avenir proche que l’on – mais celui-ci n’est pas entré en par la terreur. Il serait désastreux nous-mêmes. des instruments adaptés aux nou- voit se préciser. vigueur. Les Etats-Unis, d’ailleurs, Ce n’est pas la guerre. Et la velles menaces qui planent sur le Car ce n’est pas la guerre qui sup- le rejettent catégoriquement. qu’au nom de nos valeurs guerre n’est sûrement pas la bon- monde. Même du pire un mieux pose un conflit armé entre des Tout au plus peut-on voir dans ne riposte à cette « non-guerre ». peut sortir. Les grandes avancées adversaires sinon identifiés, du ces actes une « menace à la paix et on utilise les moyens de l’adversaire Mais force est de constater que du droit sont toujours le fruit de moins identifiables, auxquels puis- à la sécurité internationales », com- nous sommes bien désarmés pour crises majeures. Et l’écroulement sent s’appliquer les « lois et coutu- me les a qualifiés la résolution du réagir. Parce qu’il est difficile de poignant des Twin Towers pour- mes de la guerre » – le vieux et tou- Conseil de sécurité du 12 septem- que armée » (c’est l’expression Mais il y a autre chose. On ne savoir contre qui riposter, mais aus- rait offrir l’opportunité, dramati- jours précieux « droit de La Haye » bre qui va jusqu’à considérer qu’ils qu’utilise cette disposition) puis- répond pas au terrorisme par la ter- si parce que le droit international que, de commencer à bâtir le droit – et le « droit humanitaire des se prêtent à l’exercice du « droit sent être identifiés, l’utilisation de reur. On peut comprendre le en vigueur n’est pas adapté à la international du XXIe siècle. conflits armés » –le« droit de Genè- inhérent de légitime défense indivi- la force armée doit faire l’objet réflexe de vengeance des Etats- nouvelle dimension et aux nouvel- ve », principalement les Conven- duelle ou collective conformément à d’une autorisation du Conseil de Unis. Mais comprendre n’est pas les formes prises par le terrorisme tions de la Croix-Rouge de 1949 et la Charte », dont cette constata- sécurité, que celui-ci n’a pas approuver. Et il serait désastreux international. Alain Pellet est membre et les Protocoles de 1977. C’est autre tion constitue une interprétation – encore ? – donnée. qu’au nom de nos valeurs on utili- Les juristes sont comme les cara- ancien président de la Commission chose, à quoi notre arsenal juridi- large mais acceptable. A condition On peut espérer que, cette fois, se les moyens de l’adversaire biniers – toujours en retard d’une du droit international des Nations que est particulièrement inadapté. toutefois que l’on sache par quels les Etats-Unis et leurs alliés ne le hideux. La soi-disant croisade pour « guerre ». La Charte des Nations unies, professeur à l’université Ce n’est pas la guerre, et les moyens et contre qui cette légiti- court-circuiteront pas. Ce qui était « le Bien » à laquelle on nous appel- unies a été conçue en fonction de Paris-X Nanterre.

Mondialisation, antimondialisation : à revoir par Philippe Chalmin OURRA-T-ON demain accessible à tous, beaucoup plus née, on peut récolter la tempête… et Fallait-il ainsi attendre un tel événe- mer aux dirigeants de ce monde, les contestataires voudraient couler parler de mondialisation qu’une taxe Tobin dont l’auteur, quelle tempête ! L’amalgame est ment pour découvrir le scandale aux politiques, de prendre enfin le navire ou, pis, le rendre encore et, a fortiori, d’antimon- d’ailleurs, ne reconnaît plus son bien sûr excessif ! Mais il y a dans le que représentent les paradis fiscaux leurs responsabilités. En cédant à plus ingouvernable. Ce faisant, Pdialisation, comme avant, bébé. Convenons aussi que cette passé tant de belles histoires de et leur opacité financière propice à une certaine confiance béate dans qu’ils le veuillent ou non, ils font le avec les mêmes arguments, sans contestation, positive à l’origine et manipulation (qui ne se souvient tous les trafics ? Si une « frappe la « nouvelle économie » et les jeu de ceux qui ne rêvent que de cha- que les attentats du 11 septembre véhiculant des thèmes importants des intellectuels pacifistes des éclair » apparaît nécessaire, c’est conséquences positives des dérégu- os et de destruction. nous amènent à modifier à la fois la pour l’avenir de l’humanité, insuffi- appels de Stockholm et de Pleyel aussi vers les Bahamas, Jersey ou le lations et de la liberté des échan- Le rôle de la contestation dans forme et le fond de ce débat ? Cela samment pris en compte jusque-là, manipulés par l’URSS stalinienne) Liechtenstein qu’il faut la diriger. toute démocratie est de pousser le paraît bien difficile et, franche- comme l’environnement, la transpa- que l’on ne saurait être trop Quant aux racines du fondamen- politique à se dépasser. Une occa- ment, peu souhaitable. rence financière ou la sécurité ali- méfiant. talisme religieux, ne se trouvent- Si une sion va bientôt se présenter pour Sur la forme, tout d’abord. Les mentaire, s’est rapidement enlisée La contestation pacifique et elles pas dans les échecs du dévelop- adopter cette démarche positive. contestataires de la mondialisation dans un rejet de plus en plus systé- constructive est le privilège des pement économique, dans le nivel- « frappe-éclair » Début novembre devait se tenir à devraient honnêtement admettre matique et violent de toute forme démocraties. Attention à ne pas fai- lement des classes moyennes émer- Doha (Qatar) la conférence ministé- que leur remise en cause du « néoli- d’économie de marché. re le jeu des totalitarismes de tout gentes au fil de crises que la seule apparaît nécessaire, rielle de l’OMC. Plutôt que de rêver béralisme dominant » s’est bien La montée de la violence lors des poil – qu’ils soient religieux, idéolo- « potion de Washington » (FMI et de détruire cette institution, qui souvent, au stade de la vulgarisa- derniers sommets internationaux giques ou militaires – en faisant Banque mondiale) n’a pas permis c’est aussi vers commence à faire preuve de son tion, confondu avec un antiamérica- (Nice, Göteborg, Gênes) a quand preuve de violence et d’intolérance. d’éradiquer. De ce point de vue, la efficacité (même lorsqu’elle s’exerce nisme primaire. C’était là, bien sûr, même de quoi laisser rêveur. On Mais c’est surtout sur le fond du situation actuelle d’un pays comme les Bahamas, Jersey à l’encontre des producteurs de l’image la plus facile, celle qui fai- pourrait même songer à quelque débat que les choses doivent chan- la Turquie est éclairante : ce sont Roquefort…), ne faut-il pas au con- sait mouche à coup sûr, surtout en manipulation des milieux les plus ger et que devraient peu à peu s’im- les déçus du décollage turc que l’on ou le Liechtenstein traire la renforcer et proposer un Europe, et en particulier en France, extrémistes : un mouvement inter- poser de véritables convergences. risque de retrouver dans les rangs Millenium Round à la fois court mais aussi dans de nombreux pays national voudrait en tout cas désta- Sur nombre de points, en effet, la cri- de l’islamisme le plus radical, com- qu’il faut la diriger dans le temps et global dans ses arabes. biliser l’Occident qu’il ne s’y pren- tique de la mondialisation est juste, me on y trouve déjà les exclus d’Al- objectifs, en profitant justement de La symbolique du McDo ou des drait pas d’une autre manière. A et les attentats du 11 septembre ont gérie, des Philippines et, bien sûr, la vague de solidarité qui saisit le semences Monsanto est, en effet, semer le vent de manière désordon- bien mis en évidence les faiblesses. de Palestine. Efficace certes, la ges, n’ont-ils pas abdiqué leur monde ? « main invisible du marché » est devoir de politique au sens propre Plutôt que de détruire, n’est-il pas bien maladroite lorsqu’il s’agit de du mot ? temps de construire ? Mais atten- ménager des transitions économi- Depuis quelque temps, le monde tion, si ce message d’espoir n’est pas ques plus harmonieuses. ressemblait par trop à un bateau entendu, au retour des barbares… Sur ce point – et bien d’autres –, ivre qu’une sorte de divine providen- la carence de gouvernance mondia- ce entraînait, croyait-on, vers les le est patente, et adversaires com- rivages verdoyants du bonheur éco- Philippe Chalmin enseigne me partisans de la mondialisation nomique. En s’alarmant des récifs les finances internationales à l’uni- devraient se retrouver pour récla- dont ils perçoivent bien les dangers, versité Paris-Dauphine. Celui qui se veut plus grand qu’Allah par Manoel de Oliveira

E disais que mon dernier film Nous disons, en revanche, qu’ils modestie car il ne revendique pas la Je rentre à la maison était une ont réuni non pas les terres mais des paternité de ses actions d’éclat, héri- sorte de non-histoire, d’appa- peuples qui venaient d’endroits dif- tier d’une fortune prodigieuse, en Jrence légère, comme son férents, sans pour autant unir les terres de ses aïeux et entourée titre, où on raconte un court deux parties. Mais avec la prédomi- d’autres, voisines, où jaillit le pétro- moment de féerie, à l’aube du nou- nance de la culture occidentale médi- le qui se vend aux futures victimes. veau millénaire, à Paris, ville des terranéenne, au début, et anglo- Lui, le « tout-puissant », il main- Lumières, reflet et centre de notre saxonne, par la suite. C’est elle qui tient le peuple dans une misère tra- complexe civilisation occidentale. persiste dans cet assemblage com- ditionnelle et atavique mais paie Peu de temps a passé depuis que plexe de peuples, avec en plus les bien ses acolytes qui vont tendre le protagoniste du film, Gilbert peuples originaires de l’Orient asiati- les pièges et s’y laissent mourir, Valence, est rentré chez lui, à Join- que, surtout au Brésil et aux Etats- comme ça a été le cas à New York ville, et voilà que s’est produite cet- Unis. Les Etats-Unis sont aujour- et à Washington. te attaque inattendue et vile sur d’hui le centre névralgique de notre « Allah est grand » pour ceux New York et Washington. civilisation, dans le domaine écono- qu’il pousse à mourir pour la sainte On suppose que, voilà des mil- mique, guerrier et, par conséquent, cause. Mais il n’est déjà plus si lions d’années, l’Amérique était de politique et diplomatique. grand pour ce « haut seigneur » qui haut en bas collée à l’Europe et à se mesure en taille et en force avec l’Afrique, avant le cataclysme qui Allah, allant sans doute même jus- les a séparées en deux et que les Il reste bien vivant qu’à se juger plus grand. Et, comme eaux de l’Atlantique n’aient envahi ça, il reste bien vivant pour, de sa le grand vide qui sépare aujour- pour, de sa vie vie confortable, jouir des folles et d’hui ces continents. De l’autre hideuses choses qu’il fait exécuter. côté apparurent les Indiens, les confortable, jouir Cet homme ne dit pas « Je rentre Incas, les Mayas et, de celui-ci, les à la maison » puisque, d’une certai- Européens et les Africains, séparés des folles et hideuses ne façon, il n’en est jamais sorti. Et les uns des autres. D’autres mil- tandis qu’il se régale à regarder lions d’années ont passé et à ces choses qu’il fait tout autour de lui, dans son pays et habitants naturels des Amériques, les pays voisins les luxuriants jets les Indiens, les Incas et les Mayas, exécuter de pétrole, lui, le « magnifique » allèrent s’unir les peuples de l’Euro- pense, dans sa machiavélique imagi- pe, qui ont emmené avec eux les nation, tranquillement et pacifique- Africains comme main-d’œuvre Mais vient d’apparaître une nou- ment, à la prochaine machination, forcée. velle race qui se répand sur le glo- indifférent aux milliers d’innocents Aujourd’hui, ce vaste territoire be. Les terroristes. Gens qui ren- qu’il immole cruellement dans ses appelé Amérique est peuplé de dent plus difficile cette tranquillité actes démesurés d’abus de pouvoir gens venus des différents conti- souhaitée qui nous réconfortait et ensuite dans les vengeances inévi- nents (point n’est besoin, mainte- auparavant lorsque nous disions tables qui vont suivre. nant que tout est fait, de rappeler « Je rentre à la maison. » Jusqu’à quand ? de quelle façon généreuse les Euro- Et qu’est-ce que le terrorisme ? péens sont entrés là-bas et com- Le terrorisme est, avant toute cho- ment ils y sont ensuite restés pour se, l’autoreconnaissance d’une Manoel de Oliveira est former ces peuples nouveaux que impuissance propre et, pour cela, cinéaste. sont les Américains du Nord, du agit dans l’ombre. Il a un chef, un Traduit du portugais par Centre et du Sud). « haut seigneur », d’une grande Jacques Parsi. HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 13 Piketty, la gauche Laurent Fabius prend des risques et l’impôt par Louis Maurin INSI que le ministre de de liberté dans le couple ou la des minima sociaux parmi les plus pôts ? Dépenser plus ne règle rien si, par Jean Gadrey l’économie, Laurent famille, ainsi que le rejet des inégali- bas d’Europe, et proposer un mini- en même temps, on ne dépense pas Fabius, l’avait indiqué, tés par la grande majorité de la mum aux jeunes qui « galèrent » mieux, notamment en réformant la E livre de Thomas Piketty par une fiscalité excessive. On s’en Aen 2002, la gauche risque population. La gauche plurielle après des études écourtées trop tôt façon dont fonctionne l’Etat. Mais il Les Hauts Revenus en doutait, mais Piketty enfonce le bien d’être battue par les impôts paraît plus en phase avec le change- et n’ont le droit au RMI qu’à 25 ans n’y a pas de miracle financier à en France au XXe siècle, Inégali- clou : les principaux bénéficiaires aux prochaines élections. Non à ment social, mais demeure en déca- (pourtant majeurs quand il s’agit de attendre, sauf à remettre en cause Ltés et redistributions (Gras- de telles politiques n’ont rien à voir cause de leur poids, mais – ironie lage avec les aspirations de la popu- voter). Elle trouverait les moyens l’action publique dans les domaines set) est terriblement dérangeant avec la moyenne. Ce sont d’abord du sort – parce que la majorité plu- lation, tant elle est polarisée sur d’augmenter une aide publique au que le gouvernement lui-même juge pour la politique fiscale actuelle de les hauts revenus (les 10 % du haut rielle les a diminués en suivant ses une vision erronée des classes tiers-monde qui dépasse tout juste prioritaires (éducation, sécurité et la gauche. Certains l’ont immédiate- de l’échelle, ce qui correspond à un conseils. moyennes plus ou moins proches 30 milliards de francs par an (soit emploi entre autres). ment compris. Ils ont commencé à revenu mensuel de 22 000 francs La politique de diminution des des bourgeois bohèmes, qui n’ont 0,33 % de la richesse nationale), Quelle société nous voulons cons- allumer des contre-feux, avec des par foyer fiscal) et les très hauts taxes prive en effet la majorité rien de la bohème d’Arthur Rim- moitié moins que l’ensemble des truire ? On peut éviter la voie libéra- arguments tels que l’on se de- revenus (le 1 % du haut de l’échelle, d’une partie des moyens nécessai- baud. Les classes moyennes françai- baisses d’impôts de cette année. le (sociale ou non), « incitatrice » mande s’ils ont lu le livre. Il est vrai au-dessus de 49 000 francs). Selon res pour moderniser l’action publi- ses de ce début de siècle gagnent Qui peut dire que l’action de la et inégalitaire, sans prêcher la rup- que, avec ses 800 pages serrées et Piketty, on assiste depuis 1983 à que et donner un nouvel élan au environ 12 000 francs par mois France est à la hauteur dans chacun ture avec l’économie de marché bourrées de chiffres, de réflexions une réduction des propriétés redis- pays. L’incertitude économique et pour un ménage composé de deux de ces domaines ? assortie d’une planification des méthodologiques et d’analyses his- tributrices de l’impôt, en raison, politique internationale qui fait actifs salariés et non 40 000 comme besoins. Comme l’ont fait les pays toriques, c’est le genre d’ouvrage notamment, de la multiplication de suite aux attentats contre les Etats- le pensent certains. scandinaves, la voie sociale-démo- qui se prête mal aux lectures en dia- dispositifs exonérant une fraction Unis rend encore plus décalée une Le gouvernement peine à répon- La gauche plurielle crate consiste à répondre à des gonale destinées à juger le carac- croissante des revenus du capital. politique qui refuse de prendre en dre aux demandes qui s’expriment, besoins collectifs concrets et claire- tère politiquement correct d’un Depuis cette date, l’impôt sur le considération l’ampleur des notamment dans ces classes moyen- est polarisée ment identifiables par des services écrit, plutôt que le sérieux de la revenu est devenu « un impôt à bais- besoins collectifs. nes au sens statistique du terme, publics de qualité, pas nécessaire- démonstration. C’est un pavé, sans ser ». Piketty constate un assez La politique fiscale a des réper- pour qui les baisses d’impôt n’ont sur une vision ment par le biais de l’Etat seul, mais doute, mais c’est surtout un pavé grand consensus des dirigeants poli- cussions profondes, dont on a tota- rien d’urgent. Imagine-t-on ce aussi à travers les organismes de dans la mare du gouvernement et tiques sur ces questions, et donc lement négligé l’ampleur : il s’agit qu’aurait pu faire la gauche avec les erronée des classes protection sociale, les collectivités de ses choix fiscaux. Pour trois sur l’état des inégalités en France. de savoir quel choix de société la 60 milliards de francs de recettes fis- locales ou les associations. C’est ain- raisons. En premier lieu, ce livre ne Il me semble que cette attitude gauche plurielle propose à la Fran- cales perdues cette année avec la moyennes si que l’on dispose des meilleures porte nullement sur la politique de l’élite politique des années 1980 ce. Résumée, la philosophie de Lau- suppression de la vignette et la bais- chances de réduire les inégalités. fiscale actuelle de la gauche. C’est et 1990 n’est pas indépendante du rent Fabius serait « proche » de cel- se de l’impôt sur le revenu notam- Il est encore temps de s’en don- une analyse aussi approfondie et fait que ceux qui préconisent les le de Jaurès : « Aller à l’idéal et com- ment ? Elle trouverait, par exemple, La liste est longue des mesures ner les moyens. Encore faudrait-il aussi objective que possible d’un mesures fiscales, ceux qui les con- prendre le réel » (Le Monde du les 2 milliards de francs qui man- qui engageraient notre pays sur la que le débat démocratique sur les siècle d’évolution des inégalités en seillent et ceux qui exercent le plus 1er juin). S’est-il demandé pourquoi, quent pour faire bénéficier de la voie d’un progrès économique et besoins ne soit pas escamoté en se France, contenant en grand nom- de pressions sur les décisions font depuis 1978, toutes les élections couverture maladie universelle social durable et que beaucoup de privant de recettes fiscales de plus bre des résultats inédits, superbes, aujourd’hui majoritairement partie législatives se sont soldées par un (CMU) les 1,2 million d’adultes han- Français attendent, moins sensibles en plus indispensables. sur les hauts et les très hauts reve- du groupe des très hauts revenus, échec de la majorité en place ? dicapés ou de personnes âgées qui aux sirènes fiscales qu’on le dit. Est- nus et sur la façon dont l’impôt sur ou aspirent à en faire partie au plus La droite traîne comme un bou- en sont écartés, car les minima ce être « dépensolâtre » – comme le revenu et l’impôt sur les succes- vite. Ce sont les grands bénéfi- let son obstination à nier les trans- sociaux qu’ils perçoivent dépassent dirait Laurent Fabius – que de préfé- Louis Maurin est journaliste sions ont joué, au moins à certaines ciaires des réductions pour les- formations de la société française, de 52 francs mensuels le plafond de rer l’aide au tiers-monde ou l’accueil au magazine « Alternatives écono- périodes, dans le sens de la réduc- quelles ils militent, en se réfugiant et notamment l’aspiration à plus ressources. Elle pourrait augmenter des jeunes enfants aux baisses d’im- miques ». tion des inégalités. derrière deux mythes, celui de la Ceux qui allument des contre- défense des classes moyennes et feux auront bien du mal à réfuter celui des contraintes de la mondiali- les grandes tendances ainsi révé- sation : la France ne pourrait plus lées. C’est pour cela qu’ils dépla- ignorer le moins-disant fiscal prati- cent la cible, en critiquant Piketty qué ailleurs (surtout pour les très pour ce qu’il n’a pas écrit. hauts revenus), elle risquerait d’y perdre ses talents, ses cerveaux et ses capitaux. Le discount fiscal, Ces arguments, qui reviennent au fond à admettre tranquillement qui conduit l’impuissance des politiques natio- nales et à s’aligner sur les prix de au discount l’Etat les plus bas, arrangent bien les promoteurs-bénéficiaires des de l’action publique, réductions d’impôts. Mais, que l’on sache, les pays nordiques, où la engendre le discount pression fiscale, les prélèvements obligatoires et le poids relatif de social. Et c’est encore l’emploi public sont les plus élevés du monde, se portent plutôt bien plus vrai quand selon tous les critères économiques (croissance et niveau de vie), tech- ce discount fiscal nologiques (ils sont en tête des pal- marès européens pour l’usage des est foncièrement nouvelles technologies et pour la recherche-développement) et sur- inégalitaire tout sociaux (faiblesse des taux de chômage, inégalités sociales et taux de pauvreté les plus bas du En deuxième lieu, ce livre est monde). d’autant plus dérangeant pour le Le discount fiscal, qui conduit au gouvernement que Piketty avait discount de l’action publique, plutôt, dans le passé, apporté de engendre le discount social. Et c’est l’eau au moulin de Laurent Fabius, encore plus vrai quand ce discount qu’il s’agisse de la réduction des fiscal est foncièrement inégalitaire. charges sur les bas salaires ou du Il existe quatre piliers de la réduc- crédit d’impôt, voire de l’hostilité tion des inégalités, si l’on fait abs- plus ou moins explicite aux 35 heu- traction des politiques salariales res. Les recettes du modèle améri- des entreprises et des administra- cain, adaptées à la gauche dans le tions : l’impôt (s’il est suffisam- cadre d’une pensée social-libérale, ment progressif), la protection semblaient donc pouvoir être appli- sociale et les services sociaux quées en France avec l’aval du qu’elle finance, les services publics jeune économiste et de la défunte (éducation, santé, transports, Fondation Saint-Simon. J’écris poste, services publics locaux…) si « semblaient » car ceux qui, à droite on ne les oblige pas à s’aligner sur et à gauche, encensaient les thèses les « lois du marché » en réduisant de Piketty passaient sous silence les corrélativement leurs missions d’in- conditions de forte progressivité de térêt général, et la fraction du l’impôt dont il les assortissait. Cela « tiers-secteur » dont l’action est deviendra difficile après ce nou- orientée en priorité vers des publics veau livre. En troisième lieu, ce tra- en difficulté. vail démolit avec talent, preuves à Thomas Piketty s’intéresse uni- l’appui, un grand nombre de quement à l’impôt, ce qui lui a été mythes ou d’hypothèses anté- reproché. Mais ce reproche est un rieures. Certaines sont des thèses peu injuste. En tant que chercheur, académiques : par exemple, celle il s’est donné un objet, il en a mon- du grand économiste américain tré rigoureusement l’importance et Simon Kuznets, qui pensait que le l’impact. Son livre n’est pas un capitalisme de la seconde moitié du essai politique impressionniste sur XXe siècle allait voir les inégalités l’ensemble des déterminants des diminuer de façon presque natu- inégalités ni sur les formes mul- relle, ou les thèses inverses, plus tiples qu’elles prennent. Laurent récentes, selon lesquelles les nou- Fabius pensait que la gauche ris- velles technologies des années quait de perdre les élections à 1980-1990 constitueraient un fac- cause de l’impôt. En un sens, il teur déterminant du creusement avait raison. Elle court le risque de des inégalités. les perdre à cause des réductions L’ouvrage de Piketty répond : l’es- d’impôts et de la réduction corré- sentiel réside dans le fait que l’Etat lative des marges de l’action intervienne ou n’intervienne pas publique en faveur des véritables dans la redistribution des richesses, classes moyennes et des ménages et dans l’ampleur de cette redistri- pauvres et modestes : 50 % des bution. Les lois économiques et les foyers vivent avec des revenus men- techniques ne sont pas sans effet, suels inférieurs à 8 200 francs, et ce mais les inégalités se creusent sont eux qui ont le plus besoin de d’abord si on les laisse se creuser. l’intervention publique, de poli- Autre mythe qu’il deviendra plus tiques de l’emploi, de protection difficile de répandre si ce livre a le sociale et de services publics correc- succès qu’il mérite : le gros des poli- teurs d’inégalités. tiques de réduction d’impôts bénéfi- cierait aux classes moyennes et aux classes moyennes légèrement supé- Jean Gadrey est professeur rieures, celles qui sont matraquées d’économie à l’université Lille-I. 14 / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Les morts sans visage du World Trade Center 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F LA DÉMONSTRATION serait accablante. kiens et 70 soldats américains seraient morts en longtemps que les télévisions et journaux Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 5 500 personnes seraient mortes ou disparues 1991 sans que la télévision et les journaux ne d’outre-Atlantique, bien plus qu’ailleurs, rechi- Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Internet : http: // www.lemonde.fr lors de la journée noire du 11 septembre, au puissent les montrer. Parce que le Pentagone gnent à diffuser des images dures. Dans cette World Trade Center de New York, mais aucune (comme le gouvernement de Bagdad) a interdit logique, quasiment toutes les chaînes de télévi- ÉDITORIAL image ou presque de ces cadavres n’a été mon- de prendre des images de blessés et de cadavres, sion européennes ont montré, sans que cela ne trée à la télévision ou publiée dans la presse. les pellicules étant visées par la censure à Dha- provoque un débat, les désespérés se jetant des Même les photos de blessés sont rares. Les hôpi- ran (Arabie saoudite) avant de gagner les rédac- tours jumelles. Les chaînes ABC et MSNBC ne taux ? Rien. L’agence américaine Associated tions. A New York, nombre de photographes et l’ont pas fait. NBC a diffusé une séquence mais Economie de guerre Press (AP), qui diffuse régulièrement des images de cameramen confirment que, passé le chaos Bill Wheatley, un de ses vice-présidents, a dit pénibles, n’a montré que de rares blessés en du premier jour, la zone du World Trade Center que c’était une mauvaise décision. De nombreux es Américains redécou- que les premières mesures pri- sang. « C’est un événement édulcoré », confirme a été verrouillée afin de faciliter le travail des sau- quotidiens ont mis de côté cette « mort en vrent l’Etat. Pompiers, ses se semblaient pas avoir d’ef- un cadre d’AP. Quasiment tous les magazines veteurs et des enquêteurs. « Quand ils trouvent direct ». Le New York Times a publié une photo secouristes, agents hospi- fet. La Federal Reserve a réduit illustrés, Time et Newsweek en tête, ont publié un corps, ils le sortent la nuit », dit un reporter. provoquant de nombreuses lettres scandalisées. Ltaliers, services de sécuri- le coût du crédit sept fois depuis des numéros spéciaux où l’on voit les tours Seul le Daily News passe pour le vilain canard en té ont été à l’honneur dans la le début de l’année et Washing- exploser et s’effondrer, le paysage désolé, les sau- UN TREMBLEMENT DE TERRE montrant une photo de main dans les débris. catastrophe. L’enquête engagée ton a remboursé 40 milliards de veteurs qui s’affairent, des rescapés recouverts Mais peut-on évoquer une mort abstraite à « Ce n’est pas le moment d’être craintif », a dû se mobilise tous les services de po- dollars aux ménages sous forme de cendres. Mais la mort n’aurait pas de visage. New York ? Plutôt une mort dissoute. L’impor- justifier le rédacteur en chef. Interrogé par le lice, de justice, de douanes. L’ar- de baisse d’impôts. Mais les indi- Les mots ont même été plus durs que les ima- tance des faits n’est pas masquée puisque nous New York Times, Erik Sorenson, président de mée américaine se prépare pour ces ne redécollaient pas, ou pas ges. Combien de New-Yorkais sauvés des décom- savons le nombre exact de disparus. Le drame MSNBC, a dit avoir écarté, contre l’avis d’une une riposte. En parallèle, sur le franchement, et les marchés bres, tel Mathew Cornelius, ont évoqué ce qu’ils du World Trade Center, visuellement, s’apparen- partie de la rédaction, des images vidéo mon- plan économique, le gouverne- financiers avaient perdu espoir ont vu : « Je ne pourrai plus jamais dormir sans te à un tremblement de terre. Beaucoup de dispa- trant « du sang, des morceaux de corps ». ment prépare une série de mesu- d’un rebond en fin de cette voir les déchets humains devant les bâtiments, les rus, très peu de corps retrouvés, surtout des mor- Cette morale de l’image, dans un pays qui a res de soutien de grande année. Les vagues de suppres- mains, les pieds, une tête… » Déjà, des voix accu- ceaux de corps répertoriés comme pour une inventé le film catastrophe, est à rapprocher du ampleur. C’est vers les services sions d’emplois dans l’industrie sent les Etats-Unis d’avoir censuré ces images fouille archéologique. Quel sens y a-t-il à repré- point de vue de Susan Sontag – auteur, en 1978, publics que se tourne une Améri- commençaient à saper le moral afin que la nation, amputée de deux tours haute- senter, en l’espèce, ces déchets humains ? Sans de Sur la photographie, dans lequel elle décrypte que plus habituée à vanter les des consommateurs, dernier ment symboliques, reste visuellement conqué- doute la réponse la plus forte à cette mort dissou- le sens et l’usage d’images célèbres – accusant mérites de l’initiative privée et la moteur encore allumé de la crois- rante, que le sursaut l’emporte sur le traumatis- te est donnée par The Independent, qui, dans son les décideurs et médias américains de ne pas libre entreprise. Et c’est à un pré- sance américaine. me, que la confiance perdure, que les ménages numéro du 15 septembre, publie, flottant dans regarder la réalité en face (Le Monde du 18 sep- sident républicain que revient la L’appétit de consommation consomment et que Wall Street ne s’effondre le blanc du papier journal de grand format, un tembre). Finalement, CNN est la chaîne la plus tâche, à contre-emploi, d’organi- des ménages s’est très probable- pas. portrait souriant de Barbara Walsh, une des « brutale », qui a montré une dizaine de photos ser une sorte d’économie de ment transformé en réflexe de Les Américains ne voudraient plus revoir les victimes. d’Associated Press, qualifiées de « dangerous guerre, face aux « actes de sécurité, donc d’épargne. La images qu’ils ont encore en tête de compatriotes L’enjeu est ailleurs, dans les images choisies images », dont un corps dans un cercueil. Et sans guerre » des terroristes, selon les récession est inévitable, mais ensanglantés et tués lors des attentats de 1998 par les médias américains et dans la culture doute cette ouverture n’est pas étrangère au fait mots de George W. Bush. son ampleur et sa durée restent contre leurs ambassades au Kenya et en Tanza- visuelle, si sagement « correcte », que ces derniè- que la chaîne de l’information, au-delà du rêve L’idéologie du laisser-faire indéterminées. Tout dépendra nie. Le spectre de la guerre du Golfe et l’objectif res révèlent. D’abord, plus que de censure, c’est américain, ouvre son antenne aux malheurs de n’est plus de mise. Dès le lende- de la riposte militaire américai- « zéro mort » sont évoqués. 100 000 soldats ira- d’autocensure qu’il faut parler. On sait depuis la planète. main des attentats, la Banque ne, de son moment, des éventuel- Les photos du drame new-yorkais qui s’éta- centrale a injecté 190 milliards les suites. lent dans les magazines américains renforcent de dollars de liquidités pour évi- Mais, déjà, les licenciements l’impression d’une nation qui cherche à se res- ter que les circuits financiers ne s’accélèrent, signe d’une dégra- souder à partir de ses corps dissous dans les se grippent. La somme atteindra dation alarmante. American Air- tours effondrées. « One Nation, Indivisible », 300 milliards en quelques jours. lines annonce 20 000 suppres- titre Time dans son dernier numéro. Que voit-on En fin de semaine passée, l’équi- sions d’emplois, United Airlines partout ? Plus que le blouson de George Bush, pe Bush annonçait qu’elle pren- met autant de salariés au chôma- au milieu des pompiers, on retiendra un drapeau drait des mesures en faveur du ge technique. Les compagnies et un territoire. Gestes spontanés ou mises en transport aérien, premier sec- aériennes, déjà mal en point, scène, on ne compte plus les bannières étoilées teur en péril après le drame. Le vont être secourues par des brandies ou flottantes au-dessus de la carcasse Congrès vote des crédits d’urgen- aides qu’ailleurs on appellerait du World Trade Center. Le territoire, c’est celui ce de 40 milliards de dollars pour « nationalisations ». du drame, apocalyptique, qui a donné lieu à des les secours et pour l’armée. Ces aides ont un coût et des compositions d’une beauté étrange et stupéfian- Aujourd’hui, le gouvernement effets secondaires, comme de te, irréelle, qu’aucun décorateur ou artiste ne prépare un plan en plusieurs renforcer les firmes américai- pourra imaginer, dominée par la ruine métalli- volets de relance de l’activité. nes, dont il faudra, en Europe, que et argentée. Magnifiée comme une sculptu- L’économie a été « choquée », tenir compte. Mais, dans l’urgen- re contemporaine. Il y a aussi du lyrisme, de l’hé- a expliqué M. Bush. Au pire ce, il faut encourager les autori- roïsme dans ces plans larges où les sauveteurs, moment. Les attentats sont inter- tés américaines à tout faire pour par centaines, tels des fourmis, font corps dans venus alors que la croissance éviter une dépression qui se pro- un décor de tranchées. était revenue proche de zéro et pagerait au reste du monde. Que l’Amérique se ressoude après la dissolu- tion, rien de plus logique. Mais là encore des voix s’élèvent pour dire que d’autres nations 0123 est édité par la SA LE MONDE ont, visuellement, moins de chance. De plus en Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; plus, les cadavres, corps meurtris et autres Noël-Jean Bergeroux. Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel scènes de détresse sont surtout représentés dans Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain les pays du Sud, là où un Etat, une collectivité,

Directeur de la rédaction : Edwy Plenel une personne peut difficilement contrôler son Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau image. Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin Chacun imagine bien, enfin, que si les Etats- Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer Unis entrent en guerre, les images seront sous Rédaction en chef centrale : contrôle du Pentagone pour minorer les faits et Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre pour préserver l’opinion. Dans un entretien Rédaction en chef : récent (Le Monde du 24 avril), l’historien Benja- Alain Debove (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; Anne Chemin (Société) ; Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; min Stora, citant les 100 000 morts en Algérie Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) depuis 1992, a défini l’enjeu de l’absence de Médiateur : Robert Solé représentation : « Je vois d’abord une incidence Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg sur la terminologie. Peut-on parler d’une guerre Directeur des relations internationales : Daniel Vernet quand on n’a pas d’images ? La guerre du Viet- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président nam a ses couleurs, ses images. Or, je constate

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), qu’on répugne à employer le terme de guerre pour André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) l’Algérie d’aujourd’hui, qu’on lui préfère ceux de Le Monde est édité par la SA LE MONDE terrorisme, d’attentats, ou d’opérations, parce que Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. les lumières de cette guerre sont éteintes. » Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. Michel Guerrin

ILYA50 ANS, DANS 0123 cains de l’époque, qui échouèrent, sion de M. Clinton, les armées régu- mole avec ceux qu’il entraîne dans Face dans le désert iranien, à sauver des lières des pays modernes ne s’y la mort. otages. On se souvient aussi du adapteront pas du jour au lende- D’une certaine façon, la lutte con- La maison de l’ONU à Chaillot retrait en catastrophe, en 1994, de main. Faute de pouvoir identifier tre le terrorisme ressemble à la lutte à une escadrille la Somalie, des GI devenus des un ennemi qui agit par surprise et contre la drogue. Sans cesse remise UN CHANTIER n’est jamais sixième session de l’Assemblée géné- cibles vivantes de la guérilla urbai- spéculer sur ses modes d’agression. sur le métier. On intercepte de beau. S’il s’installe entre deux jar- rale des Nations unies. » Car il est ne à Mogadiscio. petits trafiquants, mais on ne par- dins, il réussit même à les enlaidir. bien entendu que l’édifice ne doit de la mort, Là aussi, la « machine » militaire ADVERSAIRE MASQUÉ vient pas à arrêter – ou, en tout cas, Est-ce pour cela que les bâtiments durer que l’espace d’une session. des Etats-Unis, comme bien On ne liquidera pas le terrorisme presque jamais – le « cerveau ». Le de l’ONU, qui s’édifient à grand fra- Dès que l’ONU aura plié bagages, d’autres en Europe, n’a pas fait sa en huit mois, comme ce fut le cas risque n’est pas mince, en effet, que cas sur la pente douce des fontai- trois mois suffiront à redonner aux quelle riposte ? révolution : elle est passée d’un dis- en 1990-1991, dans le Golfe, quand la coalition antiterroriste, que les nes de Chaillot, ont mauvaise pres- lieux leur visage familier. Les intrai- positif obnubilé par la préparation une coalition de circonstance put Etats-Unis tentent de mettre sur se ? Les passants sont déçus, les tables diront : « C’est encore trop. Il Suite de la première page à un conflit Est-Ouest de haute défaire une autre armée régulière, pied, s’embarque, selon un ancien touristes gênés, les esthètes fallait construire ailleurs. » Mais intensité, face à un « bloc » commu- statique, sans aucun sens de la colonel américain, dans « une inquiets. L’architecte n’y est pour une assemblée générale des Un plan global de riposte, pour niste rigide, à des missions émol- manœuvre. Face à des réseaux guerre d’usure, sans fin, contre un rien. On n’en veut pas à l’œuvre, Nations unies demande une salle s’en tenir au propos du Pentago- lientes de « gardien » de la paix, « dormants » d’individus qualifiés, ennemi sans visage » et que, selon mais au choix de son emplace- des séances de trois mille places. ne, suppose que soient levés quel- sous les drapeaux de l’ONU ou, entraînés, infiltrés, voire préposi- un ancien colonel russe ayant servi ment. Car il est vrai que les carcas- Paris ne pouvait offrir autre chose ques-uns de ces tabous par une plus souvent, de l’OTAN. Aujour- tionnés de longue date, pour les- en Afghanistan, « les Etats-Unis, ses en fer à cheval qui poussent en que le théâtre du palais de société américaine soucieuse, à d’hui, elle a du mal à se faire à la quels la vraie vie commence après avec ou sans alliés, se lancent dans face du pont d’Iéna se préparent à Chaillot. Sinon il aurait fallu cons- juste titre, que la communauté du perspective que les affrontements la mort ; face à des « taupes » fana- une opération qui n’ait rien d’un rompre l’harmonie d’un décor par- truire, et une telle entreprise exi- renseignement ne devienne un sont dits « asymétriques », l’oppo- tiques, capables d’user sans aucun pique-nique ». fait. De la terrasse on ne verra plus geait deux années de travail et des « Big Brother » indiscret, multifor- sant à un vis-à-vis qui prend l’initia- état d’âme et sans discrimination le fleuve ; du fleuve le regard ne crédits considérables. On a préser- me, incontrôlable ; et violant les tive et, du coup, ne respecte pas les d’armes inattendues ou exotiques – Jacques Isnard mesurera plus le souple équilibre vé de la fermeture trois musées en libertés élémentaires de chaque règles du jeu. une « escadrille de la mort » de qua- du palais. faisant sortir de terre, en à peine citoyen. Entre le missile de croisière Toma- tre avions-suicides appartenant à Ainsi, dès l’entrée du chantier, quatre mois, une annexe directe- En d’autres termes, il va falloir hawk et le débarquement en force des lignes intérieures – et, demain, RECTIFICATIFS un panneau s’efforce d’apaiser les ment reliée à la salle. que les services spéciaux se salis- – mais où, contre qui et pour faire d’armes de destruction massive esprits chagrins. Il proclame en sent les mains et, en particulier, quoi ensuite ? – du 18e corps d’ar- (nucléaires, biologiques ou chimi- BERNARD HUET hautes lettres : « Ces bâtiments pro- Jean-Marc Théolleyre que la CIA, qui, depuis 1998, est mée aéroporté, formé, à Fort ques) tombées dans leurs mains ; Dans l’article sur la disparition de visoires sont destinés à abriter la (21 septembre 1951.) autorisée à mener des actions clan- Bragg, de quatre divisions, en pas- face à « un nouveau champ de l’architecte Bernard Huet (Le Monde destines (covert actions) contre Ous- sant par des actions plus ponc- bataille », pour citer une expression du 14 septembre), une coquille nous sama Ben Laden, ait davantage de tuelles, mais compliquées à monter chère à M. Rumsfeld, les services a fait parler des « visions éphémères » 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS réussite dans ses entreprises. sans délai, de commandos spéciali- de renseignement et les forces dont « quelques morts » s’étaient fait Pour les armées américaines, que sés, la gamme des moyens à la dili- armées des pays occidentaux ne se une spécialité. Il s’agissait de « quel- Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr l’arrivée de Donald Rumsfeld au gence de George W. Bush n’est pas sont-ils pas trompés dans leurs anti- ques grands noms ». Pentagone n’a pas spécialement extensible à l’infini. cipations ? Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) enthousiasmées, du fait de sa volon- Le secrétaire à la défense, Donald Le président des Etats-Unis dit LANGUES ÉTRANGÈRES ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) té de tout régenter et de tout modi- Rumsfeld, admet la difficulté d’atta- que son pays est en guerre. Mais, L’auteur du reportage à Duttlen- fier, il faudrait oublier les échecs quer des objectifs « significatifs » en l’« ennemi » n’est ni un Etat, ni un heim (Bas-Rhin), dans notre cahier Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 passés quand il s’est agi de monter Afghanistan. Si l’hyper-terrorisme, gouvernement, ni une armée. C’est spécial consacré aux langues étrangè- Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 des opérations-éclair. Ainsi, nul n’a ou le terrorisme de masse, est deve- un adversaire masqué, évanescent, res à l’école (Le Monde du 15 septem- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 véritablement oublié le fiasco, en nu « la guerre du XXIe siècle », selon qui ne s’explique même pas sur son bre), est notre correspondant Jac- 1979, des commandos Delta améri- M. Bush, qui reprend une expres- forfait après-coup puisqu’il s’im- ques Fortier et non Sophie Gherardi. 15 FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001

PRÉSIDENTIELLE Les atten- trer George W. Bush après le 11 sep- son candidat. b BUS REMISÉ au gara- un nécessaire « climat d’union natio- vement pour la France, tout en se tats perpétrés aux Etats-Unis ont per- tembre, il se retrouve dans une ge, déplacements et inauguration de nale » et Alain Madelin privilégie la défendant d’être déjà candidat, mis à Jacques Chirac de donner une posture qui lui donne un ascendant locaux reportés, les « troisièmes politique étrangère. b PHILIPPE DE renouvelle ses attaques contre dimension internationale à sa campa- sur Lionel Jospin. Fort de cet avan- hommes » ont dû suspendre leur VILLIERS affirme être « dans les star- M. Chirac et affirme qu’il « ne sera gne. Premier chef d’Etat à rencon- tage, le RPR se rassemble autour de campagne. François Bayrou invoque ting- blocks ». Le président du Mou- pas le supplétif de la droite ». La tension internationale profite plus à Jacques Chirac qu’à Lionel Jospin Le président de la République bénéficie de son statut de chef des armées et de premier responsable de la diplomatie française. Alors que la campagne électorale de ses concurrents est en panne, les chiraquiens resserrent les rangs et travaillent à l’élaboration de leur projet

BON ÉLÈVE, le président du posant l’équation du printemps encore gagné. En clair, il est préma- Paris, l’Union en mouvement doit groupe UDF de l’Assemblée natio- 2002 : « Les Français vont devoir se turé de chercher à prendre ses mar- effectuer sa rentrée, samedi 22 sep- nale, Philippe Douste-Blazy, s’est demander : “Qu’est-ce qu’un prési- ques pour tel ou tel poste dans un tembre, à Périgueux, où plus d’un félicité, mardi 18 septembre, du dent de la République ?” C’est quel- avenir qui demeure hypothétique. millier de sympathisants se sont ins- fait que Jacques Chirac soit « le pre- qu’un qui voit loin et qui a les épau- Comme aux journées de Quim- crits pour un dîner-débat. La cara- mier chef d’Etat au monde » àse les larges. » Exit donc le fameux per, la réunion des Clubs 89 a ras- vane des chiraquiens se déplacera rendre à Washington et à New troisième homme, mais exit aussi, semblé tout le monde. Ouverte par ensuite à Château-Thierry, Lyon, York, une semaine seulement pratiquement, le deuxième. Quand M. Juppé et clôturée par Nicolas Marseille, Toulouse, Saint-Malo. après les attentats du 11 septem- « le premier chef d’Etat au monde » Sarkozy, elle a accueilli notam- « L’été a favorisé la conversion des bre. Le maire de Toulouse s’expri- fait route vers les Etats-Unis, ment, outre MM. Douste-Blazy et gaullistes. Ils ont compris que Chirac mait dans le cadre de la convention Lionel Jospin n’est-il pas en visite à Raffarin, la direction du RPR, les ne peut pas être le candidat du seul extraordinaire des Clubs 89, prési- la gare de Lyon, à Paris ? quatre mousquetaires de Dialogue RPR et ils se sont “dé-R-P-Risés” », dés par Jacques Toubon. Il n’a pas Sans trop oser le dire ouverte- et Initiative – Michel Barnier, Jac- se réjouit M. Dutreil. Le député de été le seul. ment, par souci de décence, la « chi- ques Barrot, Dominique Perben, l’Aisne se félicite aussi que des per- D’Alain Juppé à Jean-Pierre Raf- raquie » se félicite que son cham- Jean-Pierre Raffarin –, le président sonnalités telles que Pierre Méhai- farin, vice-président de Démocra- pion se trouve conforté, au moins de l’Union en mouvement (UEM), gnerie, François d’Aubert, François tie libérale (DL), en passant par momentanément, par la situation Renaud Dutreil (UDF), et celui des Goulard ou Nicole Ameline, qui se Michèle Alliot-Marie, chacun y est créée par les attentats commis Amis de Jacques Chirac, Bernard prononceront vraisemblablement allé de son petit mot pour célébrer outre-Atlantique. Encore ignorait- Pons (RPR), lequel était assis au en faveur de François Bayrou ou les mérites – et la stature – du chef elle sans doute, dans le luxueux premier rang à côté de l’un des prin- d’Alain Madelin, n’hésitent plus à de l’Etat en cette période de crise. hôtel parisien où elle était réunie, cipaux conseillers du président de participer aux cercles de réflexion L’hôte de la rencontre, M. Toubon, au grand complet, mardi soir, le la République, Jérôme Monod. de l’Union en mouvement. a appelé de ses vœux, à la tête des premier sondage franco-français Bien que retenu par ses obligations démocraties, « des dirigeants de de l’après-11 septembre. Selon une parisiennes, même Philippe Séguin ÇA PHOSPHORE BEAUCOUP caractère et d’expérience, d’une for- étude d’opinion réalisée par l’Insti- avait tenu à être présent au début Après la publication par les qua- ce déterminée et d’un courage sans tut Louis-Harris, les 14 et 15 sep- de la réunion. Ne manquait, en fait, tre animateurs de Dialogue et Ini- calcul ». Pour qui n’aurait pas com- tembre auprès d’un échantillon de juillet, alors que, dans le même 1er et 2 septembre, lors des univer- qu’Edouard Balladur. tiative d’un ouvrage collectif, Notre pris, l’ancien ministre a précisé : 1 004 personnes, pour le compte temps, la cote du premier ministre sistés d’été des jeunes RPR. Un peu plus tôt, les mêmes contrat pour l’alternance (éd. Plon), « Il s’agit de porter à la tête de l’Etat, de l’hebdomadaire Valeurs actuel- (55 %) fléchit d’un point. M. Raffarin l’a rappelé, mardi : s’étaient retrouvés au sein du con- les Clubs 89 ont apporté leur contri- là-bas, ici et ailleurs, l’homme qui les, 64 % des personnes interrogées La droite chiraquienne se garde, au premier rang des trois maîtres seil des orientations de l’UEM, cet bution en éditant une plaquette peut conduire la nation dans les jugent positivement « l’action de cependant, de tout triomphalisme. mots des prochaines campagnes, embryon de parti du président – 2002, Une volonté pour la France. pires épreuves et pas seulement gérer Jacques Chirac comme président de L’Elysée, il est vrai, n’avait guère avant même l’« union » et le « pro- auquel travaillent, depuis près d’un Jeudi 20 septembre, le RPR a le pays dans les temps ordinaires. » la République », soit une hausse de apprécié la tonalité délibérément jet », doit figurer la « modestie », la an, MM. Juppé et Monod. Après sa consacré toute une journée de François Fillon a renchéri, en six points par rapport au mois de optimiste adoptée à Quimper, les claire conscience que rien n’est fondation officielle, le 4 avril à réflexion à la santé, en dialoguant avec les responsables des principa- les organisations professionnelles du secteur. A compter du 25 sep- François Bayrou et Alain Madelin Sondages : le président de la République prend ses distances tembre, sous l’impulsion de Jean- François Copé, secrétaire général LE SON du canon renforce la popularité des diri- ment, 47 % et 57 % de bonnes opinions). D’autre part, adjoint chargé du projet, le mouve- cherchent à relancer leur campagne geants placés en première ligne. La guerre du Golfe, il y dans l’immédiat en tout cas, le président de la Républi- ment gaulliste reprendra d’autre a dix ans, avait ainsi permis à François Mitterrand de que n’atteint pas les niveaux de popularité record qu’il part ses « Forums du mardi », con- DES DÉPLACEMENTS annulés, gne ». Les proches de M. Bayrou restaurer une image sévèrement écornée, au printemps avait enregistrés en avril-mai 1999, lors de la crise du sacrés à la justice, à la famille, à la un bus à l’arrêt : les « troisièmes attendent impatiemment que la 1990, par le spectacle calamiteux des déchirements du Kosovo. Il avait alors, dans tous les instituts de sonda- mondialisation ou encore à l’inté- hommes » sont quasiment au chô- situation internationale ne fasse congrès du PS à Rennes. Le branle-bas de combat inter- ge, progressé de 7 à 10 points, avec des cotes de con- gration. Bref, alors que la campa- mage technique depuis les attentats plus la « une » des médias. « Fin sep- national déclenché par les attentats de New York et de fiance flirtant, voire dépassant les 70 %. gne électorale est mise entre paren- commis aux Etats-Unis. Parti de tembre, on en aura vu le bout », veut Washington le confirme aujourd’hui : depuis la tragé- Il paraît enfin prématuré de juger sérieusement de thèses, ça phosphore beaucoup Strasbourg le 6 septembre, le bus croire le délégué général de l’UDF, die du 11 septembre, George W. Bush bénéficie du sou- l’impact de cette crise internationale sur le paysage pré- dans les rangs de la droite chira- de campagne de François Bayrou Hervé Morin. Les mêmes se disent tien quasi unanime des Américains. Jacques Chirac électoral en France. Pour s’en tenir à l’essentiel – le rap- quienne. est remisé au garage, au moins jus- persuadés que le premier ministre peut espérer profiter d’un mouvement similaire. port des forces entre le chef de l’Etat et le premier « Pour gagner, Chirac a besoin qu’à la fin du mois. Dans un commu- est le « grand perdant » de cette cri- Le premier baromètre mensuel réalisé après ce ministre —, il ne fait pas de doute que le climat de la d’un projet », confirme M. Sarkozy. niqué diffusé le 11 septembre, une se. Chacun relativise également le séisme ne peut que l’encourager à jouer pleinement de rentrée n’est pas favorable à Lionel Jospin. A l’excep- Considéré comme « premier minis- heure après les deux premiers atten- bénéfice que peut tirer M. Chirac de la prééminence institutionnelle qui fait de lui le chef tion de CSA (+ 2 points), il est en baisse dans les cinq trable » et n’hésitant pas à se poser tats, le président de l’UDF avait la situation, en évoquant la défaite des armées et le principal animateur de la diplomatie autres baromètres : de 1 point pour la Sofres, l’IFOP et comme tel (Le Monde daté 2-3 sep- invoqué le nécessaire « climat de George Bush face à Bill Clinton, française. Selon l’enquête réalisée par l’institut Louis- Louis-Harris, de 2 points pour BVA et de 7 points pour tembre), l’ancien secrétaire général d’union nationale » destiné à faire dix-huit mois après la guerre du Gol- Harris, les 14 et 15 septembre par téléphone, auprès Ipsos, où il enregistre (avec 45 % de bonnes opinions du RPR insiste sur l’importance des face aux « heures les plus noires de fe ; celle d’Edouard Balladur, quatre d’un échantillon national de 1 004 personnes, et contre 42 % de mauvaises) son score le plus médiocre questions de société dans la pro- l’histoire du monde depuis cinquan- mois après le dénouement à Mar- publiée par Valeurs actuelles (daté 21 septembre), la depuis sa nomination à Matignon. chaine campagne, d’où ses propres te ans ». Dans la foulée, M. Bayrou seille, fin 1994, de la prise d’otage cote de popularité du président de la République pro- Un deuxième indice est inquiétant pour M. Jospin. propositions en matière de justice, avait fait savoir qu’il annulait « ses dans un Airbus d’Air France ; et gresse de 6 points, à 64 % d’opinions favorables, tandis Selon l’enquête de Louis-Harris réalisée après le 11 sep- de formation ou encore de poli- déplacements de campagne prévus » jusqu’à la défaite de Churchill, vain- que les opinions négatives à son égard baissent de tembre, il plafonne à 55 % de bonnes opinions et ne tique de la famille. La deuxième cette semaine-là. cu lors des élections de 1945 par le 6 points, à 28 %. tire, pour l’heure, aucun bénéfice de la crise internatio- conviction du député des Hauts-de- Certains de ses proches envisa- travailliste Clement Attlee… nale, à l’inverse de ce qui s’était produit lors de la Seine est que M. Chirac a besoin de geaient alors qu’il poursuive son Alain Madelin a reporté trois CE REBOND DOIT ÊTRE RELATIVISÉ guerre du Kosovo : en avril-mai 1999, sa popularité tout le monde pour pouvoir l’em- périple à compter du 17 septem- déplacements – dans les Hautes- Ce rebond doit cependant être relativisé. D’une part, avait progressé de 6 à 13 points, plus fortement que cel- porter, d’où ses multiples contacts bre. « La campagne reprendra ses Alpes, à Bordeaux et à Strasbourg – il confirme, mais sans l’amplifier, le mouvement percep- le de Jacques Chirac. avec les derniers gaullistes histori- droits », affirmait le délégué géné- ainsi que l’inauguration de ses tible dans la plupart des sondages réalisés depuis la fin Si l’état actuel de l’opinion se confirmait, le chef de ques comme avec la jeune généra- ral de l’UDF, Dominique Paillé, en locaux de campagne, qui était pré- du mois d’août et avant le 11 septembre. A l’exception l’Etat pourrait – enfin – distancer le premier ministre tion. Seul à pouvoir dialoguer avec notant qu’« on ne peut crier au dan- vue dans les tout prochains jours. de celle d’Ipsos, marquée par une baisse sensible de de façon significative à sept mois de l’élection présiden- tous, M. Sarkozy, qui ne doute de ger qui pèse sur la démocratie et s’in- Confronté à la même situation, qui 5 points de la popularité du chef de l’Etat (à 50 % d’opi- tielle. A l’inverse, Matignon peut escompter que la rien, s’est même mis en tête de terdire de faire jouer ses mécanis- le marginalise aujourd’hui tout nions favorables), les enquêtes de l’IFOP et de BVA fai- « guerre » engagée par les Etats-Unis et leurs alliés con- favoriser un rapprochement entre mes ». Devant l’importance de la autant que M. Bayrou, le président saient déjà apparaître une hausse de 6 points de la tre le terrorisme éclipse, opportunément, la morosité les frères ennemis de la chiraquie : tragédie et, surtout, les incertitu- de Démocratie libérale (DL) n’a tou- popularité de M. Chirac (crédité respectivement de et les incertitudes de la rentrée. M. Juppé et M. Séguin. des sur la nature et l’ampleur des tefois pas eu à opérer le même vira- 60 % et 61 % de bonnes opinions), tandis que, selon la représailles américaines, M. Bay- ge que son rival centriste. A la diffé- Sofres et CSA, il progressait de 2 points (à, respective- Gérard Courtois Jean-Louis Saux rou a décidé de reporter ses dépla- rence de M. Bayrou, M. Madelin cements d’au moins deux semaines avait choisi, lors de sa précampa- supplémentaires. « Dans un gne, de ménager M. Chirac (Le Mon- moment aussi grave, naturellement, de du 11 septembre) ; il ne se voit Philippe de Villiers réaffirme ses critiques à l’égard du chef de l’Etat à mes yeux, la campagne électorale donc pas contraint de changer de est mise entre parenthèses », a affir- ton à son égard. Surtout, le député mé M. Bayrou sur Europe 1, le d’Ille-et-Vilaine peut trouver matiè- Le président du Mouvement pour la France souligne qu’il « ne sera pas le supplétif de la droite » 17 septembre. La parenthèse est re, face à cette crise internationale, ouverte, nul ne sait quand elle va à intervenir sur ce qui était devenu « JE N’AI RIEN contre le voyage revanche, « il n’a pas besoin d’aller bien de temps ? Officiellement, il Marie Le Pen, compte tenu de leur se refermer. l’un de ses thèmes de prédilection : de M. Perrichon. Les voyages for- à Washington et New York pour le attendra la fin de l’année, voire le âge, ne seront plus dans la course, la politique étrangère. Lors des ment la jeunesse et les présidents de dire ». « Sa mission », commen- début de l’an prochain, pour se et il se prend à rêver de rassembler POLITIQUEMENT INAUDIBLE « Estivales libérales » organisées à la République, mais plutôt que de te-t-il, « est de protéger la France ». prononcer. Tiendra-t-il jusque-là ? alors sur son nom « les déçus du Le bureau politique de l’UDF, Tournus du 7 au 9 septembre, passer le bras autour des épaules Dimanche 16 septembre, clôturant « Je suis dans les starting-blocks », chiraquisme, ainsi que les orphelins qui s’est tenu mercredi matin, a été M. Madelin confiait ainsi qu’il aurait des pompiers de New York, Jacques l’université d’été de son parti, à Sei- nous déclare-t-il. En fait, peu de du RPF et du FN ». Pour cela, ne exclusivement consacré à la situa- des divergences à ce sujet avec le Chirac ferait mieux d’entourer les gnosse, dans les Landes, il a ainsi choses le retiennent puisque, affir- vaudrait-il pas mieux qu’il soit pré- tion internationale. Faisant la syn- chef de l’Etat. Depuis les attentats, épaules de ceux qui seront les pom- appelé à « un sursaut national » et me-t-il, il n’a pas de souci d’argent. sent dès 2002 ? Les sondages – qui thèse d’un débat qui a opposé les le président de DL a rappelé qu’il piers du terrorisme sur le territoire réclamé « la suspension immédiate « Les ressources du MPF, les dons et montrent la chute des intentions tenants d’une alliance sans faille avait plaidé, en vain, pour un sou- français, car cette affaire-là va du traité de Schengen, ainsi que un prêt bancaire » devraient suffi- de vote en faveur de Charles Pas- avec les Etats-Unis, comme Hervé tien au commandant Massoud, ren- venir chez nous. » l’abolition du traité d’Amsterdam ». re à la campagne courte qu’il se qua et la « non-existence de Christi- de Charette, aux partisans d’une contré lors d’un séjour en Afghanis- Contrairement à Alain Madelin « Il faut rétablir nos frontières et proposerait de faire. ne Boutin » – le pousseraient à se approche européenne plus pruden- tan, en 1999. Et il a réaffirmé, dans ou à François Bayrou, Philippe de notre souveraineté pour régler nous- De même se dit-il assuré d’obte- présenter. te, M. Bayrou a indiqué que l’UDF une tribune publiée dans Le Figaro Villiers profite d’une actualité qui, mêmes le problème de l’immigra- nir les cinq cents signatures d’élus, Quoi qu’il en soit, M. de Villiers s’était déclarée « 100 % alliée » des du 19 septembre, son souci de voir explique-t-il, lui fournit l’occasion tion et de la sécurité », a-t-il ainsi indispensables pour valider toute affirme haut et fort qu’il « ne sera Etats-Unis, mais « 100 % les yeux la France ne plus « faire ami-ami d’échapper « à la campagne supra affirmé en déplorant que « depuis candidature à l’élection présiden- pas le supplétif de la droite » à l’élec- ouverts ». Lors de cette réunion, avec des régimes qui méprisent les cantonale imposée, avant les événe- sept ans nos gouvernants ont sabor- tielle. Alors ? Alors, M. de Villiers tion présidentielle de 2002. Et il l’ancien ministre Alain Lamassoure droits humains élémentaires ».A ments, par la classe politique ». Les dé l’outil de la défense française » explique qu’il tient à s’assurer que ajoute même : « Je suis un homme a été le seul à intervenir au sujet de défaut d’être aujourd’hui politique- événements lui permettent d’égre- et « transformé notre armée en la campagne électorale – à la de droite par certains côtés, mais je la campagne électorale, en plai- ment audible, M. Madelin, qui doit ner, à l’instar de Charles Pasqua, milice humanitaire pro-islamiste ». faveur de l’actualité internationale considère que les enjeux sont d’une dant – en vain – en faveur de sa se rendre à Rome le 25 septembre, son ex-coéquipier du RPF devenu et de l’arrivée de l’euro – ne se telle gravité que si je devais faire un reprise immédiate. expose ses propositions à tous ceux son adversaire, les thèmes chers « DANS LES STARTING-BLOCKS » cantonnera pas au débat gauche- choix au deuxième tour entre Chirac « Le bus ne repartira pas avant le – infirmières, médecins, buralistes, aux souverainistes. La tonalité très « présidentielle » droite et laissera un espace aux et Chevènement, je choisirai Chevè- mois prochain », confirme la dépu- etc. – qu’il a rencontrés ces derniers Si le président du Mouvement du discours de Seignosse n’a souverainistes. Car, selon lui, c’est nement. J’ai pour ce dernier de l’esti- tée européenne Marielle de Sarnez, jours, lors de « réunions thémati- pour la France (MPF) applaudit échappé à personne. Pourtant, le l’avenir de la France qui en est le me. C’est un homme politique qui a en ajoutant qu’il s’agira alors, pour ques » prévues de longue date… quand M. Chirac parle de la solida- président du conseil général de principal enjeu. M. de Villiers ne perçu les enjeux essentiels. » M. Bayrou, d’« aller écouter les Fran- rité de la France avec les Etats Vendée hésite encore à se lancer cache pas qu’il mise surtout sur çais plutôt que de mener campa- Jean-Baptiste de Montvalon Unis, c’est pour ajouter qu’en dans la course à l’Elysée. Pour com- 2007. Charles Pasqua et Jean- Christiane Chombeau 16 / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 FRANCE-SOCIÉTÉ Le financement des 35 heures jette une ombre sur la fiabilité des comptes de la Sécurité sociale Le gouvernement relèvera de 9 % le prix du tabac en 2002. Les pensions augmenteront de 0,3 % Le projet de loi de financement de la Sécurité riés. L’assurance-maladie restera la seule bran- liards ) et les accidents du travail (+ 3,3 milliards) sociale pour 2002 prévoit un excédent de 5,4 mil- che déficitaire (– 13 milliards). Les allocations seraient excédentaires. Les pensions de base liards de francs pour le régime général des sala- familiales (+ 8,3 milliards), la vieillesse (+ 6,8 mil- augmenteront de 0,3 % (hors inflation).

