Novembre 2010 • n° 150 mensuel édité par l’AdCF - www.adcf.org 5,50 €

21e Convention de l’AdCF Vers de nouveaux pactes communes-communautés

1 © Lionel Pages / AdCF © Lionel Pages /

Actualités p 3 Finances p 6 Urbanisme p 9

CDCI : vite fait, bien fait Projet de loi de finances pour 2011: Les pays relèvent les compteurs à la rigueur… Territoires p 21 avant la réforme Taxe d’habitation : le grand cafouillage Services publics en milieu rural : Vers un nouveau potentiel fiscal Vie de l’AdCF p 23 de la charte au protocole et financier ? Application de la loi Grenelle 2 : la CCEN Le nouveau PTZ est arrivé examinera 56 projets de décrets Droit p 26 N° 150 - Novembre 2010 • AdCF • Intercommunalités Actualité

CDCI : vite fait, bien fait Panorama financier Les commissions départementales de coopération intercommunale et fiscal 2010 des (CDCI) auront un rôle central dans le dispositif d’achèvement de la carte intercommunale et dans la recomposition des périmètres. communautés D’où l’intérêt, pour les élus communautaires, de manifester au plus tôt leur candidature pour siéger au sein de ces instances… de communes

e législateur a prévu que les CDCI seront éviter la politique de la chaise vide », a ain- a progression de l’investissement observée dans les recomposées dans un délai maximum si déclaré Daniel Delaveau, le 14 octobre à communautés de communes depuis plusieurs années L de trois mois à compter de la promul- Dijon, aux élus participants à la 21e Conven- L se poursuit, soutenue par le plan de relance de 2009. gation de la loi de réforme des collectivités tion de l’intercommunalité (cf. p.16). Afin De 94 euros par habitant en 2007, les communautés de territoriales (prévue pour la fin d’année). Il d’accompagner les élus communautaires communes sont passées à 123 euros en moyenne pour leurs dépenses d’investissement en 2008 (133 euros par reviendra alors aux associations départe- engagés dans les CDCI, l’AdCF assurera un habitant pour les communautés à TPU et 83 euros par mentales de maires de proposer des listes de suivi attentif du processus de recomposition habitant pour les communautés à fiscalité additionnelle). représentants pour le collège des maires et le de celles-ci. Toutes les communautés sont concernées, indépendam- collège des représentants de communautés. À noter, enfin, que le collège des communau- ment de leur taille démographique, montre la nouvelle Pour autant, des candidatures individuelles tés (40 % des sièges) pourra comprendre, le édition du panorama financier réalisé par l’AdCF, en ou collectives concurrentes pourront égale- cas échéant, plusieurs représentants d’une partenariat avec le groupe BPCE. ment être déposées. Dans cette hypothèse, même communauté et non son seul président. Le panorama 2010 propose des éléments de compa­raison et le représentant de l’État dans le départe- Créées à l’origine par la loi ATR du 6 février des repères utiles pour aborder le grand tournant de la ré- ment sera tenu d’organiser des élections. 1992, les CDCI étaient parfois entrées en forme de la fiscalité locale. Au sommaire figurent plusieurs Ces dernières supposeront elles-mêmes sommeil avant d’être réactivées en 2006 angles d’analyse : profil démographique et compétences, la réunion des différents collèges électoraux, pour réaliser les schémas départementaux grands équilibres financiers, ressources fiscales et DGF, dépenses réelles de fonctionnement et d’investissement… dont les règles de composition restent à défi- d’orientation de l’intercommunalité (SDOI). Cette nouvelle édition intègre les résultats du recensement nir par décret. Cet exercice ayant révélé l’obsolescence de la rénové de la population, dont l’actualisation sera désor- Les délais durant lesquels seront recom- composition des commissions, l’AdCF avait mais annuelle. À noter que la croissance démographique posées les CDCI étant très brefs, les élus demandé leur recomposition et défini, avec enregistrée en 2010 pour les communautés n’apporte pas intéressés gagneront à ne pas attendre la l’AMF, les équilibres à assurer entre collèges. de modification majeure des principaux ratios au niveau promulgation de la loi et à exprimer leur Les parlementaires ont repris, sur ce point, national. La situation financière des communautés de candidature auprès de l’association dépar- les propositions des deux associations. communes est globalement saine. CD tementale de maires. « Je vous invite à vous investir fortement dans ces commissions et à Emmanuel Duru Les pays relèvent

> Réservé aux les compteurs avant la réforme adhérents de l’AdCF, le panorama est elon le Panorama des pays 2010, réalisé Les pays concernent 80,4 % des intercom- téléchargeable par l’Association de promotion et de munalités à fiscalité propre, dont cinq sur le site S fédération des pays (APFP), la France communautés urbaines, 62 communautés www.adcf.org comptait, au 1er janvier de cette année, d’agglomération et 85 % des communautés 370 pays*, soit autant que l’année précédente. de communes. Le nombre moyen de com- Alors que la réforme des collectivités prévoit munautés regroupées est variable d’un pays l’interruption de la reconnaissance adminis- à l’autre. Le Pays de l’Ardèche méridionale trative des pays, quinze sont encore en attente regroupe ainsi vingt communautés tandis de l’arrêté préfectoral de reconnaissance (soit que la communauté de communes du neuf de moins qu’en 2009). Châtillonnais (96 communes, 20 000 habi- tants) constitue un pays à elle toute seule. Chiffres clés Forme juridique des pays en 2010 En 2010, plus de la moitié des pays sont concernés par un SCoT (61,3 %), mais de la fiscalité 12 % seulement un quart d’entre eux couvrent > 1 103 communautés de communes à TPU l’ensemble du territoire SCoT. dont 217 à fiscalité mixte en 2010 6 % Les structures de syndicat mixte sont > 1 306 groupements à fiscalité additionnelle désormais choisies par 51 % des pays, contre dont 550 avec une taxe professionnelle de zone 48 % en 2008. Interrogés sur leurs pro- > 1 275 €/hab. de bases de TP en moyenne (2008) 51 % grammes d’actions 2010, les pays placent en tête les services à la population (ils sont pris > 68 % des communautés lèvent une TEOM 31 % en compte par plus de 82 % d’entre eux) ; 47 % (Taxe d’enlèvement des ordures ménagères) des pays envisagent également des actions de > Taux moyen de TEOM : 10,75 % développement économique. > La DGF moyenne des communautés à TPU est Olivier Crépin de 62 €/hab., dont 39 €/hab. pour la dotation APFP, 2010 APFP, de compensation de la part salariale et de Syndicat mixte GIP (*) Auxquels s’ajoutent vingt-cinq contrats 23 €/hab. pour la dotation d’intercommunalité Association Autres de développement durable Rhône-Alpes (CDDRA). Source :

Intercommunalités • AdCF • N° 150 - Novembre 2010 3 Actualité

Services publics en milieu rural : de la charte au protocole

Le 28 septembre dernier, Michel le ministre de l’Espace rural, ajoutant qu’il Mercier a signé, avec les grands ne souhaitait pas que quiconque puisse dire : « cet accord ne marchera que si les collectivi - opérateurs de services publics, tés le financent ». « Il faudra qu’on m’explique un protocole visant à renforcer leur comment ce dispositif peut fonctionner sans la participation des collectivités, qu’elle soit présence en milieu rural. financière ou qu’elle passe par la mise à dis - Ce protocole fait suite aux position de locaux ou d’agents », expliquait un président de communauté rurale lors de la Assises des territoires ruraux Convention nationale de Dijon (cf. p. 10). de l’hiver 2009-2010, dans le cadre desquelles nombre d’élus locaux Pimms et cyberbases Répondant à la faible portée de la Charte des © SXC avaient demandé des engagements services publics de juin 2006, le protocole d’accord tente d’impliquer les signataires, Michel Mercier, entouré de Jean-Paul Bailly, fermes des opérateurs. Reste PDG de La Poste, et Guillaume Pepy, président de manière opérationnelle, dans vingt-sept de la SNCF, lors de la signature de l’ accord national. à vérifier s’il sera départements et durant dix-huit mois d’expéri- plus efficace que la charte mentation (cf. encadré), à travers la création de signée en 2006… points d’accès multiservices. Les Pimms, les cyberbases et les relais de ser- 23 départements Il fallait une impulsion nationale et vices publics existants seraient confortés et nous la donnons aujourd’hui, mais d’autres seraient mis en place avec le concours d’expérimentation « la mise en œuvre ne peut être que des neuf opérateurs. Le choix des départements dans lesquels locale pour s’adapter de manière souple et Ces derniers se sont engagés à former les per- auront lieu des expériences pilotes a été pragmatique aux réalités et aux attentes sonnels des points d’accueil et à leur mettre à établi sur la base des propositions des opé- de chaque territoire », a prévenu Michel disposition documents et outils (bornes d’accès rateurs signataires de l’accord. Il s’agit Mercier, le 28 septembre, lors de la signature Internet, visioguichets) pour guider les adminis- des départements suivants : Bas-Rhin, de l’ « accord national visant à développer une trés dans leurs démarches. Les points d’accueil Gironde, Cantal, Yonne, Morbihan, Cher, offre commune et complémentaire de services pourront être localisés dans des gares, des Marne, Haute-Corse, Doubs, Seine-et- publics et au public ». Neuf opérateurs ont ce Postes, des agences postales communales ou Marne, Lozère, Creuse, Meuse, Lot, Pas- jour-là apposé leur paraphe : EDF, GDF-Suez, la intercommunales, des mairies ou des lieux de-Calais, Manche, Eure, Mayenne, Aisne, Sncf, La Poste, Pôle Emploi, la Caisse nationale d’accueil intercommunaux. Charente-Maritime, Hautes-Alpes, Rhône d’assurance maladie des travailleurs salariés Lors d’un entretien avec Michel Mercier, le et La Réunion. (CNAMTS), la Caisse nationale d’allocations 22 septembre, Daniel Delaveau, président de Les préfets devront envoyer pour le familiales (Cnaf), la Caisse centrale de la mutua- l’AdCF, avait suggéré de s’appuyer sur les com- 15 décembre, à la Datar, les résultats de la lité sociale agricole (CCMSA) et la Caisse natio- missions départementales de coopération inter- concertation locale et des avant-projets de nale d’assurance vieillesse (CNAV), ainsi que communale (CDCI) recomposées pour analyser contrats départementaux. La liste des sites la Caisse des dépôts et l’Union nationale des les bassins prioritaires et déterminer les modes d’expérimentation retenus sera annoncée Pimms (Points information médiation multi- d’organisation territoriale les plus appropriés le 20 janvier 2011 et les contrats départe- services). Si aucune association d’élus n’était pour porter l’expérimentation. mentaux seront signés dans les quatre mois signataire, c’est « parce que je n’ai pas voulu (jusqu’en mai 2011). VL systématiser le financement local », a justifié Christophe Bernard et Valérie Liquet

Application de Grenelle 2 : la CCEN examinera 56 projets de décrets

as moins de 201 décrets sont prévus pour l’application de la loi Grenelle 2, dont 135 en Conseil P d’État et 56 qui seront soumis à la Commission consultative d’évaluation des normes (CCEN). Tous seront publiés « dans un délais de dix-huit mois », a-t-il été annoncé en réunion du Comité national du développement durable et du Grenelle de l’environnement (CNDDGE), le 29 septembre (cf. p.24). Cinquante-six décrets concernant le titre 1 « Bâtiments et urbanisme » sont prévus, 9 pour le titre 2 « Transports», 24 pour le titre 3 « Énergie et climat », 47 pour le titre 4 « Biodiversité », 41 pour le titre 5 « Risques, santé et déchets », 22 pour le titre 6 « Gouvernance » et un décret est m e ny Moskvitin - Fotolia.co © Evg prévu concernant « les dispositions complémentaires ». Deux cent un décrets d’application de la loi Grenelle 2 sont prévus, dont 47 au titre de la « biodiversité ».

4 N° 150 - Novembre 2010 • AdCF • Intercommunalités COMMUNIQUé ÉLUS LOCAUX et assurance

Élus : un contrat pour mieux vous consacrer aux autres

3 questions à Philippe Bouvier, maire d’une commune de 1 600 habitants

La fonction d’élu implique beaucoup de disponibilité et d’énergie. Sans compter un grand nombre de responsabilités pour lesquelles il est vraiment préférable d’être accompagné.

pour faire face à cette Quels sont les Assurance personnelle de l’élu expérience traumatisante. risques auxquels Des garanties complémentaires Mes proches peuvent aussi en profiter s’ils sont témoins vous êtes Le contrat Assurance Personnelle de l’Élu s’adresse aux élus des confronté dans collectivités locales. Si vous êtes maire, président de conseil général, ou victimes d’un événement de conseil régional, ou d’EPCI, le contrat couvre sans surprime vos choquant en lien avec l’exercice de votre adjoints, vice-présidents et autres personnes ayant reçu délégation. ma fonction, une agression mandat d’élu ? En plus des garanties essentielles (protection juridique, responsabi- par exemple. lité civile pour faute détachable du service, accidents corporels…), Lorsque l’on devient maire il offre une protection utile sur des points spécifiques : d’une petite commune telle - la reconstitution d’image : en cas de mise en cause, la GMF prend en Quels sont les que la mienne, on se retrouve charge les dépenses de communication nécessaires à la reconsti- principaux d’un seul coup avec de tution de votre image dès lors que les tribunaux reconnaissent que vous n’êtes pas responsable, ou si vous avez été victime de dénon- avantages du nombreuses responsabilités… ciation calomnieuse et parfois très seul ! - l’interruption d’activité : la GMF vous verse une indemnité forfai- contrat ? Chaque jour, il faut prendre taire si vous devez interrompre votre activité professionnelle suite Le prix reste un argument des décisions, sachant que à un événement exceptionnel lié à votre collectivité, par exemple décisif. Pour 86 euros par an, l’environnement juridique, une catastrophe naturelle. je bénéficie d’une protection social et administratif est complète. Elle est élargie, de plus en plus complexe et efficace en cas de poursuites. sans coût supplémentaire, que l’action d’un maire est très Avec la protection juridique, aux personnes avec lesquelles (1) exposée. Ma responsabilité 86 € par an je défends au mieux mes je travaille au quotidien : civile ou pénale peut vite se intérêts, tant au plan juridique mes adjoints et conseillers trouver engagée en cas que financier. Et, parce qu’il municipaux ayant délégation d’accident, d’erreur, de faut toujours envisager les cas de pouvoir. Il serait dommage suspicion de fraude aux Pourquoi avoir extrêmes, comme par exemple de s’en priver ! marchés publics… Le maire souscrit le contrat un placement en garde à vue, d’une commune peut par GMF «Assurance un numéro d’urgence exemple être poursuivi à accessible 24 h/24, 7 j/7 la suite d’un accident grave Personnelle de me permet d’accéder à se produisant dans un l’Élu» ? un avocat sans délai … bâtiment ou sur un terrain Pour être sûr de bénéficier Je dispose également d’une appartenant à la commune. d’un accompagnement assistance psychologique ommunication - Photo Getty Images - GMF Assurances : 76 rue de Prony, 75857 Paris cedex 17 c ommunication - Photo Getty Images GMF Assurances : 76 rue de Prony, Pour en savoir plus sur ce contrat GMF : €

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(1) Tarif pour un maire d’une commune de 500 à 1 999 hab. Pour les autres tarifs : consultez www.gmf.fr Intercommunalités • AdCF • N° 150 - Novembre 2010

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Projet de loi de finances pour 2011 : à la rigueur…

