LeMonde Job: WMQ2611--0001-0 WAS LMQ2611-1 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 10:13 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2043 Lcp: 700 CMYK

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FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY 2000-2099 DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI 21 questions au XXIe siècle b La rédaction du « Monde » vous propose un voyage au cœur du siècle futur b Après le bilan du siècle, paru au premier semestre, une encyclopédie de l’avenir b Info s’associe à cette enquête auprès des meilleurs spécialistes b Paul Rebeyrolle apporte sa vision de peintre sur chacun des thèmes traités

CE NUMÉRO spécial a pour am- bition de traiter les grandes ques- LES GRANDS TÉMOINS tions – environnementales, biolo- giques, géopolitiques – auxquelles le siècle prochain sera confronté. Il Trois est le complément du Siècle, notre supplément paru au premier se- romanciers mestre, où la rédaction du Monde Irons-nous sur Mars ? Un troisième proposait son bilan d’une époque sexe va-t-il naître ? Travaillerons-nous à inaugurée tragiquement par la perpétuité ? Etc. Trois romanciers ré- guerre mondiale de 14-18. Le prin- pondent : Zoé Valdés, d’origine cipe adopté aujourd’hui est simple : cubaine, qui a publié récemment les journalistes sont partis à la ren- Compartiment fumeurs et La Douleur contre des meilleurs chercheurs, du dollar (Actes Sud), l’académicien scientifiques, sociologues, écrivains Erik Orsenna, auteur de L’Exposition sur chacun des thèmes traités. A partir de leurs informations et de coloniale et du Grand Amour (Seuil), et leurs interprétations naît une vision Norman Spinrad, auteur de science-fic- globale du siècle à venir. tion américain, dont En direct (Denoël) On lira successivement des en- est le dernier roman paru en français. quêtes sur l’évolution climatique de la planète ; le poids futur du do- page chez les sportifs ; l’incidence d’Internet sur les valeurs de la dé- mocratie ; l’espérance de vie des hommes ; la naissance d’une hy- perclasse élitaire, fondée sur la maîtrise des nouveaux outils de communication ; l’évolution du concept de ville ; les bouleverse- ments dans le monde artistique, avec l’apparition du virtuel ; l’ave- nir de la notion de travail ; l’érosion de la biodiversité ; l’homogénéisa- tion des cultures et le poids des ré- PARTENARIAT flexes identitaires ; les perspectives démographiques ; les questions liées au masculin et au féminin ; le France Info succès des transcendances sans France Info s’est associé au Monde Dieu ; les richesses des mers ; les pour ce cahier spécial consacré au inquiétudes à l’égard des res- XXIe siècle en interrogeant Axel Kahn, sources en eau douce ; les perspec- directeur à l’Inserm, Antoine Labeyrie, tives de la conquête spatiale ; les directeur de l’Observatoire de Haute- enjeux militaires de demain ; la ma- Provence, Philippe Kourilsky, prochain nière de gérer les déchets produits par les humains et leurs tech- directeur de l’Institut Pasteur, Guy Si- niques ; les possibilités de nourrir mono, spécialiste des énergies renou- tout le monde ; et les potentialités velables, et Jacques Attali, écrivain et de la recherche médicale. consultant. Quatre de ses entretiens A chaque fois, des chiffres-clés seront diffusés sur France Info (105.5). ou un mini-lexique permettent de mieux cerner les questions abor- dées. www.lemonde.fr PEINTURE David Hilbert, le savant qui voulait soulever le voile du futur Paul Rebeyrolle C’EST en pensant au grand mathématicien al- nombres, analyse, problèmes d’axiomatique et de nous en 2099 ? Internet sera-t-il le vecteur de visionnaire lemand David Hilbert (1862-1943) que l’idée de ce fondements...) ne sera pas étonné d’apprendre que nouvelles formes de démocratie ? Une hyper- Le Monde suit le travail de Paul Rebey- supplément consacré au XXIe siècle nous est ve- l’histoire de ces problèmes, des travaux qu’ils ont classe prendra-t-elle le pouvoir ?) ; la culture (Jus- nue. Professeur à l’université de Göttingen, Hil- suscités, ressemble beaucoup à l’histoire des mathé- qu’où ira la métamorphose de Dieu ? Le monde rolle depuis près de quatre décennies. bert avait décidé en 1900, à l’occasion du second matiques au XXe siècle ! » deviendra-t-il métis ? Le travail restera-t-il une Avec attention et passion. On notait, congrès de mathématiques, de « deviner le futur » A notre tour, nous avons voulu sonder le valeur dominante ?). dès 1962, son « refus de tricher avec le de sa discipline en posant au siècle à venir les XXIe siècle en lui posant vingt et une questions, A chaque fois, les journalistes du Monde et de réel ». Nous avons demandé à ce grands problèmes à résoudre. sans sous-estimer les dangers bien connus de France Info se sont tournés vers les spécialistes en peintre fougueux et militant, exigeant FICTION « Qui ne se réjouirait de pouvoir soulever le voile l’exercice : la prétention à une exhaustivité im- les faisant réagir, que leurs points de vue plaisent qui cache le futur, de jeter un regard sur le déve- possible, le risque de prédictions qui se veulent ou irritent. Ainsi se dégage la photographie para- et amoureux d’une matière généreuse, e o Les vestiges loppement des mathématiques, ses progrès ulté- définitives, les ridicules du catastrophisme. doxale du siècle prochain. Les pessimistes se per- d’apporter sa vision à ce numéro. Pein- rieurs, les secrets des découvertes des siècles pro- Quatre domaines de réflexion se sont imposés. suaderont du destin tragique de notre planète, à tures et dessins inédits, ainsi que ta- 55 ANNÉE – N 17055 – 10 F - 1,52 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE d’Internet chains ? » demandait-il alors avec ardeur. Ainsi L’environnement (Un nouvel ordre climatique va- l’image de Flaubert, qui confiait : « Nous sommes bleaux récents et anciens, donnent VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 formula-t-il, en 1900, vingt-trois questions en t-il s’installer ? Quelle eau boirons-nous demain ? condamnés à rouler dans les ténèbres et dans les toutes leurs couleurs à nos vingt et une Un jour viendra. Un jour de nostalgie, forme de problèmes que l’on n’aura pas, ici, la La diversité du monde vivant subira-t-elle une larmes. » Les optimistes, sur le point de faire leurs e questions sur le siècle à venir. La pein- où les citoyens du XXI siècle éprouve- présomption de vouloir résumer en quelques érosion sans retour ?) ; la biologie (L’allongement adieux à un siècle de fer, répondront avec René ront le besoin de revivre leurs émotions mots. L’Encyclopædia universalis, à laquelle on de la durée de la vie connaîtra-t-il une limite ? Char « par une salve d’avenir ». ture de Paul Rebeyrolle (galerie Jeanne de pionniers sur Internet. Ce jour-là... peut se reporter, précise : « Le lecteur qui connaît Quels seront les progrès de la médecine ? Le mas- Bucher, Paris) fera l’objet d’une grande Daniel Schneidermann nous en propose la diversité des domaines mathématiques où Hilbert culin et le féminin finiront-ils par se Pascal Delannoy (France Info) exposition en 2000, à la Fondation la fiction. a laissé de profondes marques (algèbre, théorie des confondre ?) ; la géopolitique (Combien serons- et Laurent Greilsamer (Le Monde) Maeght. Violence La France dopée par la croissance mondiale Un cahier spécial à l’école de quarante pages b L’activité économique en France augmenterait de 2,7 % en 1999 au lieu des 2,3 % annoncés a Le bilan d’un an b L’Union européenne prévoit 3 % pour les Quinze en 2000 et 2001 b La baisse du chômage de plan Allègre : devrait s’accélérer b Aux Etats-Unis, la croissance a atteint 5,5 % au troisième trimestre une stabilisation LE NOUVEAU MINISTRE de taires, l’Espagnol Pedro Solbes, a UN DIRECTEUR de journal qui, l’économie, des finances et de l’in- présenté, à Bruxelles, des prévisions en 1899, s’apprêtait à présenter à trompeuse dustrie, Christian Sautter, succes- très optimistes pour l’ensemble de ses lecteurs un supplément consa- seur de Dominique Strauss-Kahn à l’Union : la croissance devrait passer cré au XXe siècle se serait sans Bercy, hérite d’une conjoncture de 2,1 % en 1999 à 3 % en 2000 et doute dit que la tâche était facile ! a Les violences économique exceptionnelle. Les 2001, ce qui devrait permettre la Car au tour- chiffres rendus publics par l’Insee, création de 5,5 millions d’emplois. nant du siècle s’enracinent jeudi 25 novembre, confirment Pour les Quinze, le taux de chômage précédent, en qu’après le « trou d’air » du début devrait passer de 9,2 % en 1999 à 8 % cette année dans les collèges de l’année l’activité économique est en 2001 (de 11,1 % à 9,8 % en 1900 qui se en forte reprise en France. Grâce à France). Les Européens profilait dans et lycées sensibles une consommation et à des inves- consomment et investissent massi- une certaine tissements soutenus, le pays a enre- vement, leurs exportations sont en fébrilité, le a gistré, au troisième trimestre (juillet outre favorisées par la faiblesse ac- scientisme et Paris à septembre), une croissance de son tuelle de l’euro, tombé, mercredi à l’optimisme historique connais- activité de 1 %, après 0,8 % au New York, au-dessous du seuil de saient leur apogée. Nos pays vi- et sa banlieue deuxième trimestre. Pour l’année 1,02 dollar. Aux Etats-Unis, la crois- vaient alors la généralisation de la continuent 1999, la progression du produit inté- sance, soutenue depuis 1992, reste grande révolution industrielle qui, rieur brut (PIB) dépassera les 2,3 % forte. Le PIB a crû, au troisième tri- à travers la colonisation, paraissait à se dégrader prévus dans le budget et pourrait mestre, à un rythme annuel de devoir atteindre les endroits les avoisiner les 2,7 % envisagés il y a 5,5 %. plus reculés de la terre. On procla- un an par M. Strauss-Kahn. Cette Mercredi, Christian Sautter a an- mait le triomphe de la science, les a Paroles forte activité a permis à l’Etat d’en- noncé que, conformément à l’avis certitudes du progrès rassuraient registrer un surplus de recettes fis- du Conseil de la concurrence, le et l’espoir de la liberté gagnait les d’adolescents cales de 13 milliards de francs. gouvernement français met son ve- esprits. L’amélioration de la conjoncture to à l’achat d’Orangina par Coca- et reportages est générale en Europe. Mercredi, le Cola. J.-M. C. commissaire européen chargé des Lire pages 12 et 13 questions économiques et moné- Lire pages 2 et 19 Lire la suite page 18 Les nanotubes, A Seattle, un dîner avec ministres vaut 250 000 dollars CELA se passe aux Etats-Unis, dans l’Etat est : plus le bienfaiteur paie, plus il est intro- au dîner officiel avec les ministres des cent matériau du futur de Washington, à Seattle, capitale mondiale duit dans le cénacle, le must étant de partici- trente-cinq pays membres de l’Organisation du commerce international, pour une se- per à certains dîners et d’être placé le plus mondiale du commerce (OMC). Ils auront LES ÉTONNANTES proprié- maine, à partir du 30 novembre. Depuis le près possible de l’hôte d’honneur. accès, le 29 novembre, à la cérémonie d’ou- a tés de ces minuscules fibres printemps, la ville se prépare au lancement Une association privée a été créée pour verture au Paramount Theater, devant six creuses de quelques millionièmes du « cycle du millénaire », à l’ouverture de l’occasion. Seattle Host Organisation (SHO), mille personnes, avec pour vedette améri- de millimètre de diamètre fascinent nouvelles discussions sur la libéralisation du constituée de soixante-cinq sponsors – dont caine Bill Clinton. Ils seront de droit invités à chercheurs et industriels. Matériau commerce mondial. Pas moins de huit mille un seul européen, Lufthansa – et présidée participer le lendemain à la fête organisée prometteur pour des usages aussi participants officiels, dont deux mille jour- par Phil Condit et Bill Gates, les patrons de par Boeing dans son Museum of Flight. Les divers que la fabrication de câbles nalistes... et quelque cinquante mille mani- Boeing et de Microsoft, veut attirer le gratin Or et les Argent pourront avoir accès à cer- électriques extrêmement résistants festants y sont attendus dès la fin de la se- des hommes d’affaires de manière à couvrir taines conférences, être tenus au courant ou le stockage d’hydrogène, les na- maine. Le sommet qui va opposer les « pro » un budget qui avoisine 10 millions de dollars. des progrès des négociations et suivre les sé- DENIS DAILLEUX notubes se prêtent, surtout, à la et les « anti »-mondialisation est placé sous Six niveaux de contribution ont ainsi été dé- minaires thématiques organisés par Micro- LITTÉRATURE confection de puces électroniques la surveillance de centaines de policiers dé- finis : l’Emeraude (250 000 dollars), le Dia- soft et la compagnie d’assurances privée ultraminiaturisées. Si leur coût pêchés en renfort par le FBI. mant (entre 249 999 et 150 000 dollars), le Chubb. Quant aux Bronze, ils devront se reste, pour l’instant, peu compatible Les Etats-Unis sont fiers d’avoir été choisis Platine (entre 149 999 et 75 000 dollars), l’Or contenter de la documentation... « Le Monde avec une production de masse, leur pour accueillir l’événement, mais le gouver- (entre 74 999 et 25 000 dollars), l’Argent Le dispositif est bien huilé. Mille cinq façonnage progresse rapidement nement fédéral n’a pas l’intention de dé- (entre 24 999 et 10 000 dollars) et le Bronze cents personnes de la SHO y ont travaillé de- des livres » dans les laboratoires, où on leur dé- bourser un dollar de son budget pour finan- (entre 9 999 et 5 000 dollars). Les proposi- puis des mois. Restera à l’OMC, institution Au sommaire : l’enfer des prisons couvre sans cesse de nouvelles ap- cer cette rencontre planétaire : tions sont alléchantes pour qui veut pouvoir intergouvernementale, à maintenir son égyptiennes, par Sonallah Ibrahim ; plications potentielles. Notre ren- l’administration estime que le contribuable approcher un ministre, entrevoir le pré- image de neutralité, de juge de paix du dez-vous scientifique, réalisé avec la n’a pas à payer pour ça. Le privé s’en occupe, sident des Etats-Unis, voire Fidel Castro, ou commerce international, après avoir été Vladimir Nabokov dans « La Pléiade » ; revue britannique Nature et le quo- comme pour les Jeux olympiques d’Atlanta. entendre le secrétaire général de l’ONU, Kofi l’hôte des deux plus grosses entreprises Henri Atlan ; les vies de L’Express et de tidien espagnol El Pais. Conformément à la tradition du fund-raising Annan, en live. mondiales privées. Libération ; la tentation de Carl Jung, (collecte de fonds) rôdée pour les cam- Quelques privilégiés, badgés Emeraude, etc. Lire page 26 pagnes électorales américaines, le principe Diamant et Platine, pourront ainsi assister Babette Stern Notre supplément littéraire Pour la liberté Lionel Jospin de critique est-il socialiste ?

LIONEL JOSPIN est-il encore so- pelé ensuite le premier ministre, si- cialiste ? Pendant les quatre heures de gnifie « progressiste » aux Etats- débats, dimanche 21 novembre, du Unis... séminaire sur le « Progressisme au Va pour « progressiste » ! Mais XXIe siècle », à Florence, le premier tout indique, à travers son entretien, ministre n’a pas prononcé une seule au printemps, à La Revue socialiste, fois le mot « socialisme », même ac- son discours à l’IS, ses messages de MICHEL MONTEAUX compagné de l’adjectif « démocra- Florence, que celui qui était revenu à PORTRAIT tique », qu’il avait abondamment uti- la tête du Parti socialiste, en octobre ANDRÉ TÉCHINÉ lisé, quinze jours plus tôt, à Paris, 1995, en prônant le « réalisme de devant le congrès de l’Internationale gauche », procède à une refondation La Panthère LA POLÉMIQUE engagée par socialiste (IS). Sans doute a-t-il préfé- moderne et progressive de son certains cinéastes contre les cri- ré éviter les mots qui fâchent afin de « identité ». rose du RPR tiques de cinéma est relancée révéler plutôt ses « proximités » avec Défendant la régulation de Elle a voté avec le PS le pacte civil de après la publication, dans Le ses partenaires d’un jour. l’économie mondiale, l’égalité des solidarité (PACS). Elle travaille volon- Monde du 25 novembre, du texte Tony Blair défend toujours la « troi- chances et les droits de l’homme, préparé par Bertrand Tavernier. sième voie », Gerhard Schröder rêve M. Jospin ne s’est permis qu’une tiers avec des femmes de gauche, André Téchiné, comme Romain d’un « nouveau centre », l’ancien seule audace idéologique en mettant Gisèle Halimi et l’historienne Gene- Goupil et Malik Chibane, a refusé communiste Massimo D’Alema parle ses partenaires de Florence en garde viève Fraisse. Elle découvre au Parle- de signer. Il explique pourquoi. volontiers de « centre gauche ». Fer- contre les « conséquences d’un capita- ment « un temple machiste ». Issue nando Cardoso, le président brési- lisme chimiquement pur » qui « vou- d’une famille de gaullistes, Roselyne Lire page 29 lien, loue le projet de taxe Tobin sur drait mettre l’étreinte du marché sur les transactions financières interna- toutes les sphères de l’activité hu- Bachelot, députée RPR de Maine-et- Allemagne, 3,50 DM ; Antilles-Guyane, 12 F ; Autriche, tionales qui, dit-il, provoque «une maine ». « Je ne crois plus aux mo- Loire, cultive assidûment, à droite, une 30 ATS ; Belgique, 60 FB ; Canada, 3 $ CAN ; crise d’urticaire » chez ses voisins, dèles », a-t-il lancé, tout en soulignant Côte-d’Ivoire, 1 100 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; image politique décalée. p. 16 Espagne, 300 PTA ; Grande-Bretagne, 1,25 £ ; Grèce, mais gouverne en intelligence avec qu’une bonne gouvernance suppose 600 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3 500 L ; Luxembourg, 60 FL ; Maroc, 12 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, des partis de droite. un « dosage » entre « volontarisme » International ...... 2 Carnet ...... 25 4 FL ; Portugal CON., 300 PTE ; Réunion, 12 F ; Placé, au forum florentin, à la et respect des « réalités économiques Sénégal, 1 100 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,90 FS ; France ...... 8 Aujourd’hui ...... 26 Tunisie, 1,5 Din ; USA (NY), 2,5 $ ; USA (others), 3 $. gauche du président américain, de la compétition ». Société...... 12 Météorologie, jeux .. 28 M. Jospin n’a même pas sourcillé en Régions ...... 15 Culture ...... 29 entendant Bill Clinton, prodigue en Michel Noblecourt Horizons ...... 16 Guide culturel ...... 31 compliments sur les résultats écono- Entreprises ...... 19 Kiosque...... 32 miques du premier ministre français, Lire la suite page 18, Communication ...... 21 Abonnements...... 32 se réjouir de voir réunie à Florence la nos informations page 8 Tableau de bord...... 22 Radio-Télévision...... 33 « gauche libérale ». « Liberal », a rap- et le point de vue de David Miliband page 17 LeMonde Job: WMQ2611--0002-0 WAS LMQ2611-2 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 10:08 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2044 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999

ÉCONOMIE La croissance s’ac- et 3 % en 2000. Bruxelles, souli- croissance. b LES INDICATEURS sont reviendrait à un taux de 9,2 % de la portée par une forte consomma- célère en Europe. Selon la Commis- gnant la confiance des consomma- au vert : consommation des mé- population active à la fin 1999 et de tion. b EN FRANCE, la hausse du PIB sion de Bruxelles, la hausse de la teurs et des entreprises, n’exclut nages, investissements, exporta- 8,8 % fin 2000. b AUX ÉTATS-UNIS, devrait dépasser 2,7 % cette année, production intérieure brute des pas un « surcroît de dynamisme » tions sont en hausse. b LE CHÔ- la croissance a crû au rythme de l’économie ayant oublié le « trou Quinze atteindra 2,1 % cette année qui pousserait encore les feux de la MAGE se réduit lentement : il 5,5 % entre juillet et septembre, d’air » de l’an passé. La croissance s’accélère en Europe et reste exceptionnelle aux Etats-Unis Consommation, investissement, exportations : tous les moteurs de l’économie européenne sont allumés. Le PIB des Quinze croîtra de 2,1 % cette année et de 3 % en 2000, selon la Commission de Bruxelles. Les Américains, enrichis par la Bourse, sont pris d’une boulimie d’achats

BRUXELLES conséquence, d’une diminution de chefs d’entreprise et le niveau de L'Europe rattrape l'Amérique jectifs fixés pour la réduction des (Union européenne) la consommation. rentabilité. La hausse récente des déficits seront atteints, mais da- de notre correspondant Après le ralentissement du pre- taux d’intérêt par la Banque cen- PRODUIT INTÉRIEUR BRUT variation annuelle en % vantage grâce à la bonne conjonc- Une croissance qui s’accélère mier semestre, dû aux effets des trale européenne (BCE), combinée ture et aux recettes fiscales qui en pour passer de 2,1 % en moyenne crises russe et asiatique, l’amélio- à une utilisation relativement résultent qu’en raison d’une poli- 3,8 4 dans l’Union européenne (UE) en ration de la conjoncture interna- faible des capacités de produc- 3,4 3,6 tique active d’assainissement. Le 3 3,1 1999 à 3 % en 2000 et 2001 (2,9 % tionale a permis une relance de tion, risque toutefois de freiner 2,6 2,7 2,8 déficit public moyen devrait se si- 2,2 pour la zone euro), une inflation l’activité dès l’été 1999. Désormais quelque peu cette tendance. 1,8 2,1 tuer à 1 % du PIB en 1999, 0,6 % en très modérément en hausse, le toutes les composantes de la 1,5 2000 et, à politique inchangée, à 1,1 1 chômage en net recul, des déficits croissance sont favorablement REBOND GÉNÉRALISÉ 0,5 0,3 % en 2001, soit un niveau très publics mieux maîtrisés : les prévi- orientées. Les exportations vont Pedro Solbes, le commissaire ITALIE ALLEM. FRANCE ROY.- ESPAGNE EUROPE ÉTATS- JAPON proche de l’équilibre. Mais cette sions économiques que vient de encore bondir, dopées notam- (espagnol) compétent pour la po- UNI DES UNIS moyenne plutôt satisfaisante dis- publier la Commission de ment par la faiblesse persistante litique économique et monétaire, 15 simule des différences sensibles Bruxelles pour la période 1999/ de l’euro par rapport au dollar ; n’a cependant aucune critique à PRÉVISIONS : 1999 2000 entre les pays, allant d’un ex- 2001 sont résolument optimistes. les dépenses de consommation adresser à la BCE et met au Source : Bruxelles, cédent de 4,3 % en Finlande en Selon elle, le seul vrai risque pe- privée, stimulées par la progres- contraire l’accent sur la baisse des 2001 (un excédent est prévu alors sant sur cette embellie est celui du sion des rémunérations, la dimi- taux à long terme que favorise sa croissance supérieur à 2,5 %. Ce trole et du faible niveau de l’euro dans six Etats membres) à un défi- « scénario noir » aux Etats-Unis : nution de l’épargne de précaution décision. Les experts bruxellois rebond généralisé entraînera la par rapport au dollar (ce qui ren- cit de 2,4 % en Autriche et 1,4 % en recrudescence de l’inflation qui et le redressement du marché du chiffrent entre 6 % et 7 % par an la création dans l’UE de près de chérit les importations), la France. provoquerait une hausse des taux travail, devraient continuer de croissance des investissements 5,5 millions d’emplois entre 1999 Commission croit que l’inflation La Commission n’exclut pas que d’intérêt, suivie d’une chute bru- croître ; et l’investissement est tiré dans l’UE (en France, 6,7 % en et 2001. Il en résultera une baisse restera maîtrisée, la situant en le rebond conjoncturel dépasse les tale de Wall Street et, par voie de par le regain de confiance des 1999, 6,9 % en 2000, 6,4 % en 2001). du chômage qui reculerait de moyenne chez les Quinze à 1,5 % anticipations. Le regain de Au sein de l’UE, du fait notam- 9,2 % en moyenne de la popula- en 2000 et 1,6 % en 2001 (1,1 et confiance pourrait engendrer «un ment de réactions divergentes aux tion active en 1999 à 8 % en 2001 1,3 % en France). Cette sagesse des véritable surcroît de dynamisme » Nouveau recul de l’euro crises russe et asiatiques, la crois- (11,1 % et 9,8 % pour la France, prix est imputable, explique-t-elle, et l ‘Europe entrer alors dans un sance a été peu homogène en seules l’Espagne et l’Italie font à la sagesse salariale et à l’amélio- cercle vertueux de croissance sou- La révision à la hausse, mercredi 24 novembre, du produit inté- 1999. Faible en Allemagne (1,5 %), moins bien). ration de la productivité, mais tenue non inflationniste du type rieur brut (PIB) américain au troisième trimestre a eu pour en Italie (1,1 %) et en Belgique En 1999, l’inflation moyenne au aussi à l’ouverture à la concur- de celle dont jouissent les Etats- conséquence d’accentuer la faiblesse de l’euro. La monnaie euro- (1,8 %), affectée par la crise de la sein de l’Union est tombée à 1,2 % rence de secteurs comme les télé- Unis depuis 1992. péenne est tombée jusqu’à 1,0159 dollar, son plus bas niveau de- dioxine, elle a été au contraire très (0,6 % en France). En dépit de la communications et l’énergie. puis cinq mois. Le 13 juillet, elle avait atteint un plancher histo- soutenue en Irlande (près de 8 %), forte augmentation du prix du pé- Sur le front budgétaire, les ob- Philippe Lemaître rique de 1,0109 dollar. Le décalage de croissance entre les mais aussi en Grèce, en Espagne, Etats-Unis et l’Europe reste nettement à l’avantage des premiers, au Luxembourg, aux Pays-Bas, au ce qui incite les opérateurs à privilégier l’achat de dollars. Portugal et en Suède, qui ob- Selon les experts, la déroute du groupe allemand de BTP Phi- tiennent des taux supérieurs à lipp Holzmann a porté un coup supplémentaire à l’euro. Les in- 8%. L’Amérique tirée par la frénésie des consommateurs vestisseurs anglo-saxons portent un jugement négatif sur l’inter- Bruxelles table sur un certain MALGRÉ la reprise économique dont elle bénéficie, 0,65 point au troisième trimestre contre 1,35 point au vention du chancelier Gerhard Schröder dans cette affaire, rattrapage des pays actuellement l’Europe ne parvient toujours pas à combler son retard deuxième trimestre. preuve, selon eux, de l’archaïsme économique de la zone euro. à la traîne, si bien qu’au cours des de croissance sur les Etats-Unis : l’économie améri- Mieux : en dépit de cette vigueur économique, l’in- Les analystes envisagent une intervention de la Banque centrale deux années à venir, tous les Etats caine a enregistré, au troisième trimestre, une perfor- flation est restée contenue. Le déflateur (indice ten- européenne (BCE) sur le marché des changes pour empêcher la membres, à l’exception de l’Italie mance exceptionnelle : son produit intérieur brut (PIB) danciel des prix du PIB), qui est l’un des indicateurs monnaie européenne de tomber sous la barre de 1 euro pour (2,2 % en 2000) et du Danemark, a progressé de 5,5 %, en rythme annuel, au cours de clés de mesure de l’inflation, affiche une croissance an- 1 dollar. devraient connaître un taux de cette période, un chiffre nettement supérieur à l’esti- nuelle de 1,1 %. mation initiale (4,8 %) et aux prévisions des écono- mistes (5 %). Cette hausse est la plus rapide depuis les CERCLE VERTUEUX 5,9 % enregistrés au cours des trois derniers mois de Logiquement, le dynamisme économique au troi- 1998 et elle marque une nette accélération par rapport sième trimestre s’est accompagné d’une nette amélio- au deuxième trimestre 1999, où le PIB avait crû seule- ration des profits des entreprises américaines. De juil- ment de 1,9 %. En valeur, le PIB s’élevait à près de let à septembre, le résultat net des firmes américaines 8 900 milliards de dollars (environ autant d’euros) a progressé en moyenne de 3 % en rythme annuel pour fin septembre, contre 8 516 milliards de dollars un an atteindre un montant total de 598,6 milliards de dol- plus tôt. lars. Le cercle vertueux continue : les profits des socié- La révision à la hausse par rapport à la première éva- tés favorisent la hausse de Wall Street, laquelle à son luation s’explique avant tout par augmentation des tour stimule l’appétit de consommation de ménages stocks plus forte que prévu : celle-ci reflète la volonté qui détiennent d’importants portefeuilles boursiers. des entreprises de répondre à la frénésie de consom- « L’économie croît de façon échevelée et 1999 se ter- mation des ménages américains. Les stocks ont atteint mine en feu d’artifice », a commenté Wayne Ayers, chef 33,9 milliards de dollars, alors que le département du économiste chez Fleetboston Financial à Boston, inter- commerce les avait d’abord estimés à 28,1 milliards ; rogé par l’agence Reuters, en précisant qu’il s’attend à les dépenses de consommation, qui représentent près une croissance du même ordre au quatrième trimestre. des deux tiers du PIB, ont pour leur part crû de 4,6 % De fait, les experts se montrent aujourd’hui extrême- au cours du trimestre. ment prudents dans leurs prévisions. Depuis déjà plu- Sur le front du commerce extérieur, les importa- sieurs années, nombre d’entre eux annoncent un ra- tions ont augmenté de 14,6 % et les exportations de lentissement économique qui se fait toujours attendre. 12,4 %. Le déficit commercial, point noir de l’écono- mie américaine, n’a ainsi amputé le PIB que de Pierre-Antoine Delhommais Tous les indicateurs français sont au vert

FINALEMENT, Dominique de l’euro par rapport au dollar de- Les ménages, qui, eux, n’ont ja- Strauss-Kahn aura sans doute rai- puis le début de l’année, tire profit mais perdu confiance, sont confor- son : la croissance française a dé- d’un environnement international tés dans leur enthousiasme. Leur sormais toutes les chances d’être nettement amélioré. Ses principaux moral atteint des sommets. Et cela de 2,7 % en 1999, comme le pré- partenaires, au premier rang des- se voit dans les chiffres. Au troi- voyait à l’été 1998 le ministre dé- quels l’Allemagne, semblent de re- sième trimestre, leur consomma- missionnaire. Les turbulences in- tour sur le chemin de la croissance. tion a encore augmenté de 0,9 %. ternationales et leurs conséquences Au troisième trimestre, les exporta- Les ménages se sont notamment sur les exportations et l’activité in- tions hexagonales ont progressé de rués chez les concessionnaires au- dustrielle, qui lui avaient fait revoir 4,4 %. tomobiles. Ils continuent à être sa prévision à la baisse, à 2,3 %, friands de téléphones portables et n’auront, en fin de compte, que DOUCE EUPHORIE de produits informatiques divers et peu affecté l’économie française. Pour répondre à cette demande, variés. Forte consommation des La France est aujourd’hui bel et les entreprises françaises ont donc ménages, reprise des investisse- bien sortie du « trou d’air », cette augmenté leur production et leurs ments des entreprises. Au troi- période de ralentissement provo- importations de biens intermé- sième trimestre, la demande inté- quée par les crises asiatique, russe diaires et d’équipement. Au total, rieure a fortement contribué à la puis sud-américaine. Et avec une les importations ont progressé de croissance, à hauteur de 0,9 point vigueur inattendue. Au troisième 2,1 % entre juillet et septembre. Sur de PIB. trimestre, l’activité économique a cette période, le commerce exté- Seul indicateur qui résiste à cette progressé de 1 %, selon les comptes rieur a contribué à la croissance à douce euphorie : les stocks. Les en- nationaux trimestriels publiés, jeu- hauteur de 0,6 point de PIB. treprises n’ont toujours pas di 25 novembre, par l’Insee qui a Dans ces conditions, les entre- commencé à les reconstituer, par ailleurs corrigé à la hausse ses prises n’hésitent plus à faire des même si elles estiment aujourd’hui données pour le deuxième tri- investissements. Ceux-ci ont aug- qu’ils sont à un bas niveau. Ils mestre (0,8 % de croissance, contre menté de 2,4 % au troisième tri- contribuent donc toujours négati- 0,6 %). Fin septembre, la France af- mestre. Fin septembre, l’acquis de vement à la croissance, la faisant fichait donc un acquis de crois- croissance des investissements baisser d’un demi-point de PIB au sance de 2,5 %. Dans les conditions était de 7 %. Il y a un an, l’Insee troisième trimestre. « La vigueur de actuelles, la croissance sur l’en- prévoyait que l’investissement des la demande a pu surprendre certains semble de l’année atteindra facile- entreprises pourrait stagner en industriels qui ont puisé sur leurs ment les 2,7 %. 1999... L’emploi est le grand ga- stocks », considère Bercy. Les La croissance française, après gnant de cette reprise. Au troi- constructeurs automobiles, notam- avoir été pendant de longs mois ex- sième trimestre, la France a créé ment, ne s’attendaient pas à de clusivement portée par la consom- 88 200 emplois marchands, après telles ventes. Elles devraient, désor- mation des ménages, est désormais en avoir déjà généré 130 000 nou- mais, reconstituer leurs stocks. alimentée par un deuxième mo- veaux au premier semestre. Sur Bref, tous les indicateurs écono- teur : les industriels se sont remis à l’ensemble de l’année, 100 000 em- miques sont au vert. produire, à investir et à exporter. La plois-jeunes seront par ailleurs France, qui a bénéficié de la baisse créés. Virginie Malingre LeMonde Job: WMQ2611--0003-0 WAS LMQ2611-3 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 10:05 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2045 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / 3

Un projet de corps européen de paix Le directeur général prend forme entre Londres et Paris de l’OMC veut croire Jacques Chirac, Lionel Jospin et Tony Blair se retrouvent, un an après Saint-Malo au succès de Seattle Le sommet franco-britannique réuni à Londres à péenne qui seront présentées aux autres parte- formation d’un « corps multinational » « rapide, partir de jeudi 25 novembre vise à mettre au naires de l’Union au sommet d’Helsinki, le 10 dé- souple et mobile » pour des interventions point les propositions pour une défense euro- cembre. Celles-ci devraient reprendre l’idée de la comparables à celle du Kosovo. La réunion s’ouvrira sans ordre du jour UN AN, presque jour pour jour, lui, est permanent et qui aligne MALGRÉ l’abscence d’ordre du propre projet, compte tenu de la après le sommet de Saint-Malo des beaucoup d’appelés, difficiles à jour de la réunion de l’Organisation médiocrité du document laborieu- 3 et 4 décembre 1998, au cours du- mobiliser pour des opérations ex- mondiale du commerce qui se tien- sement élaboré par les délégations quel Paris et Londres franchirent térieures. La guerre au Kosovo a dra à Seattle à partir du 30 no- ayant négocié à Genève. Chacun une étape décisive sur la voie d’une été, de ce point de vue, un révéla- vembre (Le Monde du 25 no- s’accorde, en effet, à dire combien il identité européenne de sécurité et teur de certaines déficiences euro- vembre), le directeur général de sera malaisé pour les ministres de de défense, Tony Blair, pour la péennes et des remèdes à y appor- l’OMC, Mike Moore, ne s’avoue pas tirer quelque chose du texte d’une Grande-Bretagne, et Jacques ter. vaincu. « Seattle ne sera pas un trentaine de pages issu de leurs dis- Chirac et Lionel Jospin, pour la Le rapprochement franco-britan- échec », a-t-il répété jeudi 25 no- cussions, texte qualifié de confus, France, devaient se retrouver, jeudi nique en la matière vise à doter vembre, avant de s’envoler pour les voire de fourre-tout contradictoire. 25 novembre, à Londres, avec leurs l’UE, avec la contribution d’autres Etats-Unis. Une profession de foi Par sa nature même, un tel docu- ministres respectifs, pour mettre au partenaires, d’« une capacité mili- qu’il partage seulement avec les ment peut se prêter aux scénarios point des propositions sur une dé- taire autonome » – mais pas dirigée Américains, hôtes de la réunion, et les plus variés, à moins de repartir à fense européenne qu’ils projettent contre l’OTAN – qui s’appuierait pour lesquels l’échec du lancement zéro. Cette idée semble soutenue de présenter, les 10 et 11 décembre, sur des forces crédibles, entraînées, d’un nouveau cycle de négociations par plusieurs gouvernements occi- à Helsinki, à leurs partenaires de renouvelables sur le terrain, grâce à multilatérales constituerait un re- dentaux, mais se heurte cependant l’Union européenne (UE). Un des réserves instruites, et disposant vers. La secrétaire américaine au aux pays du tiers-monde, toujours conseil de défense franco-britan- de ses propres moyens de commerce, Charlene Barshefsky, soupçonneux à l’égard de l’OMC, et nique, le premier du genre, a été commandement, de renseigne- s’est donc déclarée convaincue que qui estiment que seuls les pays convoqué à cette occasion, sur le ment et de planification straté- le Millenarium Round serait lancé membres sont en droit de faire des modèle de celui qui lie déjà la gique, de façon à être en état d’éva- en dépit de divergences entre les propositions. France et l’Allemagne. luer une situation et de prendre les pays membres de l’OMC. « C’est Les négociations préparatoires A Saint-Malo a été concrétisé le initiatives qui s’imposent. une négociation. Elle sera rompue. ont buté sur les épineuses ques- développement d’une coopération Entre Européens le débat Elle reprendra. Je ne suis pas in- tions de l’agriculture et de la mise de part et d’autre de la Manche qui, commence quand il faut définir les quiète », a affirmé Mme Barshefsky. en œuvre des accords du précédent pour la première fois, a eu pour ré- relations de cette force « proje- Mike Moore va donc mettre à Cycle de l’Uruguay. Sur le premier sultat d’obtenir que les Britan- Washington veut un « droit de refus » pour l’OTAN table » avec les instances de déci- profit les quelques jours qui lui point, l’Union européenne se re- niques, dans une lettre d’intention sion de l’OTAN et, éventuellement, restent pour ne pas la faire mentir. trouve confrontée à la fois aux commune avec les Français, s’en- Des envoyés spéciaux de l’administration américaine ont été, en dé- les assurances à donner aux Améri- Il prépare une lettre destinée aux Etats-Unis et au groupe de Cairns gagent à jeter les bases d’un parte- but de semaine, chargés d’attirer l’attention des responsables de la dé- cains sur le fait qu’il ne s’agit pas de cent trente-cinq ministres des pays (Brésil, Argentine, Australie, Nou- nariat opérationnel pour la gestion fense, à Paris et à Londres, sur les garanties, aux yeux de Washington, faire double emploi avec les capaci- membres pour leur expliquer les velle-Zélande et onze autres pays de crise, l’assistance humanitaire et que les deux pays doivent donner à l’OTAN en matière d’autonomie de tés de l’Alliance. pistes susceptibles d’être exploi- agricoles exportateurs), qui exige pour des missions de maintien ou la sécurité en Europe. L’idée qu’ils ont développée est qu’il convien- Car Tony Blair l’a répété récem- tées, afin de sortir de l’impasse, et de Bruxelles l’élimination des sub- de rétablissement de la paix. A drait de reconnaître à l’OTAN « le droit à un premier refus » qui revien- ment encore : « Ma vision du envisage même de rédiger son ventions agricoles. Sur le deuxième charge de donner aux armées des drait à bloquer une opération militaire des Européens lancée sans Royaume-Uni est qu’il soit un pont point, certains pays en développe- deux pays une capacité de réaction consultation préalable avec les Etats-Unis. entre les Etats-Unis et l’UE. » De ment, emmenés par l’Inde, vont rapide et concertée – ce que les ex- La priorité, ont-ils notamment expliqué, est de bâtir par anticipation même, et c’est plus spécialement le Commerce et santé jusqu’à menacer de boycotter le perts appellent une force « proje- « un processus séquentiel », c’est-à-dire le déroulement des ordres au cas de l’Allemagne, qui n’est pas en prochain cycle de négociations si table » – dès le début d’une crise, y terme duquel seraient prises les décisions d’engagement, pour éviter désaccord avec le besoin d’une Des élus Verts et des associa- leur demande d’un délai supplé- compris dans le cas d’une absence que l’OTAN et l’Union européenne ne soient en opposition, alors force de réaction rapide euro- tions de défense des malades du mentaire pour appliquer les ac- de participation des Américains. qu’elles devraient être complémentaires. Les missi dominici améri- péenne, il faudra que certaines ar- sida réclament une « exception sa- cords du cycle précédent n’est pas cains ont soigneusement évité d’employer le mot de veto. mées européennes renoncent à la nitaire » en faveur des pays du satisfaite. UNE FORCE DE 40 000 HOMMES conscription – qui offre l’avantage Sud, notamment pour permettre « La France n’acceptera pas n’im- Cette déclaration commune avait théorique de disposer de réser- l’accès aux traitements anti-sida. porte quoi » a déclaré, mercredi été saluée comme un pas décisif en loin et d’envoyer, en même temps, d’opérer dans une situation de crise vistes potentiels – pour se mettre « A quelques jours de la réunion de 24 novembre, le ministre français direction d’une Europe de la dé- un signal fort au reste de l’Europe où « l’Alliance atlantique ne serait au même diapason que les armées Seattle [qui commence le 30 no- de l’économie et des finances. In- fense. En 1994, la Grande-Bretagne pour que les pays adaptent leurs pas engagée en tant que telle ». alliées déjà professionnelles. vembre], nous voulons alerter l’opi- terrogé à l’Assemblée nationale, et la France avaient déjà entrepris forces aux crises de l’après-guerre Réunissant quelque 40 000 à Pour l’instant, la Grande-Bre- nion sur les liens pervers et détes- Christian Sautter, a défendu l’ap- de lancer plusieurs projets froide et qu’ils renforcent leur apti- 50 000 hommes, cette force, qui tagne ne refuse pas de mettre en tables entre le commerce et la proche européenne. « Faire préva- conjoints, mais assez limités dans tude à projeter des unités rapide- pourrait voir le jour dans deux ou commun, avec les Français, des santé », a affirmé Noël Mamère loir un modèle agricole multifonc- un premier temps, tels que la ment, dans la durée et avec un trois ans, ne serait pas une armée moyens de soutien logistique qui (Vert) mercredi 24 novembre. Le tionnel, préserver les ressources concertation préalable sur une pré- maximum de sécurité sur le terrain. européenne permanente. Mais elle facilitent la mise en œuvre de la député de Gironde a appelé « l’in- naturelles, appliquer le principe de vention des conflits en Afrique, la D’où ce projet d’un corps multina- serait assemblée au coup par coup, force « projetable ». Ainsi, à ternationale citoyenne » à « organi- précaution, notamment dans le do- mise sur pied d’un groupe aérien tional de paix de l’UE, en Europe, en six à huit semaines, face à la Londres, les deux pays devraient ser la résistance » face à l’Organi- maine alimentaire, favoriser le res- commun, la coopération entre les qui soit, pour des interventions montée en puissance d’une situa- chercher à édifier « une mutualisa- sation mondiale du commerce, pect des normes sociales fondamen- marines puis entre les armées de comparables à celle du Kosovo, tion de crise, à la différence de l’Eu- tion » de leurs unités de transport qui « accélère les inégalités fla- tales, faire émerger une nouvelle terre et, enfin, la création d’un haut « rapide, souple et mobile », selon rocorps – constitué de détache- aérien militaire. C’est déjà, en par- grantes dans le traitement contre le alliance entre les pays développés et comité pour le maintien de la paix. les propos de Robin Cook, le secré- ments allemand, belge, espagnol, tie, le cas, avec le groupe aérien eu- sida entre pays riches et pauvres ». les pays en développement » sont Aujourd’hui, il s’agit d’aller plus taire du Foreign Office, et capable français et luxembourgeois – qui, ropéen pour l’aviation de combat, Selon les associations Act Up et « les nouveaux enjeux que la France qui rassemble les deux armées de Campagne Nord/Sud, l’appel aux défendra la semaine prochaine » a- l’air et qui a reçu l’adhésion de l’Ita- industries pharmaceutiques lo- t-il déclaré. La balle est dans le lie en attendant que l’Allemagne, la cales et « les importations paral- camp du commissaire au Belgique, les Pays-Bas et l’Espagne lèles » auxquelles certains pays du commerce, Pascal Lamy. Faute Le poids déterminant de l’industrie de l’armement britannique s’y associent à leur tour. Sud ont recours pourraient être d’accord sur un ordre du jour élar- « L’ÉMERGENCE entre Londres et Paris d’une défense des C-130J aux Etats-Unis sans attendre le projet du Cette fois-ci, les Britanniques et mis en cause lors du prochain gi, l’UE pourrait s’opposer au lance- européenne n’a pas trouvé, à ce stade, de prolongement di- groupe Airbus de lancer une version militaire. « L’en- les Français pourraient user indif- cycle de l’OMC. Le taux d’accès ment du cycle. rect et réel dans le domaine de l’armement », constate gagement du Royaume-Uni, écrit M. Raimond, en faveur féremment de la flotte de transport aux traitements pourrait baisser Jean-Bernard Raimond, ancien ministre des affaires de l’Europe de l’armement reste partiel », même si stratégique obtenue en mettant au « de 60 % » dans certains pays. Babette Stern étrangères et député RPR des Bouches-du-Rhône, dans Londres a décidé de participer à l’Organisation conjointe « pot commun » les avions-cargos un rapport qui vient d’être publié par la commission des de coopération en matière d’armement (Occar), qui des uns et des autres au sein d’un affaires étrangères de l’Assemblée. M. Raimond dresse gère, pour le compte de seize pays européens, certains commandement chargé d’achemi- l’inventaire des programmes dont la Grande-Bretagne des programmes en partenariat et qui est aujourd’hui ner des troupes dans les zones sen- s’est retirée, comme le réseau européen (baptisé « Tri- impliquée dans les initiatives vouées à rationaliser le sec- sibles où elles auraient à agir. milsatcom ») de satellites de communications militaires teur des grandes industries de l’armement en Europe. Lors du sommet franco-alle- en 1998 ou, en 1999, le projet « Horizon » de frégates de L’attitude du gouvernement britannique est dictée, selon mand, prévu la semaine prochaine lutte anti-aérienne. M. Raimond, par « les intérêts économiques et financiers » à Paris, Berlin, dont le ministre de Le rapporteur aurait pu ajouter le refus des Britan- que représentent les industriels de l’armement et de la la défense, Rudolf Sharping, a par niques de participer à la mise en place – à côté des Fran- haute technologie outre-Manche. Il s’agit de préserver avance soutenu la même idée, de- çais, des Italiens et des Espagnols – de satellites-espions, un savoir faire, largement reconnu à l’étranger, en vrait annoncer qu’il se rallie à ce au motif que des échanges de renseignements avec les constituant « des champions nationaux dans le domaine projet de « mutualisation » du Américains leur suffisent. De même, Londres a fait un industriel », de préférence, dans un premier temps, à des transport aérien militaire. accroc à l’éventualité d’une coopération européenne en alliances européennes. British aerospace (BAe) et Rolls matière d’avion de transport stratégique, en achetant Royce ont jeté tout leur poids dans la balance. Jacques Isnard Un sommet franco-britannique pour enterrer la « vache folle » LONDRES PESC » (politique étrangère et de qu’au dernier moment, devait être sphère est revenue à plus de raison de notre envoyé spécial sécurité) européen, Javier Solana, avalisée jeudi, en début d’après- et la presse populaire londonienne L’accord, intervenu in extremis, et la rencontre conjointe, quelques midi. Elle devait porter sur la pro- est passée désormais à d’autres entre experts français et britan- jours auparavant, des ministres des jection de forces armées mais aussi moutons. De même, M. Blair et niques à Bruxelles permettant une affaires étrangères et de la défense sur les coopérations à mettre en Lionel Jospin ont renoué un débat prochaine levée de l’embargo des Quinze, ont confirmé l’inten- œuvre sur le plan industriel. plus détendu sur leurs conceptions maintenu par la France contre les tion de passer aux choses Contrairement à la volonté expri- respectives de la nouvelle écono- exportations de bœuf britannique concrètes. mée par les gouvernements, l’in- mie et de la modernité de gauche. (Le Monde du 25 novembre) a suf- dustrie britannique a raté une nou- Plusieurs membres de l’entourage fisamment assaini le climat de part COOPÉRATION INDUSTRIELLE velle fois, cette année, un coche du premier ministre participeront et d’autre de la Manche pour envi- Ce sommet franco-britannique européen. En fusionnant avec le week-end prochain à Londres à sager de prendre à nouveau des sera suivi, mardi, d’un sommet Marconi, British Aerospace avait un échange de vue sur ces ques- initiatives en commun. franco-allemand à Paris, où Ger- coupé l’herbe sous les pieds tions avec leurs homologues du En juin, le Conseil européen de hard Schröder a été invité à d’autres rapprochements indus- Labour, dans le cadre de la Fabian Cologne s’était engagé à « doter prendre la parole devant l’Assem- triels européens. Le géant de la dé- Society. Ce nouvel état d’esprit ai- l’Union européenne des moyens et blée nationale française, comme fense a du coup favorisé une en- dera à poursuivre avec les Britan- capacités nécessaires pour assumer Tony Blair l’avait été. Auparavant, tente franco-allemande entre niques une coopération dans des ses responsabilités concernant une le président Jacques Chirac s’était Dasa, la branche militaire de domaines où, contre toute attente, politique européenne commune en rendu discrètement, mardi soir à Daimler-Chrysler, Matra et l’Aero- elle s’est avérée jusqu’ici fruc- matière de sécurité et de défense ». Berlin, à un dîner avec le chance- spatiale, auxquels devraient être tueuse, comme le développement C’est cette déclaration que les lier pour ajuster les positions. Dans associés les Espagnols de Casa. d’une politique de l’emploi euro- Quinze doivent mettre en musique ce domaine délicat de la défense, Le moment paraît propice pour péenne. Un sujet qui devait aussi à Helsinki, après avoir fait des pro- où les plus petits pays n’avancent relancer avec M. Blair une coopé- être évoqué à Londres en prévision grès substantiels. La réunion, le qu’avec hésitation, une étroite ration quelque peu malmenée du sommet européen spécial qui y 23 novembre, du conseil de concertation est nécessaire entre cette année par les différences sera consacré en février au Portu- l’Union de l’Europe occidentale Paris, Londres et Berlin. querelles qui ont crispé la relation gal. (UEO), dont la direction est désor- Une déclaration, dont les termes franco-anglaise, à commencer par mais assurée par le « monsieur ont fait l’objet de discussions jus- la « guerre du bœuf ». L’atmo- Henri de Bresson LeMonde Job: WMQ2611--0004-0 WAS LMQ2611-4 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:00 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2046 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 INTERNATIONAL Médecins et patients américains dénoncent la « médecine de marché » Les refus de soins et la hausse des tarifs médicaux nourrissent l’exaspération des Américains face au système privé d’assurance-maladie. Les candidats démocrates à la présidence ont fait de cette révolte un thème de campagne Plus de la moitié des Américains sont soi- Les médecins voient fréquemment leurs dé- multipliés. Mais, pour les ménages, le coût campagne présidentielle se mène aussi sur tique ou aux compagnies d’assurances. Des gnés par l’intermédiaire de « HMO » (Health cisions thérapeutiques rejetées par les ges- de la santé ne cesse d’augmenter. Les médi- le terrain de la santé. Les candidats démo- parlementaires républicains et démocrates Maintenance Organizations). Ces orga- tionnaires, ce qui a parfois des conséquences caments sont souvent deux à trois fois plus crates Al Gore et Bill Bradley se font les ont fait voter une loi qui restreint le pouvoir nismes de gestion des soins pratiquent une graves. Pour résister à ces pressions, les as- chers qu’en Europe : une situation récem- champions des assurés face aux républi- des HMO et donne aux assurés la possibilité médecine basée sur la réduction des coûts. sociations et syndicats de médecins se sont ment dénoncée par le président Clinton. La cains, souvent liés à l’industrie pharmaceu- de les poursuivre en justice.

WASHINGTON tien financier, le speaker (président) Pourtant, le bilan des HMO est membres, l’extension des zones En effet, après l’euphorie du début, s’étaient vu refuser de le conduire de notre correspondant de la Chambre des représentants, impressionnant : les progrès de ce d’influence, les regroupements et les HMO ont découvert que leurs à l’hôpital voisin et avaient dû « Trois voisins se retrouvent aux le républicain Dennis Hastert, a ex- que Karen Ignagni, PDG de l’Asso- les rachats se sont multipliés dans membres pouvaient tomber ma- faire 100 kilomètres alors que le portes du paradis. Les deux premiers clu le docteur Norwood de la ciation américaine des plans de un environnement concurrentiel. lades et leur coûter cher. bébé souffrait d’une forte fièvre. sont admis sans difficultés, l’un était commission paritaire chargée de santé (AAHP), qui gère les intérêts Comme l’explique Marylin L’AAHP répond que la plupart médecin et a passé sa vie à soigner trouver un compromis entre les des HMO à Washington, qualifie de Moon, de l’Urban Institute, « c’était PRESSIONS FINANCIÈRES de ces histoires sont fausses et que les malades, l’autre, enseignant, a textes des deux assemblées. « révolution dans le domaine de l’or- une bonne idée de coordonner les Pour réduire les coûts et préser- les HMO fournissent le meilleur consacré la sienne aux enfants. Inter- ver les dividendes, beaucoup de service possible au meilleur coût. rogé par saint Pierre, le troisième hé- DÉFAITE RETENTISSANTE HMO exercent des pressions Karen Ignagni reconnaît qu’il reste site avant d’avouer qu’il gérait un Peu après son élection à la pré- Mentir pour mieux soigner – souvent financières – sur les beaucoup à faire dans le domaine HMO (Health Maintenance Organi- sidence, Bill Clinton avait subi une prestataires de soins, afin qu’ils ré- des relations avec les docteurs et zation, organisme privé de gestion défaite retentissante avec le rejet Plus de la moitié des médecins américains sont prêts à mentir pour im- duisent leurs actes médicaux. D’où les patients. Si elle s’oppose au des soins). Entrez quand même, ré- par le Congrès du plan de réforme poser une thérapie menacée par les critères financiers d’un organisme la révolte qui secoue la profession droit de poursuivre les HMO en pond saint Pierre, mais vous ne de la santé concocté par son de gestion des soins. Selon une étude publiée par la revue Archives of In- médicale : l’Association des méde- justice – affirmant que le coût des pourrez rester que trois jours ! » épouse Hillary. Le Parti républicain ternal Medicine, un tiers des médecins sont prêts à signaler aux managers cins américains (AMA) a fait cam- procédures se répercuterait sur les Cette blague, que le vice-président avait reçu le soutien des médecins qui contrôlent leurs décisions une « grosseur suspecte » pour obtenir une pagne pour la loi Norwood au cotisations –, elle accepte que les Gore ressasse tout au long de sa et de l’industrie de la santé, in- mammographie, même si cette grosseur n’existe pas. Plus l’enjeu est nom des droits du malade. La ma- décisions de rejet de soins campagne, a toujours un franc suc- quiets d’une reprise en main éta- grave, plus les praticiens sont prêts à mentir. Trois sur cent seulement jorité des praticiens dénonce l’in- puissent être susceptibles d’appel cès. Les HMO sont au plus bas de tique. L’opinion, à laquelle on avait sont prêts à déformer la vérité pour faire passer une rhinoplastie alors flation de paperasse et les refus de devant des organes indépendants. l’échelle de popularité aux Etats- fait croire que des bureaucrates al- que plus de la moitié mentira pour imposer un pontage coronarien. Pre- soins par des « managers » appli- Le nouveau système montre dé- Unis, avec les marchands d’armes laient désormais régir des soins jus- nant acte de cet état de fait, l’un des plus importants HMO à but lucratif, quant à la lettre le règlement qui jà ses limites. Ses promoteurs af- ou les fabricants de cigarettes. qu’alors libres, s’était rangée de United Health Group, qui assure la couverture sanitaire de 14,5 millions s’affiche sur leur ordinateur. Ils ont firment qu’il s’agit d’une crise de Dans un pays à la fois obsédé par leur côté. d’Américains, a décidé de rendre aux médecins leur liberté de décision commencé à se syndiquer ou à se croissance. Mais celle-ci s’ac- son bien-être et malade de la Aujourd’hui, les HMO se sont en matière d’hospitalisation et de permettre aux patients de consulter di- regrouper pour mieux se défendre compagne d’une crise de « malbouffe » (la junk food), la san- aliénés le corps médical. Les assu- rectement certains spécialistes, sans passer par le médecin référent. contre les conditions draconiennes confiance et d’une crise de société, té est un des chevaux de bataille rés ont découvert que les bureau- qui leur sont imposées comme la quand tant de gens sont à la merci des candidats démocrates Al Gore crates du secteur privé pouvaient « gag rule », la clause-bâillon qui d’une perte de leur couverture so- et Bill Bradley. Avec 1 2OO mil- être encore plus impitoyables. ganisation de la santé » ont été ful- soins, à condition de le faire avec leur interdit d’informer leurs pa- ciale. Dans le pays de l’économie liards de dollars (environ autant M. Clinton a su relancer le débat gurants. La hausse du coût de la précaution. Les HMO ont en parti- tients de l’existence d’un autre de marché, le consommateur a d’euros), les dépenses de santé re- sur un thème populaire. Ainsi santé est passée de 11,5 % par an en culier réduit le recours automatique, traitement plus onéreux. toujours raison. La politique des présentent 14 % du PIB, contre 7 % vient-il de dénoncer le coût exorbi- 1987-1992 à 3,7 % en 1993-1996. et parfois peu nécessaire, à l’hospita- Qui n’a pas son histoire hor- HMO bride son choix. Les patients en Europe où l’assurance santé re- tant des médicaments aux Etats- Mais, en même temps, la « méde- lisation ; mais cela a créé des abus. rible ? Lors du récent débat à la découvrent que la rationalisation lève généralement de la responsa- Unis et de décider de protéger la cine de marché » est devenue l’in- D’autant que nombre de nouveaux Chambre, un médecin républicain peut aboutir au rationnement et bilité de l’Etat. confidentialité des dossiers médi- vestissement à la mode : 90 % des acteurs n’ont pas su s’y prendre, mé- avait invité dans l’hémicycle un que les droits du client-roi ont été Il ne se passe pas de jour sans caux informatisés contre la curiosi- médecins sont désormais sous contentant médecins, hôpitaux et enfant qui a été amputé des mains réduits. que la presse s’empare du sujet ni té des assureurs, des employeurs, contrat avec un HMO. Le recrute- patients. Certains ont confondu soins et des jambes, à cinq mois, des que celui-ci soit repris par les et même des organismes de soins. ment agressif de nouveaux dirigés avec refus des prestations ». suites d’une gangrène : ses parents P. de B. hommes politiques. Au point que, lors de la session parlementaire qui vient de s’achever, il s’est produit Un système efficace, quelque chose de rare à la Chez Kaiser Permanente, être vieux coûte cher... Chambre des représentants : un mais arbitraire projet de loi présenté par un répu- KENSINGTON (Maryland) graphie, chirurgie ambulatoire, mé- la branche médicale de cet orga- Dans les HMO à but lucratif, les blicain a été adopté malgré l’oppo- de notre envoyé spécial decins-accoucheurs, ophtalmo- nisme à but non lucratif, où les mé- bénéfices sont distribués aux ac- b L’assurance-maladie des sition des dirigeants du parti, mais Le centre médical de Kensington, logues et opticiens, pharmaciens – decins et les patients ont le dernier tionnaires ou transformés en stock- salariés et de leurs familles relève avec le soutien des démocrates et dans cette banlieue aisée de la capi- mais pas de dentistes, c’est trop mot, au contraire d’autres HMO options. Certains HMO paient leurs généralement de la responsabilité de Bill Clinton. tale fédérale, est l’un des 24 gérés cher. Pas besoin de se déplacer, le fondés sur le profit qui sous-traitent dirigeants plusieurs millions de dol- des employeurs. Si les entreprises Ancien dentiste, jusque-là classé médecin référent (Primary care phy- les soins aux hôpitaux et cabinets lars par an et consacrent 15 % à 20 refusent ou ne sont pas en mesure à droite, le docteur Norwood a me- REPORTAGE sician) peut appeler son voisin car- médicaux les moins offrants. Ici, les % des cotisations à la gestion, aux d’adhérer à un plan de couverture, né la révolte contre les HMO, ob- Pour les retraités, diologue pour un conseil ou lui de- résultats sont exemplaires et on ap- dividendes et aux relations pu- les employés doivent souscrire une tenant, entre autres, que ceux-ci mander de jeter un coup d’œil sur le plique une déclaration des droits du bliques. assurance individuelle. L’Etat puissent enfin être poursuivis par la part du revenu dossier informatisé d’un patient, ac- patient que le Congrès n’a toujours Mais, chez Kayser comme dans fédéral ne prend en charge que les des clients mal soignés. Ce texte consacrée à la santé cessible sur son terminal. pas adoptée. les HMO à but lucratif, le système dépenses des personnes âgées et des donne le droit aux assurés de est passée de 4 à 20 % Le consommateur – on préfère de soins privés américain repose sur chômeurs défavorisés à travers les consulter un pédiatre ou un gyné- dire « membre » – est accueilli par NOUVELLES HAUSSES les mêmes règles. Les HMO négo- programmes Medicare et Medicaid. cologue sans avoir à demander une hôtesse, paie pour chaque La prévention y est primordiale : cient avec les entreprises des plans Jusqu’aux années 80, les entreprises l’accord de leur médecin référent, par Kaiser Permanente Mid-Atlan- consultation un ticket modérateur lors de notre visite, on était en de santé. Il faut donc faire la part assuraient leurs salariés, prenant à et leur garantit l’accès aux urgences tic. Entre 60 et 80 médecins payés dont le prix approche celui d’une pleine campagne de vaccination an- entre les prestations offertes et la leur charge une partie des des hôpitaux. Les femmes soumises au mois et non à l’acte travaillent consultation conventionnée en tigrippale. Dans le Maryland, Kaiser volonté des patrons de ne pas trop cotisations. à une mastectomie auront droit à dans ce coquet bâtiment de trois France, soit 15 ou 20 dollars (93 ou Permanente a vacciné 86 % des en- dépenser. Les prix dépendent de la b Les HMO, Health Maintenance une courte hospitalisation, alors étages avec un personnel de près de 124 francs) et prend ses médica- fants assurés contre les maladies in- taille de l’entreprise et du nombre Organizations, littéralement qu’il est courant qu’elles soient 300 personnes. Ils y effectuent en ments à la sortie. Avec ses 10 000 fantiles (67 % en moyenne dans la de ses employés ; c’est pourquoi organismes d’entretien de la santé, renvoyées chez elles le jour même. moyenne 32 000 consultations par médecins et ses 8,6 millions de région) et 48 % des adolescents beaucoup de PME rechignent à as- sont apparus après-guerre ; ils Mais il n’a guère de chances d’être mois. Les patients trouvent tout sur membres, Kaiser Permanente est (contre 18 %). Les frais de gestion y surer leur main-d’œuvre. étaient à l’origine sans but lucratif. promulgué : très proche du milieu place : généralistes et spécialistes, « le joyau de la couronne des HMO », sont limités à 5 % et les bénéfices Une fois l’accord signé, les salariés Leurs membres doivent passer par des HMO, qui lui accordent un sou- laboratoires d’analyses et de radio- dit le docteur Adrian Long, chef de réinvestis. ont parfois le choix entre plusieurs les praticiens et les établissements plans et doivent payer la quote-part de soins agréés. 60 % des Américains fixée par l’employeur. Différents sont couverts par un HMO. membres d’une même catégorie so- b Les compagnies d’assurances ciale peuvent être ou non assurés, ont, depuis les années 80, développé payer des primes différentes, être leurs propres HMO. Ceux-ci plus ou moins couverts. Les HMO couvrent 64 % des assurés. Ils ont négocient aussi avec les compagnies comprimé leurs dépenses pour pharmaceutiques des ristournes assurer les dividendes de leurs liées à la taille de leur clientèle. actionnaires. Peut-on encore parler d’assu- b Les médecins pratiquent des rance ? Riches et pauvres paient au- honoraires beaucoup plus élevés tant mais être vieux coûte cher. qu’en Europe. L’apparition des Chez les retraités, la part du revenu HMO a mis un terme à la hausse consacrée à la santé est passée de 4 vertigineuse des tarifs, mais a à 20 %. La prime mensuelle que ré- restreint la liberté thérapeutique des clame Kaiser Permanente pour une médecins, dont les décisions sont police individuelle à Washington va soumises à des contrôleurs. de 104 dollars (645 francs) avant 25 b Les contentieux ont été jusqu’ici ans à 214 dollars (1 327 francs) après limités par une disposition 55 ans. Devant le tollé suscité par sa législative interdisant aux patients décision d’augmenter les primes de poursuivre les HMO. Pour éviter jusqu’à 101 % pour les plus de 50 que la loi soit changée, l’industrie ans, Kaiser a finalement limité la semble prête à accepter une hausse à 18,9 %, mais de nouvelles procédure d’appel. hausses sont envisagées pour l’an b Les laissés-pour-compte du prochain. Le remboursement des système de santé sont environ médicaments a aussi été plafonné à 44 millions, soit 16 % de la 1 500 dollars (9 300 francs) par an. population américaine. Ce sont en Malgré tout, l’organisme est arrivé particulier les pauvres au travail, les en tête du classement des HMO éta- femmes, les enfants, les membres bli par l’Etat du Maryland. des minorités et les immigrés. Leur nombre s’accroît d’environ 1 million Patrice de Beer par an. LeMonde Job: WMQ2611--0006-0 WAS LMQ2611-6 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 10:03 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2048 Lcp: 700 CMYK

6 / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 INTERNATIONAL Le pouvoir algérien avait approché M. Hachani L’Irak suspend ses exportations de pétrole pendant quinze jours peu de temps avant son assassinat BAGDAD. L’Irak a décidé de suspendre ses exportations de brut pour une période de deux semaines. « Nous n’allons pas tenir compte de la résolution de l’ONU sur la prolongation [pour deux semaines] de la phase actuelle du programme “Pétrole contre nourriture”, car je pense La presse s’interroge sur la responsabilité d’un mystérieux personnage dans le meurtre que cela n’a aucun sens », a affirmé, mercredi 24 novembre, le mi- nistre irakien du pétrole, Amer Mohamed Rachid. Les autorités algériennes n’ont fourni jusqu’ici vembre en plein Alger, d’Abdelkader Hachani, le presse évoque l’existence d’un énigmatique Les phases du programme « Pétrole contre nourriture » sont semes- aucune indication sur les mobiles et les principal responsable de l’ex-Front islamique du « Naïm », un personnage qui aurait tenté d’ap- trielles. Une procédure extrêmement longue et complexe autorise commanditaires de l’assassinat, lundi 22 no- salut (FIS) encore en liberté. Une partie de la procher M. Hachani. l’Irak, soumis à un embargo depuis 1990, de vendre sous contrôle des quantités limitées de pétrole pour acheter des produits de première TROIS JOURS après l’assassinat domicile avant 9 heures du soir. Or, contact serait repris ultérieurement », rieux, un certain « Abou Fayçal », in- nécessité. Les membres permanents du Conseil de sécurité se sont d’Abdelkader Hachani, le principal lundi, le jour de son assassinat, Ha- raconte un intime de M. Hachani, connu de la presse. La rencontre donné un délai de deux semaines avant le lancement d’une éventuelle dirigeant de l’ex-Front islamique du chani n’était pas accompagné. Pour- sous couvert d’anonymat. n’avait pas eu de suite mais l’énig- nouvelle phase pour tenter de parvenir à un accord sur une nouvelle salut (FIS) encore en liberté, l’identi- quoi ? », s’interroge l’un de ses A la suite de cette amorce de dia- matique « Naïm » avait par la suite résolution qui lierait une suspension de l’embargo à des progrès té de ses meurtriers reste mysté- proches. logue, M. Hachani allait écrire au tenté d’obtenir d’un des enfants de éventuels dans le domaine du désarmement. Bagdad, qui refuse d’en- rieuse. Si les pouvoirs publics se ministre de l’intérieur, Abdelmalek M. Hachani des informations sur les visager une formule autre que la levée des sanctions internationales, taisent (une enquête devrait être CONVOCATION Sellal, pour préciser qu’un dialogue déplacements de son père. considère que son désarmement est achevé. – (AFP.) ouverte), aux yeux de la presse fran- Un autre fait alimente les spécula- politique était inconcevable avec L’homme est-il mêlé à l’assassinat cophone – majoritairement anti-is- tions et fait redouter un coup venu des représentants des forces de sé- de M. Hachani ? Et si oui, avait-il lamique – il ne fait guère de doute de fractions « éradicatrices ». Le curité et qu’il fallait leur substituer des liens avec les forces de police ? que le crime est signé. Il est l’œuvre mercredi 13 octobre, M. Hachani des civils. C’est à l’enquête de répondre à ces Combats et recrutement des « groupes armés » pour qui avait été convoqué au commissariat Dans cette même lettre au mi- questions, mais les amis du diri- « tous ceux qui ne sont pas au maquis central de la sûreté d’Alger. Officiel- nistre, datée du 28 octobre – et geant islamique ne se bercent pas sont à abattre », affirme ainsi El Wa- lement, il devait répondre de ses dé- transmise ces derniers jours à des d’illusions. En Algérie, les crimes po- de miliciens au Congo-Kinshasa tan qui met en cause les groupes is- clarations à la presse étrangère journaux algériens et étrangers par litiques ont tous conservé leur part KINSHASA. Deux cents combattants ont été tués dans un violent ac- lamiques armés contrôlés par Hat- (dont Le Monde) faites à la veille du une main anonyme – M. Hachani d’ombre. crochage, mardi, dans le nord-est de la République démocratique du tab et Zouabri, deux chefs de référendum sur la « concorde civile » évoque un autre épisode plus mys- Quoi qu’il en soit, nombre d’Algé- Congo (RDC, ex-Zaïre) entre miliciens Mai-Mai, qui soutiennent le guerre. organisé par le président Bouteflika. térieux. Le dirigeant islamiste riens redoutent aujourd’hui une es- président Laurent-Désiré Kabila, et des soldats ougandais qui ap- Les amis de la victime tiennent un En fait, pendant près de six heures, s’étonne d’avoir croisé une dizaine calade de la violence. « Avec le ra- puient la rébellion, a rapporté, mercredi 24 novembre, l’agence ca- autre discours et pointent du doigt le responsable du FIS sera interrogé de jours auparavant un certain madan, il va y avoir une tholique Misna, basée à Rome. Les combats se sont déroulés à Bu- certains faits troublants. Depuis sa par un groupe d’officiers mais sur « Naïm » qui quittait « le siège de la recrudescence des attentats. On re- tembo. Les Mai-Mai se sont lancés à l’assaut d’une base ougandaise, libération en juillet 1997, après un tout autre thème. « On lui a posé Sûreté urbaine de Bab el Oued » (une vient à la case départ. Il faut que le et auraient tué une centaine de soldats ougandais et rebelles congo- cinq années d’incarcération, le res- des questions politiques. Ses interlo- quartier populaire de la capitale). pouvoir accepte d’ouvrir une dis- lais. ponsable du FIS faisait l’objet d’une cuteurs voulaient savoir quelle était sa Or, le même individu, un an aupara- cussion politique », plaide un oppo- A Kinshasa, le gouvernement de M. Kabila a lancé une opération de surveillance policière constante. «Il vision d’un retour à la paix civile. En- vant, était entré en contact avec sant. recrutement de miliciens, baptisée campagne d’« éveil patriotique », y a avait trois voitures de police rien suite, ils lui ont dit qu’ils transmet- M. Hachani en se présentant pour faire face à la rébellion. « Il ne s’agit pas de créer des milices, mais que pour lui. Ils ne quittaient pas son traient ses dires en haut lieu et qu’un comme envoyé par un émir mysté- Jean-Pierre Tuquoi du soutien que le peuple apporte aux forces armées congolaises », a ex- pliqué le secrétaire général des Comités du pouvoir populaire, Ra- phaël Ghenda. « Ce n’est pas un appel à la haine, encore moins une in- citation à la guerre », a affirmé le directeur de cabinet de la Les engagements pris par Itzhak Rabin à propos du Golan, selon Damas présidence, Georges Buse. – (Reuters.)

PATRICK SEALE est un journa- retrait total jusqu’aux lignes du de paix, M. El Assad, jugeant les mais face à l’objection d’Israël et liste privilégié en Syrie. Auteur 4 juin 1967, à condition que soient exigences israéliennes exorbi- des Etats-Unis sur le caractère d’une biographie remarquable- satisfaites ses exigences dans le tantes, a consigné dans une lettre « ultra-secret » de cette affaire, le Démolition d’un mur « anti-Tsiganes » ment documentée d’Hafez El As- cadre d’un accord de paix, étant en- au président Clinton « les objectifs président syrien s’est contenté sad, Assad, the Struggle for the tendu que [cet engagement], et principes, qui, selon la Syrie, d’un engagement verbal de Rabin Middle East (Assad, la lutte pour le comme d’habitude, doit rester se- doivent présider aux dispositifs de à ce sujet, auprès des Américains, en République tchèque Moyen-Orient), ce Britannique bé- cret pour protéger Rabin de ses dé- sécurité ». Après plusieurs allées et en tant que « gage dans la poche » PRAGUE. Le « mur de la honte », construit mi-octobre par la munici- néficie de la confiance du pré- tracteurs israéliens ». « Le 25 juil- venues de médiateurs américains, de ces derniers. palité d’Usti-nad-Labem (Bohême du Nord) pour séparer les habi- sident syrien. C’est à lui que let », ajoute M. Seale, lors d’une Israéliens et Syriens ont élaboré tants, essentiellement roms, de deux HLM et leurs voisins « blancs », M. El Assad a consenti, à l’été, de conversation téléphonique, les un « document d’une page, intitulé « CONDITIONNEL » a été démonté mercredi 24 novembre. La démolition de la palissade faire quelques déclarations très présidents Clinton et El Assad “Objectifs et principes des mesures Le 6 juin 1995, soucieux de faire qui a soulevé un tollé dans le monde entier, notamment à Bruxelles, amènes – les premières du genre – « sont convenus que cet éclaircisse- de sécurité“, que les Américains ont respecter le « secret » au moment où Romano Prodi avait « recommandé » sa disparition avant le som- sur le premier ministre israélien, ment était un résultat important de qualifié de “non papier“ pour signi- où une rencontre entre les chefs met européen d’Helsinki en décembre, est intervenue après cinq se- Ehoud Barak, qui, par le biais de la dernière navette de M. Christo- fier qu’il ne s’agit pas d’un docu- d’Etat-major syrien et israélien maines de tractations entre le maire d’Usti et le gouvernement. M. Seale, lui a renvoyé l’ascenseur. pher ». Et c’est seulement alors ment officiel américain, mais d’un était programmée à Washington, Selon un accord signé la veille, le cabinet va débloquer une subven- Leurs déclarations avaient été pu- qu’une série de négociations sur instrument diplomatique convenu le président Clinton, dit encore Pa- tion de 10 millions de couronnes (environ 320 00 euros) en faveur de bliées par le quotidien saoudien El les dispositifs de sécurité a pu entre les deux parties avec l’assis- trick Seale, a adressé une lettre au la ville. Un tiers de cette somme est destiné au rachat de trois pavil- Hayat. C’est encore M. Seale que s’engager à Washington entre les tance des Etats-Unis pour faire président El Assad par l’intermé- lons à leurs propriétaires tchèques qui se plaignaient des nuisances de Damas vient de choisir pour faire représentants des deux pays. avancer les négociations de paix ». diaire du coordinateur américain leurs voisins roms, le reste devrait être affecté à des programmes so- les premières révélations pu- Le paragraphe 4 dudit document du processus de paix, Dennis Ross. ciaux pour la minorité tsigane. – (Corresp.) bliques détaillées sur les cir- UN « DOCUMENT D’UNE PAGE » précise que les mesures de sécurité « Comme je vous l’ai dit (...), j’ai constances dans lesquelles l’an- Le 20 janvier 1995, alors que les doivent se limiter aux deux côtés dans la poche un engagement du DÉPÊCHES cien premier ministre de l’Etat négociateurs discutaient pied à de la frontière. La Syrie a exigé premier ministre Rabin de retirer a RÉPUBLIQUE TCHÈQUE - SLOVAQUIE : les premiers ministres hébreu, Itzhak Rabin, assassiné en pied des mesures de sécurité né- qu’il soit clairement précisé qu’il [l’armée israélienne] jusqu’aux tchèque et slovaque, Milos Zeman et Mikulas Dzurinda, ont signé, décembre 1995, s’était engagé à cessaires dans le cadre d’un accord s’agit des « lignes du 4 juin 1967 », lignes du 4 juin 1967. (...) Il convient mercredi 24 novembre, à Bratislava, un accord prévoyant le régle- évacuer le Golan jusqu’aux lignes de ne pas en parler publiquement ment des contentieux bancaires et monétaires hérités de la partition du 4 juin 1967, à la veille du dé- lors de la rencontre des deux chefs de la Tchécoslovaquie en 1992. – (Corresp.) clenchement de la guerre dite des Les « preuves » de Patrick Seale d’état-major », a écrit M. Clinton. a SAHARA OCCIDENTAL : le Front polisario a annoncé, mercredi « six jours ». La Syrie, qui a tou- « Le président El Assad, précise 24 novembre, la libération de cent quatre-vingt-onze des quelque jours pris à témoin les Etats-Unis, Patrick Seale a assuré détenir des « preuves » à l’appui de sa thèse M. Seale, a toujours su que l’enga- deux mille prisonniers de guerre marocains qu’il détient. Cette libéra- « dépositaires du gage », selon elle, sur l’engagement de l’ancien premier ministre israélien Itzhak Ra- gement de Rabin était conditionnel tion intervient à l’occasion du mois sacré du ramadan qui commence exige d’Israël de faire sien l’enga- bin de retirer ses troupes du Golan jusqu’aux lignes de front du et dépendait d’un accord entre les dans deux semaines. Cette initiative fait suite à une rencontre entre gement de Rabin, avant toute re- 4 juin 1967. Ces « preuves » consisteraient en des lettres de Bill Clin- deux parties sur les autres points William Eagleton, représentant spécial pour le Sahara occidental du prise des négociations bilatérales ton à Hafez El Assad, ainsi que les comptes rendus des conversa- d’un marché pour la paix », en par- secrétaire général de l’ONU, et le secrétaire général du Polisario, Mo- de paix. Ces révélations ont été tions téléphoniques entre les deux hommes, et entre M. El Assad et ticulier les besoins de sécurité d’Is- hamed Abdelaziz, dans la région de Tindouf. – (Reuters.) publiées, lundi 22 et mardi 23 no- le secrétaire d’Etat américain de l’époque, Warren Christopher. «J’ai raël. « Mais l’engagement de Rabin a TIMOR-ORIENTAL : une équipe de l’ONU, arrivée jeudi 25 no- vembre, par le même quotidien El pu avoir accès à des documents-clés qui montrent qu’il n’y a pas eu un demeure un engagement : il garan- vembre à Dili pour enquêter sur les atrocités, a aussitôt accusé l’In- Hayat. seul engagement israélien, mais trois. Ces preuves viennent de sources tissait une restitution de la totalité donésie d’entraver sa mission. Sonia Picado, l’une des cinq membres Que dit Patrick Seale ? Essentiel- non syriennes », a précisé l’écrivain, mercredi 24 novembre. du plateau du Golan, en fin de de la mission constituée par le haut-commissaire des Nations unies lement ceci : dès juillet 1994, après Le quotidien syrien El Baas s’est « étonné » le même jour du « si- compte, à la Syrie. Et, sans cette ga- aux droits de l’homme, Mary Robinson, a déclaré que les enquêteurs une mission-navette du 19 au 22 lence » de Washington. « Nous sommes vraiment étonnés de la position rantie, le président Assad ne se se- n’avaient toujours pas de visas pour se rendre au Timor-Occidental et entre Damas et Jérusalem, l’ex-se- de l’administration américaine, qui garde toujours le silence à propos rait pas lancé dans le processus » de à Djakarta. L’Indonésie, qui a créé sa propre commission d’enquête, a crétaire d’Etat américain Warren de cet engagement », a commenté le journal. Le retrait du Golan est la paix, affirme M. Seale. rejeté la mission mise sur pied par l’ONU. – (Reuters.) Christopher a informé le président principale pierre d’achoppement à une reprise des discussions syro- a TUNISIE : Mohamed Mouadda, dirigeant du Mouvement des El Assad que « Rabin s’engage à un israéliennes, gelées depuis 1996. Mouna Naïm démocrates socialistes (MDS), le principal parti d’opposition, a commencé, lundi 22 novembre, une grève de la faim pour exiger la cessation de mesures répressives et vexatoires contre lui et sa famille. Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tu- nisie a dénoncé la mise en résidence surveillée de M. Mouadda. a ÉGYPTE / FRANCE : le PDG de Radio-France Internationale (RFI), M. Jean-Paul Cluzel, a signé, mercredi 24 novembre, deux ac- cords de coopération avec la société égyptienne de diffusion par sa- tellite Nile Sat et la Radio égyptienne. Les accords prévoient la diffu- sion à titre gracieux des programmes de RFI à partir du 1er décembre par le satellite égyptien pour une période de deux ans reconductibles. Par ailleurs, un accord a été conclu pour l’échange de programmes entre RFI et Radio Le Caire. Le président argentin élu a désigné ses ministres BUENOS AIRES. Fernando de la Rua, le futur président de l’Argen- tine, élu le 24 octobre à la tête de l’Alliance regroupant le parti radical et des formations de centre-gauche, a annoncé, mercredi 24 no- vembre à Buenos Aires, la composition de son gouvernement qui suc- cèdera, le 10 décembre, à celui de Carlos Menem (péroniste). Sur les onze ministres, quatre sont des économistes réputés qui jouissent de la confiance de l’establishment, dont Jose Luis Machinea, nommé à l’économie, qui fut membre du gouvernement de l’ancien président radical Raul Alfonsin (1983-1989). L’ancien président de la Chambre fédérale qui jugea les chefs mili- taires de la dictature, Ricardo Gil Lavedra, sera chargé du portefeuille de la justice. Le chef de cabinet, sorte de premier ministre, sera le ra- dical Rodolfo Terragno, et le secrétaire général de la présidence, Jorge de la Rua, avocat et frère du chef de l’Etat. Le Front pour un pays soli- daire (Frepaso, de centre-gauche), qui occupe la vice-présidence avec Carlos « Chacho » Alvarez, n’a que deux portefeuilles : le ministère du travail et celui de l’action sociale qui échoit à Graciela Fernandez Meijide, candidate malheureuse au poste de gouverneur de la pro- vince de Buenos Aires. – (Corresp.) LeMonde Job: WMQ2611--0008-0 WAS LMQ2611-8 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 10:12 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2050 Lcp: 700 CMYK

8 I FRANCE LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999

COHABITATION La droite tente quement demandé à la ministre de la pas voter la réforme du CSM. b LE la responsabilité pénale des décideurs « ouvertures » du gouvernement de reprendre l’offensive contre le justice, mercredi 24 novembre, des PREMIER MINISTRE s’est engagé, de- publics et des élus. b LA CHANCELLE- qu’elle reste divisée sur le fond de la gouvernement sur la réforme de la modifications des textes en dis- vant le congrès de l’Association des RIE se dit ouverte à une concertation réforme. Le président de l’UDF, Fran- justice. Les principaux responsables cussion. Faute d’engagements for- maires de France, à régler, avant les approfondie. b L’OPPOSITION est çois Bayrou, reproche au chef de l’Etat de la majorité sénatoriale ont publi- mels de sa part, ils menacent de ne municipales de 2001, le problème de d’autant plus embarrassée par ces d’avoir mis son camp en difficulté. Justice : M. Jospin veut priver la droite de ses arguments contre la réforme Le gouvernement s’est engagé à trouver, avant 2001, une solution au problème de la responsabilité pénale des élus. Elisabeth Guigou multiplie les concertations. L’opposition apparaît de plus en plus embarrassée à l’approche du Congrès du 24 janvier C’EST PEU DIRE que la réforme l’initiative. Seul manquait à l’appel d’abord obtenir des engagements « ultimatum », cette mise en de- si l’opposition voulait utiliser la ré- pas être favorables, en réalité, à l’in- de la justice embarrasse la droite. Jean Arthuis, président du groupe concernant le futur projet de loi meure des responsables de la forme de la justice, avec ce que ça dépendance de la justice ». Voulue par le président de la Ré- centriste, manifestement peu dési- organique sur le statut des magis- droite sénatoriale est à double représente pour notre démocratie, à Les centristes sont pour le moins publique, avant d’être engagée reux de jouer les petits soldats trats. Par ailleurs, sur les deux tex- tranchant. La ministre de la justice des fins politiciennes et partisanes, il partagés : les uns, comme Pierre avec persévérance par le gouver- dans cette offensive. tes importants déjà examinés en s’est bien gardée de fermer la faudra qu’elle en assume la respon- Méhaignerie, restent favorables à nement, elle suscite, chez les parle- Le ton, en effet, se voulait ferme. première lecture – liens entre la porte d’une discussion qu’elle avait sabilité devant les électeurs », a-t- la réforme ; d’autres, plus nom- mentaires de l’UDF, du RPR et de Au nom de ses collègues, M. de chancellerie et le parquet, pré- elle-même suscitée à la demande elle indiqué, ajoutant que les Fran- breux, souhaitent d’ores et déjà DL, au mieux, un assentiment obli- Raincourt a précisé qu’ils avaient somption d’innocence –, leur cata- du premier ministre. Mieux, elle çais « veulent la réforme, car ils ne voter contre ; d’autres encore, à gé et, plus souvent, de sérieuses ré- été longuement reçus, la veille, à sa logue de revendications est très s’est engagée – « de façon explicite, veulent plus que les politiques tripa- l’instar de la droite sénatoriale, en- serves ou de vives critiques. Or, demande, par la garde des sceaux, fourni : il reprend, en effet, les claire et loyale », selon M. de Ro- touillent dans la justice ». tendent subordonner leur vote fa- chacun va maintenant devoir se Elisabeth Guigou. « Nous lui avons principaux amendements que le han – à répondre précisément aux vorable à des conditions et incitent déterminer solennellement dit que, dans l’état actuel des Sénat avait adoptés lors de l’exa- questions des sénateurs, avant la « TROUPES RÉTIVES » leurs collègues à ne pas se laisser puisque le Parlement est convoqué choses, le projet de loi sur le CSM men de ces deux textes, notam- mi-décembre. Renvoyant, pour ce La posture offensive des séna- enfermer dans le piège tendu par en Congrès, le 24 janvier, pour avait fort peu de chances d’at- ment sur les instructions person- qui est de la responsabilité des teurs masque mal la gêne de la le gouvernement. Courage, adopter définitivement son volet teindre la majorité requise [des trois nelles en cas d’affaires touchant à élus, aux déclarations du premier droite. Alors que les députés RPR, fuyons ! Certains envisagent même constitutionnel, la réforme du cinquièmes des votants] au la sécurité de l’Etat, ou sur la possi- ministre (lire ci-dessous), la chan- toujours divisés, ont reporté leur de demander un nouveau report Conseil supérieur de la magistra- Congrès », a-t-il souligné, avant bilité d’un recours contre les déci- cellerie soulignait, mercredi, que décision (Le Monde du 19 no- du Congrès... ture (CSM). d’ajouter que « la réforme de la jus- sions des cours d’assise. En outre, les points en discussion ne sont vembre), l’UDF n’est pas parvenue Quant au président de l’UDF, il Plus cette échéance approche, tice est un tout » et qu’« on ne peut le président du Sénat a particuliè- pas insolubles, pour peu que cette à se déterminer, lors d’une réunion n’a pas caché son agacement. plus il est urgent de surmonter ces enfin imaginer qu’une vraie réforme rement mis l’accent sur la nécessité concertation porte sur les ques- de ses parlementaires au siège du Constatant l’embarras de ses amis, contradictions. C’est ce qu’ont de la justice puisse aboutir à la vic- de traiter rapidement le problème tions « légitimes » (responsabilité parti, mercredi. Comme le résume François Bayrou s’en est pris sans bien compris les principaux res- toire d’un camp sur un autre ». Au- de la responsabilité pénale des des magistrats, responsabilité des bien Pierre Albertini, député de ménagement au président de la ponsables de la droite sénatoriale : tant de mises en garde reprenant, à élus. élus, présomption d’innocence). Seine-Maritime et porte-parole de République, accusé d’avoir placé, mercredi 24 novembre, le pré- la lettre, les réserves déjà formu- Cette défense flexible et habile son groupe, l’UDF a « le choix entre une fois de plus, son camp dans sident du Sénat, Christian Poncelet lées par Jacques Chirac, le 27 octo- DÉFENSE FLEXIBLE du gouvernement vise clairement à deux inconvénients : voter “oui” le une situation impossible. Comme (RPR), le président du groupe RPR, bre, lorsqu’il avait convoqué le Sur tous ces points, a martelé priver la droite de tout argument 24 janvier est conforme à notre dis- le disait, mercredi soir, un cacique Josselin de Rohan, celui des Répu- Congrès. M. de Raincourt, « des déclarations pour refuser de voter la réforme cours en faveur d’une indépendance du Sénat : « Notre problème est dé- blicains et indépendants, Henri de Pour que les choses soient d’intention ne sauraient nous satis- du CSM. Mme Guigou l’a redit fer- plus grande des magistrats, mais ne sormais de canaliser des troupes ré- Raincourt, et celui du Rassemble- claires, les ambassadeurs de la ma- faire. Nous voulons des engage- mement, mercredi soir, sur Eu- nous donnerait aucune garantie sur tives et troublées. » ment démocratique et social euro- jorité sénatoriale ont rendu public ments précis, sur le fond comme sur rope1: « Nous avons la possibilité le reste. Voter “non” nous situerait péen, Guy Cabanel, ont uni leurs le « questionnaire » qu’ils ont remis le calendrier ». S’il se défendent de mettre en œuvre une réforme qui clairement dans l’opposition, mais Gérard Courtois efforts pour tenter de reprendre à la ministre. Ils entendent tout d’avoir présenté à Mme Guigou un va dans le sens de l’intérêt général ; nous exposerait à l’accusation de ne et Jean-Baptiste de Montvalon Le premier ministre se montre ouvert sur la responsabilité pénale Elisabeth Guigou s’emploie CHERS élus, très chers députés quelques élans sentimentaux, de loi du sénateur Pierre Fauchon pour engager la responsabilité pé- et sénateurs ! A un mois de la réu- s’attardant sur « la dimension hu- (UDF, Loir-et-Cher) (lire ci-des- nale ». nion du Parlement en Congrès à maine » du métier de maire, fai- sous). En revanche, le premier mi- à rassurer la gauche Versailles, le 24 janvier, sur la ré- sant l’éloge de la « profondeur his- Il n’a pas échappé à M. Jospin nistre a écarté une seconde voie, L’AFFAIRE est entendue, si la ré- tisme prévaut au Mouvement des forme du conseil supérieur de la torique de chaque ancrage que ce texte a reçu le soutien du défendue par l’AMF : « Substituer forme du Conseil supérieur de la citoyens dont 7 élus sur 8 s’étaient magistrature (CSM), Lionel Jos- particulier », rendant hommage président du Sénat, et le premier la responsabilité pénale de la col- magistrature (CSM) échoue, le abstenus sur la réforme du CSM. pin a de solides raisons de s’atti- au « sacerdoce républicain ». ministre a pris soin, mercredi, de lectivité [commune, département, 24 janvier, ce sera... la « faute à la Georges Sarre (MDC, Paris) hausse rer les bonnes grâces des parle- lui en accorder la paternité... La etc.] à celle de l’élu ou de tout droite ». Si le projet de loi constitu- les épaules : « Qu’est-ce que ça mentaires – et notamment celles « RÉFLEXION APPROFONDIE » situation actuelle justifie, selon autre décideur public. » Une telle tionnelle ne recueille pas les trois- change, au fond, ce texte sur la res- des sénateurs de droite, dont le Les élus qui redoutent d’être M. Jospin, que l’on engage « une réforme transfèrerait au juge pé- cinquièmes des suffrages néces- ponsabilité des magistrats ?... » vote sera décisif. Le premier mi- mis en examen pour des acci- réflexion approfondie sur la notion nal de larges compétences dans le saires, à Versailles, on saura d’où Encore un petit effort. La mi- nistre n’est donc pas arrivé les dents dont ils ne sont pas directe- même de faute involontaire ». Ac- domaine de l’administration et viennent les défaillances. «A nistre de la justice reçoit régulière- mains vides, mercredi 24 no- ment responsables ont entendu tuellement, a-t-il déploré, il suffit aboutirait, selon lui, à une « pé- gauche, les élus ont compris que le ment à sa table des élus de la majo- vembre, au congrès de l’Associa- M. Jospin leur dire : « Le gouver- qu’il y ait une faute, fût-elle de né- nalisation supplémentaire » de la texte sur le CSM était un volet impor- rité « plurielle » comme, par tion des maires de France (AMF) : nement est déterminé à répondre à gligence, de maladresse ou d’im- vie publique. Elle risquerait aussi tant de la réforme de la justice », exemple, Louis Mermaz, mardi dans son discours devant six mille votre inquiétude et à le faire rapi- prudence, qu’il existe un lien de d’entraîner « un affaiblissement soupire, soulagé, André Vallini (PS, 23 novembre. Le soir même de l’an- maires, il a annoncé qu’il engage- dement. » Il s’est engagé à ce que causalité même très lointain entre du sens de la responsabilité per- Isère), rapporteur du projet de loi nonce de la démission de ra « rapidement » une réforme de « des mesures, y compris d’ordre cette faute et le dommage causé sonnelle » des élus locaux. Le pre- sur les liens chancellerie-parquet. M. Strauss-Kahn, le 2 novembre, le la responsabilité pénale des élus, législatif (...), soient effectives pour que l’infraction soit consti- mier ministre préfère « améliorer Voter contre la réforme d’Elisabeth député de l’Isère s’était ému que la tout en refusant une fois de plus – avant les prochaines élections mu- tuée ». Or « beaucoup pensent les procédures de transaction, de Guigou, ce serait mettre à mal tout présomption d’innocence soit ainsi au nom du « principe d’égalité de nicipales », au printemps 2001. qu’il convient d’opérer une distinc- médiation, ainsi que les voies ci- l’édifice. La balle est donc dans le mise à mal, lors du bureau national tous devant la loi » – de leur ac- Dès la remise à Elisabeth Guigou, tion entre la faute qui cause direc- viles et administratives » pour as- camp de l’opposition : « C’est le fes- du PS. Il est clair, désormais, que le corder un statut dérogatoire au mi-décembre, des premières pro- tement un dommage et celle qui ne surer la réparation des préjudices. tival des hypocrites. Le plus hypocrite projet de loi sur la présomption droit commun (Le Monde du positions de Jean Massot, le le cause qu’indirectement ». Il a De son côté, le président de l’As- de tous, c’est Patrick Devedjian [RPR, d’innocence, qui sera examiné en 25 novembre). conseiller d’Etat chargé de propo- préconisé que dans ce dernier cas, semblée nationale, Laurent Fa- Hauts-de-Seine] quand il dit que la seconde lecture, en février, sera lar- Cette intervention est un des ser des solutions à la question de « seule la faute lourde soit retenue bius, devait préciser, jeudi, de- réforme de Chirac a été trahie ! », gement enrichi. La rapporteuse éléments de la préparation du la responsabilité pénale des déci- vant l’AMF, qu’il faut « clairement s’agace M. Vallini. Et il ironise : Christine Lazerges (PS, Hérault) vote du Congrès le 24 janvier sur deurs publics (Le Monde du séparer ce qui relève de la faute « Ceux qui ne veulent pas dire “non” travaille sur « plusieurs pistes » avec la réforme de la justice, re- 25 novembre), la ministre de la La proposition personnelle et volontaire de ce qui à une réforme voulue par Chirac la chancellerie. Il s’agirait, notam- connaît-on à Matignon. Aussi, le justice élaborera des mesures. Le concerne un dysfonctionnement choisiront peut-être de ne pas venir, ment, comme l’a laissé entendre le chef du gouvernement a-t-il soi- gouvernement envisage de réin- du Sénat collectif ou involontaire ». car seules les voix des présents seront premier ministre (lire ci-contre), gneusement préparé un discours tégrer – sous forme d’amende- prises en compte ! » d’intégrer dans le texte certaines destiné à faire oublier les propos ments à son projet de loi sur la Soutenue par le président du MARCHANDAGES La réforme du CSM est sur la propositions du groupe de travail abrupts qu’il avait prononcés à présomption d’innocence, exami- Sénat et citée par le premier M. Jospin s’est aussi montré bonne voie, juge, de même, la pré- présidé par Jean Massot. Léognan, le 13 octobre, devant né prochainement en deuxième ministre comme une base de nettement plus ouvert sur la créa- sidente de la commission des lois de Le travail pédagogique s’élargit l’Association des petites villes de lecture au Sénat – les mesures discussion sérieuse, la proposition tion d’un statut de l’élu, qui devra l’Assemblée, Catherine Tasca (PS). même... aux assistants parlemen- France (APVF). Il a même eu préconisées dans la proposition de loi déposée, le 7 octobre, par être étudié « avec une particulière « Les choses évoluent dans un calen- taires. Vendredi 26 novembre, ceux- Pierre Fauchon, sénateur (Union attention » par la commission de drier assez clair. On a, d’un côté le ci sont conviés à une séance de for- centriste, Loir-et-Cher) vise à décentralisation confiée à Pierre projet de loi organique sur le statut mation « première classe » animée modifier la définition de la Mauroy, sénateur (PS) du Nord, des magistrats que la chancellerie par le directeur de cabinet de responsabilité pénale pour une et maire de Lille. S’il reconnaît nous transmettra la semaine pro- Mme Guigou, Christian Vigouroux. faute non intentionnelle. qu’il a « ouvert le débat », Jean- chaine ; de l’autre, les annonces du La rencontre est organisée par b Code pénal. Le code définit Paul Delevoye (RPR), président premier ministre sur la responsabilité l’Union syndicale des collaborateurs l’homicide involontaire comme de l’Association des maires de pénale des élus. On ne pouvait pas al- parlementaires – dont le secrétaire « le fait de causer, par maladresse, France, n’en maintient pas moins ler à Versailles sans connaître ces général, Eric Schmidt, est l’assistant imprudence, inattention, négligence les propositions de son organisa- deux volets. » « Le seul risque », de Christian Paul (PS, Nièvre), ou manquement à une obligation tion : « Lorsque Lionel Jospin parle ajoute-t-elle, c’est que « stratégique- fervent défenseur de la réforme de de sécurité ou de prudence imposée de la substitution de la responsabi- ment, la droite et le président – ou la la justice – et par le Cercle des assis- par la loi ou les règlements, la mort lité pénale de la collectivité à celle droite sans le président ! – aient déjà tants parlementaires, présidé par d’autrui ». Pour que l’infraction de l’élu pour rejetter cette solution, décidé de faire capoter la réforme ». Elsa Bertholet, assistante d’Henri soit retenue, il donc n’est pas nous nous disons toujours, à l’AMF, Bertholet (PS, Drôme). Il faut venir nécessaire qu’il existe un lien de qu’il faut augmenter la responsabi- ATTENTISME « nombreux », peut-on lire dans le causalité directe entre une faute, lité de la personne morale. La dé- A gauche, les élus inquiets ou bulletin d’inscription... Aucun détail fût-elle de négligence, et le décès rive vers la pénalisation de la vie hostiles n’ont pas encore jeté n’est négligé pour assurer le succès de la victime. publique doit être arrêtée », l’éponge, au moins pour la galerie. de la réforme. b Proposition. M. Fauchon ajoute-t-il. « On attend de voir le texte sur le sta- propose de modifier le code pénal M. Delevoye estime, par ail- tut des magistrats », explique Roger- Clarisse Fabre en intervenant à la fois sur la leurs, qu’il n’y a pas lieu d’envisa- Gérard Schwartzenberg (PRG), pré- définition de la faute et sur le lien ger un « donnant-donnant » entre sident du groupe RCV de l’Assem- de causalité. Le régime juridique les propos du premier ministre à blée, qui ajoute : « Elisabeth est ne serait pas modifié en cas de l’AMF et le débat sur la justice. entrée dans les idées qu’on a déve- causalité directe. En revanche, en Pour Daniel Hoeffel, sénateur loppées. » Son collègue Alain Tour- cas de causalité indirecte, la (Union centriste) du Bas-Rhin, et ret (PRG) n’est pas convaincu, loin responsabilité ne serait engagée vice-président par intérim de de là. Dans un texte intitulé « La que s’il y a « violation l’AMF, « le premier ministre a ou- responsabilité des magistrats, un manifestement délibérée d’une vert un dialogue républicain qui mythe », le député du Calvados dé- obligation particulière de sécurité n’implique pas qu’on se réponde, nonce « la dernière illustration de la ou de prudence imposée par la loi dans l’enceinte du congrès de pensée unique ». « Au contraire et de ou le règlement ». « Une simple l’AMF, par un oui ou par non », manière paradoxale, on peut soutenir imprudence ne constituerait donc mais les marchandages ont bel et qu’en créant ce droit de la responsa- plus un délit en cas de lien indirect bien commencé. bilité, on va donner aux magistrats entre cette imprudence et le une légitimité qu’ils n’ont pas (...). Ils dommage », explique M. Fauchon. Jean-Michel Bezat n’en deviendront que plus puis- et Béatrice Jérôme sants », poursuit-il. Le même atten- LeMonde Job: WMQ2611--0009-0 WAS LMQ2611-9 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 10:04 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2051 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / 9

Le Medef joue du calendrier social Le PEA et les emprunts russes au menu pour résister aux 35 heures du collectif budgétaire de fin d’année L’organisation patronale a fixé, mercredi 24 novembre, le calendrier Le projet de loi suscite une réserve du Conseil d’Etat de ses rencontres avec les syndicats. La renégociation de la convention Le projet de loi de finances rectificative précise les mo- apporte aussi des correctifs aux « contrats DSK » et aux er dalités de remboursement des emprunts russes – mo- PEA (plans d’épargne en actions), pour tenir compte de de l’Unedic ne pourra pas aboutir avant le 1 avril 2000 dalités qui font l’objet de réserves du Conseil d’Etat. Il la nouvelle donne européenne.