LE MECCANO du financement rage. Les experts de la Cour des surtout, que les « tuyaux » ont dû nomie (APA). Du coup, il sera défi- des 35 heures continue. Pour équi- comptes, notamment, ont estimé être branchés. citaire en 2001 et 2002 et ne pour- librer, comme la loi le prévoit, le dans leur dernier rapport (Le Mon- Le gouvernement a décidé de ra donc pas, comme cela était pré- fonds chargé de financer les allège- de du 19 septembre) qu’elle devait transférer au Forec le produit de vu, alimenter… le fonds de réserve ments de charges sociales (Forec) rester à la charge de l’exercice 10 milliards de francs de taxes fis- des retraites ! lié à la réduction du temps de tra- 2000. Dans ces conditions, ses cales : 5 milliards au titre de la taxe Ce dernier bénéficiera, en revan- vail, le gouvernement a été con- résultats en seraient modifiés sur les contrats d’assurance (elle che, d’excédents de la branche traint de trouver de nouveaux d’autant. aussi déjà utilisée pour les 35 heu- famille à hauteur de 3 ou 4 mil- « tuyaux » d’alimentation. En Le règlement de cette facture res), 3 milliards de taxe sur les con- liards et de ceux de la branche 2002, ce sont ainsi 18 milliards de devra, de toute façon, faire l’objet trats de prévoyance jusqu’à pré- vieillesse, en plus de l’affectation francs de recettes fiscales qui d’une « opération de nettoyage », sent versés au Fonds de solidarité des futurs 16 milliards de francs de seront versées au Forec afin de selon l’expression du ministère de vieillesse (FSV), et 2 milliards de recettes de l’UMTS (téléphonie compenser le déficit. Pour y parve- l’emploi. Dans l’esprit du gouver- francs apportés par la hausse des mobile). Le financement du fonds nir, Elisabeth Guigou, la ministre nement, le projet de loi 2002 de prix du tabac. Comme en 2001, d’indemnisation des victimes de de l’emploi et de la solidarité, financement de la Sécurité sociale 5 milliards de francs de droits sur l’amiante, lui, sera anticipé et devait annoncer devant la commis- jouerait, à titre exceptionnel, le les alcools seront également ver- abondé de 2,5 milliards de francs sion des comptes de la Sécurité rôle d’une loi rectificative afin sés au Forec, ainsi que 3 milliards en 2001 (auxquels il faut ajouter sociale, réunie jeudi 20 septembre, 500 millions en 2002). une hausse de 9 % des prix du Une fois ce circuit incroyable tabac. 735 milliards pour l’assurance-maladie en 2002 effectué, Mme Guigou a pu Si cette mesure ne constitue pas détailler, devant la Commission une première, – les recettes du L’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam), des comptes, les résultats branche tabac ont déjà été utilisées pour voté chaque année par le Parlement sur proposition du gouverne- par branche du régime général des les 35 heures –, l’affichage d’une ment dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité salariés. En 2002, seule devrait être nouvelle hausse peut apparaître sociale, devrait progresser de 3,8 % en 2002, pour atteindre une som- en déficit l’assurance-maladie troublante au moment où la politi- me globale supérieure à 735 milliards de francs. L’objectif de 3,5 % en (– 13 milliards). Les autres affi- que économique mise en avant 2001 ayant été dépassé, les compteurs ont été une nouvelle fois remis chent des résultats positifs : par Bercy est, avant tout, basée à zéro : l’évolution en 2002 a été établie à partir des dépenses effecti- 3,3 milliards d’excédents pour les sur la baisse des impôts. C’est vement réalisées et non des objectifs. accidents du travail, 6,8 milliards d’ailleurs à ce titre que Lionel Jos- Cette prévision peut paraître toutefois très optimiste, dans la mesu- pour la vieillesse et 8,3 milliards pin avait renoncé à étendre l’éco- re où la dotation hospitalière, à elle seule, doit intégrer une bonne pour la famille. Ces résultats per- taxe et à augmenter la fiscalité sur partie du coût des 45 000 créations d’emplois prévues sur trois ans mettent à la Sécurité sociale d’affi- le gazole malgré les engagements dans les hôpitaux publics. Selon la Caisse nationale d’assurance- cher un excédent consolidé de européens de la France. maladie, entre janvier et août 2001, les dépenses de santé ont aug- 5,4 milliards de francs en 2002. Ces Le gouvernement n’avait, sem- menté de 5 %, en raison, notamment, de la consommation de médica- prévisions tiennent compte des ble-t-il, pas le choix. Le change- ments en hausse de 8,7 %. 2,6 milliards de mesures nouvelles. ment de méthode comptable Figurent notamment dans la lis- (pour la première fois la Sécurité te la création du congé paternité sociale adopte celle dite des d’annuler cette créance et de la du produit de la taxe sur les véhicu- de quinze jours (700 millions de « droits constatés » propre à tou- reporter en 2001. Pour cette année- les à moteur en vigueur depuis francs) et l’augmentation de 0,3 % tes les entreprises) laisse en effet là, il est prévu que la 1967. Ces deux derniers impôts en volume (2,2 % avec l’inflation) apparaître des résultats peu flat- « Sécu » cède au Forec le reliquat étaient jusqu’à présent perçus par des pensions de base, comme l’an- teurs. En 2001, le solde des quatre des droits sur les alcools qu’elle la Caisse nationale d’assurance- née dernière. branches du régime général détenait encore jusqu’ici : 5 mil- maladie (CNAM). Il y aura donc Le dernier budget de la Sécurité (famille, vieillesse, maladie et acci- liards de francs, soit le montant du bien une contribution directe de la sociale de la législature, qui sera dents du travail) ne sera pas posi- déficit enregistré en 2001 par rap- Sécurité sociale au financement discuté au Parlement en octobre, tif de 8,1 milliards de francs com- port au coût des allégements de des 35 heures… table sur une augmentation de 5 % me prévu, mais déficitaire de 7 mil- charges estimé à 95 milliards de Le jeu kafkaïen des vases com- de la masse salariale. Aucune révi- liards. francs. municants ne s’arrête pas là. Le sion n’a été apportée du fait de C’est, en effet, le produit de la Mais en 2002 le problème se cor- FSV, qui gère le minimum vieilles- l’augmentation du chômage enre- créance laissée par les allégements se. Selon les prévisions du ministè- se, en particulier, est lourdement gistrée ces trois derniers mois, et de charges sociales non compen- re, la somme des allégements de sollicité par les transferts de tou- encore moins au regard des atten- sées à la Sécu en 2000 que le gou- charges devrait atteindre 102 mil- tes sortes, pour le financement des tats survenus aux Etats-Unis. vernement souhaite reporter sur liards, laissant apparaître un 35 heures comme pour celui de 2001. Or, le débat sur ce point fait « trou » de 18 milliards. C’est ici, l’Allocation personnalisée d’auto- Isabelle Mandraud Les concessions sur le temps de travail n’ont pas rassuré les personnels des hôpitaux LES NÉGOCIATIONS sur les Bernard Kouchner, le ministre ans promis par le gouvernement temps de consulter leur base, pour 35 heures, pourtant closes, n’ont délégué à la santé, reportée. «On pour mettre en œuvre les 35 heu- accepter ou rejeter le projet qui pas permis d’apaiser les tensions à reste partagés entre plusieurs res à partir du 1er janvier 2002. doit servir de cadre national avant l’hôpital. C’est même tout le con- impressions sur la façon dont les Cet effort en faveur de l’emploi, que les négociations s’engagent traire. Plus le temps passe, plus pouvoirs publics abordent cette qualifié d’« exceptionnel » par établissement par établissement. l’exaspération devient palpable, question » des 35 heures « visible- Mm Guigou, pas plus que l’abaisse- comme l’ont confirmé les différen- ment embarrassante », a réagi dans ment à 32 h 30 du temps de travail « DÉBATS » À LA CFDT tes assemblées générales qui ont un communiqué l’Intersyndicat des personnels de nuit, n’a suffi à Pour le moment, l’incrédulité eu lieu ces derniers jours dans les national des praticiens hospitaliers lever, lors de la dernière réunion domine. Tentée de parapher le établissements, en prévision de la (INPH). « Au nombre de ces impres- de négociations, les réticences des document, la CFDT, qui n’a pas journée nationale d’action organi- sions figure, hélas, la désinvolture, syndicats (Le Monde du 14 septem- appelé, au niveau national, à mani- sée jeudi 20 septembre. Comme fustige sa présidente, Rachel bre). « Le malaise sur les conditions fester jeudi, reconnaît l’existence d’autres, celle qui s’est tenue, mar- Bocher. Cette journée de mobilisa- de travail dans les hôpitaux perdu- de « débats » internes. Ses adhé- di 18 septembre, à l’hôpital pari- tion n’est certainement pas la der- re, malgré les 14 milliards de francs rents ont donc été appelés, en prio- sien de la Pitié-Salpêtrière s’est nière. » injectés par le gouvernement ces rité, à organiser des « réunions d’in- conclue par un soutien massif. deux dernières années et malgré les formation ». « Il reste des questions, Si le gouvernement espère secrè- UNE « GOUTTE D’EAU » créations d’emplois. C’est un peu des précisions complémentaires à tement que les attentats aux Etats- Pour la Confédération des méde- décourageant », reconnaît Claude apporter. Mais peut-on balayer d’un Unis contribueront à relativiser les cins hospitaliers (CMH), qui a éga- Pigement, délégué national à la revers de main, même si c’est insuffi- choses, les mots d’ordre de grève lement appelé ses adhérents à santé du PS. sant, 45 000 créations d’emplois ? Si et les appels à manifester ont conti- manifester, la « situation est surréa- Pour beaucoup, en effet, des le protocole est signé, nous aurons nué à circuler un peu partout, sans liste ». « Les négociations traînent, interrogations restent sans répon- trois ans pour le mettre en œuvre », que personne ne s’avance à faire la phase “diagnostic” qui avait été ses sur les modalités concrètes de juge Yolande Briand, secrétaire un pronostic sur les résultats de demandée à chaque établissement la réduction du temps de travail. générale adjointe de la fédération cette mobilisation. A Paris, le cortè- n’est même pas achevée. Là-dessus, D’importants désaccords persis- CFDT. L’UNSA et le SNCH (cadres ge devait se rassembler à 10 h 30 les choix budgétaires qui vont être tent sur le décompte annuel des hospitaliers) reconnaissent aussi devant la gare Montparnasse, à rendus publics risquent d’être la jours, l’organisation des astreintes qu’il y a des « avancées ». Sans dou- l’initiative des syndicats CGT, SUD- goutte d’eau », commente Fran- ou du compte épargne temps. FO, te les positions des uns et des CRC, FO et CFTC. La Coordination çois Aubart, président de la CMH. la CGT et SUD-CRC ont dénoncé autres s’ajusteront-elles après la nationale des infirmières (CNI) Jeudi, en effet, se tient également la « flexibilité » qui, selon eux, journée d’action de jeudi décidée s’est jointe au mouvement, ainsi la réunion de la commission des découlerait du projet d’accord qui depuis le mois d’août. que plusieurs syndicats de méde- comptes de la Sécurité sociale (lire leur a été soumis. Les syndicats cins hospitaliers. ci-dessus) au cours de laquelle ont jusqu’au 27 septembre, le I. M. La veille, ces derniers, qui négo- Mme Guigou présentera les grandes cient à part la réduction du temps lignes du budget 2002 de la Sécu. de travail pour les praticiens, ont Or, sur leur enveloppe financière, vu leur rencontre programmée les hôpitaux devront prendre en avec Elisabeth Guigou, la ministre charge une bonne partie du sur- de l’emploi et de la solidarité, et coût des 45 000 emplois sur trois FRANCE-SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 17

Le poids croissant des dépenses de santé SOLDE DE LA SÉCURITÉ SOCIALE DÉTAIL DES BRANCHES EN 2002 TOUTES BRANCHES CONFONDUES en milliards de francs en milliards de francs Prévu La consommation excessive et régulière d’alcool initialement MALADIE –13 + 8,1 +5,4 + 4,4 augmente les risques de développer un cancer + 3,2 ACCIDENTS + 3,3 DU TRAVAIL Chaque année, près de 23 000 décès sont liés à cette pratique, dont 40 % par cirrhose du foie L’Institut national de la santé et de la recherche l’alcool sur la santé. Une consommation excessive et des troubles du système nerveux. Les experts VIEILLESSE +6,8 médicale (Inserm) devait rendre publique, jeudi provoque principalement des maladies du foie, soulignent également les dangers spécifiques Déficit dû au 20 septembre, une étude qui recense les effets de des cancers des voies aérodigestives supérieures pour la femme enceinte et l’enfant qu’elle porte. financement des 35 heures –7 PRÈS DE 23 000 décès sont direc- et des effets sur le système ner- Cet inventaire effectué, les faciales, un retard de croissance et qui sera épongé + 8,3 FAMILLE tement imputables, chaque année, veux. Les douze experts de l’In- experts de l’Inserm invitent à « met- des handicaps sur les plans compor- 1999 2000 2001* 2002* à la consommation excessive et serm rappellent que les cirrhoses tre en place des campagnes d’infor- tementaux et cognitifs. Le risque Ces résultats tiennent compte de la nouvelle comptabilité en droit constaté régulière d’alcool, dont plus de la résultent d’une intoxication d’au mation et de prévention qui tiennent d’accoucher d’un enfant de faible *PRÉVISIONS Source : ministère de l'emploi et de la solidarité moitié par cancers des voies aérodi- moins dix ans chez les femmes et compte de l’âge des consomma- poids ou porteur de troubles cogni- gestives supérieures et près de d’au moins quinze ans chez les teurs ». Les messages qui s’adres- tifs est lié à des consommations d’au 40 % par cirrhose du foie, sans hommes, et pour des doses quoti- sent au moins de quarante ans doi- moins 20 grammes d’alcool par jour, compter les accidents sous l’empri- diennes inférieures chez les fem- vent « sensibiliser les personnes sur mais aucune étude n’a permis de Au CHU de Rouen, les 35 heures se de l’alcool. Ces chiffres ont con- mes : à partir de 30 grammes d’al- les effets différés d’une consomma- désigner un seuil d’innocuité pour le duit la Caisse nationale d’assuran- cool (soit trois verres standards de tion régulière d’alcool ». Les auteurs fœtus. Les experts de l’Inserm signa- ce-maladie, le Comité français vin, de bière ou de spiritueux) par de l’expertise insistent au passage lent, de plus, qu’une femme encein- suscitent appréhension et scepticisme d’éducation pour la santé et la Mis- jour pour les femmes et à partir de sur la perception souvent faussée te ayant une consommation occa- sion interministérielle de lutte con- 50 grammes d’alcool par jour pour des bénéfices sur le plan cardiovas- sionnelle mais excessive d’alcool ROUEN (Seine-Maritime) gne Eric Bercoff, praticien hospitalo- tre la drogue et la toxicomanie à les hommes. Après le diagnostic culaire d’une consommation modé- (par exemple cinq verres) fait courir de notre envoyée spéciale universitaire et président de la com- demander à l’Institut national de la d’une cirrhose, de 40 % à 80 % des rée d’alcool, qui n’a été montrée des risques à l’enfant qu’elle porte. A l’entrée des ascenseurs et dans mission médicale d’établissement. santé et de la recherche médicale patients décèdent dans les cinq ans que dans des études chez des per- Enfin, il apparaît que tous les indi- les couloirs du centre hospitalo-uni- Néanmoins, il observe « un vrai (Inserm) de réaliser une expertise suivants. sonnes de plus de 45-50 ans. vidus ne sont pas à égalité face au versitaire (CHU) de Rouen, une affi- changement de société, qui touche collective des effets de l’alcool sur L’alcool multiplie le risque de risque alcool. La corpulence, entre aussi les médecins ». « Les plus de cin- la santé. Cet état des connaissan- cancer par un facteur de deux à six, FRAGILITÉ DES FEMMES ENCEINTES autres, intervient : les individus obè- REPORTAGE quante ans, éduqués dans une culture ces scientifiques devait être rendu a fortiori lorsqu’il est associé au De même, l’expertise collective ses consommant de l’alcool en de disponibilité permanente, se public jeudi 20 septembre. Une tabac : les consommateurs de plus rappelle la vulnérabilité particulière excès présentent davantage de ris- Pour beaucoup disent : “Où va-t-on ?” Mais d’autres, seconde expertise portant sur les de 45 grammes d’alcool par jour des personnes atteintes d’une hépati- ques de développer une cirrhose. de médecins, plus jeunes, s’interrogent sur le thè- effets sociaux de l’alcool sera fumant plus de 40 cigarettes quoti- te virale et des femmes enceintes. Dans leur conclusion, les experts de compter ses heures me : “La RTT, pourquoi pas publiée au cours de l’année 2002. diennement multiplient ainsi par Chez ces dernières, la consomma- l’Inserm souhaitent que les recher- paraît « incongru » nous ?” », ajoute M. Bercoff. Les principales pathologies liées quinze le risque de cancer des tion régulière d’alcool peut pertur- ches débouchent sur l’identifica- Pour Eric Clavier, radiologue et à la consommation excessive d’al- voies aérodigestives supérieures. ber le développement psychomo- tion d’un ou plusieurs marqueurs accroc du travail, « les 35 heures don- cool sont de trois ordres : une toxi- Sur le plan neurologique, les trou- teur de l’enfant, voire entraîner un biologiques afin de ne pas dépen- chette orange, signée de l’intersyndi- nent le sentiment d’une remise en cité pour le foie, des cancers tou- bles cognitifs (mémoire, capacités « syndrome d’alcoolisation fœtale ». dre des seules déclarations pour cale CFDT, CGT, FO, SUD et CFTC, question de ce que l’on fait ». « Le gou- chant essentiellement les voies visuomotrices, etc.) sont retrouvés D’une fréquence comprise entre mesurer la consommation d’alcool. appelle les personnels à participer, vernement accorde 12 milliards de aérodigestives supérieures (bou- chez plus de 50 % des consomma- 0,5 à 3 pour mille naissances, il se tra- jeudi 20 septembre, à la Journée francs pour l’emploi et la RTT mais che, pharynx, œsophage et larynx), teurs excessifs. duit par des malformations crânio- Paul Benkimoun nationale d’action sur les 35 heures. rien pour l’IRM [imagerie par réso- Dans cet établissement employant nance magnétique] et les équipe- 6 955 personnes, le dossier de la ments, regrette-t-il. Va-t-on sacrifier réduction du temps de travail est l’innovation sur l’autel du progrès désormais sur toutes les lèvres. Et social ? » Comme les paramédicaux, c’est l’incrédulité qui domine. les médecins s’inquiètent aussi de la Parmi les personnels paramédi- répercussion des 35 heures sur la caux, « il existe une forte attente en ter- qualité des soins. mes d’amélioration des conditions de Guy Vallet reconnaît que la réduc- travail et, en même temps, beaucoup tion du temps de travail est non seu- d’appréhension sur la mise en place lement « une idée techniquement des 35 heures, notamment sur les compliquée », mais aussi « psycholo- moyens humains qui seront dégagés giquement délicate ». « Les 35 heures pour permettre la réduction du temps sont presque une injure pour certains de travail », résument Odile Dupray médecins mariés à l’hôpital et s’appa- Nouvelle progression et Catherine Delamarre, cadres infir- rentent à un choc par rapport à la mis- mières. Dans ce CHU, où plusieurs sion de soins », explique-t-il. Il espère dizaines de postes de paramédicaux que les anesthésistes et les urgentis- de l’activité et des résultats ne sont pas pourvus et où la gestion tes – habitués à un travail posté – des remplacements relève souvent « amèneront les autres spécialistes du casse-tête, bon nombre de per- aux 35 heures ». Chiffre d’affaires Bonnes perspectives 2001 sonnels considèrent que les 35 heu- e res sont « irréalisables ».Etcene 9 558 M er sont pas les 45 000 créations d’em- La DCI, un mode moins 1 semestre 2001 : Bonnes perspectives 2001 plois sur trois ans promis par le gou- amélioration de la rentabilité Le chiffre d’affaires prévisionnel pour 2001 vernement qui suffisent à rassurer coûteux de prescription Le chiffre d’affaires du 1er semestre 2001 s’élève à 20,5 milliards d’e, en hausse de 7%, une les salariés. « Rapporté au nombre + 10% d’hôpitaux, ce chiffre n’est que de la Le projet de loi de finance- s’établit à 9,6 milliards d’e, en progression de 10% bonne progression dans l’environnement actuel. er poudre aux yeux », considère Odile ment de la Sécurité sociale pré- 8 683 Me par rapport au 1 semestre 2000. La plus forte Bouygues Telecom continue son essor dans un Dupray. Quant à la solution du voit que les médecins pourront croissance est enregistrée par Bouygues Telecom climat compétitif. Dans le domaine du multimédia compte-épargne temps, elle est sou- rédiger leurs prescriptions à par- 1er sem. 2000 1er sem. 2001 (+ 36%) et, dans la Construction, par Colas (+ 18%). vent vécue comme une « fumiste- tir de la dénomination commune Année 2000 : 19 060 Me mobile, Bouygues Telecom va faire évoluer son offre rie ». internationale (DCI), alors qu’ils La progression de l’EBITDA (+ 11%) et du résultat de services en fonction des attentes de ses clients et « Les 35 heures – qui obligent à prescrivent actuellement des d’exploitation (+ 15%) confirment l’amélioration de des évolutions progressives des technologies. rebattre toutes les cartes – génèrent noms de marque. La DCI est le forcément une remontée de toutes les nom de la substance chimique la rentabilité du Groupe et en particulier de Bouygues TF1 devrait connaître une baisse d’environ 4% EBITDA e frustrations et de tous les problèmes », active (1 700 en France), qui peut Telecom dont l’EBITDA atteint 153 millions d’ contre de ses recettes publicitaires, ce qui constitue une constate Guy Vallet, directeur géné- avoir des noms de marque (6 500 er 734 Me 38 millions d’e au 1 semestre 2000. ral du CHU. La direction estime que en France), des formes (gélules, bonne performance dans la conjoncture actuelle du l’application des 35 heures nécessite suppositoires…) et des prix diffé- Le résultat net (part du Groupe) s’élève à secteur. En intégrant les recettes provenant des la création de 450 emplois, dont envi- rents. Une prescription en DCI 108 millions d’e, en hausse de 6%. activités de diversification, TF1 augmente son chiffre ron 300 infirmières. Les obtenir est apporte au patient le même servi- + 11% d’affaires de 3%. une chose, les pourvoir en est une ce médical, mais à moindre Structure financière très saine autre tout aussi difficile dans une coût. La caisse d’assurance-mala- La Construction devrait enregistrer une croissance région déjà déficitaire en offre de die de l’Eure a calculé qu’appli- e Au 30 juin 2001, les capitaux propres atteignent 660 M d’activité de + 6%, grâce notamment aux performances soins. quée à tous les médicaments 5,2 milliards d’e et la dette nette ressort à substituables, la DCI lui permet- 1er sem. 2000 1er sem. 2001 de Colas (+ 10%). e 2,1 milliards d’e. Le ratio endettement net sur BOULEVERSER LES HABITUDES trait de faire 24 millions de Année 2000 : 1 474 M Le CHU n’a pas attendu les négo- francs d’économie par an. capitaux propres de 41% est particulièrement Prévisions de chiffre d’affaires 2001 ciations nationales entre syndicats et satisfaisant pour un groupe opérateur de télécom- gouvernement pour se pencher sur munications. Prévision Exercice Variation « l’usine à gaz » que représente la Au-delà des créations d’emplois, Résultat Cette situation permet à Bouygues de mobiliser, si millions d’e 2001 2000 réduction du temps de travail. En la réduction du temps de travail ne 2000, tous les personnels ont reçu un pourra se faire sans une réorganisa- d’exploitation nécessaire, des ressources financières importantes TELECOM-MEDIA 3 700 3 301 + 12% questionnaire les invitant à exprimer tion des activités à l’intérieur et pour son développement. 386 Me Bouygues Telecom leurs attentes face aux 35 heures, et entre les services, et nécessitera, de (part du Groupe)* 1 420 1 090 + 30% tous les responsables de l’encadre- l’avis de la direction, l’installation de Notation Standard & Poors : A-/Stable/A-2 ment ont été appelés à dresser un pointeuses. « Mettre en place les TF1 2 280 2 211 + 03% état des lieux des horaires, des repos 35 heures est un vrai défi qui boulever- + 15% Pour sa première notation, Bouygues se voit et de la gestion des heures supplé- se beaucoup d’habitudes et de attribuer par Standard & Poors les notes de référence SERVICES - Saur 2 520 2 388 + 06% mentaires au sein de leurs services. valeurs, explique Catherine Delamar- à long terme “A-” et à court terme “A-2”, avec CONSTRUCTION 14 200 13 346 + 06% e Les résultats font apparaître que la re. On est obligé de parler de producti- 337 M perspective stable. Bouygues obtient ainsi une excellente durée de trente minutes pour le vité dans un milieu où l’on n’ose pas Total 20 450 19 060 + 07% er er repas n’est pas respectée dans 36 % prononcer ce mot-là » Pour Andrée 1 sem. 2000 1 sem. 2001 notation pour une entreprise industrielle. dont International 7 570 7 062 + 07% des cas, la réglementation du repos Renoir, secrétaire de la section Année 2000 : 812 Me Celle-ci atteste de la solidité de la situation financière compensateur de jours fériés n’est CFDT du CHU, « il n’est pas possible de Bouygues. * Bouygues Telecom à 100% 2 640 2 030 + 30% majoritairement pas appliquée, la de revoir l’organisation des services plupart des soignants déclarent faire dans une ambiance de pénurie et de des heures supplémentaires et 42 % conditions de travail dégradées ». Ses des infirmières travaillent un week- homologues de SUD-Santé refusent Résultat net e marché de la téléphonie mobile est en forte croissance et son avenir reste prometteur. Nous nous end sur deux. Quant aux 35 heures, que l’insuffisance de personnels ait part du Groupe félicitons de ne pas nous être lancés dans une politique de conquête de parts de marché à tout prix et dans l’acquisition de licences UMTS à des coûts que tout le monde s’accorde aujourd’hui à juger elles doivent être l’occasion d’amélio- pour conséquence de « faire en e L 108 M déraisonnables. rer en priorité « la vie familiale et per- 35 heures le boulot de 39, ce serait ni Martin Bouygues Président - Directeur Général sonnelle », puis « la santé (sommeil, acceptable, ni tenable ». Conseil d’Administration du 18 septembre 2001 stress, rythme de vie) », « le contenu et Sophie, infirmière en cardiologie, la charge de travail » et, enfin, « les place son dernier espoir d’améliorer +6% relations avec les membres des autres son rythme de vie dans les 35 heu- Retrouvez l’intégralité de la présentation de Martin Bouygues du 19 septembre 2001 : www.bouygues.fr équipes ». Les personnels interrogés res. Fatiguée, « lavée » par seize ans Relations Investisseurs : [email protected] se prononcent très majoritairement de métier, soit la réduction du temps 102 Me contre une diminution du temps de de travail lui offre « vraiment des travail sur la journée, préférant très jours supplémentaires de congé dans 1er sem. 2000 1er sem. 2001 largement un cumul de repos sur l’année »,soit« je m’en irai », assu- Année 2000 : 421 Me 215 Me hors incidence OPE Colas l’année, le mois ou la semaine. re-t-elle. Chez les médecins, compter ses heures paraît « incongru », témoi- Sandrine Blanchard L’ESPRIT CHALLENGER 18 / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 FRANCE-SOCIÉTÉ

Un magistrat sanctionné pour ses propos A Lyon, des étrangers campent devant sur la dépénalisation du cannabis la préfecture pour réclamer leur régularisation Un substitut du procureur de Perpignan avait jugé la législation « obsolète » Depuis un mois, une centaine de demandeurs d’asile et de sans-papiers Un substitut du procureur de la République de Perpi- favorable à la dépénalisation de l’usage du cannabis venus des pays de l’Est ou d’Algérie, se sont installés sur les quais du Rhône gnan a été déchargé du service des stupéfiants après « dans certaines limites et conditions ». Son supérieur s’être déclaré, dans L’Indépendant du 17 septembre, hiérarchique a considéré ces propos « inacceptables ». pour tenter d’obtenir des autorisations de séjour et des logements décents

TOUTE vérité n’est pas bonne à Dans un communiqué publié tre M. Colomines s’inscrit dans le LYON A Lyon, depuis quelques mois, le d’asile sont de quatre mois. Du dire, surtout pour un magistrat du mardi, Jean-René Floquet, le procu- cadre d’un contentieux interne au de notre correspondante nombre de demandeurs d’asile a coup, la plupart se retrouvent à la parquet s’exprimant sur la dépénali- reur de la République, considère parquet sur les entretiens donnés Lorsque les nuits sont humides, fortement augmenté. En 2000, la rue. sation de l’usage du cannabis. Jean- que ces propos sont « inaccepta- par les substituts sans l’autorisation les immigrés s’engouffrent sous les préfecture avait enregistré Depuis plusieurs semaines, la Pierre Colomines, substitut du pro- bles » et qu’ils « n’engagent nulle- du procureur. Par ailleurs, malgré la grosses bâches noires d’agriculture 1 732 demandes d’asile. Depuis le préfecture organise des réunions, cureur de la République de Perpi- ment le parquet de Perpignan, qui fermeté affichée, M. Floquet recon- qui recouvrent des matelas posés à 1er janvier, elle en a déjà comptabili- avec les associations et les repré- gnan (Pyrénées-Orientales), l’a continuera à appliquer la loi avec fer- naît que les poursuites en matière même le sol, le long des quais du sé 1 300 et estime qu’en 2001, plus sentants des « campeurs » du quai appris à ses dépens. A la suite d’un meté et détermination, quel que soit de simple consommation de canna- Rhône. Depuis vingt-huit jours, une de 2 200 dossiers devraient être Sarrail, pour tenter de réduire les entretien paru le 17 septembre le produit stupéfiant concerné ». bis ne sont pas « systématiques »et centaine de demandeurs d’asile et déposés. L’agglomération lyonnai- délais de convocation et d’amélio- dans le quotidien local, L’Indépen- Interrogé par Le Monde, M. Floquet qu’elles peuvent être remplacées de sans-papiers en provenance des se est devenue le deuxième pôle rer le fonctionnement des commis- dant, dans lequel il s’affirmait en présente la décision prise à l’encon- par des mesures d’injonction théra- pays de l’Est (Kosovo, Tchétchénie, d’attraction pour les demandeurs sions d’admission, mais elle refuse faveur de la dépénalisation « dans tre du substitut comme « une mesu- peutique ou d’accompagnement Russie, Moldavie, Albanie, etc.) et d’asile après Paris. La position géo- de faire droit aux demandes de certaines limites et conditions », re administrative interne au tribu- médical, « comme prévu par la loi ». d’Algérie campent en face des servi- graphique de la ville et l’efficacité régularisation. M. Colomines a été déchargé, mar- nal » et non comme une sanction Les syndicats de magistrats, eux, ces de la réglementation de la préfec- des associations expliquent cette Les représentants de Forum réfu- di 18 septembre, du service des stu- disciplinaire à proprement parler, crient à l’hypocrisie et estiment que ture du Rhône, quai Sarrail, à Lyon. situation. giés, le pasteur Jean Costil et Oli- péfiants dont il s’occupait au par- soumise, pour tout magistrat, à une le substitut de Perpignan a payé La plupart sont des hommes céliba- vier Brachet, ont fait part de leurs quet. Dans l’entretien, le substitut procédure faisant appel au Conseil son franc-parler. « Il a simplement taires mais le campement compte UNE GRÈVE DE LA FAIM ENVISAGÉE critiques sur le mouvement du soulignait que la loi du 31 décem- supérieur de la magistrature. « C’est dit ce que tout le monde sait, souli- également quelques femmes avec Face à cet afflux, les quelque quai Sarrail, estimant qu’il opérait bre 1970 sanctionnant l’usage de purement une question de principe, gne Dominique Barella, secrétaire leurs enfants. Lundi 17 septembre, 1 000 places disponibles dans les un « amalgame » regrettable entre stupéfiants d’un an d’emprisonne- estime le procureur. A partir du général adjoint de l’Union syndica- Mgr Gaillot est venu leur apporter centres d’accueil ou les hôtels ne les demandeurs d’asile – en situa- ment et de 25 000 francs d’amende moment où un magistrat critique une le de la magistrature (USM, majori- son soutien, jeudi, ce devait être l’an- suffisent plus. Si les familles avec tion régulière – et les sans-papiers. était « obsolète et inapplicable ». loi qu’il est censé faire appliquer, il taire). En France, sauf exceptions, thropologue de l’Ecole des hautes enfants sont logées en priorité, la « Aujourd’hui, nous sommes des Pour preuve, le magistrat faisait n’est plus crédible. » l’usage simple de cannabis n’est plus études en sciences sociales Emma- situation des célibataires est parti- demandeurs d’asile, demain, nous état de la dépénalisation de fait pra- poursuivi. C’est une réalité. Il fau- nuel Terray. Soutenus par la Ligue culièrement difficile. Ceux qui ne serons des sans-papiers », répon- tiquée, selon lui, par le parquet de « RAISON SUR LE FOND » drait oser en débattre. » M. Colomi- des droits de l’homme et le Groupe trouvent pas de place dans les cen- dent-ils. Malgré le froid et la polé- Perpignan : « Il faut savoir que nous Au parquet général de la cour nes, de son côté, est censé présen- de veille, ils réclament des condi- tres d’accueil sont hébergés dans mique, les intéressés se disent plus ne poursuivons plus devant le tribu- d’appel de Montpellier, dont ter au parquet général des explica- tions d’hébergement décentes, des des centres pour sans-abri, mais déterminés que jamais, envisa- nal correctionnel pour l’usage simple dépend le parquet de Perpignan, on tions écrites sur ses déclarations à délais rapides d’enregistrement leur séjour ne peut durer plus de geant un recours à une grève de la de cannabis […] C’est un état de fait explique que « le procureur a totale- la presse. pour leurs dossiers à la préfecture et quatorze jours. Or les délais de faim. évolutif qui a commencé il y a envi- ment raison sur le fond », tout en des autorisations provisoires de convocation en préfecture pour ron dix ans déjà. » soulignant que la mesure prise con- Frédéric Chambon séjour avec droit au travail. déposer leur dossier de demande Sophie Landrin L’élection de Bernard Seux à Béthune est annulée LE TRIBUNAL administratif de Lille a annulé, mercredi 19 septem- bre, les élections municipales de Béthune (Pas-de-Calais) au motif que la sincérité du scrutin de mars n’avait pu être assurée. Le député et maire sortant, Bernard Seux (PS), avait remporté le scrutin, devan- çant de 60 voix Jacques Mellick (PS), ancien maire de la ville, qui ten- tait de reconquérir son siège après avoir purgé une peine de cinq ans d’inéligibilité pour faux témoignage dans l’affaire du match truqué entre l’Olympique de Marseille et Valenciennes. Le tribunal adminis- tratif a considéré que la sincérité du scrutin avait pu être altérée par un tract, diffusé trois jours avant le second tour, mettant en cause un colistier de M. Mellick dans l’agression d’un colleur d’affiches de M. Seux. Ce dernier a annoncé son intention de faire appel de la déci- sion devant le Conseil d’Etat. – (Corresp.) Le versement de la prime pour l’emploi de 2002 pourrait être avancé PRÉVU pour septembre 2002, le versement de la prime pour l’emploi pourrait intervenir plus tôt, au début de l’année. Matignon n’a encore pris aucune décision mais réfléchit à cette hypothèse, dans un contexte de ralentissement économique et à quelques mois des élections. Mer- credi 19 septembre, Didier Migaud, rapporteur général du budget et proche de Laurent Fabius, a rejoint le camp des députés socialistes qui, comme Henri Emmanuelli, président de la commission des finances, défendent une accélération du versement de la prime pour l’emploi. M. Fabius a néanmoins évoqué des obstacles techniques dans la mesu- re où les bénéficiaires de 2002 ne seront pas forcément ceux de 2001.

DÉPÊCHES a SYNDICAT : Nicole Notat, la secrétaire générale de la CFDT, explique son souhait de « passer la main » à la tête de sa centrale par « son souci de ne pas faire un mandat de trop », dans un entretien à Syndicalisme Hebdo, l’hebdomadaire de sa confédération, paru jeudi 19 septembre. Elle dément être attirée par une carrière politique, souli- gnant qu’elle « reste très attachée à ce qui a caractérisé » son engage- ment à la CFDT : « renforcer le poids des acteurs de la société civile ». a AFFAIRE ELF : la demande de mise en liberté d’Alfred Sirven a été rejetée, mercredi 19 septembre, par la 9e chambre de la cour d’ap- pel de Paris. Mardi, l’ancien directeur des « affaires générales » d’Elf Aquitaine, âgé de 74 ans et détenu depuis le mois de février, avait indi- qué, à l’audience, avoir été « convaincu de partir », en 1997, par des personnes qu’il n’a pas nommées (Le Monde du 20 septembre). a FAITS DIVERS : le décès de la petite Ovely, 23 mois, retrouvée morte le 29 août dans une rivière à L’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse), pourrait être dû à une « noyade accidentelle », selon un rapport d’ex- pertise publié par La Provence mercredi 19 septembre. Ce rapport con- clut à « l’absence de traces de violence » (Le Monde du 3 septembre) sur la fillette. a Un homme de vingt ans a tué à coups de fusil de chasse son amie, âgée de 16 ans, et le père de celle-ci, avant de mettre fin à ses jours, mercredi 19 septembre, à Montpellier. Une rupture serait à l’ori- gine du drame, selon les premiers éléments de l’enquête. Un enfant handicapé va être indemnisé sur la base de l’arrêt Perruche LA COUR D’APPEL de Bordeaux a décidé, dans un arrêt du 18 septem- bre, d’indemniser un couple et son enfant lourdement handicapé pour « défaut d’information sur les risques encourus par l’enfant à naî- tre ». En 1993, deux ans après l’accouchement à la clinique Bagatelle, dans la banlieue bordelaise, les parents avaient saisi le tribunal de grande instance pour une demande d’expertise. Ils reprochaient au gynécologue de la clinique de ne pas les avoir informés des risques de malformations et de troubles neurologiques, malgré des échographies alarmantes. Dans le cas contraire, ils auraient demandé une interrup- tion thérapeutique de grossesse. Les magistrats se sont appuyés sur l’arrêt « Perruche » de la Cour de cassation pour accorder l’indemnisa- tion : la jeune fille bénéficiera de 400 000 francs, somme provisionnel- le qui pourrait être modifiée après expertise et transformée en rente viagère. 200 000 francs sont attribués aux parents. – (Corresp.) 19 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 Le travail du dimanche jugé illégal dans la première zone commerciale de France Plan de Campagne, installé entre Marseille et Aix-en-Provence, a accueilli 14 millions de clients en 2000. Saisi par des commerçants et artisans marseillais, le tribunal administratif a jugé illégale son ouverture dominicale. C’est désormais au préfet des Bouches-du-Rhône de trouver un compromis

MARSEILLE était alors décidé un moratoire jus- disponibles à Plan de Campagne (CEDE), une première enquête le que son organisation est oppo- de. Mais CGT et CFDT ne voient de notre correspondant régional qu’à septembre afin que le préfet menacent les centres de toutes les qu’elle devait présenter jeudi sée au travail dominical. Mais il pas les choses du même œil : pour 220 000 mètres carrés de surfa- puisse, en cas d’aboutissement villes du département : « Elles vont 20 septembre. Selon le CEDE, le ajoute qu’il est impossible « d’ac- Jean-Marc Cavagnera (CFDT), il ces de vente, six mille emplois, des négociations, fonder ses futu- devenir des cités-dortoirs, assu- succès de la zone commerciale est cepter les conséquences en termes faut « remettre Plan de Campagne 14 millions de passages aux cais- res dérogations sur un consensus. re-t-il, avec tout ce qui s’ensuit en fondé sur le dimanche : 31 % de la d’emploi » d’une éventuelle ferme- dans la légalité », c’est-à-dire ses en 2000, la zone commerciale Pour le moment, rien n’est signé, termes de ghettos et d’insécurité. » clientèle annuelle viendrait ce ture. Il propose donc « le renchéris- fermer. Plan de Campagne, implantée jour-là, générant 28 % du chiffre sement du travail du dimanche », La négociation ne peut donc entre Marseille, Aix-en-Provence d’affaires. De plus, sur 12 millions en l’occurrence une prime de porter que sur un plan d’accompa- et Vitrolles, est sous le coup d’une Une loi et des dérogations de personnes fréquentant annuel- 350 francs. Cela présente, selon gnement d’une durée de trois ans. décision de justice : le 6 mars lement la zone, 9 % viennent de Il soutient d’ailleurs que nombre 2001, le tribunal administratif de Comme la nuit, le dimanche est consacré au repos. Le code du tra- régions situées hors des Bouches- de petits commerçants sont discrè- Marseille a déclaré illégaux les vail (article L.221.1) stipule, en effet, que les employeurs ne doivent du-Rhône : cette clientèle disparaî- Au total, tement favorables à la fermeture 147 arrêtés du préfet des Bouches- pas faire travailler les salariés pendant cette journée, qui est aussi trait immédiatement et sans et souligne qu’il deviendrait très du-Rhône autorisant son ouvertu- celle que les religions chrétiennes consacrent au culte. Cependant espoir de retour. Au total, 250 éta- 250 établissements difficile de refuser aux grandes sur- re dominicale. Saisi en 1997 par certaines entreprises échappent à cette obligation, en raison de leur blissements travailleraient ce jour- faces des dérogations dominicales une association de petites entre- activité : industries à feu continu, commerces de denrées alimen- là avec 4 000 salariés, dont nom- travailleraient si Plan de Campagne obtenait prises, la Société des commer- taires, hôtels, restaurants, cafés, fleuristes, pharmacies, entreprises bre d’étudiants : sur les 157 répon- gain de cause. Il rappelle, au passa- çants, industriels, artisans de Mar- de spectacle. dant à l’enquête (représentant ce jour-là ge, qu’Ikea, dans la zone voisine seille et de sa région (Sociam), le En ce qui concerne les commerces non alimentaires qui souhaitent 3 035 salariés), 64 % affirment de Vitrolles, après avoir été con- tribunal a soutenu qu’aucun élé- ouvrir le dimanche, ils peuvent le faire, dans la limite de cinq qu’ils procéderaient à des licencie- avec 4 000 salariés, traint de fermer le dimanche, a ment n’avait été apporté concer- dimanches par an, sur autorisation du maire de la commune ou du ments en cas de fermeture domini- embauché soixante-dix personnes nant la menace économique pla- préfet, à Paris. Les salariés contraints de travailler le dimanche cale, soit 377 salariés menacés, dont bon nombre l’année suivante. nant sur chacun des établisse- reçoivent une compensation salariale et doivent bénéficier d’un auxquels s’ajouteraient ceux des A la préfecture des Bouches-du- ments ou un préjudice sérieux temps de repos hebdomadaire. prestataires. L’étude du CEDE chif- d’étudiants Rhône, on espère très fort que la infligé à la clientèle en cas de fer- fre donc à 567 les emplois directe- négociation des partenaires meture le septième jour. ment en jeu, et affirme que la dété- sociaux aboutira à la signature Ce fut un coup de tonnerre et les positions des uns et des L’Union pour les entreprises, rioration de l’image en menace- lui, le double avantage de satisfai- d’un accord de l’essentiel des parti- pour les 400 entreprises de cette autres, qui s’étaient rapprochées qui a pris sous son aile les associa- rait bien d’autres. Car « 72 % des re les nombreux salariés qui, dans cipants. Et on assure qu’on instrui- zone devenue en plusieurs décen- au printemps, semblent se raidir à tions de Plan de Campagne, refu- interrogés » dans l’enquête auprès l’illégalité parfaite, ne touchent ra les dossiers de demande de nies un des lieux les plus animés l’échéance. se l’idée de fermeture du septième de la clientèle « se déclarent contre aucun bonus dominical et de faire dérogation avec une très grande de l’aire métropolitaine marseillai- Adossée à la décision du tribu- jour. Elle a lancé, par l’intermé- la fermeture le dimanche ». pression pour la diminution du tra- attention. se (lire ci-dessous). Cette décision, nal, la Sociam affiche une posture diaire du Centre d’études et de Les syndicats ouvriers sont divi- vail ce jour-là. La CGC et la CFTC dont l’appel n’est pas suspensif, ferme. Elle considère que la négo- développement des entreprises sés. Alain Comba, pour FO, rappel- sont sur la même longueur d’on- Michel Samson pose un sérieux problème à l’ac- ciation ne peut porter que sur un tuel préfet Yvon Ollivier : il récol- calendrier progressif d’arrêt du te une tempête semée par tous ses travail dominical, avec des expéri- prédécesseurs qui, dans les mentations saisonnières de ferme- années 1980, avaient accordé ces ture partielle, et une attention dérogations. Le 31 mars, M. Olli- plus grande portée aux activités vier convoquait une table ronde de loisir, en expansion depuis une composée de la Sociam, des com- décennie. Son président, Roger merçants de Plan de Campagne, Mongereau, a comptabilisé regroupés dans le Centre de vie 1 895 liquidations d’entreprises régionale (CVR), l’Association des commerciales dans la ville de Mar- propriétaires et exploitants de seille en trois ans, entraînant Plan de Campagne et les syndicats 3 000 licenciements de salariés : il de salariés : des interlocuteurs en tient les zones commerciales représentatifs, même s’ils sont pour responsables. Il ajoute que peu implantés sur le terrain. Il les 80 000 mètres carrés encore Des sociologues aixois ont exploré « une ville émergente » MARSEILLE Mais on va aussi à Plan pour de notre correspondant régional d’autres raisons : il y a cinquante Il est de bon ton de mépriser les lieux de restauration sur la zone, zones commerciales et celle de et une part importante de l’activité Plan de Campagne, première du est désormais consacrée à la dis- genre, n’y échappe pas. Cet espace traction : bowling et cabarets, est perçu, surtout par ceux qui n’y aquarium et ferme modèle y ont vont pas, comme de l’antiville. fleuri ces dernières années, ainsi Ayant longtemps échappé à toute qu’un multiplex de cinéma. La pré- gestion politique, il fonctionne sence de deux hôtels logeant prin- comme un repoussoir qui s’oppo- cipalement des travailleurs ayant à se aux vieux centres urbains où faire dans le secteur, celle de mar- régneraient l’urbanité, la civilité, la chés de plein air, de restaurants citoyenneté – le lien social, puis- ouvriers à bas prix et une activité que c’est le terme consacré. L’es- nocturne croissante renforcent thétique kitsch d’enseignes criar- l’idée des auteurs qu’il y a bien là des, la signalisation interne identi- aussi de la sociabilité urbaine. que à celle des routes, l’omnipré- Ils notent d’ailleurs une coïnci- sence des voitures et des parkings, dence historique frappante : Plan l’absence de bâtiments publics et, de Campagne a pris son essor dans bien sûr, d’édifices historiques les années 1970, au moment seraient les signes incontestables même où le complexe industrialo- de ce moins d’urbanité. portuaire marseillais s’effondrait avec les dynasties qui le portaient POINTILLEUSES OBSERVATIONS depuis un siècle. C’est dire que l’ex- Il faut y regarder de plus près, tension de cette zone commerciale comme l’ont fait des équipes de traduit la transformation complè- sociologues du Laboratoire médi- te de la zone urbaine et périur- terranéen de sociologie d’Aix baine marseillaise, devenue dans (Lames) effectuant différentes étu- ces années-là une plate-forme ter- des, pour le plan urbanisme cons- tiaire mêlant activités fonctionnai- truction et architecture, durant res et commerciales, au lieu des l’année 1999. Leur pointilleuse entreprises usinières d’antan. observation de la façon dont les D’ailleurs ce développement est groupes vaquent dans la zone et contemporain de la création de des trajets qu’ils empruntent, leurs l’immense marché au puces mar- rencontres avec les propriétaires seillais et de ce qui fut l’ère glorieu- de restaurants ou de bowling mon- se du quartier Belsunce, place for- trent que ce qui fut d’abord un te du commerce européo-algérien. temple du discount électro-ména- Bref, c’est bel et bien un nouveau ger est devenu un des lieux princi- centre urbain de l’aire métropoli- paux de l’urbanité contemporaine. taine marseillaise qui s’est créé là, Plan de Campagne n’est pas un à l’insu de la plupart des décideurs endroit où l’on irait faire des cour- institutionnels. Une « ville émer- ses différemment. On s’y rend en gente », disent les sociologues qui groupe, famille élargie le plus sou- l’ont explorée. vent, on y déambule, on y bavar- de, on s’y arrête et on attend com- M. Sn me dans n’importe quel autre lieu de la ville. On s’y déplace selon des e « Champs relationnels, champs parcours complexes, utilitaires et circulatoires, « ville émergente » ludiques, entre des routes et des et urbanité au prisme de Plan de magasins de toutes tailles offrant Campagne » (sous la direction de une incroyable gamme de pro- Samuel Bordreuil, Lames-MMSH- duits, de l’animal à l’accessoire CNRS) automobile, de la brocante aux e « Rapport d’échange et ordre habits démarqués, de l’ameuble- moral ; l’épaisseur sociale de la ment à la chaussure, du hambur- grande surface : le cas de Plan de ger aux ordinateurs dernier cri, de Campagne » (sous la direction de la démarque bon marché aux Michel Péraldi, Lames-MMSH- accessoires de luxe. CNRS). 20 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001

SOCIAL Si l’Allemagne n’échap- limiter le nombre des demandeurs vail, la Commerzbank favorise le et estime que son coût pèse lourde- teur, favorisant par exemple les pe pas à la vague des plans sociaux, d’emploi. b SIEMENS propose à ses temps partiel dans sa filiale Comdi- ment sur l’économie b LE CHANCE- fonds de pension mais rendant plus le poids des syndicats et la cogestion salariés de prendre des congés sab- rect. b SI LES SYNDICATS restent LIER SOCIAL-DÉMOCRATE Gerhard difficile les OPA hostiles. b LE MODÈ- qui caractérisent le capitalisme alle- batiques, Volkswagen expérimente très favorables à la cogestion, le Schröder se veut à la fois le garant LE ALLEMAND reste difficilement mand imposent aux entreprises de un nouveau type de contrat de tra- patronat la juge en partie dépassée du modèle allemand et son réforma- exportable en France. Le « modèle social » allemand au secours de l’emploi Outre-Rhin, plusieurs grandes entreprises de la métallurgie et des services ont récemment annoncé des mesures innovantes pour limiter l’impact des plans sociaux sur l’emploi. Malgré tout, le débat sur la cogestion reste très vif

FRANCFORT conseil de surveillance, à parité General Motors, Carl-Peter Fors- ble les licenciements économiques », Certes, si elles soulagent sans très sensible des méthodes anglo- de notre correspondant avec les représentants patronaux, ter, entendait fermer une usine en note-t-il. Les pourparlers devaient doute les salariés concernés, l’im- saxones. La cogestion n’échappe La cogestion, applaudie ou en vertu des règles qui régissent la Europe, il a dû donner, fin août, l’as- déboucher d’ici à la fin de septem- pact des initiatives prises ici ou là pas à cette lame de fond. Les asso- controversée même en Allemagne, vie des grands groupes. surance de renoncer à ce projet bre, mais risquent de se prolonger. n’est pas toujours énorme. Chez ciations patronales, qui soulignent peut-elle servir d’amortisseur pour De la même manière, Siemens a avant d’entrer dans le vif des négo- A l’inverse, puisqu’il s’agit cette Siemens, par exemple, à peine une l’apport bénéfique de cet outil lors une économie confrontée au ralen- lancé dans les premiers jours de ciations avec les syndicats pour bou- fois d’embauches, le constructeur centaine de personnes pourraient des dernières décennies, le jugent tissement mondial ? « Oui », affir- septembre un plan de congés sab- cler son plan d’économies. « Nous automobile Volkswagen vient de bénéficier des congés sabbatiques bien souvent inadapté aujourd’hui. ment les syndicats. « Pas si sûr », batiques afin d’alléger une vague nous sommes unis pour éviter une boucler un vaste programme de proposés ; les cadres sont réticents A l’heure de la mondialisation, au rétorque le patronat. Toujours est- de licenciements prévue dans une car ce repos transitoire, imaginé moment où les groupes allemands il que, dans le flot des plans sociaux des activités en proie à de vives tur- dans l’attente d’un rebond rapide se développent hors de leurs fron- annoncés ces derniers mois, des bulences : la téléphonie mobile. Le gouvernement renforce les comités d’entreprise du marché, pourrait entraver leur tières, cette pratique serait un luxe entreprises de premier plan ont pui- Même si l’addition est élevée, avec carrière. « Les innovations dévelop- impossible à exporter, et empêche- sé dans les vertus du fameux dialo- des milliers de postes supprimés C’est une des grandes fiertés du ministre du travail, Walter Riester pées par Volkswagen font rarement rait des restructurations plus radica- gue social allemand pour « limiter malgré tout, pour de nombreux (SPD) : l’ancien numéro deux du syndicat de la métallurgie d’IG Metall école, du moins en l’état, mais il est les. « C’est le genre de dispositif qui la casse ». experts, le géant allemand a eu la a finalement réussi à imposer sa réforme de la cogestion. Le texte a vrai qu’elles influencent le débat », a de quoi décourager les investisse- La Dresdner Bank, par exemple, main moins lourde que ses concur- été voté en juin, après des mois de négociations et une vive controver- observe un analyste financier. ments en Allemagne », dit en outre a annoncé, mardi 18 septembre, rents mondiaux, du fait des obliga- se. « C’est un pilier important de la paix sociale en Allemagne », répète le un économiste proche du patronat. 1300 suppressions d’emplois sup- tions sociales qu’il doit respecter ministre du travail. L’objectif : conforter la position des comités d’en- RÉSISTANCE DU MODÈLE RHÉNAN Malgré tout, les initiatives prises plémentaires, mais elle assure que dans son pays d’origine. treprise dans des secteurs où ils ont du mal à se faire une place, en par- La cogestion, estime-t-on même dans différentes entreprises met- ces restructurations se feront sans ticulier les PME et les services. La création des comités doit être facili- dans les rangs syndicaux, ne per- tent du baume au cœur d’un gou- licenciements secs, d’ici à 2003, UNE USINE SAUVÉE tée, le nombre de permanents augmenté, les procédures électorales met bien sûr pas d’éviter une pério- vernement confronté à la hausse « selon la tradition sociale » de l’éta- Dans une autre branche, le cour- allégées. Ainsi, les travailleurs intérimaires vont-ils disposer d’un droit de de ralentissement. Confrontés régulière du chômage depuis le blissement, a tenu à préciser le pré- tier en ligne Comdirect, filiale de la de vote au sein des sociétés d’intérim qui les emploient. Les droits des au ralentissement mondial ou à des début de l’année (3,8 millions de sident de son directoire, Bernd Fah- Commerzbank bousculée par la comités d’entreprise en matière de qualification et de maintien de problèmes de compétitivité, nom- sans emplois). En juin, le ministre rholz. « Il s’agit de mesures de fluc- déprime boursière, a annoncé fin l’emploi seront étendus. Et leur rôle sera accru en matière de lutte bre de groupes ont d’ores et déjà du travail de M. Schröder, Walter tuations naturelles, de départ en pré- août le passage au temps partiel de contre le racisme et de protection de l’environnement. taillé dans les effectifs, après avoir Riester – un ancien d’IG Metall —, retraite, et de temps partiels », indi- la majorité de ses salariés (lire convaincu les syndicats de soutenir a réussi à faire voter, après une que-t-on auprès de l’établissement ci-dessous). ces économies. La « tradition socia- controverse de plusieurs mois, son francfortois, où l’on a déjà lancé De même, les négociations en nouvelle décision du type de celle pri- création d’emplois, baptisé le », toujours mise en avant, n’a projet de réforme de la cogestion. deux vagues de « rationalisation » cours au sein du groupe automobi- se par Renault pour son usine belge « 5 000 × 5000 » : 5 000 personnes pas empêché le pays de perdre des Le texte est entré en vigueur à (5 000 personnes dans la banque de le Opel entre la direction et le comi- de Vilvorde », indique Thomas Kle- seront recrutées à un salaire brut centaines de milliers d’emplois point nommé. Au moment où l’Al- détail, puis 1 500 dans les activités té d’entreprise européen, piloté par be, un dirigeant d’IG Metall, mem- de 5 000 deutschemarks par mois. industriels ces dernières années. lemagne se demande avec inquiétu- d’investissement). Le détail de ces les syndicalistes allemands, doivent bre du conseil de surveillance Ce projet, qui a fait l’objet de négo- Néanmoins, ces mesures tradui- de si elle va pouvoir échapper à la plans a été longuement négocié tenir compte des traditions germa- d’Opel : « Notre objectif est de limi- ciations laborieuses pendant plus sent la résistance du modèle récession. avec les représentants du person- niques. Tandis que le nouveau prési- ter au maximum le nombre de d’un an, a reçu le soutien du chan- consensuel qui caractérise le capita- nel, dont des membres siègent au dent du directoire de la filiale de départs et d’exclure autant que possi- celier Schröder en personne. lisme rhénan, malgré l’influence P. Ri.

TROIS QUESTIONS À... ses des nouveaux Länder n’existe- L’accompagnement des change- raient pas s’il n’y avait eu la mobili- 3ments actuels mené par le gou- Trois programmes destinés à amortir le choc DIETER POUGIN sation des membres des comités vernement Schröder vous con- d’entreprise. Dans les grands grou- vient-il ? BAPTISÉ « Time out », le programme de congés rémunérés en fonction de leur temps de présence, Vous êtes conseiller à la direc- pes, nombre d’accords de réduc- Pour l’instant, malgré quelques sabbatiques engagé par le groupe électrotechnique mais aussi selon des objectifs de production. Pour 1tion de la Confédération des tion du temps de travail, de temps critiques, nous sommes satisfaits Siemens depuis le 1er septembre s’adresse aux sala- tenir le cahier des charges, ils travailleront 35 heures syndicats allemands (DGB). Pensez- partiel, n’auraient jamais existé des réformes entreprises par le gou- riés des activités de téléphonie mobile. Ceux-ci peu- par semaine, en rythme annuel, soit l’horaire en vous que la cogestion permette sans cet outil. Il suffit d’observer vernement Schröder. La réforme vent prendre des congés rémunérés en échange d’une vigueur dans la métallurgie – contre 28,8 heures pour d’amortir les effets sociaux du l’exemple de Volkswagen pour en des retraites va par exemple confir- baisse assez importante de salaire. Les volontaires les effectifs allemands de Volkswagen. Les horaires ralentissement économique ? être convaincu. mer le principe de solidarité qui peuvent partir par exemple pour une durée de trois pourront atteindre 42 heures par semaine lors des Quelle que soit son efficacité, la nous tient à cœur. La modernisa- mois, avec une baisse de 50 % de leurs revenus. Ce périodes de surcharge. Ce programme innovant doit cogestion ne peut pas compenser L’approche consensuelle, qui tion des règles de cogestion va per- plan expérimental doit durer un an. Siemens espère permettre de produire un nouveau modèle sur le site les difficultés macroéconomiques. 2est une force de l’économie alle- mettre de renforcer ce type de dis- que, d’ici là, le marché aura repris. Le groupe implan- historique du groupe, à Wolfsburg, où 3 500 chô- Le dialogue entre les partenaires mande, vous paraît-elle remise en positif dans des secteurs où il a du té à Munich, une région où les pénuries de main- meurs seront recrutés dès 2002. 1 500 autres sociaux au sein d’une entreprise cause par l’influence grandissante mal à exister, comme les PME, les d’œuvre sont réelles, considère qu’il sera moins cher devraient l’être ensuite dans l’usine de Hanovre. peut juste faciliter la transition du modèle anglo-saxon ? services ou la haute technologie. de fidéliser de la sorte ses salariés, plutôt que de les b Afin d’éviter davantage de licenciements, Comdi- dans des périodes délicates. Il peut Le modèle du partenariat ne me Les piliers fondamentaux du capi- licencier, puis d’avoir à recruter dans quelques mois, rect, le courtier en ligne de la Commerzbank, va met- s’agir de proposer des schémas semble pas en danger. Il est vrai talisme rhénan, consensus et coges- en cas de rebond de l’activité. Néanmoins, cette initia- tre en place des mesures de temps partiel à partir du pour sauver des emplois, ou des que le capitalisme rhénan est sous tion, ne sont pas remis en cause. tive trouve un écho mitigé du côté des salariés. 1er octobre. Le temps de travail et les salaires de idées pour améliorer la produc- pression, mais toutes les parties Au contraire, les syndicats vont par b Le projet « 5 000 × 5 000 » aura mobilisé direc- 765 des 1 300 salariés des services administratifs et tion, par le biais de nouvelles orga- (patronat, syndicats, économistes) exemple avoir un nouveau rôle à tion et syndicat de Volkswagen pendant plus d’un des centres d’appel seront réduits de 20 % pendant six nisations. L’efficacité des comités s’accordent pour trouver des avan- jouer avec les réflexions en cours an. Les négociations se sont conclues fin août. En prin- mois. Les mesures pourront être modulées à l’issue de d’entreprise dépend de la force de tages à cette formule. Toutes les sur les fonds de pension mis en pla- cipe, 5 000 personnes doivent être embauchées au cette période, en fonction de l’évolution du marché. proposition des représentants du études démontrent que la paix ce au niveau des branches, selon ce salaire brut minimal de 5 000 deutschemarks Lourdement déficitaire, confrontée aux difficultés personnel. Mais il est certain que sociale qui prédomine dans les qui vient, par exemple, d’être (c’est-à-dire un fixe de 4 500 deutschemarks, et une boursières, Comdirect doit néanmoins supprimer cela peut permettre d’adoucir l’im- entreprises allemandes est un de convenu dans la métallurgie. prime d’au moins 500 deutschemarks). Ce salaire cor- 150 emplois, « par fluctuation naturelle », selon l’ac- pact du ralentissement sur notre leurs atouts. Ceux qui affirment le respond à peu près au salaire moyen dans la métallur- cord conclu avec les syndicats. économie. C’est vrai à l’Ouest, mais contraire veulent en fait casser le Propos recueillis par gie mais est inférieur au salaire moyen de Volkswa- aussi à l’Est : beaucoup d’entrepri- modèle allemand. Philippe Ricard gen. Surtout, ces salariés ne seront plus seulement P. Ri. Gerhard Schröder réforme par petites touches le « modèle rhénan » Un modèle peu exporté FRANCFORT La coalition rouge-verte au pou- comme l’énergie, s’ouvrent, dans le d’entreprise dans les petites et de notre correspondant voir à Berlin a l’ambition de contexte du mouvement de libérali- moyennes sociétés, et dans des sec- dans les filiales françaises Le capitalisme rhénan vit désor- « moderniser » la société et donc sation européen. teurs comme les services ou la nou- mais sous une influence croissante l’économie, selon le pacte gouver- Enfin, la réforme des retraites, velle économie. UN COMITÉ d’entreprise de Sie- devant le fait accompli », relève Gil- de son rival anglo-saxon. Long- nemental signé après les élections qui amorce le développement des mens France doit examiner la situa- bert Ruggierri (CGT). En l’absence de 1998. Plusieurs mesures conçues fonds de pension, fera date : tout À UN AN DES LÉGISLATIVES tion du groupe, les vendredi 21 et de structure nationale, refusée par ANALYSE par le gouvernement vont donc con- en influant sur la culture patrimo- Par ailleurs, M. Schröder est loin 28 septembre. Les syndicats s’atten- la direction, les représentants fran- tribuer au chamboulement de l’éco- niale des Allemands, elle pourrait à d’abandonner la « Deutschland dent à l’annonce de mesures dans çais peuvent confronter leurs infor- Ses réformes ont nomie allemande dans les prochai- terme doper les marchés financiers. AG » à d’éventuels prédateurs les unités de télécommunications mations et leurs expériences avec la conforté la réputation nes années. La réforme fiscale Fiscalité, impôts, retraite, ces diffé- étrangers. La prise de contrôle de et de l’industrie en application des direction et les délégués des diffé- du chancelier d’être le votée en 2000 devrait accélérer la rents chantiers ont conforté la répu- Mannesmann par le britannique plans de restructurations prévus rents pays une fois par an, en comi- « camarade des patrons » restructuration du paysage finan- tation faite à M. Schröder d’être le Vodafone au printemps 2000 a dans le monde (voir ci-dessus). « Sie- té de groupe européen, à Bruxelles. cier et industriel : car, dès janvier « camarade des patrons ». constitué un fâcheux précédent, mens se vante de ne pas licencier », Mais les contacts avec les responsa- 2002, les plus-values tirées de la ces- Néanmoins, cette politique de une sorte de traumatisme. Le « syn- admet une déléguée de la CGT qui bles allemands de l’IG Metall res- temps rétifs aux marchés boursiers, sion de participations industrielles réforme du capitalisme allemand drome Mannesmann » est toujours craint néanmoins des mutations et tent épisodiques. Et encore, la com- les chefs d’entreprises se sont plus ne seront plus imposées. C’est dans s’accompagne aussi d’une volonté palpable : cet événement a symboli- des reclassements douloureux. munication s’est-elle depuis peu ou moins convertis à l’idée de cette perspective que l’assureur de préserver certaines traditions. sé le triomphe de l’approche anglo- A priori, l’expérience des congés renforcée grçace aux courriers élec- « création de valeur » pour les Allianz a absorbé, en juillet, la troi- Lors d’un colloque organisé par le saxonne. Une loi sur les prises de sabbatiques soumise aux salariés troniques et aux sites Internet. actionnaires. Les liens capitalisti- sième banque privée, la Dresdner parti social-démocrate, avant les contrôle doit bientôt permettre allemands des unités de téléphonie Chez Prisma Presse, éditeur de ques entre les grandes institutions Bank. « D’autres mouvements sont à attentats du 11 septembre, M. d’adapter le cadre législatif alle- mobile ne sera pas étendue. Les res- magazines (groupe Bertelsman), si financières et l’industrie se déten- prévoir (...), le système actuel va se Schröder a affirmé qu’il ne fallait mand aux normes internationales, ponsables syndicaux reconnaissent adaptation des méthodes germani- dent peu à peu, les banques et les dissoudre petit à petit », écrivent les « pas compter (sur lui) pour américa- tout en offrant aux entreprises les d’ailleurs que le modèle de rela- ques il y a, elle tient à la personnali- compagnies d’assurance perdent économistes de la Deutsche Bank. niser la société allemande ». Même moyens de se défendre. En juillet, tions sociales en vigueur Outre- té particulière de son PDG Axel une partie de leur contrôle sur le après trois années de pouvoir sous l’Allemagne n’a pas hésité à blo- Rhin, n’a pas été exporté en France, Ganz. « Le modèle social, c’est le res- monde des affaires. Les particu- PRIVATISATIONS SANS COMPLEXE la houlette d’un chancelier surtout quer au Parlement européen une où Siemens emploie plus de pect strict des lois françaises », expli- liers, malgré les turbulences enregis- Par ailleurs, dans la foulée de la connu pour son pragmatisme, les directive facilitant les OPA hostiles 11 000 personnes. que-t-on en relevant que « si l’on trées depuis plus d’un an, sont de politique suivie par le chrétien- sociaux-démocrates n’ont pas (Le Monde du 14 juillet). demande beaucoup au personnel, il plus en plus nombreux à placer démocrate Helmut Kohl, oublié les liens historiques et politi- Pour le chancelier, le « modèle » « CHAMBRE D’ENREGISTREMENT » bénéficie d’une juste rémunération et leurs économies en bourse. Bref, le M. Schröder et son ministre des ques qui les unissent au monde syn- rhénan n’est pas dépassé mais doit « La gestion est typiquement fran- notamment d’une prime d’intéresse- déclin du modèle rhénan semble finances, Hans Eichel (SPD), dical. Or, celui-ci demeure l’un des savoir se réformer, quitte à s’inpirer çaise », souligne Paul Bucher, délé- ment très importante. » incontournable. mènent une politique de privatisa- derniers remparts du capitalisme de l’approche américaine, mais gué syndical CFDT. « Chaque divi- Les salariés ont toutefois gardé le Si elle suscite certaines résistan- tions sans complexe. L’Etat détient allemand, contre les assauts de son tout en gardant les bases de son suc- sion est consolidée avec ses équiva- souvenir d’un conflit dur sur les ces, notamment dans les rangs syn- désormais moins de la moitié du concurrent anglo-saxon. cès. A un an des élections législati- lents en Allemagne. Les décisions tom- 35 heures. Pour l’heure, le groupe dicaux, cette mutation sans précé- capital de Deutsche Telekom et a De fait, le gouvernement s’est ves, tout laisse penser que le chan- bent, il revient à chaque unité de les français reste à l’écart des remous dent est cependant largement soutenu la mise en Bourse de la appuyé sur les syndicats, contre les celier va rester fidèle à cet état d’es- appliquer. Et nous avons parfois du et des changements radicaux inter- accompagnée par le gouvernement Deutsche Post, deux fleurons issus désirs du patronat, en modernisant prit, pour ménager ses relations mal à nous y retrouver », ajoute venus depuis l’arrivée du nouveau du chancelier social-démocrate de l’ancien monopole public des fin juin le texte sur la cogestion. La patronales, et son électorat. André Martin (CFDT). « Le comité PDG, Thomas Middlehof. Gerhard Schröder, qui cherche aus- Postes et télécommunications. Et nouvelle loi entend renforcer la pré- d’entreprise reste une chambre d’en- si à la canaliser. des secteurs autrefois très fermés, sence et le pouvoir des comités P. Ri. registrement et nous sommes mis Michel Delberghe ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 21 Le sidérurgiste Usinor est affaibli L’accord de branche sur les 35 heures avant sa fusion européenne est contesté dans les assurances Sa spécialisation lui a fait subir de plein fouet le retournement du marché Le Groupement des mutuelles d’assurances refuse de ratifier l’accord signé Le groupe français a vu son cours de Bourse tomber à valeur ajoutée sont sur la sellette. Sa fusion avec le le 24 juillet par la Fédération française des sociétés d’assurances et la seule CFDT. son plus bas niveau historique. Son organisation et sa luxembourgeois Arbed et l’espagnol Aceralia est étu- stratégie de spécialisation sur des produits à forte diée scrupuleusement par la Commission européenne. Ce texte pourrait être attaqué en justice par les autres syndicats

ATTAQUE hostile du concurrent ce d’Usinor aux effets de cycle qui déclaré Francis Mer, le PDG d’Usi- LA DATE limite de ratification branche et les accords d’entrepri- avait fini par accepter les modali- Riva ou sanction des fonds de pen- est en cause. nor, lors de la présentation des de l’avenant à la convention collec- ses. Dans les assurances, la plupart tés de l’accord. Mais ses dirigeants sion ? Mercredi 19 septembre, la Face à ces doutes, l’heure des résultats. « Nous cherchons à tive nationale des assurances sur le des sociétés avaient déjà adopté se sont ensuite heurtés à la CFDT à question a circulé chez des obser- révisions déchirantes a sans doute convaincre la Commission pour évi- passage aux 35 heures avait été des mesures d’aménagement du propos du travail du samedi. Pour vateurs d’Usinor. Alors que le grou- sonné chez Usinor. D’abord dans ter des cessions », a-t-il ajouté, tout fixé au vendredi 21 septembre. A temps de travail avant que ne débu- le syndicat, l’ouverture des pe sidérurgique avait annoncé le l’organisation interne. La grande en précisant qu’il pensait que cel- quelques jours de cette échéance, tent les discussions sur la modifica- bureaux et des agences doit être matin des résultats en baisse de réforme, lancée il y a trois ans, n’a les-ci ne devraient pas être « signifi- le Groupement des entreprises tion de la convention collective. négociée entreprise par entreprise, 86 %, à 67 millions d’euros au pre- pas porté ses fruits. Les tâches ont catives par rapport au chiffre d’af- mutuelles d’assurances (GEMA) Opposé dans un premier temps moyennant des contreparties. Une mier semestre, et des pertes au été réorganisées sans réaliser d’éco- faires total des activités concer- qui regroupe 35 sociétés dont les aux 35 heures, Denis Kessler, prési- proposition que le GEMA a rejetée second, le cours de l’action s’effon- nomies sur les coûts et un abaisse- nées ». Derrière ce calme relatif, principales mutuelles (Maif, Macif, dent de la FFSA mais aussi vice-pré- en excipant un décret de 1937 qui drait. Plus de 2,9 millions de titres ment du point mort. Une situation l’angoisse sourd dans le groupe. Maaf, Matmut…) a refusé de s’asso- sident du Medef, a fini par accep- fixe le temps de travail à cinq jours ont été échangés et le titre est tom- que le groupe ne peut plus ignorer Jusqu’où veut aller Bruxelles ? cier à l’accord signé le 24 juillet par ter de fixer un cadre général, à con- consécutifs avec un jour de repos bé à son plus bas niveau historique et qui va demander d’importants Selon nos informations, la Com- la Fédération française des socié- dition que les sociétés ayant déjà avant ou après le dimanche. Une depuis sa privatisation en 1995, à efforts de productivité. mission se montre très pugnace tés d’assurances (FFSA) avec la seu- appliqué les 35 heures puissent façon pour lui de faire sauter le ver- 8,3 euros. Certains se sont deman- sur le dossier et serait décidée à bri- le CFDT. Face à la principale orga- bénéficier d’un statut dérogatoire. rou du samedi. dés s’il ne fallait pas y voir la main CHANGER DE CAP ser « l’oligopole des sidérurgistes nisation du secteur (40 % des voix), Le blocage n’est qu’apparent. La du sidérurgiste italien Riva. Celui- Plus perturbante encore, la remi- européens ». Elle aimerait bien voir les autres syndicats – CGT, FO, FAIRE SAUTER LE SAMEDI FFSA, principale fédération d’em- ci avait reconnu cet été avoir étu- se en cause de la stratégie du grou- émerger un autre groupe fort, CFTC et CGC – ont décidé de con- Estimant avoir obtenu des garan- ployeurs (117 000 salariés), et le dié une attaque sur le français pe. A partir du début des années peut-être autour de l’autrichien tester le texte devant la justice. ties sur l’alignement progressif des premier syndicat ont signé «un pour empêcher sa fusion avec le 1990, Usinor a choisi de mener une Voest-Alpine. Dès lors, avec le sou- Ce différend, qui divise les entreprises et sur le renforcement accord en bonne et due forme qui luxembourgeois Arbed et l’espa- politique de produits de haute tien discret des concurrents d’Usi- employeurs autant que les organi- du droit d’opposition des syndi- peut s’appliquer », relève M. Kess- gnol Aceralia, et ainsi la création valeur ajoutée, seule façon, à ses nor, d’Arbed et d’Aceralia, qui sations de salariés, pourrait bien cats, la CFDT s’est en fin de comp- ler. La CFDT ne craint pas un passa- du premier sidérugiste mondial, yeux, d’échapper à la concurrence redoutent l’émergence d’un grand devenir un cas d’école. Le texte te ralliée à cette solution inédite. ge devant les tribunaux dans la NewCo. La tentation pourrait être des pays émergents. Tout ce qui groupe européen, elle entendrait contesté est le premier exemple La CGT, en revanche, refuse toute mesure où, selon elle, le nouvel grande de reprendre l’attaque était produits communs – poutrel- demander de très importants sacri- d’application de l’accord sur « les dérogation « à des dispositions avenant reste plus favorable que la alors que la capitalisation d’Usinor les, ronds à béton, produits longs – fices aux trois aciéristes. Très enga- voies et moyens de la négociation moins favorables que la convention loi. Le ministère du travail devrait atteint aujourd’hui 2 milliards a été vendu à des concurrents. Les gés dans leur fusion, affaiblis par sociale », un des chantiers de la collective. Ce serait la porte ouverte être appelé à trancher sur une d’euros, à peine le coût d’une unité bonnes années, cette spécialisation la conjoncture, ceux-ci risquent « refondation sociale » préconisée à d’autres remises en cause conven- demande d’extension à l’ensemble comme Fos ou Dunkerque. se révèle très payante. Mais elle d’avoir beaucoup de mal à refuser. par le Medef. Il pose en fait la ques- tionnelles ». du secteur. D’autres préfèrent y voir un aver- accroît aussi la fragilité du groupe tion de la hiérarchie des normes et Réticent à entrer dans cette tissement du marché à Usinor, en cas de retournement dans cer- Martine Orange de la primauté entre les accords de « querelle de principes », le GEMA Michel Delberghe au-delà du simple retournement tains secteurs, comme l’automobi- de conjoncture. Depuis plusieurs le. Usinor vient d’en prendre semaines, les analystes connais- conscience, lors des discussions de sent la situation du marché de fusion avec le luxembourgeois l’acier : par trois fois, l’allemand Arbed et l’espagnol Aceralia. A sa ThyssenKrupp a révisé à la baisse grande surprise, les résultats de ses ses prévisions de résultat et le deux partenaires sont sauvés par luxembourgeois Arbed a annoncé les produits longs, notamment les une chute de son résultat opéra- ronds à béton espagnols. Depuis tionnel. Mais chez Usinor, l’am- cette découverte, le groupe médite pleur de la dégradation surprend. et se prépare à changer de cap : les Au cours du premier semestre, le produits longs, jugés jusqu’alors groupe, dans son activité-phare, bas de gamme et peu rentables, les produits plats, utilisés notam- devraient avoir toute leur place ment dans l’automobile et l’électro- dans la nouvelle société Newco. ménager, a vu ses volumes de ven- La troisième révision pourrait te diminuer de 0,7 % et ses prix de être imposée par Bruxelles. La 0,3 %. Dans le même temps, son Commission européenne examine résultat d’exploitation a été réduit à la loupe le rapprochement des de moitié. « Nous avons subi la trois sidérurgistes européens. Elle hausse du prix des matières premiè- devrait faire connaître ses premiè- res et du dollar », a justifié le direc- res remarques et demandes – « sa teur financier, Philippe Capron. lettre de griefs » – à la fin du mois L’explication n’a pas totalement de septembre. « Je ne connais pas convaincu : pour certains investis- l’ampleur des demandes que la seurs, c’est la capacité de résistan- Commission va nous présenter » a AOM-Air Liberté devient « Air Lib » AIR LIB, le nouveau nom d’AOM-Air Liberté, a été présenté jeudi 20 septembre lors du salon des professionnels du tourisme, Top Résa. La nouvelle identité visuelle des deux compagnies aériennes pla- cées en redressement judiciaire et reprises en juillet par François Bachelet et Jean-Charles Corbet (Le Monde du 20 septembre), choisie après consultation de la clientèle, a coûté 4 millions de francs à l’en- treprise. Pour limiter les frais, les trente-deux appareils de la flotte ne seront repeints qu’au fur et à mesure des « grandes visites » que subissent tous les avions, et les uniformes ne seront que partielle- ment modifiés. La Poste recrute 5 000 personnes pour assurer le passage à l’euro LA POSTE va recruter 3 000 intérimaires et mobiliser plus d’un millier de ses fonctionnaires retraités pour renforcer temporairement l’ac- cueil du public à ses guichets, en vue du passage à l’euro le 1er janvier 2002. « Cela nous permettra de mettre à disposition de notre public 4 000 à 5 000 personnes de plus du 15 décembre au 15 janvier », a expli- qué mercredi le président de La Poste, Martin Vial, qui n’a pas exclu par ailleurs un allongement des horaires d’ouverture des 17 000 bureaux de poste pendant les premières semaines du passage à l’euro. Le syndicat SUD-PTT a jugé ce plan d’embauches temporaires « très insuffisant par rapport, par exemple, à une plus petite structure comme BNP-Paribas qui, elle, a fait appel à 5 000 jeunes pour l’euro ». Bouygues Télécom réduit ses pertes et veut se lancer à l’étranger LE NUMÉRO TROIS français de la téléphonie mobile, Bouygues Télé- com, contrôlée à 53,7 % par le géant du BTP Bouygues, envisage de se lancer à l’étranger. Après avoir réduit de 40 % sa perte nette au pre- mier semestre (elle s’élève à 61 millions d’euros), tout en augmentant de 35,7 % son chiffre d’affaires, à 1,231 milliard d’euros, Bouygues Télécom pourrait « faire acte de candidature pour des licences (d’opéra- teur mobile), si elles sont à un coût raisonnable », a estimé le PDG du groupe, Martin Bouygues, mercredi 19 septembre. En Europe, a-t-il précisé, cette expansion passerait par des acquisitions d’opérateurs : « Nous n’avons aucun appétit particulier mais si une opportunité se pré- sente, il n’est pas interdit de s’y intéresser. » M. Bouygues s’est de nouveau félicité d’avoir refusé en janvier de pos- tuler à une licence UMTS en France. « Je ne sais pas qui a inventé l’équi- libre économique de ce bazar », a-t-il ironisé. 22 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 Un proche de Tony Blair est nommé à la tête de la BBC Richissime, symbole du New Labour, le nouveau président du pôle audiovisuel public britannique, Gavyn Davies, était économiste en chef chez Goldman Sachs. Il devra affronter les défis de la télévision numérique et d’une érosion de l’audience

LONDRES choisi par une commission indé- immense fortune estimée à 100 mil- l’université de Cambridge, il est Sachs au moment où le célèbre éta- rival, Gordon Brown, ce travailliste de notre correspondant à la City pendante. lions de livres (plus de 158 millions « pistonné » comme chargé de mis- blissement new-yorkais débarque modéré a surtout un tempérament La nomination de l’économiste Les barbus, dit-on, dissimulent d’euros), le directeur des recher- sion au sein du groupe de con- en force sur une place boursière « enclin à la cohabitation » au sein Gavyn Davies à la présidence du leur ambition sous leur pilosité. ches économiques de la filiale euro- seillers économiques du 10 Dow- londonienne en proie au Big Bang. du New Labour. Mais, pour des rai- conseil des gouverneurs de la BBC L’économiste Gavyn Davies, dési- péenne de la banque d’affaires ning Street, en 1974. Un poste obs- Très vite, il comprend l’importance sons politiciennes, le poste de gou- gné mercredi 19 septembre à la pré- américaine Goldman Sachs ne cur qui le conduit dans les circuits des médias pour vendre ses prévi- verneur de la Banque d’Angleterre PORTRAIT sidence de la BBC, a une barbe poi- revendique ni honneurs ni Pors- de la haute politique des gouverne- sions conjoncturelles sur l’écono- dont rêve le « gourou » financier vre et sel taillée au plus près, le che. Juste une vie discrète et ran- ments Wilson et Callaghan. Mais la mie britannique aux clients de du chancelier de l’Echiquier lui Ce comptable dans regard clair et un look à des années- gée en compagnie de son épouse, victoire de Thatcher en 1979 l’em- Goldman. Pendant des années, cet échappe il y a trois ans. En guise de l’âme, réservé et loyal, lumière de la moindre fantaisie. Sue Nye, l’assistante personnelle pêche de grimper dans la hiérar- expert qui ne jargonne pas et ne compensation, le premier ministre est fasciné C’est entendu, ce fils d’institu- du chancelier de l’Echiquier, Gor- chie de la fonction publique. méprise pas la vulgarisation appa- nomme cet homme qui adore la par la télévision teurs, né dans l’ex-Rhodésie en don Brown, et de leurs trois raît à la télévision comme recours télévision à la tête d’une commis- 1950, n’a pas un caractère excessif enfants. Bref, l’anti-Christopher TRAVAILLISTE MODÉRÉ aux angoisses des épargnants. sion chargée de l’examen de l’ave- comme toute personne fascinée Bland, son prédécesseur, patricien La City est une voie toute tracée. Quelle campagne de promotion nir de la redevance pour faciliter provoque une vive polémique en par l’analyse des statistiques de la conservateur jet-set, parti en mai Mais, là encore, il n’atteint pas le ferait mieux auprès des patrons de l’entrée de la BBC dans l’ère numé- raison de ses liens étroits avec le production industrielle britanni- chez l’opérateur téléphonique BT. sommet tout de suite, pantouflant Goldman qui le nomment associé- rique. Ce rapport offrant un éven- New Labour de Tony Blair. Pour la que, sa spécialité. Toujours habité M. Davies, qui n’a cessé de fau- quelques années comme responsa- gérant, ce qui lui permet de deve- tail de chiffres et d’analyses mais première fois dans l’histoire du ser- par cette même timidité qui mas- cher les lauriers sans les cultiver, a ble de la collecte des statistiques nir multimillionnaire et de tripler évitant de secouer les idées reçues vice public britannique, le prési- querait selon ses amis une grande la baraka. Sa foudroyante carrière dans deux petites maisons de cour- sa fortune lors de l’introduction de lui ouvre le chemin de la présiden- dent du conseil des douze gouver- émotivité, ce Gallois introverti est le laisse à penser. Après de brillan- tage londonienne. En 1986, coup la banque en Bourse, en 1998 ? ce de l’audiovisuel public. neurs, désigné pour cinq ans, a été réservé, travailleur, loyal. De son tes études de macroéconomie à de dès, il entre chez Goldman Proche de Tony Blair et de son Sa tâche ne sera pas aisée. Entre le roi de Downing Street et le cardi- nal Greg Dyke, le puissant direc- teur général, il lui faudra un doigté L’audiovisuel public britannique traverse une zone de turbulences digne des Médicis. L’opposition conservatrice a beau jeu d’accuser LONDRES mission d’enquête sur l’avenir de déontologie journalistique. Sou- Pourtant, la BBC reste dans l’es- rant la grande majorité des reve- de népotisme un premier ministre de notre correspondant à la City la chaîne d’informations en conti- mis jusqu’à présent à la tutelle prit des professionnels le mètre- nus, garantit la continuité des qui a toujours préféré ses amis aux « Auntie » (Tante BBC) comme nu News24 qui ne décolle pas en bienveillante et passive de son con- étalon du service public à l’euro- recettes. Sommé par l’Etat de trou- réseaux du parti pour constituer sa l’appellent ironiquement les Bri- dépit de moyens considérables. seil des gouverneurs, l’audiovisuel péenne, avec ses deux chaînes de ver 1,2 milliard de livres (1,9 mil- garde rapprochée. Désigné en tanniques pour railler son côté Malgré la « Blitzkrieg » lancée par public pourrait passer prochaine- télévision, ses cinq stations natio- liard d’euros) de recettes supplé- 1999, Greg Dyke est également un « Madame Je-sais-tout » a dû la « Beeb » contre la chaîne com- ment sous le contrôle de l’Ofcom, nales de radio, son célèbre World mentaires, la BBC fait figure de homme lige de Blair. Les cadres de récemment en rabattre. Alors que merciale ITV pour tenter d’arrêter un régulateur aux pouvoirs consi- Service et ses 24 000 salariés. Greg bon élève grâce à la réussite de plu- la BBC apprécieront-ils ce « comp- chacun pousse ses pions pour la chute de l’audience de BBC1 en dérables coiffant à la fois l’audiovi- Dyke garde bien des atouts. L’exc- sieurs coentreprises avec le sec- table » dans l’âme, qui entend four- gagner la bataille de la télévision bombardant de fracassantes émis- suel et les télécommunications. ellence de la chaîne haut de gam- teur privé. Enfin, la piètre perfor- rer son nez dans leurs comptes ? numérique, la BBC, aux prises sions de divertissement, les plus me BBC-2, le succès du site mance à ce jour du ministre res- Quant aux syndicats de la télévi- avec l’amélioration des program- gros succès d’antenne (comme MALAISE DU PERSONNEL beeb.com et les bénéfices records ponsable, Tessa Jowell à la vision sion, ils redoutent que ce fanati- mes de la télévision payante, conti- « Big Brother » ou « Pop stars ») Autre problème, le Trésor trou- enregistrés par BBC Worldwide, la rigoriste du service public a accru que de football peu porté sur les nue de subir une érosion de son ont été réalisés par la concurrence ve trop ambitieux le pari de la BBC branche commerciale, grâce à la la marge de manœuvre jusque-là arts accentue le nivellement vers le audience que rien ne semble privée. La pauvreté des program- sur le tout-numérique qui risque vente de programmes à l’étranger, bien étroite des dirigeants de bas des programmes pour s’assu- devoir freiner. mes sportifs, en particulier la perte de retarder la libération de fré- l’attestent. La fixation pour sept l’audiovisuel public britannique. rer des parts de marché. Les nuages s’accumulent au-des- des droits de retransmission en dif- quences en 2008 et donc l’attribu- ans du montant de la redevance, sus de Broadcasting House, le siè- féré des rencontres du champion- tion des fréquences libres au plus payée par les contribuables et assu- M. R. Marc Roche ge social de la BBC. Le gouverne- nat de football anglais, pénalise offrant. Les cessions d’avoirs, la ment Blair vient, ainsi, d’infliger fortement le service public. filialisation d’activités et le train un double camouflet au directeur De surcroît, le manque de trans- de licenciements dans l’administra- général, Greg Dyke : le rejet de parence dans la sous-traitance des tion, mesures destinées notam- RTL Group envisage une réduction de ses effectifs son projet de chaîne numérique programmes aux sociétés de pro- ment à financer les nouveaux pro- BBC3 destiné aux jeunes, jugé mal duction indépendantes a conduit à grammes, ont accentué le malaise LA SÉRIE va être longue. Après 2 milliards d’euros, ne restera pas autre dirigeant, « des opportunités ficelé, et la nomination d’une com- bien des dérapages en matière de du personnel. TF1, il y a quelques jours, c’est au sans conséquences. Dans un pre- d’investissements vont se présenter tour de RTL Group, numéro un mier temps, « un effort de réduction en 2002 car les sociétés vaudront européen de la télévision en clair, des coûts de programmes » va être moins cher ». de tirer le signal d’alarme avec de mené. D’autres économies sont La réduction des investissements mauvais résultats. Le groupe con- aussi envisagées. Le groupe devrait publicitaires va aussi conduire RTL trôlé par Bertelsmann a annoncé, procéder à « des réductions d’effec- Group, comme les autres opéra- mercredi 19 septembre, une perte tifs dans toutes les chaînes en teurs, à peser sur les tarifs des de 2,3 milliards d’euros pour le pre- 2002 » , signale ce même dirigeant. droits de diffusion. Au sein du grou- mier semestre contre un bénéfice Selon lui : « la direction de RTL pe, on prévoit « une baisse des prix de 83 millions d’euros il y a un an. Group a déjà demandé à tous les des droits du sport mais aussi du Colossale en apparence, cette per- patrons de chaînes de lui faire parve- cinéma ». Ce renversement de ten- te est en fait constituée à 98 % nir des propositions » de licencie- dance risque d’affecter lourdement (2,27 milliards d’euros) par l’amor- ments. le groupe Kirch, grand rival de Ber- tissement des survaleurs liées à l’ac- telsmann, qui a notamment acheté quisition, par échanges de titres, POURSUITE DES ACQUISITIONS à prix d’or les droits sportifs des de Pearson TV en avril 2000. Toute- RTL Group compte aussi tirer deux prochaines Coupe du monde fois, ces mauvais résultats sont aus- quelques profits de la crise actuel- de football et les droits des majors si la manifestation concrète de la le. « Heureusement, nous n’avons américaines pour l’Allemagne. En récession publicitaire. Totalement pas de dettes », se félicite ce même France, les déboires de RTL Group axé sur la télévision en clair, à l’ex- cadre. Cette bonne santé financiè- vont donner des arguments supplé- ception d’une participation indirec- re devrait permettre à RTL Group mentaires à une fusion ou un rap- te dans TPS via M6, RTL Group est de faire quelques emplettes sur le prochement des activités de TPS et touché de plein fouet par la forte marché européen. « Nous voulons CanalSatellite. Sans rire, Didier Bel- baisse des investissements publici- faire évoluer notre position en Espa- lens prévoit qu’elle sera «la taires. Même sans le poids compta- gne où nous détenons 16 % d’Antena meilleure solution pour le consom- ble de l’achat de Pearson Tv, RTL 3», a déclaré, Didier Bellens, PDG mateur-téléspectateur ». Partisan Group est dans le rouge avec un du groupe à La Tribune, jeudi de cette opération, RTL Group est déficit de 38 millions d’euros. 20 septembre. L’Espagne ne sera aussi dans l’attente de la fusion de L’année 2001 risque d’être noire pas le seul terrain de chasse. RTL ses activités de négoce de droits pour RTL Group. « La tendance Group, qui n’a jamais caché son sportifs avec celles de Canal+. La constatée au premier semestre va désir de contrôler 100 % du capital Commission européenne, qui a s’accentuer sur le reste de l’année », des chaînes dont il est actionnaire, choisi « la procédure longue » d’exa- concède un dirigeant du groupe, veut aussi « acquérir des complé- men du dossier, devrait rendre son qui veut rester anonyme. Ce repli ments de participation dans Chan- avis avant début octobre. d’activité, malgré un chiffre d’affai- nel 5 (Grande-Bretagne) mais aussi res semestriel en hausse de 3 % à au Portugal et en Italie ». Pour un Guy Dutheil Perturbations dans la distribution du « Parisien » LA DISTRIBUTION du Parisien, qui devait être réalisée hors des Nouvel- les Messageries de la presse parisienne (NMPP) depuis mercredi 19 sep- tembre, a été perturbée dans les nuits de mardi à mercredi et mercredi à jeudi. Les personnels du Livre CGT de Paris Diffusion Presse (PDP) ont empêché la distribution du titre par la Société de distribution et de ventes du Parisien (SPDV) en bloquant les camions à la sortie de l’imprimerie de Saint-Ouen. La direction du Parisien dénonce « avec vigueur ce blocage et cette action de force ». Ces agissements interviennent, rappelle-t-elle, alors qu’un accord avec les NMPP a été signé le 13 septembre, apportant un point final à la négociation financière et sociale menée entre les deux entreprises. Le comité Inter (Livre CGT) attend pour sa part le calendrier de modernisation de PDP et prévoit un conflit assez dur.

