Brillante Mendoza Gérard Grugeau
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Document generated on 09/25/2021 4:18 a.m. 24 images Brillante Mendoza Gérard Grugeau 100 cinéastes qui font le cinéma contemporain Number 163, September 2013 URI: https://id.erudit.org/iderudit/70333ac See table of contents Publisher(s) 24/30 I/S ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital) Explore this journal Cite this article Grugeau, G. (2013). Brillante Mendoza. 24 images, (163), 37–37. Tous droits réservés © 24/30 I/S, 2013 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Hitoshi Matsumoto Steve McQueen ’homme en lutte contre lui-même le refus de la Couronne de leur accorder et contre l’institution, qu’elle soit le statut de prisonnier politique. En 2011, L pénitentiaire, politique, sociale. Shame, avec le même entêtement à refuser L’individuel et le collectif, les corps et les le confort des images et des hors-champs bâtiments, les âmes et les fluides s’interpé- sécurisants, suivait la descente aux enfers nétrant sans cesse dans une danse tragique, d’un homme trop obsédé par le sexe pour scatologique, tumultueuse dont l’issue la envisager le bonheur. Dans les deux films, plus heureuse serait la mort. Le cinéma la même rigueur, la même obstination à de Steve McQueen, cinéaste britannique laisser l’angoisse engloutir l’écran et l’âme venu du monde de l’art contemporain, du spectateur. Non, chez Steve McQueen, ne se constitue pour le moment que de presque comme au théâtre, le vivant saute à deux films, mais il a pourtant su imposer la gorge, saisit, agrippe. Son cinéma, brus- des thèmes autant que des images dures, que et dérangeant, brise sans cesse la magie fortes. Des images du genre à s’imprimer de l’immatériel pour devenir presque phy- sur la rétine du spectateur jusqu’à pro- sique. Comme un poison violent que l’on est celui d’un cinéma qui implique le voquer la nausée, le laisser chancelant, sentirait couler dans ses veines. Grain de spectateur autant qu’il le confronte, qui hébété par l’horreur du monde qui lui l’image que l’on pourrait presque toucher, bouscule autant qu’il éveille. L’expérience est ainsi donné à voir. En 2008, Hunger odeurs corporelles que l’on pourrait pres- n’est peut-être pas agréable. Elle n’en reste causait un choc en plongeant dans la saleté que sentir, goût de sang que l’on pourrait pas moins essentielle. – Helen Faradji immonde des quartiers à haute sécurité de presque percevoir dans sa bouche : l’arsenal la prison irlandaise la Maze en 1981 pour stylistique (plans à la composition géomé- « … chez Steve McQueen, presque y montrer les images odieuses de la grève trique, attention aux visages provoquant comme au théâtre, le vivant de l’hygiène, puis de la faim, de Bobby un malaise, symbolisme christique, contre- saute à la gorge, saisit, agrippe. » Sands et de ses hommes, protestant contre plongées écrasantes) de Steve McQueen Brillante Mendoza ifficile de savoir quels chemins implacable de la vie urbaine, saisie dans ses emprunte aujourd’hui le cinéma multiples débordements et dérèglements. D de Brillante Mendoza alors que ses Depuis Le masseur (2005) qui a révélé deux derniers opus, présentés respective- le cinéaste, et ce, jusqu’à Lola en passant ment à Berlin et à Venise en 2012, ne nous par Kinatay et le fascinant Serbis, les sont pas encore parvenus. Au moins peut-on rapports humains mis en scène par le avancer que, sans renoncer pour autant aux cinéaste sont souvent conditionnés par codes habituels du mélodrame, ces films la précarité économique et le pouvoir de abandonnent les univers urbains d’usage l’argent. Chez lui, tout se monnaie – les pour déployer leurs parcours humains dans âmes comme les corps – dans une sorte la jungle étouffante de Mindano (la prise de théâtre de la survie où chacun tente d’otages de Captive) ou les majestueuses de se sauver de l’humiliation, voire de la îles Tawi-Tawi (une femme infertile dans violence la plus sombre. Après la terrifiante Thy Womb). Nombreux sont toutefois ceux descente aux enfers de Kinatay où le qui gardent en mémoire Lola et Kinatay spectateur pris en otage était renvoyé à (2009), deux œuvres majeures du réali- son propre voyeurisme, l’odyssée des deux arrêter le formidable élan vital qui porte sateur philippin, digne héritier du grand grands-mères liées par un même drame ce cinéma. D’où notre attente des films à cinéma populaire de Lino Brocka, disparu dans Lola montrait avec impétuosité que, venir, encore nimbés de toute leur puissance en 1991. Filmées en partie caméra à l’épaule comme le disait Albert Camus, la seule énigmatique. – Gérard Grugeau dans les rues grouillantes de Manille, les dignité dans notre monde reste « la révolte fictions nerveuses de Mendoza se colorent tenace contre sa condition ». Là résiste la « Il y a dans ce cinéma du présent naturellement de cinéma-vérité tant le part d’humanité qui habite l’œuvre de qui prend forme à l’arraché réel s’y engouffre dans toute son effarante Brillante Mendoza, même si celle-ci s’appa- toute l’urgence implacable de la vie crudité. Il y a dans ce cinéma du présent rente à une succession de cauchemars sans urbaine, saisie dans ses multiples qui prend forme à l’arraché toute l’urgence fin. Chose certaine, rien ne semble vouloir débordements et dérèglements. » DOSSIER 24 IMAGES 163 37 .