Le Livre Des Univers
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Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Copyright Dunod, 2012 Réalisation de la couverture : Quat’coul Conception de la couverture : Raphaël Tardif Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes des paragraphes 2 et 3 de l'article L122-5, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, sous réserve du nom de l'auteur et de la source, que « les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d'information », toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans consentement de l'auteur ou de ses ayants droit, est illicite (art; L122-4). Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, notamment par téléchargement ou sortie imprimante, constituera donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du code de la propriété intellectuelle. Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert À Tilly Pour qui bien des univers sont à venir Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Préface Comment peut-on écrire univers au pluriel ? Ne s'agit-il pas d'une « contradiction dans les termes » ? Peut-on donner sens à un « multivers » ? Envisager sérieusement ces éventualités est le défi que relève John Barrow dans cet ouvrage singulier. Écrit par l'un des grands spécialistes internationaux de cosmologie théorique, éminent chercheur de l'Université de Cambridge, ce livre est essentiellement inclassable. Il ne s'agit ni d'un pur récit historique, ni d'une simple vulgarisation scientifique, ni d'une exclusive spéculation philosophique. C'est en cela qu'il est essentiel et important. Il traverse les genres et propose une approche originale de la problématique cosmologique. Le point de vue de l'auteur est souvent personnel mais l'œuvre demeure très « objective » quant à la présentation d'ensemble de la discipline. La science est trop souvent présentée comme un ensemble d'assertions justes prétendument démontrées ou validées. Tout au contraire, John Barrow a l'intelligence de souligner ici les hésitations, les erreurs, les incertitudes. Il montre que la construction d'une représentation du monde est tout sauf un processus linéaire et purement déductif. La diversité dont il est ici question est double : celle des univers, naturellement, mais aussi celle des modèles, des approches, des hypothèses, fût-ce pour décrire un unique univers. La recherche en cosmologie est en perpétuelle Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert réinvention. Les savoirs ne sont jamais ossifiés ou statufiés. Les évidences d'hier deviennent les impossibles d'aujourd'hui. Les mondes de John Barrow sont vertigineux. Ils donnent presque le tournis. Ceci parce que, enfin, un cosmologiste ose affronter cette remise en question permanente qui constitue la dynamique de la pensée scientifique. L'écueil consistant à masquer l'histoire erratique des avancées derrière un masque de sagesse censé lui conférer une respectabilité accrue est enfin évité avec talent. Présenter à un large public la sidérante diversité des idées – et des mondes associés – est une démarche salutaire. La science est une arène où les modèles s'affrontent et il est temps de la considérer comme telle ! Le principe anthropique ou la problématique de l'étonnante adaptation de notre univers à l'éclosion de la vie suscitent des réactions vives chez les chercheurs qui y sentent un parfum de soufre. Ces questions ne doivent bien évidemment pas être taboues et sont ici discutées sereinement jusqu'en leurs dernières conséquences. John Barrow invite, dans ce cheminement virtuose à travers les méandres de la cosmologie contemporaine, à percevoir des tensions et des difficultés usuellement passées sous silence. Il s'agit ici de n'avoir plus peur. Avec l'assurance de l'expert – ou peut-être plutôt avec le calme de l'acteur ayant contribué de manière décisive à façonner ce champ – John Barrow montre, me semble-t- il, qu'il n'est pas nécessaire de s'inquiéter de l'étrangeté de la situation actuelle. Au contraire, c'est un authentique motif de réjouissance. Pour avoir essayé d'introduire en France la problématique du multivers, j'ai pu apprécier combien le sujet était délicat et épineux. Les pièges sont légion. La défiance Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert est immense. Cette entreprise de déconstruction des dogmes en vigueur est de longue haleine et requiert une vision globale. La synthèse opérée par John Barrow est en ce sens précieuse. Elle n'est pas achevée : la cosmologie quantique à boucles – branche en plein essor – et son multivers « temporel » sont absents du panel. Cet ouvrage pose néanmoins des bases essentielles pour entamer une réflexion profonde sur la multiplicité des univers. Aurélien