DÉPÊCHES a AUDIOVISUEL : le président du Conseil supérieur de l’audiovi- suel (CSA), Dominique Baudis, a assuré mercredi que « le conseil ne renoncerait pas au projet du numérique terrestre », malgré les critiques virulentes exprimées notamment par TF1 et M6. « Je ne suis pas surpris de ces réserves », a reconnu M. Baudis en glissant au passage : « Certains ne souhaitent pas vraiment que cela marche ». a INTERNET : le premier traité international de lutte contre la crimi- nalité dans le cyberespace a été approuvé mercredi par les délégués des ministres du Conseil de l’Europe. Cette convention entrera en vigueur dès que cinq Etats l’auront ratifiée. FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 23

EUROPE TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

3993,75 4684,20 3812,49 des répercussions « peu élevées » 6068 5699 5225 Faiblesse économique pour la croissance allemande, a AFFAIRES b LUFTHANSA : la compagnie 5653 5496 4942 estimé mercredi le ministre des aérienne allemande a revu en 5238 5293 4660 aux Etats-Unis finances, Hans Eichel, dans une INDUSTRIES baisse mercredi ses prévisions de 4823 5090 4377 interview télévisée. Il n’a toutefois résultats pour 2001, en refusant pas exclu des conséquences plus 4408 4887 4095 début septembre, b 3COM : le groupe américain de fournir un nouveau pronostic, importantes « si les consommateurs 3993 4684 3812 d’informatique en réseau a et a reporté un projet de [[[ [[[ [[[selon la Fed se laissent maintenant découra- annoncé la suppression de commandes de quinze gros 20 J. 6 A. 20 S. 20 J. 6 A. 20 S. 20 J. 6 A. 20 S. ger ». 1 000 emplois d’ici la fin porteurs Airbus A380 et de quatre L’ACTIVITÉ économique est res- Indices cours Var. % Var. % a novembre. En un an, 3Com aura Boeing 747-400. Europe 9h57 f se´lection 20/09 19/09 31/12 tée faible aux Etats-Unis jusqu’au ESPAGNE : la croissance s’est réduit ses effectifs de moitié, à EUROPE EURO STOXX 50 3090,25 – 0,48 – 35,25 début septembre et les dépenses ralentie pour le quatrième tri- b 6 000 personnes. NET-UP : la filiale Internet EUROPE STOXX 50 3105,28 – 0,55 – 31,86 de consommation ont été inchan- mestre consécutif, s’élevant à du distributeur marseillais EUROPE EURO STOXX 324 257,30 – 0,47 – 34,33 gées ou en baisse, selon le Livre bei- 3%au deuxième trimestre en glis- b BRISTOL-MYERS SQUIBB spécialisé en produits et services EUROPE STOXX 653 250,82 – 0,50 – 30,29 ge, un bilan de santé de l’économie sement annuel, contre une progres- (BMS) : le groupe de télécommunications Avenir PARIS CAC 40 3812,49 – 1,97 – 35,67 établi par la Réserve fédérale (la sion de 3,3 % au trimestre précé- pharmaceutique américain Télécom, a annoncé mercredi soir PARIS MIDCAC ...... Fed), qui a été publié mercredi dent, mais reste nettement plus éle- a annoncé, mercredi un plan social « d’environ PARIS SBF 120 2604,58 – 1,85 – 35,25 19 septembre. Se fondant sur des vée que la moyenne dans l’Union 19 septembre, une prise de 180 suppressions de postes », soit PARIS SBF 250 ...... données recueillies avant le 11 sep- européenne, a indiqué mercredi participation de 20 % plus de 70 % de ses effectifs. PARIS SECOND MARCHE´ ...... tembre par les douze banques l’Institut national de la statistique dans la société de biotechnologies AMSTERDAM AEX 420,51 – 2,75 – 34,05 régionales formant le système de (INE). ImClone Systems, pour 1 milliard b EUROSEEK : le portail BRUXELLES BEL 20 2456,77 – 1,07 .... Réserve fédérale, ce document ne de dollars, assortie d’un accord Internet et moteur de recherche FRANCFORT DAX 30 3993,75 – 1,19 .... prend pas en compte l’impact des a JAPON : la Banque du Japon commercial d’un montant de à vocation européenne, LONDRES FTSE 100 4684,20 – 0,79 – 24,72 attentats commis à New York et (BoJ) a, jeudi 20 septembre, revu 1 milliard également, installé en Suède, s’est déclaré MADRID STOCK EXCHANGE 6943,90 0,15 – 23,78 Washington. à la baisse pour le quatrième sur un médicament prometteur en faillite mercredi, les attentats MILAN MIBTEL 30 26380 – 1,43 – 39,66 « L’activité économique est restée mois consécutif son diagnostic contre les cancers. BMS avait aux Etats-Unis ayant mis à mal le ZURICH SPI 5567,10 – 1,50 .... dans l’ensemble faible en août et au sur l’économie, dans son rapport racheté la division médicaments plan de sauvetage financier qu’il début septembre, et s’est même affai- conjoncturel pour septembre. de DuPont en juin, pour tentait de monter. Endetté à ´ blie dans certaines régions », affir- « Les ajustements dans l’activité 7,8 milliards de dollars. hauteur de 4,4 millions d’euros, AMERIQUES me le Livre beige. Les dépenses de économique s’aggravent, la forte b BIOGEMMA : la filiale des Euroseek emploie près de 40 consommation ont été « inchan- réduction de la production, initiée groupes semenciers Limagrain personnes. NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR gées ou en baisse » durant la pério- par une chute des exportations, com- et Pau-Euralys a annoncé, 8759,13 1527,80 0,927 de considérée et les rembourse- mençant à avoir une influence néga- mercredi, qu’elle avait déposé FINANCES 10715 2160 0,931 ments d’impôts effectués par le tive sur les conditions d’emploi et de une nouvelle plainte contre X… 10324 2033 0,912 gouvernement fédéral n’ont eu revenu » des ménages, a-t-elle après la destruction d’une parcelle b CDC IXIS : la banque qu’« un impact limité » en août. Au déclaré. 9932 1907 0,893 de maïs transgénique à Sigalens, d’investissement de la Caisse total, le gouvernement prévoit de en Gironde, mardi. des Dépôts et La Compagnie 9541 1780 0,874 rembourser 40 milliards de dollars a BRÉSIL : le real a touché mer- financière Edmond de 9150 1654 0,855 aux contribuables américains au credi un nouveau plancher à b PRADA : le groupe de luxe Rothschild ont annoncé 8759 1527 0,837 troisième trimestre. Les économis- 2,711 pour 1 dollar à la fermetu- [[[ [[[ [[[ italien a annoncé mercredi le mercredi la création d’une filiale 20 J. 2 A. 19 S. 20 J. 3 A. 19 S. 20 J. 6 A. 20 S. tes, qui s’attendaient auparavant re des changes. La Banque centra- report sine die de son opération commune spécialisée dans que cela ait un impact sur les le du Brésil a injecté mercredi d’introduction en Bourse, qui l’intermédiation sur les valeurs de Indices cours Var. % Var. % dépenses de consommation, esti- entre 50 et 100 millions de dollars Ame´rique 9h57 f se´lection 19/09 18/09 31/12 devait avoir lieu d’ici la fin de moyenne capitalisation (midcaps). ment qu’il sera nettement moindre sans parvenir à enrayer le mouve- E´TATS-UNIS DOW JONES 8759,13 – 1,62 .... 2001. Cette décision a été prise après les attentats. ment, selon les opérateurs. E´TATS-UNIS S&P 500 1016,10 – 1,68 – 23,04 « à la lumière des incertitudes qui b ALLIANZ : l’assureur a La croissance américaine, bien E´TATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 1527,80 – 1,75 – 38,16 entourent actuellement les marchés et sa filiale française AGF que déprimée par les attentats a MEXIQUE : les attentats aux TORONTO TSE INDEX 6696,30 – 2,17 – 25,04 financiers et l’économie vont fusionner leurs activités SAO PAULO BOVESPA 10744,53 .... – 29,59 du 11 septembre, va connaître un Etats-Unis auront des répercus- mondiale », explique Prada. d’assurance-crédit pour donner MEXICO BOLSA 291,05 – 0,51 – 7,90 rebond plus fort qu’attendu au sions sur la croissance en 2002,a naissance à l’un des plus grands BUENOS AIRES MERVAL 252,47 – 6 – 39,42 deuxième semestre 2002, grâce à la prévu mercredi le gouverneur de la b INTEL : le premier producteur groupes mondiaux du secteur, a SANTIAGO IPSA GENERAL 107,34 1,69 11,81 Réserve fédérale et à de nouveaux Banque centrale du Mexique, mondial de microprocesseurs annoncé mercredi le groupe CARACAS CAPITAL GENERAL 6953,65 – 1,37 1,88 allègements d’impôts, selon une Guillermo Ortiz, même s’il table maintient, en dépit de la crise allemand. La nouvelle entité, étude de Merrill Lynch publiée sur un rééquilibrage en fin d’an- traversée par ce secteur, les appelée Euler & Hermes, verra le mercredi. née. Mexico a récemment révisé à investissements qu’il avait prévus jour au début de 2002, après ASIE - PACIFIQUE la baisse ses prévisions de croissan- en 2001, soit 7,5 milliards de l’acquisition par Euler des parts a ZONE EURO : la baisse de taux ce pour 2001 de 4,5 % à 1 %. dollars dans le développement de d’Allianz dans Hermes. TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN surprise effectuée lundi 17 sep- a nouvelles capacités de production 9785,16 9309,46 108,74 tembre par la Banque centrale ZONE FRANC : les pays afri- et 4,5 milliards pour de nouveaux b CHARLES SCHWAB : le européenne, de concert avec son cains de la zone franc ont connu 13044 13201 110,3 produits, a indiqué mercredi nombre de transactions homologue américaine la Réserve en moyenne une croissance de Maria Marced, sa vice-présidente effectuées en Bourse par les 12336 12423 109,3 fédérale, était une « mesure excep- 2,4 % en 2000 et devraient connaî- pour l’Europe. clients du premier courtier 11628 11644 108,2 tionnelle » requise par « une situa- tre une croissance un peu plus sou- en ligne américain, ont plus 10920 10865 107,2 tion exceptionnelle », et destinée à tenue, de l’ordre de 3 % en moyen- SERVICES que doublé lundi 17 septembre 10212 10086 106,2 rétablir la confiance, a estimé mer- ne en 2001, a indiqué le Comité à la réouverture de Wall Street par 9504 9307 105,1 credi le président de la Bundes- monétaire de la zone franc dans b UNITED AIRLINES : la rapport la moyenne quotidienne [[[ [[[ [[[bank, Ernst Welteke. un rapport publié mercredi par la deuxième compagnie aérienne d’août, selon un communiqué 20 J. 6 A. 20 S. 20 J. 7 A. 20 S. 20 J. 6 A. 20 S. a Le gouverneur de la Banque Banque de France. américaine, a annoncé mercredi publié mercredi. Indices cours Var. % Var. % de France, Jean-Claude Trichet, la mise au chômage technique de Zone Asie 9h57 f se´lection 20/09 19/09 31/12 a estimé mercredi que parler de a RUSSIE : les députés russes 20 000 de ses salariés (lire page 3). RÉSULTATS TOKYO NIKKEI 225 9785,16 – 1,55 – 29,02 récession en Europe « est tout à ont adopté jeudi en troisième et HONGKONG HANG SENG 9309,46 – 2,60 – 38,33 fait inapproprié ». Il a insisté sur la dernière lecture un nouveau b AMERICAN AIRLINES : la a JCDECAUX : le groupe français SINGAPOUR STRAITS TIMES 1317,07 – 1,87 – 31,65 nécessité de garder son « sang- code foncier, qui autorise la pro- première compagnie aérienne d’affichage et de mobilier urbain SE´OUL COMPOSITE INDEX 59,34 – 1,35 – 6,33 froid » après les attentats aux Etats- priété des terres non agricoles, une américaine, a annoncé mercredi a publié mercredi un résultat net SYDNEY ALL ORDINARIES 2924,90 – 1,65 – 7,28 Unis. loi indispensable au développe- la suppression d’au moins part du groupe en baisse de 55,4 %, BANGKOK SET 18,47 – 2,79 – 0,86 ment économique mais bloquée 20 000 emplois en raison de la à 11 millions d’euros, au premier BOMBAY SENSITIVE INDEX 2676,17 – 4,56 – 32,63 a ALLEMAGNE : les attentats depuis la fin de l'URSS en raison réduction du nombre de ses vols. semestre. WELLINGTON NZSE-40 1818,19 – 0,60 – 4,39 perpétrés aux Etats-Unis auront de l'opposition de la gauche.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 19/09 FRANC ...... 6,55957 EURO ...... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4423 Action Accor PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... 1,95583 DEUTSCHEMARK ...... 3,35385 COUR. NORVE´GIENNE 7,9670 Accor revoit à la baisse LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) ...... 3,38774 COUR. SUE´DOISE ...... 9,7215 en euros à Paris LE CAC 40 gagnait 0,58 %, jeudi LES MARCHÉS américains ont ter- PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHE`QUE 34,2730 ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,8837 ses résultats pour 2001 55 20 septembre, dans les premiers miné en baisse, mercredi 19 sep- SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,4550 échanges, pour s’établir à tembre, dans un marché rendu PUNT IRLANDAISE...... 0,78756 PUNT IRLANDAISE...... 8,32894 DOLLAR HONGKONG . 7,2208 ANTICIPANT un ralentissement 3 911,68 points. L’indice de référen- extrêmement nerveux par les crain- FLORIN NE´ERLANDAIS 2,20371 FLORIN NE´ERLANDAIS 2,97660 DOLLAR NE´O-ZE´LAND 2,2582 50 28,6 FRANC BELGE (10) ...... 4,03399 FRANC BELGE (10) ...... 1,62607 FORINT HONGROIS ....258,1500 des secteurs du tourisme et de ce de la place de Paris avait termi- tes de récession économique et MARKKA FINLAND...... 5,94573 MARKKA FINLAND...... 1,10324 LEU ROUMAIN...... 28015 le 19 sept. l’hôtellerie, en raison de l’impact né en recul de 2,05 %, mercredi l’annonce du déploiement d’une DRACHME GREC. (100). 3,40750 DRACHME CREC. (100). 1,92503 ZLOTY POLONAIS ...... 3,9097 psychologique des attentats, le 45 19 septembre, à 3 888,93 points. centaine d’avions militaires au Pro- numéro un européen de l’hôtelle- che-Orient. L’indice Dow Jones a Coursdechangecroise´s rie, le groupe français Accor, a FRANCFORT fini en repli de 1,62 %, à revu ses résultats à la baisse pour 40 8 759,13 points. Le Dow Jones a Cours Cours Cours Cours Cours Cours 20/09 9h57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. 2001 et envisagé une réduction de LA RÉFÉRENCE de la Bourse alle- perdu jusqu’à 4,75 % en séance, DOLLAR ...... 0,85284 0,92765 0,14139 1,46785 0,62810 ses investissements pour 2002. Le 35 mande, l’indice DAX des trente pre- chutant sous la barre des YEN ...... 117,25500 ..... 108,74500 16,58500 172,05000 73,63500 titre avait enregistré la plus forte mières valeurs, progressait de 8 500 points. L’indice Nasdaq a EURO...... 1,07799 0,91958 ..... 0,15245 1,58255 0,67710 baisse de l’indice CAC 40 entre le 1,27 %, jeudi dans les premières clôturé en baisse de 1,75 %, à FRANC...... 7,07270 6,03010 6,55957 ..... 10,37955 4,44155 30 LIVRE ...... 0,68127 0,58085 0,63190 0,09630 ..... 0,42785 10 et le 15 septembre : environ transactions, pour s’inscrire à 1 527,80 points, après avoir reculé FRANC SUISSE ...... 1,59210 1,35815 1,47695 0,22505 2,33680 ..... 30 %. Après avoir repris légère- 4 093,20 points. L’indice DAX avait jusqu’à 1 451,31 points en séance, ment mardi, il a chuté à nouveau 25 fini en baisse de 3,65 %, mercredi soit une perte de 6,7 %. Enfin, l’in- Taux d’inte´reˆt(%) Matif mercredi, perdant 4,67 % en s’affi- AM J J A S 19 septembre, à 4 041,80 points. dice élargi Standard & Poor’s 500 a chant à 28,6 euros. 2001 affiché une baisse de 1,61 %, Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Taux 19/09 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 9h57 f 20/09 prix prix Le groupe tablait avant le 11 sep- Source : Bloomberg terminant à 1 016,07 points. LONDRES FRANCE ...... 3,76 3,59 4,96 5,76 Notionnel 5,5 tembre sur des hausses de 10 % du L’indice a cassé le seuil psychologi- ALLEMAGNE .. 3,59 3,76 4,84 5,68 DE´CEMBRE 2001 9425 90,40 90,46 résultat avant impôt et de 15 % du rénovation et de développement COMPOSÉ des cent premières que des 1 000 points en séance, GDE-BRETAG. 5,13 4,60 4,89 4,86 Euribor 3 mois résultat net, dans le prolonge- hôteliers en 2002 de 20 % à 35 % capitalisations boursières de la perdant jusqu’à 4,65 %. ITALIE...... 3,59 3,73 5,23 6,06 JANVIER 2001 .... NC NC NC JAPON ...... 0,03 0,01 1,41 2,41 ment des résultats du premier de l’enveloppe prévue. L’impact Bourse britannique, l’indice Foot- E´TATS-UNIS... 0,63 .... 4,72 .... semestre. Il envisage désormais des attentats n’affecterait, selon sie a ouvert en hausse symbolique TAUX SUISSE ...... 2,50 2,60 3,19 3,87 Pe´trole une stagnation de ses résultats Accor, que les hôtels haut de gam- de 0,09 %, jeudi, à 4 726,30 points. PAYS-BAS...... 3,56 3,73 55,74 Cours Var. % annuels. « L’année 2001 pourrait me et les agences de voyages, soit L’indice Footsie avait perdu LE RENDEMENT des emprunts En dollars f 19/09 18/09 se traduire par un résultat avant environ 20 % du chiffre d’affaires 2,62 %, mercredi 19 septembre en d’Etat se tendait légèrement sur les Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... 26,40 + 0,30 impôt voisin de celui de l’année de ce secteur particulier du grou- clôture, à 4 721,70 points. marchés obligataires européens, WTI (NEW YORK) ...... 0,27 + 0,64 Cours Var. % LIGHT SWEET CRUDE.... 26,73 – 3,88 2000. Le bénéfice net par action pe, d’ici la fin de l’année. jeudi 20 septembre dans les En dollars f 19/09 18/09 pourrait aussi être du même ordre Le groupe s’inquiète en outre de TOKYO premières transactions. Le taux de ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE que celui de l’an passé », a précisé l’évolution du marché en Améri- l’Obligation assimilable du Trésor CUIVRE 3 MOIS...... 1435 + 0,07 Or le groupe. que du Nord, zone dans laquelle il LES VALEURS JAPONAISES ont (OAT) français à dix ans ALUMINIUM 3 MOIS...... 1363,50 + 0,04 PLOMB 3 MOIS ...... 476 – 0,21 Il a pourtant annoncé des résul- réalise 25 % de son activité, avec terminé la journée du jeudi 20 sep- s’établissait à 4,97 %. Celui du Cours Var % ETAIN 3 MOIS...... 3678 – 0,05 En euros f 19/09 18/09 tats semestriels plutôt bons, sta- ses chaînes économiques Red tembre en baisse de 1,55 %, selon Bund, son homologue allemand, ZINC 3 MOIS...... 812 – 0,12 NICKEL 3 MOIS...... 4925 – 1,99 OR FIN KILO BARRE ...... 10000 .... bles par rapport à la même pério- Roof et Motel 6. l’indice Nikkei, qui s’est établi à s’établissait à 4,86 %. OR FIN LINGOT...... 10200 + 0,10 ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE de de 2000, avec un bénéfice net Précisant qu’« aucun plan social » 9 785,16 points en clôture. L’indice ONCE D’OR (LO) $ ...... 266,40 .... ARGENT A TERME ...... 4,67 + 5,53 ` consolidé en hausse de 14,3 % à n’est prévu, Accor envisage cepen- Topix, qui recense toutes les PIECE FRANCE 20 F ...... 57,50 – 0,35 MONNAIES PLATINE A TERME ...... 121231,00 .... PIE`CE SUISSE 20 F ...... 57 – 0,87 224 millions d’euros, et un chiffre dant de geler la construction de valeurs du premier marché, a cédé GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... 57 – 1,72 d’affaires en hausse de 8,6 % pour deux Sofitel à Dallas et à San Fran- 1,27 %, à 1 024,92 points. Les L’EURO restait ferme face au BLE´ (CHICAGO)...... 261,75 – 0,38 PIE`CE 10 DOLLARS US ... 180 + 0,84 MAIS (CHICAGO) ...... 211,25 .... PIE`CE 20 DOLLARS US ... 370 – 1,33 la même période, à 3,6 milliards cisco, de même que celle de nou- valeurs exportatrices, tributaires dollar, jeudi 20 septembre dans les SOJA TOURTEAU (CHG.) 165,80 – 0,36 PIE`CE 50 PESOS MEX. .... 379,50 – 0,07 d’euros. veaux hôtels de la chaîne Red de la conjoncture américaine, ont premiers échanges, à 0,9280 dollar. SOFTS $/TONNE Face à ce « traumatisme temporai- Roof Inns. fortement chuté, notamment les Le yen se stabilisait face à la devise CACAO (NEW YORK) ...... 925 – 0,22 Cotations, graphiques et indices en temps re », le groupe compte également actions Toyota (– 6,37 %) et Nissan américaine, à 117,51 yens pour un CAFE´ (LONDRES) ...... SUCRE BL. (LONDRES)...... re´elsurlesiteWebdu«Monde». réduire ses investissements de Elsa Conesa (– 7,65 %). dollar. www.lemonde.fr/bourse 24 / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 250,82 3090,25 388 5106 360 4703

VALEURS EUROPÉENNES 261,72 255,40 3212,93 b Le groupe pétrolier anglo-néer- Certains investisseurs pensent 333 4299

landais Royal Dutch-Shell a rame- qu’elles pourraient être un secteur 3186,85

305 252,47 3896 257,99 3102,18 né la prévision de croissance de sa refuge. L’utilisation des portables 3100,40

278 250,82 3493 production de 5 % à 3 % par an jus- durant et après les attentats a 3090,25 qu’en 2005. Cette révision à la bais- relancé l’intérêt pour le secteur. 250 3090 [[[[[[[[ [[[[[[[[ se est justifiée par les craintes de b La bonne santé recouvrée des 20 SEPT. 21 MARS 20 SEPT. VLMMJ 20 SEPT. 21 MARS 20 SEPT. VLMMJ récession qui touchent les valeurs télécommunications n’a pas empê- de l’énergie, explique la compa- ché l’action Cable & Wireless,à THOMSON MULTIME PA 20,45 – 3,08 BRAU-UNION AT e 41,55 .... SECURITAS -B- SE 15,58 – 1,30 WPP GROUP GB 7,86 – 0,60 gnie. L’action a terminé en baisse Londres, de perdre mercre- WILSON BOWDEN GB 11,86 – 1,32 CADBURY SCHWEPP GB 7,02 + 0,68 SERCO GROUP GB 4,11 – 1,89 f DJ E STOXX MEDIA P 238,75 – 0,07 WM-DATA -B- SE 1,74 – 1,74 CARLSBERG -B- DK 47,30 – 2,22 SGL CARBON DE e 19,50 – 0,51 de 5,31 %, à 52,35 euros, mercredi di 12,14 %, à 275 pence, après WOLFORD AG AT e 16,10 .... CARLSBERG AS -A DK 46,36 .... SHANKS GROUP GB 2,53 .... 19 septembre à Amsterdam, et de avoir annoncé qu’il prévoyait une WW/WW UK UNITS IR e 0,65 .... COCA COLA HBC GR 13,82 .... SIDEL FR e 50 .... BIENS DE CONSOMMATION f DJ E STOXX CYC GO P 84,88 – 2,76 DANISCO DK 40,44 + 2,03 SINGULUS TECHNO DE e 17,25 – 4,17 4,91 %, à 484 pence, à Londres. baisse de son chiffre d’affaires. AHOLD NL e 29,16 – 3,25 DANONE FR e 142 – 0,98 SMITHS GROUP GB 9,09 – 3,36 b b ALTADIS ES e 18,26 – 2,87 Mercredi, le titre Telecom Italia A l’inverse, le marché du touris- DELTA HOLDINGS GR 6,18 .... SOPHUS BEREND - DK 21,16 .... AMADEUS GLOBAL ES e 4,82 – 1,63 PHARMACIE ELAIS OLEAGINOU GR 21,72 .... SPIRENT GB 1,46 – 3,16 a gagné 2,34 %, à 7,089 euros, me continue de subir les consé- ATHENS MEDICAL GR 3,14 .... ERID.BEGH.SAY FR e 97 .... STOLT NIELSEN LU e 100 .... ACTELION N CH 26,96 – 5,33 AUSTRIA TABAK A AT e 84,70 + 0,15 après que Pirelli eut renégocié à la quences des attentats. Le titre du HEINEKEN HOLDIN NL e 30,30 – 3,81 TELE2 -B- SE 25,61 – 1,97 ALTANA AG DE e 49,40 – 0,20 AVIS EUROPE GB 1,77 – 2,61 baisse le prix de rachat d’Olivetti, numéro un européen du secteur, HELLENIC SUGAR GR 6 .... THALES FR e 43 – 0,16 AMERSHAM GB 8,62 – 1,27 BEIERSDORF AG DE e 123 + 1,15 KAMPS DE e 5,27 – 0,57 TOMRA SYSTEMS NO 10,23 – 4,12 qui contrôle Telecom Italia. En l’allemand Preussag, a lourde- ASTRAZENECA GB 48,33 – 1,61 BIC FR e 40 – 2,44 KERRY GRP-A- GB 21,03 – 2,56 TPI ES e 3,04 + 1 AVENTIS FR e 74,05 – 1,40 BRIT AMER TOBAC GB 9,81 + 0,65 cette période d’incertitude, les télé- ment chuté mercredi, terminant KONINKLIJKE NUM NL e 31,92 – 1,78 TRAFFICMASTER GB 0,77 + 8,89 BB BIOTECH CH 61 – 0,55 CASINO GP FR e 80,75 – 1,10 MONTEDISON IT e 2,37 – 1,66 UNAXIS HLDG N CH 86,62 – 1,15 communications résistent bien. en baisse de 8,60 %, à 23,49 euros. CELLTECH GROUP GB 10,26 – 1,67 CLARINS FR e 73,90 – 0,27 NESTLE N CH 221,77 – 2,08 VA TECHNOLOGIE AT e 27,10 – 1,45 ELAN CORP IR e 49 + 2,08 COLRUYT BE e 42,40 – 0,38 NORTHERN FOODS GB 2,32 + 0,68 VEDIOR NV NL e 10,20 – 0,97 ESSILOR INTL FR e 28,35 + 0,14 DELHAIZE BE e 56,65 – 0,70 PARMALAT IT e 2,87 – 0,69 VESTAS WIND SYS DK 23,51 – 7,89 FRESENIUS MED C DE e 79,50 – 0,63 FIRSTGROUP GB 5,03 + 0,32 DEGUSSA (NEU) DE e 23,60 – 5,56 PERNOD RICARD FR e 79,05 – 0,57 VINCI FR e 61,05 – 0,57 H. LUNDBECK DK 25,53 – 0,78 GALLAHER GRP GB 7,46 – 0,21 Code Cours % Var. f DJ E STOXX CHEM P 276,88 – 1,49 RAISIO GRP -V- FI e 1,08 + 0,93 VIVENDI ENVIRON FR e 44,81 – 0,42 20/09 10 h 14 f GALEN HOLDINGS GB 9,44 – 1,97 GIB BE e 48,10 – 1,43 pays en euros 19/09 SCOTT & NEWCAST GB 8,07 .... VOLVO -A- SE 12,81 – 1,97 GAMBRO -A- SE 6,63 – 0,77 GIVAUDAN N CH 331,31 + 0,20 SOUTH AFRICAN B GB 7,07 – 3,04 VOLVO -B- SE 13,58 – 2,22 GLAXOSMITHKLINE GB 27,50 + 0,17 HENKEL KGAA VZ DE e 66 – 0,30 AUTOMOBILE CONGLOME´RATS TATE & LYLE GB 3,73 – 1,67 WARTSILA CORP A FI e 20 .... H. LUNDBECK DK 25,53 – 0,78 ICELAND GROUP GB 2,70 – 2,29 TOMKINS GB 2,34 – 1,33 XANSA GB 3,57 – 3,83 AUTOLIV SDR SE 16,87 – 1,20 D’IETEREN SA BE e 141,20 – 2,62 NOVARTIS N CH 39,70 + 0,17 IMPERIAL TOBACC GB 13,60 – 0,58 UNILEVER GB 8,71 – 1,43 ZARDOYA OTIS ES e 9,45 – 0,11 BASF AG BE e 34,25 – 0,15 AZEO FR e 71,95 .... NOVO-NORDISK -B DK 44,07 – 2,38 JERONIMO MARTIN PT e 6,35 .... WHITBREAD PLC GB 7,92 – 0,99 f DJ E STOXX IND GO P 286,39 – 1,57 BMW DE e 26 – 2,80 GBL BE e 300,10 .... NOVOZYMES -B- DK 23,25 .... FI e 9 .... f DJ E STOXX F & BV P 227,61 – 1,68 KESKO -B- CONTINENTAL AG DE e 10,95 – 2,23 GEVAERT BE e 26 – 5,45 ORION B FI e 18,45 – 0,27 L’OREAL FR e 69,50 – 1,63 DAIMLERCHRYSLER DE e 32,70 – 0,91 INCHCAPE GB 7,39 – 0,64 OXFORD GLYCOSCI GB 8,46 – 0,37 LAURUS NV NL e 3,50 – 0,57 FIAT IT e 17,42 – 3,17 KVAERNER -A- NO 1,61 .... PHONAK HLDG N CH 2527,81 – 1,78 ASSURANCES MORRISON SUPERM GB 3,18 .... FIAT PRIV. IT e 11,78 – 3,44 MYTILINEOS GR 5 .... QIAGEN NV NL e 16,70 – 4,30 ´ BIENS D’EQUIPEMENT AEGIS GROUP GB 1,22 – 1,28 RECKITT BENCKIS GB 15,66 – 1,98 MICHELIN FR e 26,07 – 0,42 UNAXIS HLDG N CH 86,62 – 1,15 ROCHE HLDG G CH 71,12 – 1,17 ABB N CH 7,41 – 0,45 AEGON NV NL e 24,67 – 1,36 SAFEWAY GB 5,49 – 0,57 PEUGEOT FR e 42,72 – 2,24 ORKLA NO 18,20 .... SANOFI SYNTHELA FR e 71,40 – 0,42 ADECCO N CH 37,28 – 4,66 AGF FR e 48,60 + 2,75 SAINSBURY J. PL GB 5,82 – 0,54 PIRELLI SPA IT e 1,60 .... SONAE SGPS PT e 0,52 .... SCHERING AG DE e 52,35 – 0,29 AGGREKO GB 6,37 + 1,51 ALLEANZA ASS IT e 10,14 – 1,17 STAGECOACH GROU GB 1,11 .... DR ING PORSCHE DE e 242,50 – 4,53 f DJ E STOXX CONG P 329,98 .... SERONO -B- CH 825,08 – 0,57 e ALSTOM FR e 25,55 – 1,69 ALLIANZ N DE e 227 – 2,66 TERRA NETWORKS ES 5,56 – 1,77 RENAULT FR e 30,50 – 6,15 SHIRE PHARMA GR GB 13,55 – 0,46 ALTRAN TECHNO FR e 36,88 – 1,65 ASR VERZEKERING NL e 81,10 .... TESCO PLC GB 3,95 .... VALEO FR e 35,30 – 1,81 SMITH & NEPHEW GB 5,30 .... e – ´ ´ ALUSUISSE GRP N CH 849,34 .... AXA FR e 20 – 3,19 TPG NL 19,03 4,37 VOLKSWAGEN DE e 34,90 – 3,06 TELECOMMUNICATIONS SSL INTL GB 8,33 – 0,57 e ARRIVA GB 5,49 + 0,87 BALOISE HLDG N CH 81,40 – 2,03 WANADOO FR 4,02 – 1,95 f DJ E STOXX AUTO P 154,18 – 1,36 SULZER AG 100N CH 182 + 0,56 e + ATLANTIC TELECO GB 0,06 .... ASSA ABLOY-B- SE 11,42 .... BRITANNIC GB 11,97 – 0,26 WELLA AG VZ DE 48,50 1,25 SYNTHES-STRATEC CH 679,47 – 0,69 BRITISH TELECOM GB 5,87 – 1,85 ASSOC BR PORTS GB 6,12 .... CATTOLICA ASS IT e 23,30 – 2,10 f DJ E STOXX N CY G P 344,20 – 1,98 UCB BE e 41,90 – 0,71 CABLE & WIRELES GB 4,35 .... ATLAS COPCO -A- SE 18,31 .... CNP ASSURANCES FR e 33,92 – 1,11 WILLIAM DEMANT DK 26,87 – 2,44 BANQUES COLT TELECOM NE GB 2,02 – 5,19 ATLAS COPCO -B- SE 17,28 + 0,30 CODAN DK 17,06 – 2,31 WS ATKINS GB 10,41 .... DEUTSCHE TELEKO DE e 16,18 + 0,56 ATTICA ENTR SA GR 4,58 .... CORP MAPFRE R ES e 18,50 .... COMMERCE DISTRIBUTION BANK OF IRELAND GB 13,89 – 0,57 e E.BISCOM IT e 31,60 – 0,94 ZELTIA ES 6,34 – 4,08 e ABBEY NATIONAL GB 15,14 – 1,03 BAA GB 7,88 – 1,39 ERGO VERSICHERU DE 140 – 0,18 AVA ALLG HAND.G DE e 33 – 1,49 EIRCOM IR e 1,33 .... f DJ E STOXX HEAL 491,77 – 0,68 ABN AMRO HOLDIN NL e 16,85 – 0,88 BBA GROUP PLC GB 3,02 + 0,53 ETHNIKI GEN INS GR 7,82 .... BOOTS CO PLC GB 10,37 + 0,15 ELISA COMMUNICA FI e 10,50 + 0,10 e ALL & LEICS GB 11,31 – 0,83 BODYCOTE INTL GB 2,96 – 4,59 EULER FR 40 .... BUHRMANN NV NL e 6,15 – 3,91 ENERGIS GB 0,76 .... e ALLIED IRISH BA GB 17,08 – 1,82 ´ BRAMBLES INDUST GB 4,70 – 0,34 FONDIARIA ASS IT 4,60 – 0,22 CARREFOUR FR e 48,52 – 0,82 EQUANT NV NL e 10,30 – 4,63 ENERGIE e e ALMANIJ BE e 34,99 – 2,13 BUDERUS AG DE 23,60 + 0,85 FORTIS (B) BE 23,50 – 2,41 CASTO.DUBOIS FR e 45 – 1,10 EUROPOLITAN HLD SE 5,71 – 0,89 ALPHA BANK GR 21,76 .... BG GROUP GB 4,06 .... CAPITA GRP GB 6,12 – 0,51 FRIENDS PROVIDE GB 3,35 – 0,47 CC CARREFOUR ES e 11,80 – 0,84 FRANCE TELECOM FR e 30,42 + 1,40 e e e B.P.EMILIA ROMA IT e 31 .... CEPSA ES 10,70 – 1,38 CDB WEB TECH IN IT 2,25 – 3,02 GENERALI ASS IT 27,69 – 0,40 CHARLES VOEGELE CH 51,23 – 2,19 HELLENIC TELE ( GR 15,36 .... e e e B.P.LODI IT e 7,96 + 1,40 COFLEXIP FR 175 – 1,46 CGIP FR 25,65 – 1,35 GENERALI HLD VI AT 154,15 .... D’IETEREN SA BE e 141,20 – 2,62 KINGSTON COM GB 1,06 – 1,47 e B.P.NOVARA IT e 5,34 – 2,20 DORDTSCHE PETRO NL 2,20 – 4,35 CHUBB GB 2,47 .... INDEPENDENT INS GB 0,09 .... DEBENHAMS GB 5,69 + 0,28 KONINKLIJKE KPN NL e 3,02 + 0,67 e e B.P.SONDRIO IT e 9,40 .... GBL BE 51,05 – 0,87 CIR IT 0,68 .... INTERAM HELLEN GR 12,30 .... DIXONS GROUP GB 2,61 .... KPNQWEST NV -C- NL e 4,42 .... e B.P.VERONA E S. IT e 9,20 – 3,16 ENI IT 12,34 – 1,04 COBHAM GB 14,34 + 0,78 IRISH LIFE & PE GB 11,78 .... GAL LAFAYETTE FR e 118,90 – 1,33 LIBERTEL NV NL e 7,75 – 1,90 BANCA ROMA IT e 2,18 – 2,68 ENTERPRISE OIL GB 8,45 – 1,11 COOKSON GROUP P GB 1,34 .... LEGAL & GENERAL GB 2,06 – 3,70 GEHE AG DE e 41,50 – 2,35 MANNESMANN N DE e 204,90 + 0,24 e BANK OF PIRAEUS GR 7,28 .... HELLENIC PETROL GR 6,28 .... COPENHAGEN AIRP DK 61,81 .... MEDIOLANUM IT 5,98 .... GUCCI GROUP NL e 81 – 2,99 MOBILCOM DE e 16,92 + 0,53 e BANKINTER R ES e 31,26 – 1,08 LATTICE GROUP GB 2,47 – 1,89 DAMPSKIBS -A- DK 6342,13 – 1,67 MUENCH RUECKVER DE 246,50 – 3,41 GUS GB 7,75 – 1,41 PANAFON HELLENI GR 3,98 .... e e BARCLAYS PLC GB 26,57 – 0,71 OMV AG AT 91,89 – 0,01 DAMPSKIBS -B- DK 6718,35 – 5,30 POHJOLA GRP.B FI 18,10 – 2,16 HENNES & MAURIT SE 16,92 – 1,50 PT TELECOM SGPS PT e 7,10 .... BAYR.HYPO-U.VER DE e 28,30 – 4,39 PETROLEUM GEO-S NO 7,84 .... DAMSKIBS SVEND DK 9136,96 – 3 PRUDENTIAL GB 10 – 3,51 KARSTADT QUELLE DE e 32,50 – 2,08 SONERA FI e 3,03 – 1,30 BBVA R ES e 10,79 – 0,83 ´ KINGFISHER GB 5,80 .... SONG NETWORKS SE 0,46 + 4,65 (Publicite) BCA AG.MANTOVAN IT e 8,02 – 0,74 MATALAN GB 7,26 – 1,29 SWISSCOM N CH 302,66 + 2,75 BCA FIDEURAM IT e 5,42 – 1,09 METRO DE e 36,50 .... T.I.M. IT e 4,81 + 0,21 BCA LOMBARDA IT e 9,25 – 0,32 MFI FURNITURE G GB 1,55 – 1,01 TDC DK 34,40 – 2,85 BCA P.BERG.-C.V IT e 17,06 – 1,22 NEXT PLC GB 13,32 – 0,71 TELE2 -B- SE 25,61 – 1,97 BCA P.MILANO IT e 3,85 – 1,28 PINAULT PRINT. FR e 108,10 – 1,28 TELECEL PT e 5,88 .... B.P.C.INDUSTRIA IT e 7,12 – 0,70 SIGNET GROUP GB 0,87 .... TELECOM ITALIA IT e 7,08 – 1,12 BCO POPULAR ESP ES e 34,14 – 0,32 VALORA HLDG N CH 160,77 – 0,21 TELECOM ITALIA IT e 3,96 .... BCP R PT e 3,70 .... Stabilité des résultats semestriels VENDEX KBB NV NL e 6,80 – 3,55 TELEFONICA ES e 11,15 + 0,54 BIPOP CARIRE IT e 1,85 + 2,21 W.H SMITH GB 6,72 + 0,24 TELENOR NO 3,64 – 3,33 BK OF SCOTLAND GB 13,08 .... WOLSELEY PLC GB 6,33 + 2,56 TELIA SE 4,46 – 0,91 BNL IT e 2,11 – 1,86 WOOLWORTHS GROU GB 0,49 – 3,13 IT e 5,16 – 0,77 Mobilisation de l'entreprise BNP PARIBAS FR e 81,45 – 2,16 TISCALI f DJ E STOXX RETL P 245,10 – 1,15 NL e 0,51 + BSCH R ES e 7,72 – 1,40 VERSATEL TELECO 2 GB 2,21 – COMM.BANK OF GR GR 32,34 .... VODAFONE GROUP 1,41 f DJ E STOXX TCOM P 359,15 + 0,53 COMMERZBANK DE e 17,50 – 2,23 pour la création de Schneider Legrand HAUTE TECHNOLOGIE CREDIT LYONNAIS FR e 34,95 – 1,99 AIXTRON DE e 16,90 – 5,59 CS GROUP N CH 34,65 – 1,15 CONSTRUCTION ALCATEL-A- FR e 13,10 – 0,38 DANSKE BANK DK 16,19 – 5,49 Lancement du programme de rachat d'actions ALTEC SA REG. GR 2,16 .... DEUTSCHE BANK N DE e 51,20 + 1,19 ACCIONA ES e 37,23 – 0,05 ARM HOLDINGS GB 3,50 – 0,45 DEXIA BE e 15,01 – 0,20 ACS ES e 24,29 – 1,06 ARC INTERNATION GB 0,40 – 3,85 DNB HOLDING NO 4,72 .... AGGREGATE IND GB 1,36 – 1,15 ASML HOLDING NL e 12,24 – 5,19 DRESDNER BANK N DE e 37,30 – 0,53 AKTOR SA GR 7 .... BAAN COMPANY NL e 2,32 .... EFG EUROBK ERGA GR 12,92 .... AMEY GB 5,19 .... Résultats semestriels 2001 BALTIMORE TECH GB 0,27 .... ERSTE BANK AT e 57,50 – 0,52 UPONOR -A- FI e 16,15 + 0,94 N°Vert 0 800 20 55 14 BAE SYSTEMS GB 4,87 – 3,14 ESPIRITO SANTO PT e 12 .... AUREA R ES e 20,90 + 1,41 BROKAT TECHNOLO DE e 1,05 – 0,94 FOERENINGSSB A SE 11,83 – 2,13 ACESA R ES e 9,79 + 0,10 Retrouvez l’essentiel Résultat BULL FR e 0,84 + 10,53 HALIFAX GROUP GB 13,16 .... BOUYGUES FR e 25,32 – 0,71 BUSINESS OBJECT FR e 19,10 + 0,53 HSBC HLDG GB 10,26 – 0,92 BPB GB 3,48 – 4,35 de la présentation des résultats sur E CAP GEMINI FR e 53,25 – 1,02 IKB DE e 12,95 + 0,39 BRISA AUTO-ESTR PT e 10,49 .... d’exploitation : 604 M COMPTEL FI e 3,15 + 3,28 INTESABCI IT e 2,40 – 5,14 BUZZI UNICEM IT e 7,05 – 1,40 www.schneider-electric.com DASSAULT SYST. FR e 32,26 – 2,54 JULIUS BAER HLD CH 277,05 – 5,63 NOVAR GB 2,25 .... ERICSSON -B- SE 3,72 – 0,55 KBC BANCASSURAN BE e 32,83 – 1,44 CRH PLC GB 23,96 – 0,33 E SRD - CAC 40 - Code Sicovam 12197 Résultat net : 279 M F-SECURE FI e 0,65 – 2,99 LLOYDS TSB GB 9,93 – 1,10 CIMPOR R PT e 18 .... FILTRONIC GB 2,50 – 7,06 MONTE PASCHI SI IT e 2,65 – 1,12 COLAS FR e 62 – 2,97 FINMATICA IT e 8,16 – 4 NAT BANK GREECE GR 24,96 .... GRUPO DRAGADOS ES e 13,90 + 1,46 GETRONICS NL e 2,25 – 6,25 NATEXIS BQ POP. FR e 87 – 8,42 FCC ES e 21 + 0,57 GN GREAT NORDIC DK 4,29 + 0,31 NORDEA SE 5,86 – 0,87 GRUPO FERROVIAL ES e 18,70 – 0,80 INFINEON TECHNO DE e 15,21 – 2,81 ROLO BANCA 1473 IT e 12,64 – 0,63 HANSON PLC GB 7,16 – 2,16 INFOGRAMES ENTE FR e 7,49 – 6,37 ROYAL BK SCOTL GB 21,84 – 1,36 HEIDELBERGER ZE DE e 40,10 + 0,25 INTRACOM R GR 12,40 .... S-E-BANKEN -A- SE 7,97 – 1,90 HELL.TECHNODO.R GR 4,90 .... KEWILL SYSTEMS GB 0,63 + 5,26 SAN PAOLO IMI IT e 9,82 – 2,96 HERACLES GENL R GR 10,56 .... LEICA GEOSYSTEM CH 191,44 – 4,38 STANDARD CHARTE GB 9,79 – 0,32 HOCHTIEF ESSEN DE e 12,95 + 3,60 LOGICA GB 9,90 – 2,19 STE GENERAL-A- FR e 51,55 – 0,39 HOLCIM CH 205,93 – 1,77

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PSION REPSOL YPF ES e 15,17 – 4,89 DE LA RUE GB 7,51 – 0,84 RAS IT e 11,82 – 0,25 GB 2,51 – SAINT GOBAIN FR e 144,90 – 0,28 SAGE GRP 1,85 ROYAL DUTCH CO NL e 50,06 – 4,37 E.ON AG DE e 56 – 0,71 ROYAL SUN ALLIA GB 5,23 – 2,93 FR e 37,43 + SKANSKA -B- SE 7,61 – 1,99 SAGEM 2,24 SAIPEM IT e 4,75 – 3,26 EUR AERO DEFENC FR e 10,69 – 4,04 SAI IT e 11,31 – 3,83 DE e 103,70 + TAYLOR WOODROW GB 2,48 – 0,63 SAP AG 3,18 PRODUITS DE BASE STATOIL NO 7,47 .... GB 6,28 – 0,75 SAMPO-LEONIA -A FI e 8,44 – 1,17 e e ELECTROCOMPONEN SAP VZ DE 153,99 .... 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SWISS RE N CH 91,68 – 5,23 BHP BILLITON GB 4,21 – 3,62 CONSOMMATION CYCLIQUE 3I GROUP GB 10,49 – 3,91 FKI GB 2,10 .... THUS GB 0,46 – 3,33 TOPDANMARK DK 25,26 .... e BOEHLER-UDDEHOL AT e 47,15 – 0,08 ALPHA FINANCE GR 44,90 .... FLS IND.B DK 11,02 – 3,53 TIETOENATOR FI 20,89 – 0,76 ACCOR FR e 27,60 – 3,50 e ZURICH FINL SVC CH 201,89 – 2,92 BUNZL PLC GB 6,80 – 0,69 BHW HOLDING AG DE e 32,30 – 2,12 FLUGHAFEN WIEN AT 29,85 – 0,07 f DJ E STOXX TECH P 311,02 – 0,47 ADIDAS-SALOMON DE e 49 – 8,41 e f DJ E STOXX INSU P 282,98 – 2,08 CORUS GROUP GB 0,76 – 2,04 BPI R PT e 2,16 .... GAMESA ES 13,75 – 5,17 AGFA-GEVAERT BE e 12,09 – 2,50 ELVAL GR 3,34 .... BRITISH LAND CO GB 6,61 – 0,48 GKN GB 3,87 – 5,04 AIR FRANCE FR e 10,50 – 0,94 HOLMEN -B- SE 19,90 – 1,78 CALEDONIA INV.S GB 11,47 – 0,55 GROUP 4 FALCK DK 125,63 – 0,85 SERVICES COLLECTIFS AIRTOURS PLC GB 2,47 .... ISPAT INTERNATI NL e 1,81 .... CANARY WHARF GR GB 7,21 – 1,72 GROUP 4 FALCK DK 125,63 – 0,85 ALITALIA IT e 0,68 – 2,86 MEDIAS ACEA IT e 6,42 – 1,68 JOHNSON MATTHEY GB 13,06 – 0,12 CATTLES ORD. GB 4 – 0,39 GUARDIAN IT GB 5,09 + 0,31 AUSTRIAN AIRLIN AT e 8,85 + 0,57 BSKYBGROUP GB 9,49 – 1,96 AEM IT e 1,84 .... MAYR-MELNHOF KA AT e 54,05 – 0,09 CLOSE BROS GRP GB 8,54 – 5,26 HAGEMEYER NV NL e 13,45 – 4,68 AUTOGRILL IT e 6,61 + 0,15 CANAL PLUS FR e 3,47 – 1,70 BRITISH ENERGY GB 4,70 – 1,33 M-REAL -B- FI e 5,45 – 0,91 COBEPA BE e 63,70 .... HALKOR GR 3,72 .... BANG & OLUFSEN DK 17,20 – 1,54 CAPITAL RADIO GB 7,91 – 0,60 CENTRICA GB 3,32 – 3,67 OUTOKUMPU FI e 9,22 .... CONSORS DISC-BR DE e 8,31 – 2,69 HAYS GB 2,10 + 0,76 BENETTON IT e 10,29 – 2 CARLTON COMMUNI GB 2,72 – 3,37 EDISON IT e 10,25 – 0,77 PECHINEY-A- FR e 38,99 – 1,91 CORIO NV NL e 23,45 .... HEIDELBERGER DR DE e 47,25 – 1,56 BERKELEY GROUP GB 9,96 – 4,26 DLY MAIL & GEN GB 7,59 – 3,23 ELECTRABEL BE e 220,40 – 0,63 RAUTARUUKKI K FI e 4 – 1,23 CORP FIN ALBA ES e 19,40 + 0,26 HUHTAMAKI OYJ FI e 34 .... BRITISH AIRWAYS GB 2,40 – 6,75 ELSEVIER NL e 11,56 – 1,03 ELECTRIC PORTUG PT e 2,63 .... SIDENOR GR 3,60 .... DAB BANK AG DE e 7,50 + 2,74 IFIL IT e 5 + 0,81 BULGARI IT e 7,17 – 0,42 EMAP PLC GB 8,21 – 3,89 ENDESA ES e 16,41 – 0,55 SILVER & BARYTE GR 5,50 .... DEPFA-BANK DE e 72,20 – 1,77 IMI PLC GB 3,37 – 0,47 CHRISTIAN DIOR FR e 24 – 4,46 FOX KIDS EUROPE NL e 13 + 1,96 ENEL IT e 6,19 – 0,64 SMURFIT JEFFERS GB 1,99 .... DROTT -B- SE 9,31 – 0,55 IND.VAERDEN -A- SE 13,06 – 0,78 CLUB MED. FR e 32,99 – 1,38 FUTURE NETWORK GB 0,52 .... EVN AT e 43,75 – 0,52 STORA ENSO -A- FI e 11,30 + 0,44 EURAZEO FR e 51,90 + 4,28 INDRA SISTEMAS ES e 8,08 + 0,62 COMPASS GROUP GB 6,72 – 1,16 GRANADA GB 1,53 – 1,02 FORTUM FI e 5 – 0,60 STORA ENSO -R- FI e 11,18 – 1,06 FINAXA FR e 67 – 4,35 INVENSYS GB 0,70 + 4,76 DT.LUFTHANSA N DE e 10,20 – 1,92 GRUPPO L’ESPRES IT e 2,06 – 4,63 GAS NATURAL SDG ES e 20,20 – 0,69 SVENSKA CELLULO SE 22,37 – 0,91 FORTIS (B) BE e 23,50 – 2,41 INVESTOR -A- SE 10,13 – 0,51 EM.TV & MERCHAN DE e 1,64 + 1,86 GWR GROUP GB 2,77 – 2,78 HIDRO CANTABRIC ES e 24 .... THYSSENKRUPP DE e 11,35 + 2,71 FORTIS (NL) NL e 23,64 – 2,48 INVESTOR -B- SE 10,03 – 2,50 EMI GROUP GB 4,84 – 2,86 HAVAS ADVERTISI FR e 7,08 – 0,98 IBERDROLA ES e 14,10 + 0,28 UMICORE BE e 40,82 + 0,34 e – – e GECINA FR 89,85 0,55 ISS DK 56,17 0,24 e INNOGY HOLDINGS GB 3,07 – 0,51 e + EURO DISNEY FR 0,57 – 3,39 INDP NEWS AND M IR 1,68 – 1,18 UPM-KYMMENE COR FI 30,50 0,16 GIMV BE e 27,10 + 0,37 JOT AUTOMATION FI e 0,37 .... e HDP IT e 3,83 – 0,78 INFORMA GROUP GB 2,61 – 2,94 ITALGAS IT 10,04 – 5,46 USINOR FR e 8,14 – 1,93 GREAT PORTLAND GB 4,16 .... KINNEVIK -B- SE 14,25 .... HERMES INTL FR e 122,10 – 0,81 LAGARDERE SCA N FR e 33 – 1,49 KELDA GB 5,93 .... VIOHALCO GR 9,28 .... HAMMERSON GB 7,02 + 2,30 KONE B FI e 74,70 + 0,20 HILTON GROUP GB 2,66 – 0,59 LAMBRAKIS PRESS GR 4,10 .... NATIONAL GRID G GB 7,23 – 0,65 VOEST-ALPINE AG AT e 30,16 – 0,72 e e e ING GROEP NL 26,06 – 3,48 LEGRAND FR 137 .... e – e HUGO BOSS AG VZ DE 15,80 – 1,25 M6 METROPOLE TV FR 15,80 – 1,37 INTERNATIONAL P GB 3,19 1,46 WORMS N FR 17,75 .... LAND SECURITIES GB 13,11 – 1,31 DE e 42,80 – e HUNTER DOUGLAS NL e 23 – 7,07 LINDE AG 0,47 MEDIASET IT e 5,50 – 0,54 OESTERR ELEKTR AT 94,30 + 0,82 f DJ E STOXX BASI P 146,76 – 0,31 LIBERTY INTL GB 7,70 – 0,81 e – INDITEX R ES e 16,75 + 0,60 MAN AG DE 18,70 1,06 MODERN TIMES GR SE 18,21 .... PENNON GROUP GB 9,60 – 2,57 MAN GROUP GB 13,55 + 0,59 – J D WETHERSPOON GB 5,41 .... MEGGITT GB 2,67 1,17 MONDADORI IT e 4,97 – 3,31 POWERGEN GB 11,58 + 0,27 MARSCHOLLEK LAU DE e 58,60 .... e KLM NL e 8,70 – 5,43 METSO FI 9,50 – 2,76 NRJ GROUP FR e 13,51 + 0,82 SCOTTISH POWER GB 6,53 – 0,96 MEDIOBANCA IT e 9,79 – 2,10 e + CHIMIE LVMH FR e 33,84 – 4,60 MG TECHNOLOGIES DE 5,35 3,88 PEARSON GB 11,39 – 1,37 SEVERN TRENT GB 11,81 – 0,40 METROVACESA ES e 14 .... AIR LIQUIDE FR e 140,10 – 1,62 MEDION DE e 32 – 1,54 MORGAN CRUCIBLE GB 3,35 – 1,85 PRISA ES e 7,44 – 2,75 SUEZ FR e 36,60 – 1,03 MONTEDISON IT e 2,37 – 1,66 AKZO NOBEL NV NL e 38,90 – 4,16 MOULINEX FR e 0,50 .... EXEL GB 7,64 – 10,06 PROSIEBEN SAT.1 DE e 5,40 – 1,82 SYDKRAFT -A- SE 23,97 .... PROVIDENT FIN GB 9,93 .... BASF AG DE e 34,25 – 0,15 NH HOTELES ES e 8,40 – 0,59 PACE MICRO TECH GB 3,76 – 2,86 PT MULTIMEDIA R PT e 5,42 .... SYDKRAFT -C- SE 19,85 .... RODAMCO EUROPE NL e 39,25 + 0,38 e BAYER AG DE e 29,08 – 0,92 NXT GB 1,36 – 16,50 PARTEK FI 9,60 .... PUBLICIS GROUPE FR e 17,85 – 2,72 FENOSA ES e 16,64 + 0,85 RODAMCO NORTH A NL e 41,40 – 1,31 BOC GROUP PLC GB 14,12 – 2,19 P & O PRINCESS GB 3,31 – 1,42 PENINS.ORIENT.S GB 3,19 + 2,02 PUBLIGROUPE N CH 154,36 + 3,62 UNITED UTILITIE GB 9,93 – 1,41 SCHRODERS GB 10,31 – 1,06 CELANESE N DE e 17 – 0,58 PERSIMMON PLC GB 5,28 – 2,05 PERLOS FI e 8,70 + 0,58 REED INTERNATIO GB 8,22 + 0,19 VIRIDIAN GROUP GB 9,43 – 0,67 SIMCO N FR e 73,30 + 0,41 CIBA SPEC CHIMI CH 61,68 – 1,08 PREUSSAG AG DE e 22,80 – 2,94 PREMIER FARNELL GB 3,16 .... REUTERS GROUP GB 8,51 – 1,82 f DJ E STOXX PO SUP P 292,15 – 0,6 SLOUGH ESTATES GB 5,27 – 1,48 CLARIANT N CH 14,83 – 9,65 RANK GROUP GB 2,89 – 0,54 RAILTRACK GB 4,33 + 3,40 RTL GROUP LU e 33,30 .... TECAN GRP N CH 64,21 – 1,80 DSM NL e 32,21 – 2,54 RICHEMONT UNITS CH 1860,47 – 0,36 RANDSTAD HOLDIN NL e 10,80 – 1,82 SMG GB 1,99 .... UNIBAIL FR e 53,65 – 0,65 EMS-CHEM HOLD A CH 4718,57 + 0,29 ROY.PHILIPS ELE NL e 19,41 – 2,66 RENTOKIL INITIA GB 3,70 – 0,43 SOGECABLE R ES e 18,80 – 1,31 e CODES PAYS ZONE EURO VALLEHERMOSO ES e 6,31 – 1,10 ICI GB 5,14 – 2,69 RYANAIR HLDGS IR e 8,94 + 2,76 REXAM GB 5,11 .... TAYLOR NELSON S GB 2,74 – 1,70 FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne WCM BETEILIGUNG DE e 11,10 + 0,45 KEMIRA FI e 8,50 – 0,47 SAIRGROUP N CH 28,82 – 14,24 REXEL FR e 54,50 + 1,87 TELEWEST COMM. GB 0,49 .... IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande f DJ E STOXX FINS P 208,54 – 2,58 e KON. VOPAK NV NL e 17,90 – 0,56 SAS DANMARK A/S DK 9,81 .... RHI AG AT 14,70 – 6,13 TF1 FR e 23,85 + 1,36 LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche e – LONZA GRP N CH 628,24 – 1,38 SEB FR 46 .... RIETER HLDG N CH 256,15 1,04 TRINITY MIRROR GB 5,84 .... FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. RHODIA FR e 7,50 + 0,13 SIX CONTINENTS GB 8,97 + 0,18 ALIMENTATION ET BOISSON ROLLS ROYCE GB 2,17 + 2,24 UNITED PAN-EURO NL e 0,32 + 3,23 SOLVAY BE e 54,60 – 1,62 SODEXHO ALLIANC FR e 46,61 – 1,19 SANDVIK SE 18,62 + 0,84 UTD BUSINESS ME GB 11,28 .... CODES PAYS HORS ZONE EURO SYNGENTA N CH 49,54 – 0,61 THE SWATCH GRP CH 67,91 – 0,25 ALLIED DOMECQ GB 5,82 – 1,60 SAURER N CH 21,23 + 1,61 VIVENDI UNIVERS FR e 44,31 + 0,70 CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de TESSENDERLO CHE BE e 21,52 + 0,56 THE SWATCH GRP CH 14,26 – 0,47 ASSOCIAT BRIT F GB 7,09 – 0,22 SCHNEIDER ELECT FR e 45,78 – 1,12 VNU NL e 29,86 – 0,47 GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. COLOPLAST -B- DK 68,53 – 1,92 TELE PIZZA ES e 1,30 + 2,36 BBAG OE BRAU-BE AT e 43 – 0,69 SECURICOR GB 1,91 + 1,68 WOLTERS KLUWER NL e 22,34 – 1,02 FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 25

