Étude Originale
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Étude originale Les déterminants de l'adoption du système d'irrigation par goutte-à-goutte par les agriculteurs algériens de la plaine de la Mitidja Salima Salhi1 2 Résumé Amar Imache ` ´ ´ ´ 3 Durant la derniere decennie, l’Algerie a encourage l’adoption de techniques d’irrigation Jean-Philippe Tonneau plus e´conomes en eau, comme l’irrigation par goutte-a`-goutte, en subventionnant les 1 Mohamed-Yassine Ferfera agriculteurs graˆce a` un plan national de de´veloppement agricole. Cette initiative n’a connu 1 Cread le succe`s qu’aupre`s d’un nombre restreint d’agriculteurs. L’objectif de l’article est Rue Djamel Eddine-El-Afghani- El-Hammadia d’identifier les de´terminants qui influencent les agriculteurs alge´riens dans leur choix (Bouzareah) d’adopter le syste`me d’irrigation par goutte-a`-goutte. Du point de vue me´thodologique, le BP 197 mode`le ‘‘Logit’’ nous a permis de mettre en e´vidence les variables significatives qui influent Rostomia (Alger) sur la strate´gie des agriculteurs quant a` l’adoption de cette innovation. Les re´sultats Algerie montrent que montant de subvention, type de culture pratique´e, niveau d’instruction <[email protected]> <[email protected]> affectent positivement l’adoption du goutte-a`-goutte. En revanche, le couˆtde 2 l’investissement, les conditions d’acce`sa` la subvention et le manque d’ouvrage Lisode hydraulique semblent avoir un effet ne´gatif sur l’adoption de ce syste`me d’irrigation 361, rue J-F Breton BP 5095 e´conome en eau. 34196 Montpellier cedex 05 Mots cle´s:agriculture ; Alge´rie ; innovation ; irrigation localise´e;me´thodes d’irrigation ; France <[email protected]> Mitidja ; mode`le de simulation ; pe´rime`tre irrigue´. 3 Cirad The`mes : eau ; e´conomie et de´veloppement rural ; me´thodes et outils. UMR Tetis TA C-91/MTD (Bât. M. Tel ed., Bur. 105) Abstract 34398 Montpellier cedex 5 Determinants of conversion to drip irrigation systems by farmers: The case of the France <[email protected]> Mitidja plain in Algeria Over the last decade, Algeria has encouraged the adoption of water saving systems by providing subsidies to farmers through a national plan for agricultural development, with particular attention paid to drip irrigation. This initiative has been successful only for a limited number of farmers. This work aims at analysing the determinants that influence the Algerian farmers in converting to the drip irrigation system. This work is based on a model (Logit) that allowed us to identify variables significantly influencing the innovation behaviour of farmers regarding the decision to adopt the system. The results show that subsidies, type of crop and educational level have positively affected adoption. However, the investment costs, conditions needed to access and lack hydraulic structure seem to have a negative affect the adoption drip irrigation. Key words: Algeria; irrigation methods; simulation model. Subjects: economy and rural development; tools and methods; water. Pour citer cet article : Salhi S, Imache A, Tonneau JP, Ferfera MY, 2012. Les déterminants de l'adoption du système d'irrigation par goutte-à-goutte par les agriculteurs algériens de la plaine de la Mitidja. Cah Agric 21 : 417-26. doi : 10.1684/agr.2012.0598 doi: 10.1684/agr.2012.0598 Tirés à part : S. Salhi Cah Agric, vol. 21, n8 6, novembre-de´ cembre 2012 417 ede´ficit des ressources en eau superficielle dans la Mitidja est devenu chronique. Depuis Ville d’Alger L Boudouaou les anne´es 1966, les se´cheresses Méditerranée Rouiba re´currentes, l’e´puisement des nappes, Dar el Beida IIamix et l’envasement des barrages ont Sabel Khemis Ouled Moussa el Khechna fait que toutes les agglome´rations de Sidi Meftab Birtouta Moussa cette re´gion littorale ont souffert de Boufir Chebbi ce de´ficit. La capitale, Alger, a connu Oued el Alleug L’ Arba Hadjout Attatba Bougara La Mitidja de nombreuses coupures d’eau qui Souma Bouinan n’ont diminue´ qu’a` partir des anne´es Bourkika Hameur El Ain EI Croquis de localisation Meurad Affross Beda 2007 et 2008 avec l’installation d’uni- Chiffa te´s de dessalement d’eau de mer Mouraia Zones d’étude (Boutarfa, 2004 ; PNUD, 2009). N Atlas blidéen Ce contexte de pe´nurie a conduit a` 0 5 10 Km une diminution des volumes d’eau alloue´sa` l’agriculture. Par exemple, dans le pe´rime`tre irrigue´ du Hamiz Figure 1. Les zones d'étude dans la plaine de la Mitidja (Algérie) : El-Hamiz à l'est, Ahmer-El-Ain à (figure 1), ces volumes sont passe´sen l'ouest. moyenne annuelle de 12,1 hm3 pour 3 Figure 1. Large cities located in the Mitidja (Algeria): El-Hamiz to the East, Ahmer-El-Ain to the West. la pe´riode 1987-1991 a` 6,7 hm pour Cité par G. Mutin : http://aan.mmsh.univ-aix.fr/volumes/1975/1975/AGRICULTURE-EN-MITIDJA.pdf la