PAYS : RUBRIQUE : Culture PAGE(S) :19 DIFFUSION :94673 SURFACE : 32 % JOURNALISTE : -HDQODGHDVS PERIODICITE :Quotidien 29 janvier 2020 - N°41619

Portrait intime GQ photoreporter disparu

t Dans ce et bouleversant documentaire, Mariana Otero VLPPHUJH dans les images de Gilles Caron, mort au Cambodge en 1970 et jamais retrouvé. jeune, se trouve dans OpLGHQFH et Histoire GQ regard mêle celui, la clarté de ses images. Elle VLP perdu, de Gilles Caron et celui, si Histoire GQ regard, merge dans ses 100 000 clichés intense, de Mariana Otero, au long à la recherche numérisés. Devant les scènes de GQ monologue de murmure ému. eee de Gilles Caron Mai 68, Mariana Otero cherche Jean-ClaudeJ Cl d RaspiengeasR i de Mariana Otero le visage manquant de sa mère Film français, 1h 33 qui aurait G se trouver dans la foule. Scrutant pendant des mois Comment naît la rencontre GQ les planches-contacts de tous ses sujet avec son auteur ? Comment reportages, rétablissant la chrono- VLPSRVH OLPSpULHVH nécessité de logie précise de ses déplacements, tourner un de consacrer des repérant OHQGURL exact et le ca- mois de sa vie à poursuivre une drage de ses clichés, elle épouse obsession, à chercher le regard son cheminement intérieur, men- GQ absent dans la vibration de tal et physique. Cinéaste, elle ses images ? cherche à comprendre comment Un jour, la cinéaste Mariana il parvenait, au milieu du chaos, Otero reçoit GQ ami un gros livre à rendre si présents, si singuliers, qui rassemble les reportages GQ les individus que son objectif iso- photographe mort à 30 ans, en lait. Elle part en Irlande du Nord 1970 au Cambodge, dont les jour- retrouver des témoins de son pas- naux se disputaient les clichés si sage. Et interroge ses restées impressionnants de justesse, de avec leurs questions sans réponse. profondeur, habités par une pré- Le dernier rouleau la saisit. Des sence. Nul QD jamais su ce que adolescents cambodgiens en uni- furent ses derniers instants. Son forme se préparant pour la guerre, corps QD jamais été retrouvé. un portrait lumineux de Gilles En six ans, Gilles Caron avait Caron pris par un confrère et des couvert la guerre des Six Jours, photos de ses deux Il ne vou- Mai 68, le conflit nord-irlandais, lait pas partir pour le DPERGJH la guerre du . Happée par Le matin de sa disparition, lui qui la beauté de ces documents et ce QpFULDL jamais à sa femme en re- destin tragique qui la renvoie à la portage lui adresse une lettre dé- mort, au même âge, de samère (su- semparée. Il veut renoncer à ce mé- jet de son Histoire GQ secret, tier pour se consacrer à sa famille. en 2003), Mariana Otero se lance Il rêve, ce jour-là, de prendre le der- dans une enquête intime et fouillée nier avion pour . Film magni- sur le travail de ce photoreporter. et bouleversant, vibrant tom- La réalisatrice pressent que la beau brodé de silence, au montage vérité de cet homme, fauché si somptueux de délicatesse, cette

Tous droits de reproduction réservésP.22 PAYS :France RUBRIQUE : Culture PAGE(S) :14 DIFFUSION :117057 SURFACE : 24 % JOURNALISTE : 0% PERIODICITE :Quotidien 28 janvier 2020 - Edition Aix En Provence OLTLFLSRUYRLUODSDJRUFGODULFO