AIR LIQUIDE...... w 140 918,34 – 1,69 142,40 EULER...... w 40 262,38 ... 40,00 PERNOD-RICAR .... w 79,20 519,52 – 0,38 79,50 w w w Compen- ALCATEL...... 12,93 84,82 – 1,67 13,15 EURAZEO...... 51,90 340,44 +4,28 49,77 PEUGEOT...... 42,69 280,03 – 2,31 43,70 Cours Cours % Var. sation ALCATEL O ...... 5,02 32,93 – 1,76 ... EURO DISNEY ...... w 0,57 3,74 – 3,39 0,59 PINAULT-PRIN ...... w 107,30 703,84 – 2,01 109,50 International f en euros en francs veille Une se´ lection (1) VALEURS FRANCE ALSTOM ...... w 25,40 166,61 – 2,27 25,99 EUROTUNNEL ...... w 0,74 4,85 +1,37 0,73 PLASTIC OMN...... w 59 387,01 ... 59,00 ALTRAN TECHN .... w 36,88 241,92 – 1,65 37,50 FAURECIA...... w 42,10 276,16 – 4,32 44,00 PROVIMI ...... w 13,20 86,59 +0,99 13,07 ADECCO ...... 36,72 240,87 – 5,36 ... ATOS ORIGIN...... w 72,50 475,57 – 3,01 74,75 FIMALAC...... w 34,20 224,34 – 2,43 35,05 PSB INDUSTRI...... 77,50 508,37 ...... AMERICAN EXP...... 28,03 183,86 – 0,25 ... ABC ARBEL...... 5 32,80 ...... F.F.P. (NY)...... 89,80 589,05 +1,64 ... PUBLICIS GR...... w 17,85 117,09 – 2,72 18,35 AMVESCAP EXP...... b Le groupe aéronautique EADS a annon- AVENTIS ...... w 73,75 483,77 – 1,80 75,10 FINAXA ...... 67 439,49 – 4,35 ... REMY COINTRE..... w 26,71 175,21 – 0,48 26,84 ANGLOGOLD LT .... 36,99 242,64 +1,51 ... cé un bénéfice net au premier semestre de AXA ...... w 19,85 130,21 – 3,92 20,66 FONC.LYON.#...... 28 183,67 ...... RENAULT ...... w 30,20 198,10 – 7,08 32,50 A.T.T. #...... 19,33 126,80 – 0,87 ... BACOU DALLOZ ...... FRANCE TELEC ..... w 30,37 199,21 +1,23 30,00 REXEL...... w 54,50 357,50 +1,87 53,50 BARRICK GOLD...... 18 118,07 – 2,70 ... 1,66 milliard d’euros, après un profit excep- BAIL INVESTI...... w 120 787,15 +0,42 119,50 FROMAGERIES...... 95,10 623,82 – 4,90 ... RHODIA ...... w 7,59 49,79 +1,34 7,49 COLGATE PAL...... 61,30 402,10 – 1,13 ... tionnel de 1,2 milliard, contre une perte de BAZAR HOT. V...... 123 806,83 +0,90 ... GALERIES LAF ...... w 118,90 779,93 – 1,33 120,50 ROCHETTE (LA ...... 6,82 44,74 – 1,45 ... CROWN CORK O.... 2,75 18,04 – 9,84 ... 359 millions un an auparavant. EADS pré- BEGHIN SAY ...... w 33,51 219,81 – 1,44 34,00 GAUMONT # ...... 32 209,91 – 2,74 ... ROYAL CANIN...... w 135 885,54 – 0,07 135,10 DIAGO PLC...... BIC...... w 40,60 266,32 – 0,98 41,00 GECINA...... w 89,85 589,38 – 0,55 90,35 ROUGIER #...... 52 341,10 ...... DOW CHEMICAL...... voit pour 2001 une progression de 20% de BNPPARIBAS...... w 81 531,33 – 2,70 83,25 GENERALE DE...... 18,75 122,99 +9,39 ... RUE IMPERIAL...... 1640 10757,69 ...... DU PONT NEMO ...... son chiffre d’affaires et maintient son objec- BOLLORE...... w 254 1666,13 ... 254,00 GEOPHYSIQUE...... w 43 282,06 – 4,44 45,00 SADE (NY) ...... 47,60 312,24 ...... ECHO BAY MIN ...... 0,73 4,79 +2,82 ... tif de 10 % de marge opérationnelle en BOLLORE INV...... 45 295,18 – 1,10 ... GFI INFORMAT ..... w 10,50 68,88 – 6,25 11,20 SAGEM S.A...... w 37,43 245,52 +2,24 36,61 ELECTROLUX ...... 12,05 79,04 – 9,74 ... BONGRAIN ...... 43 282,06 ...... GRANDVISION...... w 14,50 95,11 – 2,68 14,90 SAGEM ADP...... 25,30 165,96 – 1,40 ... ELF GABON...... 151 990,50 – 5,33 ... 2004. Jeudi matin à Paris, le titre gagnait BOUYGUES ...... w 25,35 166,29 – 0,59 25,50 GROUPE ANDRE... 116 760,91 – 1,61 ... SAINT-GOBAIN...... w 145 951,14 – 0,21 145,30 ERICSSON #...... w 3,70 24,27 – 0,54 3,72 1,44 %, à 11,3 euros. BOUYGUES OFF..... w 35,50 232,86 – 7,79 38,50 GROUPE GASCO ... 73,90 484,75 ...... SALVEPAR (NY ...... 50 327,98 ...... FORD MOTOR #...... b BULL# ...... w 0,88 5,77 +15,79 0,76 GR.ZANNIER ( ...... 72 472,29 +4,12 ... SANOFI SYNTH...... w 70,80 464,42 – 1,26 71,70 GENERAL ELEC ...... 34,76 228,01 – 1,05 ... L’action JCDecaux chutait de 10,76 %, à BUSINESS OBJ ...... w 19,15 125,62 +0,79 19,00 GROUPE PARTO.... 56,95 373,57 – 0,09 ... SCHNEIDER EL...... w 44,89 294,46 – 3,05 46,30 GENERAL MOTO.... 47 308,30 – 0,59 ... 7,8 euros, jeudi à l’ouverture. Le groupe de B T P (LA CI...... GUYENNE GASC ... w 80 524,77 – 1,23 81,00 SCOR ...... w 31,83 208,79 – 3,55 33,00 GOLD FIELDS...... 4,54 29,78 +0,44 ... mobilier urbain a vu son résultat net chuter BURELLE (LY) ...... HAVAS ADVERT ..... w 7,06 46,31 – 1,26 7,15 S.E.B...... w 46 301,74 ... 46,00 HARMONY GOLD .. 5,28 34,63 – 2,76 ... CANAL + ...... w 3,47 22,76 – 1,70 3,53 IMERYS ...... w 94,30 618,57 – 3,58 97,80 SEITA...... 44,50 291,90 – 2,18 ... HITACHI # ...... 7,06 46,31 – 9,37 ... de 55 % à 11 millions d’euros au premier CAP GEMINI...... w 52,70 345,69 – 2,04 53,80 IMMOBANQUE ..... 105,80 694 – 0,09 ... SELECTIBAIL(...... 13,45 88,23 – 5,28 ... HSBC HOLDING .... w 10,15 66,58 – 1,07 10,26 semestre. Pour 2001, il pense toutefois pou- CARBONE-LORR.... w 26,40 173,17 – 0,38 26,50 IMMEUBLES DE ...... SIDEL...... 50 327,98 ...... I.B.M...... w 102,20 670,39 +1,29 100,90 voir continuer « à croître plus rapidement CARREFOUR ...... w 48,28 316,70 – 1,31 48,92 INFOGRAMES E .... w 7,46 48,93 – 6,75 8,00 SILIC...... 156,50 1026,57 +0,26 ... I.C.I...... 5,70 37,39 – 6,56 ... CASINO GUICH...... w 80,65 529,03 – 1,22 81,65 IM.MARSEILLA ...... 2700 17710,84 ...... SIMCO...... w 73,30 480,82 +0,41 73,00 ITO YOKADO # ...... 44,20 289,93 +0,23 ... que le marché publicitaire mondial ». CASINO GUICH...... 55,75 365,70 +0,27 ... INGENICO ...... w 22,62 148,38 – 5,75 24,00 SKIS ROSSIGN ...... 13,30 87,24 – 0,37 ... I.T.T. INDUS ...... b Pernod Ricard a annoncé une progres- CASTORAMA DU ... w 45 295,18 – 1,10 45,50 ISIS...... w 149,50 980,66 – 1,45 151,70 SOCIETE GENE ...... w 51,40 337,16 – 0,68 51,75 MATSUSHITA...... w w sion de son bénéfice net de 29,7 %, à CEA INDUSTRI...... 142,30 933,43 +3,12 ... JC DECAUX ...... 7,80 51,16 – 10,76 8,74 SODEXHO ALLI ...... 46,50 305,02 – 1,42 47,17 MC DONALD’S...... 30,60 200,72 – 0,46 ... CEGID (LY) ...... 78 511,65 – 0,64 ... KAUFMAN ET B..... w 14,95 98,07 ... 14,95 SOGEPARC (FI ...... MERK AND CO...... 73 478,85 ...... 104,7 millions d’euros, au premier trimes- CEREOL ...... w 22,25 145,95 +0,68 22,10 KLEPIERRE ...... w 99 649,40 +0,87 98,15 SOMMER-ALLIB ...... MITSUBISHI C...... 7,04 46,18 – 7,85 ... tre. Le groupe s’est dit « très optimiste » CERESTAR...... w 23,35 153,17 – 1,06 23,60 LAFARGE ...... w 85 557,56 – 1,16 86,00 SOPHIA ...... w 30,65 201,05 – 2,11 31,31 NESTLE SA #...... w 224,30 1471,31 – 0,36 225,10 CFF.RECYCLIN ...... 35,06 229,98 – 2,61 ... LAGARDERE ...... w 33,20 217,78 – 0,90 33,50 SOPRA GROUP ...... w 30,40 199,41 – 5 32,00 NORSK HYDRO...... pour l’acquisition du pôle spiritueux et vins CGIP ...... w 25,98 170,42 – 0,08 26,00 LAPEYRE ...... w ...... 42,00 SPIR COMMUNI .... w 62,50 409,97 +2,54 60,95 PFIZER INC...... 39,71 260,48 – 0,73 ... de Seagram. Jeudi, le titre a ouvert en haus- CHARGEURS...... LEBON (CIE) ...... 52 341,10 ...... SR TELEPERFO ...... w 13,26 86,98 +2 13,00 PHILIP MORRI ...... 51,65 338,80 – 2,09 ... se de 0,94 %, à 80,25 euros. CHRISTIAN DI...... w 23,95 157,10 – 4,66 25,12 LEGRAND ORD. .... 137 898,66 ...... STUDIOCANAL ...... PROCTER GAMB .... 79,50 521,49 – 1,67 ... b CIC -ACTIONS ...... 118,90 779,93 +0,42 ... LEGRAND ADP...... SUCR.PITHIVI ...... 399 2617,27 – 0,25 ... RIO TINTO PL...... 15,61 102,39 – 1,45 ... Jeudi matin, l’action AGF gagnait 2,41 %, CIMENTS FRAN ..... w 42,50 278,78 ... 42,50 LEGRIS INDUS ...... w 48,60 318,80 – 0,90 49,04 SUEZ...... w 36,47 239,23 – 1,38 36,98 SCHLUMBERGER... 47,22 309,74 +0,02 ... à 48,44 euros. Sa maison-mère, l’assureur CLARINS...... w 73,90 484,75 – 0,27 74,10 LIBERTY SURF...... 2,50 16,40 – 1,57 ... TAITTINGER ...... 728 4775,37 +2,54 ... SEGA ENTERPR...... 12,95 84,95 – 18,91 ... allemand Allianz a annoncé la fusion de ses CLUB MEDITER ..... w 32,99 216,40 – 1,38 33,45 LOCINDUS...... 116 760,91 – 1,69 ... THALES ...... w 42,80 280,75 – 0,63 43,07 SHELL TRANSP ...... 7,48 49,07 – 2,98 ... CNP ASSURANC .... w 33,92 222,50 – 1,11 34,30 L’OREAL...... w 69 452,61 – 2,34 70,65 TF1...... w 23,80 156,12 +1,15 23,53 SONY CORP. # ...... w 39,58 259,63 – 0,78 39,89 deux filiales d’assurance-crédit Hermes et COFACE...... w 53,55 351,26 – 2,64 55,00 LOUVRE #...... 60 393,57 – 0,83 ... TECHNIP...... w 135,90 891,45 – 0,80 137,00 T.D.K. # ...... 48,50 318,14 +1,55 ... Euler, qui donnera naissance au numéro un COFLEXIP ...... w 175,50 1151,20 – 1,18 177,60 LVMH MOET HE.... w 33,76 221,45 – 4,82 35,47 THOMSON MULT . w 20,40 133,82 – 3,32 21,10 TOSHIBA #...... 4,64 30,44 – 2,93 ... COLAS...... w 62 406,69 – 2,97 63,90 MARINE WENDE... w 49,10 322,07 – 2,09 50,15 TOTAL FINA E ...... w 138,20 906,53 – 3,69 143,50 UNITED TECHO..... 51,20 335,85 +0,39 ... mondial du secteur, et dont les AGF détien- CONTIN.ENTRE..... 39,50 259,10 – 1,62 ... MATUSSIERE F...... 6,35 41,65 ...... TRANSICIEL # ...... w 24,80 162,68 – 4,54 25,98 ZAMBIA COPPE...... 0,32 2,10 – 3,03 ... dront au moins 51 %. CPR...... 58 380,46 ...... MAUREL ET PR...... 15,45 101,35 – 0,32 ... UBI SOFT ENT ...... w 24,55 161,04 – 3,73 25,50 ...... CRED.FON.FRA...... 10,59 69,47 – 2,84 ... METALEUROP ...... 3,40 22,30 – 5,03 ... UNIBAIL ...... w 53,70 352,25 – 0,56 54,00 ...... CREDIT LYONN ..... w 34,50 226,31 – 3,25 35,66 MICHELIN ...... w 25,94 170,16 – 0,92 26,18 UNILOG ...... w 56 367,34 – 0,36 56,20 CS COM.ET SY...... 6,38 41,85 ...... MARIONNAUD P .. 38,51 252,61 +0,76 ... USINOR...... w 8,14 53,39 – 1,93 8,30 ABRE´VIATIONS DAMART ...... 81,50 534,60 +1,24 ... MONTUPET SA...... 10,11 66,32 – 3,99 ... VALEO ...... w 35,30 231,55 – 1,81 35,95 ´ B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. PREMIER MARCHE DANONE...... w 141 924,90 – 1,67 143,40 MOULINEX ...... 0,50 3,28 ...... VALLOUREC ...... w 46 301,74 +2,20 45,01 ______+ w – DASSAULT-AVI...... 260,10 1706,14 0,04 ... NATEXIS BQ P ...... 87 570,68 8,42 95,00 VICAT...... SYMBOLES DASSAULT SYS...... w 32,26 211,61 – 2,54 33,10 NEOPOST ...... w 27,60 181,04 +1,36 27,23 VINCI...... w 61,20 401,45 – 0,33 61,40 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; JEUDI 20 SEPTEMBRE Cours a` 9h57 DEVEAUX(LY)# ...... 62 406,69 ...... NEXANS...... w 21,20 139,06 +0,95 21,00 VIVENDI ENVI...... w 44,81 293,93 – 0,42 45,00 a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; w DEV.R.N-P.CA...... 14,60 95,77 +2,46 ... NORBERT DENT ... 16,99 111,45 +1,25 ... VIVENDI UNIV ...... 44,30 290,59 +0,68 44,00 o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 24 septembre w DMC (DOLLFUS..... 6,70 43,95 – 4,29 ... NORD-EST...... WANADOO...... 4,01 26,30 – 2,20 4,10 d cours pre´ce´dent ; w_Valeur pouvant be´ne´ficier du service w + DYNACTION ...... 20,15 132,18 – 4,05 ... NRJ GROUP...... 13,51 88,62 0,82 13,40 WORMS (EX.SO...... 17,75 116,43 ...... ` ´ ´ Compen- w w w de reglement differe. Cours Cours % Var. EIFFAGE ...... 67,65 443,75 +0,22 67,50 OBERTHUR CAR.... 4,40 28,86 – 1,79 4,48 ZODIAC...... 160,10 1050,19 – 1,11 161,90 sation France f en euros en francs veille ELIOR ...... w 10,15 66,58 – 0,10 10,16 OLIPAR...... 6 39,36 ...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : (1) ELEC.MADAGAS..... 20,70 135,78 – 0,34 ... ORANGE ...... w 6,88 45,13 +1,03 6,81 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : ACCOR ...... w 27,55 180,72 – 3,67 28,60 ENTENIAL(EX...... 29,10 190,88 – 2,02 ... OXYG.EXT-ORI...... 333 2184,34 – 0,03 ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AGF ...... w 48,45 317,81 +2,43 47,30 ERAMET ...... w 27,37 179,54 – 6,27 29,20 PECHINEY ACT...... w 38,62 253,33 – 2,84 39,75 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AFFINE...... 36,89 241,98 – 0,03 ... ESSILOR INTL ...... w 28,35 185,96 +0,14 28,31 PECHINEY B P ...... 38,04 249,53 – 1,19 ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR FRANCE G ...... w 10,44 68,48 – 1,51 10,60 ESSO ...... 70 459,17 ...... PENAUILLE PO...... w 25 163,99 – 14,38 29,20 ......

CHEMUNEX ...... 0,18 1,18 – 5,26 HF COMPANY ...... 48,64 319,06 +3,51 NEURONES #...... 2,82 18,50 +0,71 GEODIS...... 31,10 204 – 9,33 CMT MEDICAL ..... 12,98 85,14 +1,41 HIGH CO.#...... 83,95 550,68 – 0,06 NICOX #...... 34 223,03 +1,49 GFI INDUSTRI...... 17,80 116,76 – 1,71 NOUVEAU COALA # ...... 11,99 78,65 +4,26 HIGH BON DE ...... d 3,10 20,33 ... OLITEC...... 12,50 81,99 +4,17 SECOND GRAND MARNIE .. d 7840 51427,03 ... COHERIS ATIX...... 8,29 54,38 +22,09 HIGHWAVE OPT ... w 2,71 17,78 – 5,90 OPTIMS # ...... 1,89 12,40 +5 ______GROUPE BOURB... d 45 295,18 ... ´ COIL...... 16,50 108,23 +0,61 HIMALAYA ...... 1,30 8,53 ... ORCHESTRA KA.... 0,77 5,05 +2,67 GROUPE CRIT ...... 13,45 88,23 – 2,54 MARCHE CION ET SYS...... 1,65 10,82 – 1,20 HI MEDIA ...... 0,52 3,41 – 1,89 OXIS INTL RG ...... d 0,20 1,31 ... ´ GROUPE FOCAL.... 54 354,22 ... CONSODATA ...... 5,50 36,08 – 4,35 HOLOGRAM IND.. 5,90 38,70 +2,08 PERFECT TECH .... 3,70 24,27 – 1,33 MARCHE GROUPE J.C.D...... 142,90 937,36 ... MERCREDI 19 SEPTEMBRE CONSODATA NV.. d 19,50 127,91 ... HUBWOO.COM ..... 1,99 13,05 +0,51 PERF.TECHNO...... 0,19 1,25 ... HERMES INTL...... w 122,10 800,92 – 0,81 CONSORS FRAN .. 1,22 8 – 2,40 IB GROUP.COM .... 2,46 16,14 – 1,60 PHARMAGEST I.... 12,20 80,03 +1,67 JEUDI 20 SEPTEMBRE HYPARLO #(LY ...... 31,50 206,63 +4,97 Une se´ lection. Cours releve´sa` 18 h 16 CROSS SYSTEM.... 1,08 7,08 +6,93 IDP ...... 1,08 7,08 – 17,56 PHONE SYS.NE..... d 0,60 3,94 ... IMS(INT.META ...... 6,85 44,93 – 0,72 CRYO # ...... 2,58 16,92 ... IDP BON 98 (...... d 1,07 7,02 ... PICOGIGA...... 3 19,68 +15,38 Une se´ lection. Cours releve´ sa` 9h57 INTER PARFUM .... 49,85 326,99 – 0,70 CRYONETWORKS. 1,11 7,28 +0,91 INTERACTIF B...... d 0,15 0,98 ... PROSODIE #...... 26,89 176,39 +1,28 JET MULTIMED .... d 15,80 103,64 ... Cours Cours % Var. CYBERDECK # ...... 0,65 4,26 – 4,41 INTERACTIF B...... d 0,30 1,97 ... PROSODIE BS ...... d 8,46 55,49 ... Cours Cours % Var. LAURENT-PERR .... 22 144,31 – 6,38 Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBER PRES.P ...... 13 85,27 ... IGE +XAO ...... 7 45,92 +4,48 PROLOGUE SOF ... 3,46 22,70 – 2,54 LDC ...... 117 767,47 ... ABEL GUILLEM..... 8,36 54,84 +9,28 CYBERSEARCH ..... 1,65 10,82 +10 ILOG #...... 5,10 33,45 – 8,44 QUALIFLOW ...... 2,61 17,12 – 3,33 AB GROUPE ...... 25 163,99 ... LECTRA (B) #...... 3,50 22,96 – 6,67 AB SOFT ...... 3 19,68 +5,63 CYRANO #...... 0,25 1,64 +8,70 IMECOM GROUP.. 1,29 8,46 +15,18 QUANTEL ...... 4,10 26,89 +4,86 ACTIELEC TEC ...... 5,50 36,08 ... LOUIS DREYFU ..... d 14 91,83 ... ACCESS COMME .. 2,90 19,02 +3,94 DIREKT ANLAG .... 7,40 48,54 +5,71 INFOSOURCES...... 0,51 3,35 +4,08 R2I SANTE...... 5,04 33,06 – 0,79 ALGECO #...... 72 472,29 – 2,70 LVL MEDICAL...... 14,69 96,36 +0,27 ADL PARTNER ...... 9,70 63,63 – 3 DIREKT ANLAG .... 6,45 42,31 +7,50 INFOSOURCE B .... d 1,45 9,51 ... R2I SANTE BO ...... 0,02 0,13 ... ALTEDIA...... 23,20 152,18 – 2,93 M6-METR.TV A...... w 15,79 103,58 – 1,44 ADL PARTNER ...... 5,25 34,44 ... DALET # ...... 1,86 12,20 – 2,11 INFOTEL # ...... 19,90 130,54 +9,94 RECIF # ...... 10,30 67,56 +3 ALTEN (SVN) ...... w 11,10 72,81 – 2,80 MANITOU #...... 40,70 266,97 – 0,71 ALGORIEL #...... 3 19,68 ... DATASQUARE #.... 0,41 2,69 ... INFO VISTA ...... 2,34 15,35 +3,08 REPONSE # ...... 12,50 81,99 – 9,42 APRIL S.A.#( ...... 14,31 93,87 – 1,99 MANUTAN INTE... 31,20 204,66 +7,55 ALPHAMEDIA ...... 0,52 3,41 – 10,34 DATATRONIC ...... d 3,24 21,25 ... INTEGRA EX D ...... 0,90 5,90 – 2,17 REGINA RUBEN ... 0,71 4,66 +16,39 ARKOPHARMA # .. 47 308,30 ... PARC DES EXP ...... d 117 767,47 ... ALPHA MOS #...... 2,52 16,53 – 3,08 DESK #...... d 0,89 5,84 ... INTEGRA ACT...... RIBER #...... 3,20 20,99 +1,59 ASSYSTEM # ...... 30,60 200,72 +0,99 PCAS #...... 18,05 118,40 – 6,19 ALPHA MOS BO.... d 0,20 1,31 ... DEVOTEAM #...... w 14,82 97,21 – 2,37 INTERCALL #...... 0,48 3,15 +4,35 RIGIFLEX INT...... 16,87 110,66 +6,10 AUBAY ...... 4,06 26,63 – 2,40 PETIT FOREST...... 38,90 255,17 – 2,02 ALTAMIR & CI ...... 109,80 720,24 ... DMS #...... 10,25 67,24 ... IPSOS # ...... w 46,60 305,68 ... RISC TECHNOL .... 5,30 34,77 +1,92 BENETEAU #...... 46,16 302,79 – 8,59 PIERRE VACAN...... 52,10 341,75 – 3,52 ALDETA ...... 3,81 24,99 ... D INTERACTIV ..... 1,40 9,18 ... IPSOS BS00...... d 1,39 9,12 ... SAVEURS DE F...... 8,75 57,40 ... BOIRON (LY)#...... 73,10 479,50 ... PINGUELY HAU .... w 10,15 66,58 ... ALTI #...... 6 39,36 +13,21 DURAND ALLIZ.... 0,50 3,28 ... ITESOFT...... 1,58 10,36 +3,27 GUILLEMOT BS .... d 9,10 59,69 ... BONDUELLE...... 42,10 276,16 +0,02 POCHET...... d 100 655,96 ... A NOVO # ...... w 14,15 92,82 ... DURAN DUBOI .... 9,50 62,32 +16,85 IT LINK...... 2,45 16,07 +2,08 SELF TRADE...... 1,50 9,84 +13,64 BQUE TARNEAU... d 75 491,97 ... RADIALL # ...... 46,95 307,97 ... ARTPRICE COM.... 3,01 19,74 – 5,94 DURAN BS 00 ...... d 0,15 0,98 ... IXO...... 0,49 3,21 – 5,77 SILICOMP #...... 17,30 113,48 +3,28 BRICORAMA # ...... 50 327,98 ... RALLYE (LY)...... w 47,80 313,55 +0,63 ASTRA ...... 0,51 3,35 ... EFFIK # ...... 12 78,71 – 3,85 JEAN CLAUDE ...... 0,87 5,71 – 2,25 SITICOM GROU.... 3,40 22,30 +6,92 BRIOCHE PASQ .... 76 498,53 ... RODRIGUEZ GR ... w 36,21 237,52 +2,96 AUFEMININ.CO.... 0,52 3,41 +13,04 EGIDE #...... 51,80 339,79 +9,17 JOLIEZ REGOL...... 0,85 5,58 ... SODITECH ING .... 4,70 30,83 +11,90 BUFFALO GRIL..... 9 59,04 ... SABATE-DIOSO ..... 10,40 68,22 +2,97 AUTOMA TECH .... 3,75 24,60 +1,35 EMME NV ...... 11,50 75,44 +3,60 KALISTO ENTE...... d 1,35 8,86 ... SOFT COMPUTI.... 3,25 21,32 +3,17 C.A. OISE CC ...... d 88 577,24 ... SECHE ENVIRO ..... 65 426,37 +1,56 AVENIR TELEC...... w 1,07 7,02 +8,08 ESI GROUP ...... 7 45,92 +21,74 KEYRUS PROGI ..... 1 6,56 – 10,71 SOI TEC SILI...... w 9,45 61,99 – 10,85 C.A. PARIS I...... 65,10 427,03 – 0,23 SINOP.ASSET...... d 18,85 123,65 ... AVENIR TELEC...... 0,20 1,31 +25 ESKER...... 2,59 16,99 +22,75 LA COMPAGNIE.... 4,80 31,49 – 2,04 SOI TEC BS 0...... d 2,55 16,73 ... C.A.PAS CAL...... 143 938,02 ... SIPAREX CROI ...... 24,80 162,68 ... BAC MAJESTIC...... 1,80 11,81 – 2,70 EUROFINS SCI...... 11,25 73,80 +5,63 LEXIBOOK # S...... 16,40 107,58 +2,82 SOLUCOM ...... 23,80 156,12 – 0,42 CDA-CIE DES...... 44,75 293,54 +2,64 SOLERI ...... d 199 1305,35 ... BARBARA BUI ...... 12,50 81,99 ... EURO.CARGO S.... 10,15 66,58 – 9,94 LINEDATA SER...... 16,15 105,94 – 0,62 SOLUCOM ACT..... d 47,76 313,29 ... CEGEDIM #...... 40 262,38 – 4,76 SOLVING #...... 44,29 290,52 – 0,92 BCI NAVIGATI...... 5,19 34,04 – 0,19 FIMATEX # ...... w 2,23 14,63 +3,72 LYCOS EUROPE..... 0,84 5,51 +6,33 SQLI ...... 1,15 7,54 +6,48 CIE FIN.ST-H ...... d 117 767,47 ... STEF-TFE # ...... 51,10 335,19 +0,20 BELVEDERE...... 20 131,19 +0,10 FI SYSTEM # ...... w 1,40 9,18 – 1,41 LYCOS FRANCE..... 1,80 11,81 – 0,55 SQLI ACT.NOU...... d 3,10 20,33 ... CNIM #...... 43,98 288,49 – 0,05 STERIA GROUP ..... 23,50 154,15 – 9,09 BOURSE DIREC .... 2 13,12 – 6,98 FI SYSTEM BS...... d 0,03 0,20 ... MEDCOST #...... 1,30 8,53 +8,33 STACI # ...... 2,40 15,74 +14,83 COFITEM-COFI..... d 57,95 380,13 ... SYLEA ...... d 44 288,62 ... BRIME TECHNO... 28,50 186,95 +5,52 FLOREANE MED .. 6,80 44,61 +7,77 MEDIDEP #...... 19 124,63 +5,44 STELAX...... d 0,44 2,89 ... DANE-ELEC ME.... 1,20 7,87 – 3,23 SYLIS # ...... 18,50 121,35 – 2,12 BRIME TECHN...... d 0,18 1,18 ... GAMELOFT COM . 0,30 1,97 +15,38 MEMSCAP ...... 1,05 6,89 – 7,89 SYNELEC # ...... 9,30 61 +13,41 ENTRELEC GRO ... 63 413,25 ... SYNERGIE (EX ...... d 23 150,87 ... BUSINESS ET ...... 7,50 49,20 – 4,58 GAUDRIOT #...... 32,25 211,55 +1,74 METROLOGIC G ... 40 262,38 +3,63 SYSTAR # ...... 5 32,80 +4,38 ETAM DEVELOP ... 8,85 58,05 – 1,67 TEAM PARTNER ... 5 32,80 +2,04 BUSINESS INT ...... 1,35 8,86 – 9,40 GENERIX # ...... 17,80 116,76 +5,45 MICROPOLE ...... 3,60 23,61 +2,86 SYSTRAN ...... 1,65 10,82 ... EUROPEENNE C... 40,20 263,69 +0,50 TRIGANO...... w 18,89 123,91 +7,03 BVRP ACT.DIV...... w 4,04 26,50 +17,10 GENESYS #...... 15 98,39 +11,77 MILLIMAGES...... 7,08 46,44 – 0,98 TEL.RES.SERV...... 1,11 7,28 +20,65 EXPAND S.A...... 55,50 364,06 +0,54 UNION FIN.FR...... 28 183,67 – 1,41 CAC SYSTEMES..... d 3 19,68 ... GENESYS BS00 ..... 1 6,56 ... MONDIAL PECH ... 4,74 31,09 ... TELECOM CITY..... 2,44 16,01 +12,96 FINATIS(EX.L ...... d 126,30 828,47 ... VILMOR.CLAUS ..... 60 393,57 ... CALL CENTER...... 6,50 42,64 +1,56 GENSET...... w 2,36 15,48 +3,51 NATUREX...... 12,60 82,65 ... TETE DS LES ...... 1,46 9,58 ... FININFO...... 32,70 214,50 +0,62 VIRBAC...... d 87 570,68 ... CARRERE GROU... 15,50 101,67 – 1,27 GL TRADE #...... 35,60 233,52 +19,06 NET2S # ...... 3,15 20,66 +9 THERMATECH I.... 12 78,71 +4,35 FLEURY MICHO ... 21,99 144,24 – 3,26 ...... CAST ...... 2,80 18,37 – 6,04 GUILLEMOT # ...... 11,30 74,12 +7,62 NETGEM...... w 1,54 10,10 +0,65 TITUS INTERA ...... 2 13,12 – 1,48 GECI INTL...... 9,50 62,32 ...... CEREP...... 12,39 81,27 – 0,88 GUYANOR ACTI ... 0,22 1,44 – 4,35 NETVALUE #...... 0,85 5,58 +6,25 TITUS INTER...... d 0,26 1,71 ... GENERALE LOC.... 10,25 67,24 +8,35 ......

E´CUR. OBLIG. INTERNAT. D. 176,94 1160,65 19/09 CIC E´PARGNE DYNAM. C..... 2051,31 13455,71 19/09 CM MID. ACT. FRANCE ...... 26,98 176,98 19/09 OBLITYS D...... 111,42 730,87 19/09 E´CUR. TECHNOLOGIES C ..... 32,16 210,96 19/09 CIC E´PARGNE DYNAM. D .... 1617,97 10613,19 19/09 CM MONDE ACTIONS...... 279,14 1831,04 19/09 PLE´NITUDE D PEA ...... 38,92 255,30 19/09 SICAV et FCP E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... 276,15 1811,43 19/09 CIC EUROLEADERS ...... 327,82 2150,36 19/09 CM OBLIG. LONG TERME .... 107,45 704,83 19/09 POSTE GESTION C...... 2605,56 17091,35 19/09 E´PARCOURT-SICAV D ...... 28,36 186,03 19/09 CIC FRANCE C ...... 30,71 201,44 19/09 CM OPTION DYNAM...... 27,87 182,82 19/09 POSTE GESTION D ...... 2309,78 15151,16 19/09 GE´OPTIM C ...... 2328,75 15275,60 19/09 CIC FRANCE D...... 30,71 201,44 19/09 CM OPTION E´QUIL...... 51,27 336,31 19/09 POSTE PREMIE`RE...... 7078,40 46431,26 19/09 Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 19 septembre Fonds communs de placements CIC HORIZON C...... 66,56 436,60 19/09 CM OBLIG. COURT TERME .. 164,22 1077,21 19/09 POSTE PREMIE`RE 1 AN ...... 42254,21 277169,45 19/09 ` E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 36,02 236,28 19/09 CIC HORIZON D ...... 64,19 421,06 19/09 CM OBLIG. MOYEN TERME.. 340,73 2235,04 19/09 POSTE PREMIERE 2-3 ...... 9165,08 60118,98 19/09 E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 34,20 224,34 19/09 CIC MENSUEL...... 1434,49 9409,64 19/09 CM OBLIG. QUATRE...... 165,29 1084,23 19/09 PRIMIEL EUROPE C ...... 45,36 297,54 19/09 e ´ Valeurs unitaires Date E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 37,08 243,23 19/09 CIC MONDE PEA...... 23,17 151,99 19/09 Fonds communs de placements REVENUS TRIMESTRIELS ..... 789,87 5181,21 19/09 Emetteurs f ee 362,93 Euros francs cours CIC OBLI COURT TERME C .. 24,59 161,30 19/09 CM OPTION MODE´RATION . 19,01 124,70 19/09 SOLSTICE D...... 2380,66 19/09 19,52 THE´SORA C ...... 187,99 1233,13 19/09 08 36 68 56 55 CIC OBLI COURT TEME D.... 128,04 19/09 AGIPI (2,21 F/mn) CIC OBLI LONG TERME C .... 15,31 100,43 19/09 ASSET MANAGEMENT THE´SORA D...... 156,93 1029,39 19/09 CIC OBLI LONG TERME D.... 15,12 99,18 19/09 TRE´SORYS C...... 47222,26 309757,72 19/09 AGIPI AMBITION (AXA) ...... 23,55 154,48 19/09 ATOUT CROISSANCE D...... 300,16 1968,92 19/09 CIC OBLI MONDE ...... 396,65 2601,85 14/09 AME´RIQUE 2000 ...... 112,56 738,35 19/09 AGIPI ACTIONS (AXA)...... 22,82 149,69 19/09 ATOUT EUROPE C ...... 458,85 3009,86 19/09 Fonds communs de placements ATOUT FRANCE C...... 172,03 1128,44 19/09 CIC ORIENT ...... 123,17 807,94 18/09 ASIE 2000...... 58,47 383,54 19/09 DE´DIALYS FINANCE ...... 72,81 477,60 19/09 3615 BNP ATOUT FRANCE D ...... 155,89 1022,57 19/09 CIC PIERRE ...... 32,07 210,37 19/09 NOUVELLE EUROPE ...... 188,19 1234,45 19/09 DE´DIALYS MULTI-SECTEURS 58,09 381,05 19/09 MONEYCIC DOLLAR ...... 1415,83 .... 19/09 ´ 3600,49 23617,67 19/09 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ATOUT FRANCE ASIE D ...... 68,57 449,79 19/09 SAINT-HONORE CAPITAL C . DE´DIALYS SANTE´ ...... 90,33 592,53 19/09 ATOUTFRANCEEUROPED.. 155,89 1022,57 19/09 Fonds communs de placements SAINT-HONORE´ CAPITAL D . 3301,43 21655,96 19/09 DE´DIALYS TECHNOLOGIES .. 26,03 170,75 19/09 ´ BNP MONE´ COURT TERME.. 2485,19 16301,78 19/09 ATOUT FRANCE MONDE D .. 39,23 257,33 19/09 CIAL PEA SE´RE´NITE´ ...... 843,85 5535,29 14/09 ST-HONORE CONVERTIBLES 325,60 2135,80 19/09 DE´DIALYS TELECOM ...... 38,44 252,15 19/09 ´ BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13633,16 89427,67 19/09 ATOUT MONDE C...... 46,77 306,79 19/09 CIC EUROPEA C ...... 9,24 60,61 19/09 ST-HONORE FRANCE...... 50,39 330,54 19/09 POSTE EUROPE C ...... 91,98 603,35 19/09 ´ BNP MONE´ PLACEMENT D.. 11903,06 78078,96 19/09 ATOUT SE´LECTION D ...... 93,16 611,09 19/09 CIC EUROPEA D...... 9 59,04 19/09 ST-HONORE PACIFIQUE...... 84,88 556,78 19/09 POSTE EUROPE D...... 87,73 575,47 19/09 ´ BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... 77644,65 509315,52 19/09 CAPITOP EUROBLIG C...... 100,74 660,81 19/09 CIC EURO OPPORTUNITE´ .... 374,64 2457,48 19/09 ST-HONORE TECH. MEDIA .. 86,52 567,53 19/09 POSTE PREMIE`RE 8 ANS C ... 197,90 1298,14 19/09 ´ ´ BNP OBLI. CT...... 165,94 1088,50 19/09 CAPITOP EUROBLIG D...... 83,11 545,17 19/09 CIC GLOBAL C...... 216,95 1423,10 19/09 ST-HONORE VIE SANTE ...... 348,34 2284,96 19/09 POSTE PREMIE`RE 8 ANS D... 181,67 1191,68 19/09 ´ BNP OBLI. LT ...... 34,18 224,21 19/09 CAPITOP MONDOBLIG C...... 44,58 292,43 19/09 CIC GLOBAL D ...... 216,95 1423,10 19/09 ST-HONORE WORLD LEAD. . 81,66 535,65 19/09 REMUNYS PLUS ...... 102,67 673,47 19/09 BNP OBLI. MT C...... 153,77 1008,67 19/09 CAPITOP REVENUS D ...... 174,44 1144,25 19/09 CIC JAPON ...... 8,21 53,85 19/09 WEB INTERNATIONAL ...... 21,89 143,59 19/09 BNP OBLI. MT D ...... 141,13 925,75 19/09 DIE`ZE C...... 419,18 2749,64 19/09 CIC MARCHE´SE´MERGENTS 1046,43 6864,13 07/09 SG ASSET MANAGEMENT BNP OBLI. SPREADS...... 185,79 1218,70 19/09 INDICIA EUROLAND D ...... 95,27 624,93 18/09 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 4,03 26,44 19/09 LEGAL & GENERAL BANK Serveur vocal : BNP OBLI. TRE´SOR ...... 1961,98 12869,75 19/09 INDICIA FRANCE D ...... 322,14 2113,10 18/09 CIC PROFIL DYNAMIQUE..... 21,13 138,60 18/09 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) ´ Fonds communs de placements INDOCAM AMERIQUE C...... 35,32 231,68 19/09 CIC PROFIL E´QUILIBRE...... 17,28 113,35 18/09 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 171,64 1125,88 18/09 CADENCE 1 D...... 157,55 1033,46 19/09 INDOCAM ASIE C ...... 16,07 105,41 19/09 ´ ´ BNP MONE´ ASSOCIATIONS.. 1821,43 11947,80 18/09 CIC PROFIL TEMPERE...... 131,77 864,35 18/09 Fonds communs de placements CADENCE 2 D...... 155,39 1019,29 19/09 INDOCAM FRANCE C ...... 294,09 1929,10 19/09 CIC TAUX VARIABLES...... 195,42 1281,87 14/09 CADENCE 3 D...... 153,77 1008,67 19/09 STRATE´GIE CAC ...... 5176,02 33952,47 18/09 INDOCAM FRANCE D...... 241,73 1585,64 19/09 CIC TECHNO. COM...... 64,25 421,45 18/09 CONVERTIS C ...... 218,71 1434,64 19/09 BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT STRATE´GIE INDICE USA...... 8135,86 53367,74 18/09 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 180,41 1183,41 19/09 16,12 105,74 19/09 INTEROBLIG C ...... 58,81 385,77 19/09 www.bpam.fr 01 58 19 40 00 CIC USA ...... Fonds communs de placements CIC VAL. NOUVELLES...... 248,13 1627,63 19/09 www.lapostefinance.fr INTERSE´LECTION FR. D...... 65,71 431,03 19/09 BP OBLI HAUT REND...... 111,21 729,49 11/09 ATOUT VALEUR D...... 68,69 450,58 18/09 GTI PUNCH ...... 102,76 674,06 10/07 Sicav Info Poste : SE´LECT DE´FENSIF C...... 188,69 1237,73 19/09 BP MEDITERRANE´EDE´V...... 54,37 356,64 18/09 CAPITOP MONE´TAIRE C...... 191,42 1255,63 21/09 08 92 68 50 10 (2,21 F/mn) SE´LECT DYNAMIQUE C ...... 217,62 1427,49 19/09 BP NOUVELLE E´CONOMIE ... 68,16 447,10 18/09 CAPITOP MONE´TAIRE D...... 188,62 1237,27 21/09 www.clamdirect.com SE´LECT E´QUILIBRE 2...... 157,81 1035,17 19/09 BP OBLIG. EUROPE ...... 51,66 338,87 19/09 ADDILYS C ...... 106,61 699,32 19/09 INDOCAM FONCIER...... 86,70 568,71 19/09 SE´LECT PEA DYNAMIQUE .... 127,39 835,62 19/09 BP SE´CURITE´...... 102626,05 673182,76 19/09 ADDILYS D...... 105,77 693,81 19/09 INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 236,45 1551,01 18/09 EURCO SOLIDARITE´...... 228,31 1497,62 19/09 SE´LECT PEA 1 ...... 187,73 1231,43 19/09 EUROACTION MIDCAP...... 105,07 689,21 19/09 AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 22,76 149,30 19/09 MASTER ACTIONS C...... 36,62 240,21 17/09 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 488,99 3207,56 19/09 SG FRANCE OPPORT. C...... 364,85 2393,26 19/09 FRUCTI EURO 50 ...... 84,91 556,97 19/09 AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 22,04 144,57 19/09 MASTER DUO C...... 13,26 86,98 17/09 LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 426,90 2800,28 19/09 SG FRANCE OPPORT. D...... 341,62 2240,88 19/09 FRUCTIFRANCE C ...... 69,06 453 19/09 AMPLITUDE EUROPE C...... 29,01 190,29 19/09 MASTER OBLIGATIONS C ..... 30,10 197,44 17/09 SICAV 5000 ...... 137,96 904,96 19/09 SOGENFRANCE C ...... 398,60 2614,64 19/09 FRUCTIFONDS FRANCE NM 124,01 813,45 19/09 AMPLITUDE EUROPE D...... 27,78 182,22 19/09 SLIVAFRANCE ...... 235,77 1546,55 19/09 SOGENFRANCE D...... 359,21 2356,26 19/09 MASTER PEA D...... 10,84 71,11 17/09 AMPLITUDE FRANCE ...... 73,90 484,75 19/09 SLIVARENTE...... 39,13 256,68 19/09 SOGEOBLIG C...... 112,81 739,99 19/09 www.cdcixis-am.fr OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 16,88 110,73 18/09 AMPLITUDE MONDE C ...... 200,26 1313,62 19/09 15,83 SLIVINTER ...... 135,48 888,69 19/09 SOGE´PARGNE D...... 46,31 303,77 19/09 OPTALIS DYNAMIQ. D...... 103,84 18/09 AMPLITUDE MONDE D...... 179,63 1178,30 19/09 ´ 17,67 TRILION...... 740,82 4859,46 19/09 SOGEPEA EUROPE...... 188,02 1233,33 19/09 OPTALIS EQUILIB. C ...... 115,91 18/09 AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 14,33 94 19/09 ´ 16,08 105,48 SOGINTER C...... 46,06 302,13 19/09 OPTALIS EQUILIB. D...... 18/09 Fonds communs de placements AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 13,69 89,80 19/09 MULTI-PROMOTEURS OPTALIS EXPANSION C ...... 13,09 85,86 18/09 ACTILION DYNAMIQUE C.... 163,53 1072,69 19/09 E´LANCIEL EURO D PEA ...... 85,04 557,83 19/09 Fonds communs de placements LIVRET BOURSE INVEST...... 176,71 1159,14 11/09 OPTALIS EXPANSION D...... 12,77 83,77 18/09 ´ ACTILION DYNAMIQUE D.... 154,03 1010,37 19/09 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 35,25 231,22 19/09 DE´CLIC ACTIONS EURO ...... 13,36 87,64 18/09 NORD SUD DEVELOP. C...... 517,69 3395,82 11/09 OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 17,51 114,86 18/09 ´ ACTILION PEA DYNAMIQUE 59,12 387,80 19/09 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 26,84 176,06 19/09 DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... 44,85 294,20 18/09 NORD SUD DEVELOP. D ...... 399,52 2620,68 11/09 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 15,38 100,89 18/09 ACTILION E´QUILIBRE C ...... 166,06 1089,28 19/09 GE´OBILYS C ...... 121,08 794,23 19/09 DE´CLIC ACTIONS INTER...... 28,20 184,98 19/09 PACTE SOL. LOGEM...... 78,92 517,68 18/09 Sicav en ligne : ACTILION E´QUILIBRE D...... 155,26 1018,44 19/09 GE´OBILYS D...... 110,40 724,18 19/09 DE´CLIC BOURSE PEA...... 46,34 303,97 18/09 PACTE SOL.TIERS MONDE.... 83,93 550,54 18/09 08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) ACTILION PEA E´QUILIBRE ... 154,75 1015,09 19/09 INTENSYS C ...... 20,62 135,26 19/09 DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE 15,49 101,61 18/09 E´CUR. 1,2,3... FUTUR D...... 44,15 289,61 19/09 ACTILION PRUDENCE C ...... 170,79 1120,31 19/09 INTENSYS D...... 17,52 114,92 19/09 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 17,27 113,28 18/09 E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 15,61 102,39 19/09 www.cic-am.com ACTILION PRUDENCE D...... 159,15 1043,96 19/09 KALEIS DYNAMISME C...... 201,17 1319,59 19/09 DE´CLIC PEA EUROPE...... 20,13 132,04 18/09 E´CUR. ACTIONS FUTUR D.... 55,61 364,78 19/09 INTERLION ...... 230,98 1515,13 10/09 KALEIS DYNAMISME D ...... 195,65 1283,38 19/09 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 51,51 337,88 18/09 E´CUR. CAPITALISATION C.... 44,27 290,39 19/09 CIC CAPIRENTE MT C...... 35,72 234,31 19/09 LION ACTION EURO ...... 77,81 510,40 19/09 KALEIS DYN. FRANCE C PEA 73,02 478,98 19/09 FAVOR ...... 265,83 1743,73 19/09 E´CUR. DYNAMIQUE+ DPEA. 37,36 245,07 19/09 CIC CAPIRENTE MT D ...... 26,82 175,93 19/09 LION PEA EURO...... 78,77 516,70 19/09 KALEIS E´QUILIBRE C...... 193,46 1269,01 19/09 SOGESTION C...... 44,57 292,36 18/09 E´CUR. E´NERGIE D PEA...... 39,09 256,41 19/09 CIC AME´RIQUE LATINE ...... 85,13 558,42 19/09 KALEIS E´QUILIBRE D...... 187,41 1229,33 19/09 SOGINDEX FRANCE C ...... 452,30 2966,89 18/09 E´CUR. EXPANSION C...... 14687,80 96345,65 19/09 CIC CONVERTIBLES...... 5,40 35,42 19/09 KALEIS SE´RE´NITE´ C...... 186,65 1224,34 19/09 ...... E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 42,02 275,63 19/09 CIC COURT TERME C ...... 34,04 223,29 19/09 KALEIS SE´RE´NITE´ D ...... 180,42 1183,48 19/09 ...... E´CUR. INVESTISSEMENTS D 45,74 300,03 19/09 CIC COURT TERME D...... 26,93 176,65 19/09 CM EURO PEA...... 18,95 124,30 19/09 KALEIS TONUS C PEA...... 62,04 406,96 19/09 ...... E´CUR. MONE´TAIRE C...... 222,88 1462 19/09 CIC ECOCIC ...... 332,70 2182,37 19/09 CM EUROPE TECHNOL...... 3,46 22,70 19/09 LIBERTE´ ET SOLIDARITE´ ...... 101,73 667,31 19/09 LE...... ´GENDE : e Hors frais. ee....A titre indicatif...... E´CUR. MONE´TAIRE D...... 192,20 1260,75 19/09 CIC ELITE EUROPE ...... 114,40 750,41 19/09 CM FRANCE ACTIONS ...... 30,23 198,30 19/09 OBLITYS C...... 113,19 742,48 19/09 ...... 26 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001

TECHNOLOGIES Début 2001, d’autres attentats antiaméricains remment anodins. b LA STÉGANO- humain s’en aperçoive. b CETTE le tatouage numérique, est testé par le quotidien américain USA Today par le passé, communiquait avec ses GRAPHIE, une technique de codage MÉTHODE de camouflage est assez les industriels du disque et de la affirmait qu’Oussama Ben Laden, hommes, via Internet, par le biais des fichiers informatiques, permet simple à mettre en œuvre mais est vidéo pour tenter d’empêcher les commanditaire présumé des atta- d’images ou de messages dissimulés en effet de cacher une image ou du en revanche extrêmement complexe copies illégales des œuvres sur sup- ques terroristes du 11 septembre et dans des textes ou des photos appa- texte dans une photo sans que l’œil à déceler. b UN PROCÉDÉ similaire, port digital. Des messages terroristes peuvent se cacher dans les images de la Toile La stéganographie, un procédé de codage des données qui met à profit l’immensité d’Internet et les caractéristiques des images numériques, aurait permis aux commanditaires présumés des attentats aux Etats-Unis de transmettre des instructions via des sites et des fichiers apparemment anodins

QUOI DE PLUS ANODIN, sur automatisé l’usage de la stégano- de tels indices puisqu’elle profite Internet, qu’un site pornographi- graphie. Le langage informatique de l’immensité de la Toile pour ren- que ? Selon USA Today, Oussama fonctionne en effet à partir d’un dre indétectable leur contenu. Ben Laden pourrait avoir utilisé codage binaire fait de 0 et de 1, les Y a-t-il une parade ? La régle- certaines des images impies pos- bits. La masse des informations mentation des moyens de crypta- tées sur de tels sites pour transmet- numériques décrivant une image ge et l’emploi de backdoors – « por- tre ses ordres en toute discrétion. ou un son est telle qu’elle permet tes arrière » – ou de passe-partout Citant des « sources officielles » sans peine d’en détourner certai- permettant aux services de rensei- non précisées, le quotidien améri- nes sans affecter sensiblement l’ap- gnement et à la justice d’accéder cain avait affirmé début 2001 que parence du support. aux informations cryptées ont le commanditaire présumé de plu- Une variante de cette technique longtemps été défendus par les sieurs attentats antiaméricains intéresse particulièrement l’indus- policiers et les militaires. Il ne fait – dont ceux du 11 septembre – trie audiovisuelle, qui tente de pro- aurait aussi posté par le passé des téger les œuvres numériques messages sur des forums consa- grâce à des tatouages ou filigranes Un statut incertain crés au sport, ainsi transformés en digitaux, invisibles ou inaudibles, supports invisibles à des plans et à qui permettent de traquer les pira- en France des informations sur ses cibles. tes. La recherche sur le watermar- L’information est jugée crédible king a été considérablement ac- Dans les milieux de la cryptolo- par nombre de spécialistes du mar- crue ces dernières années. « Tous gie, chacun s’accorde à dire que quage des images numériques. les algorithmes robustes de water- le statut de la stéganographie en La technique qui aurait été marking des industriels peuvent France reste flou au regard de la employée, la stéganographie, con- être utilisés en stéganographie », législation actuelle. Celle-ci cou- siste à cacher un message dans un estime Julien Stern, qui a consacré vre en effet essentiellement support « innocent ». Elle peut, de sa thèse au tatouage numérique l’usage de la cryptographie, qui, surcroît, se combiner à la crypto- avant de fonder Cryptolog, société lorsqu’elle permet d’assurer la graphie, qui se charge de dissimu- A gauche, une photo anodine de la chapelle du King’s College de Cambridge. de conseil en cryptologie. confidentialité des messages ler le sens de la missive et non plus A droite, une vue aérienne du Pentagone qui va être dissimulée dans la première image. échangés, est libre tant que les son existence. Le résultat est alors UN DÉCHIFFREMENT DIFFICILE clés de codage ne dépassent pas particulièrement efficace. Le mes- Parallèlement, les groupes de 128 bits. Or la stéganographie per- sage secret s’abrite d’abord derriè- protection des libertés civiles, met précisément d’assurer la re son invisibilité. En cas de décou- essentiellement américains, ont confidentialité sans forcémént verte, il restera à le décoder. Un lutté avec un certain succès pour utiliser de telles clés. La future loi défi pour les services secrets qui, la libéralisation de l’usage de la sur la liberté de l’information ne dans le cas du terrorisme, doivent cryptographie à laquelle la stéga- cite pas expressément la stégano- réaliser ces deux opérations au nographie est intimement liée. On graphie. Si elle offre une défini- plus vite pour que l’information peut ainsi aisément trouver et télé- tion large de la cryptologie, elle recueillie ne soit pas obsolète. charger sur Internet des logiciels renvoie à l’utilisation de « conven- En fait, la stéganographie est un (MP3 Stego, Steganos, ST4, Hide tions secrètes » dont la jurispru- procédé aussi ancien que l’espion- and Seek, etc.) permettant de com- dence devra déterminer si elles nage. Bien avant l’encre invisible, muniquer à l’abri des « grandes recouvrent les algorithmes stéga- Hérodote décrit comment un mes- oreilles », tel le réseau Echelon, nographiques. sage tatoué sur le crâne d’un escla- aussi affûtées soient-elles. ve puis caché par la repousse des La stéganographie renforce cheveux servit de signal à une sensiblement l’efficacité de la cryp- pas de doute que FBI et CIA juge- révolte contre les Perses. Un livre tographie. Cette dernière rend ront ces demandes plus légitimes fait aussi bien l’affaire : rien de presque impossible la lecture des encore après les attentats du plus facile que de cacher un texte messages pour qui ne dispose pas 11 septembre. De telles mesures, dans un autre, en se mettant d’ac- de la clé de déchiffrement. Ainsi, le étendues à la stéganographie, ris- cord par une correspondance dis- FBI a mis plus d’un an pour lire quent pourtant d’être totalement tincte avec son interlocuteur sur, deux messages chiffrés par Ramzi inefficaces, assurent les spécialis- par exemple, le ou les mots à rete- Youssef, le « cerveau » du premier tes, dans la mesure où les mafieux, nir dans chaque page. George attentat de 1993 contre le World les trafiquants d’armes ou de stu- Sand et Musset employèrent une Trade Center, qui prévoyait aussi péfiants et les terroristes n’em-

variante du procédé dans leur cor- FABIEN A.P. PETITCOLAS de détruire onze long-courriers ploient pas les seuls produits auto- respondance qui, lue une ligne sur L’image de gauche a été débarrassée des informations informatiques élémentaires (bits) américains. Mais les services de risés. Et parce qu’ils disposent des deux, passait du pur romantisme les moins significatives de l’original. Elles ont été remplacées par les bits les plus significatifs renseignements peuvent au moins moyens humains et financiers au libertinage le plus échevelé… de la photo du Pentagone. L’œil humain ne perçoit aucune différence avec l’original. être alertés par la circulation de pour mettre au point leurs propres L’avènement de l’informatique Pourtant, l’image de gauche contient bel et bien les informations qui permettent messages cryptés, et tenter d’en outils de communication secrète. et la numérisation des textes, des de reconstituer celle de droite : même si la photo est moins précise que celle du haut, « cibler » l’auteur et le destina- images et des sons a raffiné et on reconnaît sans mal le siège du ministère de la défense américain. taire. La stéganographie les prive Hervé Morin L’informatique se prête à merveille à la dissimulation d’informations Une technique de camouflage LES IMAGES et les sons numériques sont palette et sont les moins perceptibles pour les se transformait en un discours parfaitement composés de bits, les éléments fondamentaux sens humains. audible : « Il avait suffi de mettre les deux encein- presque sans parade du langage binaire de l’informatique. Ainsi, les Les bits invisibles ou inaudibles peuvent tes en face l’une de l’autre pour que les signaux premières sont créées à partir de pixels codés alors servir de support à un texte caché, expli- portant la musique sur chaque voie s’annulent FACE AU DÉFI représenté par de détecter les images porteuses sur 8 bits, par exemple. La combinaison des que Caroline Fontaine, du laboratoire d’infor- pour laisser la place au seul message caché. » la stéganographie, les services de des signatures involontaires pro- trois points (rouge, vert, bleu pour la plupart matique fondamentale de Lille. « Il suffit de Les techniques de compression mettent en renseignement ne restent pas inac- pres aux images stéganographiées des systèmes) qui composent chaque pixel peut coder ce message en binaire, chaque bit étant évidence l’existence de ces informations super- tifs. Tout comme la cryptanalyse – à condition que les terroristes uti- alors prendre 256 valeurs, reproduisant la lumi- “inscrit”, comme le bit de poids faible de la lumi- flues dans les fichiers numériques. Elles exploi- s’attache à découvrir les faiblesses lisent des programmes de premiè- nance et les différentes nuances de couleurs. nance d’un pixel de l’image, par exemple », pré- tent les carences ou les limites des sens des systèmes de chiffrement des re génération, assez grossiers dans En passant à 16 ou 24 bits, on peut générer cise-t-elle. Par ce moyen, une image de bonne humains pour supprimer du fichier original les données, la « stéganalyse » tente leur conception. « Ça pourrait mar- ainsi jusqu’à plus de 16 millions de couleurs. qualité, de 512 × 512 pixels, permettra de données presque imperceptibles pour l’œil ou de dévoiler les messages cachés cher, mais ce serait très lent », esti- Les images brutes (format bpm) contiennent camoufler au minimum un texte de l’oreille. Il est possible de supprimer plus de pouvant circuler sur Internet. me Neil Johnson. alors un nombre d’informations très important 32 768 caractères, précise-t-elle, soit près de 90 % des bits composant une image ou un son A l’université George-Mason Une autre piste serait d’emprun- qui explique la taille de leurs fichiers. Sur une deux pages du Monde ! numériques sans les altérer sensiblement. C’est (Virginie), Neil Johnson s’emploie ter les méthodes des hackers, qui telle masse, l’influence de la modification de dire la capacité de stockage d’informations ainsi à tester les outils stéganogra- consistent à détruire les tatouages quelques bits sera imperceptible à l’écran ou UN CAS OÙ DES NOTES CACHENT DES MOTS invisibles – pour l’homme, mais pas pour la phiques pour découvrir les éven- numériques cachés dans les ima- sur un tirage papier. C’est pourquoi certaines Le son peut aussi servir de support à des mes- machine – qu’offrent les images et les sons tuelles « signatures » qu’ils peu- ges. Un tel brouillage pourrait méthodes stéganographiques s’attachent à ne sages cachés. Julien Stern, de la société de numérisés. vent laisser lors de la transforma- effectivement éliminer certains transformer que les bits dits de poids faible, conseil Cryptolog, évoque sa surprise lors d’un tion opérée sur les images. « Il est des messages secrets, « mais il c’est-à-dire ceux qui influent le moins sur la congrès spécialisé où un morceau de musique H. M. très difficile de faire face à la stéga- serait très difficile de prouver qu’il nographie, reconnaît-il d’emblée. n’en subsiste pas ». Et, si une telle Les recherches montrent que, théori- manipulation de trafic est envisa- quement, la détection est possible, geable pour protéger un réseau Un tatouage numérique contre les copies illégales de fichiers audio et vidéo mais elles montrent aussi que les particulier, on voit mal quel Etat niveaux de réussite seront très diffé- ou organisme pourrait s’arroger le LA STÉGANOGRAPHIE, littéra- pas l’éliminer – mais suffisamment ché. Une prime de 10 000 dollars s’il rendait publiques les failles de rents selon les techniques droit d’altérer ainsi le contenu du lement écriture masquée, n’est pas discret pour ne pas altérer l’œuvre était offerte à ceux qui les met- leurs systèmes, dont certains sont employées. » Certains fournisseurs Web. réservée au monde des espions et originale, tout en permettant son traient en défaut. Plusieurs équipes déjà utilisés pour la protection des de logiciels clament même qu’ils Des travaux théoriques mon- des terroristes. L’une de ses bran- traçage. L’enjeu est énorme pour n’ont pas tardé à se débarrasser de DVD. Edward Felten a obtempéré. interdisent toute détection, « mais trent d’ailleurs que, même dans un ches, le watermarking, ou tatouage les industriels, qui vont jusqu’à ces filigranes – soit en appliquant Mais, durant l’été, de nombreuses leurs outils n’ont à ma connaissance cadre de communication restreint, numérique, intéresse au plus haut organiser des concours pour tester leur savoir-faire cryptographique, organisations favorables à la liber- pas encore été testés officielle- avec un niveau d’information for- point l’industrie audiovisuelle. Les leurs systèmes de protection. soit tout simplement en déduisant té d’expression et à l’usage du cryp- ment », indique le chercheur, tement dégradé, il est presque tou- œuvres numériques ont en effet la La dernière opération de ce des catalogues de brevets des tage sur Internet ont répliqué sur le auquel la police et la justice font jours possible d’exploiter ce que particularité d’être clonables à l’in- genre s’est transformée en dérou- industriels les algorithmes aux- terrain judiciaire, s’attaquant parfois appel. les spécialistes nomment des fini. La protection des droits te. Le 6 septembre 2000, le consor- quels ils avaient eu recours. notamment au Digital Millennium Sur le plan opérationnel, la sté- « canaux subliminaux » pour trans- d’auteur et de copyright a donc, tium Secure Digital Music Initiati- L’équipe d’Edward Felten, de Copyright Act, une loi votée en ganalyse pourrait s’inspirer de cer- porter une information cachée. La depuis l’avènement d’Internet, pris ve (SDMI), qui rassemble de nom- l’université de Princeton, s’est bien- 1998 à la demande de l’industrie et tains systèmes de protection des parade ultime proposée par les une importance capitale. D’autant breux industriels soucieux de proté- tôt trouvée en première ligne. susceptible d’entraver la communi- copyrights, qui lancent sur la Toile militaires, en temps de guerre, est que les pirates s’ingénient à con- ger les documents musicaux, a mis Alors que le chercheur prévoyait cation des recherches sur la protec- des automates à la recherche des souvent de couper les communica- tourner les filigranes créés par les au défi les chercheurs de « cra- de présenter ses résultats à une tion intellectuelle. Edward Felten a copies d’une œuvre donnée, afin tions. Mais Internet est l’héritier fournisseurs de contenu numé- quer » quatre dispositifs de mar- conférence spécialisée à Pittsburgh finalement pu présenter ses tra- de signaler aux détenteurs des de réseaux militaires précisément rique. quage des fichiers son. Ce test en avril 2001, il a reçu une lettre de vaux à la conférence Usenix de droits la présence d’un piratage. mis au point pour continuer à fonc- Le watermarking est un art diffici- devait permettre aux industriels de la SDMI et de la RIA (Recording Washington, en août. Ces engins de recherche d’un tionner en temps de guerre… le. Le tatouage doit être robuste – valider les technologies en concur- Industry Association). Les indus- genre particulier pourraient servir pour que les pirates ne puissent rence, avant leur mise sur le mar- triels le menaçaient de poursuites H. M. de modèles à des agents chargés H. M. AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 27

Le procès pour « incitation au dopage » du docteur En Ligue des champions, Michele Ferrari doit s’ouvrir vendredi à Bologne le FC Nantes retrouve Pour le médecin italien, l’EPO était « aussi inoffensive qu’un jus d’orange » efficacité et joie de jouer Le procès du docteur Michele Ferrari, dont le , ou Mario médecin italien, qui fit en son temps des déclara- cabinet a été fréquenté par de nombreux spor- Cippolini, doit s’ouvrir vendredi 21 septembre tions favorables à l’usage de l’EPO, est soupçon- tifs, en particulier des coureurs cyclistes comme devant le tribunal correctionnel de Bologne. Le né d’« incitation au dopage ». A Rome, les Nantais ont dominé (3-1) la Lazio

L’HOMME qui devrait comparaî- Michele Ferrari occupe une place duits » : c’est encore Francesco qu’en 1998. Durant cet été-là, le juge LANTERNE ROUGE du cham- PSV Eindhoven (4-1), le 11 septem- tre à partir du vendredi 21 septem- active. L’entreprise rencontre un Moser qui parle. Le Dottore va faire Giovanni Spinosa, qui instruit une pionnat de France de division 1, le bre. Tandis que le FC Nantes occu- bre devant le tribunal correctionnel succès d’autant plus retentissant des « miracles ». En 1994, ses pou- affaire de trafic de médicaments FC Nantes s’est imposé devant la pe la tête du groupe D (6 points et de Bologne, en Italie, est injoigna- que, deux mois plus tard, Francesco lains de la Gewiss (Moreno Argen- dans une pharmacie de Bologne, Lazio Rome (3-1), mercredi 19 sep- 7 buts inscrits en deux rencontres, ble. Même ses patients ne parvien- Moser ajoute la classique Milan-San tin, et Evgueni Ber- perquisitionne au cabinet du Dottore tembre, en Italie, lors de la 2e jour- alors qu’en championnat ils n’en nent plus à le contacter. « Depuis le Remo à son palmarès, puis récidive zin) décrochent les trois premières à Ferrare. Il saisit des dossiers, des née de la Ligue des champions ont marqué que quatre en mois de juillet, il a disparu », confie au Tour d’Italie devant Laurent places de la Flèche wallonne, s’impo- ordonnances et des fichiers informa- devant seulement 18 000 specta- sept journées), la Lazio est derniè- l’un d’entre eux, un coureur cycliste Fignon. sent dans Milan-San Remo (Furlan) tiques. Les Italiens , Mario teurs désolés. Pour déboussoler re (0 point). Une situation qui qui préfère garder l’anonymat. Le Dès lors, le champion italien et le et triomphent sur le Giro (Berzin). Cipollini, le Français Armand de Las un peu plus une formation qui con- pourrait coûter sa place à Dino docteur Michele Ferrari ne répond jeune médecin (en 1984, Miche- Le « mythe » de Ferrare n’a pas le Cuevas, l’Espagnol naît d’énormes difficultés dans Zoff, accablé par les tifosi et la pres- plus. « Le mythe », tel que l’ont sur- le Ferrari a trente et un ans) scel- succès modeste et lâche alors les for- et bien d’autres encore figurent sur son championnat (10e avec se. –(Avec AFP.) nommé ses compatriotes, est soup- lent un pacte. Le médecin rejoint le mules citées plus haut qui lui vau- des listes. 3 points), l’entraîneur nantais, Ray- çonné d’« incitation au dopage et coureur au sein de l’équipe Gis. dront d’être licencié par la Gewiss. Interrogé par les policiers, Filippo nald Denoueix, a titularisé le LIGUE DES CHAMPIONS exercice illégal de la médecine ».Le « J’ai établi un bon contact avec lui Simœni, un coureur de la formation défenseur Pascal Delhommeau Mercredi 19 septembre Dottore est rattrapé par la justice ita- car il faisait du vélo, du triathlon, il BEAUCOUP D’ARGENT transalpine Cantina Tollo, raconte : (23 ans) et le milieu Eric Djemba- 1re phase, 2e journée e lienne après avoir officié durant comprenait mes exigences. Il est resté Qu’importe. Il s’éloigne des cour- « En 1997, le « mythe » m’a dit que Djemba (20 ans). Dès la 3 minute, b Groupe A plus de quinze ans au sein des pelo- près de moi pendant trois ans. Ensui- ses, mais son cabinet ne désemplit pour faire un bon Tour d’Italie, il fau- les Nantais ouvraient la marque Anderlecht (Bel)-AS Rome (Ita) 0-0 Real Madrid (Esp)-Lok. Moscou (Rus) 4-0 tons cyclistes et auprès d’autres te, il a fait l’erreur de ne plus se lier à pas. « Il fallait une recommandation drait que je prenne de l’EPO et, pour grâce à leur libero argentin, Nes- Classement : 1. Real Madrid, 6 pts ; 2. Anderlecht, 2 ; sportifs. L’Américain Lance Arm- une équipe et s’est mis à soigner plu- pour obtenir un rendez-vous », se sou- augmenter ma force et récupérer tor Fabbri. Les Romains répli- 3. AS Rome, 1 pt ; 4. Lokomotiv Moscou, 1. strong, vainqueur des trois derniers sieurs coureurs à la fois », a déclaré vient l’un de ses patients. Une après les entraînements, de l’Andriol quaient quatre minutes plus tard b Groupe B Dortmund (All)-Liverpool (Ang) 0-0 Tours de France, a révélé récem- Francesco Moser en 1999 dans un recommandation et beaucoup d’ar- [testostérone] ». Le procès-verbal par leur défenseur portugais Fer- Boavista Porto (Port)-Dynamo Kiev (Ukr) 3-1 ment avoir fait appel aux services de entretien au quotidien L’Equipe. gent. « J’avais dû verser 20 000 francs d’audition de ce coureur, publié en nando Couto et reprenaient briève- Classement : 1. Boavista Porto, 4 pts ; 2. Borussia ce médecin. 1987 : auréolé par la « résurrec- en liquide dès la première visite », août 2001 par le magazine italien ment un léger ascendant. Réalistes Dortmund, 2 ; 3. Liverpool FC, 2 ; 4. Dynamo Kiev, 1. b Groupe C C’est à l’institut de Ferrare, aux tion » du champion italien, Michele poursuit le même témoin. Parfois, GQ, accable le médecin. Son procès, en seconde période, les hommes Arsenal (Ang)-Schalke 04 (All) 3-2 côtés de celui qui fut son profes- Ferrari ouvre son propre cabinet. Michele Ferrari se paie au pourcenta- qui se déroule un an après celui de de Raynald Denoueix trompaient Panathinaïkos (Grè)-Majorque (Esp) 2-0 seur, (mis en Ancien athlète lui-même – il a été ge des gains obtenus par « ses » Lille, devrait mettre au jour le rôle à deux reprises la vigilance du gar- Classement : 1. Panathinaïkos Athènes, 6 pts ; 2. Arse- nal Londres, 3 ; 3. Real Majorque, 3 ; 4. Schalke 04 examen dans une autre affaire de champion d’Italie du 1 000 m en champions. de certains médecins dans la banali- dien romain, Angelo Peruzzi, par Gelsenkirchen, 0. e dopage), que Michele Ferrari a cadets –, Michele Ferrari est un Même Francesco Conconi s’en sation du recours aux substances Sylvain Armand (63 ) et Stéphane b Groupe D démarré sa carrière, au début des « accro » de la performance. Le cou- offusque : « Ferrari a décidé depuis dopantes chez les sportifs. Ziani (86e) pour signer un deuxiè- Lazio Rome (Ita)-FC Nantes (Fra) 1-3 PSV Eindhoven(PBS)-Galatasaray (Tur) 3-1 années 1980. Devenu médecin reur suisse Tony Rominger devient longtemps de jouer les commer- me succès en Ligue des champions Classement : 1. FC Nantes, 6 pts ; 2. PSV Eindho- d’équipes cyclistes (Gis, Ariostea et à cette époque son « patient » préfé- çants », dit-il. Ce commerce croît jus- Yves Bordenave après la victoire obtenue face au ven, 3 ; 3. Galatasaray Istanbul, 3 ; 4. Lazio Rome, 0. Gewiss), il s’est émancipé en 1984. ré. Des équipes cyclistes, Ariostea En janvier de cette année-là, le d’abord, puis Gewiss, s’attachent coureur italien Francesco Moser, ses services. A la fin des années pourtant sur le déclin – il est âgé 1980, l’érythropoiétine (EPO), qui alors de trente-trois ans –, pulvéri- vient d’être synthétisée par des cher- se le record d’ sur le cheurs, fait une entrée fracassante vélodrome de Mexico : 50,808 km dans le peloton. dans l’heure, puis 51,151 km trois jours plus tard. Cadre profilé, roues « SI J’ÉTAIS COUREUR… » lenticulaires : sur sa machine aux Michele Ferrari s’en fait le chan- allures futuristes, le champion ita- tre : « Si j’étais coureur et si je savais lien ressemble à un extraterrestre. qu’il existe un produit indétectable, je Mais, plus qu’à la technologie, il a l’utiliserais », lance-t-il. Ce produit porté une attention toute particuliè- existe. En plus, il se révèle d’une effi- re à sa préparation biologique et cacité inédite. C’est la fameuse EPO physiologique. dont Michele Ferrari dira qu’elle est Francesco Conconi, grand adepte « aussi inoffensive qu’un jus d’oran- de la transfusion sanguine, dirige le ge ». « Ferrari avait compris l’EPO. Je staff médical, au sein duquel crois qu’il l’associait à d’autres pro- Chez les Bleues, Cathy Melain engrange les victoires avec modestie ORLÉANS ge Lawson n’enflamme le dernier de notre envoyé spécial quart-temps, c’est sous l’impulsion « Un vrai talent. » Le compliment de Cathy Melain que les Françaises est troussé par Alain Jardel, l’entraî- avaient commencé à se remettre à neur de l’équipe de France féminine l’endroit. de basket- Contre l’Ukraine, c’est déjà elle ball. Il vise qui, blessée et ne devant pas jouer, Cathy Melain, avait demandé à entrer et avait arrière-ailière remis d’aplomb des Bleues peinant d’une forma- à contenir leurs adversaires. tion tricolore « Une vraie championne de la qui, invaincue dimension de Cathy Melain est tou- après avoir jours présente. C’est une joueuse BASKET défait l’Espa- magnifique », savoure Alain Jardel à gne (70-64) lors du dernier match de propos de cette fille unique, venue poule, mercredi 19 septembre à au basket-ball par « besoin du parta- Orléans, rencontrera la Slovaquie ge », après avoir pratiqué le judo. en quart de finale du 28e champion- Défendre, attaquer, Cathy Melain nat d’Europe des nations, vendredi sait tout faire. Sur cet Euro, elle est 21 septembre, au Mans. « Elle incar- la meilleure intercepteuse de bal- ne ce qu’est une star selon moi », relè- lons, la deuxième rebondeuse et la ve Alain Jardel, qui a fait de cette troisième marqueuse de l’équipe de jeune femme (27 ans) l’un des France. piliers de son groupe. Star, le terme peut sembler incongru lorsqu’on ELLE SAIT TOUT FAIRE l’accole au nom de Cathy Melain, Elle est aussi celle qui a provoqué tant cette Bretonne – née à Ren- le plus de fautes chez les adversai- nes – affiche un « tempérament en res. Désignée meilleure joueuse du retrait, non expressif, modeste », com- championnat de France ces trois der- me le décrit Alain Jardel. Hors des nières saisons, elle a été élue meilleu- parquets, celle qui va aborder sa sep- re joueuse européenne de l’année tième saison en club à Bourges, est 2000 par un jury d’entraîneurs, la discrétion incarnée. joueuses et journalistes réuni par le « Si elle s’exprime, c’est sur le ter- quotidien italien La Gazzetta dello rain », tranche Alain Jardel. Mais il sport. ne faut pas s’attendre à la voir haran- Le titre suprême sur cet Euro, « j’y guer ses coéquipières à la manière tiens », affirme Cathy Melain, qui de la capitaine, Yannick Souvré. considère qu’en cas de victoire en « Mon leadership est plus dans l’ac- quart de finale « tout est possible ». tion que dans la parole, convient Ensuite, elle se verrait bien glaner de Cathy Melain, je veux essayer de mon- nouveaux titres de championne de trer l’exemple, être combative, parce France et d’Europe – elle en compte que peut-être que chacune se battra respectivement cinq et trois – avec un peu plus. » Mais il lui arrive aussi Bourges, où elle est encore sous con- de « dire des choses sans diploma- trat pour un an. Mais, au-delà, elle tie » à ses coéquipières. « Quand ça avoue « des envies d’aller voir sort, ça pète. C’est sur des problèmes ailleurs ». Hors de France. « Peut- de combativité, de placement », dit- être en WNBA », le championnat elle. américain, glisse-t-elle, avouant « Elle démontre par sa simplicité avoir « jusqu’à présent repoussé les qu’être une star c’est se conformer échéances », en raison des JO, puis aux instructions quant aux habitudes de l’Euro. Mais elle n’en fait pas une du groupe et être forte au moment obsession : « Tout cela viendra si ça voulu », poursuit Alain Jardel, selon vient. Je n’ai pas envie de me dire : qui, « s’il n’y avait pas eu Cathy con- dans un an, je serai là. Je n’ai jamais tre la Pologne », les Bleues auraient eu de plan de carrière. » eu quelques soucis à refaire leur retard, puis à gagner. Avant qu’Edwi- Philippe Le Cœur 28 / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 AUJOURD’HUI-AVENTURES La femme, avenir du raid Un calendrier de plus en plus Le premier championnat du monde de course-aventure, entre Saint-Moritz et Zermatt, en Suisse, a confirmé l’émancipation des équipières, parfois promues capitaines de route, dans une discipline qui privilégie l’endurance anarchique SAINT-MORITZ-ZERMATT L’Américaine Rebecca Rusch, LES PARTICIPANTS du pre- (Suisse) guide de montagne, mier championnat du monde de de notre envoyé spécial était partie en tête raid- aventure n’ont que l’embar- Une piste forestière rendue très au pic Corvatsch ras du choix pour terminer leur sai- glissante par la pluie. Elina Maki- (photo ci-contre). son. Dans les trois mois à venir, le Rautila chute lourdement avec son Dans l’épreuve de rafting, calendrier leur propose l’Eco Chal- VTT. Petri Forsman, Jukka Pinola et la Néo-Zélandaise lenge (21 octobre au 2 novembre) Mika Hirvinen, ses trois compa- Kathy Lynch et la Southern Traverse (12 au 17 gnons de l’équipe Nokia, ont stop- (deuxième à partir novembre) en Nouvelle-Zélande, pé et s’enquièrent brièvement de de la gauche sur la photo le Mild Seven Outdoor Quest son état. Souffle coupé par le choc de gauche) est moins (1er au 5 novembre) en Chine et le contre le guidon, la jeune Finlandai- à l’aise qu’en VTT, New Zealand Wild Places Challen- se essuie une larme et repart aussi- où elle a terminé cinquième ge (19 novembre au 18 décembre). tôt. Dans cette expression de la dou- des Jeux olympiques. Encore convient-il de noter que le leur aussitôt surmontée, la future La Finlandaise Elina Raid Gauloises au Vietnam, initia- première championne du monde Maki-Rautila (ci-dessous) lement programmé en octobre, a de raid-aventure après 460 km de assure le train été repoussé en avril 2002. randonnée, de canyoning, de VTT, des futurs vainqueurs Cette profusion d’épreuves de rafting et de traversée de glacier, dans un secteur de VTT répond à un engouement certain du 3 au 7 septembre dans les Alpes à proximité de Stechelberg. pour cette récente discipline qui suisses entre Saint-Moritz et Zer- concilie la pratique sportive et, par- matt, vient peut-être de résumer le fois, la découverte de contrées loin- comportement singulier des fem- taines, mais elle reflète surtout mes dans cette discipline sportive. l’anarchie du calendrier. Un peu comme pour la politique Depuis le premier Raid Gauloi- en France, l’émancipation des fem- ses, organisé en 1989 en Nouvelle-