pe´riode 2001 a` 2005, entraıˆnant une re´duction de plus de 70 % des super- ficies irrigue´es, soit 10 000 hectares en 1987 et 1 900 hectares en 2005 Ade´oti et al., 2002), pour expliquer Dans une premie`re partie, nous pro- (figure 2). Durant la pe´riode 2000- l’adoption du goutte-a`-goutte par les ce´dons a` une revue de la litte´rature 2005, dans le pe´rime`tre du Hamiz, agriculteurs en Alge´rie. Une recherche relative a` l’adoption des innovations seuls 10,7 % de la superficie irrigable de terrain a e´te´ mene´e dans deux afin d’en extraire les hypothe`ses a` ont e´te´ effectivement irrigue´sa` partir pe´rime`tres irrigue´s situe´s dans la ve´rifier graˆce a` nos donne´es de terrain. des eaux superficielles. Mitidja, a` l’est (El-Hamiz) et a` l’ouest Ces hypothe`ses sont ensuite traduites Pour pallier cette pe´nurie et mieux (Ahmer-El-Ain) d’Alger pour re´pondre en variables, qui ont oriente´ la recher- ge´rer la ressource en eau, une politique aux questions suivantes : quels sont che d’information lors des enqueˆtes de subvention aux techniques moder- les facteurs les plus significatifs mene´es dans les pe´rime`tres d’e´tude. nes d’irrigation, e´conomes en eau, influenc¸ant l’adoption du goutte-a`- Dans une deuxie`me partie, nous comme le goutte-a`-goutte, a e´te´ mise goutte par les agriculteurs alge´riens ? testons ces variables explicatives, en en place. Au de´but de sa mise en Les politiques publiques tiennent-elles utilisant le mode`le Logit. Enfin, nous œuvre, en 2000, le taux de subvention compte de ces facteurs ? discutons les re´sultats afin d’en tirer atteignait 100 % du couˆt total de l’investissement. En 2005, ce taux de subvention n’est plus que de 30 %. La politique de subvention n’a pas atteint les objectifs escompte´s (Salhi et 12 000 Be´drani, 2007 ; Imache, 2008). L’hypo- ` these que nous faisons est qu’elle ne 10 000 prend pas totalement en conside´ration les de´terminants de l’adoption de cette innovation par les agriculteurs. 8 000 En Alge´rie, peu d’e´tudes ont porte´ sur l’adoption de syste`mes d’irrigation 6 000 e´conomes en eau. L’objectif de cet article est d’identifier les de´terminants 4 000 de l’adoption de la technique du goutte-a`-goutte. Notre travail pourrait 2 000 contribuer a` l’e´laboration de politi- ques publiques de de´veloppement 0 agricole re´pondant mieux aux besoins 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 des agriculteurs. Superficies irriguées (hectares) Nous avons voulu tester et ve´rifier de manie`re syste´matique la validite´ des Figure 2. Superficies irriguées dans le périmètre du Hamiz (hectares). explications habituellement avance´es dans la litte´rature (D’Souza et al., Figure 2. Irrigated areas within the perimeter of Hamiz (hectares). 1993 ; Nkamleu et Coulibaly, 2000 ; Source : Benmihoub (communication personnelle, 2009). 418 Cah Agric, vol. 21, n8 6, novembre-de´ cembre 2012 des recommandations pour le succe`s s’ajoutent 5 000 euros pour la cons- terrane´en avec une pluviome´trie du goutte-a`-goutte en Alge´rie. truction d’un bassin d’accumulation moyenne de 660 mm/an. L’agriculture individuel de 100 m3. Selon Imache pratique´e est essentiellement oriente´e et al. (2007), Salhi et Be´drani (2007), vers l’arboriculture fruitie`re (agrumes) Benouniche et al. (2010) et Salhi et et le maraıˆchage (Hartani, 2004). Deux Variables explicatives Be´drani (2010), le goutte-a`-goutte est pe´rime`tres, situe´sa` l’est et a` l’ouest de souvent utilise´ pour les cultures sous la Mitidja, ont constitue´ nos terrains et hypothèses serre et l’arboriculture fruitie`re. d’investigation (figure 1). Les conditions d’acce`sa` la subvention Une meˆme enqueˆte a e´te´ re´alise´e L’identification des variables explica- et son montant modifient fortement successivement sur les deux sites. tives de l’adoption des innovations le comportement des agriculteurs En 2007 elle a concerne´ le pe´rime`tre dans les processus productifs est un (Bekkar et al., 2007 ; Salhi et Be´drani, d’El-Hamiz qui se trouve a` l’est de sujet de controverse. Ainsi selon 2007 ; Salhi et Be´drani, 2010 ; et la Mitidja, a` 20 km au sud-est d’Alger, D’Souza et al. (1993), Nkamleu et Benouniche et al., 2011). L’octroi est avec un e´chantillon de 120 exploita- Coulibaly (2000) et Ade´oti et al. toujours subordonne´ a` l’autofinance- tions. Puis, elle a e´te´ re´alise´e entre (2002), deux indicateurs d’ordre ment d’une partie du couˆt de l’inves- 2008 et 2009 dans le pe´rime`tre humain «aˆge » et « niveau d’instruc- tissement, ce qui peut constituer un d’Ahmer-El-Ain, a` l’ouest de la Mitidja, tion » sont des variables significatives obstacle ou un frein a` l’adoption pour a` 90 km au sud-ouest d’Alger, avec expliquant l’adoption d’une innova- les plus jeunes exploitants, ceux qui ne un e´chantillon de 107 exploitations.