Alors que les élus locaux manquent encore d’une vision d’ensemble des réformes en cours pour maîtriser les changements de cap, le projet de loi de finances pour 2011 plante un décor de rigueur. Passage en revue des principales dispositions concernant les budgets locaux. © B e rcy

amener à l’horizon 2014 le déficit bud­gétaire pas moins lourd de conséquences pour les budgets les effets de la croissance de la population dans le des collectivités. Cette érosion de leurs ressources cadre du recensement rénové et les progressions à 2 % du produit intérieur brut (PIB), soit une intervenant alors que la dynamique future du de périmètre des communautés, les diverses R réduction de deux points de déficit en 2011, nouveau panier fiscal reste une inconnue majeure. dotations de compensation le complément de maîtriser la dépense publique tout en limitant La situation n’est pas nouvelle. Déjà au cours garantie attribué aux communes, et peut-être les prélèvements obligatoires et en préservant la des deux années précédentes, les enveloppes même la dotation de compensation de la part reprise économique : le cap fixé par le projet de de dotations et compensations destinées aux salaire pourraient servir de variables d’ajustement budget de l’État pour 2011 sera difficile à tenir tant collectivités locales avaient connu un niveau très (article 80). Si l’enveloppe normée est gelée dans l’équation est complexe. Les collectivités sont, une faible d’indexation. Le PLF pour 2011 semble son montant en valeur, le gouvernement propose fois de plus, associées à cet effort de redressement s’inscrire durablement dans cette rigueur bud­ néanmoins de faire progresser de façon ciblée un des finances publiques, qui se traduira par un gel en gétaire : il supprime le mécanisme d’indexation certain nombre de dotations péréquatrices : la valeur des dotations et compensations de l’État au de la DGF et prévoit, désormais, que son montant dotation de solidarité urbaine (DSU), la dotation sein de l’enveloppe normée. sera fixé chaque année en loi de finances. de solidarité rurale (DSR) et la dotation nationale Si elle a pris acte du gel en valeur, l’AdCF a sou­haité de péréquation (DNP), qui devraient augmenter Gel des concours de l’État qu’il ne soit pas présenté comme la sanction de respectivement de 77,50 et 11 millions d’euros. La collec­tivités dépensières, s’appuyant notamment dotation de dévelop­pement urbain (DDU) serait Annoncé dans le cadre de la conférence des sur les analyses du rapport Carrez-Thénault qui reconduite à hauteur de 50 millions d’euros. Ces déficits publics et repris dans les conclusions du ont permis d’établir que la part des dépenses montants pourraient évoluer durant les débats rapport du groupe de travail sur la maîtrise des locales dans le PIB (hors transferts de compé­ parlementaires. dépenses locales coprésidé par Gilles Carrez tences) est restée stable depuis 1994. et Michel Thénaut (cf. Intercommunalités 146, Pour les collectivités, ce gel se traduit par une Révision du périmètre normé juin 2010), le projet de loi de finances introduit, reconduction à l’identique, c’est-à-dire sans tenir Une nouvelle fois, le gouvernement propose un après le gel en volume et à l’instar du pilotage compte de l’inflation, du montant de l’enveloppe changement de périmètre de l’enveloppe normée de l’ensemble des dépenses nettes du budget normée affectée aux collectivités en 2010, soit en excluant deux dotations importantes : le général, un gel en valeur des concours et dotations 53,387 milliards d’euros. Afin d’assurer une produit des amendes de police de la circulation de l’État aux collectivités locales (article 19). pro­gression minimale (+ 0,21 %) à la dotation (dont le circuit financier est rénové) et le fonds de Ce gel en valeur était, certes, attendu. Il n’en sera globale de fonctionnement, destinée à financer compensation de la TVA (FCTVA).

6 N° 150 - Novembre 2010 • AdCF • Intercommunalités Concernant ce dernier, l’AdCF s’est félicitée de son Une nouvelle dotation d’équipement S’il répond à de nombreuses questions au plan exclusion de l’enveloppe normée, choix qui apparaît pour les territoires ruraux technique, visant à améliorer la mise en œuvre comme la reconnaissance implicite, longuement Le projet de loi de finances pour 2011 propose de la réforme de la taxe professionnelle et en demandée par les élus locaux, du caractère de par ailleurs de créer une nouvelle dotation corriger les scories, on peut regretter son manque « remboursement » et non de « dotation » de l’État d’équipement des territoires ruraux (DETR) d’un d’ambition. de ce dernier. L’AdCF a demandé la péren­nisation montant de 615 millions d’euros en 2011, issue de l’exclusion du FCVTA de l’enveloppe normée, de la fusion de la dotation globale d’équipement Relecture de la réforme fiscale afin de se prémunir de toute tentation d’en faire (DGE) et de la dotation de développement L’AdCF a regretté qu’il ne reconsidère pas une dotation pilotée au niveau central affectée aux rural (DDR) destinée aux communautés. Cette l’affectation des différentes assiettes fiscales priorités d’investissement définies par l’État. nouvelle dotation aurait une double vocation : entre les échelons territoriaux et, d’autre part, En revanche, l’instabilité du périmètre des la simplification de la répartition des dotations la compensation du régime d’imposition des concours de l’État pose question. L’introduction actuelles et l’accom­pagnement du développement bénéfices non commerciaux (BNC) – censuré par du FCTVA lorsqu’il atteint un niveau élevé des territoires ruraux en finançant les projets le Conseil constitutionnel en décembre dernier – (6,228 milliards d’euros en 2010) afin d’afficher d’investissement favorisant, notamment, la pré­ par des ressources de nature fiscale et non des une évolution importante de l’enveloppe, ou son sence des services publics en milieu rural (cf. p. 4). dotations. exclusion lorsque son niveau est faible (6,038 La DETR, qui reprend les critères d’attribution En revanche, on peut se féliciter de l’introduction milliards d’euros au PLF pour 2011), n’étant des dotations précédentes (population, potentiel de la superficie dans le critère de répartition pas de nature à créer un climat de confiance. fiscal et densité), sera répartie par le préfet des cotisations CVAE des entreprises multi- De la même façon, il convient de rappeler avec l’aide d’une commission d’élus et devrait établissements. Cette orientation répond aux que les prélèvements opérés sur le budget bénéficier au plus grand nombre, selon les demandes de l’AdCF, en liaison étroite avec les de l’État en faveur des collectivités locales, estimations du ministère de l’Intérieur. À terme, communautés des territoires les plus industrialisés. pudiquement dénommés « effort financier de elle devrait apporter plus de cohérence dans les D’autres améliorations sont à noter. Ainsi, en l’État », correspondent pour une large partie projets bénéficiaires et pourrait préfigurer de matière d’imposition forfaitaire sur les entreprises à des compensations d’exonérations ou de nouvelles solidarités financières (article 82). de réseaux (Ifer), il est proposé de relever le tarif dégrèvements accordés unilatéralement par l’État, Un certain nombre de dispositions sont destinées de la composante de l’imposition applicable aux soit 5,8 milliards d’euros sur les 53,3 milliards à achever la réforme de la fiscalité locale votée éoliennes, afin de soutenir davantage les budgets d’euros de l’enveloppe normée (11 %). l’an dernier. Ce volet du texte met en œuvre le des collectivités locales qui accueillent ces rendez-vous législatif prévu par la loi de finances équipements. pour 2010. Claire Delpech

Taxe d’habitation : Vers un nouveau Le nouveau PTZ le grand cafouillage potentiel fiscal est arrivé Le transfert de la part départementale de la taxe d’habitation aux collectivités du bloc et financier ? communal aura suscité, au cours des derniers mois, beaucoup d’interrogations et d’émo- La réforme de la taxe professionnelle implique tions au sein des communautés. de remettre à plat les dispositifs de péréqua- La LFI pour 2010 prévoyait un transfert des tion existants en s’appuyant, selon les recom- bases de taxe d’habitation du département mandations du rapport Carrez-Thénault, sur la avec prise en compte des taux d’abattement péréquation horizontale. communaux, à défaut d’une politique commu- Le PLF pour 2011 a envisagé d’ores et déjà de nautaire. Très rapidement, les communautés faire évoluer les outils d’évaluation des niveaux se sont rendues compte que l’application de de richesse et de charge dans la perspective cette disposition pouvait avoir des effets de du chantier à venir qui occupera l’année 2011. hausses de cotisations des contribuables très L’article 86 prévoit de modifier le mode de

importantes. Elles ont alors souhaité pouvoir calcul du potentiel fiscal des communautés © D R mettre en place, dans des délais acceptables, en y agrégeant celui des communes membres. une politique d’abattements spécifique. Il Ces dispositions ne seraient pas sans effet La réforme de la politique d’accession à la aura fallu que les associations d’élus locaux sur la hiérarchie actuelle des communautés en propriété, présentée par Nicolas Sarkozy le interpellent le ministère des Finances pour matière de richesse fiscale. 14 septembre, s’articule autour d’un prêt à obtenir, dans un premier temps, le report La prise en compte des bases « ménages » taux zéro unique, le « PTZ+ », qui en devient du délai légal pour instaurer une politique plus uniformément répa rties sur le territoire, le pivot. En période de chasse aux niches d’abattements, puis, dans un second temps, réduira les écarts de richesse entre commu- fiscales, cette réforme vise également à que le transfert de la part départementale de nautés et modifiera la répartition de la dotation renforcer la territorialisation de la politique la taxe d’habitation soit « neutralisé » par une d’intercommunalité. nationale du logement. intervention du budget de l’État. Les premières simulations réalisées témoi­ Le PTZ+ regroupera les dispositifs existants gnent de l’ampleur de ce mouvement. Les (PTZ, Pass-foncier et crédit d’impôt sur les communautés « gagnantes » de la réforme intérêts d’emprunt). Il sera réservé aux primo- fiscale, du fait de la récupération d’une part accédants mais sans conditions de ressources, conséquente de la taxe d’habitation et d’une ce qui lui vaut d’être qualifié d’ « universel ». Il évolution de leur potentiel fiscal, pourraient devra répondre à trois critères : les zones où en subir les conséquences sur leur dotation le marché est le plus tendu (zones A et B1), d’intercommunalité. l’accession dans le neuf et la performance À l’heure où sont écrites ces lignes, un amen- énergétique du logement. L’enveloppe globale dement déposé par le rapporteur du Budget, de l’actuel PTZ devrait être doublée, passant à Gilles Carrez et le député Marc Laffineur, vise 2,6 milliards d’euros. à reporter au 1er janvier 2012 l’entrée en vigueur C’est à travers la capacité effective des de cette disposition. acteurs publics à dégager des ressources fon- cières à des niveaux de prix accessibles dans les zones tendues que le nouveau dispositif

© D R prendra sa pleine mesure.

Intercommunalités • AdCF • N° 150 - Novembre 2010 7 TOUS LES TRIMESTRES, REGARDS SUR LE NUMÉRIQUE DÉCRYPTE LA SOCIÉTÉ NUMÉRIQUE…

regards regards regards sur le sur le bernard StavroS DimaS Stiegler sur le L’éco-innovation, numérique numérique REGARDS L’artisan le prochain défi juin 2008 septembre 2008 numérique philosophe janvier 2009 de l’Europe < internet > SUR LE Talents Claudie haigneré à portée de clics L’informatique, pas sans les filles ! NUMÉRIQUE HORS-SÉRIE les TêTes à claques_LiLy aLLen_ max boublil eT d’auTres benoît genuini Pour une société numérique solidaire

innovations < numerique > 3 < societe > . La santé La fureur enfants du net Le développement durable est aussi comment les proteger ? 2une révolution high-tech. Bâtiments, du futur Diagnostic et thérapie assistés par Cloud transports, énergie, les technologies Internet est un fantastique terrain de découverte intelligentes s’imposent partout. pour les enfants. Mais, comme dans le monde physique, ordinateur, patient virtuel, soins verte à distance… les nouvelles technologies Le numérique vert il arrive que le pire y côtoie le meilleur. sauvera-t-il la planète ? Quels sont les risques et comment les éviter ? révolutionnent la médecine de demain. Computing

REGARDS < ECOLES INNOVANTES > REGARDS ReGaRDs SUR LE Qu’avez-vous fait SUR LE SUR LE NUMÉRIQUE de vos TiCE ? NUMÉRIQUE NuMÉRiQue Qu’est-ce que DÉCEMBRE 2009 AVRIL 2010 JUILLET 2010 EMMANUEL ça va changer ? HOOG < meDIAS > < GRAND ANGLE > Les nouveaux L’entreprise à l’heure cailloux du petit des réseaux sociaux Poucet L’info est- elle prête pour sa révolution ? internet bouleverse le secteur des médias. quel avenir pour le journalisme ? enquête.

< VIE PRIVEE >

LA PREMIÈRE CRISE Le temps DE CONSCIENCE

de l’hypercitoyen D’INTERNET ? < PAnOrAmIQUeS > Internet se nourrit de nos données Festival « Bains Web et réseaux sociaux ont ouvert en grand les portes du débat public. personnelles. Comment en garder numériques » Une nouvelle démocratie est-elle en train de naître ? Enquête. le contrôle tout en profi tant du web ? Nos coups de cœur ! SPÉCIAL Interview exclusive avec Howard Dean, l’artisan de la victoire Le débat est ouvert. de Barack Obama.

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N° 150 - Novembre 2010 • AdCF • Intercommunalités

Pub 260x360 - 3.indd 1 25/10/10 11:37 Urbanisme

Retour d’enquête : l’urbanisme commercial dans les communautés

La proposition de loi relative à l’urbanisme commercial qui sera examinée en janvier prochain au Sénat, après une première lecture en juin dernier à l’Assemblée, place l’intercommunalité comme pivot de la réforme. À travers une enquête réalisée au cours de l’été dernier, l’AdCF identifie les atouts des communautés et pointe leurs voies de progrès sur ce sujet autant stratégique que délicat.

