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EXPOSITION > 16 septembre 2017 / 31 mai 2018 LA CARICATURE RACONTE L’HISTOIRE DE FRANCE Livret d’accompagnement musee-nogentsurmarne.fr MEUNIER La garde au viaduc de Nogent, île des loups. 1915. 2 Préface uatre millions de personnes se sont rassemblées en France pour protester contre l’attentat qui a ensanglanté QCharlie Hebdo le 7 janvier 2015. Les Français, toujours prêts à se diviser, se sont retrouvés dans une communion nationale. Cette mobilisation sans précédent trouve son origine dans l’histoire politique française. En effet, depuis la Renaissance, la caricature a pris une place déterminante dans la construction de l’identité de la France et de son opinion publique. Les caricatures sont devenues un mode d’expression qui a façonné notre représentation de l’Histoire de France. Ce sont les fils spirituels de François Cavanna, enfant de Nogent et co-fondateur de Charlie Hebdo, qui ont été assassinés : Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski. Si leurs caricatures ont déclenché autant de violence, c’est qu’elles étaient conçues pour rire, mais aussi pour indigner et transgresser. L’exposition La caricature raconte l’Histoire de France proposée par le musée de Nogent évoque une épopée tragi-comique de la naissance de la caricature politique (XVIe siècle) jusqu’en 2011, millième numéro de Charlie Hebdo intitulé « le journal qui enterre les présidents ». Jacques J.P. MARTIN Maire de Nogent-sur-Marne Président de ParisEstMarneBois 3 Naissance et contrôle de la caricature politique XVIe – XVIIe siècles La caricature existe de tous temps et sur tous supports Au Moyen Age, elle fait sourire. On la trouve dans les manuscrits enluminés, sur les chapiteaux. Elle ridiculise la noblesse et le clergé. Mais ces figures grotesques n’ont pas de réelle visée politique : le pouvoir est respecté. XVIe siècle : naissance de la caricature dévastatrice L’homme de la Renaissance s’affranchit de la morale médiévale (qui était marquée par l’autorité, l’enseignement de textes théologiques). D’autre part, la Réforme protestante prône le « retour au texte » et l’écoute de la conscience individuelle. C’est dans ce contexte que la caricature attaque le dogme religieux et les institutions politiques. Pendant les guerres de religion, catholiques et protesta nts se déchirent par caricatures interposées. L’imagerie militante naît à cette occasion. Elle est personnalisée car on ridiculise des personnalités « réelles » : le pape en Allemagne et aux Pays-Bas ; le roi pendant la Ligue. La Ligue catholique (qui s’opposait au protestantisme et contestait Henri III) est caricaturée à son tour, sous forme d’une horrible bestiole à trois têtes. Le pape est ridicu lisé par les protestants : il a une tête d’âne pour symboliser sa sottise. François Ier avait autorisé la diffusion de la caricature avant de la censurer en 1520. De même, Henri III, Henri IV les font détruire systématiquement. La caricature est d’abord une gravure sur bois de petite taille, insérée dans des pamphlets. Mais on réalise aussi des affiches. XVIIe siècle : censure Il est difficile de s’exprimer librement. La censure est imposée par Richelieu en 1629. La police veille : aucune critique du pouvoir ne doit être publiée. Par contre, d’admirables caricatures contre l’Espagne (en guerre contre la France) sont réalisées en 1632 : Louis XIII soutenait les princes protestants contre les Habsbourg d’Allemagne et d’Espagne (catholiques). Pendant la guerre de Trente ans (1618-1648), L’espagnol est ridiculisé : c’est un soldat fantoche, alcoolique et hâbleur. Comme il est impossible de s’attaquer à la cour, la satire utilise alors le texte, pour railler les mœurs de la bourgeoisie et de la noblesse : les fables de La Fontaine « utilisent » les animaux à la place des hommes. Les pièces de Molière dénoncent l’intolérance religieuse, la fausse science. Il n’existe pas d’images contre Louis XIV et Louis XV mais la critique politique s’exerce tout de même en attaquant les jésuites. À l’étranger, les Hollandais réalisent des caricatures contre Louis XIV. 4 ANONYME Portrait d’un monstre prodigieux trouvé à Rome l’An 1496 Gravure extraite d’un recueil de Luther, Calvin et Melanchton 1557 - BNF Une caricature protestante contre le pape Alexandre VI. Il a une tête d’âne, des écailles, un ventre de femme, un pied de bouc… La main droite est le pied d’un éléphant : le pape écrase les consciences. La poitrine de femme symbolise la volupté du clergé. À gauche, le château Saint-Ange. À droite, la tour des nonnes, considérée comme le lupanar pontifical. Dresse la liste des animaux utilisés pour représenter ce «monstre» Pour la tête : La peau : Le pied droit : Le pied gauche : Le bras droit : La queue : GODEFROY ENGELMANN Moyens sûrs et honnêtes pour ramener les hérétiques à la foi catholique : 1-la roue 2- la prison 3- le fouet 4-la potence 5-les galères 6-le feu Lithographie (1819, d’après un dessin de 1686) - BNF En 1685, Louis XIV révoque l’édit de Nantes, qui autorisait les protestants à pratiquer leur religion. Dans la conception de la monarchie absolue de droit divin, pouvoir et religion sont indissociables : le roi ne peut accepter la critique d’une partie de ses sujets. Mais des foyers de résistance se forment. Les dragons du roi obtiennent par la force la conversion des protestants au catholicisme. 