Rapport Mensuel De Monitoring De Protection Mali N° 10
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RAPPORT MENSUEL DE MONITORING DE PROTECTION MALI N° 10 - OCTOBRE 2020 1 I - Aperçu de l’environnement de sécuritaire et de protection Nombre de violations en octobre: 388 Résumé des tendances en 2020 Sur un total de 3 428 violations enregistrées entre janvier et octobre 2020, les atteintes au droit Nombre de violations en 2020: 3,428 à la propriété et les atteintes à l’intégrité physique/psychique sont les deux catégories les plus élevées chaque mois sans exception. Au deuxième trimestre de 2020, les atteintes au droit à la vie ont nettement augmenté. Le nombre de mouvements forcés de population est directement 493 501 lié au nombre d'atteintes au droit à la vie. Les atteintes à la liberté et à la sécurité de la personne 402 ont connu un pic pendant la période électorale du mois d’avril à Mopti et Tombouctou, et ont 351 363 388 367 majoritairement été encore plus fréquemment rapportées à Mopti et Ségou en juin et juillet. La 332 saison des pluies et des intiatives de réconciliation entre Dogon et Peulh au plateau Dogon dans 144 la région de Mopti ont entrainé une réduction des violations pendant le mois d'aout et de 88 57 57 49 49 57 57 57 57 septembre. Suite à cette accalmie, les attaques de villages dans le centre du pays ont encore 57 49 augmenté. Néanmois, les incidents rapporté au mois d'octobre sont globalement resté au même niveau qu’au mois dernier. Un nombre accru d'atteintes à la sécurité de la personne (surtout des enlèvements) a été observé, majoritairement à Niono, région de Ségou où les affrontements inter-communautaires n'ont cessé de croître. Nombre de moniteurs Violations Détérioration de la situation humanitaire et sécuritaire à Farabougou : La situation à Farabougou a dominé l'actualité au mois d'octobre. C’est une situation très complexe par rapport au profil des Tendances des violations par acteurs impliqués, les tactiques utilisées et la violence accrue qui a commencé au début du mois catégorie d’octobre. La situation continue à évoluer. Le village est actuellement sous un blocus par des 19 27 groupes radicaux en raison d’une escalade des tensions inter-communautaires. La population est 159 Octobre 60 dans une situation humanitaire de détresse, sans accès aux services de base. La situation a par 123 ailleurs déclenché un mouvement massif de population dans les communes de Dogofri, Sokolo, Mariko, Toridagako et Siribala. Une évaluation RRM a enregistré 1 280 ménages déplacés ; ainsi 4 28 que 480 ménages supplémentaires dont les besoins n’ont pu être évaluer en raison de contraintes 165 Septembre 43 d’accès. Des acteurs différents sont intervenus pour sécuriser la zone, négocier l’accès 121 2 humanitaire et apporter une réponse humanitaire. 5 43 Escalade du conflit inter-communautaire entre groupes radicaux et chasseurs : Les 204 Août 20 affrontements à Farabougou ont été déclenché par des enlèvements des 10 personnes peulh par 126 4 les chasseurs dans la commune de Niono. Suite à cet incident, les groupes radicaux ont – comme 30 mesure de représailles – attaqué les villages de Farabougou et Kouroumakoubé de la commune 85 202 de Dogofri. 21 personnes ont été enlevées, y inclus trois femmes et quatre enfants. Les Juillet 57 125 affrontements intercommunautaires entre les groupes radicaux et l’auto-défense bambara ont 2 causé six morts et 22 blessés. Un nombre important de têtes de bétails a également été volé. Le 27 village de Farabougou a été isolé par les groupes radicaux suite à l’attaque. Ce blocus a depuis lors 92 170 empêché toute libre circulation et l’accès aux service de base de la population. Les Forces de Juin 52 151 Défense et de Sécurité n’ont pas pu accéder à la zone dans les premiers jours et semaines. 1 Entretemps les affrontements ont continué entre groupes radicaux et chasseurs, causant la mort 35 92 de neuf chasseurs et des nombreux blessés. Aussi au village de Brougouko, 14 km de Farabougou 104 Mai 29 les affrontements ont causé la mort de 10 personnes, sept blessés et plusieurs personnes portées 107 disparues. 13 78 Blocus à Farabougou et interventions militaires et humanitaires : La population, qui est sous 108 Avril 57 blocus depuis le 6 octobre, est estimée à presque 4 000 personnes à Farabougou et plus de 1 000 76 personnes à Kouroumakoubé. De nombreux acteurs sont impliqués dans les efforts de négociation au niveau national et régional, notamment les maires, chefs traditionnels, 15 54 représentants communautaires et religieux. Du côté des Nations Unies, les bureaux d’OCHA, les 159 Mars 29 départements de la MINUSMA Droit de l’Homme, Protection des Civils, Médiation et Affaires 93 Civiles sont également impliqués. Les acteurs humanitaires ont décidé de privilégier la médiation 8 du conflit pour assurer la libération des otages et fournir une aide d’urgence à la population sous 23 66 blocus. Les activités de réconciliation ont été identifiées