mes dans les raids-aventures a dû PHOTOS RAHOUL GHOSE/DCI Zélande, les épreuves ont été mul- passer par un quota minimal. Initia- tipliées sans aucune concertation, teur du Raid Gauloises, la première faute d’un organisme fédérateur. de ces grandes courses organisée Aujourd’hui, la volonté des organi- en 1989 en Nouvelle-Zélande, sateurs d’attirer les meilleures Gérard Fusil avait rendu obligatoire équipes, susceptibles d’assurer le la présence d’une équipière. «Je standing de leur épreuve, se tra- voulais éviter que ça tourne au com- duit par une guerre des raids avec mando militaire », dit-il. Quelques une concurrence sauvage au baroudeurs accueillent cet impéra- niveau des dates ou des destina- tif avec autant d’enthousiasme que tions. si on leur demandait de traîner un boulet, mais l’idée est reprise dans SURENCHÈRE la quasi-totalité des épreuves simi- Ainsi Mike Burnett, qui avait laires. acheté en 1995 le concept du Raid Dans un environnement où les Gauloises pour créer l’Eco Challen- hommes espéraient a priori faire ge, vient-il défier aux mêmes dates étalage de leur force et de leur résis- les organisateurs de la Southern tance, les femmes ont apporté d’em- Traverse sur leurs terres. Pour blée un peu plus d’humanité. « Elles assurer leur survie, ces derniers communiquent plus et sont plus atten- ont choisi de s’associer avec six tives aux problèmes des autres que autres compétitions aux Etats- les hommes », reconnaît Ian Adam- 460 kilomètres à travers les Alpes suisses Unis (Beast of the East et Appala- son, un Australien d’origine asiati- Lac des chian Extreme), au Canada (Raid 3056 m que, naturalisé américain et devenu Quatre-Cantons RANDONNÉE of the North Extreme), en Irlande COIRE la figure emblématique de cette dis- (114 kms) (Adrenalin Rush), au Brésil (Expe- ALTDORF r Reichenau 2964 m cipline aux Etats-Unis. « Les femmes rieu dicao Mata Atlantica) et en Afri- Lac de nté ont une motivation plus saine, esti- in A 2844 m VTT que du Sud (Hi Tec Adventure Thoune Brienz Rh me Gérard Fusil. Alors que les hom- A Engstlenap (291 kms) Quest) pour constituer les Adven- Lac de a mes veulent souvent jouer aux héros re Illanz ture Race World Series, qualificati- Thoune Acherli Trun Thusis Viamala et démontrer leur supériorité, elles ves pour le premier championnat Gadmen 3418 m Inn ont une curiosité plus personnelle et Rongellan CANYONING du monde avec le concours de Dis- 3630 m (3 kms) recherchent leurs limites afin de Andermatt r covery Channel. Mais cette nouvel- 3211 m ieu mieux se connaître. » 2362 m tér le épreuve était organisée la même pos in Saint-Moritz Stechelberg Rh semaine que la finale du circuit 4274 m Te RAFTING L’ÉLÉMENT MODÉRATEUR ss 3402 m concurrent, le Salomon X-Adven- in (18 kms) Dans un premier temps, les fem- DÉPART Pic Corvatsch ture World Tour, en Autriche. Mesocco 2964 m mes ont pu apparaître comme l’élé- Lauchernalp Cette guerre des raids passe aus- ment modérateur susceptible de SUISSE VIA FERRATA si par la surenchère au niveau de la mettre un frein à tous les excès. RÉP. TCHÈQUE dotation ou de la durée des épreu- Bâle (13 kms) « Les hommes ont souvent un ego Rhône ves. Sur le modèle des étapes du M Besançon ag surdimensionné, dit Cathy Sassin, g SUISSE , le New Zealand i l’une des pionnières de la discipli- a BELLINZONA BERNE L. AUTRICHE TRAVERSÉE Wild Place Challenge propose aux ne. Ils avouent difficilement un Bossigu- DE GLACIER concurrents de traverser les deux Saint-Nicolas Locarno Adda moment de faiblesse passagère et tar- Hungerlinunn. Lausanne (28 kms) îles en vingt-huit jours à raison de StSt-Moritz-Moritz dent trop souvent à soigner un bobo 4506 m ITALIE six à huit heures d’efforts quoti- qui entraînera plus tard leur aban- diens pour cumuler 1 459 km de Genève ZermatZermattt don. » Comme Cathy, c’est souvent Zermatt T Lugano vélo, 619 km de VTT, 313 km de ARRIVÉE o Chamonix l’équipière qui suggère les pauses c Lac Majeur randonnée à pied et 396 km en e Lac de Côme Cervin 10 km 50 km pour mieux gérer la fatigue, la nour- 4478 m FRANCE kayak. Milan riture ou les soins. Précédemment, Quant aux Américains, ils annon- on a même vu cette nutritionniste cent pour l’été prochain, dans le californienne profiter d’un court mental, et les femmes font souvent des séquelles, comme une tendinite, ce pour gérer au mieux sa course », Cervin. La pluie, la neige au-dessus Colorado, la Primal Quest (9 au sommeil de ses coéquipiers pour preuve d’au moins autant de force plusieurs jours après la course, ça estime-t-il. Ce phénomène consta- de 2 000 mètres, le froid ont provo- 19 juillet), qui sera l’épreuve la soigner leurs pieds. de caractère que les hommes pour vaut la peine de souffrir pour termi- té dans les courses à la voile, sur- qué des hypothermies, notamment plus richement dotée du Ces soins du corps, auxquels les ne pas renoncer. Dans l’Elf Authen- ner. L’idée d’abandonner ne m’effleu- tout en solitaire, depuis la victoire après le canyoning dans les eaux calendrier avec 250 000 dollars femmes sont plus sensibilisées, tique Aventure 2000, le plus long de re pas », avoue Laurence Maurin, de Florence Arthaud dans la Route glacées de la Viamala. Cette épreu- (282 870 ¤), dont 100 000 sont une des clefs de la réussite ces raids organisés à ce jour officier marinier, qui a achevé six du rhum 1990, puis avec Isabelle ve a même dû être stoppée après le (113 148 ¤) aux vainqueurs. A l’ori- dans ces raids-aventures qui exi- (847 km), 61 % des hommes avaient Raid Gauloises et deux Eco Challen- Autissier, Catherine Chabaud ou dramatique accident de l’Ecossaise gine des grands raids, les Français gent des efforts ininterrompus pen- abandonné dans la chaleur et l’hu- ge, avant d’être la seule Française Ellen MacArthur dans les Vendée Carolyn Jones, bloquée sous l’eau ont dû céder du terrain aux Anglo- dant plusieurs jours. Mais, à partir midité du Nordeste brésilien, mais engagée dans ce championnat du Globe, se vérifie dans les raids-aven- avec un pied coincé par un rocher. Saxons, plus habiles pour trouver d’un certain seuil de fatigue, la diffé- seulement 43 % des femmes. monde avec l’équipe EADS de tures. D’ailleurs, lorsqu’on lui Réanimée après un massage cardia- des partenaires économiques ou rence se fait aussi au niveau du « Même si je sens que je garderai Bruno Rey, Daniel Fargeot et Jac- demande de citer les meilleurs spé- que, elle a été hospitalisée dans un télévisuels. Cette inflation des ques Mir. En 1997, ses supérieurs cialistes américains de cette discipli- état « critique mais stable ». Le par- épreuves et des dotations crée lui avaient confié la mission d’ame- ne, Ian Adamson nomme spontané- cours sur la via ferrata, devenu trop désormais un décalage avec les ner « avec honneur et élégance » ses ment dans le désordre sept hom- dangereux, a été annulé. Neuf équi- compétiteurs qui sont restés ama- équipiers de la Navale jusqu’au ter- mes et sept femmes. pes seulement ont rallié l’arrivée. teurs. me du Raid Gauloises en Afrique Si les Finlandais de Nokia, qui se Si on retrouve majoritairement du Sud. Pour la première fois, elle UNE CAPITAINE EXEMPLAIRE sont accordé moins de trois heures parmi eux des guides de haute n’a pu rallier l’arrivée à Zermatt, Illustration de cette nouvelle pari- de sommeil en quatre jours (96 heu- montagne, des professeurs d’édu- stoppée pour raisons de sécurité té, neuf des quarante-deux équipes res et 57 minutes), ont à nouveau cation physique, des moniteurs de par les organisateurs avant la traver- de ce championnat du monde étonné leurs adversaires par leur sport dans les disciplines concer- sée nocturne du glacier. avaient une femme pour capitaine. endurance et leur sens de la naviga- nées, tous continuent d’exercer « Plus une épreuve est longue et exi- « Aujourd’hui, les meilleures ont pris tion dans les treks, Elina Maki-Rau- leur profession. La première initia- ge de l’endurance, et plus le handi- confiance et sont conscientes de leur tila n’a pas été la seule femme tive pour s’adapter à cette nouvel- cap de force musculaire avec les hom- capacité à faire jeu égal avec les hom- impressionnante de la course. La le demande vient des Finlandais mes se réduit, constate l’Américaine mes. Elles ne veulent plus se conten- Néo-Zélandaise Kathy Lynch, cin- de Nokia. Cette société a signé l’an Rebecca Rusch. La masse graisseuse ter d’être choisies pour compléter quième de l’épreuve de VTT aux dernier un contrat de longue est proportionnellement plus élevée une équipe et revendiquent de pou- Jeux olympiques, a souvent mené durée avec neuf sportifs afin d’as- dans le corps féminin, et c’est une voir sélectionner à leur tour leurs coé- le train d’enfer de l’équipe Pharma- surer une rotation de ces derniers réserve de carburant pour les efforts quipiers », estime Pascale Lorre, nex dans cette discipline avant sur un maximum de courses. très prolongés. » codirectrice avec Geoff Hunt de la d’échouer à près de deux heures A très court terme, les meilleurs Dans l’Eco Challenge 1999 en Southern Traverse néo-zélandaise des vainqueurs. L’Américaine compétiteurs, qui ne peuvent guè- Patagonie, Ian Adamson n’avait et du premier championnat du mon- Rebecca Rusch, guide de haute re disputer plus de deux ou trois pas hésité à inverser le quota en de. montagne, championne des Etats- grands raids par an aujourd’hui, s’alignant aux côtés de trois fem- Plus proche d’un super triathlon Unis de canoë et deuxième du vont sans doute pouvoir vivre de mes : Robyn Benincasa, Rebecca de 460 kilomètres avec championnat du monde de rafting l’aventure en passant profession- Rusch et Cathy Sassin. Ils avaient 19 000 mètres de dénivelée que en 2000, s’est avérée une capitaine nels. Mais si cette discipline, parti- terminé quatrièmes en devançant d’un raid-découverte, ce champion- de route exemplaire, jusque dans la culièrement exigeante pour les deux équipes victorieuses des édi- nat a été rendu très sélectif par les décision de partager la troisième organismes, veut rester crédible, il tions précédentes. « Le désavantage mauvaises conditions météorologi- place avec son ami Ian Adamson deviendra encore plus urgent d’ins- intrinsèque, lié aux indiscutables dif- ques qui n’ont épargné les concur- après cinq jours de duel acharné. tituer des contrôles antidopage férences physiques entre le corps de rents que pour le départ sur le gla- Pour parodier Aragon, la femme dans les grandes épreuves du l’homme et celui de la femme, peut cier du Corvatsch (3 300 m), à proxi- est-elle l’avenir du raid ? calendrier. être compensé par la maîtrise techni- mité de Saint-Moritz, et pour l’arri- que, la volonté, l’expérience ou l’astu- vée à Zermatt, au pied du Mont- Gérard Albouy G. A. AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 29 ------Petite accalmie 21 SEPTEMBRE 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Une perturbation lée. Ensuite, les nuages encore lar- vers 12h00 DU VOYAGEUR pluvieuse s'éloigne de la France en gement dominants sont entrecou- direction du nord de l'Allemagne, pés de quelques éclaircies. Des alors qu'une dépression se creuse averses se produisent çà et là. Il Peu a ANNULATIONS. Une directive dans le golfe de Gascogne. Les fait entre 14 et 17 degrés. Belfast nuageux du Syndicat des agents de voyages Liverpool pluies sur le nord du pays devien- Poitou-Charentes, Aquitaine, Dublin (SNAV) et du Cercle d’études des Varsovie Kiev nent plus rares. Les températures Midi-Pyrénées. Les brumes et Amsterdam tours opérateurs (CETO) recom- restent très fraîches pour la brouillards matinaux sont assez Berlin Brèves mande à ses adhérents (90 % de la saison. fréquents. Une fois ceux-ci dissi- Londres éclaircies profession) d’accepter, sans frais, o Bruxelles Bretagne, pays de Loire, Basse- pés, le ciel se montre d'abord enso- 50 Prague et ce jusqu’au 30 septembre, les Normandie. Après dissipation des leillé, puis des nuages viennent annulations pour New York éma- Couvert brumes et brouillards matinaux, le s'installer au fil de l'après-midi. Le nant de voyageurs qui renoncent à Paris Strasbourg Vienne ciel de ces régions se partage entre thermomètre affiche de 21 à Budapest partir. Cette suppression des frais passages nuageux et éclaircies. Les 25 degrés. Nantes Brume vaut aussi pour les pays « formelle- Berne brouillard températures sont voisines de 16 à Limousin, Auvergne, Rhône- Bucarest ment déconseillés » par le Quai 20 degrés. Alpes. Des bancs de nuages gris d’Orsay, notamment le Pakistan. Lyon Milan Nord-Picardie, Ile-de-France, naviguent dans les vallées en mati- Belgrade Sofia Averses Certains vont plus loin, comme Centre, Haute-Normandie, Arden- née. Ailleurs et ensuite, soleil et Istanbul Voyageurs du Monde qui propose nes. La grisaille accompagnée de nuages se partagent le ciel. Les Toulouse la suppression des frais d’annula- petites averses persiste le matin. températures varient entre 15 et Rome Pluie tion, jusqu’au 30 septembre, pour L'après-midi, le soleil perce de 22 degrés. les désistements concernant aussi Barcelone Naples temps à autre et les averses se raré- Languedoc-Roussillon, Proven- 40 o Madrid l’Ouzbekistan, l’Iran, le Turkmenis- fient, surtout sur la région Centre. ce - Alpes - Côte d'Azur, Corse. Lisbonne Athènes Orages tan et la Syrie. Ce voyagiste ne Les températures s'échelonnent Quelques nuages se forment le comptera pas non plus de frais au entre 14 et 16 degrés. matin sur le Languedoc-Roussi- Séville client engagé sur les États-Unis, le Champagne, Lorraine, Alsace, lon. Ailleurs, le ciel bleu se teinte Neige Canada, l’Asie centrale et le Pro- Bourgogne, Franche-Comté. parfois de blanc. Les températures Alger Tunis che Orient qui change de destina- Quelques brumes matinales se sont comprises entre 21 et tion ou qui reporte son voyage o o o manifestent dans les fonds de val- 24 degrés. Rabat 0 10 20 Vent fort dans l’année. PRÉVISIONS POUR LE 21 SEPTEMBRE 2001 PAPEETE 22/27 S KIEV 10/19 S VENISE 15/21 S LE CAIRE 22/34 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/32 S LISBONNE 15/21 N VIENNE 12/19 C NAIROBI 16/25 S et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 19/26 S LIVERPOOL 10/16 C AMÉRIQUES PRETORIA 14/20 C EUROPE LONDRES 10/16 N BRASILIA 14/27 S RABAT 17/24 S C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 12/15 P LUXEMBOURG 9/14 C BUENOS AIR. 12/25 S TUNIS 22/28 S FRANCE métropole NANCY 10/16 N ATHENES 22/31 S MADRID 14/23 N CARACAS 26/33 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 12/25 S NANTES 8/20 N BARCELONE 18/24 S MILAN 12/24 S CHICAGO 15/18 P BANGKOK 25/33 P BIARRITZ 14/23 N NICE 14/22 S BELFAST 9/16 C MOSCOU 9/19 S LIMA 14/17 C BEYROUTH 24/29 S BORDEAUX 10/23 N PARIS 10/16 N BELGRADE 9/22 S MUNICH 11/14 P LOS ANGELES 16/23 S BOMBAY 26/31 P BOURGES 7/19 N PAU 11/24 N BERLIN 11/15 P NAPLES 14/27 S MEXICO 12/23 S DJAKARTA 28/31 C BREST 8/18 N PERPIGNAN 13/21 S BERNE 10/18 N OSLO 9/14 P MONTREAL 17/20 P DUBAI 28/39 S CAEN 10/17 N RENNES 7/18 N BRUXELLES 10/15 P PALMA DE M. 18/27 S NEW YORK 20/24 S HANOI 27/31 P CHERBOURG 9/17 N ST-ETIENNE 9/21 N BUCAREST 13/23 N PRAGUE 10/14 P SAN FRANCIS. 12/19 S HONGKONG 26/27 P CLERMONT-F. 8/21 N STRASBOURG 10/16 N BUDAPEST 11/20 S ROME 13/24 S SANTIAGO/CHI 9/21 C JERUSALEM 21/30 S DIJON 8/18 N TOULOUSE 12/25 N COPENHAGUE 10/14 P SEVILLE 18/23 S TORONTO 15/23 S NEW DEHLI 25/39 S GRENOBLE 10/22 S TOURS 9/19 N DUBLIN 8/15 C SOFIA 13/20 N WASHINGTON 19/25 S PEKIN 15/25 S LILLE 10/15 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 10/16 C ST-PETERSB. 9/17 S AFRIQUE SEOUL 16/21 S LIMOGES 9/19 N CAYENNE 24/33 S GENEVE 8/18 N STOCKHOLM 11/15 P ALGER 20/28 C SINGAPOUR 27/31 C LYON 11/22 N FORT-DE-FR. 25/32 S HELSINKI 9/13 N TENERIFE 23/29 S DAKAR 24/29 P SYDNEY 15/22 S MARSEILLE 11/23 S NOUMEA 19/25 S ISTANBUL 19/26 S VARSOVIE 9/18 N KINSHASA 21/31 S TOKYO 19/23 P Situation le 20 septembre à 0 heure TU Prévisions pour le 22 septembre à 0 heure TU

VENTES DEPÊCHES a CINÉMA. Une vente dédiée au e cinéma, aux affiches et à la photo- Deux galeries parisiennes proposent des œuvres du XX siècle graphie présente samedi 22 septem- bre, à Argenteuil, des œuvres de PLUSIEURS générations d’ama- Eric Philippe consacre son activité sur les années 1900-1940 et rière à Milan, en 1920. Italien éga- phies, plans et dessins de ses réali- Georges Méliès (1861-1938). Ce teurs et de collectionneurs se con- à la découverte d’artistes euro- regroupe des pièces de différents lement, Emmanuel Pontremoli sations architecturales. Quelques- cinéaste, aussi metteur en scène, centrent désormais sur les péens reconnus dans leur pays, pays. De la Finlande à l’Italie, leur (1865-1956) est l’architecte de la unes de ses constructions sont dessinait les décors et les costumes œuvres du XXe siècle. Si la période éclipsés en France par nos gloires unité se dégage d’une adaptation villa grecque Kérylos, une folie de d’ailleurs proposées à la vente, en de ses pièces. Ses dessins, aquarel- 1920-1930 demeure leur préférée, nationales ; ce travail, mené moderne des lignes néoclassi- la Côte d’Azur construite en 1910 particulier des pavillons six sur six les et projets d’affiches sont esti- ils s’intéressent maintenant aux depuis plusieurs années, a permis ques. d’après une maison grecque, et quatre sur quatre. més entre 3 000-4 000 F, 460 à créations des années 1950-1960, d’admirer des meubles et objets Un grand edelweiss en fer battu aujourd’hui transformée en Architecte et designer fonda- 600 ¤, et 40 000 F, 6 100 ¤. Etude dont les prix talonnent ceux du Art déco de grande qualité, réali- est un lampadaire de l’Italien Car- musée. teur d’un atelier de ferronnerie en Régis-Thiollet, tél. : 01-39-61-01-50. style précédent. En réponse à ce sés par des créateurs scandinaves, lo Rizzarda (1883-1931), une piè- Représentatif de cette veine, un 1924, Jean Prouvé a exécuté de a PEINTURES CHINOISES. Une goût marqué du public, deux gale- allemands ou italiens, autour des- ce unique répertoriée (20 000 F, miroir à l’antique en bronze à pati- nombreuses commandes officiel- vente a lieu dimanche 23 septem- ries parisiennes exposent, cet quels des expositions thémati- 3 050 ¤). ne verte est orné d’une scène les, entre autres la station de bre, au Palais des congrès de Paris. automne, des œuvres importan- ques ont été organisées. Ce ferronnier, qui prit part à mythologique, de style Art déco métro Franklin-Roosevelt, à Elle comprend notamment un tes de ces périodes. Ce découvreur propose cette l’Exposition des arts décoratifs de (30 000 F, 4 580 ¤). Carl Malmsten Paris. Il construit un mobilier en ensemble de peintures chinoises Dans le passage Véro-Dodat, année un ensemble qui s’étend Paris en 1925, a commencé sa car- (1888-1972), ébéniste et décora- métal qu’il assortit à du bois, à de du XVIIIe siècle dont deux rouleaux teur suédois, devient, dans les la laque ou du cuir. Les prix peints sur soie illustrant un voyage années 1920, le plus renommé des démarrent à 15 000 F (2 290 ¤) de l’empereur Qianlong en Chine Calendrier b Cahors (Lot), samedi 22 22 et dimanche 23 septembre, designers de son pays. Ses meu- avec la chaise « standard » de (500 000 F et 1,2 million, 76 400 et et dimanche 23 septembre, tél. : 03-84-44-91-66. bles se signalent souvent par de 1950 à structure en tôle d’acier 183 200 ¤). Sont proposées aussi ANTIQUITÉS-BROCANTE tél. : 05-65-22-38-03. b Santeny (Val-de-Marne), fines compositions en marquete- plié, assise et dossier en contrepla- des peintures à partir de 20 000 F, b Laon (Aisne), du vendredi 21 b Chalons-en Champagne samedi 22 et dimanche 23 rie : table en bouleau et ébène qué moulé, et montent jusqu’à 3 053 ¤. Exposition sur place les 20, au dimanche 23 septembre, (Marne), samedi 22 et dimanche septembre, tél. : 02-37-24-51-60. (90 000 F, 13 470 ¤), paire de chai- 180 000 F, (27 480 ¤), pour un 21 et 22 septembre, tél. : tél. : 02-33-22-97-33. 23 septembre, ses en bouleau et cannage bahut en métal et bois de 1945. 01-58-05-06-07 ou 01-48-74-38-93. b Arles (Bouches-du-Rhône), tél. : 02-38-93-89-79. COLLECTIONS (50 000 F, 7 640 ¤). Des œuvres a SALON DE LA CÉRAMIQUE. du samedi 22 au dimanche 30 b Clamecy (Nièvre), samedi 22 b Bordeaux (Gironde), finlandaises, norvégiennes, alle- Catherine Bedel Amateurs et collectionneurs ont septembre, tél. : 04-90-96-51-57. et dimanche 23 septembre, bouquinistes, samedi 2 septembre, mandes, anglaises ou suisses, pres- rendez-vous à l’hôtel Dassault, du b Verneuil-sur-Avre (Eure), tél. : 03-86-59-05-14. tél. : 05-57-87-57-31. que toutes des pièces uniques, e Galerie Eric Philippe, 25, galerie 26 au 30 septembre. Des conféren- samedi 22 et dimanche 23 b Marolles-sur-Seine (Seine-et- b Bourgoin-Jallieu (Isère), cartes complètent ce tour d’horizon. Vero-Dodat, 75001 Paris, tél. : ces d’historiens, d’antiquaires et de septembre, tél. : 02-37-43-58-26. Marne), samedi 22 et postales, samedi 22 et dimanche Organisée par la galerie Patrick 01-42-33-28-26, du 29 septembre collectionneurs se tiennent pen- b Bordeaux-Port (Gironde), dimanche 23 septembre, 23 septembre, Seguin, la seconde exposition célè- au 20 octobre, du mardi au same- dant ces cinq jours consacrés à la samedi 22 et dimanche 23 tél. : 06-77-62-33-81. tél. : 04-74-43-83-77. bre le centenaire de la naissance di, de 14 à 19 heures. céramique. 7, rond-point des septembre, tél. : 05-45-36-12-33. b Amiens (Somme), samedi 22 b Prades (Pyrénées-Orientales), de Jean Prouvé (1901-1984) et pré- e Galerie Patrick Seguin, 34, rue Champs-Elysées, 75008 Paris, de 11 b Salbris (Loir-et-Cher), samedi et dimanche 23 septembre, livres et cartes postales, samedi 22 sente son œuvre en deux volets, de Charonne 75011 Paris, tél. : à 20 heures. Le 28 septembre jus- 22 et dimanche 23 septembre, tél. : 03-22-91-53-11. et dimanche 23 septembre, sur des lieux distincts ; meubles, 01-47-00-32-35, du 22 septembre qu’à 22 heures. Entrée : 60 F, tél. : 02-54-80-75-81. b Gérardmer (Vosges), samedi tél. : 04-68-05-21-41. éléments d’architecture, photogra- au 30 novembre. 9,14 ¤.

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 01 - 222 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION No 240 En collaboration avec la

123456789101112 table. Boudins décoratifs. - 7. Sont repassées au bloc. - 8. De l’histoire I Accueille les oubliés du bord des routes. - 9. Crée la division. II Conjonction. - 10. Un ballon et à la légende sept joueurs de chaque côté. Sur III une table de Provence. - 11. Tou- PERSONNAGES légendaires, jours la première. Quatre sur six. mythiques ou historiques se cô- IV - 12. A donné un coup de vieux toient dans le vaste panorama que au Marcel. le Musée des arts et traditions V populaires consacre au thème du Du héros à la célébrité : Philippe Dupuis héros populaire. Ainsi les aventu- Che Guevara. VI res de Roland, du roi Arthur ou de Carte postale, SOLUTION DU N° 01 - 221 Lancelot du lac sont-elles évo- collection particulière, VII quées aussi bien que celles de Dra- Etats-Unis. Horizontalement cula, de Don Juan, du Chat botté, A Paris, au Musée VIII I. Bavoir. Ozone. - II. Adapta- du Petit Poucet ou de Bécassine ! des arts et traditions teur. - III. Taie. Ça. Téta. - IV. IGN. Pour l’époque contemporaine, les populaires, IX Alisiers. - V. Féculents. Ap. - VI. vedettes du star-système sont à pour l’exposition Urfé. Etage. - VII. La. Na. Grever. l’honneur, aux côtés de figures qui « Héros populaires », X - VIII. Ente. Mois. Dé. - IX. Uni. incarnent les valeurs de liberté, de jusqu’au mois Seul. Pie. - X. Rapporteuses. résistance et de lutte contre l’op-

D. R. de juin 2002. pression. Parmi eux, on trouve HORIZONTALEMENT par Bercy. Dieux guerriers. Verticalement l’image d’Ernesto dit « Che » Gue- ci est renversé, avec l’aide de la Batista avait dépêché en guise de Annonce la fin. - IX. Entendrai 1. Batifoleur. - 2. Adage. Anna. vara, né en Argentine en 1928. CIA, et Guevara se réfugie à renforts. Cette bataille est restée I. Il a toujours raison mais il comme autrefois. Fit le détail - 3. Vaincu. Tip. - 4. OPE. Urne. - Titulaire d’un diplôme de méde- Mexico, où il rencontre Fidel Cas- célèbre sous le nom de la ville où doit payer. Emporté ou livré, il dans les mots. - X. Donne de la 5. It. Alfa. SO. - 6. Raclée. Mer. - 7. cine, il débarque au Guatemala à tro en 1955. C’est le début d’une elle s’est déroulée et où a été érigé faudra le payer. - II. Belle collec- résonance aux mots. Tain. Goût. - 8. Oe. Stérile. - 9. la fin de l’année 1953, prêt à soute- collaboration qui mènera la révolu- un mausolée à la mémoire du Che. tion après séchage. L’une Zutistes. - 10. Orée. Av. PS. - 11. nir l’action sociale du gouverne- tion cubaine à la victoire contre le Il s’agit de la ville de : emprunte l’autre en forêt. - III. VERTICALEMENT Tragédie. - 12. Exaspérées. ment élu de Jacobo Arbenz. Celui- régime du président Batista. b Cienfuegos ? Assure son ravitaillement en vol. Fin décembre 1958 a eu lieu une b Santa Clara ? Frappé. - IV. Préparation italien- 1. Fit danser dans les années bataille décisive au cours de la- b Trinidad ? ne. Frétillent dans nos étangs. - vingt-cinq. - 2. Problème de par- quelle les révolutionnaires se sont Réponse dans Le Monde du V. Petit patron en région. Pour tage. Indique le passage. - 3. emparés d’un train blindé que 28 septembre. s’y retrouver dans les notes. Donna des couleurs au ciel. Ne Interjection. - VI. Sans restric- sont plus en cours. - 4. Très tion. Lettres de Roanne. - VII. impressionnée. Passe au Nord. - Réponse du jeu no 239 paru dans Le Monde du 14 septembre. Penser aux cueillettes du lende- 5. Opposition à Moscou. Une Karen Black, héroïne du dernier film tourné par Hitchcock en 1976, Com- main. Rejeter. - VIII. Ramassée protection à protéger. - 6. Droit à plot de famille, avait joué en 1969 dans Easy Rider, de Dennis Hopper. 30 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001

URBANISME La municipalité de dans les attentats du 11 septembre. gravement secoué. b LE TRAVAIL est b NI LA SANCTUARISATION du site ni b LE PROPRIÉTAIRE des bâtiments, New York a annoncé, le 17 septem- b OUTRE les Twin Towers, de nom- compliqué par la fragilité de la ceintu- sa reconstruction à l’identique ne sem- Larry Silverstein, les avait achetés le bre, la création d’une commission breux immeubles ont été ou devront re de béton qui isole les fondations blent probables. Toutes les solutions 26 avril 2001, pour 3,2 milliards de pour superviser la reconstruction du être démolis : les murs-rideaux ont des tours des eaux de l’Hudson. Des nouvelles sont donc envisagées pour dollars. Ce promoteur fait aujour- World Trade Center (WTC), détruit été endommagés et le sous-sol a été infiltrations sont déjà apparues. renforcer la sécurité du futur WTC. d’hui face à une situation inédite. Le débat sur la reconstruction du World Trade Center est déjà engagé Alors que les sauveteurs poursuivent leurs recherches dans le sud de Manhattan, les experts s’interrogent sur l’ampleur des dommages subis par le quartier de Wall Street et sur la manière d’envisager, au-delà de l’édification d’un mémorial, sa remise en état

RECONSTRUIRE ou pas ? Et Pour certains spécialistes, l’acier comment ? La municipalité new- et la structure des tours n’auraient yorkaise a déjà tranché puisqu’elle Le sous-sol du sud de Manhattan pas bougé sous le choc des avions, a annoncé, le 17 septembre, la créa- Ligne mais seulement sous l’action de la de rivage Métro ébranlé par les attentats tion d’une commission pour super- en 1776 chaleur, et ils contestent l’effet viser la « reconstruction » du World L'état du quartier financier aujourd'hui mécanique avancé par d’autres Trade Center. Cette commission, ingénieurs. Une secousse pourtant Mur de WORLD immeubles dotée de pouvoirs extraordinaires, M E J ressentie fortement, selon les devrait avoir autorité pour accélé- soutènement TRADE destruction complète partielle endommagés témoignages de personnes se trou- CENTER rer les démolitions et les demandes A : Tour nord F : Bâtiment 4 I : East River vant alors dans les tours, et qui de permis de construire. Mais, G D O Savings Bank semble confirmée par les mouve- B : Tour sud G : Bâtiment 6 avant toute reconstruction, la pre- A J : Federal Building ments du sous-sol, d’ailleurs enre- I C mière tâche d’un tel organisme Lignes N : Hôtel Marriott H : One Liberty (1935) gistrés par le sismographe de l’uni- sera d’établir, avec les ingénieurs ferroviaires F D : Bâtiment 5 Plaza K :90WestStreet versité de Columbia (Le Monde du et les architectes, un bilan précis (PATH) C B H 14 septembre). des dégâts parfois encore invisibles E : Bâtiment 7 L : Bankers Trust sous les centaines de milliers de P L M : NY Telephone RÈGLES DE SÉCURITÉ tonnes d’acier (les structures verti- K Building (1930) La reconstruction « à l’identi- cales) et de béton (principalement N : Bâtiments 1, 2 et 3 que », a fortiori « encore plus haut les planchers) des deux tours. L’exa- du Word Financial et plus beau », comme le suggère men devra également se poursui- Rivière Center (1987) Hyman Brown, l’un des ingénieurs Hudson vre sous les décombres des édifices O : N.J. Kalikow et qui a supervisé la construction du voisins, complètement ou partielle- WTC – « trente étages de plus » —, 100 m hôtel Millenium ment anéantis, certains d’entre eux se heurterait à des problèmes Tour nord P : Eglise grecque étant endommagés dans des pro- Saint-Nicolas majeurs, psychologiques bien sûr, portions encore inconnues. Tour sud mais aussi techniques. Si la structu- A la liste des immeubles totale- re des tours ne semble pas en cau- ment démolis (les tours jumelles se, on ne manquera pas de s’interro- ainsi que le Marriott Hotel, et les ger sur les règles de sécurité impo- bâtiments 5 et 7 du World Trade Lignes sées (systèmes d’évacuation rapide, Center, conçus par l’architecte ferroviaires largeur et protection des escaliers, (PATH) Minoru Yamasaki en 1973), il faut Profondeur maximale du remblai paliers des ascenseurs, etc.). Celles- en effet ajouter ceux qui sont en 22,5 mètres 3 ci sont supposées moins sévères partie détruits (bâtiments 4 et 6, 4 qu’en Europe, et notamment qu’en ainsi que le One Liberty Plaza) et France. Mais, aux Etats-Unis, elles ceux qui ont plus ou moins souf- 2 sont en grande partie négociées et Les piliers des tours sont ancrés 1 fert : l’East River Savings Bank, le supervisées par les compagnies d’as- sur la roche Federal Building (signé Cross Tours surances qui, garantissant avant & Cross, 1935), le 90 West Street, le jumelles tout la valeur marchande des hom- Bankers Trust, le N. Y. Telephone mes et des biens, interviennent Building (McKenzie, Voorhees pour renforcer les exigences de Piliers de & Gmelin, 1930), les bâtiments 1, 2 sécurité applicables aux immeubles soutènement et 3 du World Financial Center de grande hauteur (IGH) – environ latéraux (Cesar Pelli, 1987), mais aussi le N. 25 mètres de haut selon la norme J. Kalikow Building et le Millenium américaine. Hotel ainsi que l’église grecque En France, des règles très strictes Sources : New York Times / Le Monde orthodoxe, Saint-Nicolas. Coupe longitudinale du sous sol s’appliquent aux IGH (plus de Au-delà de la destruction des Un remblai de béton (1) a été coulé 28 mètres pour les édifices murs-rideaux, les techniciens exa- au-dessus du socle rocheux de accueillant du public, 50 mètres minent la possibilité de « domma- Manhattan et sert de contrefort au pour les habitations). Ils doivent en ges structurels » graves dans tout mur de soutènement (2) qui entoure outre « tenir » deux heures en cas le reste du quartier. Même les édifi- les sept niveaux (3) de sous-sol de d’incendie. Ces normes de sécurité Rivière l'ensemble des immeubles du World ces qui semblent peu touchés, Hudson REMBLAI peuvent être adaptées ou renfor- après une première expertise, ris- TUNNEL Trade Center où étaient logés des cées, au cas par cas, en accord avec quent d’avoir à souffrir des travaux lignes parkings, des commerces, et la les commissions de sécurité. de déblaiement. ferroviaires station de la ligne PATH (4) qui vient La comparaison, cependant, n’a du New Jersey. plus guère de valeur pour les gratte- SOL ROCHEUX UNE CEINTURE DE BÉTON ciel, ces tours innombrables dans le Tout indique, en effet, que le monde qui dépassent aisément les sous-sol a été gravement secoué, furent ancrés dans une dalle de spécialiste des fondations et qui a tions d’eau ont été constatées ment des tours. En attendant, le 200 mètres, et dont les new-yorkai- jusqu’aux coffrages de béton qui béton de 2,10 m d’épaisseur. participé à l’élaboration du sous- dans les tunnels du PATH (systè- trafic du métro, au sud de Manhat- ses apparaissent comme les cham- retiennent les eaux de l’Hudson. Les 915 000 mètres cubes exca- sol du World Trade Center en me de transport subfluvial), dont tan, est toujours largement pertur- pionnes, même si, en hauteur, elles Or le site choisi dans les années vés du site servirent à gagner du ter- 1967, a fait part au New York Times l’une des deux lignes est toujours bé, un certain nombre de lignes et ont pu être dépassées, notamment 1960 pour désengorger Manhattan rain sur la rivière Hudson et, grâce de la complexité du travail qui res- fermée. Cette eau peut venir des de stations étant toujours fer- par les deux tours de Petronas, édi- se trouvait très près du niveau du à ces gigantesques terrassements, te à faire aujourd’hui. En effet, violentes pluies qui se sont abat- mées, certaines pour une durée fiées en 1998, à Kuala Lumpur, en fleuve et à seulement 1 mètre à édifier, sur une zone de 12 hecta- l’énorme cavité est désormais tues sur la Côte est quelques jours indéterminée. Malaisie, par l’architecte new-yor- au-dessus de celui de la mer. Une res, le quartier de Battery Park encombrée des débris des bâti- après la catastrophe, mais aussi de Quelles que soient les décisions kais Cesar Pelli. tranchée de près de 1 mètre de lar- avec des immeubles de bureaux, ments écroulés sur eux-mêmes. Or canalisations rompues ou de l’eau prises par la municipalité, il faut Au-delà de ces questions techni- geur fut creusée à même le roc des centres commerciaux et des la présence de ces débris est seule destinée à éteindre les incendies. s’attendre à ce que plusieurs édifi- ques sur la sécurité des immeubles dans un périmètre englobant plus logements. Certains de ces édifi- garante de la solidité de la ceinture D’après George Tamaro, ces infil- ces trop fragilisés soient démolis, de grande hauteur, s’ouvrira un d’une moitié de l’ensemble immobi- ces, notamment les trois tours des- de protection dont on ne connaît trations auraient gagné d’autres ainsi qu’à des travaux complexes autre débat, déjà engagé en Euro- lier qui constituait le World Trade sinées par Cesar Pelli pour le pas encore l’état mais qui risque lignes de métro : «Ily a 6 ou7 de consolidation et de rénovation. pe, sur l’urbanisme de l’ultradensi- Center autour des deux gratte-ciel. World Financial Center (que l’on non seulement d’avoir été ébran- pieds (2 ou 3 mètres) d’eau dans la Dans cette perspective, les causes té et de la ville verticale, que l’archi- Tranchée dans laquelle fut coulé voit au premier plan du site dévas- lée mais d’être fissurée. « Ces murs station Exchange Place, sur la ligne de l’effondrement des deux tours tecte français Bernard Marrey esti- du béton afin d’éviter les infiltra- té sur certaines photographies), demandent des appuis latéraux, de Jersey City. » En revanche, les font, et feront encore longtemps, me « prodigieusement périlleuse ». tions. Cette ceinture de protection ont subi des dommages liés aux indique George Tamaro, sinon quais de la station souterraine sem- l’objet de discussions sans fin, que descend jusqu’à 22,5 m de profon- attentats. vous retrouverez l’Hudson River au blent intacts et les passagers ont ne viendront peut-être pas clore Frédéric Edelmann deur. Les pieds du double édifice George Tamaro, un ingénieur milieu de la rue. » Déjà des infiltra- pu évacuer les lieux avant l’écroule- les rapports des experts. et Emmanuel de Roux Le propriétaire des tours confronté à une situation inimaginable Le WTC en chiffres b Construit entre 1966 et 1973 AU PAYS de la libre entreprise, le La transaction a été été solennelle- pect, a construit une grande partie dépit de son poids et de son influen- pour un coût de 600 millions penchant des investisseurs est plus ment finalisée le 25 juillet. L’investis- de sa fortune dans la conduite de tra- ce dans le monde de la promotion de dollars, le World Trade Center que déterminant. Dans le cas du seur avait déclaré son intention vaux publics et la promotion immobi- immobilière –, et terriblement com- (WTC) fut érigé sur un terrain World Trade Center, l’enjeu est consi- d’agrandir encore le centre commer- lière lourde. L’un des présumés terro- motionné ? Le milliardaire Donald de 7 hectares au sud de dérable puisque cet ensemble immo- cial logé au pied des tours. D’après le ristes, Mohammed Atta, avait fait Trump, qui rêvait il y a quelques Manhattan afin d’abriter quelque bilier représente 10 % de l’offre com- Wall Street Journal, le bail emphytéo- des études d’architecture et d’urba- années de dresser le plus haut gratte- 500 entreprises, soit près de merciale de bureaux à Manhattan, tique comprenait un contrat d’assu- nisme. ciel du monde à New York, reste sur 50 000 salariés et 12 000 visiteurs soit la moitié de ceux de la Défense. rance contre les actes de terrorisme. la réserve, comme tous les autres quotidiens. Le propriétaire initial du WTC, l’auto- Larry Silverstein (soixante- grands constructeurs , dont les ambi- b Le sous-sol comprenait rité du port de New York et du New dix ans) apparaît toujours pugnace Larry Silverstein tions vont sans doute s’adapter aux 37 000 m2 de commerces reliés Jersey, a vendu, le 26 avril, l’essentiel en dépit des événements. « Ce serait nouvelles réalités. au PATH (réseau de transport des bâtiments pour la durée d’un la tragédie des tragédies de ne pas a acheté les bâtiments Pour autant, les chantiers ne se souterrain). bail emphytéotique de 99 ans à la reconstruire cette partie de New sont pas arrêtés dans le monde, puis- b Les deux tours jumelles (Twin compagnie Silverstein Properties York », a-t-il déclaré devant un par- le 26 avril, pour que les plus grands noms de l’archi- Towers), hautes de 414 et 412 m, inc. associée à Westfield America terre d’hommes d’affaires réunis à tecture ont tous été appelés à réflé- comptaient chacune 110 étages inc., pour 3,2 milliards de dollars l’Hôtel Regency de Park Avenue à la 3,2 milliards de dollars chir sur la question des tours, un et 418 000 m2 de surface brute (3,46 milliards d’euros). Ce fut, dit- demande de la chambre de commer- domaine longtemps abandonné aux (319 000 m2 utiles). Chaque étage on, le montant le plus élevé enre- ce de New York. « Cela donnerait aux puissants bureaux d’études et de offrait 2 700 m2 de bureaux. gisré à New Yrok pour une transac- terroristes la victoire qu’ils atten- Larry Silverstein n’imagine pas, construction, avant d’intéresser les b Deux bâtiments de neuf étages tion immobilière. daient. » Il s’est abstenu de s’interro- bien sûr, la forme que pourraient grandes signatures. I. M. Pei, Nor- s’élevaient autour d’une place L’enjeu était de taille : ger, en revanche, sur la capacité de prendre les nouveaux bâtiments : man Foster ou Philip Johnson, Ren- centrale. 930 000 mètres carrés, soit les deux nuire encore et la « qualification » « Faut-il reconstruire les 110 étages ? zo Piano à New York, dans la foulée b L’ensemble comprenait tours jumelles, les bâtiments 4 et 5, quasi professionnelle de ces terroris- Cela ne sera peut-être pas nécessai- de Christian de Portzamparc, Jean également le Marriott Hotel et 37 000 mètres carrés d’espaces tes. Curieusement, en effet, un cer- re », indiquait-il finalement en souli- Nouvel au Japon, Kolhoff à Berlin, (22 étages), l’US Custom House commerciaux. Le reste du WTC – les tain nombre de protagonistes du dra- gnant qu’il était « absolument indis- Rem Koolhaas, Frank Gehry, tous (bâtiment des douanes, 8 étages) bâtiments 3 (Hôtel Marriott), 6 (les me sont concernés par le secteur du pensable d’élever un mémorial sur pla- sont désormais sur la brèche… et le bâtiment 7 (47 étages, douanes) ainsi que le 7 (bureaux) – bâtiment. Le milliardaire saoudien ce ». Mais est-ce que ce ne sont pas construit ultérieurement). serait toujours en vente. Oussama Ben Laden, le principal sus- là les paroles d’un homme isolé – en F. E. et E. de R. CULTURE LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 31 Hollywood expurge ses scénarios des scènes trop proches de l’actualité Plusieurs grosses sorties ont été retardées, tandis que les locations de films de terrorisme augmentent

LOS ANGELES notre industrie », a déclaré au Hol- En revanche, les Américains télévision a aussi pu inciter le de notre correspondante lywood Reporter Sherry Lansing, n’ont pas boudé les salles de ciné- public à opter pour un film. A Para- Hollywood est bousculé. Arnold présidente de Paramount. ma. Les distributeurs d’Hollywood mount, on espérait que les résul- Schwarzenegger a décidé, avec le « A cause de la tragédie nationa- craignaient que la peur du terroris- tats du week-end prochain pour studio Warner Bros, que la sortie le actuelle, Touchstone Pictures me n’éloigne les Américains des Hardball (qui veut dire base-ball de son prochain film, Collateral recule la date de sortie de Big Trou- salles, d’autant que la disparition mais aussi « tactique brutale » !), Damage, prévue pour le 5 octobre, ble », explique son distributeur, de toute publicité à la télévision a seraient encore plus encoura- serait reportée à une date indéter- Disney, qui l’avait calé au 21 sep- entravé les campagnes de marke- geants. La seule nouveauté impor- minée, « par respect pour les victi- tembre. La comédie de Barry Son- ting, mais ils sont rassurés pour le tante du week-end doit être Glit- mes et leurs familles ». Il y inter- nenfeld, avec Johnny Knoxville et moment. Pour Paul Dergarabe- ter, un film inspiré de la vie de prète un pompier dont la femme Tom Sizemore dans le rôle de dian, président d’Exhibitor Rela- Mariah Carey, avec la chanteuse et l’enfant périssent dans l’attaque deux criminels assez débiles, mon- tions, « l’histoire nous a appris que pop dans le rôle principal. d’un gratte-ciel de Los Angeles par tre un explosif nucléaire trans- quand ces tragédies arrivent, elles Les magasins vidéo, de leur côté, des terroristes colombiens, qui porté clandestinement en avion n’affectent pas les recettes en salles enregistraient des locations ou devaient être arabes dans le scéna- dans une valise. Les studios Sony, de façon sensible ». Au contraire, ventes en augmentation sensible, rio d’origine. Le film a été dévelop- de leur côté, ont rapidement retiré car, après la guerre du Golfe, la fré- et ont reçu plus de demandes pé par le producteur David Foster, de la circulation la bande-annonce quentation avait considérable- qu’ils ne pouvaient en satisfaire qui fut inspiré par l’explosion du et les affiches de Spider Man, réali- ment augmenté pendant huit pour des films sur Nostradamus vol Pan Am au-dessus de l’Ecosse. sé par Sam Raimi et prévu pour semaines consécutives, de même ou des sujets traitant de terroris- Depuis le 11 septembre, Hol- mai 2002, car on y voyait un héli- qu’après l’attentat d’Oklahoma me, comme The Siege, la série des lywood scrute les scénarios de ses coptère pris dans un filet tendu City. Die Hard, avec Bruce Willis, ou films et de ses séries, soudain trop entre les deux tours du World Tra- encore Executive Decision, film de proches de l’actualité, d’autant de Center. Et Men in Black 2 sera DIVERTIR LES ENFANTS 1996 sur des militants islamistes. que le terrorisme est un de ses modifié, car le film inclut des ima- Les exploitants en salles confir- Et les parents venaient chercher sujets favoris. Les réalisateurs ou ges de New York et du World Tra- maient que vendredi, journée des divertissements pour leurs producteurs qui ont déjà fait explo- de Center. « C’est un film divertis- nationale de deuil, la fréquenta- enfants, privés de programmes ser beaucoup d’immeubles au ciné- sant pour l’été prochain, confirme tion était plus ralentie, mais que télévisés par la couverture en conti-

BRUNO BARBEY/MAGNUM ma, évitent, eux, de répondre aux un porte-parole de Sony, et nous les Américains sont revenus dès nu des événements. Le World Trade Center s’étendait sur sept hectares, dont les questions. « Il est trop tôt pour pré- ne voulons pas assombrir les specta- samedi au cinéma. L’absence de Américains se demandent aujourd’hui ce qu’ils doivent faire. dire l’impact que cela va avoir sur teurs avec ce souvenir. » toute retransmission sportive à la Claudine Mulard Du mausolée à la simple réplique, Maurice Béjart ouvre au Palais des congrès l’album de ses succès passés les hypothèses envisagées Le chorégraphe et sa compagnie présentent à Paris une reprise de plusieurs de ses pièces légendaires LE SORT du Pentagone est fixé. tion impliquerait de repenser un QUI est Maurice Béjart ? La ques- philosophe Gaston Berger ? Ou res- sartrien d’un côté, musique électro- Cardin et Jeanne Moreau à une L’énorme édifice, le plus vaste com- urbanisme vieux de trente ans et tion mérite d’être posée tant il sem- ter fidèle à Armande Béjart, la fem- nique de l’autre. Qu’est-ce qui est séance plénière de l’Institut… Il plexe de bureaux du monde, dont la dont on avait appris à mesurer les ble posséder la capacité, parfois me de Molière, dont il a adopté le moderne ? « Ce qui ne se démode vient de rentrer de Cassis, où il forme rappelle – bizarrerie architec- faiblesses, jusqu’à l’imprévisible inquiétante, à se dédoubler, com- nom, vivant jusqu’au bout dans pas, réplique Béjart. A force d’ajouts avait loué une petite maison pour turale – celle d’une cible, voire choc du 11 septembre . me en témoignent les nombreux l’éternel présent de l’œuvre jamais en fonction des interprètes, j’ai les vacances. Son ami François d’une prison panoptique, sera res- Toutes les solutions nouvelles livres souvenirs qu’il a écrits, achevée ? détruit cette Symphonie pour un Weyergans était avec lui, mettant tauré et doté d’équipements censés sont donc envisagées pour assurer notamment La vie de qui ?, au titre Stratégie « schizophrénique » ? homme seul. En me fondant sur un le point final à un roman qui doit être plus sûrs. La dimension symboli- aux futurs gratte-ciel une plus gran- si explicite (Flammarion, 1996). Si La réalité, depuis belle lurette, est film d’archives, je vais la reconstituer sortir en octobre. que de l’édifice trouve ses limites de sécurité. La reconstruction des son corps est à Lausanne depuis ailleurs. Dans cette force qui s’in- à l’identique. Quand un ballet est Tante Georgette, d’Aix-en-Pro- dans sa vocation militaire. Tout édifices fait déjà réfléchir ingénieurs 1987 – date à laquelle Béjart a quit- carne tout entière dans chaque bal- bon, inutile de le surcharger. Je n’ai vence (omniprésente dans les autres sont les conséquences du ver- et architectes. Abolhassan Asta-Asl, té Bruxelles et son école Mudra –, let qu’il crée, encore et encore. jamais changé un cheveu du Sacre livres), a eu cent deux ans. Une sant new-yorkais de cette tragédie. professeur d’ingénierie à l’université on constate que son esprit est tou- Poussé par les nécessités de son du printemps.» autre tante, qui appartient à la tri- Après l’attentat qui a détruit, au de Berkeley, propose de généraliser jours ailleurs, bondissant de Venise école de danse, par son amour de Stravinsky et Le Sacre, Ravel et le bu des Marquand, vient de fêter cœur de Manhattan, les deux tours les structures en matériaux composi- à Tokyo, de Marseille à Istanbul. la pédagogie, par l’appel joyeux fameux Boléro seront également ses quatre-vingt-quinze ans. « Elle du World Trade Center, mais aussi tes, métal-béton, qui, sans être com- Béjart et son double s’observent des jeunes danseurs de sa compa- dansés au cours de ces trois semai- est la mère de Nadine Trintignant. A une demi-douzaine d’immeubles plètement à l’épreuve d’un violent sans relâche. Jusqu’à l’épuisement. gnie. Pour eux, il a créé avec ses nes parisiennes, mais ces deux bal- l’époque du Sacre, Jean Genet, qui environnants, les Américains ont incendie, sont capables de résister à Jusqu’à en être épuisant. « Com- droits d’auteur une fondation qui lets-là ne se présentent plus. Le pre- habitait chez Nadine, lui expliquait commencé à s’interroger sur l’ave- des tremblements de terre de gran- ment faire pour raconter la vie de distribue des bourses d’enseigne- mier signe l’installation en 1959 de qu’il avait vu un ballet d’un certain nir de cette zone sinistrée. Une seule de amplitude. La tragédie de Man- quelqu’un que je connais et qui por- ment gratuit. Pour eux, il se remet Béjart au Théâtre royal de la Mon- Béjart qui lui avait plu. Nadine lui a chose est certaine, au-delà de l’am- hattan débouchera – peut-être – sur te le même nom que moi alors que je à l’ouvrage, convoquant sa mémoi- naie, à Bruxelles ; l’autre met en alors dit que j’étais son cousin. Chris- pleur du drame humain : l’acier peut des techniques originales. me réveille parfois croyant que je re, ses amis, les vivants et les morts vedette une bombe sexuelle, nom- tian Marquand avait exactement le être récupéré, revendu et recyclé. Henry Petroski, professeur d’ingé- suis un violoniste vénitien qui a ren- (très nombreux), sans crainte de se mée Duska Sifnios, Yougoslave de même âge que moi. » Restent ensuite trois lignes d’action nierie civile à Duke University, parle dez-vous avec Vivaldi, ou un figu- répéter, de se plagier, de montrer Zagreb : collant couleur chair, che- Béjart, qui aura soixante-quinze possibles. d’utiliser massivement des maté- rant à qui Molière va donner sa qu’il n’en peut plus. veux mouillés, elle ondule en scène ans le 1er janvier 2002, doit doréna- La première serait l’édification riaux « non traditionnels », comme chance ? » telle que Béjart la vit la première vant composer avec son corps d’un mémorial. Afin que l’agression la céramique, moins sensible à l’ac- Toujours dans La Vie de qui ?, LES CORPS ET LA MUSIQUE fois alors qu’elle surgissait des après l’opération des deux hanches sur le sol américain ne soit jamais tion du feu, pour la construction des évoquant les œuvres réalisées Etre Béjart ou être Berger : a-t-il vagues sur une plage italienne. et d’un genou. Cette rétrospective oubliée, certains demandent la sanc- immeubles de très grande hauteur. depuis 1980, soit quatre-vingt qua- encore le choix ? Une chose est cer- « Il y aura également Le Teck, semble lui donner du nerf : tuarisation du secteur, à la mémoire torze pièces (!), il avoue : « J’ai pro- taine : il sait quels sont ses annonce le chorégraphe, qui sera, « J’éprouve un sentiment positif à des victimes. Dès le 17 septembre, le UN NOUVEL URBANISME posé d’écrire un deuxième volume meilleurs ballets. Le programme lui aussi, dégraissé pour retrouver sa présenter qui j’étais il y a un demi-siè- New York Building Congress a Un autre problème capital, celui sur des ballets dont je m’aperçois qui a débuté le 19 septembre au ligne originale. Créé en 1956 pour le cle. Ce que j’ai apporté à la danse. annoncé la création d’un fonds pour des circulations verticales et des qu’ils ne m’intéressent plus. Et pas Palais des congrès collectionne les Festival Avant-Garde de Marseille Ce que j’ai emprunté à Martha Gra- la construction d’un tel mémorial. escaliers d’évacuation, sera certaine- seulement les ballets ! A partir de succès des années 1950, notam- sur un des toits de la Cité radieuse ham, à José Limon. Mais l’empreinte Des fragments de gratte-ciel ment au centre des réflexions. Les Life (1979), ma vie ne m’intéresse ment sa célébrissime Symphonie construite par Le Corbusier, Le Teck la plus déterminante, je la dois à la seraient ainsi conservés in situ, enva- tours Petronas de Kuala Lumpur plus. » On avait été frappé qu’il pour un homme seul qu’il considère est un jeu d’équilibre entre une sculp- musique, à Pierre Henry, Pierre his ou non par la végétation. C’est la (Malaisie), les plus hautes du mon- dise si franchement, et si haut, com- comme son acte de naissance artis- ture (en teck) de l’artiste Marta Pan Schaeffer, et à Pierre Boulez. » solution adoptée pour plusieurs de, dont les structures sont en bien l’avait ennuyé, en 1996, la tique, symbolisé par la rencontre et une danseuse. Hélène Traïline sites tragiques de la deuxième béton, sont pourvues d’une passerel- reprise de La Neuvième Symphonie historique avec la musique de Pier- créa le rôle sur le jazz de Gerry Mulli- Dominique Frétard guerre mondiale, comme, à Berlin, le qui relie les deux édifices à mi-hau- pour le Ballet de l’Opéra de Paris, re Henry et de Pierre Schaeffer. gan. » Parler avec Béjart, c’est aussi avec l’Eglise du souvenir qui conser- teur, une alternative à l’évacuation énorme « tube » datant de 1964. « Sans oublier le physique époustou- recevoir des nouvelles des amis. e Béjart Ballet Lausanne. Palais ve la marque de la ruine, ou en Fran- des étages supérieurs. Mais que Alors que veut-il ? Vivre « calfeu- flant de Michèle Seigneuret, ma par- Marta Pan, justement, vient d’obte- des congrès, porte Maillot, ce, le village d’ Oradour-sur-Glane, peut-on faire devant le choc d’un avi- tré » chez lui, se consacrer à la lec- tenaire à la création, qui lui aussi a nir le Prix impérial du Japon. Pierre Paris-17e. Mº Porte-Maillot. A qui a été immobilisé dans le souve- on de 200 tonnes, lancé à ture, aux vrais amis, comme lui contribué à me faire évoluer »,se Henry a des problèmes avec ses 20 h 30, les 20, 21, 22, 28 et 29. nir des martyrs. 600 kilomètres/heure, dont les sou- souffle, tentateur, son double ? rappelle-t-il. yeux. Le chorégraphe, quant à lui, Tél. : 01-40-68-00-05. De 220 F à Mais une décision de cet ordre, en tes renferment 100 000 litres de kéro- Etre enfin Maurice Berger, fils du On est en 1955. Existentialisme se réjouit de revoir bientôt Pierre 450 F. mémoire des quelque 5 000 victimes sène ? Impossible à prévenir sans de la tragédie, et qu’appelait de ses doute. Impossible à prévoir ? Après vœux l’écrivain new-yorkais Paul l’attentat de 1993, qui avait déjà gra- Auster lors de l’émission consacrée vement endommagé l’édifice, une Les pays arabes à l’honneur par France 2 aux attentats le 17 sep- masse considérable de documents a tembre, a peu de chances d’être rete- été produite. La vulnérabilité des nue. On pourrait cyniquement impu- deux tours, à la fois physique et sym- au Salon du livre de jeunesse ter ce refus à la valeur trop élevée bolique, était clairement établie. du terrain. Mais beaucoup pense- Reste alors l’hypothèse, si le LE SALON DU LIVRE DE JEUNESSE de Montreuil (Seine-Saint- ront qu’il serait peut-être malsain de même site peut être retenu, d’un Denis) ne renonce pas à mettre à l’honneur les pays arabes et leur litté- transformer le cœur d’une ville en WTC remanié, plus sûr, exempt rature, lors de la prochaine manifestation, du 28 novembre au un gigantesque mausolée. d’amiante par exemple, et mieux 3 décembre. « Notre choix est plus que jamais valide, car il est La deuxième possibilité est la protégé. Cette hypothèse passe par “importantissime” de ne pas en rester aux ignorances, aux méconnaissan- reconstruction à l’identique de ce l’abandon de la ville « debout », célé- ces et aux a priori qui génèrent les pires fantasmes », a déclaré la nouvel- qui a été détruit. La fameuse skyline brée par Sartre, Céline ou plus le directrice du Salon, Sylvie Vassalo, en présentant la manifestation à serait ainsi restaurée – « comme si récemment par l’architecte Rem la presse, mardi 18 septembre. « En ces temps où la barbarie aveugle de rien n’était » -, façon de montrer Koolhaas. Cela passe par la recher- frappe des populations, exacerbant des haines, où se développent l’exclu- au monde l’inébranlable fierté de che d’un nouvel urbanisme, dont le sion de l’autre et les fausses oppositions entre l’Orient et l’Occident, notre l’Amérique. L’hypothèse semble éga- principe reste à définir. Salon est un symbole de résistance, un acte d’espoir, d’intelligence, un lement devoir être écartée. Outre les appel à la raison, car il se fonde sur une démarche de découvertes réci- problèmes de sécurité, la reconstruc- F. E. et E. de R. proques, de respect, de plaisirs partagés, en un mot d’humanité », a affir- mé une autre responsable, Marie-Christine Labat. Manifestation de référence de la littérature jeunesse, visité chaque année par quelque 150 000 personnes, le Salon de Montreuil s’était focalisé sur l’Afrique en 1999 et sur la Scandinavie en 2000. – (AFP.) 32 / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 CULTURE Lachenmann place l’opéra en hibernation SORTIR PARIS de retrouver une image positive d’eux-mêmes et une Philip Catherine Trio reconnaissance sociale grâce à avec « La Petite Fille aux allumettes » Le plus élégant, le plus discret, l’activité artistique. Les ateliers mais aussi le plus connaisseur des de sculpture, peinture, gravure, guitaristes, Philip Catherine est un théâtre ou danse sont animés L’œuvre du compositeur allemand a fait l’ouverture du Festival d’automne au Palais Garnier musicien très demandé : Ponty, toute l’année par des artistes du Mingus, Larry Coryell, Didier monde entier. L’anniversaire est si inattendu dans la production de Le parallélisme entre l’héroïne du de séquences bruitistes (modes de Lockwood, Chet Baker, Barney l’occasion de montrer les travaux FESTIVAL D’AUTOMNE À Lachenmann qu’une symphonie conte bien connu et l’activiste de la jeu inédits), de mixtures parasitées Wilen, Tom Harrell… Rythme et des enfants en présence d’artistes PARIS. La Petite Fille aux allumet- dans celle de Stockhausen ou « bande à Baader » morte en pri- (zapping électroacoustique) ou de harmonie incomparables. africains, d’assister à une tes (création française). Musique qu’une messe sous la plume de Bou- son en 1977 n’est pas sans intérêt. retours au son pur (solo terminal Toujours le goût du beau jeu démonstration de djembés et livret de Helmut Lachenmann lez, l’on fait grand cas du sous-titre Cependant, il ne saurait constituer de shô, l’orgue à bouche japonais). (tous publics) et, en tout état de (jeunes de La Source et musiciens d’après des textes de Hans Chris- apporté par le compositeur à la seu- de véritable piste dramatique pour Même si la dimension musicale, cause, une leçon (trompeuse) maliens) ainsi qu’à un grand tian Andersen, Leonard de Vinci le production scénique de son cata- le spectateur de La Petite Fille aux prodigieusement renouvelée dans pour les jeunes guitaristes. concert de percussions avec et Gudrun Ensslin. Mise en scène logue : « Musique avec images ». allumettes par la faute d’un traite- un registre peu amène pour des Trompeuse, parce que Philip l’artiste malien François Dembélé. et décors : Peter Mussbach. Cos- De musique, il n’est longtemps ment volontairement phonétique oreilles traditionnelles (qui l’ont Catherine a la délicatesse de faire La Guéroulde (Eure). La Source, tumes : Andrea Schmidt-Futte- question que dans la veine concrète et inintelligible du texte. Peu ins- fait savoir par un accueil houleux à croire à la facilité. 3, rue de La Poultière. rer. Vidéo : Stefan Runge. Avec instrumentale propre à l’auteur de truit par des sons, instrumentaux l’issue de la représentation), com- Sunside, 60, rue des Lombards, A partir de 15 heures, le 22. Salome Kammer (récitante), Pression et de Dal niente. Une multi- ou vocaux, qui jaillissent de toutes porte quelques belles réussites (Air Paris-1er.Mo Châtelet. 21 heures, Tél. : 02-32-35-91-41. Mélanie Fouché (rôle muet), Eli- tude de sons bruités investit le parts comme des feux follets en des claquements de langue), elle est le 20. Tél. : 01-40-26-21-25. zabeth Keusch et Sarah Léonard Palais Garnier, de la scène (où siè- furie, on s’en remet donc aux ima- fondée sur un refus dogmatique du Chic Hot LOIRE-ATLANTIQUE (sopranos), Mayumi Miyata gent, de chaque côté, une paire de ges pour ne pas subir dans une tota- « beau son » qui jure avec l’aspect Un nom qui sonne, Chic Hot Festival Consonances (shô), Yukiko Sugawara et Tomo- solistes constituée d’une soprano et le passivité les deux heures que esthétisant de la mise en scène de (allusion au fouet que l’esclave Du 22 au 29 septembre, pas moins ko Hemmi (pianos), Chœurs et d’une pianiste) à la salle (où, de dure ce spectacle sans entracte et Peter Mussbach. retournait contre le maître, la de quatorze concerts de musique Orchestre de l’Opéra de Stutt- loge en balcon, nichent une trentai- sans action. Ecartelée entre des images qui “chicotte”) ; un album au titre de chambre sont programmés gart, Lothar Zagrosek (direc- ne de chanteurs et d’instrumentis- cherchent du Strindberg dans engageant, Satyagraha autour du thème « Beethoven for tion). Nouvelle production. tes) avec relais occasionnel dans la PARTITION EXPÉRIMENTALE Andersen et une musique qui déna- (« désobéir »), et quatre garçons Ever ». Depuis maintenant dix Palais Garnier, le 17 septembre. fosse d’orchestre. Le principe de la lucarne blanche ture sa fonction par son traitement dans le vent : Mario Canonge ans, la chapelle des Franciscains Prochaines représentations : les D’images, il n’est d’abord offert dans les ténèbres – qui s’apparente, de la voix sur le plateau (présence (piano), Etienne Mbappé (basse), devient, à la fin de l’été, le 20, 21 et 22 septembre à 19 h 30. qu’un minimum très conceptuel selon l’usage, à une vitrine de grand muette et bref recours à une récitan- Hervé Gourdikian (sax) et Kemp rendez-vous des interprètes venus Prix des places : de 25,92 ¤ (170 F) avec la projection modulée d’un rec- magasin ou à une cellule de pri- te pour le rôle-titre), La Petite Fille Biwandu (batterie). Le tableau de toute de la planète. Coup à75¤ (492 F). Tél : 01-53-45-17-00. tangle blanc sur fond noir. Male- son – constitue un axe très accessi- aux allumettes entretient un gel de complet de la musique (joie de d’envoi ce week-end avec le vitch, au contraire de Léonard de ble de la mise en scène de Peter l’expression qui semble placer le jouer, de découvrir) telle qu’elle Beethoven du Quatuor avec piano Dans la logique d’un fidèle sou- Vinci, n’est pourtant pas cité dans Mussbach. Lorsque la petite fille genre de l’opéra en hibernation. pourrait être si on le voulait. op. 16 bis (Claire Désert, Mark tien aux grands marginaux du le livret de La Petite Fille aux allumet- apparaît, en blouse d’hôpital, le crâ- Comme si Lachenmann, non enclin Petit Journal Montparnasse, 13, rue Steinberg, Misha Amory et Nin moment, le Festival d’automne tes, qui associe au texte d’Andersen ne rasé et le visage cadavérique, à l’émotion, avait voulu lutter con- du Commandant-René-Mouchotte, Maria Lee), l’émouvant An die ouvre l’édition de son trentième des lettres de Gudrun Ensslin, terro- dans cet espace oblong et exigu, on tre l’indifférence dont a souffert la Paris-14e.Mo Montparnasse. ferne Geliebte (Christian Immler anniversaire avec La Petite Fille aux riste de la Fraction armée rouge qui la prend vraiment pour un rat de petite fille devenue Gudrun Ensslin A partir de 22 heures, le 20. et Jeremy Menuhin) et le 7e allumettes, de Helmut Lachen- fit trembler l’Allemagne entre 1968 laboratoire. en se cantonnant strictement dans Tél. : 01-43-21-56-70. 100 F. des Razumovski opus 59 n˚ 1 mann, une œuvre-manifeste créée et 1972. Celle-ci a été l’amie d’en- D’autant que la partition de la guerre froide. interprété par le jeune quatuor en janvier 1997 à l’Opéra de Ham- fance de Lachenmann avant de mal Lachenmann est, à l’évidence, des EURE britannique Belcea. bourg. Sachant qu’un opéra est aus- tourner. plus expérimentales, qu’il s’agisse Pierre Gervasoni La Source Suivra le Stone Soup du Pendant l’été, l’association compositeur en résidence Joel La Source a organisé des actions Hoffman et les Variations pour artistiques et culturelles autour deux violons d’Ignaz Le meilleur du quatuor à cordes contemporain à Royaumont du thème de l’Afrique, en vue Schuppanzigh, premier violon de fêter son dixième anniversaire. du célèbre quatuor Schuppanzigh treprise, en forme d’épitaphe au chromatisme pictural du « rebelle » innovante. Deux sources d’énergie Créée en 1991 par Gérard contemporain de Beethoven. VOIX NOUVELLES. Krzystof père du compositeur, souffre d’une hongrois Ligeti, dont le Quatuor antagonistes, intrusion tranchée et Garouste, peintre-sculpteur, Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). MEYER : Quatuor no 7. Dimitri réalisation trop systématique qui se no 1, entre camaïeu intimiste et fres- coulée latente, se croisent avec une et par Christian Gotti, éducateur Chapelle des Franciscains, rue CHOSTAKOVITCH : Quatuor no 8. refuse à solliciter le quatuor en tutti que dégradée, traduit bien les ambi- rare intensité dans l’occupation du spécialisé, La Source, permet du Croisic. 20 h 30, le 22. Tél. : György LIGETI : Quatuor no 1, avant d’avoir épuisé toutes les per- tions de séducteur. silence. L’œuvre, à l’instar des plus aux jeunes ruraux en difficulté 02-40-22-91-36. De 95 F à 104 F. « Métamorphoses nocturnes ». mutations en duos et trios imagina- Entièrement italien, le program- grandes, sait conquérir l’auditeur Quatuor Danel. Giacinto SCELSI : bles avec deux violons, un alto et me du soir, intitulé « A la limite de sans livrer l’essentiel de ses secrets. Quatuor no 3. Stefano GERVASO- un violoncelle. Les phases d’amplifi- la note », tient totalement les pro- Usant aussi, en abondance, de la GUIDE NI : Strada non presa (création). cation du discours se révèlent un messes de son enseigne icono- technique du glissando, le Quatuor Salvatore SCIARRINO : Quatuor peu empruntées, avec des accents claste. Tout d’abord avec le Qua- no 7, de Salvatore Sciarrino (2000) o o n 7. Quatuor Prometeo. rappelant parfois La Nuit transfigu- tuor n 3, de Giacinto Scelsi (1963), « passe » difficilement après la créa- TROUVER SON FILM Œuvres de Schmidt, Weiner, Hubai, ABBAYE DE ROYAUMONT (Val- rée, de Schoenberg. Inspiré par la qui presse les sons de mille façons tion du jeune Bergamasque et sem- Williams, Csampai, Brahms, Tchaïkovs- ki. Ensemble tsigane Roby Lakatos, d’Oise), le 15 septembre. Pro- visite de la ville de Dresde en ruine pour en faire jaillir la pulpe, sons ble imploser par recherche excessi- Tous les films Paris et régions sur le Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : Guillaume Tourniaire (direction). chains concerts, le 22 septembre : après la seconde guerre mondiale, mûris au soleil d’antan (accord par- ve de la « limite de la note ». Mieux 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). Maison de Radio-France, 116, avenue œuvres de compositeurs améri- le Quatuor no 8, de Chostakovitch, fait majeur) ou sons gelés par cris- inscrit dans la notion de seuil, l’ex- du Président-Kennedy, Paris-16e. o cains par le Quatuor Satie (à arbore le ton bien connu du compo- tallisation visionnaire (déploiement trait de l’Officium breve, de György VERNISSAGE M Passy. 20 heures, le 21. Tél. : 01-56-40-15-16. Entrée libre. 15 h 30), création de Brice Pauset siteur, alternativement pathétique spectral à la mode aujourd’hui). Kurtag, donné en bis, témoigne à Marina Abramovic par le Quatuor Diotima (à et caustique, dans une déploration Encore plus inouï, Strada non presa, son tour de la densité exception- Journée « portes ouvertes » à l’atelier RÉGIONS 17 h 45), carte blanche à Jonathan que les Danel servent avec beau- de Stefano Gervasoni (né en 1962), nelle du quatuor Prometeo. Calder en présence de l’artiste yougos- Passagers clandestins Harvey avec les Jeunes Solistes (à coup de sobriété. Au chromatisme exploite les gestes ancestraux du lave. Accueillie en résidence depuis avril 2001, Marina Abramovic a reçu en de Philippe Genty, mise en scène de 20 h 45). Prix des places : 14,48 ¤ théâtral du maître Russe succède le quatuor à des fins d’expression P. Gi 1997 le Lion d’or de la Biennale de Philippe Genty. (95 F) et 19,06 ¤ (125 F). Tél. : Venise. Lyon (Rhône). Théâtre des Célestins, 01-34-68-05-50. Saché (Indre-et-Loire). Atelier Calder, place des Célestins. 20 h 30, les 22, 25, 26, 28, 29 ; 15 heures, les 23 et 30 ; INSTANTANÉ grand-père qui a dû être un sacré sa fin, se réveille pour combattre Le Carroi. De 15 heures à 19 heures, le 22. Tél. : 02-47-45-29-29. Entrée libre. 19 h 30, le 27. Tél. : 04-72-77-40-40. De Marc Texier, directeur artistique loustic. Le genre à tourner La Mar- les Prussiens. Il y a aussi dans Les 50 F à 190 F. de Voix nouvelles depuis la fonda- LA FRANCE SELON MOREL seillaise en chanson de salle de Habits du dimanche les peurs d’un Ensemble l’Albera ENTRÉES IMMÉDIATES e tion en 1990 de ce festival à l’écoute garde et à emmener son petit-fils petit garçon qui ne trouve pas le « Chansons d’amour au XVII siècle Le Kiosque Théâtre : les places de cer- en Espagne et en Italie ». des jeunes compositeurs, n’a pas François Morel délaisse les au cimetière pour lui faire la chro- sommeil à l’idée que sa mère pour- tains des spectacles vendues le jour Ambronay (Ain). Abbaye - tour Dauphi- son pareil pour élaborer des pro- habits de « beauf » qui ont assis sa nique des amours pas claires – rait mourir, et le sentiment trou- même à moitié prix (+ 16 F de commis- ne, place de l’Abbaye. 17 heures, le 22. grammes de concert. Les deux ren- notoriété chez les Deschiens sur comme cette « grande tante qui a ble que l’enfance ne sera pas sion par place). Tél. : 04-74-38-74-04. 95 F. dez-vous publics du premier week- Canal+ et dans les spectacles de eu une aventure avec un archevê- éternelle. Une vraie sensibilité tra- Place de la Madeleine et parvis de la José-Miguel Moreno Jérôme Deschamps et Macha que jusqu’à la séparation de l’Egli- verse le spectacle parce que Fran- gare Montparnasse. De 12 h 30 à Milan. Narvaez, Caberon, Mudara. end ont permis de le vérifier avec 20 heures, du mardi au samedi ; de José-Miguel Moreno (vihuela). une édifiante mise en perspective Makeïeff. Il revient à son enfance, se et de l’Etat ». Et puis il y a le gre- çois Morel se glisse dans les inters- 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. Amiens (Somme). Eglise Saint-Leu, rue d’œuvres récentes pour quatuor à qui fut, à n’en pas douter, une nier, où il est bon de faire l’amour tices du souvenir. Il a « une bonne Petits Contes chinois revus et corrigés Saint-Leu. 18 h 30, le 22. Tél. : cordes, formation imposée aux sta- enfance de l’art du regard. Ses avec sa sœur (sauter sur le matelas tête », il sait qu’il peut faire rire par les nègres 03-22-22-44-94. De 60 F à 90 F. giaires de l’édition 2001. Réunies Habits du dimanche nous emmè- pour faire grincer les ressorts), la quand il veut, mais il en use juste mise en scène de Jean-Luc Courcoult, Ensemble Doulce Mémoire avec la Compagnie Royal de Luxe. Œuvres de Phalese, Milano, Valderraba- sous l’égide d’un « Après-Bartok » nent dans un village de Norman- fanfare et le curé qui fait le malin ce qu’il faut. Prairie du Triangle, parc de la Villette, no, Galilei. Denis Raisin Dadre (direc- illustré en fin d’après-midi par le die qui ne sera pas nommé, dans avec ses « verres de l’amitié ». 211, avenue Jean-Jaurès, Paris-19e. tion). quatuor Danel venu de Belgique, une famille sans doute réinven- Cette petite chronique, parse- Brigitte Salino Mo Porte-de-Pantin. 18 heures, le 21 ; Amiens (Somme). Eglise Saint-Leu, rue les contributions de Krzystof tée, mais peu importe. Il y a un mée de beaucoup de bons mots, 13 heures, les 22 et 23. Tél. : Saint-Leu. 21 heures, le 22. Tél. : 01-40-03-75-75. Jusqu’au 7 octobre. 03-22-22-44-94. De 60 F à 90 F. Meyer, Dimitri Chostakovitch et père qui voit le monde en forme dresse un portrait en filigrane de e Théâtre de la Renaissance, 20, Compagnie Castafiore Impression d’Afrique György Ligeti se rejoignent dans le de camembert, une mère qui a la France des années 1960 – la boulevard Saint-Martin, Paris-10e. Marcia Barcellos. Karl Biscuit de Battistelli. Luca Pfaff (direction), principe du chromatisme. Le Qua- rêvé d’être artiste et chante Je ne vieille tante pense toujours que la Tél. : 01-42-08-18-50. Du mardi au Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Georges Lavaudant (mise en scène). tuor no 7, de Krzystof Meyer (Polo- regrette rien, un frère cadet que meilleure attitude, pendant la samedi, à 20 h30 ; dimanche, à Espace Michel-Simon, 36, rue de la Strasbourg (Bas-Rhin). Opéra national République. 20 h 30, le 21. Tél. : du Rhin, 19, place Broglie. 20 heures, nais né en 1943), le conçoit de le narrateur oublie volontiers, une seconde guerre mondiale, était 16 heures. 11 ¤ à34¤. Durée : 01-45-92-27-75. les 22, 25 et 27 ; 15 heures, le 23. Tél. : manière extrêmement linéaire. L’en- sœur aînée qu’il adore et un « l’inertie », ou le grand-père, vers 1 h 30. Orchestre national de France 03-88-23-47-23. De 40 F à 262 F. CARNET LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 33