LES CHÔMEURS attendront. Il avenue Pierre 1er-de-Serbie pour gné par plusieurs personnalités, LE NOUVEAU MINISTRE de souscrit par l’Unedic. Il devra aussi n’a pas émis de réflexion suffisante n’y aura pas de nouvelle conven- que l’actuelle convention Unedic dont l’ancienne députée euro- l’économie et des finances, Chris- financer pour 7 milliards de francs pour que nous corrigions cet ar- tion de l’Unedic d’ici le 31 dé- puisse être au moins prorogée de péenne communiste Aline Paillé, tian Sautter, a présenté mercredi l’entrée en vigueur au 15 sep- ticle », a répondu M. Sautter. cembre, pas plus d’ailleurs que de quelques mois. Pour cela, il faut se l’actrice Fanny Cottençon, l’écri- 24 novembre devant le conseil des tembre de la baisse de la TVA sur Le collectif cherche également à renégociations pour les régimes de mettre autour d’une table et signer vain Dan Franck, le professeur ministres le traditionnel projet de les travaux d’entretien et les frais adapter aux réalités européennes retraites complémentaires. Ce qui un avenant. Faute de quoi, le gou- Léon Schwarzenberg, la pédo-psy- loi de finances rectificative de fin de notaire. Enfin, le déficit budgé- les « contrats DSK ». Ces contrats était prévisible est désormais deve- vernement serait obligé d’interve- chiatre Catherine Dolto ou les d’année. Déjà connu dans ses taire sera ramené à 234,2 milliards d’assurance-vie créés en 1997 par nu une certitude. A un mois de nir par décrêt pour gérer directe- groupes Zebda et IAM, il demande grandes lignes (Le Monde daté du de francs fin 1999, alors que le bud- M. Strauss-Kahn bénéficient d’un l’expiration de l’actuelle conven- ment le régime. Le Medef, qui « aux pouvoirs publics de réunir 25 novembre), ce collectif budgé- get prévoyait il y a un an qu’il serait système fiscal avantageux s’ils sont tion, qui lie le régime d’assurance- signera probablement cet avenant, d’urgence employeurs, syndicats, as- taire réserve, cependant, plusieurs de 236,6 milliards de francs. placés au moins pour moitié en ac- chômage à l’Etat, les partenaires joue la montre et par la même oc- sociations de chômeurs (...) afin de surprises. tions et pour 5 % en valeurs à sociaux n’ont plus le temps, maté- casion avec les nerfs de ses parte- reconstruire un solide système de D’abord, le projet de loi modifie RÉALITÉS EUROPÉENNES risques, dans les deux cas fran- riellement, de se mettre d’accord. naires. « Même pour ça, nous protection sociale ». l’évaluation des recettes encaissées Le collectif prévoit par ailleurs çaises. Sous la pression de L’amélioration de l’indemnisation n’avons toujours pas de date », Martine Aubry, qui a dîné en pri- en 1999 par l’Etat. Celles-ci sont en l’indemnisation des porteurs d’em- Bruxelles, Bercy propose au- du chômage, qui devait être étu- s’angoisse Jean-Louis Walter, un vé, mardi soir, avec Jean Gandois, hausse de 13 milliards de francs par prunt russe, pour quelque 2,5 mil- jourd’hui qu’ils ne soient plus ré- diée notamment pour les jeunes, des responsables de la CGC. «Ce a abordé la question du parita- rapport aux estimations de la loi de liards de francs. Chaque porteur servés aux seuls titres français, est donc différée. Au mieux, les n’est pas acceptable. La moindre risme avec le prédécesseur de finances initiale. Par ailleurs, l’Etat recevra une indemnisation forfai- mais aux actions européennes. Par discussions à ce sujet aboutiront le des choses est que l’on puisse dis- M. Seillière, sans pour autant s’ex- a fait 25,4 milliards de francs taire de 800 francs. Il touchera, en ailleurs, le gouvernement déposera 1er avril 2000. Le Medef poursuit en cuter », renchérit Claude Jenet, primer publiquement sur le sujet. d’économies cette année, de ma- plus, une somme proportionnelle des amendements au collectif pour effet sa « grève » de la négocia- chez FO. Tout en jugeant Pour l’heure, la priorité de la mi- nière à respecter son objectif de au nombre de titres qu’il détient, tenir compte des conséquences des tion. « confuses » les intentions du Me- nistre est de respecter son propre progression des dépenses de 1 % en mais qui sera plafonnée. Les vic- fusions européennes sur la compo- Avec son projet de « Constitution def, la secrétaire générale de la calendrier sur les 35 heures. Le re- volume : l’inflation s’étant révélée times de spoliations bénéficieront, sition des plans d’épargne en ac- sociale », l’organisation patronale CFDT, Nicole Notat, met en garde cours devant le Conseil constitu- beaucoup moins forte que prévu, il de leur côté, d’un système d’in- tions (PEA). Ainsi, les Français qui a dans l’idée de bâtir de nouvelles le gouvernement, dans un entre- tionnel, que devrait déposer la a dû revoir ses objectifs à la demnisation par paliers avec taux ont reçu des titres Dexia Belgium règles du jeu à opposer à l’Etat. tien au Nouvel Observateur, contre droite, pourrait retarder de quel- baisse. dégressifs. Ce dispositif, que Bercy en échange de leurs actions Dexia Après en avoir énoncé le principe tout « populisme » qui consisterait ques jours l’entrée en vigueur de la Ce « matelas » sera utilisé pour qualifie d’« équitable », a attiré cer- France, au cours de l’OPE entre les (Le Monde du 3 novembre), son à « démontrer que l’on peut se pas- loi et mettre ainsi à bas la date faire face à des dépenses, pour un taines remarques du Conseil d’Etat, deux sociétés, pourront conserver président, Ernest-Antoine Seillière, ser de nous ». symbolique du 1er janvier 2000. total de 30,8 milliards de francs, qui qui doute de sa constitutionnalité, dans leur PEA leurs nouvelles ac- a précisé dans une lettre, mercredi n’avaient pas été prévues, comme en vertu du principe d’égalité de tions belges. 24 novembre, le calendrier. Des Isabelle Mandraud le remboursement par l’Etat d’un traitement des détenteurs de va- rencontres bilatérales, acceptées La CGT-chômeurs et Caroline Monnot emprunt de 10 milliards de francs leurs mobilières. « Le Conseil d’Etat Virginie Malingre par les cinq confédérations syndi- cales, auront lieu au siège du Me- a lancé un appel def. FO sera reçue le 1er décembre, la CFTC le 6, la CFDT le 10, la CGT au gouvernement le 17 et la CGC le 22. Ces dates ne doivent rien au hasard. La dernière pour un « Grenelle de entrevue se tiendra après le vote définitif à l’Assemblée nationale l’assurance-chômage » du projet de loi sur les 35 heures, attendu entre le 15 et le 21 dé- cembre. Dans un premier courrier Il n’y a pas que cela : les syndica- daté du 15 novembre, M. Seillière listes s’inquiètent aussi de l’avenir avait prévenu : la nouvelle conven- de certains dispositifs comme l’al- tion Unedic pourrait être discutée location de remplacement pour « au cours du premier trimestre l’emploi (ARPE, système de pré-re- 2000, dès lors que nous aurions l’as- traites contre embauches) et les surance que la signature des parte- conventions de coopération (une naires sociaux est pleinement res- aide aux employeurs pour l’em- pectée par les pouvoirs publics ». bauche des chômeurs de longue L’organisation patronale, qui durée) qui arrivent tous à s’apprêterait à se retirer des orga- échéance au 31 décembre. nismes de Sécurité sociale, mène la Les associations de chômeurs danse. Jusqu’au dernier moment, n’ont pas attendu pour réagir. Les le Medef se sert de l’assurance- collectifs AC !, APEIS et MNCP ont chômage pour faire pression sur prévu une manifestation nationale les 35 heures. Il continue à récla- à Paris le 11 décembre et réclament mer l’application de tous les ac- « l’ouverture immédiate des négo- cords de branche, y compris celui ciations ». De son côté, la CGT- de la métallurgie qui ne rentre pas chômeurs vient de lancer un appel dans le cadre de la loi. Embarassés, au gouvernement pour un « Gre- les syndicats comptent se rendre nelle de l’assurance-chômage ». Si- Nouvelle manifestation contre le système du « forfait jour » QUINZE ANS ? Peut-être Deleu, le président de la CFTC, vingt ?.. Jean Meyer, le président ont défilé à côté de M. Cazettes de de l’Union régionale CFE-CGC la place Saint-Michel à l’Assem- d’Alsace, ne se souvient plus très blée nationale, où débute le 30 no- bien de la dernière fois où il a vu vembre l’examen en deuxième lec- autant de militants de son organi- ture du projet de seconde loi sur sation dans les rues de la capitale. les 35 heures. Derrière, on notait Mercredi 24 novembre, les cadres la présence « symbolique » de de la CGC étaient plusieurs cen- Joëlle Charuelle, la nouvelle secré- taines venus d’Ile-de-France, de taire générale de SUD-PTT, et de Bretagne ou du Pas-de-Calais Gérard Gourguechon, porte-pa- pour défiler avec les syndicalistes role de l’Union syndicale Groupe de la CGT, de la CFTC et de des dix (autonomes, dont SUD). l’Union parisienne des syndicats de la métallurgie (UPSM) CFDT « PRATIQUES INADMISSIBLES » contre l’article 5 de la seconde loi Avec Martine Aubry, appelée à sur les 35 heures. la démission par les militants de la Ce texte, qui entraînerait, selon CFTC, Nicole Notat, secrétaire gé- le président de la CFE-CGC, Jean- nérale de la CFDT, n’a pas échap- Luc Cazettes, un « retour à l’escla- pé aux critiques des manifestants, vage » des cadres s’il était voté en reprenant en cœur le slogan « Au- l’état, prévoit un forfait de bry-Notat, même combat ». La 217 jours maximum par an, sans CFDT, qui ne s’est pas associée à référence à un horaire maximum cette journée, considère en effet journalier, pour les cadres qui ne que l’article 5 sur les cadres est sont ni dirigeants ni intégrés à une « un acquis » et qu’il est désormais équipe. Un mois après une pre- de la responsabilité des syndicats mière manifestation organisée le de pallier « par la négociation » les 12 octobre à Paris, la CGC, la CGT faiblesses de la loi. et la CFTC ont donc à nouveau Une ambition qui fait sourire les battu le pavé parisien pour récla- manifestants et une partie de la mer un décompte horaire du CFDT : pour le secrétaire général temps de travail, qui éviterait aux de l’UPSM-CFDT, Marc Brétteil, cadres le risque de subir des on ne peut accepter « qu’une loi « journées sans fin ». « Le gouver- vienne légaliser des pratiques patro- nement demeure intraitable, sou- nales inadmissibles ». « Une appli- pire M. Cazettes. Il a dû faire l’ob- cation maximaliste de la loi pour- jet d’un forcing effréné du patronat. rait conduire 150 000 salariés de la Il n’admet pas de revenir en arrière, métallurgie en Ile-de-France à pas- Martine Aubry étant elle-même très ser au régime du forfait jour », sans têtue. » aucune garantie que la négocia- En tête du cortège parisien, qui tion limite « les dérives déjà a rassemblé 6 000 personnes selon énormes » constatées dans les en- les organisateurs, 3 000 selon la treprises, affirme le syndicaliste. police, Bernard Thibault, secré- taire général de la CGT, et Alain Alexandre Garcia LeMonde Job: WMQ2611--0010-0 WAS LMQ2611-10 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:50 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2052 Lcp: 700 CMYK

10 / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 FRANCE

François Fillon appelle à son tour le RPR Les chefs de parti à choisir Michèle Alliot-Marie pour présidente viennent soutenir Six députés chiraquiens tentent de secourir Jean-Paul Delevoye leurs candidats à Paris Les deux candidats éliminés au premier tour de credi 24 novembre, à Michèle Alliot-Marie, qui cherchent de leur côté à mobiliser les abstention- l’élection du président du RPR, Patrick Devedjian s’est engagée à les associer à la future direction du nistes – près de 37 % des adhérents –, ainsi que les e et François Fillon, ont apporté leur soutien, mer- mouvement. Les partisans de Jean-Paul Delevoye militants qui se réclament du « gaullisme social ». L’élection dans le 20 arrondissement sera un test APRÈS Patrick Devedjian, Fran- lon eux par le sénateur du Pas-de- cond tour, lui, est « ouvert ». « Rien à-vis d’Alliot-Marie ». Le député de À QUELQUES jours de son pre- qui importe dans la vie, ce n’est pas çois Fillon a apporté son soutien, Calais, afin d’éviter un désistement n’est joué, tout est possible. » Il y a Saône-et-Loire estime qu’il ne faut mier tour, qui aura lieu le 28 no- l’endroit d’où l’on vient, c’est l’en- mercredi 24 novembre, à Michèle plus lourd de conséquences que ce- une réserve d’abstentionnistes. pas que « faire de l’arithmétique ». vembre, l’élection législative par- droit où l’on va », a commenté Alliot-Marie pour le second tour de lui de M. Devedjian. Arrivé en troi- « Personne n’est propriétaire de ses « Si le vote se fait sur les personnes, tielle du 20e arrondissement de M. de Villiers sous les yeux de l’an- l’élection du président du RPR. A la sième position le 20 novembre, voix. » « Les élus doivent s’impli- le second tour prolongera le premier, Paris a pris sans équivoque une al- cien préfet du Var Jean-Charles différence de son collègue des M. Fillon avait en effet recueilli quer », ont plaidé, tour à tour, ces mais si c’est un vote plus politique, lure de test national. La preuve en Marchiani. Hauts-de-Seine, qui s’était déter- 12 497 voix, soit 24,48 % des suf- jeunes députés, en insistant sur le cela peut bouger », estime-t-il. est qu’en l’espace de quelques jours A gauche, Robert Hue a choisi un miné tôt dans la matinée (Le frages, alors que le retard de fait qu’ils ne sont « pas des conseil- Absent de l’Assemblée nationale, nombre de dirigeants des princi- registre plus discret que le meeting Monde du 25 novembre), le député Mme Alliot-Marie sur M. Delevoye lers » – les « conseillers » du chef où les trois autres candidats n’ont paux partis politiques sont venus pour soutenir le candidat du PCF, de la Sarthe a attendu le journal de n’est que de 2 067 voix. C’est ainsi de l’Etat avaient été récusés par cessé de se côtoyer lors de la dans la 21e circonscription pour Pierre Mansat, en se rendant dans 20 heures de France 2 pour faire que, dans la matinée, six députés Mme Alliot-Marie. Ultime argu- séance des questions au gouverne- soutenir les compétiteurs. Le RPR sa permanence, mercredi. La veille, connaître la décision qu’il avait très proches de Jacques Chirac an- ment, avancé par M. Gaymard : ment et dans les couloirs, M. Dele- fait, seul, exception à cette règle. Dominique Voynet, ministre de prise en faveur de Mme Alliot-Ma- nonçaient une conférence de « Le PS ne souhaite pas que Jean- voye accueillait, pendant ce temps, N’ayant pas de représentant dans l’aménagement du territoire et de rie. « Elle incarne plus le renouvelle- presse pour l’après-midi. Il s’agit de Paul Delevoye soit élu. C’est plutôt le premier ministre au congrès de ce scrutin, et n’ayant investi per- l’environnement, s’est félicitée de ment et la modernité et elle me François Baroin, Philippe Briand, bon signe. » l’Association des maires de France. sonne, le parti de Jacques Chirac « respirer l’odeur d’un préau semble plus apte à continuer l’effort Hervé Gaymard, Christian Jacob, Bien qu’il se soit mis en congé de la s’est tenu prudemment à l’écart d’école » lors d’une réunion pu- de démocratisation », a affirmé Renaud Muselier et Didier Quen- « LIGNE LIBÉRALE » présidence de l’AMF, M. Delevoye d’une campagne où, calculait-il, il y blique au côté du candidat des M. Fillon. La députée des Pyré- tin, auxquels s’était joint le balla- Dominique Perben, l’un des s’est montré très actif pendant ce avait plus de coups à prendre que Verts, Denis Baupin. nées-Atlantiques, a-t-il précisé, lui durien Georges Tron. principaux artisans de la campagne congrès. Jeudi, en fin de matinée, de motifs de satisfaction à attendre. Mercredi soir, enfin, Michel Char- a apporté des « garanties » pour La réunion a pris des allures de de M. Delevoye, était absent de c’est de son bureau improvisé au Seule Nicole Catala, députée et zat, candidat socialiste et favori du que la sensibilité séguiniste sauve-qui-peut. Elle a consisté à cette réunion. Ses déclarations du Parc des expositions de la porte de présidente du comité départemen- scrutin, a accueilli Robert Badinter, conserve « sa place au cœur du développer tous les arguments lendemain du premier tour avaient Versailles qu’il devait répondre à tal de la fédération RPR de Paris, Ségolène Royal, ministre déléguée mouvement ». M. Fillon a enfin ob- classiques avant un second tour été jugées trop agressives, voire M. Fillon. Puis, dès vendredi, il était présente, mardi 23 novembre, à l’enseignement scolaire, et les res- servé que « tous ceux qui ont voulu qui s’annonce serré. M. Delevoye contre-productives. Il avait déclaré consacrera son premier déplace- au côté de Didier Bariani (UDF) ponsables du PS parisien lors d’une mouiller le président de la Répu- « incarne la rénovation ». Il était que la candidature de Mme Alliot- ment à la fédération du Var, où il pour lui apporter « le soutien de la réunion publique. Bertrand Dela- blique dans cette élection lui ont « inconnu avant l’été », donc son Marie s’inscrivait dans « la conti- n’est arrivé qu’en troisième posi- fédération RPR ». Les autres, tous noë, président du groupe socialiste rendu un mauvais service ». résultat du premier tour n’est pas si nuité de la ligne libérale de Nicolas tion et où les voix recueillies par les autres, ont fait le déplacement, du Conseil de Paris, dont les rela- Toute la journée, pourtant, les mauvais. C’est « un homme nou- Sarkozy », en ajoutant que « les mi- MM. Devedjian et Fillon ont repré- s’appliquant même parfois à faire tions avec M. Charzat sont exé- partisans de Jean-Paul Delevoye veau pour une phase nouvelle ». Il litants qui ne se sentaient pas à l’aise senté plus de 46 % des suffrages. taire pour l’occasion leurs disso- crables, et Daniel Vaillant, maire du n’ont pas cessé de mettre en avant fait « la bonne synthèse entre les li- dans un RPR libéral, bourgeois et nances internes. 18e arrondissement et ministre « le gaullisme social », incarné se- béraux et les séguinistes ». Le se- droitier auront la même réaction vis- Jean-Louis Saux chargé des relations avec le Parle- RAPPROCHEMENT TACTIQUE ment, avaient auparavant retrouvé On a pu ainsi voir, mardi soir, M. Charzat dans un café de la place dans le gymnase de la rue de la Bi- Gambetta, dans l’espoir d’effacer, dassoa, François Bayrou et Alain le temps d’une soirée, le trauma- Madelin assis à la même tribune, ce tisme de la démission de Jean-Ma- qui ne leur était pas arrivé, pour rie Le Guen de la tête de la fédéra- une campagne électorale, depuis tion de Paris. Mais aussi de fort longtemps. La brouille des préparer, en apparté, sa succession. deux hommes, qui avait provoqué Le nom de François Dagnaud, se- l’éclatement de l’UDF après les crétaire de la section socialiste du élections régionales de 1998, fait 19e arrondissement, est évoqué. place aujourd’hui à un rapproche- M. Le Guen, justement, était lui ment tactique. Tactique ne signifie aussi au rendez-vous. « C’est mon pas pour autant affection : pressé dernier meeting. Après ça, je ne me de partir, le président de Démocra- défonce plus pour des gens qui ont tie libérale n’a côtoyé celui de entretenu contre moi une campagne l’UDF, arrivé en retard, que pen- de calomnie », expliquait-il sombre- dant dix petites minutes, le temps ment. Sous le préau de l’école de d’assurer M. Bariani qu’« il n’y a pas l’avenue Gambetta, au premier de combat perdu d’avance ». rang de l’assistance, il a écouté les Mercredi, dans la même salle, le discours de Jean-Bernard Bros RPF Jean-Louis Arajol avait réussi à (PRG), de Georges Sarre (MDC) et convaincre Philippe de Villiers, de Bertrand Delanoë. Mais il a os- vice-président du Rassemblement tensiblement quitté la salle avant pour la France, qui n’a guère prisé que M. Charzat ne prenne la pa- l’investiture de l’ancien syndicaliste role. policier jusqu’à présent étiqueté à gauche, de venir le soutenir en Cécile Chambraud compagnie de Charles Pasqua. «Ce et Pascale Sauvage Lionel Jospin progresse dans les sondages LA COTE de popularité du premier ministre Lionel Jospin est en hausse, en dépit de la démission de Dominique Strauss-Kahn, ministre de l’économie et des finances, et des turbulences corses. Selon l’IFOP (sondage réalisé du 12 au 19 novembre auprès de 1 812 personnes pour le Journal du Dimanche du 21 novembre), le premier ministre progresse de 4 points, avec 56 % de satisfaits (contre 34 % de mécontents), tandis que Jacques Chirac est stable, à 58 % de satisfaits. Selon BVA (enquête réalisée du 18 au 20 novembre auprès de 926 personnes pour Paris- Match du 25 novembre), M. Jospin progresse de 3 points, à 59 % de sa- tisfaits, alors que M. Chirac baisse de 2 points, à 57 %. Selon Louis Har- ris (sondage réalisé les 19 et 20 novembre auprès de 1 001 personnes pour Valeurs actuelles), le premier ministre améliore sa cote d’un point à 59 % de bonnes opinions. Il est au même niveau que le chef de l’Etat, qui progresse de 4 points.

DÉPÊCHES a EXTRÊME DROITE : le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, s’est dit « profondément choqué et vivement indigné », mer- credi 24 novembre, par la décision de la Cour de cassation qui confirme notamment sa condamnation à un an d’inéligibilité (Le Monde du 25 novembre). Se référant à l’article 131-27 du code pénal, qui prévoit que « lorsqu’elle est encourue à titre complémentaire », l’inéligibilité « n’est pas applicable à l’exercice d’un mandat électif », M. Le Pen a affir- mé qu’il pourra conserver ses mandats de député européen et conseiller régional. a CNAF : le conseil des ministres a nommé, mercredi 24 novembre, Annick Morel au poste de directrice de la Caisse nationale des alloca- tions familiales (CNAF), sur proposition de la ministre de l’emploi et de la solidarité, Martine Aubry. Mme Morel, énarque de quarante-neuf ans, succède à Etienne Marie, qui a dirigé la CNAF pendant six ans. Pour la première fois depuis sa création, en 1967, la CNAF est dirigée par deux femmes, après l’élection, en mai, de Nicole Prud’homme à la prési- dence. a SÉCURITÉ SOCIALE : l’Assemblée nationale, qui examine, en deuxième lecture, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2000 (PLFSS), a commencé à rétablir, dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 novembre, le texte tel qu’elle l’avait voté en première lec- ture, rejetant l’essentiel des modifications apportées par le Sénat. Les députés ont ainsi rétabli l’article 2 portant sur la création du fonds de fi- nancement des allègements de charges sociales consentis aux entre- prises notamment dans le cadre du passage aux 35 heures. Ce fonds se- ra alimenté par des droits sur les tabacs, une cotisation sociale sur les bénéfices des entreprises, la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), les droits sur les alcools, et un versement de l’Etat. a CODIFICATION : l’Assemblée nationale a adopté définitivement, mardi 23 novembre, un projet de loi habilitant le gouvernement à re- courir aux ordonnances pour adopter neuf codes (Le Monde du 18 juin). LeMonde Job: WMQ2611--0012-0 WAS LMQ2611-12 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:00 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2054 Lcp: 700 CMYK

12 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999

ÉDUCATION Deux ans après l’an- sont contrastées. Si la violence s’est regroupement des élèves par niveaux violence ont obtenu des succès va- COLLÈGES DE PLUS DE 1 000 ÉLÈVES si- nonce par Claude Allègre d’un nou- globalement « stabilisée », la situation et une gestion « approximative » des riables. b Les témoignages d’élèves tués en zone difficile, considérés veau plan de lutte contre la violence en Ile-de-France continue de se dégra- sanctions sont particulièrement stig- sollicités par Le Monde reflètent l’ag- comme facteurs de violence, font l’ob- en milieu scolaire, les conclusions de der. b LE MANQUE DE STABILITÉ des matisés. b À LILLE ET À ARGENTEUIL, gravation des violences et les ex- jet d’un plan gouvernemental visant son évaluation par deux universitaires équipes pédagogiques, la pratique du deux collèges bénéficiant du plan anti- pliquent par le contexte social. b LES leur partition. La violence s’enracine dans les collèges et les lycées les plus sensibles L’évaluation du plan mis en œuvre par Claude Allègre depuis 1998 indique une stabilisation globale des violences, mais leur aggravation à Paris et dans sa banlieue. La deuxième phase de cette politique devrait se traduire notamment par une nouvelle réglementation en matière de discipline LA VIOLENCE est-elle devenue sonnel supplémentaire (5 282 raient liés en grande partie à «la que le milieu d’accueil possède déjà sie par certains collèges pour gérer d’agression à l’encontre des ensei- partie intégrante de la vie de cer- adultes, dont 4 728 emplois-jeunes) stabilité des équipes pédagogiques, une culture d’établissement ». C’est l’hétérogénéité des élèves. « Elle a gnants », la deuxième phase devrait tains établissements scolaires ? sur un petit nombre de collèges et élément primordial dans la lutte pourquoi le plan ministériel a pu pour conséquence de regrouper les globalement s’inscrire dans la Deux ans précisément après l’an- de lycées (400 établissements ré- contre la violence ». Lorsque le tur- porter ses fruits uniquement élèves par appartenances collectives continuité de la politique antivio- nonce officielle d’un nouveau plan partis sur neuf sites), afin d’éviter le nover des adultes est trop impor- lorsque les nouveaux emplois- (ethnicité, quartier, voire blocs d’im- lence lancée en novembre 1997. de lutte contre la violence à l’école, « saupoudrage » des moyens a-t- tant, un phénomène de caïdat se jeunes, conseillers principaux meuble), renforçant les oppositions La logique de zones et de et à quelques jours de la présenta- elle été pertinente ? La conclusion développe chez les élèves, dans la d’éducation, infirmières ou assis- de groupe, le sentiment d’exclusion et concentration des moyens devrait tion, par Claude Allègre, de sa de l’étude est en demi-teinte. mesure où « les gamins deviennent tantes sociales sont arrivés « dans les logiques amis-ennemis, eux- être maintenue avec la création de « phase 2 », l’évaluation des me- les seuls à connaître l’histoire de leur des équipes déjà structurées ». nous. » Ensuite, la gestion des sanc- sites supplémentaires et un nouvel sures gouvernementales confiée à UNE CULTURE D’ÉTABLISSEMENT collège ». On sait depuis longtemps Enfin, les universitaires re- tions « est souvent faite de manière apport d’emplois-jeunes et de per- Eric Debarbieux et Yves Montoya, Première constatation, qui peut que les enseignants ou les person- grettent que la perception du plan approximative ». Selon eux, « faire sonnels ouvriers et médico-sociaux. professeurs en sciences de l’éduca- apparaître comme « encoura- nels d’encadrement qui ont obtenu antiviolence sur le terrain se soit ré- la loi ne peut être le fait du prince, et Néanmoins les aides-éducateurs tion à l’université Bordeaux-II, geante » : « En un an la situation le Sud en milieu ou en fin de car- sumée à l’arrivée de personnels le flou ou l’absence de textes gé- – dont le rôle avait fait l’objet d’une montre à quel point ce phéno- s’est stabilisée », soulignent les au- rière y restent, que le sentiment supplémentaires. « Les aspects pé- nèrent un fort malaise sur le ter- étude critique dirigée par Bernard mène, qui mine l’institution sco- teurs de l’enquête, qui considèrent d’« ancrage » dans le nord de la dagogiques et éducatifs ont été large- rain ». Ainsi, dans les établisse- Charlot, professeur en sciences de laire, a pu s’enraciner. qu’« une politique nationale d’injec- France reste fort et que, au ment occultés. » Il en va ainsi de ce ments étudiés, seuls 18 % des l’éducation à Paris-VIII (Le Monde Augmentation considérable du tion de moyens supplémentaires est contraire, la région parisienne ac- que les auteurs de l’étude appellent collégiens trouvent justes les puni- du 30 avril) – devraient, cette fois- sentiment d’insécurité chez les justifiée ». Mais, ajoutent-ils, cueille de nombreux enseignants « le problème de la justice scolaire ». tions infligées. Enfin, le partenariat ci, disposer d’une formation spéci- élèves et les personnels, agressions « outre l’impossibilité de prédire si débutants qui demandent très vite Sous ce terme, les universitaires avec les différentes institutions (po- fique aux phénomènes de violence. plus fréquentes des enseignants cette stabilisation sera durable à en partir. Ainsi, il ne suffit pas pointent deux réalités qu’ils jugent lice, justice, etc.) et les acteurs so- En outre, une réflexion sur le ré- dans la classe, hausse du nombre (simple palier ou coup d’arrêt), le ni- uniquement d’ajouter de nouveaux « préoccupantes ». D’abord, la poli- ciaux, prôné au niveau national, gime des sanctions, le règlement de violences perpétrées en veau et la nature des violences (dé- moyens humains, « encore faut-il tique « de classes de niveau » choi- peine à se concrétiser sur le terrain. intérieur et la discipline devrait être groupe... En 1998, tous les indica- linquance de groupe) restent éle- engagée et déboucher sur de nou- teurs montraient une aggravation vés ». Deuxième constatation, si le UNE FORMATION SPÉCIFIQUE veaux textes réglementaires. Les de la violence dans les établisse- plan semble avoir eu un début Atteintes à la dignité, racisme, sexisme La «phase2» du plan antivio- enseignants devraient, quant à eux, ments sensibles (La Violence en mi- d’impact sur le climat scolaire et le lence devrait largement s’inspirer être invités à mener un travail pé- lieu scolaire, tome 2, ESF éditeur, niveau d’agressivité entre élèves et De nouvelles formes de violence, plus radicales, émergent dans des résultats de cette enquête, qui dagogique autour de la violence janvier 1999). enseignants, « la stabilisation les établissements scolaires : telle est la conclusion de Jacqueline n’a pas encore donné lieu à une pu- afin qu’elle devienne un sujet dont L’enquête réalisée par les univer- moyenne masque des disparités ex- Costa-Lascoux. Cette chercheuse au Centre d’études de la vie poli- blication officielle. « Notre premier on parle en classe à travers, notam- sitaires a eu pour objectif de déce- trêmement importantes entre les tique française, qui a participé au suivi du plan Allègre, relève ainsi plan a donné des résultats, mais nous ment, des livres ou des films. Enfin, ler ce qui, un an plus tard, avait sites ». Ainsi, Marseille et, dans une les atteintes à la dignité des personnes, le racisme, le sexisme, les ne devons pas baisser la garde », a dans chaque académie concernée, réellement changé dans les établis- moindre mesure, le Nord de la agressions sexuelles entre élèves, une collectivisation de la violence déclaré le ministre de l’éducation un « responsable site antiviolence » sements concernés par les mesures France, enregistrent une diminu- débouchant sur des phénomènes fascisants ou d’émeute. Selon elle, nationale, mardi 16 novembre, de- devrait être désigné. Il deviendrait ministérielles (à partir d’un échan- tion des actes de violence, alors que la violence des jeunes n’est plus seulement « réactionnelle », mais vant l’Assemblée nationale. Si un interlocuteur pour l’administra- tillon de treize collèges et lycées), Paris et sa banlieue « continuent à « fondamentale ». En face, les réponses répressives augmentent. Claude Allègre a d’ores et déjà an- tion centrale, qui pourrait ainsi en les comparant à des établisse- se dégrader de manière sensible ». Mme Costa-Lascoux propose de donner à chaque membre de la noncé qu’il déposera prochaine- mieux mesurer les réalités du ter- ments de même type mais non in- « C’est là que le bât blesse », in- communauté éducative une fonction dans la lutte contre la vio- ment un projet de loi « permettant rain. tégrés au plan antiviolence. L’idée siste Eric Debarbieux. Pour les uni- lence, de recourir à un travail pluridisciplinaire et civique, et à des au ministre de l’éducation nationale de dégager massivement du per- versitaires, ces écarts régionaux se- sorties plus fréquentes du quartier. de se porter partie civile en cas S. Bl. A Lille, la remise à flot de Jean-Macé, collège ivre A Argenteuil, un lourd travail d’équipe face aux carences sociales LILLE l’image que les élèves ont d’eux- seau d’éducation prioritaire (REP), MAGALIE hésite sur le terme à Pour tenter de faire face à l’ab- demeure « un problème majeur », de notre envoyée spéciale mêmes qui a évolué considérablement en janvier, a conforté la dotation ho- employer. « C’est un fossé. » Elle se sentéisme, aux violences verbales professeurs et personnels d’enca- Avant, les chaises fusaient du et a permis d’avancer. » raire du collège et tissé des liens avec reprend : « Non, c’est un gouffre qui « quotidiennes », à l’insolence, au drement se félicitent de l’émer- deuxième étage, pour s’abattre sur Les débuts ont été modestes. «Il les écoles primaires. existe entre ici et les banlieues refus d’autorité des élèves et aux gence « d’un travail en équipe ». les adultes de passage en contrebas ; fallait recréer des liens avec les élèves, « Je suis optimiste, confie Carole chics. » Avant d’obtenir son pre- débordements « ponctuels », les L’énergie est revenue, les projets et s’intéresser à eux », dit Mme Rigal, Macchi, la conseillère principale deux CPE s’attachent, depuis le dé- les sorties pédagogiques ont repris, REPORTAGE s’excusant de parler de « ces choses si d’éducation (CPE). On a la preuve REPORTAGE but de l’année à « rappeler les règles des mesures alternatives au conseil On respire mieux dans banales ». S’intéresser à « eux », qu’on peut faire quelque chose avec « Les parents sont de base, les règles de vie » et l’échelle de discipline ont été instituées. donc, parce que, concède un ensei- ces enfants, même si leurs difficultés des sanctions. « On ne laisse rien Qu’ils s’agissent des enseignants, cet établissement où gnant, « on avait un peu oublié dans sociales sont toujours là. On a réussi à dépassés et disent passer, c’est le seul gage d’efficaci- des CPE ou des assistantes sociales, les rapports étaient ce collège qu’il y avait des élèves ». instaurer une confiance. Il faut main- à l’école : “Faites, té », raconte Magalie. Face à des tous évoquent « une parole suffi- « régis par la haine » Ceux-là méritent pourtant une at- tenant parvenir à leur donner le senti- moi je ne peux pas” » jeunes qui ne parviennent pas à se samment ouverte », « une volonté tention particulière. Sur 500 élèves, ment d’appartenir à une collectivité. » projeter dans l’avenir, face à quel- d’agir dans l’immédiateté ». « Ici, un la moitié ont des parents au chô- La suite, Marie-Renée Rigal l’envi- ques « cas lourds » d’élèves en si- prof qui a un problème avec un élève, les enseignants recevaient des balles mage, 40 % sont issus de familles sage modestement. Elle aimerait mier poste de conseillère principale tuation de violence extrême et au c’est une normalité. On peut dire : de ping-pong enflammées, ou des monoparentales, 70 % ont fait une que le ministère de l’éducation aille d’éducation (CPE) au collège Eugé- bord de la déscolarisation, appa- “Avec lui, je n’y arrive pas” », se féli- gifles ; les élèves allumaient des feux demande de bourse, une soixantaine plus loin, forme mieux ses ensei- nie-Cotton d’Argenteuil (Val- raissent les limites du collège pour cite un professeur de mathéma- dans l’établissement, arrivaient mas- sont suivis par les assistants sociaux. gnants, lui donne une deuxième d’Oise), cette jeune femme a été tous. tiques. sivement en retard le matin, sor- CPE. surveillante dans des zones d’édu- Etablissement sensible classé taient à tout moment des classes, « JE SUIS OPTIMISTE » Confiante « parce qu’ici, dans le cation prioritaire (ZEP), mais aussi ZEP, Eugénie-Cotton – 960 élèves, « COUTEAUX, BOMBES LACRYMO » déboulaient à trente dans les secré- Les sanctions ont été réactivées et Nord, les gens ne baissent pas les au lycée Hoche de Versailles (Yve- dont 100 dans l’enseignement Pamela, Valentin et Samia, élèves tariats, vivaient dans les couloirs. justifiées, une charte de la vie bras », elle sait combien la réussite lines). Sa collègue Zohra, elle aussi « adapté » – installé au cœur des ci- de 3e et de 5e, racontent que le cli- Avant, les profs étaient fatigués, les commune élaborée. Classes-pou- est fragile. Son adjoint, ancien CPE pour la première fois, dit tés du Val-d’Argenteuil, a bénéficié, mat « s’améliore » et que « la men- adultes dépassés. Les enfants, dé- belles et classes d’élite, à la cohabita- commandant de sapeurs-pompiers, n’avoir « jamais connu de ZEP aussi grâce au plan antiviolence, d’un talité a changé », même si certains considérés, s’étaient rendus maîtres tion explosive, ont été cassées. Et dit que ces deux « missions » se res- difficile ». Pourtant rompue aux poste à temps complet d’assistante viennent toujours « avec des cou- des lieux, dans le bruit, continuel, et puis, géniale trouvaille, les horaires semblent, « parce qu’au bout il y a quartiers sensibles par son expé- sociale et de dix aides-éducateurs teaux et des bombes lacrymo », la fureur. A tel point qu’on ne les des 6es et 5es et des 4es et 3es ont été toujours une vie à sauver ». Mais il rience de pionne, Zohra a été « très (emplois-jeunes de l’éducation na- même s’il y a parfois « des départs sortait plus ni au musée ni dans les décalés : finies les bagarres dans une avoue lui aussi : « Quand on a réussi, marquée », en arrivant à Eugénie- tionale). La constitution d’une véri- de feu », et même si le racket fait entreprises. cour surpeuplée, les altercations on peut toujours retomber. » Ni avant Cotton « par les carences socio- table équipe médico-sociale y a été toujours l’objet d’une terrible loi du « La haine régissait les rapports dans les couloirs, les repas dans une ni après, pour ces responsables : seul économiques des familles ». « Les vécue comme un apport essentiel. silence. « La violence, c’est surtout adultes-enfants », résume Marie-Re- cantine rendue invivable par les jets comptent les petits pas de fourmi du parents, dit-elle, sont dépassés par « Je ne conçois pas de travailler dans dans la cour et devant le portail », où née Rigal. La principale du collège de projectiles en tout genre. Le pro- présent. leurs propres problèmes et disent à un établissement difficile sans une une bagarre entre élèves peut venir Jean-Macé de Lille a pris en 1997 les jet d’établissement a, lui aussi, l’école : “Faites, moi je ne peux telle équipe. Elle permet un véritable « d’un simple regard », explique Pa- rênes de cette bâtisse de briques commencé petit. En guise de volet N. G. pas.” » travail d’écoute et d’aide aux élèves mela. « C’est des questions d’hon- rouges située à quelques pas du bef- pédagogique, des objectifs simples : en difficulté », considère la princi- neur, de cité. Certains veulent se don- froi, un ancien lycée de jeunes filles que l’élève reste en place, lève le pale, Françoise Cadart. « Désormais, ner un image en se faisant respecter à la fausse allure tranquille d’établis- doigt avant de parler, dispose d’un on est tous les jours au fait. On nous par les coups. » Au-delà des pro- sement de centre-ville, avec son en- cahier. L’accueil des enfants et de signale davantage les situations et blèmes liés à leur environnement trée bourgeoise, ses coursives et son leurs parents, jugé prioritaire, a été l’on peut travailler en équipe avec les social, les élèves dénoncent « des jardin intérieur. En arrivant avec une revu. « On s’est dit qu’on ne pourrait enseignants et les conseillers d’édu- classes trop chargées », « un collège nouvelle équipe de direction « unie s’en sortir en travaillant seulement cation », expliquent Corinne et Ma- trop grand bourré de couloirs et de et solidaire », cette petite femme aux entre nous », poursuit Marie-Renée lika, qui se partagent le poste. portes » et « certains professeurs qui yeux clairs a trouvé un bateau ivre Rigal. Associations d’accompagne- ne nous écoutent pas beaucoup ». dont l’équipage et les passagers ment scolaire et maisons de quartier BOUFFÉE D’OXYGÈNE Du côté des adultes, la plupart re- criaient au secours tout en s’entre- travaillent avec le collège, jusque Quant aux dix aides-éducateurs, connaissent à quel point ces élèves déchirant, comme pour mieux cou- dans l’établissement. Francine, « ac- s’ils apportent une aide aux CPE réclament « de l’attention et de l’af- ler ensemble. teur de liaison sociale » employée par dans la surveillance des élèves, ils fection » et ne supportent pas la Aujourd’hui, après deux années un club de prévention, s’attache, un ont, de l’aveu même de la princi- moindre petite injustice. «En scolaires d’une patiente et difficile pied dans le quartier de Wazemmes, pale, « des difficultés à s’impliquer classe, tout repose sur un mélange remise à flot, le climat paraît enfin l’autre dans le collège, « à faire le dans la vie de l’établissement », diffi- d’autorité et de dialogue qui n’est pas apaisé. Depuis la rentrée 1999, de lien et baisser la température avant cultés en partie liées, pour certains, toujours facile », concède un profes- l’ouvrière d’entretien au professeur, que ça pète ». à un passé scolaire chaotique. Mais seur d’histoire-géographie. chacun respire mieux à Jean-Macé, Le classement du collège en le plus problématique demeure leur « L’école restera toujours fragile face comme si le travail collectif « zone expérimentale violence » a absence totale de formation pour aux coups de boutoir de son environ- commençait à payer. « Tout le ajouté une pièce importante à l’édi- répondre aux comportements des nement. Il faut prendre en compte ce monde se serre les coudes », explique fice : deux assistants sociaux à temps élèves. qui se passe à l’extérieur et faire une aide-éducatrice. Claude, un pro- plein, deux infirmières, onze aides- « Le simple fait d’injecter des avancer l’image de l’école dans la fesseur de mathématiques, deman- éducatrices. Ce choix du nombre in- moyens ne suffit pas à répondre à la tête des élèves », estime Mme Cadart. dait sa mutation depuis plusieurs quiète certains, soucieux que chacun violence. Il faut aussi développer des La principale se veut prudente. «Le années. Il ne partira plus : « On sait reste dans son rôle. Mais il répond à pratiques et des compétences profes- ressenti est différent, mais ce n’est désormais où l’on va. Et on a gagné en la même logique, « mettre des sionnelles spécifiques », martèle pas sûr que l’existant soit différent. » qualité de vie. » Comme lui, Colette, adultes à l’écoute des élèves ». Le plan Mme Cadart. Davantage que l’apport Les assistantes sociales et certains sa collègue d’espagnol, a repris, avec antiviolence a aussi permis de ren- de personnels supplémentaires, le professeurs ont la même phrase cet espoir confirmé d’amélioration, forcer le travail avec la police. Elle changement de direction intervenu pour résumer leur tâche : « On n’est « le goût de travailler différemment ». dispose désormais d’un service dé- en 1997 a été vécu par tous, adultes pas des magiciens. » Pour Annie, enseignante de lettres, dié aux établissements scolaires. En- et élèves, comme une bouffée une évidence s’impose : « C’est fin, l’inscription de Jean-Macé en ré- d’oxygène. Sans nier que la violence S. Bl. LeMonde Job: WMQ2611--0013-0 WAS LMQ2611-13 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:47 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2055 Lcp: 700 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / 13 Des élus marseillais dénoncent l’absence de mosquée et de lieu d’abattage rituel Ils réclament une politique plus active en faveur des musulmans Neuf conseillers municipaux ou d’arrondissement mar- criminations envers la communauté musulmane de la seillais d’origine maghrébine ont dénoncé, mercredi ville, notamment l’absence de mosquée et la dispari- 24 novembre, lors d’une conférence de presse, les dis- tion d’un lieu d’abattage rituel pour l’Aïd-El-Kébir.

MARSEILLE di 24 novembre, au cours d’une une société de protection animale. de notre correspondant régional conférence de presse, deux faits L’autre sujet d’indignation de ces Depuis l’immense succès du film graves qui révèlent une sérieuse élus de quatre mairies de secteur Taxi, la France entière imagine distance entre la réalité et l’image différentes est celui de l’absence de peut-être qu’à Marseille, modèle de la ville. mosquée. Marseille n’en compte urbain en vogue, les jeunes Premier sujet de leur colère : la toujours pas, à la différence de Pa- conducteurs de taxis peuvent être disparition de tout lieu d’abattage ris, Strasbourg, Lyon, Evry, Gre- aussi charmants que d’origine rituel pour l’Aïd-El-Kébir, ce qui noble ou Montpellier, qui est en arabe − comme celui qu’interprète place Marseille à l’arrière-garde du train d’en édifier une sur un terrain l’acteur Sami Nacéri. Dans la réali- pays, ne serait-ce qu’en terme de municipal. « C’est plus seulement les Noirs et les Arabes té, il n’y a pas – ou presque pas – de santé publique. Depuis 1988, les chauffeurs de taxi d’origine arabe, anciens abattoirs de Saint-Louis LIEUX DE CULTE CACHÉS comorienne ou asiatique à Mar- servaient aux familles marseillaises Les 200 000 musulmans pho- qui se font insulter, c’est tout le monde » seille. Mystère des transmissions qui égorgent le mouton à cette oc- céens doivent donc prier à Mar- familiales ou claniques : les licences casion. Or le site est dévolu à l’édi- seille dans des caves ou des locaux DES ÉLÈVES de collège et de ly- “Vous ne gagnerez rien avec ça.” c’est le manque de travail, le délivrées par la mairie, en accord fication de l’Ecole de la deuxième mis à disposition par les sociétés cée ont été sollicités par Le Monde Mais c’est en visant haut qu’on manque d’argent. Etre payé avec les organisations profession- chance, dont le maire de la ville, HLM, à moins qu’ils n’utilisent des pour témoigner des différentes montera, si on vise bas, on n’arri- 150 balles au noir pour travailler nelles de chauffeurs de taxi, Jean-Claude Gaudin (DL), devait hangars désaffectés. Pour ces élus formes de violence vécues dans vera à rien ! » de 10 à 20 heures dans un magasin, semblent inaccessibles aux jeunes poser la première pierre jeudi. La de la République, les excuses tou- leur environnement scolaire. Voici b Franck, bac pro : « Dans la ci- c’est pas normal. J’ai la rage au gens d’origine étrangère désireux mairie faisait savoir, jeudi 25 no- jours avancées sur la montée de leurs contributions, recueillies soit té, il suffit qu’on parle de quel- fond de moi. Les jeunes, ils n’ar- d’exercer cette profession. Tahar vembre, que le lieu pourrait encore l’extrême droite ou sur l’argent ve- oralement, soit par écrit. qu’un ou qu’on en regarde un, et rivent pas à dialoguer. La première Rahmani, conseiller municipal so- être utilisé pour la prochaine fête nu de l’étranger sont devenues in- ça commence. Les jeunes sont vio- réaction en cas de problème, c’est cialiste et directeur général de 3CI religieuse, en mars 2000. tolérables. D’autant que les projets COLLÈGE JEAN-MACÉ, LILLE lents parce qu’ils n’ont rien à faire, les armes et la violence. Nous, les (Association pour le conseil à la Mais rien n’est prévu au-delà, sérieux ne manquent pas. L’asso- b Alliance, 5e : « A la cantine, je ils se sentent rejetés. Il y a de plus filles, on va essayer de discuter, on création d’entreprise et à la coopé- alors que la décision de fermeture ciation Corail en a un dans ses car- me suis fait taquiner par des pro- en plus d’armes, ils copient sur les peut se taper, mais avec les mains ration internationale), le constate est prise par la municipalité depuis tons, auquel le groupe Bouygues a pos racistes. Je m’en fous un peu, Etats-Unis, des coktails Molotov, et les jambes, pas avec des armes. régulièrement. trois ans. Le préfet le reconnaît apporté son soutien. Et le tour de mais au bout d’un moment... Ça a des fusils à pompe, des gum-gum Un jour, je me suis tapée avec une Cette discrète discrimination est dans une lettre qu’il a adressée à la table monté par l’homme d’affaires tourné à la bagarre, mais on a été [NDLR : fusils courts à balles utilisés fille qui avait insulté quelqu’un de une de celles que neuf conseillers députée socialiste Sylvie Andrieux, Mustapha Slimani vient de recevoir collés tous les deux. En cours, il y par la police]. Les Etats-Unis, c’est ma famille. Un flic est venu et m’a municipaux ou d’arrondissement, le 9 novembre 1999 : « les perspec- l’appui de Dumez Méditerranée. avait un élève, Mohammed, qui le ghetto, c’est pire, mais ça va de- fait la misère, m’a insultée, m’a socialistes, communistes, UDF ou tives pour l’année prochaine sont « Nous ne demandons plus aux s’est fait exclure d’ailleurs. Je ne venir comme ça. Ils sont tous au fouillée, j’avais les larmes aux yeux. sans étiquette, tous enfants laïques toutefois très incertaines », d’autant élus de nous dire s’ils sont pour ou sais pas ce qu’il me voulait avec ses chômage. Ils voient les autres tra- Les flics se croient tout permis. Les de la communauté musulmane, que l’arrêté préfectoral de 1999 au- contre la mosquée, mais de nous dire ciseaux. Moi, je lui ai balancé une vailler. Ils ont la haine. Ça empire. profs, eux, ils sont souvent relous. ont décidé de dénoncer. Lassés de torisant l’ouverture de certains quelles sont les solutions pratiques chaise. Souvent, des enfants s’ex- Maintenant, les filles, elles Certains nous insultent. Nous la réputation un peu trop flatteuse sites dérogataires a été attaqué de- qu’ils proposent pour son édifica- priment au collège parce qu’ils ne crachent par terre, c’est des disent : “Espèce de poissonnière”, de Marseille, ils ont pointé, mercre- vant le tribunal administratif par tion », explique Tahar Rahmani, qui peuvent pas le faire à la maison : hommes. C’est le seul moyen de se “c’est quoi cette race ?”. Après, on souligne encore que sa commu- alors ils le font violemment. » défendre. C’est plus seulement les est obligé d’insulter, parce que le nauté d’origine est la seule à ne pas b Daki, 4e : « A tous les cours, il Noirs et les Arabes qui se font in- respect, ça se donne à deux. Les Opération anti-discrimination dans un bar marseillais avoir de centre culturel. Conseiller y a des insultes. On m’insulte. Le sulter, c’est tout le monde. » profs, ils se croient plus évolués UDF du premier secteur, Miloud prof ne dit rien. S’il répond, tout le b Eva, BEP : « Pourquoi ils ont parce qu’ils ont des diplômes. » Une opération anti-discrimination, menée pour la première fois Boualem, directeur de la « radio monde s’y met. » construit toutes ces cités, ces cla- b Vincent, 1re : « La violence au sous la houlette de la Commission départementale d’accès à la ci- multicommunautaire » Gazelle, in- b Marion, 5e : « Il y a des nou- piers autour de Paris ? Il y a le pé- lycée entre adultes et élèves existe toyenneté (Codac) des Bouches-du-Rhône, a permis de surprendre siste : « Cela ne date pas d’au- veaux arrivants qui se sont fait vi- riph, les gens vivent là, il y a le parce que le contact ne passe pas. un établissement marseillais, le Cactus Café. Vendredi 19 novembre, jourd’hui, et ni M. Vigouroux ni rer d’autres collèges et qui per- commissariat, l’école, le tabac, ils Un élève face à un professeur n’a en présence du substitut du procureur de la République, Danièle De- M. Defferre n’avaient reculé devant turbent tous les cours. Il faut n’en sortent jamais. Les jeunes, on pas la moindre chance d’avoir rai- mont-Piérot, le contrôle a mis en lumière « une vraie discrimination, les artifices pour cantonner les mu- séparer les perturbateurs. Il y a se retrouve entre nous, entre gens son. La violence n’est souvent que caricaturale », a indiqué le secrétaire général adjoint de la préfecture sulmans dans ces petits lieux de culte aussi des élèves qui ne se plaisent qui parlent la même langue, on fait verbale dans le lycée, mais, le chargé de la Codac, Pierre Grégoire, également présent. Deux cachés. Mais cela semble rester un pas au collège et vont raconter des bandes. Si un jour les jeunes 10 novembre, deux de nos cama- « clients » avaient été dépêchés à l’entrée du café, l’un noir, l’autre sujet tabou. Si on veut que la qu’il est pourri. » des cités veulent descendre sur Pa- rades se sont fait agresser, dont blanc. Au premier, les portiers ont répondu qu’il fallait réserver. Le communauté musulmane s’intègre, il ris, ça va être le feu. La galère en- l’un d’une balle de fusil à pompe. second s’est vu aussitôt ouvrir la porte de l’établissement. « Des di- faut lui donner sa fierté. » LYCÉE PROFESSIONNEL traîne la galère, on y prend goût. Je pense que si tout le monde était zaines de tables étaient libres », a précisé M. Grégoire. Le parquet MOULIN-FONDU DE NOISY-LE-SEC On traîne avec les copains, on à l’écoute d’autrui, la violence se- pourrait poursuivre les portiers et le gérant pour discrimination. Michel Samson b Yasmina, BEP : « En seconde fume un bedo [NDLR : un joint], on rait nettement diminuée. » générale, dans mon autre lycée, il y n’a plus envie d’aller en cours. b Cécile, BTS : « Il y a deux ans, a deux ans, quelqu’un s’est fait ta- C’est pas nous, personnes indivi- le lycée n’était pas encore classé en basser à l’extérieur. Il en est mort. duelles, qui allons changer le ZEP, la violence était visible, ba- Personne n’a levé le petit doigt. monde. On peut pas raisonner des garres dans les couloirs, agres- Plus ça va, plus ils sont petits, les gens qu’on connaît pas, et il faut sions, racket. Aujourd’hui, avec les jeunes concernés par la violence. pas se mêler de la vie des autres. » surveillants qui font des allées et Au collège, les petits bouchons, ils b Line, BEP : « Mon frère, par- venues, on se sent plus en sécurité. ont collé une prof sur une chaise et fois, il tourne en rond dans l’appar- J’ai eu peur après avoir été agres- ils ont commencé à la toucher, ils tement et il cogne les murs. La rage sée par deux jeunes qui voulaient voulaient la violer. Elle était en- le hante. Quand un jeune a vécu de l’argent dans le RER. Après cela, ceinte et elle a perdu son bébé. » toute sa vie dans une ambiance je ne pouvais plus me déplacer b Cécile, BEP : « Mon père, il stressée, c’est normal. C’est de gé- sans avoir peur. Mais cette peur, je voulait pas entendre parler du BEP, nération en génération. Comme l’ai maîtrisée avec le temps, je sen- il dit que c’est pourri, que c’est de mon père n’a jamais été une tais que l’agressivité et la violence la merde. Et la conseillère d’orien- crème... » montaient en moi. C’était une ma- tation, elle m’a cassée pendant nière de me protéger, mais cela de- deux ans, elle voulait m’envoyer en LYCÉE RENÉ-CACHIN, SAINT-OUEN venait dangereux. » secrétariat, elle disait que j’y arri- b Faïza, BEP : « La violence, verai pas en couture. Après, la prof c’est des règlements de comptes Propos recueillis par nous a cassé le moral. On voulait entre cités au lycée. Ou c’est si on Sandrine Blanchard faire du stylisme, elle nous a dit : se parle mal. Ce qui rend violent, et Nathalie Guibert La partition des « gros » collèges comme remède aux violences UNE PORTION de l’autoroute généraux qui ont en charge la l’assemblée départementale. Le dé- A 87 devait passer là, au pied des im- construction des collèges pourront partement du Vaucluse, qui prévoit meubles. L’abandon du projet a lais- en disposer pendant les deux pro- l’ouverture d’un troisième collège à sé un terrain vague. Début sep- chaines années. Sur le fond, la déci- Cavaillon en 2001, mène depuis six tembre, les 250 élèves de 6e du sion de « casser » les grands en- ans des études démographiques collège Louise-Michel de Clichy- sembles est plutôt consensuelle. En pour adapter sa politique immobi- sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont 1995, partant du principe qu’un éta- lière à l’évolution de la population fait leur rentrée dans les bâtiments blissement de 500 élèves «se scolaire. « Avec ou sans l’aide de préfabriqués qui y ont été installés contrôle mieux », François Bayrou, l’Etat, l’opération aurait été réalisée », pendant l’été. alors ministre, s’y était déjà engagé. assure-t-on au conseil général. La Cette « annexe provisoire » de Une promesse restée sans suite. construction d’un collège de quinze salles de cours, située à Seuls les chefs d’établissement dé- 700 élèves coûte entre 60 et 80 mil- « trois minutes en voiture et un quart fendent le maintien d’une taille cri- lions de francs ; l’aide de l’Etat d’heure à pied » de l’établissement tique estimée à 600 élèves. « En de- s’élève en moyenne à 10 millions de principal, est la réalisation concrète çà, des problèmes de gestion francs par opération. d’une partition de collège décidée apparaissent et l’offre de formation Les partitions auront aussi des ef- après les grèves de la fin 1998 contre – options, langues vivantes... – en pâ- fets sur la carte scolaire. « La nou- la violence. « On ne pouvait pas at- tit », assure le SNPDEN, principal velle répartition des élèves devra pré- tendre les trois ou quatre ans que né- syndicat de chefs d’établissement. server la mixité sociale », prévient cessite la construction du troisième l’inspecteur d’académie de la Seine- collège de Clichy-sous-Bois », assure « PRÉSERVER LA MIXITÉ SOCIALE » Saint-Denis. Théoriquement, il n’est Michèle Demorge, la principale de La plupart des départements n’ont donc pas question de profiter d’une Louise-Michel, qui accueille, cette donc pas attendu « l’impulsion » du partition pour se débarrasser des année encore, plus de 1 100 collé- gouvernement pour concevoir des élèves les plus difficiles. Les lieux li- giens. établissements « à taille humaine ». bérés devraient se transformer en Cette commune est l’une des seize Premier concerné avec quatre parti- classes fixes pour les 6e, en « espaces villes qui bénéficient des mesures tions prévues, le département de la de respiration », ou en salles desti- d’aide annoncées en juin par la mi- Seine-Saint-Denis va toucher 60 mil- nées au travail en petits groupes. nistre déléguée à l’enseignement lions de francs. Le conseil général es- Une telle amélioration des condi- scolaire, Ségolène Royal, pour lutter time à 300 millions le budget néces- tions de vie ne devrait toutefois pas contre la violence. L’Etat a affecté saire à la construction de trois toucher les collégiens d’aujourd’hui. 170 millions de francs (25,9 millions nouveaux établissements et à la re- A l’heure des inaugurations, la plu- d’euros) à ce plan qui vise à suppri- construction d’un quatrième. «La part auront quitté l’enseignement mer du paysage scolaire l’ensemble politique actuelle du ministère ne fait obligatoire. des collèges de plus de 1 000 élèves qu’accompagner le mouvement », as- situés en zone difficile. Les conseils sure Robert Clément, président de Stéphanie Le Bars LeMonde Job: WMQ2611--0014-0 WAS LMQ2611-14 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 10:12 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2056 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 SOCIÉTÉ Mme Guigou demande un rapport M. Juppé et les anciens trésoriers se renvoient sur la justice criminelle en Corse LA MINISTRE DE LA JUSTICE, Elisabeth Guigou, a annoncé, mer- la responsabilité des emplois fictifs du RPR credi 24 novembre, à l’Assemblée nationale, qu’elle allait deman- der au procureur général de Corse, pour le début 2000, un rapport sur le fonctionnement de la justice criminelle dans l’île. Mme Guigou a également demandé la constitution d’une « commission de ré- L’ancien premier ministre affirme qu’il « ignorait ces pratiques » flexion comprenant des magistrats corses, les services fiscaux, les douanes, les banques et Tracfin (agence française de lutte contre le Les récentes dénégations d’Alain Juppé au sujet l’enquête sur le financement du parti gaulliste à sabilité d’un « système » organisant la prise en blanchiment de l’argent sale), pour pouvoir cerner de plus près les de l’existence d’emplois fictifs au RPR pour- élargir ses investigations. Aucun des anciens di- charge de permanents du RPR par des entre- contours de la criminalité organisée en Corse ». La ministre a ajouté raient conduire le juge d’instruction chargé de rigeants interrogés n’a voulu assumer la respon- prises et par la Ville de Paris. qu’elle avait aussi « demandé aux magistrats parisiens et corses de réfléchir, au vu des suggestions du rapport de l’Assemblée nationale, PASSÉE SOUS SILENCE durant la municipalité parisienne qui tra- placent le juge Desmure face à une quelques cas », tout en précisant sur la façon d’améliorer encore la répartition des compétences entre la campagne pour l’élection du vaillaient autour de lui « avaient impasse, puisqu’aucun des tréso- qu’il n’avait « pas du tout connais- les magistrats parisiens et corses ». Par ailleurs, l’Elysée a fait parve- nouveau président du RPR, l’en- une activité réelle au RPR ». Au riers successifs du RPR mis en exa- sance de l’emploi d’un système ». nir, mercredi 24 novembre, au ministère de la justice, le courrier quête du juge d’instruction de juge Desmure, qui lui objectait que men dans cette affaire (Robert Interrogé à titre de témoin, le que les quatre juges antiterroristes avaient adressé au président de Nanterre (Hauts-de-Seine) Patrick plusieurs des emplois contestés Galley, Jacques Boyon et Jacques maire de Paris, Jean Tiberi – pre- la République pour dénoncer l’empiètement des commissions par- Desmure sur le financement du concernaient ses collaborateurs di- Oudin) n’a consenti à assumer la mier adjoint au moment des faits – lementaires sur les instructions dont ils ont la charge (Le Monde du parti semble avoir avivé certaines rects, l’ancien secrétaire général responsabilité des recrutements li- a indiqué qu’il « n’intervenait pas 25 novembre) dissensions au sein du mouvement (de 1988 à 1994) a certifié qu’il tigieux. dans les recrutements individuels ». gaulliste. Rapportées et com- « ignorait » que ceux-ci n’étaient Faute de responsable désigné, le mentées par les avocats des nom- pas salariés par le RPR, indiquant CONTRADICTIONS juge Desmure pourrait s’attacher à Les urgences de deux hôpitaux breuses personnes mises en exa- par exemple qu’il ne s’était « pas Expliquant que « le trésorier ne relever les contradictions conte- men – anciens cadres dirigeants du inquiété des conditions de rémuné- signait pas les contrats, ne décidait nues dans ces déclarations. Ses re- RPR et chefs d’entreprises –, les ré- ration » de sa secrétaire au siège pas et n’ordonnait pas les em- cherches pourraient aussi allonger parisiens sont en grève centes déclarations au juge de l’an- du parti, qui était en fait appointée bauches », M. Boyon a assuré avoir la liste des emplois contestés. Le cien secrétaire général, Alain Jup- par une société privée. Interrogé ignoré que sa propre assistante magistrat a posé, lors des dernières LE PERSONNEL des urgences de l’hôpital Saint-Antoine à Paris pé, ont suscité déception et sur le cas de Noredine Cherkaoui, n’était pas rémunérée par le RPR semaines, d’insistantes questions (12e arrondissement) poursuivait, jeudi 25 novembre, la grève en- amertume. salarié par la Ville de Paris de 1990 et mis en avant les responsabilité sur les fonctions de M. Stéfanini et gagée le 15 novembre. Les grévistes demandent 33 postes supplé- Après avoir laissé entendre, en à 1996 alors qu’il travaillait à ses des directeurs administratifs et fi- la situation du député du 9e arron- mentaires et des locaux mieux adaptés – prévus pour accueillir 1998, qu’il pourrait prendre sous sa côtés au siège du RPR, M. Juppé a nanciers du RPR, « hiérarchique- dissement Pierre Lellouche, affecté 80 personnes, leurs locaux en reçoivent en moyenne 132. Le syndi- responsabilité l’ensemble des in- simplement confirmé être « inter- ment subordonnés au secrétaire gé- au cabinet du maire de Paris de cat CGT de l’hôpital a appelé l’ensemble des salariés à se joindre au fractions reprochées au RPR en venu en faveur de cette demande », néral et au président » – soit, 1989 à 1993 en qualité de « chargé mouvement. Le personnel des urgences d’un autre établissement matière de prise en charge de per- émise selon lui par un élu du 18e ar- durant cette période, à MM. Juppé de mission ». Interrogé par Le parisien, l’hôpital Saint-Louis (10e arrondissement), s’est à son tour manents politiques par des entre- rondissement. « Je ne pouvais véri- et Chirac. Nommé à la trésorerie Monde, mercredi 24 novembre, mis en grève, mardi 23 novembre, pour protester contre ses condi- prises et par la Ville de Paris, l’an- fier son activité pour la Ville de Pa- en 1993, M. Oudin a, pour sa part, M. Lellouche a affirmé qu’il livre- tions de travail. Les urgences de l’hôpital intercommunal de Créteil cien premier ministre a exposé, ris », a-t-il ajouté. affirmé avoir eu « pour mission rait « toutes les réponses » si le juge (Val-de-Marne) sont aussi en grève depuis le 20 novembre. lors de son premier interrogatoire, Directeur de son cabinet au d’intégrer les personnes prises en souhaitait l’interroger – ce qui n’a le 10 novembre, une défense sen- RPR, Patrick Stéfanini était ap- charge par les entreprises » mais pas été le cas jusqu’ici. Le député, DÉPÊCHES siblement différente : il a non seu- pointé, lui, par l’inspection géné- n’avoir pas été informé de l’exis- dont le désaccord avec M. Tiberi a JUSTICE : le président du gouvernement de Polynésie fran- lement contesté l’existence d’« em- rale de la Ville de Paris. « Selon sa tence « de personnes prises en est notoire, a estimé que l’appari- çaise et sénateur RPR Gaston Flosse, 68 ans, a été condamné, plois fictifs » au RPR (Le Monde du secrétaire, M. Stéfanini était présent charge par les collectivités pu- tion de son nom n’était « pas mercredi 24 novembre, par le tribunal correctionnel de Paris, à 15 novembre), mais aussi assuré au RPR tous les jours sauf le lundi, a bliques ». Quant à l’ancien ministre neutre dans le climat qui règne ac- deux ans d’emprisonnement avec sursis, 100 000 francs d’amende qu’il « ignorait ces pratiques », ne fait observer le juge. Sa rémunéra- Robert Galley, il a formellement tuellement au sein de la majorité et un an d’inéligibilité dans une affaire de financement politique s’étant « pas investi dans la gestion tion par la Ville vous paraissait-elle contesté avoir eu connaissance parisienne ». M. Lellouche n’était par l’argent des jeux clandestins (Le Monde du 15 octobre). quotidienne du mouvement. » La justifiée ? ». « Oui, a répondu « de problèmes de rémunération par en tout cas pas mentionné dans le a Maurice Papon a été radié de l’ordre de la Légion d’honneur prise de distance de M. Juppé M. Juppé. Il avait participé aux des entités extérieures au RPR » ni rapport rendu le 17 avril 1998 par par arrêté publié, mercredi 24 novembre, au Journal officiel. L’an- pourrait inciter le juge à pour- séances d’investitures [pour les can- avoir jamais reçu des « instructions les policiers au juge Desmure, qui cien secrétaire général de la préfecture de Gironde, qui purge une suivre ses investigations, afin didats aux élections], qui se si- de mise en conformité » du person- concluait à l’existence « d’un sys- peine de dix ans de prison pour complicité de crimes contre l’hu- d’identifier les responsables de tuaient le soir, souvent très tard, ce nel du RPR que lui aurait adressées tème délictueux opéré avec l’aval manité, avait été fait commandeur de la Légion d’honneur en no- cette forme de financement clan- qui était donc compatible avec son M. Juppé. Seul l’ancien directeur de ses instances dirigeantes ». vembre 1962, alors qu’il était préfet de police de Paris. destin. activité à la Ville. » administratif Jacques Rigault a ad- a POLICE : un policier des renseignements généraux de Paris a Mis en examen pour « prise illé- Ces dénégations répétées mis qu’il avait eu « connaissance de Hervé Gattegno été suspendu, vendredi 19 novembre, pour avoir fourni des titres gale d’intérêt, recel d’abus de biens de séjour à une employée de maison marocaine exploitée par ses sociaux et d’abus de confiance », beaux-parents, en la faisant passer pour un informateur. Ce lieute- M. Juppé a affirmé n’avoir « pas été nant âgé de 47 ans avait été placé en garde à vue le 17 novembre informé des rémunérations [versées par l’Inspection générale des services à la suite d’une plainte dépo- à des cadres du RPR] par les entre- Les ménages les plus pauvres ont peu accès sée la veille au commissariat du 16e arrondissement de Paris par prises privées avant septembre l’employée de maison pour conditions de travail et d’hébergement 1993 » et avoir, d’autre part, tou- contraires à la dignité de la personne. jours considéré que les salariés de au logement social, selon une étude du Credoc LES 3,3 MILLIONS de Français personnes vivant à Paris, est deux à trois fois inférieure dans qui vivent dans des HLM vont 116 000 francs en province), mais cette région (12 %) à celle de la faire l’objet d’une enquête sociale 18 % des ménages dépassent ces Bretagne (22 %), la Basse-Nor- exhaustive dans les prochaines se- plafonds et 4,7 % (160 000 mé- mandie (31 %) ou Champagne-Ar- maines. Cette initiative n’est pas nages) acquittent un surloyer. dennes (33 %). une première. Le principe d’une L’Ile-de-France se distingue tou- Enfin, c’est aussi en Ile-de- enquête triennale a été instauré tefois nettement : 22 % des loca- France, et particulièrement à Paris par la loi du 4 mars 1996 rendant taires de HLM franciliens dé- et en proche banlieue, que le re- obligatoire le surloyer pour les lo- passent les plafonds de ressources nouvellement de la population cataires dépassant les plafonds de – 25 % à Paris – alors que ces der- dans les HLM est le plus faible. ressources. La première enquête niers sont plus élevés dans la ré- Une situation qui bloque l’accès nationale sur l’occupation du parc gion parisienne. Paris intra-muros aux logements sociaux des mé- HLM a donc été menée en 1997, et ses résultats furent publiés par le Centre de recherche pour l’étude Des élections soutenues par des spots télévisés et l’observation des conditions de vie (Crédoc) en mars 1998. Mais ils Les locataires des HLM sont appelés, depuis le 15 novembre et jus- n’avaient, à l’époque, fait l’objet qu’au 15 décembre, à élire leurs représentants aux conseils d’admi- d’aucune publicité. nistration des organismes. Ces élections ont lieu tous les trois ans et La nouvelle enquête est l’occa- concernent 290 offices HLM et 279 sociétés anonymes. Les adminis- sion, pour le Crédoc, d’exploiter trateurs représentant les locataires ont une voix délibérative au ces résultats. En plein débat poli- conseil d’administration des organismes HLM , ils participent au tique sur la relance de la construc- vote du budget et siègent à la commission d’attribution des loge- tion HLM et alors que le gouver- ments et à la commission d’appel d’offres. La participation des loca- nement s’apprête à prendre des taires à ces élections baisse de scrutin en scrutin : 30,2 % y avaient dispositions législatives pour participé en 1992, 27,7 % en 1996. Pour enrayer ce mouvement, contraindre toutes les communes l’Union des HLM et le ministère du logement cofinancent une cam- à accueillir des logements sociaux, pagne nationale d’information sur France 3 jusqu’au 1er décembre. cette intitative est plutôt bienve- Les dernières élections avaient surtout été marquées par la percée nue. du Front national, qui avait obtenu 17 élus dans la trentaine d’orga- C’est la première chose qui nismes (sur 600) où il présentait des candidats. frappe à la lecture de cette radio- graphie des 3,3 millions de mé- nages vivant en HLM : si plus d’un détient, en outre, le plus faible nages économiquement les plus Français sur dix, soit 13 % de la po- taux de ménages logés en HLM de fragiles puisque les « emménagés pulation, est logé dans le « parc la région (11,7 % des habitants, récents », en moyenne plus jeunes, social », cette proportion varie contre 22,2 % en Seine-Saint-De- ont, globalement, des ressources fortement d’un département à nis, par exemple). La capitale a le plus faibles et sont plus nombreux l’autre. En gros, la France est cou- taux le plus élevé de locataires à être allocataires de minimas so- pée en deux. A une France du HLM âgés (17,8 % ont plus de ciaux. Avec 23,2 % seulement Nord où les HLM sont fortement 65 ans à Paris, contre 8,3 % en d’emménagés récents dans ses lo- implantés, s’oppose une France du Seine-Saint-Denis). gements sociaux, Paris est, de tous Sud sous-équipée, à l’exception de Les ménages les plus pauvres les départements, celui où le re- la région Rhône-Alpes. n’ont que peu accès au logement nouvellement est le plus faible. Par Cette inégale répartition s’ex- social, souligne le Crédoc. Un allo- comparaison, ce taux dépasse plique par des raisons historiques, cataire du RMI sur cinq seulement 40 % dans des départements l’essor du logement social ayant y trouverait sa place. Là encore, la comme l’Eure, la Savoie et la Cha- accompagné le développement in- région Ile-de-France se distingue rente. dustriel. Mais c’est, paradoxale- nettement : la part des ménages ment, dans quatre régions où le allocataires du RMI logés en HLM Christine Garin parc social est peu développé – Corse, Languedoc-Roussillon, Aquitaine et Midi-Pyrénées – que les ressources des ménages dans le parc HLM sont les plus faibles. Les HLM remplissent globale- ment leur fonction sociale puis- qu’on y trouve une population en plus grande difficulté, des familles mono-parentales plus nombreuses (15,3 %, au lieu de 6,6 % pour l’en- semble de la population) et davan- tage de chômeurs (22 %, contre 12,3 %). La moitié des ménages ont des ressources inférieures à 60 % du plafond d’accès (158 000 francs annuels pour un ménage de trois LeMonde Job: WMQ2611--0015-0 WAS LMQ2611-15 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:51 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2057 Lcp: 700 CMYK

15 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 Convoitises et rivalités autour des terrains Renault de l’Ouest parisien Le maire de Boulogne-Billancourt, Jean-Pierre Fourcade, n’est pas assuré de l’adoption du plan d’occupation des sols, qui lui conserverait la maîtrise de l’aménagement de l’île Seguin et des rives de la Seine. La firme automobile pourrait profiter de la désunion du conseil municipal LA DÉGRADATION des rela- attendre. Pour le Syndicat mixte, il Un projet de POS autour des anciennes usines M. Fourcade, qui s’est assuré critiques les plus vives sont venues tions au sein de la majorité du s’agit de maîtriser un programme pour sa maîtrise d’ouvrage l’assis- de l’UDF M. Baguet, à qui on prête conseil municipal de Boulogne-Bil- urbain ambitieux, complexe, coû- M M M tance de G3A, une filiale de la l’ambition de succéder à M. Four- Pont de Ligne 9 lancourt va-t-elle mettre à mal un teux. Place Marcel- Caisse des dépôts et consignations, cade à la mairie. L’actuel adjoint a Sèvres Bâtiment des plus ambitieux projets d’amé- Aussi, a-t-il lancé, en 1998, une Renault Sembat a rappelé, le 18 novembre, les de- déploré l’absence de concertation nagement de la région Ile-de- consultation d’urbanisme. Le pro- «Vasconi» mandes du Syndicat mixte : plafon- réelle, le flou du calendrier comme France ? Rien ne va plus entre le jet retenu est celui de Bruno For- nement des hauteurs d’immeubles du financement et le manque d’ob- maire de Boulogne-Billancourt et tier, dont la municipalité a repris à neuf étages avec une moyenne de jectifs précis. Sans épargner non sénateur des Hauts-de-Seine, Jean- les grandes lignes. Parmi celles-ci, six ; création d’une nouvelle ligne plus la firme automobile : « Le pro- Pierre Fourcade (UDF), et son pre- l’installation d’un transport en de tramway entre Meudon et la jet Renault s’emballe et s’éloigne de BOULOGNE- mier adjoint, le député Pierre- commun entre Meudon et Bou- BILLANCOURT place Marcel-Sembat ; implanta- ses bases. » Il a d’ailleurs conclu en I « Je n’ai Christophe Baguet, également logne, la création d’un grand parc, l tion d’une cité scientifique lançant à M. Schweitzer : e L a aucune raison de vous faire UDF. Or cette querelle de per- l’abandon de la voie de circulation S comportant une zone universitaire e S sonnes s’applique au sort des ter- rapide, le long du fleuve rive droite, e de développement technologique. confiance. » « Il m’apparaît impor- g i Place Jules-Guesde u n rains appartenant à la société Re- pour la remplacer par un boulevard e (entrée des anciennes Il a réclamé, en outre, la participa- tant que l’entreprise Renault entende i Boulevard urbain nault (sur l’île Seguin et de part et urbain, à proximité du futur parc. n Avenue Emile-Zola usines) tion de Renault au financement des les messages qui lui sont adressés »,  d’autre de la Seine) et, par Le projet proposait également la infrastructures et la rétrocession a fait remarquer Jean-Paul Huchon. conséquent, au vote du plan d’oc- démolition des anciens ateliers ins- d’un certain nombre de ses équipe- M. Schweitzer a concédé qu’il cupation des sols (POS) de Bou- tallés sur l’île Seguin. Ce qui a pro- ments comme le stade Marcel-Bec. « n’en est pas à quelques mois logne, qui doit être soumis au voqué, début 1999, une vive polé- Il a prévu qu’en 2001 une première près », mais « personne n’a intérêt à conseil municipal, le 2 décembre, mique, à l’initiative de l’architecte phase d’urbanisation pourrait être attendre ». pour entériner les amendements Jean Nouvel, indigné par la sup- lancée sur une zone qui partirait de Tout en mesurant combien le proposés par diverses administra- pression brutale de toute la mé- Meudon, traverserait l’île Seguin combat fratricide au sein du conseil tions. L’ancienne forteresse ou- moire ouvrière de ce quartier. et, sur le « trapèze » de Boulogne, municipal fortifie ses positions. La I ISSY- vrière est aujourd’hui une friche in- l e S installerait des bâtiments le long de firme automobile tient à faire sa- a i n Pont de Billancourt LES- dustrielle de 56 hectares, sur les LE SOUHAIT DE L’ÉTAT t - G e l’avenue Emile-Zola jusqu’à la voir aujourd’hui qu’en cas de blo- r m a i n MOUL. communes de Boulogne et de Face aux élus, M. Schweitzer a place Bir-Hakeim. cage, après un vote négatif sur le TVS Meudon (Hauts-de-Seine). réaffirmé les objectifs de Renault : MEUDON L’opposition municipale, soute- POS, elle choisirait ses propres par-  Avant même que ce POS ne soit la meilleure « valorisation [de ses] 125 m nue par Jocelyne Riou, a demandé tenaires et continuerait à « faire actifs immobiliers » : avancer le dossier technique. de finalisé, on apprenait que Renault . Il a ajouté re le gel du projet, à ses yeux mal en- lançait une consultation immobi- « L’immobilier n’est pas le métier de 1 PHASE D'AMÉNAGEMENT PROJET DE VOIES NOUVELLES gagé – « la définition d’un projet ur- l’opération ». lière auprès de promoteurs natio- Renault (...), nous sommes construc- PROJET DE PARC TVS (TRAMWAY VAL DE SEINE) bain relève de l’autorité publique », naux et internationaux (Bouygues, teur automobile (...). Nous nous ins- a noté André Nicolas (PS). Mais les C. de C. et E. de R. CGIS, une filiale de Vivendi, Meu- crivons dans le cadre d’une crois- nier, Tishman Speyer). Persuadé sance rentable, d’une que l’ancienne Régie, profitant de mondialisation en cours (...). Notre la mésentente qui divise son devoir est de tirer la meilleure res- conseil municipal, avait la tentation source des terrains actuellement inu- de jouer en solo cette énorme par- tilisés pour assurer notre développe- tition immobilière, M. Fourcade a ment. » Le PDG concédait convoqué, le 18 novembre, un néanmoins que Renault respectera,  conseil municipal extraordinaire. Il « comme cela a toujours été le cas, s’agissait de mettre chacun en face les prérogatives et les responsabilités de ses responsabilités : les élus mu- qui sont celles des collectivités pu- nicipaux et les maires des bliques dans ces domaines ». communes voisines, regroupées au Cette pure logique d’entrepre- sein du Syndicat mixte du Val-de- neur, qui commence à se traduire Seine – dans lequel la région et le par la recherche de partenaires pri- département sont représentés –, vés, est-elle compatible avec le mais aussi les autres acteurs de souhait de l’Etat, toujours action- cette partie de bras de fer, qui naire de Renault, et qui a large- avaient été conviés : notamment ment contribué pendant des di- Jean-Pierre Richer, le préfet des zaines d’années, par ses Hauts-de-Seine, Jean-Paul Huchon subventions, à l’actuelle richesse (PS), président du conseil régional, patrimoniale de l’entreprise ? Le venu avec sa vice-présidente char- préfet Richer a rappelé la position gée de l’aménagement, la commu- des pouvoirs publics. Ces derniers niste Jocelyne Riou, Philippe Péme- demandent que la moitié de ces zec (RPF), vice-président du conseil terrains soient consacrés aux loge- général, et bien sûr Louis Schweit- ments – dont un tiers de logements zer, le PDG de Renault. sociaux. Avec un droit de regard L’enjeu est énorme : il s’agit sur les constructions : le ministre d’aménager, aux portes de Paris, un de la culture envisage de créer, à véritable morceau de ville, de part l’instigation de François Barré, di- et d’autre de la Seine : sur la rive recteur de l’architecture et du pa- droite, un vaste trapèze et les trimoine, une mission pour contrô- 11 hectares de l’île Seguin ; sur la ler la qualité de l’architecture rive gauche, 4 hectares sur Meudon proposée dans ce site sensible. En- et quelques enclaves sur Issy-les- fin, la constructibilité globale, arrê- Moulineaux. Pour Renault, il s’agit tée par le préfet – 1 025 000 m2 de réaliser au mieux ses actifs, qui pour les 56 hectares concernés – pourraient lui rapporter de 4 à est en nette diminution par rapport 6 milliards de francs. Or la conjonc- aux prévisions initiales ture immobilière, longtemps mau- (1 200 000 m2). Mais, pour le reste, vaise, est en train de se tourner. Il l’Etat n’est pas en situation d’impo- lui faut donc saisir l’occasion sans ser ses vues.