5 La Révolution française : une explosion inédite de la caricature Sous la Révolution, la caricature explose. Mille caricatures environ sont réalisées, presque toujours anonymement, pour ne pas trop se compromettre dans une imagerie obscène. Le prix des planches est très abordable, sauf pour les gravures soignées et de grand format. Elles sont vendues en feuilles volantes. On peut aussi en trouver dans des pamphlets. L’image « frappe » une population aux deux tiers analphabète. Louis XVI est relativement épargné au début de la Révolution. Mais tout change après son arrestation à Varenne (juin 1791). Le clergé, lui, était une cible récurrente. La caricature sert la Révolution : elle est moyen de propagande. Elle convertit l’opinion publique aux idéaux révolutionnaires (égalité, dénonciation des tra itres). En fait, la censure existe encore. La caricature contre-révolutionnaire reste donc clandestine (sauf de juin 1791 au début 1792). Mais, trop subtile, elle est moins « efficace ». Les Anglais, d’abord favorables aux idées révolutionnaires, se moquent des patriotes français. Ils les représentent comme des rondouillards un peu niais ou des bêtes féroces. James Gillray (un des plus grands caricaturistes anglais) ridiculise autant les Jacobins que Louis XVI (ivrogne et goinfre) et Marie-Antoinette (hystérique et échevelée). ANONYME Le ci-devant grand couvert de Gargantua moderne en famille. Gravure (eau forte) (1791) - BNF Louis XVI est associé au géant Gargantua. Le roi est le plus grand. Les nobles sont plus petits et le peuple est minuscule. La taille dit le statut. On voit une France qui travaille à satisfaire le souverain. Le roi, glouton, dévore des victuailles mais aussi son peuple (à travers les impôts.). Une grande partie des princes représentés ici ne sont plus en France. Ils ont émigré. S’ils participent à ce banquet, c’est que le roi est en pensée avec eux… Qui est représenté ? A En grand ? 1 Le peuple B En moyen ? 2 Louis XVI C En petit ? 3 La noblesse 6 JAMES GILLRAY The Zenith of French Glory… Gravure (février 1793) – BNF Le sans-culotte est juché sur une lanterne où sont pendus des hommes d’Église. La guillotine est surmontée du drapeau révolutionnaire. Le sans-culotte est… réellement sans culotte, les fesses à l’air ! Le pied posé sur le crâne du prêtre, il ressemble à un vulgaire bandit. La France a abandonné les lumières pour plonger dans les ténèbres de la barbarie. 1 Comment est représenté le révolutionnaire juché sur une lanterne ? 2 Que symbolisent les pendus ? 3 Qui est l’homme que l’on guillotine, au second plan ? 7 XIXe siècle La caricature interdite, permise, interdite, permise… Napoléon Ier stoppe l’essor de la caricature en 1804, sous peine d’emprisonnement. Mais les Anglais, eux, continuent de le ridiculiser. Ils montrent la prospérité de leur pays en présentant une matrone épanouie et bien en chair qui s’oppose à un Napoléon famélique. Ou bien l’Empereur est représenté comme une misérable toupie fouettée par des souverains européens hauts sur pattes. En 1814 et 1815, la caricature royaliste connaît un regain. Elle exprime son mépris pour Napoléon Bonaparte, cet usurpateur, ce mégalomane qui singe la Monarchie ! CHARON Le Nec plus ultra du cannibalisme Gravure (eau forte) (1815) - BNF Cette caricature de Napoléon Ier s’inspire d’un tableau d’Ingres. L’Empereur, portant turban, est assis sur une panthère, au-dessus d’un tas de cadavres. Parmi eux, le duc d’Enghien (fusillé en 1804) et Pichegru, général révolutionnaire ayant trahi la cause révolutionnaire. 1 Quels traits de personnalité de Napoléon le dessinateur veut-il montrer ? 2 Pourquoi le fleuve en bas de l’image est-il rouge ? 8 ANONYME Le coup de griffe ou prenez-la comme vous voudrez Gravure (1815) - BNF Une caricature bonapartiste contre Louis XVIII. Le roi est représenté en cochon (comme l’était déjà Louis XVI). Un aigle impérial fait tomber sa couronne. Le roi est obèse. Il est soutenu par un héron portant une croix et par un âne habillé en jésuite : c’est le retour en force de l’Église. À l’arrière-plan, à droite, s’envole l’oiseau de la liberté : on ne peut pas l’enfermer dans la volière. La Restauration (1814-1830) Louis XVIII est roi. Mais les français n’ont pas fermé la parenthèse de la Révolution : ils gardent l’esprit frondeur. Le roi contrôle la presse écrite mais épargne les images (jugées moins dangereuses).