DISPARITION - M. Julien Delannoy, – Antoinette Fourquet, – Les familles Pellissier, Grégoire et Conférences M. et Mme Bernard Royer, Maurice et Bernadette Fourquet, Poinssot M. et Mme Jacques Guiffray, Hélène et Jean-Philippe Harcaut, ont la douleur de faire part du décès de Les Mardis de la Philo M. et Mme Pierre Cossé, et Aurélien, reprennent le 2 octobre 2001 M. et Mme Philippe Cossé, Etienne et Cécile Fourquet, Marc PELLISSIER, Mlle Fanny Cossé, Baptiste et Alexandre, ingénieur agronome, Au programme cette année, ont la douleur de faire part du décès de Sébastien et Valérie Fourquet, dix-sept thèmes de six conférences, Le colonel Daniel Divry et Adrien, survenu le 11 septembre 2001, à l'âge de Le matin à 9 h 30 et à 11 heures me M Gisèle DELANNOY, Ses enfants, petits-enfants et arrière- cinquante-quatre ans. - « Le Bien, le Mal. Le regard des née FAMECHON, petits-enfants, philosophes », O.Tellio-Gazalé. Compagnon de la Libération ancien professeur du lycée de Biarritz, ont la douleur de faire part du décès de Les obsèques auront lieu le vendredi - « L'individu contemporain face à 21 septembre, à 9 h 30, en l'église Saint- ses contradictions morales », O. Tellio- DANIEL DIVRY, compagnon de bavaroises, qui s’achèvent par la survenu dans sa quatre-vingt-huitième M. Jean FOURQUET, Jean-Baptiste de Grenelle, place Etienne- Gazalé. e la Libération, est mort, dimanche chute du « nid d’aigle » d’Adolf Hit- année. professeur honoraire à la Sorbonne, Pernet, Paris-15 . - « Y a-t-il une vérité dans l'art ? », 16 septembre, à Nanterre (Hauts- ler à Berchtesgaden. J. Stassinet. Ses obsèques civiles ont eu lieu le le 18 septembre 2001, dans sa cent - « Les nouvelles idéologies : New de-Seine), à l’âge de quatre-vingt- Intégré dans l’armée active en lundi 17 septembre 2001, à Biarritz. troisième année. – Le Service de santé mentale du e Age, écologie, retour au passé », neuf ans. 1946, le capitaine Divry sert au 7 arrondissement, hôpital de jour, 39, rue de Varenne, M. Lacroix. Né le 7 mai 1912 à Saint-Quentin deuxième bureau du corps expédi- Que ceux qui l'ont connue aient une Les obsèques ont eu lieu dans - « Les philosophes de l'Antiquité et pensée pour elle et pour son époux, l'intimité familiale, à Luvigny (Vosges). a la douleur d'annoncer le décès du (Aisne), diplômé de Sciences-Po à tionnaire en Indochine. En 1947, il la modernité naissante », A. Akoun. Paris, Daniel Divry travaille comme entre au service de documentation docteur Martine PRISKER, - « La philosophie dans le monde M. Jean DELANNOY, contemporain (I et II) », A. Akoun. avocat stagiaire au barreau de extérieure et de contre-espionnage – Louise, son épouse, survenu le 13 septembre 2001. - « Les philosophes modernes de Paris quand il est mobilisé, en sep- (Sdece), l’actuelle DGSE, avant décédé le 10 mars 1986, ainsi que pour Kant à Heidegger », A. Akoun. ses fils, Claude et Jean-Louis, tembre 1939, avec le grade de lieu- d’être affecté, en 1950, à la mission Par ses qualités humaines, son sens L'après-midi à 16 heures ses enfants, - « Découvrir et comprendre l'art tenant, dans un régiment de chars de liaison avec les armées alliées, Jean-Pierre et Bernard. Véronique et Christian, clinique transmis avec passion, elle a de combat. Il participe à la campa- puis au 13e régiment de dragons à profondément marqué ce lieu et contemporain », B. Blistène. ses petits-enfants, L'après-midi à 18 heures gne de Norvège en 1940 avant Castres (Tarn). Entre 1955 et 1958, 11, avenue de Tamames, Léo, l'ensemble des personnes qui le fréquentent. Son souvenir nous aidera « Le judaïsme face à la modernité : d’être évacué vers l’Angleterre, où, il est attaché militaire naval et de 64200 Biarritz. son arrière-petit-fils, la pensée juive au XXe siècle », Et toute la famille, dans la poursuite de l'action qu'elle a dès juillet, il s’engage dans les For- l’air en Israël. Après divers autres élaborée et soutenue avec dévouement F. Rausky. ont la douleur de faire part du décès de ces françaises libres (FFL), sous les postes, notamment à Paris, il démis- – Dijon (Côte-d'Or). Chamalières trente ans durant. - « Le christianisme, cette religion (Puy-de-Dôme). Versailles (Yvelines). inconnue », R. Nouailhat, F. Boespflug, ordres du lieutenant Volney, avec sionne de l’armée, en 1961, avec le Paul GÉRARD, J.-P. Willaime. lequel il prendra part à l’expédition grade de lieutenant-colonel. Mme Hélène Deperraz, médaille militaire, – Le président, -« Islam et modernité sont-ils des forces gaullistes à Dakar, puis Daniel Divry entame alors une son épouse, chevalier de l'ordre national du Mérite, Le vice-président, compatibles ? », A. Guiderdoni. au Gabon. Il participe ensuite à la carrière dans l’industrie privée, en M. et Mme Jacques Deperraz, croix de guerre 1939-1945, Les secrétaires perpétuels de - « Les grands courants ésotériques campagne de Syrie, gagne l’Egypte, particulier dans des entreprises Mme Jeanine Deperraz-Dupuy l'Académie des sciences, en Occident », J. Rousse, Lacordaire, ont la tristesse de faire part du décès du R. Goetschel, A. Guiderdoni. où il rejoint la VIIIe armée britanni- d’électronique appliquée. Titulaire et M. Michel Cheory, survenu le 1er septembre 2001, à Paris- ses enfants, e En soirée à 20 heures que, sous les couleurs de la de la croix de guerre 1939-1945, de 10 , dans sa quatre-vingt-neuvième Isabelle, Thierry, Stéphane et Xavier, année. professeur Albert - « Les philosophes de l'Antiquité et 1re colonne volante de la France la médaille de la Résistance et de ses petits-enfants, RAKOTO-RATSIMAMANGA, la modernité naissante », A. Akoun. libre. En Libye, il se distingue, en plusieurs décorations étrangères, Ainsi que toute sa famille, grand officier de la Légion d'honneur, - « Les pensées fondatrices du Il repose au cimetière de Châlons-en- e octobre 1942, dans les combats Daniel Divry était commandeur de ont la grande douleur de faire part du XX siècle », O. Tellio-Gazalé. décès de Champagne (Marne). disparu dans sa quatre-vingt-quatorzième - « L'héritage des trois d’El Alamein, détruisant une forma- la Légion d’honneur et comman- année, le 16 septembre 2001. monothéismes et le destin de tion de chars ennemis. Avec son deur du Mérite national. M. André DEPERRAZ, 23, square Maurice-Ravel, l'Occident », C. Geffré. unité, il est rattaché à la force L du ingénieur général 91450 Soisy-sur-Seine. Correspondant de l'Académie depuis - « Les philosophes et l'art », futur maréchal Philippe Leclerc de Jacques Isnard d'agronomie honoraire, 1966, dans la section de biologie animale J. Stassinet. chevalier de la Légion d'honneur, Hautecloque et, en 1943, il devient et végétale, directeur de classe - « Introduction aux sagesses – Rouen. Strasbourg. Tunis. exceptionnelle au CNRS, il fut orientales : le bouddhisme », commandant en second du survenu le 17 septembre 2001, dans sa ambassadeur de la République malgache E. Martini, T. M. Courau e 501 régiment de chars de combat. JOURNAL OFFICIEL quatre-vingt-onzième année. Line Hemery en France et vice-président du conseil Les conférences ont lieu le mardi, En juin 1944, Daniel Divry est a la tristesse d'annoncer la mort, exécutif de l'Unesco. Après de premiers 4, place Saint-Germain-des-Prés, affecté au deuxième bureau (char- Au Journal officiel daté lundi 17- La cérémonie religieuse sera célébrée survenue le 13 septembre 2001, à Rouen, travaux de biochimie hormonale, il Paris-6e. en l'église de Ville-la-Grand (Haute- de son frère, devait s'affirmer comme un éminent Renseignements au 01-47-22-13-00 gé du renseignement) de l’état- mardi 18 septembre sont publiés : Savoie), le vendredi 21 septembre, à e spécialiste en chimie et pharmacologie ou à www.lesmardisdelaphilo.com major de la 2 division blindée. Il b Santé : un décret modificatif 14 heures. des substances naturelles douées est envoyé secrètement en France relatif à la protection de la popula- Marc HEMERY, d'activité antimicrobienne (lèpre, professeur honoraire. pour une mission spéciale. Il tion contre les risques sanitaires Cet avis tient lieu de faire-part. tuberculose) ou anticancéreuse. Débats rejoint son unité, le 8 août 1944, en liés à une exposition à l’amiante On lui doit aussi d'importantes études 7, rue des Rosiers, en anthropologie. Normandie pour prendre part à la dans les immeubles bâtis et à la – Blandine et Horst Mittelham, La Maison des écrivains 75004 Paris. e campagne de France, au cours de protection des travailleurs contre Augustin Dumay, 53, rue de Verneuil, Paris-7 . Etienne Dumay laquelle il se distingue devant les risques liés à l’inhalation de - Son Excellence M. l'Ambassadeur, et Dorothée Sorensen, – Une cérémonie en mémoire de Et l'ambassade de Madagascar en Mercredi 26 septembre, 19 h 30. Bouxwiller et Grussenheim, en poussières d’amiante. Pascal Dumay France Cycle Manifestations exceptionnelles. Alsace. Adjoint au chef du sous- b Transport : un décret modifi- et Claire Lagarde, Bernard HUET, ont le regret de faire part du décès, à Albertine Sarrazin, un météore groupement S (Sarrazac), il est des catif relatif au schéma directeur ses enfants, architecte DPLG, l'âge de quatre-vingt-quatorze ans, du littéraire. professeur des écoles d'architecture, Débat avec M. Anissimov, ultimes combats dans les Alpes routier national. Thibault Daguzan, Marie Daguzan, Cyprien Hoffmann, président du conseil scientifique professeur Albert S. Dumarais, J. Castelli, J. Layani, ses petits-enfants et son arrière-petit-fils, de l'Ipraus, RAKOTO-RATSIMAMANGA, à l'occasion de la réédition de Stéphanie Mittelham, Mike chevalier de la Légion d'honneur, membre correspondant L'Astragale et de Scènes de la vie AU CARNET DU « MONDE » Décès Mittelham, commandeur des Arts et des Lettres, de l'Académie des sciences littéraire (éd. Pauvert) et de la parution Sa famille, ses proches et ses amis, Master of Architecture et de l'Académie de médecine, de Albertine Sarrazin, une vie, de Naissances – Le Père Jacques Badré, ont la douleur de faire part du décès de Un. Pennsylvania, premier ambassadeur de Madagascar J. Layani (éd. Ecriture). son frère, docteur honoris causa en France, Modération : V. Marin La Meslée. Ariane et Samuel me me de l'Ecole polytechnique fédérale ont le bonheur d'annoncer la venue au M Paul Badré, M Jean DUMAY, fondateur de l'Institut malgache née Paule DESCAMPS, de Lausanne, Mardi 2 octobre, 19 h 30. monde de sa belle-sœur, des recherches appliquées, Odile et Jacques Utter, ancien directeur de recherches Cycle : A travers champs. Gabrielle et Jacques (†) Pigeon, survenu le 18 septembre 2001, à Saint- sera célébrée par le Frère dominicain au CNRS, Richard Millet s'entretiendra avec Léa, Marie-Françoise et Jean-Paul Rémy-l'Honoré. Benoît, Philippe Pekle o.p., le samedi grand-croix de l'Ordre national, Cécile Gilly, musicologue. Gosselin, 22 septembre 2001, à 10 h 30, en l'église grand officier de la Légion d'honneur, le 18 septembre 2001, Jean et Colette Badré, La cérémonie religieuse aura lieu le de Saint-Germain-des-Prés, Paris-6e. commandeur de l'ordre Entrée : 20 francs (gratuit pour les Cécile et Jean-Pierre Landrot, 21 septembre, à 11 h 30, en l'église de des Palmes académiques, adhérents, étudiants, chômeurs). chez Paul Badré, Crespières (Yvelines). Cette cérémonie sera suivie, de médaille des engagés volontaires. Renseignements au 01-49-54-68-87. Agnès SAAL et Denis BRAMI. Marie-Josèphe Laparra, 11 h 30 à 13 heures, d'une réunion de Laure Badré, Cet avis tient lieu de faire-part. sympathie à l'Ecole nationale supérieure La nation malgache reconnaissante lui Annie Badré, des beaux-arts (Ensba), 14, rue accordera des funérailles nationales à Diplômes – Paris. Saint-Etienne. Boston. Marie-Claire et Robert Bonnelle, Bonaparte, Paris-6e. Antananarivo. Marie-Laure et Patrice Bourboulon, (Le Monde du 14 septembre) Diplôme d'études supérieures Nicole et Alain CORNUT, Denis et Sabine Badré, Noëlle FRIEDEL, universitaires (DESU bac + 5) Françoise et Marc MAJESTE Marie-France et Philippe Roux, née BRÈS, – Les enseignants et les chercheurs du Coordonnateur de réseaux sanitaires ont la joie d'annoncer la naissance de Michel et Marie-Françoise (†) Badré, –Mme Elizabeth Jahiel, centre de mathématiques de l'Ecole et sociaux (2e promotion) ses neveux et nièces, leurs enfants et s'est éteinte paisiblement le samedi son épouse, polytechnique leurs petits-enfants, Manon, 15 septembre 2001, à Lyon, à l'âge de M. et Mme Henri Jahiel, ont appris avec émotion et tristesse le Objectifs : font part du retour à la Maison du Père, quatre-vingt-trois ans. me décès de Donner aux personnes ayant ou le 17 septembre 2001, de M Françoise Jahiel, veuve le 11 septembre 2001, Glikman, devant prendre en charge un réseau Roland Friedel, Nicole Piolet, Pierre- Yseult, sanitaire ou social les connaissances et la Mgr Jean BADRÉ, M. et Mme Pierre Jahiel, chez Antoine, méthodologie nécessaires à la démarche évêque émérite de Bayeux-Lisieux, ses enfants, fille de leur collègue Yvette Kosmann- Gabrielle et Christophe CORNUT. Christine Friedel, Thomas et Nadine transversale de coordination et de officier de la Légion d'honneur, Fouché, Paul, Coline et Louise, Laurence, Sophie, Julie et Romain, Schwarzbach, professeur de régulation. croix de guerre 1939-1945, Olivier et Sylvie Friedel, Claire et ses petits-enfants, mathématiques à l'Ecole polytechnique. 4G Soldiers Field Park médaille de la Résistance, Boston, MA, 02163 (USA). Gilles, Zoé et Colin, Public : Béatrice et Francis Berton, Eric, ses arrière-petits-enfants, En ce moment douloureux, ils Professionnels de la santé, dans sa quatre-vingt-huitième année. adressent à sa famille leurs plus sincères Laurence BENAÏM, Mathieu, Vincent et Yann, Toute la famille et ses nombreux amis, cadres du secteur sanitaire et social, Anne et Raymond Rafidison, condoléances et leurs plus affectueuses Bruno KRIEF, ont la douleur de faire part du décès de acteurs de la politique de la ville. L'inhumation aura lieu en la Florence, Benoît et Camille, pensées. Alexia, Charlotte et Elias cathédrale de Bayeux (Calvados), le associent sa mémoire à celle de sont heureux d'annoncer la naissance de samedi 22 septembre, à 10 h 30. M. Léo JAHIEL, Conditions d'accès : chevalier de la Légion d'honneur, Anniversaires de décès Priorité est donnée aux personnes Henri FRIEDEL, ayant une expérience de réseau d'un an Salomé, Une messe sera célébrée le jeudi – Paris. Genève. Boston. New York. ou plus 20 septembre, à 16 heures, en la chapelle son époux, survenu le 17 septembre 2001, à l'âge de Los Angeles. Tel-Aviv, Jérusalem. le 16 septembre 2001, à Paris. des Petites Sœurs des Pauvres, 49, rue diplôme bac + 4 ou bac + 2 minimum quatre-vingt-un ans. avec expérience professionnelle Notre-Dame-des-Champs, Paris-6e. Il y a un an, le 21 septembre 2000, décédé en novembre 1990. reconnue par la commission de Mariages « In caritate pax. » Les obsèques civiles auront lieu le validation des acquis compétente. Les obsèques ont eu lieu dans vendredi 21 septembre, à 15 h 30, au « Biquette » l'intimité familiale, le 20 septembre. WEITZMANN-DEROGY Gabriel GOSSELIN cimetière de Sanary-sur-Mer (Var). Lieu de formation : a la joie de faire part du mariage de son Aix-en-Provence. Cette annonce tient lieu de faire-part. retrouvait l'amour de sa vie, fils – Anne et Arsène Bonafous-Murat, Le présent avis tient lieu de faire-part. Laura et Erwin Solomon, Jacques DEROGY, Rythme : Olivier Francesca Sautman et Dolores Sessions bimensuelles ou mensuelles « Aimez-vous les uns les autres, arrêtez journaliste, avec – Le directeur, (sur 1 ou 2 ans), Capetole, les guerres ! » écrivain, Eva LIBOUREL Bianca et Marvin Bakalar, Et tous les personnels du Centre de durée et rythme compatibles avec une biochimie structurale activité professionnelle, ses enfants, Francine Berthe GAMA, disparu le 30 octobre 1997. qui a été célébré à Meyreuil (Bouches- Guillaume et Marie, Carle et Hélène, née PEYCELON, ont la douleur de faire part du décès de début des enseignements : décembre du-Rhône), le samedi 21 juillet 2001. leur collègue et amie 2001. Jérémy, Chloé, Sophie, Chelsea, Brigitte professeur honoraire, Ils vivent en nous. et Charlotte, 17, rue Satory, ses petits-enfants, est décédée à l'âge de quatre-vingt-onze Magali JULLIEN, Documentation-inscription 78000 Versailles. Cyrille, ans, le 19 septembre 2001, à Paris. professeur à l'université Montpellier-I, Services religieux Mission formation continue, université Aix-Marseille-III, son arrière-petit-fils, La Communauté juive libérale ont la tristesse de faire part du décès de le samedi 15 septembre 2001. 3, avenue Robert-Schuman, M. et Mme Guy PELCERF, L'incinération aura lieu le samedi franco-anglophone Paris-Yvelines 13628 Aix-en-Provence Cedex. M. et Mme Alain Serge 22 septembre, à 9 h 15, au crématorium célébrera Yom Kippour Tél. : 04-42-93-65-80. Eugène CANADÉ, du Père-Lachaise, avenue du Père- les 26 et 27 septembre 2001, MESCHERIAKOFF – L'université Pierre-et-Marie-Curie, e Fax : 04-42-26-66-11. sont heureux de faire part du mariage de Lachaise, Paris-20e. à Paris-16 . E-mail : mission formation-continue@m survenu à Neuilly-sur-Seine, le Et l'UFR de chimie Renseignements au 01-39-21-97-19 leurs enfants ont la tristesse de faire part du décès fc.u-3mrs.fr 16 septembre 2001, dans sa quatre-vingt- De la part de tous les siens, septième année. soudain de Stéphanie et Pierre Serge, Adrien Gama, Cours son époux, Cet avis tient lieu de faire-part et de M. François MILLOT, Apprenez à bien vous servir Communications diverses le 22 septembre 2001, à Lyon. Jean-Michel et Claudette Gama, maître de conférences à l'Université. remerciements. Annie et Jacques Brugère, de votre ordinateur, Alain et Marie Gama, et bénéficiez en toute liberté d'une – Centre communautaire de Paris. - La société AtosEuronext, ses enfants, – Sa famille, formation à domicile. Rencontre-débat animée par Bernard La direction, Véronique et Yann Le Teurnier, Loïc Et ses amis Abouaf, dimanche 23 septembre 2001, à Et tous les collaborateurs, et Benjamin, ont le regret de faire part du décès de Un formateur compétent et pédagogue se 20 h 30 : « Quel avenir pour Israël et ont la tristesse de faire part du décès de Nathalie Gama et Emmanuel déplace chez vous, quels que soient votre quelles perspectives de paix pour le Haugazeau, Salomé, Proche-Orient ? », avec Shlomo Ben Mme Marie Denyse OLLIER, âge et votre niveau, pour vous apporter Ami, ancien ministre des affaires Patrick CURRIVAN, Rémi et Frédérique Brugère, des solutions claires Emma, Agathe et Paul, étrangères d'Israël ; Yves Charles et précises à l'utilisation de votre Christophe Brugère et Nadia Zarka, directeur de recherches au CNRS survenu le mardi 11 septembre 2001, survenu le 15 septembre 2001. Cernogora, matériel, la pratique de la bureautique, de Paris ; Jeffrey Andrew Barash, dans des conditions tragiques, à New l'Internet et le multimédia. professeur à Columbia University de York. Florent Brugère, Les obsèques se dérouleront le samedi New York ; Elhanan Yakira, professeur Julien Gama, 22 septembre 2001, à 11 h 10, au à l'Université hébraïque de Jérusalem. A Une messe sera célébrée à sa mémoire Murielle Gama, Alice Gama, crématorium du cimetière du Père- l'occasion de la parution de leur livre le vendredi 21 septembre, à 17 heures, en ses petits-enfants et arrière-petits- Lachaise, entrée avenue du Père- Quel avenir pour Israël (PUF). l'église de la Sainte-Trinité, place enfants. Lachaise, Paris-20e. 119, rue La Fayette, d'Estienne-d'Orves, Paris-9e. 75010 Paris. 124, boulevard Raspail, 65, place de la Réunion, Pour toute information, contactez le Tél. : 01-53-20-52-52. Ni fleurs ni couronnes. 75006 Paris. 75020 Paris. 01-46-67-18-90 PAF. 34 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 EN VUE a La marine française prévient : le Le terrorisme raconté aux enfants Charles-de-Gaulle sera en cale sèche jusqu’en novembre à Toulon. « Le Petit Quotidien » expose de façon très didactique ce qu’est le terrorisme et comment les Etats-Unis ont vécu les attentats. a « Je ne suis pas inquiet du tout. Sans être alarmiste, la presse pour enfants tente d’expliquer tous les enjeux Depuis l’âge de 12 ans, tout ce que j’ai vu, c’est la guerre », déclare AVEC ses mots et ses images, la responsable des attentats ».Le images de ceux qui ont préféré se dans les ruines du World Trade devant les risques de frappes presse pour enfants a décidé de vocabulaire un peu compliqué suicider en se jetant d’une fenêtre Center, est volontairement très américaines Faiz, boucher du raconter les attentats aux Etats- pour cette tranche d’âge est volon- du World Trade Center ont été légendée : il est précisé que quartier de Shari-Nau à Kaboul. Unis. Edité par le groupe Play Bac tairement surligné en jaune et volontairement écartées. George W. Bush est la personne Presse, Le Petit Quotidien, le seul expliqué en bas de page. Des défi- Ce qui n’empêche pas d’expli- en costume gris. a La petite République de Nauru, quotidien d’actualité destiné aux nitions très simples sont ainsi pro- quer qu’« il y a de moins en moins Contrairement à ce qui s’est dans le Pacifique sud, hébergera enfants de 6 à 9 ans, veut expli- posées pour donner un sens exact de chances de retrouver des survi- passé lors du récent procès de les 520 clandestins afghans quer pour mieux dédramatiser. à « débris », « portés disparus », vants » dans les ruines des tours. l’instituteur pédophile Jacky Kai- refoulés par l’Australie sur son sol Depuis les attaques terroristes qui « terroriste », « attentat », ou enco- Ni d’affirmer de façon on ne peut sermertz, où le traitement journa- lunaire hérissé de pics de corail, ont eu lieu le 11 septembre à Man- re « suspect ». plus claire : « C’est une guerre parti- listique avait divisé la rédaction autrefois riche en phosphate, hattan, ce titre consacre trois de culière. Ce n’est pas une guerre où et conduit à envoyer le journal dévasté par l’exploitation minière ses quatre pages aux attentats et à NE RIEN CACHER les soldats d’un pays se battent sous pli opaque, avec un avertisse- de gisements épuisés. leurs conséquences. Le numéro Les mots comme les photos contre les soldats d’un autre pays. ment destiné aux parents des spécial du mardi 18 septembre sont choisis avec attention. L’idée C’est une guerre entre les Etats-Unis jeunes lecteurs, l’éditeur – qui a Les Thaïlandais se sont rués sur revient ainsi sur « cinq est clairement de traduire les dépê- et un ennemi invisible : les terroris- publie également pour les l’or après le drame, « comme questions/réponses pour compren- ches dans un langage compréhen- tes qui ont attaqué les Etats-Unis enfants plus âgés Mon Quotidien jamais depuis la guerre du Golfe », dre ». Que se passe-t-il dans les sible pour une cour de récréation. mardi dernier. Les Américains doi- et L’Actu – ne cache rien. Là, les rapportent les négociants du ruines des tours ? Où en est l’en- Le ton se veut pédagogique, sans vent savoir exactement qui sont ces journalistes sont allés écouter, quartier chinois de Bangkok. quête ? Est-ce la guerre ? Com- être ni alarmiste ni traumatisant. terroristes et où ils se trouvent avant souvent dans les classes, les ques- ment les Etats-Unis vont-ils com- plifiée montre ainsi « l’Afghanis- Le mot « guerre » n’est employé de les attaquer. » tions que se posent les enfants. a La rescapée serbe Ljiljana battre leurs ennemis ? Que va fai- tan, un pays où se cache peut-être que quatre fois dans ce numéro En « une », la photo du prési- Des interrogations qui ne sont Zivkovic, employée d’une banque re la France ? Tout est très didacti- Oussama Ben Laden (…), cet hom- spécial. Les photos ne montrent dent des Etats-Unis, qui rend visi- d’ailleurs pas très éloignées de dans l’une des tours jumelles, que : une carte géographique sim- me très riche qui est accusé d’être pas de cadavres ni de sang. Les te aux pompiers en pleine action celles des adultes. raconte : « J’ai survécu aux Les autres titres d’actualité de la bombardements contre la presse pour enfants sont sur le Yougoslavie en 1999, cette fois DANS LA PRESSE attentats meurtriers qui ont eu lieu ter dès cette semaine affecterait les donner des leçons à ses alliés tant même registre. Estimant qu’ils ont encore je ne pensais qu’à me en France en 1995 n’a toujours pas libertés individuelles et le maintien qu’elle n’aura pas durci sa propre déjà vu beaucoup d’images très sauver. » RTL été extradé par les Britanniques. de l’ordre. Il ne faut pas l’approuver législation (…). Si conspirer pour dures à la télévision, L’Hebdo des Alain Duhamel Cela ne saurait suffire. Europol man- à la hâte mais rechercher un résultat commettre des actes de terrorisme juniors – coédité par Télérama et a Le miracle de la liquéfaction du a Jusqu’ici, l’Europe a toujours pro- que de moyens, d’informations et équilibré, en particulier sur les pro- à l’étranger est devenu un délit, l’en- Fleurus Presse – cherche à impli- sang de saint Janvier, signe de gressé sous le choc des grands évé- de la possibilité d’engager des positions qui empiètent sur nos courager chez nous ne l’est pas. La quer les adolescents, pour qu’ils félicité, qui a eu lieu pour la nements. Ce fut le cas avec l’effon- enquêtes de sa propre initiative. libertés traditionnelles (…). Un arti- loi sur les droits de l’homme rend ne gardent surtout pas le silence. première fois cette année en drement du Mur de Berlin, la réunifi- C’est une absurdité. cle semble aller trop loin en autori- plus facile de contester ces nou- Les Clés de l’actualité junior, édi- présence du consul américain de cation allemande ou la guerre du sant la détention illimitée et la veaux textes. Elle a déjà été utilisée tées par Milan Presse, donnent la Naples, était particulièrement Golfe. Devant l’énormité de l’agres- THE WASHINGTON POST déportation d’étrangers si l’attorney pour bloquer l’extradition de sus- parole, dans un numéro spécial attendu par la ville dévote, sion terroriste, un bond en avant de (Etats-Unis) general certifie qu’ils pourraient pects vers les Etats-Unis. Les extré- daté du 18 septembre, à une ving- durement touchée le week-end la coopération judiciaire et policière a L’administration a rédigé à la « commettre, favoriser ou aider » des mistes font l’éloge du terrorisme taine d’enfants, âgés de 8 à 12 ans, dernier par des intempéries. constitue la réponse européenne la hâte une législation qui renforcerait actions terroristes ou « participer à dans des mosquées. De peur d’être qui se demandent notamment si plus logique. Cela signifie bien encore les pouvoirs déjà considéra- toute action qui pourrait menacer la taxée de racisme, la police n’ose pas un tel scénario peut arriver en a Tout est réduit en poussière entendu que le mandat d’arrêt euro- bles pour lutter contre le terrorisme. sécurité nationale ». Ce n’est pas les arrêter pour incitation à la violen- France, pourquoi les Etats-Unis se dans les ruines du World Trade péen soit enfin mis sur pied. C’est la Certaines propositions paraissent bien. ce (…). Nous ne serons jamais pris croyaient invincibles ou, tout sim- Center – meubles, matériel de moindre des choses puisque les ter- raisonnables mais il n’est pas clair au sérieux, par nos alliés comme plement, « pourquoi on tue des bureau, téléphones, ordinateurs… roristes sont des bénéficiaires des que les autres soient nécessaires ou THE TIMES par les terroristes, tant que le triom- gens »… « Alors si nous pouvons récupérer lenteurs bureaucratiques et que, par constitutionnelles. Ce projet que l’at- (Londres) phalisme fanatique continuera d’en- un corps, c’est bien », estime Paul exemple, un des responsables des torney general voudrait voir adop- a La Grande-Bretagne ne pourra vahir nos ondes. Nicole Vulser Ferro, chef adjoint du bataillon 41 du Fire Department de New York City. www.allmylifeforsale.com, www.temporama.com SUR LA TOILE a Les secouristes exténués AUTRICHE peuvent se rafraîchir au Hanoï a La célèbre maison de vente aux Hilton, buvette ouverte par des Un photographe parcourt l’Amérique sur la piste de ses objets personnels vendus aux enchères enchères viennoise Dorotheum, vétérans du Vietnam près des créée en 1707 par l’empereur décombres fumants du World TOUT QUITTER, partir à l’aven- ment venir frapper à ma porte, ici Joseph Ier, a été rachetée pour Trade Center. ture sur les routes, découvrir l’Amé- en Virginie. Dis-moi quelle est ta 73 millions d’euros par la société rique profonde au petit bonheur boisson préférée, je ferai des réser- de commerce électronique autri- a Les femmes n’ont pas été en rencontrant chaque jour de nou- ves pour fêter ton arrivée »… chienne OneTwoSold. – (AFP.) autorisées à présenter, jeudi veaux amis… John Freyers, un pho- « Viens nous voir à Murfreesboro, 13 septembre, leurs doléances au tographe new-yorkais de vingt- Tennessee, moi et ma copine. Nous VIRUS PLANÉTAIRE président Olusegun Obasanjo en huit ans installé à Iowa City, a trou- boirons du café dans tes vieilles tas- a « W32-Nimda », le nouveau virus visite au Zamfara : « Mais les vé un moyen inédit de réaliser cet ses, qui maintenant sont à moi. » qui se répand à grande vitesse sur hommes pourront le faire à leur éternel rêve américain. Première Au fil des mois, John trace ainsi Internet depuis le 17 septembre, place », assurent les autorités étape : se débarrasser de tout ce sur une carte murale de l’Amérique appartient à la même famille que islamistes de l’Etat nigérian. qu’il possède. Un jour d’octobre l’itinéraire de son futur voyage. Le les virus Code Red et Code Blue, 2000, John s’enferme dans sa mai- 23 août 2001, il quitte enfin Iowa qui ont provoqué des dégâts impor- a « Il suffirait que chaque son, dresse l’inventaire des objets City au volant de sa Honda, pour tants en juillet et août, mais il est restaurant en Chine en tue une de qui s’y trouvent – y compris ses aller rencontrer sa « première nou- plus puissant. Il s’attaque aux ordi- moins par jour », ont calculé les sous-vêtements usagés, ses outils velle amie » : Kim, qui habite Saint- nateurs utilisant un système d’ex- paysans de Gulao, près de cassés et ses notes d’électricité Paul, dans le Minnesota. Puis ce ploitation Windows de Microsoft. Il Chongqing, avant de réclamer impayées – et met le tout en vente sera Chicago, la Nouvelle-Angleter- circule à la fois dans des fichiers 200 000 grenouilles pour lutter sur le site d’enchères e-Bay. Il ne re, New York… Pour la suite, il attachés à un e-mail (souvent intitu- contre une nuée de criquets qui gardera que sa vieille Honda Civic hésite : peut-être le Sud, ou la côte lés README.EXE) et dans les don- s’est abattue sur leurs champs. et quelques ustensiles de voyage… ouest… Depuis trois semaines, John nées téléchargées à partir de sites En même temps, il crée son propre tient un carnet de route publié sur Web infectés. Son code contient la a « Je dois ramper pendant des site où il publie un catalogue de un nouveau site, Temporama. Tout mention « copyright China 2001 », heures, ce rôle est physiquement et ses objets préférés, puis demande coup de messages humoristiques raient de le recevoir chez eux, car se passe bien, il est reçu partout à mais il pourrait s’agir d’une fausse psychologiquement épuisant », à ses clients de lui envoyer un ou amicaux : « Quand ma femme a il souhaite voir comment ses bras ouverts. Pour aller au bout de piste. La première alerte officielle rapporte l’acteur moscovite e-mail, pour nouer le contact… vu que j’avais acheté une boîte de anciens objets familiers s’adaptent son aventure, il veut à présent ven- de l’existence de Nimda provient de Evgueni Mironov, qui joue le Très vite, des internautes de choucroute pour 11 dollars, elle a à leur nouvel environnement… Il dre sa voiture et ce qu’elle contient. Norvège, mais il a été repéré pres- cloporte dans un film tiré de La tous les Etats-Unis décident cru que j’étais devenu fou. En plus, reçoit aussitôt des dizaines de Il a déjà revendu l’adresse Internet que aussitôt sur tous les continents. Métamorphose de Franz Kafka. d’aider John en achetant un peu je n’aime pas la choucroute… » propositions d’hébergement : de son premier site. En Europe, le portail financier de la n’importe quoi, à des prix pas tou- John décide alors de demander à « J’ai acheté ton couteau suisse uni- poste suisse a dû fermer temporai- Chritsian Colombani jours raisonnables. Il reçoit beau- ses correspondants s’ils accepte- quement pour voir si tu allais vrai- Yves Eudes rement. – (AP, Reuters, AFP.) F par Abonnez-vous au pour seulement 173 mois Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex par Dominique Dhombres F a Compétition d’enfer Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 173 (26,37 ) par mois par prélèvement automatique. ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : PATRICK POIVRE D’ARVOR les amateurs de lapsus freudiens, le se sont livrés sous nos yeux, mer- Adresse : et David Pujadas sont rentrés des PPDA en a commis un joli, mardi credi soir, Jacques Chirac et Lionel Code postal : Localité : Etats-Unis. Ils étaient partis en soir, lorsqu’il a affirmé d’emblée Jospin. Le président de la Républi- Offre valable jusqu’au 31/12/2001 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 101MQPA1 même temps pour produire exacte- que c’est à New York qu’il fallait que avait l’avantage du terrain. Il ment autant d’éditions spéciales être ce soir-là, pour « témoigner », était à New York, à Union Square, Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR ORGANISME CRÉANCIER : LE MONDE (deux : lundi et mardi) des jour- alors que la plupart des sujets qui devant un amoncellement de N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 J'autorise l'établissement teneur de naux télévisés du soir. Un marqua- ont suivi, et qu’il présentait en con- fleurs. Peu de temps auparavant, il mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER ge à la culotte digne de figurer séquence, venaient de Washington était au côté de Rudolph Giuliani, le les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... dans une anthologie du sport télévi- ou du reste des Etats-Unis. L’action, courageux maire de New York, au journal Le Monde. Prénom ...... suel. Les protagonistes de cette mardi soir, s’était déplacée dans la auquel il parlait en anglais «du N° ...... rue ...... compétition d’enfer sont très diffé- capitale fédérale. Pujadas l’avait fond du cœur » (« from the bottom Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville ...... …...... ment ou d’interrompre mon abonnement à rents. Bref rappel des faits : à TF1, bien senti, qui avait transporté son of my heart », en anglais chiraques- tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT au journal télévisé, PPDA bat tous plateau de New York à Washing- que, une expression incorrecte et DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) les records de longévité. Il a vu naî- ton. Est-ce pour cette raison, ou à même absurde, mais le cœur y Date :...... tre, culminer puis s’estomper la cause du décalage horaire, ou parce était). Dur défi à relever pour Jos- Signature : ...... popularité de sa marionnette aux que le soleil était décidément trop pin. Heureusement, si j’ose dire, N° ...... rue ...... Guignols de l’info de Canal+. vif que PPDA avait un œil à moitié qu’il y avait, le même jour, la céré- Code postal Ville ...... PPDA est toujours là, sa marionnet- fermé pendant une bonne partie du monie organisée par l’association te ne fait plus rire grand monde. JT ? SOS-Attentats en mémoire mêlée IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB C’est dire la durée et le succès de Je suis méchant ? Sans doute, et des victimes de New York et des d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- l’intéressé. Plus petit, plus vif, plus je le regrette déjà. Mais je ne peux 170 morts du vol UTA au-dessus de tion. Il y en a un dans votre chéquier. incisif aussi, aussi brun que l’autre pas m’empêcher de noter une autre l’Afrique, il y a douze ans. La gerbe Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : est blond, David Pujadas, venu de compétition d’enfer, qui apparais- parisienne et tricolore de Jospin res- Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. LCI, est depuis le 3 septembre le sait de façon presque caricaturale semblait comme une sœur à celle Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 803 022 021 (0,99FTTC/min) présentateur du 20 heures de Fran- aux journaux télévisés d’hier soir. Je de Chirac à New York. Pendant les “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 ce 2. Constater qu’ils sont en con- veux parler de la course-à-la-gerbe- attentats, la campagne présidentiel- Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 currence relève de l’évidence. Pour en-hommage-aux-victimes à laquel- le reste ouverte. RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / 35 JEUDI 20 SEPTEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 20.30 Quand les Etats-Unis 20.10 Bach. Enregistré en 1989. 16.00 Une étoile est née aaa TÉLÉVISION ARTE Suite n˚3 en ré majeur BWV 1068 George Cukor (Etats-Unis, 1954, jouent la carte chinoise. o et suite n 21.00 et 23.00, 0.20 Thema : [2/2]. L'otage 4 en ré majeur BWV 1069. 150 min). TCM 19.00 Voyages, voyages. Par l'Amsterdam Baroque Orchestra, de Tiananmen. La Chaîne Histoire 17.15 Bandido aa TF 1 Soirée spéciale Afghanistan. dir. Ton Koopman. Mezzo 19.45 Météo, Arte info. Richard Fleischer (Etats-Unis, 20.15 Reportage. Questions afghanes. Invités : Alexandre Adler, Willi Steul ; 21.00 Les Plus Belles Routes du monde. 21.00 Prokofiev. & 18.15 et 0.30 Exclusif. Venise, la route du verre 1956, 90 min) . Cinéfaz Bernard-Henri Lévy. Arte Symphonie n˚1 en ré majeur op. 25 aa 18.50 Le Bigdil. 20.45 Thema. et du miroir. Voyage o 18.45 Beau-père Forum dite « classique » et Concerto n 1 Soirée spéciale Afghanistan. 22.00 Peindre l'abstrait. Bertrand Blier (France, 1981, 19.48 Star Academy. 21.00 Voice of Firestone. pour violon en ré majeur op. 19. 20.45 Le Dessous des cartes. 120 min) ?. Cinéfaz 23.00 La restauration Lisa della Casa in opera. Muzzik Avec Vadim Repin, violon. 19.52 Vivre com ça. Mer Caspienne - Le grand jeu (4) : aaa Les talibans. 21.00 et 23.00, 0.20 Débat. des tableaux. Forum 21.30 Thema. Par l'Orchestre symphonique d'Etat 19.00 Pandora 20.00 Journal, Le Résultat Albert Lewin (Etats-Unis, 1951, 21.30 Massoud, l'Afghan. 23.10 Débats en région. Massoud, l'Afghan. Arte de Russie, dir. Evgeni Svetlanov. Mezzo des courses, Météo. v.o., 120 min) &. Cinétoile 23.30 Au cœur de la terreur. Attentats, l’onde de choc. 21.05 Splendeurs naturelles de l'Afrique. 22.30 Bach. Concerto pour violon BWV 1042 20.45 Star Academy. L'Afghanistan des talibans. et Magnificat BWV 243. 20.30 Douze hommes en colère aa Treize débats simultanés dans [5/12]. Mythes et légendes. TV 5 20.50 Julie Lescaut. les rédactions régionales. France 3 Enregistré en 1984. Sidney Lumet (Etats-Unis, Arrêt de travail. 21.30 Au fil du fleuve Paraguay. Planète Avec Anne-Sophie Mutter, violon ; 1957, 100 min). Festival M6 22.40 La Peur au ventre. 22.00 Saveurs du monde. Judith Blegen, soprano ; ? MAGAZINES Helga Müller Molinari, alto ; Téléfilm. Sidney J. Furie . 18.54 C Koa le mobile ? La Thaïlande. Voyage 1.00 TF 1 Nuit, Météo. 18.55 Le Caméléon. Confrontations &. 18.30 L’Invité de PLS. Francisco Araiza, ténor ; 22.05 Biographie. Robert Hall, basse. Par l'Orchestre 19.54 Le Six Minutes, Météo. Invitée : Michèle Alliot-Marie. LCI Gudérian. La Chaîne Histoire philharmonique de Berlin 20.05 Madame est servie &. 20.55 Envoyé spécial. et le RIAS Chamber Choir, FRANCE 2 22.15 Le Singe dans le miroir. Odyssée 20.39 Un jour à part. Poisson : dans les secrets d'une filière. dir. Herbert von Karajan. Mezzo & 22.25 Les Dessous de la lambada. Planète 18.30 Friends . Un été à Bataville ; Les filières islamistes. 23.00 McCoy Tyner à Montréal. Muzzik 20.40 Caméra Café, La famine en Afghanistan. Portraits 22.40 Steve McQueen, le rebelle 19.00 On a tout essayé. Décrochages info. d’Américains et de rescapés. France 2 19.50 Un gars, une fille. tranquille. Canal Jimmy 20.50 Popstars. TÉLÉFILMS 20.00 Journal, Question ouverte. 23.10 Campus, le magazine de l'écrit. 22.50 L'Actors Studio. 21.50 Ally McBeal. Emision spéciale en direct. Invité : Hubert Védrine. & Lauren Bacall. Paris Première 20.40 Commissariat Bastille. Sexe, mensonges et réflexions . La littérature peut-elle dire Jacques Malaterre. RTBF 1 20.45 Météo, Point route. 22.40 Où sont les hommes ? &. quelque chose sur le terrorisme ? 22.50 L'Invincible Armada. [2/3]. Histoire 20.55 Pour l'amour d'Elena. 20.55 Envoyé spécial. 23.35 Wishmaster Invités : Jean d’Ormesson ; 23.30 Thema. Au cœur de la terreur. Maurice Frydland %. TMC 23.10 Campus, le magazine de l'écrit. Film. Robert Kurtzman ?. Michel Serres ; Jerome Charyn ; L'Afghanistan des talibans. Arte Paul Auster ; Edmund White ; 22.10 Dernier voyage à Chicago. 0.40 Journal, Météo. Atiq Rahimi ; Antoine Basebous ; 23.20 Lonely Planet. Delbert Mann. Festival RADIO Frédéric Encel ; L'Outback australien. Planète FRANCE 3 Jean-Paul Curnier. France 2 23.30 Les Bébés animaux. [1/4]. Odyssée SÉRIES aa 18.20 Questions FRANCE-CULTURE 23.40 La Grande Famine. [1/3]. Histoire 19.30 Vidocq. 20.45 Bandits, bandits DOCUMENTAIRES Terry Gilliam. Avec John Cleese, pour un champion. Le système du docteur Terrier. 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 20.30 Fiction 30. L'amour, une rencontre, MUSIQUE A vous de jouer, M. Vidocq. Festival Sean Connery, Ian Holm (GB, 1981, de Nina Bouraoui. 20.15 Reportage. v.o., 115 min) &. Cinéfaz 20.10 Tout le sport. Questions afghanes. Arte 20.50 Julie Lescaut. Arrêt de travail. TF 1 21.00 Le Gai Savoir. 20.35 et 23.30 Mozart. 20.45 Effraction 20.25 Tous égaux. Invité : Claude Combes. 20.30 Histoires d'avions. Les Russes Sonate pour piano en si majeur KV 281. 21.50 Ally McBeal. Sexe, mensonges et aa 20.55 Le Diamant du Nil a et la conquête de l'espace. Planète Daniel Barenboïm, piano. Mezzo réflexions. Où sont les hommes ? M6 avec préméditation 22.10 Multipistes. Louis Malle (Etats-Unis, 1984, Film. Lewis Teague &. ème 22.30 Surpris par la nuit. 95 min). 13 Rue 22.45 Météo, Soir 3. 0.05 Du jour au lendemain. 20.50 Le Petit Homme aa 23.10 Les Dossiers de France 3. Claire Béchet (Entre parenthèses). Jodie Foster (Etats-Unis, 1991, 0.15 Europeos. 0.40 Chanson dans la nuit. 95 min) &. Téva 20.45 Harry, un ami CANAL + FRANCE-MUSIQUES Arte M6 Paris Première qui vous veut du bien aa Dominik Moll (France, 2000, 16.15 En aparté. 20.00 Concert Euroradio. 20.45 Thema spéciale Afghanistan 20.50 Popstars 21.00 Les Grandes 117 min) &. Canal + 16.25 Football. Coupe de l'UEFA (1er tour). Par l'Orchestre symphonique aaa Match aller : FC Pribram - Sedan. de la Radio nationale danoise, Après la mort du commandant Mas- Début ce soir du nouveau pro- Manœuvres aaa 21.00 Les Grandes Manœuvres dir. Gerd Albrecht. Œuvres de Brahms. René Clair (France, 1955, f En clair jusqu'à 20.44 22.00 En attendant la nuit. soud et la série d’attentats perpé- gramme dit de « téléréalité » pro- On retrouve ici tout l’univers de 110 min). Paris Première 18.30 Les Simpson &. trés aux Etats-Unis, le 11 septem- posé sur M6, après « Loft Story ». René Clair. Mais cet univers, qui 22.15 Boulevard des passions aa 23.00 Jazz, suivez le thème. 18.55 + de cinéma. Ruby My Dear. bre, Arte annule sa « Thema » sur Adapté d’une émission qui a déjà fut léger, poétique, fantaisiste, Michael Curtiz (Etats-Unis, 19.30 Le Journal. 1949, 105 min) &. TCM 0.00 Extérieur nuit. 19.45 Le Zapping. la chasse et propose une soirée spé- connu un certain succès à travers s’est paré de gravité, d’amertume, 22.55 La Comédie de Dieu aa ciale Afghanistan avec des débats, le monde, « Popstars », produit et la comédie vire au drame. Utili- Joao César Monteiro 19.55 Les Guignols de l'info. RADIO CLASSIQUE un « Dessous des cartes » consacré par Expand, observe un groupe de sant pour la première fois la cou- (France - Portugal, 20.05 Burger Quiz. 1996, v.o., 165 min) %. Ciné Cinémas 3 20.45 Harry, un ami 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Ouverture de la saison de l'Orchestre aux talibans, et deux documentai- jeunes filles sélectionnées pour leur, le cinéaste a admirablement 23.45 Une île au soleil aa qui vous veut du bien a % de Paris. Le Martyre de saint Sébastien res, Massoud l’Afghan, de Christo- produire un disque. Des castings à opposé le pittoresque Belle Epo- Robert Rossen (Etats-Unis, 1957, Film. Dominik Moll . Mystère en cinq mansions, phe de Ponfilly (1998) sur le Lion du la sortie de l’album, en passant par que des apparences à la réalité v.o., 115 min) &. Ciné Cinémas 1 22.40 L'Autre Sœur par le Chœur et l'Orchestre de Paris, aa Film. G. Marshall &. Panshir, et Au cœur de la terre,de les répétitions. Tous les jeudis pen- sombre des passions et à la mesqui- 1.40 Lacenaire dir. Christoph Eschenbach. Francis Girod (France, 1990, 0.45 Les Maîtres du temps a 22.50 Les Rendez-vous du soir (suite). Sara Shah (2001). dant quatorze semaines. nerie d’une société provinciale. 120 min) %. Ciné Cinémas 1 Film. René Laloux. Œuvres de Haydn, Beethoven.

VENDREDI 21 SEPTEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 21.45 Oum Kalsoum, 20.20 The Nat « King » Cole Show 20. 13.25 L'Aventure inoubliable a TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE 22 octobre 1957. Muzzik Edward H Griffith (Etats-Unis, 1943, la voix de l'Orient. Planète & 21.00 Les Félins. Forum 21.00 Diane Schuur v.o., 90 min) . Cinétoile 15.05 Domus 5, c'est comment 21.50 La Grande Famine. TF 1 22.00 Bêtes de concours. Forum [2/3]. L'exil. Histoire & the Count Basie Orchestra. chez vous ? Le béton. 16.00 A la recherche de Saint-Exupéry. 23.00 Le Retour du loup. Forum 22.00 Sur la route. Concert. Muzzik 14.45 La Croisière maudite. Amazonie, la bibliothèque 21.50 Anthologie du jazz. Téléfilm. Tommy Lee Wallace [2/2]. 17.00 Les Refrains de la mémoire. du monde en feu. Voyage Massy, octobre 1996. Muzzik 16.30 Passions. Paris, tu m'as pris dans tes bras. MAGAZINES 17.30 100 % question. 22.15 Grand format. Le Juif Süss. 22.55 The Who. 17.20 Beverly Hills. 15.05 Domus 5, c'est comment Un film devenu crime. Arte Ile de Wight 1970. Canal Jimmy 18.15 Exclusif. 18.05 C dans l'air. chez vous ? Le béton. 22.55 Réfugié, un voyage 23.45 Tom Jones. 18.50 Le Bigdil. 18.57 Météo. Invité : Didier Gomez. La Cinquième Opéra de Philidor. Par l'orchestre 19.00 Tracks. Tribal : Nudistes activistes. pas comme les autres. Planète 19.45 Météo. Dream : The Cult. Vibration : Nigeria 18.05 C dans l'air. La Cinquième du théâtre de Drottningholm, 23.10 Morning Glory. Odyssée dir. Nicholas McGegan. Mezzo 19.48 et 20.45 Star Academy. Home Video. Backstage : Les enfants 19.00 Tracks. Tribal : Nudistes activistes. du Big Chill. Live : 311. Concert. Muzzik 19.52 Vivre com ça. Dream : The Cult. Vibration : Nigeria 23.35 Les Mystères de l'Histoire. 23.45 Carla Bley. La bombe nazie. La Chaîne Histoire 20.00 Journal, Météo. 19.45 Météo, Arte info. Home Video. Backstage : Les enfants 0.45 Wynton Marsalis à Montréal. 20.15 Reportage. Les Papys top models. du Big Chill. Live : 311. Arte 23.35 Les Aventuriers de l'altitude. Enregistré en 1982. Muzzik 20.50 Drôles de petits champions. 20.45 L'Ange gardien. 20.50 Thalassa. [6/6]. La chaine du Cederberg. Planète Divertissement. THÉÂTRE 23.10 Sans aucun doute. Téléfilm. Miguel Alexandre. Coup de filet en Sibérie. France 3 0.00 Etats-Unis. Route 66, 22.15 Grand format. Le Juif Süss. sur les trace d'un mythe. Voyage 21.00 Recto Verso. 22.50 De Sacha à Guitry. Un film devenu crime. Invité : Akhénaton. Paris Première 0.05 Histoires d'avions. Les Russes Mise en scène de Jean Piat. Festival FRANCE 2 Documentaire. Horst Königstein. 22.40 On ne peut pas plaire et la conquête de l'espace. Planète 14.50 La Fille seule aa & 23.59 La Chemise du serviteur 15.55 Mort suspecte . Film. Mani Kaul (v.o.). à tout le monde. France 3 0.35 Un regard sur la tradition TÉLÉFILMS Benoît Jacquot. Avec Virginie Ledoyen, 16.45 Un livre. Putain, de Nelly Arcan. 23.10 Sans aucun doute. TF 1 japonaise. La cuisine Kaiseki Benoît Magimel, Dominique Valadié 16.50 Des chiffres et des lettres. ou la faim de l'âme. Odyssée 17.30 La Fureur des anges. & M6 0.25 Ombre et lumière. Buzz Kulik. [2/2] &. Téva (France, 1995, 90 min) . TPS Star 17.20 Qui est qui ? aa & Invités : Louis Schweitzer ; SPORTS EN DIRECT 18.10 Dernier voyage à Chicago. 15.10 Merci la vie 18.00 Le Groupe. Charivari. 15.20 Demain à la une . Bettina Rheims. France 3 Delbert Mann. Festival Bertrand Blier (France, 1991, 16.10 Central Park West &. 115 min) &. Cinéfaz 18.30 Friends. 15.00 Tennis. Coupe Davis (demi-finale) : 18.40 La Vengeance au cœur. 19.00 On a tout essayé. 17.05 M comme musique. DOCUMENTAIRES 16.30 Douze hommes en colère aa & Pays-Bas - France. Bradford May &. CinéCinémas 20.00 Journal, Météo. 17.30 Mariés, deux enfants . Le deuxième simple. Pathé Sport Sidney Lumet (Etats-Unis, & 17.00 Les Refrains de la mémoire. 19.05 Le Parfum du succès. 1957, 100 min). Festival 20.50 Une soirée, deux polars. 17.55 Le Clown . [2/11]. Paris, tu m'as pris 15.15 Cyclisme. Tim Kelleher. Disney Channel La Crim'. Trans-Europe-Express. 18.55 Le Caméléon &. e 16.45 Si Versailles m'était conté aa dans tes bras. La Cinquième Tour d'Espagne (13 étape) : 20.30 Les Bâtisseurs d'eau. 21.45 Central Nuit. 19.54 Le Six Minutes, Météo. Andorre - Port Aventura. Eurosport Sacha Guitry (France, 1953, % 17.05 Le Zoo, toute une aventure. François Labonté. [2/2]. Festival 170 min) &. Histoire La petite fille dans le placard . 20.05 Madame est servie. A la criée &. Zurich. Monte-Carlo TMC 17.45 et 20.00 Basket-ball. 20.45 L'Ange gardien. 22.45 New York 911. Œil pour œil %. 20.40 Caméra Café, Décrochages info. Euro féminin 2001 (tour final). Miguel Alexandre. Arte 23.45 A la Maison Blanche. % 17.05 Les Grandes Batailles. Quarts de finale. Pathé Sport 20.50 Scarabée. Téléfilm. William Mesa . Hastings 1066. La Chaîne Histoire 20.50 Scarabée. Mensonges et statistiques. 22.40 Profiler. Copie conforme %. 20.45 Football. Championnat D 1. William Mesa %. M6 0.30 Journal, Météo. 23.35 A l'image des maîtres %. 17.20 Le Musée du Prado. Paris-SG - Montpellier. Canal + Zurbaran et Murillo, 20.55 Les Maîtres du pain. 0.35 Burning Zone, menace l'âme de Séville. Odyssée DANSE Hervé Baslé. [1/3] %. TMC FRANCE 3 imminente. Retour des ténèbres %. 17.20 Au-delà des mers, 15.30 Keno. l'héritage portugais. 21.00 Roméo et Juliette. SÉRIES Chorégraphie de Rudolf Noureev. 15.35 C'est mon choix. RADIO [3/5]. Religions. Planète 17.20 Beverly Hills. 17.35 Les Légendes marines. Musique de Serge Prokofiev. 16.25 et 22.15 Les Jours euros. Enregistré en 1995. Les rencontres du hasard. TF 1 16.30 MNK. [10/13]. Les hommes Avec Monique Loudières (Juliette), FRANCE-CULTURE du grand rocher. Monte-Carlo TMC 17.30 Mariés, deux enfants. 17.35 A toi l'actu@. Manuel Legris (Roméo), Au travail les enfants &. M6 20.30 Black and blue. En jazz, le passé 18.00 Histoires secrètes. Charles Jude (Tybalt), 17.50 C'est pas sorcier. L'automne. 18.30 Les Simpson. n'a-t-il plus aucun avenir ? Sang contaminé. La Chaîne Histoire Nicolas Le Riche (Mercutio), & 18.15 Un livre, un jour. Le Ventre Wilfried Romoli (Benvolio), Homer et sa bande . Canal + 21.30 Cultures d'Islam. 18.05 Provence. Les traditions. Odyssée du président, de Cookie Allez. La question de l'islam dans les Balkans. José Martinez (Pâris), 18.55 Le Caméléon. 18.20 Questions pour un champion. 18.30 Taxi pour l'Amérique. Karin Averty (Rosaline), Ligne de vie &. M6 22.10 Multipistes. 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. La Bolivie. Voyage Clothilde Vayer (lady Capulet). 19.10 La Vie à cinq. Dérapages &. Téva 22.30 Surpris par la nuit. Une pierre Avec l'Orchestre de l'Opéra National 20.10 Tout le sport. En direct. musicale pour Victor Segalen. 18.30 Un siècle de musique d'orchestre. 20.00 Vidocq. 17.40 Stranger on the Third Floor a [6/7]. Après la guerre. Mezzo de Paris, dir. Vello Pähn. Mezzo 20.20 Tous égaux. 0.05 Du jour au lendemain. Le chapeau de l'Empereur. Festival Boris Ingster. Avec Peter Lorre, 19.00 Biographie. Arafat, du terroriste John McGuire (Etats-Unis, 1940, 20.50 Thalassa. Coup de filet en Sibérie. Lorette Nobécourt (Substance). MUSIQUE 20.00 Les Anges du bonheur. v.o., 65 min) &. Ciné Classics au pacificateur. La Chaîne Histoire & Pêche au puits. La brigade. La pêcherie Le fils indigne . Téva a de Noviport. Retour vers le shoum. 19.00 Pilot Guides. 17.45 et 20.35, 23.30 Brahms. 18.00 L'Arbre de vie FRANCE-MUSIQUES 20.50 Sex and the City. Edward Dmytryk (Etats-Unis, 22.17 Météo, Soir 3. L'Afrique de l'Ouest. Voyage Chant tzigane opus 103 n˚1. % Abstinences (v.o.) . 1957, 165 min). TCM 22.40 On ne peut pas plaire 20.00 Concert franco-allemand. 20.00 Le Singe dans le miroir. Odyssée Avec Christa Ludwig, mezzo-soprano ; Avoir la foi (v.o.). %. Téva aaa Par le Quatuor de cors de Leipzig et Leonard Bernstein, piano. Mezzo 20.30 L'Arnaqueur à tout le monde. l'Orchestre symphonique de la MDR, 20.00 Shanghaï, 20.50 La Crim'. Robert Rossen (Etats-Unis, 1961, 18.20 Joan Sutherland en concert. Trans-Europe-Express. France 2 & 0.25 Ombre et lumière. dir. Fabio Luisi : Oyama pour grand les nouveaux Chinois. Voyage v.o., 135 min) . Ciné Classics orchestre, de Darbellay ; Konzertstücke Toronto, 1968. Muzzik aa 20.15 Reportage. Papys top models. Arte 21.45 Central nuit. La petite fille 20.45 Au-delà du Missouri pour quatre cors et orchestre op. 86, 19.30 Classic Archive. dans le placard. %. France 2 William Wellman (Etats-Unis, CANAL + de R. Schumann ; Symphonie n˚2 Odyssée Enregistré en 1965, 1958 et 1961. ème 20.50 Montand, le film. 23.30 Lexx. Lyekka %. 13 RUE 1951, 85 min). TCM op. 73, de Brahms. Avec David Oïstrakh, violon ; aa 16.05 Midnight +. Série noire pour ensemble, 21.00 L'Invincible Armada. 21.00 Beau-père e 22.30 Alla Breve. Mstislav Rostropovitch ; 0.15 New York District. 17.00 Golf. Trophée Lancôme (2 journée). de Mantovani, dir. Patrick Davin [3/3]. La débâcle. Histoire Igor Oïstrakh, violon. Mezzo Moriarty (v.o.). 13ème RUE Bertrand Blier (France, 1981, 120 min) ?. Cinéfaz f En clair jusqu'à 20.05 (rediff.). 21.00 Islande, 19.45 The Nat « King » Cole Show 19. 0.55 Chapeau melon et bottes de cuir. aa &. 22.45 Jazz-club. Au Duc des Lombards. le domaine des dieux. Voyage 15 octobre 1957. Muzzik Caméra meurtre. Série Club 21.00 Coup de torchon 18.30 Les Simpson Bertrand Tavernier (France, 1981, 18.55 + de cinéma . 125 min) %. Ciné Cinémas 2 RADIO CLASSIQUE aa 19.30 Le Journal . 22.35 La Fille seule 19.45 Le Zapping . Benoît Jacquot (France, 1995, 20.00 Les Rendez-Vous du soir. 90 min) &. Cinéstar 1 19.55 Les Guignols de l'info . Sextuor pour piano et cordes en mi bémol majeur, de Glinka, 22.35 Contre-enquête aa 20.05 Football. Championnat de France D 1. Paris-SG - Montpellier. par l'Ensemble Capricorn. Sidney Lumet (Etats-Unis, 1990, 20.30 XXIIe festival d'Ambronay. Ciné Classics France 2 Arte v.o., 130 min) &. Cinéstar 2 Au parc des Princes à Paris. 20.45 Coup d’envoi. Par l'Orchestre Anima Eterna, 23.05 Lacenaire aa dir. Jos Van Immerseel. Œuvres 17.40 Stranger 21.45 Central Nuit 22.15 « Le Juif Süss », Francis Girod (France, 1990, 23.00 Personne n'est parfait(e) de Mozart. Film. Joel Schumacher %. on the Third Floor a La case « Une soirée, deux polars » un film devenu crime 125 min) %. Ciné Cinémas 2 22.30 Les Rendez-vous du soir (suite). 0.45 La Légende Un journaliste (Peter Lorre), témoin s’enrichit d’une nouvelle venue : Le réalisateur allemand Horst König- 0.15 Symphonie magique aa Charlie Chaplin (n˚2). Œuvres Andrew L Stone (Etats-Unis, 1943, du pianiste sur l'océan de Chaplin, Eisler, Schoenberg, à charge dans un procès qui se ter- « Central Nuit ». Ecrite par Bernard stein s’interroge, à travers son docu- v.o., 80 min) &. Ciné Classics Film. Giuseppe Tornatore &. Milhaud, Koechlin. mine par la condamnation à mort Marié et par deux anciens fonction- drame, « Le Juif Süss », un film deve- 0.45 Promenades d'été aa de l’accusé, se retrouve, lui-même, naires de police devenus scénaris- nu crime, sur la question : peut-on René Féret (France, 1991, 85 min) &. Cinéstar 2 SIGNIFICATION DES SYMBOLES jugé et convaincu d’un meurtre tes, Mathieu Fabiani et Olivier Mar- considérer un film comme un crime ? 0.45 Frankenstein aa Les codes du CSA Les cotes des films similaire. Ce conte noir, réalisé par chal (acteur dans « Police District » Il revient sur le procès intenté en Kenneth Branagh (Etats-Unis, 1994, & aaa On peut voir ? Tous publics Boris Ingster en 1940, dont les éclai- et dans « Quai no 1 »), cette série 1949 contre Veit Harlen, réalisateur v.o., 120 min) . Ciné Cinémas 1 % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer aa ? aaa rages et la mise en scène sont inspi- s’attache au quotidien d’une équi- du Juif Süss, œuvre très librement 1.35 La Belle Image Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique Claude Heymann (France, 1951, ? Les symboles spéciaux de Canal + & ou interdit aux moins de 12 ans rés de l’expressionnisme allemand, pe de nuit autour d’un chef charis- adaptée du livre de Wilhelm Hauff et 100 min) . Ciné Classics ! Public adulte DD Dernière diffusion se montre féroce envers la police et matique, flic solitaire et humain, devenue, sous le IIIe Reich, l’un des 2.35 Le Temps retrouvé aa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Raoul Ruiz (Fr. - It. - Port., # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants la justice américaines. En v.o. interprété par Michel Creton. fers de lance de la propagande nazie. 1999, 155 min) &. Ciné Cinémas 3 36

VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 Professeurs et érudits Maroc : Mohammed VI procède à un changement par Pierre Georges surprise à la tête du ministère de l’intérieur COMME parfois il arrive, au Plus encore qu’un beau risque de mixer les idées pour métier, ce sera un nécessaire n’en faire que de la bouillie, un métier que celui des professeurs Le nouveau ministre devra préparer les législatives de 2002 rapprochement entre deux infor- appelés aujourd’hui et demain à mations dans Le Monde, hier. expliquer, mieux, toujours plus C’EST par un communiqué aussi resté une vingtaine d’années à son de Driss Basri s’est révélé un homme Driss Jettou était aussi le représen- La première était d’importan- et inlassablement le monde et bref que laconique de l’agence de poste). L’homme était cependant irascible, rongé par le diabète. A plu- tant de la famille royale au sein de ce, même masquée et reléguée l’idée que l’on peut se faire de presse officielle, la MAP, diffusé mer- très critiqué pour sa gestion sieurs reprises, il s’était laissé aller à l’ONA, un conglomérat qui, avec au second plan par ce qui nous l’homme aux générations à credi 19 septembre en fin de mati- brouillonne et souvent contre-pro- des coups de sang qui lui ont valu en une vingtaine de sociétés cotées préoccupe tous. Le ministère de venir. L’humanisme ne doit pas née, que les Marocains ont appris ductive de dossiers sensibles. Avec particulier de se mettre à dos la dans son giron, représente à lui seul l’éducation nationale, en Fran- lui non plus manquer de bras l’arrivée à la tête du ministère de l’in- l’Algérie, les relations ne se sont guè- presse. plus de la moitié de la capitalisation ce, confronté à un problème de autant que de têtes. Alors, térieur – à moins d’un an des élec- re améliorées depuis 1999, tandis boursière du royaume. relève, vient, en quelque sorte, comme dirait un recteur recru- tions législatives – d’un « technocra- qu’elles se sont dégradées avec une PROFIL DE TECHNOCRATE Homme affable et courtois, Driss de publier une manière d’offre teur, jeunes filles, jeunes gens, te » proche du roi, Driss Jettou, Espagne qui, depuis quelques mois, Pour la première fois depuis près Jettou avait été chargé il y a quel- d’emplois géante. Recherche engagez-vous, rengagez-vous ! 56 ans, en remplacement d’Ahmed voit grossir les flux d’immigrants de quarante ans, le nouveau minis- ques mois par le roi de procéder à d’urgence 165 000 enseignants. Même si la solde est mince, El Midaoui, 53 ans, qui a été nommé clandestins venus des côtes marocai- tre n’est pas issu de l’appareil sécuri- un audit de Maroc Soir, groupe de Postes à pourvoir dans les cinq même si le métier est dur. conseiller du roi. nes. Le retard pris par l’administra- taire. Bardé de diplômes (sciences presse en mauvaise posture mais qui ans. Pour tous renseignements Les professeurs d’histoire Au Maroc, l’intérieur fait partie tion de l’intérieur dans la prépara- et gestion), certains décrochés à édite Le Matin du Sahara et du s’adresser Rue de Grenelle ! Et contemporaine de demain pour- des ministères dits « de souveraine- tion des élections législatives de l’étranger, chef d’entreprise avisé, Maghreb, le journal officieux du lisant cela, lisant aussi les proba- ront apprendre, au risque d’une té » – comme les affaires étrangè- 2002 était tout aussi sévèrement réputé fort riche, Driss Jettou a un Palais. Il avait également joué un bles difficultés de recrutement formation permanente, celle de res, la justice, les affaires religieu- jugé par certains proches du premier profil de technocrate, acquis depuis rôle d’intermédiaire discret et effica- du plus grand employeur de l’actualité en marche. Ils diront ses. Leurs titulaires sont choisis par ministre. son entrée au gouvernement en ce l’année passée en vue de la reparu- France, tant, paraît-il, la crise qu’au huitième jour de l’affaire le Palais, sans consultation avec le Ancien directeur de la sûreté natio- 1993, avec en charge le portefeuille tion de trois hebdomadaires censu- des vocations menace, on s’est tragique qui nous occupe, et chef du gouvernement, qui ne fait nale, M. Midaoui n’a pas changé la du commerce et de l’industrie. Assu- rés par le pouvoir pour avoir franchi surpris à rénover la vieille formu- alors qu’à New York le champ que prendre acte de la décision. Il culture du ministère de l’intérieur. ré de la confiance de Hassan II, il a des « lignes rouges » en critiquant le : ainsi donc la France ris- des ruines n’est plus qu’un n’en a pas été autrement cette fois, Le « nouveau concept d’autorité » été pendant cinq ans de tous les l’armée et la monarchie. que-t-elle de manquer, plus que grand cimetière désolé et terri- puisque le premier ministre, le promis par le roi Mohammed VI res- gouvernements avec des prérogati- L’arrivée de Driss Jettou à l’inté- de bras, de têtes. blement anonyme dans l’épar- socialiste Abderrahmane Youssou- te une expression vide de sens pour ves élargies. En 1998, il était minis- rieur, selon certains experts, est de Mais là n’était pas le rappro- pillement des vies et des corps, fi, n’a été prévenu que quelques la majorité de ses sujets. Pour tre des finances, du commerce et de nature à rehausser l’image d’une chement venu d’une autre infor- l’opération de riposte à ces abo- heures avant l’annonce officielle du d’autres – les militants des droits de l’artisanat. monarchie soucieuse de concerta- mation. A Kaboul depuis deux minations a trouvé son nom. remaniement. l’homme, les islamistes et des asso- La proximité que Driss Jettou avec tion. La préparation des élections jours maintenant une docte Des entrailles, si peu cicatrisées Aucune raison n’a été fournie par ciations de handicapés victimes de Hassan II a survécu au changement législatives permettra de jauger la assemblée d’oulémas, convo- du Pentagone, a surgi en effet le le Palais pour expliquer le brusque brutalités policières –, le « nouveau de monarque. Nommé début août à réalité du jugement. quée d’urgence par le mollah nom de code, universel dès l’ins- départ de M. Midaoui moins de concept » a un goût amer. la tête de l’Office chérifien des phos- Omar, émir et commandeur des tant que lancé. Les militaires deux années après sa nomination Bénéficiant d’un préjugé favora- phates (OCP), l’une des principales Stephan Smith croyants, examine, si l’on ose américains, et les politiques (son prédécesseur, Driss Basri, était ble lors de son arrivée, le successeur entreprises publiques du royaume, et Jean-Pierre Tuquoi dire, le cas Ben Laden. Ils sont avec eux, ont choisi. Ce sera un millier, pas de crise des voca- l’opération « Infinite Justice », tions donc, vont avoir à statuer « Justice sans limites ». Une et peuvent, tout aussi bien, lan- appellation dont on voit bien à cer un appel à la guerre sainte quel noble ressort elle obéit, car contre les mécréants. les Etats-Unis et d’autres pays Or un mot dans les dépêches a avec eux sont en droit de récla- retenu l’attention. Ces religieux, mer et de faire justice, mais ces théologiens musulmans sont dont on cerne mal les limites pré- dits aussi les « érudits de l’is- cises de ce « sans limites ». lam ». Et c’est là qu’intervient C’est ainsi. Les typhons se pré- l’association d’idées, ce vague nomment. Les guerres se nom- sentiment que le monde aurait ment. Déjà les bateaux appa- un peu moins besoin des exégè- reillent, les avions décollent. ses d’érudits fourvoyés et davan- Déjà de cette « justice » armée, tage nécessité des savoirs de la le glaive se lève. Mais sur qui et sagesse et de la tolérance. comment ? La journée « En ville sans ma voiture ! » est maintenue LE MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT a annoncé, mercredi 19 septembre dans la soirée, le maintien de la journée « En ville sans ma voiture ! » organisée samedi 22. Mais les villes participantes devront assurer son déroulement sans l’appui des forces de police et de gendarmerie, mobilisées par le plan Vigipirate. La décision faisait l’objet de discussions entre le ministère de l’environnement et celui de l’intérieur (Le Monde du 20 septembre). Mardi, la Mairie de Paris a annulé la manifestation, faute des moyens policiers suffisants. Mercre- di soir, plusieurs villes de la région parisienne comme Aubervilliers, Pantin, Le Pré-Saint-Gervais et Clichy-la-Garenne ont décidé d’annu- ler, ainsi qu’Audincourt (Doubs) et Niort (Deux-Sèvres). Lyon a finale- ment confirmé sa participation. Un millier de villes dans le monde doi- vent participer à cette journée lancée en 1998 par le ministère français de l’environnement. Taïwan obtient à son tour le feu vert pour entrer à l’OMC TAïWAN A FORMELLEMENT conclu, mardi 18 septembre, les négociations ouvrant la voie à son accession à l’Organisation mon- diale du commerce (OMC). Comme pour Pékin, le document d’adhé- sion de l’île nationaliste devra encore être avalisé en réunion pléniè- re par les 142 membres de l’organisation. Les deux pays pourront ensuite être admis au sein de l’OMC trente jours après la ratifica- tion des accords respectifs, vraisemblablement au début de 2002. Alors que les négociations avec Taïwan avaient été pratiquement achevées en 1999, il avait été convenu d’attendre la conclusion des discussions avec Pékin pour permettre à l’île nationaliste de se join- dre dans la foulée à l’organisation, sous le nom de Taïpeh chinois. – (Corresp.) DÉPÊCHE a LOTO : résultats des tirages no 75 effectués mercredi 19 septem- bre. Premier tirage : 3, 6, 12, 34, 35, 42 ; numéro complémentaire : 10. Pas de gagnants pour 6 numéros. Rapports pour 5 numéros et le com- plémentaire : 434 815 F (66 292 ¤) ; 5 numéros : 6 430 F (980 ¤) ; 4 numéros et le complémentaire : 268 F (40,85 ¤) ; 4 numéros : 134 F (20,42 ¤) ; 3 numéros et le complémentaire : 28 F (4,26 ¤) ; 3 numéros : 14 F (2,13 ¤). Second tirage : 10, 13, 29, 31, 32, 37 ; numéro complémen- taire : 2. Rapports pour 6 numé- ros : 11 719 165 F (1 786 730 ¤) ; 5 numéros et le complémentaire : 139 655 F (21 292 ¤) ; 5 numéros : 9 490 F (1 446 ¤) ; 4 numéros et le complémentaire : 344 F (52,44 ¤) ; 4 numéros : 172 F (26,22 ¤) ; 3 numéros et le complémentaire : 32 F (4,87 ¤) ; 3 numéros : 16 F (2,43 ¤).