La réalisatrice Mariana Otero dans les pas de Gilles Caron

Son documentaire redécouvre Gilles Caron, figure culte du photoreportage

Barbier approprié. en louant une voiture, et de prendre Ses clichés, de Mai 68 à la guerre du des soldats israéliens en stop. Tout Biafra, appartiennent à la mémoire Comment l'a pris la famille ? cela fait qu'il est à la bonne place. collective. Gilles Caron, Cela ne les a pas gênés, au contraire. une époque R on est envahi photojournaliste à la carrière aussi Sa femme Marianne Caron-Montely d'images, c'est important de le brève que fulgurante, a témoigné a accepté de me prêter les fonds de rappeler. pendant six ans des conflits de son la fondation, car elle aimait mon époque, jusqu'à sa disparition en documentaire, Histoire d'un secret . Gilles Caron a été appelé en avril 1970 au Cambodge à l'âge de Elle savait que je ne filmerai pas un Algérie, une expérience 30 ans. La réalisatrice Mariana biopic traditionnel, formaté, elle traumatisante. Pourquoi Otero part sur ses traces dans un voulait une oeuvre personnelle. Elle retourne-t-il au front ? documentaire passionnant, en salles m'a laissé une totale liberté. Oui, c'est paradoxal : il trouve la demain. guerre horrible, mais ne peut pas On l'a rencontrée lors de partir des rouleaux, vous s'empêcher d'y retourner. En l'avant-première au cinéma Les retracez ses cheminements Algérie, il est traumatisé par ce qu'il Variétés. physiques dans Jérusalem ou à voit, mais reste passif. Il a une Paris en mai 1968 lorsqu'il forme de dette, en quelque sorte. Vous le tutoyez dans le film. photographie Daniel Cohn-Bendit. C'est pour cela qu'il devient Pourquoi instaurer cette proximité En quoi ses déplacements sont-ils photographe, pour témoigner. Au ? une clé de compréhension ? Cambodge, il photographie aussi Je ne suis ni historienne d'art ni Ce qui m'intéressait, c'est l'espace beaucoup de jeunes soldats, une experte en photographie. Je me suis entre deux photos. Une bonne photo façon de parler de ce qu'il a vécu. intéressée à Caron à cause d'une n'est jamais seulement le fruit du "Histoire d'un regard", demain en "coïncidence" : sa disparition faisait hasard : elle est le fruit d'un travail, salles écho à celle de ma mère. Je voulais d'une pensée, d'une expérience. La expliquer au spectateur ce qui me chance ne peut arriver que si on la meut, donc je dis "je". J'ai travaillé provoque. Si Gilles Caron est le six mois sur ses photos, à remettre premier photographe à arriver au en ordre les rouleaux que m'avait mur des lamentations, ce qui l'a confiés la fondation Caron. Durant rendu mondialement célèbre, c'est ces mois d'enquête archéologique, parce qu'il a l'expérience de la j'ai vraiment eu le sentiment de le guerre d'Algérie et des conflits côtoyer. Le "tu" me semblait donc armés. Il n'a pas peur d'y aller seul

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Tous droits de reproduction réservésP.7 PAYS :France RUBRIQUE : Cinéma PAGE(S) :41 DIFFUSION :6966 SURFACE : 4 % PERIODICITE :Hebdomadaire 29 janvier 2020 OTFSRUYRUODSDRUFGODUFO

Histoire d'un regard

Gilles Caron, alors qu'il est au ¦ Documentaire de Mariana Otero. sommet d'une carrière de France 2020, 1h33. photojournaliste fulgurante, disparaît brutalement au Cambodge en 1970. Il a tout juste 30 ans. En l'espace de 6 ans, il a été l'un des témoins majeurs de son époque, couvrant pour les plus grands magazines la guerre des Six Jours, mai 68, le conflit nord-irlandais ou encore la guerre du Vietnam.

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Tous droits de reproduction réservésP.11 PAYS :France DIFFUSION :104111 PAGE(S) :62-64 JOURNALISTE : Frédéric Theobald SURFACE : 278 % PERIODICITE :Hebdomadaire 30 janvier 2020 - N°3883

MARIANAOTERO « Sur chaque photo de Gilles Caron, on rencontre une personne »

Tous droits de reproduction réservésP.5 PAYS :France DIFFUSION :104111 PAGE(S) :62-64 JOURNALISTE : Frédéric Theobald SURFACE : 278 % PERIODICITE :Hebdomadaire 30 janvier 2020 - N°3883