es dispositions de la proposition de loi relative les parlementaires à travers la proposition de loi. blement à une évolution des esprits tant l’approche à l’urbanisme commercial visent à systématiser La moitié des communautés répondantes ne dis- économique prédomine encore fortement dans les pose d’aucun document sur lequel puisse s’organi- communautés : 85 % d’entre elles placent les objectifs L l’élaboration d’un document d’aménagement ser l’échange politique autour des projets d’implan- en matière de diversification du tissu économique et commercial (DAC) qui serait directement opposable tations ; seules 17 % des communautés débattent d’emploi loin devant les aspects urbanistiques. aux autorisations d’urbanisme. Ce DAC serait inté- d’ailleurs sur chaque dossier d’implantation avant Philippe Schmit gré soit au SCoT (tel que le prévoit déjà le Grenelle 2), examen en CDAC. L’urbanisme commercial reste (*) Enquête réalisée au cours de l’été 2010 auprès soit au sein d’un PLU intercommunal (PLUI) soit, à un sujet délicat et, dans les territoires où la pression de 148 répondants (dont 39 % de communautés urbaines ou défaut, hors document d’urbanisme mais porté par est la plus forte, il peut partager les élus (39 %) voire d’agglomération). La publication de l’étude est prévue fin 2010. les opposer (10 %). Peut-être est-ce la raison pour la- la communauté de communes ou d’agglomération. > Intercommunalités proposera un dossier consacré à l’urbanisme On sait l’échelle municipale largement transgressée quelle le sujet reste prioritairement du ressort direct commercial dans son édition de février 2011. par les zones de chalandise de la grande majorité des du président (49 %). enseignes, et le commerce est très nettement devenu Au regard des pratiques de consommation, une problématique intercommunale et d’aggloméra- Une compétence à saisir le périmètre de la communauté est-il perçu tion, voire régionale lorsqu’il s’agit d’établissements Dans 62 % des communautés, l’urbanisme commer- comme pertinant ? à rayonnement majeur. Selon une enquête réalisée cial est traité de manière isolée et sectorielle… Leurs (*) cet été par l’AdCF , les communautés considèrent, responsabilités en matière de développement écono- 10 % dans leur grande majorité (à 73 %, avec une propor- mique, d’aménagement d’espaces, de politique locale Plus de tion croissante qui augmente selon le poids démo- de l’habitat ou de déplacements, ainsi que de réseaux 200 000 hab. 90 % graphique de la communauté), que leur périmètre les placent pourtant de manière évidente au cœur de est plutôt pertinent pour agir en la matière, au regard cette problématique éminemment transversale. des pratiques locales de consommation. Ces der- Les marges de progrès sont notables. 80 % des com- 100 000 à 18 % nières n’étant que rarement connues ou finement munautés déclarent d’ailleurs être convaincues que 200 000 hab. analysées, ce regard encourageant sur la pertinence le rôle en matière d’urbanisme commercial pourrait 82 % du périmètre doit naturellement être apprécié avec être renforcé. Elles évoquent pour cela (par ordre précaution. décroissant de priorité) l’élaboration systématique 31 % d’un document cadre, un renforcement du SCoT, 50 000 à Une ingénierie encore réservée aux grandes le développement de moyens fonciers, le dévelop- 100 000 hab. 69 % Le suivi régulier des pratiques commerciales et/ pement de partenariats et de concertations entre ou de consommation ne serait, en effet, assuré acteurs publics et privés, l’élaboration d’un PLU que par 10 % seulement des communautés, pour communautaire, une redéfinition des statuts de la 30 000 à 23% 50 000 hab. la plupart des communautés d’agglomération ou communauté… 77 % urbaines qui bénéficient en leur sein de cette ingé- La proposition de loi vise à intégrer l’urbanisme nierie très spécifique. La dépendance des terri- commercial dans l’urbanisme général. Elle valorise toires aux chambres consulaires reste vive. Qu’elles l’approche territoriale du commerce en pointant ses Moins de 33 % soient régulières ou ponctuelles, ces analyses sont effets en matière de déplacements de personnes et 30 000 hab. aujourd’hui avant tout économiques et rarement de marchandises, de paysage, d’équilibre centre- 67 % axées sur les enjeux sociaux, environnementaux, périphérie… Elle appelle à (re)placer le commerce fonciers ou urbanistiques qu’entendent valoriser dans la réflexion sur la ville. Elle appelle indénia­ Non Oui

u sein de la communauté l aménagement Dans l’organisation de la communauté, le responsable Au sein du conseil communautaire, les projets A , ’ commercial serait plutôt un sujet qui en matière d’urbanisme commercial est (en %) : d’implantations commerciales font l’objet d’ : : 50 le président de la communauté 17 % 10 % 49 le vice-président en charge 17 % du développement économique 40 le vice-président en charge de l’aménagement du territoire le vice-président dédié à l’aménagement commercial 30 51 % un autre élu 40 % 39 % 27 un administratif à défaut 26 % de responsable politique 20 indéfini (absence de responsable) aucun débat 10 aucun débat spécifique mais d’une information régulière est consensuel entre élus 3 8 3 2 9 un débat sur les dossiers les plus sensibles partage les élus 0 un débat sur chaque dossier oppose les élus

Intercommunalités • AdCF • N° 150 - Novembre 2010 9 Dossier 21e Convention de l’AdCF © Lionel Pages / AdCF © Lionel Pages /

Comment la réforme des collectivités et celle de la fiscalité sont-elles vécues sur le terrain ? Quelles opportunités offrent-elles et quelles sont leurs limites et contraintes ? Comment se saisir au mieux des nouveaux textes ? À la veille de la promulgation de la loi de réforme des collectivités locales et de l’entrée en vigueur du nouveau régime fiscal, la 21e Convention nationale de l’intercommunalité a permis de sonder l’état d’esprit du mouvement intercommunal sur les grandes transformations qui s’annoncent. « Les volets contestables et les occasions manquées ne nous empêchent pas de constater les avancées institutionnelles proposées par l’intercommunalité. » Tel est, en substance, le message de l’AdCF qui semble se dessiner à l’issue d’intenses débats qui ont réuni, à Dijon, les 13, 14 et 15 octobre, 1 500 représentants de communautés de communes et d’agglomérations autour de 120 intervenants, dont près de trente parlementaires.

Réforme des collectivités : une rampe de lancement pour une nouvelle étape de l’intercommunalité

Le grand auditorium de Dijon n’avait pas prévu de jouer le « chœur Mesurer les acquis et les chapitres contestables des pleureuses » au programme de la 21e Convention de l’AdCF. « de cette réforme permet d’anticiper afin d’agir au plus vite et de garder un coup d’avance », a indi- De fait, les débats ont dressé un bilan sans concession des réformes qué Daniel Delaveau en ouvrant le premier débat de institutionnelles et fiscales en cours, mais en insistant surtout sur la convention. Le président de l’AdCF entendait bien donner des clés d’action aux élus communautaires les mutations qui s’annoncent. Les communautés ont avant tout voulu pour « préparer les nouveaux pactes en interne avec se mettre en ordre de marche pour faire face aux échéances à venir. les communes et les habitants, et en externe avec les

10 N° 150 - Novembre 2010 • AdCF • Intercommunalités * « L’aménagement du territoire est le grand Consultation des élus de l’AdCF impensé de la loi. » Étienne Butzbach, président de la communauté Alors que le projet de loi proposait des règles Dans votre communauté, pensez vous d’agglomération belfortaine. de décision simplifiées pour les transferts que l’implication des équipes municipales de compétences et la définition de l’intérêt dans la conception et la mise en œuvre communautaire, le législateur a souhaité des politiques communautaires : préserver le statu quo. Cela vous semble-t-il : une solution sage doit être renforcée 22 % 74 % un recul regrettable est aujourd’hui satisfaisante 60 % 23 % un sujet sans incidence réelle pour NSP votre communauté 2 % 18 %

autres partenaires institutionnels et surtout l’État ». Définition de l’intérêt communautaire : teur-maire de Dijon, François Rebsamen, a estimé « Malgré un goût d’inachevé, l’intercommunalité est un goût d’inachevé que « l’intercommunalité est la grande perdante, car la réforme fiscale va retirer aux territoires le dyna- la seule institution locale qui sorte renforcée par la La réforme garde un goût d’inachevé sur plusieurs misme de l’impôt économique ». Les difficultés sont réforme », a-t-il également souligné. « S’il n’y avait points (cf. p.12), notamment sur « le problème des compétences qui est loin d’être réglé », a souligné réelles, « mais ne tirons pas sur l’ambulance », a que le volet intercommunalité, la loi de réforme des temporisé Charles-Éric Lemaignen, président de la collectivités territoriales serait passée relativement le sénateur François Patriat, président du conseil régional de Bourgogne, résumant un sentiment commission Finances de l’AdCF, qui compte sur de facilement dans les deux assemblées du Parlement », largement partagé. Les modalités de définition de « véritables clauses de revoyure » pour améliorer le témoigne la sénatrice . « Ce vo- l’intérêt communautaire n’ont pas été révisées, « ce dispositif (cf. aussi p. 16). Claire Beauchamps let fait globalement consensus au-delà des clivages qui ne facilite pas réellement la prise de nouvelles politiques : c’est le résultat d’un long travail préli- compétences », regrette également le professeur Mi- minaire, et de beaucoup de discussions en amont, chel Verpeaux, directeur du centre de recherche en (*) Modeloc : avant-projet de loi de modernisation de (*) la démocratie locale, rédigé par Alain Marleix en 2008. depuis le projet de loi Modeloc », ajoute la vice-pré- droit constitutionnel et membre, en 2009, du comité sidente de la communauté d’agglomération de Blois Balladur. Le texte « incite cependant à la mutualisa- et présidente de la mission intercommunalité de tion des services, abordant par là même un aspect l’AMF, pour donner la mesure du chemin parcouru. très important de l’évolution des rapports entre com- munes et intercommunalité », a-t-il souligné. Les grandes échéances Investir les commissions départementales Pour autant, « la question de savoir comment s’accorder sur la distinction entre ce qui relève de Premier sujet de satisfaction : « Nous sommes désor- La Convention de l’AdCF a permis la subsidiarité et ce qui appartient à la décision mais dans un contexte de sérénité quand on parle de préciser les modes d’emploi des grands stratégique n’est pas encore résolue », a observé d’intercommunalité, poursuit Jacqueline Gourault. rendez-vous à venir : recomposition des Gérard Gouzes, président de la communauté Le sujet, maintenant, est de se mettre à l’ouvrage commissions départementales de communes du Val de Garonne, « car le texte pour terminer la carte des intercommunalités ». Ce s’en tient au transfert de compétences en bloc ». de coopération intercommunale (CDCI) chantier recueille l’assentiment quasi général, mal- Le texte a vidé de sa substance les métropoles qui dans les trois mois suivant la promulgation gré certains écueils liés aux prochaines échéances risquent de ressembler à des « coquilles vides », selon de la loi, nouveau panier de ressources électorales et même si certaines craintes demeurent, er les termes de Michel Piron. Le ministre de l’Espace fiscales au 1 janvier 2011, élaboration des notamment du côté des territoires les plus ruraux. rural, Michel Mercier, l’a également regretté, devant schémas départementaux de coopération Le sénateur Yves Krattinger, président du conseil la presse, en renvoyant la balle au Parlement qui intercommunale d’ici fin 2011, généralisation général de Haute-Saône et de la communauté de « n’en n’a pas voulu ». communes du pays Riolais, redoute que les pré- progressive des SCoT, achèvement de la carte fets tranchent en faveur de périmètres arbitraires. intercommunale à l’été 2013, passage « La balle est dans notre camp », souligne Daniel Des rendez-vous manqués et une fiscalité à la tarification incitative des déchets dans Delaveau, en lançant un appel aux élus pour qu’ils qui inquiète les cinq ans, mise en place de schémas imposent une coproduction des schémas départe- Enfin, la réforme de la fiscalité passe toujours diffici- directeurs de mutualisation, renforcement mentaux de coopération intercommunale. « Inves- lement. Si Jacqueline Gourault observe que, « sur les des plans locaux de l’habitat tissez les commissions départementales, dialoguez trois niveaux de collectivités, c’est le bloc communal/ et renouvellement des conventions avec les préfets et l’État, soyez offensifs ! », invite le intercommunalité qui s’en sort le moins mal, car son de délégation des aides à la pierre… président de l’AdCF (cf. aussi p.14). Premier pas autonomie fiscale est la moins entamée », le séna- vers le nouvel esprit communautaire, le principe du scrutin fléché est acquis, favorisant les débats sur les enjeux intercommunaux lors des élections munici- pales. « Les réticences ont été levées depuis 1999, et l’on s’achemine vers la naissance d’une citoyenneté * Une consultation en direct intercommunale », se félicite le député Michel Piron, président de la communauté de communes des Les élus participants à l’assemblée générale Coteaux du Layon. Pour certains élus, ce n’est de l’AdCF du 13 octobre ont répondu, en direct, qu’une première étape et, à l’évidence, le sujet est à une série de questions sur les points clés loin d’être épuisé (cf. p. 12). Quant à la composition des conseils communautaires, plusieurs respon- de la réforme, au moyen d’un boîtier interactif. sables de l’AdCF soulignent l’importance « de passer Les résultats de cette consultation sont publiés des accords locaux afin de préserver les équilibres qui tout au long de ce dossier. avaient été trouvés et qui font que l’intercommuna- lité fonctionne bien ».

Intercommunalités • AdCF • N° 150 - Novembre 2010 11 Dossier 21e Convention de l’AdCF

Ce qui devait changer, ce qui a changé … et ce qui peut encore changer « Ce qui va changer, ce qui doit changer » avait guidé les débats de la Convention 2009 de l’AdCF. Après une année de réformes institutionnelles et fiscales, un tableau présenté en AG du 13 octobre synthétise les satisfactions, les déceptions, les éléments de vigilance et les marges de manœuvre qu’il reste à actionner.

Propositions de l’AdCF Réformes(*) Remarques (livre blanc - oct. 2007) Achever la carte durant le mandat Satisfait Relancer les SDOI opposables Satisfait Recomposer les CDCI pour renforcer les

sièges des communautés (40 % maires, Satisfait AdCF © Lionel Pages / 40 % communautés, 20 % autres) Faciliter les fusions Satisfait Faciliter l’incorporation des syndicats Satisfait Élection fléchée des conseillers À suivre lors de l’examen du projet de loi 61 communautaires avec extension Satisfait sur les modes de scrutin du scrutin de liste Répartition des sièges sur accord (avec une Satisfait meilleure prise en compte de la population) Expérimenter la DGF territoriale Satisfait Condition d’unanimité des communes Possibilité d’unification des impôts Satisfait Condition d’unanimité des communes directs au niveau intercommunal Recomposition des sièges au sein Sièges supplémentaires du Comité des finances locales pour CA et CC « Nous ne pourrons Sécurisation des démarches Création d’un schéma directeur de mutualisation et création Satisfait pas faire l’économie de mutualisation d’outils incitatifs Renforcement des compétences Encouragement du PLU communautaire d’une nouvelle étape Statu quo des communautés dans l’urbanisme dans le cadre du Grenelle Clarifier le transfert du pouvoir Possibilité, pour chaque maire, de s’opposer de la décentralisation » Satisfait de police spéciale au transfert, en début de mandat Simplifier les règles de définition « Nous avons regretté que le législateur de l’intérêt communautaire dans Statu quo n’encourage pas davantage les prises les communautés de communes de compétences nouvelles. (…) Dans Dégradation de la part de la fiscalité écono- mique dans les budgets locaux, avec : de nombreux domaines, comme en Création de la contribution sur la valeur ajoutée - obtention de seulement 26,5 % de la CVAE matière d’urbanisme, il faudra mon- Moderniser l’assiette de la taxe des entreprises (CVAE), avec un taux national - affectation de la taxe d’habitation trer que le sujet n’est pas de déposséder professionnelle sur la valeur ajoutée de 1,5 %. Cotisation foncière intégralement des départements les communes de leurs compétences, affectée au bloc communes-communauté - suppression par le Conseil constitutionnel mais de mieux les exercer ensemble. du régime d’imposition des très petites entreprises (dit « régime BNC ») (…) L’AdCF a proposé d’identifier des Renforcement de la péréquation Principes fixés par « autorités organisatrices » des grands horizontale le PLF 2011 domaines de compétences, capables, Entrée en vigueur prévue en 2012 le cas échéant, d’en déléguer la réali- Chantier engagé en juillet 2010 - Démarrage prévu à partir de 2012 sation à d’autres collectivités. Voilà ce Modernisation rapide des - Actualisation des valeurs locatives par des com- mais sur les seuls locaux commerciaux valeurs locatives cadastrales missions locales et départementales que serait la vraie réforme. (…) - 75 % de la fiscalité du bloc communes-commu- - Définition de secteurs Nous devrons faire le pari d’une large nauté assise sur les valeurs locatives foncières dévolution de prérogatives à nos au- torités territoriales. Préservons nos (*) Projet de loi de réforme des collectivités territoriales, loi Grenelle 2, projets de loi de finances 2010 et 2011. communes et nos départements dans leurs missions de proximité, mais confions à nos vingt-six régions et Consultation des élus à 1 500 ou 2 000 communautés de véritables responsabilités de pilotage La réorganisation en cours des services déconcentrés D’ici 2014, quel est le rôle prioritaire que devra des politiques publiques, assorties de l’État vous paraît-elle : à vos yeux jouer l’AdCF : des moyens réglementaires et de res- sources financières adéquates. (…) Positive, car elle tire les conséquences de la décen- Faire entendre la voix des intercommunalités C’est en quelque sorte la rareté de tralisation et de la maturité nouvelle des collectivités au niveau national et défendre leurs intérêts l’argent public qui va pousser à la 14 % 86 % division du travail. Un langage de vérité s’impose à ce sujet. Nous sommes Négative, car elle éloigne les services et réduit Faciliter les échanges de pratiques et d’expériences même prêts à l’entendre. Mais nous les appuis apportés aux collectivités entre communautés (notamment en régions) demandons en contrepartie d’aller 77 % 9 % jusqu’au bout de la clarification des compétences. Sans incidence Accompagner méthodologiquement ses adhérents Nous ne pourrons pas faire l’économie 4 % dans la mise en œuvre des réformes d’une nouvelle étape de la décentrali- 5 % sation que la réforme des collectivités NSP ne propose pas. » 4 % Extrait du discours de Daniel Delaveau, président de l’AdCF