TROIS QUESTIONS À... des nouveaux habitants et des ac- tivités. Il autorise, en outre, un JEAN-PIERRE réel phasage de l’aménagement. Enfin, il est pour nous indispen- FOURCADE sable, puisque nous sommes en- core en discussion avec le minis- Vous êtes maire (UDF) de Bou- tère de l’éducation nationale pour 1 logne-Billancourt et sénateur l’implantation sur l’île Seguin d’un des Hauts-de-Seine. Quelles se- centre de recherche universitaire, raient les conséquences d’un re- appuyé sur le centre de formation jet, le 2 décembre, de votre plan que Renault se dit prêt à créer ici. d’occupation des sols (POS), et Ce qui ferait de cette zone un pôle plus particulièrement de la partie technologique de première impor- qui concerne les terrains Renault ? tance. Ce POS serait représenté en jan- vier 2000, mais cela ouvrirait une Avant de connaître un début crise grave au sein du conseil mu- 3 de réalisation, ce programme nicipal. S’il était définitivement re- a deux obstacles à franchir : celui poussé, l’opération devrait se faire de Renault, mais, surtout, celui de globalement sous forme de zone votre majorité municipale. N’est- d’aménagement concerté (ZAC). ce pas un de trop ? Cela redonnerait effectivement à Non, car il n’y a pas de bras de Renault la possiblité de remettre fer entre Renault et le syndicat en cause le projet d’aménagement mixte. C’est plutôt le début d’une que le syndicat mixte du Val-de- véritable négociation qui s’en- Seine a mis au point, ces dernières gage. Encore faut-il que le POS années, en partenariat avec le soit voté. Dans le cas contraire, ce constructeur automobile et avec sera la loi du marché qui s’impose- l’accord de l’Etat et de toutes les ra. Si on laisse ces terrains sans af- collectivités locales, ainsi qu’à la fectation précise, il y aura une sé- suite d’une vaste concertation des rie de ZAC dans lesquelles les habitants. bureaux ne manqueront pas de proliférer. Tout cela irait à l’en- En quoi l’adoption de ce nou- contre, non seulement des intérêts 2 veau POS conditionne-t-elle des habitants de la ville, mais sur- l’avenir de Boulogne-Billancourt ? tout de ceux de toute la région. Le POS permet de maîtriser le déroulement de l’opération de Propos recueillis par telle façon que les équipements Christophe de Chenay publics accompagnent l’arrivée et Emmanuel de Roux LeMonde Job: WMQ2611--0016-0 WAS LMQ2611-16 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:20 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2058 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 HORIZONS PORTRAIT

ANS Roselyne, taire général du RPR, d’embaucher il y a « rose », une attachée de presse pour péné- sa couleur pré- trer dans les rédactions. « Résultat, férée, celle qu’a à la veille des législatives de 1993, la choisie l’hebdo- droite était aussi présente que la madaire Elle gauche. Mais j’ai été virée de mon (9 novembre poste pour avoir soutenu un candidat D 1998) pour dissident aux élections », dit-elle. mettre en scène la « plus rose des chiraquiennes ». ETTE expérience lui a toute- Roselyne Bachelot-Narquin (RPR), fois permis de se faire une députée du Maine-et-Loire, a voté C place de choix dans le mi- avec la gauche le pacte civil de soli- lieu. « J’étais la seule politique au darité (PACS) et participé au défilé lancement de la nouvelle formule de de la Gay Pride, le 26 juin. L’« égérie Marie-Claire », se souvient-elle. Elle des homos » devient la coqueluche estime que « les hommes politiques des médias. Va-t-elle passer à devraient lire les “ féminins ”, ils ver- gauche ? Que fait-elle à droite ? Elle raient, par exemple, ce qu’attendent intrigue. Mais celle qui a combattu les femmes des 35 heures ». Quand, les emplois-jeunes, et qui dénonce en 1993, elle organise au groupe aujourd’hui les 35 heures, n’a pas RPR une réunion sur le contrat l’intention de quitter le RPR. En d’union civile et sociale (CUCS) – matière économique, Mme Bachelot l’ancêtre du PACS – « seul Jean-Luc se réclame du « gaullisme social », Roméro » vient écouter Jan-Paul comme son père, l’ancien député Pouliquen, président du Collectif Jean Narquin, qui a maintenant re- pour le CUCS, dont Mme Bachelot joint le Rassemblement pour la est membre. France (RPF) de Charles Pasqua et De Jacques Chirac, elle ne Philippe de Villiers. « Prohibition- connaît que le candidat de la « frac- niste » à l’égard des drogues douces ture sociale », pour lequel elle avait et de l’alcool, elle prône la « tolé- fait campagne en 1995. Elle espérait rance zéro » vis-à-vis de la délin- décrocher un ministère. « Lors de la quance. Pas si souple que ça, donc. conférence de presse où il annonçait Encartée au RPR depuis sa création, son départ, Michel Barnier [ministre en 1976, elle s’y trouve « bien », de l’environnement de 1993 à 1995] c’est sa « famille ». « On ne quitte a dit que je prendrai sa relève. Quel- pas sa famille, on essaie de la chan- ques jours plus tard, j’ai appris par ger de l’intérieur », dit-elle. un communiqué de l’Elysée que je ne La maxime vaut aussi pour ses faisais pas partie de l’équipe. J’ai été proches. Il y a un « clan Nar- très humiliée. » M. Barnier n’a « pas quin »dont elle ne s’est jamais déta- de souvenir » de cet épisode, mais le chée, même si elle se sent moins à nouveau commissaire européen se l’aise dans la bonne société ange- rappelle que « Roselyne a été l’une vine. Le PACS est passé par là. des rares à se préoccuper d’environ- Longtemps, sa signature – « Bache- nement, au RPR ». « Je me suis beau- lot-Narquin » – a porté la trace du coup appuyé sur elle, pendant mes père. Aujourd’hui, il lui arrive de si- deux ans au ministère, pour qu’elle gner « Bachelot », du nom de son relaie mon action », dit-il. En guise ex-mari, Jacques. Seul ce nom fi- de clin d’œil, il ajoute qu’elle a «la gure en couverture de son dernier trempe d’une ministre ». Après cet livre, Le PACS entre haine et amour incident, Jacques Chirac a appelé (Plon). Elle est connue, « Bachelot » Mme Bachelot au téléphone, « pen- suffit. dant un quart d’heure », pour lui La politique, elle est « tombée dire : « Ce n’est que partie remise. » dedans » toute petite. Son père, an- La féministe est ensuite nommée cien résistant, gaulliste grognard, « rapporteure générale » de l’Ob- est une figure locale. Née le... 24 dé- servatoire de la parité – un « lot de cembre 1946 à minuit, « Roselyne » consolation », comme elle dit –, elle

est de toutes les campagnes électo- MICHEL MONTEAUX y impose son « amie » Gisèle Hali- rales. Le général de Gaulle lui aurait mi, avocate, ancienne députée (app. tapoté la joue, à neuf mois, alors PS). Elle devient proche de la philo- qu’elle était dans les bras de sa sophe, historienne et féministe Ge- mère. Toute une légende ! Sa mère, neviève Fraisse, avec laquelle elle a Yvette, lui fait découvrir des ou- cosigné, au printemps, en pleine vrages féministes. campagne pour les élections euro- « Brillante élève », elle voulait être péennes, un livre d’entretien (Deux professeur de latin. Elle choisit fi- femmes au royaume des hommes, nalement la médecine, comme ses chez Hachette). Mme Fraisse est parents, tous deux chirurgiens-den- Roselyne Bachelot, alors numéro deux sur la liste d’ou- tistes. Après son mariage, elle inter- verture de Robert Hue (PCF). «On rompt ses études pour financer n’a pas les mêmes idées politiques, celles de son mari, qui deviendra mais Roselyne est une femme qui pharmacien. Elle est alors visiteuse tranche un peu : elle est extrêmement médicale. A trente ans, son époux cultivée. Elle a beaucoup souffert, sa installé, elle reprend le chemin de la vie privée est quelque chose d’impor- fac et démarre sa carrière politique. la Panthère rose du RPR tant pour elle », souligne l’ancienne Son père n’est pas loin. Lors des déléguée aux droits des femmes. premiers meetings de sa fille, Mme Bachelot n’hésite pas à parler M. Narquin, assis au fond de la lot-Narquin l’emporte contre le so- décision « aux électeurs, à la fin de des militants RPR réunis pour un de son « minou », un homme poli- salle, note son vocabulaire, étudie cialiste Jean-Claude Chupin. Au Issue d’une l’année ». Mais l’« intégriste » du meeting de soutien à M. Fillon dans tique. son comportement. « Un mot in- Parlement, elle découvre le « temple non-cumul des mandats aime par- l’Ardèche. La cohabitation ? Elle est Mme Bachelot le reconnaît : elle compréhensible, une veste trop machiste », ses mots, ses faits et... bonne famille dessus tout celui de député, qui « contre » ; elle plaide pour un ré- s’entend « mieux avec les femmes voyante... Je ne me gênais pas pour ses gestes. Elle se rend compte, aus- laisse plus de « liberté ». « Elle ne se- gime présidentiel, où le chef de qu’avec les hommes ». Elle « aime lui dire », explique l’ancien député. si, qu’il y a « pas mal d’homos » angevine ra jamais maire d’Angers ! Elle ne se l’Etat serait élu pour un seul man- bien » Martine Aubry, par exemple. Arrivent les élections cantonales de chez les hommes politiques, quel présentera pas, car elle sait qu’elle ne dat de sept ans, nommerait ses mi- Lorsque les débats sur les 35 heures 1982. La jeune femme jongle entre que soit leur bord. dominée par la sera pas élue », assène M. Monnier, nistres et n’aurait pas le droit de s’éternisent un peu trop, à l’Assem- la campagne et les études. « Amou- « J’ai vu fi-fille grandir dans face à qui elle avait échoué aux mu- dissoudre. Le départ de Pasqua ? blée nationale, Mme Bachelot de- reuse » de la Syrie et de la Jordanie l’ombre de papa », résume Jean figure du père, nicipales de 1995. Non pas que son « Nous nous sommes amputés de mande une suspension de séance – aujourd’hui pro-irakienne –, elle Monnier, maire d’Angers (PS, puis combat pour le PACS lui cause du nous-mêmes ! », déplore la députée, pour permettre à la ministre de passe son examen de troisième an- divers gauche) de 1977 à 1998, au- Jean Narquin, tort, juge l’ancien syndicaliste, mais qui avait voté « non » à Maastricht, l’emploi et de la solidarité de faire née d’arabe entre les deux tours de quel a succédé Jean-Claude Antoni- Angers a viré au « rose » grâce à lui, mais qui a dit « oui » à Amsterdam. une pause. Elle soigne son image l’élection. Elue conseillère générale, ni (PS). « Je ne l’aime pas, elle non ancien élu en 1977, et doit y rester. la jeune diplômée travaille, parallè- plus. On ne se fait pas de cadeaux. L’effet du PACS sur sa carrière est lement, à la pharmacie du Carre- Mais j’ai toujours dit à ceux qui la gaulliste du encore flou. Son père, qui fréquente Au Parlement, elle découvre le « temple four d’Angers. Le père veille tou- critiquaient : “Détrompez-vous, elle le Rotary Club d’Angers, entend jours au grain. Directeur d’Europe 2 aura un flair politique plus aiguisé Maine-et-Loire, dire qu’« elle sera battue » aux pro- machiste », ses mots, ses faits et... ses gestes. Ouest de 1984 à 1994, il lui prépare que celui de son père” », ajoute-t-il, chaines législatives. « Il en est trau- sa revue de presse quotidienne. «Je tout en observant qu’il y a « deux Roselyne matisé », confie Mme Bachelot. Elle se rend compte, aussi, qu’il y a « pas mal le fais encore aujourd’hui. Où qu’elle Roselyne, la star des médias et l’élue M. Narquin affirme pourtant qu’il soit, je l’appelle tous les matins, à huit locale ». On connaît moins la se- Bachelot n’y croit pas. « J’ai reçu des cen- d’homos » chez les hommes politiques, heures, pour lui donner les informa- conde. taines de lettres de protestation pour tions locales », dit-il. Son fils, Pierre, détonne dans avoir voté l’abolition de la peine de quel que soit leur bord âgé de trente ans, est aujourd’hui A circonscription de Maine- mort, en 1981. Je pensais être battu son attaché parlementaire à Angers. et-Loire est « une petite le paysage aux élections suivantes, j’avais même Il gère son site Internet. S acheté un cabinet dentaire pour me Jean Tiberi ? « C’était son devoir de décalée. Dans l’émission « Sur la France en réduction » : elle Le duo père-fille continue. En englobe la moitié du centre-ville politique. reconvertir. Et j’ai été réélu... », ra- démissionner ! » La réforme de la route », de Canal Jimmy, diffusée le 1988, l’année des élections législa- d’Angers, une zone périurbaine, dé- conte-t-il. François Fillon (RPR), justice ? « J’ai voté, la fleur au fusil, 25 octobre, au cours de laquelle elle tives, M. Narquin décide de se reti- favorisée, à forte population immi- Portrait président de la région des Pays de la la réforme du Conseil supérieur de la discute à bâtons rompus avec Marc rer au profit de « Roselyne ». «Tu grée, un espace « rurbain » pavil- Loire, depuis mars 1998, n’est pas magistrature. Aujourd’hui, je ne sais Jolivet, elle évoque le souvenir n’es pas propriétaire de ta cir- lonnaire et, enfin, le terroir angevin, d’une femme inquiet non plus. Mme Bachelot, plus. » Catholique pratiquante, elle d’une plage nudiste à Ibiza, où conscription », grognent les barons agricole. La députée et conseillère vice-présidente du conseil régional, compare volontiers la situation du « pas un sexe d’homme n’était pareil du RPR. Il comprend vite que, s’il municipale d’Angers s’adapte. Elle a de droite qui en charge de l’environnement, a RPR à celle... de l’Eglise : « On est à l’autre ». ne se représente pas, la 1re cir- son franc-parler, son rire est sonore, soutenu le candidat à la présidence mal et, parce qu’on est mal, on se ré- Et maintenant ? La députée de conscription du Maine-et-Loire mais le ton est celui d’une fille de a voté le PACS du RPR, éliminé au premier tour, le fugie dans le passé. » Maine-et-Loire n’a pas été réélue au n’« ira » pas à sa fille. Mieux vaut bonne famille. Grande, forte, elle 20 novembre. « Je n’ai pas été désa- Séguin, Juppé, Chirac : elle bureau du groupe RPR de l’Assem- donc rester dans la course... officiel- passe partout. Le pas vif, cachée avec la gauche vouée par mes électeurs : mon petit éprouve pour les trois hommes un blée, en juin. En août, elle s’est vu lement. « Le jour de clôture des can- derrière ses lunettes de soleil, on la François a fait 56 % dans mon dé- « amour mêlé d’irritation », même si retirer sa fonction de secrétaire gé- didatures, à minuit moins dix, j’ai voit de loin avec ses vestes de cou- et qui partement », dit-elle. « Avant, on la « souverainiste » se sent plus nérale du parti, chargée de l’emploi. couru à la préfecture pour inscrire le leurs vives qu’elle porte, souvent, n’avait pas beaucoup d’atomes cro- proche de Philippe Séguin. Ses ef- Encore un effet du PACS ! «Au nom de Roselyne. Le lendemain, sur une tenue noire. « Il faut qu’elle préconise chus. Je l’ai découverte à la région. forts pour « moderniser le parti » ne RPR, je suis comme la Panthère rose : 160 affiches 4 × 3 annonçaient sa se présente à la mairie d’Angers, en Elle est efficace, compétente et sont pas récompensés, râle-t-elle. trois pas en avant et puis deux candidature. On avait tout prévu ! », 2001. Au stade où elle est engagée, les aux hommes loyale », juge M. Fillon, qui ajoute : En 1992, la déléguée générale du baffes ! », rit-elle. A cinquante-deux raconte M. Narquin. « Le traître ! », gens ne comprendraient pas qu’elle « Pour changer le parti, on a besoin RPR à la condition féminine « étu- ans, elle jure qu’elle ne sera « candi- râlent ses collègues du RPR. La n’y aille pas », explique Jean-Yves, le la lecture de gens comme elle. » die pendant six mois » la presse fé- date à rien à partir de soixante ans ». campagne ne vole pas haut : des af- patron du café où elle tient une per- Mme Bachelot ne demande pas minine. Elle observe que les partis D’ici là, elle compte bien mettre sa fiches « 3615 Roselyne » tapissent manence, le samedi, dans le quar- des magazines mieux. « Il faut tout changer : le mes- de droite sont « six fois moins cités » griffe. les murs d’Angers. Le 12 juin 1988, tier sensible de Monplaisir, à An- sage, la stratégie, la tactique ! », que ceux de la gauche. Elle au soir du second tour, Mme Bache- gers. L’intéressée réserve sa féminins lance-t-elle, le 6 novembre, devant convainc Alain Juppé, alors secré- Clarisse Fabre LeMonde Job: WMQ2611--0017-0 WAS LMQ2611-17 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:00 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2059 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / 17 Pour une télévision civique mondiale Ne pas caricaturer par Jean-Pierre Elkabbach d’aller chercher chez les autres les gement sont déjà à l’œuvre. La té- té, si on la rend accessible, affai- la « troisième voie » RÉTENDRE que la té- lévision sert les deux modèles ou les héros : cela va lévision, même telle qu’elle est, blira l’égoïsme et le retour sur soi, grandes causes que continuer et s’amplifier. est un instrument prodigieux : favorisera la transparence. par David Miliband P L’information elle-même est de dangereux quand il centralise et Les esprits sont prêts. L’usage sont la paix et le déve- loppement est une provocation. plus en plus frappée du même commande, libérateur quand il suivra. N’oublions pas qu’au- ANS votre page négatif pour les bas et moyens sa- La télévision, telle qu’elle est, syndrome, souvent au détriment éduque et informe sans tricher, jourd’hui le premier cinquième de « Débats », Philippe laires (le working families tax cre- ne s’intéresse ni à la paix ni au dé- des faits eux-mêmes. Je réclame militant quand il empêche le si- l’humanité concentre 93 % des D Marlière a chanté les dit), qui garantit un revenu mini- veloppement. Ou peu : ces sujets de la place pour ma culture et lence de régner sur l’essentiel. utilisateurs d’Internet, contre louanges (Le Monde mum de 10 000 livres par an à tous ne créent pas les nécessaires au- mon regard national. Je ne suis Oui, la télévision, quand elle 0,2 % pour le dernier. Un ordina- du 16 novembre) du nouveau pré- les ménages ayant deux enfants à diences. La télévision se nourrit pas un défenseur fanatique de veut, témoigne, révèle, montre le teur coûte moins d’un mois de sa- sident de l’Internationale socia- charge et travaillant à plein d’images sombres – la peur, la l’exception pour tel ou tel, car elle mal. Formidable arme de combat laire américain, il équivaut à liste, Antonio Gutteres. Je souscris temps. menace et la catastrophe. Elle se finit à coups de protection et de et de dénonciation, elle peut aler- huit ans de travail au Bangladesh, à cet éloge, mais pas à la vision ré- La place à accorder aux services délecte ou se complaît à refléter nationalisme à épuiser l’initiative. ter, prévenir comme le demande en Inde ou en Afrique. ductrice qu’il y donne de son publics est le deuxième point-clé les turbulences et les malheurs de Il est préférable que soient aidés Kofi Annan. Elle peut culpabiliser. L’Organisation des Nations centre-gauche, pour chercher à de cette réflexion. Nous voyons la planète. Elle a besoin de mettre avec force, partout où ils vivent, Et sa puissance déclenche des unies, sollicitée et harassée par l’opposer à une vision non moins dans leur noyau universel – édu- en spectacle les douleurs et les les créateurs. La convergence prises de conscience, accroît la tant de conflits sanglants, est réductrice de la « troisième voie » cation, santé et action sociale – les misères de nos contemporains : technologique devrait permettre solidarité. Faut-il citer les crimes souvent critiquée. Moi aussi, de Tony Blair. L’analyse de premiers agents en puissance de elle joue sur les passions, elle les à toutes les cultures de se dé- contre l’humanité en Bosnie et au comme tant d’autres, je l’ai criti- M. Marlière est un peu courte. To- la redistribution. Car ils ne redis- exacerbe. Voyeuriste, exhibition- ployer dans leur diversité. Que Kosovo, les massacres du Rwanda quée : l’ONU manque d’audace, ny Blair, comme tout premier mi- tribuent pas que la manne finan- niste et faussement émue ou l’intérêt commercial et financier ou de Sierra Leone, la famine au de rapidité, d’indépendance, de nistre, apporte à sa vision de la cière de l’Etat, mais aussi les prude, elle montre guerres, trem- ne tue pas les œuvres les plus Soudan ou en Ethiopie, la guerre confiance en elle-même. Elle est scène politique britannique un chances. Or, dans un pays où les blements de terre, inondations belles de l’art, de la littérature et de Tchétchénie que personne ne sous influence. Et comme l’alba- éclairage historique. Le XXe siècle inégalités sont fortes, ils ont un comme de fatales malédictions : des sciences ! voulait voir ? tros de Baudelaire, « ses ailes de a été dominé en Grande-Bretagne rôle essentiel à jouer. Nous de- ces images de fléaux finissent par géant l’empêchent de marcher » ! par les conservateurs, qui ont été vons les améliorer, et nous ne se ressembler et par lasser. Il y a du vrai... et de l’injuste ! au pouvoir les deux tiers du nous contenterons pas pour ce Que lui importent la construc- Oui, la télévision, quand elle veut, Le monde a besoin de l’ONU. temps. Les quelques heures de faire d’appliquer la vieille recette tion d’un barrage en Egypte ou au Comme un stimulant, un ferment gloire du radicalisme – porté par qui consiste à accorder les crédits Bangladesh, le retour à la témoigne, révèle, montre le mal. de rapprochement réel entre les Lloyd George en 1906 et par Cle- supplémentaires revendiqués. concorde civile en Algérie ! Ou les hommes. La mondialisation ren- ment Attlee en 1945 – n’ont été Nous voulons de surcroît les mo- négociations pour l’avenir de Formidable arme de combat force sa vocation et ses devoirs : à que des intermèdes. La division a derniser. l’eau ! Ou que la richesse totale de qui s’adresser, sinon à elle ? régné dans le camp des forces La lutte contre l’exclusion so- 1 milliard d’êtres humains soit au- et de dénonciation, elle peut alerter, Le temps n’est pas le même progressistes. Le radicalisme n’a ciale constitue le troisième volet jourd’hui égale aux cent plus pour l’actualité et pour l’ONU. jamais dépassé le stade embryon- de notre réflexion et de notre am- grosses fortunes ! prévenir. Elle peut culpabiliser. D’un côté, pression et urgence ; naire, n’a jamais été une expé- bition. Nombre de nos pays La paix exige la durée et la pa- de l’autre, patience et longueur de rience aboutie. laissent 10 % de leur population tience... La télévision n’accorde la Et sa puissance déclenche des prises temps. On lui demande à chaud : L’actuel gouvernement travail- s’enferrer dans une spirale d’ex- primauté qu’à l’immédiat et à l’ir- que faites-vous ? Où êtes-vous ? liste n’a que deux ans et demi clusion, due à l’accumulation de rationnel. Il faut que l’événement, de conscience, accroît la solidarité Pourquoi cette lenteur ? Et ces pa- d’existence. Notre action plusieurs facteurs-types – mau- plus souvent tragique que drôle, labres ? On veut, aux crises, des commence seulement à porter ses vaises conditions de scolarité, lo- rapporte : en écoute, en publicité, règlements instantanés. fruits. Nous savons bien qu’il gements dégradés, manque d’ac- en profit. Et la mondialisation en- J’ai l’expérience, à la fois du ser- Le monde est sourd et aveugle Nous, dirigeants et inspirateurs existe ailleurs en Europe des gou- cès aux soins, forte délinquance, traîne là aussi des concentrations vice public – j’ai présidé les deux sans elle. Il y a donc des tragédies des radios et télévisions de par- vernements de centre-gauche qui éclatement de la cellule familiale. qui aboutissent à la diffusion pla- grandes chaînes de France Télévi- qui n’existent pas tant que la télé- tout, nous nous rassemblons pour essaient, eux aussi, de moderniser Nous voyons dans cet engrenage nétaire des mêmes méthodes et sion pendant près de trois ans – et vision ne s’y intéresse pas. Elle a des messes annuelles, où sont le modèle social européen, mais un problème majeur en Grande- des mêmes programmes : ceux du privé – j’appartiens au groupe le pouvoir sacré de nommer. C’est psalmodiés des prêches, des qui ont plus d’expérience et de Bretagne, distinct de celui des iné- des plus riches et des plus puis- Lagardère-Médias. Les télévisions elle qui dit : « Voici, peuples télé- prières et des vœux pieux. Au- réalisations à leur actif. C’est donc galités – encore que n’y étant pas sants. Les Etats-Unis vivent plus publiques sont contraintes spectateurs du monde, voici une jourd’hui, les sciences, les techno- avec une certaine humilité que vite qu’ailleurs la brutalité du d’adopter les armes, bonnes ou guerre. » La guerre vient avec la logies, les devoirs universels des nous nous attelons à la tâche que phénomène. mauvaises, de la concurrence. télévision... la paix vient alors Nations unies poussent à propo- nous nous sommes fixée : conju- Un de mes collègues Les écrans, grands et petits, dif- Elles accordent, elles aussi, peu avec la télévision. Profitons des ser un instrument utile à la paix et guer prospérité économique et fusent les mêmes films et les d’importance aux programmes chances qu’offre notre époque, la à la démocratie. justice sociale. du gouvernement mêmes séries comme des pro- d’éducation et de formation. télévision n’est plus seule la magi- Qu’est-ce qui empêche de créer Les hommes politiques de la gé- duits de consommation quoti- Un tel diagnostic paraît sans il- cienne de l’univers. L’ordinateur, et de promouvoir une télévision à nération aujourd’hui au pouvoir français m’a confié, dienne. Les héros sont les mêmes lusion : faut-il pour autant, avec le satellite, le monde en réseaux vocation universelle, démocra- en Grande-Bretagne restent atta- d’un bout à l’autre de la planète. les pessimistes, désespérer de ouvrent un nouvel âge, celui des tique et humaniste ? Une télévi- chés aux valeurs de centre-gauche l’autre jour, que Pourtant il ne viendrait à l’esprit l’avenir ? Non, je ne crois pas. Les médias en ligne qui individua- sion planétaire incluant les nou- que sont la justice sociale, l’égalité d’aucun Américain d’inverser et forces de la rébellion et du chan- lisent l’échange. Cette interactivi- veaux médias qui exprimerait les de tous, le droit à l’égalité des la « troisième voie » actions, les ambitions de l’ONU et chances et la nécessité de corriger de toutes ses organisations ? Elle les inégalités injustifiées. était impossible en porterait partout, grâce à la diffu- Mais la faiblesse des instru- sion numérique et Internet, les ments qu’utilise traditionnelle- théorie mais parfaite valeurs fondamentales et le logo ment la gauche britannique pour « Allez, gringo, que Dieu te blesse » des Nations unies. Ainsi les faire progresser la justice sociale dans la pratique peuples comprendraient-ils les laisse perplexes. Nous nous par Richard Jacquemond mieux comment est dépensé leur sommes rendu compte dans les argent et l’œuvre qui y est ac- années 70 que plus de dépenses complètement étranger. ’EST à raison que Sylvie pression banale, dépourvue de réaction égyptienne, très profes- complie. Aucun Etat ne refuserait publiques ne débouchait pas né- Il est trop tôt pour crier victoire, Kaufmann ouvre dans charge religieuse, d’une réaction en sionnelle et mesurant parfaitement de s’y associer – même le plus cessairement sur plus d’égalité ; mais l’action engagée commence vos colonnes son ar- présence d’un danger. les enjeux médiatiques, qui est très puissant promet de payer ses que plus de croissance ne créait à porter ses fruits. Au cours de la C Une représentation erronée de vite parvenue à se faire entendre, à dettes ! pas nécessairement plus d’em- législature actuelle, 2 millions de ticle consacré à l’affaire du Boeing d’EgyptAir sur le constat plus, donc. Mais, ce qui est davan- expliquer son point de vue, à le fon- Si les Nations unies réformées plois ; et que plus d’Etat n’était personnes – dont 800 000 en- du « fossé culturel qui sépare les tage étonnant, c’est la rapidité et la der sur l’analyse de l’erreur de créaient ou encourageaient la pas nécessairement mieux d’Etat. fants – seront repassés au-dessus Etats-Unis du monde arabe » (Le virulence de la réaction égyptienne, l’autre partie : l’erreur de représen- création d’une télévision civique Nous vivons en même temps dans du seuil de pauvreté. Sur le plan Monde du 19 novembre). L’interpré- dont on pouvait entendre l’argu- tation, l’écart de sens produit par le mondiale, elles disposeraient faci- un monde en pleine mutation, scolaire, le niveau des élèves de tation religieuse, littéraliste, de la mentaire, tout à fait convaincant, au littéralisme de la traduction. lement de multiples relais : des sous le coup des forces mondiales onze ans a considérablement re- prétendue « prière » prononcée par journal de 20 heures de TF 1, le jeu- Un ami, à qui je parlais du récit parrains privés, pourquoi pas ? de la révolution technologique et monté ces deux dernières années. le copilote de l’avion qu’aurait fait di 18. très juste et fort de Christine Daure- Des télévisions publiques ou ci- de l’ouverture des marchés. La Nous sommes en passe d’abolir le un enquêteur américain n’est que le Serfaty publié quelques jours plus viques nationales qui se déve- grande question est : les évolu- chômage de longue durée chez les dernier avatar d’une longue histoire tôt dans Le Monde et de cet éton- loppent comme les chaînes amé- tions économiques en cours sont- jeunes et nous voudrions pouvoir de représentations erronées des so- Les Marocains nant Mohammed VI, me disait : jus- ricaines CSPAN, du Sénat italien elles compatibles ou non avec la en faire autant auprès des adultes. ciétés arabes ou musulmanes. tement, les Marocains l’appellent ou du Sénat français. Ce serait un protection et la justice sociales et, C’est à l’aune des résultats et On sait, grâce à Edward Said entre appellent « M 6 ». Dit en français, comme acte public fort et utile, et un ma- si oui, comment ? non à l’élégance du discours qu’on autres, le rôle de l’orientalisme aca- pour la chaîne de télévision homo- gnifique projet pour le rendez- La gauche britannique opposait jugera en définitive des mérites de démique dans la diffusion, au sein le roi Mohammed VI nyme. Où l’on voit l’avantage du do- vous du Millénium prévu à l’au- autrefois le travail à la protection la « troisième voie ». Un de mes des élites intellectuelles et politiques miné sur le dominant : il comprend tomne prochain et à destination sociale. Les travailleurs s’en re- collègues du gouvernement fran- de nos pays, d’un modèle d’interpré- « M 6 ». Dit cette culture qui le domine et maî- des années 2000... Comme un mettaient à la négociation collec- çais m’a confié, l’autre jour, que la tation culturaliste de ces sociétés, en trise sa langue, assez en tout cas hymne à l’ouverture, à la paix en tive ; les autres, à la générosité pu- « troisième voie » était impossible vertu de quoi un « islam » érigé au en français, comme pour pouvoir la détourner et l’inté- mouvement et à ce que Jacques blique. Nous voyons aujourd’hui en théorie mais parfaite dans la rang d’essence serait le principe ex- grer dans son propre univers sym- Attali appelle la prochaine utopie dans le travail et la protection so- pratique. En bon pragmatique que plicatif de leur être-dans-le-monde. pour la chaîne bolique. du XXIe siècle : la fraternité. ciale les deux faces d’une même je suis, je le prends plutôt pour un Cet essentialisme va de pair avec Les Marocains, certains d’entre La télévision est cette industrie médaille. Sans taux d’activité éle- compliment. une tradition de traduction littéra- de télévision eux au moins, investissent leur nou- mondiale et cet instrument ma- vé, l’Etat-providence lutte pour sa Cela étant, il me paraît très im- liste qui, au lieu de rapprocher le veau roi des qualités qu’ils re- gique que nos aînés n’osaient pas survie, et sans travail les per- portant de rappeler en France le texte étranger de son nouveau desti- homonyme connaissent en M 6 : rapidité, effica- imaginer. Elle est là, elle peut sonnes et les familles sont cou- contexte historique dans lequel nataire, a pour effet de le figer dans cité, jeunesse, modernité. Qualités continuer à nous maintenir de- pées de la société. Le gouverne- ont vu le jour les idées de la « troi- son altérité et dans sa religiosité im- positives qui traduisent l’estime vant nos écrans en hommes assis, ment place donc le travail et le sième voie ». Il s’agissait de manente. Dans le « Tawakkalt ala Certes, le mal est fait, le Photoma- qu’ils lui portent (au roi, sinon à inertes, amputés de tous les sens, plein-emploi au cœur de sa straté- combler le fossé qui s’était créé au Allah » qu’aurait prononcé le copi- ton du copilote « suicidaire », un vi- M 6), mais la dérision n’est pas ab- sauf la vue : Homo occulus, gie de protection sociale, l’idée cours du siècle entre deux cou- lote, le traducteur américain (ou sage carré et rond d’Egyptien au- sente (M 6, c’est la petite chaîne qui l’homme rétinien. Elle peut nous étant que la priorité est plus de rants de la pensée progressiste en arabe-américain, peu importe à la li- thentique (donc d’Arabe et de veut jouer dans la cour des grands, réveiller, nous secouer, faire de permettre aux gens de décrocher Grande-Bretagne : le courant so- mite) entend la prière d’un futur sui- musulman), a fait toutes les un peu comme le Maroc et son roi nous les vigiles de la démocratie. les emplois de demain que de s’ac- cial-démocrate, qui voit dans cidé là où les Egyptiens (ou du « unes », autre avatar d’une de nos sur la scène internationale). Les armes de la communication crocher à ceux d’hier. l’Etat le garant de la justice so- moins ce que nos médias et les leurs figures privilégiées de l’Autre irra- Dans un cas (Etats-Unis), le possèdent toutes les qualités pour Nous voulons ouvrir l’offre de ciale ; le courant « libéral », qui nous présentent comme le point de tionnel et pervers. contact linguistique avec l’étranger nous faire rêver de développe- main-d’œuvre aux groupes margi- professe l’autonomie individuelle vue égyptien) ne voient que l’ex- Il y a un motif d’espoir dans la traduit et aggrave la représentation ment, de paix, de fraternité, mais nalisés, les remettre dans le cir- dans l’économie de marché. En erronée. Dans l’autre (Maroc), il ré- aussi pour les réaliser. cuit, leur donner accès à l’emploi. France, le libéralisme est politi- vèle la familiarité du dominé avec On nous reproche souvent C’est tout l’objet du new deal que quement synonyme de doctrine AU COURRIER DU « MONDE » l’imaginaire du dominant et sa maî- d’avoir perdu la maîtrise de cette nous avons mis en place pour lut- de droite. Ce n’est pas le cas en trise des codes culturels (et des puissance terrifiante et nouvelle. ter contre le chômage structurel, Grande-Bretagne. Le libéralisme à EXAGÉRATIONS dans un souci de précision et d’apai- langues) étrangers. Il traduit en Il est stimulant, au nom de l’am- auquel nous avons consacré une la John Stuart Mill n’est pas du Contrairement à ce qu’affirme sement. Ce qui ne saurait en aucune même temps une distance lucide bition et de l’éthique, de pouvoir enveloppe de 3,5 milliards de néolibéralisme. La « troisième Serge Adda dans son courrier publié façon s’interpréter comme une re- vis-à-vis de tous les pouvoirs, locaux répondre contre toutes les en- livres, financée par un impôt spé- voie » s’efforce de faire la syn- dans vos colonnes (Le Monde du connaissance du « bien-fondé de et étrangers. traves : « Nous, nous savons ce que cial sur les bénéfices des compa- thèse entre la tradition socialiste 30 octobre), à propos de l’ouvrage [ses] remarques ». La double lucidité, sur soi et sur nous faisons. » gnies de distribution privatisées. et sociale-démocrate et la tradi- de Nicolas Beau et Jean-Pierre Tu- Tout au contraire, dans le cadre l’autre, revanche des dominés... Le chômage des jeunes a reculé de tion libérale. Ce n’est pas un quoi édité par notre maison, Notre de la procédure de référé intentée Comme disait le chanteur québécois 60 % depuis notre arrivée au pou- compromis entre la gauche et la ami Ben Ali, il n’est pas exact que par M. Adda, j’ai, aux côtés des au- Richard Desjardins, dans un magni- Jean-Pierre Elkabbach voir. droite, mais une unification de la j’aurais accepté, en tant que direc- teurs, contesté point par point la lé- fique jeu de langues : « Allez, gringo, est conseiller spécial pour la stra- Nous voulons que l’insertion ou gauche. teur général des éditions La Décou- gitimité de ses prétentions, étant que Dieu te blesse... » tégie médias du Groupe Lagardère le retour à la vie active fasse verte, de « supprimer dès la réim- rappelé qu’il en fut intégralement et président de la chaîne parle- mieux vivre que les allocations. pression du livre tous les passages [le débouté par ordonnance du tribu- mentaire Sénat. Ce texte est celui D’où le salaire minimum de David Miliband est chef de concernant] qu’[il a] jugés diffama- nal de grande instance de Paris en Richard Jacquemond est de l’intervention d’ouverture du 3,40 livres de l’heure que nous la cellule politique du premier mi- toires ». J’ai simplement procédé, en date du 13 octobre 1999. maître de conférences de langue et Forum mondial de la télévision ; il avons instauré, et que nous avons nistre britannique Tony Blair. accord avec les auteurs, à des modi- François Gèze littérature arabes à l’université de a été prononcé le 18 novembre à assorti – c’est aussi une pre- (Traduit de l’anglais fications de certains de ces passages Paris. Provence. l’ONU (New York). mière – d’un impôt sur le revenu par Marie-Laure Lanchou.) LeMonde Job: WMQ2611--0018-0 WAS LMQ2611-18 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 10:16 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2060 Lcp: 700 CMYK

18 / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 HORIZONS-ANALYSES 0 123 Une chaîne de télévision pour l’ONU ? 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F « QU’EST-CE QUI empêche les Elle pourrait être, selon Paolo Fulci, Sud ne cesse de s’amplifier. La curité, affirme Bernard Miyet, Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Nations unies de créer une télévision le président du Conseil écono- place accordée à l’information in- secrétaire général adjoint aux opé- Internet : http : //www.lemonde.fr à vocation planétaire et humaniste mique et social, « un puissant ins- ternationale diminue, « parce que rations de maintien de la paix. La qui diffuserait la culture de l’Organi- trument au service de la paix et du cela coûte plus cher qu’un divertisse- manifestation de l’horreur nous aide ÉDITORIAL sation ? » Cette proposition, lancée développement, ainsi que de la lutte ment et que ça manque souvent à faire bouger les choses (...), même par Jean-Pierre Elkabbach, pré- contre la pauvreté, en fournissant d’images sexy », affirme Allister si, quand l’image est forte, la réac- sident de la chaîne de télévision du des informations essentielles à la Sparks, ancien rédacteur en chef tion dans l’urgence n’est qu’une ré- Sénat français, depuis la tribune du prise de conscience des peuples ». représentant la South African ponse symbolique, comme en Soma- Tchétchénie : fermer les yeux e 4 Forum mondial de la télévision, Broadcasting Corporation. Les lie, au Rwanda ou en L y a une semaine, les gislatives de décembre, en faisant le 18 novembre à l’ONU (New « IMPÉRIALISME D’IMAGES » mises en scène se multiplient pour Bosnie-Herzégovine ». Russes faisaient de belles oublier scandales, malversations York), a recueilli les suffrages des La réalité télévisuelle mondiale accrocher le téléspectateur à son L’ONU dispose déjà de sa propre I promesses aux Occiden- et autres affaires qui, avant la diffuseurs de télévision présents, prouve le contraire. L’accès écran, au détriment de l’informa- télévision. Elle fut même l’un des taux. L’Organisation pour guerre, avaient singulièrement dont la RAI et les représentants de d’abord. Seulement 5 % des popu- tion. Qui a entendu parler dernière- instruments créés dès 1945-1946 la sécurité et la coopération en terni l’image du clan Eltsine. CNN et NBC. Directement inter- lations des pays en développement ment de cette « ennuyeuse petite par le très joufflu (environ 850 per- Europe (OSCE) pourrait peut-être Européens et Américains pellé, le secrétaire de l’ONU, Kofi possèdent des postes de télévision. guerre » qui fait rage depuis dix- sonnes) Département du bureau de jouer un rôle dans la recherche comptent les points – en l’espèce, Annan, a répondu (en duplex de- Le contenu ensuite. Dans les vil- sept ans au Sri Lanka (60 000 per- l’information (DPI) qui était censé, d’une solution politique en Tché- les bombes. Les premiers ont tel- puis la Turquie) que « cette initia- lages reculés d’Indonésie, la princi- sonnes tuées et des centaines de aux premières heures de l’Organi- tchénie, disaient-ils ; une déléga- lement investi sur M. Eltsine qu’ils tive [méritait] réflexion », même si pale émission regardée serait un milliers de réfugiés) ? Elle fait par- sation, fonctionner comme une tion de l’OSCE pourrait même se se refusent à voir l’essentiel, l’ob- un tel projet n’est, a priori, « pas feuilleton populaire américain, tie des conflits « insignifiants », agence de presse avec sa télé, ses rendre, incessamment, dans la jectif à long terme du Kremlin : viable parce qu’il coûterait des mil- BayWatch, affirme Tom Brokaw, le comme le conflit entre l’Ethiopie et propres radios, etc. Après la guerre petite république sécessionniste Moscou a entrepris de déstabiliser lions ». Il s’est toutefois prononcé responsable de la rédaction de l’Erythrée, pourtant le plus meur- froide, le besoin de propagande du Caucase. Voilà qui était censé l’ensemble du Caucase – Tché- pour « un partenariat renforcé avec NBC News. « C’est un bonbon (...), trier de l’année, selon le HCR, ou s’amenuisant, son budget a baissé sauver de l’insignifiance absolue tchénie, mais aussi Géorgie, Ar- les médias dans la lutte que mènent une fantaisie qui véhicule l’idéal les crises traversées par l’Angola et comme peau de chagrin : la chaîne le dernier sommet, tenu à Istan- ménie et Azerbaïdjan – pour y ré- les Nations unies contre la guerre et américain dans le tiers-monde », re- le Burundi. Les logiques commer- se contente désormais de diffuser à bul, de cette organisation regrou- tablir sa prépondérance. Les la pauvreté ». L’ONU est au- connaît-il. Cette émission pose un ciales, ferments de la majorité des l’intérieur du bâtiment les réu- pant cinquante-quatre pays (le seconds, les Américains, sont en jourd’hui acculée à demander l’aide problème pour Jennifer Sibanda, télévisions dans le monde, nions, dont elle fait un résumé Canada, les Etats-Unis, tous les mauvaise posture pour faire pres- des télévisions pour faire de la Fédération des femmes jour- montrent, sur la base d’un diagnos- quotidien qu’elle envoie ensuite pays européens, y compris les sion sur la Russie. comprendre aux populations et nalistes en Afrique australe, qui y tic sans illusion, que l’appel à la res- aux médias. Les blocages des pays Etats issus de l’implosion de A Istanbul, Bill Clinton est os- aux élites politiques sa mission : voit un « impérialisme d’images » : ponsabilité des diffuseurs relève du membres, à propos de documen- l’URSS). Or l’OSCE s’est déconsi- tensiblement resté dans le re- elle reconnaît d’une part l’influence « Beaucoup de télévisions en Afrique rêve. taires qu’ils considèrent comme de dérée. Chargée, comme l’indique gistre du « mon ami Boris » et de de la télévision-spectacle sur les achètent des émissions sans tenir la mauvaise publicité, l’ont ache- son nom, d’aider au maintien de l’accolade fraternelle avec le chef opinions publiques et les réactions compte de nos cultures. Aucun effort ASPIRATIONS ÉTOUFFÉES vée. Cette télévision, qui réalisait, la sécurité en Europe, elle mani- de l’Etat russe. Pourquoi ? L’expli- des gouvernements occidentaux, et n’est fait pour qu’elles soient adap- Resterait alors à créer une chaîne « dans les années 70, une vingtaine feste une impuissance éclatante cation pourrait tenir aux objectifs s’inquiète d’autre part de l’isole- tées. Or ce dont elles se nourrissent de télévision mondiale, parrainée de documentaires par an, n’en pro- au moment où la guerre que stratégiques de l’Amérique. Les ment des populations du Sud, qui (le sexe, la nudité, la violence...) nous par des opérateurs publics et pri- duit plus qu’un tous les deux ans », mènent les Russes en Tchétchénie Etats-Unis veulent se doter d’un subissent l’influence croissante des choque. Elles vont à l’encontre de vés, qui porterait le logo de l’ONU, affirme un ancien producteur au- menace de déstabiliser tout le bouclier, composé d’un système médias contrôlés par les pays nos propres valeurs. » serait transportée par satellite diovisuel de l’ONU, Simone de Ba- Caucase. de missiles antimissiles. Pour cela, riches. La télévision ne s’intéresse pas à – l’européen Eutelsat s’est dit prêt à gno. Les premières aspirations de Car les Russes, bien sûr, ne il leur faut obtenir le réaménage- Huit cents responsables de télé- la paix, ont dit les participants, ni soutenir le projet – et véhiculerait l’ONU en matière de télévision tiennent pas leurs promesses : ils ment du traité ABM de 1972 – sur vision venus de 90 pays étaient ras- au développement. Elle se nourri- ses valeurs humanistes... Elle per- sont donc mortes étouffées, la continuent à bombarder villes et les systèmes antibalistiques – qui semblés au siège des Nations unies rait d’images sombres, de mises en mettrait, selon ses initiateurs, d’ex- chaîne n’ayant jamais trouvé sa villages de ceux-là mêmes qu’ils les lie à la Russie. Celle-ci ne veut pour évaluer l’impact des pro- scène violentes, d’éphémère et de pliquer la mission de l’ONU, acces- place comme instrument d’infor- considèrent comme faisant partie pas entendre parler d’une modifi- grammes de télévision sur la paix et spectaculaire. Elle serait même par- soirement de redorer son image, mation public, réduite qu’elle fut à de leur propre population. Ils le cation dudit traité. Les Etats-Unis le développement, et présenter des fois vecteur de confrontations, am- ainsi que promouvoir « le journa- celui, moins glorieux, d’instrument font au fallacieux prétexte de dé- sont ainsi à l’égard du Kremlin en propositions. L’importance accor- plifierait la discorde sociale et se- lisme de prévention » cher à Kofi de relations publiques. La nouvelle loger quelques centaines d’extré- position de demandeurs sur un dée à la télévision par la commu- rait – à en croire certains – à Annan, afin d’alerter sur les risques version permettrait-elle d’échapper mistes islamistes et bandits de sujet qu’ils considèrent comme nauté internationale va croissant. l’origine de la déstabilisation de avant que les conflits n’éclatent, de à pareil destin ? Rien n’est moins grand chemin – certes bien tan- fondamental pour leur sécurité Elle « contribue considérablement à pays qui se trouvent à une étape filmer les crises humaines oubliées sûr. gibles, mais qui, eux, ont sans au siècle prochain : leur aptitude façonner les forces sociales, poli- vulnérable de leur histoire. La par les autres médias. Une façon doute depuis longtemps pris le à se défendre contre une attaque tiques et économiques qui animent concentration des télévisions entre aussi pour l’ONU de reprendre un Florence Amalou large. L’objectif est autre. Pour le de missiles de la part d’un pays les activités de l’homme », affirme les mains de quelques groupes peu d’autorité, puisque « c’est ce clan de Boris Eltsine et de son suc- « voyou » (rogue State), comme la Kensaku Hogen, le secrétaire géné- puissants pousse, aussi, à la diffu- qui apparaît dans la presse locale, Lire aussi, page 17, le texte de cesseur désigné, le premier mi- Corée du Nord, qui ne respecte- ral adjoint aux communications et sion des mêmes films avec les les images matraquées à la télévision l’intervention de Jean-Pierre El- nistre Vladimir Poutine, il s’agit, à rait aucune règle de la commu- à l’information de l’ONU. Mais, en mêmes héros d’un bout à l’autre de et leur gradation qui tendent à dé- kabbach à l’ouverture du 4e Forum court terme, de flatter l’ego natio- nauté internationale. étant surcommercialisée, la télévi- la planète. terminer l’ordre du jour de l’Assem- mondial de la télévision, le 18 no- nal en écrasant une population Tel est le contexte immédiat qui sion ne remplirait pas sa mission. Le désintérêt du Nord pour le blée générale ou du Conseil de sé- vembre, à New York. rebelle à la soumission russe. Et crée l’indifférence. Mais elle aura, d’empocher ainsi les élections lé- un jour, un prix. fit d’ajouter sa défense, à Florence, des privati- « socialisme démocratique » moderne permet sations, conçues pour aider à la modernisation au premier ministre de montrer sa singularité. 0123 est édité par la SA LE MONDE Lionel Jospin Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani de l’industrie, pour reposer la question : le Mais quand, à Florence, M. D’Alema le dé- Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; premier ministre est-il encore, au sens idéolo- signe comme l’incarnation d’une « gauche Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint gique, socialiste ? S’il sait doser ses accents en française (...) attachée aux traditions », il fait Directeur de la rédaction : Edwy Plenel est-il socialiste ? fonction des forums où il s’exprime, M. Jospin entendre une petite musique où il n’est plus Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette Suite de la première page s’affiche toujours partisan d’un socialisme dé- question de socialisme, mais seulement de Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment fini à la fois comme « internationaliste », « vo- modernité... Rédacteurs en chef : Chef d’une majorité plurielle qui englobe les lontariste » et « humaniste », fondé sur un rôle Sur le plan intérieur, le défi d’un réformisme Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; communistes, M. Jospin s’est convaincu que le régulateur de l’Etat. Mais ses contours radical qui ne dirait pas son nom s’annonce Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; socialisme n’existe plus « comme système de changent à grande vitesse. S’il s’inscrit dans le plus difficile. M. Jospin risque de buter sur le Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; « dynamisme idéologique » qui imprègne, selon pluralisme d’une majorité qui ne veut pas être Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) production, la supériorité du marché sur la pla- Rédacteur en chef technique : Eric Azan nification [s’étant] montrée incontestable ». lui, une social-démocratie aux « ailes quelque étouffée par la nouvelle pensée socialiste. Au Médiateur : Robert Solé Dans le même esprit, il juge que « le socialisme peu froissées », il s’oriente de plus en plus vers sein du PS, dont le premier secrétaire, François une version revue et corrigée, « moderne », Hollande, est un adversaire du « libéralisme de Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg n’est plus un système doctrinal » dès lors qu’a Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; disparu la « prétention » du marxisme à « être d’un « réformisme » social et radical. gauche », cette rénovation, déjà entamée, mais partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre une explication scientifique du monde ». Seule doctrinalement limitée, promet des débats ani- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président la « méthode du marxisme » peut être utilisée TROIS CONVICTIONS més. Avec la mise hors jeu de M. Strauss- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), pour « penser le capitalisme, pour le contester, M. Jospin organise sa rénovation de la pen- Kahn, nombre de candidats vont se disputer le André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) le maîtriser et le réformer ». Alors qu’il ne s’agit sée socialiste autour de trois convictions : flambeau de la modernité, de M. Hollande,

Le Monde est édité par la SA Le Monde plus de « changer de société », mais de « chan- « L’invention constante d’une juste articulation dont c’est le rôle naturel, à Martine Aubry, Eli- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. ger la société », M. Jospin ramène le socialisme entre les fins et les moyens, qui permet un vrai sabeth Guigou ou Alain Richard. Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, à un « horizon politique et moral ». réformisme » ; « l’indispensable régulation du M. Jospin devra aussi compter avec Laurent Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le premier ministre consacre la prise en capitalisme », fondée sur le « volontarisme de Fabius, qui se veut l’avocat d’une « gauche mo- Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. compte des « réalités nationales » par les dif- la puissance publique » ; la réunion des derne ». Le président de l’Assemblée nationale férents pays sociaux-démocrates, comme si « classes sociales autour de l’égalité des se défend de jouer les Tony Blair français et l’existence d’une pluralité de voies, légitimée chances », clé de voûte de son projet, présenté plaide pour un socialisme, non pas libéral, ILYA50 ANS, DANS 0123 par une Internationale socialiste qui se veut fin août devant le PS à La Rochelle, de « nou- mais « efficace ». Il y a deux ans, M. Fabius diverse, avait d’abord pour effet de... banaliser velle alliance » entre classes moyennes, classes avait présenté, pour le congrès du PS, à Brest, la troisième. D’un même mouvement, très in- populaires et exclus. « dix réflexions pour un socialisme moderne » Le gouvernement aux prises avec sa majorité fluencé ici par Dominique Strauss-Kahn, il in- Dans l’action, cette nouvelle social-démo- afin de « réinventer un modèle » pour le vite la social-démocratie à ne pas s’attacher cratie ou ce réformisme « radical » ne se li- XXIe siècle. Avec des accents blairistes, il évo- AUN AN de distance, plicite de l’Assemblée. M. Bidault exclusivement à la redistribution, mais à se mitent pas à « un néo-keynésianisme écono- quait l’« éducation continuelle », la modernisa- M. Georges Bidault rencontre les remplacerait « homme par préoccuper « des conditions de la production » mique ». Elle recouvre la maîtrise de la tion des institutions, la décentralisation et, mêmes difficultés que M. Henri homme » les démissionnaires et ne et à rechercher un « équilibre coopératif », politique économique, la lutte contre le chô- surtout, de « profondes réformes » de l’Etat. Queuille. Le précédent gouverne- démissionnerait lui-même que s’il voire « une nouvelle alliance », entre l’Etat et le mage et l’objectif du plein-emploi, « la pour- Depuis, M. Fabius a recensé sur ces sujets les ment n’avait pas un mois d’exis- avait contre lui la majorité constitu- marché. De même, quand il parle de l’égalité suite du progrès social » pour réduire les inéga- retards, les hésitations et les oublis. Pour mé- tence qu’il se trouvait lui aussi de- tionnelle des députés. Et c’est sans des chances, M. Jospin n’est pas loin d’adopter lités et la conquête, défendue avec un certain moire. vant une double nécessité : faire doute le sens que l’on doit accorder une posture blairiste en proclamant : « Nous écho à Florence, de « la modernité sociétale et voter de nouvelles ressources et à cette maxime dont on s’entretient recherchons l’égalité dans la différence. » Il suf- politique ». Dans les forums internationaux, ce Michel Noblecourt faire face à un mouvement de dans la coulisse : « Il y aura peut- grève. Ce diptyque a constitué les être une crise politique ; il n’y aura deux parties de l’allocution radio- plus de crise gouvernementale. » té de femmes et d’hommes vivent siècle, le XIXe. Il en va donc ainsi du forte espérance de vie. Jamais aussi diffusée prononcée le 23 novembre Au moment même, ou presque, L’Avenir sous des régimes démocratiques, prochain. L’espérance de vie y fran- proches les uns des autres : le « village par le président du conseil. où le président du conseil souhai- fussent-ils parfois d’apparence ou im- chira un nouveau cap. Le potentiel planétaire » est bien là, avec le choc La discussion du budget mettra le tait que les mots d’ordre de grève Suite de la première page parfaits. Même si, enfin, tout incite à prévisible pour un être humain pourra des cultures qui en résulte. gouvernement aux prises avec la ne soient pas suivis, le comité direc- croire en la science, celle-ci ayant en- atteindre 125 ans. En 2030, le nombre D’avoir trop cru au progrès nous a fraction modérée et radicale de sa teur SFIO invitait les socialistes à Tout paraissait pouvoir être maîtri- tretemps accompli des progrès fulgu- de personnes souffrant de malnutri- conduits à une trop forte désillusion. majorité ; le problème des conven- les suivre. Comme ses partenaires, sé et bientôt Lord Beveridge pourrait, rants, à des années-lumière de tout ce tion devrait chuter à 400 millions – ce Le temps est venu d’un espoir sans sa- tions collectives, celui de la grève le parti socialiste a ses nécessités in- en s’attaquant aux « quatre infor- que l’on pouvait envisager en 1900. qui est encore beaucoup trop. Mais la cralisation, de regarder l’avenir dans elle-même risquent à l’opposé de ternes. Il espère sans doute que le tunes » – la santé, le logement, l’édu- Mais le temps d’un siècle, justement, prolifération nucléaire s’installe, dans un mélange de lucidité et de mettre en cause la fidélité des so- président du conseil les compren- cation, la vieillesse – jeter les bases de il y eut deux déflagrations mondiales, l’indifférence coupable des grands confiance. Afin d’imaginer les indis- cialistes. Dans un cas comme dans dra. Mais les autres partis de la ma- l’Etat-providence, stade ultime du l’horreur d’Auschwitz, une guerre pays, la dégradation de l’environne- pensables régulations planétaires, l’autre, l’intention du président du jorité ? progrès. froide, nombre de crimes contre l’hu- ment menace, de nouveaux virus avec patience et vigilance. La liberté conseil semble bien être de ne cé- Aujourd’hui, pareil exercice semble manité, dont certains, au Rwanda, en pourraient prendre le sinistre relais du est toujours à réinventer. der ni devant d’éventuels retraits de Jacques Fauvet infiniment plus périlleux. Même si l’on Bosnie, si proches de nous. sida. Etc. ministres ni devant un vote non ex- (26 novembre 1949.) vit un peu ce que les contemporains Toute confrontation avec l’avenir C’est ce futur dans sa formidable J.-M. C. de 1900 ont vécu : une période de comporte donc, pour nous, des élé- diversité, cet avenir dans ses multiples transition, d’un mode de production à ments d’optimisme aussitôt corrigés contradictions, cet univers en voie de 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS un autre, d’un équilibre géopolitique à par une inévitable nuance d’effroi : la recomposition dans son extraordi- PRÉCISION un autre, avec d’autres modes d’orga- plus haute culture, l’extrême civilisa- naire complexité que nous avons vou- Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr nisation de la société qui s’esquissent tion, n’ont pas empêché la barbarie la lu tenter de saisir pour vous, le temps «L’AVENIR » Dans notre supplément exception- Télématique : 3615 code LEMONDE et de nouveaux modes de pensée qui plus folle. Pis, cette barbarie est née d’un numéro exceptionnel, en sachant Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) apparaissent. Sans que l’on puisse en dans la modernité de ce siècle. les limites d’un tel exercice, mais pas- nel L’Avenir, en vente avec ce numé- ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) discerner à coup sûr les nouveaux Au cœur du progrès, nous avons sionnés nous-mêmes par cette explo- ro, les œuvres du peintre Paul Rebey- contours. Et même si le XXe siècle donc appris à discerner les éventuels ration. Jamais, en tout cas, nous n’au- rolle ont été photographiées par Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 s’achève – divine surprise – par le « régrès » qu’il recèle, pour reprendre rons été si nombreux : 9 milliards en Michel Nguyen et par Gaston Berge- Index du Monde : 01-42-17-29-33. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 triomphe de la démocratie : depuis la un mot que le savant géographe Eli- 2050. Jamais aussi vieux : l’Europe ne ret. C’est par erreur que ces deux Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 chute du mur de Berlin, pour la pre- sée Reclus affectionnait, se méfiant pèsera plus à la même date que 7 % photographes ne sont pas crédités mière fois dans l’Histoire, une majori- des euphories progressistes de son de la population modiale avec la plus dans le supplément. LeMonde Job: WMQ2611--0019-0 WAS LMQ2611-19 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 10:18 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2061 Lcp: 700 CMYK

19 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999

CONCURRENCE Le gouverne- l’économie et des finances, Christian une contribution suffisante pour stratégie : le groupe comptait sur les Conseil de la concurrence, contre sa ment français a opposé son veto, Sautter, a repris les arguments du compenser les risques d’atteinte à la 4,7 milliards de francs qu’il aurait dû propre administration, M. Sautter mercredi 24 novembre, à la vente par Conseil de la concurrence. « Le projet concurrence qu’il comporte », avait retirer de la vente d’Orangina pour donne une preuve supplémentaire Pernod Ricard de sa filiale Orangina de concentration n’est pas de nature conclu l’autorité de régulation. se recentrer sur les boissons alcooli- de l’importance qu’acquièrent les au- à Coca-Cola. b LE MINISTRE de à apporter au progrès économique b PERNOD RICARD devra réviser sa sées. b EN SUIVANT L’AVIS du torités de régulation indépendantes. Coca-Cola se heurte à la volonté de régulation du gouvernement français Le géant d’Atlanta s’est vu, pour la seconde fois, refuser le rachat d’Orangina à Pernod Ricard, au nom du respect de la concurrence. A la veille du sommet de l’OMC à Seattle, la France marque ainsi sa détermination à limiter la puissance des multinationales

C’EST en quelques minutes, rants (CHR), reviendrait à un licen- Une croissance ralentie l’an 2000. Des signaux appréciés des autorités de régulation » selon entre deux autres sujets, le collectif cié, en l’occurence Pampryl, filiale des marchés financiers. L’action du M. Baskin et le rachat n’est tou- budgétaire et l’OMC, que Christian de Pernod Ricard. Coca gardait ce- CHIFFRE D'AFFAIRES DE COCA-COLA groupe d’Atlanta a crû de 17 % en jours pas réalisé. Le groupe se dé- Sautter a réglé le sort de l’affaire pendant un œil sur ce marché : il deux semaines pour atteindre fend d’avoir besoin de ces acquisi- PAR ZONES GÉOGRAPHIQUES Orangina Coca-Cola, mercredi faisait partie d’un « comité de pilo- ÉVOLUTION 67,94 dollars le 24 novembre. tions pour croître. « Nous ne 24 novembre, lors de sa première tage » pour vérifier la bonne ges- en milliards de dollars en % du CA 1998 Cependant, le géant fait face à un poursuivons pas une stratégie de conférence de presse depuis sa tion par Pampryl de la marque 20 AMÉRIQUE UNION problème structurel : comment croissance par acquisition. Orangi- prise de fonction. La cause semblait Orangina et discutait avec ce licen- DU NORD EUROPÉENNE réussir encore à croitre ? Il peut na, tout comme Schweppes sont des entendue, dès lors qu’un avis néga- cié des objectifs de ventes. 18,81 37 – sans humour – prétendre qu’il n’a opportunités de rachat que nous tif avait été rendu par le Conseil de Le Conseil de la concurrence a 19 que « 2 % de part de marché mon- avons saisies », explique-t-il. Il AFRIQUE la concurrence. trouvé que « de tels engagement ris- dial » en prenant en compte l’en- n’empêche. Sur le troisième tri- Comme son prédécesseur, Domi- quaient d’aboutir à une coordina- 3 26 semble des boissons sans alcool, mestre 1999, les marques du britan- nique Strauss-Kahn, M. Sautter tion de comportements entre Coca- eau du robinet comprise ! Personne nique Cadbury Schweppes, ont pe- 18 s’est tenu strictement à la conclu- Cola et le licencié ». En clair, que les 12 n’est dupe. Le groupe atteint sur le sé pour un tiers dans la croissance sion du Conseil : « Le projet de relations étaient encore trop marché des colas, mais aussi sur ce- du groupe en volume. 18,02 22 concentration soumis à l’examen du étroites entre Coca – propriétaire lui des boissons sans alcool, des 17 Conseil de la concurrence n’est pas de la marque à l’orange Fanta, AMÉRIQUE PROCHE- positions dominantes dans certains UN RACHAT HORS DE FRANCE ? de nature à apporter au progrès concurrent d’Orangina – et Pam- 1995 1996 1997 1998 LATINE ORIENT pays. Ces positions le font désor- Coca-Cola peut-il se priver du économique une contribution suffi- pryl pour qu’une libre compétition Source : Bloomberg mais se heurter, dans ses projets potentiel de croissance que consti- sante pour compenser les risques s’exerce ! d’acquisition, aux autorités de ré- tue toujours Orangina ? Théorique- d’atteinte à la concurrence qu’il et confirme qu’il ne reverra pas son alimentaire en Europe : ses pro- gulation de la concurrence. Outre ment, rien n’empêche le géant comporte sur le marché des boissons « C’EST LA DÉCEPTION » offre : « Notre candidature a été re- duits ont été soupçonnés d’avoir Orangina, sa tentative de racheter d’Atlanta de racheter la marque gazeuses sans alcool, autres que les Après près de deux ans d’attente, jetée par deux fois, c’est une décision causé des malaises en Belgique puis les marques du britannique Cadbu- hors de France. M. Baskin a ellip- colas destinées à la consommation les réactions des protagonistes sont définitive », a commenté Rob Bas- en France. Parallèlement, le groupe ry Schweppes – projet conclu en tiquement déclaré au Monde « qu’il hors foyer. » exarcerbées. « C’est la déception. kin, le porte-parole du groupe à enregistre un ralentissement de ses décembre 1998 pour le monde en- discuterait de ce sujet avec Pernod Lors de son premier avis, le Cette acquisition aurait pu servir Atlanta. Dans le camp adverse, le ventes mondiales – notamment en tier hors Etats-Unis – a échoué. Le Ricard ». Un point particulièrement 17 septembre 1998, le Conseil de la d’exemple, commente Eric Segré, moral est logiquement au beau Amérique du Sud, en Asie et en Eu- Conseil de la concurrence belge a important resterait alors à négo- concurrence avait trouvé que le ra- responsable de l’intersyndicale fixe : « Je suis satisfait, a commenté rope de l’Est – accentué en Europe interdit, le 28 avril, l’opération dans cier : que vaut Orangina sans la chat d’Orangina par Coca-Cola po- Orangina, un accord social entre Co- Charles Bouaziz, le directeur géné- par cette crise. Le titre en Bourse a son pays. France (deux tiers de son activité), sait problème sur le marché du ca et Orangina avait été conclu pour ral de Pepsi-Cola France, qui s’était perdu 37 % de sa valeur entre no- La Commission européenne a ou sans l’Europe (88 % de son acti- « hors domicile » (cafés, hôtels et maintenir l’emploi sur deux ans, une personnellement impliqué dans vembre 1998 et octobre 1999. Son menacé l’entreprise « d’amendes vité) ? Cette possibilité a même été restaurants) où la libre concurrence première. » « Je suis surpris par la cette bataille. C’est une décision PDG, Doug Ivester, a, depuis quel- lourdes » si elle ne soumettait pas évoquée par le ministre de l’écono- n’aurait pu s’exercer. Coca-Cola et soudaineté et la brutalité de la déci- forte en matière de concurrence, en ques semaines, multiplié les signes ce projet aux autorités de mie. Entre Coca et Orangina, « rien Pernod Ricard, l’actuel propriétaire sion, ajoute Jacques Pfister, actuel ligne directe avec d’autres décisions pour rassurer les marché financiers. Bruxelles. Par prudence, l’entre- n’interdit des coopérations sur les d’Orangina, avaient imaginé, pour président-directeur général d’Oran- européennes en matière de concen- Il a annoncé un remaniement mas- prise a abandonné une partie de marchés extérieurs, a déclaré cette seconde mouture, un nou- gina, Orangina peut dire adieu à un tration. » sif de son état-major et la montée l’Europe, l’acquisition n’étant effec- M. Sautter. Je serais ravi de voir la veau montage. Coca rachetait la développement, en France comme à 1999 restera dans l’histoire du en puissance de trois potentiels tive qu’au Royaume-Uni, en Ir- petite bouteille ronde faire le tour du marque Orangina en France, mais, l’international, aussi rapide que celui géant américain comme une « an- dauphins. Le 22 novembre, il an- lande et en Grèce. En Australie, au monde ». pendant dix ans, son exploitation promis dans le giron de Coca-Cola. » nus horibilis » . L’entreprise améri- nonçait une hausse du prix du Mexique et au Canada, l’entreprise auprès des cafés, hôtels et restau- Coca-Cola exprime sa déception caine a fait face, en juin, à une crise concentré de cola de 7 % pour est également « en discussion avec Laure Belot Deux ans de procédures Pernod Ricard contraint de revoir sa stratégie b 21 décembre 1997 : Coca-Cola l’annulation de la décision du signe un accord avec Pernod-Ricard ministre. CHEZ Pernod Ricard, au lendemain du de 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dé- 1997. Et son accord avec Cuba pour devenir le sur l’acquisition d’Orangina au prix b 9 avril 1999 : le Conseil d’Etat deuxième refus opposé par le gouvernement tenteur de quelques-unes des plus grandes distributeur exclusif du rhum cubain Havana de 5 milliards de francs. rejette le recours présenté par au rachat d’Orangina, on est un peu sonné. Le marques d’alcool au monde (Johnny Walker, Club en a fait l’un des principaux concurrents b 14 mai 1998 : le ministre des Coca-Cola. groupe français de vins et spiritueux attendait Gordon’s, Smirnoff...). Le champion français, de Bacardi, numéro un mondial du rhum. Ce- finances, Dominique Strauss-Kahn, b 4 mai : Coca-Cola présente un 4,7 milliards de francs de la cession de sa filiale avec la cession d’Orangina, aurait été en me- lui-ci a senti le danger, revendiquant auprès de saisit le Conseil de la concurrence nouveau plan d’acquisition de de boissons gazeuses à Coca-Cola. Une manne sure de mobiliser près de 14 milliards de francs. l’OMC la propriété de Havana Club. Plus ré- sur la vente d’Orangina à 4,7 milliards de francs d’Orangina, qu’il comptait réinvestir dans le recentrage De quoi, par exemple, se lancer dans un rap- cemment, ces derniers mois, Pernod Ricard a Coca-Cola. qui exclut les ventes hors domicile opéré depuis deux ans sur les alcools. prochement avec le britannique Allied Do- investi un autre marché en croissance, celui des b 15 septembre : Coca-Cola signe en France. Pernod Ricard « s’était préparé à cette déci- mecq, sur lequel pariait la rumeur ces derniers vodkas. Coup sur coup, le groupe français s’est un protocole d’accord avec les b 12 mai : le ministre des finances sion et au réajustement de stratégie qu’elle pour- mois. porté acquéreur de la marque polonaise Wybo- représentants des salariés saisit à nouveau le Conseil de la rait entraîner », indique le groupe dans un rowa et de la tchèque Becherovka. d’Orangina dans lequel la firme concurrence sur le nouveau plan communiqué, tout en soulignant qu’il « pren- LA TROISIÈME MARQUE D’ALCOOLS AU MONDE Mais tout cela demeure modeste. Seule une s’engage à maintenir l’emploi d’acquisition d’Orangina dra toutefois le temps de la réflexion avant de Ricard demeure la troisième marque d’al- grande acquisition, ou un rapprochement d’en- pendant deux ans. b 5 juillet : Coca-Cola donne de confirmer ses intentions sur le marché mondial cools au monde, mais la consommation d’ani- vergure, pourrait permettre à Pernod Ricard de b 17 septembre : le ministre des nouvelles garanties sociales aux des spiritueux et de dévoiler ses projets ». Mer- sés reste cantonnée au pourtour méditerra- recoller au peloton de tête. Quant à Orangina, finances s’oppose à la vente salariés d’Orangina. Un accord est credi, le titre Pernod Ricard chutait de 4,6 %, à néen. Le groupe français mène depuis plusieurs à défaut de trouver un acquéreur à un prix aus- d’Orangina, suivant l’avis du Conseil signé. 58,20 euros, à la clôture de la Bourse de Paris. années une diversification dans les autres al- si alléchant que celui proposé par Coca-Cola, de la concurrence, qui avait souligné b 24 novembre : le nouveau Brutalement, le numéro un français des al- cools, par une stratégie d’acquisition de pro- Pernod Ricard pourrait décider d’en faire une des risques de position dominante ministre des finances, Christian cools est passé du stade de prédateur à celui de duits de « niche », à faible part de marché, « vache à lait », en arrêtant tout investissement sur les ventes hors domicile (cafés, Sautter, refuse le rachat d’Orangina proie, dans un monde des spiritueux où la taille mais à forte valeur ajoutée. Il est ainsi devenu, pour extraire de sa filiale de soft drinks le maxi- restaurants, distributeurs). par Coca-Cola, à la suite d’un critique a fait un bond depuis la fusion géante en rachetant en 1998 Irish Distillers, le numéro mum de profits. b Novembre 1998 : Coca-Cola saisit nouvel avis négatif du Conseil de la entre Guinness et GrandMet, en 1997, qui a un du whiskey irlandais. Il a pris la tête du mar- le Conseil d’Etat en vue d’obtenir concurrence. donné naissance à Diageo, un monstre de plus ché espagnol avec l’acquisition du gin Larios en P. Ga.

COMMENTAIRE Son successeur semble même avoir adopté une ligne de conduite ABUS DE POUVOIR, plus stricte. M. Strauss-Kahn, après son refus de septembre 1998, avait ABUS DE PUISSANCE fait savoir à Coca-Cola que « [sa] porte restait ouverte », M. Sautter a « ABUS DE POUVOIR » avait plai- fermé la sienne. Il n’a pas pris en dé, en vain, Coca-Cola contre le gou- compte les marges de manœuvre, vernement français devant le laissées par le Conseil de la concur- Conseil d’Etat, après le premier refus rence, pour donner à Coca et Pernod essuyé en septembre 1998. « Abus Ricard une ultime possibilité de né- de puissance », lui a rétorqué, pour gociation. la deuxième fois, le ministère de Plus spectaculaire, le ministre a l’économie. On ne saurait mieux ré- pris le contre-pied de ses propres ex- sumer le débat entre multinatio- perts de la très redoutée DGCCRF. La nales et Etats nationaux, au moment direction de la concurrence, de la où se réunit à Seattle l’Organisation consommation et de la répression mondiale du commerce (OMC). Co- des fraudes n’avait rien trouvé à re- ca-Cola ne s’est heurté ni à un anti- dire au dernier schéma de Coca-Cola américanisme primaire ni à un anti- pour la reprise d’Orangina. Et pour mondialisme militant des Français. cause : le directeur général de la Mais à la volonté affichée par Lionel concurrence avait lui-même négocié Jospin de « réguler » l’économie. durant de longs mois avec le groupe « Je ne peux à la fois plaider pour américain. Quant au ministère de davantage de régulation à l’échelon l’industrie, il n’a pas eu son mot à international [et] me dispenser d’ap- dire : le droit s’est imposé au détri- pliquer les règles qui existent quand ment des intérêts du champion fran- elles posent des difficultés à tel ou çais des alcools Pernod Ricard. Le tel », a expliqué Christian Sautter, le message est clair. Entre l’économie nouveau ministre de l’économie. sous tutelle, qui fut longtemps la Dossier après dossier, le Conseil de règle en France, et la dictature d’en- la concurrence se confirme, dans la treprises toujours plus voraces, il y pratique sinon dans les textes, aurait donc le marché « régulé ». comme une « autorité de régula- Certains y verront l’ultime habillage tion », souveraine et indépendante. de l’interventionnisme, d’autres une Celle-là même que Dominique nouvelle preuve de l’abdication du Strauss-Kahn appelait de ses vœux et politique. dont il suivait systématiquement les avis. Pascal Galinier LeMonde Job: WMQ2611--0020-0 WAS LMQ2611-20 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 10:05 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2062 Lcp: 700 CMYK

20 / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 ENTREPRISES Gerhard Schröder sauve in extremis Philipp Holzmann de la faillite Libéralisation L’intervention du chef du gouvernement et l’appui financier de l’Etat ont convaincu de l’électricité : les banques de débloquer plus de 2 milliards d’euros pour tirer d’affaire le numéro deux du BTP allemand Bruxelles L’intervention du chancelier allemand a per- cières, qui avaient refusé, lundi, d’apporter 250 millions de deutschemarks (125 millions montrer sa capacité à se redresser. Il est mis à Philipp Holzmann, numéro deux alle- leur soutien au nouveau plan de redresse- d’euros). Les banques ont accepté de déblo- d’ores et déjà acquis que 3 000 emplois sur poursuit mand du BTP, d’échapper à la faillite in ex- ment du groupe. Il leur a demandé de quer 2,15 milliards d’euros, dont une part im- un total de 28 000 seront supprimés, tandis tremis. Mercredi soir, Gerhard Schröder s’est « prendre leurs responsabilités économiques portante prise en charge par la Deutsche que 1 800 salariés quitteront le groupe dans rendu à Francfort, auprès des banques créan- et sociales », et octroyé un appui de l’Etat de Bank. Philipp Holzmann doit maintenant dé- le cadre de cessions d’actifs. Paris FRANCFORT de « monter la garde » jusqu’à l’is- en vain de convaincre ses créan- Mannesmann contre le britannique M. Schröder s’était enfin entretenu LA COMMISSION européenne de notre correspondant sue de la rencontre, les discussions ciers de la viabilité du groupe mal- Vodafone, dans l’autre dossier avec le ministre-président du Land a lancé, mercredi 24 novembre, M. Schröder a gagné le pari qu’il ne se sont pas prolongées très tard. gré l’annonce brutale d’un énorme chaud du moment. A peine le de Hesse, Roland Koch, et le maire une procédure d’infraction contre avait lancé la veille : son interven- Les vingt-sept établissements de trou (2,4 milliards de deutsche- groupe avait-il déposé son bilan de la ville de Francfort, Petra Roth. la France, qui n’a toujours pas tion a fait plier les banques créan- crédit, qui avaient en début de se- marks), lundi 15 novembre, va donc que Gerhard Schröder montait au Ces deux personnalités chré- transposé dans son droit national cières de Philipp Holzmann, le nu- maine refusé d’accompagner un pouvoir mettre en œuvre un plan créneau pour tenter de sauver l’em- tiennes-démocrates avaient tenté la directive européenne sur l’ou- méro deux allemand du BTP, en nouveau plan de redressement du d’assainissement sur la base de ce- ploi. Il venait de rencontrer le pré- en vain lundi soir une première mé- verture à la concurrence de son dépôt de bilan. Une réunion de groupe surendetté, ont accepté de lui préparé à la sauvette la semaine sident du comité d’entreprise de diation. « Il faut souvent une goutte marché de l’électricité. Quatre moins de deux heures, mercredi remettre la main à la poche. Leur dernière. Au moins 3 000 emplois Philippe Holzmann, Jürgen Mah- d’eau pour faire évoluer une situa- pays européens sont à l’origine 24 novembre à partir de 19 h 30, soutien devrait s’élever au total à devraient être supprimés, essentiel- necke, et le chef du syndicat alle- tion, le chancelier a été une grosse des plaintes, telles la Grande-Bre- aura été suffisante pour parvenir à 4,3 milliards de deutschemarks lement en Allemagne. Des activités mand du BTP. Les proches de goutte d’eau », a reconnu M. Koch, tagne où EDF a racheté ce résultat. Après avoir été in- (2,15 milliards d’euros) dont 1,5 mil- non rentables ou marginales de- M. Schröder ont en outre répété, après l’annonce du succès des Electricity sans aucune réciprocité flexibles jusqu’à lundi soir, les éta- liard pour la seule Deutsche Bank. vraient être cédées, entraînant le dans les heures précédant sa visite pourparlers. possible et l’Allemagne où il a pu blissements de crédit ont finale- départ de 1 800 personnes supplé- à Francfort, que l’entreprise pou- « Les banques ont compris qu’elles acquérir une participation minori- ment accepté le plan PLAN D’ASSAINISSEMENT mentaires, sur un effectif actuel de vait être « assainie ». jouaient leur image et la réputation taire dans EnBW. d’assainissement financier présenté Une recapitalisation est prévue. 28 000 salariés. Il s’agira de réduire du site industriel allemand », a ex- Lors d’une conférence de par Heinrich Binder, le président du Elle sera complétée par une aug- les capacités de production, tout en « UNE GROSSE GOUTTE D’EAU » pliqué le chancelier pour justifier presse, mercredi, le ministre fran- directoire. Philipp Holzmann a aus- mentation de capital d’un montant sélectionnant plus rigoureusement Depuis mardi, ses services étu- leur revirement. Ces derniers jours, çais de l’économie, Christian Saut- sitôt retiré la demande de mise en proche de 1,2 milliards de deutsche- les contrats de construction. Les sa- diaient la possibilité d’un soutien fi- les salariés en colère ont manifesté ter, a indiqué que le retard français cessation de paiements déposée mark, et l’ouverture d’une nouvelle lariés se sont engagés à revenir à nancier du gouvernement. Mais la contre les principaux établisse- est dû au fait que l’Assemblée na- mardi matin. ligne de crédit de 1 milliard. Pour une semaine de 43 heures sans marge de manœuvre du chancelier ments, tandis que le quotidien po- tionale et le Sénat n’ont pas réussi « Les créanciers ont accepté de réduire l’endettement de Holz- compensation salariale, et les paraissait étroite, d’autant que la pulaire Bild, qui demeure une des à s’entendre sur un texte commun. prendre leurs responsabilités écono- mann, les banques reprendront cadres renoncent à 6 % de leurs sa- Commission de Bruxelles a fait sa- lectures favorites de M. Schröder Le ministre « escompte bien » que miques et sociales », a affirmé Ger- certains terrains destinés à des pro- laires. Les grandes lignes de ce plan voir mercredi, par la voix de son pour comprendre l’opinion pu- la directive européenne sera hard Schröder, à l’issue de la réu- jets immobiliers. De son côté, le doivent être précisé dans les jours commissaire à la concurrence, Ma- blique, dénonçait mercredi matin « adoptée au terme de la procédure nion avec les banques,tenue au gouvernement a annoncé l’octroi qui viennent. rio Monti, qu’elle observait de près « la honte des banques ». La Deut- parlementaire normale, c’est-à-dire siège de Philipp Holzmann, dans le par la banque publique KfW d’un Ce coup de théâtre aura été soi- l’évolution du dossier, mais qu’elle sche Bank, deuxième actionnaire et d’ici février ou mars 2000 ». cœur du quartier financier de crédit de 150 millions de deutsche- gneusement préparé et mis en tolérerait une intervention sous principal créancier de Holzmann, Francfort, à deux pas de la Banque marks, et d’une garantie bancaire scène par un chancelier qui dé- forme de crédit ou de garanties mais surtout la Commerzbank, qui centrale européenne. Alors que des de 100 millions. Le directoire de montre là tout son flair politique, bancaires. aurait le plus traîné les pieds, salariés, mobilisés, s’étaient promis Philipp Holzmann, qui avait tenté après avoir pris fait et cause pour Avant de retrouver les banquiers, étaient au cœur des critiques. Grèves locales Contre toute attente au sein de la communauté financière francfor- toise, les instituts de crédit ont fi- sur le réseau nalement cédé devant le tollé susci- Dans Francfort en liesse, c’est Noël en novembre té par la perspective d’une FRANCFORT magne. En début de soirée, un petit millier de entreprise vieille de cent cinquante ans lâchée liquidation pure et simple de Phi- nord de notre correspondant salariés se sont rassemblés autour d’un podium par ses banques. lipp Holzmann. Créé voici 150 ans, Jürgen Mahneke en a presque les larmes aux et d’un brasero devant leur maison mère... à En début de soirée, alors que le chancelier et le numéro deux du bâtiment fait yeux. « Pour nous tous, Noël arrive ce soir, le quelques centaines de mètres des banques qui ses interlocuteurs entament leurs discussions, partie des entreprises dont le nom de la SNCF 24 novembre, lance le président du conseil ont jusque-là bloqué son sauvetage. « Pendant certains se préparent à une longue nuit. Moins demeure associé à la période de la LES CHEMINOTS protestent d’entreprise de Philipp Holzmann aux salariés des années, les banques ont utilisé nos bénéfices de deux heures plus tard, le chancelier a réussi reconstruction et du « miracle alle- notamment contre la mise en mobilisés devant le siège du groupe, nous al- pour se faire construire les gratte-ciel somptueux à mettre tout le monde d’accord. Certains ont mand » après la guerre. Outre place des nouveaux roulements lons pouvoir offrir des cadeaux à nos enfants qui sont devant nous », dénonce un orateur. du mal à croire à un dénouement aussi rapide. 28 000 emplois directs, sa dispari- de travail qui doivent intervenir dans un mois. » Gerhard Schröder a annoncé, « Les banques ont accepté de prendre leurs res- tion aurait menacé entre 30 000 et le 28 novembre, ou contre les quelques minutes plus tôt, le sauvetage in ex- INCRÉDULITÉ ponsabilités », résume M. Schröder avant de re- 40 000 salariés chez les sous-trai- modalités locales d’application tremis du numéro deux allemand du BTP, à l’is- Avec ses 250 mètres de haut, le siège de la partir pour Berlin. tants. Le groupe, dont les effectifs des 35 heures. Sur le réseau Pa- sue d’une rencontre rondement menée avec la Commerzbank, particulièrement mise en cause Moins sûr de lui, Heinrich Binder, le pré- approchait les 50 000 salariés voici ris-Nord, il y avait deux trains direction et ses banques créancières. Après un par les manifestants, se dissimule à peine dans sident du directoire de Philipp Holzmann, trois ans, a déjà fait l’objet d’une sur cinq sur le RER B, un train point presse improvisé, le chancelier s’est pré- la brume. Celui de la Deutsche Bank, deuxième prend à son tour la parole pour encourager ses vaste restructuration depuis 1997. Il sur trois sur Paris-Pontoise, et cipité vers les salariés mobilisés dans la rue : actionnaire et principal créancier de Philipp troupes : « Il nous faut maintenant prouver que a souffert de la récession qui per- un train sur deux sur Paris-Per- « Holzmann est sauvé ! » a-t-il proclamé, avant Holzmann, se confond avec la nuit. La circula- nous méritons cette confiance », improvise-t-il, dure dans le secteur du BTP alle- san-Beaumont, Paris-Luzarches de savourer son triomphe auprès d’une foule tion sur cette artère importante de la ville est avant d’affirmer qu’il entend demander au plus mand. Et son éventuel redresse- et Paris-Valmondois. En pro- qui n’a pas tardé à scander son prénom : « Ger- bloquée par des engins de terrassement. «La vite la levée du dépôt de bilan. Une issue à la- ment, malgré le « cadeau de Noël » vince, des perturbations tou- hard ! Gerhard ! ». politique et le capital doivent sauver les em- quelle il ne semblait pas vraiment croire, la offert par le chancelier, n’est pas chaient le trafic dans la Nièvre, Cette ambiance, à mi-chemin entre meeting plois », proclament des panneaux en forme de veille. gagné d’avance. l’Allier, dans la région de Mar- électoral et piquet de grève, a quelque chose croix qui ont accompagné tout l’après-midi un seille ainsi que sur la ligne Paris- d’insolite pour la capitale financière de l’Alle- cercueil censé symboliser l’enterrement d’une P. R i. Philippe Ricard Granville. Par ailleurs, alors que la direc- tion de la SNCF doit prochaine- ment annoncer la filialisation du Le coup de génie politique du chancelier allemand Sernam, le service messagerie de la SNCF, les syndicats an- BERLIN début décembre. Si la gauche du France, la question se pose désor- lorsqu’il était en Basse-Saxe, plai- français, Jacques Chirac, qui dînait noncent une journée de grève le de notre correspondant parti s’aventure à reprocher à mais de savoir lequel des deux est dait à la fois pour la réduction du avec M. Schröder à Berlin mardi 2 décembre en réclamant «le Triomphe politique pour Ger- M. Schröder son plan d’économies le plus étatiste. temps de travail chez Volkswagen 23 novembre, a été très sensible maintien du Sernam en tant que hard Schröder : mercredi 24 no- budgétaires, ce dernier pourra ré- L’interventionnisme de mais son augmentation chez au discours social du chancelier service à part entière de la vembre, le chancelier allemand a torquer qu’il vient de sauver plu- M. Schröder apporte un cinglant Continental, à chaque fois, dans pour sauver Holzmann. Pourtant, SNCF », ainsi que « le maintien sieurs dizaines de milliers d’em- démenti à ceux qui croyaient que un seul but : la préservation de son renflouement fausse la de tous les emplois ». La fédéra- ANALYSE plois. l’Allemagne avait adopté le mo- l’outil industriel et de l’emploi. concurrence avec les entreprises tion CFDT appelle en outre l’en- Le « camarade Pour renflouer Philipp Holz- dèle anglo-saxon. Le sauvetage de M. Schröder incarnerait les vertus européennes du secteur, semble des cheminots à mani- mann, le chancelier a décidé d’in- Holzmann, c’est au contraire le du modèle de consensus alle- Bouygues et autres, mieux gérées, fester leur opposition au projet des patrons » vestir dans cette entreprise du sec- succès de « Deutschland AG », mand, doux, soucieux de protéger qui ont le plus grand mal à péné- de privatisation et leur soutien est redevenu teur concurrentiel les deniers du voire un sursaut du modèle rhé- les salariés. trer le marché allemand. aux salariés du Sernam par l’or- l’idole des salariés contribuable, via un prêt d’Etat et nan. Il décrédibilise le discours des L’Allemagne montre comme ganisation de débrayages, le une garantie bancaire de 250 mil- patrons allemands, qui donnent à VISION MORALE toujours un double visage, libérale même jour. Selon les syndicats, lions de deutschemarks au total. tout va des leçons de libéralisme. Il y a chez M. Schröder une vi- hors de ses frontières, interven- les trois quarts des quelque imposé en deux heures aux ban- Cette action s’inscrit dans la conti- Grand seigneur, le chancelier s’est sion morale du capitalisme – il tionniste à l’intérieur. Ce qui pose 6 200 emplois dépendant du Ser- quiers de Francfort un plan de nuité de ses multiples interven- offert le luxe d’expliquer qu’il ne était injuste de faire payer aux sa- problème à Bruxelles : cham- nam sont menacés par ce projet. sauvetage de l’entreprise en fail- tions, lorsqu’il était ministre-pré- s’agissait pas là d’un succès d’un lariés de Holzmann les errements pionne européenne des subven- Selon le syndicat SUD-Rail, le lite Philipp Holzmann. En un ins- sident de Basse-Saxe, avec l’aide quelconque parti. La classe poli- de la direction de l’entreprise et tions à l’industrie, elle est la cible Sernam devrait être filialisé dès tant, le « camarade des patrons » de la banque de sa région, tique a fait l’union sacrée, et Ro- l’inconséquence de ses ban- privilégiée des commissaires à la le 1er janvier et privatisé trois est redevenu l’idole des salariés, NordLB. En 1991, il avait participé land Koch, ministre-président quiers – et une foi en la produc- concurrence. mois plus tard en le rappro- qui l’ont acclamé à la sortie de la au sauvetage de l’entreprise de chrétien-démocrate de la Hesse, la tion : tout doit être fait pour sau- M. Schröder se donne le beau chant de Géodis, lui-même déte- réunion. Il a forcé les banquiers de pneumatiques Continental, mena- région de Francfort, qui avait ten- ver un outil productif performant, rôle social, en déclarant qu’on ne nu à 43 % par la SNCF. Selon Francfort à faire « leur devoir », cée d’un raid de l’italien Pirelli. En té lundi une médiation infruc- quelles qu’aient été les erreurs fi- pouvait « se permettre ces jours-ci SUD, la société ainsi créée sera confirmant le mot de François 1994, il avait organisé le sauvetage tueuse, s’est réjoui avec le chance- nancières commises. L’argument de céder le moindre emploi sans cotée en Bourse. L’opération Mitterrand sur la réunification al- d’une filiale de DASA, Lemwerder, lier : « C’est un signal pour montrer n’est toutefois pas pertinent dans combattre ». Mais les sommes in- rapporterait, selon le syndicat, lemande, estimant qu’« on ne dit menacée de fermeture. En 1998, il que l’économie allemande ne fonc- le cas de Holzmann. Le BTP alle- vesties dans le BTP ne le seront 1,8 milliard de francs à la SNCF. pas non au chancelier de l’Alle- n’avait pas hésité à nationaliser le tionne pas comme aux Etats-Unis. » mand est en surcapacité et des en- pas dans la recherche ni dans les Cette solution, si elle est rete- magne ». C’est le premier succès sidérurgiste Salzgitter, en passe Le modèle rhénan, c’est cette treprises devront sortir du mar- entreprises high-tech. Le candidat nue, était l’une des trois pistes intérieur du chancelier depuis son d’être repris par son concurrent absence de dogmatisme qui per- ché. à la chancellerie, qui chantait en expertisées par la SNCF avec élection en septembre 1998. Le autrichien Voest Alpine. Entre le met au chancelier et à la classe po- Mais le sauvetage de Holzmann 1998 un hymne à la croissance et à une reprise par ABX (chemins sauvetage de Philipp Holzmann moderniste Gerhard Schröder, qui litique allemande de trouver les est surtout une gifle infligée aux l’innovation, seules capables de de fer belges) et la reprise par devrait lui permettre de passer s’affichait au printemps avec Tony 230 à 250 millions de marks man- entreprises mieux gérées du sec- créer les emplois de demain, une partie des cadres de l’entre- sans encombre l’épreuve du Blair, et le traditionnel Lionel Jos- quants pour boucler le plan de teur, aux PME qui devront licen- semble avoir disparu. prise associés à un groupe ban- congrès du parti social-démo- pin, si volontiers méprisé par les sauvetage. On retrouve le pragma- cier, sans doute avec moins d’at- caire (Le Monde du 15 no- crate (SPD) qui se tiendra à Berlin Allemands mais qui privatise en tisme de Gerhard Schröder, qui, tention médiatique. Le président Arnaud Leparmentier vembre).

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Les nouvelles technologies : les Hommes, les entreprises, les produits pour entrer et vivre dans le XXIe siècle. Avec LeMonde Job: WMQ2611--0021-0 WAS LMQ2611-21 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:59 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2063 Lcp: 700 CMYK

21 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 Les syndicats de l’AFP maintiennent la pression contre le plan Giuily Toujours opposées à la réforme proposée par le président de l’Agence France-Presse, les organisations syndicales ont lancé un nouvel arrêt de travail de vingt-quatre heures reconductible, alors que le gouvernement mise sur un consensus dans l’entreprise pour l’aménagement du statut

LA CONFRONTATION entre tration de l’agence doit se pro- l’entrée dans le capital de nou- clare confiant pour la suite des dans le même temps, ma responsa- communication, chargé d’élabo- syndicats et direction continue à noncer sur le projet de M. Giuily veaux partenaires. Par la voix no- événements. « Pour la première bilité, c’est de présenter un budget rer l’éventuelle réforme du statut l’Agence France-Presse (AFP). le 15 décembre, les syndicats tamment du député socialiste fois, il y a un consensus au Parle- qui place d’ores et déjà l’agence sur de l’AFP, l’heure est à la prudence. Pour la troisième fois en deux cherchent à maintenir la pression Jean-Marie Le Guen (Le Monde du ment sur la nécessité d’une réforme la voie du développement », ex- Catherine Trautmann, le ministre mois, l’intersyndicale a appelé le et à pousser l’avantage qu’ils ont 20 novembre), une partie de la du statut et d’une ouverture du ca- plique M. Giuily. de tutelle, semble d’accord sur la personnel à faire grève, jeudi pris sur le terrain politique. A l’is- gauche a reproché à M. Giuily de pital de l’AFP. Je ne vois pas com- présentation d’un budget 2000 en 25 novembre, pour s’opposer au sue d’une intense campagne de pratiquer la politique du « fait ac- ment cela ne se ferait pas », af- déficit et elle a encore récemment plan de réforme proposé par le lobbying auprès du Parlement et compli ». Elle a rappelé que c’était firme-t-il. Convaincu du soutien L’arrêt de travail réaffirmé son soutien à une ré- président Eric Giuily. Ce projet du gouvernement, les prises de au Parlement de modifier le statut du gouvernement, le président de forme du statut. Mais, alors qu’il prévoit l’arrivée de partenaires position de la gauche plurielle de 1957 afin de permettre, éven- l’AFP mise sur la présentation au devait être soumis était envisagé d’introduire cette extérieurs pour financer le déve- ont, en effet, obligé M. Giuily à tuellement, l’arrivée de capitaux Parlement de la réforme du statut réforme dans la future loi sur la loppement de l’AFP, dans le do- revoir sa copie. Le président de privés. dès le printemps prochain. En at- au vote du Société de l’information, qui sera maine du multimédia notamment. l’AFP a dû renoncer à la filialisa- Si l’intersyndicale souligne le tendant, pour apaiser les inquié- débattue au printemps, la persis- Les syndicats y voient une menace tion d’une partie des activités de « camouflet » infligé au PDG de tudes sur l’indépendance de personnel, tance des tensions au sein de l’en- pour l’indépendance de l’agence l’agence qu’il avait prévue comme l’AFP, ce dernier fait contre mau- l’agence, M. Giuily a affiné ses treprise semble inciter à davan- et une tentative déguisée de pri- mesure transitoire en attendant vaise fortune bon cœur et se dé- propositions en évoquant la créa- ainsi qu’une motion tage de réserve. vatisation. Prévu pour une durée tion d’une Fondation qui détien- « Compte tenu du contexte syndi- reconductible de vingt-quatre drait une minorité de blocage de défiance cal, il n’est pas opportun de brus- heures et limité aux « fils » fran- Appel à une « grève responsable » dans le capital social et où se- quer les choses. La réforme du sta- çais, l’arrêt de travail devait être raient représentés l’Etat, la presse à l’égard tut n’est pas un préalable et n’est soumis au vote du personnel, ain- L’appel à la grève ne fait pas l’unanimité au sein du personnel de et le personnel. pas d’actualité immédiate », fait- si qu’une motion de défiance à l’AFP. Sous la forme d’une pétition signée par environ 200 per- Parallèlement, afin de démon- de M. Giuily on valoir rue de Valois. Le minis- l’égard de M. Giuily. « Nous refu- sonnes, une partie des salariés s’est déclarée en faveur du plan de trer sa volonté de développement tère souhaiterait d’abord obtenir sons la privatisation de l’AFP avec réforme de la direction et reproche aux syndicats de s’enfermer et de création d’emplois, le pré- un consensus sur la stratégie de sa transformation en société ano- dans une logique de confrontation. Même parmi les syndicats, des sident de l’AFP compte présenter, L es syndicats, au contraire, y développement au sein même de nyme et l’entrée dans l’entreprise dissensions se font jour. Membre de l’intersyndicale, le Syndicat na- le 15 décembre, un budget 2000 en voient une nouvelle tentative de l’AFP. Tout en précisant qu’il «ne de capitaux incontrôlables, affirme tional des journalistes (SNJ) soutient le mouvement, mais il se dé- déficit afin de financer une hausse placer le personnel devant le fait s’agit pas d’une instance de négo- l’intersyndicale. Nous exprimons clare contre la motion de défiance à l’encontre du PDG , Eric Giuily. de 6 % du chiffre d’affaires, avec accompli. « Présenter un budget en ciation », il propose la tenue d’une notre défiance vis-à-vis du PDG qui Le SNJ appelle à une « grève responsable », votée à bulletin secret la promesse d’une centaine de déficit, c’est une façon de rendre table ronde pour janvier. Les syn- met en œuvre cette privatisation ne par le personnel en France, mais aussi à l’étranger, contrairement à postes supplémentaires à la clé. indispensable le recours aux capi- dicats ne semblent pas décidés à pouvant aboutir qu’à un démantè- ce que proposent les autres syndicats. Il souhaite que la grève soit « En ce qui concerne la réforme du taux privés pour boucher le trou », attendre jusque-là pour se faire lement de l’agence, au lieu et place décidée de manière « démocratique et transparente ». Par ailleurs, statut, ce n’est plus à la direction de affirme Tristan Malle, de Force entendre. de son nécessaire développement. » plusieurs bureaux de l’AFP à l’étranger ont fait savoir qu’ils souhai- jouer un rôle moteur, on entre dans Ouvrière (FO). Alors que le conseil d’adminis- taient participer au vote. un débat parlementaire. Mais, Du côté du ministère de la Frédéric Chambon Les jeunes redécouvrent le chemin du kiosque Laurent Fabius renonce à s’afficher pour « Les Echos » CONTRAIREMENT aux idées re- les jeunes achètent moins régulière- « QUAND J’AVANCE des propositions, j’ai tout. En fait, l’intéressé a demandé au quo- du cabinet, et la phrase reprise en accroche çues, les jeunes ne se désintéressent ment des quotidiens que leurs aînés : besoin d’une analyse serrée des faits. » Une tidien économique « d’interrompre » cet af- a bel et bien été prononcée par Laurent Fa- pas de la presse et n’ont pas perdu le 10,6 %, contre 35,1 % parmi les plus de signature : Laurent Fabius. Portrait pleine fichage. « Cela partait d’un bon sentiment bius. goût de la lecture des journaux. Ils 50 ans. Ils sont aussi plus hésitants page en noir et blanc, le président de l’As- mais finalement ce n’était pas nécessaire- Pour le troisième personnage de l’Etat, fréquentent même assidûment les quand ils franchissent la porte d’un semblée nationale pose, souriant, convain- ment une bonne idée. C’est dommage parce cette participation à un casting publicitaire kiosques, y passent plus de temps à distributeur et moins fidèles au maga- cant, dans Libération du 24 novembre. Nou- que la photo était bien. Vous ne la verrez ne devait pas donner matière à polémique. feuilleter les magazines que les quoti- sin le plus proche de leur habitation. veau programme, prise de position ? Pas du plus. », a déclaré M. Fabius, jeudi 25 no- Elle relevait, selon Marc-Antoine Jamet, son diens, sont plus attentifs aux nou- Mais ils représentent une cible privilé- tout. Laurent Fabius est simplement l’un des vembre sur Europe 1, après le début de polé- directeur du cabinet, d’un « accord d’en- velles parutions et se déterminent en giée pour la presse, qui reste le princi- acteurs de la campagne de publicité que le mique créée par son apparition publicitaire. thousiasme, de proximité, c’est une démarche fonction des « unes » et des dossiers pal vecteur des petites annonces et, journal Les Echos a lancé dans la presse de- En fait, la participation de Laurent Fabius personnelle, en tant que lecteur des Echos, spéciaux. Tel est le principal enseigne- essentiellement, des offres d’emploi. puis le 15 novembre, au moment de sa nou- à cette campagne est intervenue tardive- non professionnelle, amicale et sans contre- ment de la seconde édition du baro- Le baromètre de Diffusion- velle formule. ment. D’autres hommes politiques, de partie ». De façon plus générale, ajoute-t-on mètre. Les Français et leurs achats de Contrôle révèle que 41 % des per- L’ancien premier ministre est le seul droite et de gauche, ont décliné la proposi- dans son entourage, cette initiative veut presse réalisé, à la demande de Diffu- sonnes interrogées sont abonnées à homme (sandwich ?) politique parmi six tion des Echos. Aucune femme, non plus marquer le soutien de Laurent Fabius à la sion-Contrôle (OJD), par l’institut de un titre au moins. Ce sont principale- autres personnalités représentatives du dans cette campagne : Nicole Fontaine, pré- presse écrite. sondages BVA, sur la base d’une en- ment des hommes (46,7 %), âgés de monde industriel et financier : Michel- sidente du Parlement européen, n’a pas ré- Soucieux de conserver un « caractère per- quête téléphonique auprès de plus de 50 ans (55,1 %) et plutôt Edouard Leclerc, coprésident des Centres pondu à la sollicitation. sonnel à sa démarche », Laurent Fabius avait 918 personnes entre les 11 et 13 octo- cadres supérieurs. Pour ces gros Leclerc, Nicolas Gaume, le jeune PDG de demandé, mercredi 24 novembre, le retrait bre. consommateurs de presse, l’abonne- Kalistot, Paolo Cantarella, directeur général « UN ACCORD D’ENTHOUSIASME » de la mention « président de l’Assemblée na- Les résultats de cette étude, ren- ment ne supprime pas les achats oc- de Fiat, Bruno Bonnell, fondateur d’Info- Au mois d’octobre, le détournement à des tionale » parue sous sa signature. dues publics jeudi 25 novembre, de- casionnels. Enfin, la consultation grames, Pierre Richard, président de Dexia fins publicitaires d’une photo du ministre de Finalement, c’est l’ensemble de sa « pres- vraient, pour partie, rassurer les édi- d’Internet ne nuit en rien aux achats France, et l’ancien champion sportif devenu l’agriculture, Jean Glavany, pour un encart tation » qu’il a demandé à NicolasBeytout, teurs et les annonceurs. En 1999, de presse. Au contraire. Les 16 % d’in- chef d’entreprise Alain Prost. des Galeries Lafayette dans L’Equipe Maga- directeur de la rédaction des Échos d’inter- 81,4 % des personnes interrogées ternautes recensés fréquentent plus Hier dans Libération, bientôt dans Le zine (Le Monde du 21 octobre) avait provo- rompre. « Ce n’était pas une bonne idée. (77,6 % en 1998) se sont rendues plus souvent les kiosques que les autres et Monde ou L’Equipe, affiché dans les abribus, qué une controverse. Avec M. Fabius, l’ac- C’est derrière nous. » a conclu M. Fabius. ou moins régulièrement chez leur s’abonnent plus facilement. les gares, les aéroports, sur les « culs de cord de principe a été donné en quinze marchand de journaux et, parmi elles, bus », le visage de M. Fabius devait être par- jours. La photo a été fournie par les services Karen Pinault 88,6 % (+ 5 %) des 15-34 ans . Certes, M. De.

DÉPÊCHES Le CSA veut prendre la main a RADIO : les personnels de RTL se réunissent en assemblées géné- rales et ont signé une pétition pour protester contre les propositions de la direction sur la réduction du temps de travail. sur le numérique hertzien a MÉCÉNAT : la Fondation Hachette, présidée par Jean-Luc La- gardère, a célébré son dixième anniversaire, lundi 22 novembre. Du- LE CONSEIL supérieur de l’au- thématiques le pouvoir perdu, ou rant cette période, la Fondation a fourni une aide, d’un montant de diovisuel (CSA) vient de lancer une en passe de l’être, notamment au- 29,2 millions de francs, à la réalisation de 73 projets pour encourager, pierre dans le jardin des opérateurs près des opérateurs satellitaires, sous forme de bourses, des jeunes créateurs dans les domaines de de télévisions généralistes. Dans sa face à la primauté de la directive l’écrit et de l’audiovisuel. réponse au Livre blanc sur le nu- « Télévision sans frontières » (TSF). mérique hertzien, élaboré par le Au-delà de cette volonté de re- gouvernement, il a mis en avant, prise en main, le CSA souhaite mercredi 24 novembre, ce qu’il maintenir la « libre concurrence » nomme « une logique différente ». en organisant la séparation des mé- A l’inverse des chaînes hertziennes, tiers du numérique hertzien : opé- privées et publiques, qui réclament rateur technique, éditeurs, opéra- de retrouver en mode numérique teur commercial et diffuseur. Il les mêmes capacités de diffusion plaide aussi pour « l’émergence dont elles jouissent, aujourd’hui, d’un secteur de télévision locale et de en analogique, le CSA veut prendre proximité » et le passage « rapide » en compte « l’offre globale » du nu- de l’analogique vers le numérique mérique hertzien. En clair, les neuf hertzien pour faciliter l’arrivée de sages prônent « un régime d’auto- nouveaux entrants. Une montée en risation service par service, après ap- puissance trop lente pourrait pel à candidatures ». rendre l’accès du numérique hert- Ce vœu, qui figure parmi les « dix zien très difficile pour les initiatives principes fondamentaux » dressés régionales, associatives ou par le CSA, devrait provoquer l’op- commerciales qui ne seraient pas position résolue des chaînes. En oc- associées à de grands opérateurs. tobre, Marc Tessier, président de Un vote de la loi audiovisuelle au France Télévision, avait revendiqué printemps prochain pourrait per- au moins deux des six multiplexes mettre de lancer les premiers ap- du futur numérique hertzien pour pels à candidatures en 2001. A la fin distribuer tous les programmes et de cette même année, indique le services préparés par le service pu- CSA, « 50 % de la population pour- blic. rait déjà avoir accès aux nouveaux Avec cette démarche, le CSA programmes numériques ». souhaite préserver les « principes de diversité et de pluralisme » de la Guy Dutheil future offre. Les sages soulignent « deux priorités » : la « fonction fé- a Le Conseil supérieur de l’au- dératrice des programmes généra- diovisuel (CSA) a décidé, mardi listes » et « l’identité culturelle ». Se- 23 novembre, d’attribuer à la so- lon le CSA, ce souci serait ignoré si ciété TV7 Bordeaux SA, émanation les opérateurs pouvaient disposer, du journal Sud Ouest, la fréquence à leur guise, de leurs multiplexes. de télévision sur l’agglomération En toile de fond, l’enjeu de cette re- de Bordeaux. L’autre candidat vendication est pour le CSA l’occa- était TVM Gironde (Le Monde du sion de reprendre sur les chaînes 29 octobre). LeMonde Job: WMQ2611--0022-0 WAS LMQ2611-22 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:53 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2064 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE

TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE

FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40

SVQVDSS TSTIDVH SPPIDUI

SWSS SPTQ

AFFAIRES recommandation sur l’ouverture TSVP La croissance selon les indicateurs mensuels pu-

SUVV SIHW

à la concurrence de la boucle TRRH bliés mercredi par le ministère de

STPI RWST locale (derniers mètres du réseau TPWU l’emploi.

INDUSTRIE toujours en hausse SRSQ RVHP reliant les abonnés). Cette TISR

b DAIMLERCHRYSLER : le recommandation demande aux a ALLEMAGNE : les prix à l’im- SPVT RTRV THII aux Etats-Unis

géant allemand de l’automobile opérateurs historiques qui portation ont augmenté de 0,4 % SIIW RRWS

envisage de racheter le contrôlent cette boucle d’aligner [[[SVTW [[[ [[[L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE a en octobre comparé à septembre,

QI eF IP yF PS xF QI eF IP yF PS xF constructeur automobile japonais leurs prix sur les plus bas QI eF IP yF PS xF connu au troisième trimestre une ce qui porte leur hausse annuelle à

Honda, selon une information de constatés dans trois pays Indices cours Var. % Var. % remontée en puissance plus spec- 4,2 %, a annoncé jeudi l’Office des

l’hebdomadaire Wirtschaftswoche européens. Europe 09 h 22 f se´lection 25/11 24/11 31/12 taculaire que prévu, avec une crois- statistiques de Wiesbaden. En sep-

FFFF FFFF

paru jeudi 25 novembre. EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH HDHH sance du produit intérieur brut de tembre, l’indice des prix à l’impor-

H FFFF FFFF EUROPE ƒ„yˆˆ SH 5,5 % en rythme annuel, par rap- tation avait affiché une hausse de

FINANCE HDHH FFFF FFFF

b OPEL : la filiale allemande de EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR port au deuxième trimestre. La pré- 1,0 % sur un mois.

FFFF FFFF

l’américain General Motors b BSCH : la première banque EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ HDHH vision initiale se situait à 4,8 %. Au

SPPIDUI HDTP QPDRR

prévoit une perte d’exploitation espagnole a déclaré, mercredi, PARIS geg RH deuxième trimestre, le PIB avait a ROYAUME-UNI : la Grande-

HDHH FFFF FFFF

de 427 millions d’euros pour 1999, qu’elle soutiendrait une offre PARIS wshgeg crû de seulement 1,9 % en rythme Bretagne est le pays d’Europe où

QSRHDQR HDTT QQDPV

affirme le magazine allemand éventuelle de la banque PARIS ƒfp IPH annuel par rapport au premier tri- l’écart de salaires entre patrons et

HDHH FFFF FFFF

Capital dans son édition de jeudi. britannique Royal Bank of PARIS ƒfp PSH mestre. Il s’agit du rythme de crois- employés est le plus grand, selon

Â

HDHH FFFF FFFF

Scotland sur National PARIS ƒigyxh we‚gri sance le plus rapide depuis les une étude publiée mercredi par le

THPDQS HDST IIDVW

b UNITED BISCUITS : les Westminster (NatWest). Banco AMSTERDAM eiˆ 5,9 % enregistrés pendant les trois Trades Union Congress, la confédé-

HDHH FFFF FFFF

groupes français Danone et Santander Central Hispano BRUXELLES fiv PH derniers mois de 1998 (lire page 2). ration syndicale nationale. Les di-

SVQVDSS HDQR ITDTP

Paribas affaires industrielles (BSCH) est le principal FRANCFORT heˆ QH recteurs généraux des 500 pre-

TSTIDVH HDRP IIDSS

pourraient faire une offre d’achat actionnaire de Royal Bank of LONDRES p„ƒi IHH a BANQUE MONDIALE : Joseph mières sociétés du pays ont touché

IHUPHDPH HDQQ VDWV

sur le britannique United Scotland, avec 9,64 % de son MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi Stiglitz, principal économiste de en moyenne un salaire annuel de

HDHH FFFF FFFF

Biscuits, selon le Financial Times capital. Le BSCH indique que les MILAN wsf„iv QH l’institution, quittera la Banque 413 000 livres (652 500 euros) au

UPTTDSH HDQI IDRV de jeudi. Ils seraient en négociations en vue d’une ZURICH ƒ€s mondiale à la fin de l’année pour cours de l’année fiscale 1997-1998, concurrence avec les groupes éventuelle alliance avec la Société retourner à l’enseignement. Ses soit 18 fois le salaire moyen de ces américains Nabisco, Hicks, Muse, Générale restent « ouvertes ». AME´ RIQUES commentaires et ses vues parfois sociétés, qui était de 22 400 livres Tate & Furst. critiques vis-à-vis des politiques de (35 392 euros), selon le rapport. b METLIFE : le deuxième NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR rigueur préconisées par les institu-

assureur-vie américain, tions de Bretton Woods, notam- a ITALIE : la confédération pa-

IIHHVDE QRPHDSH

SERVICES Metropolitan Life Insurance, a IDHI ment au cours de la crise asiatique, tronale italienne, Confindustria,

IIHVW QRPH

b VIVENDI : le groupe dirigé annoncé, mercredi, avoir soumis IDHW l’avaient parfois mis en porte-à- a réclamé mercredi au gouverne-

IHVUS QPUR par Jean-Marie Messier a aux autorités de contrôle des IDHU faux vis-à-vis de la direction du ment des réformes structurelles

IHTTI QIPU annoncé, mercredi 24 novembre, assurances son projet de IDHT Fonds monétaire international afin d’accroître la compétitivité des

la cession de sa participation de démutualisation. Metlife, qui a comme de la Banque mondiale. produits italiens à l’étranger et IHRRU PWVI

18,7 % dans Audiofina (CLT-UFA) proposé une introduction en IDHR faire remonter la croissance.