-L Culture/ ______J

disparition du photographe. Sa dépouille étant La réalisatrice française introuvable, la question est alors devenue : comment lui redonner un corps à travers ses photos ? com Mariana Otero consacre -A, ment rendre une présence à un absent, tout en gar Si un documentaire au dant présente lidée qu il y a une absence ? L __ . photographe Gilles Caron, Vousmenezalors presque un travail de détective, dont la première piste est unephoto de Daniel disparu au Cambodge Cohn-Bendit prise devant la Sorbonne,en mai 1968... \ à l âge de 30 ans. Passionnant. M.O La Fondation Gilles-Caron m a confié ses J 100000 photos numérisées, et j ai commencé par regarder les planches-contacts qui correspondaient te à ce cliché de Cohn-Bendit. Pour voir ce quelles m ins piraient. Au départ, j étais presque déçue, car il sem * blait qu il avait eu juste de la chance en saisissant cet instant R Cohn-Bendit sourit à un CRS. Puis, ariana Otero a filmé des élèves en regardant attentivement les clichés, j ai compris (la Loi du collège, 1994), des qu ils avaient été mal classés, et ça a été un déclic ouvrières (Entre nos mains, 2010), extraordinaire. En remettant les planches dans un centre pour autistes ciel l ordre, je pouvais retracer son trajet, je revivais la fF ouvert, 2013), le mouvement scène, et j ai alors eu envie d explorer plus avant ses Nuit debout place de la République reportages, au Vietnam, à Jérusalem, en Irlande... (l'Assemblée, 2017) avec, en filigrane,comme cesunequesdétective ou une archéologue. J ai T. t- BT tions : comment les gens fonctionnent-ilsretrouvéen groupele même? plaisir que dans Histoire d un secret, comment inventent-ils des règles ou les subissent- R au travers des de ma mère, au travers de ils ? quelle place le collectif laisse-t-il à la singula son pinceau, j avais cherché à faire revivre linstant de 1 __ M rité ? Autant de documentaires qui accordaient une la pose. Car limage ne témoigne pas uniquement du place majeure à la parole. Avec Histoire d un regard, sujet représenté, mais aussi de celui qui représente. * 4 la réalisatrice change de perspective pour étudier le parcours dun homme dimages, Gilles Caron, disparu Gilles Caron a couvert de nombreusesguerres. en avril 1970 lors d un reportage au Cambodge. Un Quecherchait-il sur les champs de bataille ? ~ ... film qui éclaire autant le travail du photojournaliste M.O II a été traumatisé par la guerre d Algérie - comme que celui de la cinéaste. je le montre dans le film en mettant en relation les lettres écrites à sa mère durant cette période et LAVIE.Faire des films, avez-vous dit, est le moyen durant le conflit au Vietnam. De retour à la vie civile, de « poser et mettre en scène des questions ». il sest senti comme une dette, une mission : mon Quellesquestions vous êtes-vous posées avant trer les horreurs qu il avait vues. Cest un peu par de réaliser ce documentaire sur Gilles Caron ? hasard qu il vient à la photo, mais une fois qu il se MARIANA OTERC Le scénariste Jérôme Tonnerre m avait découvre cette passion et ce talent, il part couvrir envoyé un livre de photos de Gilles Caron, que j avais des conflits pour témoigner à la fois de la situation trouvé remarquable. Mais je ne comprenais pas en des soldats et de celle des civils. Néanmoins, au fil quoi ce sujet pouvait m intéresser professionnelle de ses reportages, il va se confronter aux questions ment. Je ne suis jamais allée plus loin que la fron que tout photojournaliste se pose : à quoi sert mon tière belge, je n ai jamais couvert de conflits... Tout travail ? est-ce que je ne suis pas un voyeur ? est-ce le contraire de Caron. C est la question de sa dispa que je ne devrais pas rester plus longtemps dans les

GILLES-CARON/CLERMES rition, à 30 ans, qui m a accrochée : les photos de ses endroits que je photographie plutôt que de travailler deux petites filles dans unjardin en hiver sont entrées dans l urgence ?

FONDATION en résonance avec les dessins de ma mère, qui nous GILLES CARON représentaient, ma et moi, de la même façon, Dansquelle mesure vous êtes-vous retrouvée (1939-1970) était avec un bonnet. Comme je lai raconté dans Histoire dans le travail de Gilles Caron ? membre de l'agence d un secret, ma mère (lapeintre Clotilde Vautier, ndlr), M.O Je suis devenue documentariste pour raconter Gamma, pour laquelle il a couvert les a elle aussi disparu jeune, à 28 ans, après un avorte des histoires, et je retrouve cette même envie chez guerres des Six-Jours, ment clandestin. Cette coïncidence m est apparue Caron. Il a le JR de faire vivre les gens. Il les met du Biafra, du Vietnam. comme le signe que je devais m intéresser à Gilles en scène par la posture, les expressions faciales, le Il a aussi pris Caron. Mais j ai très vite compris que ma première regard. Sur ses clichés, il y a toujours quelqu un dont certaines des images les plus iconiques interrogation était inadéquate : en dépit des la singularité l emporte sur les événements. Les gens de Mai-68. recherches, personne n a jamais pu élucider la photographiés ne sont jamais des victimes. Même

