fi che fi lm (Herbert, son fils) Ian Quarrier (Comte vonKrolock) Ferdy Mayne (Sarah, leurfille) (Rebecca, safemme) Jessie Robbins (Yoine Shagal,l’aubergiste) Alfie Bass (Alfred) (Professeur Abronsius) Jack MacGowran Interprètes : Krysztof T.Komeda Musique : Alistair McIntyre Montage : Douglas Slocombe Image : Roman Polanski&GérardBrach Scénario : Roman Polanski Réalisateur : GRANDE-BRETAGNE -19671h45 FICHE TECHNIQUE LE BALDESVAMPIRES

mise, etl’envie sadiquequ’ilsrépandent autourd’eux); cre, lesmœurs desvampires,lalâcheté, laterreursou- amateur devampirisme(ail, croix,épieupointupourvain- Polanski connaîtbienet utiliselapanoplieduparfait CRITIQUE victimes… terminer parunrapasdontSaraheteux-mêmesseront les assistent àlaréunionannuelledesvampires,qui doit se et vadanslacryptes’endormirsoncercueil. Ils reçoit estétrange.Effectivement,dèsl’aube,ildisparaît, et disciplearriventdansunchâteau.LeComte qui les jeune fille,Sarah,estenlevée.Suivantsestraces, maître de l’aubergisteetsesclients.Dèsladeuxième nuit, la fille del’aubergistequivitrecluseetcachée,lessilences SYNOPSISremplissent d’espoir:desquantitésanormalesd’ail,la Dans unvillagedeTransylvanie,dessignescertainsle le mondeetprétendtrouvercombattrelesvampires. Avec sondiscipleAlfred,lesavantAbronsiusparcourt The FearlessVampiresKillers

DE R OMAN P OLANSKI 1 décors, personnages et situations les bleus, le rouge et les verts la s’élancer vainqueurs à la conquête sont donc repris d’une manière dominante du film ; elle contribue, du monde. Mais à chaque passa- apparemment très classique. Mais en fait, par le jeu des contrastes, ge, du pôle négatif vers le positif bien entendu, avec Polanski, ce et les accords qu’elle propose à (celui qui attire irrésistiblement), respect des conventions du genre l’éclairage lunaire, à la beauté la nature des choses se corrompt, s’accompagne d’un certain nom- d’une lumière fantasmagorique ou plus exactement elle s’inver- bre de subversions et perver- qui peut naître ainsi de la réa- se, et ce que Polanski démystifie sions qui vont l’actualiser. (…) La lité même. Dans le paysage mon- n’est pas le fantastique mais les réussite plastique et onirique est tagneux, carpathique à souhait, rapports de la réalité à l’irration- incontestable, et Polanski réus- sont posés les deux pôles de l’ac- nel. Le Bal des vampires n’est pas sit constamment à mener de pair tion. Celui, négatif, où se trouvent un film parodique, c’est une fic- un comique irrésistible (les gags les victimes, c’est-à-dire le village tion qui laisse la porte ouverte sont très nombreux) et une épou- - mais essentiellement l’auberge, à tous les possibles, à commen- vante subtilement mise en scène. faux lieu clos constamment tra- cer par notre effroi - et si nous Fiche UFOLEIS versé, violé par les vampires en rions sans cesse, nous ne cessons dépit de la protection des innom- de rire d’avoir peur ! L’humour brables chapelets d’ail suspendus naît alors de la dénaturation partout ! L’autre, pôle positif, d’où des choses et de l’inversion des vient le mal, le repaire des vampi- valeurs que chaque image, chaque (…) Le Bal des vampires est admi- res, le château protégé du comte séquence va savamment exploiter rablement construit, avec la pré- von Krolock... L’irruption dans le avec une belle richesse dans l’in- cision de la poésie et le réalisme décor du professeur Abronsius, vention. indispensable au fantastique - et de son assistant, va tout per- Tout est mouvement dans ce film c’était, déjà, la leçon de Cocteau. turber. dont il faut bien écrire qu’il est Auteur, avec Brach, du scénario II y a d’abord ce violent recul naturellement endiablé, depuis et des dialogues, Polanski (qui de de la lune par rapport au pay- l’allure du traîneau dévalant les plus interpète le rôle d’Alfred) a sage, avant l’arrivée à l’auberge pentes vers l’auberge avec à son aussi conçu les décors. d’Abronsius ; c’est à la fois nous bord Abronsius raide de glace - Et les décors ont toujours dans crier que nous sommes sous le contraste repris dans la scène ses films une valeur extrême- signe du