IHPQQ PVQR

à GBL, la holding d’Albert Frère, Bourse à ses 11 millions de IDHQ a JAPON : le gouvernement a ap-

IHHIW PTVV

IDHI a

pour un prix 673 millions d’euros mutualistes, envisage de lever [[[ [[[ [[[prouvé, jeudi 25 novembre, un FINLANDE : le gouverneur de

QI eF IP yF PR xF QI eF IP yF PR xF (4,4 milliards de francs). Cette 6,39 milliards d’euros à cette QI eF IP yF PS xF nouveau collectif budgétaire, le la Banque de Finlande, Matti vente dégagera une plus-value de occasion. deuxième de l’année, portant sur Vanhala, a estimé mercredi que Indices cours Var. % Var. % 273 millions d’euros pour Vivendi Ame´rique 09 h 22 f se´lection 24/11 veille 31/12 6 790 milliards de yens (61,7 mil- l’économie finlandaise risquait la

b

IIHHVDIU HDII IWDWH et marque la fin des liens CCF : fort de ses bons E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ liards d’euros) pour financer un surchauffe en raison de l’expansion

IRIUDHV HDVW ISDPV capitalistiques entre les deux résultats pour les neuf E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH plan de relance de 18 000 milliards rapide du crédit et des investisse-

QRPHDSH PDQP ST groupes. premiers mois de l’année, en E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i de yens annoncé il y a quinze jours. ments et la persistance d’un chô-

a UUTRDSH HDUI IWDUI hausse de 39,8 %, à 323 millions TORONTO „ƒi sxhiˆ La production automobile a mage structurel élevé.

b ± IQQWQDHH IDPU WUDRP RÉGULATION : les autorités d’euros, le CCF a réaffirmé, SAO PAULO fy†iƒ€e chuté de 10,3 % en glissement an-

a QSIDPT IDTS SIDHW britannique de régulation de mercredi, sa préférence pour MEXICO fyvƒe nuel au Japon en octobre, à EURO : Haruhiko Kuroda, vice-

SRRDPV HDHT PTDST l’eau et du gaz ont ordonné, l’indépendance, malgré les BUENOS AIRES wi‚†ev 846 298 modèles, pour la première ministre des finances japonais,

± IPWDWT HDTH TVDUV jeudi, des réductions rumeurs récurrentes d’une offre SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev fois depuis trois mois, a annoncé,, chargé des affaires internationales,

± SQWWDUQ IDIV IPDUT significatives des prix à partir de publique d’achat (OPA) de la part CARACAS ge€s„ev qixi‚ev jeudi, l’Association des construc- a déclaré jeudi que l’euro était ac- l’année prochaine. Pour l’eau, les du géant financier néerlandais teurs automobiles japonaise. tuellement « trop faible ». « L’euro tarifs devraient baisser en ING. a Les ventes de détail ont conti- est sous-évalué en ce moment et il moyenne de 12 % pendant cinq ASIE - PACIFIQUE nué à faiblir au Japon en octobre. devrait remonter contre le yen et le ans. Ceux du gaz devraient b GAN : les syndicats CFDT, Elles se sont contractées de 0,8 % dollar à l’avenir », a-t-il jugé. ¤ diminuer de 5 %. L’autorité de CGT et CFTC ont appelé les TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng URO / YEN par rapport au même mois de l’an-

a IVUPIDUV IHTDRS régulation du transport 4 500 agents administratifs de IRWWVDUU née dernière après avoir déjà reculé MERCOSUR : l’Union euro-

ferroviaire a, pour sa part, décidé l’assureur à observer une journée de 3,1 % en septembre, a annoncé péenne, le Mercosur et le Chili IVVWT IIU

de modifier les termes de la de grève, jeudi, pour protester ISQWQ jeudi le ministère du commerce in- ont lancé formellement mercredi IVRVI IIS

concession accordée à la société contre le projet de mise en œuvre IRUQW ternational et de l’industrie. des négociations en vue de créer,

IVHTT IIQ

Railtrack pour l’obliger à rendre des 35 heures de la direction. IRHVT d’ici 2003, la plus grande zone de

IUTSI IIH

compte de l’état du réseau ferré. IQRQP a FRANCE : le collectif budgé- libre-échange du monde, sans pour

IUPQT IHV b MEDIOCREDITO : le Trésor IPUUV taire présenté en conseil des mi- autant dissiper leur désaccord

b ITVPI IHT MANNESMANN : l’allemand italien a annoncé, mercredi, que IPIPS nistres prévoit une légère réduc- concernant les produits soumis à

Mannesmann et le britannique Banca di Roma avait remporté [[[ [[[ [[[tion du déficit budgétaire en 1999 des barrières tarifaires. QI eF IP yF PS xF QI eF IP yF PS xF

Vodafone risquent de se faire 100 % du capital de Mediocredito QH eF IP yF PS xF par rapport à celui qui était prévu racheter par une compagnie Centrale. La banque romaine Indices cours Var. % Var. % dans la loi de finances initiale, à a ARGENTINE : Fernando de la Zone Asie 09 h 22 f

américaine de téléphone s’ils ne prend donc le contrôle de Banco se´lection 25/11 24/11 31/12 234,2 milliards de francs contre Rua, qui prendra ses fonctions le

±

IVUPIDUV HDWP QSDPS

s’unissent pas, a prévenu le di Sicilia. TOKYO xsuuis PPS 236,6 milliards de francs, a annoncé 10 décembre prochain, ne s’est pas

± IRWWVDUU PDHP RWDPT

patron de Vodafone, Chris Gent, HONGKONG rexq ƒixq mercredi le ministre de l’économie, écarté d’un pouce de son credo en

HDHH FFFF SUDSW SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ

dans un entretien publié, jeudi, b CRÉDIT MARTINIQUAIS : la Christian Sautter (lire aussi page 9). présentant, mercredi, son nouveau

IIWDQP HDTU VQDUR SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ

dans Wirtschaftswoche. Bred (Banque populaire) a a L’emploi salarié dans les en- gouvernement aux Argentins, aux-

QHRRDIH HDQI VDPH SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ

annoncé, mercredi la reprise des treprises d’au moins 50 salariés a quels il a de nouveau parlé

PVDHW HDSR WDQV BANGKOK ƒi„

b TÉLÉCOMMUNICATIONS : la actifs sains du Crédit augmenté, au mois de septembre, d’« économies », de « réductions des

RUQSDIP IDHS SRDWU BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ

Commission européenne a martiniquais, dont le fonds de de 0,2 % dans l’ensemble des sec- dépenses », de « déficit » budgé-

PIISDIQ HDTT PDRI WELLINGTON xƒiERH publié, mercredi, une commerce de 60 000 clients. teurs et de 0,2 % dans l’industrie, taire et d’« austérité ».

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 24/11

HDISPRS UDRQUU FRANC...... TDSSWSU ¤URO ...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS VDITUS DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

´ QDQVUUR VDSWQH Action Unilever PARIS NEW YORK LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

Unilever met ` QDWRPQV QTDIPH

LA BOURSE de Paris a ouvert sur L’INDICE COMPOSITE de la PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

QDPUIWH IDTIRU en pence à Londres ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDRWVI

Amora Maille une note positive, jeudi 25 no- Bourse électronique Nasdaq spé- SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

700 ´ ´ VDQPVWR PDHHIP

vembre, l’indice CAC 40 gagnant cialisé sur les valeurs de la techno- PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

´ ´ PDWUTTH QPVDTS FLORIN NEERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

475,5 0,29 % à 5 204,41 points. Le marché logie a affiché un nouveau record IDTPTHU PSRDPV

dans son assiette le 24 nov. FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR RDPVVP 650 des actions françaises a fini la jour- mercredi 24 novembre à 3 420,50 MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... LES INVESTISSEURS reviennent née de mercredi en très légère points. Il a clôturé en hausse de en Bourse sur le groupe agroali- hausse, dans un marché calme qui 2,32 % tandis que l’indice Dow Cours de change croise´s mentaire anglo-néerlandais Unile- 600 reprend son souffle après deux se- Jones a fini en progression de ver, au moment où celui-ci se ren- maines de records. En clôture, le 0,11 % à 11 008,17 points. L’indice Cours Cours Cours Cours Cours Cours 25/11 09 h 22 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S.

force sur le marché français. Il a CAC 40 se situait à 5 189,38 points, Standard and Poor’s 500 a, pour sa

550 DOLLAR ...... FFFF HDWSTVS IDHIVUH HDISSPV IDTHWVS HDTQTVH

annoncé, le 24 novembre, l’acqui- soit un gain de 0,71 % pour la pre- part, gagné 0,88 % à 1 417,08 points. YEN ...... IHRDSIHHH FFFF IHTDRSSHH ITDPPSHH ITVDIVHHH TTDSRSHH

sition d’Amora Maille auprès d’un mière séance du terme de décembre. ¤URO...... HDWVITR HDWQWQT FFFF HDISPRS IDSVHHH HDTPSHS

groupe d’investisseurs conduit par 500 FRANC...... TDRQWVH TDITHWS TDSSWSU FFFF IHDQTRPH RDHWWUS LIVRE...... HDTPIIV HDSWRRS HDTQPWH HDHWTRS FFFF HDQWSSS

Paribas Affaires Industrielles (PAI). TAUX FRANCFORT FRANC SUISSE ...... IDSUHQS IDSHPVS IDSWWVH HDPRQWH PDSPVHS FFFF Ce dernier l’avait racheté à Da- 450 LE RENDEMENT des obligations none il y a deux ans. L’achat par LA RÉFÉRENCE du marché des d’Etat en Europe se détendait lé- Unilever, pour un montant de actions allemandes, l’indice Dax, gèrement en début de matinée Taux d’inte´reˆt(%) Matif 460 millions de livres (4,7 milliards 400 était stable, jeudi matin, à jeudi 25 novembre. Celui de l’obli- J J A S O N Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier de francs), a été bien accueilli par 5 820,44 points, malgré le déclen- gation assimilable du Trésor fran- Taux 24/11 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 09 h 22 f 25/11 prix prix

1999 Notionnel 5,5 PDUU SDPW SDWH

les marchés. Dernièrement, ils FRANCE ...... QDII

chement du plan de sauvetage du çais émise à 10 ans s’inscrivait à ´ FFFF FFFF

DECEMBRE 99. FFFF

QDRR SDIU SDVP

avaient sanctionné la publication Source : Bloomberg géant du bâtiment allemand Phi- 5,275 %, et celui du Bund allemand ALLEMAGNE .. QDHS

SDQT SDPR RDPS GDE-BRETAG. SDII Euribor 3 mois

´ FFFF FFFF FFFF QDRI SDQU T de résultats du troisième trimestre Amora Maille, la part de marché lipp Holzmann. La Bourse de émis à même échéance à 5,162 %. ITALIE...... QDHS DECEMBRE 99.

HDII IDWH PDUI

1999, jugés décevants, par une en Europe d’Unilever passera de Francfort a clôturé mercredi quasi Mercredi, outre-Atlantique, le ren- JAPON...... HDHU

´

SDPW TDHW TDPI

chute de 14 % de l’action en une 9 % à 12 %. inchangée par rapport à la veille, dement moyen de l’émission à ETATS-UNIS... SDUP IDVP QDRP RDQW

SUISSE...... I Pe´trole QDRI SDQI SDWS journée. Mercredi, le cours de En septembre, Unilever a annoncé gagnant 0,07 % à 5 818,73 points. 30 ans, qui évolue en sens inverse PAYS-BAS...... Q Bourse du groupe à Londres a son intention de rationaliser de fa- au prix, avait progressé à 6,203 %, En dollars f Cours Var. % bondi de 4,85 %, à 475,5 pence. La çon drastique ses marques, pour contre 6,189 % mardi, à la suite 24/11 veille

LONDRES IDVQ

reprise du numéro un français des n’en conserver que 400 sur 1 600, d’une révision à la hausse de 5,5 %, Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... PSDTI

HDRS WTI (NEW YORK) ...... PRDVH

produits culinaires s’inscrit parfai- afin de réaliser des économies de L’INDICE FOOTSIE de la Bourse par le département du commerce, Cours Var. % HDSU En dollars LIGHT SWEET CRUDE .... PUDPP tement dans la stratégie d’Unile- production et de concentrer ses de Londres a terminé en hausse de la croissance du produit inté- f 24/11 veille

ver. Il a défini ce segment (les forces de promotion. Le Néerlan- mercredi, au terme d’une séance rieur brut américain au troisième ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDII

ingrédients qui permettent d’agré- dais, déjà détenteur de Bénédicta, très irrégulière. Il a clôturé à trimestre. CUIVRE 3 MOIS...... IUSU Or ± HDIH ALUMINIUM 3 MOIS ...... ISIIDS

± HDRH

menter les produits de base, c’est- fera d’Amora (moutardes, ket- 6 561,8 points, affichant un gain de PLOMB 3 MOIS ...... RWR

Cours Var %

± HDPT SUVS ¤

à-dire les sauces, les mayon- chup, bouillons, sauces et assai- 27,6 points, soit + 0,42 % par rap- ETAIN 3 MOIS ...... En uros f 24/11 23/11

± HDPS

CHANGES ZINC 3 MOIS...... IIUV

C

IDII

naises...) comme un axe de déve- sonnement) sa principale marque port à la veille. OR FIN KILO BARRE ...... WIHH HDHT

NICKEL 3 MOIS ...... VHHS

C IDIW

OR FIN LINGOT...... WQQH

loppement prioritaire en Europe. en France, comme c’est le cas de L’EURO était en baisse face au ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF

« L’ensemble du marché européen ONCE D’OR (LO) $ ...... QHU ± HDQV

Coleman’s en Grande-Bretagne ou dollar, jeudi matin, dans les tran- ARGENT A TERME ...... SDPW

` C IDQQ PIECE FRANCE 20 F...... SQDRH

HDTP

représente 100 milliards de francs TOKYO PLATINE A TERME ...... WWIRUDQS ` FFFF de Calvé aux Pays-Bas. Maille, spé- sactions sur le marché des changes PIECE SUISSE 20 F...... SPDTH

´

` C IDIR

(dont 6,5 à 7 milliards pour la cialisée dans les produits haut de LA BOURSE de Tokyo a subi des japonais. La devise européenne GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIECE UNION LAT. 20 F . SQDIH

´ ± PQWDPS IDTR ` ± HDWP BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ... PIS

France), et il affiche une croissance prises de bénéfices jeudi, montrant ± gamme (moutardes, sauces spé- s’échangeant à 1,0179 dollar, C HDQW IWQDPS ` HDRV MAI¨S (CHICAGO)...... PIECE 20 DOLLARS US ... RPH

± C IDPP IRSDU ` PDPU régulière de 4 % par an », précise ciales, huile d’olive et vinaigre), se- des signes d’essoufflement après contre 1,0240 dollar mercredi soir. SOJA TOURTEAU (CHG.). PIECE 50 PESOS MEX...... QRTDPS

Alain Justet, membre du comité de ra, de son côté, positionnée cinq séances de hausse. L’indice Contre la devise nippone, le billet SOFTS $/TONNE

± VQQ CACAO (NEW YORK)...... PDSU

direction de la branche alimenta- comme une marque mondiale. phare du marché japonais, le Nik- vert reculait à 104,48 yens, contre ´ PDTW CAFE (LONDRES) ...... IQUS Cotations, graphiques et indices en temps

FFFF tion et boissons d’Unilever Europe kei, a perdu 174,43 points, soit 104,55 yens lors du début des cota- SUCRE BLANC (PARIS) ... IUT re´elsurlesiteWebdu«Monde». et PDG d’Astra-Calvé. Grâce à Cécile Prudhomme 0,92 %, à 18 271,78 points. tions à Tokyo. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ2611--0023-0 WAS LMQ2611-23 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:49 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2065 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / 23

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

RPQVDQR

VALEURS EUROPE´ENNES QQTDVW

QQV RPWR

RHQW QPP QQTDRS b Vodafone, b Philipp Holzmann QQVDWS

L’action a terminé en Le titre a re- RPWRDQP

RPVVDSP

QUVQ hausse de 1,47 %, mercredi 24 no- bondi mercredi de 56 % à 36,11 eu- QHT RPQVDQR

QQUDUI

QSPV vembre, dans un volume ros avant la rencontre du chance- PWH RPPTDQP

QQTDVW

d’échanges très étoffé. L’opérateur lier Gerhard Schröder avec les QQRDPS QPUQ

cellulaire a notamment bénéficié banques créancières du numéro PUR RPIRDTT

QHIU

des propos du commissaire euro- deux du BTP allemand pour es- PSV [[[[[[[[ [[[[[[[[

t†vww PU xy†F QI wes PR xy†F t†vww péen à la concurrence Mario Mon- sayer de négocier un plan de la PU xy†F QI wes PR xy†F ti, qui a déclaré qu’il était trop tôt dernière chance après son dépôt de

e e e e C HDTR FFFF s„ IDT FFFF ps SS QDUU s„ QDUV FFFF pour savoir si son raid sur Man- bilan. Les banques allemandes HPI s„ MONTEDISON POHJOLA YHTYMAE ITALGAS

e C C ± PQDVS HDRP gr IVITDSW HDRI qf ITDVW FFFF qf UDTR IDTQ

nesmann poserait des problèmes créancières d’Holzmann se sont en HUNTER DOUGLAS xv NESTLE N PRUDENTIAL NATIONAL GRID G

e e e

± ± PSDSU HDQI xv QUDQ HDPU s„ VDUW FFFF qf TDSU FFFF

Mannes- Deutsche Bank KLM xv KONINKLIJKE NUM RAS NATIONAL POWER

liés à la concurrence. revanche repliées, e e C ± ± QDQT HDRU s„ IDIT FFFF qf TDQU IDPQ e„ IPSDHU HDQR HILTON GROUP qf PARMALAT ROYAL SUN ALLIA OESTERR ELEKTR

mann, Commerz- e e e C C ± VDWV IDUH p‚ ST QDUV ps QP FFFF qf VDQI HDUU qui faisait l’objet de prises abandonnant 0,44 %, MOULINEX /RM p‚ PERNOD RICARD / SAMPO -A- POWERGEN

e C C ± PDVH FFFF ps TDP HDRW gr PHRIDHI HDRQ qf VDVT HDSQ

de bénéfices depuis plusieurs bank 0,78 %, Dresdner Bank NCL HLDG xy RAISIO GRP -V- SWISS RE N SCOTTISH POWER

e QDWH FFFF xy SDRS FFFF €„ SPDQW FFFF qf IPDRH FFFF

Hypovereinsbank PERSIMMON PLC qf RIEBER & SON -B SEGUROS MUNDIAL SEVERN TRENT

séances, s’est de son côté adjugé 2,13 % et 1,44 %. e e C C C

SHDT IDQH qf UDQR HDVU ƒi PPDWV FFFF p‚ IRWDT HDSR

Hochtief PREUSSAG AG hi SCOTT & NEWCAST SKANDIA INSURAN SUEZ LYON EAUX/

± PDWS QDII qf WDPR FFFF xy UDPP FFFF ƒi PQDPU FFFF en hausse 3,89 % à 187 euros. Cer- a cédé 3,7 %, faisant l’ob- RANK GROUP qf SOUTH AFRICAN B STOREBRAND SYDKRAFT -A-

C C ± PHIDPW HDQI qf UDSU TDRR qf UDRP UDII ƒi IUDWP FFFF

tains investisseurs institutionnels jet de prises de bénéfices après SAIRGROUP N gr TATE & LYLE SUN LF & PROV H SYDKRAFT -C-

C C

IHDQS FFFF qf RDWI FFFF gr SUIDWV HDPP qf IRDIR QDWS

actionnaires de Vodafone ont fait avoir été recherché par les investis- SAS DANMARK A/S hu UNIGATE PLC SWISS LIFE REG THAMES WATER

e e e C C C STDS HDVW xv SUDW HDWT hu PPDIV HDPI fi ITQDQ FFFF SEB /RM p‚ UNILEVER TOPDANMARK TRACTEBEL

savoir qu’ils soutiendraient un re- seurs qui pensaient que le numéro e e C C C IURDQ HDVI qf UDSH HDTR gr SUUDTI HDQQ iƒ IRDWW FFFF SODEXHO ALLIANC p‚ UNILEVER ZURICH ALLIED N FENOSA

C C C VHWDSQ FFFF qf WDIV HDTW QRVDQR HDII qf WDIT PDII lèvement des termes de l’offre de un du BTP allemand pourrait profi- THE SWATCH GRP gr WHITBREAD f DJ E STOXX INSU P UNITED UTILITIE

e C ± ITSDTT FFFF PIQDTR HDRU hi IUDHT HDSP

l’opérateur. ter des difficultés d’Holzmann. THE SWATCH GRP gr f DJ E STOXX F & BV P VIAG

e C HDWS FFFF p‚ USDUS HDTH WW/WW UK UNITS si VIVENDI/RM

C IHDUR FFFF PWTDQU HDIQ WILSON BOWDEN qf MEDIAS f DJ E STOXX PO SUP P

e

± RPDU HDQS

WOLFORD AG e„

±

IHDUI HDPW

e BSKYBGROUP qf C

RHDIS HDTQ

BAYER AG hi ´

C BIENS D’EQUIPEMENT HDQS

f ITSDTS e

DJ E STOXX CYC GO P C

UWDW QDHQ

Code Cours % Var. CANAL PLUS /RM p‚ ± PHDTR HDPQ

25/11 09 h 24 f ¤ BOC GROUP PLC qf

gr ISWRDHS FFFF pays en uros veille C

VDUP IDIH

e ABB PARTI CARLTON COMMUNI qf ± ITDQS HDQH

CELANESE N hi

± e gr TIPDTI HDUI C

WDQ HDPP

ADECCO N ELSEVIER xv C UIDVW HDPP

CIBA SPEC CHEM gr

e

C e p‚ PVDP HDUI

± TRDPI HDRS

AUTOMOBILE PHARMACIE ALSTOM EM.TV & MERCHAN hi EURO C RPQDPH HDIS

CLARIANT N gr

ƒi IIDSV FFFF

IUDUR FFFF

e ASSA ABLOY-B- EMAP PLC qf ______± ƒi QHDRQ FFFF hi QR HDVU ± RSDRW HDTT

AUTOLIV SDR DEGUSSA-HUELS ASTRAZENECA qf

e

C qf RDUP FFFF

QTW SDIQ

e ASSOC BR PORTS HAVAS ADVERTISI p‚ C e ± fi RQDQS IDHS xv QRDUS I PRDVV FFFF

BASF AG DSM ELAN CORP qf

e ƒi PTDTS FFFF

SDIS FFFF

s‚ NOUVEAU

e ATLAS COPCO -A- INDP NEWS AND M C hi PTDV IDUI xy PRDIP FFFF C PWDRT IDQH

BMW DYNO GLAXO WELLCOME qf

e ƒi PTDIV FFFF

±

RPDV IDPU

e ATLAS COPCO -B- LAGARDERE SCA N p‚ C C

hi IWDW HDSI RSTWDTI HDVQ gr e RUDIS FFFF

CONTINENTAL AG EMS-CHEM HOLD A HOECHST AG hi ´

e q‚ ISDWU FFFF

IHDRW FFFF

e ATTICA ENTR SA MEDIASET s„ MARCHE ±

± hi TWDR HDIR qf WDUS RDIW C

IRRVDRH HDQH

DAIMLERCHRYSLER ICI NOVARTIS N gr

±

qf UDPU HDPP C

PQDRP HDQR

e e BAA PEARSON qf

s„ PUDW FFFF ps SDVS FFFF C IPUDRT HDQP

FIAT KEMIRA NOVO NORDISK B hu

qf VDHI FFFF C

SDUQ HDPV

e BBA GROUP PLC REED INTERNATIO qf Cours % Var.

s„ IPDUS FFFF VDWP FFFF qf e PIDI FFFF

FIAT PRIV. LAPORTE ORION B ps 25/11 09 h 24 f en ¤uros veille

C xy IRDSU FFFF

IIDPQ IDVT

e BERGESEN REUTERS GROUP qf C C

p‚ QWDWP HDSH SVQDPQ HDUT gr e C THDIS HDHV

MICHELIN /RM LONZA GRP N RHONE POUL./RM p‚

xy PQDPT FFFF

IQDWT FFFF

e e BONHEUR SCHIBSTED xy C C

p‚ IVSDR HDHS p‚ IV HDUV C

ITUSQDIR IDII

PEUGEOT RHODIA ROCHE HOLDING gr AMSTERDAM ±

qf RWDVQ HDIT

RDUR FFFF

e e CMG TELEWEST COMM. qf s„ PDIW FFFF

s„ IDHI FFFF C

IISWPDVH HDQS

PIRELLI SNIA ROCHE HOLDING G gr

C HDPT

e IVDWS

qf QDRW FFFF

±

QUIDU HDHV

e e COOKSON GROUP P TF1 p‚ AIRSPRAY NV C

p‚ RPDPS HDVR URDVS FFFF fi e C

RIDRW HDTV

RENAULT SOLVAY SANOFI SYNTHELA p‚

HDWQ FFFF

hu IHPIVDPI FFFF

IIDIH FFFF

e e DAMPSKIBS -A- UNITED NEWS & M qf ANTONOV C p‚ TRDVS IDQQ

RRDQV FFFF fi e C IPH HDTQ

VALEO /RM TESSENDERLO CHE SCHERING AG hi

FFFF

e VDQ hu IHWQTDIV FFFF

C

WTDRS IDUR

e DAMPSKIBS -B- UNITED PAN-EURO xv C/TAC C C hi RVDU HDRI

QRQDHI HDPH C IQDSR PDTQ

VOLKSWAGEN f DJ E STOXX CHEM P SMITHKLINE BEEC qf

FFFF

e SDS hu ISQPUDQP FFFF ±

QHDTS IDVT

DAMSKIBS SVEND WOLTERS KLUWER xv CARDIO CONTROL PRDSS FFFF

ƒi e

RH FFFF

VOLVO -A- UCB fi

C

IVDT HDSR xy SDWW FFFF

C

IRDWU IHDUS

DET SONDENFJ NO WPP GROUP qf CSS

ƒi PRDWH FFFF C

HDIV

VOLVO -B- f DJ E STOXX PHAR P RQHDVT

C ± TDHS QDPH

qf IHDSV HDWH C

HDIV

ELECTROCOMPONEN f DJ E STOXX MEDIA P QTQDTS HITT NV

C ´ HDHW

f DJ E STOXX AUTO P PQQDRV CONGLOMERATS

e C C IW QDSR IDPV HDUW

EUROTUNNEL /RM p‚ INNOCONCEPTS NV

e

±

RTDI PDWS

CGIP /RM p‚ e C PDPP IVDR PTDU FFFF

FINNLINES ps NEDGRAPHICS HOLD

e ´

±

IUS IDHU

CHRISTIAN DIOR p‚ ENERGIE C PDV FFFF QDHQ RDQS

BANQUES FKI qf BIENS DE CONSOMMATION SOPHEON

e

PDII FFFF

CIR s„

WR FFFF

TDVT FFFF hu PUDPU FFFF

AKER MARITIME xy FLS IND.B e PROLION HOLDING C

QHDWT HDPT

AHOLD xv

C

IUDPV IDRV

ABBEY NATIONAL qf e

RHRDS FFFF

D’IETEREN SA fi

e C C

SDUS IDUU

SDUP FFFF e„ QRDRV HDQP

BG qf FLUGHAFEN WIEN RING ROSA

SSDWW FFFF

e ATHENS MEDICAL q‚

±

PRDIP HDRI

ABN AMRO HOLDIN xv e

RV FFFF

GAZ ET EAUX /RM p‚

C

HDRT FFFF

WDVI QDVS qf ISDTI FFFF

BP AMOCO qf GKN e RING ROSA WT C

RRDS IDHP

AUSTRIA TABAK A e„

C

IRDIU QDPP

ALL & LEICS qf e

ITWDV FFFF

GBL fi

ISDRS FFFF

IVDPW FFFF qf QDTV FFFF

BURMAH CASTROL qf GLYNWED INTL PL e UCC HOLDING NV C

UI I

BEIERSDORF AG hi

qf PIDHI FFFF

ALLIED IRISH BA C

IPDUP PDTV

GENL ELECTR CO qf e

WDVW FFFF q‚ PPDPI FFFF

CEPSA iƒ HALKOR e C

QWDU HDSI

BIC /RM p‚

UPDQW FFFF

ALPHA CREDIT BA q‚ e

RTDI FFFF

GEVAERT fi e C C

SHDQ I qf IRDQQ IDSU

DORDTSCHE PETRO xv HAYS

C

SDUQ PDPS

e BRIT AMER TOBAC qf

PPDPW FFFF

ARGENTARIA R iƒ e ±

PIDVP IDHR

HAGEMEYER NV xv e e C

SDSQ FFFF hi SPDW HDIW

ENI s„ HEIDELBERGER DR e BRUXELLES

IIWDR FFFF

e CASINO GP /RM p‚

€„ PIDRW FFFF

BPINTOMAYORR C

RDRR VDHV

INCHCAPE qf e

±

UDRT FFFF ps QH IDTR

ENTERPRISE OIL qf HUHTAMAEKI VAN IDRT FFFF

PHPVDSI FFFF

e CFR UNITS -A- gr ENVIPCO HLD CT

±

SPDHS HDIH

BANK AUSTRIA AG e„

IPDVT FFFF

INVESTOR -A- ƒi e

TDRW FFFF s„ TDTW FFFF

F.OLSEN ENERGY xy IFIL

FFFF

e PIDS

UPDRS FFFF

DELHAIZE fi FARDEM BELGIUM B

IQDIW FFFF

BANK OF IRELAND qf

IPDVT FFFF

INVESTOR -B- ƒi

PDHU FFFF qf RDPH FFFF

LASMO qf IMI PLC

FFFF

e PDPS C

PVI IDVI

ESSILOR INTL /R p‚ INTERNOC HLD

PQDPW FFFF

BANK OF PIRAEUS q‚

IVDQU FFFF

KVAERNER -A- xy e C

WPDI HDQV hu SWDIT FFFF

OMV AG e„ ISS INTL SERV-B

FFFF

e IHDS

SPDWS FFFF

COLRUYT fi INTL BRACHYTHER B

C

IIDWQ HDVH

BK OF SCOTLAND qf e

QPUDP FFFF

LVMH / RM p‚

ISDQU FFFF hu VRDUH FFFF

PETROLEUM GEO-S xy KOEBENHAVN LUFT

FFFF

e UDVP C

UU HDIQ

e FRESENIUS MED C hi LINK SOFTWARE B

QSDIV FFFF

BANKINTER R iƒ

IVDPT FFFF

MYTILINEOS HOLD q‚ e e

±

p‚ VR FFFF xv PSDS IDUQ

PRIMAGAZ /RM KON.NEDLLOYD C

IDQS RDTS

IDTR FFFF

FYFFES qf PAYTON PLANAR

C

QHDIR QDUH

BARCLAYS PLC qf

QVDPT FFFF

NORSK HYDRO xy e e

PI FFFF ps RI FFFF

REPSOL iƒ KONE B UDT FFFF

SDPR FFFF

e GALLAHER GRP qf ACCENTIS C

hi TR IDRQ

BAYR.HYPO-U.VER C

ITWDRI HDUR

OERLIKON-BUEHRL gr

e

 fi RIDWR FFFF

A

e @€u˜li™ite GIB

SDRP FFFF

COMIT s„

IRDHV FFFF

ORKLA -A- xy

± IIDHI HDRQ

e IMPERIAL TOBACC qf

TDWS FFFF

BCA FIDEURAM s„

IRDHV FFFF

ORKLA -B- xy

e

PRDHV FFFF

e JERONIMO MARTIN €„ FRANCFORT

RDIV FFFF

BCA INTESA s„ e

QTDWS FFFF

SONAE SGPS €„

e

ps IHDV FFFF

C WUDPR

e KESKO -B- PDQT

QDTT FFFF

MONTE PASCHI SI s„ 1&1AG&CO.KGAA

QDSR FFFF

TOMKINS qf

e C

p‚ TRV HDQI

C IDSR

e L’OREAL /RM IQP

IDQI FFFF

BCA ROMA s„ e AIXTRON

SI FFFF

VEBA AG hi

e

€„ IUDTV FFFF

C

SU

e MODELO CONTINEN IDTH

IQDS FFFF

BBV R iƒ AUGUSTA TECHNOLOGI

±

HDPR

f DJ E STOXX CONG P PVHDSW

±

qf PDIT HDUP

www.lemonde.fr C SSDS e MORRISON SUPERM IDRT PSDU FFFF

ESPIRITO SANTO €„ BB BIOTECH ZT-D

e

± hi TQDS HDRU

FFFF

e HENKEL KGAA VZ IQDR TRDPS FFFF

BCO POPULAR ESP iƒ BB MEDTECH ZT-D

C

qf IIDVI IDRW ±

VQ e RECKITT & COLMA HDTH SDUQ FFFF

BCP R €„ TE´LE´COMMUNICATIONS BERTRANDT AG

C

qf PDUP SDSP

FFFF

e SAFEWAY IIDP RSDV FFFF

BIPOP CARIRE s„ BETA SYSTEMS SOFTW

si RDHU FFFF

± RDVP QDIU EIRCOM qf

± UHDS

e SAINSBURY J. PL HDUH

QDPQ FFFF

BNL s„ CE COMPUTER EQUIPM

C

PHDHT IDSP

qf e C

SI HDIH BRITISH TELECOM p‚

FFFF

e SEITA /RM VQ C VVDU HDTP

BNP /RM p‚ CE CONSUMER ELECTR

± qf IPDST RDRS

CABLE & WIRELES ± qf QDPW IDRP

FFFF e SMITH & NEPHEW QQDS

IHDWP FFFF

BSCH R iƒ CENIT SYSTEMHAUS

e C

hi SRDQ HDIV

C

PDSI IDWP DEUTSCHE TELEKO qf

± UDSS

e STAGECOACH HLDG HDTT C IIWDV HDQR

CCF /RM p‚ DRILLISCH

± QVDWH HDRR

qf e

ITDHI FFFF ENERGIS iƒ

FFFF TABACALERA A QQS

RDWQ FFFF

CHRISTIANIA BK xy EDEL MUSIC E 98

e C

hi WS IDHT

EQUANT NV ± qf PDUT IDIQ

± RR

e TESCO PLC PDPP SDRP FFFF

COMIT s„ ELSA

IIDVU FFFF

ƒi e

± PSDUT HDPQ EUROPOLITAN HLD xv C HDTP TNT POST GROEP TRDW

TTDVV FFFF q‚ VOYAGES

COMM.BANK OF GR EM.TV & MERCHANDI

e

± p‚ IHWDV HDHW

FRANCE TELECOM C SIQDWR HDPQ

± PIDS

e f DJ E STOXX N CY G P PDRI C QQ HDWP

COMMERZBANK hi EUROMICRON

IVDVU FFFF

HELLENIC TELE ( q‚

± IIDPS e PDVS C

QIDHU IDWR

CREDIT LYONNAIS p‚ GRAPHISOFT NV

e

±

SRDVS HDHW

KONINKLIJKE KPN xv

± IQDT HDUQ

C IIRDPV HDSW

DEN DANSKE BK hu HOEFT & WESSEL

RHDUU FFFF

NETCOM ASA xy COMMERCE DISTRIBUTION

IIDR FFFF

QDWQ FFFF

DEN NORSKE BANK xy HUNZINGER INFORMAT

IIDST FFFF

PANAFON HELLENI q‚

C QS

e IDRS C ± qf WDQV HDQR

TUDR HDRS

DEUTSCHE BANK N hi Réservez et achetez BOOTS CO PLC INFOMATEC

e

RTDV FFFF

PORTUGAL TELECO €„

C QDVH e e IWI ± p‚ IUVDS HDST

ISRDS FFFF

DEXIA CC fi CARREFOUR /RM INTERSHOP COMMUNIC

e

C

QTDQS IDII

SONERA ps

C US

e IDQU e C C p‚ PTR QDQQ

ISRDP IDHS

DEXIA FCE RM p‚ CASTO.DUBOIS /R KINOWELT MEDIEN

C

QPVDVI HDIW

SWISSCOM N gr

C PDSR

e e PPDT C iƒ IVDPR FFFF RUDV IDIT

DRESDNER BANK N hi CENTROS COMER P LHS GROUP

±

TQDRT HDRP

TELE DANMARK -B hu C

HDII e WH iƒ PPDW FFFF

RHDIT FFFF

EFG EUROBANK q‚ vos billets d’avion CONTINENTE LINTEC COMPUTER

e

IPDPR FFFF

TELECEL €„

TDT FFFF C qf IVDVR IDTP

VVDPR FFFF

ERGO BANK q‚ DIXONS GROUP PL LOESCH UMWELTSCHUT

e

IHDRU FFFF

TELECOM ITALIA s„

FFFF e PQDP e C hi RH HDSH

± SH HDIH

ERSTE BANK e„ GEHE AG MENSCH UND MASCHIN

e

SDPT FFFF

TELECOM ITALIA s„

C UPDU IDPS C qf TDQU HDUS

IT FFFF

FOERENINGSSB A ƒi GREAT UNIV STOR MOBILCOM

e

IWDUV FFFF

TELEFONICA iƒ

C IQDS e HDTH C C xv VHDUS HDTP

IIDST HDRI

HALIFAX GROUP qf GUCCI GROUP MUEHL PRODUCT & SE

e

TDWS FFFF

TIM s„

FFFF e TPDI

C

p‚ IPSDI HDHV ± IPDWU IDST qf MUEHLBAUER HOLDING

HSBC HLDG e e GUILBERT /RM

C C

xv TI IDTQ p‚ PIS IDRP

C ROYAL DUTCH CO LEGRAND /RM RDRU IDHU

VODAFONE AIRTOU qf

PUDS FFFF

ƒi PVDIT FFFF

RUDUU FFFF q‚ PFEIFFER VACU TECH

IONIAN BK REG.S e HENNES & MAURIT

s„ QDWS FFFF xy IIDQQ FFFF

C HDHT

f DJ E STOXX TCOM P VVRDWI SAIPEM LEIF HOEGH

FFFF

e e IVDT ± hi QT HDWT

SI FFFF fi PLENUM

KBC BANCASSURAN e KARSTADT QUELLE

C C

UDWT IDTI hi SI HDPH

SHELL TRANSP & qf LINDE AG

C

QVDS HDUW

C qf IHDIW PDQV ±

IQDQV PDHV qf PSI

LLOYDS TSB e KINGFISHER

C

IHDUU FFFF hi QHDR HDTT

SMEDVIG -A- xy MAN AG

C

TIDS HDVP

e C qf QDVP HDRI ± SDWS IDIT ps QIAGEN NV

MERITA e e MARKS & SPENCER C C

IQP HDUT hi IWR QDRU

CONSTRUCTION TOTAL FINA /RM p‚ MANNESMANN N

FFFF

e VDS

± hi SIDW HDIW TPDSQ FFFF

q‚ REFUGIUM HOLDING A

NAT BANK e METRO

C

±

IDHI hi IUDWS HDPV

f DJ E STOXX ENGY P QIPDRR METALLGESELLSCH

C

HDRP

e e IIDVS C ± qf VDHI HDPH iƒ RSDR FFFF

UR PDVS p‚ SACHSENRING AUTO

NATEXIS BQ POP. ACCIONA e NEXT PLC

IV FFFF

METRA A ps

C

IPDU e IDTH C

C p‚ IWSDT HDPH q‚ PTDIR FFFF

PIDQT HDPP qf SALTUS TECHNOLOGY

NATL WESTM BK AKTOR SA e PINAULT PRINT./

IHDWW FFFF

METSO ps

± TI

e e IDUU s„ TDQQ FFFF ps ISDV FFFF SDWW FFFF

NORDBANKEN HOLD ƒi ASKO -A- RINASCENTE SCM MICROSYSTEMS

RDIP FFFF

SERVICES FINANCIERS MORGAN CRUCIBLE qf

C HDPU QU

e e C gr PQVDUW HDPT iƒ IUDSS FFFF

IWDRS FFFF

ROLO BANCA 1473 s„ AUMAR R VALORA HLDG N SER SYSTEME

QDPR FFFF

NFC qf

SDV FFFF

C

e ± qf IRDQW QDSH C qf TDQP HDUT iƒ IHDPS FFFF PHDVV IDUU ROYAL BK SCOTL qf ACESA R 3I W.H SMITH GRP SERO ENTSORGUNG

STDRU FFFF

e NKT HOLDING hu ± SS HDUP

SIDUS FFFF e fi qf UDVH FFFF ± qf SDSQ PDPQ

IPDPW FFFF

SAN PAOLO IMI s„ BLUE CIRCLE IND ALMANIJ WOLSELEY PLC SINGULUS TECHNOLOG

IUDQW FFFF

OCEAN GROUP qf

C

QQDR HDTH

C VHDQH FFFF e q‚ C RIRDPT HDIR p‚ RRSDP PDSV

IHDHI FFFF

ƒi ALPHA FINANCE f SOFTM SOFTWARE BER

S-E-BANKEN -A- BOUYGUES /RM e DJ E STOXX RETL P

IIDQ FFFF

PARTEK ps

IS FFFF

qf WDSU FFFF C qf SDWP QDQI IRDHR FFFF STANDARD CHARTE qf BPB AMVESCAP TDS

ISDTP FFFF

e PENINS.ORIENT.S qf FFFF

e QVDPS HDQP FFFF e s„ C s„ II FFFF

PIIDW HDVT

STE GENERAL-A-/ p‚ BUZZI UNICEM BENI STABILI TECHNOTRANS

SDPR FFFF

PREMIER FARNELL qf

e C QDHV IHDQT

RDHP FFFF €„ HAUTE TECHNOLOGIE qf PDRP FFFF IRDSS FFFF

SV HANDBK -A- ƒi CARADON BPI R TELDAFAX

ITDQP FFFF

RAILTRACK qf

C

C SDVR

e QIDU qf UDTT SDRQ C

fi IHSDT FFFF

PUSDTV HDPQ

gr BRITISH LAND CO e TELES AG

UBS REG CBR ±

PHDUS HDPR

e AEROSPATIALE MA p‚

±

RWDQS QDSP

RANDSTAD HOLDIN xv

±

SDI HDWU

SDSW FFFF e e qf

€„ ISDTS FFFF

RDSR FFFF

s„ CANARY WHARF GR e TIPTEL

UNICREDITO ITAL CIMPOR R C

IUU PDRQ

ALCATEL /RM p‚

IHVDWH FFFF

RATIN -A- hu

C QW

e IDQH qf TDRQ FFFF C C

p‚ IWU PDHU UPDTH HDST

UNIDANMARK -A- hu COLAS /RM CAPITAL SHOPPIN TRANSTEC

PSDIH FFFF

ALTEC SA REG. q‚

IIRDPV FFFF

e RATIN -B- hu

± QW IDIR

fi SVDV FFFF

qf QHDHI FFFF PQDIT FFFF

q‚ COBEPA e W.E.T. AUTOMOTIVE

XIOSBANK CRH PLC C

VPDUS PDIT

ASM LITHOGRAPHY xv

C

QDVP HDVQ

e RENTOKIL INITIA qf C FFFF FFFF

TQDRW PDRH e hi C

iƒ WDWP FFFF HDIP

f PWRDIU GRUPO DRAGADOS CONSORS DISC-BR e

DJ E STOXX BANK P ± IPDT HDRU

BAAN COMPANY xv

QDVU FFFF

e REXAM qf FFFF

e FFFF iƒ PVDRS FFFF

PIDI FFFF

FCC iƒ CORP FIN ALBA e IPTDV FFFF

e BARCO fi

±

UUDR HDSI

REXEL /RM p‚

C FFFF

e FFFF gr IVSDHQ HDIU C

WPDS IDTS

GROUPE GTM p‚ CS GROUP N ±

TDSI HDUP

e BRITISH AEROSPA qf

C

PTDWW IDRU

e RHI AG e„ C FFFF FFFF

p‚ STW HDUI

UDUW FFFF

PRODUITS DE BASE qf EURAFRANCE /RM e

HANSON PLC C

IUPDU PDIQ

CAP GEMINI /RM p‚

± STQDPQ HDQQ

e RIETER HLDG N gr FFFF

e FFFF fi QQDUS FFFF

C

UWDQ IDHP

e HEIDELBERGER ZE hi FORTIS (B)

hu WUDRV FFFF QHDSI FFFF

ACERINOX R iƒ COLOPLAST B

PUDQS FFFF

e SANDVIK -A- ƒi

FFFF FFFF

±

xv QQDUS HDHW

QVDTQ FFFF q‚ FORTIS (NL)

C C HELL.TECHNODO.R

qf QRDQP IDWP SWIDWW HDUR

ALUSUISSE LON G gr COLT TELECOM NE

PUDUH FFFF

e SANDVIK -B- ƒi C FFFF FFFF

p‚ IIRDU HDIU

QHDPV FFFF

HERACLES GENL R q‚ GECINA /RM e ±

p‚ QWDTS HDIQ RRDIP FFFF

ALUMINIUM GREEC q‚ DASSAULT SYST./

C RUUDSW IDVU

SAURER ARBON N gr

FFFF

e FFFF qf UDSQ FFFF

QSDI FFFF

HOCHTIEF ESSEN hi HAMMERSON

ƒi RTDHV FFFF Q FFFF

ARJO WIGGINS AP qf e ERICSSON -B-

C

TVDP HDUR

e SCHNEIDER ELECT p‚ C FFFF FFFF

xv SWDRS HDQP

C

IPPPDUQ HDQI

HOLDERBANK FINA gr ING GROEP e

s„ IDHI FFFF ISDWR FFFF

ASSIDOMAEN AB ƒi e FINMECCANICA

IDUW FFFF

SEAT-PAGINE GIA s„

FFFF FFFF

RUDHT FFFF e hu

C

IPW HDHV

IMERYS /RM p‚ KAPITAL HOLDING

ƒi WDUV FFFF RDVI FFFF

AVESTA ƒi GAMBRO -A-

WDUI FFFF

SECURICOR qf

C FFFF

e FFFF qf IIDVS PDIV

IIDU FFFF

s„ LAND SECURITIES e

e ITALCEMENTI C

xv SUDI HDIV RWH FFFF

BEKAERT fi GETRONICS

ISDVW FFFF

SECURITAS -B- ƒi

FFFF

e FFFF qf UDSS FFFF

± WRDWS HDHS p‚ LIBERTY INTL

LAFARGE /RM C

±

hu QTDVR IDRV RDTH IDQT

BILLITON qf GN GREAT NORDIC

QDVR FFFF

e SHANKS GROUP qf FFFF FFFF

s„ WDPU FFFF

PHDTT FFFF

e MICHANIKI REG. q‚ MEDIOBANCA

q‚ RHDUT FFFF RQDHI FFFF

BOEHLER-UDDEHOL e„ e INTRACOM R

C WSDQ IDTH

SIDEL /RM p‚

FFFF FFFF

qf UDSU FFFF

VDVH FFFF

e TARMAC qf MEPC PLC

±

qf IVDSR FFFF ISDT IDPH

BUHRMANN NV xv LOGICA

±

RDUP IDQP

e INVENSYS qf FFFF FFFF

iƒ IWDPU FFFF

IDRP FFFF

PILKINGTON PLC qf METROVACESA

xy WDUQ FFFF SDQR FFFF

BUNZL PLC qf MERKANTILDATA

PPDIU FFFF

SKF -A- ƒi

FFFF FFFF

qf IIDHI FFFF

IPDWU FFFF qf PROVIDENT FIN

e RMC GROUP PLC C

qf IHDVH IDTQ

TDWU FFFF

CART.BURGO s„ MISYS

PPDPW FFFF

e SKF -B- ƒi FFFF FFFF

xv QTDVS FFFF

PDHS FFFF

RUGBY GRP qf RODAMCO UK

±

xy PDUW FFFF IDWI HDVP

CORUS GROUP qf NERA ASA

PRDUR FFFF

e SOPHUS BEREND - hu

FFFF FFFF

QTDWS FFFF

e xv C

ITW HDIP

p‚ RODAMCO CONT. E e

SAINT GOBAIN /R C

ps IQT PDST IUDQW FFFF

ELKEM ASA, OSLO xy NOKIA

C

TPIDWW HDSI

e SULZER FRAT.SA1 gr FFFF FFFF

xv QRDW FFFF

QQDTQ FFFF

SKANSKA -B- ƒi RODAMCO NORTH A qf TDHU FFFF

IRDIS FFFF

ELVAL q‚ NYCOMED AMERSHA

ISDVW FFFF

SVEDALA ƒi

FFFF FFFF

±

qf IVDPV HDVT

PIDSI FFFF

SUPERFOS hu SCHRODERS PLC e ±

xv IUDSP HDPV IHDIU FFFF

JOHNSON MATTHEY qf OCE

±

TDVT RDVP

e T.I.GROUP PLC qf

C FFFF FFFF

p‚ VPDWS IDIT

PDQW FFFF

e qf SIMCO N /RM e C TAYLOR WOODROW

s„ PDIV FFFF RIDWS IDHV

MAYR-MELNHOF KA e„ OLIVETTI

QQDIV FFFF

TOMRA SYSTEMS xy

FFFF

e FFFF qf SDRP FFFF

C

IHH PDST

p‚ SLOUGH ESTATES e

e TECHNIP /RM C

xv IIQDTS IDWU

W FFFF

METSAE-SERLA -B ps e KON. PHILIPS

C

TP IDST

e VA TECHNOLOGIE e„ C FFFF FFFF

p‚ IQQDS PDQH

IIHDIS FFFF

TITAN CEMENT RE q‚ UNIBAIL /RM ±

qf QDRQ HDWI QIDHU FFFF

MODO -B- ƒi ROLLS ROYCE

C

PDIQ

e f DJ E STOXX IND GO P RQRDWW

HDRW FFFF

e s„

± PHDU HDHS e„ UNIM WIENERB BAUSTOF C qf TSDSH SDQI RPDVS FFFF

NORSKE SKOGIND- xy SAGE GRP

e

iƒ UDT FFFF

RDWW FFFF e WILLIAMS qf VALLEHERMOSO e p‚ UUS FFFF IIDV FFFF

OUTOKUMPU OY -A ps SAGEM

e C

hi QVDS HDIQ

C

HDSR

e f PIVDV WCM BETEILIGUNG e C DJ E STOXX CNST P ± hi QQH HDQH STDPS HDRS

PECHINEY-A- p‚ SAP AG

±

SDVR PDIP

WOOLWICH PLC qf e e C hi RIH HDRW TDS FFFF

PORTUCEL INDUST €„ ASSURANCES SAP VZ

C

HDPV

e f DJ E STOXX FINS P PSVDTT C ±

qf ISDTS HDUH SDSW HDIV ps e RAUTARUUKKI K C SEMA GROUP WHDPS HDSH AEGON NV xv

e C

C

hi WUDP IDSU IWDIR HDUS

qf CONSOMMATION CYCLIQUE e RIO TINTO C SIEMENS AG N SSDVS HDSR AGF /RM p‚

qf IQDRQ FFFF PIDVV FFFF q‚ e e SIDENOR C SMITHS IND PLC PIS HDRP s„ WDIP FFFF ACCOR /RM p‚ ALLEANZA ASS

e C

IIRDW RDQT ALIMENTATION ET BOISSON p‚ QVDQR FFFF SILVER & BARYTE q‚ e e STMICROELEC SIC ± UPDS HDQR hi PWPDV FFFF ADIDAS-SALOMON hi ALLIANZ AG

e C

p‚ PWDQ HDSI PDSW FFFF SMURFIT JEFFERS qf e THOMSON CSF /RM ± ± ± ISDIQ HDUW qf SDIP HDTI qf IPDHS HDSP AIR FCE p‚ ALLIED DOMECQ ALLIED ZURICH

e e

ps QVDU FFFF IQDRU FFFF €„ e C SOPORCEL C TIETOENATOR TDQH PDQI qf SDQP FFFF p‚ IQPDU HDQV AIRTOURS PLC qf ASSOCIAT BRIT F AXA /RM

e

hu WTDQS FFFF IQDTW FFFF

STORA ENSO -A- ps e WILLIAM DEMANT ± ± PDRV FFFF qf WDWV IDIH gr UWPDHP HDHV ALITALIA s„ BASS BALOISE HLDG N

e C

± TIVDS HDWV IQDT HDUQ

ps e e f C STORA ENSO -R- C DJ E STOXX TECH P IWDSS HDPT e„ RQDP FFFF qf ISDHV HDTQ AUSTRIAN AIRLIN e„ BBAG OE BRAU-BE CGU

PUDPQ FFFF ƒi e e C SVENSKA CELLULO C QTDIU HDUS e„ RQDS FFFF p‚ QHDP IDSI BANG & OLUFSEN hu BRAU-UNION CNP ASSURANCES

e C

PSDHS PDPR

hi e THYSSEN KRUPP C ± SDHU HDQI qf SDWR IDHV iƒ ITDWS FFFF BARRATT DEV PLC qf CADBURY SCHWEPP CORP MAPFRE R

VDTI FFFF ƒi e SERVICES COLLECTIFS TRELLEBORG B C PDQP HDTV hu QTDQH FFFF hi IPQ FFFF BEAZER GROUP qf CARLSBERG -B- ERGO VERSICHERU

e

QWDIS FFFF UNION MINIERE fi e e IDWT FFFF hu QSDIP FFFF q‚ RIDUS FFFF s„ PDTS FFFF BENETTON GROUP s„ CARLSBERG AS -A ETHNIKI GEN INS AEM

e C

ps QIDUS HDIT C UPM-KYMMENE COR C ± IHDTT HDUS hu QWDWQ I hu VHDSR FFFF qf IIDHT TDSR BERKELEY GROUP qf DANISCO FORSIKRING CODA ANGLIAN WATER

e C IRDUR HDWT

p‚ e e

C USINOR C T FFFF p‚ PQPDS HDQS fi QQDUS FFFF qf T IDQQ

BRITISH AIRWAYS qf DANONE /RM FORTIS (B) BRITISH ENERGY e

RQDHS FFFF q‚ e e CODES PAYS ZONE EURO VIOHALCO C IHH HDVI q‚ RSDRW FFFF s„ PVDUP FFFF qf PDRQ FFFF CLUB MED. /RM p‚ DELTA DAIRY GENERALI ASS CENTRICA

e C

QPDR HDTP

e„ e e FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne VOEST-ALPINE ST C ± IIDRH HDSS qf WDHQ IDRP e„ IRUDVW FFFF s„ UDRI FFFF COMPASS GRP qf DIAGEO GENERALI HLD VI EDISON

C

HDSR f PHUDVQ e e e IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande DJ E STOXX BASI P ± PPDI HDSR q‚ QWDST FFFF s„ PDUQ FFFF fi QPTDT FFFF DT.LUFTHANSA N hi ELAIS OLEAGINOU INA ELECTRABEL

e e LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche C IWDHW FFFF p‚ IITDR IDPP q‚ QRDVI FFFF €„ IRDUR FFFF ELECTROLUX -B- ƒi ERID.BEGH.SAY / INTERAM HELLEN ELECTRIC PORTUG

e FI : Finlande - BE : Belgique. C VDHR HDUW qf PDTS FFFF qf IHDRW FFFF iƒ IWDRS FFFF EMI GROUP qf GREENCORE GROUP IRISH LIFE & PE ENDESA

CHIMIE e e e C C C ± HDWV RDPT xv QR HDPW qf PDVI HDST e„ IRS HDRS

EURO DISNEY /RM p‚ HEINEKEN HOLD.N LEGAL & GENERAL EVN CODESPAYSHORSZONEEURO

e e e C ± IRPDR HDIR qf IDWR HDVI q‚ PPDWU FFFF s„ UDUT FFFF ps RDSI FFFF

AIR LIQUIDE /RM p‚ G WIMPEY PLC HELLENIC BOTTLI MEDIOLANUM FORTUM CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e e e C ± ± RIDRS HDIP qf VDSI HDUR q‚ PRDTP FFFF hi PIS IDHT iƒ PRDHS FFFF

AKZO NOBEL NV xv GRANADA GROUP HELLENIC SUGAR MUENCH RUECKVER GAS NATURAL SDG GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e e C C ± RQDQS IDHS p‚ IPS HDRH qf IIDTW FFFF qf UDIT PDUW iƒ IQDVR FFFF BASF AG hi HERMES INTL KERRY GRP-A- NORWICH UNION IBERDROLA LeMonde Job: WMQ2611--0024-0 WAS LMQ2611-24 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:49 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2066 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 FINANCES ET MARCHÉS

C C ± QWDVW PTIDTT HDWW RH WI WP THQDRV IDIH WI PTDIH PT IUHDSS HDQV PTDHP BIC...... QWDSH GROUPE GTM ...... INTERBAIL ......

± ± FFFF FFFF FFFF WHDHS TW TVDWH RSIDWS HDIR TU URDWS URDTH RVWDQR HDRU UT BIS...... WH GROUPE PARTOUCHE ... SOPRA # ......

C C ± VVDUH SVIDVQ HDTP WH IPS IPSDIH VPHDTH HDHV IQHDWH TV TUDTH RRQDRQ HDSW TTDWH B.N.P...... VVDIS GUILBERT...... SPIR COMMUNIC. # ......

C ± ITSDSH IHVSDTI FFFF ITRDTH RUV RUH QHVQ IDTU RVV IVUDVH IVV IPQQDPH HDII IUV VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... ITSDSH GUYENNE GASCOGNE... SR TELEPERFORMAN ....

C C ± QIHDIH PHQRDIP HDRV QIS SQDSH SQDTH QSIDSW HDIW SPDUH IRVDVH IRWDRH WVH HDRH ISIDQH BONGRAIN ...... QIIDTH HACHETTE FILI.ME...... SUEZ LYON.DES EA ......

C C ± RRHDIH PVVTDVU IDRI RPSDSH QSI QTI PQTV PDVS QRS QUP QUIDSH PRQTDVV HDIQ QRIDIH BOUYGUES ...... RQR HAVAS ADVERTISIN ...... TF1 ......

C C C

QVDRS PSPDPP HDWP QUDSH IPVDWH IPW VRTDIV HDHV IQQDSH WUDSH WWDSH TSPDTV PDHS WWDSH b Les actions Canal+ et Thomson Multimédia (TMM) BOUYGUES OFFS...... QVDIH IMERYS(EX.IMETAL ...... TECHNIP......

C C C TDRT RPDQU HDWR TDQU IWDPH IWDQH IPTDTH HDSP IWDPS PWDIS PWDQS IWPDSP HDTW PWDIH

gagnaient respectivement 0,58 %, à 78 euros, et 2 %, à BULL#...... TDRH IMMEUBLES DE FCE ...... THOMSON-CSF......

C C C VW SVQDVH PDVW WP IQH IQP VTSDVT IDSR IPH QS QSDUI PQRDPR PDHQ PWDSH BUSINESS OBJECTS...... VTDSH INFOGRAMES ENTER .... THOMSON MULTIMED.

C 35,7 euros, jeudi 25 novembre dans les premiers C ± UUDUH SHWDTV HDIW UIDVH PTDUH PTDSH IUQDVQ HDUS PTDSH IQI IQIDVH VTRDSS HDTI IQI CANAL + ...... UUDSS INGENICO ...... TOTAL FINA SA......

C C IUPDSH IIQIDSQ PDHI ITW RIT RPH PUSSDHP HDWT RIT VTDSH FFFF FFFF FFFF FFFF

échanges. Le succès de l’introduction sur le marché CAP GEMINI ...... ITWDIH INTERTECHNIQUE...... TRANSICIEL # ......

C C C

QV PRWDPT PDUH QUDVH SVDVH SW QVUDHI HDQR SWDIH IQHDSH IQQDSH VUSDUH PDQH IQQDRH

américain du Nasdaq d’Open TV, fabricant de déco- CARBONE LORRAINE..... QU ISIS ...... UNIBAIL ......

C C ± IUUDVH IITTDPW HDWS IUWDPH WT WUDWH TRPDIV IDWV WUDWS UQDRS UQDWH RVRDUS HDTI UPDWH CARREFOUR ...... IUWDSH KLEPIERRE COMP.F ...... UNILOG ......

C ± ± IIWDIH UVIDPR HDPS IIW IIHDIH III UPVDII HDVP IIRDRH IIV IIUDWH UUQDQU HDHV IITDSH deurs, avait fait bondir mercredi Canal+ de 8,84 % et CASINO GUICHARD ...... IIWDRH LABINAL...... UNION ASSUR.FDAL ......

C ± VHDSH SPVDHS IDIU UWDSH WS WS TPQDIT FFFF WPDQH IRDTH IRDUR WTDTW HDWT IRDPH

TMM de 18,64 %. Les analystes ont revu leurs calculs CASINO GUICH.ADP ...... VIDRS LAFARGE...... USINOR......

C C

±

PTR IUQIDUQ QDQQ PTRDWH RQDQS RQ PVPDHT HDVI RIDSH TR TRDVH RPSDHT IDPS TT

sur les perspectives de Canal+, qui envisage d’intro- CASTORAMA DUB.(L...... PSSDSH LAGARDERE...... VALEO ......

C C IIWDUH UVSDIV HDPS IIUDVH TI TI RHHDIQ FFFF THDPH QTDVW QUDUR PRUDST PDQH QWDIS C.C.F...... IIWDRH LAPEYRE ...... VALLOUREC......

C ± IVQ IPHHDRH IDTU IVS RWDTS FFFF FFFF FFFF SIDVH PTDSS PT IUHDSS PDHU PTDPR duire sa filiale Canal+ Technologies. TMM, qui conçoit, CEGID (LY) ...... IVH LEBON (CIE)...... VIA BANQUE ......

C C

UDRT RVDWQ FFFF UDRS PIP PIQDWH IRHQDHW HDWH PIS USDQH USDVS RWUDSR HDUQ USDSH

fabrique et commercialise des systèmes de décodeurs CERUS...... UDRT LEGRAND ...... VIVENDI ......

C ± RTDIH QHPDRH PDWS RWDVH IPQ IPQ VHTDVQ FFFF IPRDSH ISDUS ISDVH IHQDTR HDQP IS

numériques, détient 5 % du capital de MIH, la maison CGIP ...... RUDSH LEGRAND ADP ...... WORMS (EX.SOMEAL ..... ± ± SIDSH QQUDVP IDWH SIDWH QUDSS QUDSH PRSDWV HDIQ QVDPS IUT IUT IISRDRV FFFF IVI CHARGEURS...... SPDSH LEGRIS INDUST...... ZODIAC......

± ±

RUDWH QIRDPH HDPI RVDWS IISDTH IIS USRDQS HDSP IIQDRH mère d’Open TV. CHRISTIAN DALLOZ ...... RV LOCINDUS......

C

± IUS IIRUDWP IDHU IUWDIH TRT TRW RPSUDIT HDRT TQU

b Le titre Pernod-Ricard abandonnait 2,06 %, à 57 eu- CHRISTIAN DIOR ...... IUTDWH L’OREAL ......

± ± VVDIH SUUDWH PDII WHDWH QPUDPH QPUDIH PIRSDTR HDHQ QPU CIC -ACTIONS A...... WH LVMH MOET HEN......

ros, jeudi, dans les premiers échanges. La veille, il avait C TPDSH RHWDWU HDVI TPDIH ISPDWH ISPDWH IHHPDWT FFFF ISHDPH CIMENTS FRANCAIS ...... TP MARINE WENDEL ......

C C IHHDIH TSTDTI IDII WVDVS UDTH UDVQ SIDQT QDHQ UDQH

chuté de 4,9 % à la suite de la décision du Conseil de la CLARINS ...... WW METALEUROP ......

C C

IHH TSSDWT HDVI WWDSH QWDUP QWDWP PTIDVT HDSH QWDWW

concurrence de ne pas autoriser la cession d’Orangina, CLUB MEDITERRANE .... WWDPH MICHELIN......

C C QHDHI IWTDVS HDVU QIDSH QHDIS QHDSH PHHDHU IDIT QH CNP ASSURANCES ...... PWDUS MONTUPET SA......

C C VQ SRRDRR HDIP VP VDVQ VDWW SVDWU IDVI VDWQ dans le giron de Pernod-Ricard, à Coca-Cola. COFLEXIP...... VPDWH MOULINEX ......

C

± IWU IPWPDPR PDHU IWTDVH UIDWS UHDIH RSWDVQ PDSU UR

b Le cours de Bourse du Groupe André chutait de COLAS ...... IWQ NATEXIS BQ POP......

C Compen- PDHS IQDRS FFFF PDHT RHDIW RI PTVDWR PDHP QUDSH

COMPTOIR ENTREP...... PDHS NEOPOST...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

5,64 %, à 159 euros, jeudi à l’ouverture, après la publi- International sation ± ± f RPDQS PUUDVH HDQS RR PPDWW PPDWS ISHDSR HDIU PPDII

CPR ...... RPDSH NORBERT DENTRES...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

C ± IWDWH IQHDSR HDQS IWDIH PTDVH PTDWH IUTDRS HDQU PTDRH cation d’un résultat net sur l’exercice 1998/1999 en CRED.FON.FRANCE ...... IWDWU NORD-EST......

± ±

QIDQH PHSDQI HDIT PWDWH TUDWS FFFF FFFF FFFF TWDVH ISQ ISI WWHDSH IDQI ISHDIH

hausse de 2 %, à 46 millions d’euros. CFF.(FERRAILLES) ...... QIDQS NORDON (NY)...... AMERICAN EXPRESS......

C C ± QHDTS PHIDHS HDST PWDWS RPH RPPDVH PUUQDQW HDTU RRS SPDSH SPDRS QRRDHS HDIH SH CREDIT LYONNAIS...... QHDRV NRJ # ...... A.T.T. #......

b Danone progressait de 0,52 %, à 232,9 euros en C RI PTVDWR FFFF RPDQH VDUH FFFF FFFF FFFF WDHS IVDSS IVDUP IPPDVH HDWP IUDPI CS SIGNAUX(CSEE)...... RI OLIPAR...... BARRICK GOLD #......

±

UUDSS SHVDTW HDRS UV IIHDRH IIHDRH UPRDIV FFFF IIHDPH PIDPP FFFF FFFF FFFF PIDHR Bourse, jeudi matin, à la suite des informations du DAMART ...... UUDWH PARIBAS...... CROWN CORK ORD.#.....

C C C

PQPDSH ISPSDIH HDQS PPW ST STDPS QTVDWV HDRS SSDQH PRDRI PRDWS ITQDTT PDPI PRDHT

quotidien britannique Financial Times selon lesquelles DANONE...... PQIDUH PECHINEY ACT ORD ...... DE BEERS # ......

C ± ± IVW IPQWDUT PDIT IWPDRH QRR QRI PPQTDVI HDVU QQR SWDSH SWDRS QVWDWU HDHV SVDIH DASSAULT-AVIATIO ...... IVS PENAUILLE POLY.C ...... DU PONT NEMOURS.....

C ± ± QWDTS PTHDHW HDIQ RIDRS SVDPH STDVH QUPDSV PDRI TIDWS RTDIH RTDSH QHSDHP HDVU RTDRH Danone pourrait faire une offre conjointe sur le britan- DASSAULT SYSTEME...... QWDUH PERNOD-RICARD...... ERICSSON # ......

C ± ± STDIH QTUDWW IDTU SVDSH IVSDQH IVRDPH IPHVDPU HDSW IVSDSH RWDHT SHDUS QQPDWH QDRR RW

nique United Biscuits. DE DIETRICH...... SUDHS PEUGEOT...... FORD MOTOR # ......

C C C TUDRS RRPDRR HDVP TTDPH IWSDPH IWSDSH IPVPDRH HDIS IWHDVH IQQDVH IQRDQH VVHDWS HDQU IQSDUH DEVEAUX(LY)# ...... TTDWH PINAULT-PRINT.RE...... GENERAL ELECT. #......

C IS WVDQW FFFF IRDSH IIQ IIR URUDUW HDVV IIQDSH UP FFFF FFFF FFFF UHDSH DEV.R.N-P.CAL LI...... IS PLASTIC OMN.(LY) ...... GENERAL MOTORS # .....

C C ± ISRDVH IHISDRP IDRR IRWDPH IHIP IHIQ TTRRDVR HDIH IHHI IRDPI IRDIV WQDHI HDPI IQDPU DEXIA FRANCE ...... ISPDTH PROMODES...... HITACHI #......

C C

± TDUH RQDWS HDRS TDIH QIS QIVDVH PHWIDIW IDPI QHQ IHHDVH IHIDWH TTVDRP IDHW IHRDPH

RE`GLEMENT MENSUEL DMC (DOLLFUS MI)...... TDUQ PUBLICIS #...... I.B.M # ......

C ± ±

PSDWS IUHDPP HDIS PTDHW PHDRS PHDSH IQRDRU HDPR PHDPH VUDIS VT STRDIP IDQP VTDWH

______DYNACTION...... PSDWW REMY COINTREAU...... ITO YOKADO #......

C C C TRDUH RPRDRH PDUH TQDTH RIDWH RPDIT PUTDSS HDTP RPDWH PSDSH PSDUT ITVDWU IDHP PRDSH EIFFAGE ...... TQ RENAULT ...... MATSUSHITA #......

± ± ± ISIDPH WWIDVI HDTT ISI UUDVH UUDRH SHUDUI HDSI UVDHS RSDIT RRDVH PWQDVU HDVH RSDUW ELF AQUITAINE ...... ISPDPH REXEL...... MC DONALD’S #......

ti hs PS xy†iwf‚i Cours releve´sa` 09 h 22

C C ± SS QTHDUV IDHV SQDSS IUDVT IV IIVDHU HDUV IUDRS UUDSH UUDVH SIHDQQ HDQW UTDIH ERAMET ...... SSDTH RHODIA ...... MERCK AND CO # ......

C C

±

IITDSH UTRDIW IDQH IIPDSH THDIH THDPS QWSDPI HDPS TH UDWW UDVW SIDUT IDPS VDHS ERIDANIA BEGHIN...... IIS RHONE POULENC A...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PR de ™em˜re

C ± PVI IVRQDPR IDVI PVI UDIS FFFF FFFF FFFF T IQIDSH IPWDUH VSHDUV IDQU IQI ESSILOR INTL ...... PUT ROCHETTE (LA) ...... MORGAN J.P. # ......

C C QHUDUH PHIVDQV QDPT QHUDTH TVDIH TW RSPDTI IDQP TU IPDWH FFFF FFFF FFFF IPDQH ESSILOR INTL.ADP...... PWV ROYAL CANIN...... NIPP. MEATPACKER......

C C URDWH RWIDQI HDHU UQ IWQH IWQH IPTSWDWU FFFF IVRI PSDSP PTDIW IUIDVH PDTQ PTDTH ESSO...... URDVS RUE IMPERIALE (L...... PHILIP MORRIS # ......

C C Compen- C STW QUQPDRH HDUI SVQDSH QVDIH QVDII PRWDWW HDHQ QWDQH IHVDQH IHWDRH UIUDTP IDHP IHVDVH

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURAFRANCE...... STS SADE (NY) ...... PROCTER GAMBLE ......

sation C C France f C HDWU TDQT QDIW IDHT QIS QPH PHWWDHT IDSW QPQDTH IWDSS PIDHQ IQUDWS UDSU IWDQH

en ¤uros en ¤uros en francs veille EURO DISNEY...... HDWR SAGEM S.A...... SEGA ENTERPRISES ......

(1)

C C C IDPV VDRH HDUW IDPU ITVDVH ITW IIHVDSU HDIP IUHDRH TPDPH TQDPH RIRDST IDTI TQDSH EUROTUNNEL...... IDPU SAINT-GOBAIN...... SCHLUMBERGER #......

C C FFFF FFFF FFFF IRQDSH TQDPS TR RIWDVI IDIW TS UWDWS FFFF FFFF FFFF UWDWH IUVDWH IUWDWH IIVHDHU HDST IUQ B.N.P. (T.P)...... IRR FACOM SA...... SALVEPAR (NY) ...... SONY CORP. #......

C C FFFF FFFF FFFF IQUDSH SQDWS SRDPH QSSDSQ HDRT SS RIDPI RIDRH PUIDSU HDRT RHDWH IRDVU FFFF FFFF FFFF ISDPR CR.LYONNAIS(TP) ...... IQU FAURECIA ...... SANOFI SYNTHELAB...... SUMITOMO BANK #......

C C C QQV PPIUDIQ HDQH QRP IHTDWH IHU UHIDVU HDHW IHS US USDWH RWUDVU IDPH TWDVH RENAULT (T.P.)...... QQU FIMALAC SA...... SAUPIQUET (NS) ......

C C FFFF FFFF FFFF IUIDPH VHDTH VHDUH SPWDQT HDIP VS TUDUH TVDQH RRVDHP HDVW TUDSH SAINT GOBAIN(T.P...... IUP FIVES-LILLE...... SCHNEIDER ELECTR......

C

± IRV WUHDVP FFFF IRUDWH IPUDRH IPU VQQDHU HDQI IPS RRDQH RRDVS PWRDPH IDPR RQDIH

THOMSON S.A (T.P ...... IRV FONC.LYON.# ...... SCOR...... ABRE´VIATIONS

C C C PIS IRIHDQI HDRP PIVDUH IHWDWH IIH UPIDSS HDHW IHVDPH ST STDSH QUHDTP HDVW SU

ACCOR ...... PIRDIH FRANCE TELECOM...... S.E.B......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C ± PHDTP IQSDPT HDVU PHDTW URP FFFF FFFF FFFF USP SHDWS SI QQRDSR HDIH RW AEROSPATIALE MAT ...... PHDVH FROMAGERIES BEL...... SEITA......

C

± ± SSDRS QTQDUQ HDIV SSDHS IQIDSH IQT VWPDIH QDRP IQTDIH IQDUH IQDTR VWDRU HDRR IQDWV AGF ...... SSDSS GALERIES LAFAYET ...... SELECTIBANQUE...... SYMBOLES

C ± ISDIP WWDIV HDVS ISDRH ST ST QTUDQR FFFF ST RQDRH RQDUQ PVTDVS HDUT RPDTW

AIR FRANCE GPE N ...... ISDPS GAUMONT #...... SGE...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C C IRPDSH WQRDUR HDPI IRIDQH RV RV QIRDVT FFFF RTDUW WQDVH WSDQS TPSDRS IDTS WPDSS

AIR LIQUIDE ...... IRPDPH GAZ ET EAUX ...... SIDEL...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C C ± IUUDSH IITRDQP PDUP IUH IIRDSH IIRDUH USPDQV HDIU IIR ITSDSH ITP IHTPDTS PDII ITQDVH

ALCATEL ...... IUPDVH GECINA...... SILIC CA ...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite; d cours pre´ce´dent.

C C

PV IVQDTU FFFF PVDPS RWDIS RWDQV QPQDWI HDRU SIDIS VP VPDWS SRRDIP IDIT VI

ALSTOM...... PV GEOPHYSIQUE ...... SIMCO...... `

C C C DERNIERE COLONNE RM (1) : RSH PWSIDVI QDRS RPH IHHDQH IHS TVVDUS RDTW WWDRS IRDWS IS WVDQW HDQQ ISDPV ALTRAN TECHNO. #...... RQS GFI INFORMATIQUE...... SKIS ROSSIGNOL......

C C ± IRIDSH WPVDIV HDQS IQI PWDVW PWDWI IWTDPH HDHU PVDUW PIHDIH PIP IQWHDTQ HDWH PHVDPH ATOS CA...... IRP GRANDVISION ...... SOCIETE GENERALE...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C C ± IQQ VUPDRP HDTI IQRDUH ITVDSH ISW IHRPDWU SDTR IUIDVH IUPDWH IUR IIRIDQU HDTR ITI AXA...... IQPDPH GROUPE ANDRE S.A ...... SODEXHO ALLIANCE...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C C IPWDWH VSPDHW FFFF IPV UWDHS UWDVH SPQDRS HDWS UTDUH VH VHDWS SQI IDIW VH BAIL INVESTIS...... IPWDWH GASCOGNE...... SOGEPARC (FIN) ...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C ± ± IIS USRDQS QDIP IIT QTDVS QTDSH PQWDRP HDWS QU PSDPV PSDRH ITTDTI HDRU PUDRH BAZAR HOT. VILLE ...... IIVDUH GR.ZANNIER (LY) ...... SOMMER-ALLIBERT......

@€u˜li™iteÂA

C ± IQHDSR IDSQ SDIS QQDUV FFFF SPDTH QRSDHQ HDIW GROUPE D #...... IWDWH CLAYEUX (LY)...... d IMMOB.BATIBA....

C ± RUVDVS IDRV RPDWU PVIDVT HDRH W SWDHR FFFF GUILLEMOT #...... UQ CNIM CA#...... IMS(INT.META .....d

C ± PDQT SDPT SP QRIDIH FFFF QHDWH PHPDTW QDHU NOUVEAU GUYANOR ACTI .... HDQT COFITEM-COFI ....d INFO REALITE......

± RTIDUW HDPV UP RUPDPW FFFF PDVR IVDTQ FFFF HF COMPANY...... UHDRH CIE FIN.ST-H ...... d INT. COMPUTE ....d

C C

QRHDUU TDHP ISP WWUDHS FFFF PVH IVQTDTV RDUI

´ HIGH CO...... SIDWS C.A. PARIS I...... JET MULTIMED.... C C PSTDRV HDSI RWDRH QPRDHR FFFF IIQ URIDPQ HDVW

MARCHE HOLOGRAM IND .. QWDIH C.A.ILLE & V...... LATECOERE #......

C QTDIR HDIV SIDTS QQVDVH FFFF VU SUHDTV FFFF IGE + XAO...... SDSI C.A.LOIRE AT ...... d L.D.C...... d

± ± UPDVI PDTQ RWDRV QPRDSU FFFF TDQP RIDRT HDRU

ILOG # ...... IIDIH C.A.MORBIHAN.... LECTRA SYST......

wi‚g‚ihs PR xy†iwf‚i

C ± PTDQH QDQU VTDQH STTDHW FFFF PPDRH IRTDWQ HDWH IMECOM GROUP .. RDHI C.A.DU NORD# .... LEON BRUXELL ....

± IWTDUW FFFF TUDPH RRHDVH FFFF ISDTI IHPDQW HDVW

INFOSOURCES...... QH C.A. OISE CC ...... d LOUIS DREYFU.....

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 18 h 01

C ± ± PTVDPW IRDHV IHQDSH TUVDWP HDIH PT IUHDSS HDQW INFOTEL #...... RHDWH C.A.PAS CAL...... LVL MEDICAL......

C ± PHHDHU HDQQ UVDTH SISDSV FFFF PWH IWHPDPV HDTW INTERCALL # ...... QHDSH C.A.TOULOUSE.....d M6-METROPOLE ..

Cours Cours % Var. C QHIDHV RDUW TW RSPDTI FFFF PDHI IQDIV FFFF

KALISTO ENTE...... RSDWH CRCAM TOUR.P...d MEDASYS DIGI.....d

Valeurs f en ¤uros en francs veille

C ± IHSDRV IDRI SPDWH QRU FFFF RUDSH QIIDSV SDST LEXIBOOK #...... ITDHV CROMETAL ...... d MANITOU #......

C ± UPDVI ISDPU SDVT QVDRR PDVI PDPI IRDSH FFFF SWDRH QVWDTR FFFF ADL PARTNER...... IIDIH JOLIEZ-REGOL...... DAPTA-MALLIN ...d MANUTAN INTE...d

C ± RHDHV HDVQ HDPU IDUU FFFF TUDRH RRPDIP QDIT VUDWH SUTDSW FFFF AB SOFT...... TDII JOLIEZ-REGOL...... d GROUPE J.C.D...... MARC ORIAN ...... d

C C TTDWI QDVU SDPP QRDPR IDWS IPHDPH UVVDRT FFFF UH RSWDIU FFFF ALPHAMEDIA...... IHDPH LACIE GROUP...... DAUPHIN...... d MARIONNAUD P..

C ± ± PQDQS IDII IWDRH IPUDPT Q QWDVH PTIDHU FFFF QSDWS PQSDVP HDST ALPHA MOS ...... QDST MEDIDEP #...... DECAN GROUPE..d MECATHERM # ....

C C WHQDPS QDSQ T QWDQT IWDSP TUDRH RRPDIP FFFF QTDSH PQWDRP FFFF ALTAMIR & CI...... IQUDUH MILLE AMIS #...... DU PAREIL AU .....d MGI COUTIER ...... d

C ± ± IPDRT FFFF TDPH RHDTU RDTP RQDQQ PVRDPQ HDHU IQW WIIDUV HDTR APPLIGENE ON .... IDWH MONDIAL PECH ... ENTRELEC CB...... MICHEL THIER.....

± WDRS PDHR W SWDHR FFFF WVDHS TRQDIU FFFF IPDWT VSDHI FFFF ASTRA ...... IDRR NATUREX...... ENTREPRISE I...... NAF-NAF # ...... d

C ± ± ± QPDRU HDTH SUDQS QUTDIW PDSS PUDVH IVPDQT HDTV PIDWP IRQDUW HDSH ATN...... RDWS OLITEC ...... ETAM DEVELOP... ALES GPE EX......

± VVPDPT IDRU HDRP PDUT FFFF IIPDSH UQUDWS FFFF UHDSH RTPDRS FFFF AVENIR TELEC...... IQRDSH OXIS INTL RG...... EUROPEENNE C...d POCHET ...... d

± ± ± RIIDWR HDQP IWDPH IPSDWR HDSP RHDIH PTQDHR QDQU VI SQIDQQ FFFF BELVEDERE...... TPDVH PERFECT TECH..... EUROP.EXTINC .... RADIALL #...... d

C ± ± WSDII IDRH UDTH RWDVS HDPT SWDWH QWPDWP HDIU TW RSPDTI FFFF BIODOME #...... IRDSH PHONE SYS.NE..... EXEL INDUSTR .... RALLYE(CATHI......

C C ± QPUDQP PDUQ PP IRRDQI IDVS QIDRH PHSDWU RDQP SQDQS QRWDWS FFFF BVRP EX DT S...... RWDWH PICOGIGA...... EXPAND S.A...... REYNOLDS...... d

C ± ± RVDPI HDIR IUUDRH IITQDTU QDUR IRWDSH WVHDTT FFFF PPDSS IRUDWP HDRH CAC SYSTEMES .... UDQS PROSODIE # ...... FACTOREM...... d RUBIS #......

C C C WIDUU IHDIT RUDSH QIIDSV QDTH IPDSS VPDQP FFFF IQH VSPDUR QDIU CEREP ...... IQDWW PROLOGUE SOF.... FAIVELEY #...... SABATE SA #......

± ± QDQS IDWP QDUS PRDTH HDPU RDTV QHDUH FFFF UPDQH RURDPT FFFF CHEMUNEX #...... HDSI QUANTEL ...... FINACOR ...... SEGUIN MOREA...d

C ± PPWDSV FFFF RQ PVPDHT PDPU IHSDSH TWPDHQ FFFF ISUDWH IHQSDUT QDPH COIL...... QS R2I SANTE ...... FINATIS(EX.L...... d SIDERGIE ......

± PISDVI HDQH QW PSSDVP FFFF IWH IPRTDQP FFFF QH IWTDUW FFFF CRYO INTERAC .... QPDWH RADOUX INTL ...... d FININFO ...... d SIPAREX (LY) ...... d

± ± IVQDTH QDRV PI IQUDUS PDQQ RPDRH PUVDIQ FFFF PQDII ISIDSW FFFF CYBER PRES.P...... PUDWW RECIF #...... FLO (GROUPE)..... SOCAMEL-RESC....d

C C ± QSDUS HDIV PQDRH ISQDRW IDUR UPDSH RUSDSU FFFF URDSH RVVDTW HDHU TDPI RHDUQ FFFF CYRANO # ...... SDRS REPONSE #...... ARKOPHARMA #... FOCAL (GROUP.... SPORT ELEC S...... d

± ±

TSDWP HDSH VDIH SQDIQ IDVP WQDSS TIQDTS FFFF UWDRS SPIDIT FFFF ISDIS WWDQV FFFF

DESK # ...... IHDHS REGINA RUBEN.... SECOND ASSUR.BQ.POP .....d FRAIKIN 2# ...... STALLERGENES....d

C ± ± ± HDTT VH ISDHS WVDUP RDIR QW PSSDVP IDQH SI QQRDSR HDRW RVDQH QITDVQ FFFF DESK BS 98 ...... HDIH SAVEURS DE F ...... ASSYSTEM # ...... GAUTIER FRAN.... STEF-TFE #...... d

± ± ______SSDUT PDUS IWDIH IPSDPW VDWT PPHDSH IRRTDQW FFFF IDPS VDPH FFFF IDTR IHDUT FFFF DMS # ...... VDSH SILICOMP # ...... BENETEAU CA# .... GEL 2000 ...... d SUPERVOX (B) ...... d

C

±

QHDVQ TDQU PUDPH IUVDRP FFFF RDUH QHDVQ FFFF RQDVS PVUDTR FFFF SRDWH QTHDIP HDIV

DURAND ALLIZ.... RDUH SERP RECYCLA ..... ´ BISC. GARDEI...... d GENERALE LOC ...d SYLEA......

C C ± ± HDRT IDUW SRRDRR PDQS SRDWS QTHDRS HDHW TSDIH RPUDHQ SU QUQDWH IT IHRDWS FFFF DURAN DUBOI..... VQ SOI TEC SILI ...... MARCHE BOIRON (LY)#...... GEODIS...... TOUPARGEL (L.....d

± TITDPU FFFF PU IUUDII FFFF PQDSS ISRDRV FFFF HDTT RDQQ FFFF UIDSS RTWDQR HDHU DURAN DUBOIS...d WQDWS STACI #...... BOISSET (LY) ...... d G.E.P PASQUI...... d TRIGANO ......

C C ± WQDRU IDUP HDTW RDSQ TDIS WIDTS THIDIV FFFF IVDVH IPQDQP HDPU ITQDSH IHUPDRW FFFF EFFIK #...... IRDPS STELAX ...... BOIZEL CHANO.... GFI INDUSTRI ..... UBI SOFT ENT......

ti hs PS xy†iwf‚i

± ± ± ± PPWDSV IDVH ISDQH IHHDQT IDPQ IUDPS IIQDIS QDSV TUDIH RRHDIS FFFF PUDSH IVHDQW IDTI ESKER ...... QS SYNELEC #...... BONDUELLE...... GO SPORT ...... d VIEL ET CIE ......

C C ±

SRUDUP IDQQ IDSV IHDQT UDTH SDPS QRDRR FFFF PPDVV ISHDHV FFFF UU SHSDHW IDIV

EUROFINS SCI...... VQDSH LA TETE D.L...... Une se´lection. Cours releve´sa` 09 h 22 BOURGEOIS (L .....d GPRI FINANCI .....d VILMOR.CLAUS ....

C ± SSDHQ FFFF PUDQS IUWDRH IQDWT TRDQH RPIDUV PDRQ SSHH QTHUUDTR FFFF TH QWQDSU FFFF EURO.CARGO S ....d VDQW THERMATECH I.... BRICE...... GRAND MARNIE..d VIRBAC...... d

C C ± IISRDRV PDQQ QPDWH PISDVI IDSR TUDIH RRHDIS FFFF ST QTUDQR FFFF WVDPS TRRDRV HDVI EUROPSTAT #...... IUT TITUS INTERA ...... BRICORAMA # ...... GROUPE BOURB..d WALTER #......

Cours Cours % Var. ± VSDPU FFFF QPDRH PIPDSQ FFFF WSDRS TPTDII IDHW PIDPQ IQWDPT FFFF QV PRWDPT FFFF

FABMASTER # ...... IQ TITUS INTER...... d BRIOCHE PASQ .... GUERBET S.A...... d AFIBEL ...... d

Valeurs f en ¤uros en francs veille

C ± ± IQRRDUI PDQV PRDPS ISWDHU QDIS UIDIH RTTDQW FFFF QHDSH PHHDHU RDQW QUDVS PRVDPV FFFF FI SYSTEM #...... PHS TRANSGENE # ...... SOLERI ...... d GUY DEGRENNE.. ARFEO (NS)# ...... d

C ± ± ± SPDRV IDWT ISDSH IHIDTU PDRS SQDUH QSPDPS FFFF QHDPI IWVDIT S SU QUQDWH FFFF RIDWH PURDVS IDUH FLOREANE MED... V TEL.RES.SERV ...... ADA...... CDA-CIE DES...... GUYOMARC H N..d ALAIN MANOUK...

C ± ± ± QTIDRQ IIDQI VDSH SSDUT FFFF WT TPWDUP IDSR TT RQPDWQ RDPI IPPDUH VHRDVT IDRS VIDRS SQRDPV FFFF GENERIX # ...... SSDIH V CON TELEC...... AIGLE # ...... CEGEDIM #...... HERMES INTL...... BQUE TARNEAU...d

C C ± ± ITSDHR HDVR UDUS SHDVR IDPU USDSH RWSDPS FFFF IHVDIH UHWDHW PDTI IPHDQH UVWDIP HDPS WUDRH TQVDWH FFFF GENESYS # ...... PSDIT WESTERN TELE .... ALGECO #...... d CERG-FINANCE.... HYPARLO #(LY ..... C.A.GIRONDE...... d

C ± ± IWHDPW UDHS IPSDVH VPSDIW HDPR TRDSH RPQDHW HDUU QRDSH PPTDQI FFFF RRDSH PWIDWH FFFF GENSET...... PWDHI ...... APRIL S.A.#( ...... CGBI...... I.C.C.# ...... d C.A.LOIRE/H...... d

´ ´ ´ ´ ´ ´ PTTDSV PQGII IVSDIR IPIRDRR PRGII IVHDRQ IIVQDSR PRGII IVRDSH IPIHDPR PQGII ECUR. CAPITALISATION C.... RHDTR MONE ASSOCIATIONS...... ACTILION PEA EQUILIBRE *. KALEı¨SSERENITE C......

´ ´ ´ ´ SHDRQ QQHDVH PQGII IVHDWU IIVUDHW PQGII IQIPDSH PRGII IUIDRT IIPRDUH PQGII ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA UNIVAR C ...... PHHDHW ACTILION PRUDENCE C *.... KALEIS SERENITE D ......

´ ´ RUDTP QIPDQU PQGII PQDWV ISUDQH PQGII ITVDHV IIHPDSQ PQGII IPHIDRS PRGII

SICAV ECUR. ENERGIE D PEA...... UNIVAR D...... IVQDIT ACTILION PRUDENCE D * ... LATITUDE C ......

´ IQTQIDRQ VWRITDQP PQGII PHDVV IQTDWT PQGII PIIDSH IQVUDQS PQGII PRUDTP PRGII ECUR. EXPANSION C...... UNIVERS-OBLIGATIONS ...... QUDUS INTERLION ...... LATITUDE D......

´ QWDIS PSTDVI PQGII IHPDWT TUSDQU PQGII TTPDHT PRGII

ECUR. EXPANSIONPLUS C.... Fonds communs de placements LION ACTION EURO ...... IHHDWQ OBLITYS D......

´ QUUDTQ PRGII SUDSU ´ RTDUS QHTDTT PQGII TUPDRP PRGII

ECUR. INVESTIS. D PEA...... LION PEA EURO...... IHPDSI PLENITUDE D PEA ......

PIQTDTS IVGII

FCP ´ ´ INDOCAM VAL. RESTR...... QPSDUQ PHWDTS IQUSDPI PRGII ISVWRDTW PQGII

EC. MONET.C/10 30/11/98...... POSTE GESTION C ...... PRPQDIQ

QPPDUQ PPGII

´ ´ MASTER ACTIONS ...... RWDPH IVRDQR IPHWDIW PRGII IRVTSDUT PQGII

EC. MONET.D/10 30/11/98...... POSTE GESTION D...... PPTTDPU

IVSDUH PPGII

´ MASTER OBLIGATIONS ...... PVDQI ITIDRR IHSVDWV PRGII  le™tionF ne se ` RQQHTDIS PRGII

Cours de cloˆ ture le 24 novembre ECUR. OBLIG. INTERNAT. C. POSTE PREMIERE SI...... TTHIDWV

IRHDQU PQGII

´ OPTALIS DYNAMIQ. C ...... PIDRH IVHSDUV PRGII PQDWH ISTDUU PRGII PUSDPW ` PSTPRHDWR PRGII

ECUR. TRIMESTRIEL D...... CM EURO PEA...... POSTE PREMIERE 1 AN...... QWHTQDTV

IQTDUH PQGII

´ OPTALIS DYNAMIQ. D...... PHDVR PVDQU IVTDIH PQGII PSSDWS PRGII QWDHP ` SRSQUDQV PQGII

e EPARCOURT-SICAV D...... ´ CM FRANCE ACTIONS ...... POSTE PREMIERE 2-3...... VQIRDIU IPVDWT PQGII Valeurs unitaires Date IWDTT

´ ´ OPTALIS EQUILIB. C ...... PIHVDWP IQVQQDTI PQGII QIDHQ PHQDSR PRGII

SIHVDHU PQGII Emetteurs f UUVDUP

¤ ee GEOPTIM C ...... ´ CM MID. ACT. FRANCE...... REVENUS TRIMESTR. D ...... IPPDWW PQGII

uros francs cours OPTALIS EQUILIB. D...... IVDUS

SQVDQP QSQIDIS PRGII PSQTDQP PRGII QVTDTT ´ IIHRDTQ PRGII HORIZON C...... CM MONDE ACTIONS...... THESORA C ...... ITVDRH

IPTDUQ PQGII

´ ´ OPTALIS EXPANSION C ...... IWDQP ISDIQ WWDPS PRGII TUQDVH PRGII IHPDUP ´

WSIDWP PRGII

AGIPI PREVOYANCE ECUR. D...... CM OBLIG. LONG TERME.... THESORA D...... IRSDIP

IPTDPI PQGII OPTALIS EXPANSION D...... IWDPR

PIPDIR PRGII QPDQR ´ PVTVRHDVV PQGII

Fonds communs de placements CM OPTION DYNAM...... TRESORYS C...... RQUPVDTI IUWDPI PRGII PUDQP ´ ´ ´ IIQDUR PQGII

AGIPI AMBITION (AXA) ...... OPTALIS SERENITE C...... IUDQR ´ SIDIR QQSDRT PRGII PQSQDQV PQGII

´ ´ CM OPTION EQUIL...... SOLSTICE D...... QSVDUU QTDUW PRIDQQ PQGII

IWHDHQ PRGII PVDWU ´ ´ ´ IHTDPU PQGII

AGIPI ACTIONS (AXA)...... ECUR. EQUILIBRE C ...... OPTALIS SERENITE D ...... ITDPH

WWHDTW PRGII

´ CM OBLIG. COURT TERME .. ISIDHQ QPDRT PIPDWP PQGII

RVWDPI PQGII

ECUR. PRUDENCE C...... PACTE SOL. LOGEM...... URDSV Fonds communs de placements

PHPIDSW PRGII

´ ´ CM OBLIG. MOYEN TERME . QHVDIW RQDSU PVSDVH PQGII

SRSDTQ PQGII ECUR. VITALITE C...... VQDIV

SIWDWI PQGII

3615 BNP PACTE VERT T. MONDE...... UWDPT POSTE EUROPE C......

IHTUDVQ PRGII

CM OBLIG. QUATRE...... ITPDUW

SPVDHS PQGII POSTE EUROPE D ...... VHDSH

` IPVDPQ VRIDIQ PRGII IITWDWT PQGII

Fonds communs de placements IUVDQT

BNP ACTIONS EURO...... CRE´DIT AGRICOLE CIC BANQUES POSTE PREMIERE 8 ANS C...

IIQQDTW PRGII IUPDVQ ´ ` IUPDPR IIPWDVP PQGII IIVDHI PRGII

BNP ACTIONS FRANCE...... CM OPTION MODERATION . IUDWW POSTE PREMIERE 8 ANS D...

08 36 68 56 55 (2,23 F/mn)

IPIDWR UWWDVU PRGII PRS PRGII BNP ACT. MIDCAP EURO..... FRANCIC...... QUDQS

´ LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE SG ASSET MANAGEMENT RVDVH QPHDII PRGII RSDHV PWSDUI PRGII PHTDIH PRGII BNP ACT. MIDCAP FR...... ATOUT AMERIQUE ...... FRANCIC PIERRE...... QIDRP

Serveur vocal : PUDIQ IUUDWT PRGII PHIDVT IQPRDII PRGII TRUDUT PRGII ATOUT ASIE...... ´ WVDUS QTPDWR PRGII BNP ACTIONS MONDE...... EUROPE REGIONS...... SSDQQ ASIE 2000......

(2,23 F/mn) PSTRDPH PRGII QWHDWI 08 36 68 36 62 IQVIDIV PRGII PIHDST ´ PIRIRDII PRGII BNP ACTIONS PEA EURO..... ATOUT CROISSANCE...... SAINT-HONORE CAPITAL .... QPTRDST

PHTQDWH PRGII ´ QIRDTR PHUDIS PRGII QIDSV ´ ´ USDPI RWQDQS PRGII IHQQDHU PRGII

BNP EP. PATRIMOINE...... ATOUT FONCIER...... CIC PARIS ST-HONORE MAR. EMER. .... CADENCE 1 D...... ISUDRW

IRHRDSR PRGII

´ PIRDIP PPTDII PRGII QRDRU ´ WWSDTI PRGII ATOUT FRANCE EUROPE ..... ISIDUV IHPPDRR PRGII BNP EPARGNE RETRAITE .... ST-HONORE PACIFIQUE ...... CADENCE 2 D...... ISSDVU

QRIDRQ PRGII

´ SPDHS ISITVDIS PRGII PQIPDQU ´ ´ PISRDIT PRGII

ATOUT FRANCE MONDE...... QPVDRH IHPIDUV PRGII BNP MONE COURT TERME . ST-HONORE VIE SANTE ...... ISSDUU IIHRDUT PRGII

ASSOCIC ...... ITVDRP CADENCE 3 D......