12 N° 150 - Novembre 2010 • AdCF • Intercommunalités Esquisse de la citoyenneté intercommunale Conséquence du nouveau mode de désignation des conseillers communautaires, mais également du prélèvement d’un impôt ménage prépondérant, l’intercommunalité est amenée à prendre de plus en plus de poids dans la vie du citoyen. D’où cette interrogation au cœur des débats de la 21e Convention de l’AdCF : « Comment renforcer l’esprit communautaire dans les territoires ? »

Le scrutin fléché est un premier pas vers servé Estelle Grelier, députée européenne et pré- fait l’efficacité de l’intercommunalité, préser- « une amplification de la légitimité des in- sidente de la communauté de communes de Fé- vons sa capacité à produire du compromis et de tercommunalités, et il faudra aller plus camp. Ensuite, parce qu’avec la fiscalité mixte, la négociation entre les différents espaces qui la loin» . D’entrée de jeu, Gérard Gouzes, prési- « une nouvelle relation d’usager-consommateur composent », disent-ils en substance. dent de la communauté de communes du Val de s’établira avec les habitants qui seront des contri- La priorité est de respecter l’ancrage municipal Garonne, évoque des perspectives d’évolution buables directs de l’intercommunalité », sou- des élus communautaires, estime le président pour la désignation des conseillers commu- ligne Françoise Gatel, présidente de la commu- d’une petite communauté de Haute-Savoie, nautaires. Pragmatique, le sénateur Dominique nauté de communes du pays de Châteaugiron. pour qui « la solution la meilleure, est celle qui Braye, président de la communauté d’agglomé- Avec un impact à double détente : d’une part les permet de garder les connexions entre conseils ration de Mantes-en-Yvelines, observe que le communautés devront assumer l’impopularité municipaux et intercommunalité ». Dans cet premier défi à relever est de faire en sorte que des hausses de ces taxes, d’autre part elles se- esprit, Gérard Gouzes plaide pour un sys- les citoyens interrogent leurs élus municipaux ront davantage perçues comme une institution tème mixte permettant pour partie aux com- sur « ce que fait l’intercommunalité pour sa- apportant des services à la population. Et, plus munes de continuer à désigner leurs délégués tisfaire leurs besoins et comment elle le fait ». que jamais, « l’adhésion se fera à travers les pro- destinés à siéger au conseil communautaire. Le jumelage des élections municipales et com- jets que nous portons », est convaincue Estelle munautaires changera qualitativement quelque Grelier, ajoutant : « Lorsque j’implante deux Comment impliquer les citoyens ? chose d’essentiel puisque, dans la plupart des crèches dans l’espace rural de l’agglomération, « Même si le scrutin fléché est une bonne nou- communes, « toute élection municipale génè- les choses changent de manière spontanée ; l’in- velle, la citoyenneté intercommunale ne se rera automatiquement une réflexion intercom- tercommunalité devient totalement visible ». résume pas à la démocratie électorale », observe munale, ne serait-ce que parce que le citoyen Jo Spiegel, président délégué de Mulhouse s’interrogera sur ces noms fléchés », prévoit le Au-delà du scrutin fléché, Alsace Agglomération, qui incite les élus à député Michel Piron, président de la commu- quelles évolutions ? impliquer davantage les citoyens dans les nauté de communes des Coteaux du Layon. Le scrutin fléché n’est-il qu’une « étape pour processus de décisions. « La participation du Mais pour que les citoyens jouent ce rôle d’ai- aller vers l’élection au suffrage universel et direct citoyen s’ancre aussi dans l’action », tient à guillon, il faut « continuer à créer de nouveaux des conseillers communautaires », ainsi que l’ont rappeler Françoise Gatel qui estime qu‘il est outils pour mieux se faire connaître, par le biais, exprimés certains intervenants. La question de la « responsabilité des élus » d’expliquer par exemple, de nos outils de communication ou fait toujours l’objet d’âpres discussions. Pour le que « l’engagement de chacun consiste non encore, en zone urbaine, en étant présents dans les sénateur Alain Houpert, vice-président du seulement à parler, mais également à faire ». conseils de quartier», poursuit . conseil général de la Côte d’Or, « ajouter un éche- La démocratie participative vise à éclairer l’ac- tion des élus, disent haut et fort certains élus, Une question de génération ? lon électoral supplémentaire pour le citoyen qui a déjà du mal à s’y retrouver serait une erreur ». comme Olivier Léonhardt. Quant à savoir comment le citoyen, qui demeure Cette évolution semble encore prématurée aux Intervenant depuis la salle, le président très attaché à sa commune, peut en même temps yeux de nombreux élus qui, sans l’écarter, ap- de la communauté d’agglomération du Val s’identifier à l’intercommunalité, cette question pellent à la prudence en évoquant les difficultés d’Orge a été fort applaudi lorsqu’il a rappelé devrait trouver sa réponse « assez naturelle- de gouvernance qui pourraient résulter de diver- les fondements de la démocratie représen- ment », estiment les élus. D’abord, parce qu’avec gences d’orientations entre les maires et l’exécutif tative : « Il faut trouver les moyens d’associer « l’arrivée des nouvelles générations qui vivent, intercommunal. « En premier lieu, mettons- les citoyens, mais ne pas inverser les choses travaillent et consomment sur un espace élargi, nous d’accord très précisément sur la place de la en laissant croire que les élus ne feraient la notion d’appartenance à un territoire est très commune au sein d’une gouvernance intercom- qu’écouter : ils ont été élus pour prendre et différente de ce qu’elle était auparavant », a ob- munale, prenons garde à ne pas ébranler ce qui assumer la responsabilité des décisions ».

« Il y a, dans l’intercommunalité, une richesse « L’intercommunalité fabrique du débat « D’objets politiques pas très identifiés, fondés dans la spécificité du mode de désignation et contradictoire sur le grand territoire du quotidien sur la base d’un consensus, les intercommunalités du niveau de dialogue obligatoire que nous en introduisant des points de vue différenciés vont devenir un lieu où il y aura une confrontation ne devons pas perdre en route » sur la façon de vivre ensemble. » de points de vue sur des projets alternatifs. Alexandre Faure, vice-président de la communauté Philippe Estèbe, directeur de l’Ihedate, Ce sera un pas vers une meilleure reconnaissance de communes du pays Beaume-Drobie maître de conférence à Sciences Po Paris du fait intercommunal aux yeux des citoyens. » Estelle Grelier, présidente de la communauté de communes de Fécamp © Lionel Pages / AdCF © Lionel Pages / AdCF © Lionel Pages / AdCF © Lionel Pages /

Intercommunalités • AdCF • N° 150 - Novembre 2010 13 Dossier 21e Convention de l’AdCF

Reste que les élus communautaires ne man­ quent pas d’idées pour utiliser des outils : Consultation des élus « Donnons la possibilité aux communes de s’autosaisir de délibérations du conseil commu- Considérez-vous que l’instauration du scrutin À long terme (ex. : horizon 2020), pensez-vous nautaire, créons des conseils de secteurs sur le « fléché » et l’élection directe des délégués qu’il sera souhaitable de compléter le scrutin modèle des conseils d’arrondissements, faisons communautaires contribueront, dans les « fléché » par une élection directe d’une partie en sorte que les conseils de développement aient communes concernées, à renforcer la lisibilité de des élus communautaires à l’échelle de toute les moyens de faire des propositions »… l’action intercommunale auprès des citoyens ? l’intercommunalité ? Les élus en première ligne Le socle de l’esprit communautaire repose sur l’ad- Un peu Oui hésion des élus eux-mêmes, observe Estelle Gre- 39 % 42 % lier en déclarant : « N’oublions pas que la citoyen- neté intercommunale c’est également la relation Beaucoup Non des élus entre eux et celle qu’ils entretiennent avec 15 % 53 % l’intercommunalité ». Un propos repris par Domi- nique Braye, qui suggère d’imposer que « l’ordre Pas du tout nsp du jour de tout conseil municipal commence par 45 % 6 % un point sur les projets intercommunaux : cela changerait l’état d’esprit ». NSP CB 1 %

Préparation du nouveau pacte fiscal : comme un sentiment d’abattement…

Au 1er janvier 2011, les communautés devront se familiariser avec un nouveau panier de ressources. La fiscalité mixte sera généralisée, posant d’ores et déjà la question des politiques d’abattement de la taxe d’habitation. Les négociations s’engagent vers de nouveaux pactes financiers avec les communes, dans un contexte d’incertitude…

e forum et l’atelier « Fiscalité » de la Conven- tion ont une nouvelle fois fait le plein, avec Temps fort des deux journées, le forum finances du 14 octobre a notamment permis à la directrice L des échanges empreints d’ « une certaine fa- de la législation fiscale, Marie-Christine Lepetit (au centre de la photo), d’exposer avec précision et clarté talité », observait, depuis la tribune, Françoise Ri- les modalités de mise en œuvre de la réforme de la fiscalité locale. Le sénateur Charles Guené et le député Marc Laffineur, membres de la mission parlementaire chargée de préparer la « clause de revoyure », bière. La vice-présidente de la communauté d’ag- ont rappelé leurs propositions visant à améliorer la réforme et à la compléter, notamment en matière glomération du plateau de Saclay a même senti « un de péréquation, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2011. agacement quant à la mise en œuvre de la réforme fiscale » dû à « un sentiment de rapidité » dans une conduite de réforme « au fil de l’eau ». « On a l’im- pression d’un jeu de chaise musicale : au départ, il fallait favoriser les entreprises, alors on a sup- primé la taxe professionnelle telle qu’elle existait, puis tout en a découlé sans que l’on n’ait jamais eu de vision globale », commente l’élue francilienne. Comme beaucoup, elle aurait préféré « partir des compétences, puis affecter les moyens ». Pour au- tant, elle confie « ne pas être choquée qu’une partie des impôts « ménages » revienne à l’intercommu- nalité puisque les communautés sont amenées à développer leurs services à la personne ». Décrochage des territoires industriels Rémi Pauvros, président de la communauté d’agglomération de Maubeuge Val de Sambre, a quant à lui insisté sur l’avenir des territoires industriels. « La transformation de la taxe pro- fessionnelle et le nouveau panier fiscal creusent le décalage entre les territoires », regrette-t-il, parlant même de « décrochage ». Selon lui, les territoires industriels sont pénalisés à plus d’un titre« car nous sommes considérés comme dispo- sant d’un potentiel fiscal important », et d’énu- mérer : baisse de la capacité d’investissement, perte de la liberté de fixer les taux, revenus mé- nages bas, péréquation défavorable.

14 N° 150 - Novembre 2010 • AdCF • Intercommunalités Matières à satisfecit « Je ne suis pas choquée qu’une partie des impôts « La transformation de la taxe professonnelle et « Sans réforme de la taxe professionnelle, nos « ménages » reviennent à l’intercommunalité le nouveau panier fiscal creusent le décalage recettes économiques auraient de toute façon puisque les communautés sont amenées entre les territoires. » diminué », temporise Charles-Éric Lemaignen, à développer des services à la personne. » Rémi Pauvros, président de la communauté président de la commission Finances de Françoise Ribière, vice-présidente de la communauté d’agglomération de Maubeuge Val de Sambre l’AdCF, préférant se concentrer sur les moyens d’agglomération du plateau de Saclay d’améliorer la réforme « par de vraies clauses de revoyure ». Et de proposer de « revoir le partage de la valeur ajoutée entre les diffé- rents niveaux de collectivités » (la part de la CVAE affectée au bloc communes-com- munauté étant aujourd’hui fixé à 26,5 %). Daniel Delaveau a, de son côté, mis l’accent sur les nouvelles options qui, à l’initiative de l’AdCF, seront données aux communautés pour « aller plus loin dans l’intégration financière et fiscale ». Elles pourront expérimenter la DGF territoriale (si les communes membres en sont d’accord). Elles auront également la possibilité de choisir d’unifier un ou plusieurs impôts directs, par exemple le foncier bâti, à l’échelle de la commu- nauté. Négocier le nouveau système de péréquation Depuis la salle, Étienne Butzbach, président de la communauté d’agglomération belfortaine, a AdCF © Lionel Pages / AdCF © Lionel Pages / suggéré de « renforcer les pouvoirs du Comité des finances locales, dans la perspective d’un débat à mener entre collectivités locales et l’État Relation avec l’État : Consultation des élus pour réellement négocier le système de péréqua- à la recherche de tion des richesses nationales et élaborer des cri- La part des impositions assises sur les tères permettant de corriger les effets extrême- la sérénité perdue entreprises dans les budgets des communes et ment pervers de la réforme fiscale telle qu’elle est communautés sera réduite d’un tiers actuellement. » Dans son propos d’ouverture, Daniel Delaveau en moyenne et remplacée par des impôts « On ne pourra pas attendre des miracles de la pé- a appelé l’État à un nouveau cadre de travail ménages. À vos yeux, cette évolution est … réquation verticale : il y a une réflexion courageuse avec les collectivités afin de « retrouver une très positive à mener entre collectivités locales sur la péréqua- sérénité perdue ». En tant qu’ « acteurs publics tion horizontale », a prévenu Jacqueline Gourault. 2 % responsables » et pleinement conscients plutôt positive VL/CB de la situation des finances publiques, les 7 % communautés ont exprimé à Dijon, par la voix de sans incidence leur président, plusieurs attentes. Tout d’abord, il faudrait cesser d’appeler 4 % « concours financiers de l’État » les plutôt négative remboursements et dégrèvements qui sont, 30 % en réalité, ni plus ni moins que des «dettes » très négative de l’État aux collectivités. « Le remplacement de 54 % la taxe professionnelle va encore se traduire par nsp 2,5 milliards de dotations dans nos budgets» , 3 % conteste Daniel Delaveau, remarquant que « ce n’est pas sur cette base que les La réforme fiscale va-t-elle conduire votre parlementaires ont voté la réforme l’an passé» . communauté à renégocier les accords passés Il demande que le remplacement du régime avec les communes sur les modes de partage d’imposition des petites entreprises (régime des ressources (notion de pacte financier) ? BNC) donne lieu à une nouvelle taxe et non à Oui des dotations. « Il ne serait pas raisonnable, 62 % vu l’état de nos finances publiques, d’exonérer de tout impôt local des centaines de milliers Non d’entreprises situées hors de toute concurrence 32 % internationale », a-t-il observé. nsp Daniel Delaveau a également insisté pour que le 6 % chantier de modernisation des valeurs locatives soit effectif, rappelant que « 75 % de notre Les communes et leur communauté pourront fiscalité seront dès le premier janvier 2011 assis décider, à l’unanimité, d’unifier d’autres sur ces valeurs obsolètes ». impôts directs à l’échelle de la communauté Il a enfin souhaité que le moratoire sur les (ex. foncier bâti) ? Seriez-vous favorable à nouvelles normes soit respecté, sachant ce que votre communauté utilise cette option qu’en 2009, 900 millions d’euros de dépenses nouvelle dans les prochaines années ? nouvelles ont été mis à la charge des Oui collectivités, selon la Commission consultative 52 % d’évaluation des normes (CCEN). Un chiffre Non correspondant aux recettes supplémentaires 36 % dont les collectivités seront privées avec le gel en valeur des dotations… nsp

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Intercommunalités • AdCF • N° 150 - Novembre 2010 15 Dossier 21e Convention de l’AdCF

