Bal Des Vampires

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Bal Des Vampires Roman Polanski DOSSIER 167 Le Bal des vampires COLLÈGE AU CINÉMA Avec la participation de votre Conseil général SYNOPSIS Les Fiches-élèves ainsi que des Fiches-films sont disponibles sur le site internet : Après des années passées à chasser les vampires aux quatre coins des www.lux-valence.com/image Base de données et lieu interactif, ce site, Balkans, le professeur Abronsius et son jeune disciple Alfred arrivent dans conçu avec le soutien du CNC, est un outil une auberge de Transylvanie présentant nombre d'indices de leur présence. au service des actions pédagogiques, et de Très vite, leurs soupçons se trouvent confirmés. C'est d'abord Sarah, la fille la diffusion d’une culture cinématographique destinée à un large public. de Shagal l'aubergiste, qui est sauvagement kidnappée par le comte- vampire von Krolock. Puis, c'est l'aubergiste lui-même, parti nuitamment à la recherche de sa fille, que l'on retrouve vidé de son sang au petit matin. Edité par le : Centre National de la Cinématographie Très vite, Abronsius décide de supprimer le nouveau vampire qu’est devenu Shagal. Mais, au moment de lui enfoncer un pieu dans le cœur, celui-ci se Ce dossier a été rédigé par : réveille et s’enfuit non sans aller préalablement vampiriser sa servante- Philippe Leclercq, critique de cinéma, professeur au lycée Lakanal à Sceaux. maîtresse Magda. Les deux chasseurs de vampires se lancent alors sur ses traces et arrivent bientôt à un sinistre château voisin où ils sont reçus par Les textes sont la propriété du CNC. l’inquiétant et néanmoins courtois comte von Krolock. Remerciements : Le lendemain matin, Abronsius et Alfred découvrent la crypte où reposent Muriel Vincent, Swashbuckler Film. les vampires von Krolock, père et fils. Après l’échec de leur élimination, Photos du Bal des vampires : Alfred retrouve la belle Sarah qui se montre plus disposée à assister au bal Swashbuckler Film. du comte qu’à le suivre dans son entreprise d’évasion. Mais l’étau se Directeur de la rédaction : resserre. Alfred échappe de peu aux assiduités voraces d’Herbert, le fils du Joël Magny comte. Puis, les deux héros sont enfermés par von Krolock sur la terrasse Rédacteur en chef : d’une tour tandis que les premiers morts-vivants commencent à sortir de Michel Cyprien leur tombe pour assister à la macabre cérémonie. Conception graphique : Parvenus enfin à se libérer et à se déguiser, Abronsius et Alfred se mêlent Thierry Célestine. Tél. : 01 46 82 96 29 aux danseurs de la soirée dans le but de reprendre Sarah des mains du comte. Mais le stratagème fait long feu et les intrus sont démasqués. S’ensuit Impression : I.M.E. une course-poursuite avec les vampires au terme de laquelle le professeur et 3 rue de l'Industrie – B.P. 17 son élève réussissent à quitter le château, non sans emmener avec eux le 25112 – Baume-les-Dames cedex mal… aux dents longues de Sarah ! Direction de la publication : Joël Magny Idoine production 8 rue du faubourg Poissonnière 75010 – Paris [email protected] Achevé d’imprimer : décembre 2008 SOMMAIRE LE BAL DES VAMPIRES ROMAN POLANSKI LE FILM Philippe Leclercq LE RÉALISATEUR 2 GENÈSE DU FILM 4 PERSONNAGES 5 DÉCOUPAGE SÉQUENTIEL 7 DRAMATURGIE 8 ANALYSE D'UNE SÉQUENCE 10 MISE EN SCÈNE & SIGNIFICATIONS 13 RETOURS D’IMAGES 17 INFOS INFORMATIONS DIVERSES 18 PASSERELLES LE FILM DE VAMPIRES 21 LA PARODIE 23 DU BURLESQUE 24 RELAIS PISTES DE TRAVAIL 25 LE RÉALISATEUR & SON UNIVERS Roman Polanski, cinéaste iconoclaste Roman Polanski dans Le Locataire. Cinéaste flibustier lancé à l’abordage de genres aussi différents son école où il découvre Citizen Kane (Orson Welles), Huit que le film de piraterie, le film fantastique, le drame romantique heures de sursis (Carol Reed), Hamlet (Laurence Olivier), ou la reconstitution historique, tour à tour grave, facétieux ou Rashomon et Le Château de l’araignée (Akira Kurosawa) et les mystérieux, réaliste ou fantastique, novateur ou, au contraire, œuvres de David Lean, références qui préfigurent un goût plus classique, Roman Polanski, en dix-sept longs et dix courts pour l’expressionnisme et la stylisation, la rigueur profession- métrages, n’a cessé de dérouter publics et critiques. Pourtant si nelle, les héros solitaires et la quête de la vérité. Ses six courts l’œuvre de ce scénariste-metteur en scène (de théâtre aussi)-pro- métrages d’école annoncent son intérêt pour les situations ducteur-acteur apparaît aussi foisonnante que désordonnée insolites, la violence et le voyeurisme. L’une de ses premières dans son éclectisme, elle est en revanche globalement cohérente bandes, Deux hommes et une armoire, affiche clairement du point de vue esthétique et thématique. son anticonformisme tant dans le choix que le traitement du sujet. Le film raconte l’histoire étrange de deux hommes qui Une jeunesse troublée sortent de la mer avec un meuble encombrant. Ils entrent Celui qui est né Raymond Liebling à Paris le 18 