Les Cahiers D'outre-Mer
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Les Cahiers d’Outre-Mer Revue de géographie de Bordeaux 271 | Juillet-Septembre 2015 Ressources en milieu sec Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/com/7502 DOI : 10.4000/com.7502 ISSN : 1961-8603 Éditeur Presses universitaires de Bordeaux Édition imprimée Date de publication : 1 juillet 2015 ISBN : 978-2-86781-978-0 ISSN : 0373-5834 Référence électronique Les Cahiers d’Outre-Mer, 271 | Juillet-Septembre 2015, « Ressources en milieu sec » [En ligne], mis en ligne le 01 juillet 2018, consulté le 28 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/com/ 7502 ; DOI : https://doi.org/10.4000/com.7502 Ce document a été généré automatiquement le 28 septembre 2020. © Tous droits réservés 1 Malthus ou Boserup ? Éternel débat entre une lecture pessimiste et une lecture optimiste des relations hommes-nature qui alimente la tension des chercheurs quand ils observent les évolutions des sociétés du Sud confrontées aux changements climatiques et sociétaux. C’est à alimenter ce débat que s’attache ce 271e numéro des Cahiers d’Outre-Mer consacré aux relations des sociétés pastorales avec leur milieu support, au travers d’études localisées sur des espaces en Afrique du Nord et au Sahel sénégalais. Méthodologiquement, ce numéro présente l’apport d’approches à des échelles variées, de l’échelle régionale jusqu’à l’échelle macro, et l’apport du croisement des disciplines de la géographie à l’économie et l’ethnobotanique. Les Cahiers d’Outre-Mer, 271 | Juillet-Septembre 2015 2 SOMMAIRE Introduction Bernard Calas Évolution de la ruralité en Kabylie : dynamiques sociodémographiques et mutations spatio- économiques Akli Akerkar Les incidences du changement climatique sur l’espace pastoral steppique de l’Algérie occidentale (cas de la commune de Ras El Ma) Zaza Bensmira, Benchaben Hellal, Sophie Bouju et Richard Maire Le rôle clé du gardiennage des troupeaux dans la gestion durable des ressources pastorales du Nord-Est algérien Saïda Matallah, Khaled Abbas et Sophie Bouju Le figuier de Barbarie (l’Opuntia ficus-indica) : un produit de terroir pour le développement local ? Aknari des Aït Baâmrane (Anti-Atlas occidental, Maroc) Hassan Faouzi Espèces ligneuses du Ferlo-Nord, Sénégal : état actuel et usage Aissatou Thiam Ndong, Ousmane Ndiaye, Madiara Ngom Faye, Didier Galop et Aliou Guissé Le végétal dans le système agraire de Barani (Burkina Faso) Jean Louis Yengué et Maude Cochonneau L’ouest forestier ivoirien : enjeux et problèmes d’une zone grise Bertin G. Kadet Cazenave-Piarrot A., Ndayirukiye S., Valton C. (coord.), 2015, Atlas des Pays du Nord- Tanganyika Marseille, IRD Éditions, 144 p. François Bart Les Cahiers d’Outre-Mer, 271 | Juillet-Septembre 2015 3 Introduction Bernard Calas 1 Malthus ou Boserup ? Éternel débat entre une lecture pessimiste et une lecture optimiste des relations hommes-nature qui alimente la tension des chercheurs quand ils observent les évolutions des sociétés du Sud confrontées aux changements climatiques et sociétaux. C’est à alimenter ce débat que s’attache ce 271e numéro des Cahiers d’Outre-Mer consacré aux relations des sociétés pastorales avec leur milieu support, au travers d’études localisées sur des espaces en Afrique du Nord et au Sahel sénégalais. Méthodologiquement, ce numéro présente l’apport d’approches à des échelles variées, de l’échelle régionale jusqu’à l’échelle macro, et l’apport du croisement des disciplines de la géographie à l’économie et l’ethnobotanique. 2 Le numéro est introduit par une observation à moyenne échelle qui, au-delà des strictes évolutions de la ruralité en Kabylie autour et au-dessus de Béjaïa (densification démographique, augmentation de la pression foncière, urbanisation, exode rural), pose le cadre des recompositions socio-spatiales qui affectent les milieux secs de part et d’autre du Sahara. Les articles suivants procèdent à des échelles plus grandes mais distinctes, depuis des enquêtes et comptages comparés dans le Ferlo jusqu’à une analyse micro des pratiques de conduite de troupeau dans le Nord-Est algérien et une approche par la variété – en l’occurrence le figuier de Barbarie – au Maroc. Le varia de ce numéro se rattache à la thématique du végétal puisqu’il traite entre autres des évolutions des massifs forestiers et des aires protégées mais dans l’Ouest humide de la Côte d’Ivoire. En le séparant ainsi du reste du numéro, l’équipe de rédaction entend tout à la fois souligner l’importance des évolutions communes mais aussi celle des spécificités introduites par les différences physiques des milieux supports. 