fantastique, et nous reje- d’affolement autour du cadavre ment significative, à commencer ter brutalement vers la réalité, le gelé de l’aubergiste, et sur le toit par l’environnement : les lacs de réalisme (de l’auberge). Le second de la chapelle du château, quand Couteau dans l’eau, et le lieu clos passage, dont les nuances vont le malheureux professeur (enco- qu’est le yacht ; les grèves de s’échelonner jusqu’au gag, intro- re !) est à la fois pris par le froid Cul-de-sac, et le château isolé ; duit dans le monde clos d’une et l’exiguïté du passage dont il les reflets dans les vitrines de minorité israélite de Transylvanie reste prisonnier. Le mouvement Londres, et l’appartement ver- le professeur et son double atti- engendre le rire, parce qu’il est rouillé de Répulsion... Polanski rail scientifique et chrétien. Le aussitôt dévié de sa destination, a dit combien le désir d’écrire troisième passage sera la croi- de son accomplissement logiques. un film dont l’action puisse être sade au château, puis le couron- Polanski use du gag mécanique située dans un paysage de neige nement, apothéose lunaire et ren- simple (dans ce plan, par exem- avait été une incitation détermi- versement de la conversion. Tout ple, qui nous fait voir l’aubergiste nante : la neige est effectivement est aspiré peu à peu par le châ- tirant une trappe sur soi, alors le premier décor du Bal des vam- teau, d’où les vampires, grâce à que le professeur la retient, et pires, et le dernier... Elle est, avec l’amour d’Alfred pour Sarah, vont qu’Alfred retient le professeur : 2 la pyramide s’effondre - comique gion est de la fête ! L’athéisme de CE QU’EN DIT LA PRESSE au premier degré), ou compose un Polanski lui permet de jouer sur véritable ballet, comme la pour- ce terrain avec une totale liber- Dans le style des décors et de suite d’Alfred par le fils du comte té, et une santé diabolique dans la couleur, le réalisateur parodie von Krolock, autour de la cour le maniement de l’absurdité, de délibérément les films de Terence intérieure du château. Mais ce jouer d’autant plus qu’il s’appuie Fischer ou de Roger Corman que traduit alors le mouvement, là encore sur le réalisme pour consacrés au même thème et la dans son renversement - le sus- nous faire délicieusement perdre richesse des moyens dont il a dis- pense s’abîmant magistralement pied : si la femme de l’aubergiste posé est un plaisir pour les yeux. chaque fois dans l’humour -, c’est est chauve c’est que, mariée, une (...) Pourtant la réussite n’est pas une dynamique d’intention sur israélite d’Europe centrale devait complète : le film traîne en lon- quoi se fonde Le Bal des vampi- porter perruque ! Même fonction gueur et le rythme n’est pas assez res, et qui renvoie toute chose à du réalisme cette fois scientifique soutenu. son contraire. Pensant retrouver quand le professeur dévoile au Marc Martin Sarah dans la salle de bain, Alfred comte sa théorie sur la détection in Les Lettres françaises, n° 1220 découvre Herbert en chemise, qui des obstacles par les chauves- Paris, 7 février 1968 le presse aussitôt de comprendre souris : cette vérité (en soi) est ses sentiments délicats... Alfred fausse (dans le temps historique L’on voit bien ce qui a tenté sera-t-il séduit, donc mordu, à du film) ! Plus la fiction est vraie, Polanski dans ce film : faire un travers les maximes charmantes plus la réalité s’évanouit ; le fan- film de vampires, un vrai, sans d’un petit livre sur les usages tastique entre en scène. (…) tricher - et en même temps pren- du cœur, par le vampire homo- Claude Michel Cluny dre quelque distance envers le sexuel ? Son geste de sauvegarde Dossier du Cinéma - ed Casterman genre, l’enrichir par un contenu prend au piège le chasseur, qui goguenard sans rien sacrifier pourtant se jette à ses trousses de sa rigueur. La gageure reste dans une course digne des Marx, ouverte (...) et peut-être un jour et l’ultime défense d’Alfred, qui quelqu’un résoudra-t-il cette qua- mord le vampire, renchérit sur la drature du cercle. (...) Bref, le film dénaturation par l’humour