Tous droits de reproduction réservésP.6 PAYS :France DIFFUSION :104111 PAGE(S) :62-64 JOURNALISTE : Frédéric Theobald SURFACE : 278 % PERIODICITE :Hebdomadaire 30 janvier 2020 - N°3883

PHOTOGRAPHIQUE de Gilles Caron est tout entière tournée vers l'humain. Même en zone de conflit, la singularité des individus l'emporte sur la force des événements.

nos mains avaient limpression qu elles n avaient rien à dire, qu elles nétaient pas intéressantes. Et puis, au bout de deux ou trois semaines, elles ont commencé à comprendre que ce qu elles vivaient - transformer leur usine en coopérative -, c était intéressant. Elles se sont alors emparées du film, de cette possibilité de parler. Leur regard sur elles-mêmes avait changé : du fait dêtre filmées, elles se voyaient différemment. C est plus qu une complicité. D ailleurs, quand le film s arrête, on reste amies, mais on ne retrouve jamais la magie du tournage. Cest comme une his- toire d amour : quand elle sarrête, on rencontre la les enfants du Biafra sont des êtres humains qui personne autrefois aimée, mais ce n est plus pareil, vivent une histoire. Sur chaque image, qu elle soit c est fini. Il y a une force de l instant, de ce qu on est prise au Biafra, au Vietnam ou en Irlande, j ai lim en train de vivre à un moment donné avec une caméra pression de rencontrer une personne. et que Gilles Caron vivait aussi avec les gens T il photographiait, quoique de manière plus fugace, Vousposezla question de la proximité plus fugitive. C est pour cela qu à la fin il avait envie du photographe avec son sujet, en particulier de faire du documentaire : prendre du temps, sLQV dansle reportage que Gilles Caron effectue taller plusieurs mois dans un endroit. Mais il était en DRW 1969 à Derry, en Irlande du Nord... si connu, il avait tellement de commandes, qu il n a M.O. Ce reportage est le seul qui ne découle pas d une pas pu résister. Il a essayé de dire non, mais il n a pas commande. Je pense que Caron sest rendu là-bas pu. Il a été piégé par sa célébrité, son génie. 9 car il pressentait l importance de lévénement. Cest INTERVIEW e'e, THEOBALD aussi le reportage R il a pris le plus de clichés : 3000 en trois jours, contre 6000 en trois mois au Vietnam - et pas simplement pour « mitrailler », comme il a dit l avoir fait pendant la bataille de Dak To. Il reve nait du Biafra et a trouvé en Irlande une cause à épou Histoire d un regard ser. Cette jeunesse qui se révolte le fascine. Pourtant, de Mariana Otero il se pose la question de ce qu il montre des mani ®

Tous droits de reproduction réservésP.7 PAYS :France DIFFUSION :46830 PAGE(S) :94-95 JOURNALISTE : Antoine De Baecque SURFACE : 122 % PERIODICITE :Mensuel 1 février 2020 - N°468

GUIDE Cinéma

de Caron Mariana Otero explore le travail du photoreporter français disparu en 1970. Une leçon danalyse dimages et un questionnement sur la nécessitéde photographier.