IRQPDWR PRGII

´ PIVDRS SURIDVS PRGII VUSDQR ATOUT FUTUR C ......

QRIDHQ PRGII BNP MONETAIRE C...... SIDWW SVUDHP PRGII

AURECIC...... VWDRW INTEROBLIG C ......

IQPVDVR PRGII

´ PHPDSV SPHUDSI PRGII

UWQDVV ATOUT FUTUR D...... ´ SRRDIV PRGII BNP MONETAIRE D ...... VPDWT PIPPDPP PRGII

CAPITAL AVENIR...... QPQDSQ LEGAL & GENERAL BANK INTERSELECTION FR. D......

´ UIVDRH PRGII

´ IHWDSP VQSWIDHQ PRGII

IPURQDQU ATOUT SELECTION ...... ´ ´ IPIVDIV PRGII BNP MONE PLACEMENT C.. IVSDUI PPUDIT PRGII

CICAMONDE...... QRDTQ SELECT DEFENSIF C......

PHVRDVW PRGII

´ QIUDVR UTRHTDVT PRGII

IITRVDIS COEXIS ...... ´ ITVVDII PRGII

BNP MONE PLACEMENT D.. PSUDQS

SIVDPU PRGII

CONVERTICIC...... UWDHI ´ SELECT DYNAMIQUE C ......

IWQPDVR PRGII

` SECURITAUX ...... PWRDTT PWSHDTW PRGII

´ ´ ´ RRWDVQ

IISHUDQW PRGII

IUSRDPW DIEZE ...... ´ ´ IIPVDWU PRGII BNP MONE SECURITE ...... IUPDII

SPPVDWH PRGII

EPARCIC ...... UWUDIR ´ SELECT EQUILIBRE 2...... IRWRDHU PQGII

STRATEGIE IND. EUROPE .... PPUDUU

QWPVDSW PRGII

´ ´ SWVDWI

WRTRRIDWP PRGII

IRRPVRDIR EURODYN...... ´ IIHTDQR PRGII BNP MONE TRESORIE ...... ITVDTT

QHQTDVV PRGII

EUROCIC LEADERS...... RTPDWU ´ SELECT PEA 3...... PIRSDPR PQGII

STRATEGIE RENDEMENT .... QPUDHR

IPVDQV VRPDIP PQGII

IHWIDIV PRGII

ITTDQS INDICIA EUROLAND...... QHUQDIT PRGII

BNP OBLIG. CT ...... RTVDSH WSRUDVS PRGII

MENSUELCIC...... IRSSDST SG FRANCE OPPORT. C......

RSRDQR PWVHDPV PQGII

PPSDUI PRGII QRDRI INDICIA FRANCE......

PVVWDIH PRGII BNP OBLIG. LT...... RRHDRR RQVWDRH PRGII

OBLICIC MONDIAL...... TTWDIT Sicav Info Poste : SG FRANCE OPPORT. D ......

PSUDIS ITVTDUW PRGII

IIVVDSW PRGII IVIDPH INDOCAM CONVERT. C......

QQVTDIV PRGII BNP OBLIG. MONDE...... SITDPP IITHDSP PRGII

OBLICIC Re´GIONS ...... IUTDWP 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn) SOGENFRANCE C......

PPUDQR IRWIDPS PRGII

WPUDWP PRGII IRIDRT INDOCAM CONVERT. D ...... QHTIDUR PRGII

BNP OBLIG. MT C...... RTTDUT ISW PRGII PRDPR SOGENFRANCE D......

RENTACIC...... ´ PV IVQDTU PRGII

IPVVHDPR PQGII IWTQDSV AMPLITUDE AMERIQUE C ...

VVQDRR PRGII IQRDTV INDOCAM EUR. NOUV...... TUPDIT PRGII

BNP OBLIG. MT D...... SOGEOBLIG C...... IHPDRU PRHPDQI PRGII

SECURICIC...... QTTDPQ ´

PUDUS IVPDHQ PRGII

IIWSDRP PRGII IVPDPR AMPLITUDE AMERIQUE D...

IHTUDII PRGII

ITPDTV INDOCAM HOR. EUR. C ...... ´ PWIDTR PRGII

BNP OBLIG. REVENUS ...... SOGEPARGNE D...... RRDRT PIUIDHW PRGII

SECURICIC D ...... QQHDWV

QVDWU PSSDTQ PRGII

IHSSDII PRGII ITHDVS AMPLITUDE EUROPE C......

IIHWDPP PRGII ITWDIH INDOCAM HOR. EUR. D...... ITUVDPH PRGII

BNP OBLIG. SPREADS...... SOGEPEA EUROPE...... PSSDVR

QVDHU PRWDUP PRGII

WVVDPH PRGII

´ ISHDTS AMPLITUDE EUROPE D ...... IIWTQDVU PRGII IVPQDVV INDOCAM MULTI OBLIG...... SRTDVI PRGII

BNP OBLIG. TRESOR...... SOGINTER C...... VQDQT

PUSDIP IVHRDTU PRGII PUSDUH PRGII RPDHQ AMPLITUDE MONDE C...... WPHDRR PRGII

IRHDQP INDOCAM ORIENT C......

BNP SECT. IMMOBILIER ...... Fonds communs de placements

PSPDHI ITSQDHV PRGII

PRSDVS PRGII

INDOCAM ORIENT D ...... QUDRV ´ AMPLITUDE MONDE D ...... IRQTDHP PRGII

EURCO SOLIDARITE ...... PIVDWP ´ IISDWU PQGII

www.cdc-assetmanagement.com DECLIC ACTIONS EURO...... IUDTV

PTDRR IUQDRR PRGII

ISPIDIH PRGII

INDOCAM UNIJAPON...... PQIDVW AMPLITUDE PACIFIQUE C ...

THQIDPT PRGII

LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WIWDRT ´ QSSDWW PQGII

DECLIC ACTIONS FRANC ..... SRDPU

PTDHS IUHDVV PRGII PHTUDIP PRGII

INDOCAM STR. 5-7 C ...... QISDIQ AMPLITUDE PACIFIQUE D...

SQVIDHV PRGII

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VPHDQR ´ QIQDRP PQGII

´ DECLIC ACTIONS INTER...... RUDUV RWDIS QPPDRH PRGII IRIRDWH PRGII

INDOCAM STR. 5-7 D...... PISDUH ELANCIEL FRANCE D PEA....

IPIIDTV PRGII

SICAV 5000 ...... IVRDUP ´ QTUDRH PQGII

´ DECLIC BOURSE PEA ...... STDHI UWUDSI PQGII

´ IPIDSV IHQSRDSR PQGII

ISUVDSR ELANCIEL EURO D PEA...... IQSHDVI PQGII

LIVRET B. INV.D PEA...... PHSDWQ MONEDYN ......

PHVTDRH PRGII

SLIVAFRANCE ...... QIVDHU ´ ´ IIIDSI PQGII

´ DECLIC BOURSE EQUILIBRE IU PQTDWQ PQGII ´ QTDIP IPTIHDWH PRGII

MONE.J C ...... IWPPDSP EMERGENCE E.POST.D PEA.

PSSDTW PRGII

SLIVARENTE ...... QVDWV ´

IIRDWP PQGII

´ DECLIC OBLIG. EUROPE...... IUDSP UHPDTT PQGII MULTI-PROMOTEURS ´ IHUDIP IITUPDIH PRGII

MONE.J D...... IUUWDRH GEOBILYS C ......

IPSVDSV PPGII

IWIDVU ´

IQUDVP PQGII

SLIVINTER ...... ´ DECLIC PEA EUROPE ...... PIDHI WWDTS TSQDTT PQGII

THHDIR PRGII

´ WIDRW PVWVDQS PQGII

NORD SUD DEVELOP. C...... RRIDVS OBLIFUTUR C...... GEOBILYS D......

RWPWDVR PRGII

USIDSS ´ RRWDUP PQGII

TRILION...... DECLIC SOGENFR. TEMPO .. TVDST

IWDIW IPSDVV PRGII SQQDUS PRGII ´ VIDQU PRTTDHU PQGII

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CARNET LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / 25

DISPARITION AU CARNET DU « MONDE » – Le président, – Mme Simone Mataillet, – M. Jean-François Van Cleef, Anniversaires de décès Et le conseil d’administration de son épouse, M. et Mme Paul Marmin, Naissances l’Institut d’études slaves, Hugues et Isabelle Mataillet, Mme Annette Van Cleef, – Le 25 novembre 1997, Le directeur de la Revue des études Françoise Mataillet et Philippe Boivin, Guillaume et Aline Van Cleef, Germaine Emmanuel slaves, Joëlle et Emile Seguy, Ses beaux-frères, ses oncles, Hélène CHEVALIER annonce la naissance de sa petite-sœur, ont la grande douleur d’annoncer le décès ses enfants, Ses tantes, ses cousins, ses cousines, de leur collègue, Véronique, David, Mathilde et Camille, était rappelée à Dieu. Héloïse, ses petits-enfants, Sa famille, M. Efim ETKIND, et Morgane, Et tous ses amis, ont l’immense douleur de faire part du dé- Jean, Ribière le 19 novembre 1999, à Paris, professeur émérite son arrière-petite-fille, son époux, cès de de l’université Paris-X - Nanterre, ont la douleur d’annoncer le décès de Ses enfants, chez Sa famille, GRANDE figure de la Résis- Catherine KHATI survenu le 22 novembre 1999. M. Gilbert MATAILLET, Isabelle VAN CLEEF, Ses amis, tance et de l’amitié judéo-chré- et Michel LOGAK. se souviennent. tienne, Germaine Ribière est survenu, le 23 novembre 1999, à survenu le 23 novembre 1999, à l’âge de 2, rue Aristide-Hémard, Charenton (Val-de-Marne), dans sa quarante ans. morte à Paris samedi 20 novembre – Les amis de 93100 Montreuil. quatre-vingt-deuxième année. – En souvenir de à l’âge de quatre-vingt-deux ans. Les obsèques auront lieu le vendredi Feliciano FIDALGO, Vous pourrez lui rendre un dernier Elle fut, de 1941 à 1944, une colla- journaliste, 26 novembre, au cimetière du Montpar- Huguette DEBAISIEUX. boratrice de premier ordre du Père hommage, en nous rejoignant, au nasse, à 11 h 45. Miren ARAMBOUROU cimetière communal nouveau d’Ivry Pierre Chaillet, fondateur du mou- ont le regret d’annoncer son décès, surve- (13, rue Gaston-Monmousseau, Elle nous a quittés il y a un an, le partage avec nu le 9 novembre 1999, à Madrid. vement Témoignage chrétien et Lucien MÉLÈSE, 94200 Ivry-sur-Seine), le vendredi Ceux qui croient en Dieu la confient à 26 novembre 1998. son époux, 26 novembre, à 15 h 45. Sa tendresse, elle adorait les fleurs, les responsable de L’Amitié chré- dons peuvent aussi être adressés à l’Insti- tienne (Service d’aide aux juifs). la joie d’annoncer la naissance de son « Va avec cette force que tu as », premier petit-fils, 11, rue Michelet, tut Arthur-Vernes, 36, rue d’Assas, Pa- – En ce dixième anniversaire de la dis- Née à Limoges en 1917, Ger- dit l’Eternel. 94200 Ivry-sur-Seine. ris-6e. parition de maine Ribière appartenait à une Teva, Pablo, Joseph, Le 22 novembre 1999, Claude GOUDET, famille profondément chrétienne est mort, dans sa soixante-douzième et cette empreinte l’a marquée le 23 novembre 1999, – Marcelin, Sa fille, la petite année, son fils, Monique Goudet, pour toute la vie. Après des études au foyer de et Martine, Lucy, Ses enfants, secondaires à Poitiers, elle devient Mathieu MILLIÈS-LACROIX Paul GROJEANNE, sa femme, Et ses proches, inspecteur de l’éducation nationale Sa famille, étudiante à Paris où elle est une et Alejandra VALBUENA-LAGARDE, est née le 19 novembre 1999. souhaitent que se souviennent ceux qui des dirigeantes de la Jeunesse étu- honoraire, Ses amis, l’ont aimé et estimé. chevalier du Mérite national, mariés à Montreuil, le 4 octobre 1997, ont l’immense chagrin d’annoncer le dé- diante chrétienne féminine (JECF). officier des Palmes académiques. cès de Elle est superbe et en parfaite santé. Alertée très tôt sur l’idéologie na- ainsi que le mariage de son fils, – Elle n’était que bonté, dévouement, zie, elle lit en 1937 l’encyclique de De la part de M. Daniel NEBENHAUS, droiture et intelligence. Pie XI Mit brennender Sorge, qui Christophe MILLIÈS-LACROIX Paulette Didier-Grojeanne, maître de conférences son épouse, à Paris-Dauphine, Claude VEIL, Marie-Thérèse MILLELIRI, l’enracine dans l’idée que le avec Paul-Etienne et Thérèse, e 19 octobre 1920-22 novembre 1999, née TROJANI. III Reich est foncièrement hostile Ana Cristina CAVACO, Nicolas et Isabelle, le mardi 23 novembre 1999. croix de guerre, aussi au christianisme dont il ne se ses fils et belles-filles, médaille de la Résistance, Elle est partie, il y a deux ans, sans lasse de dénoncer les racines à Trôo (Loir-et-Cher), le 18 septembre Florian, Paul-Emmanuel, Hippolyte, La cérémonie aura lieu le lundi 29 no- croix du combattant volontaire 39-45, bruit, comme elle a vécu. 1999. vembre, à 15 h 15, au crématorium du juives. Renforcée dans sa convic- Amaury, Violaine et Thimothé, chevalier de l’ordre national Elle est toujours présente dans nos ses petits-enfants, Père-Lachaise (accès par la place Gam- tion par son aumônier, le jésuite du Mérite, cœurs. Yvette Grojeanne et Laurette, betta). docteur en médecine, Yves de Montcheuil, qui sera as- Anniversaires de naissance sa sœur et sa nièce, psychiatre des hôpitaux, Famille Milleliri, sassiné par les Allemands en 1944, Caroline Heckel-Didier, « Que son immense courage directeur d’études à l’EHESS, nous serve d’exemple. 20218 Lama. elle s’efforce de faire comprendre sa belle-mère, docteur ès lettres, Megadur, Irena ! Robert Didier et Monique, Que sa joie de vivre demeure longtemps à ses camarades jécistes l’étendue dans nos cœurs. » son beau-frère et sa belle-sœur, la perte est immense. du péril nazi. Cent ans pour toi, mon amour ! Colloques Florence et Catherine, Ni fleurs ni couronnes. Dès l’été 1940, Germaine Ribière ses nièces, Colloque international en Sorbonne Galapagos. Un office religieux aura lieu le lundi se refuse à accepter la victoire al- et Philippe, 77, rue Notre-Dame-des-Champs, 29 novembre, de 19 heures à 19 h 20, à la L’œuvre de Chopin : lemande. Commence alors pour son neveu, 75006 Paris. synagogue, 24, rue Copernic, Paris-16e. aspects historiques, elle la grande aventure de la Résis- Laurence Eberhard-Harribey, Jean- analytiques et esthétiques Décès Philippe Berges, Paul-Michel Vahanian Catherine Veil-Barat, les vendredi 3 et samedi 4 décembre 1999 tance qui la conduira de Paris à et François Mercier, – Le président de l’université Paris- son épouse, Lyon, de Toulouse à Grenoble, de – Ses enfants, ses filleuls, Dauphine, Ce colloque, organisé par l’université Emmanuelle et Joseph Veil, France en Belgique et plus Et petits-enfants Tous ses amis qui l’ont accompagné. Ses collègues, de Paris-Sorbonne (Paris-IV), à l’occasion ont la tristesse d’annoncer le décès de ses enfants. souvent encore en Suisse, au mé- Et l’ensemble du personnel, du cent-cinquantième anniversaire de la Il a été enterré dans l’intimité au ont la profonde tristesse de faire part du 29, rue des Boulets, mort de Chopin, est soutenu par les Archi- pris des lignes de démarcation et me M Georges BAGOT, cimetière de Livron. décès de 75011 Paris. ves de France, le CNRS et l’Observatoire des frontières. Qui croirait, devant née Monique MARTIN. musical français. Il se tiendra à la Sor- cette jeune fille aux nattes bien Le service d’inhumation a été célébré M. Daniel NEBENHAUS, Hélène Douine, bonne, salle Louis-Liard, le vendredi alignées, à l’apparence tranquille Messe et inhumation à Trébeurden, vendredi 26 novembre, au temple de maître de conférences à l’université, sa sœur, 3 décembre, matin (9 heures), salle des jeudi 25 novembre 1999, à 15 heures. et rangée, que la volonté de Livron. diplômé d’HEC, Avignon. Actes, le vendredi après-midi (15 heures) et le samedi toute la journée (9 heures et combat la conduit aux actes les docteur en sciences de gestion, 26, cours d’Ajot, Un service de louange sera célébré au 15 heures). plus risqués, parfois les plus témé- 29200 Brest. survenu le 23 novembre 1999. temple de Reims, le 6 décembre, à – Le président, Organisateur : Jean-Claude Teboul raires ? Sa force de persuasion est (01-43-20-66-03). 18 heures. Et les membres du conseil d’adminis- contagieuse et elle entraîne avec Ils s’associent à l’émotion ressentie par – Le premier président, ses proches et présentent à sa famille leurs tration du comité d’études et d’informa- elle des étudiantes de Paris et de Ni fleurs ni couronnes. Le procureur général, plus sincères condoléances. tions pédagogiques de l’éducation phy- – SOUS LA MER OU LE sique et du sport Poitiers. L’Association des magistrats et anciens Des dons peuvent être adressés à 6e CONTINENT. Du monde de l’imagi- magistrats de la Cour des comptes, la CIMADE, CCP 4088 87 Y PARIS. ont la tristesse de faire part du décès de naire au 6e continent ; son exploration ; ont la tristesse de faire part du décès de – Valence. Paris. Erstein. L’AFFAIRE FINALY sa conquête ? Colloque international or- 1, place Jean-Moulin, Jean VIVÈS. ganisé par la Faculté des lettres de l’Insti- Ses démarches innombrables Mme Marie-Claude CABANA, Mme Huguette Couppié, 51100 Reims. ✝ tut catholique de Paris, avec l’Ifremer, le pour le mouvement Témoignage conseiller maître, Les docteurs Gilbert ( ) La cérémonie civile aura lieu le vendre- SHOM, la Marine nationale, le CNRS, chrétien l’ont conduite en Suisse chevalier de la Légion d’honneur, et Magali Couppié, di 26 novembre 1999, au cimetière l’Institut océanographique les 8, 9 et ses enfants, d’où elle a rapporté le texte de officier de l’ordre national – Mme Elisabeth Latarjet, (25, avenue des Familles), à Joinville- 10 décembre 1999. A Paris, 21, rue du Mérite. Ses huit petits-enfants le-Pont (Val-de-Marne). d’Assas, Paris-6e. Renseignements et invi- l’admirable Lettre aux Anglais de son épouse, et leurs conjoints, Bernanos, comme à Lourdes où Jacques, François, Marc, Stéphane et tations au : 01-44-39-52-00 poste 5319. Cour des comptes, Ses treize arrière-petits-enfants, Fax : 01-44-39-52-67. elle rencontre le primat de Po- Isabelle Latarjet, ont la douleur d’annoncer le décès de On se réunira au cimetière, à 14 h 15. 13, rue Cambon, ses enfants, logne, le cardinal Llond, réfugié en 75100 Paris 01 SP. Ses petits-enfants et arrière-petit- Mme Magdeleine REYNAUD, France, pour recueillir de ses enfant, Erratum Conférences mains les documents qui consti- – M. Jean-Paul Desolneux, Et toute la famille, paisiblement endormie le 23 novembre tuent le cahier du Témoignage ont la douleur de faire part du décès de 1999, à l’âge de quatre-vingt-quinze ans. Les éditions Retz et Sciences humaines son époux, – Dans l’avis de décès de organisent une conférence-débat chrétien consacré à la Pologne Agnès Desolneux, M. Michel LATARJET, martyre. Yvan Desolneux, La cérémonie religieuse sera célébrée M. Jean-Louis professeur à la faculté le vendredi 26 novembre, à 10 heures, en Quelle est la spécificité ses enfants, VAN REGEMORTER, de la langue écrite ? Cependant c’est L’Amitié chré- Les familles Moulis, Palemon, Soula et de médecine de Lyon, la cathédrale de Valence. tienne et l’aide incessante aux juifs chirurgien des hôpitaux, Desolneux, prière de lire professeur émérite et non avec David Olson persécutés qui sollicitent davan- ont la profonde tristesse de faire part du professeur associé. et Anne-Marie Chartier, tage Germaine Ribière. Elle trouve décès de survenu le 19 novembre 1999, à l’âge – L’Association pour la recherche en de quatre-vingt-six ans. psychologie projective, des planques pour les malheureux me Ses collègues et amis Université Paris-IV - Sorbonne. le 2 décembre 1999, à 18 heures, M Nicole à l’Ecole normale supérieure pourchassés, des familles et des DESOLNEUX-MOULIS, Selon ses vœux, la cérémonie ont la grande tristesse d’annoncer le dé- institutions religieuses pour ac- religieuse et l’inhumation ont eu lieu le cès, le 19 novembre 1999, de (salle Dussane), professeur des universités 45, rue d’Ulm, Paris-5e. cepter des enfants. Elle distribue en mathématiques, 23 novembre, dans l’intimité Avis de messe familiale. me Inscription obligatoire au 01-45-87-57-11 faux papiers et tickets d’alimenta- M Vica SHENTOUB, née GOLDBERG, – Une messe sera célébrée le samedi tion, et surtout elle fait passer la survenu le 22 novembre 1999, à Paris, à l’âge de cinquante-six ans. M. Stéphane Latarjet, maître de conférences honoraire 4 décembre 1999, à 19 h 30, en l’église frontière suisse à un nombre im- 4, rue d’Agadir, de l’Institut de psychologie, Notre-Dame-du-Rosaire, place des Mar- Assemblées générales portant de juifs traqués. Ses initia- La cérémonie religieuse sera célébrée 69600 Oullins. université René-Descartes - Paris-V. ronniers, à Saint-Maur-des-Fossés (Val- de-Marne), à la mémoire de L’Association de vacances tives pour faire échapper les vic- le vendredi 26 novembre, à 10 heures, en pour enfants et adultes inadaptés l’Eglise réformée de Port-Royal, Son enseignement auprès d’étudiants et times aux mains de la police de cliniciens a été fondamental pour le tiendra son assemblée générale 18, boulevard Arago, Paris-13e. – Monique Melin, Evelyne TINCQ, française et de la Gestapo sont Paul et Geneviève Melin, développement de la psychologie le 9 décembre 1999, à 18 h 30, au 2, rue Saint-Joseph, à Cognac. multiples et à l’occasion inatten- L’inhumation aura lieu le samedi Claude et Sylvia Melin, projective en France. Odile et Jacques Lesourne, décédée le 4 décembre 1998. Les adhérents peuvent se faire dues. Après une descente de la 27 novembre, à 14 h 30, au cimetière de Les obsèques auront lieu le vendredi représenter ou donner pouvoir. Gestapo, en février 1943, au local Varilhes (Ariège). Christine et Philippe Servin, Francine et Robert Guillaumot, 26 novembre, à 10 heures. On se réunira à De la part de lyonnais de L’Amitié chrétienne la porte principale du cimetière Henri Tincq, AVEI, 102, boulevard Kellermann, Emmanuel et Anne Melin, qui entraîne l’arrestation du Père Jean-Marie et Martine Melin, Montparnasse, 3, boulevard Edgar- son époux, BP 245, 75013 Paris. e Chaillet et de quelques-uns de ses ses enfants, Quinet, Paris-14 . Céline et Vincent, Cyril et Matthieu, 16112 Cognac CX. Tél. : 05-45-82-81-73. adjoints, Germaine Ribière, dégui- Ariane Melin, ses enfants, Juliette et Gilles Guerre, Lorraine ARTP, qui invitent tous leurs amis, en ce jour an- Fax : 05-45-36-13-69. sée en femme de ménage, se met à – Montredon-des-Corbières. Narbonne. 48, avenue Charles-Floquet, Le Havre. Melin, niversaire, à venir se joindre à cette célé- laver les marches d’escalier, car Catherine Lesourne, Justine et Ramon 75007 Paris. bration ou à les accompagner par la pen- elle sait que ces arrestations coïn- Mme Marie Devic, Fernandez, Renaud Lesourne, sée ou par la prière. Bourses cident avec un jour de perma- son épouse, Grégoire Melin, Bernard et Françoise Devic – Colette Dreyfus-Brisac, CENTRE INTERNATIONAL nence au cours duquel de nom- Elodie, Clémentine et Alexandre ses enfants et petits-enfants, et leurs enfants, Melin, DE RECHERCHE, breux juifs doivent venir chercher Georges et Jacqueline Brisac, Alain et Christine Devic ses petits-enfants, CARNET DU MONDE SUR LES JUIFS DU MAROC des papiers. Ce stratagème lui per- et leurs enfants, leurs enfants et petits-enfants, Et tous ses arrière-petits-enfants, La famille Manuel, met de prévenir et arrêter les visi- Jean et Nicole Devic Michel et Jeanine Germain, Claire - TARIFS 99 - Bourses de recherches : et leurs enfants, Tous ses parents et amis, année universitaire 1999-2000 teurs qui échappent ainsi à la sou- Videira, ont la tristesse de faire part du décès de TARIF à la ligne ricière tendue. Véronique Devic, ont la grande tristesse de faire part du Christine Devic, rappel à Dieu de Des bourses annuelles de recherches La guerre terminée, son engage- Parents et alliés, Lise SOLLIER-BRISAC, DÉCÈS, REMERCIEMENTS, sont mises à la disposition des étudiants de troisième cycle préparant une thèse de ment auprès des juifs, et plus tard invitent à partager leur peine et leur Mme André MELIN, AVIS DE MESSE, d’Israël, ne faiblit pas et c’est elle espérance à l’occasion du décès de le 18 novembre 1999, à Paris, à l’âge de doctorat sur les Juifs du Maroc. née Geneviève GALLET, quatre-vingt-un ans. ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS Dossiers complets (inscription univer- que le cardinal Gerlier et le Père 136 TTC - 20,73 ¤ M. Pierre DEVIC, sitaire et lettres de recommandation) à Chaillet, avec l’accord du grand dans sa quatre-vingt-dix-septième année, Elle a été inhumée dans l’intimité adresser, avant le 20 décembre 1999, au chevalier dans l’ordre national munie des sacrements de l’Eglise. TARIF ABONNÉS rabbin Kaplan, chargent d’une dé- du Mérite, familiale. 118 F TTC - 17,98 ¤ licate mission en vue de résoudre chevalier du Mérite agricole, CRJM Les obsèques seront célébrées le 40, rue Pierret, NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, Centre de recherches sur les Juifs l’affaire Finaly. C’est elle qui re- vendredi 26 novembre 1999, à 10 h 30, 92200 Neuilly. du Maroc survenu le 22 novembre 1999, à l’âge de en l’église de Burcy (Calvados). trouve et ramène en France, en soixante-dix-huit ans. MARIAGES, FIANÇAILLES A l’attention de M. Abitbol, 1953, les deux orphelins cachés en 520 F TTC - 79,27 ¤ 127, boulevard Malesherbes, Les obsèques religieuses ont eu lieu le Une messe sera dite en l’église Saint- 75017 PARIS Espagne de manière à ce qu’ils Germain-l’Auxerrois, le jeudi FORFAIT 10 LIGNES soient rendus à leur famille juive. mardi 23 novembre, en l’église de Sylvia SOURIAU, Montredon-des-Corbières (Aude). 2 décembre, à 17 h 30, à Paris. née Sylva GARTENBERG, Toute ligne suppl. : 62 F TTC - 9,45 ¤ En reconnaissance du dévoue- Soutenances de thèse ment et du courage montrés par Cet avis tient lieu de faire-part. a rejoint, à l’âge de quatre-vingt-onze ans, THÈSES - ÉTUDIANTS : Germaine Ribière dans cette af- 83 F TTC - 12,65 ¤ – François Audigier soutiendra sa Vous pouvez son mari, faire, elle fut décorée de la Légion nous transmettre COLLOQUES - CONFÉRENCES : thèse : « L’Union des jeunes pour le d’honneur en 1956. Mais ce qui la Nos abonnés et nos action- progrès (1965-1975). Une école de for- naires, bénéficiant d’une Jacques SOURIAU, Nous consulter mation politique » à l’université Paris- toucha bien davantage, malgré sa vos annonces la veille réduction sur les insertions ట 01.42.17.39.80 + 01.42.17.29.96 X - Nanterre, le 29 novembre 1999, à modestie, ce fut, en 1967, d’être pour le lendemain son fils, 9 h 30, salle des colloques. du « Carnet du Monde », Fax : 01.42.17.21.36 reconnue « Juste parmi les na- Le jury sera composé de MM. les pro- sont priés de bien vouloir jusqu’à 17 h Les lignes en capitales grasses tions » par l’Etat d’Israël. Yves SOURIAU. fesseurs G. Le Béguec, B. Lachaise, nous communiquer leur Permanence le samedi sont facturées sur la base de deux P. Levillain, J.-M. Mayeur, G. Quaglia- lignes. Les lignes en blanc sont numéro de référence. jusqu’à 16 heures Les obsèques ont eu lieu à Grasse, le obligatoires et facturées. riello et de M. J. Charbonnel, ancien mi- Renée Mély Bédarida 24 novembre 1999. nistre. LeMonde Job: WMQ2611--0026-0 WAS LMQ2611-26 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:00 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2068 Lcp: 700 CMYK

26 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999

SCIENCES En 1996, deux Améri- ans plus tôt, de curieuses molécules furent déçus. b L’AVENTURE ne s’est de carbone, les nanotubes. b HUIT composites, câbles conducteurs, bio- cains, Richard Smalley et Robert Curl de carbone en forme de ballons de pas arrêtée là. En tentant de pro- ANS plus tard, ces objets, loin de res- logie, stockage de l’hydrogène, et un Britannique, Harry Kroto, football. b CES FULLERÈNES sem- duire ces fullerènes en masse, un ter des curiosités de laboratoire, connectique et informatique où elle étaient couronnés par le prix Nobel blaient susceptibles d’applications chercheur japonais, Sumio Lijima, a semblent promis à de très nom- pourraient permettre d’augmenter la de chimie pour la découverte, onze nombreuses. Les espoirs mis en eux découvert en 1991 d’autres structures breuses applications : matériaux miniaturisation des composants. Matériau miracle du futur, les nanotubes vont envahir l’électronique Les propriétés multiples de ces fibres creuses de carbone de quelques millionièmes de millimètre de diamètre étonnent les chercheurs. Les progrès réalisés dans leur manipulation devraient permettre de les utiliser à moyen terme pour la fabrication de puces ultraminiaturisées

LES NANOTUBES de carbone En effet, les techniques de pro- catrice » qui ne laisse passer le forme de lettres, comme celle du révolutionneront-ils un jour duction avec le silicium n’auto- Des fibres creuses aussi solides que minuscules courant que dans un sens. thêta grec. Pour sa part, Jimmy l’électronique ? Dans ce cas, les risent pas, aujourd’hui, la gra- Une multitude de défauts, Xu (université de Toronto, Cana- 1 2 puces de silicium céderont alors vure d’éléments d’une largeur utiles à l’électronique, peuvent da) a réussi à élaborer des nano- la place à des puces de carbone inférieure à 200 nanomètres être introduits dans les nano- tubes en forme d’Y (Nature du dont les circuits seront fabriqués (200 millionièmes de millimètre). tubes. Il existe, par exemple, des 18 novembre) à partir de trois à partir de carbone pur. Mais, du Pour descendre beaucoup plus nanotubes de différentes lar- tubes distincts. Reste à savoir fait de leurs propriétés, ces nano- bas, les ingénieurs devront faire geurs – encore que personne comment ils fonctionnent. tubes pourraient permettre la appel à des technologies entière- n’ait à ce jour été capable de les Il convient à présent de trouver production de fils, de connexions ment nouvelles qui pourraient fabriquer de façon spécifique et des méthodes permettant d’or- et de composants électroniques rendre prohibitif le coût des contrôlée. De même, les nano- ganiser les nanotubes de carbone usines. tubes peuvent être « dopés » par en circuits. Le microscope à force des atomes d’éléments autres atomique peut servir à ce type de SOLUTION PLUS ÉLÉGANTE ? que le carbone, capables de mo- manipulation. De fait, il y a quel- Les nanotubes de carbone difier leur conductivité, de la ques semaines à peine, Alan pourraient-ils offrir une solution même façon qu’en dopant le sili- Johnson (université de Pennsyl- plus élégante ? Ils ne mesurent En dépit de leur petitesse-quelques millionièmes cium on change ses propriétés vanie) a montré comment il utili- que quelques nanomètres de dia- de millimètre de diamètre-les nanotubes peuvent dans la microélectronique clas- sait la pointe d’un AFM pour le mètre, soit la taille de la molé- désormais être façonnés par les chercheurs, sique. amener doucement les nano- cule ADN qui porte notre patri- Il est une autre manière d’in- tubes à former les structures par exemple en forme de Y 1 . moine génétique. Leur utilisation Ils constituent sans doute ce qui se fait de troduire des « défauts » dans les simples d’un circuit sur une dans la fabrication de circuits plus solide en matière de fibre synthétique. nanotubes. On les déforme à tranche de silicium. Le chercheur électroniques laisse donc espérer Cette résistance est due à la disposition en l’aide d’un microscope à force les a ensuite placés les uns sur les une multiplication par cent du hexagones des atomes de carbone qui atomique (AFM) : l’appareil se autres après les avoir découpés facteur de miniaturisation. D’au- forment leur paroi 2 . compose d’une pointe très fine en petits tronçons. Et là, sur-

tant que, sur les paillasses des la- Source: Nature fixée à l’extrémité d’un bras qui prise : lorsqu’un nanotube se boratoires, apparaissent les pre- fonctionne comme un ressort. trouve posé sur un autre, leur beaucoup plus petits que ceux miers composants nécessires à constituent les principaux dispo- veau mode d’utilisation des na- Conçu à l’origine pour prendre zone de contact agit comme une dont nous disposons aujourd’hui une nanoélectronique. sitifs de commande des circuits notubes. Dans un article publié des images à l’échelle atomique, jonction à effet tunnel. et favoriser ainsi la miniaturisa- Certains nanotubes de carbone électroniques, sont un des élé- le 18 novembre par Nature, elle cet instrument se révèle aussi ex- tion de l’électronique. conduisent en effet l’électricité. ments-clés de la technologie de indique que, de même qu’un dé- trêmement utile lorsqu’il s’agit À LA MANIÈRE DES SYNAPSES Bien qu’il soit désormais pos- Cette capacité a été pour la pre- l’information. Pour fabriquer un faut dans une conduite perturbe de déplacer les molécules. En Il est un autre mode de sible de placer plus de compo- mière fois démontrée de façon transistor en nanotubes, les l’écoulement de l’eau, de même 1997, Richard Superfine (univer- construction des circuits de na- sants que la Terre ne compte expérimentale en 1997 par Cees chercheurs néerlandais ont utili- les défauts d’un nanotube al- sité de Caroline du Nord) et son notubes qui consiste à produire d’habitants sur une tranche de si- Dekker et son équipe de l’univer- sé, non pas un nanotube « métal- tèrent sa conductivité. Dans cer- équipe ont montré qu’on pouvait directement les fils comme le licium de 20 centimètres de dia- sité de technologie de Delft, aux lique » conducteur, mais un na- tains cas, il est apparu que de tels courber des nanotubes avec un font les neurones entre les sy- mètre (wafer), bien que la densi- Pays-Bas. En 1998, Dekker et son notube semi-conducteur qu’ils défauts séparaient une section tel microscope. Peu de temps napses du cerveau humain. En té des composants double tous équipe ont fait une démonstra- ont tendu entre deux électrodes conductrice d’une section semi- après, des scientifiques du labo- 1998, Hyongsok Soh (université les dix-huit mois, ces chiffres ne tion plus spectaculaire encore : de métal. conductrice. Un défaut qui est à ratoire de recherche IBM à York- de Stanford, Californie) a décou- sont rien en comparaison de ce celle d’un transistor à base de na- L’équipe de Dekker a aussi pré- l’origine de ce phénomène agit town Heights (Etat de New York) vert que les nanotubes pous- que les nanotubes permettraient. notubes. Or, les transistors, qui senté tout récemment un nou- alors comme une « diode rectifi- ont pu donner aux nanotubes la saient comme de la barbe sur de minuscules particules de cataly- seurs exposés à la chaleur d’un méthane riche en carbone. Son Les surprenants trésors de la suie équipe a, cette année, utilisé la même méthode pour installer LA CHANCE sourit à l’esprit qui est prêt, cules tubes de carbone pur, d’un diamètre est que, tandis que les théoriciens se tion Arthur C. Clarke : une plate-forme de une série de micro-unités sur une disait Pasteur. Quand, en 1990, des cher- de quelques millionièmes de millimètre mettent au travail pour établir les proprié- l’espace située au-dessus de l’atmosphère, puce de silicium. Chacune de cheurs de Heidelberg (Allemagne) et de (quelques nanomètres). Ces « nanotubes » tés de ces structures, il apparaît clairement ancrée au sol par des câbles et accessible leurs extrémités a été placée à Tucson (Etats-Unis) présentent une mé- sont creux et comportent plusieurs épais- que leur usage dépassera de loin l’intérêt par un ascenseur. proximité d’une autre, par-des- thode de fabrication en quantité de molé- seurs : les tubes s’emboîtent dans d’autres présenté par les fullerènes. Le graphite n’est pas un très bon conduc- sus les particules du catalyseur. cules de carbone en forme de ballons de tubes à la manière des poupées russes ; leur teur. Aussi les scientifiques se sont-ils de- Les nanotubes ont ensuite été fa- football du nom de Buckminsterfullerene ou extrémité est fermée par une capsule SCÉNARIO DE SCIENCE-FICTION mandé si les nanotubes de carbone (dont la briqués à même ces extrémités C 60, ce travail est pour Sumio Iijima une conique. Dès 1993, les tubes comportant Les nanotubes constituent en effet ce structure de l’atome est plus complète) ne afin de les relier entre elles. justification des expériences qu’il mène sur des couches multiples ont cédé la place à qu’il y a sans doute de plus solide en ma- leur seraient pas supérieurs à cet égard. De Beaucoup reste à faire avant le carbone depuis plus de dix ans. Micro- des variantes à paroi unique dont les pro- tière de fibres synthétiques. Dans leurs pa- fait, certains nanotubes sont tout aussi qu’un fabricant de puces électro- scopiste chez NEC, Iijima étudie depuis des priétés sont beaucoup plus faciles à évaluer. rois, les atomes de carbone sont disposés bons conducteurs que le métal, alors que niques n’envisage d’utiliser des années la structure à l’échelle atomique des Lorsque Iijima annonce sa découverte, exactement comme ils le sont dans le gra- d’autres se comportent plutôt en semi- nanotubes. Mais la demande de fibres de carbone. En 1991, il expérimente beaucoup de ceux qui travaillent alors sur le phite, où les hexagones qu’ils forment, re- conducteurs, comme le silicium. D’où l’idée circuits toujours plus petits deve- donc la technique qui a permis aux Alle- C 60 et sur ses cousins éloignés (collective- liés bord à bord, se constituent en vastes passionnante de les utiliser comme fils élec- nant difficile à satisfaire, ces mands et aux Américains de fabriquer cette ment appelés « fullerènes ») orientent très plaques. Mais, si dans le graphite ces triques dans les circuits électroniques, ou fibres minuscules semblent bien nouvelle forme de carbone et fait passer rapidement leurs recherches vers ces mi- plaques sont plates, elles s’enroulent en cy- encore de trouver la bonne association séduisantes pour demain. des étincelles entre deux tiges de graphite nuscules filaments. Richard Smalley (Rice lindres dans les nanotubes. Parce que les entre tubes conducteurs et semi-conduc- très rapprochées. Du graphite se vaporise University, Texas) – qui, en compagnie de liens sont très forts entre les atomes, et teurs pour qu’ils fonctionnent à la manière Philip Ball et se condense alors en une masse fuligi- Harry Kroto (University of Sussex, Grande- qu’il n’existe aucun bord libre d’où des fis- de dispositifs électriques, tels les transis- neuse. Bretagne) et de Robert Curl (Rice Universi- sures pourraient partir, les nanotubes sont tors. Moins de dix ans après la découverte ૽ Page réalisée par les rédactions Mais dans la suie obtenue il découvre ty, Texas), a été couronné en 1996 par le à la fois résistants et rigides. Smalley a pen- des nanotubes, ces rêves sont en train de du Monde, d’El Pais et de la revue quelque chose d’inattendu. Parmi les frag- Nobel de chimie pour la découverte en 1985 sé qu’ils pourraient, dans le futur, fournir le prendre forme aujourd’hui. scientifique internationale Nature. ments, où d’autres trouvent généralement des C 60 – comprend tout de suite que moyen de réaliser le projet tout droit sorti Traduit de l’anglais par Sylvette des molécules de C 60, il observe de minus- l’avenir appartient aux nanotubes. Le fait de l’imagination de l’auteur de science-fic- Ph. Ba. Gleize Patrick Bernier, physicien spécialiste des fullerènes « Un thème de recherche au carrefour de plusieurs disciplines » « Découverts en 1991 par des un Espagnol un programme de – Les nanotubes ne seraient-ils tés précédentes, s’intéresse surtout Massachusetts Institute of Techno- lister quelques-uns des industriels chercheurs japonais, les nano- 9,5 millions de francs sur quatre ans donc qu’un sujet de recherche aux propriétés électroniques des logy vient de créer une pince mi- qui se sont engagés dans cette re- tubes ne risquent-ils pas, comme [Namitech] qui s’achève l’année fondamentale ? nanotubes dans l’espoir de produire nuscule, premier élément d’une cherche : NEC, Kobe-Steel, Mitsu- les fullerènes dont on avait cru prochaine. Quatre autres, d’une va- – Certainement pas. Recherche grâce à eux par exemple des plas- possible nano-boîte à outils. bishi et Toyota au Japon ; Samsung quelques années plus tôt qu’ils leur totale d’environ 40 millions de fondamentale et recherche appli- tiques conducteurs et de dévelop- – Est-ce tout ? en Corée ; SGL-, Mannes- feraient des miracles, de retom- francs, viennent d’être lancés pour quée sont au cœur du débat. D’ail- per ainsi une connectique plus lé- – Non. On entrevoit d’autres do- mann, Daimler-Chrysler, Bosch, ber comme un soufflé ? la période 2000-2003. leurs, le mouvement est si puissant gère que celle à base de fils de maines d’application prometteurs. Opel et Volkswagen en Allemagne ; – Non. C’est un nouveau chapitre – Quelles sont les raisons de cet que l’industrie commence à s’y in- cuivre qui pourrait intéresser l’in- Celui du stockage de l’hydrogène, Exxon, Du Pont, Motorola, Lucent, de la science des matériaux qui engouement ? téresser, car les étonnantes pro- dustrie spatiale. qui pourrait faciliter le développe- Bell, IBM, Lockheed, Northtrop et vient de s’ouvrir. Contrairement – Il y en a essentiellement deux. priétés de ces minuscules objets – » Le troisième domaine appar- ment de la pile à combustible sans la NASA aux Etats-Unis. aux fullerènes, ces molécules de La première tient à la nature même molécules en forme de cage, tient au monde de l’infiniment pe- laquelle la voiture électrique aura » En France, c’est plus frileux. carbone en forme de ballon de de ces objets – des tubes creux – de comportement électronique et tit, au monde des nanotechnolo- du mal à s’imposer. A Montpellier, Comme souvent, nous sommes un football sur lesquelles les cher- taille microscopique. Si on les électrique, résistance mécanique, gies, et pourrait se développer dans nous travaillons sur ce thème avec peu attentistes et pas assez agres- cheurs avaient beaucoup misé au considère du point de vue de leur souplesse, légèreté – laissent en- deux directions. divers partenaires universitaires et sifs sur les prises de brevets. Mais ça moment de leur découverte en longueur, ils appartiennent au trevoir de très nombreuses appli- » D’abord celle de la nanoélec- industriels, français et européens. bouge. Air Liquide, Carbone-Indus- 1985, le sujet ne s’est pas dégonflé. monde macroscopique et obéissent cations. tronique, qui laisse entrevoir de » Un autre secteur semble sur le tries, Alstom sont intéressés. Notre » Les chiffres parlent d’eux- aux règles de la physique classique. – Quels sont dans ces condi- possibles révolutions dans le do- point de déboucher : celui des laboratoire, qui vient de gagner un mêmes. En 1995, en France, il n’y Si, en revanche, on les considère du tions les secteurs d’activité que maine des mémoires informatiques, écrans plats qui utiliserait l’aptitude concours de création d’entreprise, avait sur le sujet que deux ou trois point de vue de leurs deux autres les nanotubes pourraient demain mille fois plus puissantes dans un des nanotubes à émettre des élec- s’apprête d’ailleurs à aider à la créa- laboratoires dont le nôtre [Groupe dimensions – de l’ordre du millio- “coloniser” ? volume mille fois plus faible, et trons. De tels systèmes pourraient tion d’une petite unité de nano- de dynamique des phases conden- nième de millimètre –, ils de- – J’en vois au moins trois. Le dans celui des composants ultrami- être mis sur le marché dans les tout tubes (Nanoledge). Nous avons du sées, CNRS-Université Montpellier-2]. viennent partie intégrante du nano- premier est relatif aux propriétés niaturisés. Le Hollandais Cees Dek- prochains mois. pain sur la planche. La fabrication En 1998, le CNRS a créé un Groupe- monde et obéissent aux règles de la mécaniques de ces nanotubes. Du ker [Université de technologie de – Les perspectives sont-elles à de ces objets, encore confidentielle ment de recherche “Nanotubes” mécanique quantique. A cette fait de leur résistance, meilleure Delft, Pays-Bas] vient d’ailleurs de ce point alléchantes que l’indus- (quelques firmes américaines pour que j’anime avec , double appartenance au monde que celle des fibres de carbone et mettre au point l’un d’entre eux : trie est prête à investir massive- la plupart), reste à maîtriser à la fois de l’Onera, et qui a contribué à do- macroscopique et à celui de l’infini- de l’acier, du fait aussi de leur sou- une diode. Mais il reste encore ment ? du point de vue des coûts – per le secteur. Aujourd’hui, on re- ment petit s’ajoute une seconde rai- plesse, on songe à les utiliser pour beaucoup à faire avant que ces na- – On n’en est pas encore là. De 5 000 francs le gramme de nano- cense quelque trente-cinq labora- son qui justifie l’engouement des fabriquer des câbles à haute résis- nodiodes, ces nanotransistors et ces nombreuses recherches restent à tubes – et de la production en toires représentant une chercheurs. Ce thème de recherche tance ainsi que des matériaux nanoconducteurs envahissent notre faire pour comprendre ces objets. masse de molécules parfaitement communauté d’au moins deux est au carrefour de plusieurs disci- composites à hautes performances quotidien. Les nanotubes n’ont que huit ans pures, ce qu’elles ne sont pas tou- cents chercheurs. plines et intéresse tout à la fois les dans la masse desquels ils seraient » Ensuite, il y a la nanoméca- d’existence. Mais ne pas investir jours aujourd’hui. » » L’Europe n’est pas en reste. physiciens, les chimistes, les biolo- noyés. nique, qui pourrait ouvrir demain la dans ce secteur serait une erreur Nous avons coordonné avec un Ir- gistes et les spécialistes des maté- » Le deuxième secteur, tout en voie à des nanomanipulateurs. Ce stratégique. Propos recueillis par landais, un Belge, un Allemand et riaux et du génie des procédés. reprenant une partie des proprié- n’est pas un rêve. Une équipe du » Il suffit pour s’en convaincre de Jean-François Augereau LeMonde Job: WMQ2611--0027-0 WAS LMQ2611-27 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:56 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2069 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / 27 Marseille constate que l’Europe n’est plus à sa dimension Ski alpin : Hermann Maier Après les Girondins de Bordeaux, largement dominés par Valence (3-0), la défaite de l’Olympique de Marseille (0-2) face à la Lazio Rome confirme que la Ligue des champions sourit aux plus fortunés signe sa 20 e L’Olympique de Marseille a été battu par la phase de la Ligue des champions. Les buts pagnols du FC Valence (3-0), démontre les est de 320 millions de francs, une somme in- Lazio Rome (0-2), mercredi 24 novembre, sur italiens ont été inscrits par Dejan Stankovic difficultés que les clubs français éprouvent suffisante, malgré les efforts personnels de victoire en sa pelouse du Stade-Vélodrome, autour de (64e minute) et Sergio Conceiçao (77e). Cette face à leurs richissimes adversaires euro- Robert-Louis Dreyfus, pour permettre aux laquelle 55 000 spectateurs s’étaient rassem- défaite, à laquelle s’ajoute celle subie par les péens. Ainsi, la Lazio dispose d’un budget de Olympiens de se renforcer réellement à l’in- blés à l’occasion de ce match de la deuxième Girondins de Bordeaux, la veille, face aux Es- 800 millions de francs alors que celui de l’OM tersaison et de rivaliser avec les meilleurs. Coupe du monde MARSEILLE 800 millions de francs (320 pour L’AUTRICHIEN Hermann Maier a de notre envoyé spécial l’OM). « Le football français aura gagné, mercredi 24 novembre, le sla- La lourde défaite (0-3) endurée de plus en plus de difficulté pour lom géant de Beaver Creek (Colora- par les Girondins de Bordeaux sur concurrencer ses rivaux allemands, do) comptant pour la Coupe du le terrain des Espagnols du FC Va- anglais, espagnols ou italiens », monde masculine de ski alpin, signant lence, mardi 23 novembre, avait pronostique Rolland Courbis. sa deuxième victoire de la saison. En réchauffé le cœur des supporteurs Même le public marseillais a sem- 2 min 32 s 48/100, Hermann Maier, marseillais à l’ego malmené depuis blé se résigner à ce sombre pré- qui fêtera le 7 décembre son 27e anni- l’été. Petit plaisir sans lendemain. sage. Sarcastiques à l’encontre des versaire, a devancé le Suisse Michael Battu en toute logique (0-2) par la joueurs et implacables à l’égard de von Gruenigen (2 min 32 s 76) et Lazio Rome, mercredi 24 no- l’entraîneur après le revers (0-1) l’Autrichen Andreas Schifferer vembre, l’Olympique de Marseille subi face à Auxerre en champion- (2 min 33 s 63). Le Français Chris- a découvert, à son tour, l’univers nat, samedi 20 novembre, les sup- tophe Saïoni a pris la 9e place. « Her- impitoyable de cette deuxième porteurs ont accompagné le cal- minator », originaire de Flachau, déjà phase de la Ligue des champions. vaire de leur équipe dans une vainqueur du premier slalom de la sai- Ce cénacle de nantis, où l’opu- ambiance recueillie. son à Tignes (Alpes françaises) devant lence le dispute à la gabegie, sacri- L’OM a pourtant bousculé ce ri- Michael von Gruenigen, signe là sa fie à une logique imparable : seuls val cousu d’or pendant un premier 20e victoire en Coupe du monde et sa les plus puissants restent en quart d’heure échevelé, mettant septième en géant. course sous la bannière étoilée de en évidence un curieux dysfonc- l’Union européenne du football. tionnement de la défense laziale DÉPÊCHES « En football, il arrive de s’imposer et, d’une manière générale, un a CYCLISME : le Suisse Alex Zuelle face à un club disposant d’un bud- énervement coupable sanctionné ne s’est pas rendu, mercredi 24 no- get dix fois supérieur mais il est im- par sept cartons jaunes. Mais, très vembre, à Lille, à la convocation du possible de répéter cet exploit à vite, le talent individuel a éclipsé le juge Patrick Keil, chargé d’instruire douze ou quinze reprises dans une courage et la motivation des Mar- l’affaire de dopage dite « affaire Festi- même compétition », a indiqué seillais. En trois mouvements, la na ». Alex Zuelle devait être confron- l’entraîneur Rolland Courbis, Lazio portait le danger devant le té à Nicolas Terrados, le médecin de ONCE, équipe pour laquelle il avait après la leçon infligée par le leader but de Stéphane Porato et seule la AFP du championnat d’Italie désormais maladresse de Sergio Conceiçao Malgré les efforts de Peter Luccin, ici devant le Chilien Marcelo Salas, couru avant son bref passage chez invaincu en coupe d’Europe de- laissait l’OM à ses illusions lors de l’OM a été dominé par la Lazio Rome. Festina avant de signer chez Banesto puis mai 1998 et dix-sept matches. la pause. en octobre 1998. C’est le praticien lui- Pour mesurer le monde qui sé- printemps, en raison d’une contre- un terme à la suprématie de la Ju- « Je suis en train de vivre les mo- même qui avait souhaité cette pare les deux équipes, il suffisait COMME UNE FATALITÉ performance à Florence (1-1) qui ventus Turin et des deux clubs mila- ments les plus pénibles dans ma confrontation « avec la seule personne de relever les états de service des La suite s’inscrivait comme une lui coûta le titre de champion nais », a annoncé Sergio Cragnotti. carrière d’entraîneur, a admis Rol- à l’avoir mis en cause ». Une « mise en remplaçants de la Lazio Rome. Fi- fatalité sur une pelouse qui n’avait d’Italie, a suscité beaucoup de Loin, très loin derrière cette ma- land Courbis. Je connais la fragilité cause » qui avait eu lieu lors de l’audi- guraient parmi ces intermittents plus portée chance à l’équipe visi- commentaires, il n’en demeure chine à broyer, l’Olympique de de mon emploi et les mécanismes tion d’Alex Zuelle par la police, à Lyon, du spectacle, le meneur de jeu de teuse en Coupe d’Europe depuis pas moins que la valeur de l’action Marseille poursuit sa navigation à qui mènent à une mise à l’écart. » en plein Tour de France 1998, durant l’équipe d’Argentine Sebastian Ve- 1988 et la démonstration de l’Ajax a augmenté de 200 % depuis la vue. En débloquant 400 millions La présence, mercredi soir, de To- laquelle il avait reconnu avoir pris de ron (24 sélections), son compa- Amsterdam (0-3). Une tête de première cotation boursière de francs, Robert Louis-Dreyfus a mislav Ivic dans les tribunes du l’érythropoïétine (EPO). triote et milieu de terrain Matias Dejan Stankovic (64e minute) et en mai 1998. Le président de la La- replacé le club sur une vague por- stade vélodrome n’était pas forcé- a OLYMPISME : le Comité interna- Almeyda (23 sélections), l’atta- une frappe sans opposition de Ser- zio, Sergio Cragnotti, magnat de teuse. L’inflation exponentielle des ment fortuite. Le technicien croate tional olympique (CIO) a rendu pu- quant croate Alen Boksic (26 sé- gio Conceiçao (77e) scellaient cette l’agro-alimentaire, a injecté salaires exigerait un effort encore a déjà officié à l’OM sous l’ère Ber- blic, mercredi 24 novembre, le rap- lections), le libéro portugais Fer- affaire rondement menée en dépit 170 milliards de francs sur le mar- plus colossal que le patron d’Adi- nard Tapie et entretient d’excel- port qui, adopté en séance plénière nando Couto (57 sélections) ou d’un final débridé de l’OM, mal- ché des transferts en un septennat das se refuse à consentir, ce dont lentes relations avec Robert Louis- par la commission CIO-2000 le 30 oc- encore le milieu de terrain italien chanceux sur une tête de Fabrizio de pouvoir. personne ne le blâmera s’agissant Dreyfus. tobre, contient 50 recommandations Attilio Lombardo (18 sélections). Ravanelli renvoyée sur la ligne de Derrière la passion sommeille de sa fortune personnelle. Ni la re- Le rapprochement est tentant afin de réformer les structures et le Le milieu de terrain argentin Die- but (75e). toujours l’homme d’affaires, valorisation des droits télévisés ni mais, pour les joueurs, l’avenir im- fonctionnement du CIO. La commis- go Simeone (83 sélections) ne figu- En repli de cinq points après la comme en témoigne la vente du la commercialisation des produits médiat c’est le déplacement à sion recommande notamment de rait même pas sur la feuille de curée (1-4) face à l’AS Roma dans buteur Christian Vieri à l’Inter Mi- dérivés permettront à l’OM d’aug- Nancy, samedi 27 novembre et un fixer le nombre maximum de match. le derby du dimanche 21 no- lan pour 260 millions de francs menter sensiblement son budget. autre à Rotterdam, le 7 décembre, membres à 115 : 15 athlètes, 15 prési- Au tarif de la star, on comprend vembre, le cours de l’action laziale en juillet. Record mondial. La stra- Or c’est sans délai qu’il s’agirait en Ligue des champions avec un dents de Fédérations internationales mieux pourquoi le club romain af- va reprendre le cours normal de sa tégie présidentielle a permis à la de renforcer l’effectif pour même impératif : chasser la moro- (FI), 15 présidents de Comités natio- fiche un budget dépassant les progression. Si la chute de 35 % au Lazio de s’emparer de la dernière compenser les erreurs de recrute- sité et gagner. « Un match nul face naux olympiques (CNO), et édition de la Coupe des vain- ment de l’été. Comme rien n’est aux Néerlandais ne serait pas un ré- 70 membres choisis à titre individuel. queurs de coupes en mai. Depuis, simple à Marseille, la crise latente sultat positif », prévient Rolland Il est en outre conseillé de fixer la du- TROIS QUESTIONS À... La rivalité entre certains diri- la Supercoupe d’Europe obtenue entre le président Yves Marchand Courbis d’une voix lasse qui trahit rée des mandats des membres à huit 2 geants, dont le président Yves grâce à une victoire sur Manches- et Rolland Courbis ne va pas facili- un désenchantement pour un ans avec possibilité de renouvelle- ROBERT PIRES Marchand, et l’entraîneur, Rolland ter United a rejoint la salle des tro- ter la réflexion alors que l’heure combat sans fin. ment ; d’abaisser l’âge limite à 70 ans ; Courbis, pèse-t-elle dans l’esprit phées. La logique du tout-argent des choix avec l’ouverture du mer- de fixer la durée du mandat du pré- En tant que capitaine de des joueurs ? est en marche. « Nous allons mettre cato, le 18 décembre, approche. E. B. sident à huit ans, non renouvelable ; 1 l’Olympique de Marseille, esti- Si je répondais par la négative, ce d’éliminer les visites des membres aux mez-vous que la défaite face à la serait un mensonge. Il serait souhai- villes candidates ; de rendre publics Lazio Rome confirme les limites de table que tout rentre dans l’ordre en les mouvements de fonds du CIO votre équipe ? coulisse avant la fin de l’année pour Chelsea fait une démonstration de football offensif pour chaque période quadriennale en Non, car il ne nous a manqué que nous, joueurs, puissions faire indiquant toutes les sources et l’utili- qu’un peu de réussite devant le notre métier dans les meilleures LE MATCH du prochain tour de la Ligue des cham- club espagnol a trouvé le chemin du but grâce à son sation de ces fonds. but adverse, d’où mon sentiment conditions. Avec le marché hivernal pions entre la Lazio Rome et Chelsea, le 7 décembre duo d’attaquants, Fernando Morientes (17e) et Raul a TENNIS : Arnaud Di Pascale, l’un de frustration. Le score ne reflète des transferts qui va s’ouvrir à la mi- dans la Ville éternelle, s’annonce explosif. Mercredi (48e), les deux « rivaux » de Nicolas Anelka, qui est res- des six joueurs de l’équipe de pas la physionomie de la partie. La décembre, il y aura déjà suffisam- 24 novembre, alors que l’Olympique de Marseille se té emmitouflé sur le banc des remplaçants par -11°. France de Coupe Davis qui s’en- preuve, jusqu’à la dernière se- ment de remous dans le groupe avec faisait dominer par la formation italienne au Stade- Christian Karembeu, lui, a joué toute la rencontre, traînent depuis six jours à Hendaye, conde, nous sommes restés dange- tous les joueurs qui souhaitent quit- Vélodrome (0-2), le club londonien donnait la leçon mais a provoqué un penalty transformé par Sergei Re- en vue de la finale contre l’Australie reux. Je n’ai pas été impressionné ter le club. Il y a autour de nous des (3-1) au champion des Pays-Bas, Feyenoord, qui avait brov (85e). (3-5 décembre), à Nice, souffrait, par la Lazio qui n’a pas montré personnes intelligentes qui ont tout terminé invaincu la première phase de la compétition. Le Bayern Munich aurait dû, lui aussi, ramener les mercredi 24 novembre, d’une entorse grand-chose. A l’évidence, les intérêt à aplanir les différends. Je ne Un but du Nigérian Celestine Babayaro (45e minute), trois points d’une victoire à l’extérieur. Sur le terrain de à un poignet. Il aurait contracté cette joueurs italiens étaient encore sais pas jusqu’à quel point nous deux du Norvégien Tore André Flo (67e et 86e), une Trondheim Rosenborg, les Allemands ont dû se satis- blessure, la veille, en chutant juste à la marqués par leur défaite (1-4) face pourrons subir le climat actuel. Avec avalanche de situations dangereuses et de corners faire du match nul (1-1) en dépit d’une domination fla- fin de l’entraînement. Le médecin re- à l’AS Rome, dimanche 21. Les dé- les défaites qui s’accumulent, en (18 contre 2) ont paraphé la domination des hommes grante. Au but de Carsten Jancker (10e), les Norvégiens fusait, mercredi, de se prononcer sur fenseurs manquaient de sérénité, plus, on va finir par accuser le coup de Gianluca Vialli. répliquèrent par Bent André Skammelsrud (47e) et fail- une éventuelle défection, réservant ce n’est pas un hasard si Luca Mar- moralement. Nous sommes en quel- Le score aurait mieux encore reflété la physionomie lirent même l’emporter en fin de match. son diagnostic au vendredi 26 no- chegiani et Sinisa Mihajlovic ont que sorte les spectateurs d’un conflit de la rencontre sans une erreur défensive en fin de vembre. failli se frapper en fin de ren- larvé, ce qui n’est pas facile à vivre. match qui permit à l’Argentin Julio Ricardo Cruz de ré- a Tous les résultats de la première journée de la a L’Américain Andre Agassi a pris contre. Nous avons essayé de les duire la marque (90e). « C’est très rare de voir autant deuxième phase de la Ligue des champions : une jolie revanche sur son compa- prendre à leur propre piège en ba- Rolland Courbis va-t-il être ame- d’occasions de but en Ligue des champions, donc cela ne Groupe A : Hertha Berlin (All.)-Barcelone (Esp.) 1-1. triote Pete Sampras, son rival de tou- lançant de longs ballons dans le 3 né à quitter ses fonctions ? se reproduira pas de sitôt », a indiqué Didier Des- Sparta Prague (Rép. Tchè.)-Porto (Por.) 0-2. jours, mercredi 24 novembre, lors de dos des arrières. En pratiquant un Ce n’est pas à moi qu’il faut poser champs, l’un des trois Français de Chelsea, club qui a Groupe B : Fiorentina (Ita.)-Manchester United la deuxième journée du Masters jeu académique, on n’a aucune cette question, mais je sais que les fait de l’arrêt Bosman sa religion , comme en témoigne (Ang.) 2-0. d’Hanovre, épreuve de l’ATP Tour do- chance de s’imposer face à une joueurs ne préconisent pas un boule- la feuille de match de mercredi soir : un seul joueur an- Valence (Esp.)-Bordeaux (Fra.) 3-0. tée de 3,6 millions de dollars (3,5 mil- formation italienne. Le problème, versement qui pourrait faire explo- glais, Dennis Wise, figurait parmi le onze de départ. Groupe C : Dynamo Kiev (Ukr.)-Real Madrid lions d’euros), en le dominant en une c’est qu’ils gagnent toujours sans ser l’OM. Nous souhaitons simple- Dans le groupe C, le Real Madrid a réalisé la bonne (Esp.) 1-2. heure de jeu sur le score de 6-2, 6-2, ef- livrer de grands matches. Mais ment que tout le monde tire dans le opération de la soirée en s’imposant (2-1) au stade Rosenborg (Nor.)-Bayern Munich (All.) 1-1. façant ainsi le souvenir de sa défaite l’OM reste une grande équipe et même sens. Il est clair que, à l’ex- olympique de Kiev. Sur une pelouse gelée et déneigée Groupe D : Marseille (Fra.)-Lazio Rome (Ita.) 0-2. en finale de Wimbledon 1999 (6-3, 6-4, on le prouvera encore en Ligue térieur et à l’intérieur du club, des avant le coup d’envoi par un millier de militaires, le Chelsea (Ang.)-Feyenoord (P.-B.)3-1. 7-5). des champions lors du prochain gens cherchent à faire virer Rolland. match, le 7 décembre, à Rotter- Cela fait quatre mois qu’il est en a LOTO : résultats des tirages dam, où nous n’aurons pas le droit danger. no 94 effectués mercredi 24 no- de perdre sous peine d’être distan- Propos recueillis vembre. Premier tirage : 6, 10, 31, 40, 44, 47, cés. par Elie Barth numéro complémentaire : 39. Pas de gagnant pour 6 numéros. Rap- ports pour 5 numéros et le complé- mentaire : 1 004 815F, 153 183 ¤ ; 5 numéros : 9 255 F, 1 410 ¤ ; 4 nu- méros et le complémentaire : 372 F, 56,71 ¤ ; 4 numéros : 186 F, 28,35 ¤ ; 3 numéros et le complémentaire : 34 F, 5,18 ¤ ; 3 numéros : 17 F, 2,59 ¤. Second tirage : 13, 14, 30, 37, 44, 49, numéro complémentaire : 5. Rap- ports pour 6 numéros : 15 458 605 F, 2 356 649 ¤ ; 5 numéros et le complémentaire : 28 705 F, 4 376 ¤ ; 5 numéros : 1 620 F, 246 ¤ ; pour 4 numéros et le complémentaire : 210 F, 32 ¤ ; 4 numéros : 105 F, 16 ¤ ; 3 numéros et le complémentaire : 30 F, 4,57 ¤ ; 3 numéros : 15 F, 2,28 ¤. LeMonde Job: WMQ2611--0028-0 WAS LMQ2611-28 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:40 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 2070 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 AUJOURD’HUI ------Du soleil presque pour tous 26 NOVEMBRE 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. L’anticyclone cen- tour des éclaircies. Il fait de 8 à vers 12h00 DU VOYAGEUR tré sur l’Europe se décale légère- 11 degrés. ment vers l’est à l’approche d’une Champagne, Lorraine, Alsace, Peu perturbation océanique. Un cou- Bourgogne, Franche-Comté. – Le Belfast nuageux a FRANCE. Organisé par Aventure rant doux de sud-ouest se renforce réveil se fait sous un épais cou- Liverpool du bout du monde (ABM), le Festival Dublin sur la France et dissipe la grisaille vercle nuageux. L’après-midi, le so- Varsovie Kiev des globe-trotters, qui se tient du ven- présente sur le nord du pays de- leil est de retour sauf sur les Amsterdam Berlin Brèves dredi 26 au dimanche 28 novembre puis quelques jours. Le soleil est de plaines d’Alsace et le val de Saône. éclaircies au Palais des Arts et congrès d’Issy- retour dans l’après-midi sur la plu- Il fait de 5 à 8 degrés. Londres les-Moulineaux (métro Mairie-d’Is- 50 o Bruxelles part de nos régions. Poitou-Charentes, Aquitaine, Prague sy), réunit aventuriers, photographes, Bretagne, pays de Loire, Basse- Midi-Pyrénées. – Mis à part quel- Couvert écrivains... Thème de cette édition : Normandie. – La grisaille du matin ques plaques de brouillards locali- Paris Strasbourg Vienne les jardins, les déserts et les mon- Budapest se dissipe peu à peu pour laisser sées, la journée se déroule sous le Brume tagnes du monde. Au programme : place à de belles éclaircies. Le beau signe du soleil. Les températures Nantes une quarantaine de films, des exposi- Berne brouillard temps s’installe sur les pays de s’échelonnent entre 10 et 15 degrés. Bucarest tions, des débats et des stands de Loire l’après-midi. En revanche, de Lyon voyageurs. Entrée : 80 F (12,19 ¤). Limousin, Auvergne, Rhône- Milan Belgrade nombreux nuages porteurs de Alpes. – Dans les vallées abritées Sofia Averses Renseignements au 01-45-45-29-29 et pluies abordent l’ouest de la Bre- du vent de sud-ouest, les brumes Toulouse Istanbul sur Internet (www.abm.fr). tagne et la Basse-Normandie en fin du matin peuvent disparaître len- a TÉLÉVISION. A l’occasion de son de journée. Il fait de 11 à 14 degrés. tement. Ailleurs le soleil brille Rome Pluie premier anniversaire, l’émission « Le Nord-Picardie, Ile-de-France, toute la journée. Les températures Barcelone Naples temps de partir » de la chaîne Météo, o Madrid Centre, Haute-Normandie, Ar- vont de 8 à 11 degrés. 40 diffusée sur le câble et via CanalSatel- dennes. – Nuages bas, brumes et Languedoc-Roussillon, Pro- Lisbonne Athènes Orages lite, proposera douze voyages pour brouillards se partagent le ciel au vence-Alpes-Côte d’Azur, l’an 2000, de la Chine aux Caraïbes, du petit matin. Ces nuages finissent Corse. – Le Languedoc est sous Séville Canada au Kenya, des fonds sous- par se déchirer pour laisser briller l’effet d’un vent marin qui draine Tunis Neige marins corses aux bals de Vienne. Ces le soleil l’après-midi. Le Nord et la quelques nuages sur cette région. Alger émissions seront programmées les Haute-Normandie doivent se Ailleurs le soleil est au beau fixe. Il vendredi 26, samedi 27 et mardi montrer plus patients quant au re- fait de 10 à 14 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort 30 novembre.

PRÉVISIONS POUR LE 26 NOVEMBRE 1999 PAPEETE 24/29 P KIEV -11/-5 S VENISE 3/10 C LE CAIRE 12/19 N Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/29 S LISBONNE 9/14 S VIENNE 1/4 N NAIROBI 16/24 P et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 22/28 S LIVERPOOL 6/10 C AMÉRIQUES PRETORIA 18/24 P EUROPE LONDRES 7/13 C BRASILIA 18/28 C RABAT 8/18 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 6/10 C LUXEMBOURG 1/4 N BUENOS AIR. 16/27 S TUNIS 10/18 N FRANCE métropole NANCY 1/6 S ATHENES 6/13 N MADRID 2/9 S CARACAS 25/29 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 3/15 S NANTES 4/12 S BARCELONE 6/14 N MILAN 2/9 S CHICAGO 1/9 S BANGKOK 23/32 C BIARRITZ 3/14 S NICE 5/14 S BELFAST 4/11 P MOSCOU -17/-13 S LIMA 17/20 C BEYROUTH 13/18 P BORDEAUX 3/13 S PARIS 5/8 S BELGRADE -3/1 C MUNICH -1/2 C LOS ANGELES 12/19 S BOMBAY 23/33 S BOURGES 2/9 S PAU 2/14 S BERLIN 3/6 C NAPLES 5/13 N MEXICO 8/17 S DJAKARTA 26/32 C BREST 9/13 N PERPIGNAN 3/13 S BERNE -5/4 C OSLO 2/7 S MONTREAL -1/12 C DUBAI 21/29 S CAEN 7/10 S RENNES 5/11 S BRUXELLES 5/9 C PALMA DE M. 4/17 S NEW YORK 11/17 C HANOI 22/26 C CHERBOURG 7/10 N ST-ETIENNE -2/8 S BUCAREST -5/2 N PRAGUE 1/5 C SAN FRANCIS. 11/16 C HONGKONG 21/26 S CLERMONT-F. 0/9 S STRASBOURG 0/5 C BUDAPEST -3/-1 N ROME 4/14 N SANTIAGO/CHI 11/29 S JERUSALEM 12/20 P DIJON -1/5 C TOULOUSE 2/10 S COPENHAGUE 5/10 N SEVILLE 8/17 S TORONTO 3/7 C NEW DEHLI 11/26 S GRENOBLE -2/7 S TOURS 3/8 S DUBLIN 4/11 P SOFIA -4/1 N WASHINGTON 14/20 C PEKIN -8/-1 S LILLE 6/9 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 1/4 C ST-PETERSB. -7/2 * AFRIQUE SEOUL -5/2 S LIMOGES 2/8 S CAYENNE 22/32 S GENEVE 3/7 S STOCKHOLM 3/9 S ALGER 7/17 S SINGAPOUR 25/30 P LYON -1/7 S FORT-DE-FR. 22/29 S HELSINKI 1/6 N TENERIFE 12/16 S DAKAR 23/28 S SYDNEY 17/25 S MARSEILLE 2/11 S NOUMEA 20/25 S ISTANBUL 3/4 N VARSOVIE -1/1 * KINSHASA 22/28 C TOKYO 9/16 S Situation le 25 novembre à 0 heure TU Prévisions pour le 27 novembre à 0 heure VENTES Adjudications Les enchères sur Internet se multiplient de papiers peints LES VENTES aux enchères sur sionnels ont choisi de s’ouvrir à ce lars, dont l’enchère se monte à 20 heures (heure de Paris) pour par- 40 000 francs, 4 573 à 6 098 euros). Internet ne sont plus une réalité vir- type de négoce, où se retrouvent 400 dollars plusieurs jours avant la ticiper. La vente comprend des Dans les meubles et objets d’art se RÉSULTATS de la vente de papiers tuelle : les internautes du monde toutes les spécialités du marché de date butoir fixée au samedi 27 no- sculptures, tableaux, gravures et trouve notamment une commode peints à Drouot-Richelieu, le 17 no- entier peuvent désormais participer l’art. Le prix minimum pour un ob- vembre. Sotheby’s facture 10 % du dessins anciens, du mobilier fran- d’époque Transition Louis XV Ré- vembre, étude Coutau-Begarie (Le et acquérir des objets d’art sur le jet a été fixé à cent dollars. Tout in- prix à la charge de l’acheteur, qui çais et des objets d’art, décrits et gence, en marqueterie de bois de Monde du 12 novembre). Web. Le principe du plus offrant ternaute peut ainsi enchérir actuel- doit assurer également les frais de garantis par différents experts. rose et amarante rehaussée de b Papier peint réalisé à Canton au reste le même, mais le processus lement sur une suite de quatre transport et les taxes. Les plus beaux seront exposés à bronze doré (70 000 à 80 000 francs, début du XIXe siècle, à motifs fleuris n’est, toutefois, pas tout à fait le sièges de Josef Hoffmann estimés Le site n@rt, un des premiers spé- l’hôtel Dassault pendant toute la 10 700 à 12 200 euros). peints à la main, 500 000 F, 76 336 ¤. même que dans les ventes habi- 2 000 à 3 000 dollars, pour lesquels cialistes de l’art sur Internet, ouvre durée de la vente. Parmi les pièces Les œuvres modernes et contem- b Panoramique de Zuber Vues du tuelles. Les œuvres à acheter sont un intervenant a offert 1 450 dol- à partir de vendredi 26 novembre anciennes, le public pourra admirer poraines constituent le point fort Brésil, 45 000 F. présentées, décrites, estimées et re- lars, et dont la vente sera close ven- une filiale consacrée aux enchères un gobelet en albâtre veinée, un de cet ensemble. Le lot le plus im- b Papier peint de Réveillon, vers produites sur un catalogue électro- dredi 26 novembre. d’œuvres d’art. Trois cents lots se- travail égyptien daté deux mille ans portant est un dessin de Picasso de 1725, Le Grand Ananas, 16 000 F. nique. Les acheteurs le consultent, Autre exemple, un daguerréo- ront mis en vente, et les acheteurs avant Jésus-Christ, qui appartenait 1967, Nu couché, coq et enfant b Deux panneaux à décor de bou- font leur offre, mais doivent en- type de 1850, estimé 600 à 900 dol- ont jusqu’au lundi 6 décembre à à Jean Cocteau (30 000 à (100 000 à 120 000 dollars), un des quets et d’oiseaux. Travail français du suite attendre la clôture de la vente, plus récents se compose de six as- XVIIIe, 9 000 F. qui a lieu sur plusieurs jours, voire siettes en porcelaine peintes à la b Fragment de papier peint à dé- une semaine ou deux. Les prix s’af- Calendrier 04-70-08-14-46. COLLECTIONS main par Robert Combas (15 000 à cor d’arabesques. Travail français du fichent au fur et à mesure des inter- b Valence (Drôme), samedi 27 et b Paris (château de Vincennes), 20 000 francs, 2 286 à 3 048 euros). XVIIIe, 8 500 F. ventions du public et les batailles ANTIQUITÉS dimanche 28 novembre, tél. : thème de la pêche, samedi 27 et Sur ce site, l’acheteur ne paie pas de b Cinq liasses d’échantillons de la d’enchères se déclencheront sans BROCANTES 04-74-69-79-04. dimanche 28 novembre, tél : commission mais s’acquitte des maison Grantil, décors réalisés vers doute à la dernière minute, après b Falaise (Calvados), du b Villeneuve-sur-Lot 01-45-86-06-05. frais de transport et des taxes. 1925-1935, 30 000 F. que chacun aura donné son prix. vendredi 26 au dimanche (Lot-et-Garonne), samedi 27 et b Jouy-en-Josas (Yvelines), minéraux b Panoramique de Zuber en gri- Toutes ces transactions se font par 28 novembre, tél. : 02-31-36-01-82. dimanche 28 novembre, tél. : et fossiles, samedi 27 et dimanche Catherine Bedel saille. Paysage classique. Six lés du dé- l’intermédiaire des cartes de crédit. b Nantes (Loire-Atlantique), du 05-62-09-31-12. 28 novembre, tél : 01-39-56-12-26. but du XXe, 10 500 F. Depuis le 19 novembre, Sothe- vendredi 26 au samedi b Tassin-la-Demi-Lune (Rhône), b Croix (Nord), coquillages, ૽ Site Sotheby’s : b Fête de la Grèce et des Jeux by’s a ouvert son site de ventes 4 décembre, tél. : 02-40-87-29-91. samedi 27 et dimanche samedi 27 et dimanche 28 novembre, sothebys.amazon.com olympiques. Vingt lés en grisaille du électronique. Les pièces proposées b Montauban (Tarn-et-Garonne), 28 novembre, tél. : 04-78-33-29-20. tél. : 03-20-39-09-13. Site n@rt : début du XXe, 15 000 F. sont vendues soit par Sotheby’s, du vendredi 26 au dimanche b Niort (Deux-Sèvres), samedi 27 b Betton (Ille-et-Vilaine), jouets http://www.nart.com/auctions b Papier polychrome à décor Art pour celles qui appartiennent à des 28 novembre, tél. : 05-63-63-41-51. et dimanche 28 novembre, tél. : anciens, samedi 27 et dimanche Hôtel Dassault, 7, rond-point des nouveau Fleurs de Nice. Treize rou- particuliers, soit par des galeries qui b Reims (Marne), du vendredi 26 05-49-08-03-07. 28 novembre, tél. : 02-99-55-81-01. Champs-Elysées, 75008 Paris. Expo- leaux, 16 000 F. utilisent le site mais donnent leurs au lundi 29 novembre, tél. : b Courbevoie (Hauts-de-Seine), b Marseille (Bouches-du-Rhône), sition le samedi 27 novembre de b Papier à décor Art déco. 170 rou- références et leurs garanties 03-26-84-69-69. samedi 27 et dimanche minéraux et fossiles, samedi 27 et 11 heures à 22 heures, du 28 no- leaux (avec plusieurs dessins). 7 000 F. propres. b Montluçon (Allier), samedi 27 28 novembre, dimanche 28 novembre, tél. : vembre au 1er décembre de b Cent rouleaux à motif Art déco, Quatre mille cinq cents profes- et dimanche 28 novembre, tél. : tél. : 01-46-67-79-44. 04-92-79-58-85. 11 heures à 20 heures. 5 000 F.

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99280 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). L’ART EN QUESTION No 145 En collaboration avec

couleur. – 8. Préparer un sale « Flore coup. Plaisirs d’un autre temps. Pionnier accroupie », – 9. Observes les règles. – 10. Vol- Jean-Baptiste taire en fit un héros. Seconde par- Carpeaux. tie de l’examen. – 11. A la mode, de la modernité Huile sur toile mais ne l’est plus. D’un auxiliaire. 61×50cm, Prend son temps. – 12. Fait tout SCULPTEUR admiré et comblé Valenciennes, pour nous avoir. d’honneur, Jean-Baptiste Car- Musée des peaux (né à Valenciennes en 1827, beaux-arts. Philippe Dupuis mort à Courbevoie en 1875) n’a ja- Actuellement mais, de son vivant, exposé ni ven- à l’exposition SOLUTION DU No 99279 du sa peinture. Pour ses amis et « Carpeaux, pour son propre plaisir, il peignait, peintre » HORIZONTALEMENT sans concession aux modes ou aux au Musée des I. Dégraissages. – II. Egression. conventions, aussi bien des pay- beaux-arts de Pi. – III. Moue. Eglefin. – IV. Items. sages que des portraits ou des Valenciennes Néré. – V. Disposé. Irap (pari). – scènes religieuses. jusqu’au VI. Es. Luette. Bi. – VII. Ut. Olt. Fasciné par Michel-Ange, qu’il 3 janvier 2000, Ost. – VIII. Ieuya. An. IBM. – découvre à Rome lors de son sé- puis au IX. Béguine. Ré. – X. Sous-enten- jour à la Villa Médicis en 1856, Musée du dus. Jean-Baptiste Carpeaux copie les Luxembourg fresques de la chapelle Sixtine, à Paris, VERTICALEMENT comme les maîtres de la Renais- du 24 janvier HORIZONTALEMENT pas connaître. Faillit être la vic- 1. Demi-deuils. – 2. Egotiste. – sance. Dans ces copies, il ne au 2 avril time de son père. – X. Poussée 3. Grues. Ubu. – 4. Réemployés. cherche pas à respecter l’original, 2000. I. Economie de moyens ou d’adrénaline. Laissé en partant. – 5. As. Soulage. – 6. Ise. Set. Un. – mais laisse place à une spontanéi- regard sur soi ? – II. Pour bien Laissée en dépôt. 7. Signet. Ait. – 8. Sole. Tonne. té presque sans contrôle, attei- accrocher dans la maçonnerie. – 9. Aneries. En. – 10. Fer. Ti. gnant ainsi une étonnante moder- MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE VALENCIENNES DES BEAUX-ARTS MUSÉE – III. Vous met au courant. Passé VERTICALEMENT – 11. Epi. AB. Bru. – 12. Sina- nité. Lorsqu’il interprète ses en cas de besoins. – IV. Arme pismes. propres sulptures, comme cette Flore accroupie qu’il avait créée en b Jules Dalou ? blanche. Elégant et gracieux. – V. 1. Que du bla-bla-bla. – 2. Dieu marbre, il manie la couleur et la b Edgar Degas ? Comme des glandes aux poils. brillant. Contourner l’obstacle. matière en toute liberté. b Auguste Rodin ? – VI. Evite d’employer la force, – 3. En redemander un autre. Bien Venu à Paris avec ses parents en Réponse dans Le Monde du surtout s’il est plein. Grogne tout arrivé. – 4. Fait dégager. Fruit 1838, Jean-Baptiste Carpeaux était 3 décembre le temps. Fait la liaison. – VII. Gros rouge. – 5. Bavarde à plume. entré à la Petite Ecole en 1842, où Solution du jeu no 144 paru coup de vent. Se prend à la taille Essaie de fermer la cage. il avait appris à dessiner. Plus tard, dans Le Monde du 19 novembre ou au cou. – VIII. Dans les vieilles – 6. Garde l’anonymat. Temps de il sera répétiteur dans une classe « La mort n’en saura rien » est le habitudes. Protéger le fondement passage à la succession de Pierre. de dessin. Qui eut-il comme dernier vers du Guetteur mélanco- du nourrisson. – IX. Déclarât ne – 7. Comme un visage haut en élève ? lique de Guillaume Apollinaire. LeMonde Job: WMQ2611--0029-0 WAS LMQ2611-29 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:20 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 2071 Lcp: 700 CMYK

29 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999

POLÉMIQUE Après les déclara- teurs-producteurs (ARP), un texte at- été publié dans nos colonnes hier main Goupil, André Téchiné et Malik rien américain du cinéma, souligne tions du cinéaste Patrice Leconte qui, taquant la critique a été préparé par 25 novembre. b PLUS DE QUATRE- Chibane nous ont expliqué pour- l’inexistence de la critique aux Etats- « effaré de l’attitude de la critique », le réalisateur Bertrand Tavernier. VINGTS cinéastes ont signé ce texte, quoi. De son côté, Bertrand Taver- Unis, un pays qui distribue beaucoup écrivait le 13 octobre une lettre à la Alors que ses auteurs pensaient le parfois sous réserve de modifica- nier justifie la violence des attaques moins de films que la France, dans société civile des Auteurs-réalisa- distribuer au public des cinémas, il a tions, mais d’autres ont refusé. Ro- portées. b DUDLEY ANDREW, histo- un nombre de salles bien supérieur. Les cinéastes sont divisés sur l’attitude à adopter face à la critique Après la publication dans « Le Monde » du texte soumis, à l’initiative de Patrice Leconte et de Bertrand Tavernier, à l’approbation des cinéastes français en conflit avec la critique, plusieurs réalisateurs, comme Romain Goupil, André Téchiné et Malik Chibane, en désapprouvent le contenu Depuis plus d’un mois, le lan- texte avait reçu, selon Michel Go- pamphlétaire. Reproche-t-on aux tique est nécessaire à la visibilité derneau cinématograhique fran- mez, délégué général adjoint de écrivains de n’être pas animés de d’un film, et particulièrement de çais vit au rythme du débat, l’ARP, la signature de quelque bons sentiments ? La vraie question films comme les miens, qui n’ont souvent féroce, qui oppose une quatre-vingts cinéastes, parfois concernant la critique, c’est de sa- pas sans elle la possibilité finan- partie des cinéastes français à sous réserve de modifications mi- voir si elle est bonne ou mauvaise. cière d’exister. Il faut donc qu’elle une partie de la critique. Le 13 oc- neures, une vingtaine d’autres Je ne la trouve pas aujourd’hui très continue à mettre la barre très tobre, le cinéaste Patrice Leconte, conditionnant leur approbation à intéressante, je suis même dans haut, sans quoi, dans le système « effaré de l’attitude de la critique des modifications plus substan- certains cas tout à fait affligé par qui est le nôtre, elle serait réduite à vis-à-vis du cinéma français », tielles. L’ARP s’est refusée à certains articles. Mais toute cette devenir un simple relais d’opinion écrivait une lettre à la société ci- communiquer la liste des pre- affaire me semble assez ridicule. » intégré à une stratégie de marke- vile des Auteurs-réalisateurs-pro- miers signataires et s’interroge ting. » ducteurs (ARP) pour demander aujourd’hui sur la stratégie de En conclusion de leur texte, les une réunion afin de débattre de communication à adopter. Mais « Pour ma part, j’ai cinéastes proposent de signer cette question. Quelques jours le délégué général de la société avec la presse écrite « un pacte après, l’ARP envoyait un fax à ses civile, Pascal Rogard, en tient besoin de la critique, qui repose sur une base de bonne membres pour les convier à une toujours pour une rencontre coexistence, de compréhension et discussion le 4 novembre. Mais le entre les cinéastes et la critique même quand de déontologie », dont la manifes- télécopieur de l’ARP s’emballait qui devrait avoir lieu, selon lui, tation serait « qu’aucune critique et expédiait le texte de la lettre de « quand les passions seront un peu elle est négative, négative d’un film ne soit publiée Patrice Leconte et la convocation retombées ». avant le week-end qui suit sa sortie qui lui était jointe à tous les pro- Bertrand Tavernier justifie car cela fait partie en salles ». Bertrand Tavernier fessionnels, critiques compris. pourtant la violence des attaques, s’en explique : « Un an avant que Commençait alors une passe plusieurs fois nominatives, qui sorte de règle. » En revanche, la d’autre but que de préserver une [d’une] relation... » les films ne sortent, on parie d’armes relayée par la quasi-tota- sont consignées dans le texte : forme et le fond de la déclaration petite flamme, celle de l’ambition souvent sur le fait de savoir si on lité de la presse écrite, que Patrice « Je n’ai cessé de me battre, au sein suscitent des réactions négatives artistique, et n’attaquent certains Malik Chibane aura une critique positive ou néga- Leconte alimentait en donnant, le de la société des réalisateurs de des cinéastes eux-mêmes. Ro- films que pour mieux défendre une tive dans Libé, Le Monde ou même 25 octobre, un entretien à Libéra- films, pour soutenir des critiques main Goupil (A mort la mort !) ne idée du cinéma. Aller chercher Télérama. Quelquefois, on imagine tion, où il maintenait, en les expli- qui étaient menacés de mesure de mâche pas ses mots : « Je n’ai pas parmi des centaines d’articles pu- « Je n’ai pas signé ce texte parce les arguments qui seront dévelop- quant, ses griefs. Le 4 novembre, rétorsions par des distributeurs ou signé ce texte, que je trouve scan- bliés trois ou quatre phrases un qu’il vient notamment d’un ci- pés. A 97 %, on ne se trompe pas. Je la réunion prévue a lieu à l’ARP. lâchés par leur direction ; je n’ai daleux et malhonnête. Il est peu crues pour les dénoncer dans néaste qui se veut populaire, Pa- continuerai donc de militer, de Les cinéastes présents sont, selon cessé de lutter pour que le cinéma construit sur une figure classique leur ensemble comme des traîtres à trice Leconte, et dont les trois manière violente, contre le fait que nos informations, saisis d’un tex- existe sur tous les médias. Dans le de la rhétorique qui consiste, d’une la cause du cinéma, c’est d’abord quarts des films me prennent pour les critiques négatives paraissent te préparé par le réalisateur Ber- cadre de l’ARP, j’ai adressé je ne part, à dire des choses qu’on feint procéder de la même manière que un imbécile, ajoute Malik Chibane avant la sortie des films. Cette pra- trand Tavernier (Ça commence sais combien de courriers pour que de ne pas vouloir dire, et, d’autre ce que l’on dénonce, et tout simple- (Douce France). Patrice Leconte tique est contraire à la déontologie aujourd’hui) dont ils discutent et l’on crée à la télévision, à la faveur part, à se défendre d’être ce que ment vouloir leur faire payer le prix n’est pas un cinéaste maudit, il professionnelle. OK pour les cri- qu’ils commencent d’amender, à des célébrations du Centenaire de l’on est. Comme si le simple fait de de leur liberté. » n’est pas mal traité par la critique. tiques positives avant les sorties ; l’initiative surtout des cinéastes cinéma, une émission de discussion dire qu’ils ne sont pas poujadistes André Téchiné (Alice et Martin) D’où vient la légitimité de sa co- pour le reste, on peut au moins at- Laurent Heynemann (La vieille avec les cinéastes, les critiques, exonérait les signataires de ce texte partage ce point de vue : « On m’a lère ? Pour ma part, j’ai besoin de tendre le jour de la sortie. Ça évite- qui marchait dans la mer) et français ou étrangers. Patrice Le- de l’être. Pour moi, ce pseudo-dé- soumis le texte, mais je ne l’ai pas la critique, même quand elle est rait d’encourager les ravages chez Claude Miller (La Classe de neige), conte, l’homme le plus doux du bat est l’apothéose des dérives de signé. Je n’en comprends pas très négative, car cela fait partie de la les distributeurs qui décident de la président en exercice de la socié- monde, a simplement dit qu’il l’exception culturelle : on exige, au bien l’enjeu et je ne le cautionne ni relation amoureuse et conflictuelle durée de vie des films dès le mer- té civile. La version définitive de avait mal. Il était donc nécessaire nom de l’union nationale, que les de près ni de loin. Les critiques sont qui unit la critique à son objet et credi à 14 heures. » Une position ce texte est expédiée par l’ARP les que nous en discutions et qu’après critiques mettent leur jugement es- libres de leur opinion et je ne vois qui lui donne toute sa valeur. C’est que plusieurs cinéastes tiennent samedi 20 et lundi 22 novembre le “bug” de l’ARP, nous trouvions thétique dans leur poche pour dé- pas au nom de quoi on pourrait vrai que parfois on peut se sentir pour « irréaliste ». par fax aux cinéastes. Avant sa les moyens d’arriver à engager une fendre la cause de tous les films censurer cette expression, surtout blessé, mais encore faut-il savoir publication in extenso dans Le discussion avec les critiques où le français, parce qu’ils sont français. dans un pays comme la France où de quelle critique on parle et ne Jacques Mandelbaum Monde du jeudi 25 novembre, ce doute ait sa place et rétablir une C’est absurde. Les critiques n’ont il y a une longue tradition de l’écrit pas pratiquer l’amalgame. La cri- et Olivier Schmitt En résumé Dudley Andrew, historien du cinéma b Les questions de Patrice Leconte. Le 13 octobre, le « Le rôle des journalistes est de soutenir les films qui le méritent » cinéaste envoie à la société civile des Auteurs-réalisateurs- « Vous êtes l’auteur d’une bio- sateurs qui contestent la critique. dans le Chicago Reader. Finalement, France, mais, chez nous, le nombre tôt les cassettes de ses autres films producteurs (ARP) une lettre où graphie d’André Bazin, qui écri- Quel doit être le rôle de cette der- il a bénéficié d’une petite diffusion et de films visibles est très limité. ont été demandées. il écrit notamment : « Depuis vait dans les années 40-50, et vous nière dans la grande presse ? il est disponible en vidéo. – Quelle est l’audience du ciné- – Quel devrait être selon vous le quelque temps, je suis effaré de enseignez l’esthétique et le ciné- – Revenons à André Bazin. Il écri- – Quelle est l’audience de la cri- ma européen malgré la réticence rôle de la critique désormais ? l’attitude de la critique vis-à-vis ma à l’université de l’Iowa. Quel vait presque chaque jour dans Le Pa- tique aux Etats-Unis ? du public à l’égard des sous- – Le rôle des journalistes est de du cinéma français. (...) Certains était l’enjeu à l’époque ? risien libéré, quotidien à audience – Extrêmement faible. Des jour- titres ? soutenir les films qui le méritent afin papiers, qui ressemblent à autant – Bazin a eu beaucoup de chance. très large et très populaire à naux comme USA Today ont même – J’enseigne le cinéma européen, qu’ils restent à l’affiche assez long- d’assassinats prémédités, me font Il écrivait pour faire partager sa pas- l’époque. Durant quatorze ans, jus- renoncé à publier des articles : ils africain et japonais. L’audience est temps (plus qu’une semaine) pour froid dans le dos, comme si leurs sion du cinéma et pratiquait la cri- qu’à sa mort en 1958, il a publié plus donnent le box-office et la courbe bonne dans les festivals ou les uni- que le public ait l’occasion d’ap- auteurs s’étaient donné le mot tique positive, en défendant surtout de 1 350 articles. Son ambition était des entrées. Comme si le public vo- versités. Iowa City est une ville uni- prendre à les aimer. Devant l’éclo- pour tuer le cinéma français de nouvelles formes, les films sur d’élever le niveau du spectateur. tait pour dire aux autres ce qu’ils versitaire de taille très moyenne sion du nouveau cinéma asiatique commercial, populaire, grand l’art ou les films documentaires. Il a Dans chaque film il essayait de trou- doivent voir... Evidemment, certains (60 000 habitants), mais, à la biblio- ou d’autres cinémas régionaux (Ir- public. (...) J’aimerais en parler travaillé un moment pour L’Ecran ver “la valeur des défauts”, plutôt grands journaux restent indépen- thèque publique, il y a 6 000 films lande, Espagne, Iran), la critique doit avec vous. Merci de ne pas me français, à partir de 1946, mais ça n’a que les erreurs. dants, mais cela ne compte pas disponibles. Récemment, nous apporter les éléments de compré- laisser seul avec ma colère et ma pas duré, car dans ce journal lié aux – Comment les critiques ont-ils beaucoup. Il y a 33 000 salles de ci- avons projeté aux étudiants Conte hension du milieu culturel et de l’en- perplexité. » positions soviétiques, tout ce qui ve- rencontré leur public ? néma aux Etats-Unis et 6 000 en d’automne, d’Eric Rohmer, et aussi- vironnement qui les suscite. b La réponse de l’ARP. La nait d’outre-Atlantique devait être – J’ai demandé un jour à François – Dans cette perspective, quel société civile décide, en réponse rejeté, sauf les films engagés. Or lui Truffaut (en 1977, il venait de termi- est l’avenir du cinéma commercial à Patrice Leconte, d’organiser le voulait parler de cinéastes qu’il ap- ner La Chambre verte) pourquoi il Trente ans d’enseignement européen ? 4 novembre une réunion des préciait, comme Hitchcock ou Orson était devenu si calme. Il m’a répon- – Dans le nouveau monde euro- cinéastes français, pour un débat Welles. du : “Je hurlais parce que je pensais Dudley Andrew enseigne depuis trente ans le cinéma et la littéra- péen, je pense que les films en vue de la rédaction d’un texte » Le débat du temps de Bazin était que la situation du cinéma l’exigeait. ture comparée à l’université de l’Iowa, à Iowa City, et rejoindra à commerciaux moyens ont du souci à commun, qui serait interne au cercle des critiques, Sa- Dans les années 70, on pouvait enfin l’automne 2000 l’université de Yale à New Haven (Connecticut). se faire : ils ne peuvent pas être sou- ultérieurement diffusé le plus doul contre Bazin. Ils se servaient réaliser ce qu’on voulait ; je n’avais Auteur de nombreux ouvrages sur l’art cinématographique, il a tenus par les critiques sérieux ni par largement possible et servirait de des films comme support d’une dis- plus besoin d’être en colère.” Son film notamment publié Mists of Regret : Culture and Sensibility in Classic des budgets de promotion rivalisant base à l’ouverture d’une cussion qui avait un autre objet. visait une audience limitée mais plus French Film (Princeton University Press, 1995). En 1978, il avait consa- avec Hollywood. Ils sont entre les discussion, toujours au sein de C’était le début de la guerre froide. exigeante. cré une biographie à André Bazin (Oxford University Press), dont la deux. » l’ARP, entre les cinéastes et la – Quelle est la nature du débat – Quelle est aujourd’hui la situa- traduction française a paru en 1983 aux Editions de la Cinémathèque critique. D’après nos critique qui prélude à la nouvelle tion aux Etats-Unis ? française et dont l’édition américaine a été enrichie en 1990 (Colum- Propos recueillis par informations, les débats vague ? – La critique est dangereusement bia University Press). Michèle Champenois s’engagent sur la base d’un texte – C’est très différent, c’est une ré- soumise aux liens des journaux avec préparé dans l’urgence par volution. Quand Truffaut, Godard et la publicité : ils veulent que leur titre Bertrand Tavernier, rapidement Rivette lancent dans Les Cahiers du soit associé à la promotion des films. amendé par les cinéastes Laurent cinéma leurs attaques pour en finir » D’énormes pressions s’exercent Heynemann et le président de avec le cinéma de papa, c’est avec un sur les journalistes pour qu’ils l’ARP, Claude Miller. tout autre objectif, esthétique pour vantent les grosses machines de b Le texte des cinéastes. Le l’essentiel. Leur agressivité vise tout Hollywood et il leur est difficile de 25 novembre, Le Monde publie, le système pour faire place à de nou- traiter les films à petit budget ou de malgré la virulence de certaines velles formes d’expression. dire du mal des gros. Surtout depuis attaques personnelles, – Aujourd’hui, ce sont les réali- que le budget de publicité des films l’intégralité du texte soumis à la est du même ordre que le budget de signature des cinéastes par l’ARP réalisation proprement dit : après depuis le samedi 20 novembre. Il Star Wars, on peut dire qu’il faut en- était initialement envisagé, selon viron 15 millions de dollars pour une lettre jointe signée de son faire un film et 12 millions de dollars délégué général-adjoint, Michel pour faire campagne. Gomez, que ce texte soit publié, – Et si le film est moins cher ? avec le nom des signataires, au – L’exemple d’Arizona Dream, de début du mois de décembre dans Kusturica, est frappant : montré en les hebdomadaires puis distribué preview, il n’avait pas plu. Du coup, il « aux spectateurs dans les salles n’a même pas été diffusé. Récem- de cinéma ». Mais la publication ment, l’Institut du film de Chicago de ce texte devrait obliger l’ARP, s’est procuré en Europe une copie de selon Michel Gomez, « à revoir bonne qualité et a commencé à le la stratégie de diffusion de ce montrer. Ce qui a suscité des articles texte ». favorables, notamment d’un critique très influent, Jonathan Rosenbaum LeMonde Job: WMQ2611--0030-0 WAS LMQ2611-30 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:00 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 2072 Lcp: 700 CMYK