d’une de vampires doit pouvoir s’enri- situation donnée. Ce génie capri- chir d’autres significations que cant dont fait preuve Polanski celles traditionnelles. Polanski, à dans l’accélération, la chute, la mon sens, a échoué dans l’ensem- conclusion saugrenue (le pieu qui ble de son entreprise (...). doit tuer un vampire et défonce Paul-louis Thirard un tonneau de vin, miracle chris- Positif - n°94 avril 1968 tique à rebours !), agit aussi avec le même bonheur à un niveau En fait, c’est à la fois un très d’intention plus subtil. C’est le grand film d’épouvante, un très second, voire le troisième degré grand film d’aventure et une très de l’humour dont on se délecte grande comédie. quand Abronsius, brandissant une Michel Delahaye croix sous le nez de l’aubergiste Cahiers du cinéma - n°200-201 devenu vampire (mais toujours avril-mai 1968 isréalite), ne déclenche qu’un éclat de rire moqueur ; la reli- 3 Le centre de Documentation du Cinéma[s] Le France, qui produit cette fi che, est ouvert au public du lundi au jeudi de 9h à 12h et de 14h30 à 17h30 et le vendredi de 9h à 11h45 et accessible en ligne sur www.abc-lefrance.com Contact : Gilbert Castellino, Tél : 04 77 32 61 26 [email protected] BIOGRAPHIE retrouver le sourire et réalise la Rosemary’s Baby 1968 comédie italienne Quoi ? (1973) Le Bal des vampires Né à Paris (France) en août 1933, puis Chinatown (1974), un nou- Macbeth 1971 Roman Polanski (de son vrai nom veau triomphe pour le cinéaste. What ? 1973 Raymond Liebling) et sa famille D’autres films s’enchaînent, dont Chinatown 1974 s’installent à Cracovie (Pologne) Le Locataire (1976) et Tess (1979). Le Locataire 1976 avec ses parents sans se douter Après un scandale médiatique, Tess 1979 de l’impensable : l’invasion nazie Roman Polanski ne peut plus tour- Pirates 1985 en 1939. Contrairement à sa mère, ner de films aux Etats-Unis et Frantic 1988 Roman Polanski échappe de peu s’installe en France où il sort plu- Lunes de fiel 1992 aux camps de la mort. A la fin de sieurs films dont Frantic (1987) La Jeune fille et la mort 1995 la guerre et après d’irréparables et met en scène plusieurs piè- La Neuvième porte 1999 souffrances, le jeune Polanski ces théâtrales dont Hedda Gabler Le Pianiste 2002 essaie de retrouver une vie nor- en 2003. Il est aujourd’hui marié Le Court des grands 2005 male, prend goût au cyclisme, puis avec l’actrice Emmanuelle Seigner. Oliver Twist entre dans une école de Beaux (…) En 2002, Le Pianiste reçoit la Chacun son cinéma 2007 Arts. Mais c’est son entrée en Palme d’Or, puis l’année suivan- 1955 à l’école de cinéma de Lodz te le César et l’Oscar du meilleur Prochainement qui le bouleverse. Il y réalise plu- réalisateur. (…) Pompeii sieurs courts-métrages et reçoit www.cadrage.net The Ghost un Prix international en 1958. Parallèlement, il se marie avec l’actrice Barbara Kwiatkowska. En 1962, Roman Polanski signe son premier long-métrage, Le Couteau dans l’eau, méprisé en Pologne, FILMOGRAPHIE mais primé à Venise. Comprenant que sa carrière pourrait décoller Courts métrages : en Grande Bretagne, le cinéaste Deux hommes et une armoire 1956 s’installe à Londres et y tourne Rire de toutes ses dents 1957 Répulsion (1965), Cul de Sac (1966) Cassons le bal et Le Bal des Vampires (1967) Meurtre avec sa future femme, Sharon Quand les anges tombent 1958 Tate. Roman Polanski déménage La Lampe pour les Etats-Unis et réalise Le Gros et le maigre 1960 Rosemary’s Baby (1968), plus gros Les Mammiferes 1962 succès de l’année. Il se marie avec Sharon Tate. Hélas, en 1969, son épouse enceinte est assassinée Longs métrages : Documents disponibles au France par la bande de Charles Manson. Le Couteau dans l’eau 1962 C’est une nouvelle tragédie pour Les Plus Belles scroqueries du Revue de presse importante le metteur en scène qui sombre monde Positif n°94, 96, 102 dans la dépression, d’où une La Riviere de diamants 1964 Cahiers du cinéma n°200/201 version désespérée de Macbeth Répulsion 1966 Revue du cinéma n°218, 379 bis (1971). Il tente néanmoins de Cul-de-sac L’Avant-Scène Cinéma n°154 4