n juin 1967, un repor saisiessur levif, ayant participé tage de Paris-Match rend aux événements. célèbre un photographe Le regard sur les photos sai français de 27 ans, Gilles guiseformidablement, démon Caron. On y voit Moshe Dayan trant une intelligence visuelle Eet sessoldats israéliens devant qui « refait l histoire » et per le mur des Lamentations de Jé met de la comprendre, tout rusalem conquise lors des com en reconstituant les chemine bats de la guerre des Six-Jours. ments de Gilles Caron, sa ma Caron disparaît trois ans plus nière de tourner autour des ac tard, le 5 avril 1970, au Cam teurs pour mieux les incarner. bodge, alors qu il est au som Par cette immersion, chacun met d une carrière de photo ressent limpression de revivre journaliste fulgurante. En lévénement avec lui, et sesre lespace de six ans, il a été l un portages deviennent, grâce au des témoins majeurs de son cinéma, des trajets, physique, époque, couvrant pour les plus historique, esthétique, de pho grands magazines les princi tographe. Ainsi dans le cas des paux points chauds de la séquences sur les célèbres por planète. traits en action de MosheDayan Lorsqu elle reçoit un livre ou de Cohn-Bendit faisant face, consacré à Gilles Caron, il y a hilare, à un CRS devant le rec deux ans, Mariana Otero est torat de la Sorbonne. fascinée par une photo de ses Tout au long du film, Ma deux fillettes, qui fait écho avec riana Otero opère trois dialo sa propre histoire et la dispari gues parallèles : avec des ex tion de samère. «Jétais saisie, perts et des témoins, comme témoigne-t-elle. Je retrouvais une maïeutique révélatrice ; comme en miroir les dessins avec les images, comme un que ma mèrepeintre avait faits dessillement précis ; avec de ma et de moi-même Le photographe Gilles Caron, sur les épaules de son collègue Gilles Caron lui-même, qu elle enfants, peu avant sa mort en Henri Bureau, couvre une manifestation de soutien au pouvoir tutoie, questionne, apostrophe gaulliste sur les Champs-Elysées, à Paris, le 30 mai 1968. 1968 alors qu elle avait à peine avec complicité, tel un proche. 30 ans. Cet écho était une invi A la leçon de regard qui ouvre tation àfaire un film. » magistralement le film, sur Commence un patient travail den Paris 1968 et Jérusalem 1967, succède Revivre l événement quête et de documentation, de reconsti ainsi une forme de confession intime : Le documentaire plonge délibérément tution précise,de remise en chronologie les voix mêlées de deux artistes qui, à dans les 100 000 clichés et les4 000 rou des événements, de contextualisation cinquante ans de distance, traversent leaux du photoreporter pour lui redon des personnages pris en photo et de leurs épreuves. Dela guerre dAlgérie et ner présence et raconter lhistoire de son cartographie des lieux. Quelques dé sesvingt-deux mois de service chez les regard. Ce nest pas tant la disparition tails servent de guide : des ombres sur paras à l assaut de la colline de DakTo jamais élucidée au Cambodge, dansune le sol, une tache sur un mur, un objet au milieu des soldats américains per zone contrôlée par lesKhmers rouges de tenu par l un des personnages, un re dus au Vietnam, chez le photographe ; ,qui intéresse Mariana Otero que gardvers lobjectif, un sourire, une fleur la douleur immarcescible des enfants l interprétation dimages à déchiffrer. Il à la main. Cetravail obsessionnel et ar de parents morts trop jeunes, chez sagit donc de regarder les planches- chéologique dure plusieurs mois, sap la cinéaste. contacts, de les afficher (au mur, au puyant parfois sur l expertise dhisto Sansdoute est-cepour cela qu un des tableau, sur lécran de l ordinateur) et, riens, comme Vincent Lemire pour le tin sebrise : devant lenfance victime de surtout, de les remettre en ordre pour reportage de 1967 à Jérusalem, ou sur la violence de l histoire, en Irlande du pouvoir les comprendre. des témoins reconnaissant les figures Nord, au Biafra, au Cambodge, Gilles

L HISTOIRE / N°468 / )e95,(5 2020

Tous droits de reproduction réservésP.3 PAYS :France DIFFUSION :46830 PAGE(S) :94-95 JOURNALISTE : Antoine De Baecque SURFACE : 122 % PERIODICITE :Mensuel 1 février 2020 - N°468

Caron ne peut plus vivre. Il photogra phie, certes, mais assailli par les doutes, confronté aux questions sans réponse satisfaisante que la pratique du pho toreportage peut susciter : comment faire image de la mort ? Pourquoi regar der la misère du monde ? Contre quoi monnayer ses visions de l horreur ? Usé par l histoire qu il traverse, le pho tographe se réfugie dans sa famille et ses fillettes au bonnet de laine finissent par emplir ses derniers rouleaux, écri vant une dernière fois à sa femme, de puis le Cambodge R il n aurait pas se trouver : « Comme j aimerais n être jamais parti. .. » Antoine de Baecque

AVOIR

Histoire d un regard M. Otero, en salles.