Tirage du Monde daté jeudi 20 septem- bre 2001 : 574 481 exemplaires. 1-3 Nos abonnés trouveront associé au numéro d’aujourd’hui notre supplément Styles Femmes. VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001

DOSSIER PAUL Littérature du chaos OTCHAKOVSKY- avec Jean Grégor, LAURENS Philippe Hermann, page VIII Yannick Haenel, Doris Lessing et Iegor Gran page II CATHERINE LÉPRONT J. M. COETZEE RUDYARD KIPLING HEIDEGGER EN FRANCE page III page IV page VI page IX L’étoffe des souvenirs

A l’entendre parler, avec ses dont le héros, Khalil, un jeune chii- thousiasmant pour une langue, si vont devenir un troisième sexe. Un mains qui dansent et ses yeux te, très beau, homosexuel, est len- Voilà près de douze ans vieille et si neuve à la fois, qui a mélange de moi et des hommes », d’aube pâle, on croirait pour de tement happé par la spirale de la « la faculté inouïe de rebondir d’un suggère-t-elle. bon qu’elle déteste Beyrouth. La violence et se métamorphose, au que Hoda Barakat a siècle à l’autre », sans se faner et Avant de revenir aux villes, qui « haine immense » est là, comme fil de ses angoisses et de ses désirs, sans vieillir. sont, dit-elle, « comme les gens ». elle dit, de la guerre et de sa comé- en viril seigneur de la guerre. quitté Beyrouth. Pour « Le souci des musulmans, pour Entre Rome ou Paris, ces villes die, des miliciens et des martyrs. Ce Beyrouth où elle est née, en qui l’arabe est la langue du sacré, « arrogantes », qui « accumulent » l y a des posters sur les « Je suis une mauvaise perdante », 1952, et où elle a grandi, écolière autant la romancière n’existe pas pour moi », ajoute leur patrimoine et leurs richesses murs : le visage de Van Gogh et chez les sœurs puis étu- libanaise ne cesse d’y Hoda Barakat. « C’est une langue et ces autres comme Beyrouth, Icelui de Mahomet, dessiné par diante en lettres à l’uni- presque trop riche », s’amu- « qui en ont assez et se détruisent », Khalil Gibran. A côté, un tapis aux Catherine Simon versité, ce Beyrouth se-t-elle, précisant qu’il existe, en il y a un abîme. De New York, où couleurs denses, avec des silhouet- disparu, Hoda Barakat revenir à sa manière. arabe, « soixante-dix mots pour dire elle doit se rendre en novembre, tes stylisées, des palmiers, un che- résume-t-elle. Si l’on regarde ne cesse de le fuir, de le dépecer et l’amour – sous toutes ses formes » et pour la première fois, Hoda val rouge. Près du canapé, un ordi- mieux, on trouve aussi, sur les de le reconstruire. « Mes person- En témoigne cette « une bonne vingtaine » pour dési- Barakat est curieuse. « New York, nateur. Et dans la cuisine, une cafe- murs de son appartement parisien, nages sont plus ancrés que moi », gner le sexe féminin. Une langue ce n’est pas une ville, c’est un mon- tière italienne qui chante. Depuis une vue de Beyrouth prise dans les dit-elle, comme en excuse. Dans Le épopée sensuelle et aussi riche que la voix d’Oum de. Avec sa propre vie, avec ses qu’elle a quitté Beyrouth, en 1989, années 1930. Et une photographie Laboureur des eaux, sensuelle et Kalsoum, qu’évoque l’amoureux morts – maintenant. Si New York un jour de bombes, avec ses deux en couleurs du centre-ville, qui puissante épopée dans les ruines puissante dans les ruines ébloui des Illuminés, son deuxième pouvait être comparé à quelque enfants et une valise, Hoda Barakat date des années 1960. A l’époque, d’une ville-mémoire « née sous le roman. Si cette voix le trouble, chose, ce serait à une chose très ne s’entoure plus que d’objets « qui le cœur du Liban battait là : «Kur- signe de Saturne », le personnage d’une ville-mémoire c’est parce que la chanteuse égyp- ancienne, une chose mythologique, ne durent pas, qui sont légers ». Elle des, Suisses, Palestiniens, Français, principal, Nicolas, Grec ortho- tienne « n’était pas une femme, ou comme la tour de Babel. La légende fait, en somme, comme ses compa- etc., tout le monde s’y côtoyait. doxe, se réfugie dans la cave du Chamsa, la servante kurde, à qui il pas tout à fait ». Sa voix, en effet, et la vie réelle se sont désormais triotes du Liban raillés par le C’était l’ébauche d’un pays. Quand magasin familial, où dorment, raconte, à la façon de Schéhéra- n’appartient pas à un seul sexe : rejointes. Comme pour Beyrouth… personnage du vieux père dans Le j’étais petite, j’étais obsédée par l’en- miraculeusement intacts, des zade, la fabuleuse histoire des tis- « son soprano pouvait atteindre le De ce point de vue, je peux ressem- Laboureur des eaux, son nouveau vie d’aller au centre-ville, j’y pensais stocks de tissus anciens, lin, sus – de la légende des Dogons aux dôme du vagin et son alto le fond bler aux New-Yorkais. » roman, qui préfèrent aux meubles tout le temps, j’étais éblouie. » La velours et soie. Nouveau Robin- psaumes des tisserands chinois, en des testicules ». En fait, songe-t-il, anciens et aux lourdes tentures ces guerre de 1975 a tout balayé. son, l’ancien marchand d’étoffes passant par Colbert, jaloux des rêveur, « dans sa voix, les femmes LE LABOUREUR DES EAUX objets standards « dont on n’hérite « Quand on a tué le centre de survit parmi les gravats et les soieries de Venise, et par Cléram- écoutaient l’homme, et les hommes (Hârith al-Miyâb) pas, volatils, qui ne laissent aucune Beyrouth, chaque territoire s’est hordes de chiens, se nourrissant de bault, auteur d’une savante (et véri- la femme ». Si les héros des de Hoda Barakat. trace. Comme le folklore à la télévi- replié sur lui. Cette ébauche d’un fruits sauvages et de souvenirs. Les dique) étude sur La Passion romans de Hoda Barakat sont des Traduit de l’arabe (Liban) sion nationale ». Hoda Barakat est pays multiple s’est arrêtée », se rap- figures de son père et de sa mère le érotique des étoffes chez la femme. hommes, « ce n’est pas un hasard : par Frédéric Lagrange, une menteuse, bien sûr. pelle l’auteur de La Pierre du rire, hantent, autant que l’amour pour La ville fantôme que parcourt plus je suis éloignée, mieux je peux Actes Sud, 210 p., 16,9 ¤ Nicolas est comme un labyrinthe. composer », explique-t-elle. Mais, (110,85 F). Ou un site archéologique : en grat- en devenant des personnages, ces tant la poussière, on retrouve les hommes n’en sont plus tout à fait e Les Illuminés et La Pierre du rire anciennes rues, les cinémas, les – à l’image d’Oum Kalsoum ? « Ils ont été édités chez Actes Sud. magasins d’avant le néant. Récem- ment, à Beyrouth, de jeunes lec- teurs du Laboureur des eaux ont confié à Hoda Barakat qu’ils avaient tenté de reconstituer, livre en main, la ville décrite dans le roman. Et qu’ils avaient partielle- ment réussi. « Cela m’a fait d’autant plus plaisir que ce sont des jeunes : ils sont sans nostalgie, ils n’ont pas la mémoire d’un Beyrouth ancien », souligne-t-elle. Elle- même se refuse à la nostalgie. Le Laboureur des eaux – l’expression est tirée d’un texte de Borgès – n’est rien d’autre qu’un « homma- ge au vide », dit-elle, « comme un toast qu’on porte à quelqu’un, avant de s’en aller ». Paru en 1999, à Beyrouth, Le Laboureur des eaux a reçu, en 2000, au Caire, le prix Naguib- Mahfouz – l’un des prix littéraires les plus importants du monde ara- be. Admiratrice de Proust, mais surtout de Musil – « un écrivain génial, qu’on lit comme une chara- de : l’important, ce n’est pas de finir ses livres ou de trouver la solution, mais de comprendre comment il a monté son affaire, comment il a entrepris son projet… » –, la jeune étudiante de Beyrouth n’apprend qu’assez tardivement à « bien parler » l’arabe. Venant d’une « communauté très fermée » de montagnards maronites, elle brûle d’« aller vers les autres »,ces« Ara- bes musulmans » si proches et si lointains. Le voyage commence par la langue. Celle des globe-trot- ters et des poètes des IXe et Xe siè- cles, comme Ibn Joubeir, Jahez, Ibn El Moukaffak ou Ibn Hazm. « De nos jours, on parle un arabe qu’on n’écrit pas. Chez ces auteurs anciens, l’écart était moins grand : c’est à cette source que j’ai besoin de retourner », explique-t-elle, s’en- YOSHIKO MURAKAMI POUR « LE MONDE » II / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 littératures b Apocalypse à Paris : La maladie de l’âme La littérature sans la mort la Seine charrie des cadavres. Panique sur Cachés parmi les humains, les personnages de Jean Grégor Sur fond de chaos, un roman de Yannick Haenel la planète Terre : toutes et de Philippe Hermann annoncent la fin du monde en forme de sauve-qui-peut contre l’aliénation généralisée géant. Ils survivent, anesthésiés, fable d’une humanité en fin de plement bien fabriqués –, on peut le les femmes ont disparu. FRIGO dans une ville entièrement climati- course, autobiographie maquillée INTRODUCTION À LA MORT lire et le relire. On n’en a jamais fini de Jean Grégor. sée, et refoulent « l’écœurement de en légende… Hermann orchestre FRANÇAISE avec ce roman à entrées (et à sorties) Si Yannick Haenel et Mercure de France, voir [leur] vie défiler, sans pouvoir les vingt-quatre chapitres – vingt- de Yannick Haenel. multiples. Récit d’aventures, si l’on 188 p., 14,02 ¤ (92 F). rien faire, sans avoir le temps de pen- quatre nouvelles ? – de l’histoire foi- Gallimard, « L’Infini », 200 p., veut : en trois temps : « errance », Iegor Gran s’adonnent ser à quoi que ce soit, à part quel- sonnante d’une famille et de ses 14,95 ¤ (98,07 F). « captivité », « évasion », le héros, COMMENT DISPARAÎTRE ques passions comme la voiture… » proches, dans un quartier d’une vil- Jean Deichel, parvient à écrire le au roman catastrophe, COMPLÈTEMENT Polythierry disparaît pourtant, le balnéaire où se côtoient «de vec ses amis de l’excel- roman qu’on est en train de lire, en de Philippe Hermann. change de nom, veut oublier son petits immeubles destinés aux accé- lente petite revue Ligne de dépit de la dévastation ambiante. A c’est pour tirer quelle Pauvert, 262 p., 17,99 ¤ (118 F). passé (on le retrouve à la fin du dants à la propriété, des rangées de risque, Frédéric Badré et Paris c’est l’apocalypse – une idée roman). Il abandonne leur fils à pavillons, des logements à loyer François Meyronnis, moins irréaliste depuis quelques sonnette d’alarme ? otre civilisation roule à Magnana. Polymarc n’est pas un modéré, et même, en lisière, quel- YannickA Haenel est l’un des rares jeu- jours –, la Seine charrie des cadavres, sa perte : les romans enfant comme les autres. Son cœur ques caravanes de gitans sédentari- nes écrivains à réfléchir vraiment sur le Vél’ d’Hiv’ ressurgit. Quand le pré- Ils ne sont pas les seuls. actuels évoquent ce sui- émet un bruit insolite : « Le son sés ». le rapport bizarre qu’entretient la sident de la République parle, lui qui cide collectif. Jean Gré- venait bien de ce petit bonhomme, On s’intéresse d’abord aux deux France avec sa littérature depuis un va inaugurer un jour un Musée de la Effondrement de gorN (Frigo est son deuxième roman) sourde et monotone vibration électri- fils d’Erwin, Ronald et le narrateur. demi-siècle, c’est-à-dire depuis le culpabilité, des flots de sang sortent et Philippe Hermann (Comment dis- que d’un micro-frigo. » Le bébé Les seconds rôles – l’épouse triomphe de la culpabilité française. de sa bouche. Les écrivains, eux, sont la civilisation paraître complètement est son troi- venu du froid est insensible. Seul d’Erwin, Bronson, le partenaire Le dernier numéro de Ligne de ris- enfermés ailleurs, dans un drôle de sième) insèrent eux aussi leur intri- son sexe d’adulte bénéficiera d’une d’Erwin, et sa fille qu’il élève seul et que (1), dont le lieu, la « Villa Blanche » où «les technologique sous gue dans un monde en perdition. autonomie de marche et de vibra- tente d’arracher aux griffes pateli- thème principal cerveaux se ferment ». Jean Deichel Mais ils éclairent de l’intérieur le tion inépuisable. Robot glacial, nes des deux prosélytes d’une est « La mort, cet- s’enfuit, après avoir mis le feu à la un climat glaciaire chez désastre. Les signes avant-coureurs Polymarc s’insère sans angoisse secte –, plus stéréotypés, nous te imposture », Villa. Il s’agit, pour lui, de prouver, de la transformation, voire de la dans la routine d’une existence pri- captivent moins. Ronald, géant mai- vient en écho au par ce qu’il écrit, qu’on peut retour- Doris Lessing, anesthésie destruction de notre planète, surgis- vée de désirs et de rêves. Jean Gré- gre et timide, devient un mathéma- roman de Yan- ner l’opération d’aliénation dont on sent d’abord dans le corps malade gor pousse au paroxysme la méca- ticien remarqué et se sculpte un nick Haenel, Intro- est l’objet et décider d’être libre. d’une population des habitants. Ces « infraterres- nique amorale d’une existence corps d’athlète. Son frère travaille duction à la mort Haenel veut sûrement qu’on tres » nous intriguent, nous terri- débarrassée de toute entrave émo- dans le garage que possèdent son française. L’édito- s’amuse à chercher quels personna- frigorifiée chez Jean fient parfois, mais ne sont pas tionnelle. Polymarc tue, est con- père et Bronson. Il écrit : une nou- rial de la revue ges du monde littéraire contempo- exclus. Peu nombreux encore, ils damné à mort, au moment même velle où il donne sa version imagi- affirme, en con- rain se cachent derrière Sterling, « sil- Grégor, liquéfaction nous fascinent et suscitent notre où il retrouve son père et découvre naire de la mort (accidentelle ?) clusion : « Prendre à revers le grappin, houette en S, vivace, rapide, oblique », compassion. la tendresse en la personne de Bien- d’un ami, mais aussi, bien sûr, la faire un bond hors de LA MORT FRAN- Wittinger « le dernier opposant »,ou des corps épuisés par Jean Grégor et Philippe Her- ne, une prostituée atteinte de la chronique que nous sommes en ÇAISE, implique de défier son com- encore Vermice, Colon, Tête d’Os mann rendent crédibles ces êtres même infirmité que lui. Avant de train de lire. Tous ces personnages mandeur : Maurice Blanchot. (…) Si tu « le petit malin qui tente de vieillir la le stress chez Philippe solitaires et mutiques, auxquels il mourir, il est illuminé par la somp- expriment le même mal de vivre, refuses d’être séquestré dans l’asservis- donne (…). A une époque de pourritu- est périlleux de s’identifier. Frigo et tuosité gratuite de la douleur, de l’absence d’amour, témoignent sement, si tu refuses qu’on t’extorque re, il faut des phrases pourries, c’est le Hermann… Les fins Comment disparaître complètement l’amour et de l’injustice. Il est trop d’aspirations déçues et de minables l’impuissance – autrement dit, si tu es credo de Tête d’Os ». Mais le jeu n’est sont des fictions futuristes qui tra- tard. La société le punit d’incarner luttes avant la faillite des utopies. quelqu’un de libre –, alors tu considè- pas futile car l’enjeu est de compren- du monde dépeintes par versent à peine les frontières de la le mal qu’elle-même a généré. Bien- Deux personnages portent le récit : res Maurice Blanchot comme l’ENNE- dre comment sortir du « somnambu- réalité. Les victimes se mêlent aux ne accouche d’un fils au cœur de fri- Erwin et son frère disparu, le marin MI, au sens de Nietzsche. » On dirait lage hystérique ». « Qui est vivant, qui la littérature sont-elles gens ordinaires et ne basculent que go, nouveau prophète d’un monde déserteur, qui, comme le père de qu’on recommence, en ce début de est mort, ce sera bientôt la seule ques- progressivement dans les délires perdu. Polymarc dans Frigo, resurgit avant siècle, à parler de choses sérieuses. tion. » Le seul qui soit d’emblée iden- pires que la réalité ? oniriques. Le lecteur poursuit impu- Erwin, l’un des personnages du les funérailles pour dire que tous Mais qui entend ces jeunes gens ? tifiable est « BLV », devenu « Grand nément la lecture d’un roman popu- roman de Philippe Hermann, nous les rêves sont foutus d’avance. Qui engage le dialogue, le débat ? Chapeau ». C’est Bernard Lamarche- laire, il est pourtant aspiré dans le ressemble. Epuisé par le stress, il Avec talent, le romancier donne Il est peut-être trop tôt pour vrai- Vadel, celui qui ne pourra pas s’éva- cauchemar d’un monde en muta- voit son corps gonfler, sa chair vie à une douzaine de personnages ment lire le roman de Haenel, mais il der comme Deichel, ni comme tion. s’amollir et ses muscles fondre. Il emblématiques, mais c’est Erwin, n’est pas exclu que dans quelques Sterling trouver le moyen d’entrer et Dans Frigo, Polymarc est l’enfant n’a de répit que flottant dans la le père malade, qui devient le sym- années, si toutefois le pays qu’il sortir à son gré de la Villa. Celui qui a de Polythierry et de Magnana, un mer où son fils Ronald transporte bole de la fatalité et de l’échec. En décrit, la France, sort de sa névrose tenté de « triompher de la mort en couple de paumés qui se donnent son corps impotent. Retrouve-t-il de magnifiques pages, Hermann historique, si sa littérature ne s’abîme France » en se suicidant. Yannick l’illusion du bonheur. Ils se sont ren- alors la béatitude supposée du pois- décrit sa déchéance physique et, pas totalement en « came publicitai- Haenel, fort de cet exemple, a déci- contrés sur leur lieu de travail : une son ou du fœtus ? Ce n’est qu’une avec subtilité, suggère que, dans re… déchet symptôme qui exprime la dé, lui, de « sortir de l’enclos ». « chaîne du froid » où, abêtis, ils des nombreuses pistes de Comment cette vie grisâtre, seule l’attente de déchetterie générale », Introduction à Josyane Savigneau préparent des milliers de plateaux- disparaître complètement, le roman la mort aura fait exister cet homme la mort française devienne un texte repas. Il est difficile d’inclure les ambitieux de Philippe Hermann. de bonne volonté. de référence. Comme tous les bons (1) No 16, septembre 2001, 7,62 ¤ (50 F) brûlures de la passion dans ce frigo Chronique des gens ordinaires, Hugo Marsan livres – à différencier des livres sim- (16, rue Lauriston, 75016 Paris). Le Sahara sous les glaces La planète des coqs Dans le nouveau roman de Doris Lessing, les populations européennes Iegor Gran imagine que les femmes ont brutalement se réfugient sur le pourtour méditerranéen après un cataclysme climatique disparu de la Terre. Apocalypse

e tous les auteurs de litté- tion urbaine. Ce thème semble l’inté- dont il ne reste que quelques machi- que l’ère quaternaire a déjà connues d’ailleurs, il pense que sa compa- rature générale, Doris resser au plus haut point, puisqu’il nes dont les survivants ont bien du et qui a rejeté les populations du SPÉCIMEN MÂLE gne, Sylvie, vexée par la gifle qu’il Lessing est sans doute est également à l’œuvre dans ce mal à se servir, comme les aéroptè- septentrion de l’Europe jusqu’au d’Iegor Gran. lui avait assénée la veille, est partie celui qui a le plus abon- nouveau roman, qui se déroule res ou le bateau à propulsion solai- pourtour méditerranéen. POL, 342 p., 19,82 ¤ (130 F). chez sa mère. Les autres mâles dammentD flirté avec la science-fic- dans notre futur à une période indé- re… Il faut pénétrer très avant dans Ce premier cycle climatologique a croient à l’hallucination passagère. tion, notamment dans son cycle terminée. Il décrit un avenir post- le roman pour découvrir la nature été suivi de sa réversion, et le roman e délire caustique sied à Robert, l’écrivain, lui, se frotte les « Canopus in Argos : Archives », cataclysmique dans lequel notre civi- du cataclysme qui a entraîné son commence alors qu’une longue Iegor Gran, jeune écono- yeux tout en espérant le Femina : mais aussi dans Mémoires d’une sur- lisation technologique s’est à peu effondrement : il s’agit d’une nouvel- période de sécheresse mortifère miste né à Moscou en n’avait-il pas décrit dans son der- vivante qui décrit la fin d’une civilisa- près complètement effondrée et le glaciation comparable à celles achève de désagréger, en Ifrik, un tis- 1964, fils de l’écrivain nier roman une maternité où il n’y su social déjà affecté par la dispari- Lrusse dissident Andreï Siniavski, aurait que des hommes, partout, à tion de la civilisation occidentale. auteur d’un féroce premier roman, tous les étages ? La réalité dépas- Doris Lessing met en scène un frère, Ipso facto, dans lequel il contait la se-t-elle la fiction ? Mais après Dann et sa sœur, Mara, qui pour déchéance d’un avoir téléphoné à droite et à gau- échapper à la famine et à la désola- scientifique à la che, enregistré les plaintes aux com- tion, vont effectuer un long périple promotion com- missariats de police, attendu qu’El- vers le nord de L’Ifrik, au cours promise par la les reviennent tout en profitant du duquel ils seront tour à tour sépa- perte de l’origi- calme inespéré, s’être réjouis de rés, puis réunis, puis séparés à nou- nal de son diplô- n’avoir plus à fêter « les anniversai- veau, tandis que de nombreuses sta- me de bachelier. res, les jubilés du premier coït et tout tions marqueront cet itinéraire Avec une rage le fatras sentimental dont elles font ponctué d’épreuves de toute natu- bouffonne, paro- grands cas », et « assimilé l’affreux re. Dans une note, Doris Lessing diant Le Procès contretemps qui a frappé l’univers », explique que Mara et Dann est la de Kafka, Gran il faudra se résoudre à cette malédic- « refonte d’un très ancien conte, y fustigeait jusqu’à l’absurde le tion : ne restent que des hommes, qu’on ne trouve pas seulement en culte des documents officiels, la condamnés à la nostalgie, la « solitu- Europe, mais dans la plupart des cul- tyrannie de la bureaucratie et la de verticale », la gueule ouverte. tures du monde ». Sans doute fait- cruauté des femmes soumises à la Ainsi, sur un registre de science- elle allusion au fait que Mara et servitude du sexe. fiction burlesque tissée d’invectives Dann sont les descendants d’une Déterminé à sonder la barbarie ironiques et de dérision, Spécimen lignée royale et qu’ils incarnent l’es- des mécanismes sociaux, il avait mâle égrène une litanie de la désola- poir de voir leur peuple décimé raconté dans Acné festival la cavale tion : le chat n’a plus rien à manger, retrouver un jour une puissance pas- libertaire, dans une société où tout le baisemain tombe en désuétude, sée. Mais, dans le roman, Mara et individu devait disparaître à soixan- la Bible est à réinventer, les survi- Dann refusent cet héritage dynasti- te ans, de trois insurgés ayant vants hantent les cimetières où ne que et poursuivent leur route jus- atteint la limite d’âge. Son troisiè- figurent même pas sur les tombes qu’à la Méditerranée où ils s’établis- me roman confirme la vigueur les noms et dates des aimées envo- sent au sein d’une petite commu- iconoclaste de ses peintures de fin lées, la pornographie est nationali- nauté. du monde. Dans Spécimen mâle,la sée, les sous-vêtements en dentelle Dans The Encyclopedia of Science planète Terre se réveille un beau sont recyclés, le renouvellement Fiction, John Clute écrit qu’« entre matin avec un goût d’apocalypse : des générations est compromis. les mains de Doris Lessing, les outils les femmes ont disparu. Spécimen Gran brocarde l’hypocrisie des hom- de la S-F deviennent des paraboles ». mâle « est la chronique du genre mes politiques fiers de la parité Mara et Dann ne fait pas exception humain à partir de cet instant ». Cha- dans leur parti, traque le naufrage à la règle. Encore Doris Lessing sait- que chapitre est placé sous le signe de ces « libido-dépendants » aux- elle les manier pour en tirer de d’une femme célèbre, d’un fait his- quels la frustration de câlins file superbes images surréalistes, com- torique ou culturel, de l’enlèvement « la grippe dans l’âme », et lance un me celle des cités englouties que des Sabines à Eva Braun en passant feu d’artifice d’inventions verbales, nos héros découvrent sous les eaux par Athéna, Jeanne d’Arc, Mary un « français nouveau sans féminins de la mer qui a envahi le Sahara à la Shelley, Minnie Mouse, les demoi- d’aucun sorte », sans pour autant fonte des glaces… selles d’Avignon, Rosa Luxembourg mettre « au poubil » la littérature Jacques Baudou et Simone de Beauvoir… archaïque qui « porte les femmes N’en déplaise aux phallocrates, comme un tatouage au plus profond MARA ET DANN aux misogynes et à ce serial killer du viandox ». de Doris Lessing. enfermé dans sa cellule qui « rêve J.-L. D. Traduit de l’anglais d'une femme découpée », cet par Isabelle D. Philippe, événement est une catastrophe. e Ipso facto et Acné festival sont édi- Flammarion, 488 p., 140 F L’employé Martin n’y croit guère, tés chez POL. littératures LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / III b De la musique avant toute chose Catherine Lépront orchestre un roman choral pour dénoncer l’obscurantisme dont souffrit J.-S. Bach au XVIIIe siècle et l’ivresse de pouvoir des chiens de garde de la culture d’aujourd’hui. Elle leur oppose la révélation d’une fugue, le miracle des contemplations et l’allégresse des amours bien tempérées

que et buveur de bière, ayant aimé détresse poignante du socio-cul concerto choral en trois mouve- LE CAFÉ ZIMMERMANN la vie et ses deux épouses, les ten- qui « d’un côté, travaillait dans les ments, dont les voix s’entrecroi- de Catherine Lépront. sions, les élans, l’enthousiasme, la quartiers périphériques défavori- sent en un fil narratif complexe. Seuil, 270 p., 18,29 ¤ (120 F). sensualité et la virtuosité comme sés, de l’autre, programmait au cen- Le Café Zimmermann est aussi les temps d’apaisement, les sages tre culturel des rétrospectives l’histoire de révélations et de n 1729, Jean-Sébastien résolutions harmoniques, les cathé- Buñuel ou Antonioni, et vivait résurrections : celle d’un adminis- Bach fait exécuter au café drales formelles, le rythme immua- comme une déchirure intérieure le trateur qui fuit le camp des flagor- Zimmermann de Leipzig ble et les cadences parfaites, et tout fossé entre ces deux mondes ». Elle neurs pour rejoindre à Copenha- son Concerto pour clave- cela dans la plus grande sobriété, est sans indulgence à l’égard des gue celui de l’authenticité, avec Ecin en ré mineur BWV 1052.En sans pathos ». Ecoutons-le (ou ratés qui, « debout sous les lustres une émotive alto : celle d’une fem- 1984, un orchestre de chambre jouons-le) sans oublier « que c’est à pendeloques », entretiennent le me douce, prisonnière d’une vie dirigé par un claveciniste danois, le même homme qui a encrassé « faustien pacte de copinage entre conjugale mortifère, qui se musicologue érudit, Vilhem cent fois ses bottes dans la boue des le pouvoir et la gloire », s’achar- réveille de son sommeil chimique Zachariasen, vient interpréter le cimetières et pleuré avec la plus nent à démontrer aux artistes après une tentative de suicide fameux Concerto dans une ville grande simplicité du monde les qu’ils sont dépendants d’eux, pour aller écouter le Concerto de province française. Auteur, êtres qu’il perdait [parents, cou- espèrent les entendre réclamer 1052, être transfigurée par ces entre autres textes férus de com- sins, frères, élèves, amis, femme, honneurs et subventions. strates musicales déployées position musicale, d’une biogra- dix enfants], qui a écrit le Cruci- Pourtant, Le Café Zimmermann « selon une dynamique de conver- phie de Clara Schumann (1) et fixus de la Messe en si… ».Ce (qui décoche aussi des flèches acé- sation jamais entendue », impres- d’un hommage à son grand-père génie-là a passé sa vie en conflit rées contre les vieilles mères pos- sionnée par « un surcroît de mélomane (2), Catherine Lépront avec les autorités ecclésiastiques sessives gorgées d’imprécations clairvoyance irréversible ». Pour met en relation ces deux événe- et municipales, subi l’hostilité des et de jérémiades, les « conasses tomber amoureuse d’un violoncel- ments (l’un vrai, l’autre fictif) critiques musiciens du dimanche, décaties » dont les fils deviennent liste, et être transformée en « une pour orchestrer un magnifique des commanditaires et des audi- des maris méprisants et infidèles) fontaine et une torche vivante ». roman, lyrique et satirique, sur toires, instrumentistes et élèves, échappe au règlement de comp- Catherine Lépront excelle autant l’amour, l’amitié, l’illumination et tous rebelles à son stylus phantas- tes fielleux en exaltant un autre dans la transmission de ces ins- la mesquinerie. Les institutions ticus, à ses « variations surprenan- monde, celui de l’intemporel et tants où Joséphine s’effraye « déli- culturelles et sociales, les para- tes » et mélodies « entrecoupées de la grâce, de l’émotion et de l’in- cieusement de la soudaineté de la sites à l’ego hypertrophié, les de sons étranges » coupables de telligence esthétique, des musi- complicité qui [l’]a liée à cet incon- fonctionnaires aux ambitions insa- « troubler la communauté des ciens qui sont prêts à jouer dans nu » que de la description d’une tiables y sont épinglés avec une fidèles ». le désert ou pour les oiseaux, des engueulade dans un bistrot dont cruauté, une rage même que, hommes et des femmes étrangers le patron cultive une passion seule, calme la peinture des âmes PORTRAIT À CHARGE à la cuistrerie, ouverts à la lumiè- monomaniaque pour les tubes de bien tempérées, la gaieté enfan- Ses titres les plus récents nous re. Celui des puristes qui ne Luis Mariano. De l’ostinato (altéra- tine d’un visage, l’allégresse des le rappellent (3), Catherine s’expriment qu’en concerts et tions douloureuses) à l’adagio révélations sacrées, « les signes Lépront a toujours manifesté de refusent donc d’enregistrer leur (point d’orgue), Le Café Zimmer- impalpables et légèrement frémis- l’insolence contre la bassesse des musique en studio (« Vous jouez mann use sur toutes les gammes sants d’une liberté irréductible. » notables, la médiocrité des petits deux cents fois le 1052 pendant des d’un sens suraigu de la dérision. Ecoutons Bach, clame Catheri- chefs, l’hypocrisie des épurateurs, jours et des jours, et avec ça les Jean-Luc Douin ne Lépront. Oublions son image délateurs, chiens de garde d’une techniciens vous fabriquent un figée de vieux maître de chapelle société policée prompts à tout concerto parfait mais absolument (1) Robert Laffont, 1988. austère pour écouter ses cantates, sacrifier au culte du soupçon. Elle inepte et insensible, fait de petits (2) Le Passeur de Loire, Gallimard, passions, chorals, fantaisies, porte un regard impitoyable sur bouts pris par-ci par-là… »). Celui « L’un et l’autre », 1990. fugues, concertos, toccatas, suites tous ces prédateurs, et jette dans des adeptes du spirituel et des (3) Josée Bethléem (Gallimard, 1995), F. C. qui illustrent « toutes les émotions, le même sac les « juges » de Bach, insensibles au pognon, des ama- L’Affaire du Muséum (Seuil, 1998), Le la douleur, la tendresse, l’amour de et leurs héritiers, les « fossoyeurs de fumistes souvent arrogants » que chacune avait nouées avec les teurs de mystère, des paysagistes, Cahier de moleskine noire du délateur Dieu et l’amour humain, et la fou- de l’art » contemporains, qui pro- que l’on prend pour discours autres ». Une cohorte parmi les- des contemplatifs, des épouses Mikhaïl (Seuil, 2000). gue de la jeunesse aussi, la somp- gramment la culture, la diffusent, d’avant-garde, parodie de fresque quels l’adjoint aux affaires cultu- aériennes au rire flûté, de ceux tuosité et l’ordre du monde… ». la louent ou l’éreintent sans se ethnologique sur les « indigènes relles et son épouse, l’inénarrable que l’art bouleverse, que la musi- e Signalons la sortie en poche de Ecoutons dans ce 1052 « un senti- préoccuper « de se cultiver eux- locaux », ces « petites tribus dont, Thérèse-Ida au babil inconsé- que irradie « telle cette caresse de Namokel (Points Seuil, P 903), enquê- ment devant la mort qui ne soit pas mêmes », car, écrit-elle, « la plu- pour éviter toute susceptibilité, il quent, le directeur du festival de peinture plus claire faite par te sur un cousin russe rescapé de la réductible au chagrin écrasant ou part sont incultes ». Portrait à char- vous faudrait démêler en toute musique, un arriviste collection- Vermeer au profil de sa laitière ». Shoah qui débouche sur un requiem à l’espérance mystique formida- ge des huiles nationales et hâte la structure clanique et l’orga- nant les amours ancillaires. Cathe- Ce sont ceux-là auxquels Cathe- à la gloire des oubliés de toutes les ble » mais qui dise « l’extravagan- conseillers ministériels, dénoncia- nisation hiérarchique en même rine Lépront manifeste plutôt de rine Lépront donne la parole, tragédies collectives, toutes les victi- ce et la jouissance du Bach coléri- tion des « élucubrations insensées temps que la nature des alliances la compassion à l’égard de la composant son roman comme un mes de barbaries.

livraison Question Nuits sans nuits b TOMBEAU DE L’ARCHANGE, de Jean-Pierre Millecam La venue à Casablanca d’Hervé Guibert, qui, malade, est confié par le narrateur à un gourou-guérisseur, est la première piste de ce foi- Dans un roman-pamphlet, Michel Waldberg dénonce sonnant roman. Mais l’intrigue se déplace sur Mahfoud, l’ange de tous les désirs, masculins et féminins, dont le mystère focalise l’in- d’identité les conditions de travail dans les grandes surfaces térêt du lecteur, même si le personnage principal est l’auteur, qui, témoin et acteur (sous le nom de Lancelot), se déploie et se dissi- d’amour. Voilà aussi une autre cho- la rêverie, aidée parfois par « un épais mule à travers une galerie de personnages proustiens. On lit cha- INTERDIT LA CAISSIÈRE se rare, dans les livres publiés : un vin du Midi, conforme à l’exigence de que séquence avec volupté, mais on cherche en vain la finalité de Karine Tuil. de Michel Waldberg. chant d’amour. « Comme je suis loin Baudelaire, selon lequel un verre de d’un texte baroque qui déborde de références. Il faut donc se lais- Plon, 150 p., 12 ¤ (78,71 F). La Différence, de Juana ! songe-t-il, tandis que paisi- vrai vin doit ressembler à une grappe ser bercer par le lyrisme heureux d’un univers où la mémoire est 142 p., 14,94 ¤ (98 F). blement elle dort. Comme je suis loin de raisin noir, et contenir autant à métamorphosée par le rêve, sans s’étonner qu’Hervé Guibert soit e propos le plus sérieux d’elle aussi dans la suite aléatoire des manger qu’à boire ». soudain perdu de vue (éd. du Rocher, 268 p., 19 ¤ [124,63 F]). doit parfois emprunter les ichel Waldberg fait jours sans jour. Je me bats contre des René de Ceccatty H. Mn détours de l’humour pour une pause dans son moulins, je ferraille contre des fantô- parvenir au terme qu’il autobiographie, dont mes et néglige l’essentiel, qui est sa Ls’était fixé. Le chemin est alors étroit, les deux premiers main, ma main amie. Je suis enfermé menacé par toutes sortes de malen- Mtomes ont paru en 1984 et en 2000 en moi-même, comme dans un cof- tendus. Avec une aisance déconcer- (1), non pour changer de ton ou de fre. Je la regarde, je la vois, mais com- tante, Karine Tuil non seulement par- rapport au monde, mais pour se con- me à distance. Je voudrais lui dire tou- vient à son but, mais démontre que centrer sur ce qu’on pourrait appe- tes ces choses, et l’amour fou que je cet humour très particulier, très typé, ler des micro-événements. L’an der- lui porte, et je ne les lui dis pas. Direc- qu’elle manie, était la seule méthode nier, c’était Mort d’un chien :au tement, tout au moins. Moi, dont le pour l’atteindre. cours de vacances en Espagne avec travail est d’exalter la parole, je reste Le narrateur, Saül Weissmann, sur- des amis, il donnait à ce qui aurait muet devant elle. Muet, transi, médu- vivant d’Auschwitz âgé de soixante- pu n’être qu’un drame anecdotique sé. Je sacrifie à mes vices, quand il fau- dix ans, se voit un jour contester ce une valeur révélatrice très singuliè- drait être un saint pour s’agenouiller qui était pour lui plus qu’un fait, re, où l’on reconnaissait sa force devant cette madone. » mieux qu’une évidence : sa judéité. poétique, sa façon de vivre autre- Ce qui aurait pu être un roman réa- Le bouleversement est de taille, ment la vie quotidienne. Ici, on part liste et social, étant donné le sujet, d’autant que cette contestation vient d’une situation matérielle et prosaï- devient une rêverie amoureuse et de l’intérieur pour ainsi dire – c’est que. La femme du héros, traversant philosophique, une promenade un rabbin (un blanc-bec de vingt- avec lui une passe financière diffici- dans Paris et dans le temps. Il y a les quatre ans !), interprète autorisé de le, cherche du travail. N’ayant pas amis : Soltern, l’autre double de la Loi sur laquelle Saül croyait pou- de diplôme, elle affronte la réalité l’auteur, l’ami de cœur, Irénée Sfolz, voir toujours s’appuyer, qui lui sociale dans son extrême brutalité l’éditeur, Mounir, l’écrivain algérien annonce la mauvaise nouvelle : et accepte le seul poste que lui offre qui achève « une épopée noire, hasar- « avec tous ces juifs imaginaires, il l’ANPE : caissière. deuse comme sa vie », Joseph Bakou- faut être vigilant », souligne-t-il. Pour Michel Waldberg décrit très préci- nine, l’ami de l’Afrique et du Mexi- notre homme, il y a bien de quoi sément, à travers les confidences de que, déjà invité dans d’autres livres. devenir fou. C’est d’ailleurs le refuge Juana à son mari Emmanuel D’Om- Il y a les peintres qui guident le qu’il se choisit, lui qui ne pensait pas, bre, son double, les humiliations et regard dans la nuit : Courbet, Appel, après les épreuves de sa vie, après les révoltes d’une employée de Soulages. Et il y a les bars de Saint- l’extermination de toute sa famille, supermarché, d’abord chez Leclerc Denis au petit matin, les restaurants devoir affronter cet ultime… désagré- à Epinay, puis au Monoprix de la rituels du Palais-Royal, la boîte afri- ment. Tout, de sa vie passée comme rue de Rennes, à Saint-Germain-des- caine de la rue de Nesle. Où est le de sa vie présente et future, bascule. Prés. Les noms ne sont pas chan- centre de ma vie ? ne cesse de se Le mariage, déjà guère réjouissant, gés : est-ce qu’on est dans la littéra- demander Emmanuel, en écoutant qu’il projetait avec Simone est remis ture de témoignage ? Assurément, il raisonner, dans un demi-sommeil, en question. Il ne lui reste plus qu’à y a littérature et il y a témoignage, les mises en garde de Pascal contre se débrouiller avec son angoissante les deux cohabitent, et la chose est « l’occupation au dehors » et il et comique question d’identité. «Ily assez rare pour qu’on la signale. Du « expérimente nuit après nuit le para- a deux hommes qui cohabitent en témoignage relèvent toutes les don- doxe des nuits sans nuits ». Il rêve d’in- moi : l’un est juif, l’autre pas. Ils ne me nées, accablantes, des conditions de sulter tous les patrons de la terre.Il laissent jamais en paix. » travail dans des établissements de aimerait emprunter les insultes aux Dans ce deuxième roman, Karine ce genre. De la littérature, non seule- jeunes banlieusards qu’il côtoie. Tuil, qui a moins de trente ans, mani- ment le style habituel, ironique et Mais à l’insulte, il préférera toujours feste une intelligence aussi libre que référentiel, de l’auteur, mais aussi respectueuse, une légèreté de ton et une faculté rare de faire partager (1) Michel Waldberg recevra le prix d’écriture qui préserve toute la gravi- l’émotion. Spinoza, Baudelaire, Rim- Roger-Caillois pour l’ensemble de son té de son propos. baud, Mallarmé et d’autres accom- œuvre le 19 octobre à la Maison d’Amé- P. K. pagnent ce récit qui est un chant rique latine. IV / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 littératures b J. M. Coetzee dans les méandres de l’après A travers une Afrique du Sud encore ébranlée par son histoire, encore traumatisée par les horreurs de l’apartheid, un professeur doit affronter l’effrondrement total de sa vie personnelle

de la maigreur. Cet effort de sim- teur ne connaît d’abord pas la cou- DISGRÂCE plicité se manifestait déjà dans leur de peau de Petrus, l’auteur (Disgrace) ses précédents livres, mais pas de n’introduisant aucune précision de John Michael Coetzee. manière aussi flagrante. Car cette ethnique durant toute la première Traduit de l’anglais fois, J. M. Coetzee s’est à peu près moitié du récit. (Afrique du Sud) complètement débarrassé des C’est après l’agression dont par Catherine Lauga adjectifs. La phrase qui surgit de sont victimes le père et la fille, du Plessis, cette opération d’élagage intensif après le triple viol subi par Lucy, Seuil, 252 p., 19,06 ¤ (125 F). est nue, hiératique, comme entou- que des couleurs font leur appari- rée « d’un champ de lumière blan- tion. A partir de là, d’une certaine ’est une petite phrase, che », pour reprendre une vision façon, impossible de faire « com- qui fait basculer la litté- de Lurie voyant apparaître sa me si » tout allait bien, comme si rature sud-africaine fille. Et le livre qui en résulte, l’histoire avait été biffée, d’un dans l’ère du post-apar- implacable. L’écriture, dans Dis- seul coup de crayon. L’agression theid.C Pas une grande déclaration, grâce, semble avoir été calcinée commise par Lurie et le viol subi non, juste une phrase apparem- par un feu violent, réduite à l’état par Lucy sont renvoyés dos à dos, ment plate, sans double fond, de cendre claire. Dans une certai- dans un impitoyable effet de presque innocente – le genre d’af- ne mesure, c’est un lendemain de miroir, traversé d’ambiguïtés, de firmation qui semble n’engager séisme que décrit Coetzee, le points d’interrogation, d’allusions qu’elle-même. « A un moment, il fameux « day after » des auteurs à l’histoire et au tribut qu’il fau- avait pensé qu’il pourrait se lier de science-fiction : le jour suivant drait lui payer. Avec, en plein cen- d’amitié avec Petrus, écrit la catastrophe, les heures au tre du récit, le mot « violation », J. M. Coetzee en parlant de David cours desquelles des survivants par lequel David Lurie dit avoir Lurie, le personnage central de tâchent de réapprendre à vivre. été intrigué, enfant. Et, derrière ce Disgrâce. Maintenant, il le détes- Dans une Afrique du Sud encore mot, la question qui blesse : qui a te. » L’inimitié, quoi de plus ébranlée par son histoire récente, violé qui ? Qui a outragé qui ? Qui banal ? Ailleurs, sans doute, mais encore traumatisée par les hor- doit payer qui ? En utilisant une pas dans ce contexte et certaine- reurs de l’apartheid, un profes- langue extrêmement sobre, DENIS CHAPOUILLE ment pas en Afrique du Sud. Car seur d’université doit affronter J. M. Coetzee semble se désolidari- Petrus est noir et Lurie blanc ; doué, mais aussi le plus secret et pour comprendre mes romans », possibilités d’une écriture militan- l’effondrement total de sa vie per- ser de tout le monde, sauf des Petrus est un paysan du Cap- le moins complaisant des roman- déclarait-il, en 1985, lors d’un te. « Il n’a jamais eu peur de pour- sonnelle. êtres qui souffrent sans pouvoir oriental et Lurie un ancien profes- ciers sud-africains. Professeur de voyage à Paris (à l’époque où il suivre une pensée jusque dans ses s’exprimer – les animaux, par seur d’université, spécialiste de littérature à l’université du Cap accordait encore quelques inter- méandres les plus compliqués », QUI A VIOLÉ QUI ? exemple. De tout le monde et de Byron. Chose inimaginable quel- (comme son personnage, David views, chose qu’il a cessé de faire écrit le romancier en parlant de Avec l’ordre ancien, même haïs- sa langue maternelle, aussi, dont ques années auparavant, un per- Lurie), cet écrivain de soixante depuis). David Lurie. Et telle est, exacte- sable, s’est envolée toute illusion son personnage ne se sent plus sonnage blanc, intellectuel de sur- ans n’a jamais versé dans les bons ment, l’impression qui se dégage de sécurité pour les individus com- proche. « L’anglais n’est pas le croît et que nul ne peut soupçon- sentiments, ni dans la littérature PHRASÉ NU, HIÉRATIQUE de Disgrâce, sixième et magnifi- me David Lurie. C’est-à-dire des médium capable d’exprimer la véri- ner de nostalgie pour l’ancien régi- politiquement correcte, telle qu’el- Coetzee ne dit pas que l’idéolo- que roman de Coetzee à paraître êtres libres, qui ne se sentent ratta- té de l’Afrique du Sud, songe Lurie. me, se permet de dire son antipa- le a pu fleurir au temps de l’apar- gie lui importe peu, mais que ses en France et deuxième de ses chés à une communauté ni par les De longues suites de mots dans le thie pour un Noir. theid. livres ne doivent pas être lus à tra- livres à avoir obtenu le Booker liens du sang ni par ceux de l’es- code anglais, dans de longues séries Dans ce nouveau pays, les gens Dans ses livres remarquables, vers cette lunette-là. Car ce qu’il Prize (après Michael K., sa vie, son prit. Pour commencer, Lurie se de phrases, se sont empâtées, ont pourraient donc entretenir des de Michael K., sa vie, son temps veut écrire, avant tout, ce sont temps, en 1983. L’auteur avait voit déchu de son poste de profes- perdu leurs articulations, se sont relations d’individu à individu, (1), jusqu’au très autobiographi- des romans. Autrement dit, des alors refusé de se déplacer à Lon- seur après avoir poursuivi de ses désarticulées, raidies, roidies. Com- hors des tabous de la ségréga- que Scènes de la vie d’un jeune gar- représentations de la réalité – fût- dres pour recevoir son prix). Seul assiduités l’une de ses étudiantes. me un dinosaure qui expire et s’en- tion ? Des relations normales, où çon (Seuil, 1999), en passant par elle « incorrecte » –, des lectures écrivain à avoir été deux fois lau- « Harcèlement sexuel » : mis en fonce dans la boue, la langue a per- seraient susceptibles d’entrer L’Age de fer (2) ou En attendant les et non des œuvres morales ou réat de ce prix prestigieux (et mots, l’acte devient délit, passible du sa souplesse. » Dans l’ère du l’aversion, l’indifférence et l’exas- barbares (3), Coetzee décrit une pédagogiques. Ses textes portent bien rémunéré), Coetzee a aussi de poursuites. Et le fautif, qui refu- post-apartheid, la langue des pération, au même titre que réalité, décortique les rapports de la politique en eux, comme fai- vu son roman remporter le Natio- se de battre sa coulpe, ne peut anciens maîtres semble vidée de l’amour, l’amitié, le respect, l’ad- pouvoir et la violence qu’ils sant partie des situations qu’il nal Book Critics Circle Award aux alors plus être sauvé. Le voilà sa substance, comme abandonnée miration ? La réponse n’est pas si engendrent, sans faire de dis- décrit, mais ne revendiquent aucu- Etats-Unis. donc parti pour la campagne, à la vengeance de l’histoire. simple, bien sûr, mais la question cours. « Je ne vois pas pourquoi on ne intention politique. Comme si Pour rendre compte de cette dans la ferme où habite sa fille, Raphaëlle Rérolle peut désormais se poser. Et il n’y devrait automatiquement traduire les profondeurs auxquelles peut infinie complexité, l’auteur a choi- Lucy. Non loin de là vit Petrus, a rien d’étonnant à ce que cette ou essayer de traduire ma pensée atteindre le roman, sa capacité si l’écriture la plus dépouillée, la l’« associé » de Lucy, qui souhaite- (1) Points romans n˚ 292. audacieuse interrogation vienne en termes politiques. Il n’est pas d’explorer les complexités de la plus volontairement sèche que rait reprendre l’ensemble de l’ex- (2) Seuil, 1992. de Coetzee, sans doute le plus nécessaire de connaître mes idées vie, dépassaient de très loin les l’on puisse imaginer – à la limite ploitation à son compte. Le lec- (3) Seuil, 1987. L’amour à mort Contes Thriller burlesque Avec un récit halluciné sur l’amour, la mort et le temps, Antonio Soler Trois voyous cherchent à faire la peau à une veuve trace le portrait à double niveau d’une adolescence perdue cruels de colonel. Un Paasilinna sarcastique conscience de l’existence des filles évocation, un détail, un épisode grand-mère, en rien frêle quoique LES DANSEUSES MORTES et donc de l’amour et de la sexuali- nouveaux qui viennent s’entrela- LE SILENCE DU PATINEUR LA DOUCE EMPOISONNEUSE presque octogénaire, serait mère (Las baleirinas muertas) té, et les lettres et les photos cer. Ainsi quand il dépeint avec (El silencio del patinador) (Suloinen myrkynkeittaja) adoptive de l’un d’eux. Et qu’elle d’Antonio Soler. qu’envoie le frère aîné, Ramon, une sensualité émerveillée une de Juan Manuel de Prada. de Arto Paasilinna. lui devrait pension. S’ils avaient lu Traduit de l’espagnol parti à Barcelone pour se faire photographie des danseuses qui Traduit de l’espagnol Traduit du finnois – mais ces brutes ne déchiffrent par Françoise Rosset, engager comme danseur de caba- entourent son frère : « (..) leurs par Gabriel Iaculli, par Anne Colin du Terrail. que les étiquettes des boissons – Albin Michel, ret. Pour lui, les événements pro- seins, sortant presque de leur cage, Seuil, 232 p., 19,06 ¤ (125 F). Denoël, 194 p., 19,82 ¤ (130 F). La Forêt des renards perdus par 338 p., 19,82 ¤ (130 F). ches et lointains qui vont boulever- paraissaient aussi très doux et exemple, ils sauraient que les ser sa vie se confondent : « J’ai tou- lisses. Ils avaient beau ne pas bou- l peut paraître étrange de par- ans le jardin d’une mai- grands-mères paasiliniennes sont ans son premier jours imaginé les danseuses mortes ger sur la photographie, ces seins ler de récits de jeunesse d’un sonnette rouge, une frê- d’un cuir à toute épreuve. Des cui- roman, Les Héros de la tombant sur la scène en faisant le donnaient l’impression d’être ani- auteur de trente et un ans. le grand-mère s’affai- rassées. Veuve de colonel des frontière (Albin même bruit que Tatino quand il se més de ce tremblement qu’avaient Mais Juan Manuel de Prada rait, un arrosoir jaune à temps de la Grande Guerre, celle- Michel), Antonio Soler laissait tomber par terre. Dans mon les flans sur l’assiette quand je les estI un écrivain prodige, irritant laD main, aspergeant d’eau sa bordu- ci n’est pas dénuée de ressources. faisaitD de son héros – un homme esprit, les danseuses s’effondraient transportais de la cuisine à la salle comme les enfants trop sagaces, re de violettes. Des hirondelles tour- Elle dispose de l’arme de service paumé, raté, déprimé – le témoin avec ce même bruit à la fois métalli- à manger, un va-et-vient qui ne décevant lorsqu’il cède à sa trop noyaient en gazouillant, haut dans de son défunt et de notions de à distance de la vie d’une petite que et sourd de paillettes écrasées manquait pas de fermeté, et ils grande facilité d’écriture, à son le ciel limpide, (...) dans l’herbe chimie propres à stupéfier les bourgade de bord de mer, quel- et de chair nue que faisait Tatino, étaient aussi lisses que les flans, pas désir de choquer ou d’étaler son somnolait un chat paresseux. » Rou- seringueurs. Pas assez pour les dis- que part en Espagne (« Le Monde mais Tatino ne portait pas de comme ceux que faisaient ma érudition, dont on peut néanmoins ge, jaune, violet, bleu, vert. Sa boî- suader de l’embarquer dans un des livres » du 5 mars 1999). Cette paillettes… » Tatino était le mère, qui avaient toujours des espérer énormément : ces nouvel- te de couleurs toute neuve à la thriller burlesque qui prolongera fois encore, le narrateur est loin gardien de but de son équipe, et stries, des creux et des grumeaux les – de jeunesse donc – en sont la main, Arto Paasilinna, la langue la guerre des générations dans de ce dont il témoigne : à aucun « portait autour des jambes des d’œufs, mais lisses comme les flans preuve. en coin, l’œil plissé légèrement l’au-delà belzébuthien via les cime- moment on ne sait qui il est, ni ce tiges de fer et des courroies, un Mandarin que ma mère achetait Bien entendu, il en rajoute dans embué, s’est reculé devant l’image tières les mieux fréquentés d’Hel- qu’il est advenu de lui et des appareillage de métal et de cuir qui parfois et sur le paquet desquels on l’obsession sexuelle, péché de jeu- féérique qu’il vient de peindre. sinki. autres personnages. Ce qu’il partait de ses chevilles, et sous son voyait le portrait d’un Chinois qui nesse peut-être d’un « jeune benêt Soudain, son sourire béat se trans- Arto Paasilinna n’a pas lancé sa raconte est à double distance, pantalon lui montait jusqu’aux cuis- devait ressembler au Chinois incrusté aux abords du désir » – son forme en un rire sarcastique. Il Douce empoisonneuse dans la dans le temps, et dans l’espace. ses ». Tatino, l’orphelin, élevé par Bonilla, Chin Lu… », ce faux Chi- autre recueil de nouvelles s’intitule s’empare d’un chiffon (sale) et en fable planétaire à la Prisonniers du Dans le temps : parce que son un nombre incroyable de tantes, a nois qui vit dans la même pension Cons –, mais l’écriture est là, l’art de trois allers-retours rageurs, s’effor- paradis. Il a laissé libre cours à sa récit est celui de son adolescence. eu la polio. que son frère à Barcelone. Il racon- tenir son récit aussi. Sur fond de ce d’effacer l’idylle. nature qui est de conter à grandes Dans l’espace, parce que ce qu’il Pour reconstituer ce qui s’est te la vie des artistes du cabaret, luxure, de stupre et de soufre, voire Son coup de sang a déposé dans enjambées, avec virages sur deux rapporte a eu lieu en grande par- passé cette année-là, Antonio l’histoire de chacune de ces morts de putréfaction – le jeune Juan se le paysage trois voyous de fort roues à bord de voitures volées, tie à Barcelone, à 1 000 kilomètres Soler fait rebondir les phrases, qui vont couper net l’élan de trois vautre dans le grotesque, la cruau- calibre. Des bras cassés du crime saccage de réfrigérateur diploma- du village où il vivait. Le jeune gar- une chose en amenant une autre, des danseuses, et presque simulta- té, la folie, le surnaturel, la grossiè- improvisé. Des cent pour cent nui- tique, course de hors-bord dans la çon qu’il est alors, dans les années associant ces deux histoires non nément, sous l’emprise d’un dis- reté et le dégoût avec une jubila- sibles, passés sans transition du brume et croisière sur le golfe de 1960, vit comme les autres gar- seulement dans le récit mais dans cours halluciné, merveilleusement tion fascinante. Il s’en prend de pré- biberon de lait aux canettes de Finlande arrosée de champagne çons de son âge, entre l’école, ses l’écriture, avec des répétitions servi par la traduction de Françoi- férence aux femmes, aux mères, bière, qu’ils ingurgitent par cais- (russe), servi par un commandant parents, le football, et le désœu- constantes qui pourtant ne répè- se Rosset, il retrace le quotidien aux poètes et les assassine – sou- ses entières, assaisonnées d’alco- de bord envoyé en pénitence par vrement. Ce qui va tout boulever- tent pas la même histoire, mais du narrateur, de ses camarades vent littéralement – « dans un ols et de substances autrement les Kaurismaki. Le parabolique ser, c’est à la fois la prise de amènent chaque fois une autre d’école, de ses parents, des gens débordement d’onctions extrêmes ». titrées. Ces rois de la cuite et de la Finlandais du Meunier hurlant du village, et la suavité et la violen- Si rien ne l’arrête dans ses divaga- dope, piétineurs de plates-bandes semble faire le gros dos, mais n’en ce des premiers émois amoureux. tions, ni le bon goût, ni la morale, ni et de vieillards, écraseurs de chats balance pas moins quelques Car le véritable fil conducteur l’éthique, il fait preuve presque tou- et décapiteurs de chiens se terrent coups de patte contre les malfrats. du roman, c’est indiscutablement jours d’un vocabulaire exquis ou avec les rats dans un sous-sol. Ils Un dénouement heureux n’apure l’amour. Et avec l’amour, la mort. même précieux, d’un goût affiché forment trois concentrés de pas les comptes. Avec le réalisme, Et le temps : « Je ne sais si le temps de la littérature classique et de la toutes les bassesses imaginables, le mal est dans la cité. Une est une fleur qui s’enroule sur elle- langue. Et si, à force, cela sent l’éco- trois sens interdit à la moindre jeunesse laissée en déshérence, même, une spirale de pétales lier ou la parodie, il n’en est pas à compassion. Des ogres. Moder- une police plus lâche que les blancs, une rose imaginaire au cela près. C’est d’ailleurs le contras- nes, mais insistants. Ils badigeon- lâches, des traditions qui s’effri- cœur de laquelle se perd notre folie te entre cette imagination morbide neraient père et mère – s’ils en tent : rien ne va plus dans l’éternel- (…) mais je sais en revanche qu’à et malpropre et cette écriture bien avaient –, de moutarde, prêts à les le quoique récente Finlande. Les l’instant même ou Tatino sortit de tenue qui fait espérer qu’une fois ingurgiter, eux et tout ce qui soupçons d’aigreur sont effacés sa voiture éventrée je me suis vu débarrassé de ces scories outranciè- résiste à leur goinfrerie, pour par l’irrésistible enjouement, le racontant de qui se passait alors, je res, Juan Manuel de Prada pourrait mieux vomir le monde. goût de la farce, et le retour, bon me suis vu, dédoublé, racontant ce être l’écrivain dont il joue déjà le Ces trois jeunes loups veulent gré mal gré, à la boîte de couleurs que je vous raconte maintenant. » rôle mondain et culturel. faire la peau de la vieille agnelle. originelles. Martine Silber M. Si. Au vague prétexte que la pseudo- Jean-Louis Perrier VI / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 littératures b Rudyard Kipling, célèbre mais secret Le dernier volume de « La Pléiade » consacré à l’auteur du « Livre de la jungle », Prix Nobel en 1907, admiré par Stevenson, Henry James, Bioy Casares et Borges, mais en butte à l’hostilité de quelques autres, recèle ses plus étonnantes nouvelles

De son côté, Borges avait, c’est Nobel, il fut confié « à une mission ŒUVRES IV vrai, un faible pour Simples contes semi-officielle de correspondance de Rudyard Kipling. des montagnes, le premier des de guerre sur le front français » ; les Introduction et avertissement ouvrages de Kipling, publié en Souvenirs de France, qui ne sont de Pierre Coustillas, 1887. Et cela, au point qu’un jour, pas extraordinaires ; et Quelques traduit de l’anglais par il se dit que « ce qu’avait imaginé Mots sur moi (Something of Myself Jean-Paul Hulin, Jean Raimond, et réussi un jeune homme de génie and Other Autobiographical Wri- Judith Van Heerswynghels, pouvait, sans outrecuidance, être tings), dont l’abréviation du titre Daniel Nury. imité par un homme de métier, au fait que l’auteur se croit obligé de Ed. Gallimard, « La Pléiade », seuil de sa vieillesse ». Et c’est l’un prendre un ton trop sérieux, « suffi- 1 460 p., 67,08 ¤ (440 F). de ses quatre livres de nouvelles, sant » – alors que le titre original Le Rapport de Brodi, qui a été le complet paraît nuancé, ce qui cor- n peut dire, sans exagé- fruit de sa propre réflexion. Mais il respond à la réserve bien élevée de ration, que la publica- considérait les derniers contes de Kipling. Mais ce sont là des vétilles. tion de ce quatrième et Kipling « pas moins labyrinthiques Maître d’œuvre de cette admira- dernier volume de l’œu- et angoissants que ceux de Kafka ou ble édition dont le premier des qua- vreO de Rudyard Kipling dans « La ceux de James et, sans aucun doute, tre volumes paru il y a treize ans, Pléiade » relève du miracle : il aura Pierre Coustillas obser- fallu plus de soixante ans pour que ve que « deux attitudes ses plus étonnantes nouvelles Hector Bianciotti opposées se retrouvent soient enfin traduites en français dans les appréciations – si l’on excepte sept d’entre elles, supérieurs ». Il les avait lus et relus, critiques du volume ». En effet, les choisies, jadis, par Gilles Barbedet- au point de vous les raconter avec uns semblent comblés, et les te (1). une telle précision que le récit sem- autres, frustrés. On peut supposer Kipling reste un écrivain célèbre, blait intact, car tous les détails de que tous deux se trompent : mais il demeure un écrivain secret. l’« histoire » arrivaient dans l’or- romancier ou poète, en un mot, un Prodigieusement divers, il ne s’est dre. vrai littérateur, est le seul être au jamais répété, même pas pour fai- Il disait aussi, Borges, que monde qui ne pourra jamais écrire re plaisir à son public. Par ailleurs, Kipling a souffert de deux choses : sa véritable autobiographie : parce seulement comparable en intensi- la première, qui était d’avoir écrit que la vie est répétitive, et que cela té au prestige atteint vers sa qua- des livres pour les enfants ; la ne s’accorde pas avec l’art ; et par- rantaine, aura été l’hostilité avec seconde, d’avoir été jugé sur ses ce qu’il sait, l’écrivain, que la laquelle la critique l’a traité, sur- opinions politiques bien plus que mémoire d’un fait, d’un moment, tout lorsque, en 1907, lui fut décer- sur la valeur esthétique de son n’est que le souvenir de la dernière né le prix Nobel. œuvre : « Peut-être serait-il bon fois qu’on l’a évoqué. Depuis sa jeunesse, depuis tou- qu’un écrivain ne fasse pas connaî- A sa naissance en Inde, en 1865, jours, Kipling a suscité des juge- tre ses opinions politiques, parce ses parents baptisèrent Kipling du ments et des éloges véhéments : que plus tard, c’est sur elles qu’on le nom d’un lac anglais, Rudyard, d’un côté, Stevenson et Henry jugera. » pour commémorer leur rencon- James, qui le considéraient comme Et Kipling, le poète ? Dans un tre, l’amour mutuel dont ils ASSOCIATED PRESS « le plus complet des hommes de Rudyard Kipling dans la bibliothèque de sa maison de Dummerston essai d’une quarantaine de pages, eurent, en cet endroit, la révéla- génie » ; de l’autre, Oscar Wilde : T. S. Eliot a réussi à sauver, non tion. Il est mort en 1936, sa gloire « Au point de vue littéraire, Kipling Borges qui, tous deux, accordaient d’un employé de banque qui se Or, des derniers recueils, Bioy sans une admirable acuité, certai- diminuée. Mais il savait que tout est un génie qui ne se préoccupe pas leur préférence aux deux recueils, souvient, bien qu’il l’ignore, d’une Casares aimait particulièrement nes pièces, et non sans commencer ce qu’un écrivain peut espérer, de bien parler… Lorsqu’on parcourt de 1926 et de 1932 : Dettes et créan- galère grecque à bord de laquelle il Vues humaines, Quand l’aube ne sa laborieuse critique par ce que c’est qu’il survive de son œuvre les pages de Simples contes des ces et Limites et renouvellements : a ramé dans une autre vie. Préfére- tient pas ses promesses, et par-des- tout lecteur soupçonne, à savoir une part suffisamment forte pour montagnes, on a l’impression d’être peut-être puisque les nouvelles ra-t-on T.S.F. (1902) où, dans une sus tout, L’Eglise d’Antioche –où que « quand un écrivain est connu qu’un écrivain futur puisse tirer assis sous un palmier de splendides qu’ils contiennent sont plus signifi- pharmacie, un homme essaie de Paulus (saint Paul) n’est pas en principe comme romancier, on d’elle quelques mots capables de éclairs de vulgarité. » catives par ce qu’elles omettent de capter des ondes sonores avec un encore l’homme qui réussira à est amené à considérer ses vers com- consolider ou d’embellir quelque Je me permettrai – une fois dire que par ce qu’elles disent. Et rudimentaire appareil inspiré des imposer le christianisme, alors que me un produit secondaire ; et, en ancienne rêverie – ou un bonheur n’étant pas coutume – d’évoquer très supérieures à presque tout ce inventions de Marconi, tandis le policier romain, païen et idolâ- général, à mon avis, c’est juste ». oublié. les deux seuls écrivains que, que Kipling avait fait – Kim mis à qu’un garçon phtisique écrit, sans tre, meurt des blessures du Christ, En marge des nouvelles, on trou- passionné de Kipling, j’aurai enten- part, sans oublier, non plus, La Por- s’en apercevoir, un long poème de disant de celui, ou de ceux qui l’ont ve dans ce dernier volume des tex- (1) Le Miracle de saint Jubanus, du parler, bien des fois, de ses te de cent douleurs, La Plus Belle His- Keats, dont il ignore tout, même poignardé : « Ils ne savent pas ce tes assez intéressants : La France traduit par Jean-Pierre Richard derniers ouvrages : Bioy Casares et toire du monde (1891), histoire l’existence du poète. qu’ils font. » en guerre, de 1915, où, devenu Prix (Rivages poche, 1993).