Recomposition de la carte : éviter la politique de la chaise vide

On a tendance à l’oublier tant Gouzes, car « si vous faites l’autruche, le préfet vous communes les plus riches de Haute-Savoie, n’avaient mariera d’office ». Appelant à la responsabilité des aucune intention de constituer une intercommuna- le sujet est désormais consensuel : élus communautaires, Charles-Éric Lemaignen lité. Aujourd’hui, les projets poussent de partout ! conseille de « ne pas céder à la tentation de lais- Elles avaient besoin de cette loi pour se décider », la plus grande avancée de ser les préfets porter l’impopularité des modifica- observe Martial Saddier, avant de conclure : « Il la loi de réforme des collectivités tions et de l’intégration des communes qui ne sont fallait mettre un terme à une certaine liberté de ne pas encore rentrées dans l’intercommunalité ». rien faire au risque de ne jamais voir l’achèvement ». territoriales est peut-être Se félicitant que la réforme des collectivités per- La liberté locale, le député de Haute-Savoie en reste mette d’augmenter la représentation des élus pourtant un grand défenseur. Au Parlement, il a le principe inscrit dans le marbre communautaires en CDCI (de 20 à 40 %), le pré- défendu l’idée de retirer du texte tout critère de sident de la communauté d’Orléans Val-de-Loire dimension faisant référence à une taille critique de de l’achèvement de la carte a prévenu : « Il faut que l’intercommunalité s’ap- communauté. Au final, « le législateur a pensé que intercommunale. Mais du principe proprie cette représentation ». Un propos partagé c’était aux acteurs locaux de définir la pertinence des par le député Martial Saddier, président de la périmètres de chaque communauté », se félicite-t-il. à la réalité, il y a un pas… communauté de communes de Faucigny-Glières, Reste un regret pour le sénateur Yves Krattinger, qui a déclaré lors d’un forum, sous forme de mise président de la communauté de communes du pays L’achèvement de la carte n’est pas seulement en garde : « Si la CDCI s’occupe d’autre chose que Riolais : « Dans la loi, le choix n’a pas été fait entre « une question de taille géographique et de de l’intérêt du territoire, il ne faudra pas s’étonner des intercommunalités, simples coopératives de poids démographique, il s’agit de dépasser les que ce soit le préfet qui tranche ». communes, et l’intégration ». réflexes et les égoïsmes locaux car l’intercommu- Avant d’en arriver à cet arbitrage, les membres de Dominique Durand, président de la communauté la CDCI auront la priorité sur le préfet, puisque de communes du Centre Argonne, proposait, de- nalité a besoin de périmètres cohérents », estime « la CDCI a une capacité d’autosaisine, a rappelé puis la salle du forum « Territoires ruraux », une Daniel Delaveau, qui se félicite naturellement le parlementaire de Haute-Savoie. Elle sanction- vision plus tranchée. Pour lui, « le fondement de qu’à l’été 2013, toute commune devra avoir re- nera les propositions du préfet, avec force de loi l’intercommunalité, c’est la coopération ; en ren- joint une communauté. si elle parvient à réunir les deux tiers du vote ». dant obligatoire l’adhésion, on ne doit pas passer de La loi de réforme des collectivités territoriales im- Le sénateur Pierre Jarlier, président de la com- la coopération au kolkhoze ». pose que la carte intercommunale soit achevée et munauté de communes du Pays de Saint-Flour, les périmètres des communautés recomposés au- a insisté à son tour pour « veiller à obtenir, en Éloges de l’équilibre tour de critères « pertinents ». Malgré la tentation, amont, un large consensus sur les propositions ». « On peut mourir de famine ou d’overdose ; en le législateur a finalement choisi de ne pas impo- politique, il faut rester équilibré », a lancé Jean- ser de seuils (mais plutôt d’en suggérer), au risque Liberté locale Louis Curret, président de la communauté de d’aboutir à des communautés très hétérogènes. Pour autant, l’autorité du préfet n’est pas rejetée communes de Vic-Montaner, pour illustrer les Décision sage pour Gérard Gouzes, qui consi- de manière univoque. « Pour avoir rencontré alternatives proposées aujourd’hui dans ses dère que, dans ce pays divers, « il y a des endroits quelques maires entre quatre yeux qui n’avaient deux régions administratives (sa communauté où une petite communauté peut être aussi effi- pas fait le choix de l’intercommunalité vis-à-vis de est à cheval sur les régions Aquitaine et Midi- cace qu’une grande communauté ailleurs ». Pour leur conseil municipal et de leur population, ceux- Pyrénées). « Soit on nous pousse vers des dimen- le président de la communauté de communes du ci seront bien heureux d’être poussés par l’auto- sions ingérables, comme notre préfet qui pro- Val de Garonne, la recomposition de la carte in- rité de l’État », a témoigné le député Jean-Marie pose une fusion à l’échelle du pays composé de tercommunale ne vise pas à sanctionner les petits Sermier, président de la communauté de com- onze communautés de communes, soit on reste, ou les gros, mais à s’interroger sur le « comment munes du Val d’Amour. « Mes voisines, qui sont les comme aujourd’hui en Midi-Pyrénées, avec gouverner une communauté ? » Dès lors, la ques- tion des « périmètres géographiques » rejoint Proportion de communautés de moins de 5 000 habitants celle des « périmètres de compétence ». Un état d’esprit à imposer en CDCI C’est dans cet état d’esprit que Gérard Gouzes propose aux élus communautaires de réfléchir aux futurs schémas départementaux de coopéra- tion intercommunale qui seront élaborés au cours de l’année 2011 par les commissions départemen- tales de coopérations intercommunales (CDCI). Commissions qui, elles-mêmes, seront recompo- sées dans les semaines qui viennent (plus précisé- ment dans les trois mois suivant la promulgation de la loi de réforme des collectivités territoriales). « Je vous invite à vous investir fortement dans ces commissions et à éviter la politique de la chaise vide », a lancé Daniel Delaveau aux congressistes. « Nous devons viser des intercommunalités cohé- rentes avec nos bassins de vie », a-t-il ajouté, en déclarant, sous forme d’avertissement : « Prenons les devants pour ne pas voir les forces d’inertie reprendre le dessus et pour ne pas voir les pré- fets redessiner en solitaires le cadastre intercom- munal ». C’est à « une véritable coproduction de la nouvelle carte » que le président de l’AdCF a appelé de ses vœux. AdCF 2010 Non à la politique de l’autruche !

« Tout le monde a intérêt à prendre la plume et à Source : ne pas la laisser aux préfets », a renchéri Gérard

16 trente-sept communautés de communes, dont Pierre Jarlier propose, quant à lui, de « rationaliser INTERVIEW cinq ont moins de 500 habitants et les deux tiers ont les syndicats à l’échelle intercommunautaire », soit moins de 5 000 habitants… » en créant des syndicats intercommunautaires, soit deux questions à C’est aussi au nom du droit à la diversité que le en s’appuyant sur la société publique locale, nou- sénateur Alain Houpert, par ailleurs vice-pré- vel outil de droit privé créé dans le prolongement sident du conseil général de Côte-d’Or et maire des Sem et « qui permet d’organiser les services au Marc Baïetto, de Salives (232 habitants au recensement de public sans passer par la voix du marché public », a président de Grenoble Alpes 1999), s’est félicité d’avoir « créé une commu- précisé le sénateur. nauté de communes de onze cents habitants dont À noter, enfin, les recommandations de Marc Métropole nous sommes très heureux ». La communauté de Fesneau et Michel Piron sur le risque de mener communes des Sources de la Tille fait partie, selon deux chantiers de front, celui des périmètres et ce- lui, de ces « communautés de rééquilibrage qui sont lui des compétences, même s’ils sont extrêmement des maillons indispensables dans la chaîne de soli- liés. « Si on veut aller vers davantage de mutuali- darité qui maille notre territoire ». Alain Houpert, sation, on ne pourra pas courir en même temps également président du Pays Seine-et-Tilles qui re- vers des périmètres toujours plus grands et obte- groupe quatre communautés de communes, en fait nir des intégrations fortes et réussies », a prévenu une question de « respect des territoires ruraux ». Michel Piron. « Attention à ne pas perdre en com- préhension ce qu’on gagnerait en extension », met Un conseil communautaire de 120 élus en garde le député, président délégué de l’AdCF. Élu dans le même département de la Côte-d’Or, Henri Julien, président de la communauté de VL communes du pays Châtillonnais, ne voit que des avantages à sa communauté de quatre-vingt-seize Consultation des élus communes. « Dans les autres cantons ruraux, les services à la population disparaissent au fil des ans, Considérez-vous, dans votre département, alors que, dans le même temps, nous avons créé des que les enjeux de rationalisation de la carte services dans la ville centre », se félicite-t-il. Il ne de l’intercommunalité sont : semble pas rencontrer de difficultés à animer un faibles conseil communautaire de 120 personnes puisque 20 % « depuis huit ans, 90 % des projets sont adoptés à l’unanimité ». « Plus on est nombreux, plus il est dif- assez importants ficile d’exprimer une divergence ; je le vois bien dans 35 % les conseils d’administration des syndicats mixtes au sein desquels je siège », a fait remarquer Marc très importants Fesneau, président de la communauté de communes 42 % Beauce et Forêt qui compte vingt-huit conseillers NSP AdCF © Lionel Pages / communautaires. « La volonté du législateur n’est pas de faire uniquement des grosses communautés », 2 % a rassuré le député Martial Saddier. Pensez-vous que la CDCI, en liaison avec le La question de « l’espace préfet, sera en mesure d’adopter un schéma Tout est permis en matière de coopération départemental de coopération intercommunale pertinent » n’a pas de sens En revanche, « tout est permis en matière de co­ ambitieux d’ici fin 2011 ? opération intercommunautaire », souligne son oui Métropoles et pôles métropolitains, SCoT, collègue Jean-Marie Sermier. Marc Fesneau, pré- 27 % sident d’une communauté très intégrée, a choisi « pays urbains »… comment définir, en cette voie. Une étude technique dans le domaine non milieu urbain, l’espace pertinent pour de l’assainissement est ainsi en cours avec plu- 67 % l’action publique ? sieurs communautés de communes voisines. Ma conviction est qu’on ne peut pas définir d’es- Autre exemple, le recrutement d’une chargée de NSP 6 % pace pertinent a priori. Il faut accepter que l’action mission développement durable, à temps par- publique soit comme un organisme vivant : qu’il tagé entre deux communautés de communes. bouge ! De plus, chaque projet définit le territoire perti- « Une communauté de communes très intégrée « Si la CDCI s’occupe d’autre chose que de l’intérêt nent. Les acteurs publics locaux n’ont pas besoin est un avantage et une chance ; mais aussi une du territoire, il ne faudra pas s’étonner que ce soit d’être tout le temps et tous sur le même champ. difficulté lorsqu’on envisage le rapprochement le préfet qui tranche. » Je crois à la contractualisation : les liens que je tisse avec d’autres. » Martial Saddier, président de la communauté en amont et en aval n’ont de sens que par le projet Marc Fesneau, président de la communauté de communes de Faucigny-Glières qu’ils supportent. de communes Beauce et Forêt La question de l’espace pertinent n’a pas de sens. Quelle serait, selon vous, la bonne question ? La question qui doit guider serait plutôt : qu’est-ce qui fait qu’un projet territorial va pouvoir vivre ? Car le vrai enjeu est d’avoir l’intelligence de fédérer les espaces. C’est pourquoi je plaide pour le droit à l’expérimentation, afin que les préfets puissent accompagner les démarches expérimentales en les sécurisant. Il existe tout un arsenal juridique qui permet aux élus qui le veulent de travailler ensemble dans un cadre juridique. Je mène, par exemple, un travail « d’infra-SCoT » avec 273 com- munes, sur le SCoT que je préside. Nous avons un schéma qui définit les points communs pour l’en- semble du territoire qui a été découpé en sept sec- teurs. Ces grandes orientions sont ensuite décli- nées dans des schémas de secteur, qui ressemblent à une amorce de PLU intercommunal.

© Lionel Pages / AdCF © Lionel Pages / AdCF © Lionel Pages / Propos recueillis par CB

17 Dossier 21e Convention de l’AdCF

Intercommunalité sociale : une compétence en pleine maturation « Nous sommes à une période charnière en matière d’action sociale. Son développement est désormais totalement cohérent avec nos sources de financement, puisque c’est la taxe d’habitation qui financera nos politiques. » Avec ces propos, Daniel Nouaille, président de la communauté de communes du Val de Vienne, est rentré dans le vif du sujet du forum « Services publics », le premier consacré à l’action sociale dans une convention de l’AdCF.

’étude publiée par l’AdCF en partenariat avec ment la visibilité de l’intercommunalité auprès des « La nouvelle fiscalité mixte peut être considérée l’UNCCAS et la Caisse des dépôts, en septembre citoyens, ainsi que l’a expérimenté Jacqueline Mel- comme une chance pour l’intercommunalité. * L 2010, intitulée L’action sociale intercommunale , hen, vice-présidente de l’agglomération de Mul- En prélevant la taxe ménage, nous allons avoir met en lumière l’insuffisance des moyens des centres house, avec le développement sur tout le territoire toute légitimité à agir sur le champ du social, d’actions envers la petite enfance et l’accueil péris- communaux d’action sociale face à une demande très resserrant de ce fait le lien avec les habitants. » colaire fondé sur des modes de gestion très divers. diversifiée et en pleine explosion. Dans ce cadre, le Françoise Gatel, présidente de la communauté de communes du pays de Châteaugiron transfert de la compétence sociale des communes à Financeurs et « faiseurs » leur communauté constitue une solution pour Fran- Reste qu’aujourd’hui, seul un petit noyau de com- çoise Gatel, présidente de la communauté de com- munautés développe une véritable stratégie d’action munes du pays de Châteaugiron : « Le transfert de sociale. Ce champ reste encore sectorisé, avec des compétences donne à chaque commune la capacité actions fragmentées, ce qui se traduit dans les statuts d’offrir des services qui sont un élément essentiel pour des communautés par l’absence de lien, par exemple, attirer les familles sur le territoire sans pour autant entre les compétences petite enfance et personnes retirer aux communes leur rôle de proximité, fondé âgées. « L’enjeu consiste à passer d’un ensemble d’ac- sur la connaissance qu’elles ont des familles ». tions au fil de l’eau à une forme d’intervention plus Dans cet esprit, le fait qu’il y ait un peu plus de structurée et contractualisée pour sécuriser les finan- 300 centres intercommunaux d’action sociale cements. D’où l’importance d’une réflexion en amont (CIAS) en France marque déjà un progrès, « car pour se mettre d’accord entre élus », souligne Patrick Moquay, président de la communauté de communes