Pour nos abonnés

13 e95,5 20 HEURES

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Ciné-club de LHistoire au Champo Histoire dun regard de Mariana Otero

Projection suivie d une rencontre avec Mariana Otero, réalisatrice, Vincent Lemire, historien, et Antoine de Baecque

50 places sont offertes aux abonnés de LHistoire Inscription : privilège [email protected] Cinéma Le Champo 51, rue des eFROHV 75005 Paris www.cinema-lechampo.com

En vous inscrivant à ladresse [email protected], vouspourrez recevoir la newsletter et les informations deLHistoire.

Tous droits de reproduction réservésP.4 PAYS :France RUBRIQUE : Temps forts PAGE(S) :2 DIFFUSION :40562 SURFACE : 5 % PERIODICITE :Quotidien 30 janvier 2020 - N°22859

Temps forts FOLp sur OQLpI ,1e0 « Si toute est (en partie) correspondances assez troublantes avec autobiographique, cette Histoire GQ le premier long métrage de la cinéaste, regard, de Mariana Otero, évocation Histoire GQ secret . Ce explorait de la brève vie du photojournaliste Gilles les raisons de la disparition de sa mère, Caron (1939-1970), présente des OLVH peintre Clotilde Vautier, à OH

Tous droits de reproduction réservésP.8 PAYS :France RUBRIQUE : Découvrir cinéma PAGE(S) :60 DIFFUSION :(163750) SURFACE : 44 % JOURNALISTE : M. M PERIODICITE :Hebdomadaire 30 janvier 2020 - N°693

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-e50( Mariana Oteropart sur les traces du photographe GillesCaron cinquante ans aprèssa disparition au Cambodge.

«HISTOIRE81REGARD» GILLESCARON,DE LA VOIX ariana Otero dont on connaît les des photos GDR 1969, commentant leurs M beaux documentaires sur une Scop attitudes avec force anecdotes. Mais dans de lingerie féminine (« Entre nos mains »), ce récit à la première personne, le point Nuit debout (« OVVHPEOpH ») ou sa mère de départ reste OLPDJLDLUH de la cinéaste. (« Histoire GX secret »), part sur les traces du photographe Gilles Caron. Tirant LA PARTDEFICTIONDANSLE5e(/ les de OLLPH elle rencontre OXH des Ainsi, la célèbre photo de Mai 68, avec de ODXHXU de certaines des images un Cohn-Bendit sourire frondeur face les plus iconiques du XX e siècle. Cinquante à un policier, lui permet de traquer les ans après la disparition de son père au indices, de de comprendre Cambodge, sa peine à faire le deuil. Du la part de hasard et de mise en scène du Vietnam au Tchad, en passant par Prague, photographe et de son sujet. Ce travail la guerre des Six-Jours, le Biafra et O,U devient une variation autour de la fa- lande du Nord, Otero interroge le parcours brique de OLIRUPDLR de la part de du membre de ODJHFH Gamma. DERUG tion dans le réel. Mais pour aller plus loin il y a OOJpULH dont Caron, jeune appelé que le cliché du baroudeur de OHUrPH parachutiste, ressort traumatisé. Obser- elle laisse aussi entendre la voix de Gilles vant avec Vincent Lemire, le directeur du Caron, évoquant la de rapporter centre de recherche français à Jérusalem, un bon reportage GXH avant-première les photos de la prise de la Ville sainte à OOPSLD La photo frivole HV pas la par les troupes israéliennes en 1967, elle moins dure à concevoir. Cette histoire comprend le choc ressenti par Caron en de regard, FHV les images insou- découvrant que les uniformes des soldats tenables de corps et décharnés, israéliens viennent du surplus de ODUPpH lors du au Biafra R même le pho- française en Algérie. La fascination conti- tographe, revenu de cet enfer, reste qua- nue avec les protagonistes de la bataille siment sans voix. M. M. du Bogside à Derry, en Irlande du Nord. «HISTOIRE81REGARD: LA RECHERCHEDE Cinquante après, ils se reconnaissent sur GILLESCARON», DEMARIANAOTERO,FRANCE,1 H33.