Barrau Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Chapitre I Être là où il faut, quand il le faut « Je sais bien que tout est dans notre tête, mais une tête est un instrument puissant. » Colin Cotterill1 Deux hommes marchaient… « Je suis toujours surpris quand un jeune homme me dit qu'il veut faire de la cosmologie, car je crois que c'est la cosmologie qui vous choisit, pas l'inverse. » William H. McCrea2 Le vieux monsieur n'avait pas changé : distingué, la chevelure ébouriffée, d'allure un peu bohème, cheminant lentement, en bon européen marchant dans une ville d'Amérique, la mine sérieuse, l'air concentré, ne regardant guère où il mettait les pieds. Tout le monde se retournait sur lui, tandis qu'il descendait tranquillement la rue, au milieu des gens faisant leurs courses et des étudiants pressés de se rendre à leurs cours. Chacun semblait le connaître, mais lui ne voyait personne. Ce jour-là, il était en compagnie d'un homme très grand, bien bâti, d'allure encore moins soignée, mais dans un autre style. Plongés dans leur conversation, ils cheminaient et Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert discutaient, sans jeter le moindre coup d'œil sur les vitrines. Le plus âgé des deux écoutait avec attention, fronçant parfois un peu le sourcil ; l'autre parlait sans cesse et gesticulait. Tous deux s'exprimaient dans un anglais marqué chacun par un accent différent. Ils s'immobilisèrent au bord du trottoir, attendant l'arrêt des voitures pour traverser. Le feu changea, les deux hommes s'engagèrent alors calmement sur la chaussée. Ils parlaient de la vitesse de la lumière et des mouvements relatifs, quand soudain, quelque chose se produisit. L'homme de haute taille se mit à exposer une nouvelle idée, insistant d'un geste de la main. Les voitures se remirent en marche, mais le vieil homme demeura sur la chaussée, sans prendre garde, totalement absorbé par ce que son compagnon venait de dire. Les véhicules les contournèrent, ménageant un îlot au milieu de la circulation. L'homme aux cheveux blancs restait plongé dans ses pensées, le plus jeune réitérait son argument. Finalement, reprenant contact avec le mouvement du monde, mais oublieux de leur direction initiale, ils revinrent en silence vers le trottoir – celui-là même qu'ils venaient de quitter – puis s'en retournèrent d'où ils venaient, reprenant leur discussion, perdus dans quelque nouvelle perspective. Les deux hommes parlaient de l'univers3. La scène se passait à Princeton, dans le New Jersey, durant la Seconde Guerre mondiale. Le jeune homme était George Gamow, « Geo » pour ses amis, émigré russe aux États- Unis. Le vieil homme était Albert Einstein. Il avait passé les trente dernières années à tenter de comprendre le comportement des univers, dans leur totalité, à l'aide d'un seul outil : les mathématiques. Son compagnon savait parfaitement que le passé des mondes devait avoir été Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert incroyablement différent de leur état actuel. Mais ce qui les avait arrêtés tous deux, au beau milieu de la rue, était la suggestion de Gamow qu'il se pourrait bien que les lois de la physique soient capables de décrire la création de « quelque chose », une étoile ou tout un univers, à partir de rien ! Des univers, quelle drôle d'idée ! « L'histoire est la somme de toutes les choses qui auraient pu être évitées. » Konrad Adenauer Qu'est-ce que l'univers ? D'où vient-il ? Où va-t-il ? Ces interrogations sont tout à la fois parmi les plus simples et les plus ambitieuses qui soient. En fonction de ses connaissances, chacun peut apporter bien des réponses à la question de savoir ce que nous entendons par « univers »4. Est-ce simplement tout ce que l'on peut voir dans l'espace – en y ajoutant peut-être l'espace lui- même, pour faire bonne mesure – ? Ou bien est-ce tout ce qui existe physiquement ? Si vous tentez de dresser la liste de ce qu'il convient d'inclure dans « tout », vous commencerez à vous interroger sur ce que les physiciens appellent « lois de la Nature » et autres données intangibles, comme l'espace et le temps. Bien que vous ne puissiez les toucher ni les voir, vous pouvez sentir leurs effets, elles sont de toute évidence importantes, et semblent avoir un mode d'existence propre – un peu comme les règles du football – et il faut donc les faire figurer sur la liste ! Et que dire de l'avenir et du passé ? Se limiter à ce qui existe actuellement semble un peu Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert restrictif. Si nous incluons tout ce qui a jamais existé en tant que partie de l'univers, pourquoi ne pas y joindre également l'avenir ? Nous arriverions donc à cette définition : l'univers est tout ce qui a existé, tout ce qui existe et tout ce qui existera.