recueil de vingt nouvelles permet de présenter, en multipliant les facettes, ROMANS POLICIERS tous les aspects de son caractère mais sert aussi de manifeste littéraire à b par Gérard Meudal l’auteur. Ainsi dans la nouvelle-titre, le commissaire tombe sur deux fêlés qui viennent de découper une femme après l’avoir violée et en font revenir les meilleurs morceaux. Devant une telle barbarie, le commissaire commen- ce par éprouver des pulsions sanguinaires peu compatibles avec sa fonc- tion avant de prendre l’initiative de téléphoner à son auteur pour lui con- A tombeaux ouverts seiller de se trouver un autre héros s’il entend persister dans cette veine gore. La cuisine de Montalbano ne recourt jamais aux épices violentes, elle préfère les bonnes vieilles recettes familiales, sublimées par un savoir-faire L’HOMME QUI ASSASSINAIT SA VIE ancestral comme par exemple ces arancini que le commissaire s’apprête à de Jean Vautrin. déguster pour le réveillon de la Saint-Sylvestre. Ce sont des sortes de bou- Fayard, 350 p., 19,80 ¤ (129,90 F). lettes de viande et de risotto. Mais reportez-vous plutôt à Camilleri lui- même. Un simple résumé ne saurait rendre compte d’une préparation aus- BIG JANE si inventive, aussi subtile et qui semble un vrai régal, comme toutes les de Michael Cimino. aventures du policier de Vigata, mélange étonnant de Pepe Carvalho et de Traduit par Anne Derouet, commissaire Maigret (traduit par Catherine Siné et Serge Quadruppani Gallimard, « La Noire », 190 p., 15 ¤ (98,39 F). avec l’aide de Maruzza Loria, Fleuve Noir, 406 p., 15 ¤ [98,39 F]). b LES SEPT FILS DE SIMENON, de Ramon Diaz-Eterovic ’est une rentrée sur les chapeaux de roue pour Vautrin qui Non, ce n’est pas une suite des aventures du commissaire Maigret. Sime- avait quelque peu pris ses distances par rapport au roman non est un chat et son maître, Heredia, un privé chilien inconsolable WILLIAM KLEIN noir et qui revient en force avec ce blues tragique de L’Homme depuis que sa Grisetta l’a abandonné et dont les affaires ne vont pas très qui assassinait sa vie. Tous les ingrédients du roman policier A l’opposé exactement des mystères en chambre close, le roman noir fort. Il se retrouve en plus accusé de meurtre dans une affaire d’attribution sontC là : le taulard qui à peine libéré entreprend un nettoyage en règle chez Vautrin est un coup de projecteur sur le chaos du monde. Sur la de marchés publics. Entre les policiers ripoux, les affairistes sans scrupules pour faire disparaître toutes les traces de sa vie antérieure, les bonnes même aire d’autoroute on peut en effet trouver des touristes nippons, et son vague à l’âme, il aurait peu de chances de s’en sortir sans l’aide de comme les mauvaises, le privé minable qui attend désespérément le des immigrés clandestins en train de mourir planqués dans un camion, quelques amis pittoresques, Anselmo, le jockey devenu marchand de jour- client dans sa thurne sordide, le gros flic vaguement sadique, les truands une pasionaria espagnole, un petit-bourgeois recyclé dans le meurtre en naux, Madame Zara, voyante extra-lucide, et bien sûr les conseils avisés de à la petite semaine et même une disparition d’enfant. Mais rien n’est série de braves pandores. Mais ce qui frappe c’est le tempo, Vautrin son chat (traduit de l’espagnol par Bertille Hausberg, éd. Métailié, 288 p., jamais convenu chez Vautrin, les situations les plus classiques devien- mène tout son petit monde à un train d’enfer, ça grince, ça dérape, ça fon- 17,50 ¤ [114,80 F]). nent singulières et ses personnages ont l’air de sortir non pas d’un livre ce avec de temps en temps une plage de calme inattendue quand on croi- b CORBUCCI, de Patrick Raynal mais de la vie. se des gens simplement humains. Mais aussitôt le rythme syncopé repart Il se prend pour un hybride de Cervantès et de Marlowe mais n’a plus que Ainsi Liberto, le gamin disparu, mesure un mètre quatre-vingt-cinq et de plus belle, auquel répondent le ballet des essuie-glaces (il pleut sans des enquêtes de seconde zone à se mettre sous la dent, d’ailleurs il n’a plus a quarante-cinq ans. Comme il est autiste, il n’est guère plus autonome arrêt et c’est « une sacrée manière de façonner le rêve ») et un air de blues de dents. « Le seul rôle de carnassier que je pourrais encore tenir c’est celui de qu’un garçonnet de dix ans. Au bord de l’autoroute, il a quitté le car de sur la radio de bord. On a intérêt à boucler sa ceinture et pourtant, pour couvre-lit. » Dans le genre du privé pouilleux qui jette un regard désabusé son institution pour rejoindre un groupe de touristes japonais, ravis de reprendre un vieux cliché des quatrièmes de couverture, pour une fois sur la vie, Corbucci est parfait. Fauché, alcoolique, les illusions en berne… le photographier sous toutes les coutures mais qui ont fini par l’oublier pertinent, on n’en sortira pas indemnes. Et pourtant il tourne et ne se contente plus du marigot niçois. On retrouve en rase campagne. Sa mère, Maria Costabonne, vieille militante commu- C’est aussi en trombe que Michael Cimino fait son entrée dans le même cet étonnant voyageur à Colmar, L.A., Bamako et Sarajevo, traînant niste qui a fait la guerre d’Espagne, engage, de force car elle n’a pas les roman noir. Venu à Paris pour négocier chez Gallimard l’achat des droits son indéfectible mélancolie jusqu’au bout du monde. Six nouvelles par le moyens de le payer, Gus Carape, un détective bordelais tombé dans la cinématographiques de La Condition humaine, l’auteur du Sicilien avait directeur de la Série Noire, dont deux ont été publiées dans Le Monde mouise. De son passé brillant Carape n’a sauvé que sa voiture, un coupé sous le bras le manuscrit de son premier roman. Du coup, Big Jane sort à (Albin Michel, 200 p., 12,04 ¤ [79 F]). BMW qui avale les kilomètres sans problème. Voilà donc le couple étran- Paris en première mondiale (Le Monde du 10 septembre). Nous voilà «on b ENIGMATIKA. 2001. N˚ 1 ge du privé et de la vieille dame lancé à fond sur l’autoroute. C’est là the road again » mais à moto cette fois-ci, et la route c’est l’appel éternel Le roman policier historique connaît une telle vogue que le dossier que lui qu’ils vont rencontrer François Frey en pleine cavale vengeresse au des grands espaces américains, celle qui mène vers le rêve d’Hollywood a consacré Enigmatika en 2000 nécessitait déjà quelques compléments et volant de sa Mercedes. Lui aussi est accompagné d’une femme, son ex, ou dans l’immense vide du désert. Dans les années 1950, Jane s’ennuie mises à jour. C’est désormais chose faite avec en prime des articles stimu- soigneusement rangée dans le coffre à l’état de cadavre. C’est sur la file dans la banlieue pavillonnaire de Long Island. Elle aimerait échapper à la lants sur Dona Leon et Peter Robinson (50 F plus 16 F de frais d’envoi, à de gauche que les deux desperados vont faire connaissance, en jouant férule d’un père tyrannique et à son probable avenir de caissière au super- l’adresse de notre distingué collègue : Jacques Baudou, 4, rue de l’Avenir. au con pour savoir lequel a les plus grosses culasses. marché du coin. Arrive Billy sur sa moto et en route pour l’aventure. Les 51370 Les Mesneux). personnages de Cimino sont propulsés dans le monde comme des billes dans un flipper avec au bout du compte les mêmes carambolages, un grand soleil pour Billy et la guerre de Corée pour Jane. Il se dégage de leur odyssée une nostalgie poignante ponctuée par les ballades de Billy Chaque samedi avec qui gratte la guitare avec talent et les émois de Big Jane, cette grande fille mal dans sa peau. Comme chez Vautrin les héros ne peuvent se contenter de demi-mesures, il leur faut l’oasis de calme absolu où le bourdon n’exis- 0123 terait plus ou le baroud d’honneur pour y brûler toutes ses rancœurs. DATÉ DIM./LUNDI Entre les deux la voie est étroite et drôlement dangereuse. b LA DÉMISSION DE MONTALBANO, d’Andrea Camilleri Dans une récente enquête publiée par La Stampa sur les meilleures ventes retrouvez de livres au cours du premier semestre en Italie, pas moins de trois titres de Camilleri figuraient parmi les dix premiers dans la catégorie fiction italien- ne et un autre, ce recueil de nouvelles justement, parmi les livres de poche. LE MONDE C’est dire l’ampleur du phénomène Camilleri en Italie. Un succès qui s’expli- que par la langue si particulière employée par l’auteur mais aussi par la TELEVISION bonhomie sympathique de son héros, le commissaire Montalbano. Ce essais LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / VII b La clé des champs d’Edwy Plenel Au fil d’un livre de mémoire buissonnière, le directeur des rédactions du « Monde » raconte son itinéraire, l’évolution de son engagement politique, son « trotskysme culturel », sa morale

ouvert durablement l’esprit, et cela d’enthousiasme dans les défunts ses lucidités, de ses fourvoiements, naire banni, ami d’André Breton et Dans les années qui suivirent SECRETS DE JEUNESSE en ces temps vertueux où l’ultime « Cahiers libres ». L’auteur s’expose, de ses innombrables scissions, et un (bref) temps de Malraux, hantée mai 68, je m’entendais rétorquer d’Edwy Plenel. utopie consiste à tonner contre (eût et plus qu’il ne l’a jamais fait. Sans particulièrement celle des frères par l’imminence de la guerre mon- cette phrase cinglante : « La mora- Stock, 244 p., 15,55 ¤ (102 F). dit Flaubert) les utopies ? protéger ses arrières. Et avec une ennemis : l’organisation lambertis- diale. L’une tournée vers le passé, le, on n’en a rien à foutre. » Il fallait Ce n’était déjà plus qu’un souve- authentique jubilation. te, dont le premier ministre fut un centrée sur « l’orga », l’autre ouver- être politique, totalement politique l y a deux ans, Edwy Plenel nir, anecdotique et sympathique, Soit deux hommes de pouvoir. b et seulement politique. Tout se publiait à chaud L’Epreuve, qui, quand, patatras ! la rédaction du L’un ressortit au premier pouvoir, extrait mesurait à l’aune du politiquement partant de la guerre du Kosovo « Monde des livres » m’a fait savoir l’exécutif. L’autre au quatrième, la correct. Tout devait toujours coïnci- I et de certaines dérives dans la qu’elle m’avait choisi, entre tant, presse. On dira qu’ils n’ont rien de « Le trotskysme comme expérience et comme héritage fait à der avec les textes sacrés, Lénine, manière d’en rendre compte chez pour rendre compte du nouveau comparable, mais enfin, même exer- jamais partie de mon identité, non pas comme un programme ou Trotsky, Rosa Luxembourg, ou, der- nous, se présentait comme « une livre d’Edwy Plenel. En commençant cés à des niveaux différents, même à un projet, mais comme un état d’esprit, une veille critique faite de nier avatar, Wilhelm Reich. De son réflexion sur l’événement (…), la Fran- ces lignes, je me répétais : « Il ne fal- poids inégal, pouvoir ou contre-pou- décalages et d’acuité, de défaites et de fidélités. En d’autres ter- passé trotskyste, Edwy Plenel tire la ce et l’Europe, les bourreaux et les victi- lait pas accepter. Je n’aime pas les voir, ce sont toujours des formes de mes, je ne persiste ni ne renie, je m’entête simplement à rester ce leçon contraire : la morale, on en a mes, l’inquiétude et l’espérance ».Un ascenseurs. Nous vivons décidé- pouvoir. Qui impliquent l’un et que m’a fait devenir cette histoire, dans un cheminement à la fois diablement à foutre. La morale, et livre « sur ces temps actuels qui nous ment un temps de chien », titre d’un l’autre transparence et vérité. Or que ordinaire et unique, comme toute vie, entre époque et hasard. Si aussi le poids de l’invention person- mettent à l’épreuve et qui font preu- autre livre du même auteur. Je ne fait l’un ? Acculé à rendre compte elles ne furent assurément pas idéales, nos jeunesses ne furent pas nelle dans la grande aventure collec- ve ». J’eus la surprise, plutôt gênée, croyais pas d’ailleurs si bien dire. d’un passé d’abord nié, il finit par indignes. Surtout, elles sont intelligibles, sans grands mystères ni tive. Ce livre qui s’ouvre sur Rim- de découvrir que ce livre m’était Temps de chien : tombant là-dessus, lâcher une formule – « Je ne suis pas sulfureux secrets, et, dès lors, transmissibles. Si je me risque, ici, à baud et Gauguin mêle constam- dédié. Je crus trouver pourquoi à la les événements actuels, autrement d’une culture de la confession » – qui quelques confidences, opposant le plein d’un peu de souvenance ment la vie politique à la vie tout page 19, où l’auteur établit une amu- graves, ne pouvaient que me rendre en appelle à la religion, ce qui est plu- au creux d’un long silence, c’est dans l’espoir de sauver du sens, court. A l’amour, à l’art, aux pas- sante filiation de Charles Péguy à assez indifférent à l’histoire qui sert tôt malvenu pour un dirigeant socia- c’est-à-dire de la raison et de la tradition, là ou d’autres s’accom- sions. Ni « aveu », ni « confes- mon humble personne. Il est vrai de point de départ à Secrets de jeu- liste et laïc. Et que fait l’autre ? Il pro- modent de fables et de mythes, de déraison et d’effacement, de sion », mais pleine revendication. nesse : celle d’un pre- clame à toutes les pages que, oui, il a déni et d’oubli. (p. 22) » En lisant la page où l’auteur évoque mier ministre qui ne été trotskyste, et qu’il va nous expli- certaine réunion de la Ligue com- François Maspero voulait pas « avouer » quer combien ce passage fut une for- cadre, et la Ligue communiste révo- te au présent du monde. L’une prati- muniste à Rouen en 1971, je me qu’il avait fait long- midable école. lutionnaire, où milita le directeur quant l’« entrisme » souterrain, suis souvenu qu’un jeune militant que, me souvenant de l’éditeur des temps partie d’une organisation Eh bien oui, c’était formidable. Et de la rédaction du Monde. Chacune l’autre s’affichant au grand jour. portant le pseudonyme de Krasny Cahiers de la quinzaine, j’ai publié trotskyste. Qu’il avait été, en som- si j’ai été heureux de lire Edwy Ple- se réclamant d’un Trotsky finale- Evocation singulièrement vivante, m’y interpella fermement sur le dans ma boutique, en des temps pré- me, dans le Parti socialiste et la vie nel, c’est parce que, de ce qu’a été ment différent : la première plus fas- oui : on y voit défiler, avec leur schématisme de mon exposé sur historiques, une collection « Cahiers politique en général, ce que la droite cet engagement, il livre tout – le cinée par le révolutionnaire triom- épaisseur humaine, ceux qui, à un Cuba. Je ne savais pas qu’il était libres ». Etait-ce suffisant pour m’as- s’est empressée d’appeler la « tau- meilleur et le pire. « Nous étions émi- phant rallié aux bolcheviques moment de leur vie, ont fait du l’auteur, à l’université d’Alger, d’un séner, comme disait le cher Alphon- pe » d’une Organisation communis- nemment disponibles, ouverts aux – l’homme de Cronstadt : pas de trotskysme un bouillonnement mémoire sur Spinoza. Je ne savais se Allais, des compliments à écraser te internationaliste ou OCI, aujour- vents du grand large… » « Nous salut en dehors du Parti –, ressas- d’idées et de volontés, parfois con- pas qu’il deviendrait directeur de la un troupeau d’hippopotames ? Le d’hui Parti des travailleurs, dirigé par vivions des temps de révolutions, de sant l’histoire des soviets comme tradictoires : tels Victor-Serge, Igna- rédaction du Monde. Mais je sais rapprochement me semblait un peu un certain Lambert. Une taupe dres- combat, d’urgence. Des temps où l’abs- certains le Talmud ; l’autre plus sen- ce Reiss, Jean Van Heijenoort, Pier- maintenant que, comme moi, il du même tabac que le pavé que sée, de plus, comme un vulgaire élé- tention, l’immobilisme, l’attentisme, la sible aux inquiétudes, aux interroga- re Naville, Maurice Nadeau, David tient pour une chance d’avoir ce l’ours, croyant bien faire, fit choir phant par un honorable correspon- finasserie n’étaient pas de mise. » tions, à la réflexion du révolution- Rousset, Yvan Craipeau… passé-là. sur la tête de son ami. Cela dit, pour- dant occulte baptisé « cornac ». C’est une évocation singulière- quoi faire fi de la reconnaissance Ours, hippopotame, chien, taupe ment vivante de ce que fut, depuis d’un lecteur qui n’a pas honte d’affi- et éléphant, trêve de zoologie. Si je soixante-dix ans, le mouvement cher que Les Damnés de la terre de m’exprime ici sur le livre d’Edwy Ple- trotskyste. D’hommes qui l’animè- Frantz Fanon, parus dans lesdits nel, c’est parce que je lui trouve une rent, se dévouèrent, résistèrent, « Cahiers libres », lui ont jadis qualité qui me l’aurait fait accepter moururent pour lui. Une analyse de Marx 2001, la sortie du désert ? Un état des lieux des différents courants de la pensée marxiste qui met en évidence l’écart d’approche entre Français et Anglo-Saxons

ses prudentes (« Ce qu’il convient del, ou d’un meneur comme Tony DICTIONNAIRE MARX d’appeler le “socialisme ”», «ce Cliff, ayant été facilitée par la fai- CONTEMPORAIN qu’il faut bien appeler une classe diri- blesse du Parti communiste anglais. sous la direction de Jacques geante »), l’expression « classe Ceci étant, Karl Marx peut-il enco- Bidet et Eustache Kouvélakis. ouvrière » étant bannie au profit du re se remettre d’une telle traversée PUF, « Actuel Marx « peuple »,dela« multitude »,ou du désert ? Même débarrassée de confrontation », 508 p, encore de « ceux qui sont en bas »… sa caricature stalinienne, sa pensée 26,67 ¤ (175 F). C’est qu’il est temps de « payer la peut-elle vraiment « redevenir une note de l’échec du siècle », affirme force matérielle » dans le cours de ragédie humaine, désastre de son côté André Tosel, pour qui l’histoire ? Rien n’est moins sûr. économique et glaciation nous entrons dans « la période des Depuis ses origines, en effet, c’est réactionnaire, le stalinis- mille marxismes », garantie d’une dans l’unité dynamique de la théo- T me restera aussi dans l’his- recherche libre et plurielle. Pour- rie et de la pratique, au contact des toire comme une immense catastro- tant, cet « abandon sans nostalgie luttes réelles, qu’elle a toujours pui- phe pour la pensée marxiste. Plus des anciennes certitudes » n’impli- sé sa virtuosité critique et sa charge de dix ans après ses derniers soubre- que apparemment aucune rupture subversive. Or cette unité est rom- sauts, il n’en finit pas de peser sur franche avec certaines illusions aus- pue : dans une large mesure, le les consciences, tant l’emprise des si coriaces que grossières : ainsi marxisme est aujourd’hui devenu partis communistes a sécrété une Rémy Herrera consacre-t-il dix « un idéalisme qui s’est réfugié dans forme particulièrement tenace de pages enthousiastes aux « choix les universités » (Callinicos). Du médiocrité intellectuelle : « stérili- sociaux fondamentalement éthi- même coup, nombre de marxolo- té » théorique, « méthodologisme ques » de la révolution cubaine, gues sont désormais incapables de obsessionnel », langage « ésotéri- sans que l’on comprenne toujours voir venir l’événement dans ce qu’il que », tels étaient les traits domi- bien ce qui relie la figure de Karl a de nécessaire et d’inouï à la fois. nants de la marxologie académique Marx au nationalisme populiste La meilleure preuve en serait du res- française, repérés jadis par l’Anglo- d’un Fidel Castro. te qu’une somme de cinq cents Irlandais Perry Anderson dans un pages consacrées à l’actualité de petit livre lumineux, Sur le marxis- OPTIMISME Karl Marx n’effleure même pas la me occidental (éd. François Mas- Outre-Manche, cependant, se fait question de la guerre moderne. Et pero, 1976). En même temps, il y entendre un tout autre son de clo- comment comprendre que la mon- pointait la renaissance d’un matéria- che, à la fois plus optimiste et plus tée en puissance des intégrismes lisme militant qui, après avoir traditionnel, et on fera un sort tout n’ait pas suscité un questionne- migré de l’Europe germanique des particulier aux contributions d’Alex ment renouvellé sur le thème – ô origines à l’Europe latine de l’après- Callinicos et d’Eustache Kouvélakis, combien classique – de l’idôlatrie guerre (France et Italie) était en tous deux d’origine grecque et très religieuse ? Au moment où paraît train de reprendre pied dans les bons connaisseurs d’un domaine cet ouvrage, pourtant, c’est bien un pays anglo-saxons. anglo-saxon où la dialectique a lar- certain islam radical, et non pas le Et, de fait, depuis au moins un gement échappé à sa vitrification mouvement ouvrier, qui peut se fai- quart de siècle, c’est bien en Angle- stalinienne. Chercheur à l’universi- re passer pour la principale force de terre que l’esprit de Karl Marx sem- té de Wolverhampton, Kouvélakis résistance au fétichisme marchand ble avoir une nouvelle fois trouvé n’hésite pas à affirmer que « la crise sous sa forme mondialisée. Un refuge. C’est du moins ce qui appa- du marxisme est déjà derrière « Marx contemporain » impuissant raît à la lecture du Dictionnaire nous ». Ce qui a disparu, selon lui, à rendre compte ne serait-ce que de Marx contemporain, publié ces jours- c’est seulement une certaine ortho- cela, ce serait, pour de bon, un ci en marge du Congrès Marx Inter- doxie (celle d’un Althusser par Marx comptant pour rien. national. Car si ce gros volume, qui exemple) née « sous le signe de la Jean Birnbaum se présente comme une simple com- défaite » ; dès lors, le déclin de cette pilation d’articles sans prétention « vision étroite et théoriciste » du e Signalons la parution, chez le exhaustive ni cohérence interne matérialisme rend possible « une même éditeur, d’un collectif dirigé (« Marxisme et féminisme », nouvelle rencontre du marxisme avec par Etienne Balibar et Gérard Rau- « Marx dématérialisé ou l’esprit de les pratiques de masse ». Constatant let, Marx démocrate (136 p., 14,94 ¤ Derrida »...), n’a rien d’un diction- lui aussi que le mouvement ouvrier [98 F]), ainsi que la dernière livrai- naire, il n’en révèle pas moins le vas- commence « déjà à sortir d’une son de la revue Actuel Marx sur les te écart séparant les approches de période de défaites graves », Alex « Rapports sociaux de sexe », avec part et d’autre de la Manche, et, Callinicos, professeur à l’université entres autres, Danièle Kergoat et au-delà, de l’Atlantique. de York, insiste à son tour sur Judith Butler (256 p., 28,05 ¤ [184 F]). Côté français, et à quelques l’émergence d’une tradition marxis- Ainsi que la tenue du 3e Congrès exceptions près, c’est encore et tou- te autochtone, alternative et sans Marx International, du 26 au 29 sep- jours le motif de la « crise » qui complexe, tant chez les militants bri- tembre 2001, sur le thème « Le capi- domine : pour Jacques Bidet, par tanniques que sur les campus améri- tal et l’humanité ». Après la séance exemple, « point de repère plutôt cains. Celle-ci se distinguerait non d’ouverture, en Sorbonne, les débtas que guide », Karl Marx reste une seulement par le prestige de ses auront lieu à l’université de Nanter- « référence » utile, mais il doit être figures intellectuelles (Erich Hobs- re. Organisé en sections (« Ecolo- complété et rectifié, tant sont gran- bawm, G. A. Cohen, Fredric Jame- gie », « Mouvement social »…). Par- des ses « lacunes », ses « erreurs », son), mais aussi par « le poids relatif mi les intervenants : Emmanuel Ter- et son « insuffisance métastructurel- du trostkysme dans la culture de gau- ray, Daniel Bensaïd, Alain Lipietz, le ». Autocritique oblige, les vieux che anglo-saxonne », l’influence Alex Callinicos, Nicolas Werth… termes classiques, affublés ici de d’un exilé comme Isaac Deutscher, (rens. : ww. u-paris10.fr/ guillemets, font l’objet de périphra- d’un théoricien comme Ernest Man- ActuelMarx/; tél. : 01-40- 97-59-91). VIII / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 portrait b POLitique d’auteurs

ne, la collection « Textes », avec un C’est dans les années livre de Marc Cholodenko – auteur qui est toujours, trente ans plus 1970 que l’aventure tard, au catalogue de POL ? « C’est là que la véritable aventure a com- éditoriale de Paul mencé ; je bénéficiais des conseils ami- caux de Bernard Noël notamment. » ans le monde limi- Otchakovsky-Laurens Il se lie d’amitié avec Jean Daive, té de l’édition parisienne, la « case débute, chez Renaud Camus, René Belletto, Jean DPOL » est un passage obligé. Si, pres- Frémon, Roger Laporte – tous sé, on la néglige, si on ne se penche demeurent des auteurs auxquels l’at- pas sur tout ce qu’elle contient, on Flammarion puis tache une fidélité réciproque. Dans s’interdit de prendre acte d’une part cette collection, il rassemblera aussi importante de la littérature actuelle chez Hachette sous (et préfacera), en 1977, les œuvres en France : celle qui ne craint ni d’un écrivain mort en 1959 et qu’il l’audace ni l’avancée en terrain non le « parrainage » de place très haut, Jean Reverzy, méde- encore exploré. Celle qui cherche et cin à Lyon qui avait obtenu le prix expérimente, au lieu de plaire à tout Georges Perec. En 1983, Renaudot en 1954, pour son roman prix. Mais avant d’arriver à cette Le Passage : tant il est vrai que la fidé- case, il aura fallu rendre hommage il prend son envol et lité ne s’arrête pas aux vivants. aux mânes de Jérôme Lindon, le En 1977, Paul Otchakovsky entre grand aîné, le modèle, celui qui reste devient éditeur – au sens chez Hachette et, l’année suivante, le défenseur conséquent d’une cer- il fonde là un département où il taine idée traditionnelle de l’édition, plein du terme – de René bénéficie d’une large autonomie de d’une exigence de singularité atta- gestion, sous la marque POL, qui chée au livre (« Le Monde des Belletto, Charles Juliet, fait alors son apparition. Entre- livres » du 31 août). Sans son exem- temps, il avait fait la connaissance ple, hors de sa leçon de probité avi- Emmanuel Hocquard, de Georges Perec, dont il publie, sée, des éditeurs comme Paul entre 1978 et 1982, quatre livres, Otchakovsky-Laurens seraient pro- Marie Darrieussecq… dont La Vie mode d’emploi (prix bablement regardés comme des Médicis en 1978). A la suite d’une bêtes un peu curieuses, au compor- début d’autonomie à l’égard de l’édi- rencontre chez Marty, avenue des tement déraisonnable, bientôt torial, c’est-à-dire de la matière Gobelins, Perec avait dit à sa fem- balayés par les lois du marché. Mais même des choses. Mais, comme le me, parlant de Paul Otchakovsky : il n’est pas exclu qu’on le regarde remarque Jean-Paul Hirsch, qui « Ce type est complètement fou, mais parfois ainsi et qu’on lui prédise occupe la fonction de directeur com- je crois que je vais le suivre. » Encore encore un semblable destin... mercial – qu’il faut entendre, dans aujourd’hui, l’éditeur est fier de ce Car il arrive de plus en plus sou- cette petite équipe de moins de sept jugement, et aussi, bien sûr, de cette vent que la littérature ne coïncide personnes en un sens peu institu- décision. Symbole important, Perec, pas tout à fait avec l’édition, et tionnel et très élargi - « le principe par lequel il fait la connaissance de même que les deux mondes s’éloi- de réalité n’est pas du tout étranger à deux nouveaux futurs auteurs de sa

gnent dangereusement l’un de Paul ». Simplement, ce principe maison, Robert Bober et Harry Mat- FRANCESCO GATTONI POUR « LE MONDE » l’autre. La taille et le développement n’est pas un commandement ; il se thews, est à l’origine du signe repro- des entreprises expliquent, pour plie, se conforme autant qu’il se duit sur tous les livres de POL et qui guère les choses. Non, entre Emma- moins sentimental, son noyau... Si la se tirer de ce mauvais pas. Il préféra une part, ce hiatus ; l’autre part rele- peut avec un désir dont le bénéfice représente une figure du jeu de go nuel Hocquard, Olivier Cadiot, Chris- poésie disparaît faute de lieu où paraî- tenter d’expliquer, de s’expliquer vant de la banale incompétence, de est toujours, par définition, incer- suggérant l’éternité : on la trouve à tian Prigent et Jacques Jouet, Char- tre, la littérature disparaîtra. Editer aussi à lui-même les différents chapi- l’inculture, du manque de curiosité tain. Cette matière, c’est la littératu- la page 566 de La Vie mode d’emploi. les Juliet ou Bernard Noël, entre de la poésie contemporaine, qui se lit tres de cette « affaire » : « Mon pro- gratuite (c’est-à-dire non chiffra- re elle-même, à laquelle, à la fin des C’était la dernière étape avant le Marie Darrieussecq, Hubert Lucot, peu et se vend mal, pose bien sûr des blème, c’est que je connais Renaud années 1960, Paul pari de l’indépendance avec la créa- Martin Winckler, Emmanuel Carrè- problèmes de fabrication, de diffusion Camus depuis trente ans. Etant don- Otchakovsky-Laurens tion en 1983 de sa propre maison re et Camille Laurens, entre Serge et d’images (on dit : c’est un éditeur né sa démarche, il est logique qu’il Patrick Kéchichian décida de se vouer en d’édition. Mais, là encore, le princi- Daney et Jean- Louis Schefer, il de poésie), c’est aussi, paradoxale- aille où il est interdit d’aller et de son nom propre, d’où pe de réalité ne fait pas défaut : POL serait plus vraiment hasardeux de ment, s’assurer de continuer à publier dénoncer les “cela va de soi”. J’ai été ble), ou encore, ce qui revient au ce sigle qui viendra plus tard pour est soutenu d’abord par Flamma- tracer des lignes de convergence. ce qu’il y a de plus vivant dans la litté- frappé par la violence et la méchance- même, de l’urgence économique contracter un nom rétif à devenir rion. En 1991, Gallimard – qui est Une chose simplement est certaine, rature contemporaine. » Discours té des attaques qu’il a subies et par dont les lois ne permettent guère les une marque et qui, comme naturel- par l’entremise du CDE et de la vérifiable, pour qui accompagne rare, précieux, on en conviendra, l’insistance avec laquelle certains écri- distractions d’ordre littéraire. On lement, se confond avec son pré- Sodis, son diffuseur et distributeur– depuis des années, en tant que lec- dans l’édition ! vains moyens le jugeaient médio- voit alors, dans les meilleurs des cas, nom. Ce qui simplifie beaucoup les remplace Flammarion dans son capi- teur, la production de POL, une cho- « Je n’ai pas de théorie, mais je cre. » la figure de l’éditeur se dédoubler : choses tout en contournant une tal, à hauteur de 34 %. « Le reste du se discrète, solide, minimale et m’efforce d’avoir une pratique et d’y Le mot « respect » est celui qui schématiquement, le directeur de familiarité dont nous avons déjà dit capital, précise Paul Otchakovsky cependant suffisante : un certain laisser venir le hasard », synthétise revient le plus souvent dans la bou- collection a autorité sur les livres, qu’elle n’était pas dans ses maniè- est détenu par Jean-Jacques Augier, degré de conscience de la littératu- Paul Otchakovsky. Sa pratique est che des écrivains que nous avons pu mais il est soumis aux stratégies res. de La Financière de Clichy, par moi- re, de ses formes et de ses possibles, celle du métier de l’édition pris dans interroger. Charles Juliet souligne sa commerciales de celui qui – de plus Un jour de 1969, donc, il s’en sou- même qui suis président du conseil de ses perspectives et des engage- un sens particulier, personnalisé à « facilité de contact », son « ouvertu- en plus haut – dirige l’entreprise ou vient, le jeune étudiant en droit qu’il d’administration et directeur de POL, ments qu’elle appelle ou exige, est à l’extrême. On peut même penser re » ; Nicolas Fargues insiste sur le groupe. Ses choix, il doit les plier, était écoute à la télévision Jean Cay- ainsi que par trois auteurs. » chaque fois présent, visible, attesté. que tout son itinéraire profession- « son rapport quasi exclusif » avec ou du moins les adapter à des rol parler de son métier de directeur Lorsque l’on interroge les auteurs Après cela, le jugement reste évi- nel avait pour but d’en arriver là, les livres, et donc les écrivains. «Ila enjeux au milieu desquels la littéra- littéraire (au Seuil). Cela lui semble de POL, ou l’éditeur lui-même, on demment libre, qui peut ne pas peut-être par orgueil, plus probable- le don d’installer avec chaque auteur ture elle-même court constamment immédiatement plus attirant et inté- cherche à comprendre diverses cho- recouper celui de l’éditeur. Mais ment par désir. C’est ainsi que le une relation singulière, de lui faire le risque de ne pas faire le poids. ressant que la profession d’avocat à ses. Forment-ils ensemble, comme aucune passion n’est infaillible ; sim- décrivent ceux qui le voient tra- penser qu’il est tout à lui, qu’il n’aime Face à cette réalité et à ce risque, laquelle il se destinait. La même il serait confortable de le penser, plement, on ne peut en juger sur la vailler. Pas de lassitude, aucune fati- que lui », pense Marie Darrieussecq. l’idée de résistance vient à l’esprit. année, joignant l’acte au désir, il une famille, un clan, une école ? foi de la seule courbe des ventes. gue, mais une perpétuelle avidité René Belletto va plus loin, parlant Non une résistance passionnelle et entre comme stagiaire chez Chris- Paul Otchakovsky a-t-il une idée « Quand on publie un auteur, on devant cette matière première dont de « pureté », de « vaillance », et irréaliste, mais une défense résolue, tian Bourgois, directeur de Julliard assez forte, explicite, de la littératu- publie tout ce qu’il écrit, et si un écri- la simple évocation fait bâiller bien même de « sainteté »: « Honnête- obstinée, sourcilleuse, de la littératu- et qui venait de créer sa propre mai- re et de la poésie pour fédérer vain a plusieurs registres, le rôle de des professionnels : les manuscrits, ment, je ne connais personne comme re comme sujet vivant, instable, tou- son. Dans les mois qui suivent, en autour de lui un courant, une ten- l’éditeur est de les accueillir tous. Je ne surtout ceux qui arrivent sans se fai- lui ; il a pu y a voir des tensions... mais jours en devenir. A ce rôle, Paul même temps qu’il assiste au comité dance, une théorie ? Editeur réputé suis pas là pour orienter son travail », re annoncer, par la poste, ou des tout cela baigne dans quelque chose Otchakovsky s’est depuis long- de lecture de Julliard, il effectue son d’avant-garde, amateur de textes dif- affirme-t-il. Ainsi, la poésie n’est nul- mains-mêmes des auteurs... Pas de qui est l’atmosphère POL ». Pour temps senti appelé, sans mysticisme service militaire à Paris. « A moins ficiles ou d’expressions novatrices, lement un secteur marginal dans la directeur de collection donc, pas de Camille Laurens, « il n’y a ni compro- incongru, sans excès de voix ou de d’être une vedette, on n’entre jamais détermine-t-il ses critères de choix production de POL – ce qui est le cas comité de lecture : le « régime d’as- mis ni compromission... oui, on peut comportement. dans l’édition, mais un jour, on y en fonction d’un horizon qu’il aurait chez tous les éditeurs français de semblée », comme il dit, ne sied pas parler d’idéal ». Dominique Fourca- Obstiné donc, il garde dans son est », dit-il. Ce jour est donc difficile préalablement dessiné ? Mais avant quelque importance qui en publient à la littérature, qui est un commerce de, quant à lui, évoque une « pas- allure l’aspect d’un adolescent, com- à déterminer. Est-ce lorsqu’il est de poser ces questions aux intéres- – mais le fruit évident d’un réel enga- à chaque fois singulier, indiscutable. sion dévorante pour la littérature et me si l’homme en lui n’avait pas engagé chez Flammarion à la fin de sés, et à POL en personne, on peut gement : « Je pense que la poésie est « Cette activité élargit mes goûts. Je l’écriture que je n’ai jamais rencon- encore vieilli, ou pas de manière uni- 1970 ? Ou plutôt quand il crée, en se faire soi-même une idée, et se ren- au centre de la littérature, son cœur, ne peux envisager une seule seconde trée ailleurs ». René Belletto citait forme. Près de la place Saint-Michel 1972, dans la maison de la rue Raci- dre à une évidence qui ne simplifie ou si l’on préfère quelque chose de de publier un livre qui ne m’intéresse Don Quichotte ; Fourcade, lui, parle et du siège des éditions POL, on b pas. C’est le fondement de la maison : de « passion blanche, dostoïevskien- remarque parfois sa silhouette pres- je ne publie que ce qui me plaît. » ne ». sée. Il marche à grandes enjambées propos Avec environ 500 titres à son catalo- En fait, c’est cette « politique un peu sautillantes, tenant relevé, gue – à raison d’une moyenne d’auteurs », dans le sens le plus dès les premiers froids, le col de son Paul Otchakovsky-Laurens pourquoi, comment forme à de l’inconnu en moi, je commence à me actuelle de 45 par an – le goût de noble du terme, qui est à la base du vêtement, les épaules incurvées et la et qui publiez-vous ? poser la question de la publication. l’éditeur est suffisamment travail et de la vocation de Paul tête penchée vers l’avant, semblant « Il y a quelques années, en référence à ce que » Cette maison d’édition est ma maison, je m’y suis accueillant. Otchakovsky. Elle est à la fois, et chercher sur le sol un objet toujours disait Jean Paulhan, et pour tenter maladroitement investi au-delà du raisonnable. A cause de ça, parce En fait, tout est affaire d’amitié et solidairement, le capital et le bénéfi- à nouveau perdu. Personne ne son- de m’en distinguer un peu, je disais que je ne que les fondations n’en sont pas raisonnables, elle de fidélité sur le long terme. C’est à ce, non seulement de son entrepri- gerait alors à le distraire d’une bour- publiais pas les livres que j’aurais aimé avoir dans est et restera fragile : ainsi, je ne décide jamais de ce niveau que s’est créé, autour de se, mais probablement de sa person- rade joviale – une familiarité qui ne ma bibliothèque, mais ceux que j’aurais aimé avoir publier parce que je pense que “ça va marcher”, ou POL, un espace avéré de sociabilité, ne et de son désir d’éditeur, ou tout serait d’ailleurs pas du tout son écrits. C’était, sans doute, une facilité et, en même non (bien sûr quand “ça marche”, je ne boude pas de respect réciproque. L’amitié y est simplement de lecteur. Comme le genre – tant il a l’air concentré dans temps, cela montre à quel point je ne suis pas écri- mon plaisir). Je publie parce qu’un texte a touché en implicitement défendue comme note Marie Darrieussecq, un point cette quête ou préoccupé par quel- vain puisque aucun écrivain ne pourrait écrire tous moi quelque chose qui n’avait pas encore été tou- indéfectible, sans reprise ou correc- est fondamental : Paul Otchakovsky que souci majeur lié à cette perte. les livres que j’aime et publie – je ne parle pas, évi- ché, ou pas suffisamment. Et je ne puis être touché, tion mondaine et sociale. Seul ce aime les écrivains – séparément, POL représente donc, sinon une demment, du nombre (encore que le nombre, troublé, déstabilisé que dans la certitude des for- qui est vécu comme une trahison « très jalousement » (c’est Camille exception, du moins une rareté. après trente années d’activité, devienne difficile- mes, et leur plénitude, mais aussi bien, de livre en conduit hors de cet espace. Lors de Laurens qui souligne) – pour ce Dans la maison qu’il a créée en ment accessible). Et à quel point l’écriture et les écri- livre, dans leur diversité et leur confrontation. Et par- ce qu’il est convenu d’appeler « l’af- qu’ils sont. C’est en tant qu’interlo- 1983, après plusieurs étapes qui vains me remuent. En fait, dès que dans un texte il ce qu’il n’y a pas de vraie forme sans contenu, c’est faire Renaud Camus », au cours du cuteur, qu’autre qu’il entretient com- furent comme des montées en puis- y a écriture, dès que se met en place cette sonorité, un jeu très vif, souvent très violent, au cœur duquel printemps 2000, Paul Otchakovsky, merce avec eux. Dès lors, on com- sance, Paul Otchakovsky est le seul jamais la même, qui annonce l’écriture et l’accom- je tiens à être. Je suis vivant : comme tout un chacun qui avait refusé de publier le volu- prend cette reconnaissance qui lui à arrêter les choix, aussi bien édito- pagne – je n’aime pas l’expression “petite musi- je suis complexe, contradictoire, pris entre des for- me du Journal de l’écrivain pour l’an- est acquise, sincère autant qu’on riaux que stratégiques. Il est le que”, trop minimaliste et chichiteuse –, en fait, dès ces antagonistes. Et je ne veux surtout pas que ça née 1994 (La Campagne de France, puisse en juger, unanime en tout patron, là aussi dans le sens le plus qu’une forme se dessine, et qu’en même temps cesse. Je suis vivant, je tiens à le rester : j’ai trouvé paru, retiré, enfin repris, amputé cas. Et comme dans toutes les traditionnel du terme, qui n’exclut quelque chose se passe hors et à côté du sens cou- ce moyen-là, assez loin en effet des apparences de la des passages à tonalité antisémite, familles, comme dans tous les ni la courtoisie ni la modestie. Pour rant, du sens commun – disons, un peu vite, par cohérence, pour comprendre et continuer. » chez Fayard), eut à tenir une posi- corps, c’est lorsque chacun des être plus précis, disons que la straté- opposition à la communication ou à l’information Propos recueillis par tion difficile. La trahison dont nous membres est à sa place, sans empié- gie n’exerce aucune suprématie, ni et tout contre l’indicible – dès qu’une forme donne Patrick Kéchichian parlions pouvait, en plusieurs sens ter sur celle de l’autre, que l’harmo- ne revendique ne serait-ce qu’un du terme, devenir une manière de nie s’établit. essais LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 / IX b Heidegger, « philosophe français »

De fait, les résistances ne tarde- tion sur les affinités entre le langage d’une « gauche heideggérienne » une réflexion sur la complicité entre HEIDEGGER EN FRANCE Dominique Janicaud ront pas à s’amonceler, dont l’une heideggérien et l’idéologie des natio- dans les années 1970-1980, exhu- la rationalité technique et les catas- (I) Le Récit des plus célèbres reste la vive protes- naux conservateurs. De nombreux mant certains avatars du Heidegger trophes du siècle. (II) Entretiens a tenté de cerner les tation de Jankélévitch lors des Ren- autres jalons suivront, qu’il s’agisse, gauchiste, tel Gérard Granel procla- Impossible de restituer ici les de Dominique Janicaud. contres de Cerisy organisées en 1955 comme Pierre Bourdieu en 1975, mant en 1982 la valeur de ce grand innombrables méandres d’une Albin Michel, 596 p. et 292 p., raisons de la réception autour de Heidegger pour sa premiè- d’élargir l’horizon interprétatif à texte qu’aurait été le « Discours du réception également abordée à tra- 27,44 ¤ et 21,34 ¤ re venue en France. D’où l’autre sur- vers ses drames humains et ses lut- (180 F et 140 F). incomparable du maître prise d’un récit qui nuance l’image Souvenirs tes de clans, comme le duel sanglant d’une fascination toute linéaire pour Evoquant les séminaires du Thor, en Provence, qui vit s’opposer, en 1985-1986, ar sa durée, plus d’un demi- de Fribourg en France, une pensée elle-même monolithi- qui se sont tenus en 1966, 1968 et 1969 à l’invita- deux traductions rivales d’Etre et siècle, comme par son que. Même si, l’auteur l’admet, cette tion de René Char, le poète Michel Deguy se Temps. Sans oublier, en coulisse, la ampleur, dépassant de loin des années 1930 « soumission » idolâtre – et, ajoute- souvient : « J’ai trouvé ça réfrigérant ! Un côté figure même d’un Heidegger fin tac- P les cercles universitaires, la à nos jours ra-t-on, parfois grotesque – perdure- cérémonieux… Comme tout était en allemand, ticien qui disparaît le 26 mai 1976. fascination exercée par Heidegger ra chez un petit noyau de disciples peut-être que cela a joué. Les traductions étaient Qu’en ressort-il au fond ? Protéifor- en France n’a rien de comparable rassemblés derrière Jean Beaufret, très lentes ; le Kindergarten [jardin d’enfants] de me, ce Heidegger français apparaît dans aucun pays. Aussi ne Second paradoxe : l’immense vogue grand « ambassadeur » du maître Heidegger très pénible. Il y avait même des profes- aussi, dans une large mesure, com- laisse-t-elle pas d’intriguer, aux Etats- que connaît le philosophe allemand en France. Un ambassadeur envers seurs allemands, et Heidegger demande : “Quelle me un « Heidegger critique ». Aussi Unis comme en Allemagne. Com- dans l’immédiat après-guerre, alors lequel, soit dit en passant, on s’éton- est l’étymologie de Kunst [art] ?” Personne ne est-ce dans cette filiation problémati- ment expliquer en effet qu’une philo- « porté au pinacle du snobisme de l’in- ne que Dominique Janicaud se mon- répond et le Maître dit : “Mais c’est können que et tendue à l’extrême que, pour sophie austère entre toutes, éma- telligentsia parisienne » sans qu’on tre si indulgent, au point de reléguer [pouvoir]. ” C’était du même intérêt que si des Dominique Janicaud, semble s’être nant de surcroît d’un homme dont lui tienne rigueur de son appartenan- en note l’affaire de sa lettre de sou- étudiants de quinze ans avaient l’honneur d’assis- le mieux opéré ce qu’il nomme son les compromissions avec le nazisme ce au camp des vaincus. A cet égard, tien au négationniste Robert ter au dernier cours de Hegel : on était contents « étonnant pouvoir catalyseur ». furent connues dès la Libération, l’auteur revient en détail sur le rôle Faurisson. de toute façon. » (Entretiens, II, p. 81.) Voilà en tout cas un récit qui est pût occuper, trois générations central de Sartre qui, via L’Etre et le loin d’être clos, puisque plus de… durant, une position aussi Néant, où Heidegger n’apparaît pas RETOURS DE LA POLITIQUE l’étude du contexte socio-politique rectorat » en matière de contesta- 30 volumes attendent leur publica- privilégiée sur notre scène intellec- moins de soixante-quatorze fois, va On ne saurait pour autant repro- où s’est élaborée « l’ontologie politi- tion de l’ordre « libéral-fasciste »… tion en langue française ! 30 volu- tuelle ? C’est à cerner les raisons contribuer de façon décisive à la cher à cet essai de sous-traiter la que » du penseur, ou, dans une vei- Presque rien, en revanche, sur le mes, mais « l’espoir d’un mot à d’un tel accueil que s’attache pénétration de sa pensée en France. question des correspondances entre ne plus philosophique, d’en cerner recours à Heidegger au sein de la venir ». Un espoir inscrit en 1967 par Dominique Janicaud dans cette L’heure est à la ruée chez le maître l’œuvre de Heidegger et son engage- les défaillances internes – en particu- gauche antitotalitaire, des « nou- le poète juif Paul Celan dans le livre première histoire de la réception de de Fribourg, d’où de cocasses scènes ment. On en redécouvre même la lier sur le plan éthique et quant au veaux philosophes », au premier d’hôte de la hutte de Todtnauberg, à Heidegger en France, « insolite, de visites devant un Heidegger pas- longue histoire grâce à une restitu- caractère intolérable de son silence rang desquels André Glucksmann, à l’issue de sa rencontre avec Martin cryptée comme un roman policier, sablement stupéfait, lui qui subit tion précise des « vagues successi- sur la Shoah – avec Jacques Derrida, l’intérêt renouvelé pour la dissiden- Heidegger. Le mot ne viendra pas. parfois dramatique ». Pour s’y lan- alors une procédure de dénazifica- ves » de réflexions critiques qui Emmanuel Levinas, ou encore Geor- ce. Il aurait pourtant été intéressant Alexandra Laignel-Lavastine cer, l’auteur, un héritier hérétique de tion. Un voisin croit même qu’on n’ont cessé d’accompagner la récep- ge Steiner et Philippe Lacoue-Labar- d’explorer la façon dont le maître – Heidegger à qui l’on doit, entre vient l’arrêter ! tion du penseur. L’auteur rappelle the en 1981. certes un rien corrigé par Hannah e Le second volume réunit 18 témoi- autres, un essai sur Le Tournant théo- Foisonnement d’articles, de tra- que l’explication par la psychologie Qu’en a-t-il été des usages politi- Arendt et par la figure démocrate du gnages, dont ceux de Kostas Axelos, logique de la phénoménologie françai- ductions, de conférences : les signes et l’opportunisme, bien représentée ques de Heidegger ? Ce fil-là n’est phénoménologue et opposant tchè- Walter Biemel, Jean-François Courti- se (1991), était plutôt bien placé. de la célébrité se multiplient tout au par Sartre expédiant le problème en sans doute pas le mieux maîtrisé. que Jan Patocka – servit alors à nour- ne, Jacques Derrida, Jean-Luc Cette fresque a d’abord le mérite long des années 1950. La figure de 1944 par son fameux « Heidegger L’auteur relève certes la montée rir, comme chez Alain Finkielkraut, Marion, Edgar Morin, Roger Munier. de réinscrire le « phénomène Hei- Heidegger demeure toutefois très n’a pas de caractère, voilà la vérité », degger » dans la durée. L’auteur liée aux thèmes chers à l’existentialis- fit long feu. De la part des heideggé- revient ainsi sur les premières me. Viendront ensuite l’humanisme, riens les plus infidèles – ou les plus phases, quelque peu oubliées, d’une la métaphysique, la technique. Mais créateurs –, s’imposera très tôt l’évi- réception qui remonte à l’avant- là réside justement l’un des princi- dence qu’il n’y a pas la pensée de guerre. Etre et Temps paraît en 1927, paux intérêts de cette enquête : mon- « l’être » d’un côté, et la « faute » de suivi, en 1933-1934, de la ferme adhé- trer combien les rôles du Heidegger 1933 de l’autre. Dès 1946-1948, pour sion du penseur au nazisme. Or, loin français vont se diversifier au fil Eric Weil et Karl Löwith, qui a connu de rallier des admirateurs au sein de d’une « dramaturgie à la fois intellec- Heidegger de très près, l’enjeu l’extrême droite, c’est parmi les tuelle, passionnelle et souvent politi- majeur résidera, en toute rigueur, grands intellectuels libéraux ou de sée ». Avec ses hauts et ses bas : un dans la complexité des liens à penser gauche, juifs pour la plupart, que net recul de son influence, au profit – liens profonds et non accidentels – Heidegger trouve ses principaux du marxisme ou du structuralisme, entre la part philosophique et la part relais. Ils se nomment Georges Gur- aurait par exemple marqué les politique de son cheminement. Nou- vitch – qui lui consacre un séminaire années 1960, à l’inverse ici de la thè- veau rebondissement de taille en en Sorbonne dès la fin des années se soutenue par Luc Ferry et Alain 1961 : Jean-Pierre Faye, qui décou- 1920 –, mais aussi Emmanuel Levi- Renaut, pour qui le style de « la pen- vre à Fribourg une série de docu- nas, Jean Wahl, Alexandre Koyré, sée 68 » aurait été de part en part ments inédits de la période noire, Raymond Aron ou Henri Corbin. heideggérien. entame à son tour une fine médita- « Le temps est venu d’une confrontation » Entretien avec le philosophe et germaniste Marc de Launay

arc de Launay, chargé aux travaux de Didier Frank et de que sa pensée de l’histoire de l’être de recherche au CNRS Michel Haar. et de ses retraits successifs devrait (Archives Husserl de s’opposer à l’idée volontariste de M Paris), est germaniste – Existe-t-il, à votre avis, des révolution. et responsable de l’édition de liens profonds entre la pensée Nietzsche dans la « Bibliothèque même de Heidegger et l’idéologie – Comment expliquez-vous qu’il de la Pléiade ». Ce philosophe a sui- du nazisme ? se soit tu après la guerre ? vi de près l’évolution des attitudes – A mon avis, on ne peut pas affir- – Je crois qu’il n’a pas su com- envers l’œuvre de Heidegger au mer l’existence d’une affinité entre ment intervenir, pas même quand cours des vingt dernières années. la pensée heideggérienne et la base Bultmann le lui a demandé. Il faut Comme il n’est ni un disciple fer- principielle du nazisme. Heidegger rappeler toutefois qu’il existe des vent du maître de Fribourg ni un n’était ni raciste ni antisémite. Je signes de son désarroi qu’on a peut- adversaire acharné de son œuvre, n’ignore pas que l’on trouve dans le être trop peu remarqués. Ainsi nous lui avons demandé d’indiquer volume XVI de ses Œuvres, paru en a-t-il écrit à Jaspers, le 8 avril 1950 : quelques éléments pour faire un allemand l’année dernière, des “Les faits que je rapporte là ne peu- point sur l’approche de Heidegger textes de la période où il fut recteur vent disculper de rien ; ils ne peuvent aujourd’hui. de l’université de Fribourg, en parti- que faire voir combien, d’année en culier deux lettres, où il paraît année, à mesure que le malfaisant se « Quatorze ans après la publi- emprunter un vocabulaire antisé- découvrait, croissait aussi la honte cation du livre de Victor Farias mite (1). Toutefois, dès qu’on se d’y avoir un jour contribué directe- Heidegger et le nazisme (Verdier) donne la peine de les lire, on s’aper- ment ou indirectement.” et les débats auxquels il a donné çoit que Heidegger a d’autres moti- lieu, des conséquences sont-elles vations que l’antisémitisme. Il faut – En résumé, votre conviction perceptibles sur la manière dont d’ailleurs se souvenir qu’il n’a est que nous sommes arrivés au on lit Heidegger aujourd’hui ? jamais mis ses enfants aux moment d’une véritable confronta- – Il convient d’abord de souligner Hitlerjungen, qu’il a refusé de placar- tion avec cette pensée ? que le livre de Farias ne contenait der dans son université l’affiche des – Effectivement, aujourd’hui, la finalement que peu de révélations. SA réclamant l’expulsion des juifs. dévotion n’est plus une attitude La plupart des éléments étaient Il ne s’agit évidemment pas d’actes tenable. Je suis convaincu que déjà connus soit depuis le numéro de résistance, mais ces gestes indi- le temps est venu d’une confronta- des Temps modernes de 1946 et l’en- quent une distance, particulière- tion philosophique avec Heidegger. quête des Alliés sur Heidegger, soit ment significative à une époque où Elle me semble finalement plus depuis 1968 et la publication du ceux qui étaient antisémites le importante que la critique de ses travail de Jean-Michel Palmier à manifestaient publiquement avec compromissions politiques, et aussi l’Herne sur les Ecrits politiques de la plus grande virulence. plus difficile. Elle exige en effet que Heidegger. Si le livre de Victor Il n’en reste pas moins que l’on réinterprète ses lectures de Pla- Farias a provoqué malgré tout un Heidegger a cru que Hitler incar- ton ou d’Aristote, ou que l’on retra- choc considérable, ce fut en raison nait une révolution capable de vaille la question du temps de l’his- de la piété qui avait fini par entou- tracer une voie nouvelle, spécifique- toire (2). C’est seulement ainsi que rer une figure devenue, pour bon ment allemande, entre la démocra- l’on parviendra à penser à partir de nombre de philosophes français, le tie à l’anglo-saxonne et le commu- Heidegger pour aller au-delà de symbole du dernier recours critique nisme bolchevique. Il a cru que le lui. » contre la modernité. nazisme allait pouvoir sortir l’Alle- Propos recueillis par Les conséquences de la crise magne de l’humiliation de la défaite Roger-Pol Droit ouverte par le livre de Farias ont et rendre leur fierté à la pensée et à été de trois ordres. La plus domma- la langue allemandes. Evidemment, (1) « Le Monde des livres » du 15 juin. geable, à mes yeux, est qu’un la déception n’a pas tardé. (2) Signalons la parution du cours don- certain nombre d’étudiants se sont De toute manière, les points d’in- né par Heidegger à Marbourg durant désormais crus dispensés de lire compatibilité sont nets entre le l’année 1924-1925 qui propose une Heidegger. Une deuxième consé- fond de sa pensée et le mouvement analyse du Sophiste de Platon ; la pre- quence a été de stimuler la reprise nazi. Le peuple que Heidegger mière partie de ce cours porte plus pré- du travail des historiens, qui ont exalte n’a pas dans son esprit de cisément sur le livre VI de l’Ethique à confirmé ou corrigé et nuancé les base matérielle. Sa doctrine n’a Nicomaque d’Aristote (Platon : Le affirmations de Farias, notamment rien de biologique. En outre, sa criti- Sophiste, publié et traduit de l’alle- Hugo Ott. Enfin, et surtout, un que de la technique entre en conflit mand sous la responsabilité de Jean- véritable chantier de critique philo- avec le développement du nazisme François Courtine et Pascal David, Gal- sophique de l’œuvre de Heidegger effectif. Reste que son espoir d’une limard, « Bibliothèque de s’est engagé. Je pense en particulier révolution a été bien réel , alors philosophie », 662 p., 39 ¤ [255,82 F]). X / LE MONDE / VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Les étranges noces du livre et de la publicité b Les irritations des éditeurs sco- laires. Les éditeurs scolaires ont La romancière britannique Fay Weldon s’engage par contrat à citer un célèbre joaillier, un opérateur de téléphone fait part de leurs préoccupations, lors de leur conférence de presse insère douze pages de publicité dans le nouveau livre de Luigi Malerba de rentrée, jeudi 13 septembre. Ils ont critiqué les « dérèglements n Grande-Bretagne et en ment curieux et avides de connais- matiser : « Après réflexion, nous doch. Romancière à succès sans ancienne. « A la fin du XIXe siècle, inquiétants » du ministère de l’édu- Italie, deux barrières vien- sances – de notre ami Luigi Maler- avons adopté l’idée de Malerba, être un écrivain commercial, Fay Michel et Calmann Lévy, explique cation nationale dans la concep- nent de s’effondrer qui ba ». mais nous n’y gagnons rien. C’est le Weldon avoue avoir un peu hésité l’historien de l’édition Jean-Yves tion et la parution des nouveaux établissaient des frontiè- Luigi Malerba, auteur d’une lecteur qui y gagne. Le livre a été dans un premier temps, pour des Mollier, inséraient des publicités au programmes scolaires et l’ont ren- Eres entre le livre et la publicité. La vingtaine de romans, ne redoute imprimé en 12 000 exemplaires, raisons d’image, avant de dépas- début et à la fin des livres, pour des du responsable des retards de romancière britannique Fay Wel- pas le mariage entre littérature et sans le sponsor nous aurions fait le ser la demande de son annonceur, machines à coudre Singer, des vête- publication des nouveaux don publie un roman, The Bulgari publicité. Cet ancien directeur même livre, mais plus cher et avec en intégrant le joaillier dans l’intri- ments. L’idée a été reprise dans les manuels scolaires. Ils ont déploré Connection, pour lequel elle a d’une agence publicitaire en a un tirage moins important. Si les gue, plutôt que de se contenter d’y années 1920, par Gallimard notam- qu’un manuel sur cinq était enco- signé un contrat avec le joaillier, même eu l’idée et l’a proposée à résultats sont concluants, nous pour- faire quelques discrètes allusions ment. Mais cela est toujours resté re en francs. Enfin, le Syndicat dans lequel elle s’engage, contre Mondadori afin de réduire le prix rions en faire d’autres. En tout cas, dans le cours du texte. Le montant marginal et sporadique ». national de l’édition a lancé une rétribution, à citer la marque une de vente du livre. « Città e dintor- dans un marché du livre assez peu du contrat n’est pas connu. Son enquête sur les conséquences de douzaine de fois dans le livre. En ni coûte 18 000 lires (9,3 euros), dynamique comme le nôtre, tout ce agent, Giles Gordon, s’est enthou- DES CAS LIMITÉS la gratuité du livre scolaire, qui Italie, c’est le romancier, Luigi sans la publicité l’éditeur aurait été qui peut aider à développer les ven- siasmé : « Peu importe que vous Directeur des études de la cen- s’étend dans les lycées. Les édi- Malerba, qui n’a pas hésité à insé- obligé de le vendre à 32 000 lires tes doit être essayé. Bien évidem- soyez payé par un éditeur ou par un trale d’achats d’espace publici- teurs estiment qu’elle ne doit pas rer au milieu d’un recueil de récits (16,53 euros) », a-t-il expliqué au ment sans toucher à l’indépendan- bijoutier italien », explique-t-il au taire Carat, Luciano Bosio ne croit entraver le renouvellement des de voyage douze pages de publici- Monde. « Je n’ai pas du tout l’im- ce des écrivains. » Luigi Malerba New York Times, tandis que Jane pas vraiment à l’extension de la manuels et pénaliser les libraires té pour l’opérateur de téléphone pression d’avoir transformé le livre veut se distinguer de l’exemple de Friedman, directrice de HarperCol- publicité dans les livres. D’un qui voient de nombreux marchés Omnitel/Vodafone. en produit de supermarché. La Fay Weldon : « C’est une compro- lins, estime que « cela [lui] donne point de vue cynique et économi- leur échapper au bénéfice de gros- Le lecteur de Città e dintorni, valeur littéraire de mon texte est la mission du texte avec les valeurs beaucoup d’idées : quel meilleur que, il constate que « les livres sistes. publié par Mondadori dans l’une même, avec ou sans publicité. Je marchandes qui ne concerne pas moyen de faire passer un message n’ont pas une audience gigantesque b Bernard Foulon quitte Hatier. de ses collections les plus presti- n’ai pas utilisé la publicité pour spé- mon livre. » Il est encore trop tôt que d’avoir des livres comman- et l’effet des publicités risque d’être Bernard Foulon, PDG d’Hatier, gieuses, se promène avec l’auteur, culer ou gagner plus d’argent, au pour savoir combien d’exemplai- dés ». Les bijoux de la romancière limité. De plus on croule en ce vient de quitter ses fonctions. Il est à Rome, en Amérique ou en Grè- contraire, même mes droits res de Malerba ont été vendus… et ont suscité un large débat et beau- moment sous la demande de sup- remplacé par Arnaud Nourry, qui ce. Il vient de parcourir l’Olympe d’auteur vont baisser, bien que j’es- combien de téléphones portables. coup de scepticisme, en Angleter- ports publicitaires ». Pour lui, les était précédemment directeur et de visiter les cités des dieux père vendre plus d’exemplaires. re et aux Etats-Unis. L’auteur de publicitaires ne peuvent pas faire général adjoint. Bernard Foulon grecs, lorsqu’à la fin du chapitre, Lorsqu’il regarde un film à la télévi- PRISE AU JEU Copies conformes (Rivages, 1994) n’importe quoi : « Il y a des limites travaillait depuis trente-quatre ans le visage de la top model austra- sion, le spectateur ne peut pas La romancière britannique, qui est en tout cas prête à recommen- à la communication publicitaire, dans la société créée par son arriè- lienne Megan Gale propose « des échapper aux publicités qui l’entre- a également travaillé dans la publi- cer : « Peu importe d’où vient sinon cela peut générer des effets re-grand-père, Alexandre Hatier. idées pour changer le monde », coupent. En revanche, dans un cité, assume et justifie elle aussi l’idée, si le roman correspond à ce contraires. Plus on va vers un public L’entreprise a été rachetée par avec Omnitel/Vodafone. Idées qui livre, le lecteur peut toujours sauter son choix. A l’origine, il s’agissait que vous voulez écrire. » aisé, plus il faut faire attention, Hachette en 1996 pour environ se résument à quelques citations les pages publicitaires. La qualité d’une commande du joaillier Bul- Le placement de produits est sinon c’est désastreux pour la 600 millions de francs. M. Foulon sur papier glacé de Berenson, Tols- du livre n’en pâtit pas. » gari, pour un texte destiné à ses une stratégie publicitaire très effi- marque. L’édition doit rester un n’a pas souhaité occuper un poste toï, Nietzsche et Flaubert, précé- Le directeur du secteur livre de clients. Puis elle s’est prise au jeu cace au cinéma. Il est plus rare domaine préservé. » plus général au sein du groupe, et dées d’un court texte présentant Mondadori – qui appartient à l’em- pour en faire un roman qui dans les livres, même si cela a déjà Frédéric Beigbeder est effondré a quitté Hachette-Livre. Son ces pages comme « un hommage pire de Silvio Berlusconi –, Mas- enthousiasme son éditeur Harper- existé, dans la littérature populai- par ces initiatives. Il avait entre- départ intervient quelques mois aux lecteurs – des gens certaine- simo Turchetta, veut aussi dédra- Collins, propriété de Rupert Mur- re notamment. Cela aurait été le coupé son roman 99 francs de faus- après celui de Christian Travers, cas pour des SAS de Gérard de Vil- ses publicités pour la cocaïne, la PDG d’Hachette-Education, liers, ou des livres de Paul-Loup réouverture des maisons closes le l’autre branche éducation du grou- Sulitzer. Le patron du Masque, suicide, mais il ne pensait pas être pe Lagardère, qui a été remplacé Didier Imbot, se souvient par si vite rejoint par la réalité : par Isabelle Jeuge-Maynard. exemple, d’avoir vu des contrats « Quand j’ai écrit le livre, c’était pré- b Dominique Maillotte limogé « Que sais-je ? » et la fée marketing des années 1960, stipulant qu’un cisément pour éviter ça, pour que la d’Hachette. Dominique Maillotte, héros d’une série ne devait boire littérature reste le dernier endroit responsable des activités indus- que du Casanis… protégé, libre, le village gaulois qui tries et services d’Hachette, a été soixante ans, la vénérable collection des peuvent acheter des volumes qui les intéressent. Même la publicité dans les livres résistaient aux envahisseurs publici- démis de ses fonctions par la direc- Presses universitaires de France fait un Ainsi, le volume sur Les Maladies respiratoires fait n’est pas une nouveauté. La qua- taires. J’étais trop optimiste. » tion d’Hachette-Livre. Son PDG, grand saut dans le marketing. La collec- l’objet d’une présentation avec un bandeau, indi- trième de couverture de la Série Ces initiatives rencontrent pour Jean-Louis Lisimachio, en assure tion créée par Paul Angoulvent en 1941 a quant : « édition réservée au corps médical réalisée Noire a longtemps vanté l’eau de l’instant davantage de scepticisme l’intérim. Des « faits graves » ont Atoujours su utiliser des techniques publicitaires grâce au soutien des Laboratoires Grünenthal ». Les toilette « Balafre pour hommes » que d’enthousiasme et risquent de été reprochés à M. Maillotte et pour arriver à une diffusion large, tout en mainte- entreprises peuvent y insérer de la publicité, modi- ou les cigarettes Bastos. Les se heurter à la recherche d’efficaci- sont à l’origine de son départ bru- nant sa qualité scientifique. De « l’Encyclopédie du fier les couvertures, mais ne peuvent pas toucher au revues Poésie 1 et Vagabondages té publicitaire. L’avenir dira si l’on tal. Nommé en 1998, M. Maillotte XXe siècle » aux « Envies du savoir », les PUF ont mul- contenu du livre. « Il s’agit de “Que sais-je ?” à insèrent de la publicité. Monda- verra de nouvelles éditions de La avait été responsable du même sec- tiplié les slogans efficaces : « “Que sais-je ?” a répon- façon, explique Dominique Morel, mais le texte est dori avait également signé un Recherche du temps perdu, sponso- teur chez Havas-Interforum. se à tout », « Votre second cerveau », « l’exploration inviolable. Il y a aussi un sas totalement hermétique contrat avec Calvin Klein pour des risées par Seïko à Quartz ou de La b Elisabeth Samama chez permanente ». En 1994, alors que l’entreprise s’ap- entre l’édition et les publicités et entre ces exemplaires publicités au dos d’une collection Métamorphose par Baygon ! Fayard. Elisabeth Samama, édi- prêtait à entrer dans des années de crise, « Que sais- et la librairie. » de poésie. Fabio Gambaro trice chez NIL et Robert Laffont, je ? » lançait un prémonitoire slogan : « Qui sait jus- « Les entreprises ont des problèmes de contenus La publicité est même plus et Alain Salles rejoint en novembre les éditions qu’où ira cette collection, on peut se poser la ques- dans leur communication. Notre démarche les inté- Fayard, comme directrice littéraire tion. » En 2001, l’entreprise est repartie sur de nou- resse », poursuit-il. En règle générale, il s’agit de où elle travaillera plus particulière- velles bases, avec l’entrée dans son capital de Flam- titres existants, qui font l’objet d’un tirage spécial. ment sur la littérature française marion et de MAAF assurances. Mais les PUF n’excluent pas des partenariats. Une aux côtés de Claude Durand, PDG On ne savait pas non plus que la collection allait banque veut utiliser « Que sais-je ? » pour communi- de cette filiale d’Hachette, qui a intéresser les magazines spécialisés dans la commu- quer avec sa clientèle jeune sur l’euro. Si le résultat accentué sa production romanes- nication. « Que sais-je ? » fait en effet une cam- est satisfaisant, le titre pourra être vendu en librai- que ces dernières années. pagne dans l’hebdomadaire CB News pour mettre en rie, sans mention de la banque. Un « Que sais-je ? » b Les pays arabes à l’honneur à avant une initiative lancée il y a quelques années, sur les cancers colorectaux n’aurait sans doute pas Montreuil. Le Salon du livre de dans la discrétion, considérée aujourd’hui comme vu le jour s’il n’avait été commandé par un labora- jeunesse de Montreuil (Seine- un axe de diversification non négligeable. « Que sais- toire. « Il s’agit d’un livre d’information qui ne va pas Saint-Denis) met à l’honneur les je ? » propose aux entreprises et à des organismes vanter un quelconque médicament. Il ne faut pas pays arabes et leur littérature du professionnels d’acheter des exemplaires de la col- jouer avec le feu. On n’a pas l’impression que cela 28 novembre au 3 décembre. lection en rapport avec leurs activités, pour leurs puisse nuire à l’image de la collection. Cela ne retire « Après ce qui vient de se passer aux clients ou leurs employés. Techniquement, cela s’ap- rien à son image de sérieux. » Si ce genre d’initiatives Etats-Unis, notre choix est plus que pelle du marketing relationnel. « Il s’agit d’utiliser les a déjà eu lieu. Cela a été rarement fait avec autant jamais valide, car il est importantis- “Que sais-je ?” comme une marque ou un produit de systématisme. Comme disait le slogan, « qui sait sime de ne pas en rester aux ignoran- pour prospecter leurs clientèles », explique Domi- jusqu’où ira cette collection, on peut se poser la ces, aux méconnaissances et aux a nique Morel, directeur du développement des PUF. question ». priori qui génèrent les pires fantas- Concrètement, des laboratoires pharmaceutiques A. S. mes », a déclaré la nouvelle direc- trice du Salon, Sylvie Vassalo.

Rectificatif création des 1res Nuits de la cor- b LES 28 ET 29 SEPTEMBRE. b Dans la chronique science-fic- AGENDA respondance d’Alger (rens. : 04-92- VARGAFTIG. A Villeneuve-sur- tion de Jacques Baudou (« Le Mon- 72-75-81). Yonne (89) se tient un colloque sur de des livres » du 7 septembre), les b DU 22 AU 30 SEPTEMBRE. POÉ- b LE 27 SEPTEMBRE. TRADUC- Bernard Vargaftig, avec l’exposi- références du livre de Brian Aldiss SIE. A Paris, l’association Oniropo- TION. A Paris, dans le cadre des tion « Face aux images » présen- étaient erronées. Le titre exact lis présente la 3e édition de La Cité Lectures bibliques publiques, les tant les livres du poète (à 10 h 30 le est : Supertoys, intelligence artificiel- des plumes, festival de poésie mise Revues parlées proposent un débat 28, 9 h 30 le 29, Théâtre municipal, le et autres histoires de futur (éd. en scène, en musique et en images entre Henri Meschonnic et Jacques 25, rue Carnot ; rens. : 03-86- Métailié, 220 p., 18 ¤ [118 F]). (à partir de 17 h 30, entrée 30 F Roubaud, sur la traduction de la 87-23-32). [4,57 ¤] péniche Adélaïde, face au Bible (à 19 h 30, centre Georges- 42, quai de la Loire, 75019 Paris) Pompidou, 19, rue Beaubourg, b LE 23 SEPTEMBRE. DONNER. 75004 Paris, rens. : 01-44-78-43-87). A Paris, les éditions Grasset et la b LES 27, 28 ET 29 SEPTEMBRE. librairie Entrée Livre proposent une CAMUS. A Poitiers, se tient le rencontre avec Christophe Donner 4e Colloque international organisé pour son livre L’Empire de la morale par l’association les Amitiés camu- (à 11 h 30, 2, rue Théophile- siennes sur L’Enfance et la Mort Roussel, 75012 Paris ; rens. : 01-43- (Musée Sainte-Croix, 61, rue Saint- 42-10-01). Simplicien, 87000 Poitiers ; rens. : b LE 23 SEPTEMBRE. CELAN. 05-55-30-70-36 ou Sisyphe A Paris, le Musée d’art et d’histoire [email protected]). du judaïsme propose une rencon- b DU 27 SEPTEMBRE AU tre-lecture autour de la correspon- 3 OCTOBRE. RENCONTRES. A dance entre Paul Celan et Gisèle Sarajevo se déroulent les 2es Ren- Celan-Lestrange ; André Wilms lira contres européennes du livre orga- lettres et poèmes (à 16 heures, nisées par Etonnants Voyageurs, le 71, rue du Temple, 75003 Paris ; Centre André-Malraux de Sarajevo rens. et réservations au 01-53- et le Collège des traducteurs littérai- 01-86-46). res d’Arles où écrivains, traducteurs b LE 24 SEPTEMBRE. GIDE. A et cinéastes des pays balkans dialo- Paris, l’Istituto italiano di cultura gueront avec leurs homologues organise une soirée autour d’André européens et algériens (rens. : Gide et ses rapports à l’Italie à tra- [email protected]). vers les notes de ses voyages ; avec b LES 28 ET 29 SEPTEMBRE. LEH- Catherine Gide (à 18 h 30, 50, rue MANN. A Paris, l’université Paris- de Varenne, 75007 Paris ; rens. : VII - Diderot, l’université de Marne- 01-44-39-49-39). la-Vallée et le British Council orga- b DU 26 AU 30 SEPTEMBRE. nisent un colloque, pour le centenai- CORRESPONDANCE. A Manos- re de la naissance de l’écrivain sur le que (04) se déroulent les Nuits de la thème « Rosamond Lehmann et le correspondance, avec spectacles, métier d’écrivain » (rens. et inscrip- expositions, rencontres, lecture et tions au 01-44-78-34-69 ou en invitée : l’Algérie, avec la [email protected])