30 / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 CULTURE Le Centre Georges-Pompidou à J – 36 Après travaux, rénovation et agrandissement, les espaces dédiés à l’art moderne et à la lecture seront ouverts au public le 1er janvier 2000 DANS TRENTE-SIX JOURS, le 2 000 places assises, 350 000 vo- contre) ; la BPI a réussi à ouvrir une Centre Georges-Pompidou, en lumes imprimés, 370 postes de antenne dans le quartier de l’Hor- chantier depuis vingt-sept mois, consultation multimédia pour les loge ; les rencontres avec le public rouvrira ses portes. Le 1er janvier, à documents virtuels, venus du ont été maintenues sous le tipi de 11 heures, le public aura accès à un monde entier, et 400 titres de Chaix et Morel dressé sur la Piaz- bâtiment à la fois identique et sen- périodiques français ou étrangers, za ; et l’Ircam a produit, au même siblement différent. Après le départ sur tous les supports. endroit, son festival Agora. On des bureaux de l’administration et Le Musée national d’art moderne peut donc espérer que ces vingt- des travaux qui auront coûté (MNAM), revu lui aussi par Jean- sept mois qui ont obligé le Centre à 576 millions de francs (87,8 mil- François Bodin, est l’un des grands jouer la carte de la décentralisation lions d’euros), l’agencement du bâ- bénéficiaires de la rénovation du augurent d’un changement du- timent a été révisé de toutes parts : Centre. Il occupera la totalité des rable. rénovation de toutes les installa- deux derniers étages, soit environ Car, après plus de vingt ans tions techniques et actualisation de 14 000 m2, où 1 400 œuvres (au lieu d’existence, l’institution tendait à la mise aux normes de sécurité ; de 800) seront exposées. Un tiers se figer, à perdre de sa vigueur et création d’une nouvelle structure de cette surface devrait être consa- de son imagination. Comment re- d’accueil ; extension des surfaces cré aux créations des dix dernières donner au Centre le punch néces- affectées aux activités culturelles ; années. Et ce n’est pas un hasard si saire à la production d’activités déménagement des bureaux. Pour- l’entrée du musée se fera par le culturelles innovantes ? Comment tant, le profil de l’édifice et ses quatrième niveau, voué aux collec- lui faire retrouver la vitalité qui lui fonctions sont intacts. Renzo Pia- tions contemporaines. Enfin, la a manqué au cours de la dernière

no, concepteur du Centre et lau- photo, naguère négligée, ne sera décennie ? Comment éviter que NEW YORK R. GUGGENHEIM FOUNDATION, ELLEN LABENSKI/THE SOLOMON réat du concours avec Richard Ro- pas oubliée cette fois-ci, pas plus son énergie (et l’essentiel de son « Rendezvous », une exposition au Musée Guggenheim de New York, d’octobre 1998 à janvier 1999. gers, a d’ailleurs personnellement que l’architecture et le design, inté- budget) soit dévorée par la ges- participé à ce grand remodelage. grés au parcours muséographique tion ? Tâche d’autant plus difficile palais de Tokyo pourra concurren- Le Forum, restructuré sur trois pour permettre une approche que les 360 millions de francs de sa cer les initiatives de Beaubourg. niveaux (– 1, 0 et 1), se veut plus comparée des disciplines. dotation ministérielle sont dévolus Le président du Centre Georges- En province et à l’étranger, chaleureux. Au-dessus de la librai- à la masse salariale, au fonctionne- Pompidou, Jean-Jacques Aillagon, rie, dont la surface a augmenté, un ment et à l’entretien du bâtiment. qui a commencé son deuxième café (concédé au groupe Costes) se Ce n’est pas Comme il est vain d’attendre du mandat, est conscient de ces défis. des expositions hors les murs déploie sur la mezzanine. L’accueil ministère de la culture une aug- Comment les affronter ? « Trois op- L’OPÉRATION HLM a été un mi à l’étranger ; 40 000 catalogues général est placé face à l’entrée, si- un hasard si l’entrée mentation significative de son en- tions s’offrent aux pouvoirs publics, succès, se réjouit-on au Centre auront été vendus. L’heureuse ini- gnalée en façade par un vaste veloppe budgétaire, l’établisse- indique-t-il. Soit la réduction du Pompidou. HLM pour « Hors les tiative du Centre Pompidou a eu auvent. Autour du Forum, on du musée se fera par ment devra apprendre à financer Centre au MNAM, qui finirait par murs ». L’initiateur en fut Germain plusieurs conséquences. trouve l’atelier des enfants, la bil- son activité culturelle sur ses re- occuper l’ensemble du bâtiment en Viatte, ancien directeur du Musée D’abord, au lieu de s’effacer de la letterie et, en mezzanine, une bou- le quatrième niveau, cettes propres : 80 à 100 millions de évacuant peu à peu la BPI et l’Ircam national d’art moderne (MNAM). scène pendant plus de deux ans, tique design (concédée aux maga- francs. Une situation qui n’est pas – c’était le sens de la réforme de L’idée était simple. Il s’agissait, l’établissement a pu rester au cœur sins du Printemps). voué aux collections toujours acceptée par l’ensemble 1992, qui faisait du directeur du pendant la fermeture du MNAM, de l’actualité artistique. Sa visibilité Au niveau – 1, un grand foyer fé- des personnels. Personnels certes MNAM le président du Centre. Soit de montrer, en province et à a même été accrue, notamment en dère les quatre salles destinées au contemporaines dévoués à l’institution, mais dont le renforcement de l’autonomie au l’étranger, des pans entiers des col- province, où on a pu mesurer la ri- théâtre, à la danse, à la musique, au le dynamisme a parfois tendance à sein de la confédération – le Centre lections du musée. chesse et la diversité des collections cinéma et aux débats. Ce nouvel s’émousser. Avec la tentation pour ne serait plus à terme qu’un hôtel Au cours des vingt-sept mois de du MNAM. Avec, à la clé, une ques- espace, de 3 000 m2, est « une des Les terrasses, réaménagées par chacun de se replier sur le pré carré culturel, une enveloppe immobilière. travaux, 33 expositions ont circulé tion : ne faudra-t-il pas demain en grandes nouveautés fonctionnelles Renzo Piano, doivent prolonger, de son département, alors que la Soit l’intégration de toutes les dans 24 villes françaises et 19 cités déposer quelques pans significatifs du Centre », affirme Renzo Piano. pour la sculpture, les espaces voués raison d’être de Beaubourg est l’in- composantes du Centre dans un étrangères. C’est ainsi qu’on a pu dans des institutions régionales ? L’accès au Forum se fera unique- aux collections. Le restaurant pa- terdisciplinarité. même établissement doté d’une voir une anthologie du fonds au Cette interrogation n’avait pas ment par la Piazza, déjà rénovée noramique du sixième niveau a été Les premières expositions an- identité et d’un projet culturel global, Musée d’art moderne de la Ville de lieu d’être il y a vingt ans, puisque par l’architecte italien. confié aux architectes Dominique noncées pour l’an 2000 renouent avec un président et un conseil d’ad- Paris, les années cubistes à Ville- la France provinciale restait sous- La Bibliothèque publique d’in- Jakob et Brendan McFarlane. Rue- avec cette idée fondatrice. « Le ministration commun. » C’est cette neuve-d’Ascq, Duchamp-Villon équipée en établissements pouvant formation (BPI), reprofilée par di Baur a été chargé de concevoir la Temps vite » ou « Regards d’un dernière solution que prône Jean- sculpteur à Rouen, Alechinsky et accueillir de l’art contemporain. Ce Jean-François Bodin et dont les nouvelle signalétique. siècle », élaborées par Daniel Sou- Jacques Aillagon, fréquemment cri- Titus-Carmel à Cajarc, Miro à Bor- n’est plus le cas aujourd’hui : Saint- surfaces ont augmenté, sera dotée Fallait-il, selon la célèbre formule tif, Bernard Huchet et Emmanuèle tiqué au sein du Centre pour son deaux, Giacometti à Saint-Etienne, Etienne, Strasbourg, Lyon, Mar- d’une entrée indépendante, direc- du prince de Salina, que tout Payen, devraient en être le symp- « autoritarisme » et sa volonté «ul- Hantaï à Céret ou le dialogue Gon- seille ou Villeneuve-d’Ascq – bien- tement sur le Forum. La BPI dispo- change pour que rien ne change ? tôme. Mais l’organisation de ces tra-centralisatrice ». zales-Picasso à Toulouse. Marseille, tôt Toulouse – sont désormais do- sera d’un escalator autonome pour Paradoxalement, c’est pendant manifestations suffira-t-elle à ra- La décision revient aux pouvoirs Epinay-sur-Seine, Hyères et Nîmes tées de tels lieux. Or les collections relier ses trois niveaux. Elle affiche cette période de quasi-fermeture lentir l’évolution de ces tendances publics, notamment au ministre de ont elles aussi présenté des œuvres du MNAM sont riches de quelque plus que jamais l’ambition d’être la que l’activité du Centre a été la plus ségrégatives inscrites dans les la culture, qui a d’autres priorités venues de Beaubourg. 40 000 pièces – à comparer avec bibliothèque de tous, et son désir visible : les expositions du MNAM gènes du Centre ? On sait que la immédiates. On ne fera pas pour- A l’étranger, les chefs-d’œuvre celle du MOMA de New York. Sans de mettre « notre société de l’infor- « hors les murs » se sont multi- BPI est un établissement public tant l’économie d’une réflexion sur du MNAM ont été vus à New York doute ce chiffre est-il trompeur mation à la disposition du plus pliées avec succès, à Paris, en pro- distinct et que l’Ircam est une asso- l’avenir du Centre et de ses mis- et Tokyo. Des expositions montées puisque chaque photo ou chaque grand nombre ». Elle offrira donc vince ou à l’étranger (lire ci- ciation ; que des nostalgiques ré- sions, sur le devenir des collections par le Centre – Max Ernst, Char- estampe porte un numéro. clament depuis longtemps le re- du MNAM – parmi les plus impor- lotte Perriand, David Hockney, tour de la tutelle de la Direction tantes de monde –, la manière de Bruce Naumann, Man Ray – ont POURSUIVRE LES DÉPÔTS Nouveaux horaires, nouveaux tarifs des musées de France sur le les montrer, éventuellement d’en été expédiées à Düsseldorf, Tokyo, Demain, même avec des surfaces MNAM, voire la création d’une déposer en régions des pans signi- Bonn, Helsinki ou Madrid. largement augmentées, le musée b Horaires. Le Centre totale de la BPI est maintenue. En nouvelle entité pour accueillir la ficatifs. Faudra-t-il, à terme, ad- Cette initiative a également per- ne pourra en présenter plus de Georges-Pompidou, à partir du revanche, l’accès à l’escalator est partie « historique » de ses collec- joindre au bâtiment de Piano et mis de sortir des pièces qui étaient 1 500. Sans vouloir dépouiller le 1er janvier 2000, ouvrira une heure lié à l’achat d’un billet pour le tions. Rogers une annexe pour ses collec- rarement montrées au public. C’est Centre de ses chefs-d’œuvre et sa- plus tôt, à 11 heures. Ses portes MNAM ou pour une exposition ; Le Centre demeure une institu- tions et ses activités les plus le cas des collections photogra- chant qu’un très grand nombre de seront fermées, comme les tarifs sont revus à la baisse : tion d’autant plus fragile qu’elle contemporaines, comme l’a déjà phiques, d’arts graphiques ou d’ar- pièces, même non exposées, auparavant, à 22 heures. En 30 F (4,5 ¤) au lieu de 38 F (5,7 ¤) n’est plus seule sur la scène pari- fait le Guggenheim à New York ? chitecture. Ces manifestations dé- doivent rester à la disposition du revanche, celles du MNAM seront pour le musée ; 50 F (7,6 ¤) ou sienne. Il existe désormais un pôle Cette annexe devra-t-elle s’installer centralisées ou exportées étaient, musée pour des raisons diverses, closes à 21 heures. La BPI sera 40 F (6,1 ¤) pour les expositions musical à La Villette, que l’Ircam en banlieue ou dans une grande par ailleurs, souvent accompagnées certaines d’entre elles ne peuvent- ouverte de 12 heures à 22 heures (selon leur importance) – le billet pourrait être tenté de rejoindre en ville de province ? Il faudra vite d’un « habillage » multidiscipli- elles pas être prêtées à un grand et, le samedi et le dimanche, de à 50 F faisant office de dépit de ses dénégations. Demain, donner des réponses à ces ques- naire parfois important : cycles de musée régional ? 11 heures à 22 heures. Fermeture laissez-passer pour la journée. Le l’Institut national d’histoire de l’art tions, qu’il n’est pas prématuré de cinéma, concerts, lectures de tex- Mais c’est une politique que nous du Centre le mardi. Tél. : prix du laissez-passer annuel est (INHA), rue de Richelieu, offrira poser, même si les portes du nou- tes. menons depuis longtemps, ré- 01-44-78-12-33. Internet : fixé à 240 F (36,5 ¤). On peut se une alternative aux chercheurs qui veau Beaubourg ne sont pas en- Le bilan chiffré est significatif : pondent en substance les respon- http ://www.centrepompidou.fr procurer celui de l’an 2000 pour le travaillent sur les sources artis- core ouvertes. l’ensemble des manifestations sables du Centre et, à ce jour, b Tarifs. La déambulation au sein prix de 200 F (30,4 ¤), jusqu’à la tiques du XXe siècle. Et la création HLM aura drainé un million de visi- 3 000 œuvres tirées des collections du Forum reste libre. La gratuité fin décembre 1999. d’un centre d’art contemporain au Emmanuel de Roux teurs en France et un million et de- sont réparties dans toute la France. Sans doute, mais il s’agit trop souvent d’un saupoudrage ou de pièces peu importantes. Ce qui Une politique offensive d’acquisition d’œuvres n’est pas le cas, en revanche, de l’ensemble de 395 œuvres prove- PENDANT les vingt-sept mois contemporaine (un gros ensemble artistes de la génération du mou- nant de la donation Cordier, dépo- de fermeture de Beaubourg, les de Bernard Plossu, mais aussi des vement Supports/Surface font une sées aux Abattoirs, le futur musée collections du Musée national d’art pièces de Pierre de Fenoy¨l, Sophie entrée massive avec des œuvres de d’art contemporain de Toulouse. moderne se sont enrichies de ma- Calle, Valérie Jouve, Sophie Ristel- Pierre Buraglio, Louis Cane, Daniel On peut espérer que cette politique nière significative par dations, legs, hueber ou Patrick Tosani). Côté Dezeuze, Jean-Pierre Pincemin et de dépôts « Hors les murs » se dons ou achats. « On a entièrement arts plastiques, sont entrées au Vincent Bioulès. poursuivra. renouvelé l’esprit de la collection du MNAM des œuvres importantes MNAM », insiste son directeur, sur le plan historique comme Le E. de R. E. de R. Werner Spies. Il est un fait, par Dresseur d’animaux, de Picabia, le exemple, que le fonds d’architec- Souvenir de la galerie des glaces à ture a considérablement augmen- Bruxelles, d’Otto Dix, le Portrait du té. Le MNAM a bénéficié d’un don comte Saint-Genois d’Anneaucourt, Un label « conventionné » très important issu des archives de de Christain Schad, la suite des col- Pierre Chareau, l’auteur, entre les lages de La Femme 100 têtes,de deux guerres, de la Maison de Max Ernst – ils seront présentés pour le spectacle vivant verre, rue Saint-Guillaume, à Pa- dans un cabinet particulier –, Neuf ris ; il a reçu et acheté des ma- Moules Mâlic, de Duchamp, L’Es- CATHERINE TRAUTMANN, ministre de la culture et de la quettes et des dessins de Georges- tropiat, de Magritte, très représen- communication, a inauguré, vendredi 19, la première scène Henri Pingusson (le mémorial de la tatif de sa période « vache ». Le conventionnée de France, le Théâtre des 7 Collines de Tulle (Cor- déportation), de Jean Renaudie, MNAM a aussi bénéficié de la do- rèze). La labellisation « scène conventionnée » a été mise en d’Henri Ciriani, de Kisho Kuroka- nation de dix œuvres de Josef Al- place par le ministère pour soutenir le réseau des scènes (centres wa (projet de ville en hélice), de bers s’étalant de 1919 à 1968. dramatiques nationaux, centres chorégraphiques nationaux, or- Rem Koolhaas (une maison pour Parmi les artistes contempo- chestres en région et scènes nationales) qui concourent à la créa- handicapé à Bordeaux), de Renzo rains, le Centre a reçu ou acheté tion et à la diffusion du spectacle vivant. Ces scènes, au nombre Piano, Jean Nouvel (Centre des une installation de Christo datant de cent cinquante, devraient toutes êtres pourvues, d’ici deux congrès de Lucerne), de Hans Hol- des années 60, une sculpture gon- ans, d’un financement de l’Etat situé dans une fourchette lein, de Dominique Perrault ou de flable monumentale de Claes Ol- comprise entre 300 000 F et 1 million de francs par an, reconduc- Daniel Libeskind (le projet du Mu- denbourg, faite pour l’Exposition tible sur trois ans. Le Théâtre des 7 Collines de Tulle bénéficiera sée d’art juif à Berlin). universelle d’Osaka, The Poetics de 1 million de francs pour 2000, 2001 et 2002. Le design, de Charlotte Perriand Project, une grande installation de Catherine Trautmann a par ailleurs précisé qu’elle n’a pas l’inten- à Ettore Sottsass et de Marianne 280 m2 de Mike Kelley et Tony tion d’« augmenter le nombre de(s) établissements » du réseau na- Brandt à Carlo Mollino, n’a pas été Oursler exposée à la dernière Do- tional dans les années à venir, parce qu’elle considère que « le ter- oublié. Pas plus que la photo, his- kumenta de Cassel, une grande ritoire national est plutôt bien couvert » et qu’elle entend « ne pas torique (Portrait d’Ubu de Dora toile de Jörg Immendorff et une disperser » les moyens nouveaux attribués à ces scènes par l’Etat. Maar, Kaberec de Josef Sudek) ou autre de Sigmar Polke. Enfin, les LeMonde Job: WMQ2611--0031-0 WAS LMQ2611-31 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:00 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 2073 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / 31 La jeunesse de l’Américaine Martha Graham SORTIR PARIS Blumenthal, l’Italien Enzo Pezzella, tous installés à Bruxelles. Orlando Poleo Centre Wallonie-Bruxelles, Découvert par le grand public 46, rue Quincampoix, Paris 4 e. dansée à la Maison des arts de Créteil o derrière le chanteur Dany Brillant, M Rambuteau. Du 26 novembre en 1997, Orlando Poleo est l’un des au 15 décembre (9 spectacles). Tél. : percussionnistes les plus en vue de 01-53-01-96-96. 70 F et 100 F. Six chorégraphies des années 20 et 30 interprétées par la compagnie de l’artiste disparue il y a huit ans la scène latino parisienne. Il a réuni une équipe de redoutables STRASBOURG La Maison des arts de Créteil présente, dans le cadre 1991, à l’âge de quatre-vingt-seize ans. Femme fon- riques, solos ou de groupe conçues entre 1929 et guerriers pour le meilleur de la Les Nuits européennes du Festival d’automne, six pièces de la chorégraphe ceuse, sans peurs ni tabous, cette artiste a puisé son 1937, sont défendues par dix-huit danseuses, avec salsa et du latin jazz, afin de Deux nuits pour quatre soirées américaine Martha Graham, décédée le 1er avril art au plus profond de son être. Ces pièces histo- une autorité qui emporte l’adhésion. présenter sur scène le répertoire thématiques consacrées aux de ses deux albums, musiques électroniques décédée le 1er avril 1991 à l’âge de Festival d’automne, est constituée excellence –, elle s’arrache avec Cimarroneando et Sangre Negra, européennes. L’occasion de FESTIVAL D’AUTOMNE À PA- quatre-vingt-seize ans, a puisé son d’œuvres historiques, solos et rage, roule à terre, boule de dou- enregistrés en 1995, chez lui, au s’aventurer dans une multitude de RIS. MARTHA GRAHAM DANCE art au plus profond de son être. pièces de groupe de 1929 à 1937, leur hérissée de spasmes. Deep Venezuela et récemment distribués styles, guidé par des pointures des COMPANY. Ronald Protas (di- Fille d’un médecin aliéniste, Mar- époque où la compagnie était ex- Song dénonçait la guerre civile es- par Sony Music. platines et des inconnus recteur artistique). Maison des tha Graham a pratiqué longtemps clusivement composée de femmes. pagnole. Aujourd’hui, on peut tou- New Morning, 7-9, rue des novateurs. Le 26 : Future Phunk arts, place Salvador-Allende, l’analyse avec la psychanalyste Elles sont dix-huit aujourd’hui à jours y lire le tourment d’une Petites-Ecuries, 10 e. Mo Session (BNX & Walters, DJ 94000 Créteil. Mo Créteil-Préfec- Frances Wickes. Ses pulsions, ses défendre l’œuvre avec une autori- femme aux prises avec ses conflits. Château-d’Eau. Le 26, 21 heures. Paul...), Nuit Dub Action (High ture (puis navette). Jusqu’au passions ont été les moteurs de sa té qui emporte l’adhésion. En revanche, le solo Satyric Festival Tél. : 01-45-23-51-41. 130 F. Tone, Djins + Baby G...). Le 27 : 28 novembre, à 20 h 30 ; le di- création. Pour les communiquer, Song (1932), inspiré par les tradi- Zic Band Techmission (Angel Molina, Seb manche 28, à 15 h 30. Tél. : 01-45- elle a mis au point une technique COUP DE FOUET tions des Indiens, secoue l’air de Monté par Thierry Fanfant, Turkey...), Jungle Fiction (Konflict, 13-19-19. Prix des places : de 50 F unique basée sur la respiration, le Dans Frontier (1935), Katherine sautillements vigoureux, de coups épatant bassiste vu et apprécié aux MC Verse...). à 120 F. célèbre « contraction and release » Crockett campe une jeune pion- de tête enfantins. Très à l’aise dans côtés de Mario Canonge, Concerts à La Salamandre, La (contraction et expiration), base de nière américaine jouissant des ho- ce rôle malicieux, Miki Orihara, Beethoven Obas, Angélique Kidjo, Laiterie, au Molodoi, 67 Strasbourg. Corps héroïque que celui de la ce qui deviendra la modern dance rizons qu’elle entrevoit, juchée sur menue et vive dans sa robe-tube à Enzo Enzo ou Teri Moïse, le Zic Les 26 et 27, 21 heures. Tél. : chorégraphe Martha Graham. Ten- et que d’aucuns considéreront sa barrière. Sur une musique aux rayures vertes, jaunes et noires, Band réunit des musiciens 03-88-84-90-00. Forfait 100 F les du, torse en avant, prêt à s’élancer, comme une technique profondé- éclats de fanfare de Louis Horst, semble nous préparer une blague. originaires des Antilles (Bago, deux jours ; 80 F le 27. à attaquer. Figure de défi jetant à ment sexuelle. Martha Graham compositeur attitré de Graham à Danse qui pétille, qui jouit de la vie Thierry Vaton, Jean-Philippe la face du monde son appétit de n’hésitait pas à dire à ses élèves ses débuts, elle se cambre, s’étire, avec une élégance primesautière, Fanfant, Tony Chasseur...) pour un ROUBAIX vie et son goût pour la bagarre. Ce qu’elles « ne bougeaient pas leur virevolte, triomphante dans le dé- Satyric Festival Song est un régal hommage au compas, la musique Maryse Delente corps aux muscles toujours bandés vagin ». A New York, on appelait cor sculptural d’Isamu Noguchi, d’une durée de quatre minutes. Ja- métisse inventée par les Haïtiens A la tête du Ballet du Nord depuis ne rend jamais les armes. Qu’il son école de danse « the house of autre vieux complice de la choré- mais Martha Graham ne s’étend ni en 1955 qui a fait tanguer toute la 1996, Maryse Delente a bâti sa s’agisse de dire l’aliénation psy- the pelvic truth ». graphe. Sur le plateau dégagé, ne présume de ses forces. Une Caraïbe avant que le zouk ne lui singularité à travers des relectures chologique ou de s’engager contre Plus de soixante ans après la deux cordes blanches tombant des idée, une pièce. Le résultat claque dispute son hégémonie. de classiques comme Roméo et la guerre civile d’Espagne, il fend création de ses premières pièces, cintres dessinent un triangle dont à chaque fois comme un coup de Péniche BB Antibes, face Juliette ou Le Sacre du printemps et l’espace, étend ses bras coupants c’est l’authenticité de sa quête la pointe se plante au centre de la fouet. au 23-26, quai Alphonse-Le-Gallo, des créations portées par une comme des ciseaux, serre les conjuguée à sa solidité esthétique scène. Sobre, parfait. Tout aussi compactes, mais ex- 92 Boulogne-Billancourt. écriture lyrique et incisive. Parmi poings, saute en l’air. Vibrant, tou- qui rendent ses œuvres, bien que Un banc suffit dans Deep Song trêmement ritualisées, les pièces Mo Pont-de-Sèvres. Le 26, 23 h 30. les ballets les plus représentatifs de jours insoumis. Il fait du conflit et visiblement anciennes, bizarre- (1937) pour asseoir la danse dé- de groupe ouvrent des territoires Tél. : 01-48-25-15-11. 100 F. cette femme discrète mais de la douleur une apothéose. ment inattaquables. La série de chirée de Christine Dakin. Dans uniques. Heretic (1929), Primitive Festival Wallonie-Bruxelles déterminée, Nous n’irons plus au Femme fonceuse, sans peurs ni sept pièces présentées à la Maison une longue robe moulante noire et Mysteries (1931) et Sketches from Pour sa sixième édition, le festival bois renoue avec l’enfance, ses tabous, la chorégraphe américaine, des arts de Créteil, dans le cadre du blanche – tenue grahamienne par Chronicle (1936) mettent en scène « On y danse » met en scène la désirs bouillonnants, ses gros une solitaire, rebelle blessée ou nouvelle génération de chagrins et son immense énergie. femme simplement différente face chorégraphes et de danseurs Sur une musique de au groupe, à la foule qui la rejette installés en Wallonie et à Bruxelles. Pierre-Alexandre Mati, à la fois Hommages à Sibelius, maître absolu de l’orchestre ou veut l’avaler. Que la choré- Une soirée de solos réunira sous le urbaine et planante, cette pièce, graphe parle de la société, des cou- Tipi de Beaubourg des interprètes rassemblant les vingt-huit rythmiques. Puis l’adagio en deux rope centrale. En seconde partie, tumes hispano-américaines ou de de Michèle-Anne de Mey comme danseurs de la compagnie, exalte CYCLE JEAN SIBELIUS ET RI- parties : l’une, d’une mélancolie le Quatuor avec piano de Strauss. la dépression de 1929, elle s’est l’Irlandaise Johanna O’Keeffe ou la magie des plaisirs furtifs mais CHARD STRAUSS. Intégrale de la puisée aux sources mêmes de la Affirmation de soi, facture clas- toujours posée au centre de la l’Italienne Manuela Rastaldi (le essentiels de la vie. musique de chambre, l’Audito- nature profondément neurasthé- sique et juvénile, propos extraver- scène, conduisant autour d’elle un 26). Parmi les autres artistes Colisée, 31, rue Epeule, 59 Roubaix. rium du Louvre, Paris 1er. Mo Pa- nique et hypocondriaque de Sibe- tis un rien logorrhéiques (il est vrai jeu de circulations maîtrisé. En- programmés au Centre Les 26 et 27, 20 h 30 ; le 28, lais-Royal. Tél. : 01-40-20-84-00. lius, l’autre, dans l’incessant ressac qu’il date de 1884), le tout bien ser- trées et sorties, cercles petits et Wallonie-Bruxelles : la Française 16 heures. Tél. : 03-20-24-66-66. Orchestre de Paris, Cycle Sibelius, d’un bout de thème (proche du vi par les comparses Hubermann grands, volutes qui tissent un ré- Karine Ponties, l’Américain Bud 60 F et 130 F. jusqu’au 5 mai, Salle Pleyel. Tél. : Trio opus 8 de Brahms) gratté et le généreux Jeremy Denk. En seau d’intensités continues, ma- 01-45-61-53-01. Orchestre sympho- comme une plaie, doucement puis prime, des musiciens heureux de gnifiant la beauté de l’individu nique et lyrique de Nancy, Cycle jusqu’à son paroxysme. Enfin les constater (et nous avec) que le pu- quand il s’acharne à revendiquer Sibelius, les 26 et 27 novembre, deux derniers mouvements. Sa- blic n’avait pas déserté ces envers et contre tous sa vérité. GUIDE Salle Poirel. Tél. : 03-83-32-31-25. vants, virtuoses. De curieux ac- contrées inusitées. Dans la troisième partie de Sket- cents, comme venus d’une Hon- ches from Chronicle, Terese Capu- REPRISES CINÉMA Birmingham Comtemporary Notre horloge de fin de siècle grie septentrionale, sourdent dans Marie-Aude Roux cilli, brûlante, déchaînée, a la puis- Music Group serait-elle à l’heure finlandaise ? l’allegretto, avant le perpetuum mo- sance d’un fauve. Le crime était presque parfait Stravinsky : Concerto pour piano et Toujours est-il que Sibelius (vous bile final traversé çà et là par le ૽ Prochains concerts : les 25 et d’Alfred Hitchcock, avec Grace Kelly, orchestre de chambre « Dumbarton Oaks », Renard. Adès : Concerto savez, Kullervo, le Cygne de Tuone- souvenir des vents brûlants d’Eu- 29 novembre, les 1er et 2 décembre. Ray Milland. Américain, 1954 Rosita Boisseau conciso. Kurtag : Quasi una fantasia. la, la fameuse Valse Triste) a envahi (1 h 45). e Hesketh : The Circling Canopy of Paris, recevant enfin les honneurs Action Christine, 6 (01-43-29-11-30). Sueurs froides Night. Thomas Adès (piano), Simon qui lui sont dus. « Le plus mauvais d’Alfred Hitchcock, avec James Ste- Rattle (direction). compositeur du monde » selon Re- wart, Kim Novak. Américain, 1958, Cité de la musique, 221, avenue Jean- né Leibowitz est devenu un in- copie neuve (2 h 10). Jaurès, 19e. Mo Porte-de-Pantin. Le contournable. Le 22 septembre, Grand Action, dolby, 5e (01-43-29-44- 26, 20 heures. Tél. : 01-44-84-44-84. 200 F. l’Orchestre de Paris ouvrait le bal 40). Eric Barret, Alain Jean-Marie sibélien – premier des treize TROUVER SON FILM Petit Opportun, 15, rue des Lavan- concerts dédiés à l’intégrale des dières-Sainte-Opportune, 1er . symphonies, poèmes sympho- Tous les films Paris et régions sur le Mo Châtelet. Les 26 et 27, 22 h 30. niques et autre concerto pour vio- Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : 08- Tél. : 01-42-36-01-36. 80 F. lon. Un bonheur ne venant jamais 36-68-03-78 (2,23 F/min). Laurent De Wilde Quintet er seul, c’est Nancy et son Orchestre Sunset, 60, rue des Lombards, 1 . ENTRÉES IMMÉDIATES Mo Châtelet. Les 26, 27 et 30 et les 1er symphonique et lyrique qui entre- et 2 décembre, 21 heures. Tél. : 01-40- prennent in situ un cycle Sibelius Le Kiosque Théâtre : les places du 26-46-60. 120 F. prévu sur trois saisons. Pour ce jour vendues à moitié prix (+ 16 F de Carla Bley, Steve Swallow, maître absolu de l’orchestre, qui commission par place). Place de la Andy Shepard excella dans les genres antithé- Madeleine et parvis de la gare Mont- Les Gémeaux, 49, avenue Georges- tiques de la symphonie (abstrac- parnasse. De 12 h 30 à 20 heures, du Clemenceau, 92 Sceaux. RER Bourg- mardi au samedi ; de 12 h 30 à la-Reine. Le 26, 20 h 45. Tél. : 01-46- tion formelle) et du poème sym- 16 heures, le dimanche. 61-36-67. 120 F. phonique (soubassement La Maison du peuple Ensemble de Tanger littéraire), il était temps. Temps de de Louis Guilloux, mise en scène de Institut du monde arabe, 1, rue des- briser le sceau nationaliste qui a François Bourgeat, avec Marcel Ma- Fossés-Saint-Bernard, 5e. Mo Jussieu. longtemps faussé le regard porté réchal. Le 26, 20 h 30. Tél. : 01-40-51-38-14. sur l’homme (secret, complexe, in- Théâtre Berthelot, 6, rue Marcellin- 100 F. Pablo Moses transigeant et solitaire) et sa mu- Berthelot, 93 Montreuil. Le 26, 20 h 30. Tél. : 01-48-58-92-09. 50 F. Le Divan du monde, 75, rue des Mar- sique (porte-parole d’une Fin- e o La Valse des adieux tyrs, 9 . M Pigalle. Le 26, à 19 h 30. lande en mal d’indépendance de Louis Aragon, mise en scène d’An- Tél. : 01-44-92-77-66. 100 F. jusqu’en 1917). toine Bourseiller, avec Jean-Louis Benedettu Sarocchi (Corse) Complémentaire, la program- Trintignant et Daniel Mille (accor- Église Notre-Dame-du-Liban, 17, rue e mation de l’Auditorium du Louvre déon). d’Ulm, 5 . RER Luxembourg. Le 26, à Théâtre Montansier, 13, rue des Ré- 20 h 30. propose une intégrale de l’œuvre Festival Budapest de chambre, dont l’essentiel date servoirs, 78 Versailles. Les 26 et 27, 20 h 30. Tél. : 01-39-24-05-06. De 70 F Le Batofar reçoit Budapest. A signa- des années de formation (à Helsin- à 250 F. ler, le 26, soirée autour du label Ba- hia : rencontre entre les musiques ki puis à Berlin et Vienne). Le pa- Compagnie Tanzplantation traditionnelles et électroniques. rallèle avec Richard Strauss, pour Marco Berettini : Sturmwetter pré- Batofar, face au 11, quai François- paradoxal qu’il puisse paraître, pare l’an d’Emil. Mauriac, 13e. Mo Quai-de-la-Gare. La Nacelle, route de Montgardé, prend des résonances fugitives et Jusqu’au 28 novembre, à 20 heures. 78 Aubergenville. Le 26, 21 heures. secrètes, même si ce qui sépare les Tél. : 01-56-29-10-00. 40 F et 50 F. deux musiciens l’emporte large- Tél. : 01-30-95-37-76. 100 F. ment sur ce qui les rapproche – ex- Le Pavillon aux pivoines RÉSERVATIONS Intégrale en six épisodes. Le 26 : Le ceptionnelle et contemporaine Rêve interrompu et A la poursuite du longévité, goût commun pour le Sylvain Luc, Jean-Marc Jafet, rêve. Le 27 : Le Fantôme aimé et La André Ceccarelli poème symphonique et semblable Résurrection. Le 28 : La Lutte des Sunset, 60, rue des Lombards, 1er. Les aboutissement dans les principes bandits et La Réconciliation. Qian Yi 14, 15 et 16 décembre. Tél. : 01-40-26- d’écriture (le texte de présentation (Du Linian), Chen Shi-zheng (mise en 46-60. De 50 F à 120 F. du cycle, écrit par Pierre Gervaso- scène). Les Arts florissants Grande Halle de La Villette, 211, ave- Concert du XXe anniversaire : Betsy ni, est à cet égard passionnant). e o nue Jean-Jaurès, 19 . M Porte-de- Jolas et Marc-Antoine Charpentier. Pantin. Les 26 novembre et 3 dé- William Christie (direction). VENTS BRÛLANTS cembre, 19 heures ; les 27 et 28 no- Cité de la musique, 221, avenue Jean- Du concert du 22 novembre, vembre et les 4 et 5 décembre, Jaurès, 19e . Le 21 décembre, à nous retiendrons surtout le ma- 15 heures, Tél. : 08-03-07-50-75. De 20 heures. Tél. : 01-44-84-44-84. 150 F gnifique Quatuor Voces Intimae, de 750 F à 810 F. et 200 F. Sibelius, une des rares œuvres Daphné de Strauss : version de concert. Soile DERNIERS JOURS chambristes de la maturité (1909). Isokoski (Daphné), Torsten Kerl (Leu- Cinq mouvements supportés avec cippe), Ralf Willershäuser (Apollo), 27 novembre : Sapho brio par le Quatuor Hubermann. Jadwiga Rappé (Gea), Peter Rose (Pé- Auditorium Saint-Germain, 4, rue Fé- Un premier morceau où pâte ex- née), Chœur et Orchestre philharmo- libien, 6e. Tél. : 01-44-07-37-43. De pressive et fine polyphonie os- nique de Radio France, Marek Ja- 110F à 150F. cillent entre nervosité et plénitude nowski (direction). 28 novembre : Théâtre musical de Paris, 1, place du L’Autre Visage - masques africains harmonique, un vivace aux allures Châtelet, 1er. Mo Châtelet. Les 26 et Mona Bismarck Foundation, 34, ave- ailées de scherzo et son centre nu 29, 19 h 30. Tél. : 01-40-28-28-40. De nue de New-York, 16e. Tél. : 01-47-23- entrecoupés de violents hiatus 50 F à 350 F. 38-88. Entrée libre. LeMonde Job: WMQ2611--0032-0 WAS LMQ2611-32 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:55 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 2074 Lcp: 700 CMYK

32 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 EN VUE

a Après le lancement par la Chine d’une capsule inhabitée, plus de Un quotidien flamand piégé par un « informateur » la moitié des Pékinois se disent prêts à voyager dans l’espace et Un employé de banque s’est vengé d’un journaliste en lui faisant écrire, à tort, qu’un ministre belge « à braver tous les dangers ». disposait d’un compte secret au Luxembourg. Le journaliste de « De Morgen » a dû démissionner a Cet hiver, rigoureux en Russie, des incendies allumés par des JEUDI 11 NOVEMBRE, le quoti- sommes placées : l’équivalent de Ce dernier aurait pourtant dû se peu plus les relations de la presse poêles ont fait des milliers de dien flamand De Morgen publie en 33 millions de francs français. méfier : Antonino Costa est un an- belge avec les pouvoirs politique et morts. Cet été, torride à Moscou, première page une information de Didier Reynders tombe des nues cien employé de la KB Lux, licencié judiciaire. Une série de lourdes quarante-sept personnes se sont nature à déstabiliser le gouverne- et, dès le lendemain, jure ses grands et poursuivi en justice pour indéli- amendes vient de frapper des jour- noyées en s’endormant dans leur ment belge. Selon ce journal, qui dieux qu’il s’agit là d’une ignoble catesses par son ex-employeur à la nalistes d’investigation qui avaient baignoire. jouit en Belgique néerlandophone manipulation et annonce qu’il va suite de révélations publiées en 1994 critiqué l’action de certains policiers d’une excellente réputation, Didier porter plainte contre De Morgen, à KB Lux, pour sa part, publie un dans De Morgen sous la signature de enquêtant autour de l’affaire Du- a Les musulmans de Puncak, au Reynders, ministre des finances et moins que ce journal ne rectifie im- communiqué embarrassé laissant Ludwig Verduyn. « J’ai voulu me troux. Ainsi le tribunal de Bruxelles sud de Djakarta, viennent de libéral francophone, serait titulaire médiatement cette fausse informa- entendre que le document pourrait venger de ce journaliste », explique vient de condamner deux journa- mettre le feu à onze hôtels, d’un compte secret dans la filiale tion et ne lui présente ses excuses être un faux, mais ne l’affirmant pas Costa. Mission accomplie, car Lud- listes de l’hebdomadaire Le Soir il- prétendument fréquentés par des luxembourgeoise d’une banque pour l’éditorial extrêmement sévère explicitement, ne voulant pas être wig Verduyn a été poussé à la dé- lustré, Philippe Brewaeys et Jean- drogués et des prostituées, sans belge, la KB Lux. A l’appui de ces ré- à son égard qui en accompagnait la accusée de violer le secret bancaire. mission par son rédacteur en chef, Frédéric Deliège, à verser l’équi- épargner le palace où se tenait un vélations, De Morgen publie un ex- publication. Dans un premier La vérité éclatera le dimanche Yves de Smet, qui a mis son propre valent de 300 000 francs de séminaire de diplomates trait du compte ouvert sous le pseu- temps, l’auteur de ce « scoop », 14 novembre, lorsque l’informateur départ dans la balance si Verduyn dommages et intérêts à des gen- indonésiens. donyme de « Jodoigne » qui révèle Ludwig Verduyn, maintient sa posi- de Ludwig Verduyn, Antonino Cos- ne tirait pas lui-même la consé- darmes dont ils avaient dénoncé les tout à la fois le nom de son véritable tion en affirmant que les informa- ta, avoue avoir sciemment fabriqué quence de son faux pas. manipulations de témoins. Philippe a Adriana Sklenarikova, top titulaire et le montant coquet des tions dont il dispose sont fiables. La et transmis un faux au journaliste. Cette affaire vient envenimer un Brewaeys, soutenu par l’Association model slovaque, pratiquante des journalistes professionnels de catholique, spécialisée dans la Belgique (AGJPB), dénonce un sys- mise en valeur des dessous DANS LA PRESSE nient : elle pénalise la société d’Orangina. L’explication est ce- LA TRIBUNE tème qui interdit aux journalistes féminins, illustrera les française Pernod-Ricard (...), elle pendant un peu courte même si Gilles Bridier d’investigation de pouvoir prouver tickets-restaurants vendus par la LCI handicape le développement in- elle colle à la fameuse méthode a La concurrence, rien que la leur bonne foi : « Pour ce faire, nous Caritas Ambrosiana, l’organe Pierre-Luc Séguillon ternational d’Orangina, elle est Jospin qui fait de la règle et de la concurrence. Christian Sautter a serions obligés de violer le secret de caritatif du diocèse de Milan, au a La première décision impor- un mauvais coup pour les salariés régulation les maîtres mots de fait état de son credo en refusant nos sources », explique Philippe Bre- bénéfice des victimes du Timor tante de Christian Sautter – le re- de cette entreprise. l’action publique dans le domaine à Coca Cola le droit de mettre la waeys. « Or celles-ci sont toutes liées oriental. fus d’autoriser le rachat d’Oran- de l’économie. (...) La guerre que main sur Orangina. (...) Un rachat par le secret professionnel, le secret de gina par Coca Cola – est L’HUMANITÉ se livre, à coups d’OPA « ami- qui ne brisait pas l’emploi : voilà l’instruction ou le devoir de réserve. » a « Moins de deux litres de bière techniquement, politiquement et Charles Silvestre cales » ou « inamicales », de fu- qui aurait pu mériter que Bercy Les gendarmes dénoncés par Bre- par jour ne font pas grossir », socialement fondé. (...) A l’heure a Il n’échappera à personne que sions-acquisitions, les multinatio- revienne sur son précédent veto. waeys et Deliège étaient ceux qui affirme Jose Vincente Carbonell où le gouvernement se fait le dé- la rebuffade du gouvernement nales, se révèle pour ce qu’elle Mais Christian Sautter a préféré avaient accordé du crédit aux élu- Talon, médecin espagnol, invité à fenseur d’un capitalisme régulé et français à l’égard d’une firme est : le déchaînement des appétits empêcher que Coca se retrouve cubrations de jeunes femmes my- un symposium de brasseurs à d’un libéralisme maîtrisé, il ne symbole de l’expansionnisme financiers. Le blitzkrieg de l’an- en position dominante et en thomanes affirmant qu’elles avaient Bruxelles. pouvait prendre d’autre décision. américain se situe à la veille du glais Vodaphone sur l’allemand abuse. (...) La France deviendrait- été les victimes d’un réseau de cri- A la veille de la délicate confé- sommet de Seattle. (...) Après Manesman a créé une émotion elle un bon élève de l’Europe de minels sexuels comprenant de a Observant que « les porteurs de rence de l’OMC où les Européens tout, le grand rendez-vous de considérable outre-Rhin. D’au- la concurrence ? Il s’agirait alors hautes personnalités du royaume. ce prénom bénéficient plutôt d’une vont prôner une organisation des l’Organisation mondiale du tant que les deux pays concernés d’une inflexion sensible de l’atti- Les récits horribles de ces préten- curiosité bienveillante en France », échanges, et non point seulement commerce va certainement réaf- sont gouvernés par des socia- tude des pouvoirs publics et de dues victimes désignées dans les les juges de la cour d’appel de leur libéralisation sauvage, cette firmer les droits de la « libre listes partisans de la fameuse ses priorités. Mais rien n’indique, procès-verbaux sous le nom de X1, Besançon viennent d’autoriser décision s’imposait. Mais parce concurrence » et Paris peut se « modernisation ». En France, la à ce jour, que la suite du feuille- X2, X3 avaient, en 1997, « fuité » des parents à appeler leur bébé que le gouvernement a trop tardé targuer, ce dont il ne se prive pas, réaction populaire du même type ton Orangina pénalisera l’emploi. dans la presse belge et française Zébulon. à la prendre, outre qu’elle gène le de faire respecter ce droit en re- a été alimentée par une série de C’est du moins l’une des vertus sans que l’on puisse déterminer géant américain ce qui, après fusant à Coca Cola la position do- choc (...). Si Orangina a été « sau- que, sur ce dossier, Bercy prête, l’origine de ces fuites. a « Nathan souffre de paralysie tout, flatte un sentiment national, minante sur le marché que lui vé », il y a du pain sur la planche sur le long terme, à la concur- spasmodique, Alexis est nourrie à elle présente un triple inconvé- conférerait la prise de contrôle pour qui veut résister à la bête... rence. Comme aux Etats-Unis. Luc Rosenzweig l’aide d’un tube, mais jusqu’à présent nous y arrivons », affirmait Kenny McCaughey, père des SUR LA TOILE septuplés de l’Iowa, à l’occasion de leur deuxième anniversaire, www.cogemalahague.fr SAUVETAGE devant les caméras de télévision, a Le service départemental d’incen- pendant que les cinq autres die et de secours (SDIS) du Lot a grimpaient sur les meubles et Dix caméras et 80 000 analyses, pour savoir tout ce qui se passe à la Hague ouvert un site Internet à l’occasion s’aspergeaient de bouillie dans du sauvetage des sept spéléologues son dos. ROMPANT avec une longue tra- quiets des conséquences sur le tou- bloqués dans le gouffre de Vita- dition, la Cogema a décidé de faire risme de la mauvaise réputation de relles. Il publie notamment des pho- a La cour d’appel de Ras un effort de transparence en instal- l’usine. Mais pour la Cogema, l’en- tos des opérations de récupération, Al-Khaimah à Dubaï vient lant dans son usine de retraitement jeu est bien plus vaste : « Le premier qui ont duré dix jours. d’adoucir la peine d’un violeur : de combustible nucléaire de la ministre a annoncé à la fin de l’été www.pili-pili.com/speleo sa victime, une fillette de onze Hague (Manche) une dizaine de que les choix énergétiques de la ans, l’avait « tenté par sa tenue « webcams », mini-caméras numé- France feraient bientôt l’objet d’un FORFAIT légère ». riques diffusant des photos en débat démocratique et scientifique. » a La société Freesbee propose pour temps réel sur Internet, 24 heures Alors que se pose notamment la 299 F par mois un « pack Internet » a « Je n’ai jamais entendu parler sur 24. Sur une vue aérienne des question du renouvellement du parc comprenant la location-vente d’un d’une chose pareille, ni mes 300 hectares de l’installation figure des centrales nucléaires EDF, il ordinateur personnel haut de parents, ni même mes l’emplacement de chacune des web- semble que Mme Anne Lauvergeon, gamme et 20 heures d’accès Inter- grands-parents », déclarait Abdul cams. Le visiteur n’a qu’à cliquer sur la nouvelle présidente de la Coge- net par mois (appel téléphonique Hakim, un vieil homme, après un point pour être transporté dans ma, ait décidé de peser dans le débat local compris) en heures creuses. l’exécution en public, dans un les halls de stockage des déchets ra- en touchant directement l’opinion, En heures pleines, la communica- stade de Kaboul, d’une Afghane, dioactifs ou au-dessus des piscines grâce notamment à Internet (Le tion locale sera facturée hors forfait, voilée des pieds à la tête, mère de d’entreposage des matières fissiles. Monde du 30 octobre) : « Nous à des tarifs inférieurs de 25 % à ceux sept enfants, meurtrière de son Il peut aussi assister en direct au dé- avons trop longtemps laissé l’avantage de France Télécom. mari. chargement des cargos qui trans- médiatique à nos opposants. Désor- www.freesbee.fr portent le combustible nucléaire. mais l’internaute aura accès, via a Un tribunal militaire – le Même si un accident survient, la notre site, à des informations in- CADEAUX premier statuant contre des civils consigne est de laisser les caméras contestables », estime M. Saulnier. a A l’occasion des fêtes de fin d’an- depuis Franco – juge, à branchées : « Sauf, bien sûr, s’il y a nier fait référence à la récente polé- par un comité d’experts indépen- Sur sa lancée, la Cogema s’apprête à née, seize sites français de La Corogne, pour « violation des des victimes. Il ne s’agit pas de faire mique sur l’augmentation du dants, qui a disculpé la Cogema. créer un site annexe, dédié cette fois commerce électronique se sont re- installations de l’armée », cinq du voyeurisme », précise Jacques- nombre de leucémies dans la région Le site publie également les résul- aux transports de matières radioac- groupés pour créer un centre objecteurs de conscience accusés Emmanuel Saulnier, porte-parole de et la responsabilité éventuelle des tats des quelque 80 000 analyses de tives entre la France et ses clients commercial virtuel destiné à facili- d’avoir coiffé de préservatifs la Cogema : « L’objectif est de démy- rejets radioactifs de La Hague. Un rejets liquides et gazeux effectuées étrangers. ter les achats en ligne. Au total, le géants des canons. thifier une usine qui a souvent fait dossier spécial consacré à cette af- chaque année aux alentours de site propose un catalogue de plus l’objet de rumeurs et de campagnes faire présente les résultats de la ré- l’usine. Cette initiative a été très ap- Christophe Labbé de mille articles-cadeaux. Christian Colombani d’information erronées. » M. Saul- cente étude épidémiologique menée préciée des élus locaux, toujours in- et Olivia Recasens www.noelonline.com

Les cœurs de Francine par Alain Rollat ELLE EST CHIRURGIENNE. pris que l’humanité, dans sa li- sez souvent. » Cette méthode, en Elle répare les cœurs cassés. Le berté relative, ne peut être tenue tout cas, fait des miracles. sien bat sans tapage. Il ne fait ja- pour seule responsable de l’im- Le dernier en date est du sexe mais du strip-tease à la télé. Sans perfection de sa nature. Il remé- féminin, il a dix ans et le visage « Des racines et des ailes », qui die de son mieux aux consé- d’une enfant de Kinshasa. Fran- s’intéressait à son fonctionne- quences de ce mystérieux constat cine a opéré cette fillette il y a ment, mercredi soir, sur France 3, sans s’embarrasser de questions une douzaine de jours. Pouquoi on n’aurait jamais su que l’hôpi- préalables. Pour cette femme elle, alors que des centaines tal Necker, à Paris, disposait, en hors du commun, le bloc opéra- d’autres enfants atteints de mal- chirurgie cardiaque, d’un cœur toire n’est pas un champ de ba- formation cardiaque resteront en de ce gabarit-là, capable de vi- taille métaphysique, mais l’établi liste d’attente ? Pourquoi elle, brer au rythme des autres sans artisanal où le chirurgien exerce alors que les premiers diagnostics jamais se départir de sa tranquil- son métier d’horloger des méca- la disaient inopérable ? « Ses pa- lité intérieure. C’est un cœur sans nismes corporels : « La maladie, rents y croyaient tellement !.. » états d’âme malgré ses cheveux ce n’est pas une injustice ; c’est un Leur foi a contribué au miracle : blancs : « Vous me voyez crier à problème à résoudre. Quelle est la le troisième diagnostic a corrigé l’injustice, à la révolte ? Quand on solution ? C’est ça l’équation qui les deux premiers. Cette fillette est effroyablement malheureux, m’intéresse. » Elle fait ce qu’elle ne mourra pas de la « maladie quand on a échoué, quand on a doit faire, le reste suit avec la part bleue ». Grâce à la Fondation perdu un malade, on pleure dans d’irrationnel inhérente à toutes Mécenat chirurgie cardiaque (01- son coin. Même avec l’âge, la dou- les entreprises aléatoires : « Je ne 42-89-89-89), elle repartira dans leur reste aiguë, on ne se mithrida- me prépare jamais au pire. Je ne son pays avec un cœur tout neuf. tise pas contre ça. Mais je ne lève veux pas y penser. Je ne l’intègre Francine a déjà remis son jamais le poing vers le ciel. C’est pas dans mon ordinateur. Je ne masque : « Je crois en l’homme. notre vie d’homme, ça, notre vie m’occupe des mauvaises choses L’an 2 000 sera la grande année de d’aléas... » que lorsqu’elles arrivent. On ne la générosité...»Qu’elle en soit la C’est un cœur qui a donc ap- gagne pas à tous les coups mais as- vraie méridienne ! LeMonde Job: WMQ2611--0033-0 WAS LMQ2611-33 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 09:00 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 2075 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / 33 JEUDI 25 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.30 Races. 16.10 Les Sept Femmes DÉBATS Au-delà des apparences. Planète MUSIQUE TÉLÉVISION ARTE de Barberousse aa 20.30 Shaolin, la montagne Stanley Donen (EU, 1954, 19.00 Voyages, voyages. Bombay. 21.00 L’Espace, des moines soldats. Odyssée 20.50 Cecilia Bartoli : récital. 100 min) &. Cinétoile TF 1 pour quoi faire ? Forum Planète Avec Georg Fischer, piano. Mezzo 19.45 Météo, Arte info. 20.40 Thema. 17.50 Le facteur sonne 21.30 et 22.20, 23.30 Les Balkans, bilan d’une guerre. Arte 21.00 Marie Devellereau, soprano. 17.30 Melrose Place. 20.15 La Vie en feuilleton. Les Balkans, bilan d’une guerre. Avec A. Tharaud, piano. Muzzik toujours deux fois aa Je veux mon entreprise [4/4]. 21.05 Notre siècle. [6/9]. 1945-1958 : Tay Garnett (EU, 1946, N., 18.25 Exclusif. Invités : Bernard Kouchner ; 20.40 Thema. vents d’Ouest, vents d’Est. TV 5 22.25 Autour de Carmen. v.o., 110 min) &. Cinétoile 19.05 Le Bigdil. Spéciale jungle. Christoph Bertram. Arte Avec l’Orchestre philharmonique de Les Balkans, bilan d’une guerre. 21.25 L’Aventure spatiale 19.00 Blow Out aa 19.55 L’Air d’en rire. 22.00 OGM, la dérive. Forum Planète Berlin, dir. C. Abbado. ParisPremière 20.45 Kosovo, rétablir le droit. soviétique. Planète Brian De Palma (Etats-Unis, 1981, 19.57 Clic et net. Le disco. 21.00 Exilé dans son propre pays. 23.00 Le Roller, mode ou phénomène 23.00 Dexter Gordon Quartet. Muzzik 21.40 Survivre. 110 min) %. Cinéfaz 20.00 Journal, Météo. 21.15 Les Risques de la paix au Kosovo. 23.40 «Les Quatre Saisons», de Vivaldi. 21.30 et 22.20, 23.30 Débat. de société ? Forum Planète [2/8]. Le loup. Odyssée Venise 1984. Avec Enrico Onofri, 20.30 Lacombe Lucien aa 20.48 5 millions pour l’an 2000. 21.50 Serbie, le prix de la guerre. 22.15 Nam, retour sur image. Planète violon. Par Il Giardino Armonico, Louis Malle (France, 1974, 20.50 Navarro. Verdict %. 22.05 Portraits. MAGAZINES 135 min) &. Ciné Cinémas 1 22.35 Eleanor Roosevelt, de New York dir. Giovanni Antonini. Mezzo 22.45 Chaleur meurtrière. 22.45 OTAN, une stratégie contestée. 0.00 « Madame Butterfly », de Puccini. 20.45 Cadavres exquis aaa Téléfilm. Doug Barr. %. 23.00 Les Enquêtes de La Haye. 18.20 Nulle part ailleurs. aux Nations Unies. TMC Mise en scène de Giulio Chazalettes. Francesco Rosi (Italie, 1975, 0.25 Vol de nuit. Le polar. 23.15 Où va le Monténégro ? Invités : Ingrid Seynhaeve ; 22.45 Télé notre histoire. Par l’Orchestre des Arènes de Vérone, 120 min) &. Histoire 23.50 Cyrano de Bergerac aa Dyonisos ; Donald Westlake ; [1/2]. Claude Santelli. Histoire dir. Maurizio Arena. Muzzik Film. Augusto Genina (muet, couleurs). Marion Cotillard. Canal + 20.45 La Main droite FRANCE 2 20.55 Envoyé spécial. 23.45 Mémoires de France. du diable aa Népal : enfances volées. [11/12]. Mémoires de Picardie, TÉLÉFILMS Costa-Gavras (Etats-Unis, 17.10 Des chiffres et des lettres. M6 1910-1947. Histoire Finance mondiale : menace mafieuse. 1988, 125 min) &. 13ème Rue 17.40 Un livre, des livres. Dix questions sur le siècle. 0.10 Chine, le sacrifice 20.30 Passion interdite. 18.25 Stargate SG-1. 21.00 Haute pègre aa 17.50 Football. Coupe de l’UEFA : P.-s.: Le bogue de l’an 2000. France 2 des orphelins. Planète Thierry Binisti. Festival 19.15 Unisexe. Ernst Lubitsch (EU, 1932, N., Lens - Kaiserslautern. 23.20 Prise directe. En direct de Paris, 0.15 N.U. Histoire 20.55 La Force de l’amour. v.o., 85 min) &. Paris Première 19.54 Le Six Minutes, Météo. Bobby Roth. TMC 20.00 Journal, Météo, Point route. sous la Grande Halle de La villette. 22.50 Phantom 20.10 Une nounou d’enfer. Carte blanche à Zebda. France 3 1.00 Le Grillon dans le métro. Planète 22.15 Intime conviction. J. Lvoff. Festival 20.55 Envoyé spécial. of the Paradise aa Népal : enfances volées. 20.40 Le Six Minutes sur le siècle. 0.25 Vol de nuit. Le polar. TF 1 23.50 L’Amour assassin. Finance mondiale : la menace 20.55 J’embrasse pas a SPORTS EN DIRECT Elisabeth Rappeneau. Festival Brian De Palma (EU, 1974, v.o., 90 min) &. Canal Jimmy mafieuse. Dix questions sur le siècle. Film. André Téchiné. ?. DOCUMENTAIRES Post-scriptum : Le bogue de l’an 2000. 19.30 Football. Coupe de l’UEFA : SÉRIES 22.50 Murder aa 23.00 Baron vampire Lyon - Werder Brême suivi Alfred Hitchcock (GB, 1930, N., 23.00 Expression directe. Film. Mario Bava. ?. 19.30 Glenn Gould Extasis. Muzzik d’Arsenal-Nantes. Eurosport v.o., 95 min) &. 13ème Rue 23.10 Fargo aa 19.45 Les Meilleurs Moments des JO. 20.40 Julie Lescaut. Bal masqué. RTBF 1 23.00 Les Virtuoses aa Film. Joel Coen et Ethan Coen. ?. [7/10]. Rivalité sportive. Histoire DANSE 20.50 Navarro. Verdict %. TF 1 Mark Herman (GB, 1997, v.o., 0.50 Journal, Météo. 20.00 Les Grandes Expositions. 22.30 Le Caméléon. 105 min) &. Ciné Cinémas 3 RADIO Peinture allemande 20.00 La Nuit transfigurée. La pendule en carton. 23.10 Fargo aa FRANCE 3 à l’époque du romantisme. Planète Chorégraphie de Jiri Kylian. Servir et protéger (v.o.). Série Club Joel Coen et Ethan Coen (EU, 20.15 La Vie en feuilleton. Musique d’Arnold Schoenberg. Par 1.15 New York Police Blues. De quoi 1995, 100 min) ?. France 2 17.40 Le Kadox. FRANCE-CULTURE Je veux mon entreprise. [4/4]. Arte le Nerdelands Dans Theater. Mezzo je me mêle ? (v.o.). Canal Jimmy 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? 20.30 Décibels. Boris Godounov, 18.20 Questions pour un champion. un opéra d’une actualité brûlante ! 18.48 Un livre, un jour. 21.20 Expresso - Poésie sur parole. 18.55 Le 19-20 de l’info, Météo. Saadi Youssef. 20.05 Fa si la. 21.30 A voix nue. 20.35 Tout le sport, Consomag. 22.10 Carnet de notes. 20.55 City Hall a 22.30 Surpris par la nuit. L’autoroute. FRANCE 2 ODYSSÉE ARTE Film. Harold Becker. %. 22.50 Météo, Soir 3. FRANCE-MUSIQUES 20.55 Envoyé spécial 20.55 Laine des Alpes 23.50 Cyrano de Bergerac aa 23.20 Prise directe. « Dix questions sur le siècle » est la Une émission sur des « néo-ru- Tourné en 1922 par Augusto Geni- 0.35 Saga-Cités. Metropolitan Police. 20.00 A l’affiche. Avenue Kennedy : Radio France invite... l’Orchestre national formule retenue par le magazine- raux » dont le retour à la terre ne na, en noir et blanc, cette adapta- Bordeaux-Aquitaine, dir. Hans Graf, phare de France 2, « Envoyé spé- s’est pas traduit par un flop. Mais tion de l’œuvre d’Edmond Ros- CANAL + Etienne Péclard, violoncelle. cial », pour célébrer le passage au loin d’un énième reportage sur ce tand fut retravaillée en couleurs 22.30 Jazz, suivez le thème. 16.35 Restons groupés You Don’t Know What Love Is. prochain millénaire. Hitler, le thème, « Laine des Alpes » – déjà avec le procédé Pathé-Color avant Film. Jean-Paul Salomé. &. 23.00 Le Conversatoire. communisme, le vote des femmes, diffusé sur la Cinquième – montre d’être montrée à Paris trois ans f En clair jusqu’à 20.40 la bombe de Hiroshima, etc., for- des hommes et des femmes qui plus tard. Le génie et le dynamisme 18.20 Nulle part ailleurs. RADIO CLASSIQUE 23.50 Cyrano de Bergerac aa 20.40 Hors jeu ment un panorama de l’histoire de ont pensé leur idée d’importer le du montage, la mise en scène qui Augusto Genina. Film. Karim Dridi. %. 20.15 Les Soirées. Casse-Noisette, suite Avec Pierre Magnier, ces cent ans, sous forme de courts lama alpaga, la chèvre cachemire, avait épousé celle du théâtre, l’en- 22.10 Butcher Boy a op. 71a, de Tchaïkovski, dir. Herbert Linda Moglia (It., muet, 1925, von Karajan. 20.40 Festival Verbier. reportages illustrés d’archives, dif- etc., et qui ont bâti des filières per- chantement pictural des couleurs 115 min) &. Arte Film. Neil Jordan (v.o.) %. 23.55 Soir d’Europe. Avec le Quatuor Emerson. fusés chaque jeudi du 25 no- mettant notamment à un village et le jeu des acteurs font de ce film 0.30 La Peau aa 22.33 Symphonie no 7, de Mahler, par Liliana Cavani (It., 1981, 0.25 La Gorgone a l’Orchestre philharmonique de New vembre au 16 décembre. de revivre. un chef-d’œuvre. v.o., 130 min) ?. Cinétoile Film. Terence Fisher (v.o.) &. York, dir. Leonard Berstein.

VENDREDI 26 NOVEMBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

18.05 Cent ans de comédie. 20.59 Soirée spéciale blues. Muzzik 15.55 Les Pirates DÉBATS [1/2]. Ciné Cinémas TÉLÉVISION 21.00 Muddy Waters. Lors du Festival de la mode aa LA CINQUIÈME/ARTE 18.15 Télé notre histoire. de jazz à Montréal, en 1981. Muzzik William Dieterle (1934, v.o., 21.00 Le Rire, quelques secondes de [1/2]. Claude Santelli. Histoire 13.15 Leur vie au quotidien. 21.30 Rachmaninov. Avec Vladimir 85 min) &. Ciné Classics TF 1 bonheur en plus. Forum Planète 18.30 Créatures extraordinaires. Ashkenazy, piano. Mezzo 16.00 Key Largo aa 13.45 Le Journal de la santé. 14.05 Voyage. 22.00 Homosexuels, Les animaux portés disparus. TMC 22.20 Roméo et Juliette, de Tchaïkovski. John Huston (EU, 1948, N., 15.40 Sydney Police. le droit à l’indifférence. 19.05 Le Britannic, jumeau Par l’Orchestre symphonique 105 min) &. Cinétoile 16.40 Sunset Beach. 14.35 La Cinquième rencontre... Puberté et préadolescence. Invités : Dominique Fernandez ; Pierre oublié du Titanic. Odyssée de la Radio de Moscou, 16.15 Pulsions aa 17.30 Melrose Place. 16.00 Vive la retraite ! Gandonnière ; Christine Le Doare ; dir. Vladimir Fedosseiev. Mezzo Brian De Palma (Etats-Unis, 1980, 18.25 Exclusif. David Lelait ; Alex Taylor ; 19.15 Mémoires de France. 100 min) !. Cinéfaz 16.30 Alf. [11/12]. Mémoires de Picardie, 23.45 Pavarotti and Friends 19.05 Le Bigdil. Henri Plagnol. Forum Planète 17.00 Le Magazine ciné. 1910-1947. Histoire For War Child. Avec Eric Clapton ; 19.55 L’Air d’en rire. 23.00 Orphelins d’ailleurs, 17.30 100 % question. 20.15 Design. [1/4]. Le TGV. Arte Sheryl Crow ; Liftiba ; Elton John ; 20.00 Journal, Boom, Météo. recherchent parents Liza Minnelli ; Zucchero ; Ligabue ; 17.55 Côté Cinquième. 20.25 Les Grands Interprètes. 20.45 5 millions pour l’an 2000. The Kelly Family ; Jon Secada ; 18.30 Le Monde des animaux. désespérément... Forum Planète Jacques Février. Muzzik Joan Osborne. Paris Première 20.48 Trafic infos. 19.00 Tracks. 21.45 Yougoslavie, suicide 20.50 « Tout » Lara Fabian. 19.45 Météo, Arte info. MAGAZINES d’une nation européenne. THÉÂTRE 23.10 Sans aucun doute. [4/6]. Les portes de l’enfer : Le phénomène du discount. 20.15 Design. [1/4]. Le TGV. 14.35 La Cinquième rencontre... la Bosnie, 1992-1993. Histoire 20.30 La Répétition ou l’Amour puni. 1.00 Les Coups d’humour. 20.40 Le Véritable Amour de Goethe. Famille, école : 22.25 Qu’est-ce qui Pièce de Jean Anouilh. Mise en scène. Téléfilm. Egon Günther. Puberté et préadolescence. Bernard Murat. Festival 22.30 Grand format. Invité : Michel Vincent. La Cinquième nous fait rire ? Planète FRANCE 2 23.40 Spectacles vivants. Le Faiseur. Qui a peur des tziganes roumains ? 17.00 Les lumières du music-hall. 22.30 Grand format. Qui a peur Pièce de Balzac. Mise en scène. 15.00 Le Renard. 23.30 Où est la liberté ? aaa Les Frères Jacques. des tziganes roumains ? Arte François Sayad. France 3 Film. Roberto Rossellini (v.o.). Salvatore Adamo. Paris Première 22.50 Deep Purple, Come Hell 16.05 La Chance aux chansons. 18.20 Nulle part ailleurs. TÉLÉFILMS 17.15 Des chiffres et des lettres. M6 Invités : Arnold Schwarzenegger ; or High Water. Canal Jimmy 17.45 et 22.25 Un livre, des livres. Arsonists ; Bertrand Piccard ; 23.15 Les Grandes Expositions. 17.50 Cap des Pins. 13.35 Relation dangereuse. Mira Sorvino ; Lara Weller. Canal + Peinture allemande à l’époque 19.00 Une femme pour moi.

COLLECTION CHRISTOPHE L. Téléfilm. Martin Davidson %. du romantisme. Planète Arnaud Sélignac. Ciné Cinémas 18.20 Hartley, cœurs à vif. 19.00 Tracks. No respect : A Ikéa, la vie 15.15 La Belle et la Bête. en kit. Tribal : Techno Parade, l’esprit 23.45 Races. 20.40 Le Véritable Amour de Goethe. 19.40 Le Violent aa 19.10 1000 enfants vers l’an 2000. fusionnel. Vibration : Quand Au-delà des apparences. Planète Egon Günther. Arte Nicholas Ray. 19.15 Qui est qui ? 16.10 M comme musique. les machines rient. Clip : Moby, 23.45 Le Temps des cathédrales. 23.00 L’Embellie. Charlotte Silvera. Téva Avec Humphrey Bogart, 19.50 Un gars, une fille. 17.35 Les Bédés de M6 Kid. « Bodyrock ». Backstage : Gloria Grahame (Etats-Unis, 1949, N., 20.00 Journal, Météo, Point route. 18.25 Stargate SG-1. Djembemania. Future : Online World. [4/9]. La cathédrale, 0.35 Le Pantalon. Yves Boisset. Festival v.o., 90 min) &. Cinétoile Live : Novo Navis. Arte la ville, l’école. Histoire 20.55 Maigret. 19.15 Unisexe. 19.30 Rive droite, 0.30 A la redécouverte du monde. COURTS MÉTRAGES Un meurtre de première classe. 19.50 La sécurité sort... Indonésie :Le Cœur de la mer. TMC 22.30 Bouche à oreille. 19.54 Le Six Minutes, Météo. rive gauche. Best of. Paris Première 22.35 Bouillon de culture. 0.35 L’Aventure spatiale 0.25 Histoires courtes. Marée haute. 20.10 Une nounou d’enfer. 20.50 Thalassa. Escale en Sibérie. France 3 Destins croisés. soviétique. Planète Caroline Champetier. Mécréant. 20.40 Politiquement rock. 20.55 Nos meilleurs souvenirs. Louis-Do de Lencquesaing. France 2 0.00 Journal, Météo. 20.55 Nos meilleurs souvenirs. Special sexy. M6 SPORTS EN DIRECT 0.25 Histoires courtes. Spécial sexy. 21.00 Recto Verso. SÉRIES 0.50 Millennium. 22.55 X-Files, l’intégrale. Jamel Debbouze. Paris Première 14.00 et 19.30 Tennis. Malédiction % ; La règle du jeu. ?. 21.05 Top bab. Masters messieurs (4e jour). Eurosport 20.20 Happy Days. FRANCE 3 0.40 Chapeau melon et bottes de cuir. Invité : David Hallyday. Canal Jimmy C’était les années folles. Série Club 17.30 Basket-ball. Match amical. 21.10 et 0.10 LCA, la culture aussi. Lituanie - France. Pathé Sport 20.45 Stargate SG-1. Une dimension 14.45 Marilyn et moi. Les spectacles. LCI trop réelle. Série Club Téléfilm. John Patterson. RADIO 21.30 Boxe. 16.20 Les Zinzins de l’espace. 21.30 L’Invité de PLS. LCI 20.50 First Wave. Hypnose. 13ème RUE Championnat de France. Poids lourds. 16.35 Les Minikeums. 22.15 Faut pas rêver. Kingbo - Ramon. Pathé Sport 21.30 Au-delà du réel, 17.40 Le Kadox. FRANCE-CULTURE Brésil : Le tramway de Rio. France : Les l’aventure continue. guides-bateliers de Padirac. Mongolie : DANSE 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? Les enfants des rues. Invité : Djamel Anniversaire de mariage. Série Club La thalassothérapie. 20.30 Black & Blue. Bali. France 3 21.30 La Planète des singes. COLLECTION CHRISTOPHE L. 18.20 Questions pour un champion. Invité : Georges Paczynski. 20.50 Pulcinella. Ballet. Chorégraphie ème 21.20 Expresso, Poésie sur parole. 22.35 Bouillon de culture. Les gladiateurs. 13 RUE 20.30 Une incroyable histoire a 18.48 Un livre, un jour. de Nils Christe d’après L Massine. 21.30 A voix nue. Destins croisés. Invités : Dominique Musique de Stravinsky. Par le ballet 22.15 Le Damné. Ted Tetzlaff. Avec Bobby Driscoll, 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. Desanti ; Jean-Toussaint Desanti ; Episode pilote (v.o.). Série Club Paul Stewart (Etats-Unis, 1949, N., 22.10 Carnet de notes. Scapino. L’Orchestre symphonique de 20.05 Fa si la. Michel et Bruno Papet. France 2 Londres, dir. Claudio Abbado. Mezzo v.o., 80 min) &. Ciné Classics 22.30 Surpris par la Nuit. 22.30 I Love Lucy. 20.35 Tout le sport. 23.10 Sans aucun doute. The Quiz Show (v.o.). Téva 21.00 Les Virtuoses aa 0.00 Du jour au lendemain. 20.50 Thalassa. Escale en Sibérie. Le phénomène du discount. TF 1 MUSIQUE 22.55 X-Files, l’intégrale. Malédiction. %. Mark Herman (Grande-Bretagne, 23.25 Noms de dieux. La règle du jeu. ?. M6 1997, 105 min) &. Ciné Cinémas 2 22.15 Faut pas rêver. FRANCE-MUSIQUES 23.15 Météo, Soir 3. Invitée : Lise Thiry. RTBF 1 18.00 Dexter Gordon Quartet. 22.55 Les Prédateurs. Aspiration. %. 21.00 Les Conquérants Avec George Cables, piano ; Justice sur Terre. ?. 13ème RUE d’un nouveau monde aa 23.40 Le Faiseur. Pièce de Balzac. 18.00 Le jazz est un roman. DOCUMENTAIRES Rufus Reid, contrebasse ; Cecil B. DeMille (EU, 1947, Invitée : Nathalie Loriers. Eddie Gladden, batterie. Muzzik 23.00 La Quatrième Dimension. Un monde différent. Longue vie Walter v.o., 145 min) &. Ciné Cinémas 3 CANAL + 19.07 A côté de la plaque. 17.25 Un siècle pour le meilleur 19.30 Don Quichotte, de Strauss. Avec Jameson ! Série Club 21.10 La Comtesse Festival des 38e Rugissants. et pour le pire. [3/13]. Planète Mstislav Rostropovitch, violoncelle ; 0.20 Les Soprano. Isabella. Canal Jimmy aux pieds nus aaa 15.50 Portrait d’Emir Kusturica. 20.05 Concert franco-allemand. Ulrich Koch, alto. Par l’Orchestre Joseph L. Mankiewicz (EU, 1954, 16.05 Maman je m’occupe Par l’Orchestre symphonique 17.35 Tueurs en série. William Heiren, le philharmonique de Berlin, 0.35 Serpico. Chacun doit v.o., 125 min) &. Cinétoile de la Radio de Francfort, dir. Eiji Oue. tueur au rouge à lèvres. Odyssée dir. Herbert von Karajan. Mezzo payer ses dettes. 13ème RUE des méchants 22.25 Au-delà des lois aa Film. Raja Gosnell. 22.30 Alla breve. John Schlesinger (Etats-Unis, 1995, f En clair jusqu’à 21.00 22.45 Jazz-Club. Sheila Jordan, 100 min) ?. TSR chant et Steve Kuhn, piano. 17.45 C’est ouvert le samedi. 22.45 Tandem aa Patrice Leconte (France, 1986, 18.15 Flash infos. RADIO CLASSIQUE 90 min) &. Ciné Cinémas 2 18.20 Nulle part ailleurs. 23.25 Edward 20.30 Allons au cinéma ce week-end. 20.15 Les Soirées. Quintette avec guitare no 4 G 448, de Boccherini. ARTE PLANÈTE CINÉ CLASSICS aux mains d’argent aaa 21.00 Jackie Chan dans le Bronx a Tim Burton (Etats-Unis, 1990, Film. Stanley Tong %. 20.40 La Jeunesse de Haendel. 20.15 Design 20.30 Titicut Follies 20.30 Une incroyable histoire a v.o., 100 min) &. Ciné Cinémas 3 22.25 Restons groupés 22.40 Hommage à Alfredo Kraus. Film. Jean-Paul Salomé &. Rigoletto. Opéra de Verdi. Par le Chœur Nouvelle série de la chaîne cultu- Premier film du grand documenta- Adapté d’une nouvelle de William 23.30 Où est la liberté ? aaa et l’Orchestre du Mai musical florentin, relle, « Design » ambitionne de riste Frederick Wiseman, Titicut Roberto Rossellini (It., 1952, N., 0.05 Bowie, live à NPA. dir. G. Gavazzeni, Ettore Bastiani Irish, ce film noir et inquiétant a v.o., 90 min) &. Arte 0.40 South Park. %. (Rigoletto), Alfredo Krauss (le duc). montrer des objets dans leur follies fut interdit pendant un quart été réalisé par un ancien opérateur 0.25 Voyage époque, symboliques d’une évolu- de siècle par l’Etat du Massachu- d’Alfred Hitchcock. C’est une ex- au bout de l’enfer aaa tion politico-sociale et des modifi- setts. La façon dont étaient traités Michael Cimino (Etats-Unis, 1978, SIGNIFICATION DES SYMBOLES cellente série B policière, qui prend v.o., 175 min) ?. Ciné Cinémas 1 cation des mentalités. Le TGV, la les malades mentaux incarcérés à pour héros principal un jeune gar- 0.55 Les Professionnels aa Les codes du CSA Les cotes des films montre Swatch, la Vespa ou en- Bridgewater avait de quoi marquer Richard Brooks (Etats-Unis, 1966, & Tous publics a On peut voir çon un peu mythomane qui se 115 min) &. Cinétoile core le « lounge chair », etc., sont les spectateurs. Un document % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer trouve mêlé à un meurtre. Bobby 1.45 Alice ou la dernière fugue aa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique quelques-uns des sujets traités par exemplaire pour une cause, celle Claude Chabrol (France, 1976, Driscoll (douze ans) reçut un Oscar 95 min) &. Canal + ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + ces documentaires où les objets de la défense des conditions de vie ! Public adulte DD Dernière diffusion gardent la marque originelle de la de prisonniers, qui ne l’est pas spécial pour son interprétation. En 1.55 Les Incorruptibles aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Brian De Palma (Etats-Unis, 1987, # créativité humaine. moins. v.o. v.o., 115 min) %. Cinéfaz Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ2611--0034-0 WAS LMQ2611-34 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 10:15 S.: 111,06-Cmp.:25,10, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 2076 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 Julien Dray se défend d’avoir perçu La peine de mort Miroir brisé par Pierre Georges contre Abdullah IL SE POURRAIT que l’univers Schiffer, de sérieuses références, de l’« argent occulte » de la MNEF glamour du papier glacé en sorte non ? tout chiffonné. Et que les rêves Car le monde, du moins celui Öcalan confirmée ordinaires de jeunes filles dégui- du Nord, est ainsi fait qu’au- sées en top models – comme tu jourd’hui les stars universelles Son nom est cité par un avocat mis en examen dans l’affaire en cassation as un joli minois, mon enfant et sont plutôt top models qu’ac- de si parfaites mensurations ! – trices de cinéma. Etre Naomi ou INDIRECTEMENT mis en député socialiste dans ce dossier, d’EFIC. Jeudi matin 25 no- ANKARA. La Cour de cassation en prennent un sale coup. Claudia, voilà bien à quoi rêvent cause par un avocat mis en exa- qui vaut à l’ancien dirigeant de la vembre, Julien Dray nous a assu- turque a confirmé jeudi 25 no- On ne l’a pas vu, mais on l’a lu nombre de jeunes filles du temps men dans l’affaire de la MNEF, le mutuelle d’être mis en examen et ré qu’il ne connaît « ni Claude vembre à Ankara la sentence de tant l’affaire fait du bruit : la BBC et, pour elles, nombre de fa- député (PS) de l’Essonne Julien écroué, depuis le 29 octobre, Duval ni Bruno Pelletier », tout en mort rendue le 29 juin contre le vient de diffuser un film-docu- milles de jeunes filles du temps. Dray a affirmé, dans le Parisien pour « détournements de fonds précisant avoir « de la sympathie chef rebelle kurde Abdullah Öca- mentaire, paraît-il, accablant C’est ainsi, et qu’importe le juge- du 25 novembre, que ni lui- publics, complicité et recel, des- pour Olivier Spithakis », avec qui lan, chef du Parti des travailleurs pour certaines pratiques et cer- ment que l’on peut porter sur même ni SOS-Racisme n’avaient truction de preuves, faux et usage il assure avoir toujours eu des du Kurdistan (PKK) pour trahison taines mœurs en vogue, c’est cette échelle des valeurs et célé- « jamais reçu d’argent occulte, de faux ». relations « régulières ». Il admet et séparatisme. La juridiction a es- tout à fait le mot, dans la plus brités, Elite était et reste réputée, sale ou liquide d’Olivier Spithakis S’agissant de ses interventions que le dirigeant de la MNEF lui a timé que le procès du chef kurde grande agence mondiale de répétons-le, pour la qualité de [directeur général de la mutulle en faveur de M. Spithakis, « prêté de l’argent, par le biais de avait été équitable. Cette confir- mannequins, Elite. son savoir-recruter, de son sa- entre 1983 et 1998] ou de qui que Me Duval a admis, lors de son in- chèque provenant de son compte mation, attendue, ne scelle toute- Elite, c’est, assurent les spécia- voir-faire et de son savoir- ce soit ». Le nom de Julien Dray a terrogatoire, avoir ouvert un personnel », au milieu de l’année fois pas son sort. listes, le top du top, la crème de vendre. été cité par Me Claude Duval, compte à la banque Kansallis, au 1997. L’affaire va maintenant être la crème. Une vraie multinatio- Et voici donc qu’un journaliste avocat de la société EFIC (l’en- Luxembourg, en 1991, sous le Le député socialiste ajoute transmise, après certaines formali- nale du glamour. La plus célèbre de la BBC déguisé en photo- treprise de courtage en imprime- nom de code « Zorba ». Il a assu- avoir depuis remboursé ce prêt à tés, à la Cour européenne des écurie de courses à la belle, graphe de mode, comme loup rie travaillant avec la MNEF) ré avoir agi pour rendre service M. Spithakis « en toute transpa- droits de l’Homme, qui ne devrait comme déjà une marque de fa- vêtu en grand-mère, a réussi entre 1990 et 1993, interrogé le au directeur de la MNEF et en rence », au début de 1998, « inté- pas se prononcer avant au moins brique. Elite recrute, sélectionne, avec une « complice » assez ac- 8 novembre dans l’enquête judi- étant convaincu qu’il s’agissait rêts compris », lors d’une tran- 18 mois. L’application de la peine organise des concours dans le corte pour passer le cap de la sé- ciaire sur les dérives de la MNEF. de ses économies personnelles. saction opérée entre leurs de mort pourrait compromettre monde entier, à la poursuite per- lection, à s’infiltrer dans les cou- En fait, Me Duval s’est conten- avocats respectifs. Le parlemen- les chances d’Ankara d’adhérer ra- pétuelle du diamant juvénile. Au lisses du miroir aux top models. té de rapporter les propos que « ZORBA » taire soutient qu’il n’y aurait pidement à l’Union européenne. grand magasin de la mondialisa- Que muni, d’une caméra cachée lui aurait tenus une tierce per- L’avocat a aussi reconnu avoir « aucun rapport » entre les mal- Le PKK avait déclenché en 1984 tion, cette organisation réputée et de micro-magnétophones, il a sonne, Bruno Pelletier, directeur transféré des fonds, au prin- versations apparues dans l’af- une insurrection armée pour ob- sérieuse, efficace, et prestigieuse, enquêté à Londres, Milan, Nice, d’EFIC, selon lesquels le système temps 1992, vers le compte faire de la MNEF, le rôle de tenir l’indépendance du Sud-Est tient le rayon du beau. Moscou, Paris et enregistré pen- de fausses factures mis en place « Zorba », après un premier Me Duval auprès de M. Spithakis anatolien, mais il a ultérieurement Etre recrutée par Elite c’est un dant un an, car la BBC ne re- dans cette société au profit de la transit par le compte d’un autre entre 1990 et 1993, et ce prêt de réduit ses ambitions à l’autono- exploit et une référence, la fin garde pas à la dépense. Qu’il a MNEF aurait bénéficié à M. Spi- de ses clients à Monaco. Défen- 1997. « On essaie de me rattacher, mie, puis, depuis la capture de son d’un vrai parcours de la postu- pu et su gagner la confiance de thakis et à ses amis, dont Julien du par Me Frédérique Pons, sans aucune preuve et par un petit chef au Kenya par les services se- lante ! C’est grimper déjà sur le quelques sagouins du milieu. Et Dray. l’avocat a été mis en examen, le fil, à des opérations auxquelles je crets turcs, à de simples droits marchepied parfumé citrouille qu’il en a tiré un document acca- Aucune procédure judiciaire 9 novembre, pour recel d’abus n’ai pas participé », considère culturels pour les Kurdes de Tur- du rêve de carrosse. C’est faire blant, non pas pour l’Agence en n’a été diligentée à l’encontre du de biens sociaux au préjudice M. Dray. quie. – (AFP.) son entrée non seulement dans son entier, mais pour quelques le monde de la mode ou la mode cadres de chez Elite ou d’une du monde, mais aussi au cata- autre agence, Marilyn. logue le plus fermé et le plus Racisme, drogue, chantage à la connu. sélection canapé, pratiques s’ap- La beauté ne se mange pas en parentant au plus vulgaire des salade mais il peut arriver qu’elle proxénétismes, bref le reportage s’étale en tartines de catalogue. montre un certain envers du dé- Et Elite dispose du plus grand ca- cor où les chaperons rouges, talogue du monde, sans cesse re- souvent mineures, sont croquées nouvelé, puisque ainsi le veut la à la chaîne par de bien sinistres dure loi du vieillissement et de la pères-grands. Et déjà le docu- réforme. 2 500 mannequins en ment provoque un énorme scan- rayon, donc, et des plus célèbres, dale dans les agences et revues l’élite de chez Elite précisément. de mode qui ne rient guère de se Naomi Campbell ou Claudia voir si laides, en ce miroir. L’exploitation du recensement a six mois de retard GRÂCE au recensement ache- sable de la maîtrise d’œuvre du vé en avril, les Français savent consortium. « Il y a deux phases depuis le 6 juillet qu’ils sont d’exploitation des données. La pre- 60 082 000. Mais pour le moment mière est socio-démographique. l’Institut national de la statis- Elle concerne la lecture des infor- tique et des études économiques mations pré-codées. Ses résultats (Insee) est incapable d’en dire devraient nous parvenir d’ici à plus. Dans combien de pièces ha- juin 2000. La deuxième phase bitent-ils ? Où travaillent-ils, concerne les données socio-écono- comment se déplacent-ils ? Ces miques. C’est en fait l’exploitation questions auxquelles l’Insee de- lourde du recensement. Elle de- vait répondre dans les prochaines vrait nous être restituée de mai à semaines ne seront résolues que septembre 2000 », estime Alain vers septembre 2000. L’Insee n’y Viénot, responsable de ce projet est pour rien. C’est le consortium au département informatique de formé par Bull et La Poste qui a l’Insee. pris du retard dans l’exploitation des données. La conception du CONSÉQUENCES FINANCIÈRES logiciel chargé de l’exploitation Ce retard aura des consé- des 90 millions de question- quences financières pour le naires se révèle beaucoup plus consortium La Poste-Bull. Le délicate que prévu. Bien que La contrat initial portait sur 180 mil- Poste maîtrise la lecture optique lions de francs. Mais des pénali- des documents, la transforma- tés – « non négligeables » selon tion des questionnaires-papier l’Insee – lui seront infligées. en images numériques pose d’im- L’institut estime à 2 millions de portants problèmes techniques. francs le coût de la main-d’œuvre « Nous devions terminer la nécessaire au dépouillement ma- phase de préparation des moyens nuel d’une partie des question- le 25 mai 1999 et fournir l’en- naires. Surtout, l’institut vend semble des images numériques à une partie des résultats aux en- l’Insee avant le 25 mai 2000. En treprises. Le retard de cette ex- fait, nous finissons cette semaine la ploitation commerciale sera pris phase de préparation . Nous avons en charge par le consortium. donc six mois de retard », re- connaît Xavier Terrasse, respon- Frédéric Lemaître

DÉPÊCHES a AUDIOVISUEL : seuls certains programmes de Radio France étaient encore perturbés, jeudi 25 novembre, après neuf jours de conflit. La quasi-totalité des 38 radios locales fonctionnent normale- ment, mais France Inter, France Info, France Musiques et France Culture sont toujours perturbées par des arrêts de travail. Dans chacune des sociétés de l’audiovisuel public, les négociations en vue d’un accord sur la réduction du temps de travail se pour- suivent. A France Télévision, la diffusion des programmes est nor- male. a MODE : des pratiques de la célèbre agence de mannequins Elite ont été mises en cause par la BBC dans un documentaire dif- fusé mardi 23 novembre. L’enquête du journaliste Donald McIntyre, réalisée en caméra cachée, met en exergue l’exploitation sexuelle d’apprenties mannequins, dont certaines sont mineures, par des di- rigeants de l’agence. Créée en 1969 à Paris par le Français Alain Kittler, Elite est devenu le numéro un mondial du secteur. (lire la chronique de Pierre Georges ci-dessus)

Tirage du Monde daté jeudi 25 novembre 1999 : 484 078 exemplaires. 1 – 3 LeMonde Job: WIV4799--0001-0 WAS LIV4799-1 Op.: XX Rev.: 24-11-99 T.: 20:16 S.: 111,06-Cmp.:25,08, Base : LMQPAG 40Fap: 100 No: 1771 Lcp: 700 CMYK

VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999

A CORPS PERDU BERLIN La Chronique Tour d’horizon de Roger-Pol Droit des différentes publications page VI à l’occasion du dixième anniversaire de la chute du mur LOUIS SÉBASTIEN MERCIER NABOKOV PHILIPPE BEAUSSANT page VIII JUNG Le Feuilleton de Pierre Lepape page II page III page V page XI

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Les plaies d’Egypte crise cardiaque. J’étais paralysé de sibles ». Littérature triviale, Egypte, et la suppression du neur » en arabe, dénonce l’aveu- Enfermé à vingt ans terreur. Je ne savais pas comment grossière, vulgaire, jugeront cer- « contrôle préalable », la censure glement d’un pays qui n’a jamais parler. C’est alors que j’ai décidé de tains ? « Pourquoi faudrait-il ne s’exerce en priorité sur l’audiovi- su mettre son honneur là où il fal- dans les geôles consacrer ma vie à l’écriture. Pour parler que de la beauté des fleurs suel. Accusé de « fouiller dans les lait : sous Nasser, l’honneur su- témoigner, dire ce que la presse et quand les rues sont pleines d’excré- poubelles », Sonallah Ibrahim n’en prême fut d’être capable de pro- de Nasser, et jadis la littérature de l’époque taisaient. ments, que les égouts débordent ? est pas moins traqué par quelques duire, aujourd’hui, c’est une Par exemple la violence qui régnait Mes anciens brouillons suintaient intellectuels nostalgiques d’une capacité à consommer. Dans ce victime de la censure, e rituel matinal d’un en prison. Tous les soirs, les gar- d’ennui. Je devais peindre la lai- « littérature radieuse », qui s’en pays livré corps et âme au capita- Sonallah Ibrahim homme ordinaire, au Caire, diens venaient chercher un ado- deur des délits, tels que frapper à prennent à sa technique du col- lisme sauvage, proie de la tenta- commenceL par la toilette du lescent et l’emmenaient chez les mort un individu sans défense, in- lage (sa façon d’insérer le docu- tion des annonces publicitaires et corps, très savonné, se poursuit grands criminels, où le gamin était troduire une pompe à air dans son ment dans la trame du récit, des images occidentales, l’indivi- ose dépeindre l’enfer par une descente dans le fourbis violé. » anus, et un fil électrique dans son comme une pièce à conviction), et du « croit défendre son honneur en de la rue, l’achat des journaux, La prison, le viol : ces deux urètre. » l’accusent de plagiat pour avoir défendant son cul alors qu’il est des prisons une petite promenade en tram- étapes de l’outrage imposé à un Ainsi naquit Cette odeur-là, écrit utilisé dans Charaf des témoi- violé depuis des décennies par une way, où l’on admire une peau en 1966, que des fonction- gnages sur l’enfer de l’univers car- tradition familiale qui forme des égyptiennes et mêler brune, où l’on respire le parfum Jean-Luc Douin naires zélés portèrent au céral. Cette campagne n’a pas em- petits tyrans, violé par le système d’une femme, chaviré par cette plus vite chez Nasser pêché l’écrivain d’obtenir le prix qui le réduit à hurler de vaines pro- témoignages odeur-là. Ce peut être aussi un être humain constituent les « pour lui montrer à quel niveau de du meilleur roman de l’année à la clamations depuis sa cellule disci- cliquetis de chaînes et de clés, des thèmes majeurs d’une œuvre qui décadence étaient tombés les Foire du livre du Caire en 1998. plinaire. Mon héros a été violé plus ou extraits de presse coups frappés contre le mur, une ose pointer un doigt dénonciateur communistes ». Le livre, qui dé- Charaf, nom d’un jeune Egyp- tôt qu’il ne le croit, dans sa porte cadenassée qui s’ouvre, des sur les plaies d’Egypte. A une peint les premières journées tien accusé d’avoir tué, en état de conscience, sa manière d’être, son à des trames yeux durs qui vous fixent, « vos époque où les médias hostiles au d’homme libre d’un ancien déte- légitime défense, un Anglais qui identité. Le viol, oui, a une dimen- oreilles martelées par des voix ra- régime diffusaient des textes de nu, et évoque la torture, la misère tentait d’abuser de lui, est un pa- sion symbolique. Les grandes puis- romanesques pides, sèches, impitoyables », la Beckett, Ionesco ou Dürrenmatt, sexuelle, la détresse morale du ci- norama des mille et une histoires sances, les multinationales, la do- porte qui se referme, le plafond où Naguib Mahfouz, « délaissant toyen, fait scandale. Il restera in- rythmant la vie en Egypte. Le mination américaine, l’infligent qui dénoncent bas. « Pas d’échappatoire. » l’écriture balzacienne, propulsait terdit jusqu’en 1986 (1). Révéla- livre, foisonnant d’anecdotes, chaque jour à l’Egypte ». L’odeur qui vous imprègne est d’un coup l’écriture romanesque tion d’un univers proche de montre la prison comme un mi- le viol permanent celle des WC. arabe au cœur de son siècle », So- L’Etranger de Camus, où les crocosme de la société : on y re- (1) Publié chez Actes Sud en 1965, Pendant cinq ans, de 1959 à nallah Ibrahim parie sur l’efficaci- hommes et les femmes vivotent trouve la même pourriture ali- épuisé, il est en passe d’être de ses contemporains 1964, Sonallah Ibrahim fut té de nouvelles techniques narra- dans l’attente du grand frisson, mentaire, la même hiérarchie réimprimé. condamné à la liturgie puante de tives. Il abandonne son projet voient leur visage se couvrir entre piétaille et nantis, les (2) Actes Sud, 1992. la geôle : emprisonné par Nasser initial (un roman sur son en- d’« un voile de tristesse », s’al- mêmes caïds et les mêmes indics, (3) Actes Sud, 1993. avec quelques autres militants de fance), rejette « l’emphase tradi- longent sur un lit, se tournent la même corruption, les mêmes gauche, subitement suspects. Il tionnelle de la rhétorique arabe », face au mur, s’endorment, se ré- trafics, les mêmes problèmes CHARAF OU L’HONNEUR avait vingt ans. « Mon compagnon opte pour le style de ces journaux veillent fatigués, terrorisés par la sexuels, le même endoctrinement (Charaf) de cellule, qui était l’un des respon- intimes qu’il noircissait chaque mère et par les contrôles policiers. des barbus qui règnent à l’étage de Sonallah Ibrahim. sables du parti, est mort sous mes soir, dans sa cellule, dédaigne la Sonallah Ibrahim frôle le cau- du haut, diffusent prières et ho- Traduit de l’arabe (Egypte) yeux à la suite des tortures qu’on peinture factice des beaux senti- chemar kafkaïen avec Le Comité, mélies, oscillent entre les thèses par Richard Jacquemond, nous infligeait. On m’a demandé de ments pour dépeindre cette «lai- récit des surveillances, humilia- des Frères musulmans et celles du Actes Sud/Sindbad, 350 p., dire qu’il avait succombé à une deur qui offusque les âmes sen- tions et castration imposées à un Jihad. Charaf, qui signifie « hon- 149 F (22,71 ¤). indomptable traduit devant un tribunal répressif. Le héros ruse et trouve le salut chez quelques mu- siciens : « César Franck, la splen- deur du doute qui laisse place au bonheur de la certitude ; Carl Orff, explosion de lutte et de vitalité ; Beethoven, la joie et la victoire sur la douleur ; Chostakovitch, la déri- sion. (2) ». Cette liberté nouvelle avec la- quelle les écrivains de sa généra- tion (Gamal Ghitany, Edouard Al- Kharrat et quelques autres) portent désormais leur regard sur la réalité égyptienne stimule chez Sonallah Ibrahim une veine roma- nesque alliant la fresque cruelle et drolatique à la chronique truffée de faits divers, de citations gla- nées dans la presse. Il signe avec Les Années de Zeth un pamphlet rocambolesque retraçant les grandes illusions et les immenses désespérances des cinquante der- nières années, du culte de la consommation à l’adoption du voile islamique, de l’invasion des nouveaux riches, canailles arro- gantes, financiers corrompus et moutons du mirage capitaliste aux exactions des administra- tions, dérégulations sociales pro- voquées par les soubresauts économiques et politiques. Cette inénarrable épopée caricature Sa- date en poseur de carreaux de cé- ramique incapable de tenir ses promesses, l’Egypte comme un immeuble insalubre squatté par des chats qui font exploser les sacs à ordures, et l’héroïne comme une plantureuse Bovary tourmentée par une morale étroite, une religion tatillonne, des voisins jaloux, mesquins, hy- pocrites (3).