nécessaires pour faire baisser la tension. Février 9 37 Ces efforts de résolution pacifique du conflit n'ayant malheureusement pas abouti à un accès 1 humanitaire, l’armée malienne a mené plusieurs largages de vivres et de médicaments sur le village assiégé. Selon l’armée malienne, il s’agissait d’une action humanitaire traduisant la volonté 13 29 des autorités de soulager les populations. Pour empêcher l’accès au village, les groupes radicaux Janvier 5 41 ont aussi détruit un pont à l’extérieur du village le 18 octobre. Des éléments d’un bataillon des Forces spéciales FAMA ont pu accéder au village par hélicoptère le 22 octobre. Les FAMA reçoivent du soutien logistique de la MINUSMA pour leurs opérations militaires dans la zone. Le Mouvement de population forcé vice-président de la Transition, le colonel Assimi Goita, s’est personnellement rendu à Atteintes au droit à la vie Farabougou. Atteintes au droit à la propriété Situation actuelle à Farabougou : Le 28 octobre, il a été rapporté qu’une grande partie des éléments radicaux auraient quitté Farabougou ; l’espoir de la levée du blocus n’ayant pas été Atteintes à la liberté et à la sécurité de la confirmé. Par ailleurs, les tentatives de réconciliation semblent avoir une nouvelle fois échouées. personne Atteintes à l’intégrité physique et/ou psychique En effet, les chasseurs dozo auraient annulé à la dernière minute une rencontre avec des groupes radicaux prévue le soir du 29 octobre. Le lendemain matin, un autre incident grave a été Atteintes à l’accès aux services de base rapporté : 34 dozo ont été enlevé à Markala Koura, dans la commune de Dogofri. Par conséquence, la situation actuelle semble être arrivée à une impasse et reste très précaire ; sans accord de réconciliation entre les différentes communautés de la zone. Les personnes enlevé le 4 octobre reste en captivité en plus des 34 chasseurs enlevés à la fin du mois. 2 Analyse sur la situation de Farabougou Facteurs contribuant à une complexification du conflit à Farabougou : Les acteurs impliqués dans le conflit ont des profils et motivations diverses, soit fondés sur une idéologie ou sur des griefs locaux et des conflits communautaires préexistants. Les groupes armés peulhs seraient soutenus par des éléments de JNIM ; probablement des éléments de la Katiba Macina d’Amadou Kouffa. Par ailleurs, les chasseurs impliqués dans l’affrontement ne viennent pas exclusivement de Niono, mais auraient aussi été mobilisés dans les cercles de Macina et Djenne. Pour le Gouvernement de transition, la situation à Farabougou apparait comme une première épreuve politique visant à démontrer l’engagement de protection des civils et de collaboration fructueuse avec la MINUSMA. La présence du Vice-Président Goita à Farabougou illustre l’importance de cette opération militaire pour le nouveau gouvernement. Elle représente néanmoins un risque d’augmenter la pression sur toutes les parties au conflit, les encourageant à poursuivre les objectifs militaires et stratégiques du gouvernement de transition en dépit des initiatives de résolution pacifique en cours. Assurer la distinction d’action militaire/humanitaire et le principe de ‘Do No Harm’ : La présence des militaires à Farabougou est controversée, notamment leur implication dans la livraison de l’aide humanitaire. Cette approche représente un risque de compromettre les négociations en cours et la neutralité de l’action humanitaire (cf exemple de la rencontre entre les groupes radicaux et des représentants du village qui a finalement été annulée par les groupes radicaux par peur des avions de l’armée malienne). Une partie de la population craignent d’éventuelles exactions ou actes de vengeance par les Forces de Défense et Sécurité, des déplacements forcés et une escalade continue de la violence. Enfin, l’arrivée de l’armée a également déclenché plusieurs vagues des déplacements. Une centaine de ménages peulh auraient fui la région vers le cercle de Youwarou et un mouvement vers la commune de Fassala en Mauritanie a également été rapporté. A Kouramakoubé, le village voisin de Farabougou, des affrontements entre groupes radicaux et des chasseurs ont continué et comprenaient des bombardements de l'aviation militaire contre des positions des groupes radicaux dans la zone. La présence des FAMa risque d’avoir des effets négatifs sur l’accès humanitaire et la réponse de protection et risque de perturber le processus de médiation. La négociation pour établir un corridor humanitaire doit être priorisée par toutes les parties au conflit. En absence d’accès humanitaire, l’implication des militaires dans la livraison des vivres risque de flouter la distinction des interventions militaires et humanitaires. Pour maintenir les principes humanitaires, surtout la neutralité et l’indépendance de l’aide humanitaire, les interventions y inclus les opérations militaires doivent être bien coordonnées. Un séquençage des actions est important pour renforcer la distinction.