cela suppose que des maires aient su dépas- AdCF © Lionel Pages / ser leurs craintes de se voir déposséder de leurs de l’Île d’Oléron. liens avec les citoyens », observe Élisabeth Celard, Concrètement, chaque territoire doit définir ses communautés ne veulent pas jouer les variables vice-présidente de la communauté d’agglomération besoins, qui fait quoi et avec quelles associations ou d’ajustement. Le forum s’est d’ailleurs conclu sur la du pays Viennois. acteurs professionnels, pour ensuite définir le bud- nécessité, pour le mouvement intercommunal, de get en fonction de ce schéma. « Analyse des besoins mieux se faire connaître dans cet univers social. Il Contribuer au mieux-être sur le territoire sociaux », « Conférence sociale »… l’essentiel est apparaissait également que l’AdCF, déjà représentée L’apport le plus évident de la prise de compétence de partir des réalités du terrain, en n’oubliant pas auprès des agences régionales de santé (ARS), devait communautaire du domaine social concerne sans les nombreuses associations qui pratiquent l’aide à continuer à agir pour obtenir de participer aux négo- doute la systématisation des services sur l’ensemble domicile, s’occupent des enfants… et tous les acteurs ciations nationales avec des structures telles que la du territoire, a souligné Éric Kerrouche. La com- qui ont la capacité de créer du lien social. Cnaf. Sur le terrain, les élus communautaires doivent munauté de communes Maremne Adour Côte-Sud, Ce lien avec les forces vives apparaît essentiel, parce également se montrer offensifs et forces de proposi- dont il assume la présidence, a ainsi généralisé le « nous ne sommes pas seulement des financeurs, tions ; par exemple, en prenant l’initiative de lancer portage de repas à domicile dans ses vingt-trois com- mais aussi des faiseurs », affirme Françoise Gatel, la discussion avec les départements sur les contrats munes membres. qui plaide pour une « approche pragmatique et des d’objectifs qui prennent de plus en plus d’importance Outre l’effet de volume, la mutualisation permet petits pas ». À chaque territoire d’inventer ses moda- pour l’action sociale. « Soyons audacieux ! », inter- d’améliorer la qualité des prestations, notamment lités d’intervention. « Il n’y a pas de modèle unique : pelle Gilles Thomas, vice-président de la commu- en raison de la professionnalisation de l’action les CIAS par exemple ne sont pas nécessaires nauté de communes des Collines du Léman, où il a sociale. « L’intérêt des CIAS est d’amener des pro- partout », estime-t-elle. lancé une « conférence sociale » avec les acteurs du fessionnels sur le secteur social et faciliter une mon- Ne pas jouer les variables d’ajustement monde associatif. Fort de cette expérience, il affirme tée en puissance des actions », observe Élisabeth qu’ « il n’est pas impossible d’infléchir la politique de Celard. Levier très important pour renforcer les Dans un contexte qui place les finances de leurs la Caf, à condition de démontrer que l’on connaît bien solidarités entre communes, l’action sociale com- partenaires institutionnels (Caf, départements et les besoins de son territoire et que l’on est clair sur les munautaire permet également d’accroître forte- État) dans une situation pour le moins délicate, les objectifs ». Des « micro-crèches » au « panier littéraire » Effets positifs de la communautarisation de l’action sociale Une partie du débat a également permis des échanges d’expériences sur des sujets plus ciblés : le traitement 120 beaucoup un peu aucun effet social des gens du voyage dans le cadre d’un CIAS ou l’accompagnement de leur sédentarisation via des 100 6 % 6 % solutions d’hébergement innovantes ; la manière de 15 % 9 % 20 % 6 % prendre en charge la petite enfance en conjuguant 80 32 % 36 % 35 % différents modes de garde et des modes innovants (microcrèches, maisons d’assistantes maternelles, 52 % 60 46 % 54 % crèches interentreprises…) ou encore des actions 61 % originales concernant l’accueil de SDF par des Com- 40 pagnons d’Emmaüs, le logement pour des salariés en 66 % chantiers d’insertion dans des bâtiments industriels, 57 % 58 % 20 et même un « panier littéraire » pour les populations 39 % 38 % 31 % CB 20 % en difficulté. (*) L’action sociale intercommunale, enjeux, réalités et AdCF 2010 0 : perspectives d’évolution, Économies Meilleure réponse Meilleure visibilité Amélioration de Développement Développement Meilleure visibilité AdCF, en partenariat avec l’Union d'échelle aux problématiques des services la qualité de service du partenariat de l'attractivité de la communauté nationale des centres communaux d’action sociale et du territoire du territoire Source la Caisse des dépôts, septembre 2010.

18 N° 150 - Novembre 2010 • AdCF • Intercommunalités La planification urbaine transformée par les réformes

La planification est confrontée au foisonnement législatif qui affecte Intégrer le commerce l’urbanisme. Elle traite de plus en plus de sujets, sa valeur prescriptive dans le droit commun et juridique est en évolution, son caractère technique s’intensifie… au risque de se voir parfois surestimée ? de l’urbanisme Chiffres à l’appui, Éric Vève, avocat, vice- e Grenelle de l’environnement, le volet territorial appartenait à nos collectivités de gérer un bien col- président de la communauté d’agglomération de la loi de modernisation agricole, la réforme de lectif indépendamment de tout intérêt privé et qu’à ce Caen la mer, et Pascal Madry, directeur de L l’urbanisme commercial, la réforme de la fiscalité titre, le partage de la responsabilité entre communes de l’urbanisme… autant de textes législatifs qui af- et communauté était sûrement une chance nouvelle ». l’Institut pour la ville et le commerce, observent fectent la planification urbaine et modifient les res- « Dans de nombreux domaines, comme en matière que les surfaces commerciales en périphérie ponsabilités des collectivités. Leurs outils en sortent d’urbanisme, il faudra montrer que le sujet n’est pas des villes augmentent plus vite que les renforcés, notamment à l’échelle intercommunale, de déposséder les communes de leurs compétences prévisions de consommation de la population. et sont désignés comme l’une des réponses majeures mais de mieux les exercer ensemble, voire, tout sim- Un décrochage propice à la formation aux dysfonctionnements et enjeux territoriaux. plement, de leur donner une consistance », soulignait d’une bulle immobilière, facteur de friches Daniel Delaveau dès l’ouverture du congrès. commerciales sans pour autant favoriser Les limites de la planification Arsène Lux, président de la communauté de com- le commerce de proximité. Mais en se complexifiant, les documents de plani- munes de Verdun, compétente en la matière et dotée En tant que rapporteur à l’Assemblée nationale, fication (le SCoT teinté de vert et généralisé, le PLU d’un PLU communautaire, attendait du législateur Michel Piron a présenté les grandes lignes de qu’il impose ce schéma : « Cela semble une évidence encouragé à l’échelle communautaire…) et de pro- la proposition de loi sur l’urbanisme alors que l’on s’achemine vers une nécessaire cohé- grammation (le PCET*, le PDU…) ne risquent-ils pas commercial. Après son examen par les députés d’enfermer l’action publique dans des débats trop rence de tous les outils de planification ! », explique-t- en juin dernier, celle-ci sera discutée au Sénat juridiques ou techniques ? il. Les choses étant ce qu’elles sont, « aux communes La planification ne porte-elle pas en elle-même ses qui regrettent l’interventionnisme de l’État sur l’utili- début janvier. propres limites ? Limites territoriales qui indiffèrent sation des sols, je dis que c’est un argument complé- CB les usagers ; limites juridiques tant les documents de mentaire pour élargir les périmètres permettant aux > Intercommunalités proposera un dossier consacré à planification et de programmation deviennent ins- collectivités territoriales de se doter de leur propre l’urbanisme commercial dans son édition de février 2011. tables face aux recours ; limites techniques tant les ingénierie, adaptée aux enjeux locaux ». sujets qu’elle doit intégrer (la biodiversité et l’inscrip- tion de la trame verte et bleue, par exemple) appellent Statu quo regretté sur le PLU intercommunal Consultation des élus une ingénierie spécifique ; limites temporelles (la né- Arsène Lux fait partie des deux tiers des adhé- cessité d’anticiper se heurte au temps incompressible rents de l’AdCF à regretter que des incitations Regrettez-vous que le législateur (réforme d’élaboration des outils) ; limites dans la capacité de plus fortes n’aient pas été données par le législa- des collectivités, Grenelle de l’environnement) la planification à anticiper voire à conduire des évo- teur pour l’élaboration de PLU communautaires n’ait pas encouragé plus fortement la réalisation lutions de société ; limites politiques à propos des- (cf. résultats de la consultation de l’AdCF ci-contre). des PLU dans un cadre intercommunal ? quelles le sénateur Thierry Repentin qui présidait le Faute d’avoir réussi à réintroduire cette mesure lors forum a rappelé que « nombre de documents étaient de l’examen parlementaire du Grenelle au printemps 1 - oui approuvés dans le cadre d’un consensus trop mou ». dernier (cf. Intercommunalités de mai 2010), Benoist 66 % « Il nous revient de bousculer ces limites politiques au Apparu a déclaré, à Dijon, réfléchir à des incitations 2 - non sein de notre couple communes-communauté pour pour encourager l’exercice intercommunal de cette 30 % partager l’urbanisme, pour répondre collectivement prérogative. Ces incitations seraient insufflées dans 3 - NSP aux enjeux de nos territoires », a-t-il prévenu. le cadre d’une nouvelle réflexion sur la simplifica- Les échanges entre participants et intervenants ont tion du droit de l’urbanisme. Rappelant avec force 4 % souligné l’intensité des rapports entre la planifica- que l’intercommunalité permettait « de changer tion et le citoyen. Quelle place doit avoir le devenir d’échelle dans la façon de penser le développement de des propriétés privées à travers le débat engagé dans nos territoires », le secrétaire d’État au Logement et à Lancement de l’appel à le cadre d’un PLU ? À ce sujet, Corinne Casanova, l’urbanisme a rappelé les avancées du Grenelle en la vice-présidente de la communauté d’agglomération matière : « Même lorsque le PLU n’est pas intercom- projets sur les fusions des du Lac du Bourget, rappelait la fameuse phrase in- munal, je crois que le sujet de l’urbanisme doit être troductive du code de l’urbanisme, issue de la loi du un vrai sujet d’approfondissement pour les nouvelles documents d’urbanisme 7 janvier 1983 : « Le territoire français est le patri- intercommunalités ». CB moine commun de la Nation », en soulignant « qu’il (*) Plan climat énergie territorial En clôturant la 21e Convention de l’AdCF, Benoist Apparu a annoncé que l’État accordera 6 millions d’euros à quarante communautés « Le PLU communautaire semble une évidence, « Il appartient à nos collectivités de gérer alors que l’on s’achemine vers une nécessaire un bien collectif indépendamment de tout intérêt candidates à la fusion de leurs documents cohérence de tous les outils de planification. » privé. À ce titre, le partage de la responsabilité d’urbanisme (PLU, PLH et PDU) afin Arsène Lux, président de la communauté entre communes et communauté est une chance de décliner très concrètement la cohérence de communes de Verdun nouvelle. » urbanisme/habitat/déplacement prévue Corinne Casanova, vice-présidente de la par le texte Grenelle 2 . communauté d’agglomération du Lac du Bourget L’appel à projets, qui sera lancé «début 2011 », permettra de sélectionner ces quarante communautés au sein d’un vivier potentiel de 100 à 150 communautés, a précisé à la presse le secrétaire d’État. L’aide apportée vise à financer les études préalables à la fusion. Par ailleurs, une vingtaine de SCoT exemplaires bénéficieront de 6 millions d’euros sur les trois prochaines années.

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Intercommunalités • AdCF • N° 150 - Novembre 2010 19 Dossier 21e Convention de l’AdCF

« La mise en concurrence des maisons Développement économique : de l’emploi et de Pôle Emploi constitue une dérive stérile. Aura-t-on la volonté d’admettre qu’il faut conserver l’idée initiale des maisons de l’emploi ? » les recettes du passé à réinventer Jean-Paul Anciaux, député, président délégué d’Alliance Ville pour l’Emploi Tout autant que la réforme fiscale, les impacts de la crise économique inquiètent les élus communautaires. Les outils rodés depuis deux décennies (aménagement de zones d’activités, soutien à la création d’entreprise, promotion du territoire…) ne leur semblent plus suffisants pour faire face aux mutations qui se dessinent.

Les bonnes recettes du passé ne sont plus suf- mouvement », l’industrie du sport et le tourisme) fisantes », constate Catherine Lockhart, à identifiés par l’agglomération et ses voisines. « Des voisines à géométrie variable, d’ailleurs. partir de son expérience de présidente de la Car si l’office de tourisme intercommunau- communauté de communes du pays de Vendôme, AdCF © Lionel Pages / taire regroupe quatre EPCI, le « territoire per- mais aussi à la lueur des témoignages échangés tinent » de l’industrie du sport correspond lors du forum « Économie » animé par Loïc à l’arc alpin « de Grenoble à Innsbruck ». « Si nous voulons essaimer les savoir-faire Cauret, président de Lamballe Communauté. Catherine Lockhart investit, quant à elle, dans la industriels sur nos bassins d’emploi et soutenir Un autre intervenant, Serge Lesimple, vice- relation directe avec les chefs d’entreprise pour le tissu productif, nous devons amplifier la président de la communauté d’agglomération « les fidéliser », convaincue que « quand on a une diffusion d’une culture scientifique et technique d’Annecy, utilise également la métaphore culi- attache, on s’en va moins ». Avec ces visites et la auprès des jeunes. Appuyons-nous sur ce qui naire pour exprimer l’attente des élus en ma- connaissance qu’elle accumule des activités des existe, et notamment sur les centres de culture tière d’inno­vation des politiques économiques, uns et des autres, l’élue cherche également à « faire scientifique, technique et industrielle. » en confirmant : « Les participants auraient bien du réseau autour de savoir-faire communs ». Rien Jacques Chabal, président de la communauté de communes du pays de Cheylard souhaité repartir avec une bonne recette qui de bien innovant, reconnaît-elle elle-même. D’ail- leurs, « il y a beaucoup de gens qui travaillent sur marche… » le développement économique, dans beaucoup de Cette « bonne recette » utiliserait comme ingré- niveaux de collectivités ; il y a beaucoup d’études dients de base tous ceux qui concourent au déve- et beaucoup d’argent dépensé… tout cela n’est pas loppement endogène d’un territoire, la politique proportionnel aux résultats que l’on obtient », industrielle de l’État n’apparaissant ni claire, ni observe-t-elle, en s’interrogeant sur les nouvelles assez efficace. « C’est comme si personne ne rêvait politiques économiques locales à inventer dans un plus à l’action de l’État pour faire venir une grosse contexte où « on se prend une crise qui ouvre une usine dans un territoire », résume Serge Lesimple. période de mutation ». Tout un programme pour Son conseil à lui : soigner « les petites pousses qui la nouvelle commission Économie de l’AdCF, dont germent, car ce sont les sources d’activité et d’em- la création a été accueillie avec intérêt par les par- ploi de demain ». L’élu savoyard soigne tout parti- ticipants au forum. culièrement celles qui sont liées aux quatre pôles d’excellence (la mécatronique, les « images en VL AdCF © Lionel Pages / Le off de la convention… © Lionel Pages / AdCF © Lionel Pages /