DENIS DAILLEUX POUR «DENIS DAILLEUX LE MONDE » Depuis le recul du lectorat en LeMonde Job: WIV4799--0002-0 WAS LIV4799-2 Op.: XX Rev.: 24-11-99 T.: 19:21 S.: 111,06-Cmp.:25,08, Base : LMQPAG 40Fap: 100 No: 1772 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 le feuilleton

de Pierre Lepape b la paix universelle. C’est sa manière à lui – c’était aussi MON BONNET DE NUIT, suivi de DU THÉÂTRE celle de Diderot – de conjuguer les exigences de la rai- de Louis Sébastien Mercier. son et la puissance de l’imagination ; c’est aussi le Edition dirigée par Jean-Claude Bonnet, moyen de libérer sa prose. Le Mercure de France, Mercier renâcle contre les corsets dont les professeurs 2056 p., 490 F (74,70 ¤) de maintien ont sanglé la langue française. Il se révolte jusqu’au 31/12/99, puis 530 F (80,79 ¤). contre la tradition classique et ses règlements. Sans doute est-il le premier à écrire que Racine et ses beaux L’AN 2440 Un écrivain vers l’agacent et que ses successeurs, Voltaire mis à part, de Louis Sébastien Mercier. le font rire en voulant le faire pleurer. A propos d’Andro- Introduction et notes de Christian Cave maque, il ose parler de « partie carrée » et il se moque et Christine Marcandier-Colard, de ces Français déguisés en Grecs qui remplacent «les La Découverte, 376 p., 89 F (13,56 ¤). mouvements impétueux de la passion, son délire, ses fu- comme tout le monde reurs » par « une douleur discrète, des emportements ré- l y a pire pour un écrivain que d’être méconnu, fléchis, des gémissements cadencés et une bienséance hé- c’est d’être connu par ouï-dire. Le nom de Louis roïques ». Exit les tragédies en vers, si peu « naturelles ». Sébastien Mercier figure dans toutes les histoires Mais c’est à la langue qu’il en a, à la manière dont elle de la littérature. Son Tableau de Paris est une ré- rétrécit les émotions et se refuse au partage social. Mer- férenceI dès qu’on évoque la capitale à la veille de la Ré- cier voudrait écrire une langue française qui rassemble, volution. Mais sitôt qu’on parle de lui, c’est, sauf excep- qui transcende les différences sociales, qui produise des tions rares, pour le classer parmi ces choses curieuses et « On a écrit ce qu’on a voulu sans gêne si faire se peut le mouvement même de la vie, le caprice émotions semblables chez le boutiquier et chez l’aristo- bizarres dont il suffit de connaître l’existence vague- de ses pensées, le jaillissement de ses intuitions, la cou- crate. Une langue républicaine. Il est même prêt pour ment monstrueuse. C’est un polygraphe, à la manière de et sans réserve. Après cela, le public leur de ses humeurs, le trouble de son époque. Il est son cela à sacrifier sa propre fonction d’écrivain, à se dis- son compagnon d’infortune, Restif de La Bretonne ; un livre, sans cesse repris, semblable et différent. soudre dans le « peuple-auteur » : tous écrivains ! extravagant, un forçat de la plume. prononce comme il l’entend. Chacun a Et pour que le portrait soit plus juste et plus fidèle, il « Vous tous qui m’écoutez, qui me lisez, vous êtes tous au- Les meilleures références littéraires n’y peuvent rien. en fait un livre nocturne. Au-delà de la provocation du teurs puisque vous pensez, puisque vous parlez ; faites votre On a beau savoir que Goethe l’admirait, que Baudelaire, été libre ; chacun peut compter sa titre, du choix d’un objet vaguement ridicule et bour- langue, faites votre style, créez et prononcez, prononcez et en 1862, préparait sur lui « un gros travail » et le trouvait geois pour servir d’enseigne à une œuvre d’art, Mon créez. Elevez-vous au-dessus de tout ce qu’on vous a dit ; « merveilleux », que Hugo et Michelet s’inspirèrent de jouissance. Qu’il est doux, la tête sur bonnet de nuit fait clairement appel à une activité litté- regardez en vous-mêmes, et ces prétendus beaux génies lui, sans trop oser l’avouer, ces gages ne résistent pas à raire qui tourne le dos aux certitudes et aux règles de la deviendront bien petits. Je crois voir des impotents qui re- la plus cruelle et la plus efficace des censures, celle du l’oreiller, de se dire : j’ai rempli ma vie diurne. Plus d’obligation, plus de sanction, plus de gardent avec admiration une troupe de danseurs. Levez- « bon goût ». Mercier n’est du bon goût de personne, ni séparation nette entre la réalité et les chimères, entre le vous ! Vous danserez comme eux. » des raffinés ni des violents, ni des libertins ni des ver- vocation » souci de vérité et l’imagination. Les contours s’es- tueux. Il est toujours à contre-temps et à contre-cou- tompent, les rêveries se mêlent aux pensées, les unes ali- ercier n’est pas un utopiste ; ses rêves ne rant, sans pour autant tirer les bénéfices symboliques Louis Sébastien Mercier mentant les autres, « on écrit abondamment et non sans sont pas des chimères, mais des pro- qui s’attachent à la marge et à l’hérésie. Il est républicain volupté ». Pendant le jour, l’écrivain se doit à ses lec- grammes d’action. En quelques années, la lorsque chacun professe encore d’adorer le roi, mais, dé- teurs, il doit faire œuvre utile, montrer, enseigner, distin- Révolution française, bien réelle, va puté de la Convention, il refuse de voter la mort de de préromantique que l’on colle à la va-vite sur Mercier guer ce qu’il croit être le vrai du faux. Avec la nuit, l’écri- mettreM en pratique des rêveries bien plus invraisem- Louis XVI. La Révolution manque de lui coûter la vie, ne représentait rien ; qu’une incapacité à comprendre. vain cessant d’être citoyen ne doit plus rien à personne blables que les siennes. L’an 2440, publié en 1786, se mais il lui reste fidèle au point de snober Bonaparte. Ses Mercier n’est pas plus « pré » que « post » ; il est l’écri- sinon à son propre plaisir ; il est libre, enfin, désocialisé : donne pour sous-titre, « rêve s’il en fut jamais ». Le livre livres lui valent une flatteuse réputation, mais il la vain de ce moment du XVIIIe siècle, bien décrit par Ro- « On a écrit ce qu’on a voulu sans gêne et sans réserve. raconte comment l’auteur se réveille un matin, sept compromet sans hésiter dès que la situation exige des bert Darnton (2), où le mouvement des Lumières Après cela, le public prononce comme il l’entend. Chacun siècles plus tard, dans un Paris transformé. C’est un Ta- journalistes. Il vit à une époque où l’on sacre les écri- semble se retourner contre lui-même, où le culte de la a été libre ; chacun peut compter sa jouissance. Qu’il est bleau de Paris du futur où le nouveau est toujours vains, où l’on couronne le génie et il se refuse à toute raison se prolonge en mystique scientiste, où l’explora- doux, la tête sur l’oreiller, de se dire : j’ai rempli ma voca- comparé à l’ancien, c’est-à-dire au présent. Plus qu’un posture, à toute glorification : il fait, dit-il, son métier, et tion de la nature se change en exaltation de ses mys- tion. » ouvrage de science-fiction, c’est une œuvre d’anticipa- cela lui suffit. Comment peut-on être aussi bourgeois ? tères. Le moment où les adeptes des Lumières de- tion. Ce n’est pas la ville rêvée qui intéresse Mercier, Bref, Mercier n’a que ce qu’il mérite. C’est un travail- viennent des illuminés. Mercier n’est pas un oilà donc Mercier tel qu’en lui-même, entre mais la ville telle qu’elle pourrait être si l’on se décidait leur indépendant de la littérature, un original de l’artisa- post-rationaliste ou un préromantique. Il est en même chien et loup, conversant seul avec le bout de enfin à construire un monde meilleur. nat des lettres, une sorte de témoin que l’on cite çà et là. temps et tout entier, comme Goethe de l’autre côté du sa plume, à mi-chemin de la veille et du som- De méchants esprits ont affirmé que ce monde meil- Une source de documentation, pas un écrivain, sinon Rhin, un militant de la raison et un écrivain romantique. meil. Parlant de tout et de rien, de la loi du leur de Mercier ressemblait comme un frère au meilleur pour historiens. Et c’est évidemment ce mélange détonnant, ce nœud de talionV et du rire des enfants, de la mort de César et de la des mondes d’Huxley. Ils ont fait de notre hérétique le En publiant en 1994 l’intégralité du Tableau de Paris et contradictions, ce mélange incessant des lignes qui saignée, des poètes suisses et des fourmis, de Newton et précurseur des totalitarismes. C’est un bien vilain procès du Nouveau Paris, puis, dans la foulée, une série d’études rendent sa prose si étrange, et si singulière. de la poudre à canon. Voilà, pêle-mêle, ses lectures, ses fait à un perpétuel dissident. sur Mercier, Jean-Claude Bonnet avait mis à mal cette Dans Mon bonnet de nuit, on est au bord de l’explo- obsessions, son goût de la sensualité et son amour de la légende tenace (1). Il était enfin permis de lire Mercier sion. Mercier pousse jusqu’aux limites l’expérimentation vertu, sa sagesse et sa folie, son extrémisme et sa modé- (1) Trois volumes, près de six mille pages, parus au Mercure de pour ce qu’il était. Non pas seulement un observateur de ses contradictions internes. Rien d’autre ne l’inté- ration, son libéralisme et son ardeur réformatrice. Pas France. Et en complément, chez le même éditeur, une bio- extraordinaire de la vie de la capitale en 1781 puis pen- resse, et surtout pas la considération de son œuvre pas- de hiérarchie entre les sujets parce qu’il n’y a pas de hié- graphie critique, Louis Sébastien Mercier, un hérétique en littéra- dant la Révolution, mais l’écrivain qui avait réussi à cap- sée. S’il reprend ses livres anciens, c’est pour les jeter rarchie dans le réel, tout compte, tout signifie. Même et ture. Histoire aussi de rappeler que le bicentenaire de la Révo- ter la pulsation même de la ville, les mouvements de son hors de sa bibliothèque, en arracher les reliures, en sup- surtout les rêves. Entre les brefs articles consacrés à l’as- lution avait « oublié » Mercier, le seul véritable écrivain corps et les affections de son âme, la puissance de son primer les ornements et les illustrations, et coudre avec tronomie ou au mariage, au pape ou aux étriers, Mercier français des années 1789-1797, engagé de bout en bout dans espérance et la violence de sa colère, transfusés dans les feuillets épars un nouveau livre, promis lui-même intercale des récits plus longs qu’il nomme des songes. l’aventure. une prose énergique et inspirée, précise et tumultueuse. sans doute, un peu plus tard, à un sort semblable. Il Sur l’optimisme, l’amour, la fortune, la gloire, le bon- (2) La Fin des Lumières. Le Mesmérisme et la révolution (traduit On sentait bien déjà à lire les Tableaux que l’étiquette colle, il rature, il supprime, il recompose afin d’épouser heur, mais aussi Mahomet, la solitude des méchants ou de l’anglais (Etats-Unis) par Marie-Alyx Revellat, Plon, 1984.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb L’inconnu de Le prix des prix Du Renaudot d’Annie Ernaux au Nobel de Claude Simon, Nathalie Heinich analyse l’impact « La Peau de chagrin » des récompenses littéraires sur les auteurs

igurez-vous un petit vieil- lampe illuminait ce cabinet mys- ment une perception directe des trui », en raison de « l’envie que confrontation au succès, qu’on lard sec et maigre, vêtu térieux. » L’ÉPREUVE effets de leur prix ou qui ont ten- suscite, ou risque de susciter, toute peut saisir quand Claude Simon, d’une robe en velours noir, Tel est l’être de cent deux ans qui DE LA GRANDEUR dance à nier leur importance. An- supériorité ». lauréat de la plus haute ré- serrée autour de ses reins prétend fourguer à Raphaël un Prix littéraires nie Ernaux en est un bel exemple. Le prix provoque donc des compense littéraire, le prix No- parF un cordon de soie. » Raphaël de Christ peint par Raphaël, dont le et reconnaissance « Ça n’a vraiment pas eu beau- réactions complexes : « Entre le bel, évoque Brigitte Bardot en Valentin, jeune marquis ruiné, vient suave et magnifique sourire ré- de Nathalie Heinich. coup d’effet dans ma vie », désir d’exister pour autrui en per- avouant qu’il ne comprend pas de claquer son dernier écu au jeu, il sume : « Aimez-vous les uns les La Découverte, 300 p., commence-t-elle par assurer, sonne, par la popularité, et le désir « comment elle a pu résister ». traîne de boutique en boutique, c’est autres. » Mais Raphaël est las de Ra- 145 F (22,10¤). avant de finir l’entretien en d’exister pour soi-même en son Alain Salles au bord de la Seine, va se suicider. phaël. Et puis il veut mourir : «Re- constatant : « Le Renaudot a eu œuvre, par l’écriture, il faut Fait halte chez un mar- tournez-vous, dit le es prix littéraires dé- une influence dans ma vie. » souvent choisir – et regretter. » (1) Une seule thèse a été consacrée à la chand de curiosités marchand en saisissant fraient la chronique Ainsi décortiqué, le processus question : La Reconnaissance littéraire : comme on prend un tout à coup la lampe L chaque automne. Ils at- « CLAN », CABALE ET MÈCHE des prix littéraires s’affirme littérature et prix littéraires, de Sylvie dernier cordial. pour en diriger la lu- tirent l’attention du pu- Au passage, même si ce n’est comme l’un des éléments de la Ducas, qui embrasse les aspects histo- Sans nom (« l’in- mière sur le mur qui blic sur quelques livres et créent pas l’objet de l’ouvrage, Annie réussite. Le sujet, apparemment riques, économiques, sociologiques et connu »), pour ainsi faisait face au portrait, le plus souvent le soupçon sur Ernaux explique qu’elle a été pré- limité, de Nathalie Heinich peut polémiques des prix (Le Monde du dire déjà mort, il ne et regardez cette peau leurs conditions d’attribution. Ce venue la veille par son éditeur s’élargir à d’autres cas de 4 novembre). croise que d’autres sans Figures de chagrin », ajouta- phénomène français qui ne se dé- qu’elle avait le Renaudot, tout en nom, sans abri, un de la Comédie t-il. On connaît la suite. ment pas d’année en année a reconnaissant que le vote du jury vieux pauvre, une vieille « Vouloir nous brûle jusque-là peu intéressé les cher- a été serré en raison d’une « ca- femme vêtue de hail- b et Pouvoir nous détruit ; cheurs (1). Sociologue de l’art, bale » organisée par un « clan » lons, deux mendiants... Un anonyme mais SAVOIR laisse chercheuse au CNRS, Nathalie qui soutenait l’un de ses concur- Manière de voir Dans la boutique notre organisation dans Heinich a consacré plusieurs tra- rents. Emmanuelle Bernheim ra- Le bimestriel édité par d’antiquaire, un gros Le marchand un perpétuel état de vaux aux écrivains. Elle se penche conte avec un grand détache- garçon joufflu aux che- de curiosités calme. » Telle est la cette fois sur les prix et l’impact ment la matinée de son prix veux rouges fait l’ar- n’apparaît que philosophie du vieux qu’ils ont sur les auteurs. Son Médicis. D’abord une attachée de L’OFFENSIVE ticle. L’accumulation dans « La Peau avant sa chute. Rien livre s’appuie sur des rencontres presse l’appelle pour lui deman- des splendeurs, des de chagrin ». dans le cœur, rien dans avec plusieurs lauréats qui s’ex- der où elle serait à midi. « Ensuite toiles, des bijoux l’as- roman publié en les sens, tout dans le priment sur les effets de ces ré- Teresa Cremisi [directrice édito- DES RELIGIONS phyxie, le décolle 1831, première cerveau. Et la mortelle- compenses. Nathalie Heinich riale de Gallimard] m’appelle en comme un opium. de ce volet qui ment miraculeuse montre que derrière le sourire ra- me disant, écoute, bon, je me suis Dans cette hallucina- devait devenir « peau de chagrin » de- vi qui s’affiche à la télévision se bagarrée jusqu’à hier – chose que a Géopolitique des religions, par Ignacio Ramonet. tion trop vraie, il s’en- les « Études vient un tour de force : cachent des réactions diverses, j’ignorais absolument – mais bon, a Les nouvelles légions du Vatican, par Michel Arseneault. tend appelé « par une philosophiques » mixage de deux mots des phénomènes, conscients ou ne te fais pas d’idées, etc. – J’ai dit, voix terrible », sursaute étrangers l’un à l’autre non, qu’elle met en lumière. non mais attends, je ne me fais au- a Rome et la Shoah, par Henri Madelin. comme dans le rêve où (le chagrin comme Quels que soient les démentis cune idée, d’ailleurs pour te dire, a nous chutons, s’aveugle de la lu- peine ; et le sagrin, l’âne sauvage apportés par les auteurs, les prix je ne me suis même pas lavé les Au miroir de l’Occident, par Sadik Jalal Al-Azm. mière qui l’éblouit, repère enfin dont la croupe fournit un cuir gre- ont changé leur vie. Pour le meil- cheveux ! Je suis là à travailler a Du Coran et de la tradition, par Alain Gresh. « une sphère rougeâtre dont le centre nu), pour les transmuer en l’expres- leur et pour le pire. Le pire, c’est avec quelqu’un, bon je continue à a était occupé par un petit vieillard qui sion que le roman a rendue célèbre. le cas de Jean Carrière, qui ouvre travailler. Et puis elle me rappelle, Maghreb : que veulent les islamistes ? par Jacques se tenait debout et dirigeait sur lui la Alchimie vraie. le livre, avec une analyse de son en me disant, ce serait quand Berque. clarté d’une lampe ». Ce fut comme A l’agonie, un soir aux Italiens, autobiographie, Le Prix d’un Gon- même bien que tu te laves les che- a L’ascension des « hommes en noir » en Israël, par Joseph une apparition. Laquelle a « quelque Raphaël reconnaît son vieillard. Le- court (Pauvert/Laffont, 1987). Le veux... » Algazy. chose de magique ». quel s’affiche avec une danseuse qui Goncourt est pour lui la source La deuxième partie du livre, Le centenaire semble sorti du sar- le ruine. Un pied dans la tombe, il de tous ses maux : dépression, di- théorique, tente de répondre à la a L’Inde sous la marée hindouiste, par Rolf Gauffin. cophage voisin. Sur sa tête, une ca- couronne une vie de vertu par une vorce, mort de son père. Le meil- question : « Pourquoi est-il a Controverses à propos des sectes, par Frédéric Lenoir. lotte de velours noir. Le front enca- folie : il « a les pieds froids et il fait leur, c’est le changement total de souvent si difficile de réussir sa dré de mèches blêmes. Une robe qui l’amour ». Quoi ! ne se souvient-il vie apportée par le Goncourt à réussite ? » Elle décrit d’abord a L’internationale Moon, par Jean-François Boyer et paraît un linceul. Un bras décharné plus de la sévérité de sa philoso- Jean Rouaud ou la joie de « l’agrandissement » qui touche Alejanfro Alem. comme un bâton. La barbe grise en phie ? «Ah! répondit le marchand Jacques Chessex, devenu héros l’univers concerné et un senti- a pointe. Des lèvres si décolorées d’une voix déjà cassée, je suis main- national en Suisse. ment de « dépersonnalisation », Nouveaux mysticismes, par Pierine Piras. qu’on n’en voit pas la ligne. La tête tenant heureux comme un jeune Ce sont des cas extrêmes, mais évoqué par la plupart des lau- a Intégrismes et laïcité, par Albert Memmi. de Moïse (bien sûr !) vue par les ar- homme. J’avais pris l’existence au re- le plus intéressant dans les entre- réats. « Un écart de grandeur peut Et autres... tistes. « Ses yeux verts, pleins de je ne bours. Il y a toute une vie dans une tiens qu’a réalisés Nathalie Hei- affecter le sentiment d’identité ; sais quelle malice calme, semblaient heure d’amour. » nich se situe entre les deux, chez mais il engendre aussi des pro- ¤ éclairer le monde moral comme sa Francis Marmande les écrivains qui n’ont pas forcé- blèmes relationnels entre soi et au- CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX – 45 F – 6,86 LeMonde Job: WIV4799--0003-0 WAS LIV4799-3 Op.: XX Rev.: 24-11-99 T.: 19:21 S.: 111,06-Cmp.:25,08, Base : LMQPAG 40Fap: 100 No: 1773 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / III b Nabokov, l’homme qui pensait en images ifficile d’échapper à la A l’occasion du centenaire jours fréquenté les “bonnes écoles”, après la première publication du bokov n’avait jamais écrit qu’une risque de renforcer encore la mar- signature de Maurice celles où l’on surveille scrupuleuse- texte chez Olympia Press en sep- langue, la sienne, pas même tribu- ginalité amusée et souveraine du Couturier dès que l’on de la naissance ment les lectures des élèves ». tembre 1955, et alors qu’il ac- taire des mots. L’homme qui affir- géant qui ne trancha pas entre les aborde au continent C’est peu après aux Etats-Unis complissait en Europe son service mait ne penser en aucune langue tentations psychologique et lu- nabokovien.D Si l’on excepte la nou- de l’écrivain, que le choc se produit : en parcou- militaire au sein des forces de (« Non, je pense en images, dique de la littérature. velle publication chez Laffont du rant les rayons de la librairie de son l’OTAN. Même si, vingt-cinq ans confiait-il en juillet 1962, et de recueil d’essais, d’interviews et « La Pléiade » campus, il tombe sur The Annota- plus tard, Couturier vante encore temps en temps une phrase russe ou Philippe-Jean Catinchi d’articles, Strong Opinions, paru na- ted Lolita, que Mc Graw-Hill venait dans la bibliographie sélective de guère chez Julliard sous le titre In- juste de publier. Plutôt que la si- son petit manuel pour agrégatifs lui consacre un premier Extrait transigeances et devenu depuis Par- gnature ou le thème du roman, (Nabokov : Lolita, Didier Erudition tis pris (1) − malheureusement sans volume. Rencontre c’est assez paradoxalement la place CNED, 1995) ses « annotations « Aujourd’hui plus que jamais le poète doit être aussi libre, sauvage et que la traduction, parfois désas- qu’occupent dans le gros volume abondantes et très utiles ». solitaire que le voulait Pouchkine il y a cent ans. Quelquefois peut-être treuse, de Vladimir Sikorsky ait été avec le maître d’œuvre : commentaires et notes qui l’attire. Le jeune universitaire rattrape l’artiste le plus pur est tenté de dire son mot, lorsque la clameur de révisée −, le nom de l’angliciste fi- « Jeune universitaire curieux mais son retard, avec les romans les plus son siècle, les cris de ceux qu’on égorge ou le grognement de quelque gure au sommaire de tous les ou- Maurice Couturier lesté d’un bagage culturel plutôt lé- récents de Nabokov, Ada or Ardor brute arrivent jusqu’à lui : mais c’est une tentation à laquelle il ne doit vrages, revues ou numéros spé- (1969), puis L’Exploit, qui vient seu- pas succomber, car il peut être sûr que si la chose vaut la peine elle ciaux consacrés à l’écrivain russe. lement de paraître en anglais sous mûrira et produira plus tard un fruit inattendu. Non, décidément la Quand il ne désigne pas le traduc- le titre Glory (1971), trente-neuf ans vie dite sociale et tout ce qui émeut mes concitoyens n’a rien à faire teur des inédits de Nabokov – ainsi après l’original en russe. Désor- dans le rayon de ma lampe : et si je ne réclame pas ma tour d’ivoire, le bref « A propos d’Autres ri- mais, il se consacre à ce grand c’est parce que je me contente de mon grenier. » vages », manuscrit déposé à la Bi- contemporain encore si mal connu. Vladimir Nabokoff-Sirine (janvier 1937) bliothèque du Congrès et paru lé- Le long chantier de la thèse, entre- gèrement tronqué dans le New prise peu après, le dissuade de ten- Yorker de décembre 1998 – ou le ter de rencontrer l’écrivain, pen- une phrase anglaise peuvent se for- maître d’œuvre de la monumentale sionnaire du Palace Hôtel de mer sur l’écume de l’onde cérébrale, (1) Laffont, 304 p., 139 F (21,19 ¤). édition de « La Pléiade » dont le Montreux. La soutenance à Paris- mais c’est tout ») ne risque guère (2) Laffont, 784 p., 199 F (30,34 ¤). premier volume sort à l’occasion III (Roland Barthes est au jury) en qu’on lui rogne cette liberté su- (3) Autrement, « Figures mythiques », du centenaire de l’homme de 1976 ne lève pas l’interdit que s’est prême. Couturier concède que son 136 p., 89 F (13,57 ¤). lettres (22 avril 1899). imposé l’impétrant ; et lorsque Na- anglais n’a pas l’aspect « stan- Même le volume de Nouvelles, bokov meurt à Lausanne le 2 juil- dard » de celui de Conrad. Maîtri- ૽ Le numéro de septembre de la NRF préfacé par Dimitri Nabokov, paru let 1977, laissant à l’état d’ébauche sée mais singulière absolument, propose la passionnante confronta- à New York en 1995 et repris en son nouveau roman, The Original porteuse d’autres mémoires lin- tion des trois langues de Nabokov français cet automne (2), lui doit of Laura, Maurice Couturier ne l’a guistiques, voire d’une nostalgie avec la reprise du magnifique texte plus du tiers des traductions – il co- pas encore rencontré. Depuis il sert ancienne qui dit une terre perdue, rédigé en français à l’occasion du cen- signe avec son épouse, Yvonne, son œuvre. Russe, français, an- plus mythique que la réalité russe tenaire de la mort de Pouchkine (jan- vingt-six des soixante-six pièces re- glais, le code linguistique choisi lui de l’enfance, la langue de Nabo- vier 1937) : « Pouchkine ou le vrai et le tenues, ce qui est loin, quoi qu’en paraît secondaire. Comme si Na- kov s’est jouée des usages. Au vraisemblable » (no 551, 95 F [14,48 ¤]). dise l’éditeur, d’en faire une « édi- tion complète ». L’universitaire se désole de ce genre d’approxima- tion, lui qui prit en 1995 la relève de Dans les « années russes » Georges Nivat sur le chantier de « La Pléiade » et parvint en moins monument par-delà la sclérosante La Défense Loujine et Invitation au de quatre ans à boucler le premier ŒUVRES ROMANESQUES règle du strict respect des genres. supplice, respectivement traduits volet. Un tour de force qui ne sur- COMPLÈTES I La logique, moins contestable, du russe par Génia et René Cannac, prend pas ceux qui avaient lu son Edition publiée sous la direction de la chronologie nous vaut donc d’une part, et Jarl Priel d’autre part premier travail sur Nabokov de Maurice Couturier. une première livraison intégrale- (dans les deux cas, c’est Bernard (éd. L’Age d’homme, 1979) et plus Gallimard, « Bibliothèque de la ment consacrée aux « années Kreise qui en signe la présentation encore son bel essai Nabokov ou la Pléiade », 1 808 p., 445 F russes » – entendez celles où et les notes). Le texte du reste du tyrannie de l’auteur (Seuil, « Poé- (67,83 ¤) jusqu’au 31 décembre l’homme de lettres conçoit et volume est en effet établi à partir tique », 1993), ou apprécié les fruits 1999, 495 F (75,46 ¤) ensuite. compose son œuvre romanesque des traductions anglaises effec- des deux colloques qu’il organisa à dans la langue russe, quel que soit tuées entre 1937 et 1971 à l’initiative

Nice et dont il publia les travaux GIUSEPPE PINO ntreprise à l’initiative de son lieu de résidence. Voici donc de Nabokov lui-même (il assura dans deux numéros de Cycnos, la Vladimir Nabokov en 1971 Gilles Barbedette, cette l’occasion de lire – ou de relire – d’abord la réalisation avant de se revue publiée par le Centre de re- édition des Œuvres ro- Machenka (1926), Roi, dame, valet contenter de la direction). Cela cherche du département d’études reste passablement bousculé. ger, j’éprouvais une admiration sans manesques complètes de (1928), La Défense Loujine (1930), nous vaut un formidable apparat anglophones de l’université de Pourtant le jeune étudiant n’a pas bornes pour ces œuvres littéraires VladimirE Nabokov vient heureuse- Rire dans la nuit (1932), et, moins critique qui permet pour les plus Nice (vol. 10, no 1, 1993 et vol. 12, rencontré très tôt l’œuvre qui allait merveilleusement denses qui néces- ment à l’heure du centenaire de sa essentiels, Le Guetteur (1930), L’Ex- exigeants de rétablir les versions no 2, 1995). décider de sa recherche. En ouver- sitent, pour les comprendre, un tel naissance corriger l’image du grand ploit (1931), La Méprise (1934) et In- successives de ces œuvres que Na- S’il vient d’abandonner cet été la ture du fort bon volume consacré à luxe d’annotations. » écrivain, souvent captive de l’en- vitation au supplice (1935). Ne bokov retoucha, remania même chaire de littérature anglaise et Lolita qu’il dirigea l’an dernier (3), Un choc donc. Et pas seulement combrante popularité de la figure manque à ce corpus étonnamment parfois profondément, au fur et à américaine contemporaine qu’il l’angliciste revient sur son premier grâce au travail d’Alfred Appel, qui de Lolita. Elle devrait comprendre synthétique que le chef-d’œuvre de mesure de leurs nouvelles éditions. occupait à Nice-Sophia-Antipolis, contact avec Nabokov : rien que de confessait dans l’introduction de trois volumes, publiés à deux ans Nabokov, Le Don, promis pour le Palimpseste condamné à l’inachè- Maurice Couturier n’a pas l’inten- très banal en fait. Un nom entra- son édition critique la façon singu- d’intervalle – on s’inquiète déjà du deuxième volume puisqu’il ne pa- vement, le texte nabokovien livre tion de réduire ses activités ; et son perçu dans une revue à la fin des lière dont il avait lui-même reçu la sort réservé aux indispensables rut dans la revue parisienne Sovré- ainsi ses sentes abandonnées, ses emploi du temps dans sa paisible années 60, dont il ne garantit pas « bombe » que Nabokov lançait nouvelles et aux essais critiques, mennye zapiski (Annales contem- bifurcations, ses impasses aussi retraite de Saint-Cézaire-sur- qu’il ait été alors lié à l’évocation face au monde frileux de l’édition poèmes et variations sur l’autobio- poraines), la plus importante des – cas limite, Chambre obscure (Ca- Siagne, dans l’arrière-pays grassois, du sulfureux Lolita − « j’avais tou- américaine, quelques mois à peine graphie, capitaux pour édifier le revues littéraires émigrées, qu’en mera obscura) publié entre 1932 et 1937-38 (depuis La Défense Loujine, 1933 et appelé après réécriture à tous les romans russes de celui qui devenir dans une autre langue Rire signe encore du pseudonyme de Si- dans la nuit est donné en appen- rine sont prépubliés en feuilleton à dice en intégralité. Relu et scrupu- Osmose et métamorphoses d’un couple cette prestigieuse adresse). Il ne fut leusement précisé par Maurice repris en volume – et dans une ver- Couturier, qui n’a pas ménagé sa répéter sur la personne de Trotski le son pays natal, même après la dé- tous les manuels de méthodologie sion intégrale, le chapitre IV, coupé peine, ni celle de ses collabora- VÉRA NABOKOV geste de Fanny Kaplan qui tira sur nonciation « là-bas » des crimes qui consacrés à l’enseignement des par la rédaction de la revue, y étant teurs, le texte de Nabokov bénéfi- BIOGRAPHIE Lénine. Lectrice exigeante, Véra re- l’ont endeuillée pendant soixante- lettres. Et puis, au milieu des an- rétabli qu’en 1952. cie ainsi d’une édition exemplaire, de Stacy Schiff. connut d’emblée la singularité du dix années ? Toujours est-il qu’en nées 50, ce fut le miracle de Lolita, C’est regrettable pour la cohé- qui fait de cette Pléiade un authen- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) futur époux, ainsi deux ans après dépit de certaines lourdeurs de tra- grâce auquel son auteur, toujours rence des deux étapes linguis- tique modèle critique. par Michèle Garène, une première entrevue enveloppée duction le livre de Stacy Schiff se lit partagé entre ses cours, sa traduc- tiques, mais sans réelle préjudice Grasset, 460 p., 145 F (22,11 ¤). de mystère, ils se mariaient à Berlin. d’une traite, aussi bien en raison tion de Pouchkine et le classement pour le lecteur. Mettons à part Ph.-J. C. d’une somme d’informations iné- de ses collections de papillons, a ac- VLADIMIR NABOKOV II. « MÉNAGE À TROIS » dites concernant cette femme peu quis – pour de mauvaises raisons − LES ANNÉES AMÉRICAINES Premier exil, première métamor- commune qui avait mis ses res- gloire, fortune et notoriété mon- (Vladimir Nabokov. phose. Commence alors la véritable sources intellectuelles au service diale. Car, au-delà du scandale qui The American Years) épreuve, cette pauvreté qui allait d’un géant de la littérature contem- favorisait le succès du livre, « Nabo- de Brian Boyd. transformer deux jeunes gens poraine, que de certains aspects en- kov fait de Humbert, de cet hypocrite, Traduit de l’anglais choyés en chasseurs de petits tra- core peu connus du caractère, des de cet escroc, tyran, geôlier, violeur et par Philippe Delamar, vaux alimentaires, en locataires peu attitudes et des comportements de meurtrier, une parfaite étude de la Gallimard, 826 p., solvables de nauséabondes son génial spécialiste des papillons. psychologie du crime. Tant d’aspects 210 F (32,01 ¤). chambres meublées. Qu’importe ! de son caractère prédisposent Hum- Vladimir, qui devait de surcroît af- VERSANT ANGLAIS bert à ces forfaits. Le sentiment hy- elle qui devait devenir fronter l’hostilité de certains mi- L’approche de Brian Boyd, cet pertrophié de son importance, sa fu- l’épouse de Vladimir lieux russes, en raison de son ma- universitaire néo-zélandais, sans reur quand ses désirs sont frustrés, Nabokov, son rempart riage, continuait à écrire et à conteste le plus fiable des exégètes son don de se prendre pour une vic- face aux sollicitations publier ses poèmes et sa prose dans de Nabokov, est différente de celle time de l’injustice (...) », écrit Boyd lesC plus saugrenues, agent de liai- la presse de sa langue maternelle. adoptée par la biographe améri- en mettant les choses au point. son avec la presse et les éditeurs, Déjà des traductions allemandes et caine de son épouse. Déjà, la pre- Selon l’écrivain russo-américain, inspiratrice, critique et dactylo en françaises de ses récits paraissaient, mière partie de son ouvrage, parue grand sorcier du verbe, chaque ro- même temps, apparaît peu dans les mais Nabokov comprenait bien que il y a huit ans, a été saluée dans ces man devait être un conte de fées. chroniques ou les publications mé- ses textes étaient encore loin pages comme un véritable monu- Qu’il s’agisse de Machenka, rédigé diatiques consacrées à l’auteur de d’avoir trouvé leur public. Bientôt ment (1). Tout en nous rendant en 1925, lorsqu’il épousa Véra Slo- Lolita. Le livre de Stacy Schiff vient d’autres exils, d’autres métamor- l’écrivain très proche, avec ses tics, nim, ou de Regarde, regarde les Ar- donc de remplir un grand vide. En- phoses, tout aussi importantes, al- idiosyncrasies et ses jeux de mots, lequins, hommage à la femme de sa fants, Véra et Vladimir auraient pu laient se produire jusqu’à l’osmose mots de jeu, Boyd se livre à une vie, sinon d’Ada ou de La Transpa- se rencontrer dans les parcs de Pe- totale, à Montreux, sur les rives du analyse exhaustive des romans que rence des choses, son autobiogra- tersbourg, au temps de la splendeur lac Léman, de ce ménage à trois, Nabokov rédigea en anglais tout au phie, tous ses livres, même les plus de leurs familles. Il n’en fut rien. Ce Vladimir et Véra Nabokov et, bien long des deux décennies qu’il passa cruels, sont portés par ce bonheur n’est qu’en 1923 que ce dernier, sûr, la littérature. Attentive aux en tant qu’enseignant aux Etats- d’écriture que seule peut provo- aristocrate, se trouva lors de son sé- moindres détails de la vie de Véra, Unis. Réfugié au-delà de l’Océan, quer l’osmose, la fusion totale jour berlinois face à cette belle Stacy Schiff observe l’itinéraire du l’errant russe entreprend une for- avec, à la fois, l’être aimé et la jeune fille, si intelligente, et qui re- couple depuis son départ d’Alle- midable métamorphose linguis- moindre bribe chatoyante de la vendiquait avec tant d’obstination magne pour Paris (en 1937, après la tique. réalité. Vladimir Nabokov s’étei- sa judéité (malgré l’antisémitisme nomination des assassins du père Grâce à son ami américain, le cri- gnit en 1977 dans un hôpital de d’une partie de l’émigration) de Vladimir dans des postes du tique Edmund Wilson, Nabokov, Lausanne après avoir passé ses der- chaque fois qu’on la prenait pour gouvernement nazi) et sa fuite enseigna la littérature russe aux nières années à l’hôtel Palace de une princesse échappée d’entre les éperdue en 1940 aux Etats-Unis, universités de Cambridge et de Montreux. Quatorze ans plus tard, griffes des bolcheviques. jusqu’au retour triomphal des Na- Wellesley, puis les auteurs euro- veillées par leur fils Dimitri, les Nabokov, qui venait de perdre bokov en Europe, vingt ans plus péens à celle de Cornell et à Har- cendres de Véra se mélangeaient son père, ancien ministre de Ke- tard, suite à l’immense succès de vard. La manière dont Brian Boyd avec les siennes au cimetière de renski, assassiné par deux monar- Lolita. Certes, il serait difficile décrit la pédagogie qu’utilisait Vla- Clarens, près du lac Léman. chistes fanatiques – et de rompre d’adhérer à la bienveillance que Vé- dimir Nabokov pour familiariser avec sa première fiancée –, fut aus- ra manifeste pour le maccarthysme, ses étudiants avec Gogol et Flau- Edgar Reichmann sitôt ébloui par la personnalité de en pleine guerre froide. D’autre bert, Proust, Joyce et Kafka (qu’il Véra. Avec ses ambitions littéraires part, comment ne pas s’étonner de aimait), Gorki et Hemingway (qu’il (1) Lire l’article de Nicole Zand, et son pistolet caché, elle rêvait de l’agressivité qu’elle éprouve pour détestait) mériterait de figurer dans Le Monde du 22 février 1992. LeMonde Job: WIV4799--0004-0 WAS LIV4799-4 Op.: XX Rev.: 24-11-99 T.: 19:21 S.: 111,06-Cmp.:25,08, Base : LMQPAG 40Fap: 100 No: 1774 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 littératures b Marie Pierre Louy¨s dans l’entre-deux Bashkirtseff, Robert Fleury, grâce à de nombreux documents inédits, dépeint les démêlés amoureux de l’auteur des « Chansons de Bilitis » muse fin de siècle de son union manquée avec Marie de Heredia en 1895 à son véritable mariage avec sa soeur Louise en 1899. combrante Zohra : le 17 octobre que nue par Louy¨s – aura l’idée JOURNAL. 1877-1879 LE MARIAGE DU ROI 1897, ce sont leurs « noces mysté- subtile, qu’elle sait irrésistible de Marie Bashkirtseff. PAUSOLE rieuses » que Louy¨s évoquera pour son amant, de l’engager à Edition établie et annotée de Robert Fleury. dans un beau poème publié post épouser sa sœur Louise : cela jus- par Julie Le Roy, Christian Bourgois, 302 p., 140 F mortem, « Pervigilium Mortis »... tifierait la familiarité de leur rela- L’Age d’homme, 1 014 p., (21,34 ¤) Dix semaines plus tard, Louy¨s tion, permettrait également des 350 F (53,35 ¤). quitte brusquement Paris avec jeux plus dangereux... Exit Zohra, ’œuvre littéraire et la Zohra, pour aller rejoindre celui exit Germaine Dethomas. Ma- dorno l’appelait la vie amoureuse de Pierre qui est à la fois son demi-frère, nœuvrée par sa sœur, la fébrile « Sainte Patronne de la Louy¨s (1870-1925), son aîné de vingt-trois ans et pro- Louise, à laquelle Louy¨s « n’au- .fin du siècle ». Très vite pourtant si érudit et sé- bablement aussi son propre père, rai[t] jamais dédié deux alexan- après sa mort – le 31 oc- duisant,L semblent avoir souffert Georges Louis, alors diplomate à drins », le séduit avec détermina- tobreA 1884, quelques jours avant son de sa maladive irrésolution : «A Alexandrie. Pendant ces quatre tion. S’ensuit rapidement un vingt-sixième anniversaire –, la lé- peine avait-il exprimé un désir ou mois d’absence inexpliquée, Ma- mariage à Saint-Philippe-du- gende s’empara du nom de Marie dicté un ordre, écrivait-il du roi rie de Régnier cherche à se dis- Roule, en grandes pompes : De- Bashkirtseff. François Coppée, Ana- Pausole, dont il publia les Aven- traire : justement, un jeune ami bussy a composé la marche nup- tole France, Henri de Régnier, Mau- tures en 1901, il arrêtait aussitôt de Louy¨s, Jean de Tinan, qui tiale, Marie resplendit en robe rice Barrès, qui la nomma « Notre ceux qui s’empressaient d’obéir et ignore tout, lui fait la cour. Début « d’un cerise mourant », Pierre, Dame qui n’est jamais satisfaite », il avait des “Attendez ce n’est pas janvier 1898, Marie se donne à lui, malade, est en gris perle, Louise l’admirèrent. Jean Lorrain et Henry le moment”, des “Nous verrons puis rompt brutalement en mars, Louy¨s savoure ce qu’elle croit être Bataille en firent une héroïne roma- plus tard” et des “Laissons cela”, dès qu’elle s’aperçoit qu’elle est sa victoire... nesque. Peintre de talent (une exposi- qui maintenaient son existence enceinte... de Louy¨s. Elle n’en Robert Fleury précise que tant tion à Nice en 1995 le démontra), fé- dans le circonspect et le provisoire, écrit pas une ligne au fugueur, d’ingéniosité de la part de Marie ministe en révolte contre les tant il redoutait le définitif. » Ro- alors que Tinan, hagard, attend de Régnier, n’allait pas attiser la conventions de son milieu aristocra- bert Fleury, grand collectionneur impatiemment le retour de son passion sans fin. Ce que l’auteur tique, cette « Muse de la décadence » d’autographes et d’archives, a ami pour lui faire part de son de La Femme et le pantin (1898) (selon sa biographe Colette Cosnier) réuni de nombreux documents malheur. Le 1er mai 1898, Pierre avait su d’emblée : « Mon deuil est est surtout l’auteur d’un Journal, mo- inédits dans un essai biogra- Louy¨s revient à Paris et, sans rien une histoire de cœur, confiait-il à nument de quelque 19 000 pages, qui phique consacré aux quelques an- savoir de ce qui s’est noué et dé- Mme Bulteau dès 1898. C’est de fut édité, très partiellement, dès 1887. nées écoulées entre le mariage ra- noué pendant son absence, poste beaucoup l’histoire la plus singu- Cette œuvre est l’un des sommets de té (1895) de ce nouveau « roi une lettre de rupture. Marie lière de ma vie, et je ne me souviens la littérature autobiographique en Pausole » avec Marie de Heredia, pense qu’il a appris son aventure pas qu’on m’en ait raconté une même temps qu’un irremplaçable do- jusqu’à son véritable mariage avec Tinan, accuse le choc et, tout autre aussi complètement admi- cument d’époque. Mais sa valeur (1899) avec Louise de Heredia – la en prévenant enfin Louy¨s de sa rable. Mais, pour moi, cela est tient d’abord au caractère d’excep- dernière des trois filles du célèbre grossesse, l’assure dignement de presque funèbre, parce qu’elle a eu poète symboliste. son « souvenir affectueux ». Quant lieu quelques années trop tard. » tion de la diariste. COLL. PARTICULIÈRE Après plusieurs éditions in- Tout commence par une trahi- à Jean de Tinan, déjà atteint Marie de Régnier par Pierre Louy¨s en 1898 On pourrait ne voir là qu’une ver- complètes et censurées, la version in- son : Henri de Régnier, qu’il a d’une maladie incurable, il dépé- sion fin de siècle de la cristallisa- tégrale que commence à publier au- rencontré dans le salon de Mal- rit dramatiquement, ce qui désole jeunes filles s’offrent en mariage ensemble. Repris dans le tourbil- tion du sentiment amoureux en jourd’hui L’Age d’Homme, larmé en 1890, partage son incli- ses amis : André Lebey, qui lui au célèbre auteur des Chansons de lon de leur amour, Louy¨s confie à décalage tragique avec le cours comportera deux parties – « Années nation pour Marie. Malgré leur aussi, ne se doute de rien, confie- Bilitis : la précautionneuse Ger- son demi-frère : « Elle est pour des événements, mais les aléas niçoises » et « Années parisiennes » – décision de laisser la jeune fille ra à Pierre Louy¨s les raisons du maine Dethomas et son amie la moi plus qu’aucune autre femme, même de cette relation, ses multi- de trois tomes chacune. Le présent choisir, Régnier se déclare le pre- désespoir sentimental du jeune plus proche, qui n’est autre que tu comprends. Depuis sept ans, ples traces (lettres, photogra- volume est le premier de la seconde mier et sa fortune fait le reste : les écrivain... Louise de Heredia. Mais Louy¨s, huit ans bientôt, que je la connais, phies, romans à clés, journaux in- série, coordonnée par Lucile Le Roy. Heredia, très endettés, l’agréent Les événements s’accélèrent et qui ressent peut-être le besoin de il s’est passé tant de choses ! je l’ai times, écrits érotiques cryptés) Le grand luxe de notes, variantes, in- comme gendre (octobre 1895). se compliquent alors sérieuse- se ranger socialement, n’arrive vue grandir en nattes et en jupes qui ne cessent depuis un siècle de dex, tableaux, bibliographie... rend ce Louy¨s, doublement malheureux, ment : Zohra revient vivre à Paris pas à se décider : « C’est un défaut courtes, je l’ai adorée, je l’ai per- sourdre de toutes parts, forment travail précieux et définitif. Une autre fuit en janvier 1897 vers l’Algérie, dans l’appartement de son de caractère, je ne peux rien dési- due, je l’ai retrouvée, je l’ai eue mi- une extraordinaire intrigue litté- édition, simple retranscription inté- d’où il revient en compagnie amant ; Tinan se meurt, veillé par rer longtemps. » Des tiers s’en raculeusement vierge, et mainte- raire, une « vie secrète » (1) autre- grale du manuscrit, par Ginette Apos- d’une jeune « Mauresque », Zoh- Louy¨s ; Marie accouche en sep- mêlent, dont la redoutable Au- nant elle est la mère de mon seul ment intemporelle... tolescu, est parallèlement publiée par ra bent Brahim. Marie de Régnier, tembre 1898 d’un fils, aussitôt gustine Bulteau... enfant... Ce n’est pas une “histoire Claire Paulhan le Cercle des amis de Marie Bashkirt- qui sait qu’elle a été « vendue », prénommé Pierre, puis surnom- Sitôt remise, Marie de Régnier de femme”, tout cela. Quand je seff (années 1873-1875 en quatre se venge de son mariage blanc et mé Tigre, dont Louy¨s est le par- agit, elle, et propose à son mari et t’en parle, tu comprends bien que (1) Voir la biographie de Jean-Paul tomes, parus de 1995 à 1998). décide de prendre Louy¨s pour rain ; Henri de Régnier, mélanco- à son ex-amant, avec qui elle dé- je te parle de ta famille ? » Marie Goujon, Pierre Louy¨s. Une vie secrète, P. K . amant, nonobstant l’en- lique, garde le silence ; deux sire renouer, d’aller à Amsterdam – qui se laisse photographier plus Seghers/J.-J. Pauvert, 1988.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb En expédition chez les écrivains Amazones au miroir L’« enquête » célèbre de Jules Huret publiée en 1891 est une passionnante Inédits, les « Mémoires » fictifs et inachevés de Chanel et un portrait oublié exploration du milieu littéraire de l’époque de Lola Montès par Louise de Vilmorin

çaise vu par ses acteurs mêmes, et Bourget – Mallarmé, maître hiéra- passé. Ainsi, d’un tour de main ro- d’envergure. Auprès de Louis Ier de ENQUÊTE SUR L’ÉVOLUTION surtout par un observateur de tique, répond à l’enquêteur, éle- MÉMOIRES DE COCO manesque, elle substitue aux sœurs Bavière, la « Pompadour bavaroise » LITTÉRAIRE premier ordre. Ce que cherche vant le débat d’école jusqu’aux de Louise de Vilmorin. de l’orphelinat d’Aubazine en Au- ne fait illusion que le temps d’ébran- de Jules Huret. Huret auprès des soixante-quatre sphères de la poésie. Verlaine, Ed. Le Promeneur/Gallimard, vergne, où l’abandonne son père à ler le royaume. Sa biographe sou- Préface et notices de Daniel écrivains qu’il interroge, c’est avec « sa tête de mauvais ange 96 p., 98 F (14,94 ¤). la mort de sa mère, deux vieilles ligne son « manque de savoir-vivre, Grojnowski, d’établir une sorte de géographie vieilli », tient son rôle d’« artiste de tantes grises et froides. De même, son arrogance », et son « manque éd. José Corti, 436 p., 135 F des courants et des écoles à partir pur instinct qui sort ses opinions par LOLETTE elle tait son passage dans un absolu de bon sens et d’intuition ». (20,58 ¤) d’un constat : la mort du natura- boutades drues... » Quant à Zola de Louise de Vilmorin. caf’conc’ de Moulins où les soldats Chassée, Lolette vivote en vendant lisme. L’année précédente, Emile lui-même, il reçoit Huret en lui Ed. Le Promeneur/Gallimard, en garnison viennent l’écouter. De son histoire, se marie à nouveau, ’il existait, à l’ombre du Zola a publié La Bête humaine ; lançant : « Vous venez voir si je suis 88 p., 95 F (14,48 ¤). ces « apprentissages », elle conserve avant d’être prise par la fièvre de l’or grand panthéon des l’épisode suivant des Rougon- mort ! », et de souligner les forts le souvenir d’un jeune officier de ca- en Californie. Mais c’est une illumi- Lettres, un petit monu- Macquart – qui touche à sa fin –, tirages de ses romans. ’étais ambitieuse : je voulais valerie qui l’enlève à Vichy. Le ga- nation qui, au soir de sa vie, touche ment consacré au jour- L’Argent, sort de l’imprimerie en Mais ce qui est surtout remar- m’évader et devenir le centre lant homme n’est autre qu’Etienne l’apprentie fermière : celle de la foi. nalismeS littéraire, on devrait y gra- même temps que débute l’enquête quable dans ce « reportage expéri- d’un univers de ma créa- Balsan. Avec lui, elle découvre le pe- En 1861, aux titres de comtesse de ver le nom de Jules Huret. Et ce ne de Huret. Maupassant et Huys- mental » – l’expression est de Hu- tion. » En 1947, l’objectif de tit monde d’une bourgeoisie raffi- Lansfeld et de baronne de Rosen- serait encore qu’un hommage par- mans viennent de dénoncer, de ret –, c’est l’observation presque J Chanel, alors âgée de née. Elle observe, apprend et attend thal, s’ajoutera sur sa tombe celui de tiel à une carrière aussi riche que l’intérieur, les illusions natura- ethnographique à laquelle se livre soixante-quatre ans, est atteint. son heure. Celle du coup de foudre chanoinesse du chapitre de Sainte- brève : outre cette Enquête sur listes. le journaliste, explorateur au mi- Reste la légende à modeler. Pour avec B. (Boy Capel). Si Balsan lui a Thérèse. l’évolution littéraire, publiée dans Dans sa présentation, le journa- lieu des tribus d’écrivains et cela, Mademoiselle usera, sans suc- mis le pied à l’étrier, le bel Anglais la Si l’on sait gré à Patrick Mauriès L’Echo de Paris en 1891 et aussitôt liste cite également, comme « rai- « honnête héraut » de l’actualité cès, trois biographes. Paul Morand, propulse vers la réussite en lui fi- de mettre au jour des textes iné- reprise en volume, Jules Huret son » de son enquête, la parution littéraire. Comme le remarque Da- ami et frère d’exil, qu’elle croise nançant sa première boutique. Sa- dits ou oubliés de Louise de Vilmo- s’intéressa notamment, pour Le de deux ouvrages, Le Jardin de Bé- niel Grojnowski dans son éclai- alors en Suisse. Leurs conversa- voir s’entourer n’est donc pas la rin, on louera aussi la pertinence Figaro, à la question sociale en Eu- rénice de Maurice Barrès et Le Pè- rante introduction, Jules Huret, tions resteront lettre morte, ou moindre des qualités de Chanel. de ces premières publications (3). rope ou à l’abrogation de la loi lerin passionné de Jean Moréas, « meneur de jeu », transforme presque, puisque trente ans plus Dictant ses Mémoires à une styliste Car à la lecture des Mémoires ina- Falloux ; il effectua aussi des « le premier complaisamment ac- l’enquête en œvre d’auteur. Une tard l’auteur d’Hécate les publiera au ton vif et élégant, elle escamote, chevés de Coco Chanel et du por- grands reportages aux Etats-Unis cueilli des Psychologues, l’autre ré- œuvre marquée par l’indépen- sous forme de Mémoires intitulés brode, cisèle son personnage : celui trait de Lola Montès se révèle tout et en Argentine, signa une biogra- clamé, dans tous les sens du mot, dance d’esprit, une saine propen- L’Allure de Chanel (1). d’une amazone qui joue de la sé- un jeu singulier de correspon- phie de Sarah Bernhardt, avant de par les Symbolistes-Décadents ». sion à l’ironie taxinomique, une A l’été 1948, Louise de Vilmorin duction, célèbre l’argent « synonyme dances : jeu de symétrie entre celle mourir en 1915, à l’âge de cin- Anatole France ouvre l’enquête. distance informée à l’égard des est sollicitée à son tour. Le projet est de liberté » et son propre génie vi- que Paul Morand qualifia d’« ange quante et un ans. Puis, parmi une foule d’inconnus sujets traités et un art consommé séduisant et les perspectives finan- sionnaire. exterminateur d’un style dix-neu- Cette enquête marque un mo- et quelques absents de marque – du portrait. cières prometteuses. La romancière vième » et la belle hétaïre ; jeu de ment de l’histoire littéraire fran- comme Daudet, Fénéon, Bloy ou Patrick Kéchichian accepte sans savoir ce qui l’attend : « POMPADOUR BAVAROISE » miroirs entre trois femmes éprises des séances de travail pénibles (Jean A l’inverse de Chanel, le génie, ou de reconnaissance et portées par Bothorel note dans sa biographie seulement l’intelligence, semble un désir farouche de liberté. « n’était la vision des dollars au bout avoir manqué à Lola Montès. Celle Christine Rousseau de la plume, Louise aurait craqué » que Max Ophuls immortalisa sous [2]) qui se soldent par un échec. Car, les traits de Martine Carol, en 1955, (1) Ed. Hermann, 1996. à peine les premiers feuillets rédigés, cultiva avec une rare constance l’art (2) Louise ou la vie de Louise de Vilmo- Chanel, sûre d’elle, s’envole vers les de l’échec. Née en Irlande en 1818, rin (Le Livre de poche, no 13 753). Etats-Unis pour vendre les droits Lola, de son vrai nom Eliza Gilbert, (3) Au printemps 2000, paraîtront deux éditoriaux et cinématographiques. mesurera très tôt ses charmes. En recueils d’articles intitulés Promenades Mais personne ne se montre pre- Inde, auprès d’officiers britanniques, et autres rencontres et Articles de mode. neur. Elle impute la faute à Louise et puis en Angleterre, où la vengeance Puis en fin d’année, une série de textes rompt sans un mot. Patrick Mauriès d’un prétendant écourta ses débuts de fiction, calligrammes, lettres fictives dans sa préface donne un large ex- de danseuse. et télégrammes. trait de la lettre délicieusement fé- Malgré ce revers, Lola se lance à roce que Louise de Vilmorin adres- la conquête de Paris. L’Opéra ૽ Signalons sur Louise de Vilmorin, sera à Chanel. Ensuite elle fera appel s’ouvre à son charme pour se refer- la réédition de Florence et Louise, les à Michel Déon, mais ne sera pas mer dès sa première prestation. A la magnifiques, de Jean Chalon, aug- non plus satisfaite du résultat. mort de son amant Léon Dujarrier, mentée de lettres inédites de l’au- Inachevés, ces Mémoires, qui s’in- copropriétaire de La Presse, « le plus teur du Lit à colonnes (Le Rocher, terrompent aux débuts profession- bel ornement des nuits » du Tout- 184 p, 89F [13,56¤]). Sur Coco Chanel, nels de la couturière, sont passion- Paris artistique s’envole pour Mu- paraît Coco Chanel, un parfum de nants dans ce qu’ils montrent des nich. En quête d’un titre de no- mystère, d’Isabelle Fiemeyer (Payot, arrangements de Chanel avec son blesse, elle y joue son dernier rôle 200 p, 95F. [14,48¤]). LeMonde Job: WIV4799--0005-0 WAS LIV4799-5 Op.: XX Rev.: 24-11-99 T.: 19:21 S.: 111,06-Cmp.:25,08, Base : LMQPAG 40Fap: 100 No: 1775 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / V b ROMANS POLICIERS Les mille et trois saveurs de l’imagination b par Michel Abescat D’un roman endiablé à un art de la cuisine réellement baroque, Philippe Beaussant se livre et célèbre en esthète la sensualité. En un lumineux éloge de l’harmonie Exploration intime

STRADELLA laissent abuser par les travestis- UNE PATIENCE D’ANGE de Philippe Beaussant. sements les moins convaincants, (In Pursuit of the Proper Sinner) Gallimard, 320 p., meurent même terrassés par la d’Elizabeth George. 125 F (19,06 ¤). grâce de la musique quand ils y Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Dominique Wattwiller, accèdent. Ce genre de miracle, avec la collaboration de Claire Guéron. MANGEZ BAROQUE Beaussant y croit à peine. Tenté Presses de la Cité, 652 p., 130 F (19,81 ¤). ET RESTEZ MINCE par la fable et le théâtre, il re- de Philippe Beaussant. connaît : « J’ai confondu les e décor – le Derbyshire, ses landes infinies, ses manoirs en sur- Actes Sud, 288 p., genres. La vie (je veux dire le ro- sis − est, une fois encore, plus british que nature. L’intrigue – un 110 F (16,77 ¤). man), c’est tout autre chose. » Car, double meurtre aux innombrables ramifications − plus touffue et à l’instar du Diderot de Jacques le tordue que jamais. Une patience d’ange, dixième épisode de la sé- maginez un Mozart qui se- Fataliste, il dialogue avec son lec- rieL créée par Elizabeth George en 1988, se lit comme les précédents, avec la rait Don Juan. Enigme teur, se raconte, s’épanche et se même urgence et le même plaisir, celui du roman policier issu de la grande provocante, météore fustige : « Je ne serai jamais un tradition britannique. Personnages aux visages multiples, doubles vies et éblouissant, vif et irrésis- grand chef d’orchestre. » Qu’il se demi-vérités, fausses pistes et faux-semblants, le récit étend jusqu’à s’y tible,I Alessandro Stradella tra- rassure ! Il a d’autres vertus. Celle perdre une toile aux fils subtils et de plus en plus serrés. Le lecteur s’y laisse verse le XVIIe siècle italien avec d’avoir composé une suite des lentement piéger avec cette volupté un tantinet perverse qui fait le charme une insolence heureuse qui ne lui plus heureuses, douce et endia- du genre. Pourquoi renier ce bonheur-là dont Elizabeth George, américaine évite pas l’abîme. Musicien sur- blée, virtuose et grave à la fois. anglophilissime, possède, à l’instar de ses consœurs britanniques Ruth Ren- doué dont les aventures sen- Un festin au parfum volatil et en- dell et P.D. James, les meilleures clés ? Reste qu’on ne saurait réduire le tra- suelles et cavalcadantes défient têtant qui met en appétit sans vail de l’auteur d’Une patience d’ange à la simple mécanique policière, aussi les romanciers les plus hardis, il a permettre la satiété. diabolique soit-elle. D’abord à cause de l’attention qu’elle porte à ses per- inspiré jusqu’à ses confrères, Nie- On retrouve la même gourman- sonnages et en particulier à son duo de détectives, un aristocrate aux allures dermeyer (1837), Flotow (1844) et dise dans le petit livre de cuisine de jeune premier et une fille du peuple au caractère aussi rugueux que son Sinico (1863), sa mort tragique – il qu’il propose chez Actes Sud. Le physique. tombe sous les coups d’un assas- titre, plaisant mais futile, rend Dans les premiers épisodes de la série, Elizabeth George jouait avec bon- sin stipendié par des frères om- mal justice au propos fort sérieux heur de leurs antagonismes pour peindre une société anglaise encore très brageux sur le chapitre de l’hon- – la table est un art à part entière marquée par les phénomènes de classes et une police aux réflexes souvent neur – le campant en idéal héros – de l’ouvrage qui livre les trésors machistes. Dix ans plus tard, on s’étonne de sa capacité à faire évoluer ses lyrique. culinaires d’artistes amis. Em- héros, à creuser toujours plus profondément leurs failles et leurs blessures, Romancier précieux (Le Bio- pruntant à Couperin sa notion de pour faire de la crise de leurs relations mises en scène dans ce nouvel épi- graphe, L’Archéologue, Héloïse), l’« ordre », « c’est-à-dire un dé- sode, un des ressorts les plus passionnants du roman. C’est ce mystère-là, biographe rigoureux (Lully, Fran- sordre organisé », l’essayiste en effet, qui intéresse d’abord Elizabeth George. Celui des êtres et de leurs çois Couperin), essayiste décapant compile les recettes préférés des relations, les abysses du couple, de la famille et des rapports parents-en- « baroqueux », les encornets à la (Vous avez dit « baroque » ?, Louis FERRANTE FERRANTI fants, qu’elle explore au plus intime, qu’elle dissèque avec une rare sagacité, XIV artiste), Philippe Beaussant Eglise Sant’ Agostino, Palerme maujette de William Christie ou qu’elle fouille jusqu’au vertige. Une patience d’ange, à cet égard, marque s’empare en écrivain de cette fi- farcis de Scott Ross, le risotto de sans doute un nouveau palier par la puissance de l’émotion qu’elle parvient gure fascinante dont les voltes logue a choisi de traiter son sujet nal, on est fier de ce qu’on a imagi- Nicolas Rivencq et le céleri au ci- à susciter. La fin du livre notamment est proprement bouleversante. Avec stupéfient autant que les parti- comme la libre interprétation né (...) et tout à coup, au détour tron de Rachel Yakar, ou les sardi Enquête dans le brouillard, Cérémonies barbares, Mal d’enfant et Un goût de tions. A modèle exceptionnel, d’un thème, en virtuose de la va- d’une phrase, basta ! Il faut se a beccafieu de Fabio Biondi. Mais cendres, Une patience d’ange est, à ce jour, une de ses plus belles réussites. restitution singulière. Le roman – riation. « Si je dis la vérité, per- rendre à l’évidence : on n’a fait avant cette vertigineuse litanie b SEMPRE CARO, de Marcello Fois car dès la couverture le genre est sonne ne me croira tant elle est dé- que broder », pour conclure aus- qui exaspère les papilles, Beaus- Le « sempre caro », c’est le nom que Bastianu, le héros du roman, a donné dévoilé – s’ouvre sur la vision go- raisonnable et extravagante. (...) sitôt, facétieux : « Messieurs les sant nous ouvre sa cave pour qu’à à sa balade quotidienne sur les hauteurs de Nuoro, la petite ville qu’il habite thique d’un guet-apens urbain, J’ai donc l’intention de persévérer romanciers, vous êtes des far- l’ivresse des sons réponde celle au cœur de la Sardaigne. Un nom que lui a inspiré ce vers de Leopardi : dans l’encre de Gustave Doré. et de vous raconter l’histoire de ceurs. » des crus fameux ; il reconstitue « Sempre caro mi fu quest’ermo colle... (toujours chère me fut cette colline dé- Nous sommes au spectacle, mais Sandro comme bon me semble, et Va pour la farce ! Séducteur ir- l’ordinaire de la table des Coupe- serte...) » Le charme de cette anecdote qui ouvre le livre en traduit déjà Beaussant, causeur impénitent, sans jamais vous prévenir quand résistible, Stradella fuit Rome rin, limier unique d’un impro- toute l’âme, la puissance et la poésie. L’action se passe à la fin du siècle der- va commenter la scène et tailler l’invraisemblable cessera d’être pour sauver sa vie. A Venise, le bable « Intelligence Service Gas- nier, dans une Sardaigne essentiellement rurale, mal intégrée à la toute ré- sans cesse des ouvertures dans la vrai. » voilà maître de chant d’Ortensia, tronomique » ; il fait surtout un cente communauté italienne, tiraillée entre tradition et modernité, inquiète trame d’un récit alerte et pitto- Nous voilà prévenus. Prévenus une beauté que protège un patri- bref et bel éloge de la métaphore, quant à son identité. Bastianu, héros d’une tétralogie dont Sempre caro resque, comme une greffe réussie en faveur d’un auteur si modeste, cien tout-puissant. L’incorrigible aussi nécessaire pour dire la mu- constitue le premier volet, est un avocat qui accepte de se faire enquêteur entre l’élégante rapidité des Lu- qu’au fil de l’intrigue, lorsqu’il re- séduit la belle – « aucun d’eux ne sique que le goût du nez et de la pour défendre Zenobi, un jeune berger accusé à tort d’avoir volé du bétail mières et la scrupuleuse drama- père la source secrète de son ins- sait ce qui se passe : c’est la mu- bouche, inépuisable nuancier des pour l’éloigner de Sisinnia, la fille de son riche employeur... Marcello Fois, turgie des romans du XIXe siècle. piration, il avoue : « Je dois en sique qui fait tout » –, et l’enlève, saveurs et des délices suprêmes. un des meilleurs espoirs de la littérature policière transalpine, réussit un ro- La « vérité historique » ? Elle pè- convenir : on n’invente jamais rien. poursuivi par des sbires d’opé- Beaussant ne saurait mentir. man d’une âpre beauté, à l’instar du pays où il est né en 1961 et dont il par- sera peu ici, puisque le musico- On se fait illusion, on se croit origi- rette. Mais ces bêtes brutes se Philippe-Jean Catinchi vient, avec la force singulière d’une écriture mêlant l’italien et le dialecte bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb sarde (remarquablement rendue en français par Serge Quadruppani), à faire sentir presque charnellement les paysages, l’esprit et les contradictions. Sempre caro est un livre rare (Traduit de l’italien par Serge Quadruppani, Tram’éditions, 120 p., 98 F [14,94 ¤].) Une métaphore b LE LIVRE DE CUISINE DE LA SÉRIE NOIRE, d’Arlette Lauterbach et Poirot-Delpech aventurier Alain Raybaud Le titre, Le Livre de cuisine de la Série Noire, laisse imaginer quelques re- joyeusement cettes diaboliques, entre bouillon d’onze heures et soupe à la grimace. Il Avec « Monsieur le Prince », l’académicien revient au roman pour livrer, dans n’en est fort heureusement rien. Amis de la cuisine et de la littérature, ré- jouissez-vous ! Voici le livre le plus délectable de l’année, fruit des efforts in- macabre ce court récit aux rebondissements multiples, une image goguenarde de notre fin de siècle sensés d’Arlette Lauterbach, traductrice, et d’Alain Raybaud, chroniqueur culinaire. Il fallait en effet un sacré appétit pour s’atteler au dépouillement ANACOLUTHE MONSIEUR LE PRINCE lui donner une réponse rigolarde, des sans-papiers, un jeune homme des quelques 2550 titres de ladite collection afin d’y dénicher cent cinquante de Basile Panurgias. de Poirot-Delpech. en traitant des thèmes qui lui hé- d’une beauté si fatale qu’on l’ap- extraits gourmands prétextes aux 298 recettes imprimées en regard. Car on Calmann-Lévy, 126 p., Gallimard, 182 p., 95 F (14,48 ¤). rissent le poil et aussi de ceux qui le pelle « Tadzio » comme chez Tho- mange, dans la Série Noire. Et comme la collection se fait de plus en plus in- 79 F (12,04 ¤). réjouissent ou simplement mas Mann et Visconti, c’est lui ternationale, il y en a pour tous les goûts. De la simple soupe de pommes de ux rescapés d’une l’amusent dans notre incertaine « Monsieur le Prince », et l’on se terre (David Grubb, La Nuit du chasseur) aux anthologiques penne all’arra- armi toutes les fleurs de catastrophe aérienne, époque. L’ancien titulaire du feuil- demande ce qu’il vient faire là, jus- biata (Tonino Benacquista, La Commedia des ratés) en passant par le shabu- rhétorique, l’anacoluthe on recommande de re- leton littéraire du Monde connaît qu’à ce qu’on comprenne qu’il re- shabu (E. V. Cunningham, Le Facteur Crésus). Quand ce n’est pas la queue est sans doute la plus sub- prendre l’avion aussi- trop la musique pour faciliter la présente la beauté gratuite dans d’alligator au riz (Chester Himes, Tout pour plaire) ou le filet de kangourou tile, la moins facilement tôt,A sinon ils n’oseront plus. Le tâche d’un chroniqueur par une in- cette fin de siècle plutôt piteuse. en croûte (Douglas Kennedy, Cul-de-sac). Qu’on se rassure toutefois. Toutes discernable.P La discontinuité de la conseil vaut aussi pour les écrivains trigue qu’il suffirait de résumer afin Tout se passe comme si Poirot- les recettes sont réalisables. Les auteurs, avec le concours de quelques chefs structure d’une phrase ne saute pas frappés d’un succès littéraire et de communiquer la substance de Delpech, conscient de ne pas livrer réputés, s’y sont employés. Il valait mieux. Dans sa description du pâté en toujours aux yeux. Basile Panurgias commercial. Bertrand Poirot-Del- son roman, et ôter ainsi toute envie le roman du siècle avec ce court ré- croûte, Raymond Chandler ne s’est-il pas contenté d’un laconique : «Du ne craint pas la catachrèse en don- pech, pas encore élu à l’Académie de le lire. cit écrit prestissimo dans une langue hachis en faux col » ? A vos casseroles ! (Gallimard, 320 p., 99 F [15,09 ¤].) nant au mot, par son titre et son ré- française, connut ce périlleux bon- Monsieur le Prince emprunte tant parfois délicieusement veloutée, b PETIT CARNET DE FAITS DIVERS, de François Trotet cit, un sens qui n’est pas exactement heur en 1984, avec L’Eté 36, roman de chemins de traverse, accumule d’autres fois un peu facile, avait dé- On ne sait ce qui fascine le plus dans cet étrange et remarquable roman. celui de la figure de style. Que ces où la grande mutation sociale de tant de rebondissements, présente cidé – lui qui a écrit, en 1981, de fa- L’élégance glacée de l’écriture, lisse et pénétrante. Le détachement absolu considérations, ni ce titre étrange, l’avant-guerre se donnait à lire avec tant de personnages à transforma- çon si gracieuse La Légende du du regard qui se concentre sur le rapport méticuleux des faits et gestes du n’éloignent le lecteur d’un récit plus allégresse et lucidité. Il attendit tions, qu’on se perdrait à le ra- siècle – d’en donner une dernière personnage principal en évitant avec un soin quasi maniaque toute psycho- distrayant que pédant, et, c’est le cinq ans pour lancer, avec Le Golfe conter autant qu’à rapporter un image ricaneuse et drôle, avant de logie, toute analyse, tout jugement. Ou le trouble suscité par la trajectoire moins qu’on en puisse dire, original. de Gascogne, son Histoire française après-midi à Luna-park. Tout tourner cette page avec celle du ca- du héros, un jeune homme d’apparence banale que l’on voit inexorable- Cette histoire insolite a deux per- de l’après-68. Cinq ans encore pour commence, au lit, dans une lendrier. ment plonger dans une sorte d’impassible folie meurtrière apparemment sonnages, Manuel Mouly qui d’en- raconter, dans L’Amour de l’huma- chambre d’hôtel près de la gare Michel Contat inexplicable. Polar à sang-froid, énigmatique et déstabilisant, Petit carnet de trée nous prévient : « Je ne suis pas nité, avec le même mélange de Montparnasse, entre celui qui l’oc- faits divers frappe par son originalité au moment où certains stéréotypes du nécrophile ou tordu », et le cimetière causticité et de compassion surveil- cupe, Quentin, professeur appro- Bertrand Poirot-Delpech est roman noir français actuel commencent à peser lourdement (éd. Climats, du Père-Lachaise dont Hugo disait lée, les aventures de l’humanitaire chant la fatidique soixantaine et chroniqueur au Monde. « Sombres climats », 148 p., 80 F [12,19 ¤].) qu’y « être enterré... c’est comme en Bosnie, sur fond de guerre et qui a abandonné l’enseignement, avoir des meubles en acajou ». Ga- d’amour. La veine romanesque de et Tania, une jeune femme qu’il y a gnant peu en allant « au Charbon », B. P.-D. semble donc se réveiller emmenée sans difficulté le jour le café où il travaille, Mouly s’engage tous les cinq ans, toujours suscitée même de leur rencontre. Tout comme croque-mort pour arrondir par l’Histoire, laquelle, au présent, commence donc très bien. Par un les fins de mois, et l’idée lui vient de lui inspire des sentiments mélan- mot d’auteur de boulevard : remettre en honneur l’art de l’épi- gés, où l’étonnement navré le dis- « Après l’amour, le premier qui parle taphe, ce qui nous vaut le plaisant pute à l’ironie. c’est généralement pour dire une rappel de quelques-unes de défunts Se présentant désormais sous la connerie ! » La jeune femme est célèbres ou inconnus. A force de re- dénomination simple de Poirot- parfaitement accordée à son garder les visiteurs – « ceux qui Delpech, ce qui annonce le roman- époque, elle vit son corps avec eu- viennent respirer chez nous » – une cier populaire, notre Hercule de la phorie et générosité, et ne dé- autre idée s’impose à lui, « www. epi- fantaisie, ne perdant jamais de vue daigne pas l’argent ; l’amant tout taf. com ». En passant par son site In- les travers de l’époque – sa chro- neuf et très aguerri vit en pétard ternet, on peut s’offrir un arbre ou nique hebdomadaire y est vouée, avec son temps, mais se sent prêt à une plante du cimetière, avoir son dans ce journal – revient au roman toutes les aventures, pourvu Père-Lachaise virtuel. Laetitia, une avec Monsieur le Prince en adop- qu’elles le sortent de l’ennui où il se veuve, lui demande ses services. Et tant une technique narrative de morfond. Panurgias achève son roman sur une bande dessinée et des personnages Tania va l’entraîner dans une af- pirouette où tout à coup l’érotisme, qui ont les contours nets et les cou- faire d’héritage compliquée où elle le crime parfait, le mystère prennent leurs franches de ce genre risque de se faire blouser par un leur place. Divertissement macabre « jeune ». Monsieur le Prince est un prêtre à la double identité, prédica- dans un style qui, de la réalité au vir- roman pour jeunes gens qui ont teur à l’ancienne et organisateur de tuel, entraîne le lecteur séduit envie de savoir comment un sexa- fêtes pédophiliques – les deux irri- comme par une agréable conversa- génaire voit cette fin de siècle. tant si fort l’auteur qu’il finit par tion, le récit laisse percer plus qu’il Comment la voit un quadragénaire, noyer son personnage dans le golfe n’y paraît en évoquant « un monde on l’a su avec Les Particules élémen- de Gibraltar. Entre Tanger et l’Es- où les repères coulissent continuelle- taires, de Michel Houellebecq. Il pagne, « au beau milieu de nulle ment », comme l’anacoluthe. semble que Poirot-Delpech, fouet- part », surgissent des aventuriers, Pierre-Robert Leclercq té par ce roman d’époque, ait voulu des justiciers attachés aux droits LeMonde Job: WIV4799--0006-0 WAS LIV4799-6 Op.: XX Rev.: 24-11-99 T.: 20:11 S.: 111,06-Cmp.:25,08, Base : LMQPAG 40Fap: 100 No: 1776 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 la chronique

de Roger-Pol Droit b

teur, usure, mort... voilà toutes VARIATIONS SUR LE CORPS Le corps humain est-il les réelles vieilleries, supposées de Michel Serres. ignobles, dont il faudrait idéale- Le Pommier, 192 p., périmé ? Michel Serres ment se défaire. 210 F (32,01 ¤). A corps perdu Ne pas croire qu’il s’agit là seu- le chante et le magnifie. lement de tendances, évolutions L’ADIEU AU CORPS possibles, pures éventualités. En de David Le Breton. David Le Breton dresse quelques lieux, la transformation Ed. Métailié, 240 p., est déjà irréversible. Pour s’en 120 F (18,29 ¤). l’inventaire des faire un idée, on lira le court récit de Bruce Benderson. Il a connu la SEXE ET SOLITUDE tentatives en cours pour vie sur les routes américaines de Bruce Benderson. dans les années 70, la drogue à Payot, « Manuels », 112 p., l’abolir ou le modifier. Times Square, la drague homo- 69 F (10,51 ¤). sexuelle, l’existence dans les Décidément, on vit une marges où se mêlaient les généra- l recèle toute sagesse, ouvre tions et, aussi, les classes sociales. toute connaissance, rend époque formidable Il décrit sobrement, de manière I possible et accompagne exacte et froide, les changements toute création. Mieux : il est montagne, un jeu en équipe, une radicaux intervenus en quelques lui-même création continue, sur- posture nouvelle, une douleur. années. Arrivée du sida et d’Inter- gissement de possibilités. S’agrip- Michel Serres, entre évocation net, mort des derniers grands tra- pant au monde, l’élargissant, mo- poétique et rigueur démonstra- velos, fermeture des boîtes, mise difiant la réalité du dedans tive, entre fleur de peau et chris- en route des caméras. Rues dé- d’elle-même, le corps est l’an- tianisme, veut persuader son lec- sertes, écrans allumés, chacun crage premier de tous nos savoirs. teur que le corps, dans sa chez soi. Seul, comme il convient En lui et par lui nos idées les plus souplesse et sa diversité, demeure aux puritains d’être seul face à abstraites trouvent élaboration l’espace où s’inventent vies et Dieu. Grande victoire de la haine muette et leur cheminement ta- idées. du corps. Conclusion : « Comme cite. Plastique, fluide, inventif, ca- Pour retrouver de tels chemins, des automates de films de science- pable de mille postures et d’au- sans doute y a-t-il fort à faire. Le fiction série B, nos corps continuent tant de métamorphoses, le corps corps semble aujourd’hui plus à accomplir les tâches requises ne se contente pas d’obéir aux oublié, menacé, méprisé qu’il ne d’hygiène, de travail et de procréa- ordres de l’esprit, selon une hié- le fut en d’autres temps. C’est du tion, à se déplacer du point A au rarchie dérisoire et fausse. C’est moins le constat dressé dans son point B. Pendant ce temps, nos es- au contraire de sa vigilance et de dernier livre par David Le Breton, prits continuent à cracher désirs et ses torpeurs, de ses efforts et tâ- observateur attentif des repré- obscénités dans l’atmosphère. Les tonnements que naissent signes sentations du corps dans les so- médias se sont assurés que ces éja- et pensées. Telle est la conviction ciétés contemporaines. S’an- culations soient partout. Le moi de Michel Serres, qu’il offre à par- nonce, à ses yeux, le temps de la n’est à présent nulle part en parti- tager dans un livre de belle fac- fin du corps. Ou du moins des culier et, suivant le point de vue ture, où les images tiennent un fantasmes et des risques réels. ou encombrant. Çà et là, on là : inventer les moyens de refaire électroniques. Ces différents pro- d’où l’on se place, toutes les direc- rôle à part entière. Tableaux et Depuis longtemps déjà, la ma- commence à le trouver archaïque, à neuf cet antique mécanisme, cessus ne se situent pas sur le tions sont possibles, ou aucune. » photos, ici, ne servent pas d’illus- jeure partie des humains a perdu voire obsolète. Plus s’accroissent trouver la façon de le décompo- même plan, évidemment. Tous De ces divers propos inconci- tration. Couleurs et formes le sens de l’ancrage corporel de les performances des machines, ser et de le recomposer, s’assurer convergent cependant vers un liables, on ne saurait tirer une le- parlent aussi, pleinement. l’existence : les efforts physiques plus la vieille viande paraît lente la maîtrise technique de toutes changement profond de l’attitude çon simple. Sans doute de Cette présence charnelle des sont pratiquement tous suppri- et dépassée. A côté des capacités ses pièces, en attendant la sup- relative au corps. Marqué, incisé, grandes manœuvres sont-elles images convient évidemment à la més, bon nombre de sensations chaque jour nouvelles des intel- pression des vieilleries inutiles. modifié, réorganisé, le corps de- engagées autour de l’intimité teneur du texte. Michel Serres liées à la dépense musculaire, à ligences artificielles et des mé- David Le Breton donne une im- vient le résultat d’une action déli- même du vivant. Chacun le sait prolonge en effet les descriptions l’activation du souffle ou aux bat- moires électroniques, le corps hu- pressionnante série d’exemples. bérée, le produit d’un projet, le bien. Mais il n’y a pas nécessaire- et analyses du savoir sensible en- tements du cœur demeurent dé- main semble à certains imparfait, Ils sont en apparence disparates : signe d’un style. En attendant ment de quoi s’affoler. Jouer à se tamées notamment dans Les Cinq sormais purement et simplement mal conçu, inadapté, peu perfor- usage massif des psychotropes qu’on puisse s’en débarrasser, faire peur est certes agréable. Se Sens (Grasset, 1985). Qu’on laisse inconnues. Mais cela n’est rien à mant, empêtré d’animalité. Il est pour fabriquer des états psy- charger l’esprit sur une disquette lamenter sur les temps qui donc de côté la conception d’une côté de ce qui paraît en route. Si fragile, limité, soumis à l’usure, chiques à la demande, expansion et envoyer âme et conscience viennent est toujours plaisant. raison souveraine, coupée des sa- le travail de David Le Breton est exposé à la fatigue et aux mala- de la chirurgie esthétique pour dans les circuits électroniques, Pourtant, aussi artificieuse et ma- veurs et des gestes. Qu’on aban- aussi inquiétant qu’intéressant, dies, sujet à l’erreur et à l’oubli, modeler les apparences, tran- comme un document attaché. On nipulatrice que soit l’époque qui donne la représentation d’une c’est qu’il décrit bien autre chose contraint de dormir et de manger, sexualisme, piercing, tatouages, ne s’étonnera pas de retrouver, s’annonce, il se trouvera néces- machine corporelle assujettie à la que les méfaits sans surprise de peu fiable, faible en rendement, body building, body art, tech- dans ces délires post-webeux, de sairement des humains capables volonté du sujet. Au lieu de ces l’avachissement et de l’apathie. inchangé depuis le néolithique ! niques de procréation artificielle, très constantes haines, présentes de se donner pour but dans l’exis- mépris et méprises, qu’on veuille Sans emploi, presque dépourvu Cet organisme ne serait donc brevetabilité du vivant, interac- de longue date dans une série de tence de n’être qu’un corps, rien prêter attention à ce que transfi- d’exercice et d’usage, le corps qu’un brouillon à rectifier. La tions croissantes des organismes gnoses diverses. Sexe, entrailles, qu’un corps, mais tout un corps. gurent par exemple une course en n’est pas seulement jugé insolite nouvelle frontière se trouverait biologiques avec des ensembles fluides du corps, finitude, pesan- Ça rassure.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Le statut du hasard dans la condition humaine Premier volet d’une somme protéiforme qui prend pour modèle Spinoza et le Talmud, le livre d’Henri Atlan opère un audacieux rapprochement entre les notions opérationnelles actuelles, notamment de la biologie, et celles de la philosophie traditionnelle, encore imprégnée de mythe