Tous droits de reproduction réservésP.10 PAYS :France RUBRIQUE : Autre PAGE(S) :91 DIFFUSION :498558 SURFACE : 20 % JOURNALISTE : F. F PERIODICITE :Hebdomadaire 30 janvier 2020 - N°2882

CRITIQUES

HISTOIRE 81 REGARD de Caron. Qui était-il ? Comment PAR MARIANA OTERO choisissait-il ses images ? Documentaire français (1h33). La documentariste reconstitue Gilles Caron, disparu les voyages, les angles, les choix à 30 ans en 1975 au Cambodge, du photographe. Le résultat est a été un grand photographe. impressionnant, et les clichés de Ses clichés de Mai-68, de Caron ont une force incroyable, la guerre du Vietnam, G,VUDsO cinquante ans plus tard. de François Truffaut, du HV OLVRLUH GQ regard, irlandais, sont célèbres. Mariana mais aussi OLVRLUH GQ monde Otero tombe sur un album disparu, par un artiste de photos et part à la recherche du Nikon. F. F.

Tous droits de reproduction réservésP.9 PAYS :France DIFFUSION :(30000) PAGE(S) :28 JOURNALISTE : Adrien Gombeaud SURFACE : 83 % PERIODICITE :Mensuel 1 février 2020 - N°731

MarianaOtero, Histoire d'un regard, 2019, documentaire, 1 h 33 m in . ©Jérôme Prébois/Arch!pel33. DE 21 de reportage. Par son titre même, cedocumentaire fait écho Histoire à un précédent travail de Mariana Otero. Dans Histoire d'un secret (2003), elle revenait sur le destin de samère, la peintre Clotilde Vautier, morte d'un regard en 1968 à 30 ans à peine. Les artistes ne disparaissent jamais tout à fait Mariana et ces deux films jumeaux interrogent leur étrange présence parmi les vivants. En Irlande du Nord, Mariana Otero retrouvera les rues, Otero les carrefours mais aussi les visages que Caron avait saisis pendant les manifestations de 1969. Le temps a passé et le photographe semble DOCUMENTAIREEn 2013, le scénariste n'avoir jamais quitté Belfast ou Londonderry. Personne n'a retenu Gilles Tonnerre offre à son amie son nom ou sa silhouette. Néanmoins, ses photos ont imprimé les Mariana Otero un album de Gilles mémoires. Il y a cette blonde en mini-jupe, debout parmi les gravats, Caron. La cinéaste reconnaît les clichés devenue une icône de la lutte irlandaise. Il y a cegigantesque mural les plus célèbres et découvre le parcours qui reproduit une image de Gilles Caron : l'enfant au masque à gaz. .. du photographe, comète passée dans Toutes ces photos tissent un fil d'Ariane noir et blanc reliant pour tou le monde des magazines et disparue jours le temps présent au XX esiècle qui s'éloigne. Mariana Otero filme brutalement en 1970. Elle décide alors également des gestes de laborantins pratiquement oubliés : la lumière de se plonger dans les 100 000 images rubis, les secondes égrénées, l'image qui seforme dans le bain révélateur réalisées par Caron en àpeine six années et qui sefixe, suspendue à un fil comme un drap. L'argentique est affaire O d'alchimistes et de fantômes. savoir l'écran, les clichés Depuis une trentaine d'années, assemblés forment des ladocumentariste séquences. Car le cinéma Mariana Otero abordedes thèmes a le pouvoir d'animer trèsvariésdes les images et de rappeler emptoyésd'une usinede Lingerie le photographe à la vie. Ainsi, [Entre nos mains], par son montage, Mariana un établissement pourenfants Otero nous transporte-t-elle psychotiques FLHO à la Sorbonne, en mai 68, ouvert], le mouvement Nuit debout dans de Gilles Caron. [L'Assemblée]... Chaque photo correspond à un déplacement. Il court, Histoire d'un regard, escalade un muret, redescend, 1h33min. En salle le 29janvier2020. se faufile dans la cohue, s'accroupit. .. Finalement, il trouve son angle. Alors, d'un coup d'obturateur précis, il arrache une seconde au flux du temps : le sourire espiègle de Daniel Cohn- Bendit face à l'ombre butée d'un policier. L'image entre dans la postérité. Deux ans plus tard, quelque part sur une route du Cambodge, la trace de son auteur s'évapore à jamais. Reste une petite lumière. 100 000 photos. Un regard. ___ ADRIEN GOMBEAUD

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