20 N° 150 - Novembre 2010 • AdCF • Intercommunalités Territoires

Villes et campagnes commencent à dialoguer

Tout le monde s’accorde sur le constat de l’émergence d’une « urbanité rurale » dans de nombreux territoires, renvoyant aux oubliettes les vieilles oppositions entre la ville et la campagne. Mais quand il s’agit, dans les territoires, d’engager le dialogue entre les acteurs urbains, ruraux, rurbains ou © BEAUZEE G. / URBA IMAGES © BEAUZEE G. néoruraux, les langues sont moins Le dialogue entre le centre et la périphérie s’organise, au sein du Grand Besançon, autour des projets de territoires. déliées. Mairie-conseils et cinq partenaires dont l’AdCF ont territoires tels que le Pays du Mans ou la commu- d’ensemble et promeut les projets transversaux ». mené leur enquête. nauté d’agglomération du Grand Besançon, où Le Pays Cœur d’Hérault a, quant à lui, adopté un il s’organise entre le centre et la périphérie. fonctionnement en trois pôles : celui des élus organisé ans les années 1990, la relation ville- Le dialogue urbain-rural s’opère dans les instances en assemblée et en bureau ; celui des techniciens campagne préoccupait surtout les terri- où se mêlent élus, techniciens et représentants de la organisé en réseau ; celui des acteurs de la société ci- D toires ruraux qui se sentaient délaissés société civile. Si le facteur déclenchant est souvent vile organisé en conseil de développement. Des va- par les politiques d’aménagement du territoire. donné par une impulsion politique, ce sont les tech- riantes à ce fonctionnement ont été observées dans Alain Chanard, un des auteurs de l’étude me- niciens des deux parties (rurale et urbaine) qui « font le Pays Basque et dans le Pays de Nevers Sud Niver- née par Mairie-conseils, observe que depuis tourner le moteur du dialogue ». Alain Chanard sou- nais, où les conseils de développement assurent un environ une décennie, « des villes sont deman- ligne ainsi « le fonctionnement en réseau incroyable » rôle d’animation et d’ingénierie. En Pays de Rennes, deuses d’un travail avec l’espace rural environ- en vigueur dans le Pays Boulonnais. c’est un groupement d’intérêt public (GIP) qui per- nant, car elles se rendent compte que leur projet met d’intégrer des acteurs économiques et sociaux de territoire, pour peser, doit inclure des dimen- Les techniciens font tourner dans le fonctionnement de la gouvernance. sions plus grandes que le seul pôle urbain ». le moteur du dialogue Pilotage rural-urbain C’est ainsi que, par exemple, Vitré a compris Quant aux conseils de développement, il arrive, l’intérêt de s’appuyer sur son pays dans une dé- comme en Pays de Morlaix ou de Saint-Brieuc, Le mode de gouvernance territoriale choisie ne marche « participative ». Aux yeux du consul- que ce soit eux qui « poussent » aux réflexions semble pas influer sur le niveau de dialogue et de tant, d’autres villes développent toutefois des transversales en prenant l’initiative d’études ou en coopération urbain-rural. Le Pays de Rennes, le Pays comportements hégémoniques qui ressemblent remettant des avis. Les auteurs de l’étude ont ainsi Basque et le Pays de Reims sont ainsi tous trois clas- peu à une démarche de dialogue. Il met ainsi identifié six types de gouvernance territoriale. Cer- sés au top, dans le « niveau 5 » qui caractérise « les en garde contre la tentation « d’aligner les ter- taines gouvernances, comme c’est le cas en Pays du dialogues débouchant sur un pilotage et une gou- ritoires sur les seuls intérêts des villes », dans le Mans, seraient organisées à partir d’un élu charis- vernance rural-urbain ». Au niveau 4, dans lequel matique entouré d’une équipe de cadres de haut cadre d’un « grand gouvernement urbain où tout « le dialogue inclut une vision prospective et permet niveau. Ceux-ci mobilisent un conseil de développe- pouvoir serait accordé à la ville pour qu’elle maî- ment et pilotent des commissions menées par des de construire une stratégie », le Pays Voironnais et le trise son environnement périurbain ». Le déclen- vice-présidents. D’autres ont adopté une forme de Pays de Vitré sont cités en exemple. cheur de dialogue peut également être un choc « gouvernement local » avec un noyau dur de vice- économique, comme le départ d’une entreprise, présidents et de cadres. Les commissions théma- Valérie Liquet ou un choc environnemental « comme a connu tiques de la communauté d’agglomération du Pays Nouvelles gouvernances le pays de Saint-Brieuc avec l’invasion d’algues Voironnais, pilotées par ce type de « noyau dur », nouveaux territoires

AdCF APFP DIACT ETD vertes », souligne Vincent Chassagne, autre élaborent des projets qui sont ensuite soumis au FPNRF Mairie-conseils

vote des élus, alors que le conseil de développe- Pays et agglomérations : Alençon rédacteur de l’étude. Boulonnais Coeur d’Hérault Dix-huit enquêtes Grand Besançon PNR de Brière sur le dialogue urbain-rural Grand Pau Une journée Le Mans ment fonctionne comme un conseil économique Lunévillois Morlaix Nevers Sud Nivernais Pays Basque Rémois Rennes Roannais Saint-Brieuc et social local en produisant des avis et des études. Val de Garonne-Gascogne Dépasser la différenciation urbain-rural Vitré - Porte de Bretagne Voironnais d’échanges pour D’une manière générale, sur la question du dia- logue, peu de territoires en ont totalement fini Gouvernance polynucléaire prolonger l’étude avec l’opposition ville-campagne. Sur les dix-huit La gouvernance locale peut également reposer sur territoires observés, seulement un peu plus de un ou plusieurs outils tels que les syndicats mixtes Un an après la publication de l’étude “Urbain- la moitié seraient parvenus, dans leur relation, à ou les agences de développement. Le projet de ter- rural : nouvelle gouvernance, nouveaux territoires”, dépasser la différenciation urbain-rural. ritoire du Pays de Reims se détermine ainsi à partir Mairie-conseils organise, le 2 décembre, une Le Pays de Pau et celui d’Alençon, par exemple, d’une combinaison des deux. journée d’échanges sur le même thème, intitulée ont fondé le dialogue sur l’affirmation forte de Dans certains pays, la gouvernance est « polynu- cette fois « Dialogue et articulation urbain/ complémentarités rural-urbain au sein de leur cléaire », partagée entre plusieurs communau- rural ». Une manière de prolonger et de faire bassin de vie. Le dialogue s’inscrit dans « une lo- tés. « Tout repose sur le groupe des présidents », vivre l’enquête de 2009 conduite dans dix-huit gique de développement multipolaire » dans des observent les auteurs, ajoutant que viennent alors territoires : Alençon, Boulonnais, Cœur d’Hérault, territoires tels que le Pays de Rennes, le Pays de « en relais une équipe technique du pays plus Grand Besançon, PNR de Brière, Grand Pau, Reims ou encore le Pays Cœur d’Hérault. Enfin, ou moins importante et des responsables tech- Le Mans, Lunévillois, Morlaix, Nevers Sud dans le Pays Basque, le dialogue traduit une ap- niques des EPCI organisés en réseau ». C’est le cas Nivernais, Pays Basque, Rémois, Rennes, proche identitaire et solidaire. du Pays de Morlaix où, par ailleurs, le conseil de Roannais, Saint-Brieuc, Val de Garonne-Gascogne, Le dialogue est davantage polarisé dans des développement assure « une réflexion territoriale Vitré-Porte de Bretagne et Voironnais.

Intercommunalités • AdCF • N° 150 - Novembre 2010 21 Territoires

Un regroupement scolaire Archéologique et qui pourrait faire école intercommunal

La communauté de communes dans l’école », explique , soucieux de rchéa, le musée intercommunal d’archéolo- du Haut-Clocher a engagé « permettre l’égalité des chances des gamins des gie de la communauté de communes Roissy territoires ruraux par rapport à ceux des villes ». A Porte de France, a ouvert le 10 septembre depuis bientôt quatre ans Avec la prise de la compétence scolaire par la com- 2010. Son budget, de 4,5 millions d’euros (3,5 mil- munauté, en janvier 2007, son président entendait lions d’euros pour le bâtiment et 1 million d’euros un regroupement pédagogique bien « créer une équité sur le territoire intercom- intercommunal concerté (RPC), munal ». De fait, les trois équipements scolaires pour la muséographie), a été financé à 45 % par la accueillent la fibre optique ; les tableaux de bord communauté (15 % par l’État, 20 % par le conseil faisant passer le nombre d’écoles interactifs ont remplacé les tableaux noirs et la général du Val-d’Oise, 20 % par la région Île-de- maternelles et élémentaires craie ; des cybercentres et des espaces numériques France). de travail sont à disposition des élèves, des ensei- C’est en 2000 que la communauté de communes de treize à trois. Sur ce territoire gnants, mais aussi des habitants… Un projet de 10 prend la compétence de création et de gestion de rural de 7 500 habitants, situé millions d’euros, réalisé grâce aux financements musées labellisés « musées de France ». La com- croisés de la communauté de communes (30 %), munauté a, dès lors, « vocation à étudier, protéger entre Abbeville (10 km) et Amiens de l’État (17 % dont Ademe), de la région Picardie et mettre en valeur les sites archéologiques d’inté- (19 %), du conseil général de la Somme (27 %), de rêt communautaire », ceux-ci étant définis comme (40 km), les 750 élèves concernés l’Europe (2 %), de la CAF (1 %)… mais aussi grâce « les sites faisant ou ayant fait l’objet d’une auto- ont fait leur première rentrée à « beaucoup de réunions, beaucoup de pédagogie risation de fouille programmée par les services de et beaucoup d’implication personnelle », ajoute l’État ». Ils sont, en l’occurrence, quelque quatre- en septembre dernier dans Daniel Dubois. vingt-sept sites archéologiques répartis sur le ter- ces « écoles du vingt et unième ritoire, ouverts lors de fouilles préventives à l’occa- Programme Éducation & Territoire sion d’aménagements routiers (notamment lors siècle ». Au nom de la lutte Ce RPC de grande ampleur est-il une réponse des travaux de la Francilienne) ou de nouvelles à la question « Quelle direction pour l’école du constructions, comme l’aéroport Roissy-Charles contre la fracture numérique. e XXI siècle ? », titre du rapport que Frédéric Reiss de Gaulle. a remis à Luc Chatel, le 29 septembre dernier ? VL ne école qui ferme, c’est la mort d’un village ? Le député du Bas-Rhin y met l’accent sur l’impos- sibilité d’élaborer un modèle unique compte tenu L’adage n’a pas de sens pour Daniel Dubois. « des fortes spécificités territoriales ». Il recom- U Car c’est « pour sauver l’école rurale » que mande ainsi la conduite d’expérimentations qui le président de la communauté de communes du « tiennent compte des réalités sociales ou territo- Haut-Clocher, par ailleurs sénateur de la Somme, riales » et prône la recherche de partenariats nou- a porté politiquement le regroupement des treize veaux, notamment entre État et collectivités, pour « écoles de campagne » du territoire intercommu- « favoriser le développement commun sans limiter nal en trois écoles qualifiées « du vingt et unième la liberté des territoires ». siècle ». « C’est par une plus grande attention portée aux situations locales et aux besoins de chaque élève Égalité des chances des gamins que nous ferons progresser l’école primaire », a des territoires ruraux commenté le ministre de l’Éducation nationale. Le discours rassurera-t-il les défenseurs de la « petite La réflexion sur le nombre d’écoles a été menée école rurale », attachés à ce qui constitue parfois le avec l’appui du département de la Somme, de l’Ins- dernier lieu de vie d’un village et évite aux enfants pection académique et du Caue. Quant au comité des temps de trajet en autocar jugés nuisibles à de pilotage, il a réuni les élus locaux, l’inspecteur leur rythme biologique ? d’académie et la direction de la Caf. « Il fallait se regrouper pour que le numérique entre VL e de Franc e / R oissy Port L acôt . © J- Y C loc he r de co mm un e s d u Haut- © C o mm unauté

« L’école exprime par son architecture l’ouverture et la générosité de sa mission », selon le programmiste Serge Vénus sortant du bain, une pièce du musée Koval, retenu pour concevoir les trois écoles de la communauté de communes du HautClocher (8 000 habitants, intercommunal Archéa. 20 communes).

22 N° 150 - Novembre 2010 • AdCF • Intercommunalités répondent à un objectif double de Mise en musique Clic ! En bref préservation d’une taille démogra- La communauté de communes phique critique sur le territoire de du Saosnois s’apprête à prendre la Du SCoT à l’agglo en pays Caen la mer et de relance de produc- compétence culturelle. Ce trans- chartrain tion de logements sur le territoire de fert assure notamment la péren- la ville de Caen », présente la com- nité de l’école de musique, le conseil Chartes Métropole (7 communes, munauté. Une manière de dire que général de la Sarthe menaçant de 90 000 habitants) fusionnerait, au er les élus souhaitent maîtriser l’étale- supprimer sa subvention annuelle 1 janvier prochain, avec deux com- munautés de communes, celle du Val ment urbain en périphérie et densi- à un établissement qu’elle consi- de l’Eure (9 communes) et celle de fier la ville centre… dère à vocation intercommunale. l’Orée de Chartres (16 communes). Lorsque, dans trois ans, le transfert La grande agglomération compren- sera achevé, le coût des dépenses drait alors 110 000 habitants. Pour assumées par la communauté s’élè- retrouver le territoire du SCoT vera de 550 000 euros par an, soit approuvé en 2006, seule manque 40,74 euros par contribuable de la pour l’instant à l’appel la com- communauté, contre 70,50 euros au- munauté de communes du Bois jourd’hui pour les seuls contribuables Gueslin (6 communes, 4 800 ha- © D R de deux communes, Mamers et Saint- bitants). Les quatre communau- Cosme-en-Vairais. tés ont déjà des outils communs, Projet de fusion en affinage comme le syndicat mixte des trans- ports urbains du bassin chartrain. Les trois communautés constituant © D R En 2006, le schéma départe- le bassin de vie de Coulommiers mental de coopération inter- étudient de près la possibilité de fu- Le concours photo comme moyen communale préconisait déjà le sionner. La nouvelle intercommuna- de renforcer l’identité et le senti- regroupement des quatre com- lité regrouperait alors 24 communes ment d’appartenance des habitants munautés pour l’horizon 2010. et 43 700 habitants. Depuis 2005, à leur espace communautaire est un la communauté de communes de la classique, surtout auprès des éta- Caen la mer adopte son PLH Brie des Templiers (8 communes dont blissements scolaires. C’est auprès Le programme local de l’habitat Coulommiers), celle de la Brie des de l’ensemble de la population, de 2010-2015 de Caen la mer a été arrêté, Moulins (4) et celle intitulée « Avenir 7 à 77 ans, que la communauté de er le 1 octobre, par le conseil commu- et développement du secteur des trois communes du Pays Mornantais nautaire. Il mobilisera un budget de rivières » (12) travaillent ensemble lance, cet automne, un concours sur 33 millions d’euros d’investissement dans le cadre du contrat local d’aména- le thème des « personnes âgées en et de 6 millions d’euros de fonction- gement intercommunal rural (CLAIR) Pays Mornantais », après avoir ré- nement, avec pour objectif la pro- signé avec le conseil général de Seine- compensé, au printemps dernier, les duction de 1 400 logements/an, dont et-Marne sur le thème des TIC, des trois finalistes du concours « Gens 480 logements locatifs sociaux. sports et loisirs, du développement et Paysages » (photo : Automne de er « Les orientations stratégiques économique ou encore des transports. m © N oa m - Fotolia.co Michel Di-Rollo, 1 prix).

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encart_interco_nov2010indd.indd 1 02/11/2010 10:31:18 Vie de l’AdCF

Intense activité Les CDCI à la loupe Compte tenu des attributions nouvelles des commissions départementales de coopération intercommunale (CDCI, cf. aussi p. 3) et de l’importance des futurs schémas départementaux de coopération intercommunale, l’AdCF a prévu, à la demande de sa commission institutions et de son

© a d c f conseil d’orientation, d’effectuer un suivi attentif du processus de recomposition des commissions. Elle invite ses adhérents à faire Le rapport d’activité de l’année 2009, présenté représentation des communautés, réunions des remonter auprès de ses services toute à l’assemblée générale de l’AdCF du 13 octobre, est instances nationales, études et publications, mani- information utile afin de prévenir les téléchargeable sur www.adcf.org. En treize pages festations nationales et régionales... Il revient éga- dysfonctionnements et diffuser les bonnes (hors annexes), il retrace les principales actions en- lement sur l’intense activité déployée depuis un an pratiques au niveau national. L’AdCF a déjà gagées par l’association depuis la dernière Conven- dans le contexte des réformes en cours (réforme réalisé, en vue de cette recomposition, er tion nationale de Chambéry (1 et 2 octobre 2009) : des collectivités, réforme fiscale, Grenelle…). un travail d’analyse, département par département, des enjeux des futurs schémas (analyse comparative des périmètres, Partenariat avec l’Insee synthèse du SDOI de 2006…), qu’elle met à la disposition de ses adhérents. L’AdCF et l’Insee ont recensé, le 13 septembre lors > contacter Floriane Boulay, chargée du suivi d’une réunion de travail, les études « sur mesure » des CDCI, sur [email protected], que l’Institut, à travers ses directions régionales, tél : 01 55 04 89 00 met à disposition des territoires à l’échelle des intercommunalités ou des périmètres de SCoT. > consulter le document interactif L’AdCF a fait état des analyses et données qui « Périmètres des communautés, état des seraient utiles aux communautés, notamment dans lieux par département » sur www.adcf.org les domaines de la fiscalité locale (facteurs explica- > lire la note juridique sur la composition tifs des évolutions des nouvelles assiettes), des mar- des CDCI sur www.adcf.org, rubrique chés immobiliers et fonciers et des comportements Publications environnementaux.