’est un véritable système monde. L’ambition est louable : à la biologique de la nature comme être planifiée par l’estimation proba- étincelles de hasard comme para- comme si notre connaissance des philosophique que pro- manière des philosophes antiques point d’appui de son discours : le biliste des risques ? » Suivant une lé- digme d’une histoire souterraine, causes était totale. Autrement dit, le C pose Henri Atlan dans Les qui maîtrisaient les sciences, pour- hasard et l’incertitude des nais- gende hébraïque, Adam, le premier morale et cosmique, où est en jeu le hasard sacré ne garde sa valeur que Etincelles de hasard, quoi le philosophe aujourd’hui ne sances et des avortements ren- homme, est séparé d’Eve pendant devenir de ces éclats dispersés dans comme possibilité théorique d’un œuvre ambitieuse qui se veut un devrait-il pas convoquer aussi bien voient sans cesse au problème ma- cent trente ans. Durant tout ce la suite des générations, et leur rôle savoir encore caché. Contrairement traité au sens ancien du terme. A le mythe que la science pour penser jeur de la condition humaine : temps, Adam répand des gouttes de dans une histoire de l’humanité à l’oracle, il ne prétend à aucune va- mi-chemin entre l’Ethique de Spino- le monde dans sa vérité ? « Quel est le statut du hasard de la sperme qui vont se disperser pour conçue comme suite d’engendre- leur de vérité. « Ni ontologique ni za, et le Talmud lui-même, et faisant Henri Atlan, biologiste et cher- naissance, du fortuit, de l’ignorance former toutes sortes de démons : ce ments, de fabrication de vivants par oraculaire, le hasard reste un déses- fi de la postmodernité, « symptôme cheur de haut niveau, membre du des causes que nous appelons le des- sont les « étincelles du hasard ». d’autres vivants. Or le problème po- poir de cause. » De cette somme de la transition en cours entre la mo- Comité d’éthique pour les sciences tin, dans notre monde que nous sa- Henri Atlan part de ce mythe bi- sé par la fabrication du vivant est protéiforme, on peut regretter dernité d’hier et celle de demain », de la vie, mais aussi philosophe et vons de plus en plus maîtriser, où l’in- blique Midrach pour convoquer la celui des conséquences philoso- qu’elle parte d’une réflexion pas- un philosophe tente de recréer le cabbaliste, part de l’observation certitude elle-même semble devoir connaissance de la genèse, celle des phiques de la révolution biologique sionnante, celle du statut philoso- philosophes – des stoïciens jusqu’à actuelle : la vie a changé de statut, phique et théologique du hasard, Levinas et Kuhn, sans oublier Spi- certes, mais quels que soient les mais qui, finalement, nous suggère noza –, pour les conjuguer aux ap- progrès faits chaque jour en ce do- ses conclusions sur un mode qui ports de la biologie, des sciences co- maine, elle résiste à l’investigation laisse le lecteur perplexe. On vou- gnitives et de la psychanalyse qui, scientifique. drait savoir si, en fin de compte, le selon lui, tendent tous à dire la hasard, ce résidu incompréhensible même chose : la connaissance de la « DÉMONOLOGIE TALMUDIQUE » – alors que la science de la vie ne sexualité, de la reproduction et des Pour la biologie, qui suppose un cesse de progresser dans la re- engendrements montre que la monisme matérialiste intégral par cherche des causes –, dont Atlan condition humaine est « inouïe ». l’union de l’âme et du corps, l’enjeu fait le secret insondable et dernier C’est aujourd’hui que les enjeux an- est celui d’un déterminisme absolu de la vie, signifie l’existence d’un ciens refont surface : avec le Big suivant la loi de la « nécessité intem- autre ordre, qu’il soit immanent ou Bang, nous en revenons à la ques- porelle » prévue de toute éternité. A transcendant. Il manque le vertige tion de la création, et donc du créa- cela, Henri Atlan, suivant sa mé- métaphysique – mais ce sera peut- teur. Avec le génome humain, à thode du rapprochement entre les être le domaine d’investigation du propos duquel on parle de patri- notions opérationnelles actuelles et tome 2 du grand œuvre... moine et de sanctuaire, la question les notions philosophiques an- Eliette Abécassis du hasard et du déterminisme rede- ciennes encore imprégnées de vient brûlante. mythe, répond par l’ébauche d’une LES ÉTINCELLES « démonologie talmudique ». Les dé- DE HASARD VERS UN NOUVEAU DISCOURS mons sont le symbole de l’aléatoire Tome 1 L’originalité d’Henri Atlan tient à de la naissance qui doit nous pré- La connaissance spermatique sa méthode : après le mythe qui server des fantasmes d’omniscience d’Henri Atlan. s’est toujours emparé de ces ques- et de toute-puissance dans la fabri- Seuil, « Librairie tions, il faut, selon lui, inventer une cation d’êtres vivants. Le rôle du ha- du XXe siècle », nouvelle forme de discours, tout en sard dans la rencontre entre un 378 p., 149 F (22,71 ¤). sachant que le mythe travaille éga- spermatozoïde et un ovule, qui dé- lement le discours scientifique aux terminera la structure génétique de « extrapolations douteuses ». La syn- l’enfant, est le lieu où se glisse préci- thèse à laquelle l’auteur aspire, cette sément la dimension de l’inconnu. « forme nouvelle de discours », par « Nul ne sait ce que peut le corps », laquelle « nous devons faire feu de dit Henri Atlan en citant Spinoza, le tout bois », descend dans « le juri- « renégat christianisant », qui a été, disme du cas par cas pour y argu- selon l’auteur, mal compris et pris à menter, comme dans le Talmud, de tort pour un hérétique : « Personne façon contradictoire, le permis et l’in- ne sait quel est le pouvoir du corps ni terdit », tout en alliant l’analyse du ce qu’il est possible de déduire de la détail technique et l’examen de considération de sa seule nature. » principes plus généraux. C’est dans cette part d’inconnu C’est ainsi que l’auteur, s’inspi- qu’est la place du démon. rant de la kabbale lourianique, qui Penser le hasard, c’est le re- s’est développée à Safed au connaître, c’est-à-dire reconnaître XVIe siècle, reprend la légende des que nous ne pouvons pas faire LeMonde Job: WIV4799--0007-0 WAS LIV4799-7 Op.: XX Rev.: 24-11-99 T.: 19:36 S.: 111,06-Cmp.:25,08, Base : LMQPAG 40Fap: 100 No: 1777 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / VII b Pari Perpetuum mobile L’actualité éditoriale – un recueil d’articles et un volume d’hommages de ses disciples – rappelle la place considérable manqué de Madeleine Rebérioux dans le champ de l’histoire contemporaine. Retour sur une vie d’engagement

rencontrer. Il n’était donc pas inu- Beaucoup veulent entrer en his- trois principaux apports de l’histo- montre assez, ce mot exprime une PARIS 1900 PARCOURS ENGAGÉS tile de redire quelques vérités pre- toire par l’étude de la classe ou- rienne. En premier lieu, la consti- culture politique composite dont Essai d’histoire culturelle DANS LA FRANCE mières. Que la connaissance histo- vrière, parce que sa cause les ap- tution de la période qui va de l’af- Madeleine Rebérioux s’attache à de Christophe Prochasson. CONTEMPORAINE rique progresse par accumulation pelle. Ou tout simplement parce faire Dreyfus à l’entrée en guerre identifier, à localiser, à suivre dans Calmann-Lévy, 350 p., 150 F de Madeleine Rebérioux. collective d’efforts patients et qu’ils découvrent en elle une de 1914 en domaine d’étude spéci- le temps chacun des éléments (22,87 ¤). Belin, « Socio-histoires », longs, et limités, non par jeu vir- « réalité sociale inconnue ». Si cette fique. Pour une majorité d’étu- constitutifs. 544 p., 190 F (28,97 ¤). tuose sur les effets d’annonce his- prise de conscience s’est manifes- diants, Madeleine Rebérioux reste De l’affaire Dreyfus, enfin, ette errance dans le Paris toriographique. Que l’historienne tée avec une telle force d’entraîne- l’auteur du tome 11 de la Nouvelle qu’elle interroge et explore à nou- des années 1890-1900 ne nfant, Madeleine Rebé- ne renonce pas aux rigueurs de la ment au moment où le pays attei- histoire de la France contempo- veau dans la dernière partie de son C manque pas de préten- rioux s’est rêvée musi- méthode sous prétexte qu’elle a, gnait le point culminant de son raine (2). Le présent recueil, no- livre, l’intellectuelle a retenu que le tions. Elle veut montrer cienne. Elle l’avoue sans comme disait Marc Bloch, « besoin taux d’industrialisation, qui est tamment l’article déjà classique lieu où la compétence et l’engage- – est-ce si neuf ? – que la culture E regret, satisfaite de d’unir l’étude des morts à celle des aussi celui de la proportion d’ou- sur « Les tendances hostiles à ment sont voués à s’entregreffer peut construire l’espace et que le n’avoir plus à prouver qu’elle a été vivants ». Qu’une œuvre militante, vriers dans sa population indus- l’Etat dans la SFIO (1905-1914) », s’appelle une revue. Belle complé- Paris de la tour Eiffel et du métro vi- chef d’orchestre. Elle en a eu l’au- enfin, peut à la fois – nul ne l’a trielle, c’est un trait frappant, mais dévoile une partie du secret de la mentarité, là encore, de l’exigence vait aussi d’images mentales. Bref, il torité. Le goût de diriger, non pour mieux dit que Maurice Agulhon logique, de l’histoire sociale à la réussite exceptionnelle de ce livre, scientifique, du goût de la contro- s’agit de faire l’analyse « dyna- le plaisir d’exercer un pouvoir, dans sa leçon terminale au Collège française. Une tendance qu’ex- pourquoi avoir peur du mot ?, de verse et du désir de faire, collec- mique » des représentations d’une mais pour faire ressembler le mé- de France – « vous classer à gauche pliquent à la fois l’idiosyncrasie de ce manuel qui n’a pas été rempla- tivement, œuvre utile. Et les dé- ville par une enquête, « d’ethno- tier à un art. L’aptitude à ordonner par son choix d’existence, par son chacun de ses animateurs et la té- cé. Il n’est certes pas commun bats entre chercheurs, la diffusion histoire » et « métaphorique » à la les forces ; le besoin de les écouter, climat, par sa contribution d’imagi- léologie unitaire qui les inspire qu’un manuel porte ainsi au jour des acquis et des innovations épis- fois, qui détaille le discours des élites pour faire mieux entendre son tra- naire, et vous classer savant par ses tous. On le voit bien dans l’hom- tout un champ de recherche. Ce- témologiques ne seraient plus intellectuelles sur leur Ville-Lumière. vail. Et ce qu’il faut d’orgueil et de innovations conceptuelles ». mage de Madeleine Rebérioux à lui-ci est venu à son heure, prépa- concevables sans l’existence de re- Le projet étant assez piquant, on ba- confiance en soi pour sacrifier son ses maîtres, mentors et camarades ré par une sédimentation érudite vues animatrices. Nul n’ignore la guenaude volontiers au milieu d’une œuvre à celles que l’on s’approprie ESPRIT D’INSOUMISSION historiens, Ernest Labrousse, Jean part éminente qui lui re- foule d’écrivains (Zola, notamment, en les continuant. Livre de fidélités, donc. Mais à Maitron, Rolande Trempé, Claude Jean-François Chanet vient dans les succès du est fort bien utilisé), de rhéteurs de Dans sa préface au recueil d’ar- quelles espérances, à quelles luttes Willard, comme, sur un autre plan, Mouvement social ou des carrefour et de barbouilleurs sym- ticles qu’elle fait paraître chez Be- fondamentales ? « Quoique par dans ses articles sur le mouvement et par une expérience professo- Cahiers Jean Jaurès. pathiques. On sourit de l’angoisse lin, Madeleine Rebérioux revient l’âge relevant de la génération de la syndical et les femmes jusqu’au rale, dans le Vincennes gaspilleur Madeleine Rebérioux dit trop fin-de-siècle. On picore. Mais l’on se sur ses commencements. Elle at- guerre, par la vie civique je me Front populaire, les travailleurs du et exaltant des lendemains de 68. loyalement ce qu’elle a appris de lasse vite des ratiocinations, jusqu’à tache de l’importance, on le sent considère comme appartenant à la Livre, ou, élément d’un Jaurès tou- Son érudition, d’autre part, pro- ses maîtres pour n’avoir pas méri- perdre le souffle en abordant une bien, à livrer, avec ce que l’exercice génération de la guerre d’Algérie », jours recommencé, l’analyse de sa cède par cercles concentriques té le volume de mélanges que ses « herméneutique » de l’affaire impose de franchise et de pudeur, rappelait Madeleine Rebérioux « Vision du prolétariat ». plutôt que par empilements ou disciples, sous la direction de Dreyfus qui ne dit guère qu’alors quelques clefs pour comprendre lors d’un colloque en 1993 (1). Il lui Passionnel, l’attachement à Jau- emboîtements. Aussi n’abuse-t- Vincent Duclert, Rémi Fabre et Pa- Paris virait à droite. une carrière, les choix d’une histo- en est resté l’esprit d’insoumission rès ? À ses actes et paroles est elle pas des cloisons ni des éti- trick Fridenson, ont préparé à son Le livre est décevant parce qu’il rienne, une idée du métier qui ne et le sens de l’autonomie. Sa de- consacrée toute la troisième partie quettes. Politique, social, culturel, intention (3). Aucun de ses terri- néglige son idée directrice : montrer sépare pas art du verbe et art de vise, au tournant des années 1950- du livre. Comment pourrait-il être il y a évidemment des trois dans toires et de ses chemins de prédi- « comment sont associées les données vivre. 60, peut-être faut-il la chercher neutre ? « La notion de neutralité, cette histoire où l’économique, le lection n’a été oublié. Le rituel nouvelles de la culture de masse et la Au moment où cette carrière a chez Aragon, à l’avant-dernier de quelque ordre qu’elle soit, im- statistique demeurent à l’arrière- académique, en l’occurrence, vient grande ville contemporaine ». Or commencé, l’engagement était à poème du Mouvement perpétuel, plique fallacieusement celle de sé- plan. Nulle étroitesse, donc, dans à point nommé réactualiser une cette culture-là gît alors dans le la discipline une sorte de « La route de la révolte » : «Ni curité » : on aime à penser que la délimitation des terrains de par- pensée qui a été d’avant-garde sous-sol du cinématographe, au complément obligé, par prolonge- j’accepte soldat ni Dieu. » Sa place Madeleine Rebérioux pourrait si- cours, point d’uniformité dans le non par conformisme idéologique, caf’conc’, au stade ou dans la presse ment citoyen et existentiel. « Nous est au côté de ceux que le désir gner ces mots écrits par Ramuz choix des objets et des angles de mais par ambition savante. Après à un sou. On a donc peu de chance étions nombreux, rappelle-t-elle, à partagé de changer le monde en avril 1915. Cet attachement n’a vue. Socialismes : comment le mot l’avoir suivie dans ses parcours en- de pouvoir mesurer sa puissance sur avoir connu l’enthousiasme et la porte à bâtir une nouvelle histoire de sens que constant, continué ne serait-il pas au pluriel, après gagés, on loue décidément Made- les imaginaires à travers le discours, difficulté d’être communistes » –si sociale. Équipes, groupes d’amis dans l’analyse de formes ou de avoir été revendiqué tour à tour leine Rebérioux de n’avoir eu ni d’effroi ou de sympathie, que nombreux, même, qu’on se de- où les regards, les questions et moments divers de cristallisation par des paysans de Saône-et-Loire besoin de s’appesantir pour faire tiennent les sorbonnards bousculés mande si le difficile, alors, n’était propositions des femmes de la conscience socialiste – exem- dont les références, en 1905-1906, école, ni peur de se disperser pour et les revues trop huppées. Le tout pas plutôt de ne l’être point. Mais conquièrent d’emblée une légiti- plaire, à cet égard, l’étude de la restaient Proudhon et Hugo plutôt convaincre. petit monde que ce livre détaille n’a ces temps sont changés. Du fait de mité sans commune mesure avec manifestation d’octobre 1909 que Marx, et par les guesdistes guère eu prise sur la construction la massification de la production celle que les institutions acadé- après l’exécution de l’anarchiste réunis cinq ans plus tard autour de (1) Les Facs sous Vichy. Publications de mentale du Paris des grands-ducs et historique, trop de réputations se miques sont prêtes à leur re- catalan Ferrer. C’est ainsi, et ainsi Compère-Morel pour rédiger l’En- l’Institut d’études du Massif Central, des pères de familles, des midinettes construisent sur l’oubli de réfé- connaître. Aussi, celles qui ont fait seulement, que le vagabondage cyclopédie socialiste ? Plus qu’un université Clermont-II, 1994. et des gouapes qui coururent tous à rences paresseusement tenues là leurs premières armes sont-elles militant se révèle scientifiquement corpus doctrinal et qu’un courant (2) La République radicale ? 1898-1914, l’Expo, électrisés et confiants. Pour- pour « épuisées ». Il est si facile de devenues des autorités de premier sûr. d’opinion, en eux-mêmes multipo- Seuil, « Points/Histoire », 1975. quoi donc lui avoir consacré un livre présenter aux étudiants comme plan : il suffit de penser à Annie Le choix des articles, la composi- laires, incomplets, contradictoires, (3) Avenirs et avant-gardes en France, aussi affété ? old fashioned les travaux anciens Kriegel, à Mona Ozouf, à Michelle tion du plan en quatre mouve- l’essai de synthèse sur « Socia- XIX-XXe siècles, La Découverte, 440 p., Jean-Pierre Rioux que la curiosité pourrait leur faire Perrot. ments mettent en évidence les lisme et Révolution française » le 210 F (32,01 ¤). bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Servitudes militaires L’étrange hommage de Benamou à la Résistance Brossant le portrait d’une génération, Saint Marc Donnant la parole à quelques témoins fameux de cette épopée secrète, le journaliste analyse la fin de l’armée comme institution troque la « mode Vichy » pour la révérence de « gens d’élite »

ment de l’Occupation, c’était à la l’auteur adopte la posture esthé- de la section « renseignement » Jean Moulin. Tous ces récits LES SENTINELLES DU SOI fois l’exotisme dans les paysages et C’ÉTAIT UN TEMPS tique du passeur distingué, «un des services secrets de la France passionnés et passionnants d’Hélie de Saint Marc, dans les mœurs, mais aussi le DÉRAISONNABLE peu comme ces écrivains du milieu libre, arrêté en France en juillet confirment l’appréciation de avec Laurent Beccaria. contact d’intelligences aiguisées par Les premiers du XIXe siècle qui allaient recueillir 1944 et déporté ; Daniel Cordier, Maurice Agulhon : les résistants Ed. Les Arènes, 208 p., 120 F une culture millénaire. Les vétérans résistants racontent les confessions des compagnons de parti pour Londres en juin 1940, étaient, au vrai sens du terme, (18,29 ¤). américains ont gardé du Vietnam le de Georges-Marc Benamou. Bonaparte ». Et puis seuls ont été formé comme radio, parachuté en « gens d’élite ». souvenir, où l’horreur prédomine, Laffont, 360 p., 139 F (21,18 ¤). sollicités des témoins dont les France et devenu secrétaire de Laurent Douzou es vieux soldats, pour leur d’avoir été jetés étrangers dans un noms sont connus, voire célèbres. dernier bivouac, sont parfois pays étrange et inassimilable. Pour e sont bien deux livres Etait-il vraiment impensable de L en veine de confidences. » Saint Marc et ses camarades, au- en un que propose donner du cercle étroit des pion- Hélie de Saint Marc conti- delà des souffrances et des deuils, Georges-Marc Bena- niers de la Résistance une évoca- nue d’enterrer ses morts. Ceux de C demeure un attachement intellec- mou. Une douzaine de tion plus conforme à sa diversité Buchenwald et de la Résistance, tuel et charnel. pages d’avant-propos et d’épi- originelle et à la modestie du par- ceux d’Indochine et ceux d’Algérie. L’armée, en tant qu’institution, logue encadrent les témoignages cours de bon nombre d’entre eux A ses Mémoires, Les Champs de n’avait pas survécu à 1940. Elle de quatorze résistants, coiffés après guerre ? braise (Perrin, 1995), il ajoute au- n’avait pas rempli son rôle d’ultime chacun d’un texte ramassé et vo- L’irritation cède vite à la lec- jourd’hui un recueil de réflexions et recours de la survie nationale. Ses lontairement impressionniste, au ture des témoignages, qui sont de souvenirs. Epars, certes, mais, à divisions, les conflits dans lesquels sens pictural du terme, cherchant captivants. Claude Bouchinet- travers des propos sur la vie, la on l’avait ensuite fourvoyée et dont à situer les témoins en les mettant Serreulles, qui nous introduit mort, les femmes, apparaît une sorte l’enjeu n’était pas l’existence même en scène dans leur intérieur. dans les arcanes de la Délégation de réplique moderne de ce Servitude de la France avaient empêché Cette construction vaut qu’on générale ; Pierre Messmer, Fran- et grandeur militaires maintes fois qu’elle le redevienne. Elle a tenté, s’y arrête. Enfant, Georges-Marc çais libre de la première heure et évoqué par les derniers combattants selon l’expression d’un de ses chefs, Benamou était fasciné par le mo- de toujours, qui assène tranquille- des guerres de décolonisation. le général Ely, de devenir ou redeve- nument élevé à Nice à la mémoire ment que « la Résistance intérieure Par-delà l’hommage aux morts, nir « la tutrice de la nation ». Elle a des résistants Tonin et Grassi, n’avait aucune cohésion » ; Jean- les souvenirs des camps, des jungles, cru y parvenir en 1958, mais de exécutés en 1944. Adulte, il suc- Pierre Vernant, qui évoque ce des djebels et des prisons apparaît Gaulle lui ravit sa victoire politique comba à la « mode Vichy », jeune résistant catholique qui, ar- l’image d’une génération militaire comme il lui ravira sa victoire mili- puisque « c’est là qu’il fallait être rêté, lui sauva la vie par son si- dont certains membres ont, depuis taire. Faute d’être une institution, en ce tournant de siècle ». Il eut lence ; Passy, témoignant sur le leur âge d’homme, ignoré pendant elle est un service public, même si pour ami un François Mitterrand seuil de la mort d’une aventure à vingt ans, sauf pendant quelques se- c’est un service à risque et qui exige qui excellait à ressusciter par le laquelle rien ne l’avait préparé ; maines fragiles de 1954, ce qu’était des vertus particulières. Radicale- verbe la géographie politique de André Postel-Vinay, atypique ins- la paix. ment différente de celle des an- Vichy, mais aussi « ses capitaines pecteur des finances dont le bref L’Indochine, si durs qu’y aient été nées 50 ? On pourrait le croire. Une démodés, ses jolies secrétaires ». récit est si modeste qu’il ne dit les combats, est restée inscrite au rencontre de l’auteur avec des Un soir de 1994, au restaurant, mot de l’incroyable façon dont il cœur de ces soldats de métier. Au jeunes colonels d’aujourd’hui, vété- Georges-Marc Benamou surprit se sortit des griffes de la Gestapo ; sortir de la guerre et de l’enferme- rans des interventions aux quatre un salut « étrange, discret mais ap- Hélie de Saint Marc, qui note que coins de la planète, de l’Afrique à puyé, presque illicite » entre son « personne ne parle des héros sans l’Irak et à la Bosnie-Herzégovine ami le président et le dîneur d’une grade qui ont servi et ne se sont ja- amène Saint Marc à conclure que table voisine, qui se trouvait être mais servis » ; Alain Le Ray, témoi- revient « le temps des guerres orphe- Maurice Papon. De cette scène fu- gnant sur le Vercors et Jean lines, celles dont personne n’assume gace est né ce livre, dicté par un Prévost ; José Aboulker, chef à la parenté, où l’enjeu disparaît sous irrépressible besoin de se ressour- vingt-deux ans d’une opération les polémiques et la manipulation mé- cer à l’admiration d’enfance pour déterminante pour le débarque- diatique. (...) Loin d’être la queue de les deux FTP suppliciés. Ayant ment allié de novembre 1942 à comète de l’époque coloniale, nos « la nausée de Vichy », Benamou a Alger ; Lucien Neuwirth, résistant épreuves vietnamiennes préfigurent voulu rendre visite aux résistants à seize ans, parachutiste de la peut-être les conflits du XXIe siècle ». avec le souci affirmé de leur don- France libre à dix-neuf ; Germaine A moins que la doctrine de la ner la parole pour qu’ils se livrent Tillion, passée sans transition de « guerre zéro mort » ne soit la fin du tels qu’en eux-mêmes, non «en l’observation du Sud constanti- soldat. Tuant sans risque, il devien- costume trois pièces de notable nois au groupe du Musée de drait un « exécuteur ». gaulliste ». l’homme ; Pierre Lefranc, l’un des Il n’est pas plus facile aujourd’hui Louable intention sur un che- organisateurs de la manifestation qu’hier de porter l’uniforme. min de Damas qui irrite tout de du 11 novembre 1940 à l’Arc de Jean Planchais même passablement. C’est que triomphe ; Stéphane Hessel, chef LeMonde Job: WIV4799--0008-0 WAS LIV4799-8 Op.: XX Rev.: 25-11-99 T.: 06:57 S.: 111,06-Cmp.:25,08, Base : LMQPAG 40Fap: 100 No: 1778 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 essais b Retour sur la chute du mur de Berlin Commémoration oblige, le dixième anniversaire de la chute du mur de Berlin le 9 novembre suscite de part et d’autre du Rhin une série de publications : essais, témoignages, articles remettent en perspective l’un des actes fondateurs de la réunification allemande

es éditeurs ne pouvaient laine Guittard (La Face cachée de ses intérêts en Europe, mais elle ne pas manquer le dixième l’unification allemande). Regrettant conçoit pas son avenir autrement L anniversaire de la chute du ouvertement que la RDA n’ait pas qu’au sein d’une Europe renforcée, mur de Berlin. Bien qu’au- su devenir « une alternative socia- elle-même conçue comme un ac- cune somme historique de réfé- liste-libérale » à la RFA capitaliste teur global dans un monde multi- rence n’ait encore été publiée sur et américanisée, les deux auteurs polaire. C’est l’opinion d’Hubert le sujet et que les publications estiment que la voie choisie par le Védrine qui dit, dans la Revue in- soient moins nombreuses en gouvernement du chancelier Kohl ternationale et stratégique : « Arrê- France qu’en Allemagne, plusieurs après 1989 a été porteuse de catas- tons de craindre la force de l’autre, essais, témoignages ou revues mé- trophes à l’Est : privatisations mas- réjouissons-nous de ses succès, et tâ- ritent de retenir l’attention. sives, suppressions d’emplois à chons de rendre nos capacités tou- Que s’est-il passé le 9 no- grande échelle, escroqueries finan- jours plus complémentaires, au ser- vembre 1989 ? Mikhaïl Gorbatchev cières. Ces arguments sont dis- vice de l’Europe. » parle de la « logique implacable de cutables. l’Histoire ». Dans un livre qu’il Les dirigeants de Bonn n’ont pas Lucas Delattre vient de faire paraître en allemand, estimé que les Allemands de l’Est l’ancien dirigeant soviétique écrit méritaient d’imprimer la moindre ૽ Wie es war, die deutsche Wiederver- que les citoyens de RDA ont eu marque à la nouvelle Allemagne. einigung (« Comment ça s’est vrai- l’Histoire en main et que rien n’au- Fritz Vilmar et Guislaine Guittard ment passé, la réunification alle- rait pu les empêcher de conquérir rappellent que les modalités de la mande »), de Mikhaïl Gorbatchev, leur liberté. Les choses sont sans réunification n’ont pas été sou- éditions Ullstein (en allemand, non doute plus compliquées. Pour re- mises à référendum et que le pays traduit), 222 p., 36 DM. Des extraits placer les faits dans un contexte n’a pas été doté d’une nouvelle de ce livre ont été présentés dans historique élargi, on se reportera Constitution (comme l’aurait vou- Le Monde du 4 novembre. très utilement à Ces hommes qui lu l’article 146 de la Loi fondamen- – « La Nouvelle Allemagne », numé- ont fait tomber le Mur, de Nicolas tale ouest-allemande, volontaire- ro spécial de la Revue internationale Jallot. Le journaliste, qui a parcou- ment ignoré par Bonn). Or et stratégique (publié par l’IRIS, 2 bis, ru en profondeur l’Europe de l’Est l’identité est-allemande existe plus rue Mercœur, 75011 Paris, 246 p., pendant toutes les années qui ont que jamais. Ainsi, la revue Autre- 100 F [15,24 ¤]). précédé et suivi la chute du Mur, ment, qui vient de sortir un numé- – Ces hommes qui ont fait tomber le choisit de braquer le projecteur sur ro entièrement consacré aux Mur, de Nicolas Jallot (éd. de l’Ate- GUILLAUME ZUILLI/VU GUILLAUME les principaux acteurs d’une série « rêves et aux désillusions » des Al- lier, 220 p., 120 F [18,29 ¤]). d’événements que Mikhaïl Gorba- et la chute du mur de Berlin, en vivre les moments dramatiques de quelle était l’« économie du pou- lemands de l’Est, racontés à l’aide – Novembre 1989, le mur de Berlin s’ef- tchev lui-même, lorsqu’il est arrivé 1989, n’étaient plus que les der- cet été 1961 sur lequel a plané, voir » en RDA, un régime « post- de portraits et d’anecdotes fondre, recueil d’articles du Monde à la tête de l’Union soviétique en niers maillons d’une chaîne qui ne pendant quelques jours, la menace totalitaire » où la surveillance ex- souvent pétillantes par la journa- depuis 1961, présentés par Daniel 1985, ne pouvait plus entièrement demandait depuis longtemps qu’à d’une guerre ouverte entre l’Est et trêmement raffinée de la popula- liste berlinoise Gabriele Vernet (Seuil, « Les événements du contrôler. se briser. l’Ouest (« Novembre 1989, le mur tion permettait de limiter le Goettle. « Que va engendrer le dé- Monde », 224 p., 79 F [12,04 ¤]). En juin 1979, le pape Jean Paul II « S’agissant de caractériser ce qui de Berlin s’effondre »). recours à la violence : « La Stasi sa- sæuvrement blafard des idéologies ? – Une société sous surveillance. Les in- s’était rendu en Pologne un an s’est passé en 1989, il me semble que Comment expliquer que le 9 no- vait tout mais ne pouvait rien », (...) Quels nationalismes, quels inté- tellectuels et la Stasi, de Sonia Combe après sa nomination au Saint- l’élément central a résidé dans la vembre 1989, soit dix-huit ans plus écrit Sonia Combe à propos des grismes ? Quelles nouvelles utopies (Albin Michel, 264 p., 120 F [18,29 ¤]). Siège. Cette visite « joue un rôle de disparition de la peur », dit Fran- tard, un appareil policier aussi so- dernières années du régime, où la serviles ? », s’interroge Christian – La Face cachée de l’unification alle- détonateur », écrit Nicolas Jallot, çois Fejtö, interviewé par la Revue phistiqué que celui de la RDA, ap- surveillance permettait au pouvoir Pringent dans un opuscule mande, de Fritz Vilmar et Guislaine qui rappelle que les autorités polo- internationale et stratégique. Or puyé sur 80 000 fonctionnaires de de se reposer sur un « fonctionne- d’amour déçu consacré à Berlin. Guittard (éd. de l’Atelier, 233 p., 120 F naises ont été complètement dé- c’est bien la peur qui, le La Stasi et 170 000 « informateurs ment automatique » de ses institu- En France, la nouvelle Alle- [18,29 ¤]). bordées par l’ampleur de cette vi- 15 août 1961, avait amené les diri- inofficiels » (les IM), « se soit tions, aux apparences trompeuses. magne suscite à nouveau craintes – A l’est du Mur. 1989-1999 : les Alle- site et par les réactions geants de Moscou et de Berlin-Est presque instantanément avoué vain- Après la chute du Mur, tout est et appréhensions. « L’Allemagne mands de l’ex-RDA, leurs rêves, leurs enthousiastes de la population. à décider la construction du Mur. cu » ? Telle est la question que allé très vite. Mikhaïl Gorbatchev n’aime plus la France », écrit désillusions, de Gabriele Goettle (éd. Quelques semaines plus tard, Lech Peur de voir fuir de plus en plus de pose Sonia Combe dans un livre reproche au chancelier Kohl Georges Valance dans un livre qui Autrement, « Mémoires », 222 p., Walesa déclenche une grève illimi- membres de l’élite est-allemande consacré à la description des d’avoir précipité les choses, et no- présente la « République de Ber- 130 F [19,81 ¤]). tée à Gdansk. Un vent de liberté vers l’Ouest, peur de perdre du ter- rouages du pouvoir en RDA (Une tamment d’avoir forcé l’élargisse- lin » comme un pays calculant ses – La Revanche de l’Allemagne 1989- souffle partout en Europe centrale. rain dans la compétition écono- société sous surveillance). L’objet ment vers l’Est de l’OTAN tout en atouts dans une concurrence per- 1999, de Georges Valance, Perrin, La révolution est en route. Témoi- mique avec l’Occident – on se rap- d’analyse choisi par l’historienne marginalisant Moscou. La réunifi- manente avec la France. Attention 297 p., 125 F [19,05 ¤]). gnages de dissidents à l’appui, Ni- portera aux articles d’Alain – vingt dossiers établis par la po- cation a-t-elle été une « colonisa- aux visions simplistes ! La « Répu- – Berlin, deux temps trois mouve- colas Jallot montre que la catastro- Clément, correspondant du Monde lice politique à propos d’intellec- tion » de l’Est par l’Ouest ? Telle blique de Berlin » est certes plus ments, de Christian Prigent, Zulma, phe de Tchernobyl, en avril 1986, en Allemagne à l’époque, pour re- tuels – lui permet d’expliquer est la thèse de Fritz Vilmar et Guis- soucieuse qu’avant de défendre 136 p., 49 F [7,47 ¤]).

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livraisons

b HITLER, de François Delpla Sur la requalification des élites communistes Dans cette biographie française de Hitler, l’auteur se prend et prend son sujet au sérieux. Visant rien moins qu’à renouveler de fond en comble la vision du dictateur nazi, François Delpla En sociologues Georges Mink et Jean-Charles Szurek analysent une décennie de reclasssement plaide, par une relecture de textes connus et méconnus, pour une analyse de l’action destructrice de Hitler qui prenne davan- politique et de reconstruction idéologique. Avec une finesse qui périme l’invective revancharde tage en compte une complexion, à ses yeux, foncièrement créa- trice. L’autodidacte livré à lui-même, le peintre raté, l’antisé- beaucoup concentré sur la période modernisateur, joint à l’irruption, donc que le communisme a pro- mite apeuré, l’impulsif meurtrier de ses propres soutiens, LA GRANDE CONVERSION stalinienne et sur ses crimes. Du dès avant 1989, du secteur privé duit du capitalisme, mais encore quantité d’autres aspects sont réfutés avec constance. Apparaît Le destin des communistes coup, on en est presque venu à ou- dans l’économie (en Pologne et en que la fabrication précoce de cette dès lors un être certes fou, mais pas médiocre. Au lecteur de ju- en Europe de l’Est blier que le communisme, à l’Est, Hongrie), permet également de couche d’entrepreneurs hybrides, ger sur pièces cette thèse au sens exact du terme. A lui, en pui- de Georges Mink s’est presque partout achevé dans mieux comprendre leur specta- loin d’assurer la survie d’un sys- sant à d’autres sources qui font une place aux rouages du et Jean-Charles Szurek. le dialogue par le biais de ces tables culaire métamorphose en capita- tème à bout de souffle, précipitera complexe système nazi, de jauger cette tentative à laquelle on Seuil, « L’épreuve des faits », rondes qui, tout au long de 1989, listes prospères. finalement sa chute ! ne saurait dénier l’originalité dont elle se réclame (Grasset, 324 p., 140 F (21,34 ¤). ont réuni les équipes dirigeantes et Il s’agit sans doute là du volet le On peut s’indigner que ces ex- 542 p., 149 F, [22,71 ¤]). L. Do les oppositions. C’est pourtant de plus passionnant et le plus nou- apparatchiks se tirent aussi bien e fut, décidément, une ce paradoxe fondateur, montrent veau de cette enquête. D’autant d’affaire, à la manière de ceux qui, b LA PLASTIQUEUSE À BICYCLETTE, de Jeanne Bohec bien étrange défaite. les auteurs, qu’il convient de partir que celle-ci fait ressortir la diversité à l’ouest, réclament à toute force Dans la soirée du 18 juin 1940, Jeanne Bohec, vingt et un ans et C Réussie au-delà de l’ima- si l’on veut comprendre l’assurance des logiques qui ont poussé ces ex- un « Nuremberg du commu- 1,49 m, s’embarque de Brest à destination de l’Angleterre à bord ginable, la conversion actuelle de ces nouveaux sociaux- bureaucrates à se convertir en en- nisme ». Mais il est peut-être au- du premier bateau qui veut bien d’elle. Avec, en poche, politique et économique des an- démocrates, en même temps que trepreneurs privés. On trouve ainsi trement éclairant d’attirer l’atten- 52,75 francs. Elle n’a pas entendu l’appel du général de Gaulle. ciennes élites communistes d’Eu- leur légitimité reconquise auprès l’entrepreneur « contraint », obligé tion, comme le font ici les auteurs, Mais elle veut se battre. Engagée dans les Forces françaises rope centrale, hier haïes et mépri- d’électorats qui les ont ici et là ra- de muer par nécessité, bien repré- sur les dilemmes, les limites et les libres, initiée au sabotage, parachutée fin février 1944, elle de- sées, constitue un des aspects les menés aux commandes (en 1993 en senté parmi les ex-communistes difficultés concrètes de l’épuration. vient instructrice en explosifs auprès des résistants en sillon- plus mystérieux des « transitions » Pologne, en 1994 en Hongrie et en tchèques toujours en proie au sen- Injuste, la décommunisation ? nant sa Bretagne natale à bicyclette. Elle vit le débarquement au en cours. Comment expliquer que Bulgarie). Comment interdire à timent d’avoir été trahis par Gor- Certes. Mais que faire ? Si le mo- cœur du dispositif de la Résistance. Le témoignage sans apprêts l’opprobre moral fut d’aussi courte ceux qui ont rendu le pouvoir par batchev. Ailleurs, domine au dèle qui s’est imposé a consisté à d’une femme qui fut aux avant-postes du combat (éd. du Félin, durée ? D’où vient l’aptitude des la négociation de faire fructifier contraire la figure de l’entrepre- écarter pour un temps des services « Résistance-liberté-mémoire », 208 p., 120 F [18,29 ¤]). L. Do ex-communistes à avoir si vite sau- leur part, hautement revendiquée, neur « volontaire », celui qui a vite de l’Etat les collaborateurs avérés té le pas vers la social-démocratie de « droits d’auteurs » sur l’effon- compris que son rôle était histori- des ex-polices politiques, ces dis- et l’économie de marché tout en drement du communisme ? quement terminé, tel ce sous-pré- positions n’en restent pas moins sortant globalement vainqueurs de fet polonais qui, dès 1988, de- ardues à mettre en œuvre. Et ce, la « bataille de la mémoire », aidés SPECTACULAIRE mande qu’on accepte sa démission. pour des raisons souvent plus tech- en cela par des sociétés délibéré- MÉTAMORPHOSE Devenu propriétaire d’une usine niques qu’idéologiques, qui vont ment amnésiques ? Au terme d’une fine analyse de pharmaceutique après 1990, il pa- du maniement délicat d’une archi- Travaillés par ces trois grandes l’évolution des différentes nomen- raît pleinement satisfait de sa vie ve policière aux intrigues et aux questions, c’est en sociologues que klaturas, les auteurs soulignent par de post-apparatchik : « Trois mois instrumentalisations policières qui, Georges Mink et Jean-Charles Szu- ailleurs combien les mécanismes après avoir quitté mon poste, je ga- inévitablement, se nouent autour rek ont choisi de mener leur en- de cette mutation politique gnais déjà trois fois plus. » de ces « dossiers ». quête, fondée, entre autres, sur plongent dans les années 70-80. La force de ces anciens cadres du Outre ce « climat stalino-floren- une centaine d’entretiens avec les Une période qui, en Pologne parti viendra aussi de ce capital in- tin », il est une autre difficulté qui intéressés. Délaissant le concept de comme en Hongrie, verra s’épa- visible que représentent leurs ré- réside dans le fait que ce passé « totalitarisme », qui définit le nouir une nouvelle génération de seaux de contacts et leur connais- honteux fut l’apanage de beaucoup communisme comme une essence communistes pragmatiques et in- sance des deux cultures, de personnes. Ainsi n’est-il pas rare immuable, cette étude a d’abord différents à l’idéologie. On dé- occidentale et socialiste. D’où un que, lors des campagnes électo- l’immense mérite de privilégier une couvre que la plupart d’entre eux talent d’intermédiaire particulière- rales, l’aveu de collaboration de tel approche dynamique du tournant se vivent rétrospectivement ment apprécié par les investisseurs. candidat n’ait fait qu’accroître sa de 1989. Son originalité consiste comme de « bons professionnels », « C’est notre chance principale popularité. D’aucuns y verront un ainsi à montrer qu’on s’interdit déjà conscients des limites du sys- d’avoir appris les deux charabias » scandale historique. Mais on peut d’en comprendre les ressorts à tème. « Nous ne sommes plus des et d’être capables de « les traduire aussi y lire comme un «défi»que moins de redonner toute son im- communistes parce que nous de l’un en l’autre », explique un an- relèvent ces électorats, celui portance à la phase tardive de ces n’avons jamais été des commu- cien secrétaire à l’idéologie du PC d’avoir appartenu, à des degrés di- régimes. A moins, donc, de s’inté- nistes », explique par exemple hongrois, aujourd’hui PDG. L’ou- vers, à une même « communauté resser aux protagonistes eux- Aleksander Kwasniewski, l’acteur vrage révèle surtout un aspect peu sale ». Un défi que cet ouvrage tout mêmes : à leur stratégie d’anticipa- président polonais. Ces reconstruc- connu qui tient à ce qu’en Pologne, en nuances contribue à nous faire tion et de survie, à leurs tâtonne- tions a posteriori sont à manier c’est le Parti lui-même qui, par sou- entendre. Et l’enjeu est de taille, le ments, aux tensions croissantes, avec la plus grande prudence. ci d’accroître ses revenus, se lança, refus obstiné d’y prêter l’oreille enfin, qui ont opposé conserva- Mais, pour reprendre la formule à partir de 1988, et via diverses so- pour se cantonner dans la pure in- teurs et réformateurs au sein d’ap- très juste de Georges Mink et Jean- ciétés anonymes, dans la privatisa- vective anticommuniste risquant pareils qui n’avaient rien de blocs Charles Szurek, elles n’en recèlent tion de ses biens (centres de repos fort, pour sa part, de profiter au monolithiques. pas moins « une part d’amère vérité convertis en centres de tourisme, « diable ». Le récent débat français s’est et d’amère ambiguïté ». Ce profil etc.). Cette étude nous apprend Alexandra Laignel-Lavastine LeMonde Job: WIV4799--0009-0 WAS LIV4799-9 Op.: XX Rev.: 24-11-99 T.: 19:05 S.: 111,06-Cmp.:25,08, Base : LMQPAG 40Fap: 100 No: 1779 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / IX b Les deux âges de « L’Express » Les vies multiples de « Libération » Né en 1953 pour soutenir Pierre Mendès France, l’hebdomadaire Loin d’un livre de souvenirs, l’enquête de Jean Guisnel raconte le quart publie une anthologie en forme de bilan de siècle d’un quotidien qui a modifié le paysage de la presse

fêtait l’année dernière son jubilé, ment, pour devenir un clone du de société, depuis les an- journal à la mode et un quoti- L’EXPRESS avait fait beaucoup mieux. Il n’em- Time américain. Des collaborateurs LIBÉRATION, nées 70 : féminisme, racisme, dien de plus en plus respecté. L’Hebdomadaire pêche : les pages de L’Express pre- claquent la porte (Pierre Viansson- LA BIOGRAPHIE homosexualité, drogue, sida. Dans l’évolution du concept de notre histoire mière manière dénotent un bel al- Ponté a rejoint Le Monde en 1958), de Jean Guisnel. Des journalistes en ont été par- de Libération, Serge July a deux Plon/Radio France, 912 p., lant. Anonyme, l’éditorial du même si L’Express reste et restera La Découverte, 320 p., 149 F tie prenante. Jean Guisnel re- références : le mythe du France- 269 F (41,01 ¤). numéro un promet de « dire la véri- un haut lieu du journalisme : Ray- (22,71 ¤). trace ces parcours individuels, Soir de Pierre Lazareff, mêlant té, telle que nous la voyons, sur la sta- mond Aron, Jean Cau, Jean-Fran- parfois douloureux, indisso- un sens aigu de l’information et vant de devenir un news gnation de notre économie, la vétusté çois Revel, Olivier Todd... Conçu es journaux sont des ciables des positions du journal. du lecteur, et Le Monde, dans magazine parmi d’autres, de notre armée, le silence de notre pour « le pharmacien de Carpen- êtres vivants, avec un Le livre ne s’adresse pas un mélange de fascination et L’Express fut un journal diplomatie ». On y lit aussi que, la tras », celui qui n’a pas le temps de corps multiple, un cœur qu’aux anciens de Libé. C’est d’opposition. Les rapports A rédaction se voulant « solidaire », s’informer autrement, le premier L complexes entre Le Monde et d’opinion ou plutôt de et des rancœurs, une une idée facilement reçue, sur- combat. Il dénonçait les médiocres les articles ne seront pas signés, une news magazine à la française âme et des états d’âme. A Libé- tout chez les journalistes, que Libération traversent bien des calculs où se complaisait la IVe Ré- résolution qui ne tiendra pas long- connaît un succès rapide. Certes le ration plus qu’ailleurs sans les histoires de journaux n’in- pages du livre de Guisnel, et publique et n’avait d’yeux que pour temps. souffle des années 50 et 60 n’est doute, parce que l’aventure est téressent personne. Le succès sont toujours délicats à aborder Pierre Mendès France, alors âgé de L’Express de ces années-là est un plus qu’une brise – en 1974, « JJSS » plus récente, y a été plus fié- des livres polémiques sur la dans... Le Monde. quarante-six ans. Le jour où celui-ci creuset et une matrice. et Françoise Giroud, les jeunes vreuse, plus fragile, dès sa fon- presse prouvent le contraire. Le succès de Libération dans fut porté au pouvoir, au lendemain loups mendésistes, seront ministres dation en 1973, dans les Les ouvrages sur les journaux les années 80 correspond à une du désastre de Dien Bien Phu, L’ALGÉRIE : POINT D’ORGUE de Giscard –, mais l’aventure conti- méandres du gauchisme. On restent rares et se limitent période de difficulté pour Le l’hebdomadaire publia un avis faus- Dans ses colonnes voisinent nue. peut donc vraiment écrire une souvent à des livres de souve- Monde, qui perd des lecteurs, sement navré expliquant à ses lec- Mauriac et Sartre, une gageure, De cette seconde époque, cette « biographie » d’un journal, nirs, plus ou moins exacts, par- plonge dans une crise interne. teurs que, entrés dans le nouveau Malraux et Camus. Des journalistes compilation ne rend compte qu’im- mais c’est une entreprise rare et fois aigris et pas toujours in- Face au déclin du Monde, Serge gouvernement, trois de ses émi- y affirment leur talent, tous au- parfaitement. Vendu en 1977 par difficile. téressants, ou alors à des July veut « faire de Libération le nents collaborateurs rendaient leur jourd’hui à la tête des hebdoma- « JJSS » à l’ultra-libéral Jimmy Jean Guisnel a participé à ouvrages complaisants et ha- premier quotidien de qualité en tablier, Mendès, André Monteil et daires concurrents : Jean Daniel (Le Goldsmith, aux mains aujourd’hui l’expérience, dès sa préhistoire, giographiques. France ». Jean Guisnel révèle François Mitterrand. Nouvel Observateur), Claude Imbert de Vivendi, l’hebdomadaire a tra- en 1972. Il en est parti en 1996, Le livre de Guisnel échappe à même l’existence de contacts Le ministère PMF ne dura pas un (Le Point) et Jean-François Kahn versé des crises. Ces crises, les pré- après la tourmente de l’échec ces travers. Il ne tombe pas pris entre les directions des an, tant pis pour la IVe, tant mieux (Marianne). Plus tard, Françoise Gi- faciers de cette anthologie, Jacques de « Libé 3 », la nouvelle for- dans la nostalgie d’un impro- deux journaux en 1992 en vue pour L’Express car le journal, lancé roud donnera leur chance à de très Duquesne, président du conseil de mule du journal en 1994, pour bable âge d’or de Libération, ni d’un rapprochement. Il publie en mai 1953 par Jean-Jacques Ser- jeunes femmes, Michèle Cotta et surveillance de L’Express, et Denis devenir grand reporter au Point. dans le cliché d’un journal qui une note de Jean-Louis Péni- van-Schreiber et Françoise Giroud, Catherine Nay, à d’autres encore. Jeambar, président du directoire, Il ne se retourne pas sur son aurait renié ses racines. Il décrit nou, directeur général de Libé- adorait ferrailler, la guerre d’Algérie La guerre d’Algérie est le point ont choisi de les passer sous silence, passé pour nous livrer ses sou- au contraire la longue marche ration, dans laquelle celui-ci allait le confirmer. De ces années d’orgue de cette aventure. L’Express préférant retenir de leur hebdoma- venirs. Il a réalisé trois ans du quotidien vers le profession- écrit : « Libération n’a pas au- d’effervescence politique et journa- a beau être anticolonialiste, daire qu’il est resté, malgré ces sou- d’enquête pour « chercher à nalisme. Et s’il est souvent cri- jourd’hui les moyens d’absorber listique, la sélection d’articles ras- « JJSS » et Françoise Giroud bresauts, un journal de « combat comprendre comment, et pour- tique à l’égard de Serge July, il Le Monde, et ne les aura pas semblés par l’hebdomadaire ap- tiennent, comme Mendès, de pour la vérité » et de débats. quoi, tous ceux qui partageaient salue ses efforts – et sa réus- avant l’an 2000. » porte un témoignage passionnant. Gaulle en suspicion. Tiraillé entre Chacun peut en juger par soi- cette même quête inlassable de site – pour imposer la primauté Cette rivalité est essentielle Cette sélection est en deux parties. des passions contraires, l’hebdoma- même, en remontant avec les jour- la compréhension de leur époque du journalisme sur le militan- pour comprendre l’aventure de La première, au format tabloïd, re- daire, à partir de 1958, semble ne nalistes de L’Express le fil du temps. y avaient à la fois usé leur force, tisme. Sévère sur la méthode 1994. Libération va affronter la groupe des articles publiés jusqu’en plus savoir où donner de la tête. Au A les lire ou les relire, une évidence pris un plaisir immense et fait pour faire passer les idées ou se crise économique des an- 1964, l’année où l’hebdomadaire Bloc-Notes de Mauriac, d’un gaul- saute aux yeux. L’Express fut le pre- fonctionner au quotidien cette maintenir au pouvoir, Guisnel nées 90, la stagnation de ses adopta la présentation news maga- lisme militant, répondent les édito- mier à accorder la place qui leur est machine à idées ». approuve les choix faits en- ventes, le vieillissement de ses zine qui est toujours la sienne. La riaux de « JJSS », d’un antigaul- due aux faits de société et le pre- suite, à l’exception de « Li- lecteurs. Il veut prendre une di- seconde partie court jusqu’à juin lisme exacerbé. En avril 1961, c’est mier à donner ses lettres de no- NI CLICHÉ NI NOSTALGIE bé 3 ». mension nouvelle en lançant 1999. Un CD audio complète cette la rupture. Le Prix Nobel de littéra- blesse au journalisme dit d’investi- Parce qu’un journal est une Les deux innovations princi- « Libé 3 », dans un climat d’im- compilation. Il évoque dix-huit évé- ture s’en va, salué par un acide gation. Raison de plus pour aventure collective faite par des pales apportées par Libération préparation que décrit par le nements du demi-siècle, de la « Adieu à François Mauriac » de regretter l’omission, dans cette an- individualités fortes, Jean Guis- sont le recours systématique au menu Jean Guisnel. Ce sera un guerre d’Indochine à celle du Koso- Servan-Schreiber qui, à le relire au- thologie, de deux « papiers » restés nel a choisi de raconter des his- reportage et l’importance ac- échec douloureux, qui conduira vo. jourd’hui, ne grandit pas son au- des modèles du genre : l’article de toires, de mettre en scène des cordée à la forme et à la mise à un plan social et à la vente du Pour des raisons d’économie, teur. Françoise Giroud sur « La nouvelle gens, dans leur travail, leurs en page, sous l’égide de Claude journal à Jérôme Seydoux, qui cette anthologie est en noir et Ces années-là sont cruciales pour vague » (3 octobre 1957) et celui de idées, leurs vies. Il en fait des Maggiori, à partir de la reparu- laisse encore des cicatrices mal blanc. Cela n’excuse pas la médio- L’Express. La décolonisation est Jacques Derogy et Jean-François portraits rapides, parfois sé- tion du journal en mai 1981, qui refermées. Serge July est tou- crité du fac-similé ni les coupes, achevée, la Ve République consoli- Kahn résumant ce qu’ils savaient de vères, souvent chaleureux, met- constituera une vraie révolution jours aux commandes, en train faites à la serpe. Parfois, il manque dée, la croissance économique un l’affaire Ben Barka (24 janvier tant bien en évidence l’apport dans la presse. Libération de chercher l’identité du Libéra- la fin d’un article, parfois un début. fait acquis. L’Express est en panne 1966). de chacun au quotidien. Libéra- connaît alors un succès consi- tion de l’an 2000. Pour le même prix, Paris Match, qui de grandes causes. Il mue, brutale- Bertrand Le Gendre tion a été au cœur des débats dérable et devient à la fois un A. S.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb La France toujours au guichet Débat Pour sortir de la dépendance des investisseurs étrangers, Erik Izraelewicz, sur le modèle américain, prône un capitalisme centré sur les marchés sociologique

américains. Comment en est-on doit d’urgence favoriser la pro- LE CAPITALISME ZINZIN arrivé là ? motion d’une véritable épargne LE TRAVAIL SOCIOLOGIQUE d’Erik Izraelewicz. Après 1989, le capitalisme amé- nationale placée en actions dans DE PIERRE BOURDIEU Grasset, 282 p., 125F (19,05¤). ricain, centré autour des marchés le secteur productif. Les Français, Dettes et critiques financiers, l’a emporté sur le ca- tout en restant dans une écono- sous la direction ans le torrent d’inep- pitalisme rhénan (et nippon), mie ouverte, doivent impérative- de Bernard Lahire. ties régulièrement fondé sur le système bancaire et ment se réapproprier une partie La Découverte, proférées sur le cha- les conglomérats industriels. de leurs entreprises, faute de « Textes à l’appui », D 258 p., 150 F (22,86 ¤). pitre économique, il Mais là où le modèle rhénan ré- quoi nous deviendrons au sein est utile qu’une voix s’élève par- siste, malgré la crise, la France a du monde développé « la nation fois pour faire entendre un pro- déjà plié et hypothéqué une prolétaire » assujettie aux autres onorer une dette, c’est pos à la fois critique et sensé. A bonne partie de ses capacités « nations propriétaires ». Il faut aussi desserrer un lien. cet égard, le dernier livre d’Erik technologiques et industrielles. souhaiter au livre très convain- H Une dizaine d’universi- Izraelewicz sur les dérives du Erik Izraelewicz voit la raison de cant d’Erik Izraelewicz, acces- taires venus de disciplines capitalisme français et la mon- cet échec dans ce qu’il appelle sible au non-spécialiste, qu’il et d’horizons théoriques divers, mais dialisation se veut d’un pessi- « la révolution inachevée » : si provoque un véritable débat, qui tous ont été marqués par les tra- misme raisonnable. L’auteur Mitterrand inaugure en 1983 une voire des réactions hostiles, car il vaux de Pierre Bourdieu, ont décidé, part d’un constat alarmant. La nouvelle politique du marché, touche là un point crucial qui fe- sous la houlette de Bernard Lahire, de part des grands investisseurs in- mettant à mal le capitalisme de ra grincer bien des dents. On « s’autoriser à contredire, réfuter, ternationaux dans notre pays peut d’ores et déjà tirer de compléter, nuancer la pensée » du est passée de 10 % en 1985 à près Pascal Bruckner cet ouvrage deux ensei- professeur au Collège de France. Ré- de 40 % à la fin des années 90, gnements que l’auteur cusant à la fois l’admiration dévote et contre 16 % en Angleterre, 10 % connivence et de concubinage suggère lui-même : il faudrait en le dénigrement systématique, ils en Allemagne et 7 % aux Etats- qui dominait chez nous à l’ombre premier lieu effectuer en France veulent promouvoir un véritable dé- Unis. Traduction pratique : ce d’un Etat omnipotent, il s’en faut une véritable révolution des bat sociologique. La tâche n’est pas sont les fonds de pension amé- de beaucoup que nous soyons al- mentalités vis-à-vis de l’argent, aisée dans un milieu qui confond fa- ricains, hollandais, écossais qui lés jusqu’au bout de cette lo- cesser de le maudire tout en cilement « critique et déclassement », font la loi à la Bourse avec des gique. Nous sommes au milieu l’adorant en secret, mais entrete- et vis-à-vis d’un homme lui-même taux de rentabilité quasi usu- du gué et nous subissons les in- nir à son égard un rapport dé- enclin, selon Bernard Lahire, à « trai- raires de 15 %, qui obligent nos convénients des deux systèmes complexé, voir en lui une utilité ter avec mépris une grande partie de entrepreneurs à courber sans bénéficier de leurs avan- créatrice de richesses. En second ses collègues sociologues ». Ici domine l’échine devant des jeunes Mic- tages. En dépit des privatisa- lieu, et contrairement à toute le respect : le ton de la plupart des key anglo-saxons de moins de tions, de l’introduction de l’euro une rhétorique défaitiste, les en- contributions est volontairement très trente ans ayant le pouvoir de et de l’apparition d’un actionna- treprises, même à l’âge de la mesuré et l’importance de l’œuvre faire et défaire les entreprises riat populaire, à vrai dire simple mondialisation, même si elles discutée est souvent réaffirmée. du monde entier et qui piétaille sans influence, la France parlent la langue de bois du La sévérité vise surtout les dis- contraignent les salariés de Re- reste un pays d’épargnants et « wallish », l’anglais de Wall ciples, accusés de « geler les concepts nault, Alcatel et Paribas à finan- non de capitalistes (et l’Etat Street, possèdent une nationalité en mots de passe universels ». Plu- cer la retraite de leurs collègues continue à accaparer l’épargne et une marque de naissance... En sieurs analyses rigoureuses et pré- pour payer ses dettes). Résultat : d’autres termes, les politiques cises font la part des apports et des li- les entrepreneurs français sont doivent garder la haute main sur mites des principaux concepts obligés d’aller chercher ailleurs l’économie, et non l’inverse ; bourdieusiens, ceux d’habitus, de l’argent qu’ils ne trouvent pas en c’est d’eux seuls que dépend la champ, de disposition, de pouvoir France, de « draguer les retraitées création d’investisseurs institu- symbolique ou de légitimité cultu- californiennes », quitte à se tionnels français orientés vers le relle. D’autres se montrent plus inci- mettre sous la coupe de ces nou- capital-risque plutôt que le capi- sives en s’interrogeant sur les présup- veaux « zinzins », ces maîtres du tal-rente ; et c’est de leur volonté posés éthiques non théorisés qui monde sans foi ni loi, car avides commune que dépend l’instaura- servent d’appui à cette sociologie cri- de création de valeur maximale. tion d’un nouveau capitalisme tique ; ou encore en retournant La solution à cet état de fait ? européen soucieux, à l’encontre contre Pierre Bourdieu les « armes Si la France veut avoir à nouveau de son homologue américain, de scientifiques » que lui-même a utili- voix au chapitre et défendre une mettre l’entreprise au service de sées pour dévoiler les positions et les conception de l’entreprise qui ne tous et non des seuls action- stratégies d’autres intellectuels. Reste soit pas seulement au service des naires. à savoir si un tel débat peut conduire actionnaires, mais aussi des sala- Erik Izraelewicz au dialogue. riés et des consommateurs, elle est rédacteur en chef au Monde Nicole Lapierre LeMonde Job: WIV4799--0010-0 WAS LIV4799-10 Op.: XX Rev.: 24-11-99 T.: 19:05 S.: 111,06-Cmp.:25,08, Base : LMQPAG 40Fap: 100 No: 1780 Lcp: 700 CMYK

X / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 chroniques b ECONOMIE INTERNATIONAL b par Philippe Simonnot b par Daniel Vernet Droit de tous au développement

REPENSER LE DÉVELOPPEMENT l’évolution des civilisations et des cultures, pour en place les mécanismes qui permettront d’as- Théorie virologique En finir avec la pauvreté tous et prioritairement pour les plus pauvres, aux surer la croissance, la lutte contre le chômage, d’ Henri Bartoli. moindres coûts humains, écologiques, matériels contre les inégalités devant la santé, l’éduca- Préface de Federico Mayor, et financiers ». C’est-à-dire donner aux indivi- tion, etc., mais qui permettront aussi aux éd. Economica, 206 p., 98 F (14,94 ¤). dus les moyens de choisir leur vie, en s’appro- hommes de se prendre en charge. Selon Henri priant les droits de l’homme, si souvent procla- Bartoli, l’Etat est appelé à jouer un rôle central de la Grande Crise e livre n’est pas un livre d’économie més mais si souvent bafoués. Il suffit de lire les dans cette évolution. Le développement sur le développement ou sur le sous- volumineux rapports consacrés chaque année « par » l’Etat a échoué, écrit-il, que ce soit dans LA CRISE DE 1929 ET L’ÉMERGENCE AMÉRICAINE C développement, qui en est comme le à cette question par les diverses organisations les ex-pays socialistes ou dans les pays en voie d’Isaac Johsua. corollaire. L’auteur est pourtant un internationales pour se convaincre que tout ou de développement qui ont créé des monopoles PUF, « Actuel Marx Confrontation », 312 p., 149 F (22,71 ¤) économiste, parmi les plus connus en France, presque reste à faire. étatiques pour soutenir ou contrôler la pro- qui a consacré sa vie à l’économie comme Henri Bartoli a une conception culturelle des duction. De même le développement « sans » n ne peut que féliciter Isaac Johsua de ne pas se contenter science « humaine », au sens strict de ce droits de l’homme, ce qui ne veut pas dire qu’il l’Etat, dont les tenants de l’Etat-minimum de certaines explications données jusqu’à maintenant de la terme. En rassemblant les interventions de la se satisfait d’un relativisme en la matière. Mais s’étaient faits les chantres. Il faut penser le dé- grande crise de 1929. On ne réécrira jamais assez l’histoire Journée internationale consacrée il y a un an il met justement en garde contre « l’illusion veloppement « avec » l’Etat, dans le cadre na- O par l’Unesco à Paul-Marc Henry, un penseur et du célèbre krach alors même que les Bourses du monde en- d’une communauté juridique universelle qui ris- tional ou régional. Il faut penser aussi à la mise tier paraissent reproduire les folies des années 20. Travaillant à son un praticien du développement, Henri Bartoli querait, si elle oubliait les différences de systèmes en place d’institutions internationales capables tour l’économétrie de cette époque, animé d’une patience de béné- a écrit un livre qui est un cri du cœur, une mé- de valeurs, d’écarter le “fondamental” pour ne de galvaniser les énergies, de canaliser les ef- dictin digne d’éloge, et d’une foi dans les vertus démonstratives des ditation philosophique sur « l’utopie de l’hu- laisser que le “minimum” ». forts dispersés et de contrôler l’emploi des statistiques que l’on n’est pas obligé de partager, ce maître de confé- main », pour reprendre une expression de Le- Comment trouver les moyens d’une crois- fonds et des investissements humains. Plu- rences à l’université Paris-XI (Orsay) commence si l’on peut dire par vinas. sance compatible avec le progrès social et la sieurs propositions ont été avancées dans ce faire le ménage avant de présenter sa propre thèse. Ce qui lui vaudra Loin des cris d’indignation sur « l’horreur saine gestion des ressources et du milieu ? sens. Le BIT a proposé par exemple la création beaucoup plus d’ennemis que d’amis ! économique » que la mondialisation aurait en- Pour l’auteur, il va de soi que l’ultralibéralisme de deux instances, dont l’une est technique, Non, la crise de 1929 n’est pas une crise de surinvestissement couragée, Henri Bartoli constate que les stra- est incapable de donner une réponse à cette qui regrouperait toutes les organisations im- comme le prétend l’école de la régulation, qui n’est d’ailleurs consi- tégies menées depuis des décennies ont toutes question. Cette prise de conscience semble pliquées dans le développement ; celles-ci pré- dérée que dans l’Hexagone. Ni dans la construction d’immeubles ré- échoué. Les dogmes idéologiques ont montré d’ailleurs se développer puisque même les diri- pareraient chaque année des recommanda- sidentiels ni dans les autres secteurs, les performances des années 20 leur inefficacité, voire leur nocivité. Il faut « re- geants des grandes organisations financières tions qui seraient examinées par l’instance ne tranchent par leur ampleur. La crise n’est pas non plus due à une penser le paradigme du développement » pour internationales mettent aujourd’hui en cause politique, composée des représentants des erreur de pilotage du système de réserve fédéral. C’est grâce à cette que les bénéficiaires n’en soient pas seulement les « programmes d’ajustement » qu’ils ont ado- gouvernements, appelés à prendre les déci- accusation que Milton Friedman, chef de file de l’école monétariste une minorité de privilégiés. Mais il faut penser rés hier. Le plus clair est sans doute le pré- sions. de Chicago, avait forgé sa réputation. Pour Johsua, elle ne tient pas le développement dans toutes ses dimensions, sident de la Banque mondiale, J. Wolfensohn, D’autres ont suggéré la création au sein des debout. Non seulement le Fed n’a pas changé de politique, mais en- économiques, écologiques, humaines, sans qui déclarait il y a un an : « Si nous ne sommes Nations unies d’un Conseil de sécurité écono- core n’était-il pas dans sa mission de mener une politique de banque s’en remettre aveuglément aux forces du mar- pas capables de faire face aux urgences sociales, mique sur le modèle du Conseil de sécurité, qui centrale, mais seulement de « veiller à l’application de la loi par les ché et en embrassant les droits de l’homme si nous ne travaillons pas sur plus de justice so- fonctionne depuis 1945, mais avec une compo- banques de réserve régionales ». Et d’ailleurs, si le Fed avait appliqué dans toutes leurs manifestations diverses. ciale, il n’y aura pas de stabilité politique, aucun sition différente, tenant compte des rapports la politique d’injection de liquidités préconisée rétrospectivement Qu’est-ce qu’être pauvre ? Etre pauvre, c’est montant financier ne sera capable de procurer la de forces économiques plus que politiques et par Friedman, cela n’aurait sans doute servi à rien, le seul moyen « ne jamais pouvoir choisir », répond Henri stabilité financière. » faisant une large place aux pays pauvres. Les d’arrêter la panique bancaire étant, selon notre auteur, l’assurance Bartoli avec le dernier Prix Nobel d’économie, Repenser le développement, c’est renouve- partisans inconditionnels du libre-échange publique de garantie des dépôts qui ne serait introduite aux Etats- l’Indien Amartya Sen. En ce sens, la pauvreté ler la pensée économique, en insistant sur le sans contreparties ni garde-fous verront dans Unis qu’au 1er janvier 1934. n’est pas l’apanage des pays « pauvres ». Le principe d’indétermination, en acceptant que ce cri du cœur beaucoup de naïveté. Ils au- Et le jeu de massacre continue : le surendettement des ménages développement, dont le but doit être l’éradica- les systèmes évoluent dans des directions im- raient tort. Il s’agit plutôt d’un mythe, d’un américains a joué un rôle, mais parce qu’il a magnifié l’impact de l’ef- tion de la pauvreté, doit donc aboutir à « une possibles à déterminer et non selon des mo- mythe mobilisateur pour ouvrir la voie à des fondrement boursier, comme le dit l’auteur. Soit dit en passant, la couverture des besoins tels qu’ils s’expriment dèles mathématiques préétablis, aussi sophis- solutions constructives, au-delà des rêveries dette des ménages outre-Atlantique est le serpent de mer de l’écono- dans les communautés historiques au gré de tiqués soient-ils. C’est aussi inventer et mettre commes des calculs à courte vue. métrie. Et l’on trouve aujourd’hui encore des économistes pour sou- tenir qu’il n’est pas du tout ce que des statistiques, forcément par- tielles et donc partiales, prétendent qu’il est. Quant aux dettes des POLITIQUE entreprises, Johsua montre que le rapport de la dette des entreprises au produit national brut n’avait rien d’exceptionnel en 1929. La crise b par Thierry Bréhier Rémanences algériennes est bien plus marquée, selon lui, par une chute de la consommation que par celle de l’investissement. Alors, quelle est la bonne explica- LE TRANSFERT D’UNE MÉMOIRE Pour Benjamin Stora, c’est la preuve de la per- économiques, sociales, morales, sans tion ? De l’Algérie française sistance d’un « “sudisme” à la française » né connaître, comme en France « un enracine- Pour Johsua, la crise de 1929 a été géante d’abord parce qu’elle s’est au racisme anti-arabe lors de la défense de cette colonie, faussement ment du phénomène raciste, xénophobe et vio- produite dans une société qui venait d’être très rapidement homogé- de Benjamin Stora. intégrée à la République, par similitude avec la lemment anti-arabe ». néisée par l’extension du salariat. Dans une économie où la part des La Découverte, 148 p., 75 F (11,43 ¤). guerre de Sécession américaine. Pour les « su- La mémoire des enfants de l’immigration est agriculteurs et des petits patrons est encore importante, une se- distes », l’Algérie c’est la conquête de l’Ouest, évidemment tout autre. Il lui faut surtout cousse conjoncturelle, quelles qu’en soient les causes, est amortie, a guerre d’Algérie n’en finit pas de se où des colons apportent, à la pointe des émerger en surmontant bien des contradic- parce qu’avant d’abandonner la ferme ou de fermer boutique, l’ex- rappeler au mauvais souvenir de la armes, la « civilisation » à des « indigènes hos- tions. La moindre n’est pas de concilier une ploitant tire sur toutes les ficelles à sa disposition, y compris le diable L France. Près de trente-huit ans après la tiles ». Comme dans le Sud des Etats-Unis, ils – légitime – volonté d’être reconnu comme ci- par la queue, pour se maintenir, survivre et attendre des jours meil- fin officielle des hostilités, cette ultime bâtissent une société où chaque communauté toyen français à l’égal des autres avec le res- leurs. En quelques dizaines d’années, à la jonction des XIXe et XXe guerre coloniale explique toujours l’impor- reste à sa place. Comme ce Sud, ils se heurtent pect « des traditions des pères qui avaient siècles, au moment où disparaît la frontière de l’Ouest, « sociétés et tance du racisme anti-arabe et les difficultés un jour à un Nord, industriel, « hostile et mé- combattu pour l’indépendance de l’Algérie ». salariat font un véritable bond en avant », écrit Johsua. « Cette brutale d’intégration des jeunes issus de l’immigra- prisant ». Comme leurs ancêtres américains, L’histoire n’est pas d’un grand secours, bien au extension de l’espace couvert par les sociétés et le salariat est à la racine tion. Benjamin Stora en apporte une démons- les « sudistes » français sont vaincus, mais eux contraire. Benjamin Stora rappelle que, long- de la grande crise américaine. » Car dans une telle société, il n’y a plus tration éblouissante dans son dernier ouvrage. doivent aller vivre dans ce Nord honni. Ils y temps, le « refus d’intégration » a été la clef de de barrières à la propagation des virus de la crise, aboutissant à une Qui mieux que cet historien, spécialiste de ce transporteront leurs mythes, leur rêve, celui cette immigration, qui, jusqu’en 1958, était chute brutale et généralisée des salaires. Cette thèse que l’on pour- qu’il était convenu d’appeler pudiquement des d’une organisation coloniale « établie sur une « massivement » derrière Messali Hadj, lequel, rait qualifier de virologique se double de considérations géopoli- opérations de « maintien de l’ordre », pouvait base qui n’était pas citoyenne mais ethnique ». bien qu’indépendantiste, était traité comme tiques. décortiquer, comprendre leurs répercussions Ils veulent poursuivre leur lutte contre l’islam un traître par le FLN. Celui-ci, une fois arrivé Usée par la Grande Guerre, l’Angleterre était en train de lâcher le dans la France d’aujourd’hui ? décrété inassimilable dans une Europe chré- au pouvoir à Alger, a refusé de reconnaître le sceptre du monde, mais il n’avait pas encore été ramassé par les Le passé ne peut être enfoui. Même lorsque tienne. rôle des Algériens de métropole dans le long Etats-Unis, qui d’ailleurs hésitaient à prendre le relais. La France et chacun veut l’occulter, il éclaire le présent par Ces « sudistes » trouveront des alliés. combat commun. Quand on est rejeté de tous l’Allemagne, dans leur querelle séculaire, n’avaient connu en fait Le Transfert d’une mémoire. Comment pour- Conscients à l’extrême droite – Benjamin Sto- côtés, il est difficile de se forger une identité ! après 1918 qu’une trêve, et non la paix. L’économie mondiale man- rait-il en être autrement pour la guerre d’Algé- ra n’a aucun mal à démontrer la filiation entre Là encore, les gouvernants français n’ont quait d’un leadsership, d’où le défaut de coopération entre les grands rie ? Sur les soixante millions de Français, le Front national et l’OAS. Inconscients – du pas assumé leurs responsabilités. Le refus, jus- pays de cette époque et leur fuite en avant dans le protectionnisme, « près de quatre à cinq millions possèdent une moins peut-on l’espérer – chez tous les gou- qu’à il y a quelques mois, de reconnaître la qui fut fatale à l’ensemble de la planète. Cet aspect-là de la thèse mémoire à vif » de cet affrontement : un mil- vernements qui, à partir de 1968, par des lois réalité des « massacres » perpétrés par la po- d’Isaac Johsua est moins original. Peut-on en tirer des leçons pour le lion de pieds-noirs et leurs enfants, un million d’amnistie, oublient les crimes des héros de lice française dans la répression de la manifes- présent ? et demi de soldats envoyés de l’autre côté de l’Algérie française. Pour lui, c’est même la tation organisée par le FLN à Paris le 17 octo- L’homogénéité est encore plus grande qu’elle ne l’était en 1929 et la Méditerranée, un million d’immigrés algé- principale responsabilité de François Mitter- bre 1961 a confirmé la difficulté pour la France elle s’est étendue au monde entier grâce aux progrès foudroyants des riens et leurs enfants, les dizaine de milliers de rand dans la percée du mouvement de Jean- d’assumer ses erreurs. Benjamin Stora le sou- communications. Il y aurait maintenant à l’échelle planétaire un harkis. Mais les mêmes faits se sont inscrits Marie Le Pen : la loi de 1982 ne se contente pas ligne. Mais il est dommage qu’il n’analyse pas risque mortel de propagation des virus récessifs, et il serait donc tout différemment dans les souvenirs, et le prisme de pardonner, elle réhabilite les putschistes. comment cette trop longue volonté de « dissi- à fait nécessaire de maintenir la masse salariale et donc l’emploi. Là des réminiscences conduit les ennemis d’hier à Puisqu’ils n’ont pas fauté contre la Répu- mulation », en perturbant la mémoire, ex- encore, le refrain est connu, encore faut-il savoir le chanter. Après rester les adversaires d’aujourd’hui. blique, leurs amis peuvent tenter d’avoir leur plique bien des comportements des policiers tout, les crises régionales à répétition que l’on a connues depuis 1973 « Le combat pour l’Algérie française a prépa- « revanche ». Un simple constat permet à l’his- et des « beurs » d’aujourd’hui. Il serait quand n’ont pas dégénéré en crise de système comme d’aucuns le redou- ré le combat pour la France française », a lancé, torien de prouver sa thèse : d’autres pays eu- même grand temps que soit vraiment mis fin à taient. Au contraire elles ont été absorbées. Aujourd’hui le leader- un jour de février 1992, Jean-Marie Le Pen. ropéens connaissent les mêmes difficultés la guerre d’Algérie ! ship est plus fermement tenu par les Etats-Unis qu’il l’a jamais été. Si l’on en croit la thèse de l’auteur, il y a là de quoi se rassurer. Le par- cours d’Alan Greenspan, l’actuel directeur du Fed, n’a-t-il pas été jus- qu’à maintenant remarquable d’astuce et de doigté ? Encore fau- SOCIETE drait-il que l’explication de Johsua soit juste. La recension qui est Carton jaune au ballon rond faite des thèses en présence n’est malheureusement pas assez b par Jean-Luc Douin complète pour qu’on puisse être tout à fait convaincu par la démons- la mise en place d’un système de marchandisa- courant postmoderne, qui préconise la sélec- tration. Mais dans l’euphorie actuelle, semblable à celle qui régnait FOOTBALL ET POLITIQUE tion – développement des « recruteurs », des tion, l’individualisation et la valorisation des encore à la veille du sinistre jeudi 24 octobre 1929, l’auteur a cer- Sociologie historique d’une domination centres de formation, que Patrick Vassort ana- performances ; le courant sociologique, affilié tainement raison de faire appel à notre vigilance. de Patrick Vassort. lyse comme « des structures d’obédience totali- aux théories de Pierre Bourdieu, qui étudie Ed. de la Passion (116, rue de Charenton, taire ». profits corporels, effets politiques, domination bbbbbbbbbbbbbbbbbbb 75012 Paris), 380 p., 175 F (26,67 ¤). L’auteur, qui ne mâche pas ses mots, ose par- masculine ; et le courant critique, souvent ler d’« atteinte aux droits de l’homme » à propos nommé freudo-marxiste, qui sonde le sport ; PASSAGE EN REVUE lus que jamais, après la Coupe du du système des transferts, d’« esclavagisme et non comme un vecteur d’épanouissement, monde 1998, on peut dire, comme maffia » concernant le recrutement des joueurs mais comme « un appareil idéologique d’Etat to- b « Terrain » P l’écrivait Alfred Wahl en 1989, que le africains. Commentant la Coupe du monde talement déterminé par les rapports de produc- Le numéro 33 de la revue d’ethnologie éditée par le ministère de la football est devenu « un phénomène 1998, manifestation « fin de siècle » qui « symp- tion capitalistes et la forme de l’appareil d’Etat culture et de la communication est consacré à l’« Authentique ? ». Ques- social et culturel central dans la France d’au- tomatise les maux de notre temps », il s’en prend bourgeois », pour reprendre les termes de Jean- tion déterminante dans l’art contemporain, mais également en préhis- jourd’hui ». Docteur en science politique, Pa- à sa « spectacularisation », au « marketing d’em- Marie Brohm, son principal porte-parole, in- toire, où la fabrication de faux a influencé les connaissances dans ce do- trick Vassort entreprend de démontrer que le buscade » déployé par Nike et à sa mise en quisiteur de la « compétition névrotique », du maine. Comment garantir l’authenticité, ce rêve des touristes et des jeu du ballon rond est devenu un dangereux scène comme « cache-sexe de malheurs sociaux, sport comme « légitimation de l’ordre établi », ethnologues ? La faillibilité de l’œil et celle de la photographie sont éga- enjeu de pouvoir, un facteur de mobilisation politiques et économiques ». Stigmatisant la vio- « facteur de répression sexuelle ». lement interrogées dans ce numéro où l’on trouve les signatures de Na- nationale propageant une philosophie sportive lence symbolique qui se déchaîne dans les Il est clair que Patrick Vassort s’affirme en thalie Heinich, Claudine Cohen, Nélia Dias, David Brown, Giordana Cha- douteuse, des tricheries, des violences, des stra- stades, il cite les insultes proférées il y a quel- disciple de ce dernier courant. Son « dossier » ruty, Muriel Faure, Pierre Lemonnier et Peter Burke. (Septembre, 176 p., tégies économiques. Il en retrace d’abord l’his- ques années à l’encontre du gardien de but Jo- fourmille d’informations, de citations, de dé- 90 F [13,72 ¤]. Mission du patrimoine ethnologique, 65, rue de Richelieu, toire politique : héritier de la soule, ce « simu- seph-Antoine Bell (traité de « sale nègre »). Il monstrations intellectuelles troublantes. Faut-il 75002 Paris.) lacre d’un combat, d’une guerre » qui permettait stigmatise les « désirs pulsionnels » des suppor- rappeler, par exemple, le cas de Bernard Tapie, b « Cierec » dès le Moyen Age de « réguler les tensions so- ters ; traite de « grande illusion » l’euphorie persuadé qu’« une victoire en Coupe d’Europe Le Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’expression ciales » et d’« assouvir des pulsions de violence », d’une nation qui se serait retrouvée une et indi- est le principal gage de succès aux élections » ? contemporaine publie « Littérature et cinéma : écrire l’image », un nu- le football serait devenu, dans l’Angleterre du visible dans une notion caricaturale de « black, Le volume devient particulièrement alarmiste méro composé sous la responsabilité de Jean-Bernard Vray et qui re- siècle dernier, « un instrument idéologique de blanc, beur » ; ouvre les dossiers du dopage et (extrémiste ?) lorsqu’il lie la religiosité de la prend les communications d’un colloque organisé en novembre 1997 à la l’éducation économique, politique et sociale » du trucage ; et termine par une étude du stade pratique footballistique à des « tentations fas- maison de la culture de Saint-Etienne. La littérature est-elle, pour re- imposé par la bourgeoisie libérale. Il s’agit alors conçu comme un espace sacré, lieu de culte qui cistes », l’héroïsation des joueurs, encensés prendre l’expression d’André Gardies, une « banque de données » pour de soustraire la population à des pratiques cor- « censure, occulte, refoule »... comme des demi-dieux, aux dangers du totali- l’écriture cinématographique, et le cinéma est-il devenu un fonds nour- porelles incontrôlables et de former une élite Patrick Vassort recense dans son introduc- tarisme. Nous serions en danger de sacrifier au rissant pour l’écriture littéraire ? Textes de Marie Miguet-Ollagnier sur susceptible d’affronter les défis de l’expansion- tion cinq systèmes d’analyse du sport : le cou- culte de la race, de revaloriser des valeurs co- Marguerite Duras, Christine Jerusalem sur Jean Echenoz, Patrick Drevet, nisme capitaliste. Pour Patrick Vassort, l’entraî- rant libéral, qui valorise sa fonction hédonique, cardières, de reproduire un pernicieux modèle Raymond Jean, Gérard Mordillat... (Publications de l’université de Saint- nement des athlètes apparaît depuis comme hygiénique, esthétique et y voit un îlot de paix, de domination. Patrick Vassort s’inquiète que Etienne, 35, rue du 11-Novembre, 42023 Saint-Etienne Cedex, 222 p., une philosophie du rendement : on peut parler une école du fair-play ; le courant progressiste, les intellectuels mésestiment ce danger-là, qui 150 F [22,87 ¤].) de taylorisation du footballeur, parallèlement à qui lui donne une dimension émancipatrice ; le s’apparente à une régression. LeMonde Job: WIV4799--0011-0 WAS LIV4799-11 Op.: XX Rev.: 24-11-99 T.: 20:00 S.: 111,06-Cmp.:25,08, Base : LMQPAG 40Fap: 100 No: 1781 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 / XI b La tentation de Carl Gustav Jung Malgré la détestation qu’il nourrit à l’égard de son sujet d’étude, Richard Noll, ancien psychologue jungien, montre que le fondateur de la psychologie analytique « dérapa » dans ses rapports avec les nazis

nesse par les phénomènes de sub- l’inconscient juif et de valoriser hen, fondateur de la Société fran- JUNG « LE CHRIST ARYEN » conscience, de spiritisme et de l’inconscient « aryen » et tantôt çaise de PA (SFPA) qui affirma Les secrets d’une vie somnambulisme, il devint le dau- de rejeter l’âme allemande, soup- toujours que Jung avait été vic- (The Aryan Christ) phin de Freud entre 1907 et 1913 et çonnée de persécuter les juifs. De time d’une calomnie. En 1953, il de Richard Noll. introduisit la psychanalyse en même, il condamnait le modèle n’hésita pas à faire paraître le fa- Traduit de l’anglais Suisse alémanique en travaillant à freudien du juif universaliste et meux article de 1934 dans une tra- par Philippe Delamare, la clinique du Burghölzli de Zurich déjudaïsé pour revendiquer une duction falsifiée : faux titre, sup- Plon, 324 p. 179 F (27,28 ¤). sous la houlette d’Eugen Bleuler, figure dite « archétypique » de la pression des passages antisémites, lui-même spécialiste du traite- judéité, attachée à sa « race », et à transformation du contenu, etc., nseignant à l’université ment des psychoses et inventeur son territoire. Aussi conseilla-t-il (3). Quant à Michel Cazenave, ac- Harvard, et ancien psy- des notions de schizophrénie et à ses diciples juifs de s’installer tuel responsable de la publication E chologue jungien, Ri- d’autisme. Ayant rompu avec le solidement en Palestine, seule française des œuvres de Jung chez chard Noll présente Carl mouvement psychanalytique, il manière pour eux de ne pas renier Albin Michel, il préféra en 1984 Gustav Jung sous les traits d’un fonda sa propre école de psycho- leur « nature juive ». garder un silence total sur cette prophète antisémite et antichré- thérapie – la psychologie analy- Après la deuxième guerre mon- période dans le volume des Ca- tien – un « Christ aryen » – cal- tique – et s’orienta alors vers la diale, Jung avoua qu’il avait hiers de l’Herne dont il avait la culateur et hypocrite et passant sa construction d’une doctrine qui « dérapé » et fut pardonné par charge. vie à séduire ses patientes et ses n’avait plus aucun rapport avec Gershom Scholem. Jamais pour- C’est aujourd’hui seulement disciples, de Sabina Spielrein (1) à celle de Freud. En 1919, il forgea la tant il ne reconnut son antisémi- que paraît pour la première fois, Constance Long, et de Toni Wolff notion d’archétype, qu’il ne cessa tisme et jamais il ne prononça le dans les Cahiers jungiens de psy- à Edith Rockefeller Mc Cormick. ensuite de développer, pour dési- moindre commentaire sur le gé- chanalyse (no 96, automne 1999) Ce présent volume biographique gner une image inconsciente pri- nocide des juifs. Dès 1944, tou- une traduction correcte de l’ar- fait suite à un ouvrage non traduit mordiale ne pouvant jamais jours soucieux de respecter les ty- ticle de 1934. Néanmoins, dans sa en français (The Jung Cult : Origins accéder à la conscience et appa- pologies, il décidait de limiter à présentation, Christian Gaillard of a Charismatic Movement, 1994), raissant dans les mythes, dans 10 % l’admission des juifs au sein n’énonce pas clairement les faits, et qui a suscité de vives polé- l’art et dans la religion. du Club de psychologie analytique malgré sa volonté sincère d’ouvrir miques aux Etats-Unis, en Suède, Armé de cette théorie, Jung re- de Zurich. Cette règle insensée fut le débat. Certes, il reconnaît une au Brésil et en Italie, dans la me- gardait le psychisme individuel abolie six ans plus tard. D’une « faute » de Jung mais il accuse sure où il assimilait l’œuvre jun- comme le reflet de l’âme collec- manière générale, l’International surtout les freudiens de collabora- gienne (et le mouvement jungien), tive des nations. Aussi voulait-il Association for Analytical Psycho- tionnisme en oubliant l’engage- à une religion syncrétique compo- élaborer une psychologie des logy (IAAP) eut à cœur de ne pas ment nazi de certains jungiens al- sée d’occultisme, de néopaga- peuples capable de rendre compte nier le passé du père fondateur et lemands. En outre, il exempte nisme, d’utopie völkisch et de des différences entre des « types » c’est notamment Andrew Sa- Jung de tout antisémitisme en mysticisme solaire, sur fond d’eu- physiques et psychiques : juifs, muels, membre de la Society of soulignant que même si celui-ci génisme aryen. « aryens », chinois, africains, etc. AP de Londres, qui joua un rôle n’a pas condamné le régime hitlé-

Même si les thèses de Noll sont D’où la dérive qui l’entraîna vers JUNG FAMILIEN-ARCHIV prépondérant en exhortant les rien, il a fait preuve de courage et étayées par une solide connais- le nazisme, au moment où il la psychothérapie « aryenne », in- l’on ait appliqué des « catégories jungiens à transformer la psycho- de cohérence en dirigeant l’AAGP sance du corpus jungien et par accepta, après l’arrivée de Hitler féodés eux-mêmes à la politique juives » à la science médicale. logie des peuples en un cultura- et le Zentralblatt. une sérieuse analyse des sources au pouvoir, de prendre la direc- de nazification de l’AAGP mise en Puis, il vantait les mérites de l’in- lisme fondé sur le respect des vé- Sans doute faudra-t-il encore et du contexte historique qui ont tion de l’Allgemeine Artzliche œuvre par Matthias Heinrich Gö- conscient « aryen » et du « phéno- ritables différences. En 1989, quelques efforts aux jungiens donné naissance au jungisme, et Gesellschaft für Psychotherapie ring, et à laquelle collaborèrent mène grandiose du national-socia- l’IAAP consacra un débat entier à français pour accepter de regarder même si elles sont souvent (AAGP), laquelle avait pour but également des freudiens et des lisme » tout en soulignant l’analyse de l’antisémitisme de le passé avec lucidité. exactes, elles méritent d’être d’unifier les différentes écoles de adlériens au nom d’un prétendu combien les juifs, par nature « no- Jung et à l’histoire comparée du Elisabeth Roudinesco réexaminées tant la détestation de psychothérapie européennes sous « sauvetage » de leur profession. mades » et « semblables à des jungisme et du freudisme durant l’auteur envers son objet d’étude l’égide du savoir médical. A partir de 1933, Jung commen- femmes », ne pouvaient s’épa- la période nazie. Il est donc diffi- (1) Voir Aldo Carotenuto et Carlo diminue la crédibilité de l’argu- Soucieux d’assurer la domina- ça à publier des textes favorables nouir qu’en envahissant l’univers cile, comme le fait Noll, d’assimi- Trombetta, Sabina Spielrein entre mentation. A cet égard, il faut tion de son école sur l’AAGP, Jung au national-socialisme dans le mental des non-juifs. ler la communauté jungienne Freud et Jung (Aubier-Montaigne, rappeler quelques faits qui ne fi- prétendit, depuis Zurich, protéger Zentralblatt für Psychotherapie, or- Après avoir glorifié le Führer d’aujourd’hui à une sorte de secte 1981). gurent pas dans cette biogra- à la fois les thérapeutes non mé- gane de diffusion de l’AAGP dont comme un éveilleur de l’âme alle- composée de prêtres New Age (2) Voir, à ce sujet, Elisabeth Roudi- phie (2). decins et les collègues juifs qui il était devenu le directeur édito- mande, Jung se retourna contre voués à la perpétuation d’une nesco, « Carl Gustav Jung : de l’arché- Doué d’une puissante intelli- n’avaient plus le droit d’exercer rial avec son disciple nazi, Walter lui et le compara, à partir de 1936, idéologie « aryenne ». type au nazisme. Dérives d’une psy- gence, Jung fut d’abord un psy- en Allemagne. En réalité, il avait Cimbal, pour secrétaire général. à un monstre germanique (Wotan) La négation du passé de Jung chologie de la différence », L’Infini, chiatre à la recherche d’une onto- été choisi par les praticiens alle- Dans l’un de ses articles de 1934, coupable d’avoir assassiné l’Eu- existe pourtant, notamment en no 63, automne 1998. logie différentielle de la psyché mands à cause de la confiance « Sur la situation actuelle de la rope. Sa théorie de l’archétype lui France, en partie à cause du rôle (3) Voir La Guérison psychologique, Ge- humaine. Passionné dès sa jeu- qu’il inspirait aux promoteurs de psychothérapie », il regrettait que permettait ainsi, tantôt de fustiger désastreux joué par Roland Ca- nève, Georg, 1953.

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livraisons

Penser la Shoah b LES MOTS POUR GUÉRIR, Gérard Bonnet Membre de l’Association psychanalytique de France (APF) et fondateur de l’Ecole propédeudique à la connaissance de La « catastrophe » du judaïsme européen nous enjoint, l’inconscient (EPCI), Gérard Bonnet est l’auteur de nom- breux ouvrages dans lesquels la réflexion clinique se mêle à selon Shmuel Trigano, de repenser de fond en comble la notion de citoyenneté des exposés historiques. Dans ce dernier livre, il étudie la notion de guérison en psychanalyse pour montrer comment der « tout » aux juifs en tant rapport des juifs français avec excluent tout sectarisme, le débat les mots servent, au cœur d’une alliance thérapeutique, à L’IDÉAL DÉMOCRATIQUE qu’hommes, et « rien » en tant l’Etat d’Israël. sur la singularité de la Shoah – dé- faire surgir une vérité permettant au sujet de restaurer en À L’ÉPREUVE DE LA SHOAH que « nation », la question de sa- Tout au plus peut-on regretter bat indispensable, mais qui n’aura lui les éléments nécessaires à une reconnaissance des enjeux de Shmuel Trigano. voir comment l’on peut être juif de voir certaines de ses analyses probablement jamais de réponse de l’altérité. Seule manière selon lui de guérir de la maladie Ed. Odile Jacob, 368 p., dans un régime républicain ne conceptuelles tourner trop rapide- simple et définitive. Il permet éga- psychique comprise comme une maladie des autres ou mala- 160 F (24,39 ¤). cesse de se poser. Elle se pose avec ment court. La notion de « totali- lement d’entrevoir ce que pourrait die de la « relation aux autres » (Payot, 214 p., 110 F encore plus d’acuité depuis que tarisme », par exemple, ne peut être une démocratie qui, loin [16,76 ¤]). E. Ro. enser la Shoah ? La tâche l’épisode de Vichy a rappelé aux plus être opposée massivement à d’ignorer les revendications identi- est infinie, car la Shoah juifs que même leur condition de celle de « démocratie », ni le tra- taires des groupes qui la P est à la fois un événement citoyen pouvait être brusquement vail pionnier d’Arendt (1951) tenu composent, accepterait de laisser historique, situé à l’inter- remise en cause. pour la référence ultime sur ce su- s’instaurer, entre ceux-ci, certaines section de chaînes de causes déter- Lié à des préjugés qui ne sont jet. On ne saurait davantage pré- formes de « conversation » pu- minées, et un moment d’horreur si plus défendables aujourd’hui (il tendre que l’antisémitisme fut le bliques et institutionnelles. intense que, de multiples façons, il suffit de songer, dans un autre re- fruit du siècle des Lumières, ni Le modèle « pragmatique » ou échappe à l’histoire. D’un côté, la gistre, à la lenteur avec laquelle le continuer à confondre, sous un « communicationnel » mis au décision d’exterminer les juifs fut Parlement français abolit l’escla- même terme, ces deux attitudes point par Jürgen Habermas, et une décision politique, au sens vage, ou finit par reconnaître le tout à fait différentes que sont dont un philosophe norvégien, large du terme ; de l’autre, cette droit de vote aux femmes), le mo- « négationnisme » et « révision- Gunnar Skirbekk, vient de redessi- décision excède de toutes parts la dèle républicain, sous sa forme nisme » : ce n’est pas la même ner les grandes lignes dans un tra- « logique » politique. La Shoah se- classique, aurait-il fait son temps ? chose de trouver des excuses aux vail remarquable de clarté (1), rait-elle donc ce qui nous oblige- C’est probable. Mais on ne saurait Allemands qui votèrent pour fournit une première approxima- rait à repenser, de fond en comble, le remplacer, purement et simple- Hitler, comme le font les révision- tion (utile, même si elle n’est nul- la politique ? Tel est le seul parti ment, par un modèle « commu- nistes, et de nier la réalité de l’ex- lement la seule concevable) de tenable, aujourd’hui. C’est celui nautaire » du type de celui qui a termination des juifs, comme le cette démocratie qui demeure à qu’à juste titre Shmuel Trigano a tendance, de nos jours, à s’impo- font les négationnistes (même si, construire. C’est à la recherche, en choisi d’adopter dans son dernier ser aux Etats-Unis, et dont le pre- éventuellement, la première posi- tout cas, d’un modèle de ce genre ouvrage – vaste méditation sur mier effet est de provoquer la re- tion peut déboucher sur la se- que devraient s’engager tous ceux l’histoire du judaïsme européen au naissance de ces « ghettos » que conde). Il n’y a, du reste, que fort qui souhaitent, actuellement, re- cours des deux derniers siècles. les révolutionnaires de 1791 vou- peu de négationnistes ; tandis que penser le politique. A la « lu- Posant sur cette ample matière laient, précisément, supprimer. les progrès du révisionnisme, mière », si l’on peut dire, de la historique le regard d’un socio- nourris par ceux de l’anticommu- sombre expérience historique du logue, Trigano s’interroge plus ENTRE DEUX ECUEILS nisme, constituent l’aspect le plus siècle qui s’achève. particulièrement sur les rapports Assimilation sans phrases contre effrayant de cette « banalisation » Christian Delacampagne qu’entretiennent entre eux, depuis multiculturalisme à outrance : du mal à laquelle, depuis dix ans, 1791, les notions d’homme, de juif c’est entre ces deux erreurs, symé- nous ne cessons d’assister. (1) Une praxéologie de la modernité et de citoyen. Depuis que la Révo- triques l’une de l’autre et aussi A ces réserves près, l’ouvrage de (traduit de l’anglais par Maurice Elie, lution française a décidé, par la destructrices l’une que l’autre, Trigano est utile et stimulant. Il Michel Fuchs et Jean-Luc Gautero, voix de l’abbé Grégoire, d’accor- qu’il convient de frayer la voie pose à nouveau, en des termes qui L’Harmattan, 368 p., 190 F [28,96 ¤]). étroite sur laquelle pourraient ap- paraître les formes nouvelles de « citoyenneté» dont notre monde a besoin. Trigano le sait bien, et c’est le principal mérite de son livre, justement, que de se refuser aux solutions toutes faites et au radicalisme de circonstance, aussi bien qu’aux clichés pieux ou mora- lisateurs. Généralement nourrie d’une solide culture historique, sa réflexion ne cesse jamais d’être prudente et nuancée, même quand il s’agit d’aborder des problèmes aussi « glissants » que la significa- tion actuelle de la notion de « peuple » juif, ou la question du LeMonde Job: WIV4799--0012-0 WAS LIV4799-12 Op.: XX Rev.: 24-11-99 T.: 19:53 S.: 111,06-Cmp.:25,08, Base : LMQPAG 41Fap: 100 No: 1782 Lcp: 700 CMYK

XII / LE MONDE / VENDREDI 26 NOVEMBRE 1999 actualités b L’EDITION FRANÇAISE 98, année morose pour l’édition Vingt ans de passion b BD Boum. L’auteur de BD Mi- chel Crespin s’est vu décerner le Le président du Syndicat national de l’édition est plus optimiste pour 1999 Rencontre avec Anne-Marie Métailié Grand Prix 1999 du seizième festi- val de la BD de Blois, « BD es éditeurs préfèrent les de près de 60 % depuis cinq ans. nationale devraient bénéficier our fêter les vingt ans en argent dans la bouche. « Pen- Boum », qui a eu lieu du 18 au lettres aux chiffres. Ils Les encyclopédies et diction- aux livres d’enseignement. de sa maison, Anne- dant les dix premières années, 21 novembre. A la fois scénariste donnent souvent ces naires étaient le premier secteur Une étude de la Banque de Marie Métailié a orga- j’ai eu toutes les galères, j’ai failli et dessinateur, inclassable par derniers avec parcimo- de l’édition en 1994, avec 20 % de France nuance le sentiment de nisé une fête réunis- mettre la clef sous la porte ; cer- l’éclectisme de ses choix, Michel nieL et beaucoup de précautions. parts de marché, contre 11,8 % crise souvent évoqué. L’analyse santP ses amis, ce qui est plutôt taines années je n’ai sorti qu’un Crespin, quarante-quatre ans, a Il a fallu onze mois au Syndicat aujourd’hui. juge qu’« en termes de rentabilité classique. Mais le pince-fesses seul livre, je suis parti travailler signé plusieurs albums de BD al- national de l’édition (SNE) pour La première place a été prise et de productivité, les performances était très joliment relayé par un chez les autres (c’est-à-dire Al- lant du Moyen Age (Troubadour) à livrer ceux de 1998. Le SNE a hé- par la littérature, avec un chiffre sont toujours très satisfaisantes». livre et par un disque spéciale- bin Michel, où cela s’est fort l’époque postatomique (Armalite sité pour savoir quels com- d’affaires de 2,5 milliards de Les résultats d’exploitation sont ment conçus par l’occasion : mal passé), j’ai même fait le 16), tout en revisitant Faust ou la mentaires accompagneraient ces francs. L’année 1998 a été mar- en hausse, l’endettement en Quand on aime... (318 p., 125 F nègre pour trois biographies. » nature, avec Le Chant du loup-cer- données, avant de finalement les quée par une forte hausse du baisse et la trésorerie confortable. [19,06]). Mélanger l’amour et les Ce qui l’a sortie d’affaire, vier ou La Forêt perdue. Cet aqua- livrer avec une seule page d’ana- nombre de titres (+ 13,6 %) et par Pour la Banque de France, les affaires, fussent-elles intellec- c’est son changement de diffu- relliste talentueux, qui n’a renié lyse. Si son enquête couvre plus une baisse presque équivalente comptes des entreprises « appa- tuelles, voilà qui est plus rare. seur. Le passage à la CDE-Sodis, aucun de ses engagements et de de 90 % du secteur, le SNE reste Mieux : le livre est entièrement en 1988, a modifié « l’économie de ses livres » ses envies de jeunesse, travaille tributaire des données fournies Les chiffres-clés de l'édition composé de nouvelles écrites , en les rendant actuellement à une saga Sioux, par les éditeurs. Le chiffre d’af- par les différents auteurs de fic- plus visibles. Anne-Marie Méta- avec la scénariste Laurence Harlé faires a atteint 14,289 milliards de CHIFFRE D'AFFAIRES PRODUCTION tion de la maison, qui se sont ilié, qui est aujourd’hui diffusée (Jonathan Cartland). francs (2,18 milliards d’euros) en en milliards de francs (2) 450en millions d'exemplaires bousculés pour participer à par Le Seuil, a aussi été soute- (1) (2) Plus de trente mille personnes ont 1998, 16,4 milliards (2,5 milliards (1) l’entreprise. Ce qui n’étonne en nue par les ventes mirifiques de arpenté les stands d’éditeurs pré- d’euros) si on ajoute les clubs de rien la romancière portugaise certains auteurs (notamment

14,56 « une 14,28 400 sents à Blois et surtout les exposi- 14,13 14,09 Luis Sepulveda) et par livre. Pour augmenter cette 427,6 Lidia Jorge, pour qui cet ou- 14,01 13,85 415,3 tions. Remarquables du point de complexité, le périmètre varie 418,7 vrage est une réponse à « l’his- chose irrationnelle, imbécile », 413,4 409,3 vue de la scénographie ou du d’une année à l’autre, et plu- toire d’amour » que l’éditrice qu’elle définit avec vigueur : choix des auteurs – Edmond Bau- sieurs indicateurs paraissent avec 350 entretient avec les textes de ses « Moi, c’est ce métier que je veux 376,9 doin (Salades niçoises ou Piero) et des résultats différents. auteurs. faire et pas un autre. c’est un Stephano Ricci (Tuffo ou Anita), Le SNE annonce un recul de 1994 95 96 97 1998 Ils viennent pourtant des choix profond, profond. » Un

PRODUCTION 346,80 notamment –, les expositions de 1,2 % du chiffre d’affaires, à péri- (1) (2) 300 342,50 quatre coins du monde, les au- chemin qu’elle a pris après avoir Blois consacrent l’importance du mètre constant. C’est la qua- en titres 335,25 teurs d’Anne-Marie Métailié. Ils rencontré des éditeurs passion- 321,01 festival de la ville des Rois et sa trième année de baisse consé- appartiennent à toutes les géné- nés, en particulier Jean-Jacques 304,03 qualité très « art et essai ». Mais cutive, confirmant le sentiment 300,46 rations, s’expriment dans des Pauvert et Jérôme Lindon, en 50 937

49 475 250 47 214 46 306 « BD Boum » offre aussi une dé- de crise qui a touché l’édition au 45 127 styles fort différents, ne parlent qui elle a, dit-elle, « reconnu 41 560 marche très citoyenne qui s’ex- milieu des années 90. Dans le pas les mêmes langues. Une quelque chose de ce que je vou- prime dans d’autres expositions même temps, la Banque de chose les relie cependant, qui lais être ». 200 comme « BD, droits de l’homme France, dans une étude secto- s’appelle la passion pour les L’ancienne enseignante d’es- 1994 95 96 97 1998 et tolérance » ou Paroles de tau- rielle, estime que les recettes de 1994 95 96 97 1998 livres et qu’une liaison de vingt pagnol, puis ingénieur de re- lards, œuvre collective qui a asso- ventes de livres ont progressé de (1) - Chiffres à périmètre constant EXEMPLAIRES VENDUS années ne suffit pas à ternir. Car cherches à la Maison des en millions cié des prisonniers de la maison 1 %, tandis que Livres Hebdo, en (2) - Chiffres intégrant des éditeurs à côtés des grands, des gros, des sciences de l’homme, a donc pu- d’arrêt de Blois et des profession- mars, estimait la progression à qui n'étaient pas pris en compte les années précédentes cotés en Bourse, des plus que blié son premier livre en 1979. nels de la BD, publiée par les édi- 1,5 %. Source : Syndicat national de l' édition centenaires, Anne-Marie Méta- C’était Nus, féroces et anthropo- tions Delcourt. 1998 confirme les grandes ten- ilié a toujours fonctionné aux phages, un récit de voyages de b Grogne des salariés de Cas- dances observées depuis plu- du tirage moyen (– 11,2 %). Celui- raissent donc globalement favo- coups de cœur et aux coups de Hans Staden, dont le dernier terman. Les salariés de Caster- sieurs années : baisse du chiffre ci était de 10 435 exemplaires en rables » et « la structure financière poker, sans jamais perdre de des trois mille volumes a été man ont manifesté, mercredi d’affaires ; augmentation de la 1998, contre 12 594 en 1994. L’ac- du secteur très saine ». vue la réalité. D’où la prospérité vendu il y a seulement deux ans. 24 novembre, au siège de l’éditeur production de titres, qui a prati- tivité des livres scolaires et pa- Ce satisfecit général cache des de sa maison. D’autant que l’an- N’importe ! Autrefois militante à Tournai (Belgique) pour expri- quement doublé depuis 1980 ; rascolaires est stable (2,170 mil- situations particulières plus déli- née qui se termine, avec ses dans les mouvements d’extrême mer « leur indignation sur les chute du tirage moyen, qui est de liards) et celle des ouvrages cates. Les entreprises qui af- trente-quatre titres et le succès gauche, Anne-Marie Métailié se conditions dans lesquelles les ac- 8 395 exemplaires contre 10 000, pratiques en léger repli (1,9 mil- fichent un chiffre d’affaires infé- de la collection de poche intitu- bat aujourd’hui pour ses livres tionnaires Casterman ont “ vendu ” en 1990, et 14 220 en 1980. Plus liard). Enfin, les livres pour la rieur à 50 millions de francs sont lée « Suites », promet d’être ex- et ses auteurs. Jusqu’à « l’acte leur personnel sans aucune garan- inquiétant sans doute : le jeunesse confirment leur pro- souvent dans une position plus cellente. d’amour » un peu fou et non lu- tie sociale ». Ce mouvement inter- nombre d’exemplaires vendus a gression (1,171 milliard). délicate. Si leur chiffre d’affaires a Tel n’a pas toujours été le cas. cratif, comme lorsqu’elle publié, vient au moment où se finalise la baissé de 2 % en 1998, alors que Pour Serge Eyrolles, président augmenté, leurs résultats ont « L’éditeur François Bourin a dit en 1995, le livre du grand cri- cession de l’éditeur de Tintin à la production a augmenté de du SNE, ces chiffres ne tra- baissé, leurs charges salariales ont un jour que dans ce métier, seul tique littéraire Antonio Candi- Flammarion (Le Monde des 22 et 0,8 %. duisent pas une aggravation, progressé et surtout « leur taux le fait d’être né dans la famille, do, qui fut son maître (L’Endroit 23 octobre). Trois domaines affichent une mais s’inscrivent dans la ten- d’endettement a atteint plus de ou bien d’avoir beaucoup et l’Envers). Soutenir, toujours, b Traités d’Extrême-Orient. Phi- évolution positive : la littérature, dance d’un marché arrivé « à ma- 60 % des fonds propres », alors d’argent, permettait d’économi- ses auteurs, leur montrer qu’elle lippe Picquier lance et dirige la jeunesse et les livres d’art, tan- turité ». Il est même rassurant sur qu’il n’est que de 20 % pour les ser dix ans. Eh bien, c’est vrai ! » croit en eux, qu’elle comprend « Ecrits dans la paume de la dis que les ouvrages de sciences l’année en cours en estimant que seize entreprises qui affichent un Ce qu’elle dit en souriant « pour la « solitude énorme » qui est le main ». « Dans un langage simple humaines, les encyclopédies et « 1999 sera bien meilleure que chiffre d’affaires de plus de l’édification des jeunes généra- lot de la plupart d’entre eux, et efficace », cette nouvelle collec- dictionnaires accusent les baisses 1998 ». L’édition devrait selon lui 200 millions de francs et qui re- tions », l’éditrice l’a vécu tant voilà qui a fait une partie de la tion propose, sous forme de petits les plus fortes. Avec un chiffre bénéficier d’un effet 2000, des présentent les deux tiers de l’acti- bien que mal, d’orages en magnifique singularité des édi- traités illustrés, des textes de d’affaires de 1,6 milliard de prix littéraires, tandis que les ef- vité économique du secteur. calmes plats, elle qui n’était née tions Métailié. connaisseurs d’Extrême-Orient francs, ces derniers sont en recul forts du ministère de l’éducation Alain Salles ni dans le milieu, ni une cuillère Raphaëlle Rérolle afin d’offrir aux lecteurs « de nou- bbbbbbbbb velles perspectives de compréhen- sion entre ces cultures et la nôtre ». AGENDA A raison de six titres par an, pro- posés à environ 60 F [9,15 ¤], les b LES 26 ET 27 NOVEMBRE. BAL- ouvrages à paraître en 2000 sont : ZAC. A Bordeaux, un colloque inti- Dans un jardin de Chine, de tulé « Envers balzaciens » donnera Jacques Pimpaneau ; Lire et écrire lieu à de nombreux débats et lec- le chinois, de Françoise Bottero et tures (à partir de 14 heures, à l’audi- Alain Peyraube ; Arts martiaux, art torium de la Bibliothèque munici- de vie, d’Alain Cognard et Feng pale de Bordeaux ; rens. tél. : Shui, habiter la Terre, de Frédéric 05-57-81-80-93). Obringer. Déjà paru : Le Paradis b LE 29 NOVEMBRE. COUSSE. A des chats, de Nelly Delay. Paris, la compagnie Le Champ de b Prix littéraires. Le prix Sévi- l’Alouette présente, dans une mise gné a été attribué au tome 1 de la en scène de France Jolly, une repré- correspondance générale de Dos- sentation de La Découverte de toïevski. Parue chez Bartillat, l’Afrique, de Raymond Cousse paru l’édition a été établie et annotée au Dilettante (78, bd des Bati- par Jacques Catteau, et la traduc- gnolles, 75017 Paris ; tél. : 01-44- tion du russe a été assurée par 70-06-69). Anne Coldefy-Faucard. Le prix b DU 1er AU 6 DÉCEMBRE. JEU- Wepler a été attribué à Antoine NESSE. A Montreuil, la 15e édition Volodine pour Des anges mineurs du « Salon du livre de jeunesse » (Seuil) tandis qu’une mention – dont les thèmes sont l’Afrique spéciale a été décernée à Vincent noire et les droits de l’enfant – sera de Swarte pour Requiem pour un l’occasion de rencontres et débats. sauvage (Pauvert). Le prix de Par ailleurs, l’enregistrement de Flore a été décerné à Nicolas l’émission de Geneviève Brisac, Pages, de Guillaume Dustan « En vivant en écrivant », sera réali- (Balland). sé le 1er décembre, à 18 h 30, avec Jean-Baptiste Coursaud, Praline Gay-Para et Claire Laroussinie. Cette émission sera diffusée sur France-Culture le 2 décembre à 19 h 30 (av. Léon-Gaumont, 93100 Montreuil ; tél : 01-55-86-86-55). b LES 3 ET 4 DÉCEMBRE. DÉSO- BÉISSANCE CIVILE. A Lyon, la Vil- la Gillet propose un colloque sur le thème : « La désobéissance civile » en présence de Bruno Karsenti, Ber- nard Dupuy, Laurent Douzou, Oli- vier Christin, Michel Sennelart et Agnès Antoine (25, rue Chazière, 69004 Lyon ; tél. : 04-78-27-02-48).