3 Les incidences croisées du changement climatique et de la pression anthropique sur le milieu sont surtout envisagées à travers le prisme des ligneux et des écosystèmes arborés ou forestiers, marqueurs des relations hommes-nature. Les modifications de l’occupation et la gestion de l’espace provoquent souvent une rupture de l’équilibre entre les systèmes de production pastoraux et les ressources disponibles. Néanmoins, au-delà des divergences scalaires et des nuances dans le diagnostic porté sur l’impact des changements climatiques et socio-économiques sur le milieu, la plupart des auteurs insistent sur l’adaptabilité des sociétés aux conditions bioclimatiques qui loin de subir Les Cahiers d’Outre-Mer, 271 | Juillet-Septembre 2015 4 l’évolution des milieux – souvent lue cependant sur le mode de la dégradation – la pallient par une diversification des activités – passage d’un système pastoral à un système agro-pastoral avec extension de la céréaliculture par exemple dans l’Ouest algérien – et des mises en valeur et un élargissement des horizons de mobilités. Ils soulignent souvent la diversité des pratiques et des savoir-faire des sociétés et des bergers expérimentés dont les pratiques valorisent le milieu et favorisent une gestion durable des ressources mais sont cependant menacées par une évolution des modes de conduite des troupeaux, qui touche particulièrement les jeunes générations, par manque de savoir-faire et par manque d’intérêt pour l’activité d’élevage et le rôle de berger. 4 Les auteurs divergent – et c’est là l’intérêt de cet assemblage qui relativise la simplicité des certitudes malthusienne ou bosrupienne – sur le diagnostic de ces changements ; certains insistent sur l’aggravation des dégradations induites par ces changements, d’autres au contraire montrant une certaine rémission dans la dégradation et une amélioration du sort des populations, essentiellement pastorales. Ainsi la culture du figuier de Barbarie se présente-t-elle comme une ressource économique importante pour les populations de l’Anti-Atlas marocains et permet-elle une lutte efficace contre la dégradation des sols. 5 Au total, ne prétendant pas résoudre la tension entre les deux lectures des évolutions homme-nature mais en l’assumant, les auteurs de ce numéro entendent informer le débat complexe et montrer l’intérêt d’enquêtes de terrain localisées. Les Cahiers d’Outre-Mer, 271 | Juillet-Septembre 2015 5 Évolution de la ruralité en Kabylie : dynamiques sociodémographiques et mutations spatio-économiques Evolution of rurality in Kabylie : dynamic socio-demographic and spatio- economic changes Akli Akerkar Introduction 1 Cette contribution a pour objectif de présenter les principales caractéristiques des espaces ruraux kabyles et de saisir les transformations majeures qu’ils ont traversées depuis l’indépendance. Celles-ci résultent essentiellement, d’une part, des différentes interventions volontaristes de l’État dont ces espaces ont fait l’objet depuis un peu plus d’un demi-siècle et du choix des industries industrialisantes1, durant les premières décennies après l’indépendance, comme stratégie de développement dont ils sont victimes2, et d’autre part, des politiques de libéralisation agricole et du plan d’ajustement structurel des années 1980-1990 ainsi que de la violence terroriste de la décennie 1991-2002. 2 Ainsi, après une période de tentatives de reconstruction ou de renaissance rurale des années 1960-1970, les tendances lourdes à l’œuvre depuis les années 1980 ont radicalement bouleversé les structures sociodémographiques et spatio-économiques des campagnes algériennes. Dans ce processus de grandes mutations du monde rural algérien, quelles sont les principales évolutions des zones rurales de Bejaïa depuis un peu plus d’un demi-siècle ? Et comment celles-ci se présentent-elles aujourd’hui si l’on sait que jusqu’à un passé récent leur taux de ruralité dépassait les 60 % (1998) et que le rôle socio-économique de l’agriculture était essentiel ? 3 Le processus de recomposition de l’espace rural kabyle, notamment, depuis la fin des années 1980 s’est traduit par : une baisse constante du poids de l’agriculture dans l’économie rurale, un renversement de tendance démographique qui fait de Bejaïa une Les Cahiers d’Outre-Mer, 271 | Juillet-Septembre 2015 6 région à dominante urbaine depuis l’an 2008, l’apparition de nouvelles activités mais dont l’impact demeure encore très faible, un exode rural massif qui s’est accompagné par l’émergence de nouvelles villes moyennes, etc. Ce sont les rapports ville-campagne qui se complexifient davantage et qui sont empreints de l’étalement urbain et de la prédation foncière de la ville, de la redistribution des flux démographiques et d’activités en sa faveur et de la polarisation économique. 4 Cet article montre que la ruralité3 en Kabylie perd de plus en plus de son sens classique ; elle est plus un mythe qu’une réalité. Si les représentations dominantes dans l’imaginaire collectif associent souvent la Kabylie à Thamurth (pays), à Adhrar (montagne), à Thadarth (village) dont les fonctions essentielles seraient l’agriculture, l’élevage et l’artisanat, et les habitants de la Kabylie à Imsdhurar (montagnards) qui conserveraient une culture rurale authentique, celles-ci n’ont pas grand-chose à voir avec la réalité. En effet, la ruralité en Kabylie d’aujourd’hui se trouve contrariée par de nombreux faits : une économie rurale dont l’agriculture n’est qu’un secteur d’appoint, une population rurale inférieure à 50 %4 de la population totale et une fragile diversification des activités économiques qui fait de ces espaces ruraux des territoires dortoirs.