Les communautés les plus dynamiques d’Auvergne > (taux de croissance annuel de la population) Source : Insee, Auvergne, fév. 2009 Trois présidents devant Benoist Apparu Premières interventions au tout nouveau CNDDGE Les présidents de l’AdCF, de l’AMGVF et de l’association Villes et Banlieues, Daniel Delaveau, Michel Destot et Claude Dillain, ont rencontré, le 6 octobre, le secrétaire d’État au Logement et à l’Urbanisme Benoist Apparu. En débattant des nouvelles orientations des politiques nationales du logement, ils lui ont fait part des extrêmes inquiétudes soulevées par la contraction des aides de l’État, dans le budget 2011, pour le financement du logement social. Le secrétaire d’État au Logement et à l’Urbanisme s’est montré à l’écoute, tout en considérant que d’importantes optimisations des moyens demeuraient nécessaires dans l’allocation des aides. « La crise du logement n’existe pas partout avec la même intensité », a répété le secrétaire d’État, considérant qu’une vraie péréquation devait être organisée entre bailleurs sociaux, les moyens en fonds propres étant souvent abondants là où les besoins de constructions nouvelles sont faibles.

© a d c f Un partage de vues s’est dessiné sur la nécessité de renforcer les moyens dédiés aux délégations Patrice Yung, président délégué de la commu- de plafonnement de versement transport (VT). des aides à la pierre par rapport aux aides fiscales. nauté d’agglomération Seine Eure, représente Revenant sur la question sensible de la TGAP Daniel Delaveau a demandé que soient renforcées les l’AdCF, avec Dominique Braye, président de la déchets et des controverses actuelles sur les marges de manœuvre des délégataires pour mieux communauté d’agglomération de Mantes-en- contributions des filières REP, le représentant ajuster les aides aux objectifs des programmes locaux Yvelines et sénateur des Yvelines, au sein du de l’AdCF a demandé que soit fournie une infor- de l’habitat et aux réalités des marchés locatifs. Il a Conseil national du développement durable et mation transparente et précise sur les concours également exprimé son souhait que soient globalisées du Grenelle de l’environnement (CNDDGE, attendus de l’Ademe et des éco-organismes. les politiques contractuelles (délégations, convention ex-Conseil national du développement du- Enfin, Patrice Yung a invité à conduire une ré- de rénovation urbaine…) dans un cadre unique. rable). Au cours de la réunion d’installation, le flexion sur la compétence « énergie » et sur les 29 septembre, Patrice Yung a souligné les pro- rapports entre les intercommunalités et les syndi- > L’AdCF conduit, en partenariat avec l’ANIL, blèmes de financement de réseaux de transport cats départementaux, en faisant état des difficul- une étude sur le bilan des conventions de délégation collectif en site propre (type type bus à haut ni- tés auxquelles sont confrontées des communautés des aides à la pierre et prévoit une journée sur veau de service), confronté à des taux très bas pour exercer directement cette compétence. ce thème le 16 décembre prochain, à Paris.

24 N° 150 - Novembre 2010 • AdCF • Intercommunalités Des perspectives qui n’emballent pas les collectivités Ressources humaines :

« Les instances nationales de l’AdCF souhaitent la agrément qui devra définir, à l’horizon 2015, le futur partenariat avec l’Inet création d’une véritable instance de surveillance barème établissant la contribution des entreprises et d’évaluation des éco-organismes », a écrit à la filière de recyclage des emballages via les éco- et le CNFPT Daniel Delaveau, dans un courrier du 6 octobre, organismes. « Il est essentiel que les coûts de réfé- à Jean-Louis Borloo. Prenant parti dans le bras rence pris en compte pour évaluer le montant de la Dans le cadre d’un programme d’études que de fer engagé, entre les élus locaux (représentés participation des éco-organismes soient exhaustifs l’AdCF conduira en 2010-2011 sur les ressources par l’association Amorce) et les entreprises, sur et le plus proche possible de la réalité », a exigé le humaines et les organisations administratives in- la contribution des entreprises au recyclage des président de l’AdCF. Il lui apparaît également « ab- tercommunales, un projet collectif a été confié à déchets d’emballages ménagers, Daniel Delaveau solument nécessaire que le signal prix en matière de cinq élèves administrateurs de l’Institut national a assuré que « l’AdCF partage pleinement les déchets ne pèse pas uniquement sur le contribuable des études territoriales (Inet). Il sera consacré au inquiétudes exprimées par notre partenaire ou usager local mais de plus en plus sur le consom- pilotage politique de la mutualisation de services Amorce ». La pomme de discorde concerne le renou- mateur à travers les filières REP (responsabilité élar- dans les communautés. vellement de l’agrément donné aux éco-organimes ; gie du producteur) ». L’actualisation d’une étude conduite en 2004 avec le Centre national de la fonction publique terri- toriale (CNFPT) est également prévue, dans une approche quantitative et qualitative des effectifs et des métiers, avec une dimension prospective.

Poursuite des groupes de travail sur l’urbanisme de projet

Le comité de pilotage des groupes de travail sur m © Mic h a e l Ho m ann - Fotolia.co l’urbanisme de projet a présenté, le 21 septembre, le projet de réforme de la fiscalité d’urbanisme (cf. Intercommunalités 149, octobre 2010), désormais stabilisé à l’issue de dix-huit mois de concertation Nouvelle cartographie des « territoires vécus » et de simulations. Benoist Apparu a fait état des soutiens officiels, dont ceux de l’AdCF et de l’AMF, Une nouvelle cartographie des « territoires vécus » d’emploi, des unités urbaines, des aires urbaines aux objectifs de la réforme avant son examen devrait être publiée entre février 2011 (unités ur- et des bassins de vie quotidienne. L’AdCF avait parlementaire prévue dans le cadre de la loi de baines) et fin 2011 (aires urbaines), soit en pleine participé, au cours de l’année 2009, au groupe de finances rectificative. phase finale d’élaboration des futurs schémas travail du Cnis. Celui-ci avait notamment retenu En présence de Michel Piron, président délégué de d’orientation de la coopération intercommunale. l’idée de faire évoluer le zonage des aires urbaines l’AdCF, de Thierry Repentin, président de l’Union Le travail d’actualisation des critères a été conduit en prenant en compte leur fonctionnement multi­ sociale de l’habitat et vice-président de l’AdCF par le Conseil national de l’information statistique polaire (en identifiant des pôles secondaires chargé de l’urbanisme, le secrétaire d’État a éga- (Cnis), avec l’objectif d’affiner, sur le fondement internes) et en améliorant la représentation des lement réexprimé son souhait d’un renforcement de critères améliorés, les délimitations des zones espaces ruraux. du rôle de l’intercommunalité dans les politiques d’urbanisme et de maîtrise foncière. Si les par- lementaires se sont opposés à toute contrainte lors de l’examen du projet de loi Grenelle 2, 63 nouveaux adhérents nombre d’entre eux ont reconnu qu’il fallait tendre Adhérents de l’AdCF dans cette direction par des voies incitatives, a sur les 9 premiers mois de l’année rappelé Benoist Apparu. C’est à la définition de 2010 ces incitations que l’AdCF entend travailler avec Depuis le début de l’année 2010, soixante-trois Lille le secrétariat d’État dans le cadre des différents nouvelles communautés ont rejoint notre Amiens groupes. Celui consacré à la planification straté- réseau. Avec 1 142 adhé­rents au Rouen gique est présidé par Jean-Paul Bret, président de er 1 octobre 2010, l’AdCF Caen Metz la communauté d’agglomération du Pays voiron- Châlons-en- Champagne rassemble désormais 44 % Strasbourg nais et représentant de l’AdCF. des communautés et fédère Rennes Basse-Terre 64 % de la population Orléans Dijon intercommunalisée. Nantes Besançon Fort de France 170 communautés d’aggloméra- Impacts de la crise tion et urbaines sont adhérentes, Poitiers Cayenne Comme annoncé, l’AdCF publie, avec l’Institut soit 86 % des groupements urbains. Clermont- Limoges Ferrand Lyon CDC pour la recherche (Caisse des dépôts), le Les 972 communautés de communes St-Denis rapport de l’économiste Laurent Davezies sous adhérentes, qui représentent 40,3 % des l’intitulé La crise et nos territoires : premiers communautés de communes, comptent Bordeaux impacts. Sa version finale, qui comprend une pour 85 % des adhérents de l’AdCF. vingtaine de cartes descendant à l’échelle de la

Groupements adhérents de l’AdCF Montpellier zone d’emploi, est disponible pour les adhérents Groupement urbain Toulouse en téléchargement sur www.adcf.org ou en version Marseille Communauté de communes papier sur demande. Autres territoires Groupement urbain > www.adcf.org Communauté de communes Ajaccio Communes hors EPCI Réalisation : MapsDesigners - 2010 Intercommunalités • AdCF • N° 150 - Novembre 2010 25 Droit

Accessibilité : une jurisprudence qui handicape les collectivités… Par une décision en date du 1er juillet 2010, la cour administrative d’appel de Lyon a annulé la délibération du bureau de la communauté d’agglomération du Pays Voironnais approuvant le schéma d’accessibilité de son réseau de transports publics. Le juge a en effet considéré que la justification apportée à l’impossibilité

de mettre en conformité la totalité des points d’arrêt n’entrait pas dans le cadre t - Fotolia.com de la loi du 11 février 2005. Retour sur un cas emblématique des difficultés engendrées par la gestion du coût des normes imposées aux collectivités. © Roman M ile r

a loi n° 2005-102 du 11 février mises à sa charge et de ses contrain- transport de substitution pour per- en la matière, le bureau de la com- 2005 pour l’égalité des droits et tes techniques et budgétaires. Elle mettre aux personnes handicapées munauté d’agglomération du Pays L des chances, la participation et a ainsi fait le choix d’aménager en et à mobilité réduite de bénéficier Voironnais a méconnu les disposi- la citoyenneté des personnes handi- priorité les arrêts les plus fréquentés d’une offre de transports collectifs tions précitées de l’article 45 de la loi capées impose qu’à l’horizon 2015, la desservis par les lignes urbaines et équivalente au service régulier exis- du 11 février 2005 ». régulières à vocation commerciale, totalité de la chaîne du déplacement, tant proposé aux personnes valides. La cour rappelle ainsi que le carac- exploitées par des véhicules acces- hors réseaux souterrains de trans- sibles permettant ainsi l’accueil des Ce service calé sur un système de tère disproportionné du coût de ports ferroviaires et de transports personnes à mobilité réduite. transport à la demande verra le jour mise en accessibilité doit être appré- guidés, doit être accessible aux per- Ainsi, le schéma prévoit qu’à l’expira- en février 2011, conformément aux cié pour chaque point d’arrêt et non sonnes handicapées ou à mobilité ré- tion du délai de dix ans prévu par la obligations réglementaires. Les as- pas pour l’ensemble d’une ligne ou duite, sous réserve des cas d’impossi- loi de 2005, 42,5 % des points d’arrêt sociations consultées ont d’ailleurs d’un réseau. Le juge administratif bilité technique avérée ; ces derniers des lignes régulières seront acces- toutes donné leur aval au document. a certes reconnu qu’une impossi- sont définis comme des cas où, pour sibles aux personnes handicapées bilité financière pouvait constituer surmonter l’obstacle technique ren- ou à mobilité réduite, à raison de la Impossibilité financière, une impossibilité technique mais contré, le gestionnaire des transports mise en accessibilité de vingt-cinq impossibilité technique elle a sanctionné l’autorité orga- devrait engager des dépenses mani- équipements par an. Pour les autres nisatrice des transports en raison points d’arrêt (un peu plus de 1 000), Pourtant, après un premier jugement festement disproportionnées par de sa méthode d’évaluation des essentiellement desservis par des rejetant la demande d’annulation de rapport au coût habituel d’un tel lignes à vocation scolaire peu fré- la délibération en cause, le juge lyon- impossibilités techniques, avérées : aménagement. Dans une telle hypo- quentées par une clientèle commer- nais a estimé « qu’en admettant, par l’impossibilité financière ne doit pas thèse, un mode de transport de subs- ciale (le Conseil général assurant pa- la délibération en litige, que plus de être examinée de manière globale, titution est alors admis. rallèlement le transport scolaire des 1 000 points d’arrêt, soit près de 60 % sur l’ensemble des points d’arrêt. élèves handicapés), il est prévu que des arrêts du réseau, ne seraient pas Au contraire, il convient, pour cha- rendus accessibles, dans le délai pré- Priorité à la fréquentation la mise en conformité sera effectuée cun des points d’arrêt, d’étudier si le vu par la loi, aux personnes handi- pour le Pays Voironnais au même rythme, postérieurement à coût d’aménagement de cet arrêt est l’échéance prévue par la loi. capées et à mobilité réduite, au seul Lors de l’élaboration de son schéma motif que l’opération aurait un coût « manifestement disproportionné par en 2008, la communauté d’agglo- En revanche, afin de pallier l’impos- global trop élevé mais sans faire état, rapport au coût constaté habituelle- mération du Pays Voironnais a été sibilité de mettre en conformité l’in- pour ces différents points d’arrêt, de ment en la matière ». contrainte de fixer des priorités dans tégralité de son réseau en l’espace de difficultés techniques qui rendraient la réalisation des opérations proje- dix ans, le Pays Voironnais a pris le le coût de leur aménagement mani- Emmanuel Duru, responsable tées, compte tenu du coût global par- soin de mettre en place un service de festement disproportionné par rap- des affaires juridiques à l’AdCF ticulièrement élevé des obligations port au coût constaté habituellement

à découper et à retourner à Intercommunalités Service abonnements Assemblée des communautés Les élus Édité par l’AdCF 2 rue du Roule - 75001 Paris AdCF de France AdCF de l'intercommunalité 191 rue Saint-Honoré - 75001 Paris Tél. : 01 42 21 88 22 - Fax : 01 42 21 88 44 Tél. : 01 55 04 89 00 - Fax : 01 55 04 89 01 Directeur de la publication : Daniel Delaveau Abonnement 1 an (11 numéros) 1 x 50 € = ...... € Rédaction, tél. : 01 55 04 89 09 Rédactrice en chef : Abonnement supplémentaire …...... x 25 € = ...... € Valérie Liquet ([email protected]) Abonnement étudiant …...... x 25 € = ...... € Déléguée agence : (Joindre la copie de la carte d’étudiant) Bettina Gillet ([email protected]) Réalisation, mise en page Total = ...... € et secrétariat de rédaction : Nom, prénom : ...... Correctrice : Angéline Blard Qualité : ...... Ont collaboré à ce numéro : Claire Beauchamps, Christophe Bernard, Floriane Boulay, Olivier Crépin, Claire Delpech, Collectivité : ...... Emmanuel Duru, Valérie Liquet, Nicolas Portier, Philippe Schmit. Code postal : ...... Ville : ...... Abonnements : Intercommunalités Paiement par : Service abonnements - 2 rue du Roule - 75001 Paris Tél. : 01 42 21 88 22 - Fax : 01 42 21 88 44 Chèque bancaire ou postal joint à l’ordre de Rive Média Date : ...... / ...... / ...... Cachet et signature Régie publicité et petites annonces : Rive Média Mandat administratif Directeur de la publicité : Bernard Lechevalier Chef de publicité : Carine Reininger - [email protected] Je désire recevoir une facture administrative Tél. : 01 42 21 88 02 - Fax : 01 42 21 88 44 Abonnement Date : ...... / ...... / ...... Cachet et signature Commission paritaire n° 0514 G 85995 - Dépôt légal : Novembre 2010 Impression : Imprimerie de la Centrale, 62302 Lens - ISSN 1253-5230

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