août 1933 part dans une ville (dans la vie !), mais leur singularité engendre le avec ses parents, Juifs d’origine polonaise, pour Cracovie trois rejet de la population intolérante. Cette parabole aux accents ans plus tard. Son ascendance lui vaut bientôt une série de surréalistes interroge ce qui nourrit le rapport de forces entre vexations qui ne seront pas sans conséquences sur sa sensi- les êtres tout en pointant les difficultés de vivre en société. bilité et sa carrière futures. Après avoir vécu dans un apparte- Quelque temps plus tard, Le Gros et le maigre, satire du pou- ment qui le marquera à jamais, le jeune Roman est enfermé voir et de la servitude, suivi des Mammifères où des pantins avec sa famille dans le ghetto juif de la ville. Sa mère meurt issus du théâtre de Samuel Beckett se disputent un traîneau, en déportation en 1941 et l’enfant est envoyé à la campagne où confirment sa vision pessimiste du réel et son attachement il s’éveille aux travaux des champs et à la beauté de la nature. pour les univers dépouillés. Entre-temps, Quand les anges Il échappe ainsi à une partie de la guerre, puis à l’ordinaire du tombent, réflexion sur le passé et les cruautés de la guerre, régime communiste en étudiant les beaux-arts jusqu’en 1953. aura révélé un penchant mélodramatique de sa sensibilité Durant cette période, il découvre le métier de comédien en se que l’on retrouvera dans Tess en 1979. produisant dans diverses petites troupes théâtrales. Mais c’est l’année suivante que se joue son destin quand il entre à la pres- Changement de ton tigieuse école de cinéma de Lodz. Cette maturité précoce, résultat des épreuves passées, permet à Roman Polanski de jouir déjà d’une bonne réputation au Premières armes moment de passer au long métrage en 1962. Le Couteau Durant cinq ans, il fourbit ses premières armes de réalisateur dans l’eau, co-écrit avec Jerzy Skolimowski, remet sur le métier et interprète un rôle dans le premier film d’Andrzej Wajda, des obsessions omniprésentes dans ses courts métrages : frus- Génération. Il fréquente assidûment les projections de films de tration, angoisse, absurdité, violence, aliénation, etc. Ce huis 2 ■■■■■■■■■■■■■■■■■■ clos géographique et psychologique où un homme, sa femme essaie d’échapper à diverses formes de subordination aux- et un étudiant invité s’affrontent sur un yacht, connaît un suc- quelles on tente de le plier. Réminiscence ou non d’une partie cès international qui amène le cinéaste à se tourner vers de son enfance passée à la campagne, le paysage romantique l’Angleterre pour réaliser Répulsion. Comme pour son film pré- en accord avec les sentiments de l’héroïne occupe une place cédent, la liberté de ton, la problématique moderne et l’ap- déterminante dans le film. proche clinique du sujet incitent un temps la critique à associer son auteur à la Nouvelle Vague française qu’il admire par ailleurs. Mais Polanski, moderne anti-moderne pour paraphraser le mot d’Antoine Compagnon, se distingue du mouvement. Son Cul-de-sac, fidèle à ses préoccupations, est en effet délibéré- ment théâtralisé. Coécrit comme son film précédent avec celui qui va devenir son compagnon de route, Gérard Brach, cet opus s’inscrit nettement dans l’esprit du théâtre de l’ab- surde qui souffle sur les années 1960. Le changement de ton se confirme l’année suivante avec Le Bal des vampires, farce fantastique où s’affiche le goût du réalisateur pour les atmo- sphères imprégnées par les décors. L’univers des choses, les murs qui entourent et qui piègent, Rosemary’s Baby. l’impression poisseuse d’être englué dans un espace placé sous surveillance redéfinissent les contours de son cinéma. La Sept ans plus tard, Polanski concrétise un vieux rêve avec capitale polonaise dévastée du Pianiste, le Londres victorien son ami Gérard Brach en réalisant Pirates. Puis, c’est Frantic, d’Oliver Twist, le Paris de Frantic, le Chinatown du film épo- opus burlesco-hitchcockien, qui déroule son histoire d’es- nyme sont de ce point de vue des lieux, riches de détails réels pionnage à Paris. S’ensuivent le thriller de pacotille saturé et précis, qui forment une unité organique avec les protago- d’érotisme tragique Lunes de fiel, et le huis clos oppressant de nistes. Le décor joue désormais un rôle essentiel dans la dra- La jeune fille et la mort sur le thème maître/esclave déjà trai- maturgie ; il colore l’histoire, définit les personnages, té dans Les Mammifères. C’est ensuite La Neuvième porte détermine les destins. avec Johnny Depp et Emmanuelle Seigner, dernière compagne Dans la géographie polanskienne, l’intérieur claustrophobique de Polanski. Comme auparavant Oliver Twist, Le Pianiste et miné, sans étanchéité contre les dangers (de Répulsion au revient enfin sur les angoisses du réalisateur face à la barba- Pianiste en passant par Rosemary’s Baby et Le Locataire) occupe rie et, par le biais du roman de Wladyslaw Szpilman, livre une place privilégiée.
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